Portfolio Julien Prévieux
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Portfolio Julien Prévieux
Julien Prévieux Portfolio Atelier / Studio : 13 passage Savart 75020 Paris Email: [email protected] www.previeux.net Le travail, le management, l’économie, la politique, les dispositifs de contrôle, les technologies de pointe, l’industrie culturelle sont autant de « mondes » dans lesquels s’immisce la pratique de Julien Prévieux. A l’instar des Lettres de non-motivation qu’il adresse régulièrement depuis 2000 à des employeurs en réponse à des annonces consultées dans la presse, détaillant les motivations qui le poussent à ne pas postuler, ses œuvres s’approprient souvent le vocabulaire, les mécanismes et modes opératoires des secteurs d’activité qu’elles investissent pour mieux en mettre à jour les dogmes, les dérives et, in fine, la vacuité. Adoptant sciemment la posture de l’individu confronté à des pans entiers de la société qui, à bien des égards, se retrouvent déshumanisés, Julien Prévieux développe une stratégie de la contre- productivité, ou de ce que le philosophe Elie During nommait, dans un récent texte sur sa pratique, le « contre-emploi ». Christophe Gallois Work, management, economics, politics, control systems, stateof-the‑art technologies and the culture industry are the many ‘worlds’ that Julien Prévieux’s activities involve. As in the Lettres de non-motivation (Letters of Non-Application) that he has been sending out to employers regularly since 2004 – in which he responds to newspaper advertisements and details his reasons for not applying for the jobs in question – his work often appropriates the vocabulary, mechanisms and modus operandi of the sectors by which it is informed, the better to highlight their dogmas, excesses and, when all is said and done, their vacuousness. By shrewdly adopting the stance of an individual facing whole swathes of society that are, in many respects, dehumanised, Prévieux develops a strategy of counterproductivity, or what the philosopher Elie During called, in a recent essay about the artist’s praxis, ‘counter-employment’. Christophe Gallois ŒUVRES (sélection) ARTWORKS (selection) Patterns of Life Vidéo HD / 2K, son, 15’30’’, 2015 HD/2K video, sound, 15’30’’, 2015 http://www.previeux.net/html/videos/Patterns.html Patterns of Life recompose une histoire de la capture des mouvements. De l’enregistrement des marches pathologiques par Georges Demenÿ à la fin du 19e siècle jusqu’au « renseignement fondé sur l’activité » de la National Geospatial-Intelligence Agency (Département de la Défense des États-Unis), le film revient sur la généalogie de la quantification et de la visualisation des mouvements et sur les différentes façons de donner sens aux enregistrements des déplacements des corps. Plusieurs personnages, interprétés par des danseurs de l’Opéra de Paris, traversent six expériences exemplaires de la mesure du mouvement, en interprétant protocoles et résultats scientifiques comme autant d’instructions chorégraphiques. Les six scènes se déroulent dans autant de décors spécifiques réunis dans un même lieu pour affirmer leurs liens. Le film éclaire les implications politiques, économiques ou militaires de ces différentes expériences. Patterns of Life presents a history of movement analysis. From Georges Demenÿ’s chrono-photography of faulty gait in the late 19th century to the “activity-based intelligence” generated by the US National Geospatial-Intelligence Agency, the film traces the genealogy of the quantification and visualisation of bodily movement and the various ways of making sense of it. The characters played by dancers from the Opéra de Paris recreate key experiments in the measurement and analysis of movement, giving choreographic expression to protocols and results. The six scenes take place in different sets in the same location, underlining their connection, while a voice-over highlights their political, economic or military implications. Pickpocket Aluminium brossé, médium, placage chêne, h: 250cm, Ø: 150cm, 2015 Brushed aluminum, MDF, oak veneer, h: 250cm, Ø: 150cm, 2015 Les enregistrements des gestes et des mouvements que l’industrie, le commerce, la police ou l’armée ont mis au point depuis la fin du 19e siècle, diffusent une esthétique parente des recherches formelles des modernités artistiques. Jouant de cette proximité, Julien Prévieux transforme ces enregistrements, inspirés à l’origine par des objectifs de productivité, de rentabilité ou de surveillance, en pures formes. Ici, les déplacements d’un pickpocket donnent naissance à une authentique sculpture abstraite en aluminium brossé, s’offrant à la contemplation d’un regard désintéressé. Pickpocket à sa façon, Prévieux vole des formes pour les soustraire à leurs finalités initiales. The methods of recording movement and gesture developed in industry, commerce, police and army over the last century and a half led to aesthetic results that recall the formal explorations of modernist art. Playing on this resemblance, Julien Prévieux transforms these records – originally produced for the sake of productivity, profit or surveillance – into pure form. Here the movements of a pickpocket generate a perfectlyproper abstract sculpture in brushed aluminium that invites disinterested, aesthetic contemplation. A pickpocket in his own way, Prévieux steals forms, “liberating” them from their original purpose. What Shall We Do Next? On connaît la célèbre formule de William Gibson : « Le futur est déjà là – simplement, il n’est pas distribué de façon homogène ». Régulièrement des gestes sont déposés auprès de l’administration américaine USPTO. On peut faire l’hypothèse suivante : ces brevets définissent une gestuelle que nous serons amenés à exécuter dans quelques années quand les outils seront commercialisés. What Shall We Do Next? prend comme point de départ une archive de ces brevets constituée depuis 2006. L’œuvre se déploie sous la forme d’un film d’animation en 3D, d’un film et d’un ensemble de performances réalisés avec des danseurs dans