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sca papergram no 4 › 2005 1 Papergram. Magazine international des professionnels de l’industrie graphique et des médias publié par SCA Forest Products AB – Box 846 – SE-851 23 Sundsvall – Suède. Téléphone : +46 (0)60-19 40 00 Télécopie : +46 (0)60-19 40 90 18 13 RÉDACTRICE EN CHEF ET DIRECTRICE DE LA PUBLICATION : Anne-Sofie Cadeskog CHEF DE PROJET ET CHEF DE LA RÉDACTION : Luise Steinberger ([email protected]) RÉVISION : Agnès Carbon/Jean-Paul Pouron MAQUETTE : Mellerstedt Design REPROGRAPHIE ET IMPRESSION : Prinfo Accidenstryckeriet – Sundsvall – Suède PHOTO DE COUVERTURE : Christoph Papsch Sommaire › 4/2005 28 4 La VPC atteint de nouveaux records Internet n’a fait qu’attiser l’envie de se faire livrer des commandes à domicile. Mais les catalogues jouent toujours un rôle important en permettant aux clients de choisir. Ceux-ci ne sont plus des provinciaux comme autrefois, mais des citadins pressés. 11 Tendances 12 L’inspiration au cœur de la forêt Le dessinateur Neale Thomas a fui la trépidante Londres pour un village silencieux de Suède. Il vit dans un autre univers, mais ses clients croient qu’il habite toujours Londres. 13 Une idée sans handicap Deux amies se retrouvent au restaurant et ont une idée de génie. Elles sont maintenant à la tête de Red Tee, le premier magazine suédois et européen pour les golfeuses. Une vraie réussite, y compris sur le plan financier. 17 Chronique Elin af Klintberg, rédactrice en chef du magazine RES, parle du voyage au temps des catastrophes. 18 La maintenance source d’économies Les imprimeries offset ont tout à gagner à entretenir régulièrement leurs machines. Les experts du Web Offset Champion Group et de SCA livrent leurs conseils pratiques. 21 Tendances 22 Au début était le Verbe… Le christianisme, l’islam et d’autres religions ont commencé à rédiger leur message sur des pierres et sur des os de dromadaire, puis sur du papyrus et du parchemin, mais c’est grâce au papier que les textes sacrés se sont répandus plus vite. 24 Extra large Un mensuel pour attirer les « jeunes » lecteurs de moins de 40 ans ? C’est XL, le dernier-né du grand quotidien italien La Repubblica. Mise en page décoiffante et contenu cool sont les ingrédients magiques qui doivent inspirer l’acheteur à lire aussi le quotidien. 28 Rudolph et ses amis Lorsque le père Noël est surmené, il fait appel au renne Rudolph. Dans la vie réelle, celui-ci habite dans les forêts de SCA… 2 sca papergram no 4 › 2005 Papergram est imprimé sur GraphoCote 80 g/m2, la couverture sur Artic Gloss 150 g/m2. Le cahier intérieur est certifié FSC. Tous les articles sont commandés, relus et validés par la rédaction, ce qui ne signifie pas nécessairement que les opinions qui y sont exprimées reflètent celles de SCA ou de la rédaction. Toute citation doit faire mention de la source. Pour recevoir Papergram ou l’offrir à un collègue, envoyez ou faxez votre nom, éventuellement celui de votre entreprise, et votre adresse à : Birgitta Ulfsparre - SCA Graphic Sundsvall AB - Box 846 - SE-851 23 Sundsvall - Suède. Tél. : + 46 (0)60-19 43 92. Télécopie : + 46 (0)60-15 24 50. Courriel : [email protected] SCA FOREST PRODUCTS produit du papier d’impression (journal, SCA et LWC), de la pâte à papier, des bois sciés et du bois combustible. Elle gère également l’important patrimoine forestier de SCA, approvisionne ses usines suédoises en bois matière première et offre à ses unités des services de transport d’un bon rapport qualité-prix. Avec un effectif d’environ 4 000 personnes, SCA Forest Products réalise un CA d’environ 15 000 M SEK (1 630 M EUR). L’activité forestière de SCA est certifiée FSC (Forest Stewardship Council). SCA › infos Plus de vieux papiers récupérés en Europe LARS LINDGREN THOMAS JANSSON JAN KNUTS NOUVELLE STRUCTURE COMMERCIALE LE SERVICE MARKETING de SCA Graphic Sundsvall a été S S LA RÉCUPÉRATION des vieux papiers continue de progresser en Europe. Selon les statistiques de la Confédération européenne des industries du papier, le taux de récupération atteint 54,6 %. Plus de la moitié du papier fabriqué en Europe est à base de fibres recyclées. En 2003, le taux de récupération s’élevait à 53,9 % et à 48,9 % en 1998 (année de référence). L’objectif fixé par l’industrie il y a cinq ans, 56 % fin 2005, semble accessible et se traduirait par la récupération de 10 millions de tonnes supplémentaires de papier et de carton par rapport à 1998. On peut aussi noter que la hausse de l’utilisation des fibres recyclées par l’industrie du papier a été plus rapide que l’augmentation totale de la consommation de papier en Europe ces dernières années. réorganisé. Lars Lindgren a été nommé responsable du développement Publication Papers (LWC, SC et papier journal). Il sera chargé du développement stratégique du marché, de la communication marketing, du développement de la structure et de la direction des projets de développement stratégique touchant les segments de Publication Papers. Jan Knuts prend la direction du segment Papier couché et Thomas Jansson celle de Papier journal. Tous deux restent chefs des ventes de leur segment respectif. Les trois hommes dépendent hiérarchiquement de Rolf Johannesson, directeur marketing de SCA Graphic Sundsvall AB. Comptes annuels distingués La médaille Ekman à Hans Höglund ANCIEN SALARIÉ DE SCA, Hans Höglund va recevoir la mé- Don aux victimes du tremblement de terre SCA GRAPHIC LAAKIRCHEN continue sa tradition de Noël observée depuis S quelques années. Cette année, la somme réservée aux cadeaux de fin d’année pour les clients et partenaires sera remise à l’ONG Nachbarn in Not (Voisins en détresse) pour les victimes du tremblement de terre au Pakistan. S S daille Ekman pour sa contribution scientifique à la recherche sur la pâte mécanique. Aujourd’hui professeur au Fibre Science and Communication Network de l’université du Centre, à Sundsvall, en Suède, il a mis en œuvre en coopération étroite avec des industriels, dont SCA, le programme de recherche le plus ambitieux jusqu’ici dans le domaine de la pâte mécanique. Ce type de pâte sert principalement à fabriquer du papier impression-écriture grâce à ses propriétés optiques : une opacité élevée évite le phénomène de transvision. Le jury a motivé son choix, entre autres, par ces mots : « Sa production scientifique illustre une capacité d’innovation élevée, une systématique scientifique remarquable, un travail expérimental bien organisé, ainsi qu’un contrôle critique des résultats obtenus. » La médaille sera remise en 2006 à Stockholm par l’association suédoise des ingénieurs du papier et de la cellulose lors de journées Ekman. SCA A PRIS la troisième place du palmarès Bilan annuel des bilans annuels organisé par la société de sondage e.com qui a étudié en collaboration avec un jury d’experts le bilan de 1 100 entreprises. Seules cinq d’entre elles, dont SCA, ont été notées A+ : produit de niveau mondial, substantiel, équilibré et bien conçu. « Naturellement, nous sommes très honorés que le bilan de SCA reçoive depuis si longtemps des distinctions aussi positives, indique Andreas Koch, responsable des relations avec les investisseurs chez SCA. Mais nous ne nous reposons pas sur nos lauriers et travaillons intensément pour que le bilan suivant soit encore plus pédagogique et intéressant. » Deux entreprises canadiennes, CIBC et Telus, ont pris la première et la seconde places du palmarès. SAVIEZ VOUS QUE... SCA exploite 2,6 millions d'hectares de forêts, dont deux millions conformément aux directives du FSC, soit une superficie comparable à la moitié des Pays-Bas. sca papergram no 4 › 2005 3 4 sca papergram no 4 › 2005 VPC : le catalogue est mort, vive le catalogue ! Lorsque Internet est apparu au milieu des années 1990, le catalogue de VPC était condamné à disparaître. Mais il refuse de passer la main. En fait, il a bien rebondi. PAR Johan Rapp PHOTOS Christoph Papsch lariés en Europe. Son chiffre d’affaires s’est élevé à 68,5 milliards d’euros en 2004, d’après les chiffres de l’AEVPC, l’association européenne de la vente par correspondance, qui compte 19 pays membres. Achats à distance Grâce à la VPC, on peut consulter un catalogue chez soi et commander des produits qui sont livrés à domicile. Ce type de commerce a commencé à s’imposer au cours de la seconde moitié du 19e siècle, au moment du développement des services postaux et des réseaux ferroviaires. La profession a connu une vraie expansion après la Deuxième Guerre mondiale. Cependant, elle a dû changer S L’INDUSTRIE DE LA VENTE par correspondance (VPC) a beaucoup évolué depuis 1498, date à laquelle l’imprimeur italien Alde Manuce a commencé à envoyer une liste des livres dont il faisait commerce depuis son atelier de Venise. Ces répertoires sont les plus anciens catalogues de VPC connus au monde. Rien à voir naturellement avec les pavés actuels de plus de 1 000 pages débordantes de couleurs de La Redoute ou d’Otto, mais ces listes avaient déjà tous les stigmates de la VPC : information attirante sur le produit, tirage en série et distribution efficace à destination d’un acheteur que le vendeur ne rencontre jamais. De nos jours, la VPC est une vraie industrie qui emploie plus de 200 000 sa- sca papergram no 4 › 2005 5 Le plus gros avantage de la VPC est que les commandes sont livrées à domicile dans la plupart des pays. pas très envie de jouer des coudes dans les magasins. L’attitude aussi a changé : autrefois considérée comme rétrograde, la vente à distance (VAD) est jugée par beaucoup comme un moyen intelligent de faire ses achats. Melanie Howard, co-fondatrice de l’agence d’analyse du marché Future Foundation à Londres, fait remarquer que depuis que les femmes consacrent plus de temps à leur vie professionnelle, le besoin de loisirs n’a fait qu’augmenter. « Elles trouvent que c’est plus confortable de faire leurs courses à domicile. » « Le catalogue donne une bonne vue d’ensemble et la reproduction des photos est de bonne qualité », estime Richard Perks du cabinet d’études de marché Mintel. 