Voir le livret - Arts Florissants

Transcription

Voir le livret - Arts Florissants
Id d d I
durée mm
wmnw
JEAN-PHILIPPE RAMEAU
(1683-1764)
Castor & Pollux
Tragédie lyrique e n u n u r o l o g u e e t cinq a c t e s
Chœurs e t danses - Choruses & Dances
Ouverture - Chœur "Vénus, ô Vénus"
Si Hippolyte &AriciewÀt signé l'acte de décès
de la tragédie lyrique lulliste, Castor & Pollux
inaugura le 24 octobre 1737 un nouveau modèle
d'opéra français. Véritable manifeste de
l'esthétique "tamiste", cette production fit
naturellement scandale mais connut un succès
durable, voire légendaire.
L'interprétation de William Christie et des Arts
Florissants en révèle l'audace tant orchestrale que
structurelle et rétablit Castor&Polluxàh, place
d'honneur que cet opéra méritait dans la
discographie.
Chœur " Q u e (ouf gémisse"
Télaïre "Tristes apprêts, pâles
flambeaux"
Symphonie guerrière - Télaïre "Eclatez, Hères trompettes"
Air "Voici des Dieux". Entrée d ' H é b é
P h é b é "Sortez d'esclavage" - 1 * Air d e s Démons
Chœur "Brisons tous nos fers" • 2* Air d e s Démons
Castor "Séjour de l'éternelle Paix" - Air pour les Ombres
Une Ombre "Ici se lève l'aurore"
Chœur "Revenez, revenez sur les rivages sombres"
Entrée d e s Astres - U n e Planète "Brillez brillez, Astres nouveaux"
Chœurs " Q u e les deux, que la Terre et l'Onde"
Howard Crook (Castor), Jérôme Corréas (Pollux)
Agnès Mellon (Télaïre), Véronique Gens (Phébé)
Sandrine Piau (Une Ombre I Une Planète)
Mark Padmore (LAmour), Claire Brua (Minerve)
Sophie Daneman (Un Plaisir)
Adrian Brand, Jean-Claude
Sarragosse (Deux Athlètes)
Les Arts
H MA 1951501 E E 2 E S
Florissants
dir. William
Kenneth
JfHippolyte et Aricie signed the death warrant
of the Lullian tragédie lyrique, on 24 October
i737Castor et Pollux inaugurated a new era in
the French opera. A veritable manifesto of the
Ramellian aesthetic, this production naturally
caused a scandal, but was to bave an enduring
indeed a legendary, future.
William Christie's performance with Les Arts
Florissants reveals its orchestral and structural
daring and restores Castor et Pollux to the place
it deserves in the discography of Baroque opera.
Weiss, assistant
f m. \
B I
Christie
musical
f
I I
harmonia mundi s.a.
Mas de Vert, 1 3 2 0 0 Aries
(©1994,2003
Made in Germany
RAMEAU
SD
Castor & Pollux
Chœurs et danses
Les Arts Florissants
William Christie
PROLOGUE
ACTE PREMIER
Minerve, L'Amour, Chœurs des Arts et des Plaisirs
LU
Chœur des Arts et des Plaisirs : "Vénus, S Vénus"
6'59
LT] Scène I
LTJ Scène III
LD Scène IV
Chœur de Spartiates : "Que tout gémisse"
3'33
Télaïre : "Tristes apprêts, pâles flambeaux"
Pollux, Télaïre, Troupes de Spartiates et d'Athlètes
Symphonie guerrière. "Mais d'où partent ces cris nouveaux ?"
Premier Air pour les Athlètes / "Eclatez, fières trompettes"
5'52
8'22
ACTE DEUXIEME
ACTE TROISIÈME
Scène V
Pollux, Hébé et sa suite, Les Plaisirs Célestes
S
Deuxième Air pour Hébé et ses suivantes
Un Plaisir : "Voici des Dieux". Entrée d'Hébé (reprise)
5'54
LT] Scène rV
Pollux, Télaïre, Phébé, Démons. Phébé : "Sortez d'esclavage"
Premier Air des Démons
Chœur des Démons : "Brisons tous nos fers"
Deuxième Air des Démons
3' 11
Castor : "Séjour de l'éternelle Paix"
Air pour les Ombres. Chœur : "Qu'il soit heureux comme nous"
4'23
2'40
Loure. Une Ombre : "Ici se lève l'aurore"
Pollux, Castor, Les Ombres
4'52
Scène rV
Chœur des Ombres : "Revenez, revenez sur les rivages sombres"
Gavotte
2'36
Scène VII
Les Astres, Planètes, Satellites, Dieux & les mêmes
Entrée des Astres. Gigue
2'53
Ariette. Une Planète : "Brillez, brillez, Astres nouveaux"
Chaconne. Chœurs : "Que les deux, que la Terre et l'Onde"
3'29
7'03
0
ACTE QUATRIÈME
4'10
LT] Ouverture
Scène I
0
0
Scène I
Scène II
0
m
ACTE CINQUIÈME
LU]
H
LU
3' 10
RAMEAU
Castor & Pollux
Chœurs et danses
Les Arts Florissants
William Christie
harmon..
