dans les rédactions

Transcription

dans les rédactions
Emma Eriksson :
« Ce serait amusant s’il y avait plus
de filles dans l’industrie du papier. »
no3 # 2009
papergram
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Révo
GRAPHIC PAPER
dans les rédactions
De la composition au
plomb à l’impression
informatisée
À quoi ser vent les blogs ?
De l’impact de l’imprimerie sur le climat
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Sommaire
4 Naissance d’un magazine : hier et aujourd’hui
Le contenu et le rôle de la presse évoluent dans un monde où
l’électronique s’impose chaque jour davantage. Ce sujet a été débattu en long, en large et en travers, mais on ne s’est pas tant intéressé au fait que la production graphique a connu, elle aussi, une révolution. Papergram enquête sur la procédure suivie, du choix des articles à l’impression en passant par la mise en page.
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14TENDANCES
13 Chronique
Cathel Olivier sur le débat de la retouche des photos en France.
22 L’impact de l’impression sur le climat
13 Tendances
Le lieu où l’on fait imprimer ses travaux a de l’importance. C’est la conclusion d’une étude commandée par l’imprimerie Sörmlands
Grafiska sur l’impression sur deux types de papier dans quatre pays européens. L’élément pivot est l’électricité.
14Une jeune fille dans l’industrie du papier
Emma Eriksson se plaît beaucoup à la papeterie d’Ortviken. Le métier l’a attirée grâce à une formation sur mesure créée au lycée par SCA et la municipalité de Sundsvall pour inciter les jeunes, et surtout les filles, à venir travailler sur les machines.
25 SCA infos spécial environnement
26 Un musée bien informé
17TENDANCES
Le Newseum de Washington est spécialisé dans l’information et ses multiples moyens de diffusion. Papergram l’a visité.
18 L’univers du blogging
28 Stars de cinéma
Tout le monde semble tenir un blog. Chaque journal qui se respecte héberge des blocs-notes sur tous les sujets. Une question demeure : pourquoi ?
Ce n’est pas tous les jours que la culture s’intéresse à l’industrie
papetière. Un nouveau film suédois met en vedette les ouvriers
d’une papeterie.
Papergram. Magazine inter­national des professionnels de l’industrie
graphique et des médias publié par SCA Forest Products AB –
Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède. Téléphone : +46 (0)60-19 40 00
Télécopie : +46 (0)60-19 40 90
Rédactrice en chef et directrice de la publication : Anne-Sofie
Cadeskog CHEF DE PROJET ET DE LA RÉDACTION : Luise Steinberger
([email protected]) Révision : Agnès Carbon/Jean-Paul
Pouron Maquette : Mellerstedt Design Reprographie et impression :
Tryckeribolaget AB – Sundsvall – Suède PHOTO DE COUVERTURE : Olle
Melkerhed.
Tous les articles sont commandés, relus et validés par la rédaction, ce
qui ne signifie pas nécessairement que les opinions qui y sont exprimées
reflètent celles de SCA ou de la rédaction. Toute citation doit faire mention de la source.
Pour recevoir Papergram ou l’offrir à un collègue, envoyez ou faxez votre
nom, éventuellement celui de votre entreprise, et votre adresse à : Carolina
Blomberg – SCA Ortviken – Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède.
Téléphone : + 46 (0)60-19 43 92. Télécopie : + 46 (0)60-15 24 50.
Courriel : [email protected]
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SCA Forest Products produit du papier d’impression (journal, SC
et LWC), de la pâte à papier, des bois sciés et du bois combustible. Elle
gère également l’important patrimoine forestier de SCA, approvisionne ses
usines suédoises en bois matière première et offre à ses unités des services de transport d’un bon rapport qualité-prix.
Avec un effectif d’environ 4 000 personnes, SCA Forest Products réalise
un CA d’environ 17 000 M SEK (2 000 M EUR). L’activité forestière de
SCA est certifiée FSC (Forest Stewardship Council).
Papergram est imprimé sur GraphoCote 90 g/m2,
la couverture sur Reprint 150 g/m2. Le papier est
certifié FSC.
SCA infos
: de plus en plus blanc
À la demande des clients , SCA
Graphic Laakirchen, en Autriche, a modifié son papier SC GraphoNova. La nouvelle
qualité, qui sortira à l’automne après six
mois de recherche, est plus blanche et a un
degré de blancheur plus élevé à l’œil nu.
Les paramètres tels que la résistance et la
porosité restent les mêmes tandis que ses
propriétés optiques ont été retouchées.
« Le nouveau papier offre un degré de
blancheur ISO supérieur et sa teinte a évolué vers le bleu dans le spectre optique, indique Stefan Eibl-Török, directeur marketing chez SCA Graphic Laakirchen. Grâce
à ces modifications, on a l’impression à
l’œil nu que le papier est plus blanc. »
« Ainsi, nous proposons un papier
SC-A++ qui possèdent les mêmes qualités
supérieures de machinabilité qu’avant,
mais qui a des propriétés optiques qui
­correspondent davantage aux besoins ­­
des clients. » ­
Saviez-vous
que… le bilan carbone
SCA parraine le pavillon suédois
L’Exposition universelle qui aura lieu à
Shanghai, en Chine, en 2010 aura pour thème
les conditions de vie dans les métropoles depuis l’accélération de l’exode rural. Étant donné
que ce sujet correspond bien aux objectifs de
SCA en matière d’innovation et de développement durable, le Groupe s’est décidé pour être
le partenaire officiel du pavillon suédois « Spirit
of Innovation » dont la construction est placée
sous le signe du développement durable, fai-
sant appel à la technologie environnementale et
prenant en compte les aspects sociaux et économiques. Ce bâtiment provisoire de 3 000 m²
a été dessiné par les architectes de l’agence
conseil Sweco.
L’Expo sera ouverte du 1er mai au 31 octobre 2010. Deux cents pays y participeront
et les organisateurs attendent 70 millions de
visiteurs, la plupart venus de Chine.
d’un mètre cube de produits
sciés par SCA, à savoir les
gaz à effet de serre émis par
la production et le transport
de la pépinière au
déchargement à la scierie,
ne dépasse pas celui d’un
rosbif cuit pour le déjeuner
du dimanche d’une famille
normale ? Il est comparable
aux 250 kilos de CO2 séquestrés par les forêts de
SCA pour chaque mètre
cube de produits
sciés.
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par Henrik Emilson et Elaine McClarence photos Norrlandsbild, Fredrik Solstad, Örjan Karlsson, Scanpix et Istock Photo
Les délais de production de la presse se sont
radicalement raccourcis en quelques décennies.
Là où un mois était nécessaire dans les années
1970, aujourd’hui une journée suffit pour un magazine. La fabrication n’a pas subi une révolution
mais plusieurs en quelques dizaines d’années. À
partir des années 1950, plusieurs techniques de
photocomposition remplacent successivement
la composition manuelle en plomb. Encore plus
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N d’un m
révolutionnaire, l’arrivée de l’ordinateur simplifie
radicalement le traitement de l’image.
Un one man show
du mensuel des affaires Global Telecoms Business
était composée de journalistes, rédacteurs
et graphistes dévoués, vous vous trompez.
Le rédacteur Alan Burkitt-Gray est seul
aux manettes du magazine. Lorsqu’il s’est
lancé dans le secteur interentreprises il y a
environ 30 ans, un mensuel comme Global
Telecoms Business employait six ou sept
collaborateurs pour assurer un grand tirage distribué à la plupart des acteurs de
la profession.
Si vous pensez que la rédaction
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Pour réussir dans ce secteur, il faut sacrifier à l’élitisme, estime le rédacteur :
« Nous sommes une revue niche destinée
à un groupe niche et nous considérons ce
groupe cible comme une communauté. »
Étant donné que la rédaction connaît
son cœur de cible à qui elle apporte
ce qu’il recher-che, Global Telecoms
Business est l’une des revues les plus rentables de l’éditeur Euromoney. Elle est lue
dans le monde entier et compte certains
des patrons les plus éminents de l’indus-
magazine
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»
Grâce à l’informatique, les magazines interentreprises
sont beaucoup plus colorés.
Alan Burkitt-Gray
trie des télécoms parmi ses lecteurs.