6 sca papergram no 4 › 2005 son fusil d’épaule ces dernières années, en particulier depuis l’avènement d’Internet. Peut-on encore parler de vente par correspondance ? « Nous avons cessé d’employer ce terme, indique Marina Richard, responsable de la communication à La Redoute. Aujourd’hui, nous parlons de ‘vente à distance’. » « La profession est en mutation, renchérit Maitane Olabarria Uzquiano, directrice des affaires européennes de l’AEVPC. Nous vivons une époque passionnante. » Deux facteurs à l’origine de ces changements. D’abord, les clients. Avant, ils habitaient essentiellement en zone rurale et le catalogue était leur seul espace commerçant autre que les boutiques du village. Aujourd’hui, il s’agit plus souvent de citadins pressés par le temps qui n’ont La poussée du Web Deuxième facteur, Internet. Otto, La Redoute et bien d’autres ont lancé leur site Web au milieu des années 1990. Depuis, le nombre d’achats en ligne ne cesse de progresser : l’an dernier, près de 30 % des commandes ont été passées à La Redoute via le Net ; en 2005, Otto a célébré sa quinze millionième commande électronique depuis la création du site www.otto.de il y a dix ans. « Commander en ligne est de plus en plus prisé, constate Rainer Hillebrand, directeur marketing chez Otto. Nos clients veulent que les produits soient plus variés et ils veulent comparer. » Au niveau national, ce sont les Néerlandais, suivis des Autrichiens et des Français, qui achètent le plus à distance. Ce sont les Grecs qui montrent le moins d’intérêt pour cette forme de commerce. Cette disparité s’explique par le niveau de développement du réseau haut débit, qui est beaucoup moins étendu en Grèce. L’avènement d’Internet pousse à s’interroger sur le bien-fondé du catalogue imprimé. Après tout, ce nouveau canal est parfait pour la VAD, simple et rapide. Remiser les catalogues permettrait de faire des économies considérables en matière d’impression, de papier et de distribution. Ce débat n’est pas sans rappeler celui du « bureau sans papier ». Mais nous savons aujourd’hui que ce bureau n’a jamais été aussi encombré de papiers. C’est pourquoi le catalogue garde toute sa prééminence. « Pendant le boom d’Internet, nous croyions que la Toile allait jouer un rôle plus important, mais nous avons changé d’avis », avoue Håkan Sandman, directeur marketing d’IKEA en Suède. La stratégie du groupe suédois repose sur les deux médias, mais surtout sur le catalogue tiré à 160 millions d’exemplaires (!) en 25 langues. Son objectif est d’attirer les clients dans les magasins en périphérie des villes. Le catalogue promeut de plus en plus le site Web d’IKEA pour la VAD et il est si populaire qu’il n’est pas rare de voir sur certaines boîtes aux lettres l’étiquette : « Pas de pub svp, sauf le catalogue IKEA. » La stratégie d’Otto, premier VPCiste mondial, illustre aussi la position de force du catalogue. En 2005, il a été diffusé pour la première fois non pas deux, mais trois fois. Plusieurs canaux de vente Internet a plutôt permis à la profession d’élargir son concept commercial : le Net n’annihile pas les autres canaux de vente, il en crée un nouveau. Plusieurs VPCistes comme Otto ouvrent de surcroît des boutiques sur certains marchés pour garantir une vraie distribution multicanaux. Chaque canal a ses points forts et ses faiblesses, ainsi que ses propres règles : les magasins permettent d’avoir un contact physique avec les articles ; Internet permet de comparer les prix et les marques, et de commander ; le catalogue peut être lu dans les transports en commun, pendant la pause déjeuner et reste inégalé pour donner une vue d’ensemble et de l’inspiration. « Pendant le boom d’Internet, nous croyions que la Toile allait jouer un rôle plus important, mais nous avons changé d’avis » HÅKAN SANDMAN La vente à distance en bref VPC EN EURO PAR TÊTE D’HABITANT (2004) VENTES EN LIGNE EN % 376 Autriche Allemagne 205 France 192 Norvège 186 Pays-Bas 174 Finlande 143 AEVPC 123 Danemark 119 Suède 114 Belgique 64 Rép. tchèque 43 Slovaquie 40 Irlande 26 Espagne 20 Hongrie 17 Slovénie 16 Italie 15 Grèce 9 Russie 4 Roumanie 1 49 46,4 France 246 Suisse 59,4 Pays-Bas Autriche 251 EN VALEUR, c’est en Grande-Bretagne que la VAD remporte le plus de succès. Suivent l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse et la France. Le chiffre d’affaires est moins élevé dans les pays méditerranéens et en Europe de l’Est. L’infrastructure routière et postière des pays comme la Russie, la Pologne et la Roumanie est moins développée, mais le potentiel de croissance y est intéressant. En Europe du Sud, la situation est complètement différente. « Le tissu culturel est hétérogène et les services postaux pas toujours fiables, estime Maitane Olabarria Uzquiano, directrice des affaires européennes de l’AEVPC. En Espagne, mon pays d’origine, on adore faire les magasins. Le climat est meilleur et les boutiques restent ouvertes tard. » 41,5 Royaume-Uni 36 Rép. tchèque 35,4 AEVPC 33 Danemark 32 Suède 25 Allemagne 24 Norvège 20 Finlande 20 Espagne 18 Belgique 15 Suisse 15 Irlande 13 Hongrie Slovaquie 1 12 8 Italie 6 Roumanie Russie 2 Grèce 1,5 S Royaume-Uni sca papergram no 4 › 2005 7 « Autre point en faveur du catalogue, sa capacité à reproduire les photos. Il est indispensable d’avoir de bonnes photos surtout quand on vend des vêtements. Le client veut voir ce qu’il achète » RICHARD PERKS Catalogues imprimés sur papier SCA : Argos, Baur, Bonprix, Biltema, Blanche Porte, Conrad, Heine, Neckemann (Thomas Cook), Otto, Quelle, Schwab et les 3 Suisses. 8 sca papergram no 4 › 2005 Une combinaison réussie Six cent ans après leur première apparition à Venise, la disparition des catalogues de VPC n’est pas pour demain. Ils s’accommodent plutôt bien d’Internet et du commerce de détail. Le spécialiste du bricolage et de l’outillage suédois Clas Ohlson a commencé par vendre par correspondance. À l’heure actuelle, 95 % de ses ventes se font en magasin. Doit-il cesser d’imprimer son catalogue ? Pas question car il est devenu le livre de chevet du bricoleur du dimanche et a sa place dans presque tous les foyers. Il est devenu tellement culte que ses anciennes éditions sont recherchées par les collectionneurs. S Autre méthode de plus en plus courue, feuilleter le catalogue et consulter ensuite le site Web pour voir s’il y a des offres spéciales, comparer et passer commande. Richard Perks, spécialiste du développement de la grande distribution au cabinet d’études de marché britannique Mintel, pense que le catalogue va encore durer quelques années. « Il y a plein de bonnes raisons pour cela. C’est important de pouvoir feuilleter un catalogue et d’avoir une vue d’ensemble. En plus, en Grande-Bretagne, le haut débit n’est installé que chez une minorité, à peu près un tiers des foyers. – Autre point en faveur du catalogue, sa capacité à reproduire les photos. Il est indispensable d’avoir de bonnes photos surtout quand on vend des vêtements. Le client veut voir ce qu’il achète. » Le spécialiste estime cependant que la profession n’a pas encore compris comment exploiter Internet et ses fonctionnalités. Elle se contente le plus souvent de « publier son catalogue sur le Web ». Au lieu d’ajouter des informations supplémentaires, certains VPCistes proposent même à leurs clients de télécharger un logiciel qui leur permet de feuilleter la version électronique du catalogue. PHOTO Scanpix/EPA SMOKING or no smoking ? représentait la province, Yves Saint Laurent la capitale, le