mundi
CHŒUR
Sopranos Sophie Daneman, Emmanuelle Gai, Violaine Lucas, Anne Mopin
Brigitte Pelote, Valérie Picard, Anne Pichard, Sylviane Pitour, Anne-Marie Tauzin
Contre-ténors Adrian Brand, Richard Duguay, Didier Rebuffet, Bruno Renhold
Ténors Alain Brumeau, Patrick Foucher, François Piolino, Jean-Marie Puissant, Eric Vignau
Basses François Bazola, Jean-François Gay, Christophe Olive
Jean-Claude Sarragosse, Russell Theodore, Paul Willenbrock
ORCHESTRE
Violons Kevin Mallon, Susan Cantrick, Bernadette Charbonnier, Garry Clarke
Roberto Crisafulli, Nicola Hayston, Valérie Mascia, Robert Mealy
Rachael Quinlan-Yates, Michèle Sauvé, Isabel Serrano, Pauline Smith
Yuki Terakado, Ruth Weber, George Willms
Altos Anne Weber, Anja Bölkow, Torbjörn Köhl, Marie-Louise Manning
Michel Renard, Jorien van Tuinen
Violoncelles David Simpson, Paul Carlioz, Martha Giese-Vallon, Antoine Ladrette
Michel Murgier, Hendrike Ter Brugge, Alix Verzier
Contrebasses Hendrik-Jan Wolfen, Damien Guffroy
Flûtes I Petitesflûtes Serge Saitta, Charles Zebley, Valérie Baissa
Hautbois Christian Moreanx, Abigail Graham, Ulrike Neukamm, Machiko Ueno
Bassons Claude Wassmer, Michael Dollendorf, Norbert Kunst, Philippe Miqueu
Trompettes James Chigi, Gilles Rapin
Percussions Marie-Ange Petit
Clavedn Kenneth Weiss
JEAN-PHILIPPE RAMEAU
Castor & Pollux
Tragédie lyrique en un prologue et cinq actes créée à l'Académie Royale de Musique
(Paris, octobre 1737) • Livret de Pierre Joseph Bernard
Castor : Howard Crook, ténor
Fils de lyndare et de Léda I Son oflyndarus and Leda / Sohn Tyndareos und Ledas
Pollux : Jérôme Corréas, baryton
Fils de Jupiter et de Léda ISonof lupiter and Leda I Sohn Jupiters und Ledas
Télaïre : Agnès Mellon, soprano
Fuie du Soleil, amante de Castor IDaughter of the Sun, Castor's bebved
Tochter der Sonne, Geliebte Castors
Phébé : Véronique Gens, soprano
Princesse de Sparte, amante de Pollux IA Spartan Princess, lover ofPollux
Eine spartanische Prinzessin, in Pollux verliebt
Une Ombre, Une Planète : Sandrine Piau, soprano
A happy Spirit, A Planet I Fin seliger Schatten, Ein Planet
L'Amour /Love /Amor : Mark Padmore, contre-ténor
Minerve : Claire Brua, soprano
Divinité des Arts et des Plaisirs / Divinity ofthe Arts and the Pleasures
Athena, Göttin der Freuden und der Künste
Un Plaisir : Sophie Daneman, soprano
A celestial Pleasure / Eine himmlische Freude
Deux Athlètes : Adrian Brand, ténor • Jean-Claude Sarragosse, hasse
lim Athlètes I Zwei Athleten
La distribution complète de l'opéra comprend également les rôles de Vénus, Mars, Le Grand Prêtre et Une Suivante
d'Hébé. Dans la version intégrale (HMC 90143537) d'où est tiré ce disque, ces rôles étaient respectivement tenus par
Sandrine Piau, René Schirrer (Mars, Le Grand Prêtre) et Sophie Daneman.
