Chapitre 3
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Chapitre 3
R´ eduction des endomorphismes et des matrices Dans tout ce chapitre E d´esigne un K-espace vectoriel, avec K = R ou C, de dimension n finie. I Valeurs propres, vecteurs propres 1 D´efinitions D´ efinition 1 • Soit f ∈ L(E). On dit qu’un scalaire λ est une valeur propre de l’endomorphisme f si et seulement − → → → → → → si il existe un vecteur − u ∈ E tel que − u 6= 0E et f (− u ) = λ− u . Un vecteur − u v´erifiant cette ´egalit´e est appel´e un vecteur propre de f associ´ e` a la valeur propre λ. • Soit A ∈ Mn (K). On dit qu’un scalaire λ est une valeur propre de la matrice A si et seulement si il existe X ∈ Mn,1 (K) tel que X 6= 0 et AX = λX. Un vecteur colonne X v´erifiant cette ´egalit´e est appel´e un vecteur propre de A associ´ e` a la valeur propre λ. Notation : L’ensemble des valeurs propres d’un endomorphisme ou d’une matrice est appel´e spectre et est not´e Sp(f ) ou Sp(A). Exemple 1: Soit f ∈ L(R2 [X]) d´efinie par f (P ) = (X − 1)P ′ + P . On pose R(X) = (X − 1)2 . Calculer f (R) et en d´eduire une valeur propre de f . On a f (R) = (X − 1)R′ + R = (X − 1)2(X − 1) + (X − 1)2 = 3(X − 1)2 . Donc f (R) = 3R et ainsi 3 est une valeur propre de f et R est un vecteur propre associ´e `a la valeur propre 3. Exemple 2: 7 3 −9 3 Soient A = −2 −1 2 et X = −1. Montrer que X est un vecteur propre de A et d´eterminer 2 −2 −5 1 la valeur propre associ´ee. 7 3 −9 3 9 −1 = −3. Donc AX = 3X et ainsi X est un vecteur propre de On a AX = −2 −1 2 2 −2 −5 1 3 A associ´e `a la valeur propre 3. Th´ eor` eme 1 → → → • Soit f ∈ L(E) et λ une valeur propre de f . On pose : Eλ = {− u ∈ E/f (− u ) = λ− u } = ker(f − λIdE ) Eλ est un sous-espace vectoriel de E que l’on appelle sous-espace propre de f associ´ e` a λ. • Soit A ∈ Mn (K) et λ une valeur propre de A. On pose : Eλ = {X ∈ Mn,1(K)/AX = λX} Eλ est un sous-espace vectoriel de Mn,1(K) que l’on appelle sous-espace propre de A associ´ e` a λ. Remarques : — S’il y a des risques de confusion on pourra noter Eλ (f ) ou Eλ (A). — Une partie de votre travail consistera `a trouver une base de ces sous-espaces propres. Cours TSI2 Page 1 R´eduction 2 Propri´et´es Th´ eor` eme 2 • Soit f ∈ L(E). λ ∈ K est une valeur propre de f si et seulement si f − λidE n’est pas injective. • Soit A ∈ Mn (K). λ ∈ K est une valeur propre de A si et seulement si A − λIn n’est pas inversible. Remarque : Ce th´eor`eme nous permettra de mettre en place une technique pour trouver les valeurs propres en dimension finie. Corollaire 1 • Soit f ∈ L(E). 0 est une valeur propre de f si et seulement si f n’est pas injective. • Soit A ∈ Mn (K). 0 est une valeur propre de A si et seulement si A n’est pas inversible. Th´ eor` eme 3 Soit f ∈ L(E) et soient λ et µ deux valeurs propres distinctes de f . Alors les sous-espaces propres associ´es a` ces deux valeurs propres sont en somme directe. D´ emonstration : On doit ici montrer que Eλ et Eµ sont en somme directe, ce qui signifie que Eλ ∩Eµ = {0}. → → → → → Soit − u ∈ Eλ ∩ Eµ . Comme − u ∈ Eλ , on a f (− u ) = λ− u et de plus − u ∈ Eµ donc → − → − f( u ) = µ u . → → → → Ainsi on a λ− u = µ− u , ce qui donne (λ − µ)− u = 0 et comme λ 6= µ on a donc − u = 0. On a bien montr´e que Eλ ∩ Eµ = {0}. ✷ Th´ eor` eme 4 − − Soient f ∈ L(E), λ1 , . . . , λp des valeurs propres distinctes de f et → u1 , . . . , → up des vecteurs propres → → associ´es. Alors (− u1 , . . . , − up ) est une famille libre de E. D´ emonstration : → → Montrons par r´ecurrence que la propri´et´e P(p) : ≪ (− u1 , . . . , − up ) est une famille libre de ∗ ≫ E est vraie pour tout p ∈ N . • Rang 1 : la propri´et´e est bien v´erifi´ee au rang 1 car un vecteur seul, non nul, forme une famille libre. • Soit p ∈ N∗ fix´e. Supposons que P(p) est vraie : → → On consid`ere donc la famille de vecteurs propres (− u1 , . . . , − u− p+1 ). p+1 X → p+1 ak − On cherche (a1 , . . . , ap+1 ) ∈ K tels que : uk = 0 (´egalit´e 1) k=1 On applique f `a cette ´egalit´e, ce qui nous donne : p+1 X → ak λk − uk = 0 (´egalit´e 2) k=1 En faisant λp+1 fois la premi`ere ´egalit´e moins la deuxi`eme ´egalit´e on obtient : p X → → → (λp+1 − λk )ak − uk = 0. Or la famille (− u1 , . . . , − up ) est libre, on a donc pour tout k ∈ k=1 {1, . . . , p}, ak (λp+1 − λk ) = 0, or λk 6= λp+1 donc on a bien ak = 0. En r´einjectant ces ak dans la premi`ere ´egalit´e on obtient aussi ap+1 = 0. Ainsi P(p + 1) est v´erifi´ee. • On a montr´e que P(p) est vraie pour tout entier p non nul. ✷ Cours TSI2 Page 2 R´eduction Corollaire 2 → → sont des vecteurs propres associ´es a` ces Si λ1 , . . . , λn sont n valeurs propres distinctes et si − u1 , . . . , − u n → − − → valeurs propres alors la famille (u1 , . . . , un ) est une base de E. On dit que c’est une base de vecteurs propres. Corollaire 3 Un endomorphisme d’un espace vectoriel E de dimension n admet au plus n valeurs propres distinctes. Il existe ´evidemment la version matricielle de ces propri´et´es : Propri´ et´ e1 Soient A ∈ Mn (K), λ1 , . . . , λp des valeurs propres distinctes de A et X1 , . . . , Xp des vecteurs propres colonne associ´es. Alors (X1 , . . . , Xp ) est une famille libre de Mn,1(K) et donc A admet au plus n valeurs propres. Voici maintenant la propri´et´e donnant le lien entre valeur propre d’un endomorphisme et valeur propre d’une matrice. Propri´ et´ e2 Soient f ∈ L(E), B une base de E et A = MB (f ). Alors : • λ est une valeur propre de f si et seulement si λ est une valeur propre de A. → − •− u ∈ E est un vecteur propre de f associ´e `a λ si et seulement si le vecteur colonne associ´e a` → u dans la base B est un vecteur propre de A associ´e `a la valeur propre λ. Ainsi chercher les valeur propre d’un endomorphisme ou de sa matrice dans une base donn´ee revient au mˆeme. 3 Polynˆome caract´eristique Voici l’outil le plus important de ce chapitre car c’est lui qui va nous permettre de calculer les valeurs propres lorsqu’on est dans un espace vectoriel de dimension finie. D´ efinition 2 • Soit f ∈ L(E). On appelle polynˆ ome caract´ eristique de f , et on note χf , le polynˆome suivant : χf (X) = det(XidE − f ) • Soit A ∈ Mn (K). On appelle polynˆ ome caract´ eristique de A, et on note χA , le polynˆome suivant : χA (X) = det(XIn − A) Propri´ et´ e3 Soit f ∈ L(E), B une base quelconque de E et A = MB (f ). Alors χf = χA . Remarque : Pour calculer le polynˆome caract´eristique d’un endomorphisme on calculera le plus souvent le