lesquels les schémas des brevets sont considérés comme autant de partitions chorégraphiques qui, lorsqu’elles sont incarnées, pourraient bien donner à voir nos comportements à venir. “The future is already here — it’s just not very evenly distributed” says Wiliam Gibson. The gestures to activate a new device are patented. For example the “slide-to-unlock” movement has been patented by Apple several years ago. Julien Prévieux started to collect these specific movements in 2006. His assumption was that the gestures patented today are the movements we may all have to do in the near future: patents as an archive of gestures to come. Sequence #1 is the archive of gestures shown as a 3D animated short film. Sequence #2 is a video made with 6 performers. They perform the diagrams found in the patents, considering patents as dance scores. Sequence #3 is a set of performances questioning differently the property of gestures. The artist worked with facts coming from the copyright history and most notably the Martha Graham case. In 1997, a judge ruled that the dances belonged to the center, as Graham was in effect an employee of her own company. As such she did not retain the rights herself. The legal case as a metadance performance. What Shall We Do Next? (Sequence #1) Rétroprojecteur, écran LCD transparent, animation 3D, 3’54”, 2007-2011 Overhead projector, LCD trasnparent screen, animated film, 3’54, 2007-2011 http://www.previeux.net/html/videos/Next.html What Shall We Do Next? (Sequence #2) Vidéo HD / 2K, son, 16’47”, 2014 HD / 2K Video, sound, 16’47”, 2014 http://www.previeux.net/html/videos/Next02.html What Shall We Do Next? (Sequence #3) Performance, 3 modules d’environ 5 minutes chacun, 2014-2016 Performance, 3 modules of approximately 5 minutes each, 2014-2016 Atelier de dessin - B.A.C. du 14e arrondissement de Paris [Drawing workshop - B.A.C. of 14th district of Paris] Dessins réalisés par les policiers Stéphane Dupont, Benjamin Ferran, Gérald Fidalgo, Mickaël Malvaud et Blaise Thomas Voronoï : encre sur papier calque, 65x50 cm / Heatmaps : peinture acrylique sur papier, 90x75 cm, 2011-2015 Drawings by police officers Stéphane Dupont, Benjamin Ferran, Gérald Fidalgo, Mickaël Malvaud et Blaise Thomas Voronoï : ink on tracing paper, 65x50 cm / Heatmaps : acrylic paint on paper, 90x75 cm, 2011-2015 En 2011 puis 2015, Julien Prévieux met en place un atelier de dessin avec des policiers parisiens. Il s’agit, à partir de cartes recensant des délits, d’apprendre à tracer manuellement des diagrammes de visualisation des crimes et délits habituellement réalisés instantanément par ordinateur. Avec cette technique traditionnelle de dessin, l’outil d’aide à la décision se trouve dépossédé de sa fonction première, car les résultats arrivent toujours trop tard. Mais ce qui est perdu sur un plan est gagné sur un autre : apprentissage du dessin, réflexion sur les transformations de la police et l’implantation de nouvelles méthodes de management, et production d’oeuvres graphiques abstraites très réussies. In 2011 and 2015, Julien Prévieux organised drawing workshops with Paris police officers to make them learn to draw crimes maps and visualization diagrams by hand rather than instantaneously by computer. Using the “old-fashioned” technique of drawing meant that these decision-making tools lost their primary function, because the results would always be finished too late. But loss at one level brought gains at others: the development of drawing skills, an opportunity to reflect on changes in policing and on new methods of management… and the production of some very fine abstract drawings. Atelier de dessin - B.A.C. du 14e arrondissement de Paris (Cambriolages, octobre et novembre 2010, Paris 75014) Encre sur papier calque, 65 x 50 cm, dessin réalisé par l’officier de police Benjamin Ferran Drawing workshop - B.A.C. of 14th district of Paris (Burglaries, October and November 2010, Paris 75014) Ink on tracing paper, 65 x 50 cm, drawing by police officer Benjamin Ferran Atelier de dessin - B.A.C. du 14e arrondissement de Paris (DAB et roulotte, Avril 2011, Paris 75014) Encre sur papier calque, 65 x 50 cm, dessin réalisé par l’officier de police Mickaël Malvaud, 2011 Drawing workshop - B.A.C. of 14th district of Paris (Theft from cars, April 2011, Paris 75014) Ink on tracing paper, 65 x 50 cm, drawing by police officer Mickaël Malvaud, 2011 Atelier de dessin - B.A.C. du 14e arrondissement de Paris (Vols avec effraction, mai 2015, Paris 75014) Peinture acrylique sur papier, 90 x 75 cm, peinture réalisée à l’aérographe par l’officier de police Benjamin Ferran, 2015 Drawing workshop - B.A.C. of 14th district of Paris (Breaking and Entering, May 2015, Paris 75014) Acrylic paint on paper, 90 x 75 cm, airbrush painting by police officer Benjamin Ferran, 2015 Atelier de dessin - B.A.C. du 14e arrondissement de Paris (Cambriolages et tentatives de cambriolage, Paris 75010) Peinture acrylique sur papier, 90 x 75 cm, peinture réalisée à l’aérographe par l’officier de police Stéphane Dupont, 2015 Drawing workshop - B.A.C. of 14th district of Paris (Burglaries and Burglary attempts, Paris 75010) Acrylic paint on paper, 90 x 75 cm, airbrush painting by police officer Stéphane Dupont, 2015 Today is Great Série de 10 dessins, Encre de Chine sur papier, 40 x 56 cm, 2014 10 drawings, Indian ink on paper, 40 x 56 cm, 2014 En juin 2014, Julien Prévieux photographie au téléobjectif les bureaux de Google, à Los Angeles. C’est le tableau blanc dans le couloir au deuxième étage du Binoculars Building de Frank Gehry qui retient son attention. On y voit les notes laissées par les employés, leurs dernières idées, des fragments d’algorithmes, des schémas ou des dessins humoristiques. L’artiste a réalisé une série de dessins à l’encre de Chine à partir des détails prélevés dans cette image. Pour Prévieux, il s’agit d’inverser les rôles : si les géants du web capturent nos données, il ne tient qu’à nous de reprendre la main sur nos informations, voire de traquer le traqueur. In 2014, Julien Prévieux