Un peu d`histoire
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Un peu d`histoire
Histoire d’un armateur réunionnais HISTORY OF A REUNION ISLAND SHIP-OWNER Histoire d’un armateur réunionnais HISTORY OF A REUNION ISLAND SHIP-OWNER SAPMER 1947. Le Port, Réunion 1966. Le Port town, Reunion Island, 1966. Quand en 1947, des entrepreneurs réunionnais s’associaient pour acheter un troismâts à moteur et l’envoyer à la pêche aux îles Saint-Paul et Amsterdam, à la limite des quarantièmes rugissants, personne ne pouvait imaginer qu’ils écrivaient les premières pages d’une longue et belle histoire. Les pères fondateurs de SAPMER seraient surpris aujourd’hui en découvrant ce que leur société est devenue : un des premiers armements français, un des principaux exportateurs réunionnais et un When, in 1947, Reunion entrepreneurs joined forces to buy a three-masted motor ship and send it fishing around the islands of St. Paul and Amsterdam, at the limit of the Roaring Forties, nobody could have imagined that they were writing the first pages of a long and beautiful story. En haut / top : Le Capitaine Barbanton, entrepôts SAPMER, 24 novembre 1962. Captain Barbanton, SAPMER's storage facilities, 24 November 1962. Ci-contre / opposite : Jean Rabot. acteur montant de la pêche au thon dans l’océan Indien. L’histoire de la SAPMER, que relate ce livret, n’a pas été une longue route tranquille. Elle est d’abord celle d’hommes courageux et de grands marins qui ont bravé tous les pièges du Grand Sud : Albert Barbanton, Pierre Riou, Marcel Barbarin, Michel Le Glatin et ceux d’aujourd’hui, dont l’horizon s’est élargi à l’océan Indien tropical. Il y eut des moments de doute et des crises, quand la ressource n’était pas au rendez-vous, quand les braconniers et les pirates pillaient nos zones de pêche. Il a fallu toute la conviction de Jean Rabot puis de Robert de la Fortelle, artisans discrets du développement économique de La Réunion dans les décennies d’après-guerre, pour maintenir une activité de grande pêche française dans les mers australes. SAPMER’s founding fathers would today be surprised if they could see what their company has turned out to be: one of the first French fishing companies, a major Reunion Island exporter and a rising participant in the Indian Ocean tuna fishing. The history of SAPMER, as this booklet recounts, was not a long and quiet walk in the park. It is primarily that of courageous men and great sailors who braved all the pitfalls of the Great South: Albert Barbanton, Pierre Riou, Marcel Barbarin, Michel Le Glatin Jacques de Chateauvieux est leur digne successeur. Sous son impulsion, la pêche réunionnaise a pris une nouvelle dimension. En investissant dans l’activité thonière et la transformation du poisson, la SAPMER a pris une dimension internationale. Sa longue expérience de la pêche raisonnée, en relation étroite avec les milieux scientifiques et les pouvoirs publics français, et sa culture de la qualité lui donnent aujourd’hui toutes les armes pour poursuivre son développement avec la plus grande réussite. and those of today, whose horizon’s extended to the tropical Indian Ocean. There were moments of doubts and crises, when the resource was not there, when poachers and pirates plundered our fishing grounds. It took all the conviction of Jean Rabot and then Robert de la Fortelle, discrete craftsmen of the economic development of Reunion Island in the decades after the war, to maintain a French deep sea fishing activity in the southern seas.Jacques de Chateauvieux is their worthy successor. Under his Yannick Lauri, directeur général de SAPMER leadership, the Reunion Island fishing activity took a new dimension. By investing in tuna fishing and value enhancing and processing of fish, SAPMER became of international standing. Its long experience in sustainable fishing, in close relation with the scientific community and the French government, as well as its standards of quality; give the company all the necessary tools to continue its development with great success. Yannick Lauri, general manager of SAPMER CHAPITRE 1 1947-1965 le temps des pionniers À la conquête des mers australes CHAPTER 1 1947-1965 THE AGE OF PIONEERING CONQUERING THE SOUTHERN SEAS Le Cancalais. La Pointe des Galets, 5 janvier 1949. Le Cancalais. Pointe des Galets, Reunion island, 5 January 1949. En 1947, trois Réunionnais, Jean Chatel, Georges Michel et Raymond Latour, créent la Société anonyme de pêche malgache et réunionnaise (SAPMER). Ils sont soutenus par Jean Rabot, directeur de la Banque de la Réunion et ont pour partenaire un armateur malgache d’origine indienne, Akbaraly Daoud Bey. L’apport de ce dernier à la société est constitué par Le Cancalais, trois-mâts à moteur auxiliaire et ancien terre-neuvas, qui faisait du cabotage à Madagascar. La Réunion fait alors grande consommation de morue séchée et salée. Mais le produit, importé, n’arrive pas toujours dans un excellent état de conservation. Aussi les Réunionnais lui préfèrent-ils la « fausse morue » (Latris lineata), un poisson qui ressemble au cabillaud de l’Atlantique nord. La « fausse morue » est également séchée et salée, mais elle est pêchée beaucoup moins loin : devant les îles Saint-Paul et Amsterdam, possessions françaises de l’océan Indien austral. Situées entre le 37e et le 38e parallèle Sud, les deux îles au climat tempéré sont d’origine volcanique. Saint-Paul, la plus petite (7 km2), est caractérisée par un grand cratère central, partiellement In 1947, three Reunion Islanders (native of Reunion Island), Jean Chatel, Georges Michel and Raymond Latour, created the Malagasy and Reunion Island fishing limited company (SAPMER).They were supported by Jean Rabot, Director of the Banque de la Réunion (Reunion Island Bank) and had as partner a Malagasy ship owner of Indian origin, Akbaraly Daoud Bey. The latter’s contribution to the company consisted of The Cancalais three-masted auxiliary motor ship and former Newfoundland fishing boat, which did some coasting in Madagascar. Reunion Island was then a high consumer of dried and salted cod. But the product, imported, did not always arrive in excellent condition. Therefore the inhabitants of Reunion Island preferred the “fake cod” (Latris lineata), a fish resembling the cod of the North Atlantic. “Fake Cod” was also dried and salted, but it was fished not as far away: around the islands of Saint Paul and Amsterdam, a French possession in the Southern Indian Ocean. Located between the 37th and 38th southern 1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES 11 effondré et où la mer a pénétré ; 45 milles au nord, Amsterdam est plus vaste (54 km2) et plus massive, culminant à près de 900 mètres d’altitude. Elles se trouvaient autrefois à proximité de la route maritime entre l’Europe et les Indes. Amsterdam a été aperçue et mentionnée dès 1522 par les survivants de l’expédition de Magellan autour du monde, Saint-Paul apparaît pour la première fois sur une carte portugaise en 1599. Depuis La Réunion, la France souhaite en prendre possession en 1843, mais face aux contestations britanniques, elle se contente de les placer sous son protectorat. « De 1843 à 1924, presque chaque année, des goélettes de 50 à 70 tonneaux partaient de SaintPierre de La Réunion, au printemps austral. Elles mettaient un mois, parfois davantage, pour arriver à Saint-Paul, distante, en ligne droite, parallel, the two islands of temperate climate are of volcanic origin. Saint-Paul, the smallest (7 km2 / 2.7 miles2), is characterized by a large central crater, partially collapsed, where the sea had entered. 45 nautical-mile north, Amsterdam is larger (54 km2 / 20.8 miles2) and more massive, rising to nearly 900 meters / 2 953 ft. They once stood near the sea route between Europe and India. Amsterdam was observed and mentioned in 1522 by the survivors of the Magellan’s expedition around the world, 12 d’environ 1 500 milles. Leur faible tirant d’eau leur permettait d’entrer dans le cratère de cette île. Les pêcheurs s’installaient pendant trois ou quatre mois dans des cabanes en pierre sèche, pêchaient avec des embarcations et préparaient leur poisson à terre. Au bout de trois mois, ils faisaient sortir leur voilier du cratère, le chargeaient et repartaient pour La Réunion. Parfois, Saint-Paul appeared for the first time on a Portuguese map in 1599. In 1843, France wished from Reunion Island, to take them into their possession, but in front of the British’s insistence, it just put them under its protectorate. “From 1843 until 1924, almost every year, during the Southern hemisphere’s spring time, schooners from 50 to 70 registered tons left from Saint-Pierre in Reunion Island. They took a month, sometimes more, to reach Saint-Paul, 1 500 miles away in a straight line. Their shallow draft allowed 1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES them to enter the crater of the island. Fishermen settled for three or four months in dry-stoned huts, fished with their boats and prepared their fish onshore. After three months they sailed out of the crater with their sailboat, loaded it and departed for Reunion Island. Sometime during their stay in Saint-Paul, they went for a fishing trip to Amsterdam”. In 1843, about thirty men settled in SaintPaul. They had at their disposal two sailing boats and five whaleboats, two schooners and a brig were in charge of bringing the Le Cancalais. Amsterdam, novembre 1948. Le Cancalais, Amsterdam, November 1948 au cours de leur séjour à Saint-Paul, ils faisaient un voyage de pêche à Amsterdam. » En 1843, une trentaine d’hommes s’installent à Saint-Paul. Ils disposent de deux chaloupes à voile et de cinq baleinières, deux goélettes et un brick sont chargés d’apporter le produit de la pêche jusqu’à La Réunion. Cette exploitation dure jusqu’en 1853 : elle doit s’interrompre en raison de taxes trop lourdes frappant la « fausse morue » salée et séchée. La métropole veut obliger, par ce biais, La Réunion à importer la morue de