polynˆome caract´eristique de sa matrice relative `a une base donn´ee. Cours TSI2 Page 3 R´eduction Exemple 3: 1 Soit A = 2 2 Par d´efinition 2 −2 1 −2. Calculons le polynˆome 2 −3 χA (X) = det(XI3 − A). On a : X X − 1 −2 2 X −1 2 = X χA (X) = −2 X −2 −2 X + 3 caract´eristique de A. −1 −2 2 −1 X −1 2 −1 −2 X + 3 C1 ← C1 + C2 + C3 1 −2 1 −2 2 2 L ← L2 − L1 0 2 2 = (X − 1) 0 X + 1 = (X − 1) 1 X − 1 L ← L3 − L1 0 1 −2 0 X + 1 3 X + 3 = (X − 1)(X + 1)2 Th´ eor` eme 5 • Soit f ∈ L(E) et χf son polynˆome caract´eristique. χf est un polynˆome de degr´e n de la forme : χf (X) = X n − tr(f )X n−1 + . . . + (−1)n det(f ) • Soit A ∈ Mn (K) et χA son polynˆome caract´eristique. χA est un polynˆome de degr´e n de la forme : χA (X) = X n − tr(A)X n−1 + . . . + (−1)n det(A) Th´ eor` eme 6 • Soit f ∈ L(E). Le scalaire λ est une valeur propre de f si et seulement si c’est une racine de χf . • Soit A ∈ Mn (K). Le scalaire λ est une valeur propre de A si et seulement si c’est une racine de χA . Remarque : Ainsi pour trouver toutes les valeurs propres d’un endomorphisme ou d’une matrice il suffit de trouver toutes les racines du polynˆome caract´eristique. Attention `a bien regarder si on cherche les racines dans R ou C. Exemple 4: Reprenons la matrice A de l’exemple pr´ec´edent. Pour trouver ses valeurs propres il suffit donc de trouver les racines de χA . D’apr`es l’exemple pr´ec´edent, les valeurs propres de A sont donc 1 et −1. Propri´ et´ e4 Soit A ∈ Mn (K). Si le polynˆome caract´eristique de A est scind´e alors la somme des valeurs propres est ´egale `a tr(A) et le produit des valeurs propres est ´egal `a det(A) Remarques : — On peut aussi ´enoncer cette propri´et´e pour un endomorphisme. — Si on travaille dans le corps des complexes le polynˆome caract´eristique est forc´ement scind´e ! Cours TSI2 Page 4 R´eduction D´ efinition 3 Soit f ∈ L(E), χf son polynˆome caract´eristique et λ une valeur propre. On appelle ordre de multiplicit´ e de λ son ordre de multiplicit´e en tant de racine de χf . On le note mf (λ) ou m(λ). Il existe la version pour une matrice. Exemple 5: Dans l’exemple pr´ec´edent 1 est une valeur propre de multiplicit´e 1 et −1 est une valeur propre de multiplicit´e 2. Th´ eor` eme 7 Soit f ∈ L(E) et λ une valeur propre dont l’ordre de multiplicit´e est m(λ). Alors on a l’encadrement suivant : 1 6 dim(Eλ (f )) 6 m(λ) 6 n o` u Eλ (f ) d´esigne de le sous-espace propre de f associ´e `a la valeur propre λ. Remarques : — Ce r´esultat reste ´evidemment vrai pour les valeurs propres d’une matrice. — Pour une valeur propre de multiplicit´e ´egale `a 1 (valeur propre simple), on a forc´ement dim(Eλ ) = 1 ! D´ emonstration : On pose p = dim(Eλ (f )). Comme λ est une valeur propre on a n´ecessairement p > 1. De plus le polynˆome caract´eristique de f est de degr´e n donc n´ecessairement m(λ) 6 n. Il nous reste `a montrer que p 6 m(λ). On consid`ere (e1 , . . . , ep ) une base de Eλ (f ). On compl`ete cette famille par des vecteurs choisi de fa¸con `a ce que B = (e1 , . . . , ep , ep+1 , . . . , en ) soit une base de E. λIp B Alors la matrice de f dans cette base B est une matrice A de la forme A = . 