Prise en charge des syndromes coronariens aigus
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Prise en charge des syndromes coronariens aigus
GUIDE CLINIQUE 2 e édition Prise en charge des syndromes coronariens aigus guide destiné aux professionnels de la santé canadiens Par Dr David Fitchett, FRCPC, FACC, FESC Dr Pierre Théroux, FACC, FAHA Comité de révision Dr James Brophy, Ph. D., FRCPC, FACC Dr Jafna Cox, FRCPC, FACC Dr Shaun Goodman, M. Sc., FRCPC, FACC, FESC Dr Milan Gupta, FRCPC, FACC Patrick Robertson, B. Pharm., Ph. D. pharm. Dr Robert Welsh, FRCPC, FACC, FAHA Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens 2e édition Directeur de la rédaction : Ian Corks Chef de projet, Rédaction : Zoë Aarden Rédactrice en chef : Patricia Holtz Rédactrice médicale : Carol Duthie Aide à la rédaction : Chris Noone Responsable de la mise en page : David McFee Directrice de compte : Kerry Donlevy Vice-président directeur, Elsevier Health Communications : Marc Thibodeau L’information et les opinions présentées dans le présent livret reflètent les points de vue et l’expérience des auteurs et du comité de révision et non ceux d’AstraZeneca Canada Inc. ou de l’éditeur. L’utilisation et la posologie de tout produit dont il est question dans cette publication ne sont pas nécessairement celles approuvées par Santé Canada. 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Elsevier – Guide clinique Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens 2e édition Dr David Fitchett, FRCPC, FACC, FESC Dr Pierre Théroux, C.M., FACC, FAHA, FESC Comité de révision Dr James Brophy, Ph. D., FRCPC, FACC Dr Jafna Cox, FRCPC, FACC Dr Shaun Goodman, M. Sc., FRCPC, FACC, FESC Dr Milan Gupta, FRCPC, FACC Patrick Robertson, B. pharm., Ph. D. pharm. Dr Robert Welsh, FRCPC, FACC, FAHA II Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens SIGLES ET ACRONYMES UTILISÉS DANS CE LIVRET AAS acide acétylsalicylique (aspirine) ACC/AHA ADP AI AINS AIT AVC BBG BRA CK-MB C-LDL ClCr CV ECG EEM EMN FEVG f.p.j. GI GP HbA1c HBPM HNF HVG IC ICP IECA IM IPP i.v. NPT NSTEMI NTG PAC RR s.c. SCA NSTE SCA SCC SEC STEMI TA TCA TFGe TIH VG American College of Cardiology/American Heart Association adénosine diphosphate angine instable anti-inflammatoire non stéroïdien accident ischémique transitoire accident vasculaire cérébral bloc de branche gauche bloqueur des récepteurs de l’angiotensine créatine kinase – isoenzyme myocardique cholestérol des lipoprotéines de faible densité clairance de la créatinine cardiovasculaire électrocardiogramme ou électrocardiographie endoprothèse à élution médicamenteuse endoprothèse en métal nu fraction d’éjection du ventricule gauche fois par jour gastro-intestinal glycoprotéine hémoglobine glyquée héparine de bas poids moléculaire héparine non fractionnée hypertrophie ventriculaire gauche intervalle de confiance intervention coronarienne percutanée inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine infarctus du myocarde inhibiteur de la pompe à protons intraveineux ou voie intraveineuse nombre de patients à traiter IM sans sus-décalage du segment ST nitroglycérine pontage aortocoronarien risque relatif sous-cutané ou voie sous-cutanée syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment ST syndrome coronarien aigu Société canadienne de cardiologie Société européenne de cardiologie IM avec sus-décalage du segment ST tension artérielle temps de céphaline activé taux de filtration glomérulaire estimé thrombocytopénie induite par l’héparine ventricule gauche ou ventriculaire gauche III Elsevier – Guide clinique ACRONYMES DES ESSAIS CLINIQUES ET DES REGISTRES MENTIONNÉS DANS LE TEXTE IV ABOARD Angioplasty to Blunt the Rise of Troponin in Acute Coronary Syndromes Randomized for an Immediate or Delayed Intervention (Recours à l’angioplastie pour atténuer l’élévation de troponine chez les patients atteints d’un syndrome coronarien aigu répartis aléatoirement pour subir une intervention immédiate ou différée) ACTIVE-A Atrial Fibrillation Clopidogrel Trial with Irbesartan for Prevention of Vascular Events – A (Étude sur la fibrillation auriculaire avec le clopidogrel et l’irbésartan dans la prévention des événements vasculaires – A) ACUITY Acute Catheterization and Urgent Intervention Triage Strategy (Stratégie de triage pour un cathétérisme aigu et une intervention d’urgence) CRUSADE Can Rapid Risk Stratification of Unstable Angina Patients Suppress Adverse Outcomes with Early Implementation (Une stratification rapide du risque des patients atteints d’angine instable peut-elle éliminer les résultats indésirables dans le cas d’une mise en œuvre précoce) CURE Clopidogrel in Unstable Angina to Prevent Recurrent Events (Le clopidogrel utilisé pour prévenir les événements récurrents liés à une angine instable) EARLY ACS Early Glycoprotein IIb/IIIa Inhibition in Patients With Non-ST-Segment Elevation Acute Coronary Syndrome (Inhibition précoce de la glycoprotéine IIb/IIIa chez les patients atteints d’un syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment ST) FRISC Fragmin and Fast Revascularization During Instability in Coronary Artery Disease (Fragmin et revascularisation rapide en période d’instabilité en cas de coronaropathie) GRACE Global Registry of Acute Coronary Events (Registre mondial des événements coronariens aigus) HORIZONS-AMI Harmonizing Outcomes with Revascularization and Stents in Acute Myocardial Infarction (Harmoniser les résultats avec la revascularisation et la pose d’une endoprothèse dans le traitement de l’infarctus aigu du myocarde) OASIS-5 Organization to Assess Strategies in Ischemic Syndromes (Fifth) (Organisation visant à évaluer les stratégies de prise en charge des syndromes ischémiques [cinquième]) PLATO Platelet Inhibition and Patient Outcomes (Inhibition plaquettaire et résultats observés chez les patients) PRINCIPLE Prasugrel in Comparison to Clopidogrel for Inhibition of Platelet Activation and Aggregation (Comparaison du prasugrel au clopidogrel quant à l’inhibition de l’activation et de l’agrégation plaquettaires) RITA Randomized Intervention Trial of Unstable Angina (Étude d’intervention à répartition aléatoire sur l’angine instable) RIVAL Radial vs. Femoral Access for Coronary Intervention (Accès radial et fémoral lors d’une intervention coronarienne) SWEDEHEART The Swedish Web-system for Enhancement and Development of Evidence-based care in Heart disease Evaluated According to Recommended Therapies (Programme en ligne suédois pour l’amélioration et le développement des soins de la coronaropathie selon les données probantes, évalués à partir des traitements recommandés) SYNERGY Superior Yield of the New Strategy of Enoxaparin, Revascularization and GIycoprotein IIb/IIIa Inhibitors (Rendement supérieur de la nouvelle stratégie : énoxaparine, revascularisation et inhibiteurs de la GP IIb/IIIa) TACTICS Treat Angina with Aggrastat and Determine Cost of Therapy with an Invasive or Conservative Strategy (Traiter l’angine avec Aggrastat et déterminer le coût du traitement au moyen d’une stratégie effractive ou prudente) TIMACS Timing of Intervention in Patients with Acute Coronary Syndromes (Moment propice de l’intervention chez les patients atteints d’un syndrome coronarien aigu) TIMI Thrombolysis in Myocardial Infarction (Thrombolyse dans le traitement de l’infarctus du myocarde) TRITON Trial to Assess Improvement in Therapeutic Outcomes by Optimizing Platelet Inhibition with Prasugrel (Essai visant à évaluer l’amélioration de l’issue thérapeutique par l’optimisation de l’inhibition plaquettaire avec le prasugrel) Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TABLE DES MATIÈRES 1 Introduction 5 Soins préhospitaliers 7 Évaluation et diagnostic initiaux 11 Stratification précoce du risque 19 Choix d’une démarche thérapeutique V 27 Traitements anticoagulants 33 Traitements antiplaquettaires 39 Prise en charge et prévention des hémorragies 43 Traitement durant l’hospitalisation et à la sortie de l’hôpital 47 Indicateurs de rendement et de qualité 51Références 56 Annexe Elsevier – Guide clinique Section heading Introduction Les patients atteints d’un SCA, qu’il soit soupçonné ou confirmé, représentent une charge de travail importante lors de l’admission au service des urgences et lors de l’hospitalisation. Chaque année au Canada, environ 200 000 hospitalisations sont motivées par une cardiopathie ischémique, principalement en raison d’un SCA1. Le STEMI, résultant d’une obstruction thrombotique soudaine et complète du flux sanguin, représente environ un tiers des SCA et est associé au taux le plus élevé de mortalité précoce ajusté selon l’âge. L’angine instable et le NSTEMI sont plus souvent associés à des occlusions partielles et à une coronaropathie plus étendue; ils se manifestent la plupart du temps chez une population de sujets âgés et chez les patients présentant des facteurs de risque classiques. Ces événements accusent des taux de mortalité à l’hôpital au moins 50 % inférieurs à ceux du STEMI, mais affichent un pronostic à long terme semblable. En effet, les taux de mortalité après 1 an sont pratiquement égaux, voire parfois plus élevés dans les cas de NSTEMI. En raison des différences sur le plan de la physiopathologie et du pronostic à court terme, les objectifs thérapeutiques précoces pour le SCA NSTE diffèrent de ceux du STEMI. Le but du traitement du STEMI consiste à dégager rapidement l’artère oblitérée de façon à limiter l’étendue de la lésion irréversible du VG. Dans les cas d’un SCA NSTE, l’objectif est de prévenir la croissance du thrombus menant à une occlusion totale ou au morcellement à distance du thrombus et des éléments de la plaque, car ces effets contribuent aux événements ischémiques récurrents, puis à la morbidité et à la mortalité. Les patients exposés au risque le plus élevé d’événements récurrents doivent être rapidement repérés afin que leur soit administré un traitement intensif. La meilleure façon d’atteindre ces objectifs thérapeutiques sera par l’amélioration des moyens de reconnaître le SCA avant l’hospitalisation et par des réactions rapides de la part des patients, des techniciens ambulanciers, des infirmiers, infirmières et médecins au service des urgences et des autres professionnels de la santé participant aux soins des patients. 1 Les étapes appropriées du diagnostic, de l’évaluation et de la prise en charge du SCA se sont raffinées au cours des dernières décennies, grâce entre autres à la multitude de données fournies par des essais cliniques, à des registres importants de données, à l’expertise clinique et aux avancées importantes en matière de pharmacothérapies et de technologies effractives. Plusieurs organisations ont établi des lignes directrices factuelles pour l’évaluation, le traitement et la prévention secondaire chez les patients atteints d’un STEMI ou d’un SCA NSTE. Les deux lignes directrices ayant le plus d’influence sont celles de l’ACC/AHA et celles de la SEC2,3. Au Canada, les lignes directrices de l’ACC/AHA sont habituellement utilisées; la SCC publie habituellement des mises à jour ciblées et adaptées aux pratiques de soins de santé canadiennes. La définition de l’IM a évolué au cours des dernières décennies avec l’avènement de marqueurs sériques sensibles de nécrose (les troponines) et d’autres tests diagnostiques. Récemment, une nouvelle définition « universelle » de l’IM, applicable à diverses spécialités médicales, a été présentée par un groupe de travail international4. Les lignes directrices factuelles (tout comme ce livret) traitent principalement de l’IM de type 1 (tableau 1). La figure 1 présente un algorithme pratique pour aider à poser rapidement un diagnostic et à établir une stratification précoce Elsevier – Guide clinique Introduction du risque. On conseille au lecteur d’étudier et de comprendre l’algorithme, qui commence par un diagnostic provisoire et évolue au fil des tests d’investigation jusqu’au diagnostic final. Un ECG à 12 dérivations doit être réalisé et interprété aussi rapidement que possible. En effet, les résultats de l’ECG permettront d’orienter le patient vers une revascularisation urgente si on observe un sus-décalage du segment ST ou l’apparition d’un BBG. En l’absence d’un tel résultat, un diagnostic provisoire de SCA NSTE sera posé à la suite de l’évaluation appropriée des antécédents et de l’examen physique. La présence d’un sous-décalage du segment ST ou d’une inversion marquée de l’onde T appuie le diagnostic de NSTEMI qui est confirmé par un taux élevé de troponine cardiaque; autrement, le diagnostic est l’AI. Il peut falloir du temps pour établir le diagnostic final. Notons que la stratification du risque est implicite à toutes les étapes afin de déceler les caractéristiques qui dictent une intervention rapide ou urgente, telle que l’angiographie ou une intervention coronarienne. 2 Le respect des stratégies de prise en charge d’un SCA recommandées dans les lignes directrices est associé à une amélioration des issues cliniques, y compris un taux plus faible de mortalité5. L’expérience et les données d’observation laissent cependant supposer que ces stratégies factuelles peuvent être sous-utilisées ou surutilisées, ce qui amène à priver des personnes à risque élevé d’un traitement recommandé ou à traiter de façon excessive les personnes présentant un risque plus faible. Une récente analyse des données du registre canadien a révélé que les deux tiers des patients atteints d’un SCA et présentant un risque élevé ne subissaient pas de cathétérisme cardiaque parce que leurs médecins estimaient qu’ils n’étaient pas exposés à un risque suffisamment élevé6. D’autres patients ne sont pas bien dirigés parce qu’on estime qu’ils présentent un risque beaucoup trop élevé pour pouvoir subir une intervention effractive. D’autre part, deux tiers des patients dont le risque d’événements ischémiques récurrents était jugé faible et chez lesquels les bienfaits cliniques potentiels de l’intervention étaient limités ont subi un cathétérisme cardiaque. Cette utilisation paradoxale des interventions cardiaques effractives a également été observée aux États-Unis7. Plusieurs raisons possibles et souvent interreliées expliquent ces écarts entre les recommandations et la pratique. Les symptômes et les pronostics d’un SCA sont hétérogènes. Il existe quelques zones grises en ce qui a trait à l’acceptation, à l’observance et à l’applicabilité des lignes directrices en contexte canadien. Le grand nombre et la complexité des lignes directrices actuelles peuvent aussi constituer un obstacle à leur mise en pratique. Ce guide a été élaboré dans le but de favoriser la dissémination des connaissances actuelles sur les meilleures pratiques de prise en charge du SCA en présentant un résumé des points clés des nouvelles lignes directrices de l’ACC/AHA et de la SEC ainsi que des renseignements complémentaires issus des lignes directrices canadiennes sur le traitement antiplaquettaire après un SCA8. Dans ce guide, on insiste sur l’étape essentielle et souvent négligée de la stratification complète du risque et on explique la façon dont le choix du traitement optimal doit se fonder sur les résultats de cette évaluation. On traite également de certaines questions non résolues et on examine les problèmes actuels liés à la prise en charge du SCA, tels que les hémorragies associées au traitement, la nécessité d’un suivi à plus long terme rigoureux et l’évaluation des modèles de pratique et des résultats qui s’ensuivent. Ce livret permet une consultation rapide grâce à des textes et tableaux faciles à lire ainsi qu’à des onglets indiquant les étapes pertinentes de la prise en charge du SCA. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens Introduction Les auteurs de ce livret ont tenté de suivre les principes de la médecine factuelle (notamment l’intégration des meilleures preuves disponibles à un jugement clinique avisé)9 tout en accordant une attention aux besoins, aux valeurs et même aux préférences thérapeutiques du patient. Tout au long de ce guide, les auteurs sont restés conscients de la nécessité d’une perspective canadienne de la prise en charge du SCA, laquelle diffère parfois de celle que préconisent les lignes directrices internationales, et abordent donc certaines considérations pratiques propres au système de soins de santé canadien. Nous espérons que ce guide vous aidera à prodiguer à vos patients les meilleurs soins possibles pour l’obtention de résultats optimaux. Tableau 1. Critères diagnostiques universels de l’IM de type 1 La nécrose myocardique correspond à l’ischémie myocardique, selon les critères suivants : Élévation ou baisse des taux de troponine avec au moins une valeur au-dessus du 99e percentile de la limite supérieure de référence*, et au moins un des points suivants : symptômes d’ischémie, modifications de l’ECG indiquant une nouvelle ischémie (nouvelles modifications du segment ST et de l’onde T ou apparition d’un BBG), ondes Q pathologiques, preuve à l’imagerie d’une nouvelle réduction de la portion viable du myocarde ou d’une anomalie de la contractilité régionale de la paroi myocardique; Mort cardiaque subite imprévue comprenant l’arrêt cardiaque avec ou sans symptômes d’ischémie, accompagnée d’un sus-décalage du segment ST probablement nouveau, d’un nouveau BBG ou d’une preuve de la formation récente d’un thrombus; Résultats pathologiques indiquant un IM aigu. • • • • • 3 • • * Les valeurs doivent être fournies par un laboratoire local BBG = bloc de branche gauche; ECG = électrocardiogramme; IM = infarctus du myocarde Thygesen et al.4 Elsevier – Guide clinique Introduction Figure 1. Algorithme du diagnostic, de l’évaluation précoce du risque et de la prise en charge Douleur thoracique Admission Diagnostic provisoire ECG Syndrome coronarien aigu soupçonné Sus-décalage du segment ST persistant Biomarqueurs Troponine (résultat positif) Stratification du risque 4 Anomalies du segment ST et de l’onde T Risque élevé Diagnostic STEMI Traitement Reperfusion NSTEMI ECG normal ou indéterminé Troponine (2 résultats négatifs) Risque plus faible Angine instable Effractif Non effractif ECG = électrocardiogramme; NSTEMI = infarctus du myocarde sans sus-décalage du segment ST; STEMI = infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST Adaptation de Bassand et al.3 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens SectionPRÉHOSPITALIERS heading SOINS POINTS CLÉS • U ne intervention rapide améliore la prise en charge de tous les patients chez lesquels on soupçonne un SCA. • Il faut informer tous les patients que s’ils présentent un inconfort ou des douleurs thoraciques récurrentes ou persistantes (d’une durée supérieure à 5-10 minutes), voire un nouvel épisode de dyspnée, ils doivent composer le 911 ou être amenés à l’hôpital par un ami ou un parent au lieu de chercher à avoir une consultation téléphonique. • L e personnel médical d’urgence peut instaurer le traitement médical (AAS, NTG), et si possible, il doit réaliser un ECG à 12 dérivations et en interpréter le tracé. • Il faut mettre en place des protocoles pour s’assurer que le patient est transporté dans un hôpital doté d’installations adaptées à ses besoins, notamment une surveillance des soins coronariens pour tous les patients chez lesquels on soupçonne un SCA. Dans le cas d’un patient dont les signes de STEMI sont reconnus (lorsque possible et s’il y a des protocoles préparés à l’avance), on doit s’assurer qu’il est transporté directement vers un hôpital doté des installations permettant de réaliser une ICP. 5 Le personnel des services médicaux d’urgence représente le premier contact médical dans la moitié des cas de SCA seulement. De nombreux patients présentant des symptômes suspects appelleront leur médecin pour avoir des conseils et être rassurés. On doit informer ces patients qu’un examen physique et des analyses sont nécessaires pour poser un diagnostic. Les professionnels de la santé doivent faire preuve de prudence lorsqu’ils rassurent leurs patients, surtout lorsqu’un patient semble moins enclin à consulter sur place. Lors des consultations avec les patients, il est important de tenir compte de leurs symptômes à la lumière des caractéristiques démographiques et de se rappeler que les sous-groupes tels que les personnes âgées et les diabétiques peuvent présenter des symptômes atypiques. Il faut conseiller aux patients manifestant des symptômes continus comme des douleurs ou de la dyspnée d’appeler le 911. On recommande l’administration d’AAS (160-325 mg, en comprimés à mâcher) et une bouffée de NTG (si possible). Si les symptômes diminuent avec la NTG, le patient doit en prendre une nouvelle dose toutes les 5 minutes. Par ailleurs, ces traitements peuvent être administrés lors du premier contact médical lorsqu’un ECG à 12 dérivations est effectué. Il est judicieux d’obtenir des dérivations précordiales et dorsales droites si les symptômes persistent malgré l’absence de modifications claires du segment ST et de l’onde T sur le tracé d’ECG. Elsevier – Guide clinique SOINS PRÉHOSPITALIERS D’importants progrès ont été réalisés dans la prise en charge du SCA grâce aux percées en matière de reperfusion, notamment l’établissement d’un diagnostic et l’administration de soins avant l’arrivée des patients à l’hôpital, ainsi que l’orientation sélective des patients vers des hôpitaux dotés de salles de cathétérisme cardiaque. 6 Dans le cas d’un STEMI, chaque minute compte : plus on effectue la reperfusion rapidement, plus l’infarctus sera petit et meilleures seront la préservation de la fonction du VG et la survie du patient. Le fait de reconnaître un STEMI au premier contact médical permet de poser un diagnostic plus vite et d’amorcer la reperfusion. L’ECG doit être évalué par le personnel ambulancier et validé par des algorithmes d’interprétation informatisés ou par les urgentologues. Si l’ECG montre des signes probants d’une lésion importante ou d’une ischémie aiguë, ces renseignements doivent être transmis à un centre médical prédéterminé ou à l’hôpital qui accueillera le patient. Grâce à une détection précoce, on peut instaurer la fibrinolyse avant l’arrivée du patient à l’hôpital, dans la mesure où le traitement est indiqué et accessible. Il est également possible que le patient évite le triage au service des urgences ou qu’il soit transféré vers un autre hôpital et admis directement dans une salle de cathétérisme cardiaque afin de subir une ICP. Dans les régions du Canada où il n’y a pas d’hôpital à moins d’une heure, un traitement fibrinolytique doit être instauré sans tarder. Les patients qui ne montrent aucun signe clinique de reperfusion après une fibrinolyse doivent être transférés vers un centre spécialisé en ICP où on peut envisager la réalisation immédiate d’une angioplastie d’urgence. Lorsque les installations sont accessibles, il est conseillé de transférer à court terme (en moins de 6 à 12 heures) les patients à risque élevé ayant reçu une fibrinolyse dans le but de mettre en œuvre une stratégie effractive et pharmaceutique comprenant un cathétérisme cardiaque et une ICP précoces. Dans les cas d’un NSTEMI, un transfert accéléré est moins souvent nécessaire, à moins que le patient ne souffre de douleurs persistantes ou que son état soit instable sur le plan hémodynamique ou électrique. D’une façon ou d’une autre, une intervention rapide améliorera la prise en charge de tous les patients chez lesquels on soupçonne un SCA. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens Section heading ÉVALUATION ET DIAGNOSTIC INITIAUX POINTS CLÉS • L es patients qui ressentent un inconfort thoracique ou présentent des symptômes évocateurs d’un SCA doivent se voir attribuer un niveau de priorité élevé lors du triage au service des urgences. • L e diagnostic et la prise en charge subséquente des patients sont basés sur les symptômes, les signes physiques, les antécédents médicaux, les caractéristiques démographiques, l’ECG et les biomarqueurs. • L es biomarqueurs cardiaques, en particulier la troponine, doivent être mesurés chez tous les patients qui ressentent un inconfort thoracique ou présentent des symptômes évocateurs d’un SCA. • L e taux de troponine doit être interprété en tenant compte du contexte clinique. Un taux de troponine élevé indique une lésion myocardique, mais n’est pas spécifique d’un SCA. Une modification du taux de troponine peut se révéler utile pour poser un diagnostic. 7 Le diagnostic d’un SCA est parfois évident et doit simplement être confirmé durant l’instauration du traitement. Toutefois, il s’agit plus souvent d’un diagnostic provisoire basé sur des observations cliniques et, à ce moment-là, les troubles non cardiaques doivent également être envisagés lors du diagnostic différentiel (tableau 2). La première question à élucider consiste à savoir si la présence d’une coronaropathie est probable et la seconde, si les symptômes du patient sont liés à un SCA (tableau 3). Les antécédents médicaux et les symptômes fournissent d’importants indices. Bien qu’il soit important d’évaluer les facteurs de risque, ceux-ci ne constituent pas des indicateurs fiables d’un SCA. Il en va de même pour le score calcique obtenu à la suite d’une tomodensitométrie, qui peut donner des résultats trompeurs étant donné que les plaques inflammatoires instables sont souvent non calcifiées. Les fournisseurs de soins de santé qui reçoivent un patient présentant des symptômes évocateurs doivent se montrer très vigilants. Il est crucial de se rappeler que de nombreux patients atteints d’un SCA (en particulier les personnes âgées, les femmes et les diabétiques) présentent des « équivalents angineux » ou des symptômes qui ne sont pas typiques d’une ischémie myocardique. La dyspnée, les nausées, la diaphorèse, l’asthénie et les étourdissements en sont des exemples. Toutefois, lorsqu’on interroge directement le patient, ce dernier déclarera souvent qu’il ressent aussi un malaise à la poitrine (pas toujours central), au dos, au bras ou à la mâchoire. Elsevier – Guide clinique ÉVALUATION ET DIAGNOSTIC INITIAUX Principes directeurs Les patients qui souffrent d’inconfort thoracique ou d’autres symptômes évocateurs d’un SCA doivent se voir attribuer un niveau de priorité élevé au triage tandis que les mesures appropriées sont prises pour confirmer le diagnostic. Les patients qui éprouvent des symptômes continus doivent être évalués et soumis à un ECG à 12 dérivations, lequel doit être réalisé et interprété au cours des 10 minutes suivant leur arrivée au service des urgences (l’ECG doit être répété si les douleurs thoraciques réapparaissent). Le traitement des symptômes continus de SCA doit inclure : • L’AAS (s’il n’a pas déjà été administré, en comprimés à mâcher de 160 à 325 mg); • L’oxygénothérapie chez les patients qui présentent des symptômes d’hypoxémie; • L a NTG (par voie sublinguale, pour soulager les douleurs thoraciques initiales; par bolus ou perfusion i.v., pour soulager les douleurs thoraciques récurrentes); • La morphine par voie i.v. (si les douleurs ne sont pas soulagées par la NTG). Tableau 2. Autres affections à envisager lors du diagnostic différentiel 8 Cardiaques Péricardite Myocardite Maladie vasospastique (angor de Prinzmetal ou angor de repos) Syndrome de ballonnisation apicale (syndrome de tako-tsubo) Pulmonaires Embolie Pneumothorax Pneumonie Pleurésie Vasculaires Anévrisme disséquant de l’aorte Anévrisme de l’aorte Gastro-intestinales Rupture œsophagienne Spasme œsophagien Reflux gastro-œsophagien Cholécystite Pancréatite Ulcère gastroduodénal Musculosquelettiques Lésion cervicale Atteinte de l’articulation chondrocostale, fracture costale, syndrome de Tietze Fibromyalgie Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens ÉVALUATION ET DIAGNOSTIC INITIAUX Tableau 3. Signes et symptômes du syndrome coronarien aigu Symptômes, signes physiques, antécédents médicaux, caractéristiques démographiques Douleur ou inconfort thoracique présentant les caractéristiques typiques de l’ischémie myocardique ou de l’infarctus du myocarde Douleur centrale ou sous-sternale, douleur abdominale haute ou douleur épigastrique Douleur irradiante au cou, à la mâchoire, aux épaules, au dos ou à un bras ou aux deux Sensation de pression, d’écrasement, de serrement, de lourdeur, de crampe, de brûlure, d’endolorissement Sensation et douleurs accompagnées d’indigestion, de nausées, de vomissements et d’éructations Instabilité hémodynamique ou électrique • • • • • Autres symptômes qui peuvent être associés ou prédominants* Essoufflements Faiblesse Diaphorèse Sensation de tête légère Nausées • • • • • 9 Symptômes d’instabilité Angine évolutive (c.-à-d. nouvelle crise d’angine avec symptômes évolutifs ou exacerbation d’une angine préexistante s’accompagnant de douleurs plus fréquentes, graves ou prolongées survenant à un seuil d’effort plus faible ou au repos) Douleurs thoraciques prolongées (durée ≥ 20 min), souvent associées à une nécrose myocardique • • * En particulier, chez les personnes âgées, les femmes et les diabétiques Le médecin traitant doit poser un diagnostic provisoire rapide fondé sur les données initiales disponibles : symptômes, signes physiques, antécédents médicaux, caractéristiques démographiques, ECG et biomarqueurs. Si la probabilité d’un SCA est faible, le médecin doit envisager les autres diagnostics possibles. Si l’ECG initial ne permet pas de poser un diagnostic, mais que le patient continue de manifester des symptômes et qu’un doute sérieux de SCA persiste, on doit effectuer un ECG en continu ou en série (initialement, à des intervalles de 15 à 30 minutes) afin de déceler l’apparition d’un sus-décalage ou d’un sous-décalage du segment ST. Il peut aussi être judicieux d’obtenir des dérivations postérieures additionnelles (V7-V9) pour écarter la possibilité d’une oblitération de la branche circonflexe de l’artère coronaire gauche. On devrait déterminer les taux de troponine chez tous les patients. Avec l’avènement de la nouvelle génération de dosages, un taux élevé de troponine peut être décelé de 2 à 4 heures Elsevier – Guide clinique ÉVALUATION ET DIAGNOSTIC INITIAUX seulement après l’apparition des symptômes. Encore aujourd’hui, bon nombre d’élévations des taux ne sont observées que de 6 à 8 heures après l’apparition des symptômes. Grâce à un dosage fiable de la troponine (< 10 % de variabilité au 99e percentile de la valeur de référence supérieure observée dans une population normale), une seule détermination du taux peut se révéler suffisante pour poser un diagnostic de nécrose myocardique, ce qui permet d’éviter de recourir à d’autres tests moins spécifiques tels que celui de la myoglobine10. Le dosage de la CK-MB est indiqué seulement pour diagnostiquer un IM récurrent ou lié à une intervention. Si la première mesure de la troponine est négative ou très peu élevée, le dosage doit être répété au moins 6 heures plus tard. Si le résultat du dosage initial est positif, il est utile de répéter la mesure 2 ou 3 fois pour confirmer que la cinétique plasmatique est conforme au diagnostic d’IM et pour fournir des renseignements sur l’étendue de l’infarctus2. Une élévation ou une baisse du taux de troponine est associée à un risque accru d’événements ischémiques récurrents et d’événements mortels et constitue un outil important pour la stratification du risque chez les patients atteints d’un SCA NSTE. 10 Les dosages de troponine ultrasensibles améliorent la détection de la troponine et des IM, mais augmentent également la possibilité de déceler des causes de nécrose des cellules myocardiques non liées à un SCA (c.-à-d. un dosage ayant une sensibilité élevée, mais une spécificité plus faible). Des taux élevés de troponine peuvent être présents dans de nombreuses affections cardiaques et non cardiaques, notamment dans les cas d’embolie pulmonaire, d’insuffisance cardiaque ou rénale, de péricardite, d’hémorragie sous-arachnoïdienne ou de choc septique; de même, on peut noter une élévation de la troponine à la suite de certaines interventions telles que l’angioplastie, la chirurgie ou la chimiothérapie. Le diagnostic d’un IM (de type 1) doit être posé en tenant compte des critères diagnostiques universels présentés au tableau 1. Ces critères comprennent les observations cliniques et les résultats d’ECG et d’imagerie. Étant donné qu’on peut déceler des taux très faibles de troponine après un épisode d’ischémie myocardique induite par l’effort, on ignore à quel moment l’élévation du taux de troponine déterminée par un dosage ultrasensible indique un IM ou dicte une stratégie de prise en charge plus énergique. Dans tous les cas, quelle que soit la cause sous-jacente, les patients présentant une élévation de troponine sont exposés à un risque accru d’événements ischémiques récurrents10. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens Section heading PRÉCOCE DU RISQUE STRATIFICATION POINTS CLÉS • L a stratification précoce du risque vise à déterminer chez un patient le risque d’événements ischémiques coronariens récurrents et le risque d’hémorragie consécutive à un traitement antithrombotique ou à des interventions. • L a détermination du risque est particulièrement importante chez les patients atteints d’un SCA NSTE étant donné qu’une stratégie effractive précoce et certains médicaments se sont révélés utiles uniquement chez les patients à risque plus élevé et que les hémorragies peuvent entraîner des complications ischémiques graves, voire la mort. • P our les patients chez lesquels le risque d’ischémie ou de saignements est incertain lors de l’évaluation clinique ou des épreuves de laboratoire initiales, il est possible de préciser davantage le risque par la détermination des scores de risque et d’autres méthodes d’investigation. • L es facteurs de risque hémorragiques et ischémiques se chevauchent considérablement. • L’évaluation du risque basée sur l’évaluation clinique et les résultats des investigations 11 est un processus continu au cours de la période d’hospitalisation. Une stratification précoce du risque s’impose chez les patients qui éprouvent un inconfort thoracique ou d’autres symptômes suggérant une ischémie coronarienne, et ce, afin de déterminer leur risque de subir d’autres événements CV et leur risque de saignements résultant du traitement proposé. Cette étape est essentielle à la sélection d’une stratégie de traitement optimale en vue de maximiser les bienfaits et de minimiser les risques. Cette étape est particulièrement importante pour le SCA NSTE parce qu’il existe plusieurs options thérapeutiques et que les stratégies individuelles ne sont pas aussi bien définies que pour le STEMI. Certains traitements se sont révélés plus utiles chez les patients à risque plus élevé. Par conséquent, selon le risque établi, les médecins doivent choisir entre une stratégie de prise en charge prudente ou plus énergique, de même qu’entre les divers agents antithrombotiques et antiplaquettaires maintenant offerts. L’évaluation initiale du risque sert habituellement à déterminer quels patients bénéficieront d’un cathétérisme cardiaque précoce et d’un traitement antithrombotique intensif. Les patients présentant une élévation des taux de troponine ou des modifications du segment ST ou de l’onde T ne tireront pas tous des bienfaits d’une approche effractive précoce. Dans un même ordre d’idées, les patients n’ayant aucune de ces caractéristiques ne seront pas nécessairement à faible risque. Plusieurs outils aident à préciser le risque, notamment les scores de risque, des biomarqueurs autres que la troponine et les technologies d’imagerie permettant d’évaluer la fonction du VG ainsi que la présence et la gravité de l’ischémie. Elsevier – Guide clinique STRATIFICATION PRÉCOCE DU RISQUE Principes directeurs L’évaluation initiale du risque doit prendre en compte les antécédents du patient, son évaluation clinique (tableau 4), le résultat de son ECG, la manifestation d’une ischémie récurrente (douleurs thoraciques avec modifications de l’ECG ou ischémie silencieuse) et la présence de taux élevés de troponine. Les caractéristiques du SCA décelées lors de l’examen initial, ou encore celles qui apparaissent tôt, indiquent un risque plus élevé de mortalité précoce ou d’événements ischémiques récurrents, y compris un nouvel infarctus. Les caractéristiques de base telles qu’un âge avancé, la présence de diabète ou de néphropathie chronique (mesurée par la ClCr ou le TFGe), une coronaropathie ou un dysfonctionnement VG connu augmenteront également le risque d’événements ischémiques futurs. Néanmoins, la présence d’une seule caractéristique confirmant un SCA (sous-décalage du segment ST ou hausse du taux de troponine) ne confère pas nécessairement un statut de risque élevé au patient. Toutefois, les essais cliniques comparant une stratégie effractive précoce à une stratégie sélectivement effractive ont démontré un effet bénéfique lié à une stratégie effractive précoce chez les patients présentant de telles caractéristiques. 12 Une approche globale de stratification du risque peut être employée chez les patients jugés à risque intermédiaire ou chez lesquels la stratification initiale n’est pas satisfaisante. La détermination des scores de risque est très utile. L’évaluation de la fonction du VG, principalement par la mesure de la fraction d’éjection et une épreuve d’effort, est recommandée chez les patients destinés à une stratégie de prise en charge sélectivement effractive (voir la section suivante). En outre, le rôle des examens d’imagerie évolue et de nouvelles méthodes permettent une évaluation à la fois anatomique et fonctionnelle. Tableau 4. Caractéristiques de risque élevé de SCA Profil et antécédents Âge avancé IM antérieur Plusieurs épisodes de douleurs thoraciques ou de symptômes ischémiques équivalents Insuffisance cardiaque, hypotension et tachycardie associées Ischémie réfractaire avec modifications de l’ECG malgré le traitement Comorbidités (néphropathie chronique, diabète) ECG Sous-décalage du segment ST > 0,5 mm (en l’absence d’autres causes telles que l’HVG ou le BBG) Résultat dépendant de l’ampleur du sous-décalage du segment ST Inversion de l’onde T > 2 mm pour plusieurs dérivations précordiales BBG d’apparition récente Tachycardie ventriculaire soutenue • Suite à la page 13 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens STRATIFICATION PRÉCOCE DU RISQUE ... suite Biomarqueur Troponine > 99e percentile de la valeur de référence Mortalité associée à des taux plus élevés Ischémie récurrente ou IM récurrent plus probable avec des taux faibles plutôt qu’élevés • • BBG = bloc de branche gauche; ECG = électrocardiographie; HVG = hypertrophie ventriculaire gauche; IM = infarctus du myocarde; SCA = syndrome coronarien aigu Scores de risque : pour qui, pourquoi, quand et comment La détermination des scores de risque ne vise pas à aider à poser le diagnostic de SCA chez des patients présentant des douleurs thoraciques ou d’autres symptômes. Les scores de risque déterminés dans de vastes populations ayant reçu un diagnostic de SCA servent à repérer les sujets exposés à un risque élevé d’issue défavorable ou d’événement ischémique. Divers systèmes d’évaluation (tableau 5) peuvent être utilisés. Plusieurs de ces systèmes existent sous forme d’applications commodes pour les téléphones intelligents ou autres appareils portatifs. Les scores de risque TIMI11 ou GRACE12,13 sont ceux le plus souvent utilisés. Le score TIMI est dérivé des données de patients sélectionnés participant à des essais cliniques tandis que le score GRACE a été déterminé à partir d’un vaste registre international. Ce dernier est donc davantage représentatif de la population générale de patients atteints d’un SCA. Une récente étude menée chez des patients ayant un faible score de risque TIMI et ne présentant ni d’anomalies à l’ECG ni de taux élevés de troponine a laissé entendre que, pour cette population, une autre approche de détermination du score de risque pouvait être plus informative. On a observé que lorsqu’on allouait 1 point aux patients pour chaque caractéristique de risque présente (âge ≥ 67 ans, douleur thoracique ischémique typique, douleur à plus de 2 occasions au cours des 24 dernières heures et ICP antérieure) et 2 points pour la présence de diabète, les sujets obtenant un score total supérieur à 3 points présentaient un taux de décès ou d’IM après 1 an supérieur à 18 %14. 13 Tableau 5. Scores de risque Score de risque Critère Site Internet ou référence TIMI (AI/NSTEMI) www.mdcalc.com/timi-risk-scoreDécès de toutes causes, IM nouveau ou récurrent for-uanstemi ou ischémie récurrente grave nécessitant une revascularisation urgente TIMI (STEMI) Mortalité après 30 jours www.mdcalc.com/timi-risk-scorefor-stemi GRACE (tous les SCA) Décès de toutes causes ou nouvel IM www.outcomes-umassmed.org/ grace/acs_risk/acs_risk_content. html Suite à la page 14 Elsevier – Guide clinique STRATIFICATION PRÉCOCE DU RISQUE ... suite Score de Sanchis Risque élevé avec faible score TIMI Sanchis et al.14 Score de risque hémorragique CRUSADE Risque hémorragique faible à élevé www.crusadebleedingscore.org Score de risque hémorragique GRACE Risque hémorragique grave Moscucci et al.16 Score de risque hémorragique ACUITY/ HORIZONS-AMI Hémorragie grave dans les 30 jours Mehran et al.17 AI = angine instable; IM = infarctus du myocarde; NSTEMI = infarctus du myocarde sans sus-décalage du segment ST; SCA = syndrome coronarien aigu; STEMI = infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST Évaluation du risque hémorragique L’évaluation du risque d’hémorragie grave fait partie de l’évaluation initiale du patient. Les caractéristiques associées à un risque accru d’hémorragie grave sont indiquées au tableau 6, les plus importantes étant les antécédents d’hémorragie, le dysfonctionnement rénal, l’âge, l’anémie et le faible poids corporel. 14 Un score de risque hémorragique peut contribuer à reconnaître les patients présentant un risque élevé d’hémorragie grave. Un exemple tiré de l’essai CRUSADE15 catégorise le risque en se basant sur 8 facteurs (hématocrite, ClCr, fréquence cardiaque, TA systolique, sexe, signes d’insuffisance cardiaque, maladie vasculaire antérieure, diabète). Ensemble, ces facteurs fournissent un spectre de risque d’hémorragie allant de très faible (3,1 %) à très élevé (19,5 %). Ce score a été validé chez 25 000 patients atteints d’un SCA. Il est important de mentionner que l’établissement du score ne tenait pas compte des hémorragies antérieures comme facteur de risque, car ce renseignement n’était pas connu des chercheurs. Les autres scores de risque hémorragique ont été déterminés à partir du registre GRACE et des données des essais ACUITY et HORIZONS-AMI16,17. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens STRATIFICATION PRÉCOCE DU RISQUE Tableau 6. Caractéristiques cliniques associées à un risque hémorragique accru Facteurs liés au patient Facteurs liés à la prise en charge Âge avancé Sexe féminin Faible poids corporel Antécédents d’hémorragie (p. ex., GI, intracérébrale) Hypertension Diabète Signes d’insuffisance cardiaque Instabilité hémodynamique Risque accru d’événements ischémiques ou maladie vasculaire antérieure Néphropathie chronique (ClCr < 60 ml/min) Anémie IM vs AI Usage d’héparine + inhibiteur de la GP IIb/IIIa vs héparine seule Cathétérisme cardiaque ou ICP dans les 24 h suivant l’admission Point d’accès fémoral (vs point d’accès par l’artère radiale) Dose excessive d’antiplaquettaires ou d’antithrombotiques (p. ex., posologie non ajustée pour tenir compte d’un TFGe réduit) AI = angine instable; ClCr = clairance de la créatinine; GI = gastro-intestinal; GP = glycoprotéine; ICP = intervention coronarienne percutanée; IM = infarctus du myocarde; TFGe = taux de filtration glomérulaire estimé 15 De nombreuses études ont montré que les hémorragies et leurs complications sont associées à un pronostic cardiaque sombre. Dans le registre canadien sur le SCA, les patients ayant subi une hémorragie grave présentaient un taux de mortalité tardive et précoce ainsi qu’un taux de récidive d’infarctus de 5 à 8 fois plus élevé. Les AVC précoces étaient également plus fréquents18 chez ces patients. Les mécanismes précis de l’impact négatif des hémorragies sur les événements ischémiques sont inconnus, mais pourraient être liés à des perturbations hémodynamiques, une hypotension, une anémie, un arrêt prématuré du traitement antithrombotique ainsi qu’à l’état inflammatoire et préthrombotique créé par une transfusion sanguine. Évaluation continue du risque L’évaluation du risque est un processus continu. L’état du patient doit être réévalué plusieurs fois au cours des 24 heures suivant son admission. Les caractéristiques cliniques à évaluer comprennent les signes et symptômes d’ischémie récurrente et d’insuffisance cardiaque et la présence d’une instabilité hémodynamique ou d’arythmies potentiellement mortelles. On doit également surveiller les taux d’hémoglobine et d’électrolytes ainsi que la fonction rénale. Un ECG doit être réalisé toutes les 15 à 30 minutes tant que les symptômes persistent. Des modifications transitoires et évolutives du segment ST et de l’onde T peuvent contribuer à confirmer le risque élevé auquel le patient est exposé. Chez les patients qui ne présentent aucune caractéristique de risque élevé (taux de troponine inférieur au seuil de référence et résultats d’ECG ne permettant pas d’établir un diagnostic), l’ECG et le dosage de la troponine doivent être répétés au bout de 6 à 8 heures. La normalisation de l’ECG ne signifie pas que le risque du patient a diminué. En fait, le niveau de risque d’un patient ne doit jamais être jugé inférieur à celui qui a été établi lors d’une évaluation précédente. Elsevier – Guide clinique STRATIFICATION PRÉCOCE DU RISQUE Par contre, le risque hémorragique peut changer au fil du temps, nécessitant un ajustement approprié du traitement (particulièrement en présence d’insuffisance rénale). En cas d’hémorragie, il faut réagir rapidement pour éviter une hémorragie grave ayant des conséquences catastrophiques. Stratification du risque en l’absence de cathétérisme cardiaque 16 Une épreuve d’effort non effractive est recommandée chez les patients qui ne présentent pas de caractéristique de risque élevé ni d’ischémie au repos ou lors d’une activité de faible intensité, et qui n’ont pas éprouvé d’insuffisance cardiaque pendant 8 à 12 heures au minimum. Le choix d’une épreuve d’effort (p. ex., tapis roulant vs traitement pharmacologique avec ou sans imagerie) doit tenir compte des antécédents cliniques, de l’ECG au repos, de la capacité du patient à faire de l’exercice et de la disponibilité de l’équipement et du personnel qualifié. L’exercice est à privilégier, car la capacité d’effort fournit des renseignements importants sur le pronostic au-delà du sous-décalage du segment ST. La technologie d’imagerie pour déterminer la perfusion ou la fonction régionale doit être ajoutée lorsque l’ECG est influencé par des modifications du segment ST et de l’onde T au repos en relation avec un bloc de branche, une HVG, un rythme cardiaque imposé ou une préexcitation. L’imagerie peut également être nécessaire pour rehausser la sensibilité de l’analyse (en particulier chez les patients présentant un risque élevé de SCA). L’épreuve d’effort peut être réalisée dans un service de consultations externes si le patient présente un faible risque de SCA. Toutefois, une pharmacothérapie préventive (p. ex., AAS, NTG par voie sublinguale ou bêtabloquant) doit être poursuivie en attendant qu’un diagnostic soit posé. Si les résultats montrent une fraction d’éjection réduite (≤ 40 %), une ischémie inductible importante ou d’autres caractéristiques de risque élevé (p. ex., chute de la TA à l’effort, absorption pulmonaire lors de l’imagerie de perfusion nucléaire), le patient doit subir une angiographie sans tarder. Une échocardiographie ou une scintigraphie peuvent être utilisées pour évaluer la fonction du VG. Perspective canadienne Conscient de la complexité de la stratification du risque, un groupe de cardiologues de Toronto a publié un algorithme simplifié de la prise en charge des patients atteints d’un SCA NSTE (figure 2)19. L’objectif était de s’assurer que tous les patients potentiellement à risque élevé soient repérés, orientés et traités de façon appropriée. En revanche, les patients qui ne présentent aucune caractéristique de risque élevé sont observés et pris en charge de façon prudente à moins que des indicateurs de risque élevé n’apparaissent. Les scores de risque TIMI ou GRACE déterminés chez les patients dont le risque n’avait pas été initialement déterminé peuvent aider à orienter la prise en charge, particulièrement lorsqu’il s’agit d’évaluer le besoin de recourir à une angiographie coronarienne. Le score GRACE a été validé auprès d’une population canadienne de 12 242 patients atteints d’un SCA et a montré une excellente détermination de la mortalité chez les patients hospitalisés20. Les chercheurs canadiens ont joué un rôle déterminant dans la définition de l’importance des hémorragies pour l’établissement du pronostic du SCA. Les chercheurs de l’essai OASIS-5 ont remis en question la pratique en cardiologie en fournissant des preuves uniques et convaincantes que les hémorragies étaient associées à des événements ischémiques excessifs, y compris la mort, et qu’il était possible de prévenir ces événements21. Les résultats de ces chercheurs ont entraîné un changement majeur des perceptions et de l’approche. Les Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens STRATIFICATION PRÉCOCE DU RISQUE Canadiens ont également fait figure de pionniers dans la mise au point et la promotion de la stratégie utilisant l’artère radiale lors de l’angiographie coronarienne. Cette nouvelle approche permet de minimiser les saignements22-24. Figure 2. Algorithme de la prise en charge d’un SCA NSTE SCA probable SCA possible Stratification du risque Risque élevé en présence ≥ 1 des facteurs suivants : À l’ECG Sous-décalage du segment ST > 0,5-1 mm Sus-décalage transitoire du segment ST Inversion symétrique prononcée de l’onde T Taux de troponine C > taux de référence SCA NSTE instable Insuffisance cardiaque Hypotension Ischémie réfractaire avec modifications de l’ECG Risque élevé d’échec du traitement prudent Les patients tirent surtout des bienfaits * d’une stratégie effractive précoce * d’un traitement antithrombotique plus énergique Risque indéterminé Observer pendant au moins 8-12 h Aucune caractéristique de risque élevé ECG à l’effort/scintigraphie de perfusion Aucune caractéristique de risque élevé 17 Faible risque Fitchett et al.19 ECG = électrocardiographie; SCA NSTE = syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment ST Elsevier – Guide clinique SectionD’UNE CHOIX heading DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE POINTS CLÉS • Dans les cas de STEMI, une ICP primaire est en général la stratégie privilégiée. Toutefois, dans les régions éloignées ou lorsqu’il est impossible de transférer le patient vers un hôpital où une ICP peut être pratiquée en moins de 90 minutes suivant le contact initial, la plupart des patients tireront vraisemblablement plus de bienfaits d’une fibrinolyse immédiate que d’une ICP retardée. Il est recommandé de réaliser une angiographie coronarienne de routine après la fibrinolyse, de préférence dans les 24 heures qui suivent. • Chez les patients atteints d’un SCA NSTE, le choix d’une stratégie de prise en charge précoce effractive ou sélectivement effractive doit reposer sur le risque global et le profil complet des risques et des bienfaits. • Les lignes directrices actuelles recommandent une stratégie effractive précoce chez tout patient (homme ou femme) présentant une angine réfractaire, une instabilité hémodynamique/électrique ou un risque élevé d’événements cliniques/hémorragiques. Ce sont ces patients qui bénéficient le plus d’une angiographie coronarienne et d’une revascularisation précoces. • Les patients présentant un faible risque ne bénéficient généralement pas d’une stratégie 19 effractive précoce. • Le moment de procéder