chic, le luxe. Sa décision en 1996 de créer un smoking pour La Redoute a symbolisé la rencontre de ces deux univers et une nouvelle ère pour les VPCistes en France. « Les maisons de couture n’avaient jamais montré le moindre intérêt pour nous, raconte Marina Richard, responsable à l’époque du recrutement des stylistes au catalogue. Mais au milieu des années 1990, les couturiers ont commencé à donner signe de vie. » LA REDOUTE Plusieurs groupes cibles Aujourd’hui, La Redoute compte des filiales dans dix pays, dont l’Espagne, la Suède et les USA. Deux catalogues sortent chaque année, plus toute une série de publications spécialisées. En France, par exemple, il y en a une pour les seniors, une pour les grandes tailles et une sur la décoration intérieure. La Redoute fait partie de Redcats, le pôle de vente à distance du groupe PinaultPrintemps-Redoute (PPR). « Dans les années 1920, la VPC était intimement liée à la ruralité, explique Marina Richard. C’est là qu’habitaient nos clients et, en principe, c’était les femmes qui se chargeaient de tous les achats de la famille. » De nos jours, le marché présente une autre structure sociale. Monoménages et mères célibataires sont nombreux. Les femmes travaillent et, souvent, chaque membre de la famille s’occupe lui-même de ses achats. Karin Hervieu-Causse, maman de deux enfants qui habite à Paris et exerce une profession, confirme cette image. « La Redoute est formidable pour ceux qui n’ont pas le temps de faire du shopping. » Renouvellement de la marque Le rapprochement des grands couturiers et de leurs cousins provinciaux annonçait une nouvelle ère. Et dans leur sillage sont arrivées les top-modèles comme Claudia Schiffer, Linda Evangelista ou Laetitia Casta. C’est ainsi que les VPCistes ont précédé les Un smoking Yves Saint Laurent de la collection automne-hiver 2005. C’est justement grâce à un smoking et au couturier que La Redoute est devenue présentable dans les capitales. chaînes vestimentaires comme H&M et Zara qui demandent désormais à de grands couturiers de créer des collections. Le smoking de Yves Saint Laurent (gilet, pantalon et veste) coûtait près de 500 euros. Tous les exemplaires ont été vendus et il est introuvable aujourd’hui. Ce smoking a fait office de billet d’entrée à une nouvelle identité de marque, qui permet à La Redoute de prétendre qu’elle représente les dernières tendances de la mode parisienne. Comme elle l’affirme dans sa publicité : pas besoin d’aller à Paris pour acheter des vêtements de Paris. S Que s’était-il donc passé ? La Redoute est le premier VPCiste de France. Il envoie un catalogue de plus de 1 200 pages deux fois par an à sept millions de foyers. À l’étranger, son nom est synonyme de vêtements, mais, en France, il vend de l’électroménager, des meubles et d’autres produits. Pour comprendre cette rupture de tendance, il faut retourner aux origines de La Redoute, filature familiale créée en 1873 à Roubaix près de la frontière belge. Un jour de 1922, étant resté avec une grosse quantité de laine sur les bras, quelqu’un a l’idée de la vendre directement aux particuliers. On passe donc une annonce dans le journal local indiquant que la laine à tricoter sera bradée à moitié prix. « Tout s’est vendu en un rien de temps, reprend Marian Richard. La filature a alors commencé à vendre des pro- duits à des prix avantageux par correspondance directement aux particuliers. » Le premier catalogue sort en 1928. Il cible essentiellement les habitants des zones rurales, éloignés des boutiques. Il vend des vêtements et des produits lainiers, et remporte un succès immédiat. Son expansion est fulgurante. sca papergram no 4 › 2005 9 S Le couturier français Yves Saint Laurent a fait sensation quand il a accepté de créer un smoking pour la société de vente par correspondance La Redoute. Comment trouver chaussure à L’Allemagne était encore en ruines lorsque Werner Otto a fondé la société qui est devenue le numéro un mondial de la VPC et a fait de sa famille l’une des plus riches du monde. Les photos du premier catalogue d’Otto étaient collées à la main et les pages reliées par une ficelle. « Nous allons miser à fond sur les magasins et Internet », a annoncé le PDG Michael Otto, fils de Werner, fondateur du premier VPCiste mondial. 10 sca papergram no 4 › 2005 TOUT A COMMENCÉ en 1949 dans une banlieue de Hambourg. Werner Otto a 40 ans et se met en tête que la VPC est un secteur d’avenir. Il embauche trois personnes, donne son nom à l’entreprise et fabrique tant bien que mal un catalogue : les photos de 28 paires de chaussures sont collées à la main et le catalogue est relié par une ficelle au bureau. Il sera distribué à 300 exemplaires. Près d’un demi siècle plus tard, Otto diffuse une soixantaine de catalogues et affiche un tirage total de 109 millions d’exemplaires dans le monde entier. Près de 130 000 produits y sont présentés et l’accent est mis sur les vêtements et les textiles. En Allemagne, Otto est depuis longtemps synonyme de gros catalogue. C’est d’ailleurs la clé de voûte de son activité. Mais l’arrivée d’Internet dans les années 1990 a modifié la donne pour la profession. Depuis, tous les ans, on se demande si Otto ne devrait pas abandonner, ou du moins réduire fortement, son activité catalogue. Augmentation de la périodicité Cette année, la direction a répondu aux critiques en faisant passer pour la première fois de l’histoire du VPCiste le nombre de catalogues de deux à trois par an. Cette décision a fait l’objet d’une campagne publicitaire époustouflante à la télévision, dans la presse et dans les grandes villes sous forme de panneaux géants et lumineux. Le top-modèle Heidi Klum a servi d’appât. Cette campagne faisait suite à plusieurs années de faible demande et d’une TENDANCES PAR Henrik Emilson son pied baisse des commandes. Éditer un troisième catalogue semblait être un moyen de stimuler le marché. « Nous devons nous-même faire naître le vent économique qui nous pousse », a déclaré à l’annonce de la nouvelle le président du groupe, Michael Otto, qui a pris la succession de son père Werner en 1981. L’accélération du rythme sur le marché est une autre raison d’augmenter la périodicité et de chercher de nouveaux canaux de vente. Le neuf vieillit vite et un catalogue perd rapidement de son actualité. DEPUIS LE MILIEU du 19e siècle, elles sont source de joie… et d’angoisse : joie de recevoir une carte de vœux d’un parent éloigné, mais angoisse d’avoir oublié de lui en envoyer une. La première carte de vœux connue a été adressée à Sir Henry Cole, fondateur du Victoria & Albert Museum de Londres, en 1843. La plus petite a été reçue par le prince de Galles en 1929. Il s’agissait d’un grain de riz sur lequel le destinataire avait réussi à faire tenir l’adresse, ses vœux, ainsi qu’un petit dessin. La plus grande carte pesait deux tonnes et son port a coûté une fortune. Longue de 9 600 m, elle a été envoyée en 1968 par des soldats américains de retour du Vietnam à leurs camarades restés sur place. Joyeux Noë et bonne ann l é e! Aujourd’hui, la carte de vœux pour fêtes et anniversaires est une énorme industrie mondiale qui pèse 7,5 milliards de dollars. Sept milliards de cartes sont envoyées chaque année. Rien qu’en Suède (neuf millions d’habitants), on a atteint le record de 67 millions d’envois en 1995. Depuis, avec l’avènement d’Internet et du SMS, ce chiffre est tombé à environ 45 millions. ❆ S S Le Web et les boutiques Otto est aujourd’hui le deuxième commerçant mondial en ligne derrière Amazon. Au cours de l’année écoulée, le VPCiste a collaboré avec Microsoft pour moderniser son site Internet. Parmi les nouvelles fonctionnalités, on trouve une « boutique de la mode » dans laquelle l’internaute peut assortir divers vêtements à la mode sur un mannequin virtuel dont il peut même changer la couleur de la peau et des cheveux. Parallèlement, Otto mise sur les boutiques et espère ouvrir par l’intermédiaire d’une co-entreprise avec Castro Model une cinquantaine de boutiques en Allemagne au cours des prochaines années. C’est par le biais des boutiques, du Net et des catalogues que le VPCiste espère poursuivre sa course triomphale. ❄ Une tradition qui perdure Cher père Noël... MÊME SI LES FINLANDAIS prétendent le contraire, le père Noël est bel et bien suédois. S Preuve est que chaque année, quelque 60 000 lettres qui lui sont adressées arrivent avec force compliments, dessins et surtout listes de cadeaux. Environ un quart des lettres proviennent de l’étranger, principalement du Japon, d’Italie et d’Angleterre. Écrire au père Noël est une vieille tradition en Suède. Il y une centaine d’années, ces lettres parvenaient au magazine Jultomten (père Noël). Depuis sa disparition dans les années 1940, elles sont réceptionnées par l’assistant du