used a telephoto lens to photograph Google’s Los Angeles offices. The whiteboard in the corridor on the second floor of Frank Gehry’s Binoculars Building caught his attention. On it were notes left by Google staff: latest ideas, fragments of algorithms, diagrams, funny drawings. The artist produced this series of Indian ink drawings from details in the photograph. For Prévieux, it was a question of role-reversal: if the giants of the web capture our data, it is up to us to retake control of our information, indeed to track the trackers. Bureaux de Google situés dans le « Binoculars Building » de Frank Gehry à Venice, LA Google office located in Frank Gehry’s “Binocular’s Building” in Venice, LA À la recherche du miracle économique [In Search of the Economic Miracle] Encre et impression sur papier, dimensions variables, 2006-2009 Ink and inkjet print on paper, variable dimensions, 2006-2009 Dans cette série de dessins, les grands textes de la pensée économique moderne (Karl Marx, Adam Smith, David Ricardo…) sont utilisés comme des supports de prédiction. La méthode de décryptage employée est connue sous le nom de « code de la Bible », un code appliqué par les moines au Moyen Âge pour découvrir des significations cachées dans les textes sacrés. Dans les marges du Capital ou de La Richesse des nations se déploie ainsi une nébuleuse de mots-clés (dates, faits, personnalités) reliés par des flèches qui matérialisent des rapports d’appartenance ou de cause à effet. Au terme d’un fastidieux travail de déchiffrage, l’artiste dresse le portrait d’une réalité obscure et chaotique, égrenant scandales financiers et crises économiques en lieu et place du miracle attendu. In this series of drawings the iconic texts of modern economic thinking - Karl Marx, Adam Smith, David Ricardo, et al. - are used to predict the future. The chosen mode of decipherment is known as the Bible Code and was used by medieval monks to extract hidden meanings from scripture. Thus the artist fills the margins of Capital and The Wealth of Nations with a diffuse mass of dates, facts and names of personalities linked by arrows pointing up kinships and cause and effect relationships; and the result, at the end of a tedious process of decipherment, is images of an obscure, chaotic reality, a succession of financial scandals and economic crises instead of the hoped-for miracle. La totalité des propositions vraies (avant) [The Totality of True Propositions (Before)] Livres, bibliothèque en métal et bois, lustre et impressions jet d’encre, dimensions variables, 2008-2009 Books, bookcase, chandelier, inkjet printings, variable dimensions, 2008-2009 Témoignant de l’intérêt de l’artiste pour l’organisation des savoirs et l’accumulation des connaissances, cette œuvre que Julien Prévieux a montrée notamment à la Synagogue de Delme et à la Force de l’Art 02 est une installation composée d’une bibliothèque circulaire présentant un ensemble d’ouvrages obsolètes et d’un ensemble de grands diagrammes. Issue d’un long travail de collecte dans les fonds des bibliothèques publiques et privées, cette collection de livres dépassés rassemble des manuels en tout genre, des livres techniques (au sens large) dont le contenu n’a pas survécu au passage du temps. Oubliés, méprisés, en marge des savoirs à la pointe, ces livres, une fois réorganisés dans cette bibliothèque de rebus linguistiques, techniques et historiques, continuent à faire sens. Prévieux bloque le savoir dans une temporalité circulaire dans laquelle le spectateur se trouve lié. L’inertie provoquée permet au spectateur de prendre le temps de méditer sur la signification de ces savoirs désuets et de s’interroger sur la pertinence de ses propres connaissances. Sur les murs se déploient d’étranges diagrammes qui, conçus au moyen d’un programme d’aide à la décision permettant d’analyser les textes de ces livres, transforme les thèmes de ces ouvrages en un ensemble d’oracles délirants. Telle une cartographie, ils dessinent les contours d’un futur parallèle complètement uchronique qui ne manque pas d’humour. Illustrating the artist’s interest in the organization of know-how and the accumulation of knowledge, this work is a bookcase holding numerous books on historically outmoded subjects that are nowadays obsolete. This collection, resulting from a lengthy task of information gathering in public and private library collections, brings together manuals and handbooks, whose ideas have not survived the inexorable passage of time. Overlooked, scorned, on the sidelines of state of-the-art knowledge, these books, once reorganized in this library of linguistic, technical and historical puzzles, still make sense. Prévieux freezes the knowledge in a circular temporality in which the viewer is entailed. This inertia allows the viewer to take time to meditate on the meaning of these obsolete knowledge and to question the relevance of its own expertise. Accompanying the bookcase on the surrounding walls, strange diagrams devised by means of a data mining tool, transform the contents of these books into a set of crazy oracles. Like a cartographic exercise, they trace the outlines of a completely uchronic parallel future, not without wit. Petite anthologie de la triche [Short Anthology of Cheating] Matériaux divers, son, éclairage programmé, L: 570 cm, h: 150 cm, 2015 Various materials, sound, programmed lighting, L: 570 cm, h: 150 cm, 2015 Cette installation met en scène un véritable « musée de la triche » dans le domaine du sport. Elle présente une collection d’accessoires de sport destinés à contourner ou devancer les règlements établis, et prend la forme d’un gradin théâtral sur lequel sont exposés ces objets insolites. Ces objets sont successivement mis en lumière, tandis qu’une voix-off égrène leurs histoires. Au jeu se mêlent des inventions techniques et des histoires individuelles qui sont autant d’occasions pour l’artiste de présenter une histoire parallèle du sport et de ses artefacts : des balles de golf Polara, une raquette de tennis à double cordage, une batte