LES ARTS FLORISSANTS, dir. WILLIAM CHRISTIE
ü IHÜ10IIII
Castor
& Pollux
En 1733, près de cinquante ans après sa mort, Lully laissait encore limage
d'un opéra français exemplaire, archétype inviolable, sorte d'héritage
sacré des Français que nul ne devait jamais ni égaler ni dépasser. La florai™™f
son d'oeuvres lyriques exceptionnelles issues de la plume de compositeurs
comme Campra (Tancrède), Marais (Alcione), Destouches (Télémaque), Matho
(Arkm), Royer (Pyrrhus) et Montéclair (Jephté), n'avait pas réussi à faire prendre
conscience au public à quel point le langage s'était transformé depuis la mort de Lully.
A ce public passéiste, il fallut le scandale de la création â'Hippolyte et Aride en 1733
pour admettre que Lully n'avait plus le monopole du genre. L'œuvre était à ce point
audacieuse que, sous la pression des interprètes, Rameau avait consenti à supprimer
le second Trio des Parques, jugé cacophonique. D'un coup, Rameau détruisait ce que
Lully avait mis tant d'années à construire : l'union fière, chauvine et béate des Français
autour d'un même objet culturel né de son génie et de celui de Quinault. Subitement,
l'esthétique ramiste ravageait la confiance des Français dans leur patrimoine, s'attaqnant à leur opéra national qu'ils avaient souhaité immuable.
A la date de la création de Castor et Pollux, le 24 octobre 1737, les polémiques théoriques qui avaient opposé Rameau à Montéclair de 1729 à 1731 puis au Père Castel en
1736, dont la presse s'était fait largement l'écho, le choc d'Hippolyte et Aricie et le
succès mitigé des Indes galantes avaient forgé un contexte social très "médiatisé". La
création de Castor et Pollux n'en était que plus attendue.
Cette fois, Rameau ne concéda rien, du moins dans l'immédiat. Ce n'est qu'en 1754
qu'il proposa une seconde version de Castor et Pollux comme il le fit pour toutes ses
autres œuvres majeures. Il appliqua toutes les sophistications de langage et d'orchestration, toutes les nouveautés dramatiques, toute la science harmonique et rythmique qu'il
avait exploitées dans Hippolyte et Aricie et dans Les Indes galantes ; celles-là mêmes
qui avaient heurté le public. Ce fut un véritable manifeste de l'esthétique ramiste qui
apporta à son concepteur la consécration mais divisa définitivement les Français en deux
clans opposés : les lullistes et les "rameauneurs". Malgré lui, Rameau était projeté dans
une première querelle esthético-musicale qui devait durer jusqu'à ce que la Querelle des
Bouffons vienne prendre la relève.
Castor et Pollux s'inscrit comme une œuvre en tous points remarquable tant par l'originalité de son livret qui exploite le thème peu galvaudé de l'amour fraternel que par la
beauté de sa musique audacieuse et d'une nouveauté bien souvent suffoquante. Une
ouverture à la française introduit le prologue, l'un des plus réussis de toute l'œuvre dramatique de Rameau avec celui de Nais. Dès les premières mesures du chœur des Spartiates
pleurant la mort de Castor "Que tout gémisse" (se 1), "on est saisi et touché de cette
tragique atmosphère", écrivait Debussy. Le tissu orchestral en mouvement chromatique
descendant et de nature morbide, le traitement vocal homorythmique qui assure une
pleine audibilité du texte et surtout la parfaite intégration de la scène au drame par sa fonction de chant funèbre, lui ont assuré un succès mérité. Les philosophes des Lumières,
pourtant réfractaires au principe artificiel et invraisemblable du chœur d'opéra, admiraient
sans réserve ce passage. Dans le célèbre monologue de Télaïre, "Tristes apprêts, pâles flambeaux", Rameau offre un exemple remarquable du pouvoir expressif de la sous-dominante
et du timbre des bassons qui gagnèrent, grâce à lui, leur titre de noblesse.