à l’angiographie chez un patient donné doit être adapté en fonction du niveau de risque : une intervention urgente chez les patients présentant une instabilité clinique; une intervention rapide (en moins de 24 heures) chez ceux présentant un risque élevé; une intervention dans les 48 à 72 heures chez les autres patients nécessitant une prise en charge effractive précoce ou sélectivement effractive. • Les patients présentant des comorbidités (diabète, néphropathie chronique) et des critères de risque élevé peuvent tirer davantage de bienfaits des stratégies de prise en charge effractive. Reperfusion dans les cas de STEMI Chez les patients atteints d’un SCA et présentant un sus-décalage du segment ST à l’ECG, une reperfusion immédiate par une fibrinolyse ou une ICP primaire permet de sauver des vies et de réduire la morbidité. Les objectifs du traitement de reperfusion sont les suivants : • R apidité d’exécution. Pratiquer l’intervention dans les délais recommandés (pour la fibrinolyse, laps de temps écoulé inférieur à 30 minutes entre l’arrivée du patient et l’insertion de l’aiguille; pour l’ICP primaire, laps de temps écoulé inférieur à 90 minutes entre l’arrivée du patient et l’expansion du ballonnet). Lors d’une récente étude canadienne, on a déterminé que, dans le cas où on ne réussissait pas à atteindre ces objectifs, le taux de mortalité augmentait de plus du double25. Les efforts de la collectivité pour réduire la durée totale de l’ischémie doivent englober la détection du STEMI avant l’arrivée à l’hôpital et l’envoi des ambulances vers des centres dotés des installations nécessaires à la réalisation d’une ICP primaire. Elsevier – Guide clinique CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE • A ccessibilité accrue à la reperfusion. S’assurer que tous les patients admissibles ont accès à la reperfusion. Selon les données de 2006, plus de 25 % des patients admissibles ne recevaient pas un traitement de reperfusion. Les patients âgés, les femmes, les patients dont l’arrivée à l’hôpital est retardée, les patients présentant des comorbidités telles qu’une insuffisance cardiaque, ceux ayant des antécédents d’IM ou ayant subi un PAC et les diabétiques sont les plus susceptibles de faire partie de cette catégorie. Toutefois, de récentes études indiquent que la reperfusion peut être réalisée chez plus de 90 % des patients26,27, et que les sujets présentant plusieurs comorbidités peuvent en tirer le plus de bienfaits absolus28,29. Lorsqu’elle est réalisée en un laps de temps minimal, l’ICP primaire entraîne de meilleurs résultats que la fibrinolyse. Par conséquent, c’est généralement la stratégie à privilégier. Pour s’assurer de réaliser une ICP en temps opportun, on doit établir des liens entre les premiers répondants, les hôpitaux communautaires et les centres où sont pratiquées les ICP, ce qui permet d’accélérer le transfert direct du patient à une salle de cathétérisme cardiaque ayant été prévenue. Chez les patients qui se présentent dans l’heure suivant l’apparition des symptômes, tout retard de la reperfusion est associé à une augmentation de la mortalité. Au cours de cette « heure critique », une thrombolyse immédiate peut être préférable à une ICP primaire pratiquée plus de 1 heure après l’admission du patient. 20 Toutefois, la réalité au Canada est que l’ICP n’est pas toujours facilement accessible dans les délais recommandés. Dans les régions plus éloignées du pays ou lorsque l’ICP ne peut être réalisée en moins de 90 minutes, la plupart des patients, y compris ceux qui se présentent tardivement ou en choc imminent, sont plus susceptibles de tirer des bienfaits d’une fibrinolyse immédiate que d’une ICP retardée. Font exception les patients présentant un risque élevé d’hémorragie cérébrale induite par la fibrinolyse, cas où l’ICP est l’option à privilégier. Le tableau 7 résume les facteurs servant à la sélection d’une stratégie de reperfusion dans les cas de STEMI. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE Tableau 7. Facteurs à considérer lors de la sélection d’une stratégie de reperfusion dans les cas de STEMI* En général, privilégier la fibrinolyse dans les cas suivants : En général, privilégier une ICP primaire dans les cas suivants : L’ICP primaire ne constitue pas une option Patient inadmissible à un traitement fibrinolytique • S alle de cathétérisme occupée ou inaccessible • A ccès vasculaire difficile • A ccès impossible à un centre doté des installations et du personnel qualifié pour réaliser une ICP Laps de temps trop long avant de pouvoir pratiquer l’ICP primaire Temps de transport trop long Délai de plus de 90 min entre l’arrivée du patient et l’expansion du ballonnet • • Présentation rapide • ≤ 3 h depuis l’apparition des Protocole mis en place pour assurer un transfert rapide et fiable au centre disponible doté des installations et du personnel qualifié pour réaliser une ICP Risque élevé en raison de l’IM (p. ex., choc cardiogénique, risque élevé selon le score TIMI) Risque accru de saignements, particulièrement d’une hémorragie intracrânienne Présentation tardive (> 3 h depuis l’apparition des symptômes) 21 Diagnostic incertain symptômes et laps de temps trop long avant de pouvoir pratiquer une intervention effractive ICP = intervention coronarienne percutanée; IM = infarctus du myocarde; STEMI = IM avec sus-décalage du segment ST *Adaptation d’Antman EM et al. Circulation 2004;110:588-636 Perspective canadienne Un groupe de travail canadien a publié une perspective canadienne des lignes directrices de l’ACC/AHA pour la prise en charge du STEMI30. Un groupe de travail du Réseau québécois de cardiologie tertiaire a également émis des recommandations sur la prise en charge du STEMI spécifiquement adaptées à la pratique dans l’ensemble du Québec31 . Stratégie de prise en charge du SCA NSTE Les médecins qui traitent des patients atteints d’un SCA doivent rapidement choisir entre une approche effractive précoce ou une approche sélectivement effractive, car cette décision peut dicter le transfert du patient et influer sur le choix du traitement antithrombotique. Malgré des variations dans les critères d’admission et les options thérapeutiques spécifiques employées, un point commun se dégage des études récentes sur le SCA NSTE : les patients à risque élevé (troponine élevée, score de risque élevé) bénéficient d’une stratégie effractive précoce. Les études nous ont également permis de connaître précisément la pathologie coronaire : 20 % des patients atteints d’un SCA NSTE présentent des artères coronaires normales alors que 15 % Elsevier – Guide clinique CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE d’entre eux présentent une atteinte importante de l’artère coronaire gauche principale. Une méta-analyse32 récente a révélé qu’une stratégie effractive conduisait à : Une réduction significative de 25 % du taux de mortalité pendant une période de suivi moyenne de 2 ans; Une réduction de 18 % du nombre d’IM non mortels pendant la période de suivi chez les patients qui recevaient systématiquement un traitement effractif par rapport aux patients soumis à une stratégie sélectivement effractive; Une réduction de 31 % de l’angine instable récurrente exigeant une réhospitalisation. • • • Une autre méta-analyse a établi qu’une stratégie effractive précoce chez les patients à risque élevé réduisait de 11 % le risque absolu de décès ou d’IM après 5 ans33. Une stratégie effractive précoce est généralement privilégiée chez les patients présentant un premier épisode de SCA, chez ceux ayant déjà subi un PAC ou une ICP, ainsi qu’en présence de caractéristiques ou de comorbidités associées à un risque élevé comme l’âge avancé, le diabète ou la néphropathie chronique. 22 Une stratégie sélectivement effractive demande une prise en charge médicale initiale, alors que les résultats des examens suivants (p. ex., épreuve à l’effort, imagerie, échocardiographie) peuvent dicter une démarche effractive (figure 3). Les examens viseront à détecter un dysfonctionnement du VG, une coronaropathie étendue ou une obstruction importante de l’artère coronaire gauche principale ou du segment proximal de l’artère interventriculaire antérieure. Les lignes directrices de l’ACC/AHA recommandent une stratégie de prise en charge sélectivement effractive chez certains patients exposés à un risque plus élevé dont l’état a pu être stabilisé au départ par un traitement médical, y compris les patients présentant des résultats positifs au dosage de la troponine. La stratégie effractive précoce ne profite pas aux patients à faible risque et pourrait au contraire leur nuire. Par exemple, les lignes directrices recommandent fortement une prise en charge médicale chez les femmes exposées à un faible risque à la suite des résultats des études FRISC-2 et RITA-3. Ces résultats ont montré que seuls les hommes tiraient des bienfaits d’une stratégie effractive précoce34,35. Lors de l’étude TACTICS-TIMI 1836, les femmes avaient tendance à obtenir de moins bons résultats et à accuser un risque plus élevé d’hémorragie lors d’une revascularisation précoce, tandis que les hommes étaient moins désavantagés, mais ne tiraient aucun avantage de cette stratégie. Entre ces groupes de patients chez lesquels une intervention s’impose, ou est au contraire contre-indiquée, se trouve une importante population de patients pour lesquels une intervention aura des résultats neutres. Des recommandations relatives au choix d’un traitement effractif précoce ou d’un traitement sélectivement effractif sont données au tableau 8. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE Tableau 8. Choix d’une stratégie effractive précoce ou sélectivement effractive dans le traitement du SCA NSTE Stratégie effractive précoce Stratégie sélectivement effractive Risque élevé d’événements ischémiques récurrents Sous-décalage du segment ST ≥ 1 mm à l’ECG Inversion prononcée de l’onde T en évolution à l’ECG Troponine élevée, avec hausse et baisse Ischémie réfractaire au traitement médical Aucune caractéristique de risque élevé Symptômes ischémiques typiques au repos Résultats négatifs au dosage de la troponine, mais : Score de risque GRACE/TIMI élevé Présence de diabète, d’une néphropathie chronique ou d’un PAC antérieur Risque ischémique élevé ou modéré jusqu’à présent Risque hémorragique élevé Risque élevé lié à l’intervention (p. ex., accès vasculaire, néphropathie induite par l’agent de contraste) Diagnostic incertain SCA possible chez les patients à risque élevé Femmes à risque faible ou modéré • • • • • • • • Comorbidité associée à un pronostic sombre à court terme 23 Coronaropathie confirmée ne se prêtant pas facilement à une revascularisation Préférence du patient ECG = électrocardiographie; PAC = pontage aortocoronarien; SCA NSTE = syndrome coronarien aigu sans sus-décalage du segment ST Elsevier – Guide clinique CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE Figure 3. Recommandations relatives à la prise en charge sélectivement effractive Caractéristiques du patient Caractéristiques de risque élevé Douleur récurrente et décalage du segment ST Élévation des taux de troponine Sous-décalage du segment ST Douleur ischémique typique au repos Mais sans caractéristique de risque élevé Pas d’autre douleur au repos pendant 24 h ● ● ● ● ● Échocardiographie FEVG < 40 % ● Épreuve d’effort Épreuve d’effort graduel ± imagerie Scintigraphie de perfusion Échocardiographie ● ● ● Instaurer ou poursuivre : AAS/clopidogrel ou AAS/ticagrélor HNF i.v./énoxaparine ou fondaparinux Denander une angiographie coronarienne ● ● ● Risque élevé d’après l’épreuve d’effort Seuil ischémique bas Baisse de la TA Arythmie ventriculaire ● ● ● Faible risque d’après l’épreuve d’effort Sortie de l’hôpital et traitement par l’AAS une statine un bêtabloquant un IECA ou un BRA ● ● ● 24 ● AAS = acide acétylsalicylique; BRA = bloqueur des récepteurs de l’angiotensine; FEVG = fraction d’éjection du ventricule gauche; HNF = héparine non fractionnée; IECA = inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine; i.v. = par voie intraveineuse; TA = tension artérielle Principes directeurs De façon générale, l’investigation et le traitement, effractif ou non, d’un SCA doivent être effectués en 48 à 72 heures. Le laps de temps écoulé avant le cathétérisme en cas d’AI/NSTEMI n’est pas aussi crucial que pour un STEMI. La plupart des patients ne retirent aucun bienfait d’une prise en charge effractive précoce ou immédiate par rapport à une intervention effectuée dans les 24 à 48 heures suivant l’admission. L’essai TIMACS a révélé qu’une intervention précoce (< 24 h vs > 36 h) n’apportait aucun bienfait global, sauf chez un sous-groupe de patients présentant un score GRACE élevé pour lesquels une ischémie récurrente constituait le principal événement évité37. De même, aucun avantage n’a été associé à la stratégie de prise en charge précoce dans l’essai ABOARD ayant comparé les interventions immédiates aux interventions le jour suivant chez les patients présentant un score TIMI élevé38. Le tableau 9 illustre les liens entre la stratification du risque hémorragique et ischémique dans le choix des stratégies de prise en charge des patients atteints d’un SCA NSTE. Pour plus d’information sur les agents antithrombotiques associés à chaque stratégie, reportez-vous à la section suivante. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE Tableau 9. Prise en charge suggérée en fonction du risque ischémique et hémorragique Risque ischémique faible Risque ischémique élevé Risque hémorragique faible Stratégie sélectivement effractive AAS ± clopidogrel ou ticagrélor HNF pendant quelques heures, ou énoxaparine ou fondaparinux jusqu’à la sortie de l’hôpital Artère radiale privilégiée Stratégie effractive précoce privilégiée AAS + clopidogrel (administration de prasugrel si le patient a subi un cathétérisme précoce planifié et s’il n’a jamais reçu de clopidogrel) HNF GP IIb/IIIa en salle de cathétérisme au besoin Risque hémorragique élevé Stratégie sélectivement effractive AAS + clopidogrel ou ticagrélor Fondaparinux ou HNF Artère radiale privilégiée IPP* Stratégie effractive précoce AAS + clopidogrel ou ticagrélor HNF ou fondaparinux (bivalirudine si le cathétérisme est effectué sans tarder) Approche utilisant l’artère radiale IPP* * Voir pages 37 et 38 AAS = acide acétylsalicylique; GP = glycoprotéine; HNF = héparine non fractionnée; IPP = inhibiteur de la pompe à protons 25 Populations particulières Bien que la stratification traditionnelle du risque se fonde essentiellement sur les marqueurs d’ischémie, il est maintenant reconnu que les facteurs métaboliques induisant un état inflammatoire ou prothrombotique doivent également être pris en compte. Parmi ceuxci, notons le diabète, le syndrome métabolique, la maladie polyvasculaire, la néphropathie chronique et les syndromes inflammatoires généralisés comme la polyarthrite rhumatoïde. Le traitement administré aux patients atteints de ces troubles, ainsi qu’aux patients plus âgés, est souvent prudent ou moins énergique que le traitement administré aux autres patients39. L’une des raisons couramment invoquées est la crainte de complications chez les patients malades ou dont la santé est fragile. Diabète. Chez les patients diabétiques, le risque de mortalité à l’hôpital et après 1 an et le risque d’événements ischémiques récurrents est de 25 à 50 % plus élevé que chez les patients non diabétiques39-41. Les résultats des études FRISC-234 et TACTICS-TIMI 1836 ont montré qu’une approche effractive précoce était plus bénéfique aux patients diabétiques qu’aux patients non diabétiques. Les inhibiteurs de la GP IIb/IIIa42, le prasugrel43 et le ticagrélor44 sont également associés à des bienfaits accrus. La maîtrise optimale de la glycémie pendant la phase aiguë d’un SCA prête encore à controverse. L’Association canadienne du diabète recommande, dans ses lignes directrices, une Elsevier – Guide clinique CHOIX D’UNE DÉMARCHE THÉRAPEUTIQUE insulinothérapie par voie intraveineuse chez les patients ayant subi un IM aigu dont la glycémie est > 12 mmol/l (que le diabète soit avéré ou non), et le maintien de la glycémie entre 7 et 10 mmol/l pendant au moins 24 heures45. Néphropathie chronique. Les résultats d’études de registres montrent que jusqu’à 15 % des patients hospitalisés en raison d’un SCA présentent une insuffisance rénale modérée ou grave46. Les patients atteints de néphropathie chronique obtiennent de moins bons résultats à l’hôpital et à long terme que les patients sans atteinte rénale. Les effets sont liés à la gravité du dysfonctionnement rénal et sont particulièrement importants lorsque le TFGe est < 60 ml/min/1,73 m2. Les causes d’un pronostic sombre incluent l’arrivée tardive du patient à l’hôpital, l’âge plus avancé, une prévalence plus élevée de diabète et d’hypertension, le défaut d’avoir accès au traitement optimal ou aux tests recommandés et les complications liées au traitement, entre autres l’hémorragie. La néphropathie chronique augmente le risque hémorragique, et l’un des facteurs contributifs est le surdosage de médicaments tels que l’HBPM, la bivalirudine et les inhibiteurs de la GP IIb/IIIa. 26 Les patients atteints d’un SCA et d’un dysfonctionnement rénal bénéficient généralement d’une stratégie effractive précoce. Une étude a montré que les lésions induites par un agent de contraste n’avaient entraîné aucune détérioration à long terme de la fonction rénale alors que la reperfusion avait apporté des bienfaits. Une méta-analyse de 5 essais à répartition aléatoire, auxquels ont participé 1453 patients atteints d’un SCA et présentant un TFGe < 60 ml/min/1,73 m2, a révélé qu’une approche énergique avait entraîné une réduction des taux de mortalité après 1 an toutes causes confondues, d’IM non mortel et du critère composite comprenant décès et IM non mortel, ainsi qu’une réduction importante des taux de réhospitalisation comparativement à une approche prudente47. Des données tirées du registre national suédois SWEDEHEART ont montré qu’une stratégie effractive précoce avait réduit de façon significative le taux de mortalité chez les patients présentant un dysfonctionnement rénal modéré, mais qu’elle n’apportait aucun bienfait aux patients dialysés ou présentant une néphropathie chronique terminale48 . Les patients atteints de néphropathie chonique grave peuvent retirer moins de bienfaits en raison des risques concurrents. Perspective canadienne Le choix d’une démarche effractive précoce, lorsqu’elle est appropriée et basée sur l’évaluation du risque ischémique et hémorragique, doit être fait au cours des quelques heures suivant l’admission du patient, et les interventions appropriées doivent être effectuées sans tarder. Pour ce qui est de la pratique canadienne, l’angiographie est effectuée en l’espace de quelques heures chez les patients à risque très élevé dont l’instabilité clinique persiste, dans les 24 premières heures de travail chez les autres patients à risque élevé et dans les 2 à 3 jours de travail chez les patients à plus faible risque. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens Section heading TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS POINTS CLÉS • U n traitement anticoagulant et une bithérapie antiplaquettaire sont tous deux nécessaires afin de minimiser le risque d’événements ischémiques récurrents en présence d’un SCA. Plusieurs options permettent de personnaliser le traitement en tenant compte du risque auquel le patient est exposé et des bienfaits possibles. Choix d’un anticoagulant STEMI qui sera traité par ICP primaire : l’HNF est préférée; chez les patients présentant un risque hémorragique élevé, la bivalirudine peut être utilisée comme solution de rechange en salle de cathétérisme. STEMI traité par fibrinolyse : l’énoxaparine est préférable; en présence d’insuffisance rénale avérée modérée ou grave, l’HNF devrait être utilisée; le fondaparinux est une solution de rechange en cas de risque hémorragique excessif. NSTEMI, stratégie effractive initiale : utilisation d’HNF lorsqu’un cathétérisme précoce est probable (dans les 24 h); fondaparinux ou énoxaparine si le cathétérisme est reporté (fondaparinux surtout en présence de risque hémorragique accru). NSTEMI, stratégie sélectivement effractive : fondaparinux ou énoxaparine; le fondaparinux est préféré chez les patients présentant un risque hémorragique accru et une insuffisance rénale modérée. Insuffisance rénale modérée/grave : l’HNF est préférée; l’énoxaparine et la bivalirudine dictent un ajustement posologique; le fondaparinux est excrété par les reins, mais il est plus sûr que l’énoxaparine chez les patients dont le taux de créatinine est < 265 µmol/l ou dont la ClCr est > 30 ml/min. • • • • 27 • La cause la plus fréquente du SCA est la formation subite ou non d’un thrombus intravasculaire. La cause sous-jacente est une plaque athéroscléreuse inflammatoire caractérisée par un noyau lipidique épais et une fine chape fibreuse sujette aux ruptures ou aux fissures. Après stabilisation initiale, ce type de lésion peut se reproduire et entraîner une ischémie récurrente, un IM ou le décès. La dégradation complète de la plaque ou du thrombus nécessite des anticoagulants et des antiplaquettaires, un traitement antiplaquettaire énergique pendant au moins 1 an et des mesures de prévention secondaire à vie instaurées à l’hôpital. Elsevier – Guide clinique TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS Principes directeurs Les plus récentes lignes directrices émises pour le SCA incluent une importante modification aux recommandations relatives au traitement antithrombotique. Elles se sont progressivement éloignées des recommandations fondées sur des études comparatives consistant à administrer un seul médicament et penchent maintenant en faveur d’un traitement personnalisé qui tient compte de la stratégie thérapeutique, du moment de l’angiographie et du risque d’hémorragie ou de résultats indésirables. Le choix du traitement antithrombotique repose sur l’évaluation du risque ischémique et hémorragique et sur la sélection rapide de la stratégie effractive. Anticoagulants par voie parentérale dans le traitement du SCA L’HNF, l’énoxaparine, le fondaparinux et la bivalirudine sont les anticoagulants administrés par voie parentérale actuellement utilisés dans la prise en charge des patients atteints d’un SCA. Leurs caractéristiques pharmacologiques sont résumées au tableau 10. La bivalirudine, un inhibiteur direct de la thrombine, peut être utilisée dans les cas de STEMI ou de NSTEMI transférés rapidement au service d’angiographie coronarienne. Puisqu’à l’heure actuelle son utilisation n’est indiquée qu’en salle de cathétérisme, la bivalirudine ne sera pas étudiée en détail dans ce guide. Quant aux applications pratiques des autres anticoagulants, se reporter au tableau 11. 28 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS Tableau 10. Pharmacologie de certains anticoagulants administrés par voie parentérale Héparine non fractionnée HBPM (énoxaparine) Fondaparinux Mécanisme d’anticoagulation Inhibition égale du facteur Xa et de la thrombine Inhibition du facteur Xa principalement; moins grande inhibition de la thrombine Inhibition du facteur Xa seulement Réponse anticoagulante prévisible Faible Bonne Bonne Mesure de l’effet anticoagulant TCA Inhibition du facteur Xa Inhibition du facteur Xa Posologie habituelle Bolus i.v. de 60 U/kg, puis 12 U/kg/h, ajusté pour maintenir le TCA 1 mg/kg par voie s.c., 2 f.p.j. 2,5 mg/jour par voie s.c. Adaptation posologique en cas d’insuffisance rénale Pas nécessaire Peu de données corroborant l’innocuité, même d’une dose réduite, chez les patients présentant un TFGe < 30 ml/min; probablement contre-indiqué Aucun ajustement recommandé lorsque la créatinine est < 265 µmol/l; à éviter lorsque la ClCr est < 30 ml/min Antidote Protamine La protamine a un léger effet Produits sanguins Produits sanguins Facteur VIIa en cas d’hémorragie grave Thrombocytopénie N’est pas inhabituelle; les véritables TIH sont rares Moins fréquente qu’avec l’HNF Ne survient pas Utilisation au cours d’une ICP Anticoagulant standard Peut être utilisée seule; porter la dose d’énoxaparine i.v. au maximum si la dernière dose > 8 h L’HNF ou la bivalirudine doit aussi être administrée 29 ClCr = clairance de la créatinine; f.p.j. = fois par jour; HBPM = héparine de bas poids moléculaire; HNF = héparine non fractionnée; ICP = intervention coronarienne percutanée; i.v. = par voie intraveineuse; s.c. = sous-cutanée; TCA = temps de céphaline activée; TFGe = taux de filtration glomérulaire estimé; TIH = thrombocytopénie induite par l’héparine Elsevier – Guide clinique TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS Tableau 11. Applications cliniques des antithrombotiques HNF NSTEMI HBPM (énoxaparine) Fondaparinux Indiquée pour toutes les stratégies (effractive précoce ou patient amené immédiatement en salle de cathétérisme et stratégie sélectivement effractive) À envisager lorsque le délai pour la salle de cathétérisme est > 48 h ou pour une stratégie sélectivement effractive Indiqué pour toutes les stratégies, surtout chez les patients à risque hémorragique élevé, pour les stratégies précoces et sélectivement effractives En cas d’ICP, HNF en traitement d’appoint Thrombolyse Indiquée Posologie privilégiée < 75 ans : bolus i.v. de 30 mg ≥ 75 ans : pas de bolus i.v., puis 1 mg/kg s.c., 2 f.p.j. Maximum < 75 ans : 100 mg ≥ 75 ans : 75 mg À envisager chez les patients présentant des risques hémorragiques plus élevés ICP primaire Indiquée Énoxaparine i.v. 0,5 mg/kg À éviter; une dose complète d’HNF doit aussi être administrée STEMI 30 f.p.j. = fois par jour; HBPM = héparine de bas poids moléculaire; HNF = héparine non fractionnée; ICP = intervention coronarienne percutanée; i.v. = par voie intraveineuse; NSTEMI = infarctus du myocarde sans sus-décalage du segment ST; s.c. = par voie sous-cutanée; STEMI = infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST Essais cliniques sur des anticoagulants Les essais portant sur l’énoxaparine (HBPM) ont montré, de façon générale, sa supériorité par rapport à l’HNF. Lors d’une méta-analyse menée auprès de patients atteints d’un SCA, l’énoxaparine a réduit le RR de décès et d’IM d’environ 10 % de plus que l’HNF49. Lors de l’étude SYNERGY dans le cadre de laquelle des patients ont été soumis à une intervention coronarienne moins de 24 heures après l’instauration du traitement par l’énoxaparine, on n’a relevé aucun bienfait au-delà de ceux apportés par l’HNF50. Les taux d’hémorragies associés à l’énoxaparine sont aussi généralement un peu plus élevés que ceux de l’HNF, surtout en contexte de stratégie effractive précoce49. Dans la comparaison directe entre l’énoxaparine et le fondaparinux, c’est-à-dire l’essai OASIS-5, l’utilisation de l’un ou l’autre des agents a entraîné des résultats comparables en ce qui a trait au critère d’évaluation principal combinant décès, IM et ischémie réfractaire après 9 jours. Cependant, les taux d’hémorragies graves et potentiellement mortelles étaient 19 % moins élevés avec le fondaparinux (p < 0,001), et on a également observé une réduction significative des taux d’IM et de mortalité après 30 jours (17 %, p = 0,02) et 6 mois (11 %, p = 0,05). En fait, 95 % de la réduction du taux de mortalité après 30 jours et 1 an a été attribué aux plus faibles taux d’hémorragies constatés avec le fondaparinux. Il en a été de même dans le sous-groupe de patients soumis à une ICP chez lesquels on a observé un Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS taux 54 % moins élevé d’hémorragies graves avec le fondaparinux comparativement à l’énoxaparine (p < 0,0001). Dans cette étude, on a observé que le nombre de thrombus liés à la présence d’un cathéter avait tendance à être plus élevé avec le fondaparinux. Ce problème a apparemment été corrigé à la suite de la recommandation d’administrer un bolus d’HNF au moment du cathétérisme51. On a examiné, dans le cadre de l’essai FUTURA/OASIS-8, l’innocuité de l’HNF administrée aux patients soumis à une ICP auxquels on avait déjà administré du fondaparinux pour un SCA NSTE. L’étude a montré qu’une faible dose d’HNF, comparativement à une dose standard, n’avait pas réduit les saignements majeurs associés à l’ICP ni les complications liées au point d’accès vasculaire52. La bivalirudine, un inhibiteur direct de la thrombine, a fait l’objet d’études dans le traitement du STEMI et du NSTEMI. L’essai HORIZONS-AMI mené auprès de patients ayant subi un STEMI a montré que la bivalirudine était associée à une réduction des hémorragies et, malgré le taux excessif de thromboses précoces associées à la pose de l’endoprothèse, à une réduction de la mortalité à long terme53. Cependant, il n’est pas clair si la bivalirudine est appropriée comme seul anticoagulant chez les patients soumis à une ICP primaire n’ayant pas déjà reçu d’HNF. Lors de l’essai ACUITY, des résultats favorables pour le critère composite (en raison d’hémorragies réduites) ont été observés avec la bivalirudine seule, mais non avec la bivalirudine administrée en association avec un inhibiteur de la GP IIb/IIIa54. La bivalirudine n’est pas approuvée à l’heure actuelle dans le traitement du STEMI en raison de l’incertitude relative à sa non-infériorité par rapport à l’HNF ou à l’énoxaparine dans la réduction des événements ischémiques. 31 Perspective canadienne Les recherches effectuées par des chercheurs canadiens ont grandement contribué à l’introduction des anticoagulants dans la prise en charge du SCA. Les médecins de soins primaires et les urgentologues instaurent souvent le traitement antithrombotique au service des urgences en se fondant sur des protocoles normalisés. Ces protocoles facilitent une approche généralisée, mais ne favorisent pas la personnalisation du traitement antithrombotique. À mesure que de nouveaux médicaments font leur apparition, les algorithmes de traitement qui soupèsent le risque hémorragique et le risque ischémique devront être révisés. À l’heure actuelle, il semble approprié pour ces médecins de pouvoir choisir entre au moins deux anticoagulants différents, l’un étant l’HNF, l’autre l’énoxaparine ou le fondaparinux. Elsevier – Guide clinique TRAITEMENTS ANTICOAGULANTS 32 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENT ANTIPLAQUETTAIRE Section heading POINTS CLÉS • L’AAS (160-325 mg) doit être administré à tous les patients atteints d’un SCA dès le premier contact avec le personnel médical et doit être maintenu indéfiniment, à une faible dose quotidienne (81 mg). • STEMI, ICP primaire : Dès le premier contact avec le personnel médical, en plus de l’AAS, administrer l’une des options suivantes : • c lopidogrel à 600 mg suivi de 75 ou 150 mg pendant 1 semaine, puis de 75 mg 1 f.p.j. • ticagrélor à 180 mg suivi de 90 mg 2 f.p.j. (en association avec une faible dose d’AAS) • p rasugrel à 60 mg suivi de 10 mg 1 f.p.j. (voir la mise en garde ci-dessous) • S TEMI, fibrinolyse : Dès le premier contact avec le personnel médical : AAS à 160 mg + clopidogrel (300 mg chez les patients de 75 ans ou moins, 75 mg chez les patients plus âgés), puis 75 mg par jour • S CA NSTE : Dès le premier contact avec le personnel médical, en plus de l’AAS, 33 administrer l’une des options suivantes : • c lopidogrel à 600 mg, puis 150 mg par jour pendant 1 semaine, suivi de 75 mg par jour (chez les patients soumis à une ICP), ou clopidogrel à 300-600 mg, suivi de 75 mg par jour (chez les patients destinés à une stratégie de prise en charge sélectivement effractive) • ticagrélor à 180 mg suivi de 90 mg 2 f.p.j. (en association avec une faible dose d’AAS) • p rasugrel à 60 mg (suivi de 10 mg par jour) chez les patients soumis à une angiographie coronarienne et candidats à une ICP • Les antagonistes de la GP IIb/IIIa ne sont pas recommandés avant une angiographie ou chez les patients recevant un traitement médical, à moins que le clopidogrel ne soit pas administré, ou chez les patients dont l’état est très instable et pour lesquels une angiographie coronaire ne peut être effectuée rapidement; ils peuvent être utiles chez les patients atteints d’un SCA NSTE exposés à un risque élevé, particulièrement ceux soumis à une angiographie/ICP précoce. • La bithérapie antiplaquettaire doit être poursuivie pendant 12 mois chez les patients ne présentant pas un risque hémorragique élevé et porteurs d’une EMN ou d’une EEM. La bithérapie antiplaquettaire peut être prolongée chez certains patients ayant une EEM et étant exposés à un risque plus élevé. Une faible dose d’AAS (ou un inhibiteur du récepteur P2Y12 en monothérapie pour les patients qui ne peuvent prendre de l’AAS) doit être maintenue indéfiniment à moins de contre-indications. • La bithérapie antiplaquettaire augmente le risque hémorragique et doit être utilisée avec une extrême prudence chez les patients à risque élevé (c.-à-d. ceux ayant des antécédents récents ou non d’hémorragies GI ou recevant des anticoagulants oraux). Elsevier – Guide clinique TRAITEMENTS ANTIPLAQUETTAIRES • ATTENTION : Le prasugrel ne doit pas être administré à des patients qui ont reçu du clopidogrel. Le prasugrel est contre-indiqué chez les patients ayant déjà subi un AVC/AIT. Les patients dont le poids est inférieur à 60 kg ou étant âgés de 75 ans ou plus présentent un risque hémorragique accru; le prasugrel doit donc être administré avec prudence chez ces patients (le prasugrel n’entraîne pas de bienfait net comparativement au clopidogrel). Le ticagrélor doit être utilisé avec prudence chez les patients à risque de présenter des événements bradycardiques. L es antiplaquettaires actuels ciblent principalement la voie de la cyclo-oxygénase/ thromboxane (AAS), le récepteur P2Y12 de l’ADP (ticlopidine, clopidogrel, ticagrélor et prasugrel), la phosphodiestérase (dipyridamole et cilostazol) et le récepteur de la GP IIb/IIIa (abciximab, tirofiban, eptifibatide). 