Sa rentabilité est due en partie à sa
constante évolution technologique. « Les
coûts de fabrication sont moins élevés
aujourd’hui qu’hier. » Mais la perspective de l’échec est plus grande que jamais
puisqu’il est de plus en plus indispensable
de définir la cible et de lui proposer un peu
plus qu’un mensuel. La rentabilité affichée
par Global Telecoms Business dans une
branche difficile confirme que les changements introduits continuellement par le
rédacteur et l’éditeur ont été les bons.
phiques. « Tout ça a disparu », constate
Alan Burkitt-Gray.
Les illustrations publiées dans Global
Telecoms Business arrivent souvent sous
forme de présentations PowerPoint. Elles
ne sont pas de bonne facture car leur résolution est faible et doivent être retravaillées.
Même la publicité a évolué : il y a 20 ans,
les annonces étaient des fichiers CMJN
qui devaient être vérifiés avant de partir à
l’imprimerie. Aujourd’hui, ce sont des fichiers électroniques prêts à l’emploi.
La production
L’écriture et la révision
L’informatique a eu manifestement beaucoup d’influence sur son évolution. Il y a
30 ans, les logiciels de traitement de texte
en étaient encore à leurs débuts. Ils étaient
cher et leur capacité était limitée. On écrivait les textes à la machine, on les corrigeait à la main et on faxait le tout à des
imprimeries à des kilomètres de là. Cette
méthode occupait deux ou trois rédacteurs. Aujourd’hui, les articles arrivent par
courrier électronique, sont rédigés sur ordinateur et envoyés numériquement pour
mise en page.
Dans une petite revue comme Global
Telecoms Business, les articles sont écrits
par Alan Burkitt-Gray et un groupe de
journalistes indépendants. Mais il n’y a
que lui qui décide lesquels paraîtront.
Comme il le constate lui-même, s’il passe
sous un bus, c’est la fin du magazine.
Les photos et illustrations
Il y a encore 20 ans, beaucoup de journaux publiaient peu de photos puisque
leur traitement était coûteux. « Grâce à
l’informatique, les magazines interentreprises sont beaucoup plus colorés. »
Les appareils photos numériques et les
logiciels spécialisés permettent d’obtenir
des photos couleur de bonne qualité. Pour
les autres types d’illustrations, la plupart des éditeurs avaient leur propre atelier
chargé d’élaborer, souvent dans un style
qui leur était propre, diagrammes et gra-
Toute la production de Global Telecoms
Business est sous-traitée. Un graphiste
fait la mise en page chez lui dans le sud de
l’Angleterre. Textes et images sont envoyés
par connexion haut débit depuis la rédaction de Londres. Les pages montées sont
transmises au rédacteur sous forme de fichiers PDF qui sont imprimés pour relecture avant validation. Les fichiers partent
ensuite pour l’imprimerie qui les transforme en plaques et imprime le magazine
(voir article suivant).
Auparavant, le service maquette devait préparer le « chemin de fer », la mise
en page et composer manuellement les
textes et illustrations avant d’envoyer
l’ensemble par coursier à une imprimerie
installée sur la côte sud. Quand le temps
n’était pas compté, il arrivait que quelques
pages soient réexpédiées pour relecture. Il
n’était pas rare que le rédacteur se déplace
pour valider les dernières pages sur place
avant de lancer la rotative.
Bilan
Que reste-t-il de la procédure que suivait Alan Burkitt-Gray quand il était plus
jeune ? « Le chemin de fer, répond-t-il
avec nostalgie. Je m’en sers toujours et
j'utilise des marqueurs pour savoir où en
est le magazine. Rien n’est plus satisfaisant
que de barrer la dernière case et de cocher
la dernière page, souvent sur le coup de
minuit, en s’exclamant : “Fini !”. »
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Tout arrive sous forme de PDF par courrier électronique ou serveur FTP au service prépresse
de VTT qui contrôle à l’aide du logiciel Preflight que tout est bien en place et que les valeurs
colorimétriques sont correctes.
De A à Z ou CTP (Computer To Plate). La plaque est gravée
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ne sait pas sur l’art
de l’impression ne vaut pas la peine d’être
su. Lorsqu’il a commencé son apprentissage au Danemark en 1958, sa première
tâche était de polir des pierres et d’imprimer sur une presse lithographique ancienne. Il est arrivé en Suède en 1976 pour
travailler chez l’imprimeur VTT Grafiska
à Vimmerby. À cette époque, le parc était
composé de machines 2 couleurs, de photocomposeuses et de perforatrices. La profession a beaucoup évolué depuis, et VTT
aussi.
« Le plus grand changement a été l’arrivée de l’informatique, c’est incontestable.
Mais il faut toujours posséder de bonnes
bases pour être un bon imprimeur. Quand
on forme des nouveaux aujourd’hui, ils
ne commencent jamais sur les machines
les plus récentes. Ils apprennent sur les
anciennes », explique John Pedersen, auCe que John Petersen
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jourd’hui directeur de l’imprimerie et
responsable qualité.
L’imprimerie du journal Vimmerby
Tidning est devenue VTT Grafiska, une
société en participation, en 1939. Gérée
comme une entreprise familiale, elle imprimait le quotidien mais aussi des catalogues, des cartes de visite, etc. VTT
Grafiska AB est née en 2004 lorsque
de nouveaux propriétaires ont changé
son orientation. « Maintenant, on mise
sur un seul produit et on veut être les
meilleurs : le magazine. Il arrive que nos
clients désirent faire imprimer d’autres
produits liés à leur revue. On se met en
partie au diapason. »
La plupart des quelque 200 titres
sont imprimés pour Disney et les marchés suédois, norvégien et danois. En
2007, VTT a emménagé dans de nouveaux locaux après avoir investi dans
de
une rotative Komori S 38. Une Rapida 106
pour l’impression feuille à feuille vient récemment de compléter le parc. « Quand
j’ai commencé, on avait une Frankental de
1927 pour l’impression de journaux et trois
machines 2 couleurs pour l’impression feuille
à feuille. À l’époque, la phase de réglage pouvait prendre jusqu’à une heure contre quatre à
cinq minutes aujourd’hui. »
Le prépresse
Autrefois, les illustrations étaient livrées
par les rédactions sous forme de diapositives. Grâce à un agrandisseur ou un banc
de reproduction, on séparait les couleurs
pour obtenir un film pour chaque couleur
(magenta, cyan, jaune et noir). Les textes
étaient encodés par les perforatrices, flashés
et introduits dans la photocomposeuse. Avant cette méthode, les textes étaient
saisis manuellement et l’opérateur coulait
chaque ligne-bloc avec les marges et espaces
nécessaires. Le montage était effectué ma-
en quatre minutes.
Deux opérateurs surveillent les rotatives. Le BAT est archivé dans le système informatique.
Le service prépresse a déjà entré les valeurs colorimétriques. Le débit d’encre qui devait
être évalué à l’œil nu est déjà calculé.
AàZ
nuellement et pouvait prendre jusqu’à un
mois en incluant la lecture des épreuves
envoyées par voie postale.
Aujourd’hui, tout arrive sous forme
de PDF par courrier électronique ou serveur FTP au service prépresse de VTT qui
contrôle à l’aide du logiciel Preflight que
tout est bien en place et que les valeurs colorimétriques sont correctes. Le document
est ensuite envoyé au client par Internet
pour signature du bon à tirer.
Ceci fait, le fichier est envoyé via CTP
(Computer to Plate) pour gravure automatique des plaques. « On travaille toujours
au laser violet, mais d’autres sont déjà passés au laser infrarouge. Les plaques sont
traitées (insolation) et calibrées (cintrage)
pour la machine. Il faut environ quatre minutes par plaque. »
L’impression
Le document arrive à la rotative sous
forme numérique. Les valeurs colorimétriques du prépresse sont entrées pour que
l’imprimeur calcule la quantité d’encre
qui sera nécessaire. Toutes les données
sur le papier, le débit d’encre et la durée
de l’opération sont visibles sur écran et
surveillées par deux ou trois opérateurs.