Saint-Pierre et Miquelon. Au fil des voyages, les pêcheurs introduisent des animaux dans les deux îles. Chèvres, porcs, volailles et bœufs sont laissés à l’état sauvage et constituent une réserve de nourriture pendant les campagnes de pêche. La prise de possession définitive sera officialisée seulement en 1892 et 1893, après le passage de deux navires de guerre français. En 1871, une deuxième tentative de colonisation d’Amsterdam ne durera que quelques mois. La famille Heurtin s’y fait déposer, avec du personnel et des bovins, mais les conditions sont trop hostiles pour développer une activité products of the fishing activity to Reunion Island. This activity lasted until 1853: it had to stop due to burdensome taxes imposed on salted and dried “false cod”. Through this, main land France wanted to force Reunion Island to import Saint- Pierre and Miquelon cod. Trips after trips, fishermen introduced animals to the two islands. Goats, pigs, poultry and cattle were left in the wild and were a stock of food for the fishing campaigns. The final possession would only be official in 1892 and 1893, after the passage of two French warships. In 1871, a second attempt at colonization of Amsterdam only lasted a few months. The Heurtin family was dropped off with staff and cattle, but the conditions were too hostile to develop a livestock. The Heurtin family returned leaving behind their animals. From the first campaigns of “false Cod,” in the nineteenth century, fishermen have noticed the abundance of small red lobster in the waters of SaintPaul and Amsterdam. Crustaceans, belonging to the Jasus paulensis species, were so numerous that they devoured the d’élevage. Les Heurtin s’en retournent en abandonnant sur place leur troupeau. Dès les premières campagnes à la « fausse morue », au XIXe siècle, les pêcheurs ont remarqué l’abondance de petites langoustes rouges dans les eaux de Saint-Paul et d’Amsterdam. Les crustacés, qui appartiennent à l’espèce Jasus paulensis, sont si nombreux qu’ils dévorent les appâts et coupent les lignes ! Mais les moyens techniques de l’époque ne permettent pas leur exploitation. Il faut attendre 1928 pour voir naître le premier projet langoustier dans ces îles. Il a été imaginé par les frères René et Henri Bossière, fils d’armateurs baleiniers du Havre qui vingt ans auparavant avait créé, avec une société norvégienne, une usine de dépeçage des baleines et des cachalots aux Kerguelen. Les frères Bossière font construire une conserverie sur l’île de Saint-Paul. Leur société, baptisée La Langouste Française, recrute des Bretons, des Malgaches et des Réunionnais pour y travailler pendant l’été austral. Les premiers résultats sont encourageants, mais quatre des sept gardiens de l’usine décèdent pendant l’hiver austral 1930. bait and cut the lines! But the technical means of the time did not allow their exploitation. One had to wait until 1928 to see the birth of the first project of lobster exploitation in these islands. It was designed by the René and Henri Bossière brothers, son of whaleboat owners at Le Havre (France), who had created twenty years ago, with a Norwegian company, a whales and sperm whales cutting factory in the Kerguelen Islands. The Bossière brothers built a canning industry on the island of Saint-Paul. Their company, called La Langouste Française (The French Lobster), recruited Britons (native of Brittany, France), Malagasies and Reunion Islanders to work during the Southern hemisphere summer. Initial results were encouraging, but four of the seven factory guards died during the southern hemisphere winter of 1930. During the following fishing campaign, in March 1931, En haut et ci-contre / top and opposite : Amsterdam. Au centre / center : Saint-Paul. Pendant la campagne suivante, en mars 1931, une épidémie de béribéri se déclare parmi le personnel de la conserverie. De très nombreux décès sont à déplorer. SaintPaul doit être évacuée, La Langouste Française met un terme à son activité. Quelques années plus tard, une nouvelle concession est accordée à une société créée par Hohn de Boër, qui arme un ancien terre-neuvas qui part en pêche à Saint-Paul et Amsterdam fin 1938. Mais l’expédition est mal préparée, le bateau tombe en panne de charbon et doit être secouru. L’aventure n’aura pas de suite, d’autant que survient la Seconde Guerre mondiale. La paix revenue, La Réunion devient département d’Outre-mer, en 1946. Son économie se relève alors, lentement, de dures années de disette. Les difficultés d’approvisionnement ont a beriberi outbreak hit the staff of the canning industry. Numerous deaths were reported. Saint-Paul had to be evacuated; La Langouste Française terminated its activity. A few years later, a new concession was granted to a company created by Hohn de Boër, a former Newfoundland fisherman who went fishing to Saint-Paul and Amsterdam in late 1938. But the expedition was ill-prepared; the boat ran out of coal and had to be rescued. The adventure did not materialize, especially since World War II 16 été terribles pendant le conflit mondial. Les chefs d’entreprises qui fondent la SAPMER veulent doter l’île d’un bateau capable de répondre à une partie des besoins du marché local en poisson, sans perdre de vue le potentiel de la langouste, ni celui de l’élevage de bœufs et de moutons à Amsterdam malgré les expériences malheureuses du passé. La presse réunionnaise caresse alors l’espoir de voir naître une « TerreNeuve » de l’océan Indien. Jean Rabot, directeur de la Banque de la Réunion qui a initié le projet, lui accorde la plus haute importance. Il décide d’embarquer en personne sur Le Cancalais, tout comme Jacques Verdavaine, ancien sousmarinier de la Marine nationale, nommé directeur général du jeune armement. Le bateau est préparé à Tamatave (Madagascar), où l’équipage converge : il est constitué de occurred. When peace returned, Reunion Island became an Overseas Department in 1946. Its economy slowly recovered, from harsh years of famine. During the world conflict supply problems had been terrible. The Reunion Island business leaders who founded SAPMER wanted to provide the island with a boat capable of meeting some of the local market needs for fish, without losing sight of the potential lobster had, nor cattle and sheep breeding in Amsterdam despite the unfortunate experiences of the past. The 1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES Reunion Island press sincerely hoped to create a new “New found land” in the Indian Ocean. Jean Rabot, Director of the Banque de la Réunion (Reunion Island Bank) who initiated the project, attached the highest of importance to it. He decided to embark in person on The Cancalais, like Jacques Verdavaine, former submariner in the Navy, appointed General Manager of the ‘young’ fishing company. The boat is prepared in Tamatave (Madagascar), where the crew converged: it was composed of 46 sailors, 46 marins, bretons et réunionnais. À leur tête, Louis Rouxel est un capitaine expérimenté, avec de nombreuses campagnes terre-neuviennes à son actif. Le 21 octobre 1948, Le Cancalais, armé de dix doris, quitte le port de Tamatave et met le cap au Sud. L’idée initiale des fondateurs de la SAPMER est d’installer une base à terre, à Amsterdam. Elle est vite abandonnée, tant les conditions d’abordage de l’île et celles qui règnent sur cette terre volcanique sont hostiles. « Il faut pêcher et préparer le poisson — ou la langouste — par les seuls moyens du bord, si l’on Britons and Reunion Islanders. Their leader, Louis Rouxel was an experienced captain, with many Newfoundland fishing campaigns to his credit. October 21, 1948, The Cancalais, armed with ten dory, left the Tamatave harbor and headed south. The initial idea of the founders of SAPMER was to install an Amsterdam shore base. It was quickly abandoned, as the conditions of approach with the island as well as those prevailing on this volcanic land were hostile. “We have to catch and prepare fish, or lobster, using only what Siège de la Banque de la Réunion, à Saint-Denis. Headquarters of the Banque de la Réunion (Reunion island bank) veut faire du travail continu », écrira Jean Rabot à son retour. Cette première mission exploratoire est marquée par un incident qui tiendra La Réunion en haleine pendant quelque temps. Sur zone, l’équipement radio du Cancalais tombe partiellement en panne: il ne peut plus émettre sur les longues distances. La crainte d’un nouveau coup du sort, après les drames des années 1930, conduit les autorités réunionnaises à envoyer la frégate La Tonkinoise à la recherche des « disparus »… qui sont retrouvés en pleine action de pêche devant Amsterdam. we have onboard, if we want to do continuous work,” wrote Jean Rabot upon his return. This first exploratory mission was marked by an incident that held Reunion Island in suspense for a while. While in the southern seas fishing zone, The Cancalais radio equipment partially En haut / top : Le premier Sapmer. First Sapmer. Ci-contre / opposite : Jean Rabot, à droite, à Amsterdam. Jean Rabot, on the right, at Amsterdam. Le 23 janvier 1949, le trois-mâts donne de la corne de brume devant Saint-Denis pour signaler son retour. Ses cales renferment plus de 200 tonnes de « fausse morue », conditionnée à bord. Malheureusement, le poisson est très gras et se conserve mal. En revanche, les premiers essais de pêche de la langouste aux casiers ont été prometteurs. La stratégie de l’armement se dessine. L’avenir des produits de la mer appartient à ceux conservés dans le froid plutôt que dans le sel. La SAPMER achète en Italie un cargo frigorifique de 62 mètres et le transforme en langoustier-congélateur, armé de huit baleinières motorisées. Le bateau est baptisé du nom de l’armement. Commandé par Jacques Verdavaine, le premier Sapmer part en pêche le 31 décembre 1949. Il transporte également à son bord broke down. He could no longer broadcast over long distances. The fear of another stroke of fate, after the tragedies of the 1930s, led the Reunion