Le deuxième acte contient également des sommets. Le divertissement construit un
discours envoûtant et d'une subtile délicatesse, à l'image de la séduction qu'Hébé et sa
Suite tentent d'exercer sur Pollux. La couleur du troisième acte, violente et rebondissante, s'inscrit bien comme le négatif du divertissement précédent. C'est le lieu des
Enfers, maillon inévitable de l'opéra baroque, dont Rameau va tirer le meilleur parti. Le
chœur "Brisons tous nos fers", qui produisit une profonde impression sur ses contemporains, doit son efficacité à un syllabisme obsédant et percutant. Le cinquième acte
regorge de très beaux moments. Enfin, la chaconne, concession à une ancienne tradition, s'étend sur deux cent deux mesures dans lesquelles Rameau réussit l'exploit
d'échapper au carcan de la carrure, tout en se soumettant au principe de la "variation"
par cycles de huit mesures. L'opéra s'achève sur le chœur "Que les deux, que la terre et
l'onde", rassemblant autour des deux frères immortalisés dans le firmament, étoiles,
planètes et satellites, image de science-fiction étonnamment préfiguratrice.
d'après SYLVIE BOUISSOU
SYNOPSIS
PROLOGUE. Divertissement sur le thème de la paix retrouvée, autour de Mars, dieu de
la guerre dompté par Vénus, Minerve, l'Amour et les Plaisirs (allégorie du traité de
Vienne qui mettait fin à la guerre de Succession au trône de Pologne).
ACTE I. Le peuple de Sparte pleure la mort de son roi Castor, tué par Lincée. Télaïre,
l'amante de Castor, confie à la princesse Phébé que rien ne saura la consoler de cette
perte. Or, Pollux, frère immortel de Castor, vient déposer à ses pieds, comme prix de sa
vengeance, la dépouille de Lincée vaincu. Il déclare sa flamme à Télaïre, qui le repousse
avec adresse en lui demandant d'intercéder auprès de son père Jupiter en faveur du
retour à la vie de Castor.
ACTE IL Pollux est confronté à un cruel dilemne : "L'amitié [pour Pollux] brûle d'obtenir ce que l'amour [pour Télaïre] frémit d'entendre." Il finit par se rendre aux instances
de Télaïre. En fait, le père consent à la résurrection de Castor à condition que Pollux
prenne sa place aux Enfers, solution déchirante dont Jupiter tente de le dissuader en lui
offrant un divertissement vantant les Plaisirs célestes. Mais les mélodies enchanteresses
des suivantes d'Hébé, déesse de la jeunesse éternelle, ne parviendront pas à détourner
Pollux de son dessein.
ACTE III. Phébé, secrètement amoureuse de Pollux, tente de l'empêcher de pénétrer
dans l'antre des Enfers. L'arrivée de Télaïre - qui exhorte au contraire Pollux à rejoindre
les Champs Elysées - lui fait comprendre que celui-ci ne l'aime pas en retour et qu'il
lui préfère Télaïre, pour laquelle il a consenti à tout perdre. Phébé demande aux
monstres, démons et autres spectres gardiens des enfers, d'empêcher l'entrée de
Pollux. Cependant, l'aide de Mercure permet à ce dernier de forcer le passage. Phébé
déplore amèrement de ne pouvoir le rejoindre.
ACTE IV. Aux Champs Elysées, les Ombres heureuses tentent de divertir Castor, inconsolable de la perte de Télaïre. Pollux le retrouve, lui fait part de son sacrifice personnel
- sacrifice d'autant plus grand qu'il aime aussi Télaïre, rivalité jamais avouée à Castor.
Ce dernier n'accepte son retour au séjour des mortels que pendant une journée seulement, afin d'y voir une dernière fois Télaïre, après quoi il reprendra sa place aux Enfers
et rendra à son frère "le jour, son trône et ses autels", sans écouter les Ombres
heureuses qui les invitent tous deux à demeurer en leur "séjour de l'éternelle paix".
ACTE V Phébé découvre que Castor a revu le jour ; folle de rage en le voyant près de
Télaïre, elle songe à venger ce qu'elle considère comme un outrage fait à l'immortel
Pollux, avant de décider de se donner la mort pour le rejoindre aux Enfers. De son côté,
Castor annonce à Télaïre le serment qu'il a fait à Pollux. Ne pouvant se résoudre à une
telle issue, celle-ci accuse Castor de ne l'avoir, en fait, jamais aimée, et elle se retourne
contre la cruauté des dieux, insensibles à leur amour. Leur réponse ne se fait pas
attendre : un terrible orage provoque l'évanouissement de la jeune femme, Jupiter
surgit de l'Olympe et annonce le partage de l'immortalité entre les deux frères. Puis il
invite Castor, Pollux revenu des Enfers et Télaïre à assister au divertissement final devant
le Palais de l'Olympe, parmi astres, planètes, soleil et satellites.