« Avant, il fallait évaluer le débit d’encre
à l’œil nu. Ensuite est arrivé le densitomètre par réflexion, puis le système numérique qui mesure au centième près. »
Même la politique environnementale a
évolué au fil des années. « Toute l’eau utilisée lors de l’impression reste en circuit
fermé pour ne pas être rejetée dans le système du tout-à-l’égout. Toute la chaleur
produite sert à chauffer les locaux – entre
autres. »
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Il faut néanmoins
posséder de bonnes
connaissances de base
pour être un bon
imprimeur. John Petersen
Sa dextérité influence les photos et les couvertures
des plus grands magazines américains, mais son
nom n’est jamais publié. Pascal Dangin est le
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L’
retoucheur le plus convoité du monde.
grise des ph
John Petersen, un vétéran de l’imprimerie.
La reliure
Le magazine est imprimé, puis il est découpé, plié et collé ou agrafé. L’adresse
est imprimée sur les exemplaires destinés
aux abonnés. Les services postaux passent deux fois par jour, le spécialiste de la
logistique Schenker trois fois. Si les postes
de travail précédents ont été automatisés,
les suivants tels que la mise en boîte ou
l’insertion de prospectus ou de cadeau
accompagnant une publication avant
mise sous plastique sont encore manuels.
L’ensemble du processus prenait un
mois avant que John Petersen n’arrive
en Suède en 1976. Aujourd’hui, une journée suffit. « Mais en réalité, nous prévoyons trois jours de production pour
un magazine. »
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Vincent van Gogh aimait appliquer sur
la toile d’épaisses couches de peinture
dans lesquelles il quasi-sculptait ses
motifs avec son pinceau. Cette technique correspond à la manière de travailler de Pascal Dangin, coups de pinceau exceptés : les traces de ses outils
numériques sont invisibles sur les photos retouchées. Alors que ses confrères
cherchent à éliminer les traces d’acné,
les rides et les kilos superflus, il pro-
cède tel un sculpteur. Grâce à ses connaissances en anatomie, il peut réaligner
une épaule, une cheville ou un cou
pour donner plus d’harmonie à
la photo. « Le plus difficile, ce sont les doigts
de pied moches », a-t-il déclaré.
La réalité mise en question
L’ancien coiffeur français possède son
propre atelier, Box Studios, à Manhat-
tan où il emploie 80 collaborateurs.
Ses clients sont les grands mensuels et
magazines de mode américains ainsi que
les agences de publicité. De nombreux
photographes célèbres refusent de travailler avec un autre retoucheur que lui.
Malgré son immense influence, son
nom n’apparaît jamais dans l’ours des
périodiques. La retouche est encore
ence
otographes
»
C’était un vrai défi de laisser la peau et le visage témoigner
du vieillissement de chacune tout en maintenant leur séduction.
Pascal Dangin
une intervention qui doit rester la plus
imperceptible possible car si elle se remarque, elle fait souvent débat : l’actrice
Kate Winslet a protesté contre une couverture de GQ (non retouchée par Pascal
Dangin) qui l’avait beaucoup trop amincie ; et le joueur de tennis Andy Roddick
a estimé que ses biceps avaient enflé de
manière inquiétante sur celle de Men’s
Fitness.
Un phénomène pas si récent
L’une des commandes les plus difficiles
réalisées par le Français a été la publicité
Dove dans laquelle « d’authentiques »
femmes exhibaient leur corps marqués
par les années. « C’était un vrai défi de
laisser la peau et le visage témoigner du
vieillissement de chacune tout en maintenant leur séduction. »
L’appareil photo et la chambre noire
étaient encore tout nouveaux lorsque les
premiers photographes ont commencé à
retoucher leurs œuvres au milieu du 19e
siècle. Le mythe de l’expression « une
photo ne ment jamais » n’est pas un
problème pour Pascal Dangin : « Je ne
fais que satisfaire une demande. »
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Chronique
Un monde trop parfait
La
photo de Nicolas Sarkozy (presque)
sans bourrelets dans son maillot de
bain ? Retouchée ! Et celle de Rachida
Dati - l’une de ses ex-ministres - le
doigt dénudé de sa coûteuse bague ?
Retouchée ! Plus un homme politique
français ne peut, désormais, se faire retoucher en paix. Le moindre cliché suscite immédiatement un flot de rumeurs
dont le Net se fait le facile écho. Quitte
à semer un doute généralisé : parce que
la belle Carla (Bruni-Sarkozy) y étreignait son président de mari avec pas
moins de quatre mains, bien des observateurs ont crié à la photo (mal) truquée. Il s’agissait pourtant d’un simple
effet d’optique !
Ces débats pourraient sembler futiles, qu’importent après tout des trucages aussi bénins ? Ils témoignent
pourtant d’un vrai problème : à trop
faire des retouches « en douce », la
presse risque de perdre toute crédibilité. Et de donner l’impression de servir
des intérêts qui ne sont guère ceux de
ses lecteurs.
Retouchée ou pas retouchée ?
Les limites du procédé
Pas question certes d’interdire les retouches. Gommer des yeux rouges ou
recadrer légèrement un décor trop bancal relèvent d’un simple « peignage »
technique de l’image, tout comme un
rédacteur gomme dans ses interviews
écrites les interjections trop symbo-
liques du langage parlé.
Mais où s’arrête la technique, où
s’arrête l’Art, et où commence la manipulation ? Celle qui, en escamotant
un personnage, ou un objet, modifie le
sens d’un événement ? Biaise les représentations du corps humain et pousse
certains dans la voie de l’anorexie ? Ou
témoigne d’une complaisance déplacée
à l’égard de la personne photographiée ?
Celle qui rend notre monde décidément
trop parfait ?
Autorégulation souhaitée
Imposer la mention « photo retouchée », tout comme est obligatoire, en
France, celle du photomontage, était
la solution proposée lors de l’examen
d’un projet de loi sur la lutte contre
l’incitation à l’anorexie, en 2008, avant
d’être finalement abandonnée. Mais
est-elle viable, si toutes les photos,
d’une façon ou d’une autre, sont retouchées ? Faut-il carrément publier la nature des retouches effectuées, comme
est obligatoire la liste des ingrédients
sur les produits alimentaires ? Difficile,
il faut l’avouer, de l’envisager !
La presse, en tous cas, a tout intérêt
à s’autoréguler. Et les photographes à
protéger leurs clichés de toute manipulation qui leur déplairait. Il en va
tout simplement de leur crédibilité. Le
monde n’est vraiment pas si parfait.
données ou de photos. Comment la montrer au
mieux ? Par une photo retouchée.
Source : followthemedia.com
»
Cathel Ollivier est journaliste dans un magazine
français. Elle estime que l’information est aussi celle
que l’on choisit de ne pas publier. Qu’il s’agisse de
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Les travers de
l’abondance
Le grand groupe de presse allemand WAZGruppe, qui publie notamment le Westdeutsche
Allgemeine Zeitung et de grands quotidiens régionaux tels que le Neue Ruhr/Neue Rheinzeitung et le
Westfälische Rundschau, a résilié son abonnement à
l’agence de presse allemande DPA. Selon le site Web
followthemedia.com, le groupe a décidé de s’abonner
au fil du service allemand de l’Agence France Presse. Il suit ainsi une tendance croissante qui pousse
les rédactions et les éditeurs à délaisser leur agence
de presse nationale, dont les services sont souvent
beaucoup plus étoffés, pour des concurrents moins
exhaustifs mais moins onéreux. L’argument avancé
est que la couverture est certes moins complète,
mais qu’elle est amplement suffisante.
Philip Stone, ancien directeur général de l’agence
de presse Reuters Europe, Moyen-Orient et Afrique,
exhorte les agences de presse à changer de méthode :
« Les agences doivent-elles produire autant, sachant
que cela coûte aussi cher ? DPA a-t-elle besoin de
diffuser 800 dépêches par jour sur son fil principal,
plus 100 supplémentaires par pays et 700 photos ?
Les rédacteurs des agences semblent encore penser
que plus on en débite, mieux c’est. »
Philip Stone souligne qu’aucun journal ne peut
publier tout cela et que beaucoup d’informations
sont diffusées inutilement. Les agences feraient mieux
d’opérer une sélection plus sérieuse : « Offrez
à la majorité de vos clients un simple service de
100 dépêches et 30 photos. La plupart seront très
satisfaits. »
À trop faire des retouches
“en douce”, la presse risque
de perdre toute crédibilité. 12
Le bon
tendances
par Luise Steinberger
nheur est dans l’imprimé
Pour ce qui est de
l’actualité, c’est le numérique qui prime. Mais pour
se détendre et bien approfondir un sujet, rien ne vaut l’imprimé. C’est ce
que montre une étude menée par l’institut de sondage United Minds à
la demande de la fédération suédoise des entreprises de communication
graphique. « Les gens, qui vivent à 100 à l’heure, sont en quête de tranquillité et
de bonheur, explique Maria Wickström, responsable de la communication à la fédération. Il semble que, pour eux, l’imprimé soit synonyme
de détente et de récupération. »
Le sentiment de sécurité, la concentration et l’étude sont d’autres
notions associées à l’imprimé (livres, journaux, magazines…).