Island authorities to send The Tonkinese frigate in search of the “disappeared ones” ... which were found fishing around Amsterdam. On January 23, 1949, the three-masted ship signaled its return to Saint-Denis (Reunion Island) using a foghorn. Its hold contained over 200 tons of “fake cod”, processed and packaged on board. Unfortunately, the fish is very oily and does 24 hommes chargés de l’installation d’une base permanente à Amsterdam et dirigés par Paul Martin de Viviès, ingénieur de la Météorologie nationale. La base porte aujourd’hui son nom. Le Cancalais effectuera pour sa part une deuxième campagne à la « fausse morue » avant d’être restitué à son armateur malgache. La SAPMER devient « Société anonyme de pêche maritime et de ravitaillement ». Le Sapmer est armé à Marseille, le port de la Pointe des Galets ne disposant pas encore des installations nécessaires pour son entretien en escale. Marseille est également le principal débouché des queues de langoustes de SaintPaul et Amsterdam. Le bateau effectue alors une campagne annuelle. À l’approche de l’été austral, il descend vers La Réunion les cales chargées de viande et de marchandises congelées commer- not keep well. However, initial trials of lobster fishing with pots were promising. The strategic plan of the fishing company was taking shape. The future of seafood belonged to the cold rather than salt preservation technique. SAPMER bought in Italy a refrigerated 62 meter-long cargo and turned it into a lobster-freezer, equipped with eight motorized whaleboats. The boat is named after the fishing company. Ordered by Jacques Verdavaine, the first Sapmer left for its fishing campaign December 31, 1949. It also carried on board 24 men responsible for the installation of a permanent base in Amsterdam, managed by Paul Martin de Viviès, engineer for the National Weather Services. Today, the base bears his name. The Cancalais conducted for its part a second fishing campaign of “false cod” before being returned to its Malagasy owner. SAPMER then became “Marine supply and fishing limited company.” The Sapmer was equipped in Marseille (France), due to the fact that the Pointe des Galets harbor (Reunion Island) did not 1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES 19 cialisées sur place par la SAPMER, qui a investi dans des entrepôts frigorifiques. Sous les ordres du commandant Jacques Verdavaine, puis d’Albert Barbanton à partir de 1951, les marins bretons et réunionnais deviennent experts dans l’art de poser les casiers dans les « creux » où pullulent les langoustes. Les conditions sont difficiles mais les résultats paient bien la peine. Albert Barbanton était capitaine de la marine marchande avant de passer à la pêche. Il était second sur un terre-neuvas pour un armement de Bordeaux avant d’être recruté par la SAPMER. Dès le début, l’administration des Terres Australes et Antarctiques Françaises (dont dépendent have yet the maintenance facilities to do repair work. Marseille was also the largest market for Saint Paul and Amsterdam lobster tails. The boat then performed an annual campaign. As the southern hemisphere summer was approaching, it sailed down to Reunion Island, holds loaded with meat and frozen goods sold locally by SAPMER, which had invested in cold storage facilities. Under the command of Captain Jacques Verdavaine, then Albert Barbanton from 1951, the Briton and Reunion Island sailors became experts in 20 Saint-Paul et Amsterdam et qui deviendra autonome en 1955) assure un suivi scientifique de l’exploitation de la langouste à Saint-Paul et Amsterdam, en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle de Paris. Des quotas de captures sont fixés annuellement, les casiers sont dimensionnés pour épargner les juvéniles, la saison de pêche est limitée aux quatre mois de l’été austral, en dehors de la période de ponte. En 1957-1958, il est même décidé de ne pas ouvrir la pêche, afin de favoriser la reconstitution de la ressource. Les bases d’une gestion durable de la pêche dans les TAAF sont bel et bien jetées. the art of placing lobster pots in “holes” teeming with lobsters. The conditions are difficult but the results are well worth the hard work. Albert Barbanton was captain in the merchant navy before joining the fishing sector. He was second on a Newfoundland fishing ship working for a Bordeaux (France) fishing company before being recruited by SAPMER. From the beginning, the Administration of the French Southern and Antarctic Lands (of which St. Paul and Amsterdam depend, which would become independent in 1947-1965 : LE TEMPS DES PIONNIERS À LA CONQUÊTE DES MERS AUSTRALES 1955); monitors the scientific exploitation of lobster in Saint-Paul and Amsterdam, in collaboration with the French National Natural History Museum of Paris. Catch quotas are set annually, the pots are designed to spare the juveniles, the fishing season is limited to four months during the southern hemisphere summer, outside the spawning period. In 1957-1958, it is even decided not to open the fishing season, to implement the recovery of the resource. The premise of a sustainable management of fishing in the TAAF had indeed begun. Le Cancalais. CHAPITRE 2 1965-1980 le temps des convoitises Batailles pour la langouste CHAPTER 2 1965-1980 THE AGE OF COVETOUSNESS LOBSTER BATTLES En 1965, il est temps de remplacer le premier Sapmer, qui a fait son temps. L’armement, dont la direction générale est désormais assurée par Jean Ravaux, rachète à la compagnie Worms un ancien pinardier, le Pomerol, et le transforme en navireusine, doté d’un tunnel de congélation. Le bateau, comme son prédécesseur, est baptisé Sapmer. Armé pour la pêche aux casiers, il est équipé, comme le premier Sapmer, d’un portique arrière et d’un treuil de pêche qui lui permet de chaluter. Cet appareillage lui permet de fournir du poisson au marché réunionnais. Une marée au chalut est ainsi organisée en 1967, après la campagne annuelle à Saint-Paul et Amsterdam. Initialement prévue au large des côtes de la Somalie, elle a finalement lieu dans l’Atlantique, sur les côtes d’Afrique de l’Ouest après la fermeture du canal de Suez provoquée par la guerre des Six Jours. L’année précédente, a été votée une loi qui impose une autorisation préalable à toute activité de pêche dans les eaux des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Son décret d’application sera finalement signé en 1969. Mais sur les quais, bruit une rumeur : l’armement It was time, in 1965, to replace the first Sapmer, which had had its day. The fishing company, then managed by Jean Ravaux, bought from the Worms Company a former wine carrier, The Pomerol, and turned it into a factory ship, equipped with a freezing tunnel. The boat, like its predecessor, was baptized Sapmer. Fitted out for pot fishing, it is equipped, just like the first Sapmer, with a gantry at its stern and a fishing winch for trawling. This equipment allowed it to supply the Reunion Island fish market. A trawling fishing trip was therefore organized in 1967, after the annual campaign in Saint-Paul and Amsterdam. Initially planned off the coast of Somalia, it finally took place in the Atlantic off the coast of West Africa following the closure of the Suez Canal caused by the Six-Day War. The previous year a law was passed that required prior authorization for all fishing activities in the waters of the French Southern and Antarctic Territories. Its implementing decree would be finally signed in 1969. But on the docks, rumours are heard: The Reunion Island fishing 1 9 6 5 - 1 9 8 0 : L E T E M P S D E S C O N V O I T I S E S B ATA I L L E S P O U R L A L A N G O U S T E 25 réunionnais ne serait pas le seul à pêcher la langouste du Grand Sud. Des braconniers seraient à l’œuvre, à partir du mois de mars devant les îles françaises, quand le Sapmer fait route vers La Réunion puis Marseille. Lors de la campagne 19681969, alors que Pierre Riou vient de succéder à Albert Barbanton à la barre du Sapmer, un long-liner japonais au pont chargé de casiers est découvert à Amsterdam, puis retrouvé deux jours plus tard à Saint-Paul. Les équipements sont saisis et détruits. Mais depuis quelque temps, c’est un fameux braconnier français, Jean Le Gall, qui est dans le viseur. L’armement réunionnais company could not be the only one fishing lobster in the Great South. Poachers could be at work around the French islands, starting from March, as soon as The Sapmer left towards Reunion Island then Marseille (France). During the 1968-1969 campaign, right after Pierre Riou succeeded to Albert Barbanton at the helm of The Sapmer, a Japanese longliner loaded with fishing pots was found in Amsterdam, then found two days later in Saint-Paul. Its equipment was seized and destroyed. But during that time, it was a famous French poacher, Jean Le 26 rivalise de ruse avec ce Breton de Douarnenez pour le surprendre en flagrant délit. Ce sera chose faite en octobre 1969, grâce à l’intervention de l’aviso Commandant-Bory. Dès la campagne suivante, la SAPMER arme un langoustier dédié à la surveillance de la pêche. Le Folgor est transformé à Marseille: son vivier est remplacé par une grande cale frigorifique. Un bateau australien et deux sud-africains sont chassés des eaux territoriales début 1970 où Jean Le Gall, de nouveau, brave la réglementation. L’administration des TAAF décide alors d’affecter un gendarme maritime à la police des pêches. Gall, who was targeted. The Reunion Island fishing company used many stratagems to catch this Briton from Douarnenez in the act. This would be achieved in October 1969, through the intervention of The Commandant-Bory sloop. The following season, SAPMER decided to equip a lobster boat for monitoring fishing activities. The Folgor is modified in Marseille: Its fish-hold is replaced by a large freezing hold. Early 1970, one Australian and two South African ships were chased away from the territorial 1 9 6 5 - 1 9 8 0 : L E T E M P S D E S C O N V O I T I S E S B ATA I L L