de baseball au cœur en liège, des baskets à ressorts ou une combinaison de natation high-tech composent une anthologie d’objets atypiques interdits en compétition. Julien Prévieux has turned himself into a collector of strange tools to be used for avoiding or getting ahead of the established rules. The objects are presented on white wooden bleachers and they are lit up one after another, while a background voice explains their history. This intentionally theatrical installation is the scene of a veritable “museum of cheating” in sport. These technical inventions presents a parallel history of sport and its artefacts – Polara golf balls, a double-strung tennis racket, a baseball bat with a cork core, spring heeled basketball shoes, and a high-tech swimming costume; an anthology of unusual objects that are banned in competitions. Forget the Money Bibliothèque personnelle de Bernard Madoff, dimensions variables, 2011 Bernard Madoff’s personal library, variable dimensions, 2011 Forget the Money est une installation réalisée à partir de la bibliothèque située dans l’appartement newyorkais de Bernard Madoff, célèbre homme d’affaire américain, responsable de l’escroquerie du siècle, estimée à 65 milliards de dollars US et révélée suite à la crise financière de 2008. Il présente une centaine de livres, principalement des thrillers et des best‑sellers, ayant appartenu à Madoff et rachetés lors des ventes aux enchères après la saisie de ses biens par le FBI. Ces ouvrages aux titres prémonitoires (End in tears, No second chance, The world is made of glass, The investigation, White shark, K is for killer,…) semblent fonctionner comme des reliques, empruntes d’un fétichisme ambigu, reposant bien évidemment moins sur leur qualité que sur le destin de leur propriétaire. Il y a dans ces livres un petit bout d’histoire érigé en monument absurde, qui aborde le scandale par ses à-côtés, ses détails mineurs dans lesquels on ne peut s’empêcher d’essayer de décrypter les signes annonciateurs du drame. Forget the Money, an installation made on the basis of the bookshelves in the New York apartment of the (in)famous American businessman Bernard Madoff, responsible for the swindle of the century, estimated at $65 billion, which came to light in the wake of the financial crisis in 2008. Prévieux presents us with a hundred or so books, mainly thrillers and bestsellers, which once belonged to Madoff, and were bought during an auction after his belongings were seized by the FBI. These books with their premonitory titles (End in Tears, No Second Chance, The World is Made of Glass, The Investigation, White Shark, K is for Killer,…) seem to work like relics, borrowings from an ambiguous fetishism, based, obviously enough, less on their quality than on the fate of their owner. These books are a little snippet of history erected as an absurd monument, which broaches the scandal from the wings, its lesser details which you cannot help trying to decipher harbingers of the drama. Lettres de non-motivation [Non-motivation Letters] Petites annonces, lettres, réponses, 65 x 21 cm chaque ensemble, 2000-2007 Job offers, letters and replies, 65 x 21 cm each set, 2000-2007 Avec cette entreprise menée sans relâche durant plusieurs années, Julien Prévieux répond par la négative à des offres d’emploi récoltées dans la presse. L’absence de motivation, quotidiennement réaffirmée, devient dès lors un travail à temps plein. Chaque missive est prétexte à un exercice de style différent qui stigmatise l’absurdité inhérente à ce type de rituel. De Bartleby au retraité, du paranoïaque au « surbooké », l’auteur endosse une multitude de rôles pour multiplier, avec véhémence, les arguments de son refus. Les réponses des entreprises, automatiques ou personnalisées, alimentent un dialogue de sourds, un délire verbal à travers lequel c’est l’ensemble du système d’embauche qui se trouve pris en défaut. Tirelessly pursued for several years, this project shows Julien Prévieux saying no to job offers found in the newspapers. Restated day after day, his absence of motivation becomes a full-time job, with each letter an excuse for a different stylistic exercise attacking the inherent absurdity of this kind of ritual. Bartleby, a pensioner, a paranoiac, a workaholic: the artist / author assumes a host of roles allowing for endlessly vehement reasons for turning down the job in question. The replies sent back by the companies - sometimes automatic, sometimes personal - fuel a dialogue of the deaf, a verbal delirium in which the entire recruitment system is revealed as defective. You are 26. And you are keen to... SUCCEED... After obtaining a six- or nine-month Qualification Contract (paid at 65% of the minimum guaranteed wage in all cases) at one of our training centres, we can offer you a job in the greater region of your choice. CHOOSE YOUR PROFESSION, WE’LL PROVIDE YOUR TRAINING You are at least 26, with BAC to BAC+2, so will quickly find a post IN CHARGE OF DIY INSTRUCTION IN CHARGE OF THE FOOD SECTOR (FUTURE DIRECTORS) IN CHARGE OF CHECKOUT/PRODUCT DATASHEETS AS ACCOUNTS MANAGER To apply, please send us your candidate’s dossier (CV + letter of motivation + photo) to EFFCAD - 50 avenue Georges Boillot - 91310 Linas Tel: 01 69 80 33 07 e-mail: [email protected] Julien Prévieux 11 avenue Gambetta 75020 Paris EFFCAD Les Mousquetaires Train to Win 50, avenue Georges Boillot 91310 Linas Re: Job application 14 March 2004 Dear Sir, Madam I am writing to you in response to your advertisement in “Le marché du travail” [The Job Market]. I am under the impression that you have made a mistake in the wording of your job offer: “And you are keen to...succeed”, you will be paid 65% of the minimum guaranteed wage for a six- or nine-month period. I fail to see the cause-and-effect connection between an apparently enthusiastic desire to succeed and such low pay. A typing error must have ill-advisedly crept into your advertisement, unless such a tiny salary per se prompts a desire to succeed which entails immediately quitting the job. In