34 L’AAS a été instauré dans la prise en charge du SCA vers le milieu des années 1980, après plusieurs essais ayant montré une réduction de plus de 50 % des taux de décès ou d’IM avec ce traitement comparativement à un placebo. L’essai CURE a montré que l’association AAS et clopidogrel avait plus d’effets bénéfiques que l’AAS seul (figure 4)55. Les bienfaits de la bithérapie antiplaquettaire ont été observés dans les quelques heures suivant l’instauration du traitement et se sont maintenus tout au long du suivi d’une durée de 1 an. Une réduction du principal critère d’évaluation composite (décès d’origine CV, IM et AVC non mortels) de 20 % a été notée dans le groupe traité par le clopidogrel. Un nombre significativement plus important de patients sous clopidogrel ont subi des hémorragies graves (3,7 % vs 2,7 % de patients sous placebo, RR de 1,38, p = 0,001), mais on n’a observé aucun excès au chapitre des hémorragies potentiellement mortelles et des AVC hémorragiques. Le taux d’hémorragies graves était accru lorsque les patients subissaient un PAC dans les 5 jours suivant l’arrêt du clopidogrel (9,6 % vs 6,3 %, RR de 1,53; p = 0,06), ce qui n’était pas le cas quand le PAC était effectué plus de 5 jours après l’arrêt du médicament (4,4 % vs 5,3 %). L’essai CURE portait principalement sur la prise en charge médicale, mais une revascularisation a été effectuée durant la première hospitalisation chez 23 % des patients. Dans ce sous-groupe, l’emploi du clopidogrel a réduit le taux de survenue du critère d’évaluation composite comprenant le décès d’origine CV, l’IM et la revascularisation urgente du vaisseau cible. L’administration à long terme de clopidogrel (moyenne de 9 mois) après une ICP était associée à un plus faible taux de décès d’origine CV, d’IM ou de revascularisation de tous types (p = 0,03), et de décès d’origine CV ou d’IM (p = 0,047). Les bienfaits obtenus à la suite d’un PAC étaient du même ordre. Lors de l’essai CURRENT-OASIS 7, un nombre réduit d’événements CV (critère d’évaluation composite comprenant le décès d’origine CV, l’IM et l’AVC) et un taux réduit de thromboses de l’endoprothèse ont été observés dans un sous-groupe précis composé de patients présentant un SCA et devant subir une ICP qui avaient reçu une double dose d’attaque de clopidogrel (600 mg suivi de 150 mg par jour pendant 30 jours) comparativement à la dose habituelle de 300 mg suivi de 75 mg par jour55a. Le prasugrel, une autre thiénopyridine, inhibe de façon irréversible les récepteurs plaquettaires P2Y12. Étant donné que son métabolite actif est produit plus rapidement que celui du clopidogrel, l’inhibition plaquettaire est plus rapide, plus puissante et plus constante. Par ailleurs, le prasugrel n’est pas affecté par le polymorphisme génétique des enzymes CYP responsables de l’activation métabolique du clopidogrel56. Le délai avant l’atteinte de l’effet maximal du prasugrel est d’environ 1 heure et l’inhibition plaquettaire est irréversible. Lors de l’essai TRITON-TIMI 38 (figure 5)57, le prasugrel (dose de 60 mg administrée immédiatement avant une ICP, puis à raison de 10 mg/jour) a entraîné une protection Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENTS ANTIPLAQUETTAIRES supérieure à celle du clopidogrel contre les événements ischémiques récurrents et la thrombose de l’endoprothèse. Le prasugrel était associé à des taux d’hémorragies graves et potentiellement mortelles plus élevés (surtout chez les patients de moins de 60 kg ou de 75 ans ou plus), ainsi qu’à un excès de saignements intracrâniens mortels chez les patients ayant déjà subi un AVC/AIT. Le prasugrel est contre-indiqué chez les patients ayant déjà subi un AVC/AIT. Chez les patients de moins de 60 kg ou de 75 ans ou plus, le rapport risques/bienfaits est équivalent. Tout pontage doit être évité jusqu’à 8 jours après l’arrêt du médicament, à moins que l’état du patient ne soit instable. Le ticagrélor, qui ne fait pas partie de la classe des thiénopyridines, est un inhibiteur direct et réversible des récepteurs P2Y12 qui n’a pas besoin d’activation métabolique (c.-à-d. que le médicament a un effet direct). Comparativement au clopidogrel, son début d’action est plus rapide et il entraîne une plus forte inhibition plaquettaire. Son effet maximal est atteint en 2 heures comparativement à au moins 6 heures pour le clopidogrel. La demi-vie moyenne du ticagrélor est de 12 heures; il est donc administré 2 f.p.j. Les études sur l’agrégation plaquettaire portent à croire, toutefois, que la demi-vie effective est plus longue puisque l’inhibition plaquettaire est revenue à la normale 72 heures après l’arrêt du médicament, et qu’elle est demeurée plus élevée que celle du clopidogrel jusqu’à 48 heures après l’arrêt du médicament58. Dans le cadre de l’essai PLATO (figure 6)59, le ticagrélor (180 mg, puis 90 mg 2 f.p.j.), ou le clopidogrel (300-600 mg, puis 75 mg chaque jour), a été administré environ 4 heures avant une angiographie coronarienne (11 heures après l’apparition des symptômes et 4 heures après l’hospitalisation). Le ticagrélor a réduit de façon significative le taux d’événements ischémiques récurrents (critère d’évaluation composite comprenant le décès d’origine CV, l’IM et l’AVC) ainsi que la mortalité CV sans hausse du taux d’hémorragies graves selon le système de classification de l’essai PLATO. On a observé un excès d’hémorragies graves non liées à un PAC avec le ticagrélor, ainsi qu’une fréquence supérieure d’AVC hémorragiques mortels, alors que les hémorragies mortelles non intracrâniennes ont été plus fréquentes avec le clopidogrel. Les taux d’hémorragies mortelles ont donc été comparables dans les deux groupes de traitement. La dyspnée était plus fréquente dans le groupe recevant le ticagrélor (13,8 % vs 7,8 % pour le clopidogrel); peu de patients, toutefois, ont cessé de prendre le médicament à l’étude en raison d’une dyspnée (0,9 % vs 0,1 %). La dyspnée était passagère dans la plupart des cas et n’était associée à aucun changement indésirable de la fonction cardiaque ou pulmonaire. La surveillance continue de l’ECG exécutée pendant la première semaine (moyenne de 6 jours; n = 2866) et répétée à 30 jours (n = 1991) a révélé une incidence plus élevée de « pauses » ventriculaires supérieures à 3 secondes la première semaine, mais non après 30 jours, dans le groupe recevant le ticagrélor. Cependant, ces pauses étaient principalement sino-auriculaires (c.-à-d. associées à un dysfonctionnement du nœud sino-auriculaire) et rarement associées à des symptômes. Par ailleurs, les deux groupes de traitement ont obtenu des résultats comparables au chapitre de l’incidence d’événements indésirables liés à une bradycardie (p. ex., syncope, bloc cardiaque, pose d’un stimulateur cardiaque). On a observé une hausse légèrement plus élevée des taux de créatinine et d’acide urique pendant la période de traitement par le ticagrélor comparativement au clopidogrel, mais sans importance clinique apparente. 35 Le ticagrélor ne doit pas être administré aux patients atteints d’insuffisance rénale grave. Il doit également être administré avec prudence chez les patients présentant une bradyarythmie. Les inhibiteurs de la GP IIb/IIIa sont des médicaments uniques en ce sens qu’ils limitent la formation de caillots en bloquant la voie finale de l’agrégation plaquettaire. Les essais passés Elsevier – Guide clinique TRAITEMENTS ANTIPLAQUETTAIRES ont régulièrement montré que ces agents présentaient un avantage dans le traitement du SCA, surtout chez les patients diabétiques. Toutefois, chez les patients à faible risque (c.-à-d. sans élévation du taux de troponine), cet avantage était moins évident, car le risque hémorragique persistait. Des études récentes ont fourni davantage de renseignements sur l’emploi optimal des inhibiteurs de la GP IIb/IIIa dans le contexte d’un traitement par le clopidogrel60-63. L’essai EARLY ACS n’a pas démontré d’avantages à administrer en amont de l’eptifibatide au moins 12 heures avant l’angiographie, plutôt qu’un inhibiteur de la GP IIb/IIIa avant et après l’ICP. On a signalé plus d’hémorragies et un besoin accru de transfusions chez les patients qui avaient reçu le traitement préalable63. Les inhibiteurs de la GP IIb/IIIa doivent également être envisagés chez les patients qui présentent une ischémie persistante ou récurrente, ou chez ceux atteints d’insuffisance cardiaque, d’arythmie grave ou de choc cardiogénique devant subir une angiographie coronarienne. Figure 4. Essai CURE : Décès d’origine CV/IM/AVC après 12 mois 36 Taux de risque cumulatif 0,14 < 30 jours RRI de 0,79 IC à 95 %; 0,67-0,92 0,12 0,10 11,4 % Placebo + AAS 9,3 % Clopidogrel + AAS 0,08 0,06 De 1 jour à < 12 mois RRI de 0,80 IC à 95 %; 0,67-0,92 p = 0,001 0,04 0,02 0,0 0 3 6 9 Nombre de patients Placebo 6303 Clopidogrel 6259 12 Suivi (mois) 5778 5864 4660 4780 3599 3640 2378 2414 AAS = acide acétylsalicylique; AVC = accident vasculaire cérébral; CV = cardiovasculaire; IC = intervalle de confiance; IM = infarctus du myocarde; RRI = rapport de risques instantanés Adaptation de Yusuf et al.55 Figure 5. Essai TRITON-TIMI 38 : Décès d’origine CV/IM non mortels/AVC et hémorragies graves associés au prasugrel et au clopidogrel 15 Critère d’évaluation (%) Principal critère d’évaluation de l’efficacité Clopidogrel + AAS 10 12,1 9,9 Prasugrel + AAS RRI de 0,81 IC à 95 %; 0,73-0,90 p < 0,001 5 Principal critère d’évaluation de l’innocuité 0 Prasugrel + AAS Clopidogrel + AAS 2,4 1,8 RRI de 1,32 IC à 95 %; 1,03-1,68 p < 0,03 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360 390 420 450 Nombre de jours après la répartition aléatoire AAS = acide acétylsalicylique; AVC = accident vasculaire cérébral; CV = cardiovasculaire; IC = intervalle de confiance; IM = infarctus du myocarde; RRI = rapport de risques instantanés Wiviott et al.57 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENTS ANTIPLAQUETTAIRES Figure 6. Essai PLATO : Décès d’origine CV/IM/AVC associés au ticagrélor et au clopidogrel 12 Incidence cumulative 10 11,7 % Clopidogrel + AAS Principal critère d’évaluation de l’efficacité 9,8 % 8 Ticagrélor + AAS 6 4 RRI de 0,84 IC à 95 %; 0,77-0,92 p < 0,001 2 0 0 2 4 6 8 10 12 Suivi (mois) AAS = acide acétylsalicylique; AVC = accident vasculaire cérébral; CV = cardiovasculaire; IC = intervalle de confiance; IM = infarctus du myocarde; RRI = rapport de risques instantanés Wallentin et al.59 37 Thiénopyridines, polymorphismes et interactions médicamenteuses Un important problème résolu en partie seulement concernant le clopidogrel a trait à l’importante variabilité interindividuelle de l’inhibition de l’agrégation plaquettaire induite par l’ADP. La plupart des données portent à croire que les « mauvais répondeurs » (selon les résultats des évaluations de la fonction plaquettaire) auront davantage d’événements cliniques que ceux qui répondent bien au traitement. La détermination des polymorphismes du cytochrome P450 CYP2C19 pourrait aider à repérer les gènes de la perte de fonction associée à une inhibition réduite de l’agrégation plaquettaire et à un risque accru d’événements coronariens. Toutefois, un traitement plus énergique par des doses plus élevées de clopidogrel n’a pas amélioré le pronostic des patients qui n’avaient pas répondu au traitement64. C’est pourquoi ni l’ACC/AHA ni Santé Canada n’ont recommandé d’évaluation génétique ou d’évaluation de la fonction plaquettaire pour guider le traitement. De récentes publications sur les essais PLATO et CURE/ACTIVE font état de données contradictoires sur l’importance du rôle des gènes de la perte (ou du gain) de fonction dans les résultats à plus long terme65,66. Par ailleurs, l’arrivée des plus récents inhibiteurs plaquettaires (prasugrel et ticagrélor) associés à une réponse antiplaquettaire plus constante peut également limiter le besoin d’effectuer des analyses génétiques pour les décisions relatives à la prise en charge clinique. On peut s’attendre aussi à une certaine interaction entre les thiénopyridines et les autres médicaments qui altèrent la biotransformation du clopidogrel en son métabolite actif. On a montré, in vitro, que l’administration d’un IPP réduisait l’inhibition de l’agrégation plaquettaire Elsevier – Guide clinique TRAITEMENTS ANTIPLAQUETTAIRES induite par le clopidogrel67,68.. Une récente étude à répartition aléatoire n’a toutefois pas réussi à montrer que l’administration de l’IPP oméprazole entraînait un risque ischémique excessif, mais a révélé des hémorragies excessives avec le placebo69. Malgré une mise en garde de Santé Canada concernant les effets nocifs possibles de l’interaction clopidogrel-IPP66, un consensus prend forme sur le fait qu’il ne faut pas hésiter à prescrire un IPP (le pantoprazole étant peut-être un meilleur choix) aux patients qui reçoivent l’association AAS-thiénopyridine et qui ont des antécédents d’hémorragies ou bien qui présentent un risque d’hémorragies (voir le tableau 12 dans la prochaine section). Perspective canadienne Les recherches effectuées par des chercheurs canadiens ont grandement contribué à l’acquisition des connaissances actuelles et des meilleures pratiques en ce qui a trait aux traitements antiplaquettaires dans la prise en charge du SCA. Les nouvelles lignes directrices de la SCC relatives au traitement antiplaquettaire8 fourniront également un cadre pour assurer l’utilisation optimale des agents commercialisés après la sortie de l’hôpital, non seulement pour les patients ayant présenté un SCA (voir Annexe ll), mais aussi chez ceux qui ont besoin d’une cardioprotection en raison d’autres pathologies vasculaires. Les lignes directrices traitent également de problèmes connexes comme la prise en charge des hémorragies et des interactions médicamenteuses possibles. Le document intégral peut être consulté sur le site Web de la société au www.ccs.ca/consensus_conferences/cc_library_e.aspx. 38 La pratique canadienne respecte en général les lignes directrices publiées par l’ACC/AHA sur la prise en charge du SCA, même si l’utilisation de médicaments au Canada rejoint davantage les lignes directrices européennes, surtout en ce qui a trait aux antiplaquettaires. Ainsi, l’AAS à faible dose est favorisé après une ICP, et le clopidogrel est généralement utilisé en amont avant une angiographie, puis maintenu pendant 12 mois. Le ticagrélor a récemment été approuvé au Canada dans le traitement d’une vaste gamme de patients présentant un SCA pris en charge soit par un traitement médical, soit par une revascularisation par ICP ou PAC. Le choix d’un traitement en amont du SCA par le clopidogrel ou le ticagrélor dépend des bienfaits et des risques du traitement. L’issue thérapeutique du ticagrélor (notamment la réduction de la mortalité CV et totale) est supérieure à celle du clopidogrel, plus particulièrement chez les patients présentant un risque élevé. Toutefois, on signale plus d’hémorragies non liées à un PAC. Par conséquent, il faut prendre en compte les bienfaits absolus et les effets nocifs possibles de chaque agent et le choix du médicament doit être adapté au patient. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens PRISE EN CHARGE ET PRÉVENTION DES Section HÉMORRAGIES heading POINTS CLÉS • U n traitement anticoagulant énergique et une prise en charge effractive réduisent les complications ischémiques récurrentes chez les patients à risque élevé, mais augmentent le risque d’hémorragies mineures et graves. • L es hémorragies graves nécessitant une transfusion sont devenues la complication la plus fréquente du SCA. Elles sont associées à un risque 60 % plus élevé de mortalité à l’hôpital et à un risque 5 fois plus élevé de décès ou d’IM après 1 an. • L es prédicteurs importants d’un risque ischémique plus élevé permettent également de prédire un risque hémorragique accru. • L es transfusions sanguines sont associées à un risque accru de résultats indésirables. • L es foyers hémorragiques les plus communs sont le système GI et les points d’accès vasculaire. • L’incidence d’hémorragies graves peut être réduite au moyen d’une stratégie multifacette visant à repérer les patients à risque élevé et à leur fournir le traitement approprié. • L es scores de risque hémorragique peuvent influencer l’orientation et le choix d’un 39 traitement antithrombotique. Des traitements anticoagulants/antiplaquettaires énergiques et une prise en charge effractive réduisent les complications ischémiques récurrentes chez les patients à risque élevé, mais augmentent le risque d’hémorragies mineures et graves. L’incidence des hémorragies dépend des définitions utilisées, mais varie entre 2 à 8 %70. Idéalement, l’adoption de définitions normalisées permettra aux chercheurs de mieux décrire la gravité des hémorragies et les risques d’hémorragies71. Les hémorragies graves nécessitant une transfusion constituent maintenant la complication la plus fréquente du SCA en milieu hospitalier70. Dans le registre GRACE sur le SCA, les sites les plus communs d’hémorragies importantes étaient le système GI (31,5 %) et les points d’accès vasculaire (23,8 %)16. Les hémorragies graves surviennent le plus souvent aux points d’accès vasculaire. Les données tirées des registres GRACE et CRUSADE montrent qu’une transfusion accentue de façon marquée les conséquences néfastes des hémorragies chez les patients atteints d’un SCA. Dans le registre GRACE, la transfusion a plus que doublé le risque de décès ou de décès et d’IM chez plus de 85 000 patients72. Une récente étude canadienne a également relevé un lien entre le point d’accès artériel lors de l’angioplastie, la transfusion et la mortalité. L’accès radial par rapport à l’accès fémoral était associé à 50 % moins de transfusions et réduisait significativement la mortalité (risque relatif approché après 30 jours : 0,71; après 1 an : 0,83)73. Dans le cadre de l’essai RIVAL, l’accès radial a réduit les complications vasculaires24. La figure 7 fournit des explications plausibles en ce qui concerne le lien entre hémorragie, transfusion et augmentation de la mortalité en cas de SCA. Elsevier – Guide clinique PRISE EN CHARGE ET PRÉVENTION DES HÉMORRAGIES Figure 7. Liens possibles entre l’hémorragie et la mortalité en cas de SCA Hémorragie grave Hypotension Ischémie Arrêt de l’AAS ou de l’agent antiplaquettaire additionnel Transfusion Cytokines Rebond Plaque et thrombose de l’endoprothèse Inflammation Mortalité AAS = acide acétylsalicylique; SCA = syndrome coronarien aigu 40 Principes directeurs Le paradigme de la prise en charge des patients atteints d’un SCA consiste à prévenir une ischémie myocardique récurrente tout en réduisant au minimum le risque hémorragique. Il n’a pas encore été démontré hors de tout doute que la prévention des hémorragies graves diminuera la fréquence des événements ischémiques récurrents. Cependant, dans l’essai OASIS-5, les plus faibles taux d’hémorragies constatés avec le fondaparinux comparativement à l’énoxaparine ont été associés à une réduction des événements ischémiques après 30 jours, y compris les décès51. Il est probable que la prévention des hémorragies réduise les complications telles que la nécessité de recourir à une transfusion et la prolongation du séjour à l’hôpital. Prévention des hémorragies Comme on peut le voir au tableau 12, la réduction du risque hémorragique exige que le médecin évalue et prenne en charge de nombreux facteurs de risque. Les nouvelles lignes directrices canadiennes portant sur le recours aux traitements antiplaquettaires renferment des recommandations sur la prise en charge des hémorragies et des risques d’hémorragies dans diverses situations8. Advenant une hémorragie, une réponse rapide en atténuera les répercussions (tableau 13 ). Une analyse des épisodes hémorragiques graves pourrait révéler une cause générale (p. ex., une erreur dans la pharmacothérapie, entraînant une répétition de la dose d’anticoagulant). La résolution de tels problèmes pourra prévenir la survenue d’événements indésirables chez d’autres patients. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens PRISE EN CHARGE ET PRÉVENTION DES HÉMORRAGIES Perspectives canadiennes et perspectives d’avenir Avec l’expérience acquise grâce aux scores de risque hémorragique, il est possible d’envisager des études prospectives qui compareraient ces scores aux scores de risque d’un événement indésirable. Un tel travail faciliterait le choix des stratégies thérapeutiques et permettrait d’obtenir le rapport bienfaits/risques optimal. L’approche utilisant l’artère radiale a été mise de l’avant par des cardiologues d’intervention canadiens. Les résultats d’études d’observation et d’études à répartition aléatoire montrent que l’accès par l’artère radiale au lieu de l’artère fémorale est associé à une réduction des hémorragies graves. Même si on ne dispose pas de données suffisantes à ce jour prouvant que l’accès radial entraîne une réduction des événements ischémiques ou de la mortalité, une baisse des hémorragies graves et des complications vasculaires observée dans l’étude RIVAL24 constitue une raison valable de favoriser cette approche. La recommandation consistant à interrompre le clopidogrel au moins 5 jours avant l’intervention est interprétée différemment par de nombreux médecins et chirurgiens. La plupart adopteront une démarche plus souple. Tableau 12. Points à considérer dans la prévention des hémorragies* Évaluer le risque en faisant preuve de rigueur lors de l’anamnèse, de l’examen physique et des analyses sanguines initiales (hémoglobine, hématocrite, numération plaquettaire, ClCr). Choisir la posologie et les agents antithrombotiques appropriés (tenir compte de l’âge, du sexe, de la fonction rénale et du poids du patient). 41 Réduire la durée de l’exposition aux antithrombotiques (p. ex., cathétérisme précoce si une stratégie effractive précoce est privilégiée). Éviter de changer de traitement antithrombotique. Utiliser le fondaparinux ou une HNF chez les patients présentant un risque hémorragique élevé. Le fondaparinux est préférable à l’énoxaparine pour les patients chez lesquels une stratégie prudente est retenue et qui présentent un risque d’hémorragie accru. Utiliser un IPP afin d’offrir une gastroprotection aux patients à risque élevé (ceux ayant des antécédents de saignements GI traités par l’AAS, avec ou sans clopidogrel). Au moment de l’angiographie/angioplastie : favoriser l’accès par l’artère radiale et un produit de contraste à faible viscosité; réduire au minimum le calibre du cathéter. Réagir tôt à l’hémorragie : diminuer la médication, inverser l’anticoagulation en présence d’une hémorragie à risque élevé (p. ex., rétropéritonéale). Reprendre le traitement antithrombotique dès que possible. L’administration d’une bithérapie antiplaquettaire pendant 1 an est jugée idéale uniquement chez les patients atteints d’un SCA avec ou sans EMN qui ne présentent pas un risque hémorragique élevé. AAS = acide acétylsalicylique; ClCr = clairance de la créatinine; EMN = endoprothèse en métal nu; GI = gastro-intestinal; HNF = héparine non fractionnée; IPP = inhibiteur de la pompe à protons; SCA = syndrome coronarien aigu * Adaptation des lignes directrices de l’ACC/AHA et de la SEC Elsevier – Guide clinique PRISE EN CHARGE ET PRÉVENTION DES HÉMORRAGIES Tableau 13. Prise en charge des complications hémorragiques Hémostase locale si possible Hémorragie mineure Poursuivre l’anticoagulothérapie si possible • Hémorragie grave Interrompre l’anticoagulothérapie i.v. Maintenir l’état volumique Éviter si possible la transfusion (n’y recourir que chez les patients stables sur le plan hémodynamique présentant une hémoglobine < 8 g/l ou un hématocrite < 25 %) Envisager la transfusion de plaquettes; la protamine pour l’HNF/l’énoxaparine Recourir au facteur VII recombiné uniquement si l’hémorragie est grave et menace le pronostic vital • • • • • HNF = héparine non fractionnée; i.v. = intraveineuse 42 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENT DURANT L’HOSPITALISATION Section headingDE L’HÔPITAL ET À LA SORTIE POINTS CLÉS • La plupart des patients ne présentant pas de contre-indications devraient recevoir des bêtabloquants, et ce, dans les 24 premières heures suivant l’hospitalisation. • Les IECA ou les BRA sont recommandés chez la plupart des patients, idéalement aux doses cibles. • Des modifications aux habitudes alimentaires ainsi qu’un traitement par une statine doivent être instaurés afin d’atteindre un taux de C-LDL < 2 mmol/l. • Les AINS, à l’exception de l’AAS, doivent être interrompus durant le séjour à l’hôpital, puis repris pour soulager la douleur uniquement en cas d’échec des autres traitements. • Une bithérapie antiplaquettaire comprenant l’AAS et le clopidogrel, le prasugrel ou le ticagrélor est nécessaire sauf dans les cas d’allergie ou d’intolérance. • Il faut donner aux patients de l’information sur l’utilisation de leurs médicaments, leur expliquer qu’ils doivent apporter des changements à leur mode de vie (principalement l’arrêt du tabagisme) et instaurer ces changements pendant l’hospitalisation et, idéalement, dans le cadre d’un programme de réadaptation cardiaque. Les patients doivent être systématiquement dirigés vers un programme de réadaptation lorsque cette ressource est disponible. 43 • Un formulaire de congé structuré contribue à faire en sorte que, pour chaque patient atteint d’un SCA, on envisage tous les traitements basés sur des faits. Bien que l’activité clinique ou la rupture en un seul point de la plaque explique généralement les symptômes d’un patient, le SCA est néanmoins associé à une instabilité coronarienne plus généralisée. Les patients atteints d’un SCA NSTE présentent un risque élevé d’événements ischémiques récurrents après leur sortie de l’hôpital. Le risque est le plus élevé au cours des 30 à 45 jours suivant le congé, mais il demeure élevé pendant au moins 2 ans74. Les objectifs du traitement consistent à maîtriser l’ischémie, à réduire le risque CV à long terme et à prévenir un remodelage VG indésirable. Les recommandations suivantes portent sur la prise en charge de la maladie CV durant l’hospitalisation du patient et sur le suivi consécutif à son congé. Nitroglycérine. Les patients doivent recevoir des directives concernant l’utilisation de NTG par voie sublinguale en cas de douleur thoracique après leur sortie de l’hôpital. Les patients qui éprouvent un malaise ischémique doivent recevoir de la NTG sublinguale (0,4 mg) toutes les 5 minutes, jusqu’à concurrence de 3 doses. Les dérivés nitrés ne doivent pas être administrés à des patients qui ont pris du sildénafil au cours des 24 heures précédentes ou du tadalafil au cours des 48 heures précédentes. Elsevier – Guide clinique TRAITEMENT DURANT L’HOSPITALISATION ET À LA SORTIE DE L’HÔPITAL Bêtabloquants. Le traitement bêtabloquant administré par voie orale (voie privilégiée) doit être instauré au cours des 24 premières heures, à moins qu’un patient ne présente une ou plusieurs contre-indications telles que choc cardiogénique, hypotension, bloc cardiaque de deuxième ou troisième degré ou antécédents d’asthme. Si le traitement bêtabloquant n’est pas administré durant la phase aiguë, il doit l’être au cours des quelques jours suivant l’événement et maintenu après la sortie de l’hôpital. Les lignes directrices de l’ACC/AHA indiquent qu’il est raisonnable de prescrire des bêtabloquants à tous les patients atteints d’un SCA (y compris ceux ayant une fonction VG normale, qui ne présentent aucune des caractéristiques de risque élevé ou qui ont subi une revascularisation) en l’absence de contre-indications absolues. Chez les patients présentant une insuffisance VG modérée ou grave après un SCA, il est préférable de commencer par une faible dose de carvédilol (6,25 mg, 2 f.p.j.) et d’augmenter celle-ci graduellement jusqu’à l’obtention de la dose cible (25 mg, 2 f.p.j.). 44 Un inhibiteur du système rénine-angiotensine-aldostérone, habituellement un IECA, doit être administré par voie orale au cours des 24 premières heures chez les patients qui présentent une congestion pulmonaire ou une FEVG ≤ 40 %, en l’absence d’hypotension (TA systolique < 100 mm Hg) ou de contre-indications connues à cette classe de médicaments. Pour prévenir les événements ischémiques récurrents, les IECA constituent aussi une option chez les patients qui ne présentent pas de congestion pulmonaire ou dont la FEVG est ≤ 40 %. Les patients qui ne peuvent tolérer les IECA en raison des effets indésirables et qui présentent des signes soit cliniques ou radiologiques d’insuffisance cardiaque, ou encore une FEVG < 40 %, peuvent aussi recevoir un BRA. Les IECA ou les BRA doivent être maintenus indéfiniment chez la majorité des patients. L’ajout d’un bloqueur des récepteurs de l’aldostérone peut constituer une option chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque ou dont la FEVG est < 40 % en l’absence d’hyperkaliémie importante ou de dysfonctionnement rénal important. Anticoagulants/antiplaquettaires. Tous les patients qui ne présentent aucune contre-indication à l’AAS devraient en prendre une faible dose indéfiniment (préférablement 80-81 mg). Le clopidogrel à raison de 75 mg/jour devrait être prescrit à la plupart des patients. La durée du traitement par le clopidogrel dépend du type de SCA, de la stratégie de prise en charge adoptée à l’hôpital et, s’il y a lieu, du type d’endoprothèse implantée. L’administration du clopidogrel pendant au moins 12 mois et jusqu’à 18 mois est largement acceptée après la pose d’une EEM. Les lignes directrices de l’ACC/AHA recommandent un traitement par le clopidogrel pendant au moins 1 mois et au plus 1 an dans les cas de SCA NSTE. Chez les patients ayant subi un STEMI, la durée du traitement habituellement recommandée est de 1 an sans égard au type de reperfusion. L’ajout de prasugrel (10 mg/jour) à l’AAS (80 mg) représente une autre option antiplaquettaire à long terme pour les patients dont le STEMI ou le SCA NSTE a été traité par une ICP. Ajouté à l’AAS, le ticagrélor à 90 mg administré 2 f.p.j. est une option de prévention secondaire pour tous les patients ayant subi un STEMI ou un SCA NSTE (pris en charge par un traitement médical, une ICP, une endoprothèse ou un PAC). Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens TRAITEMENT DURANT L’HOSPITALISATION ET À LA SORTIE DE L’HÔPITAL Statines. Les statines sont recommandées pour la plupart des patients, notamment ceux qui ont subi une revascularisation, peu importe le taux de C-LDL initial et la modification des habitudes alimentaires. Un traitement hypolipidémiant doit être instauré avant la sortie de l’hôpital et poursuivi selon les recommandations du consensus canadien à cet effet75. Des doses plus élevées sont habituellement privilégiées chez les patients atteints d’un SCA. Patients ne pouvant subir de revascularisation Chez ce groupe de patients, il faut insister sur l’importance du traitement par des bêtabloquants, des IECA, des nitrates, de l’AAS et du clopidogrel, ainsi que sur l’importance des modifications du mode de vie. Que le patient ait subi ou non une revascularisation, il subsiste un risque permanent d’événements ischémiques récurrents qui peut être réduit par un traitement médical au long cours. Prise en charge des facteurs de risque La maîtrise de la TA au moyen de modifications du mode de vie et de stratégies pharmacologiques est aussi importante chez les patients ayant subi un SCA. Dans le cas des patients dont la TA est ≥ 140/90 mm Hg (≥ 130/80 mm Hg dans le cas des personnes atteintes de néphropathie chronique ou de diabète), au besoin et s’il est toléré, un autre antihypertenseur peut être ajouté aux bêtabloquants ou aux IECA pour atteindre les valeurs tensionnelles cibles. La prise en charge du diabète visant l’atteinte d’un taux d’HbA1c < 7 % fait également partie des soins prodigués à la suite d’un SCA. Comme l’ont montré de récentes études, une cible plus ambitieuse inférieure à 6,5 % n’apporte généralement aucun bienfait aux patients présentant une maladie CV établie. 45 En raison du risque accru de mortalité, de récidive d’infarctus, d’hypertension, d’insuffisance cardiaque et de rupture myocardique associé à l’utilisation d’AINS, tous les AINS, à l’exception de l’AAS, doivent être interrompus lorsqu’un patient se présente avec un SCA NSTE, et ce, pour toute la durée de l’hospitalisation. Si le traitement de la douleur musculosquelettique et des symptômes doit être réinstauré, les lignes directrices recommandent de procéder progressivement et de recourir aux plus faibles doses possibles. En plus de leur fournir des instructions et des renseignements clairs sur chacun de leurs médicaments, on doit conseiller les patients sur les modifications souhaitables à leurs habitudes de vie (arrêt du tabagisme, perte de poids, activité physique, changements à l’alimentation), les diriger vers les ressources appropriées et mettre en place des mesures pour les aider à franchir avec succès chacune de ces étapes. La consultation précédant la sortie de l’hôpital doit également porter sur les activités physiques et sexuelles, le retour au travail, les rendez-vous de suivi et les restrictions concernant la conduite d’un véhicule. Un formulaire de congé structuré fait en sorte que, pour chaque patient atteint d’un SCA, on envisage tous les traitements basés sur des faits, si ces traitements n’ont pas déjà été entrepris dans le cadre du traitement médical d’urgence. Un exemple tiré du registre ACTION est joint en annexe au présent guide. Les instructions détaillées fournies à la sortie de l’hôpital doivent comprendre un calendrier des rendez-vous de suivi, des renseignements sur Elsevier – Guide clinique TRAITEMENT DURANT L’HOSPITALISATION ET À LA SORTIE DE L’HÔPITAL l’utilisation à long terme de la pharmacothérapie instaurée durant l’hospitalisation (objectif, durée, effets secondaires), des modifications souhaitables à apporter à l’alimentation ainsi que des recommandations sur la perte de poids, l’activité physique et l’arrêt du tabagisme. Les patients peuvent également être dirigés vers des services de consultation appropriés en matière d’alimentation et d’arrêt du tabagisme, ainsi que vers un programme de prévention secondaire et de réadaptation cardiaque (lorsque ces ressources sont disponibles). Perspective canadienne La pratique canadienne pour les patients atteints d’un SCA peut différer à divers égards de celle qui est recommandée dans les lignes directrices. Par exemple, les différences provinciales en ce qui a trait au remboursement des agents antiplaquettaires (selon la liste de médicaments) peuvent influencer la durée de traitement. Le financement et la disponibilité de programmes de réadaptation cardiaque varient aussi largement entre les provinces. Au Canada, il est habituel de prescrire un IECA à tous les patients atteints d’un SCA qui quittent l’hôpital afin de prévenir les événements ischémiques récurrents, sans égard à leur fonction VG ou à la présence d’insuffisance cardiaque. Inversement, l’utilisation de bêtabloquants chez les patients ne présentant ni angine ni dysfonctionnement VG, ou chez les patients ayant subi avec succès une revascularisation et dont la fonction VG est normale ou quasi normale, n’est pas une pratique courante au Canada. 