E S P O U R L A L A N G O U S T E waters where Jean Le Gall’s continued to defy the rules and regulations. The TAAF administration decided then to assign a marine police officer to its fisheries police. The Reunion Island fishing company did not remain the only one legally allowed to fish Lobster for long. In 1971, the Briton company Bretic, obtained the fishing permit allowing them to fish lobster in Saint-Paul Page de droite de haut en bas / Right hand side page from top to bottom : l'Antarctique / the Antarctic © Patrick Perron ; Amsterdam. Escale du Sapmer à La Réunion. Embarquement des Réunionnais, 26 novembre 1962. Sapmer's stop at Reunion Island. Boarding of the Reunion islanders 26 November 1962. L’armement réunionnais ne restera pas longtemps seul à pêcher légalement la langouste. En 1971, la société Bretic, un armement breton, obtient une autorisation de pêche à la langouste à Saint-Paul et Amsterdam. La concurrence, légale cette fois, s’installe. Un ancien collaborateur de la SAPMER décide également de tenter sa chance en exploitant un banc découvert récemment au large des îles, dans les eaux internationales. Il arme un navire et en confie le commandement à Albert Barbanton, qui décidément ne peut se résoudre à une retraite terrestre. L’année suivante, c’est… Jean Le Gall qui lui succède! Fin 1972, la Bretic met en service un deuxième navire, le Ciap. La concurrence se renforce en 1973 avec l’arrivée de Pêcherie Ouest Bretagne, qui obtient un quota de pêche en échange d’une promesse: la création and Amsterdam. Legal competition was being settled. A former employee of SAPMER also decided to try his luck fishing in the international waters off the coasts of the islands, where a new shoal had recently been found. He decided to equip a ship and gave its command to Albert Barbanton, who certainly could not bring himself to retire on land. The following year, it was ... Jean Le Gall who took over! Late 1972, Bretic commissioned a second ship, The Ciap. Competition strengthened in 1973 with the arrival of Pêcherie Ouest d’une conserverie de thon à La Réunion. Son bateau, Le Pêcheur breton, a des capacités équivalentes à celles du Sapmer et se voit attribuer le plus fort quota. Au terme de la campagne 1973-1974, la surexploitation de la ressource est patente. Les rendements par casier sont en chute libre : en trois ans, les levées sont passées de 14 à 6 kilos de langoustes en moyenne. À la veille de la campagne suivante, les quotas de pêche sont fortement réduits : ils passent de 960 à 450 tonnes. Leur répartition est inchangée : 50 % pour Pêcherie Ouest Bretagne, 30 % pour SAPMER et 20 % pour Bretic. Mais un seul bateau est autorisé à pêcher pour le compte des trois armateurs. Le Sapmer présentant le meilleur coût d’affrètement, c’est lui qui va effectuer la campagne. Le Folgor est vendu à l’Armement des Mascareignes, qui le reconvertit Bretagne, who gained a fishing quota in exchange of a promise: the creation of a tuna canning industry in Reunion Island. Its boat, Le Pêcheur Breton, had capabilities equivalent to those of the Sapmer and was assigned the highest quota. At the end of the 1973-1974 campaign, overexploitation of the resource is obvious. Yields per pot are plummeting: in three years, the catches decreased from 14 kg (31lb) to 6 kg (13lb) of lobsters on average. On the eve of the next campaign, fishing quotas were greatly reduced: they went from 960 to 450 tons. Their distribution is unchanged 50% for Pêcherie Ouest Bretagne, 30% for SAPMER and 20% for Bretic. But only one ship is allowed to fish on behalf of the three companies. The Sapmer with the best cost of chartering was the one chosen to carry out the fishing campaign. The Folgor was sold to Armement des Mascareines, which modified it for shrimp fishing in the Mozambique Channel. The campaign is bad, lobsters habitat had been disrupted by a cyclone; the quota was not even reached. 1 9 6 5 - 1 9 8 0 : L E T E M P S D E S C O N V O I T I S E S B ATA I L L E S P O U R L A L A N G O U S T E 29 en crevettier pour la pêche dans le canal du Mozambique. La campagne est mauvaise, l’habitat des langoustes a été perturbé par un cyclone, le quota n’est même pas atteint. Le capitaine Riou, qui a succédé au commandant Barbanton, cesse à son tour son activité à la grande pêche en 1975. Après 23 campagnes à Saint-Paul et Amsterdam, il part terminer sa carrière dans son pays de Loguivy-de-la-Mer. Il cède sa place à Marcel Barbarin, vendéen des Sables d’Olonnes, qui naviguait à ses côtés depuis une dizaine d’années. Le Sapmer quitte la flotte, remplacé par le Cap Horn, un bateau plus petit. Le chalutier de 54 mètres est transformé en langoustier à Saint-Malo. Les quotas sont tombés à 300 tonnes. L’administration retire l’autorisation de pêche attribuée à Pêcherie Ouest Bretagne, qui n’a pu honorer son engagement dans Captain Riou, who succeeded to Captain Barbanton, ended its fishing activity in 1975. After 23 campaigns in Saint-Paul and Amsterdam, he decided to finish his career back home at Loguivy-de-la-Mer (France). He gave his place to Marcel Barbarin native of Sables d’Olonne of Vendée (France), who had been sailing with him for ten years. The Sapmer left the fleet, after being replaced by Cape Horn, a smaller boat. The 54-meter long trawler was converted into a lobster ship in Saint-Malo (France). Quotas dropped to 300 tons. The la création d’une conserverie à La Réunion. Les autorités proposent d’accorder un quota pour cinq ans aux armements réunionnais, s’ils parviennent à s’entendre et se regrouper. C’est chose faite avec la constitution du Groupement des Armateurs Réunionnais (GAR), constitué par la SAPMER, la CIAP et l’Armement des Mascareignes. Robert de la Fortelle, directeur de la Banque de la Réunion, qui avait succédé à Jean Rabot à la tête de la SAPMER au cours de la décennie précédente, en prend également la présidence. Le GAR se voit attribuer la totalité du quota de pêche, dont 50 % reviennent à la SAPMER, 30 % à la CIAP, qui exploite un long-liner sur les bancs de Saya de Malha, et 20 % à l’Armement des Mascareignes, qui fait de même avec le Mascareignes II et ses dix embarcations. administration withdrew Pêcherie Ouest Bretagne fishing’s authorization, which could not honour its commitment to building a canning industry in Reunion Island. The authorities offered to grant the Reunion Island fishing companies a quota for five years, if they could agree to work as one. This was achieved with the constitution of the Reunion Island Shipowners’ Group (GAR), consisting of SAPMER, CIAP and The Armement des Mascareines. Robert de la Fortelle, director of the Banque de la Réunion (Reunion Island Bank), who succeeded to Jean Rabot as head of SAPMER during the previous decade, also took on the role of chairman. The GAR was assigned the entire fishing quota, of which 50% went to SAPMER, 30% to CIAP, which operated a longliner on the banks of Saya de Malha, and 20% to The Armement des Mascareines which did the same with The Mascareines II and its ten auxiliary boats. The Cape Horn operated on behalf of the Group for five campaigns. The ship was 1 9 6 5 - 1 9 8 0 : L E T E M P S D E S C O N V O I T I S E S B ATA I L L E S P O U R L A L A N G O U S T E 31 Le Cap Horn opère pour le compte du Groupement pendant cinq campagnes. Le navire est armé à La Réunion, qui devient son port d’attache. Année après année, la ressource se reconstitue, la taille des prises remonte, pour la plus grande satisfaction du professeur Hureau, conseiller scientifique des TAAF, et de son assistant, Guy Duhamel, qui embarque pour la première fois sur le Cap Horn en 1979. Le jeune scientifique, qui deviendra professeur, accompagnera jusqu’à aujourd’hui les armements opérant dans les eaux australes : ses travaux servent de base à la fixation des quotas de capture. Rassurée par le bon résultat donné par l’application de ces mesures de précaution, l’administration augmente progressivement ces quotas. Pour la SAPMER et le GAR, il est temps de se doter d’un nouveau bateau, plus gros et plus performant. fitted out in Reunion Island, which became its home port. Year after year, the resource replenished, the size of the catch grew to the great satisfaction of Professor Hureau, scientific advisor for the TAAF, and his assistant, Guy Duhamel, who sailed for the first time on The Cape Horn in 1979.The young scientist, who would become a professor, has been accompanying up until 32 today the fishing companies operating in the southern sea waters: his work is the basis for setting catch quotas. Reassured by the good results given by the implementation of such precautionary measures; the administration gradually increased quotas. For SAPMER and GAR, it was time to acquire a new ship, bigger and with greater performance. 