0 C (X − λ)Ip −B = (X − λ)p × det(XIn−p − C). Ainsi χf (X) = det(XIn − A) = 0 XIn−p − C Sous cette forme on voit bien que la multiplicit´e de λ dans χf est au moins ´egale a` p, ce qui signifie que p 6 m(λ). ✷ Exemple 6: On reprend encore l’exemple pr´ec´edent. On peut donc dire que 1 6 dim(E1 ) 6 1 donc le sous-espace propre associ´e `a la valeur propre 1 est de dimension 1. Pour la valeur propre −1, on peut uniquement affirmer que 1 6 dim(E−1 ) 6 2. Propri´ et´ e5 • Deux matrices semblables ont le mˆeme polynˆome caract´eristique. • Une matrice et sa transpos´ee ont le mˆeme polynˆome caract´eristique D´ emonstration : • Soient A et B deux matrices semblables. Il existe une matrice P inversible telle que A = P BP −1. On remarque alors que XIn − A = XP In P −1 − P BP −1 = P (XIn − B)P −1 . Donc les matrices XIn −A et XIn −B sont semblables. Elles ont donc le mˆeme d´eterminant, ce qui signifie que χA = χB . • Il suffit de remarquer que XIn − tA = t(XIn − A) et d’utiliser le fait que det( t(XIn − A)) = det(XIn − A). On a donc bien χ tA = χA . Cours TSI2 Page 5 ✷ R´eduction II R´ eduction des matrices carr´ ees et des endomorphismes 1 Matrice ou endomorphisme diagonalisable D´ efinition 4 • Soit f ∈ L(E). On dit que f est diagonalisable si et seulement si il existe une base de E form´ee de vecteurs propres de f . • Soit A ∈ Mn (R). On dit que A est une matrice diagonalisable si et seulement si il existe une matrice P inversible et une matrice D diagonale telles que A = P DP −1. Propri´ et´ e6 Un endomorphisme f est diagonalisable si et seulement si il existe une base de E dans laquelle la matrice de f est diagonale Cette propri´et´e signifie qu’un endomorphisme est diagonalisable si et seulement si sa matrice dans une base quelconque est diagonalisable. 2 Les th´eor`emes de r´eduction Th´ eor` eme 8 Soit f ∈ L(E) (resp. A ∈ Mn (K)). On note λ1 , . . . , λk toutes les valeurs propres distinctes de f (resp. de A). Les propositions suivantes sont ´equivalentes : (i) f (resp. A) est diagonalisable ; (ii) La somme des dimensions des sous-espaces propres de f (resp. A) vaut n : k X dim(Eλi ) = n i=0 (iii) Le polynˆome caract´eristique de f (resp. de A) est scind´e et l’ordre de multiplicit´e de chaque valeur propre est ´egal `a la dimension du sous-espace propre associ´e. Ce th´eor`eme permettra toujours de r´epondre `a la question f (ou A) est-il diagonalisable. Il existe un cas particulier qui permet parfois de r´epondre `a cette mˆeme question plus rapidement. Th´ eor` eme 9 • Soit f ∈ L(E). — Si f admet n valeurs propres distinctes alors f est diagonalisable. — Si χf est scind´e `a racines simples alors f est diagonalisable. • Soit A ∈ Mn (R). — Si A admet n valeurs propres distinctes alors A est diagonalisable. — Si χA est scind´e `a racines simples alors A est diagonalisable. 3 Trigonalisation D´ efinition 5 • Soit A ∈ Mn (R). On dit que A est une matrice trigonalisable si et seulement si il existe une matrice P inversible et une matrice T triangulaires telles que A = P DP −1. • Soit f ∈ L(E). On dit que f est trigonalisable si et seulement si il existe une base de E telle que la matrice de f relative `a cette base est triangulaire. Remarque : Un endomorphisme est trigonalisable si et seulement si sa matrice dans n’importe quelle base est trigonalisable. Cours