this instance, it would seem that the potential candidate would prefer to elect to go and see your competitors prior to making further contact with your company. This is a glaring paradox, which I shall let you attempt to unravel. For my part, I shall turn down your offer, and ask you in future to avoid this kind of gaffe. I look forward to hearing from you, and remain, Yours faithfully Julien Prévieux Les Mousquetaires Train to Win Julien Prévieux 11 avenue Gambetta 75020 Paris Montlhéry, 19 March 2004 Dear Sir Thank you for having so attentively read our job offer which appeared in “Le marché du travail”. I have a feeling that you have failed to comprehend our advertisement’s goal and target public. Our advertisement does not in fact encourage persons currently in work to resign; rather, it targets young people who are today seeking a job with little or no experience. These young jobseekers will be able to gain access to a profession with a permanent employment contract [CDI = contrat à durée indéterminée], by way of a short-term qualification contract for six to nine months (instead of 1-2 years). One thing is certain: these potential candidates are free to check the situation with our competitors; they will not obtain a higher salary, 65% of the minimum guaranteed wage being a rate of pay set down by the state at the time when a qualification contract is drawn up. The advantage of coming to us is that successful applicants will be paid 65% for a maximum of nine months, whereas elsewhere the period will be for a minimum of one year. I have duly noted that you will not be taking up this job offer, and regret to have to inform you that you will be reading this same type of advertisement in the future. In the hope that these explanations answer your question, I remain, Yours faithfully, Sandrine Lince Deputy Director EFFCAD 50 avenue Georges Boillot - 91310 Linas Tel: 01 69 80 32 97 - Fax: 01 69 80 32 96 Siret: 379 400 773 000 30 - Code APE 804 C Anomalies construites [Constructed Anomalies] Vidéo HD, son, 7’41’’, 2011 HD video, sound, English subtitles, 7’41’’, 2011 http://www.previeux.net/html/videos/AnomaliesFr.html La vidéo Anomalies construites est constituée d’une série de lents travellings sur les écrans d’une salle d’ordinateur. En voix-off, deux utilisateurs du logiciel gratuit de modélisation Google SketchUp, qui permet notamment de réaliser des monuments en 3D dans Google Earth, témoignent l’un d’une approche de passionné tirant satisfaction de la reconnaissance de son talent par le géant de l’informatique, l’autre, plus critique, décelant une forme de travail déguisé : « Je crois que cette fois on s’est vraiment bien fait avoir. Tout était tellement bien foutu, c’est ça, tellement bien foutu, qu’on ne savait même plus qu’on travaillait quand on travaillait. » Ce film est un essai décrivant un état du monde du travail contemporain permis par les technologies actuelles et dans lequel les grands groupes informatiques se branchent en dérivation sur des hobbys a priori anodins. The video Anomalies construites [Constructed Anomaly] consists of a séries of slow tracking shots on the screens of a computer room. In voice-over, one of the two people using Google SketchUp free modelling software, which, in particular, helps to make 3D monuments in Google Earth, illustrates an enthusiast’s approach deriving satisfaction from the recognition of his talent by the computer giant, while the other, more critical, reveals a form of disguised work: “I think this time we really have been conned. Everything was so clever, that was it, so clever, that we didn’t even know we were working anymore.” This film is an essay describing a contemporary state of the labor system fueled by current technologies in which major IT groups take over banal innocent hobbies. Le lotissement [The Housing Estate] Version impression 3D : Polyamide blanc, environ 20 x 25 x 15 cm chaque maquette, projet en cours depuis 2010 3D printed version: White polyamide, each model approximately 20 x 25 x 15 cm, ongoing project since 2010 Version en bois: médium, acrylique environ 250 x 200 x 150 cm chaque construction, projet en cours depuis 2008 Wood version: MDF, acrylic, approximately 98,4 x 78,7 x 59 inches, ongoing project since 2008 Le lotissement propose une modélisation d’espaces en creux que furent laboratoire, bureau, atelier de personages aussi illustres que Gustav Mahler, Ludwig Wittgenstein, Alexander Graham Bell ou Virginia Woolf. Si la cohabitation de plusieurs architectures engendre ce qu’il convient de dénommer l’aménagement du territoire, la dimension des « cabanes » de Julien Prévieux entretient une ambiguïté entre mobilier et immobilier, entre sphère privée et façade publique, entre l’intériorité du retrait et l’extériorité de l’extrait. Il ne s’agit pas tant d’architectures remarquables, d’habitations principales mais plutôt de lieux annexes, là où habiter n’est pas la préoccupation, là où il est possible d’échapper à la cohabitation. Ce sont les lieux du retrait où la pensée se met en acte, desquels est livrée l’enveloppe, l’image d’une pensée mise en musique, en texte ou en objet. Le lotissement serait l’interface entre le retrait et l’extrait. Rassembler ces architectures serait penser un aménagement du territoire de la pensée, autrement dit penser une politique publique de l’engagement personnel. The Housing Estate offers a modelling of spaces that served as laboratory, office or workshop for such celebrated figures as Gustav Mahler, Ludwig Wittgenstein, Alexander Graham Bell and Virginia Woolf. If the coexistence of different kinds of buildings is the basis of what we agree to call territorial planning, the size of Julien Prévieux’s “cabins” maintains an ambiguity between furniture and real estate, private sphere and public facade, the inwardness of withdrawal and the outwardness of extrication. These are not so much outstanding buildings or main homes as annexes, places for which residing is not the concern, places where one can escape from coexistence. These are the