RatnedU
Castor
& Pollux
I
I
n
' ' 733, almostfiftyyears after his death, Lully still represented the epitome of the French opera, an inviolable archetype, a kind of sacred heritage
French that no one could ever surpass or even equal. The effloresЯ М А в cence of exceptional operatic works from the pen of composers like
Campra (Tancrede), Marais (Alcione), Destouches (Telmaque), Matho (Ariori), Royer
(Pyrrhus) and Monteclair (Jephte) had not succeeded in making the public realize to
what extent the language had changed since the death of Lully.
It took the scandal of the premiere of Hippolyte etAricie (1733) to make this backwardlooking public admit that Lully no longer held the monopoly in the genre. The work was
so daring that, under pressure from the performers, Rameau agreed to omit the second
Trio des Parques, which was considered cacophonic. With a single stroke Rameau
demolished everything that Lully had spent years in constructing: the proud, chauvinis­
tic and complacent union of the French around one and the same cultural object, the
offspring of his and Quinault's genius. Then suddenly the Ramellian aesthetic played
havoc with the confidence of the French in their patrimony, assaulted their national opera
that they had hoped was unchangeable.
t 0
m
e
At the time when Castor et Pollux wasfirststaged on 24 October 1737 Rameau's theoretical
quarrels with Monteclair between 1729 and 1731 and then with Pere Castel in 1736, which
were widely reported in the press, as well as the shock caused by Hippolyte etAricie and
the mitigated success of Les Indes gakntes, had created a highly "mediatized" social
context. Castor et Pollux could not have been awaited with greater impatience.
This time Rameau made no concessions - at least not in the beginning. It was only in
1754 that he presented a second version of Castor et Pollux, which he did with all of his
major works. He introduced all of the sophistications of language and orchestration, all
of the dramatic novelties, and all of the harmonic and rhythmic skills that he had
exploited in Hippolyte etAricie m&Les Indes galantes, even those that had offended the
public. It represented a veritable manifesto of the Ramellian aesthetic that, while it earned
its composer public acknowledgment, definitively split the French into two opposite
clans: the "Lullistes and the Rameauneurs'". In spite of himself, Rameau found himself
1. A play on the word "ramoneur" = chimneysweep? (T.N.)
thrown into a first aesthetic-musical quarrel that was to continue until the "Querelle des
Bouffons" took over from it. Castor et Pollux is a highly remarkable work not only in the
originality of its libretto that exploits the rather straightforward theme of fraternal love,
but also in the beauty of its music and its often staggering stifling novelty
An ouverture à la française introduces the Prologue, which is, with that of Nats, one of
the most successful in all of Rameau's dramatic works. From the very first bars of the
Chorus of Spartans lamenting the death of Castor, "Que tout gémisse" (Sc. 1), "we are
gripped and moved by this tragic atmosphere", Debussy wrote. The morbid character of
the chromatically descending orchestral texture, the homorhythmic vocal treatment that
ensures the perfect audibility of the words and, above all, the seamless integration of the
scene in the drama in its function as a funerary chorus earned it arichlydeserved success.
The philosophers of the Enlightenment, generally disapproving of the artificial and
improbable nature of operatic choruses, admired this passage without reserve. In the celebrated monologue of Télaïre, "Tristes apprêts, palesflambeaux",Rameau gives a remarkable demonstration of the expressive power of the sub-dominant and the sound-colour of
the bassoons that, thanks to him, came into their right as respectable instruments.
The second act, too, has its summits. The divertissement in Scene 5 forms a bewitching
and subtly delicate discourse in which Hebe and her attendants attempt to beguile Pollux.
The tone of freshly aroused violence in the third act is like a negative of the foregoing
divertissement. It is set in the Underworld, an inevitable feature of Baroque opera, which
Rameau turns to excellent account. The chorus, "Brisons tous nos fers", which had a
profound effect on contemporary audiences, owes its effectiveness to its obsessive and
percussive syllabic setting. The fifth act is teeming with lovely passages. Finally, the
chaconne, a concession to early forms, of two hundred bars in which Rameau manages
to avoid the constrictions of a square-cut structure even while respecting the principle of
eight-bar "variations". The opera ends with the chorus, "Que les cieux, que la terre et
l'onde", in which the stars, planets and satellites assemble around the two brothers
transformed into stars, in an astonishing image prefiguring modem science-fiction.
after
SYLVIE
Bouissou
Translation Derek Yeld
SYNOPSIS
PROLOGUE. A divertissement on the theme of regained peace, with Mars, god of war
subdued by Venus, Minerva, Love and the Pleasures (an allegory on the Peace of Vienna
which in 1736 had concluded the War of the Polish Succession).