père Noël à la poste suédoise. Tous ceux qui lui écrivent reçoivent une réponse, même ceux qui habitent à l’étranger ou qui ont choisi la voie électronique ([email protected]). Mais il ne faut pas oublier de préciser sa propre adresse, sinon le père Noël ne pourra pas répondre… sca papergram no 4 › 2005 11 Si loin, mais si proche Le dessinateur Neale Thomas a quitté la vie trépidante de Londres pour une existence plus calme dans un petit village suédois. PAR Alexander Farnsworth ILLUSTRATION Neale Thomas LORSQUE NEALE THOMAS est arrivé en Suède en 1998, il a amené avec lui ses clients de Londres et en a trouvé d’autres dans son pays d’adoption. Tout cela grâce à Internet. « Des Londoniens me téléphonent sans même savoir où j’habite. S’ils ne font pas attention au code d’accès international, ils croient probablement qu’ils appellent un portable. Ils ne savent pas que je me trouve au fin fond de la forêt suédoise, loin du stress de la ville. » Cet illustrateur travaille pour des magazines professionnels et des titres suédois et britanniques comme Renault Revue, Aftonbladet, Management Today, Veckans Affärer, IT User, The Guardian et Resumé. Il dessine aussi pour BBC Magazines, VNU Publishing, Rodale Press and Reed et d’autres groupes de presse et agences de publicité. « Mon rôle est de rendre intéressant quelque chose d’inintéressant. Une photo ne faisant pas toujours l’affaire. » son bureau/studio et des piles de magazines illustrés, de livres d’enfants et de BD vieilles de 50 ans. C’est là qu’il trouve l’inspiration. « Le travail ne représente qu’un quart de mon existence et non 100 % comme à Londres. Là-bas, je connaissais des gens qui dormaient sous leur table à dessin en se nourrissant de Coca Cola Light. – Pour moi, il suffit que le projet soit sympa. Une fois ma journée de travail terminée, je rentre à la maison, je prépare un bon dîner, bois un verre de vin rouge et vais me coucher. C’est une existence plutôt agréable. Mais à 25 ans, j’aurais trouvé cela assommant. » « Le travail ne représente qu’un quart de mon existence et non 100 % comme à Londres » à haut débit, un Mac Powerbook et un scanner. Ses outils naturels sont le papier et le crayon, mais il dessine aussi directement sur ordinateur. Ses clients reçoivent leurs commandes par courrier électronique. Travail à temps partiel La famille Thomas possède un petit bout de terrain avec une maison principale et deux maisonnettes. Dans l’une se trouve Neale Thomas a embrassé avec enthousiasme le mode de vie rural suédois. Il fait des tartes avec les pommes de son verger. Il va se promener son rejeton en poussette. Il bricole dans la maison. Mais il n’a pas encore tout à fait compris pourquoi les piscines municipales et même les cinémas ferment l’été. Il trouve cela tellement« typiquement suédois ». S Le salon dans le garage Neale Thomas est un grand Anglais efflanqué et discret au visage bordé de longs favoris. À Sörfly, un village à proximité de Kilafors dans la province du Hälsingland, sur la côte est au nord de Stockholm, ce trentenaire de Liverpool détonne. En plus de son physique original, sa Jaguar de 1977 attire l’attention. Il l’a importée d’Angleterre. « Je voulais un salon anglais sur roues. » Dans le garage, il y a aussi une Austin importée. L’illustrateur qu’il est ne tranchait pas dans les milieux créatifs de Londres. À Sörfly, il profite des avantages du télétravail. « Quand on me confiait un projet il y a 15 ans, j’allais voir le client. Une fois terminé, j’allais le livrer personnellement. De nos jours, on se rencontre rarement. Je n’ai vu aucun des mes clients depuis deux ans. On me demande d’envoyer l’adresse de mon site Web. » Aucune importance si le dessinateur travaille en Espagne ou dans une forêt suédoise. Neal Thomas a une connexion Neale Thomas, illustrateur originaire du nord de l’Angleterre. A quitté Londres la trépidante pour les forêts suédoises. Pour découvrir son travail et le personnage représenté par l’autoportrait ci-contre : www.nealethomas.net 12 sca papergram no 4 › 2005 sca papergram no 4 › 2005 13 ENTRE MOTTES ET DIAMANTS Vu la popularité croissante du golf, on aurait pu penser qu’il existait un magazine pour les golfeuses en Europe. Eh bien, non, personne n’y avait pensé avant que Red Tee n’arrive dans les kiosques suédois et ne réussisse un hole in one. PAR Henrik Emilson PHOTOS Red Tee et Scanpix n’est pas uniquement le premier magazine de golf pour les femmes en Europe, c’est aussi une « success story ». Tout a commencé par une visite aux toilettes. En avril 2004, Bonnie Roupé, aujourd’hui rédactrice en chef du mensuel, et Sylvia Rönn, directrice générale de sa maison d’édition, se retrouvent au restaurant. Pendant que la première s’éclipse pour aller aux toilettes, son amie RED TEE 14 sca papergram no 4 › 2005 promène son regard sur les murs et aperçoit une photo de l’équipe de golf de l’établissement. Lorsque Bonnie Roupé retourne à table, son amie lui demande en montrant la photo si elle voit une femme parmi eux. Il n’y en a pas naturellement. Elles constatent combien le sport est dominé par les hommes et se demandent pourquoi il n’existe pas de magazines pour les golfeuses alors que le pays compte le plus grand nombre d’affiliées par habitant au monde et deux des plus grandes championnes actuelles, Lotta Neuman et Annika Sörenstam. « C’est alors que nous avons dit en riant : lançons une revue de golf pour les femmes ! », se souvient Bonnie Roupé. Deux semaines plus tard, on annonce des suppressions d’emploi chez l’employeur de Bonnie Roupé. Diplômée en sciences économiques de 28 ans, elle tra- Annika Sörenstam, numéro un mondiale, est née à Stockholm mais vit et joue aux USA. vaille comme conseillère en management dans le secteur des télécoms. Pour elle, c’est un signal annonçant qu’il est temps de changer de voie. Elle prépare alors un plan de développement pour un magazine et entame la maquette d’un numéro zéro. Elle n’a aucune expérience de la presse, aucune connaissance en conception graphique ou en économie de la presse, mais elle se dit que si d’autres y sont arrivés, il n’y aucune raison qu’elle n’y arrive pas. Elle parvient à boucler un budget à sa manière : « J’ai étudié comment assurer la rentabilité d’un magazine et quel look nous voulions pour notre périodique. Puis j’ai tout simplement compté à rebours pour en arriver à la somme finale. Nous avons adapté nos méthodes de travail en fonction. La plupart des journaux perdent de l’argent les trois premières années. Mais nous, nous ferons des bénéfices dès la première. » Il ne reste donc plus qu’à foncer ? Non, le plus dur reste à faire. « J’ai mis six mois pour convaincre Sylvia que mon idée était bonne. Elle était employée dans la même banque depuis 16 ans, avait une maison et deux enfants. » cier sa tenue de golf au bon sac et à la bonne voiture (sic). Mais la vie à la rédaction n’est pas toujours une partie de plaisir. Le premier numéro n’est sorti qu’après des jours et nuits de travail acharné. Bonnie Roupé n’a pris que deux jours de vacances la première année. « Quand on ne connaît pas d’avance le degré de difficulté, c’est plus facile de quitter son travail et de se lancer. Si nous avions eu une expérience de la presse, nous aurions su quelle somme de travail était nécessaire. Nous ne nous serions pas risquées alors. » Huit numéros et 12 000 abonnés plus tard, Bonnie Roupé et Sylvia Rönn sont naturellement très satisfaites. Et leurs lectrices, de 13 à 86 ans et de 0 à 36 en handicap, le sont aussi. « Les réactions ont été incroyablement positives. Nous pensions que certaines seraient indi- « Nous n’essayons jamais de surestimer les connaissances de nos lectrices, mais nous ne sous-estimons pas leur intelligence non plus » BONNIE ROUPÉ S Beaucoup d’abonnées Avant même que le premier numéro ne soit prêt, le duo crée un site Web où les internautes peuvent s’abonner. « À la fin, nous avions environ 3 000 abonnées, suffisamment pour financer l’impression du premier numéro », indique Bonnie Roupé. Red Tee est publié par la maison d’édition Anemona Nemorosa et n’est pas soutenu par un grand groupe de presse ou des financiers. Les deux amies ont simplement financé leur activité par un prêt bancaire – choix qui a ses avantages. « Quand c’est l’argent des collaborateurs qu’on dépense, le rapport coût/performances devient tout autre. » Le slogan de Red Tee est « Entre mottes et diamants ». Il sort dix fois par an et combine sportivité et glamour avec des conseils pratiques. On y trouve des reportages sur Dubaï, des accessoires de luxe et des pages mode sur la manière d’assosca papergram no 4 › 2005 15 « Une expansion est possible en Corée du Sud, en Allemagne, en Chine et en Espagne » gnées parce que le magazine est plutôt luxueux, mais nous avons montré qu’on peut être à la fois sportive et chic. » Le golf l’hiver Pays froid et neigeux l’hiver, la Suède ne se prête pas du tout à un magazine de golf. Néanmoins, Red Tee ne fait pas l’impasse sur cette saison. « Nous parlons de mise en forme pendant l’hiver. Dans le prochain numéro, nous conseillons sur plusieurs appareils de fitness. Et puis nous abordons le sujet des voyages pour jouer au golf », détaille Bonnie Roupé qui a 27 en handicap et dont le club favori est le driver. « Nous parlons aussi d’autres sports, comme le ski. Beaucoup de joueurs font autre chose l’hiver. Notre magazine doit être source d’inspiration et quand on ne peut pas jouer en plein air, on peut aimer lire sur le sujet. » Red Tee comprend aussi une rubrique automobile. « D’une part, c’est parce que Sylvia et moi nous intéressons aux voitures. D’autre part, nous pensons que d’autres devraient s’y intéresser. Nous avons étudié le sondage d’Orvesto sur les centres d’intérêt des golfeuses et avons constaté que les voitures faisaient partie du top 10, bien avant les soins capillaires. On peut être très sportive, s’intéresser aux voitures et néanmoins se prendre pour une princesse », constate Bonnie Roupé en riant. Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus, c’est bien connu. C’est l’une des choses qu’ont retenues Bonnie Roupé en concevant Red Tee. « Je crois que hommes et femmes sont très différents dans au moins un domaine : la concentration. Celle des femmes est très diffuse, les hommes la décriraient certainement comme un manque de concentration. S CHAQUE PAYS A SES COULEURS et règles concernant le tertre (point de départ). Parfois golfeurs et golfeuses partent du même endroit, parfois non. Il est bon de se renseigner à l’avance sur les règles et usages locaux. En Suède, les tertres de départ ont quatre couleurs différentes. Le jaune est pour les hommes, le rouge pour les femmes. En Suède, le parcours de 18 trous est 16 % plus court à partir d’un tertre rouge qu’à partir d’un jaune. Cela signifie que les femmes sont quelques mètres devant les hommes et, pour certains trous, de 30 à 50 mètres. Les deux autres couleurs sont bleu pour l’élite masculine et blanc pour l’élite féminine. sca papergram no 4 › 2005 Belles perspectives L’avenir semble rose pour ce tandem déterminé et sa rédaction de cinq personnes. « Nous aurons 15 000 abonnés fin 2005 et nous voulons en avoir le double fin 2006. Je veux qu’au moins Les hommes et les femmes lisent dif Point de départ rouge pour les Suédoises 16 Pour choisir les articles, elles imaginent que leurs lectrices sont des golfeuses amateurs. « Nous n’essayons jamais de surestimer les connaissances de nos lectrices, mais nous ne sous-estimons pas leur intelligence non plus. » – Mais, en tant que femme, je dirais plutôt que nous pouvons nous concentrer sur plusieurs choses à la fois. Le golf est davantage une sortie sociale pour nous. Nous parlons beaucoup pendant que nous jouons. Mais des enquêtes montrent que nous passons moins de temps que les hommes sur un parcours de golf. » C’est cette fameuse capacité multitâche ? « Oui, en général en ce qui concerne la façon de jouer. Dans le cas d’un magazine, cela touche la mise en page. Les femmes ont une autre perception optique que les hommes. Des études montrent des différences dans la vision périphérique. » La rédactrice en chef se réfère aux ouvrages Sex differences in mathematical reasoning ability de Camilla Benbow et surtout Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien, pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières d’Allan et Barbara Pease. Ces auteurs affirment que les hommes se repèrent mieux dans l’espace, ce qui leur permet de comprendre plus facilement l’interaction entre les objets et, par exemple, de doubler plus facilement une voiture. Selon les chercheurs, les femmes ont une meilleure vision périphérique et sont donc moins victimes de collisions latérales. « Tout cela explique pourquoi une femme peut aper- CHRONIQUE féremment BRUSQUEMENT, le monde bascule. Du moins pendant quelques minutes. Nous nous en sommes cruellement rendus compte ces derniers temps : raz-de-marée, ouragans et attaques terroristes ont changé radicalement notre perception des choses. Après une catastrophe, notre première réaction est le chagrin et la colère. Puis vient l’espérance : ces catastrophes nous font prendre conscience, certes brutalement, de la fragilité de notre planète. Prenons l’exemple de la Thaïlande : chaque année, près de 250 000 Suédois s’y rendent en vacances. Phuket est devenue une péninsule « nationale », peut-être pas géographiquement, mais mentalement. Nous ne pouvons plus ignorer ce qui se passe en dehors de nos frontières puisque la planète s’est restreinte et agrandie en même temps. À la rédaction du magazine RES, nous continuons de recevoir des coups de fil et des courriels de lecteurs inquiets qui se demandent : « Est-ce que j’oserais voyager de nouveau ? Imaginez qu’un 11 septembre, un SRAS ou un tsunami se reproduise ? » Ces interrogations sont tout à fait légitimes. Je me souviens de la première conversation que j’ai eue avec un de nos reporters sur place après que le razde-marée ait déferlé sur la côte occidentale thaïlandaise. Il me disait que soudain le paradis était devenu l’enfer et j’avais du mal à la croire. Lorsque j’ai commencé à réaliser la terrible vérité, j’ai senti comme une boule dans l’estomac, j’ai tiré la couette sur ma tête et me suis dit que si je restais pour toujours bien au chaud dans mon petit lit à Stockholm, rien ne m’arriverait. Ce sentiment n’a pas duré longtemps. C’est une erreur de refuser de voyager parce que l’on croit que la planète est devenue dangereuse. C’est aussi une erreur de croire qu’il est plus risqué de prendre l’avion depuis le 11 septembre : toutes les études montrent que c’est le contraire. À RES, nous poursuivons notre mission qui est de parler du monde que nous aimons. Nous pensons en effet que les voyages nous permettent de mieux comprendre les autres et que ces connaissances combattent les préjugés et l’étroitesse d’esprit. Nous n’arriverons jamais à maîtriser la nature, nous ne sommes pas aussi arrogants. Par chance, l’être humain parvient à oublier ces tourments. Avec le temps, nous refoulons de plus en plus loin la mort et les catastrophes pour ne nous souvenir finalement que des choses et moments agréables. Exemple réconfortant : aujourd’hui, plus de Suédois achètent des voyages vers la Thaïlande qu’avant la catastrophe. La volonté et le besoin de voyager restent plus forts que la peur. S S cevoir un cheveu sur sa veste tout en faisant marche arrière dans la boîte aux lettres. Quand elle ouvre un réfrigérateur, elle sait tout de suite ce qui s’y trouve tandis qu’un homme cherche le beurre, rayon par rayon. Même principe quand on lit un magazine : la presse masculine respecte une structure quadrillée que l’homme lit dans un certain ordre. La presse féminine est plus désorganisée car les femmes se lassent vite des structures quadrillées. Elles n’ont pas besoin d’un ordre particulier pour assimiler le contenu. » Bonnie Roupé et ses collaborateurs ont donc adapté le format du magazine en fonction de la manière dont lisent les femmes. Elle s’est aussi inspirée des études sur les méthodes de lecture des femmes. « Nombreuses lisent un magazine trois fois : la première fois, elles le feuillettent, lisent les titres et regardent les photos ; la deuxième, elles choisissent un article à lire, et la troisième, elles lisent tout. » Pour satisfaire à toutes ces étapes, Red Tee passe beaucoup de temps sur les chapeaux, les légendes, les interlignes, les encadrés et les citations, ainsi que la variation de la longueur des articles. Et la revue doit être lisible du début à la fin, de la fin au début et à partir du milieu. « C’est pour satisfaire les trois méthodes de lecture. » Pas de solution sous la couette PHOTO RES S 20 % des golfeuses suédoises lisent Red Tee. » Bonnie Roupé espère pouvoir conclure un accord avec le distributeur Tidsam pour que la vente au numéro atteigne 30 à 40 000 exemplaires. « C’est notre rêve. » Un autre rêve est de lancer Red Tee à l’étranger. « Une expansion est possible en Corée du Sud, en Allemagne, en Chine et en Espagne. » La réputation du magazine s’est étendue dans le monde entier et il existe un intérêt pour une version coréenne. Dans ce cas, le nom et le concept seraient utilisés sous licence. Pas mal pour une idée née dans un restaurant. Elin af Klintberg ELIN AF KLINTBERG est rédactrice en chef du magazine RES sca papergram no 4 › 2005 17 Pour faire facilement des économies, il suffit que les imprimeries entretiennent régulièrement leurs équipements. D’après une étude britannique, beaucoup les négligent. PAR