withdrawal places in which thought becomes deed, from which is delivered the envelope, the image of a thought transformed into music, text or object. The Housing Estate can be seen as the interface between withdrawal and extrication. Bringing these buildings together can be seen as thinking out the territorial planning of thought; in other words, of thinking out a public policy of personal commitment. Version impression 3D avec les constructions de Georges Bernard Shaw, Charles Dickens, Steve Jobs, Henry David Thoreau 3D printed version with “cabins” of Georges Bernard Shaw, Charles Dickens, Steve Jobs, Henry David Thoreau Premier plan : Le lotissement (Alexander Graham Bell), 2008 Arrière-plan : Le lotissement (Virginia Woolf), 2008 Foreground: The Housing Estate (Alexander Graham Bell), 2008 Background: he Housing Estate (Virginia Woolf), 2008 Premier plan : Le lotissement (Gustav Mahler), 2008 Arrière-plan : Le lotissement (Ludwig Wittgenstein), 2008 Foreground: The Housing Estate (Gustav Mahler), 2008 Background: The Housing Estate (Ludwig Wittgenstein), 2008 Have a Rest Sycomore, hêtre, cuir, médium, 350 x 300 x 180 cm, 2007 Sycamore, beech tree, leather, MDF, 137.8 x 118.1 x 70.9 inches, 2007 Cette sculpture est une réplique du premier superordinateur imaginé par Seymour Cray en 1977 pour la NSA (National Security Agency - l’agence de sécurité nationale américaine responsable de la collecte et de l’analyse des communications). À l’époque, sa phénoménale capacité de traitement des informations de même que son design coloré et ergonomique en font un symbole d’utopie scientifique et l’instrument clé d’une volonté de contrôle. L’artiste s’attaque à ce monstre technologique pour en offrir une version artisanale, décolorée et vidée de son contenu. Cette machine fantôme apparaît à la fois comme une ruine, un totem, et un simple meuble sur lequel les visiteurs peuvent venir se reposer. This sculpture is a copy of the first supercomputer designed by Seymour Cray in 1977 for the NSA, (National Security Agency) America’s national agency for the collection and analysis of transmitted information. At the time its phenomenal information processing capacity, together with its brightly coloured, userfriendly design, made it a symbol of the scientific utopia and the key tool of the will to control. The artist’s version of this technological monster comes in homemade form, discoloured and emptied of its content. This ghost-machine looks simultaneously like a ruin, a totem and a simple piece of furniture on which visitors can have a rest. MENACE 2 Chêne, contreplaqué, métal, toile et billes en terre, 200 x 180 x 70 cm, 2010 Oak, plywood, metal, canvas and clay marbles, 78,7 x 70,9 x 27,5 inches, 2010 Les algorithmes sont parmi nous. Mais où ? Cette œuvre permet de leur mettre la main dessus – littéralement. Menace 2 (Machine Educable Noughts and Crosses Engine) est un meuble qui apprend à jouer au morpion. Il s’agit d’une réplique pérenne de l’une des premières machines capable d’apprendre. Elle a été créée en 1961 par Donald Michie à l’aide de boîtes d’allumettes pour implémenter un algorithme d’apprentissage par renforcement. L’apprentissage par renforcement consiste à « apprendre » les meilleurs choix possibles dans une situation donnée à partir d’essais et d’erreurs. Les meilleures décisions voient leurs probabilités d’apparition augmenter tandis que les plus mauvaises ont progressivement moins de chance d’apparaître. Cet algorithme est à l’œuvre de manière invisible dans nos machines actuelles mais ce dispositif à tiroirs permet d’en saisir les principes en l’exécutant « physiquement ». The algorithms are among us. But where? This sculpture enables us to get our hands on them - literally. Menace 2 (Machine Educable Noughts and Crosses Engine) is a piece of furniture that learns how to play Tic-Tac-Toe. It is a durable replica of one of the first machines able to learn. It was created in 1961 by Donald Michie using matchboxes to implement an algorithm known as reinforcement learning. Reinforcement learning is a way to remember the best possible choice in a situation based on trials and errors. The probabilities of the best decisions are increased while the worst are progressively less likely to appear. This algorithm is at work invisibly in our current computers and smartphones but this device with 304 drawers allows us to understand its principles in executing it ‘physically’. Post-Post-Production Vidéo SD, son, 120’, 2004 SD video, sound, 120’, 2004 http://previeux.net/html/videos/PostPostProd.html Parce que Le monde ne suffit pas, Julien Prévieux retruque intégralement l’épisode éponyme de la série des « James Bond » : chaque plan est agrémenté d’effets spéciaux supplémentaires comprenant explosions, incendies, déferlantes d’eau ou avalanches… Ainsi augmenté, le film est ramené à une surface – un écran de fumée d’où émergent ici et là quelques bribes d’action. L’accumulation d’effets visuels crée un nouveau rythme qui se substitue à celui de la narration. Adoptant une posture faussement mimétique, l’artiste prolonge la chaîne de production et propose spontanément des « améliorations ». Répondant à une logique de surproduction économique plus qu’à une tentation de remake, il surenchérit ad nauseam sur la débauche d’effets propres à l’industrie hollywoodienne pour l’amener à son point d’implosion. Because The World is Not Enough, Julien Prévieux reworks in its entirety the James Bond film of the same name, supplementing each shot with additional special effects that include explosions, fires, giant waves and avalanches. Boosted in this way, the film becomes a kind of surface, a smokescreen from which emerge random scraps of action. The accumulation of visual effects creates a new rhythm which supplants that of the narrative as the artist, pretending to imitate the original, expands the production process with spontaneously suggested “improvements”. Reacting more to a rationale of economic overproduction than to the temptation of a remake, he heaps on the