Ceux qui pensent que les atouts cités ci-dessus ne concernent que les
seniors, qui ne sont pas aussi versés dans Internet, ont tort. Le rapport
montre bien que les jeunes aussi veulent lire sur papier : 79 % des sondés
entre 18 et 22 ans ont pour ambition de lire plus de livres, de journaux et
de magazines qu’à l’heure actuelle. Le sondage a été effectué auprès d’un
échantillon de 1 000 personnes âgées de 18 à 80 ans et représentatives de
la population suédoise.
Source : agi
La forêt de demain
Future Forests est un projet de recherche
interdisciplinaire suédois qui va pendant huit ans
évaluer et développer les perspectives et stratégies futures de l’exploitation forestière.
Au total, 15 scientifiques (écologues, agroéconomistes, biologistes, politologues et spécialistes de l’histoire des idées) ont reçu pour
mission de comprendre et d’expliquer comment
les systèmes forestiers pourront continuer de
manière durable à fournir produits et services,
sachant que le changement climatique et la mondialisation ont un impact sur les humains, mais
aussi sur les éco­systèmes.
Les connaissances rassemblées serviront de
références aux générations futures qui décideront de la façon d’exploiter la forêt de manière
écologique et socialement responsable. Le projet
est financé par la fondation pour la recherche
environnementale stratégique Mistra, l’université
d’Umeå, l’université des sciences de l’agriculture
et plusieurs sociétés forestières, dont SCA.
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Portrait
par Elin Mellerstedt photos Olle Melkerhed
Un métier évolutif
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Emma
Emma Eriksson, 23 ans, qui a grandi à Njurunda, près de Sundsvall, est heureuse d’avoir choisi la filière qui l’a conduite à trouver un poste
d’opératrice process à la papeterie SCA d’Ortviken. Elle se plaît énormément mais ne détesterait pas avoir d’autres collègues de sexe féminin.
14
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En temps de crise, les jeunes ont encore plus
du mal à s’imposer sur le marché du travail.
Pour Emma Eriksson, c’est une collaboration
entre SCA et le lycée qui a débouché sur un
C.D.I.. Aujourd’hui, elle est opératrice process à la
papeterie d’Ortviken, en Suède.
uand ils songent à leur futur
métier, les jeunes ne rêvent
pas forcément d’un travail
en usine. Mais Emma Eriksson, 23 ans,
se sent tout à fait chez elle à la papeterie
d’Orviken et c’est là qu’elle veut construire
son avenir. Depuis avril 2008, elle a un
C.D.I. d’opératrice process.
Tout a commencé par la création
d’une filière au lycée quelques années
avant qu’elle ne termine le collège en
2003. Une brochure l’a incitée à faire
une visite d’études au lycée de Västermalm, à Sundsvall, qui venait d’instituer,
en coopération avec SCA, une voie Industrie spécialisée dans le contrôle des
process pâte et papier.
Cette visite lui a donné envie de poser
sa candidature. Elle a été acceptée et est
aujourd’hui très satisfaite de sa formation. Plusieurs cours étaient dispensés
dans des locaux situés dans les usines de
SCA, ce qui, à ses dires, présente un gros
avantage : « Lorsqu’un professeur expli-
quait quelque chose de compliqué, on
pouvait aller voir dans l’usine comment
ça marchait. On passait directement de
la théorie à la pratique. »
Cette filière lui a également permis de
travailler à l’usine pendant l’été. Une fois
son baccalauréat en poche en 2005, SCA
lui a proposé un stage rémunéré d’un an.
« C’était un véritable luxe de se voir offrir cette opportunité. »
Transfert des connaissances
Emma Eriksson parle avec enthousiasme
de son travail, qui est surtout concentré
sur la pâte à papier. « En fait, pas uniquement, mais beaucoup. On tourne
et tout le monde effectue les multiples
tâches afférentes à ce poste. Ainsi, on ne
s’ennuie jamais. »
Elle explique que l’équipe des opérateurs process supervise le bon déroulement
des opérations - l’alimentation des machines en pâte et la qualité de celle-ci –
depuis une salle de commande. Un autre
volet consiste à veiller à ce que personne
ne se blesse lors d’une éventuelle intervention. Toutes les machines doivent
être arrêtées, rien ne doit tourner et aucune vapeur ne doit entrer dans le circuit. « Cela prend du temps car ce n’est
pas uniquement une vanne que l’on doit
fermer. »
Elle a également participé au projet
TMP Plus d’agrandissement de la ligne
de production de pâte d’Ortviken qui va
permettre à l’usine d’augmenter sa production de papier d’impression tout en
lui ouvrant des perspectives relatives à
l’amélioration de la qualité produit et de
l’utilisation des ressources. « Souvent, ce
sont les plus anciens qui travaillent sur
les grands projets. Mais, en janvier, la direction a décidé de faire l’inverse. Nous
sca
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15
Souvent, ce sont
»
les plus anciens qui
travaillent sur les grands
projets. Mais, en janvier,
la direction a décidé de
faire l’inverse. sommes cinq nouveaux à participer. Bon
nombre de ceux qui travaillent ici vont
bientôt prendre leur retraite et, avec leur
départ, on va perdre tout un savoir-faire.
L’implication des jeunes dans ce projet
permet de conserver les connaissances. »
Autre investissement dans la jeunesse,
les cours de formation continue qu’elle a
suivis avec un collègue pendant six mois
parallèlement à son travail. Ils lui ont
permis de passer opératrice process qualifiée. Ainsi, elle dispose d’un certificat
d’opérateur pour la fabrication de pâte
thermomécanique valable à l’étranger.
La parité encore loin
Il est manifeste que son travail lui plaît
beaucoup : « C’est un bon métier avec
de bons collègues, de bons horaires et un
bon salaire. »
La pyramide des âges est étirée, mais
les filles brillent par leur absence. Emma
Eriksson est la seule représentante de la
gent féminine dans la ligne de production de pâte d’Ortviken. « Je ne sais pas
pourquoi c’est comme ça. C’est peut-être
à cause des vieilles idées reçues sur l’industrie. Beaucoup pensent que c’est un
métier difficile et salissant, ce qui n’est
pas le cas. »
Les visites d’études effectuées par les
élèves de quatrième à l’usine sont utiles
pour le recrutement de demain, estimet-elle. « Bien sûr que ce serait amusant
s’il y avait plus de filles, mais je ne passe
pas mon temps à me lamenter que je suis
toute seule. Je me plais ici. »
16
sca
papergram no 3 2009
Une formation sur mesure pour la main d’œuvre de demain
La filière Industrie attirant peu d’élèves en 2000, SCA a initié une collaboration avec
les lycées de Sundsvall. Elle ne dispensait pas non plus les connaissances adaptées pour
travailler dans l’industrie papetière.
« La grande question qui a tout déclenché était celle-ci : que se passera-t-il quand les
baby-boomers partiront à la retraite ? On constatait déjà dans l’industrie que les candidats
étaient rares et que, bien des fois, ils n’avaient pas la bonne formation de base », explique
Carina Johansson, responsable développement RH chez SCA.
Elle ajoute que le programme de la section Industrie au lycée de Västermalm a été modifié
en coopération avec les industries de Sundsvall, et que l’établissement a été sensible
aux exigences de SCA : la filière a été complétée par les options process et technologie.
L’une des idées de la formation est de montrer l’ensemble du processus, de la forêt au papier. Environ un tiers des cours ont lieu dans les locaux de la papeterie d’Ortviken, d’autres
sont organisés à l’usine de pâte d’Östrand.
Les lycéens qui passent leur bac après trois années d’enseignement ont la possibilité
d’effectuer un stage d’un an. Pour être admis, ils doivent être reçus dans toutes les matières étudiées et répondre au profil recherché par SCA.