1 9 6 5 - 1 9 8 0 : L E T E M P S D E S C O N V O I T I S E S B ATA I L L E S P O U R L A L A N G O U S T E L'Antarctique / The Antarctic © Patrick Perron. CHAPITRE 3 1980-2005 le temps des découvertes Du poisson des glaces à la légine CHAPTER 3 1980-2005 THE AGE OF DISCOVERY MACKEREL ICEFISH TO TOOTHFISH En 1980, le Pierre-Pléven , chalutier terre-neuvas de 78 mètres, est racheté à Saint-Malo et rebaptisé Austral. Il est aménagé pour la pêche à la langouste, mais conserve ses équipements de chalutage. La SAPMER a en effet décidé d’étendre son activité à la pêche aux Kerguelen. Plus australes encore que SaintPaul et Amsterdam, ce groupe d’îles situé par 50° sud et 69° est avait été découvert en février 1772 par le navigateur Yves de Kerguelen. Quelques jours auparavant, son second, Crozet, avait baptisé de son nom un archipel, un peu plus au nord. Fin 1968, le Sapmer du capitaine Riou avait tenté quelques coups de chalut peu fructueux, pendant quelques jours devant les Kerguelen, avant la campagne annuelle à la langouste. Les hommes ne connaissaient alors rien de l’habitat des poissons, à la limite des quarantièmes rugissants et des cinquantièmes hurlants. Mais la zone avait été investie, dès le début des années 1970, par des armements soviétiques. Les autorités françaises commencent alors à encourager les armements réunionnais à étudier la ressource de ces eaux peu hospitalières. Une campagne d’exploration In 1980, The Pierre-Pleven, Newfoundland trawler of 78 meters, was bought in SaintMalo and renamed Austral. It was fitted out for lobster fishing, but retained its trawling equipment. SAPMER indeed decided to extend its fishing activity to Kerguelen. These group of islands further south than Saint-Paul and Amsterdam, were situated at 50 ° South and 69 ° Est and were discovered in February 1772 by the navigator Yves de Kerguelen. A few days earlier, his first mate, Crozet, gave his name to an archipelago, a little further north. Late 1968, Captain Riou’s Sapmer had tried, for a few days around the Kerguelen, a few hauls with little success, just before the start of the annual fishing campaign for lobster. The men, at the time, knew nothing of fish habitat at the edge of the Roaring Forties and Furious Fifties. But the area had been used as fishing ground, from the early 1970s, by Soviet fishing companies. The French authorities therefore began to encourage Reunion Island fishing companies to study the resource of these inhospitable waters. 1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE 37 menée en 1979 par le chalutier français Jutland montre qu’une exploitation des poissons des Kerguelen est possible au départ de La Réunion. Les espèces exploitables sont essentiellement le poisson des glaces, le colin austral et le colin des Kerguelen. L’Austral effectue sa première campagne en 1981. Il n’est pas le seul navire français sur zone. Le An exploratory campaign was conducted in 1979 by the French trawler Jutland to show that the exploitation of Kerguelen fish was possible from Reunion Island as a home port. Exploitable species were Mackerel icefish, Grey Rockcod and Marbled Rockcod. The Austral did its first campaign in 1981. It was not the only ship in the area. The Sydero, of Les Armaments des Mers du Sud (partnership between Armament des Mascareines, CIAP and Nord Pêcherie from Boulogne-sur-Mer (France)), and The 38 Sydero, de l’Armement des Mers du Sud (association de l’Armement des Mascareignes, de la CIAP et de Nord Pêcherie, de Boulogne-surMer), et le Zélande, de l’armement métropolitain Pêcheries de Bordeaux Bassens, tentent également leur chance dans les eaux des Terres Australes et Antarctiques Françaises. Mais la commercialisation du poisson des glaces et des autres espèces s’avère difficile, les prises sont moins satisfaisantes que prévu. Le Zélande et le Sydero jettent l’éponge après deux campagnes. L’ Austral maintient son activité alternée, entre campagnes langoustières à Saint-Paul et Amsterdam et pêche au poisson des glaces des Kerguelen, jusqu’en 1986. Cette année-là, le bateau de la SAPMER se concentre sur une espèce qui n’avait guère attiré l’attention jusqu’alors : la légine. Le début d’une nouvelle aventure… Zealand, of the main land France fishing campany Pêcheries de Bordeaux Bassens, which also tried its luck in the waters of the French Southern and Antarctic Territories. But selling Mackerel Icefish and other species was difficult; catches were less satisfactory than expected. The Zéland and The Sydero threw in the towel after two campaigns. The Austral maintained its activity alternating between lobster campaigns in Saint Paul and Amsterdam and Mackerel Icefish fishing in Kerguelen, until 1986. That year, SAPMER’s boat 1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE focused on a species that did not attract much attention until then: toothfish. The beginning of a new adventure... Since 1981, SAPMER’s first Mackerel Icefish campaign in the Kerguelen waters; sailors have been describing the fish as: the most beautiful species of the southern seas is toothfish (Dissostichus eleginoides). Deep sea fish, fairly large and of delicious taste, was nonetheless considered a by catch. One thought that the Soviet fishing companies had largely depleted the stock. Error! In 1986, 241 tons of toothfish were L’Austral © André Fatras. Depuis 1981, année de la première campagne SAPMER aux poissons des glaces dans les eaux Kerguelen, les marins de l’Austral le pressentaient : la plus belle espèce des mers australes est bien la légine (Dissostichus eleginoides). Ce poisson des profondeurs, de belle taille et à la chair délicieuse, est pourtant considéré comme une prise accessoire. On pense alors que les pêcheries soviétiques ont déjà largement épuisé le stock. Erreur. En 1986, 241 tonnes de légines sont ramenées à La Réunion et la clientèle japonaise commence à s’y brought to Reunion Island and Japanese customers began to show interest. The Antarctic fish resembled a species of Alaska to which the Japanese fishing companies had no longer access, prices started to rise. But toothfish was still not well known. A Franco-Soviet research De haut en bas / From top to bottom : Paysage de Saint-Paul ; le Croix du Sud ; Légine ; l’Ile Bourbon Saint-Paul scenery ; Croix du Sud ; toothfish ; Ile Bourbon. intéresser. Le poisson de l’Antarctique ressemble à une espèce de l’Alaska à laquelle les armements nippons n’ont plus accès, les cours commencent à monter. Mais la légine est encore mal connue. Une campagne de recherches franco-soviétique, dirigée en 1986-1987 par le professeur Guy Duhamel, ichtyologue au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, permet de mieux comprendre ses mœurs. Il faut aller profond pour la trouver. En octobre 1990, l’Austral découvre un stock de légines vierge dans un canyon sous-marin. 350 tonnes sont pêchées en une semaine, alors que les cours continuent à monter sur les marchés asiatiques. La pêche dans les eaux des TAAF devient enfin rentable pour l’armement réunionnais, après dix ans de campagnes difficiles. Pendant ce temps, à terre, la pêche hauturière campaign had been led between 1986 and1987 by Professor Guy Duhamel, ichthyologist at the National Natural History Museum of Paris, to better understand its habits. They had to go deep to find it. In October 1990, The Austral discovered an untouched stock of toothfish in a submarine canyon. 350 tons were caught in a week, while prices continued to rise on Asian markets. After ten years of difficult campaigns, fishing in the TAAF Southern waters was finally becoming profitable for the Reunion Island réunionnaise se restructure. Maurice Barrière, gendre de Robert de la Fortelle, a pris les commandes de la société en 1987. En 1989, les Sucreries de Bourbon, alors dirigées par Jacques de Chateauvieux, prennent une participation majoritaire dans la SAPMER. Quelques années plus tôt, Jacques de Chateauvieux était devenu administrateur de l’armement, répondant favorablement à une proposition de Robert de la Fortelle dont le fils est un de ses amis : ils ont suivi les mêmes études, à quelques années d’écart, dans la même université américaine puis ont travaillé ensemble pour le Boston Consulting Group aux États-Unis. « En 1989, les Sucreries de Bourbon entament leur diversification, témoigne-t-il. En découvrant la SAPMER, j’ai apprécié sa volonté de développement et son potentiel de croissance. fishing company. Meanwhile, on land, Reunion Island deep sea fishing was being restructured. Maurice Barrier, Robert de la Fortelle’s son in law, took charge of the company in 1987. In 1989, Les Sucreries de Bourbon, then managed by Jacques de Chateauvieux, took a majority of shares in SAPMER. A few years earlier, Jacques de Chateauvieux had become chairman of the board of directors of the fishing company, responding favorably to a personal friend’s proposal, Robert de la Fortelle, whose son was one of his friends: they had studied the same degree, a few years apart, in the same American university and then worked together for the Boston Consulting Group in the United States. “In 1989, Les Sucreries de Bourbon began their diversification, he explains. Discovering SAPMER, allowed me to appreciate its commitment to development as well as its growth potential. It was already an iconic Reunion Island company, known for its small fish processing activity. We believed in it. “ 1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE 41 Il s’agissait déjà d’une société réunionnaise emblématique, connue pour sa petite activité de transformation de poissons. Nous y avons cru. » Le groupe de Jacques de Chateauvieux en deviendra l’unique propriétaire en 1992. Le Groupement d’Armateurs pour les Pêches Australes (GAPA), constitué en 1981 pour succéder au GAR, ne compte plus que deux membres : SAPMER en détient 65 % et Armement des Mascareignes, qui n’a plus de bateau, 35 %. En 1993, SAPMER se dote d’un nouveau navire, construit en Pologne. Le chalutier-caseyeurcongélateur, armé pour la langouste et la légine, reçoit le même nom de baptême que son prédécesseur : Austral (76 mètres sur 14 mètres et 3 500 chevaux). L’année suivante, Jacques Dezeustre arrive à la direction de l’armement. Ingénieur de forma- Jacques de Chateauvieux’s group got sole ownership in 1992. The Group of Shipowners for Southern Seas Fishing (GAPA), formed in 1981 to succeed the GAR, had only two members: SAPMER held 65% and The Armament des Mascareines, which did not have any boat anymore, 35%. In 1993, SAPMER acquired a new vessel, built in Poland. The freezer-lobster trawler, fitted out for lobster and toothfish, received the same name as its predecessor: Austral (76-meter long by 42 tion, il appartient à une famille d’armateurs de Bordeaux et a dirigé la Société Nouvelle des Pêches Lointaines, jusqu’à la fin de l’activité morutière française dans l’Atlantique nord. « J’ai monté de nombreuses missions d’exploration, à la recherche de nouvelles ressources, se souvientil. À ce titre, j’avais découvert La Réunion et la SAPMER, puisque la mission de 1979-1980 aux Kerguelen avait été réalisée par un de nos bateaux, le Jutland. J’étais basé à Saint-Pierre et