TSI2 Page 6 R´eduction Th´ eor` eme 10 • Soit f ∈ L(E). f est trigonalisable si et seulement si son polynˆome caract´eristique est scind´e. • Soit A ∈ Mn (K). A est trigonalisable si et seulement si son polynˆome caract´eristique est scind´e. Remarque : Si on travaille dans le corps des complexes tous les endomorphismes et toutes les matrices sont trigonalisable. Attention, ce n’est pas vrai dans le corps des r´eels. III Exemple de diagonalisation d’une matrice Propri´ et´ e7 Soit A ∈ Mn (K) une matrice diagonalisable et (X1 , . . . , Xn ) une base de vecteurs propres de A. On note λi la valeurs propres associ´e au vecteur propre Xi . Alors on a A = P DP −1 avec P la matrice de passage de la base canonique de M1,n (K) a` la base de vecteurs propres et D = diag(λ1 , . . . , λn ). Lorsqu’on construit les matrices P et D on dit que l’on diagonalise A. M´ ethode g´ en´ erale : 1. Trouver les valeurs propres de A : on calcule χA et on r´esout χA (X) = 0. (Attention a` bien regarder l’´enonc´e de l’exercice pour savoir si on travaille dans R ou C) 2. A est-elle diagonalisable ? — Si χA n’est pas scind´e, A n’est pas diagonalisable. — Si A ∈ Mn (K) et si A admet n valeurs propres distinctes alors chaque sous-espace propre est de dimension 1 et A est diagonalisable. — Sinon, on cherche une base de chaque sous-espace propre et A est diagonalise si et seulement si la somme des dimensions des sous-espaces propres est ´egale `a n. 3. Si A est diagonalisable, on construit P et D : Si ¸ca n’a pas ´et´e fait avant il faut trouver une base de chacun des sous-espaces propres. La r´eunion de toutes ces bases donne une base de vecteurs propres de A. On construit alors P la matrice de passage de la base canonique de M1,n (K) a` la base de vecteurs propres et dans la matrice diagonale D on met les valeurs propres correspondant a` chacun des vecteurs propres de la base de vecteurs propres. Exemple 7: 3 0 1 Soit A = −1 2 −1. −2 0 0 1. Trouver les valeurs propres Calculons le polynˆome caract´eristique de A : X − 3 0 −1 X − 3 −1 = (X − 2)(X 2 − 3X + 2) X − 2 1 = (X − 2) χA (X) = 1 2 X 2 0 X Les racines de X 2 − 3X + 2 sont 1 et 2 donc χA (X) = (X − 2)(X − 1)(X − 2) = (X − 2)2 (X − 1). Les valeurs propres de A sont λ = 1 et µ = 2. La valeur propre 1 est une valeur propre simple (ordre de multiplicit´e=1) et la valeur propre 2 est une valeur propre double (ordre de multiplicit´e= 2). Cours TSI2 Page 7 R´eduction A est une matrice de M3 (R) ayant deux valeurs propres donc on ne peut pour l’instant pas savoir si elle est diagonalisable. 2. • Dimension des sous-espaces propres - 1 est une valeur propre simple (ordre de multiplicit´e =1) donc dim(E1 ) = 1. - E2 = {X ∈ M3,1 (R)/AX = 2X}. 3x + z = 2x −x + 2y − z = 2y ⇔ z = −x AX = 2X ⇔ −2x = 2z 1 0 x Donc E2 = y ; (x, y) ∈ R2 = vect 0 , 1 −x −1 0 1 0 0 , 1 est une famille g´en´eratrice de E2 et de plus on voit facilement que les La famille −1 0 deux vecteurs de cette famille ne sont pas proportionnels donc c’est une famille libre. 1 0 La famille 0 , 1 est donc une base de E2 . Ainsi dim(E2 ) = 2. −1 0 • Conclusion On a donc dim(E1 ) + dim(E2 ) = 1 + 2 = 3 et A ∈ M3 (R) donc A est diagonalisable. 3. Diagonaliser A : Pour construire P il nous manque une base de E1 . - E1 = {X ∈ M3,1 (R)/AX = X}. 