Hollywood effects ad nauseam until the method reaches its point of implosion. Roulades [Rolls] Vidéo SD, 5’40’’, 1998 SD video, 5’40’’, 1998 http://previeux.net/html/videos/Roulades.html Un individu sort de son lit, tombe dans les escaliers, roule toute la journée dans divers lieux publics avant de rentrer chez lui, le soir, par le même moyen. Si cette journée « ordinaire » est indéfiniment répétée, la traversée de la ville (rues, parking, centre commercial...) se fait, elle aussi, dans un mouvement continu. La mise en boucle et la bande-son répétitive viennent renforcer le geste simple et radical, conférant à l’ensemble une dimension hypnotique. La performance physique, difficile mais surmontée, répond moins à une interrogation sur les limites du corps qu’à la nécessité d’inventer de nouveaux comportements et de les inscrire dans une réalité quotidienne. A person gets out of bed, falls down the stairs, rolls around all day long in various public places, before returning home, in the evening, the same way. If this “ordinary” day is endlessly repeated, the route across the city (streets, carparks, shopping centre...) is enacted, likewise, in a continuous movement. The loop and the repetitive soundtrack bolster the simple, radical gesture, lending the whole a hypnotic dimension. The physical performance, which is difficult but overcome, responds less to a question about the limits of the body than to the need to invent new patterns of behaviour and include them in an everyday reality. Julien Prévieux ou la reconnaissance des formes par Elie During Depuis la vidéo Roulades (1998) jusqu’aux projets plus récents liés à l’élaboration d’une vaste « archive des gestes à venir », le travail de Julien Prévieux trouve sa matière première dans ce qu’on pourrait appeler les formes comportementales réglées du quotidien. Ses interventions dans le champ des pratiques sociales – du monde de l’entreprise à l’espace urbain en passant par les technologies de l’information, les sciences cognitives ou les industries culturelles – portent sur des attitudes et des gestes normalisés (ceux que prescrivent les interfaces utilisateurs, par exemple, et qui peuvent faire l’objet d’un brevet), sur des opérations obéissant à des codes, des règlements ou des protocoles, mais aussi sur des instruments d’analyse des phénomènes humains (les statistiques) ou encore sur des modes d’organisation du savoir (la bibliothèque). Traversant une multiplicité de médias et de pratiques (dessin, peinture, vidéo, performance, écriture…), l’artiste emprunte volontiers les voies du contre-emploi – en entendant par ce terme une mise en œuvre combinée du contournement (de la règle) et du mésusage (des instruments). Les Lettres de non-motivation envoyées en réponse à des offres d’emploi, et qui ont fourni la matière d’un livre et de plusieurs expositions, illustrent bien le caractère à la fois facétieux et systématique de cette démarche qui s’apparente à première vue à une version ludique de la critique sociale. Mais la catégorie du jeu est encore trop large pour cerner une forme d’activisme qui ne se réduit pas à d’ironiques pieds-de-nez aux idéologies dominantes. S’infiltrer dans un dispositif, le retourner contre lui-même et affoler sa logique : rien de tel pour vider un discours de sa substance ou révéler l’envers déshumanisé des appareils de contrôle social. S’il est question de se fabriquer des armes, encore faut-il s’approprier tout cela, l’emporter ailleurs avec soi. Ainsi l’application aveugle d’un procédé algorithmique de décryptage à des classiques de l’économie politique, de même que l’utilisation d’un logiciel d’aide à la décision pour des synopsis de films catastrophe hollywoodiens, finissent par brouiller le message (À la recherche du miracle économique, 2006-2007, La somme de toutes les peurs, 2007), mais l’essentiel se joue ailleurs. L’artiste atteint son but lorsque le dérèglement du régime sémiotique ordinaire finit par engendrer des formes et des textures nouvelles, susceptibles de suggérer des usages inouïs. Diagrammatisé sur l’espace de la page, réduit à un vaste rébus, le texte fait image, le discours devient tableau : on peut littéralement accrocher Marx au mur, et le faire résonner avec la reproduction en grand format, à la peinture acrylique, de couvertures de manuels d’économie des années 1960. De même, lorsque Julien Prévieux organise en 2011 un atelier de dessin avec des policiers de la BAC formés à une technique d’analyse utilisant les « diagrammes de Voronoï », il ne s’agit pas seulement de détourner un procédé ou de susciter chez les agents de l’ordre des vocations incongrues, mais de déployer véritablement et de rendre sensible un nouvel espace où se raccordent et communiquent des pratiques et des imaginaires sociaux qu’on pouvait croire déconnectés. En généralisant cet exemple, on comprend que travailler en artiste sur des formes comportementales signifie avant tout révéler le comportement – aussi normé soit-il – comme une production continuée de formes et de formats. En intensifiant les lignes d’invention qui traversent sourdement le champ social, Julien Prévieux donne une visibilité à des formes en latence qui sont aussi des modes d’existence possibles. C’est le nerf du projet développé dans le sillage de What Shall We Do Next ? (20062011) avec des acteurs et des danseurs professionnels : les gestes du futur sont déjà virtuellement disponibles, même si leurs usages et les contextes de leur mise en œuvre restent à inventer. L’artiste est un logiciel vivant de reconnaissance des formes. Julien Prévieux or the recognition of forms by Elie During Since the video Roulades (1998) up to the more recent projects dealing with the elaboration of a vast “archive of gestures to come”, Julien Prévieux’s work finds its raw material in what we might call the forms of normalized behaviour. His interventions in the field of social practices – from the world of business to urban space via the technologies of information, the cognitive sciences or the cultural industries – are about standardized