46 Les données sur le rendement canadien sont accessibles en ce qui concerne les patients qui subissent une intervention percutanée, car ces patients sont intégrés dans un système normalisé et contrôlé de prescription des médicaments, qui inclut le renforcement de l’observance thérapeutique. Quant aux autres patients, les médecins doivent s’assurer qu’ils reçoivent un traitement optimal. Les médecins de soins primaires prodiguent souvent des soins à long terme aux patients atteints d’un SCA et dont l’état est stable. Les cardiologues doivent donc s’efforcer d’établir une communication efficace entre les patients ayant subi un SCA et le personnel de l’équipe soignante, de façon à renforcer l’observance à long terme des traitements prescrits et des changements du mode de vie recommandés. Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens INDICATEURS DE RENDEMENT ET Section heading DE QUALITÉ Ce livret expose les grandes lignes d’une approche factuelle du diagnostic, de la stratification du risque et du traitement des patients atteints d’un SCA. Les indicateurs de rendement commencent avec l’assurance d’un accès en temps opportun à des soins de qualité, y compris le diagnostic et l’instauration rapides du traitement, mais doivent également tenir compte de l’accès à des programmes adéquats de soins à long terme. Bien que la plupart des médecins responsables reconnaîtront l’importance de suivre les recommandations énoncées dans les chapitres précédents, il existe une variabilité considérable en ce qui concerne l’adhésion des établissements de santé aux lignes directrices publiées5. Il est donc raisonnable de se demander si l’adhésion des établissements de santé aux normes de rendement importe et si oui, en quoi cette adhésion influence les résultats thérapeutiques chez les patients. Les normes de rendement dans les établissements de santé ont bel et bien leur importance! Aux États-Unis, chaque augmentation de 10 % de l’adhésion des hôpitaux aux diverses lignes directrices a été associée à une réduction de 10 % de la mortalité en contexte hospitalier5. Les données réelles d’un registre obtenu auprès d’un vaste échantillon d’hôpitaux canadiens ont démontré que, bien qu’elle ne soit pas optimale, l’utilisation de traitements basés sur des faits après une hospitalisation pour un SCA est accrue76. Il est par ailleurs important de souligner que les patients qui reçoivent des traitements basés sur des faits affichent un taux de mortalité significativement moindre après 1 an par rapport à ceux qui n’en bénéficient pas. Malheureusement, pendant une période de suivi de 1 an, un nombre considérable de patients ont cessé de suivre ces traitements. Par conséquent, des stratégies d’amélioration de la qualité qui favorisent non seulement l’instauration, mais aussi l’observance des traitements appropriés et efficaces devraient améliorer les résultats thérapeutiques chez les patients. 47 Si le rendement dans les établissements de santé compte, quels indicateurs de qualité doit-on examiner? Parmi les améliorations qu’il est possible d’apporter en matière de qualité des soins hospitaliers, mentionnons une consignation au dossier médical plus rigoureuse comprenant la stratification du risque, l’utilisation de formulaires d’admission et de congé structurés, une meilleure collaboration entre les spécialistes médicaux et des initiatives de formation visant à diffuser les recommandations tirées des lignes directrices. Des indicateurs de qualité pour la prise en charge d’un SCA en milieu hospitalier sont proposés au tableau 14. L’écart dans les soins est estimé à environ 25 %. Cette valeur correspond à des différences entre les traitements idéaux et les traitements reçus à la suite d’une hospitalisation pour un SCA77. Cet écart observé dans les établissements de santé concernant les soins n’est pas l’effet du hasard. Au contraire, il y a des variations géographiques et individuelles importantes en ce qui concerne la qualité des soins prodigués aux patients. Plus troublant encore, ces variations sont souvent observées au sein des populations vulnérables, notamment les personnes âgées, les femmes, les minorités défavorisées et les personnes accusant de multiples problèmes médicaux. La vigilance est donc de rigueur pour éliminer toute forme de discrimination et faire en sorte que tous les patients reçoivent les soins appropriés à leurs besoins médicaux. De récents travaux de recherche ont également suggéré l’existence d’inégalités dans les soins du SCA NSTE selon la spécialité des médecins traitants. Une plus Elsevier – Guide clinique INDICATEURS DE RENDEMENT ET DE QUALITÉ grande collaboration entre les spécialités, un accès équitable aux services spécialisés et une dissémination adéquate des recommandations issues des lignes directrices sont nécessaires pour contrer ces inégalités. Le paradigme d’évaluation de la pratique médicale aux États-Unis évolue rapidement. Il est passé d’un accent initial mis sur les indicateurs de rendement et de qualité à une évaluation plus large des mesures d’efficience visant à quantifier la « valeur » de la prestation des soins de santé78. Il est probable que l’augmentation des coûts au Canada entraînera aussi l’élaboration de mesures d’efficience au sein des établissements de santé, mais les caractéristiques de ces mesures exigeront une recherche et une définition plus poussées. Nous espérons que ce livret, par ses résumés des lignes directrices, ses justifications et sa prise en compte du contexte canadien, procurera aux médecins canadiens certains outils afin de les aider à améliorer la qualité des soins offerts aux patients pendant et après leur hospitalisation pour un SCA. Tableau 14. Indicateurs de qualité pour la prise en charge d’un SCA en milieu hospitalier* 48 Tous les patients atteints d’un SCA a) Laps de temps écoulé entre le premier contact avec le personnel médical et l’interprétation du premier ECG b) Administration au service des urgences : a. d’AAS b. d’un agent antiplaquettaire additionnel (clopidogrel, prasugrel ou ticagrélor) c. d’un anticoagulant (HNF ou énoxaparine ou fondaparinux) b) Évaluation de la fonction VG STEMI Présentation du patient < 12 h après l’apparition des symptômes a) Stratégie de reperfusion envisagée (indicateur : tous les patients admissibles doivent subir une reperfusion) b) Laps de temps écoulé entre le premier contact avec le personnel médical et la reperfusion Fibrinolyse : temps écoulé entre le premier contact et l’administration de l’agent (indicateur : < 30 min) ICP primaire : temps écoulé entre le premier contact et la première expansion du ballonnet (indicateur : < 90 min) NSTEMI a) Évaluation du risque d’événements ischémiques récurrents documentée b) Évaluation du risque hémorragique documentée c) Stratégie de prise en charge documentée (effractive par opposition à sélectivement effractive) d) Pour les patients chez qui on a opté pour une stratégie effractive précoce, laps de temps écoulé avant le cathétérisme (indicateur : < 72 h) Suite à la page 49 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens INDICATEURS DE RENDEMENT ET DE QUALITÉ ... suite Prescriptions de médicaments au départ de l’hôpital pour tous les patients atteints d’un SCA a) Statine (dose élevée) b) Bêtabloquant c) IECA ou BRA d) AAS e) Inhibiteur de l’ADP f ) Consultation : a. En clinique de réadaptation cardiaque (employant un diététiste) b. En clinique d’abandon du tabagisme (si pertinent) Statistiques sur les résultats 1) Mortalité en milieu hospitalier 2) Taux d’hémorragies graves en milieu hospitalier AAS = acide acétylsalicylique; ADP = adénosine diphosphate; BRA = bloqueur des récepteurs de l’angiotensine; ECG = électrocardiogramme; HNF = héparine non fractionnée; ICP = intervention coronarienne percutanée; IECA = inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine; NSTEMI = infarctus du myocarde sans sus-décalage du segment ST; SCA = syndrome coronarien aigu; STEMI = infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST; VG = ventriculaire gauche * Adaptation de Tu JV et al. CMAJ 2008;179:909-15 49 Elsevier – Guide clinique Section heading RÉFÉRENCES Introduction 1. Agence de la santé publique du Canada. Information de surveillance sur la morbidité et la mortalité par maladie cardiovasculaire. 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Lignes directrices 2009 de la Société canadienne de cardiologie pour le diagnostic et le traitement de la dyslipidémie ainsi que pour la prévention des maladies cardiovasculaires chez l’adulte – Des recommandations pour 2009. Can J Cardiol 2009;25(10):567-79. Indicateurs de rendement et de qualité 76. Yan AT, Yan RT, Tan M, et al. Optimal medical therapy at discharge in patients with acute coronary syndromes: temporal changes, characteristics, and 1-year outcome. Am Heart J 2007;154(6):1108-15. 77. Dunlay SM, Alexander KP, Melloni C, et al. Medical records and quality of care in acute coronary syndromes: results from CRUSADE. Arch Intern Med 2008;168(15):1692-8. 78. Krumholz HM, Keenan PS, Brush JE Jr., et al. Standards for measures used for public reporting of efficiency in health care. Circulation 2008 (publication électronique, 8 octobre). 55 Elsevier – Guide clinique ANNEXE I Formulaire de départ de l’hôpital en cas de NSTEMI ou de STEMI* LES PATIENTS DOIVENT REMETTRE UNE COPIE DE CE FORMULAIRE À LEUR MÉDECIN LORS DE LEUR PROCHAINE CONSULTATION Aspirine o Oui – o Non – Pourquoi? Clopidogrel ou prasugrel ou ticagrélor o Oui – Dose : mg/jour Durée du traitement : mois o Non – Pourquoi? 56 Inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA) ou bloqueur des récepteurs de l’angiotensine (BRA) o Oui – médicament prescrit Bêtabloquant o Oui – médicament pescrit ___________ à _______mg _____fois par jour o Non – Pourquoi? Votre mesure de fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) est de mg/jour %. o Oui – médicament prescrit o Non – Pourquoi? mg/jour Indiqué lorsque la FEVG est < 40 %; le taux de créatinine, < 2,5 mg/dl; le taux de potassium, < 5,0 mEq/l; et en présence de symptômes d’insuffisance cardiaque ou de diabète. Nitroglycérine Ces médicaments empêchent les plaquettes de s’agglutiner les unes aux autres. Ils sont utilisés en association avec l’aspirine chez les patients porteurs ou non d’une endoprothèse afin de prévenir d’autres crises cardiaques. Les IECA/BRA abaissent la tension artérielle, préviennent les complications du diabète et traitent l’insuffisance cardiaque congestive. La mesure de la FEVG indique si votre cœur pompe bien. La FEVG normale est > 55 %. Si votre FEVG est < 40 %, un IECA/BRA est indiqué. o Non – Pourquoi? Bloqueur des récepteurs de l’aldostérone L’aspirine, en empêchant les plaquettes (composante du sang) de s’agglutiner les unes aux autres, aide à prévenir d’autres crises cardiaques et AVC. 1. Pour les douleurs thoraciques d’une durée de 2 à 3 minutes, placez un comprimé de nitroglycérine sous la langue. 2. Si la 1re dose ne procure pas de soulagement dans les 5 minutes qui suivent, répétez la dose à des intervalles de 5 minutes jusqu’à un maximum de 3 doses. 3. Si la douleur est toujours présente après la 1re dose, composez le 911 ou rendez-vous au service des urgences le plus proche, de préférence en ambulance. Les bêtabloquants ralentissent la fréquence cardiaque, abaissent la tension artérielle et préviennent l’arythmie (irrégularité du rythme cardiaque). Les bloqueurs des récepteurs de l’aldostérone aident à abaisser la tension artérielle et à traiter l’insuffisance cardiaque congestive lorsqu’ils sont administrés en association avec un IECA/BRA chez les patients diabétiques ou présentant des symptômes d’insuffisance cardiaque. La nitroglycérine est utilisée au besoin pour soulager la douleur thoracique. Il faut en avoir sur soi en tout temps. *Source : Adaptation du registre ACTION Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens ANNEXE I Prise en charge des taux de lipides Le médecin m’a prescrit le médicament suivant : à mg/jour Mon bilan lipidique pendant mon hospitalisation Cholestérol total : mg/dl Cholestérol des lipoprotéines de basse densité (C-LDL) : mg/dl Cholestérol des lipoprotéines de haute densité (C-HDL) : mg/dl Triglycérides : mg/dl Abandon du tabac Peu importe votre taux de C-LDL, vous devriez commencer à suivre un traitement par une statine afin de prévenir d’autres crises cardiaques. o Ne s’applique pas. o Je fume actuellement et on m’a conseillé d’arrêter de fumer. J’arrêterai de fumer d’ici le . o On m’a prescrit le médicament suivant pour m’aider à arrêter de fumer : . o On m’a recommandé un programme d’abandon du tabac : Nom du programme : Numéro du programme : Prise en charge du diabète Prise en charge de l’alimentation, du poids et de la tension artérielle o Ne s’applique pas. Mon taux d’hémoglobine glyquée (HbA1c) est de %. Ma glycémie à jeun pendant mon hospitalisation était de : mg/dl. kg. kg. . Ma tension artérielle est actuellement de / mm Hg. Je peux communiquer avec Services de nutrition au numéro Programme d’exercices 57 Si votre taux d’HbA1c est supérieur à 7 % ou que votre glycémie à jeun était supérieure à 110 mg/dl, vous devriez commencer à prendre des médicaments pour traiter le diabète. Votre IMC cible doit être < 25. o On m’a donné des conseils sur les modifications à apporter à mon alimentation. Mon poids actuel est de Mon poids cible est de Mon indice de masse corporelle (IMC) est de Le taux d’HbA1c est une mesure de la maîtrise de votre glycémie au cours des 3 derniers mois. Votre tension artérielle cible doit être de 140/90 mm Hg ou moins (ou inférieure à 130/80 mm Hg chez les personnes atteintes de diabète sucré ou de maladie rénale chronique). des . o J’ai reçu des instructions sur les exercices que je peux faire au cours des 4 à 6 prochaines semaines, avant d’entreprendre la réadaptation cardiaque. o J’ai reçu une ordonnance pour m’inscrire à un programme de réadaptation cardiaque en consultation externe : L’exercice améliore l’endurance et la qualité de vie, renforce le cœur et les autres muscles et améliore la circulation sanguine. Il peut également aider à perdre du poids. Nom du programme : _________________ No de téléphone : ____________________ Elsevier – Guide clinique ANNEXE I Information sur la santé cardiaque o J’ai reçu de l’information sur la santé cardiaque pendant mon hospitalisation. o Je connais les signes et symptômes annonciateurs d’une crise cardiaque et les mesures à prendre s’ils surviennent. o J’ai reçu des instructions relatives aux médicaments qui m’ont été prescrits à ma sortie de l’hôpital. Rendez-vous de suivi J’ai un rendez-vous de suivi avec mon médecin de soins primaires no de téléphone . le - - J’ai un rendez-vous de suivi avec mon cardiologue no de téléphone ________________ le ____-______-______. Je peux appeler le médecin ou l’infirmier/infirmière si j’ai des questions ou des inquiétudes. au numéro Signature du patient : Date : - - Signature du médecin ou de l’infirmier/infirmière : Date : - - 58 Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens Prise en charge médicale En cas d’intolérance à l’AAS Intervention percutanée * Source : D’après les lignes directrices de la Société canadienne de cardiologie pour le traitement antiplaquettaire. www.ccsguidelineprograms.ca. Le prasugrel à 10 mg par jour peut être envisagé en l’absence : • d’un risque accru de saignements • de probabilité d’un PAC dans les 7 prochains jours • d’antécédents d’AVC ou d’AIT • d’un patient âgé ≥ 75 ans • d’un patient ayant un poids < 60 kg Clopidogrel à 75 mg 1 f.p.j. ou ticagrélor à 90 mg 2 f.p.j. en plus de l’AAS à 75-162 mg par jour durant 12 mois. Le maintien du traitement d’association au-delà de 12 mois peut être envisagé chez les patients exposés à un risque élevé de thrombose et à un faible risque de saignements Risque accru de thrombose de l’endoprothèse AAS à 75-162 mg 1 f.p.j.; traitement à vie Clopidogrel à 75 mg 1 f.p.j. ou ticagrélor à 90 mg 2 f.p.j. en plus de l’AAS à 75-162 mg par jour durant au moins 14 jours et jusqu’à 12 mois en l’absence de risque excessif de saignements Clopidogrel à 75 mg 1 f.p.j.; traitement à vie STEMI Prise en charge à la sortie de l’hôpital d’un patient ayant subi un infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST (STEMI)* ANNEXE II 59 Elsevier – Guide clinique 60 60 En cas d’intolérance à l’AAS Intervention percutanée Clopidogrel à 75 mg 1 f.p.j. ou ticagrélor à 90 mg 2 f.p.j. en plus de l’AAS à 75-162 mg par jour durant 12 mois. Le maintien du traitement d’association au-delà de 12 mois peut être envisagé chez les patients exposés à un risque élevé de thrombose et à un faible risque de saignements. Risque accru de thrombose de l’endoprothèse AAS à 75-162 mg 1 f.p.j.; traitement à vie Prise en charge des syndromes coronariens aigus : guide destiné aux professionnels de la santé canadiens * Source : D’après les lignes directrices de la Société canadienne de cardiologie pour le traitement antiplaquettaire. www.ccsguidelineprograms.ca. ' Le prasugrel à 10 mg par jour peut être envisagé en l’absence : • d’un risque accru de saignements • de probabilité d’un PAC dans les 7 prochains jours • d’antécédents d’AVC ou d’AIT • d’un patient âgé ≥ 75 ans • d’un patient ayant un poids < 60 kg Clopidogrel à 75 mg 1 f.p.j. ou ticagrélor à 90 mg 2 f.p.j. en plus de l’AAS à 75-162 mg par jour durant au moins 1 mois et jusqu’à 12 mois en l’absence de risque excessif de saignements Prise en charge médicale Clopidogrel à 75 mg 1 f.p.j.; traitement à vie SCA sans sus-décalage du segment ST Prise en charge à la sortie de l’hôpital d’un patient ayant subi un SCA sans sus-décalage du segment ST (SCA NSTE)* ANNEXE II Une initiative de formation subventionnée par BR041F