ACT I. The Spartans are mourning the death of their king, Castor, slain by Lynceus.
Castor's beloved, Telaira, confides to the princess Phoebe that nothing will ever console
her at this loss. But Pollux, Castor's immortal brother, has avenged him and lays the
remains of Lynceus at her feet. He declares his love for Telaira who skilfully rejects him
and asks him to intercede with his father, Jupiter, to restore Castor to life.
ACT II. Pollux is confronted by a painful dilemma: "Friendship [for Pollux] burns to
obtain what love [for Telaira] shudders to hear." He finally surrenders to Telaira's
entreaties. Jupiter informs his son that Castor can return to earth only on condition that
Pollux takes his place in Hades. This is a heartrending solution, and in order to dissuade
him, Jupiter arranges a divertissement showing him the celestial pleasures he will lose.
But the bewitching melodies of the attendants of Hebe, goddess of eternal youth, do not
succeed in shaking Pollux's resolve.
ACT III. Phoebe, secretly in love with Pollux, tries to prevent him from gaining access to
the cavern of Hades. The arrival of Telaira, who urges him on, makes her realize that
Pollux does not return her love and prefers Telaira for whom he has consented to sacrifice everything. Phoebe exhorts the monsters, demons and other ghostly guardians of
the gates of Hades to prevent Pollux from entering. However, with Mercury's help he
forces an entry. Phoebe bitterly laments not being able to follow him.
ACT IV In the Elysian Fields the Happy Shades try to divert Castor, inconsolable for the
loss of Telaira. Pollux joins him and tells him of his personal sacrifice, which is all the
greater since he, too, loves Telaira, a rivalry that he had never confessed to Castor.
Mercury comes to fetch Castor who declares that he will not stay on earth for more than
one day in order to see Telaira one last time, after which he will regain his place in Hades
and return to his brother "his life, his throne and his altars". He pays no heed to the
Happy Shades who invite them both to remain in their "abode of eternal peace".
ACT V Phoebe discovers that Castor has returned to life; mad with rage at seeing him
beside Telaira, she plans on avenging what she considers an insult to the immortal
Pollux before deciding to commit suicide in order to join him in Hades. Castor, in turn,
discloses to Telaira the vow that he has made to Pollux. Unable to resign herself to such
a situation, she accuses Castor of never having loved her and inveighs against the cruelty
of the gods, indifferent to their love. Their response is prompt: a terrible storm causes
the young woman to faint, Jupiter appears from Olympus and decrees that the two
brothers shall share immortality. Then he invites Castor, Pollux returned from Hades,
and Telaira to watch a final divertissement before the Palace of Olympus amidst the
stars, planets, the sun and the satellites, and the Twins are inducted into the Zodiac.
Rameal!
Noch 1733, fast fünfzigjahre nach seinem Tod, stand der Name Lully für
die französische Oper schlechthin. Seine Oper war das unantastbare
Urbild, eine Art heiliges Vermächtnis der Franzosen, das nichts je erreichen noch übertreffen würde. Das Erblühen so hervorragender Opernwerke, wie sie aus Campras Feder hervorgegangen waren (Tancrede) oder der von
Marais (Alcione), Destouches (Télémaqué), Matho (Ariori), Royer ipyrrhus) und
Montéclair (Jephte), hatte nicht vermocht, dem Publikum bewußt zu machen, wie weitgehend sich der Zeitstil seit dem Tode Lullys gewandelt hatte.
Für dies vergangenheitsbezogene Publikum hatte es des Skandals der Erstaufführung
von Hippolyte etAricw bedurft um zuzugeben, daß Lully nicht mehr das Monopol auf
das Genre besaß. (Dieses Werk war dermaßen gewagt, daß sich Rameau unter dem
Druck der Interpreten herbeigelassen hatte, das zweite Trio der Parzen zu streichen es wurde als kakophonisch befunden!) Mit einem Schlag zerstörte Rameau, was es
Lully Jahre gekostet hatte aufzubauen: das stolze, chauvinistische, glückselige Bewußtsein der Franzosen, durch ein eigenes Kulturgut repräsentiert zu sein, das sein und
Quinaults Genie geschaffen hatten. Plötzlich vernichtete die Musikästhetik Rameaus
das Vertrauen der Franzosen auf ihr vaterländisches Erbe, indem sie ihre Nationaloper
angriff, die sie sich unwandelbar gewünscht hätten.