Luise Steinberger ILLUSTRATION Tomas Holmström L’ordre source D’ÉC LA PLUPART DES AUTOMOBILISTES font régulièrement réviser leur voiture. Certains le font même eux-mêmes. Rares sont ceux qui s’en moquent totalement. Comparés à ces saines habitudes, les résultats d’une enquête sur les opérations d’entretien de petites et moyennes imprimeries offset en Grande-Bretagne sont plutôt surprenants. Les deux enquêteurs, Tim Claypole, chercheur au centre gallois de recherche sur l’impression et le couchage, et Nigel Wells, chef de projet au Web Offset Champion Group, ont procédé en deux étapes : d’abord une liste de 60 questions sur Internet, puis 20 entretiens avec des sociétés triées sur le volet. Leurs interlocuteurs faisaient souvent partie de la direction de l’entreprise. « Il s’avère que la plupart des imprimeries employant 50 à 100 salariés n’ont pas de programme de maintenance particulier et n’ont pas non plus de collaborateurs spécifiquement embauchés pour cette mission, indique Tim Claypole. Les entreprises employant plus d’une centaine de salariés disposent plus souvent d’un spécialiste, mais ce n’est pas toujours le cas. » Gros avantages L’étude montre aussi que les responsables sont conscients de l’utilité d’avoir un professionnel à leur disposition. Ceux qui procèdent à une maintenance systématique ont constaté qu’elle leur apporte de gros avantages. « Les patrons ont l’impression que les arrêts de production sont 18 sca papergram no 4 › 2005 moins nombreux, poursuit le chercheur. Leurs employés font plus attention à leur matériel. Ils connaissent mieux les performances et les capacités des machines. En plus, on économise des consommables puisqu’on sait mieux comment doser l’encre, par exemple, et on commence avec le temps à avoir une bonne idée des pièces de rechange à avoir en stock en permanence. » Selon l’étude, les imprimeries les mieux entretenues enregistrent 90 % d’arrêts de production en moins, 60 à 70 % de production en plus, 60 % de déchets de papier en moins et 63 % de qualité en plus. Bien entretenues, les presses tournent plus vite et leurs vitesses d’impression et de finition sont supérieures, conclut l’étude. Changements déconseillés Tim Claypole distingue trois stratégies de maintenance. La technique de l’arrêt : on fait tourner les machines jusqu’à ce qu’elles lâchent. Quand c’est le cas, on les répare. Deuxième technique, celle de la restauration : on procède à des améliorations lors des opérations de réparation. Enfin, troisième démarche, la maintenance préventive aux interventions régulières pour éviter les arrêts. Tim Claypole souligne que la troisième option n’est pas toujours la meilleure du fait qu’elle est plus onéreuse. Le risque est de changer trop souvent les pièces. Et de montrer la courbe de vie type de la plupart des produits et pièces de rechange qui révèle un risque supérieur de défaillance peu après la mise en service d’une pièce. Une fois la période critique passée, elle remplit son rôle avec fiabilité pendant longtemps avant que le risque d’avarie ne recommence à s’intensifier. « Ceux qui changent trop souvent les pièces ne parviennent jamais à la phase de fiabilité et restent coincés au début [de la courbe], là où les pièces courent un risque permanent de lâcher. » Le chercheur cite l’exemple d’un fabricant d’électronique ayant le sens de la longévité : « Il laisse tourner ses ordinateurs pendant 48 heures avant de les CONOMIES De l’importance des odeurs Selon les deux chercheurs, une maintenance efficace dépend beaucoup de l’intervention active des opérateurs de machine. Tim Claypole énonce cinq domaines d’observation permanente : les performances (redoublement de la vigilance dès que la qualité baisse), l’analyse sensorielle (changement d’odeur, variations thermiques, bruits inhabituels), le Cinq conseils de maintenance L’industrie de l’impression est très automatisée : moins de collaborateurs, plus de travaux, diminution des délais. Les presses sont rarement à l’arrêt. Pourtant, c’était généralement à ce moment-là que l’opérateur faisait le tour de sa machine avec sa burette d’huile. Nigel Wells et Tim Claypole recommandent donc les pratiques suivantes : • Planifier une maintenance régulière ; • Étudier les avantages de techniciens d’entretien (positif : la maintenance devient une priorité ; négatif : les autres collaborateurs s’impliquent moins) ; • Réunir les équipes pour découvrir défaillances et écarts en comparant les observations ; • Contrôler régulièrement, mais pas trop de choses en même temps sous peine de ne pas pouvoir évaluer les résultats. Choisir quelques éléments clés ; • Ne pas utiliser de produits de nettoyage polluants. S emballer pour livraison. Pendant cette période, les exemplaires défectueux cessent de fonctionner alors que les autres dépassent la première phase critique et arrivent à la phase de fiabilité. » sca papergram no 4 › 2005 19 Nigels Wells, chef de projet au Web Offset Champion Froup, et Tim Claypole du centre gallois de recherche sur l’impression et le couchage. 20 sca papergram no 4 › 2005 SCA a opté depuis longtemps pour la maintenance planifiée et systématique de ses machines à papier. L’expérience accumulée dans ce domaine peut aussi servir aux imprimeries. S Planifier la remise en route : souvent, une nouvelle équipe arrive lorsque la machine redémarre. Il est indispensable que ceux qui prennent le relais sachent ce qui a été fait et comment; S Le secret de la réussite Quelques conseils de Hans Pettersson : Consigner tout : au bout de quelques mois, personne ne se souvient plus de ce qui a été fait. Adopter des règles uniformes que tous les collaborateurs comprennent ; S Investissement rentable Selon Lennart Thorén, responsable de la maintenance, la stratégie consiste à assurer la disponibilité maximale des équipements de production en pratiquant une maintenance préventive et corrective. « Tout le monde participe au processus de décision. » Chacun assume une tâche, mais veille aussi au processus dans son ensemble, ajoutet-il. « Nous attachons beaucoup d’importance à la coopération entre la production et la maintenance. L’objectif est de procéder à des améliorations permanentes. » Les analyses des temps d’arrêt, élément clé du travail de maintenance, sont à la base des changements qui améliorent les fonctions ou réduisent les besoins en maintenance d’une machine. Hans Pettersson ajoute que, grâce à la maintenance, les machines fonctionnent avec fiabilité et les arrêts intempestifs sont beaucoup moins nombreux. Il estime que le groupe n’a pas à regretter les sommes élevées qu’en- gendre l’arrêt d’une machine en bon état. À la longue, ces arrêts planifiés reviennent moins cher que les mesures d’urgence non prévues. Utiliser volontiers un système d’exploitation et d’information, pas un cahier de maintenance. Avec un système commun, on peut améliorer les interventions du personnel d’exploitation et celui de maintenance. On peut aussi voir les écarts de productivité, ce qui facilite la chasse aux coûts ; S près de Sundsvall, en Suède, planifie des arrêts réguliers au cours desquels le personnel passe en revue les machines, contrôle et change des pièces selon le programme de maintenance prévu. Si nécessaire, on fait appel aux experts du fournisseur. SCA préfère éviter la sous-traitance : « Cela a un effet négatif sur le contrôle et les connaissances », estime Hans Pettersson, responsable développement de la papeterie d’Ortviken. Analyser systématiquement : contrôler toujours l’origine d’une défaillance, ne pas se contenter de corriger les symptômes. Les rapports sur les défaillances précédentes peuvent éclairer ; S LA PAPETERIE SCA D’ORTVIKEN, S S Entretien conseillé Le vieil adage « nettoyer, contrôler et régler » a toujours du bon, estime Nigels Wells. « Même si le nettoyage en lui-même n’entre pas dans la maintenance, il est néanmoins essentiel que la machine soit toujours propre, sinon on ne détecte pas les changements. De plus, une lubrification et un contrôle réguliers sont de bons moyens de bien connaître les entrailles de la machine et de découvrir tout de suite si quelque chose ne va pas. » Autre condition importante, la direction doit fournir à ses collaborateurs temps, formation et encouragement pour qu’ils se consacrent à la maintenance. Arrêts planifiés N’adopter pas de codes trop détaillés car une recherche dans une banque de données risque d’exclure des informations importantes pour l’analyse ; S r contrôle des vibrations, de la température et de la lubrification. « Il est essentiel que les opérateurs écoutent, sentent et touchent si quelque chose leur paraît insolite. Ce sont eux qui connaissent le mieux leur presse. » Ils ont de bons moyens à leur disposition : capteurs infrarouge, scanners à ultrasons, caméras