3x + z = x y = −x −x + 2y − z = y ⇔ AX = X ⇔ z = −2x −2x = z 1 x −1. −x ; x ∈ R = vect Donc E1 = −2 −2x 1 La famille −1 est une famille g´en´eratrice de E1 et de plus comme elle est constitu´ee d’un −2 seul vecteur nonnul, est libre. elle 1 −1 est une base de E1 . Donc la famille −2 1 1 0 - La famille B = −1 , 0 , 1 est une base de vecteurs propres de A. −2 −1 0 1 1 0 On consid`ere la matrice P de passage de la base canonique de M3,1 (R) a` la base B : P = −1 0 1 −2 −1 0 1 0 0 Et on consid`ere la matrice D contenant les valeurs propres : D = 0 2 0. 0 0 2 −1 On a alors A = P DP . Cours TSI2 Page 8 R´eduction IV Exemples de trigonalisation d’une matrice en dimension 3 Voici deux exemples de trigonalisation. Toutefois, la trigonalisation n’est pas un attendu du programme donc l’´enonc´e devra toujours guider l’´el`eve. 1 Une valeur propre simple et une valeur propre double On se place ici dans le cas d’une matrice A ∈ M3 (K) admettant deux valeurs propres distinctes, une simple λ et une double µ. On suppose de plus que dim(Eµ ) = 1 (Si dim(Eµ ) = 2, la matrice est diagonalisable....) M´ ethode de trigonalisation — Trouver une base de Eλ (la famille (X1 )) et une base de Eµ (la famille (X2 )) — Prendre un vecteur X3 choisi de fa¸con `a ce que la famille (X1 , X2 , X3 ) soit libre. — Trouver les trois r´eels a, b et c tels que AX3 = aX1 + bX2 + cX3 . — Construire P la matrice de passage de la base canonique de M3,1 (R) a` la base (X1 , X2 , X3 ) et λ 0 a T = 0 µ b . 0 0 c On a alors A = P T P −1. On dit qu’on a trigonalis´e A. Exemple 8: 0 1 1 On consid`ere la matrice A = 1 0 0. 0 0 1 1. Recherche des valeurs propres : X −1 −1 X −1 0 = (X − 1) dvl par rapport a` L3 χa (X) = −1 X −1 X 0 0 X − 1 = (X − 1)(X 2 − 1) = (X − 1)(X − 1)(X + 1) = (X − 1)2 (X + 1) Ainsi A admet deux valeurs propres : 1 qui est une valeur propre double et −1 qui est une valeur propre simple. 2. Base des sous-espaces propres : • E−1 = {X ∈ M3,1 (R)/AX = −X} : y + z = −x y = −x x = −y AX = −X ⇔ ⇔ z=0 z = −z 1 x Donc E−1 = −x /x ∈ R = vect(X1 ) avec X1 = −1. 0 0 La famille (X1 ) est libre (un seul vecteur non nul) et g´en´eratrice de E−1 donc c’est une base de E−1 et dim(E−1 ) = 1. • E1 = {X ∈ M3,1 (R)/AX = X} : y+z =x z=0 x=y AX = X ⇔ ⇔ x=y z=z 1 x Donc E1 = x /x ∈ R = vect(X2 ) avec X2 = 1. 0 0 Cours TSI2 Page 9 R´eduction La famille (X2 ) est libre (un seul vecteur non nul) et g´en´eratrice de E1 donc c’est une base de E1 et dim(E1 ) = 1. • On remarque alors que dim(E−1 ) + dim(E1 ) 6= 3 donc A n’est pas diagonalisable. Mais comme le polynˆome caract´eristique est scind´e, A est trigonalisable. 0 3. On pose alors X3 = 0. 1 On peut facilement montrer que la famille (X1 , X2 , X3 ) est libre donc comme c’est une famille libre de 3 vecteurs dans un espace vectoriel de dimension 3, c’est une base de M3,1 (R). 1 1 1 4. On a AX3 = 0 = X1 + X2 + X3 . 2 2 1 1 1 0 −1 0 21 5. On pose alors P = −1 1 0 et T = 0 1 12 . 