Selon Carina Johansson, la base de recrutement de SCA s’est élargie grâce à la filière.
SCA infos
Nouvelle ligne de pâte à Ortviken
Le goulet d’étranglement a disparu, la nouvelle ligne de production de
pâte à la papeterie d’Ortviken a été inaugurée le 23 juin. Le site fabrique
désormais de la pâte sur mesure.
photos
Per-Anders Sjöquist
Le jour tant attendu par les respon-
Kristina Enander, directrice de SCA Ortviken.
Jan Johansson, PDG de SCA, inaugure
la nouvelle ligne de production de pâte
mécanique en transformant un seau rempli
de copeaux en pâte à papier.
sables de la production de SCA Ortviken à Sundsvall, en Suède, est enfin arrivé. L’inauguration de la ligne de production de pâte mécanique TMP ouvre
la voie à une nouvelle amélioration de la
qualité des produits tout en permettant
d’économiser les ressources. En outre,
les volumes peuvent augmenter à la demande. Grâce à cet investissement de
79 millions d’euros, on peut adapter la
pâte au produit final dès sa production.
« Nos quatre machines à papier
étaient approvisionnées par une usine
de pâte, indique Kristina Enander, directrice de l’usine d’Ortviken. Il fallait
ensuite préparer la pâte en fonction
des qualités de papier fabriquées. Désormais, on peut le faire dès le départ.
Cette méthode économise de l’argent
et des ressources, et donne un meilleur
papier. »
Ces dix dernières années, la production
de la papeterie a augmenté d’environ
50 % sans investissement conséquent
préalable. Aujourd’hui, elle fabrique
375 000 tonnes de papier journal et
480 000 tonnes de papier magazine.
Cette nouvelle ligne va lui permettre
d’accroître sa capacité.
Lors de l’inauguration, le préfet du
Västernorrland, Bo Källstrand, a souligné l’importance de ce type d’initiative à long terme. Le PDG du Groupe,
Jan Johansson, a estimé que la papeterie d’Ortviken illustrait parfaitement
la stratégie de SCA visant à augmenter
le niveau de transformation et la valeur
des produits fabriqués : « SCA va persister dans cette voie en accroissant la proportion de papiers d’impression à haute
valeur ajoutée. »
tendances
par Luise Steinberger
Record livresque
Envie d’un polar ? Que diriez-vous de Miss Marple d’Agatha Christie ?
L’éditeur Cromwell Press a rassemblé dans un seul volume les 12 romans et
20 nouvelles dont l’héroïne est la reine des détectives amateurs. Le livre qui
compte 4 032 pages pèse plus de huit kilos. Son dos atteint une largeur
record de 32,2 cm.
Étant donné qu’aucune machine n’était capable de relier cet ouvrage de
luxe, les 252 cahiers de 16 pages des 500 exemplaires du tirage ont été cousus à la main. Naturellement, l’ouvrage est recouvert de cuir et protégé par
un étui en bois doublé de tissu façon daim. Attendez-vous à devoir débourser
1 000 livres sterling (1 160 euros) pour le mettre dans votre bibliothèque.
L’Ifra et la WAN ne font plus qu’un
Les conseils d’administration des deux principales organisations professionnelles
du secteur de la presse, l’Ifra et la World Association of Newspapers (WAN), ont donné
leur accord à leur fusion en juin. Les deux institutions poursuivaient des objectifs similaires : promouvoir les intérêts commerciaux des journaux et soutenir leur activité. Tandis
que l’action de l’Ifra portait davantage sur le développement et l’assistance techniques,
la WAN s’intéressait plutôt aux aspects commerciaux. C’est la raison pour laquelle les
experts estiment qu’elles se complètent et approuvent leur union.
La WAN, qui regroupe 71 organisations d’éditeurs de presse, représente 18 000 titres
(dont plusieurs sont publiés par le même éditeur) ; l’Ifra compte 3 000 membres dans
80 pays. La nouvelle organisation prendra le nom de WAN-Ifra.
Source : guardian.co.uk, WAN-Ifra
e
y
b
By e
Bruxelles
La capitale de l’Union européenne semble perdre
de son importance en cette période d’agitation financière.
Après de nombreux démentis, le quotidien financier américain Wall Street Journal a finalement annoncé que son
bureau européen quittait Bruxelles pour Londres. C’est
l’argent qui mène la danse, et il se trouve à la Bourse.
Source : followthemedia.com
sca
papergram no 3 2009
17
par Henrik Emilson photos Scanpix et Istock
Beaucoup d’appelés,
Internet a mis un peu de temps avant de trouver sa forme et son rôle par rapport à
la presse. C’est la même chose avec les blogs. On peut se demander qui a le temps
de les lire, ce qui n’empêche pas certains journaux de leur consacrer leurs colonnes.
e quotidien suédois Dagens
Nyheter le fait, Le Monde également, le britannique
The Guardian y consacre une rubrique
et chez l’allemand Die Welt, c’est le
rédacteur en chef Thomas Schmid luimême qui s’y colle. Aujourd’hui, un quotidien n’en est plus un s’il ne recourt pas
aux services de blogueurs qui commentent ce qui se passe autour d’eux.
Ceci n’est pas sans rappeler l’évolution d’Internet dans les années 1990.
Lorsque les rédactions ont réalisé qu’il
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sca
papergram no 3 2009
ne s’agissait pas d’une mode passagère,
elles ont en grande hâte créé un site Web
même si elle ne savaient pas toujours très
bien quoi en faire. Même phénomène aujourd’hui avec les blogs. Dans le monde
entier, les journaux en publient sur leur
site Web, un canal de communication
qu’ils ont appris à exploiter pour compléter leur version papier.
On peut diviser ces blogs en deux catégories : ceux des membres de la rédaction et ceux des tiers. The Guardian, par
exemple, compte 45 blogs qui couvrent
en gros toutes les rubriques du journal :
politique, cinéma, voyages, sports, médias, jardinage… Ceux-ci sont rédigés
par les journalistes du quotidien qui sortent de la rigueur que leur impose leur
métier et écrivent de manière un peu plus
personnelle. Les abonnés laissent leurs
contributions dans le blog Joe Public,
qui n’est pas sans rappeler le traditionnel
courrier des lecteurs.
Trop-plein d’opinions
Distribué dans 21 pays, le quotidien gra-
, peu de lus
médias sociaux. La plupart des blogs ne
sont pour ainsi dire pas lus, mais ça ne
fait rien puisque le blogueur s’exprime
pour se faire connaître mais aussi pour
d’autres raisons. »
L’expert se réfère à la conclusion
d’une étude menée par le Center for the
Digital Future, aux USA, qui mesure
l’activité sur le Net depuis 1999. Certes,
l’enquête remonte à 2007, alors que le
phénomène du blog était relativement
récent et avant que Barack Obama commence à laisser des messages sur Twitter.
Risque de manipulation
Mais d’autres travaux sont arrivés à des
résultats semblables. Un sondage réalisé
par l’université de Göteborg au printemps dernier a conclu qu’un Suédois
sur 20 seulement lit des blogs. « Les médias traditionnels parlent beaucoup des
blogs parce qu’ils veulent suivre les
nouvelles tendances », estime Annika
Bergström, chercheuse dans le domaine
des médias à l’université.
Autre raison expliquant la désaffection des internautes, une certaine forme
de méfiance. Les faux blogs (fake blogs
ou flogs) les incitent à croire que tout ce
que l’on y écrit n’est pas forcément vrai,
le blogueur pouvant être rémunéré pour
son travail. Walmarting Across America
»
tuit Metro s’est mis très vite au blogging.
Son site Web diffuse le bloc-notes de ses
collaborateurs sur plusieurs thèmes. Récemment, son édition suédoise sur
papier a publié une grande photo d’un
gâteau pour fêter les deux ans de Metrobloggen, un site sur lequel on peut créer
son blog avec l’adresse metro.se. Ce
service est financé par la publicité. Les
blogueurs gagnent 0,03 euro chaque
fois qu’un internaute visite leur page.
Le problème, c’est que le site héberge
12 000 blogs en quête de lecteurs.