de thermographie et outils numériques de surveillance comme les Webcams qui peuvent être connectées au fournisseur de l’équipement pour lui permettre d’aider à contrôler les défaillances. Ainsi, un imprimeur propriétaire d’un tel système demande un jour au fournisseur de la machine si celle-ci a besoin d’une maintenance particulière. La réponse ne s’est pas faite attendre : « Arrêtez immédiatement la machine ! Le tableau de commande est en train de griller ! ». Donner des priorités. PAR Henrik Emilson TENDANCES Les journaux d’affaires perdent des lecteurs INFOS ET BILANS S Impression bactériophile DEPUIS PLUS de 600 ans, on im- À LA PLAGE, dans le bus, on voit des hommes et femmes qui inscrivent des chiffres compris entre 1 à 9 dans une grille. Depuis que le Times de Londres a publié des grilles de sudoku à l’automne 2004, le phénomène s’est répandu partout et c’est devenu le jeu de l’année 2005. À l’heure actuelle, tous les quotidiens qui se respectent publient une grille de sudoku à côté de celle des mots croisés. Pour ceux pour qui cela ne suffirait pas, il existe aussi des compilations de grilles qui se vendent particulièrement bien au Danemark. Au palmarès des dix ouvrages spécialisés les plus vendus ne figurent que des livres de sudoku. Selon l’Universal Press Syndicate qui a commencé à fournir des grilles aux quotidiens en mai 2005 et compte déjà 250 clients, les rédacteurs trouvent que l’engouement pour le sudoku est un moyen idéal d’attirer de nouveaux lecteurs. Reste à voir s’il s’agit d’une tendance de plus ou si ce jeu va engendrer la même fidélité que les mots croisés, par exemple. QUE DU NOUVEAU À L’OUEST LORS DES PREMIÈRES attaques de l’alliance emmenée par les USA en Irak, on a beaucoup parlé de journalistes « embedded » (intégrés), seuls habilités par le Pentagone à suivre les troupes au combat. Un autre terme est né pendant le conflit au cours d’autres engagements : « hotel journalism », le journalisme d’hôtel pratiqué par ceux étant empêchés ou ayant peur de s’approcher du cœur de l’action. Au lieu d’être sur le terrain, ils parlent de la situation telle qu’elle leur est rapportée par leurs contacts au sein de la population locale. De nouveaux blogs ont aussi fait leur apparition, les milblogs. Comme les autres journaux de bord publiés sur Internet, ils sont aussi écrits par des particuliers. Mais ceux-ci ne sont pas des civils, ce sont des militaires. Des milliers de soldats américains, dont 200 stationnés en Irak, racontent leur quotidien sur le Net. Un événement résumé en quelques lignes par le Pentagone peut faire l’objet d’un long chapitre dans un milblog rédigé par un soldat qui l’a vécu en première ligne. Ces écrits sont diffusés au grand dam du ministère de la Défense US qui préfèrerait contrôler toute l’information relative à la guerre. S S prime du texte et des illustrations sur du papier. Maintenant, on y estampille aussi des bactéries vivantes. Des chercheurs de l’université de Harvard aux USA ont mis au point une presse spéciale pour bactéries pour observer comment ces micro-organismes s’influencent mutuellement. Parfois, ils forment des colonies poisseuses qui adhèrent sur diverses surfaces. Ainsi groupés, ils résistent davantage aux antibiotiques. Grâce à cette presse, on peut apposer des bactéries sur diverses surfaces et étudier leur regroupement. Le résultat peut contribuer à éviter les nouvelles maladies et à purifier les matières. Gymnastique intellectuelle S plus rapides, actualisation des indices et cours de la bourse toutes les deux minutes sont quelques-unes des raisons qui expliquent la popularité des journaux d’affaires suédois sur le Net. Le tout dernier à faire son apparition sur la Toile est le quotidien Svenska Dagbladet (SvD) qui a transféré sa couverture de l’économie de son site habituel au nouveau site N24. Entre mai 2004 et mai 2005, sa fréquentation a grimpé de 90 %, affirme le magazine Dagens Media. Le nombre de visiteurs individuels du site de son concurrent Dagens Industri (DI) a presque doublé ces trois dernières années. Parallèlement, la version papier de ces titres a chuté de 13 % pour DI et de 6 % pour SvD. Le temps que les particuliers consacrent aux médias en une journée reste le même, c’est le choix des médias qui change. Le problème, c’est qu’un lecteur sur papier est plus intéressant au niveau des recettes qu’un internaute. Milblogs www.milblog.org www.thedonovan.com www.blogsofwar.com sca papergram no 4 › 2005 21 22 sca papergram no 4 › 2005 C’est grâce à l’écrit que les religions ont diffusé au cours des siècles leur message dans la pierre, sur la peau d’animaux, sur le papier et même sur le squelette de dromadaires. PAR Anne Rentzsch PHOTOS Stockbyte et Pressens Bild « Heureux celui qui lit » écrit saint Jean dans l’Apocalypse, à la fin du Nouveau Testament. Le nom du Coran, le livre sacré des musulmans, dérive de l’arabe al- Qur’an, qui signifie la lecture, la récitation déclamatoire. La transmission du message par la lecture joue un rôle central dans bon nombre de religions, en particulier chez les juifs, les chrétiens et les musulmans. « À la base de ces trois religions sont des faits historiques que l’on raconte et transmet dans l’optique d’atteindre autant de gens que possible », estime Thomas Söding, professeur de théologie biblique à l’université de Wuppertal, en Allemagne. Dans le judaïsme, les textes sacrés sont, en plus, restés pendant des siècles le point d’ancrage d’une stratégie de survie destinée à préserver l’identité religieuse du peuple juif. La Torah, qui regroupe les cinq premiers livres de la bible hébraïque, est au cœur de la foi juive. Ce regroupement systématique des textes a eu probablement lieu au cours du 6e et 7e siècles avant notre ère. La Torah n’était pas inscrite dans la pierre ou dans le bois, mais sur des rouleaux de cuir, une solution adaptée à sa diffusion car facile à emporter avec soi en voyage. Cherté du parchemin À partir du 2e siècle avant notre ère, les textes sacrés sont consignés sur du parchemin. Cette peau d’animal spécialement préparée était cher, mais résistait plus longtemps que le papyrus dont se servaient les Égyptiens depuis le 2e millénaire. Ce nouveau message révolutionnaire, prônant l’amour de Dieu et des hommes, a rapidement fait des émules, en particulier au sein des masses incultes. « Ce n’est pas un hasard si les premiers chrétiens se sont servis du papyrus au début du 2e siècle pour propager leurs textes, indique le professeur Söding. Le format convivial d’une liasse de feuilles reliées, le premier exemple de format livre et brochure que nous connaissions, était sca papergram no 4 › 2005 23 S Le papier sacré ou l’art de narrer une religion certes moins prestigieux que les rouleaux de parchemin, mais beaucoup plus rentable. Ce n’est que lorsque le christianisme a été bien implanté que les coûteuses éditions reliées en parchemin se sont popularisées. » C’est au 6e siècle de notre ère que l’islam s’est imposé. Selon la tradition, Dieu a transmis son message directement à Mohammed. Ses révélations ont été inscrites sur l’omoplate de squelettes de dromadaire, sur des peaux d’animaux et des tablettes en pierre. À la mort du prophète, ces écrits ont été réunis dans le Coran. À l’inverse de la Bible, le Coran est considéré comme la parole directe et textuelle de Dieu. Il est interdit d’en faire l’exégèse. Les traductions faites de l’arabe d’origine sont d’ailleurs traitées avec méfiance. Le papier arrive en Europe Entre le 6e et le 9e siècles sortent les premiers Corans reliés en parchemin. Dès le 8e siècle dans le monde musulman, le papier éclipse le parchemin et le papyrus. Ce sont les Chinois faits prisonniers pendant les guerres de conquête des musulmans qui leur enseignent les secrets de la fabrication du papier. Le spécimen de papier le plus ancien jamais découvert est d’ailleurs originaire de la Chine et date de 180 à 50 ans avant notre ère. Avec le papier se développe une culture de l’écrit florissante dans les pays arabes. Il faudra attendre le 12e siècle avant que le matériau arrive au Maroc et en Espagne, postes les plus avancés de l’islam à l’ouest. Le secret de sa fabrication se propage dans l’Europe chrétienne, probablement par l’intermédiaire des juifs ayant fui les persécutions de Xativa, près de Valence, et installés dans le nord-est de l’Espagne où ils commencent à en fabriquer au 13e siècle. Le nouveau matériau ouvre la voie à l’imprimerie. La découverte de Johann Gutenberg en 1446 révolutionne l’édition. Grâce à ces deux moyens, on fabrique en série des livres à un prix abordable et la Bible remporte un succès triomphal. Elle est aujourd’hui le livre le plus répandu au monde. « Pour propager un message religieux, on s’est toujours servi des méthodes