Die musiktheoretischen Kontroversen zwischen Rameau und Montéclair in den
Jahren 1729 bis 1731 und später (1736) dem Jesuitenpater Castel hatten ein breites
Echo in der Presse gefunden; der sensationelle Erfolg von Hippolyte et Ariele und der
etwas mäßigere von Les Indes galantes kreierten ebenfalls ein Medienspektakel; so
platzte die Uraufführung von Castor et Pollux in eine Atmosphäre von Aktualität,
welche die Erwartungen noch gespannter machte. Diesmal machte Rameau keine
Konzessionen, jedenfalls nicht zunächst. Erst 1754 gab er eine zweite Version von
Castor et Pollux heraus, wie er es bei allen seinen größeren Werken getan hatte. Er
brachte alle gesanglichen Feinheiten und die der Orchestrierung, alle dramatischen
Neuerungen, seine ganze Harmonie- und Rhythmiklehre ein, die er im Hippolyte et
Ariele angewandt hatte, sogar das, was das Publikum brüskiert hatte. Es war ein
regelrechtes Manifest Rameauscher Musikästhetik, das zwar dem Urheber ihres
Konzepts zur Bestätigung verhalf, aber die Franzosen definitiv in zwei Lager spaltete:
Lullisten und "Ramoneurs"* '. Unfreiwillig entfachte Rameau einen Streit über musikalische Ästhetik, der fortdauern sollte, bis ihn der Buffonistenstreit ablöste.
Castor et Pollux ist ein in jeder Hinsicht bemerkenswertes Werk sowohl wegen der Originalität seines Librettos mit dem unverbrauchten Thema der Bruderliebe als wegen der
Schönheit seiner kühnen Musik, deren Neuheit uns oft nahezu den Atem verschlagt. Eine
französische Ouvertüre geht dem Prolog voran; dieser stellt - neben dem von Nais - einen
der bestgelungensten von Rameaus Bühnenwerk dar. Gleich von den ersten Takten des
Spartanerchors "Que tout gémisse", der Castors Tod beklagt, an "ist man ergriffen und
gerührt von dieser tragischen Stimmung" schrieb Debussy. Der locker geflochtene orchestrale Klang in chromatischer Abwärtsbewegung, die homorhythmische Setzweise der
Singstimmen, die für Textverständlichkeit sorgt, und vor allem die perfekte Integrierung
der Musik - eines Grabgesangs - in das Bühnendrama ernteten für Rameau einen
verdienten Erfolg. Die Philosophen der Aufklärung, die sich gegen das Prinzip eines Chors
in der Oper als künstlich und nicht plausibel auflehnten, haben diese Stelle jedoch
rückhaltlos bewundert. Mit Télaïres berühmtem Monolog "Tristes apprêts, pâles flambeaux" liefert Rameau ein feines Beispiel für die expressive Kraft der Subdominante und
der Klangfarbe des Fagotts, das ihm sein Adelsprädikat verdankt.
Auch der zweite Akt bringt Höhepunkte. Im Divertissement rankt sich ein betörender
Wechselgesang von subtiler Delikatesse um Pollux und Hebe mit ihren Gefolgen, die ihn
zum Bleiben verführen wollen. Die Tönung des dritten Akts, laut und lodernd, bildet die
Komplementärfarbe zum vorangegangenen Divertissement. Hier kommt die Unterwelt,
dies unentbehrliche Glied in der Handlungskette barocker Opern! Der Chor "Brisons tous
nos fers" hat seine Zeitgenossen tief beeindruckt; seine Wirkung beruht auf einer besessenen, hämmernden Syllabik Der fünfte Akt bordet dann von schönen Momenten nur so
über zweihundertzwei Takte aus; Rameau bringt es jedoch fertig, dem steifen Korsett zu
entschlüpfen ohne sich dem Prinzip der achttaktigen "Variation" zu verweigern. Die Oper
schließt mit dem Chor "Que les deux, que la terre et l'onde"; um das durch Verstirnung
unsterblich gemachte Brüderpaar scharen sich Sterne, Planeten und Satelliten, ein
erstaunlich modern anmutendes Science-fiction Image!
3
B
U V ] E
0 r a s s ( ) u
Übersetzung Liesel B. Sayre
1. Ironisches Wortspiel:
Rameau-Anhängc-r = rameauneur = ramoneur = Kaminfeger (A.d.Ü ).
PROLOG. Das erste Divertissement feiert die Wiederkehr des Friedens (damals endete
der Polnische Erbfolgekrieg) mit einer Allegorie, in der Venus, Amor, Athena und die
Himmlischen Freuden den Kriegsgott Mars bezähmen.