Tout comme tout un chacun peut
créer un site Web, tout un chacun peut
démarrer un blog. Ce déluge d’opinions
personnelles engendre toutefois une
certaine saturation. Qui, en effet, a le
temps de lire les centaines de milliers
de blogs actuellement en ligne ? « Quasiment personne, répond Mark Evans,
conseil canadien en communication et
La plupart des blogs
ne sont pour ainsi dire pas
lus, mais ça ne fait rien, le
blogueur s'exprimant pour
se faire connaître mais aussi
pour d’autres raisons.
MARK EVANS
sca
papergram no 3 2009
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est l’un de ces flogs : l’auteur semblait se
rendre spontanément dans les grandes
surfaces Walmart aux USA alors qu’il
était, en réalité, parrainé par le distributeur dans une optique publicitaire.
À son avènement, on avait prédit
qu’Internet enterrerait les médias sur
papier, mais le temps a montré que cette
prédiction était exagérée. Aujourd’hui,
on publie des magazines consacrés au
»
Même si les blogueurs existent dans l’univers
numérique, la reconnaissance ne s'impose que
lorsqu’on en parle sur le papier. JENNY DOH
blogging. Le premier numéro du trimestriel américain Artful Blogging est
sorti en 2008. Il regroupe les idées et les
conseils exprimés sur des blogs dans lesquels des amateurs de travaux manuels
publient des photos et des commentaires
sur leurs réalisations. « Nous avions
publié dans notre magazine Somerset
Studio un article sur un blog dédié à ce
sujet. Nous avons sans doute été les premiers à parler de ce phénomène. Les lecteurs ont tellement apprécié que nous
avons conclu qu’il existait le potentiel
de faire tout un magazine sur ce type de
blogs », explique Jenny Doh, rédactrice
en chef du magazine.
Reconnaissance sur le papier
Elle ajoute que les blogueurs sont fous
de joie quand la rédaction les contacte
pour leur demander de contribuer à la
revue. « Ils se sentent reconnus. C’est
intéressant, car même si leur blog existe
dans l’univers numérique, la reconnaissance ne s'impose que lorsqu’on en parle
sur le papier. »
En Suède, on trouve dans les kiosques,
Blogguiden, un numéro spécial publié
par le magazine informatique Allt om
PC. « J’ai esquissé le numéro suivant.
Cela semble prometteur. On note un
grand intérêt pour le blogging », souligne le rédacteur en chef Tommy K.
Johansson.
Blog, microblog et nanoblog
On peut faire connaître son point de vue de plusieurs manières. 20
Blog
Microblog
Nanoblog
Le médium d’origine sur lequel on peut
écrire un commentaire aussi long qu’on
le souhaite.
Blog limité à 140 caractères maximum (comme
un SMS). La plate-forme la plus connue est
Twitter utilisée par Barack Obama au cours de
sa campagne.
Blog limité à un seul mot.
sca
papergram no 3 2009
tendances
par Luise Steinberger
Le FSC fait de l’effet
La certification des produits forestiers selon les principes du FSC (Forest Stewardship Council) a des bienfaits tant écologiques que sociaux. Telle est la conclusion d’une étude brésilienne effectuée à la demande de
l’organisme de certification Imaflora.
L’université de São Paulo a comparé les conditions
sociales et environnementales dans les zones forestières
certifiées FSC et celles non certifiées des États de Rio
Grande do Sul et Santa Catarina. Les résultats indiquent clairement de meilleures conditions sur le plan
environnemental (pesticides, superficies non exploitées
pour raisons écologiques, méthodes de foresterie) et sur
le plan social (salaires et privilèges des autochtones, état
de santé des travailleurs forestiers, sécurité et relations
dans les villages) dans les zones FSC.
Selon l’étude, la raison principale pour laquelle les
entreprises adoptent la certification FSC est que celle-ci
accroît l’accessibilité au marché.
Source : fsc. Pour lire le rapport : www.imaflora.org/arquivos/Does_
certification_make_a_difference.pdf
Thriller dans
l’univers de la
presse
Photoreporters
citoyens
Pour la première fois, le « journalisme citoyen » et surtout les photos
et films fournis par des personnes privées ont été indispensables
aux médias lors des manifestations en Iran en juin dernier. Comme
le régime en place a empêché la plupart des journalistes étrangers
de faire leur travail, la seule information disponible utilisable était celle
rassemblée par les reporters amateurs sur place. Grâce à des sites
Web tels que YouTube, les images n’ont pas été diffusées qu’aux internautes intéressés. Pour la première fois de son histoire, une photo
d’amateur a fait la une du célèbre New York Times. Des sites tels que
Demotix, qui se dit être une « communauté dédiée à la photo », sont
un lien capital entre les journalistes citoyens et les professionnels. Ils
représentent les intérêts des néophytes face aux acheteurs professionnels et fournissent les clichés dans un état technique exploitable
sur le plan professionnel.
Faire passer un quotidien régional au
format tabloïd peut être une corvée. Mais
un péril ? C’est le cas, tout du moins dans
le monde de la fiction. Le polar publié par
le graphiste John Bark se déroule dans le
monde de la presse, à Sundsvall, la ville de
SCA, de surcroît.
Le graphiste Rickard s’y rend pour
transformer le journal local en tabloïd et
pour s’éloigner de ses problèmes domestiques. Jamais il n’aurait cru qu’il allait plonger dans un enfer peuplé de journalistes
névrotiques et de psychopathes. Lorsque,
en outre, un patron de presse britannique,
peu emballé par le papier, débarque, sa mission pourtant bien définie
dès le départ devient soudain dangereuse, politiquement et concrètement.
« Un roman sur les médias à un tournant, la persistance de l’héritage
des traditions journalistiques et la difficulté d’accepter le changement
tant sur le plan professionnel que personnel », indique l’éditeur dans le
communiqué de presse. Tout à fait dans l’air du temps. Pappersvargen
(le loup de papier) devrait être publié en anglais et en allemand l’année
prochaine.
Source : guardian.co.uk
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21
par Luise Steinberger photos Istock et Sörmlands Grafiska
L'énergie laiss
En matière d’impression, c’est l’électricité qui a le plus d’effet
climatique, a conclu une étude commandée par l’imprimerie
Sörmlands Grafiska. Faire imprimer ses travaux en Suède plutôt
que dans d’autres pays européens a moins d’impact sur le climat
car la production d’électricité suédoise fait peu appel aux
combustibles fossiles.
es résultats de l’étude ont créé
la surprise. Peter Söderstam,
directeur commercial de
Sörmlands Grafiska, s’attendait à une
toute autre conclusion de l’enquête qu’il
avait fait réaliser. « On a beaucoup planché sur la question des transports et
j’étais plutôt persuadé que c’était eux
qui avaient le plus gros impact sur le
climat. »
Mais personne ne savait avec exactitude.
Voilà plusieurs dizaines d’années que Sörmlands Grafiska, premier site d’impression
offset sur rotative de Suède, mène une action environnementale intensive, des certifications et écolabels ISO 14001, FSC et
Cygne nordique aux solutions de transports
économes en ressources. Néanmoins, l’imprimerie ne savait pas vraiment où elle en
était sur le plan de son impact sur le climat
et l’environnement, surtout par rapport à
ses concurrentes. Peter Söderstam était en
quête de réponses claires et nettes. « Je ne
voyais pas et ne vois pas d’un bon œil s’installer un débat sur la nocivité des imprimés
22
sca
papergram no 3 2009
sur l’environnement, en particulier sur Internet où tout se propage très vite. »
« Parallèlement, on sentait que nos
clients avaient de plus en plus envie
d’aborder les questions liées à l’environnement. Il en est pour qui ce sujet est le
critère décisif lorsqu’ils passent commande. »
Bilan écologique fictif
Afin de disposer de données concrètes,
Peter Söderstam a demandé à la chercheuse Maria Enroth de procéder à une
étude comparative portant sur l’impact
climatique d’un magazine de 100 pages
de format 230 x 298 mm tiré à 75 000
exemplaires pour le marché suédois. Ses
calculs se sont basés sur un tirage réalisé sur deux types de papier (le GraphoCote de SCA et un papier finlandais de
70 g/m² tous les deux) dans quatre pays
(Suède, Danemark, Finlande et Pologne).