les plus modernes de l’époque, rappelle Thomas Söding. Les nouveaux médias comme Internet ne font pas exception. » Aujourd’hui, lorsque les juifs veulent laisser un message dans le mur des « Pour propager un message religieux, on s’est toujours servi des méthodes les plus modernes de l’époque. Les nouveaux médias comme Internet ne font pas exception » THOMAS SÖDING 24 sca papergram no 4 › 2005 S Dans la plupart des religions, on lit les textes sacrés depuis un endroit bien précis du lieu de culte. lamentations de Jérusalem, ils envoient un fax ou un message électronique. Les chrétiens modernes téléchargent le passage du jour de la Bible et les musulmans s’envoient mutuellement des prières par Internet. Toutefois, le papier a conservé son rôle de messager. « La Bible, le livre des livres, doit pouvoir être tenue en main, précise le professeur Söding. On doit pouvoir la toucher et la sentir. À l’église, elle doit reposer sur l’autel et sur le pupitre pour que tous les fidèles voient dans quel livre lit le prêtre. » Nouveau u groupe cible : les jeunes quadras Est-il vraiment sage de lancer un magazine de près de 300 pages à l’ère d’Internet et de la télévision par câble ? L’un des grands quotidiens d’Italie a osé. Et fait recette. PAR Kristina Wallin PHOTO Pressens Bild Les adulescents sont des trentenaires et quadragénaires dont le style de vie et les goûts sont les mêmes que ceux des adolescents. temps des hebdomadaires ou des mensuels avec certains quotidiens. Cependant, la diffusion de l’épaisse revue XL avec La Repubblica a tout d’une nouveauté. Le groupe cible, par exemple. Les jeunes certes, mais aussi les moins jeunes, les adulescents (contraction d’adultes et d’adolescents) en fait. Le magazine est très glam comme Vanity Fair ou Vogue. Tous les grands couturiers y passent de la publicité. Sa maquette aux lignes harmonieuses est presque révolutionnaire comparée aux vrais magazines pour les jeunes qui ressemblent à des clips vidéo. « Naturellement, nous essayons d’attirer les jeunes lecteurs vers La Repubblica avec XL, reconnaît son rédacteur en chef Luca Valtorta. Mais ce n’est pas un magazine pour les jeunes traditionnel. » Le journaliste a été contacté il y a un an quand l’idée de la revue est née au sein de la rédaction magazines de La Repubblica. Son brief : faire le mensuel qui l’intéresserait personnellement. « Nous nous adressons à un public jeune, mais sca papergram no 4 › 2005 25 S EN ITALIE, on distribue depuis long- Spécial Johnny Depp Même la mise en pages est conçue pour attirer les jeunes lecteurs : aérée, directe, faisant la part belle aux photos. « C’est le résultat de notre quête d’une maquette ‘simple’ », indique Gianni Mascolo, directeur artistique de tous les suppléments de La Repubblica. Ce choix marque tout le magazine, mais chaque rubrique a son propre style. La police de caractères semble toute nouvelle, mais Gianni Mascolo a des révélations à faire à ce sujet : « C’est ce que disent beaucoup de gens. Le plus amusant, c’est que je suis allé chercher une vieille police qui me fait presque penser à d’anciennes revues pour architectes Un grand magazine Choisir Johnny Depp a été une idée de génie, affirme Gianni Mascolo. « Tout le monde l’aime, les jeunes comme les vieux, les hommes comme les femmes. La fascination qu’il exerce fait décoller tout le magazine. La couverture du premier numéro était extrêmement importante : c’est pourquoi nous avons choisi le thème et l’image avec soin. » Ce numéro s’est vendu à un demi-million d’exemplaires et a même dû être réimprimé. « Nous ne nous attendions pas à un tel succès, souligne son rédacteur en chef. Mais même si l’on ne peut pas espérer le même tirage pour les prochains numéros, celui-ci a montré qu’il PHOTO La Repubblica sur un ton adulte, constate Luca Valtorta qui a 41 ans. Au niveau du contenu, je suis parti de mes propres centres d’intérêt. » Il parle de « kidadults », terme imaginé par le chercheur américain Ethan Watters pour désigner la génération actuelle des trentenaires et quadragénaires. Ces adulescents jouent toujours à la Playstation et se jettent sur tous les nouveaux gadgets technologiques (genre iPod). tellement elle est droite : c’est DIN. » Le directeur artistique de XL se définit lui-même comme un graphiste journaliste. Pour lui, le plus important n’est pas que la mise en pages soit esthétique, mais qu’elle mette en valeur le contenu journalistique. Le mensuel est partagé en dix rubriques : Top du mois, Monde, Glam, Musique, Courants culturels, Techno, Style, BD, Libre-service et Réactions. Certaines d’entre elles comme Top du mois et Libre-service ont beaucoup de photos et peu de texte. D’autres comme Glam et Courants culturels sont de longs reportages de fond. « L’idée, c’est que chacun trouve chaussure à son pied, explique Luca Valtorta. C’est pourquoi on y trouve de tout, du dernier morceau à télécharger sur Internet à l’approfondissement de certains sujets. » Le premier numéro avait pour thème Johnny Depp avec, à la clé, un entretien privé et un article sur sa compagne Vanessa Paradis, une petite interview du metteur en scène Tim Burton qui a travaillé plusieurs fois avec lui, un long article sur sa carrière, des commentaires recueillis auprès d’une longue série de personnalités italiennes, etc. Rien à voir avec les articles que l’on trouve normalement sur les stars dans le reste de la presse. « C’est un mensuel fait sur mesure pour moi et par moi » LUCA VALTORTA 26 sca papergram no 4 › 2005 Avec XL, Luca Valtorta a réalisé son rêve : un magazine comme il aurait souhaité en lire. « C’est un mensuel fait sur mesure pour moi et par moi, acquiescet-il en riant. Mais pour ne pas disparaître, nous devons toujours aller de l’avant et évoluer. C’est pourquoi nous tenons compte des réactions des lecteurs. Dans le deuxième numéro, on a quasiment présenté que des lettres critiques pour faire comprendre aux lecteurs que nous sommes vraiment ouverts à leurs opinions et au changement. » S existe un créneau pour ce type de magazine. Et que le prix est suffisamment abordable pour que tout le monde ait les moyens de l’acheter. » Le premier numéro coûtait un euro et les suivants deux à peine. C’est un prix peu élevé pour un mensuel « extra large ». Il mesure 24,5 x 31,5 cm, soit un peu plus qu’une feuille de format A4. « Concevoir un vrai grand magazine est un élément de notre stratégie visant à faire quelque chose de nouveau et de différent, explique Gianni Mascolo. Nous avons déterminé le format de XL avec notre service technique pour qu’il soit imprimable sans trop de problèmes. » Les photos sont choisies avec le plus grand soin. C’est l’une des décisions qui « Je suis allé chercher une vieille police qui me fait presque penser à d’anciennes revues pour architectes tellement elle est droite : c’est DIN » GIANNI MASCOLO Faible traitement des photos « 80 % de nos photos sont numériques et nous recevons souvent des clichés techniquement très médiocres qui ne sont pas imprimables. C’est pourquoi nous testons toutes les photos avant de les valider. Le problème, ce n’est pas la qualité des appareils photos numériques, mais ceux qui retouchent les photos chez les agences de presse et qui ne savent pas du tout s’y prendre. » PHOTO La Repubblica prend le plus du temps, d’après le directeur artistique : d’une part, il est parfois difficile d’obtenir une bonne photo, d’autre part, la qualité pose problème. sca papergram no 4 › 2005 27 Rudolph hante les forêts de SCA PAR Luise Steinberger PHOTO O. Källström/Norrlandia ILLUSTRATION Tomas Holmström S LES ENFANTS savent que c’est l’un des plus proches collaborateurs du père Noël. Il s’appelle Rudolph et c’est lui qui tire le traîneau chargé de cadeaux. Bien sûr qu’il existe... même si la majeure partie des 230 000 rennes de Suède ne sont pas concernés par les fêtes de fin d’année et qu’ils sont élevés par les Sames (Lapons), pas par le père Noël. L’hiver n’est pas une saison facile pour les rennes. Ils redescendent des pacages vers les sapinières et grattent le sol gelé ou inspectent les troncs pour trouver le lichen terricole et corticole dont ils se nourrissent. Les rennes ne mangent pas les pousses d’arbre. Mais parfois le pâturage d’hiver peut être source de conflits entre éleveurs et propriétaires forestiers car les cervidés en quête de nourriture piétinent les petits plants sous la neige. La croûte de neige peut être dure, surtout dans les grandes coupes claires, et le lichen difficile à trouver. Pour éviter tout conflit, SCA, qui possède de nombreux hectares de forêts dans le nord de la Suède, coordonne ses activités avec les Sames. Les coupes sont planifiées pour gêner le moins possible les terrains de parcours des rennes et l’accès aux lichens. 28 sca papergram no 4 › 2005