0 0 1 0 0 1 −1 On a A = P T P , on a trigonalis´e A. Remarque : Le r´eel c d´ecrit dans la m´ethode g´en´erale sera en fait toujours ´egal a` µ. 2 Une valeur propre triple On se place ici dans le cas d’une matrice A ∈ M3 (K) admettant une seule valeur propre λ d’ordre de multiplicit´e 3. On suppose de plus que dim(Eλ ) = 2 Remarque : Une matrice qui n’admet qu’une seule valeur propre n’est jamais diagonalisable sauf si c’est d´ej`a une matrice diagonale. M´ ethode de trigonalisation — Trouver une base de Eλ (la famille (X1 , X2 )) — Prendre un vecteur X3 choisi de fa¸con `a ce que la famille (X1 , X2 , X3 ) soit libre. — Trouver les trois r´eels a, b et c tels que AX3 = aX1 + bX2 + cX3 . — Construire P la matrice de passage de la base canonique de M3,1 (R) a` la base (X1 , X2 , X3 ) et λ 0 a T = 0 λ b . 0 0 c On a alors A = P T P −1. On dit qu’on a trigonalis´e A. Exemple 9: 3 0 8 On consid`ere la matrice A = 3 −1 6 . −2 0 −5 1. Recherche des valeurs propres : X − 3 0 −8 X − 3 −8 X + 1 −6 = (X + 1) dvl par rapport a` C2 χa (X) = −3 2 X + 5 2 0 X + 5 = (X + 1)(X 2 + 2X − 15 + 16) = (X + 1)(X 2 + 2X + 1) = (X + 1)3 Ainsi A admet une unique valeur propre triple : le r´eel −1. 2. Base du sous-espace propre : Cours TSI2 Page 10 R´eduction E−1 = {X ∈ M3,1 (R)/AX = −X} : 3x + 8z = −x 4x + 8z = 0 3x − y + 6z = −y ⇔ −y = −y AX = −X ⇔ ⇔ x = −2z −2x − 5z = −z −2x − 4z = 0 −2 0 −2z Donc E−1 = y /(y, z) ∈ R2 = vect(X1 , X2 ) avec X1 = 0 et X2 = 1. z 1 0 La famille (X1 , X2 ) est libre (deux vecteurs non proportionnels) et g´en´eratrice de E−1 donc c’est une base de E−1 et dim(E−1 ) = 2. On remarque alors que dim(E−1 6= 3 donc A n’est pas diagonalisable. Mais comme le polynˆome caract´eristique est scind´e, A est trigonalisable. 0 3. On pose alors X3 = 0. 1 On peut facilement montrer que la famille (X1 , X2 , X3 ) est libre donc comme c’est une famille libre de 3 vecteurs dans un espace vectoriel de dimension 3, c’est une base de M3,1 (R). 8 6 = −4X1 + 6X2 + (−1)X3 . 4. On a AX3 = −5 −2 0 0 −1 0 −4 5. On pose alors P = 0 1 0 et T = 0 −1 6 . 1 0 1 0 0 −1 −1 On a A = P T P , on a trigonalis´e A. V Applications de la r´ eduction 1 Puissances de matrice Propri´ et´ e8 Soient A et B deux matrices semblables de Mn (R) et P une matrice inversible telle que A = P BP −1 , alors : ∀k ∈ N Ak = P B k P −1 Propri´ et´ e9 d1 0 · · · 0 .. . 0 d2 Soit D ∈ Mn (R) une matrice diagonale. D = . . Alors pour tout k ∈ N, on a . .. 0 .. 0 · · · 0 dn dk1 0 Dk = . .. 0 Cours TSI2 0 ··· 0 .. dk2 . .. . 0 · · · 0 dkn Page 11 R´eduction Propri´ et´ e 10 Soient A et B deux matrices de Mn (K) qui commutent (AB = BA). Alors pour tout entier k : k (A + B) = k X k i=1 i Ai B k−i (Formule du binˆome de Newton) Exemple 10: Reprenons la matrice A de l’exemple 7. On avait A = P DP −1 1 0 0 D = 0 2 0. 0 0 2 On a donc An = P D n P −1 1 1 0 avec P = −1 0 1 et −2 −1 0 1 0 0 avec D n = 0 2n 0 . 0 0 2n Pour donner explicitement An il nous manque P −1. On admet ici que P −1 −1 0 −1 = 2 0 1 . −1 1 −1 On a donc, pour tout entier n : −1 0 −1 1 2n 0 −1 + 2n+1 0 −1 + 2n 2n 1 − 2n An = −1 0 2n 2 0 1 = 1 − 2n 2 − 2n+1 0 2 − 2n −2 −2n 0 −1 1 −1 Exemple 11: Reprenons la matrice A de l’exemple 9. On avait A = P T P −1 −1 0 −4 T = 0 −1 6 . 0 0 −1 On a donc, pour tout entier n, An = P T n P −1 . −2 0 0 avec P = 0 1 0 et 1 0 1 −1 0 0 0 0 −4 • Pour calculer T n l’astuce consiste `a ´ecrire T = 0 −1 0 + 0 0 6 = −I3 + N. 0 0 −1 0 0 0 0 0 0 2 On remarque alors que N = 0 0 0 = 0. 