Consultante chez MSG Management
System Group, Maria Enroth travaille
depuis plusieurs années sur les questions
relatives au management environnemental et au développement durable dans
l’industrie des médias. Elle est biologiste
de formation et a passé son doctorat à
l’École royale polytechnique de Stockholm. Elle souligne que l’étude a été
simplifiée sur plusieurs points : elle s’est
souvent servie d’estimations pour effectuer ses calculs ; en ce qui concerne le papier, elle s’est basée sur le bilan carbone
fourni par les fabricants ; sur le plan des
transports, elle n’a pas pris en compte le
recours, par exemple, à des navires aux
émissions réduites ; au niveau de l’impact
de l’impression, elle a inclus la consommation d’énergie et les chutes de papier ;
elle a exclu les données concernant les effets de certains consommables (plaques,
encres, etc.) et est partie du point de vue
que les imprimeries travaillent dans les
mêmes conditions.
Le poids de l’électricité
Une fois tous ces éléments pris en considération, il est vite apparu que ce n’était
se des traces
sca
papergram no 3 | 2009
23
»
Des études montrent que la
lecture d'un journal en ligne pendant
une demi-heure a autant d'impact
qu’un quotidien
Peter Söderstam
pas, contrairement à toute attente, les
transports qui faisaient la différence
entre une impression « respectueuse du
climat » ou non. C’est plus souvent la
nature de l’électricité dans le pays où est
installée l’imprimerie. Le résultat varie
selon le pourcentage d’énergies fossiles
intervenant dans la production d’électricité et en fonction du papier choisi étant
donné que l’impact de sa fabrication sur
le climat n’est pas le même selon le pays
d’origine. Dans les cas retenus, on aboutit à une émission de 460 g de CO2 par
exemplaire pour l’impression sur le papier finlandais en Pologne. En cas d’impression en Suède sur le papier suédois,
on obtient moins d’un dixième de ce résultat, soit 43 g, car l’électricité suédoise
35 000
Transport
30 000
Impression
25 000
Papier
20 000
15 000
10 000
5 000
1a
1b
2a
2b
3a
3b
4a
4b
Effet des options étudiées sur le climat sous forme d’émissions de CO2 (en kg)
d’origine fossile pour la production d’un magazine de 100 pages tiré à 75 000
exemplaires. L’impression a lieu en Suède (1a et b), en Finlande (2a et b), au
Danemark (3a et b) ou en Pologne (4a et b). a = papier suédois et b = papier
finlandais. L’impact du papier, de l’impression et du transport est comptabilisé
et illustré.
24
sca
papergram no 3 2009
Action environnementale
Celui qui veut produire en respectant
l’environnement doit-il s’engager en politique pour faire changer la nature de
l’électricité de son pays ? En quelque
sorte, estime Maria Enroth : « L’étude
montre combien il est essentiel de réfléchir à la question énergétique. Bien sûr
qu’une entreprise peut faire beaucoup en
réduisant sa consommation d’électricité
ou, par exemple, en achetant ou adoptant
l’énergie “verte”, elle peut alléger considérablement son bilan “climatique”. »
En d’autres termes : on peut améliorer
l’effet climatique de son entreprise même
si on est imprimeur en Pologne ou dans
l’un des pays où la production d’électricité a un impact sur l’environnement
(voir graphique). Et le client a toujours
intérêt à examiner en détail l’action environnementale des différents fournisseurs,
estime la chercheuse : « On a beaucoup
eu recours aux estimations dans nos
calculs, mais les professionnels, qui savent comment lire les données du profil
environnemental d’un papier ou autres,
peuvent et doivent les interpréter dans
tous les cas. »
Papier contre ordinateur
CO2 d’origine fossile
0
est d’origine nucléaire ou hydraulique,
sources plus respectueuses de l’environnement d’un point de vue climatique. En
Pologne, l’électricité est en grande partie
d’origine thermique (charbon).
Peter Söderstam de Sörmlands Grafiska
a réfléchi après avoir lu le rapport et une
autre idée a germé : les imprimés sont des
concurrents potentiels aux ordinateurs et
à Internet. « Si la production d’électricité
et sa consommation ont de tels effets sur
le climat, les médias électroniques ne sont
soudain plus aussi respectueux de l’environnement que ce que l’on dit. Des études
montrent que la lecture d’un journal en
ligne pendant une demi-heure a autant
d’impact qu’un quotidien imprimé. »
Il n’y a pas que l’usage d’Internet qui
fait consommer de l’électricité, il y a aussi
la production et l’utilisation des ordinateurs. Les chercheurs ont encore du pain
sur la planche.
Torbjörn Bergkvist
SCA ÉCO-INFOS
Pour la première fois, les rapports environnement montrent
l’impact de la division pâte et papier impression-écriture de
SCA sur le climat. Le résultat est très satisfaisant.
SCA Ortviken, à Sundsvall, est vraisem-
blablement la papeterie dont le bilan carbone par tonne de papier fabriqué est le
plus faible du monde. C’est ce qui ressort
du rapport environnement 2008 des sites
de SCA : l’usine de pâte d’Östrand, la papeterie d’Ortviken, celle de Laakirchen, en
Autriche, et celle d’Aylesford Newsprint,
en Grande-Bretagne, dont le Groupe est
co-propriétaire.
C’est la première fois que les usines de
SCA présentent leur bilan carbone, soit le
volume de gaz à effet de serre émis par les
produits. Le rapport couvre l’ensemble de
la chaîne, de l’exploitation forestière et la
sylviculture à la livraison des produits finis
au client. Il inclut également l’immense volume de CO2 séquestré dans les forêts de
SCA au nord de la Suède.
Le bilan carbone d’Östrand et d’Ortviken
Finalistes des
PPI awards
Les papeteries de SCA d’Ortviken et de SCA Graphic Laakirchen ont été nominées
à l’un des prix les plus prestigieux de l’industrie, les PPI Awards du magazine professionnel Pulp & Industries.
SCA Graphic Laakirchen et SCA Ortviken concourront respectivement dans les
catégories « produit le plus novateur » et « stratégie environnementale de l’année ».
« Nous sommes ravis de la qualité et du nombre des candidatures que nous avons
reçues à l’occasion de ce premier concours, affirme Marc Rushton, rédacteur en chef
de PPI. Les finalistes ont toutes les raisons d’être fiers d’être arrivés à ce stade. »
Selon lui, les PPI Awards sont un moyen de distinguer les meilleurs élèves de
l’industrie mais aussi de nouer de nouveaux contacts.
Les prix seront annoncés lors d’une cérémonie qui aura lieu le 28 octobre à
Munich, en Allemagne.
Des cendres utiles
Les cendres des boues incinérées à l’installation de recyclage du papier
de la papeterie SCA de Lilla Edet étaient auparavant mises en décharge,
mais on vient de mettre au point des méthodes permettant de les recycler,
par exemple, comme matériau de construction ou ingrédient de l’asphalte.
Ainsi, on réduit la consommation d’énergie et, par conséquent, les émissions polluantes.
photo
Faible bilan carbone
est très faible car ces deux sites consomment principalement du biocarburant.
SCA Laakirchen a également publié
son propre rapport environnement. Celui-ci décrit en détail les efforts consentis pour remplacer les fibres vierges par
des fibres recyclées afin d’adapter le plus
écologiquement possible l’approvisionnement en ressources à la situation géographique de l’usine au cœur de l’Europe.
Il est possible de commander ces
rapports en anglais et en allemand auprès
des sites ou de les télécharger sur
www.publicationpapers.sca.com
Celui de la division pâte et papier
d’impression-écriture est également
disponible en suédois.
La vérité sur l’industrie
du papier
Par l’intermédiaire de la brochure collective The facts of
our value chain, l’organisation professionnelle European Mail
Industry Platform (EMIP) souhaite démythifier plusieurs idées
reçues qui portent préjudice à la réputation de l’industrie postale, surtout auprès des consommateurs. Cette brochure peut
servir dans l’enseignement, par exemple, ou comme argumentaire. Parmi les informations avancées :
• La production de papier ne détruit par la forêt : celle-ci couvre aujourd’hui 44 % de la superficie de l’Europe et 805 000 hectares viennent la compléter chaque année ; depuis 1950, sa surface a augmenté de 30 %.
• La production de papier consomme, certes, beaucoup d’énergie, mais 54,5 % est « verte » car tirée de la
biomasse ; c’est le pourcentage le plus élevé de tous les secteurs industriels européens.