Miquelon lorsque l’armement m’a sollicité. » L’Austral est doté de nouveaux équipements qui améliorent ses performances de pêche. Sous la conduite du commandant Barbarin, la découverte de la légine aux Kerguelen, bientôt aux îles Crozet, fait naître de grands espoirs. Les bonnes marées s’enchaînent, mais les pêcheries soviétiques, devenues ukrainiennes après l’éclatement 14-meter width and 3 500 horse power). The following year, Jacques Dezeustre joined the management team of the fishing company. An engineer by training, he came from a long line of shipowners from Bordeau (France) and had managed the Société Nouvelle des Pêches Lointaines until the end of the French cod fishing activity in the North Atlantic. “I built many exploratory missions in search of new resources, he recalls. As such, I discovered Reunion Island and SAPMER, when the mission to the Kerguelen in 1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE 1979-1980 was conducted by one of our boats, Jutland. I was based in Saint-Pierre and Miquelon when the fishing company contacted me. “ The Austral was fitted out with new equipment that improved its fishing performance. Led by Captain Barbarin, the discovery of toothfish around the Kerguelen Islands, and soon around the Crozet Islands, gave great hopes. Good fishing trips followed one another, but Soviet fishing companies, changed into Ukrainian ones after the collapse of the USSR, and were quick to de l’URSS, ne tardent pas à suivre les traces de l’Austral. Elles obtiendront des quotas de légine jusqu’en 1998, date à laquelle Marcel Barbarin décide de prendre sa retraite. Michel Le Glatin lui succède à la barre de l’ Austral . Ce Breton de Loguivy-de-la-Mer, neveu de l’ancien capitaine Pierre Riou, est entré à la SAPMER à l’âge de dix-sept ans, en 1974. Il effectuera toute sa carrière dans les TAAF, avant de se retirer, en 2011. Dès 1994, la concurrence devient aussi franco-française, avec l’arrivée du Kerguelen de follow in the footsteps of the Austral. They acquired toothfish quotas until 1998, same date that Marcel Barbarin chose to retire. Michel Le Glatin took over at the helm of The Austral. This Briton from Loguivy-dela-Mer (France), nephew of former captain Pierre Riou, joined SAPMER at the age of seventeen, in 1974. He would perform his entire career in the TAAF, before retiring in 2011. Since1994, competition also became French vs French fishing company, with the arrival of The Kerguelen Trémarec, a trawler L’Albius © Patrick Perron. L'Antarctique / The Antarctic © Patrick Perron. Trémarec, un chalutier armé par le groupe Intermarché, puis de l’armement Le Garrec, associé au groupe réunionnais Albin, en 1998. Chaque année, l’administration des TAAF distribue attentivement les quotas de pêche, en veillant à limiter les prises de manière à maintenir la ressource : le cycle de reproduction de l’espèce est très long. D’autant qu’un grand danger se profile à l’horizon. Fin 1996, les premiers bateaux pirates sont signalés dans les eaux des Kerguelen et des Crozet. Il s’agit de palangriers, qui après owned by the Intermarché Group, then by the fishing company Le Garrec, partner of the Reunion Island group Albin since1998. Each year, the TAAF administration carefully distributed fishing quotas to limit catches and to maintain the resource: the reproductive cycle of the species is very long; this is especially important due to the fact that a great danger was looming on the horizon. End of 1996, the first pirate ships were reported in the waters of Kerguelen and Crozet. These longliners, after having avoir totalement épuisé la ressource au large des côtes chiliennes et argentines viennent traquer la légine dans le sud de l’océan Indien. Les procédures judiciaires entamées par la suite montreront qu’ils sont liés, pour la plupart, à des intérêts espagnols. La Marine nationale commence ses patrouilles dans la zone économique exclusive française, une longue série d’arraisonnements débute. Mais l’enjeu financier fait prendre tous les risques aux braconniers des eaux australes. Les missions de surveillance des bâtiments de la Royale, informés par les bateaux réunionnais, ne suffisent pas à dissuader les pilleurs, dans un espace maritime immense. Les rendements de la SAPMER et des autres armements français chutent, l’avenir du secteur est menacé : il est temps de réagir. totally depleted the resource off the coast of Chile and Argentina came to find toothfish in the Southern Indian Ocean. Court proceedings showed later on, that there actions were linked, mostly, to Spanish interests. The French Navy began its patrols in the French exclusive economic zone; a long series of arrests began. But the financial gain made the poachers take any possible risk they could in the southern waters. The French Navy’s surveillance missions, were tipped off by Reunion Island ships, but were not Les patrouilles de la Marine nationale permettent bien d’arraisonner des bateaux pirates, mais l’arsenal juridique est trop peu dissuasif pour les pilleurs des eaux australes. Fin 1997, le Parlement vote une loi réprimant sévèrement les actes de pêche illégale dans les TAAF : tout bateau entrant dans la zone française est tenu de se signaler, les amendes sont portées à 500 000 francs par tonne de légine pêchée. La Royale mobilise des moyens de surveillance supplémentaires, la SAPMER et les autres armements s’organisent pour lutter contre une pratique qui menace directement leur activité. Les rendements des marées baissent. L’administration des TAAF restreint les tonnages de captures autorisés et impose progressivement l’abandon du chalutage au profit de la palangre profonde, technique de pêche plus sélective. enough to deter looters, in such a vast maritime space. SAPMER’s yields and other French fishing companies were going down, the sector’s future was threatened; it was time to react. The patrols allowed the Navy to board many pirate ships, but the legal actions were not deterring enough for the looters of the southern waters. In late 1997, Parliament passed a law severely punishing acts of illegal fishing in the TAAF all vessels entering the French zone were required to report their presence in the French fishing zone, the fines were increased to 500 000 francs per ton of toothfish caught. The French navy mobilized additional means of surveillance, SAPMER and other fishing companies organized themselves in order to fight an activity that directly threatened their business. Fishing trips’ yields were falling. The TAFF administration limited the authorized legal tonnage to be caught and gradually imposed the fishing companies to relinquish trawling fishing in favor of longline fishing, a more selective fishing 1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE 45 « Le professeur Duhamel nous a beaucoup aidés dans la mise au point de notre nouvelle technique de pêche, poursuit Jacques Dezeustre. Nous avons affrété des palangriers japonais et espagnols, nous avons retenu ce qui était bon chez les uns et chez les autres. » La SAPMER commande aux chantiers Piriou de Concarneau deux palangriers-congélateurs, l’ Île Bourbon et l’Albius, qui entreront dans sa flotte en 2001 et 2002. L’Austral retrouve sa vocation initiale de langoustier-caseyeur. Les pirates n’ont pas abandonné la partie pour autant, comme le prouvent les prises répétées de la Marine : jusqu’en 2004, 25 de leurs bateaux seront au total arraisonnés. Cer- technique. “Professor Duhamel was a great help in the development of our new fishing technique, continues Jacques Dezeustre. We chartered Japanese and Spanish longlines, we kept the best of each party “. SAPMER ordered from the Piriou shipyards in Concarneau, two freezer longliners, Ile Bourbon and Albius, which would enter the fleet in 2001 and 2002. Austral was back to its initial lobster pot fishing. The pirates had not given up, proof was that the French Navy continued to “catch” some: 46 tains seront coulés au large des côtes réunionnaises, d’autres reconvertis : le Croix du Sud, propriété de la SAPMER depuis 1999, est ainsi un ancien palangrier illégal, jumboïsé sur les chantiers Piriou. Un autre pirate est devenu l’Osiris, patrouilleur civil désormais géré par le GIE Protection Légine et Ressources Halieutiques et armé par la SAPMER : cinq mois par an, il prête main-forte aux bâtiments de la Marine nationale. Tous ses efforts ont fini par porter leurs fruits. Les pêcheurs illégaux semblent avoir déserté les TAAF et le stock de légines se reconstitue, lentement. Le développement de la SAPMER peut se poursuivre. until 2004, 25 of their boats had been arrested in total. Some were sunk, off the coast of Reunion Island, others converted: The Croix du Sud, owned by SAPMER since 1999, is a former illegal longliner, jumbo sized up by the Piriou shipyards. Another pirate ship became The Osiris, civil patrol boat then managed by the GIE (Toothfish public and economic protection) equipped 1980-2005 : LE TEMPS DES DÉCOUVERTES DU POISSON DES GLACES À LA LÉGINE by SAPMER: five months a year, it lends a helping hand to the French navy’s ships. All these efforts finally paid off. For the past three campaigns, illegal fishers seemed to have deserted the TAAF and the stock of toothfish has been recovering, slowly. The development of SAPMER can continue. Page de droite de haut en bas Right hand side page from top to bottom: l’Austral ; l’Osiris. / Austral, Osiris CHAPITRE 4 2005-2012 le temps du thon Nouveaux horizons CHAPTER 4 2005-2012 THE AGE OF TUNA NEW HORIZONS Le Franche Terre. Yannick Lauri entre à SAPMER en 2001, aux côtés de Jacques Dezeustre, auquel il succédera en 2004. Après avoir officié pour la Compagnie Générale Transatlantique, Yannick Lauri a commandé des pétroliers et des chimiquiers sur toutes les mers du monde puis dirigé des armements marchands. Depuis 2003, l’entreprise est la propriété de Jaccar, holding de la famille de Chateauvieux, alors que le groupe Bourbon se recentre sur les activités de services