0 0 0 Comme −I3 est une matrice diagonale, N et −I3 commutent. Ainsi d’apr`es la formule du binˆome de Newton : n X n n N k (−I3 )n−k = (−I3 )n + nN(−I3 )n−1 = (−1)n I3 + n(−1)n−1 N T = k k=0 On peut alors expliciter T n . • Il reste ensuite `a calculer P −1 puis on peut calculer An . Cours TSI2 Page 12 R´eduction 2 Suites r´ecurrentes lin´eaires d’ordre 2 D´ efinition 6 On dit qu’une suite u est d´efinie par une relation homog` ene de r´ ecurrence lin´ eaire d’ordre 2 ` a coefficients constants lorsqu’il existe deux r´eels a et b tels que : ∀n ∈ N un+2 = aun+1 + bun On appelle ´ equation caract´ eristique associ´ee `a cette suite l’´equation suivante : x2 − ax − b = 0. Th´ eor` eme 11 On consid`ere une suite u d´efinie par une relation de r´ecurrence lin´eaire d’ordre 2. • Si l’´equation caract´eristique admet deux solutions r´eelles distinctes α1 et α2 alors : ∀n ∈ N un = A1 α1n + A2 α2n • Si l’´equation caract´eristique n’admet qu’une solution r´eelle α alors : ∀n ∈ N un = (A1 + A2 n)αn • Si l’´equation caract´eristique admet deux solutions complexes ρeiθ et ρe−iθ alors : ∀n ∈ N un = ρn (A1 cos(nθ) + A2 sin(nθ)) On d´etermine les valeurs de A1 et A2 grˆace `a u0 et u1 . D´ emonstration : un+1 a b On pose Un = et A = . un 1 0 On remarque que l’on a Un+1 = AUn . On peut alors montrer facilement par r´ecurrence que pour tout entier n, Un = An U0 . A savoir faire parfaitement Il nous reste donc `a calculer An . Pour cela nous allons cherche `a r´eduire la matrice A. X − a −b = X 2 − aX + b. Calculons son polynˆome caract´eristique : χA (X) = −1 X On cherche donc les racines du polynˆome caract´eristique c’est-`a-dire les solutions de l’´equation caract´eristique. Les trois cas cit´es dans le th´eor`eme s’offrent a` nous. Nous allons uniquement traiter le cas de deux racines r´eelles distinctes. On note α1 et α2 les deux solutions de l’´equation caract´eristique, qui sont donc les deux racines du polynˆome caract´eristique et donc les deux valeurs propres de A. A est une matrice de M2 (R) admettant deux valeurs propres distinctes donc A est diagonalisable. α1 0 −1 Il existe donc P inversible telle que A = P DP avec D = . 0 α2 On peut facilement par r´ecurrence que An = P D n P −1 avec montrer α1n 0 Dn = . 0 α2n Apr`es calcul chaque coefficient de An est une combinaison lin´eaire de α1n et α2n , puis en multipliant par U0 on obtient encore une matrice colonne o` u chaque coefficient est n n combinaison lin´eaire de α1 et α2 . En conclusion un est bien de la forme A1 α1n + A2 α2n . ✷ Cours TSI2 Page 13 R´eduction Exemple 12: On consid`ere la suite u d´efinie de la fa¸con suivante : ∀n ∈ N un+2 = 2un+1 − 4un u0 = u1 = 1 On cherche a` calculer le terme g´en´erale de la suite en fonction de n. ´ • Etape 1 : l’´equation caract´eristique associ´ee `a la suite est X 2 − 2X + 4 = 0 √ √ √ 2 − 2 3i Cette ´equation admet deux solutions complexes r1 = = 1 − 3i et r2 = 1 + 3i. 2 π π On remarque alors que r1 = 2e−i 3 et r2 = 2ei 3 . ´ • Etape 2: π π + B sin n , A et B ´etant a` d´eterminer. Ainsi, pour tout entier n, un = 2n A cos n 3 3 ´ • Etape 3: On sait que u0 = u1 = 1. Donc : A=1 √ ! A=1 1 3 ⇔ B=0 =1 2 A× 2 +B× 2 π • Conclusion : pour tout entier n, un = 2n cos n . 3 Cours TSI2 Page 14 R´eduction