• En 2007, on a recyclé 64 % du papier et des emballages en Europe ; ce pourcentage progresse régulièrement ; on recycle plus le papier que tout autre matériau.
• Les médias électroniques ne sont pas plus respectueux de l’environnement que le papier : les ordinateurs repré-
sentent plus de 2 % des émissions de CO2 des ménages.
La brochure peut être téléchargée sur www.emip.eu.
sca
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25
Texte et photos Alexander Farnsworth
L’info a son musée :
Le Newseum
Dernière minute ! Nouveau monument à la gloire
de la liberté de la presse.
Qu’on dise musée de l’information et on
pense tout de suite à un cimetière de vieux
journaux. C’est un peu le cas du Newseum
de Washington, mais on y montre aussi la
révolution que vit actuellement l’industrie
de l’information.
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sca
papergram no 3 2009
• photos ayant reçu le prix Pulitzer ;
• débris du mur de Berlin ;
• une tour de télécommunication du World Trade Center ;
• ordinateurs portables et appareils
photos ayant appartenu à de célèbres journalistes et photographes ;
• une camionnette criblée de balles qui transportaient les photographes de Time Magazine en Bosnie.
Les piliers de la démocratie
L’emplacement géographique du musée a
une grande portée symbolique. Situé sur
Pennsylvania Avenue à Washington D.C,
entre le Capitole et la Maison-Blanche,
c’est un monument à la gloire du premier
amendement de la constitution américaine, qui garantit la liberté de religion
et d’expression, celle de la presse et de
réunion.
Ainsi, à côté de la grande galerie sur le
mur de Berlin et des unes des journaux
américains au lendemain du 11 septembre,
les expos présentent l’évolution de l’information, de l’imprimerie au numérique
en passant par les réseaux communautaires. « Les musées ont tendance à regarder en arrière mais nous voulons
essayer d’expliquer aux visiteurs ce qui
se passe aujourd’hui dans l’industrie de
l’information. »
Évolution des médias
Parmi les collections, on peut découvrir
le téléphone portable avec lequel un étudiant de Virginia Tech a filmé le massacre qui s’est produit à son université et
certains des premiers messages envoyés
via Twitter sur les révoltes de Birmanie
et de Mumbai, l’amerrissage de l’Airbus sur l’Hudson et le tremblement de
terre du Sichuan. Même candidats et blogueurs ont exploité les réseaux sociaux
Ce que l’on peut apprendre
au Newseum
ron :
Dans le monde, on dénombre envi
• 25 000 chaînes de télévision
• 65 000 stations de radio
• 8 000 quotidiens
où la liberté de
La Finlande et l’Islande sont les pays
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La liberté d’expression et de la presse
est l’un des piliers de la démocratie.
C’est ce que rappelle le musée au visiteur.
L’établissement a coûté 450 millions
de dollars US et a été inauguré en avril
2008. « Le journalisme est la première
ébauche de l’histoire » a déclaré Philip
Graham, ex-patron du Washington Post.
« Comme l’information ne cesse
d’évoluer, le Newseum doit être une
expérience nouvelle à chaque visite, indique Cathy Trost, ex-journaliste au
Wall Street Journal et actuelle commissaire des expositions. Nous mettons
actuellement l’accent sur la mutation
de l’industrie de l’information. »
»
montrent les
choses telles qu’elles étaient autrefois.
La collection du Newseum compte
35 000 unes historiques couvrant cinq
siècles. Elle inclut également plus de
6 000 objets relatifs à l’information :
La plupart des musées
pour propager l’information pendant la
dernière campagne présidentielle américaine.
« De tous temps, l’humanité a toujours
été intéressée par les mêmes sujets d’actualité : la guerre, la paix, l’amour, la
haine, la météo, explique Cathy Trost.
Ce qui a changé, c’est la vitesse de transmission. Auparavant, la presse, la radio
et la télé étaient les transmetteurs exclusifs de l’information. Aujourd’hui, ce
sont des journalistes citoyens armés de
téléphones portables qui, de plus en plus
souvent, donnent l’alerte. Cette nouvelle forme de journalisme a beaucoup
d’avenir mais on peut aussi s’interroger
sur son impartialité, son exactitude et sa
qualité. Ensuite, eu égard à la numérisation de la presse, comment faire payer
l’information qu’elle diffuse. »
« C’est un vrai sujet d’actualité et personne ne sait comment ça va se terminer », conclut-elle.
Comme l’information ne cesse d’évoluer, le Newseum
doit être une expérience nouvelle à chaque visite. Cathy Trost
Le musée en bref
Le Newseum a une superficie de 60 000 m². Il compte sept étages, 14 galeries,
15 scènes et des milliers d’objets exposés. Nombre d’entre eux ont été donnés par
des familles et des groupes de presse américains comme les et le New York Times.
Chaque jour, on peut découvrir la une de 80 quotidiens.
Le premier amendement de la constitution (1791) des États-Unis d’Amérique,
qui régit notamment la liberté d’expression, est gravé dans un bloc de marbre de 50
tonnes sur la façade du musée.
Il interdit au Congrès de faire une loi concernant l’établissement d’une religion ou
interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse, ou touchant au droit des citoyens de s’assembler paisiblement et d’adresser des pétitions au
gouvernement pour le redressement de leurs griefs.
sca
papergram no 3 2009
27
PAR Henrik Emilson photoS Nils Bergendal/Nordisk Film et Anna Simonsson
Les papetiers font leur cinéma
Si les cinéastes ont jusqu’ici largement ignoré la profession des ouvriers
papetiers, ceux-ci tiennent enfin leur revanche grâce à une comédie noire.
O
n a vu des ouvriers sidérur-
gistes dans Voyage au bout de l ’Enfer, des pompiers
dans Backdraft, des chauffeurs de taxi
dans Taxi Driver. Quant aux policiers,
le septième art les adore.
Le long métrage de Jörgen Bergmark,
Det enda rationella, met enfin en vedette
des ouvriers papetiers, deux amis, Erland
et Sven-Erik, qui travaillent à la papeterie
d’une ville, dont le nom n’est pas précisé
(qui pourrait être Sundsvall ou Obbola),
au nord de la Suède. En plus de son boulot de chef d’équipe, Erland s’investit
dans des cours de préparation au mariage
à l’église en compagnie de sa femme Siv. Quand il tombe brusquement amoureux de la femme de Sven-Erik, et elle de
lui, ils proposent la solution la plus rationnelle qu’ils trouvent : vivre tous ensemble en attendant le passage de cette
tocade et le retour à la normale. Mais
rien ne redevient comme avant. La situation dégénère et, à un moment, un
homme désespéré se couche sous le système de coupe de l’usine pour être débité
tel une bobine de papier.
28
sca
papergram no 3 2009
»
Le ménage à trois n’est pas toujours la
meilleure solution.
Il s'agit
d’hommes mûrs
sur le plan affectif
qui sont amis.
Jens Jonsson
Cette scène semble horrible mais Det
enda rationella est une comédie, quand
bien même noire.
Nouvelle image de la classe ouvrière
Le scénario a été commis par le metteur
en scène Jens Jonsson (Réparation) et le
film sera distribué dans le monde entier :
« Je trouvais que le cinéma donnait de la
classe ouvrière une image à la fois romantique et un peu condescendante :
des gens authentiques qui picolent un peu
trop. On trouve la même image en Angleterre chez des cinéastes tels que Ken
Loach et Mike Leigh. Je voulais parler des
ouvriers papetiers, de leur vie, pas d’ou-
vriers papetiers qui se soûlent le samedi
soir. D’hommes mûrs sur le plan affectif
qui sont amis. Ils ne vont peut-être pas à
l’opéra, mais ils sont capables d’évoquer
leurs sentiments. »
Mais pourquoi des ouvriers papetiers et
pas des mineurs, par exemple ? C’est simple,
répond Jörgen Bergmark : « Jens et moi avons
grandi dans le même milieu. Mon père était
agent administratif chez SCA à Sundsvall et
celui de Jens exerçait le même métier chez
Obbola Liner Board. On a vécu tous les
deux à proximité d’une papeterie. »
Et qu'arrive-t-il à l’homme couché sous le
système de coupe ? Pour le savoir, Det enda
rationella sort à l’automne 2009 en Suède.