maritimes et d’offshore pétrolier. Le groupe SAPMER se constitue, avec une société mère, SAPMER SA, et deux filiales, Les Armements Réunionnais et Armement Sapmer Distribution. Si la langouste et la légine constituent ses deux principales ressources, l’armement n’a jamais cessé de rechercher de nouvelles espèces commerciales. Son histoire est jalonnée de campagnes de prospection dans divers secteurs de l’océan Indien, dans le but de trouver de nouvelles pistes de développement. Une expérience de pêche aux poissons pélagiques (thon, espadon…) avait ainsi été menée à partir de 1995 dans l’océan Indien sous le comman- Yannick Lauri joined SAPMER in 2001, alongside Jacques Dezeustre, to whom he succeeded in 2004. Having worked for the Compagnie Generale Transatlantique, Y. Lauri had commissioned oil and chemical ships on all seas of the world before leading a merchant shipping company. Since 2003, the company has been owned by Jaccar, de Chateauvieux family holding, while the Bourbon group is refocusing on marine services activities and offshore oil ships. SAPMER group was formed, with a parent company, SAPMER SA, and two subsidiaries, Les Armements Reunionnais and Armement Sapmer Distribution. If Rock lobster and toothfish are its two main resources, the fishing company has never stopped seeking new commercial species. The history of the company is punctuated by prospecting campaigns in various sectors of the Indian Ocean, in order to find new avenues of development. An experiment on fishing pelagic fish (tuna, swordfish ...) had been conducted from 1995 onward in the Indian Ocean under the command of Captain Queinec in the 2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS 51 dement du capitaine Queinec, puis dans le Pacifique, avec un palangrier-surgélateur capable de produire du poisson de qualité sashimi pour les acheteurs japonais. Le thon est la principale ressource halieutique de l’océan Indien tropical. Pour SAPMER, qui connaît la forte demande du marché asiatique et le potentiel de croissance du marché européen, il représente une source de diversification dont le potentiel se confirme au fil des études et des essais. En 2006, l’armement réunionnais rachète à Concarneau deux senneurs-congélateurs, le Pacific, with a freezer longliner capable of producing sashimi quality fish for Japanese buyers. Tuna is the main halieutic resource of the tropical Indian Ocean. For SAPMER, who knows the strong demand of the Asian market and the growth potential of the European market, it represents a source of diversification which potential is confirmed by various studies and trials. In 2006, the Reunion Island fishing company bought in Concarneau two freezer purse-seiners, The Huon de Kermadec and Kersaint de Coëtnenprem, 52 2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS Huon de Kermadec et le Kersaint de Coëtnenprem , rebaptisés Titan et Takamaka. Les deux bateaux de 70 mètres sont équipés de sennes tournantes manœuvrées par des skiffs. Pour SAPMER, l’apprentissage d’un nouveau métier commence. Le Titan et le Takamaka démarrent leurs activités fin 2006 et début 2007 dans les eaux des Seychelles, au plus près des zones de pêche, où ils débarquent leurs prises. Les thons pris à la senne tournante appartiennent principalement à deux espèces, l’albacore et le listao. Le premier (appelé yel- renamed Titan and Takamaka. Both 70meter long ships were equipped with purse seiners operated by skiffs. For SAPMER, learning a new trade has begun. The Titan and Takamaka started their operations late 2006 and early 2007 in the Seychelles waters, a fishing ground close to where they have to unload their catch. Tuna caught in the purse seiner mainly belonged to two species, yellowfin and skipjack. The first –yellowfin- is characterized by its yellow fin, its weight can exceed 100 kilos (220lb). The second – skipjack- is much lowfin en anglais) se caractérise par ses nageoires jaunes, son poids peut dépasser les 100 kilos. Le deuxième (appelé skipjack) est beaucoup plus petit, pesant jusqu’à 5 ou 6 kilos. Le thon patudo (big eye) constitue généralement une prise accessoire. En juin 2007, SAPMER passe commande aux chantiers Piriou, de Concarneau — haut lieu de la pêche au thon française — de trois navires. Le chantier Piriou, dont la holding Jaccar de Jacques de Chateauvieux devient par ailleurs le principal actionnaire, relève un défi: concevoir un modèle de senneur-congélateur-surgélateur entièrement nouveau. Les bateaux utiliseront, comme le Titan et le Takamaka, la technique de la senne tournante, mais avec des moyens très modernes leur conférant une puissance importante et une grande rapidité d’exécution. Longs de 90 mètres, ils seront dotés des moyens de détection du poisson smaller, weighing up to 5 or 6 kilos(11 or 13lb). Big Eye tuna is usually a ‘by catch’. In June 2007, SAPMER ordered from the Piriou shipyards in Concarneau - a highly renowned French Tuna fishing county-three ships. The Piriou shipyards, of which Jacques de Chateauvieux’s JACCAR holding company is the largest shareholder, accepted the challenge: Develop a model of freeze & deep-freeze seiner of an entirely new design. The ships will use, just like TheTitan and Takamaka, the purse seiner technique, but with very modern 54 2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS les plus performants. La nouveauté la plus importante résidera dans leur mode de propulsion : deux moteurs électriques, alimentés par un moteur principal au gasoil, qui feront tourner les hélices. Outre les économies de combustible et la diminution des émissions de fumée, cette technique donnera aux bateaux une grande souplesse d’utilisation pour manœuvrer une senne de 1800 mètres de long, sur 280 mètres de haut et pesant 90 tonnes. La puissance électrique des navires permettra aussi la surgélation du poisson en temps réduit, gage de qualité préservée de la chair. À bord, le poisson sera traité de deux façons. Il pourra être plongé dans un bain de saumure glacée, dans des cuves d’une capacité totale de 300 tonnes, à paroi lisse afin de ne pas abîmer les prises. Ainsi précongelé, à -9°C à cœur, puis transféré dans une zone de travail, les petits séparés means giving them great power and a rapid execution time. 90-meter long, they will be implemented with fish detection high performing means. The most important novelty being their propulsion system: Two electrical engines, powered by a main Diesel engine that activates pitch propellers. In addition to saving fuel and diminishing fume emanations, this technique will give the ship great maneuvering abilities to operate a seine 1 800-meter long, 280-meter high and weighing 90 tons. The electric power of the vessels will allow the freezing of fish in reduced time, guaranteeing the preservation of its natural quality. On board, the fish will be handled in two ways. First immersed in a tank of chilled brine of a total capacity of 300 tons, with smooth walls in order not to damage the catch, therefore freezing it to the core at -9 °C; and then transferred to a work area, the small fish being separated from the large ones before arriving in the freezing holds of a 700 tons capacity. Second, the catch will be lowered to -40 °C to the core and will des gros avant d’arriver dans les cales de surgélation, d’une capacité de 700 tonnes. Ensuite les prises seront descendues à -40°C à cœur et resteront maintenues à très basse température jusqu’à la débarque. Le premier bateau de la série est construit à Concarneau. Baptisé Franche Terre (lieu-dit de Sainte-Suzanne, à La Réunion) en mai 2009, il effectue ses premières marées au cours des mois suivants, alors que le Titan et le Takamaka ont été revendus. La construction de deux sister-ships du Franche Terre se poursuit à Ben-Luc, au Vietnam, sur le chantier de SEAS, filiale de Piriou. Dans le même temps, SAPMER s’est associée à Seafood Hub Ltd (groupe Ireland Blyth Ltd) pour investir dans une usine de traitement du poisson congelé sur les quais de Port-Louis, capitale de l’île Maurice. La stratégie de l’armement vise à proposer sur le marché un thon qui n’a rien perdu de ses qualités depuis sa capture. Si une partie des prises est destinée à la conserve, les plus beaux poissons sont transformés à la demande des clients, en filets, en steaks, en dés. C’est la valorisation de ces produits qui permettra à SAPMER de tripler son chiffre d’affaires à court terme, objectif be maintained at very low temperature until being unloaded. The first ship of the series was built in Concarneau (France), named Franche Terre (Sainte-Suzanne locality of Reunion Island), in May 2009.Over the following months, it made its first fishing trips, while The Titan and Takamaka were sold. The construction of two sister ships of the Franche Terre continued at Ben Luc in Vietnam, on the SEAS shipyards, a subsidiary of Piriou. In the meantime, SAPMER and Seafood Hub Ltd (Group Ireland Blyth Ltd) partnered up to invest in a processing factory for frozen fish on the wharf of Port Louis, capital of Mauritius. The strategy of the fishing company is to provide all markets with tuna that has lost none of its qualities from its capture onward. If part of the catch is for the canning industry, the best fish are intended for processing and value enhancing to customers’ demand: fillets, steaks, dices. This value enhancing of these products will allow SAPMER to triple its sales in the short term, which objective was set by the company in 2007 for its five- que s’est fixé l’entreprise en définissant en 2007 son plan de développement pour cinq ans. Pour financer cette croissance, SAPMER fait son entrée en Bourse, sur le marché Alternext, en juillet 2009: il devient ainsi le premier armement coté en France. Les premiers investisseurs sont, sans surprise, des Réunionnais qui connaissent bien l’entreprise et ses perspectives de développement. L’usine Mer des Mascareignes, entrée en service en 2008, travaille d’abord du poisson acheté à d’autres