I. AKT. Am Grabe Castors, den Lynkeus erschlug. Die Spartaner beweinen ihren König.
Telaira, seine Geliebte, weist die Trostworte ihrer Schwester Phöbe als sinnlos zurück.
Da kommt Pollux, Castors Bruder. Ihm hatte sein Vater Jupiter die Gabe der Unsterblichkeit verliehen, die Castor versagt war. Er hat Lynkeus besiegt (Tanz der Krieger), und
legt seine Leiche als Sühneopfer vor des Bruders Grab. Dann bekennt er Telaira, daß er
sie liebe. Sie aber will Castor in den Tod folgen. Pollux könne dies nur verhindern, wenn
er Jupiter bewöge, ihn ins Leben zurückzurufen.
II. AKT. Pollux ist zerrissen zwischen "amitié" und "amour": gewährt ihm sein Vater die
Rückkehr des geliebten Bruders, verliert er jede Hoffnung auf die Liebe Telairas. Jupiter verkündet des Schicksals Schluß: Castor darf die Unterwelt nur verlassen, wenn
Pollux mit ihm tauscht. Pollux will sich opfern. Ein drittes Divertissement warnt ihn,
welche überirdischen Freuden ihn das kosten wird: Hebe, Göttin der ewigen Jugend,
und ihre Maiden locken ihn mit Zauberklängen, jedoch vergebens: "Plaisirs, que
voulez-vous de moi ?"
III. AKT. Vor den Pforten der Unterwelt. Phöbe will Pollux zurückhalten, denn sie liebt
ihn. Telaira aber treibt ihn an. Pollux beichtet Phöbe, niemals sie, sondern Telaira
geliebt zu haben. Rasend vor Enttäuschung beschwört Phöbe die Dämonen der Hölle,
ihm den Eintritt zu verwehren. Sie führen ein teuflisches Spektakel auf. Doch Jupiter
entsendet Merkur, dem Sohn den Weg zu bahnen.
IV. AKT. Im Elysium, dem Teil der Unterwelt, wo die Helden wohnen dürfen, trauert
Castor um seine verlorene Telaira. "Glückliche Schatten" versuchen, ihn mit den
unterirdischen Seligkeiten zu trösten, bleiben jedoch ebenso erfolglos wie es die überirdischen "Plaisirs" bei Pollux waren. Da erscheint dieser, ihn zu befreien. Als aber
Castor hört, was Pollux dafür aufgibt - seine Unsterblichkeit und die Nähe Telairas, die
er nun gesteht, ebenfalls, wenn auch hoffnungslos, zu lieben - da schwört er, den
Tausch mit dem Bruder nur für einen Tag anzunehmen, um die Geliebte noch einmal
zu sehen, und dann Pollux wieder abzulösen. "Les Ombres heureuses" locken die
Brüder, doch beide in "ihrem Land des ewigen Friedens" zu bleiben.
V AKT. Phöbe sah Castor zurückkehren und folgert, ihr geliebter Pollux habe dessen
Platz in der Unterwelt übernommen. Ihm nachzugeben, will sie sich das Leben
nehmen. - Telaira sinkt überglücklich in Castors Arme. Als sie vernimmt, sein Eid
verpflichte ihn vor Jupiter zur Rückkehr in die Unterwelt, tobt sie gegen seine und des
Gottes Grausamkeit. Da tritt der Donnergott aus dem Olymp hervor. Seine Blitze rauben
ihr die Sinne. Doch nur, um Gnade zu spenden, ist er gekommen: der Edelmut der
treuen Brüder hat das Schicksal gerührt. Castor und Pollux werden als Leitgestirn der
Seefahrer am Himmel verewigt; auch Telaira darf das Sternenzelt zieren. Im letzten
Divertissement heißen die Planeten, Fixsterne und Satelliten des Weltalls sie zu ihren
Bahnen willkommen.
harmonia mundi s.a., Mas de Vert, F-13200 Arles ® 1994, 2003
Enregistrement septembre 1992
Prise de son et direction artistique : Jean-Martial Golaz
Restitution de la partition : Elisabeth Matiffa
© harmonia mundi pour l'ensemble des textes et des traductions
Illustration : Poussin, Castor et Pollux
Chantilly, Musée Condé. Cliché Giraudon
Maquette Atelier Graphique, Arles
Imprimé en Allemagne
www.harmoniamyirnli.com