armateurs. De conception très moderne, elle year development plan. To finance this growth, SAPMER got listed on Alternext in July 2009 and became the first French fishing company to be listed. The first investors were, without surprise, Reunion Islanders who knew the company and its development plan. The Mer des Mascareignes factory came into operation in 2008, first working on fish bought from other fishing company. Of a very modern design, it quickly got its certification allowing exportation to the European Union. Its initial production obtient rapidement son agrément pour exporter vers l’Union européenne. Sa capacité initiale de production est de 6 000 tonnes de poisson par an: elle lui permettra de traiter la production des trois premiers thoniers de SAPMER. Le Franche Terre y débarque ses premières prises à partir du second semestre 2009. Au Vietnam, la construction du Manapany et du Bernica — deux noms de lieux emblématiques de La Réunion — se termine. Le Manapany est baptisé en mai 2010. Le baptême du Bernica suivra en novembre 2010. Comme leur aîné, ils sont immatriculés à Mayotte, l’autre collectivité française de l’océan Indien. En avril 2010, SAPMER obtient la reconnaissance « pêche responsable » délivrée par Bureau Veritas. Un cahier des charges très strict a été élaboré, ainsi qu’un plan de contrôles et une méthode d’audit qui permettront à l’armement capacity was 6 000 tons of fish per year: which allowed it to process SAPMER’s first three tuna ships. The Franche Terre started unloading its first catches there from the second half of 2009. In Vietnam, the construction of Manapany and Bernica two names emblematic of Reunion Island, were being finished. The Manapany was baptized in May 2010. The baptism of Bernica was to follow in November 2010. As their eldest, they were registered in Mayotte, the other French overseas department in the Indian Ocean. de prouver à ses clients que ses engagements sont tenus, à toutes les étapes de la pêche et de la transformation des produits. SAPMER s’engage à maîtriser ses captures, en respectant le seuil de renouvellement du stock et les règles fixées par la Commission thonière de l’océan Indien. La notion de pêche responsable implique de diminuer la capture de juvéniles, de présenter des garanties contre toute forme de pollution marine et comporte également un volet social. Enfin, SAPMER s’engage à une sécurité sanitaire maximale, à bord de ses thoniers puis tout au long de la chaîne du traitement du poisson, qui garantit en outre un niveau de fraîcheur et de qualité organoleptique supérieur. La longue expérience de la pêche à la langouste et à la légine dans les eaux des Terres Australes et Antarctiques Françaises est la plus probante In April 2010, SAPMER gained the recognition “responsible fishing” issued by Bureau Veritas. Very strict specifications were set, as well as a control plan and an audit methodology that will allow the fishing company to prove customers its true commitment, at all stages of the fishing and processing activities. SAPMER committed itself to controlled fishing, respecting the stock renewal threshold and the rules set by the Tuna Commission of the Indian Ocean. The concept of responsible fishing means reducing the catch of juveniles, providing guarantees against all forms of marine pollution, and has also a social component. Finally, SAPMER is committed to maximum health safety, on board its tuna ship and then throughout the fish processing chain, which guarantees a level of freshness and superior organoleptic quality. The great experience in Rock lobster and toothfish fishing in the waters of the French Southern and Antarctic Territories is the most convincing reference of all, for a fishing company whose ambition is to work in an tuna fishing industry bound 2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS 57 des références, pour un armement affichant ses ambitions dans une pêche au thon qui sera toujours plus réglementée. Le succès des premières campagnes thonières est patent. Grâce à ces résultats et à l’évolution favorable de la pêche australe, SAPMER a pu atteindre avec une année d’avance son objectif de triplement du chiffre d’affaires : il s’élève à 77 millions d’euros en 2011. À l’île Maurice, l’usine Mer des Mascareignes s’est agrandie. Elle peut désormais produire 9 000 tonnes de poisson transformé par an. Le 22 mars 2012, le quatrième thonier de l’armement est baptisé au Vietnam avant de faire route vers La Réunion où une cérémonie est orga- to be more and more regulated. The success of the first tuna campaigns is obvious. Thanks to these results, and the favorable rise of the Southern seas fishing, SAPMER achieved a year in advance its goal of tripling its sales: it came to 77 million euros in 2011. In Mauritius, Mer des Mascareignes factory has developed. It can now produce 9,000 tons of processed fish per year. March 22, 2012, the fourth tuna ship of the fishing company was baptized in Vietnam before sailing towards Reunion Island where a ceremony was held on April 58 2005-2012 : LE TEMPS DU THON NOUVEAUX HORIZONS nisée le 27 avril 2012 pour célébrer sa mise en opération : le Dolomieu entamera sa première marée dans les semaines suivantes. Un cinquième bateau, également construit sur le chantier vietnamien de SEAS, est attendu en septembre 2012. Les deux navires battront pavillon français et seront immatriculés à La Réunion. Outre les thoniers, SAPMER compte dans sa flotte l’Austral, chalutier-caséyeur-congélateur, et quatre palangriers-congélateurs (Croix du Sud, Île Bourbon, Albius et Mascareignes III). Il arme en outre le navire de surveillance des pêches Osiris. La belle aventure commencée en 1947 avec le premier appareillage du Cancalais, à destination des îles Saint-Paul et Amsterdam, se poursuit ! 27, 2012 to celebrate its coming into operation: Dolomieu will begin its first fishing trip in the next few weeks. A fifth ship, also built on the Vietnamese SEAS shipyards, is expected in September 2012. Both ships will sail under French flag and be registered in Reunion Island. Besides its tuna ships, SAPMER southern seas fleet includes one freezer pot lobster vessel, and four freezer longliners (Croix du Sud, Ile Bourbon, Mascareignes III and Albius). It also handles a fishing patrol boat Osiris. The adventure which began in 1947 with the first fishing campaign of The Cancalais, to the islands of Saint-Paul and Amsterdam continues! Page de droite de haut en bas Right hand side page from top to bottom: Six navires SAPMER au Port : les quatre palangriers de la pêche australe, l'Osiris et l'Austral; les locaux de SAPMER. 6 SAPMER ships harboured: 4 longliners for southern seas fishing, Osiris and Austral; SAPMER's building. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION /// Yannick Lauri, Directeur Général de SAPMER ...................................... 4 temps des pionniers /// À la conquête des mers australes .......... 7 CHAPITRE 2 /// 1965-1980 : Le temps des convoitises /// Batailles pour la langouste .............. 21 CHAPITRE 3 /// 1980-2005 : Le temps des découvertes /// Du poisson des glaces à la légine ..... 33 CHAPITRE 4 /// 2005-2012 : Le temps du thon /// Nouveaux horizons ............................... 47 CHAPITRE 1 /// 1947-1965 : Le TABLE OF CONTENTS INTRODUCTION /// Yannick Lauri, General Manager of SAPMER........................................ 4 age of pioneering /// Conquering the Southern Seas ............... 7 CHAPTER 2 /// 1965-1980 : The age of covetousness /// Lobster battles ................................ 21 CHAPTER 3 /// 1980-2005 : The age of discovery /// Mackerel icefish to toothfish .................. 33 CHAPTER 4 /// 2005-2012 : The age of tuna /// New horizons .......................................... 47 CHAPTER 1 /// 1947-1965 : The REMERCIEMENTS Ce livret a été rédigé par Bernard Grollier. Ses informations s’appuient, pour la période antérieure à l’an 2000, sur trois sources principales : • Pêche et piraterie dans les quarantièmes rugissants, livre publié par Marcel Barbarin, ancien commandant de l’Austral, aux éditions OuestFrance en 2002. • « La campagne de pêche du Cancalais aux îles Saint-Paul et Amsterdam », article écrit par Jean Rabot, premier président de SAPMER, publié dans la revue France Outre-mer n°237, mai 1949. • « La SAPMER, des origines (1947) à nos jours », article écrit par Pierre Couesnon, publié dans la lettre n°36 de l’Amicale des Missions Australes et Polaires Françaises, septembre 1994. La SAPMER adresse ses vifs remerciements à MM. Barbarin et Couesnon et Mme Christiane Rabot,pour leur collaboration. ACKNOWLEDGMENTS This booklet was written by Bernard Grollier. Its information is based, for the period prior to 2000, on three main sources: • “Fishing and piracy in the roaring forties”, book published by Marcel Barbarin, former captain of the Austral, published by Ouest-France in 2002. • “The fishing campaign of The Cancalais off the Islands of St. Paul and Amsterdam,” article written by Jean Rabot, first chairman of SAPMER, published by France Outre-mer No. 237, in May 1949. • “SAPMER, from its origins (1947) until today,” article written by Pierre Couesnon, published in the letter No. 36 of the Association Amicale des Missions Australes et Polaires Française (French Southern and Polar Missions), September 1994. SAPMER expresses its deep appreciation to MM. Barbarin and Couesnon and Ms Christiane Rabot for their collaboration. Directeur de la publication / Editor : Yannick Lauri Rédaction / writing : Bernard Grollier Photos : SAPMER, Patrick Perron, André Fatras, Jean Rabot Timbres / Stamps : Reproduction avec l'aimable autorisation du service philatélique des TAAF Reproduction done with the gracious authorisation of the TAAF philatelic services. GRAPHICA DL N° 5040 - 08/2012 IMPRIMÉ SUR PAPIER ÉCOLOGIQUE FSC www.sapmer.com Darse de pêche – Magasin 10 – BP 2012 - 97 823 Le Port Cedex – La Réunion – France Tél. : +262 262 42 02 73 – E-mail : [email protected]