attitudes and gestures (those conceived for user interfaces, for instance, and which might be patented), about operations conforming to codes, rules or protocols, but also about instruments analysing human phenomena (statistics) or even about modes of organizing knowledge (the library). Traversing a multiplicity of media and practices (drawing, painting, video, performance, writing…), the artist deliberately takes the path of “wilful misuse” - this term being understood as implementation combined with circumvention (of the rule) and misuse (of the instruments). The Lettres de non-motivation sent in response to offers of employment – which have provided the material for a book and several exhibitions – well illustrate both the mischievous and systematic character of this approach, similar at first view to a playful version of social criticism. But the category of “play” is still too wide to capture the meaning of a form of activism that cannot be reduced to ironic nose-thumbing at the dominant ideologies. Infiltrating a device, turning it against itself and throwing its logic into panic: there is nothing like it for emptying a discourse of its substance or revealing the dehumanized reverse side of the apparatuses of social control. But when it comes to making weapons, it is even better to appropriate these forms and take them elsewhere. Thus, the blind application of an algorithmic process of deciphering the classics of political economy, as well as the use of an advisory software program for the synopses of Hollywood disaster movies, end up scrambling the message (À la recherche du miracle économique, 2006-2007, La somme de toutes les peurs, 2007), but the best is still to come. The artist reaches his goal when the malfunctioning of the ordinary semiotic system ends up spawning new forms and textures, likely to suggest unfamiliar uses. In the form of a diagram on the space of the page, downsized to a vast rebus, text becomes image, discourse is turned into painting. We can literally hang Marx on the wall, and make it resonate with the large format reproduction in acrylic paint of the cover of economy manuals from the 1960s. In the same way, in 2011 when Julien Prévieux organized a drawing workshop with policemen from the French Anti-Crime Squad trained with a data mining technique using “Voronoi diagrams”, it wasn’t just a question of distorting a procedure or encouraging officers of the law to take up incongruous vocations, but of truly unfolding a new and sensitive space where the social imaginings and practices we might believe to be disconnected can cross-connect and communicate. By generalizing this example, we understand that working as an artist on behavioural forms means above all revealing the behaviour – as normalized as it might be – as a continuous production of forms and formats. By intensifying the lines of invention which discretely traverse the social field, Julien Prévieux gives visibility to latent forms which are also possible modes of existence. This is what is at stake in the project developed in the wake of What Shall We Do Next? (2006-2011) with professional actors and dancers: the gestures of the future are already virtually available, even if their uses and the contexts of their implementation are yet to be invented. The artist is a living software program for the recognition of forms. Revue de presse (sélection) Press review (selection) 12/8/2015 artforum.com / 500 words login register search ADVERTISE BACK ISSUES CONTACT US SUBSCRIBE ARTGUIDE IN PRINT DIARY 500 WORDS RECENT ARCHIVE 500 WORDS PICKS NEWS PREVIEWS VIDEO BOOKFORUM FILM PASSAGES 中文版 A & E SLANT Julien Prévieux 12.07.15 Julien Prévieux on his solo exhibition at the Centre Pompidou Nari Ward speaks about his retrospective at the Pérez Art Museum in Miami Christine Sun Kim talks about her exhibition in London Kenyatta A. C. Hinkle on her exhibition at the Museum of the African Diaspora Andrea Geyer discusses her work at the Museum of Modern Art Lior Shvil discusses his solo show in New York and performances for Performa 15 NEWS DIARY PICKS SLANT Newest Reviews Phoebe Unwin Otto Dix and David Nicholson Dirk Braeckman Claudio Verna Jefferson Pinder Samson Young Robert Smithson Yun Hyongkeun Ann Veronica Janssens Mario Merz Darja Bajagić Birgit Knoechl and Simona Koch Sybren Renema Henry Wessel Terry Fox View of “Julien Prévieux,” 2015–16. Photo: Hervé Véronèse. Julien Prévieux, winner of the 2014 Marcel Duchamp prize, here discusses his current solo exhibition at Espace 315 at the Centre Pompidou in the context of the recent terrorist attacks in Paris. Focusing on a particular body of work included in the show, “Atelier de dessin B.A.C. du 14e arrondissement de Paris” (Drawing Workshop: Anticrime Police Officers from Paris’s Fourteenth Arrondissement), 2011–, a collaboration with Parisian police officers, Prévieux addresses the unintended political implications of this series. The exhibition is on view through February 1, 2016. AMONG MY WORKS currently on view at the Pompidou is a series of drawings by Parisian police officers, an ongoing project I began in 2011. These pieces are the result of a workshop I set up with four officers in the anticrime division of the police precinct in Paris’s fourteenth arrondissement. I gave these officers an assignment: to draw, by hand, Voronoi diagrams and heat maps, which are typically generated very rapidly using cartographic computer software. The diagrams and maps are important police tools—they detect crime patterns and indicate where forces should be deployed. But they also measure the officers’ own activity in the field, which creates an atmosphere of competition and intense pressure. By collaborating with people who use these diagrams and maps vocationally, I wanted explore the efficacy of these tools and find new meaning in the resulting images. I went to police officers’ homes in Paris to work with them on the Voronoi drawings, which are quite complicated to plot and construct by hand. For the heat maps, the police officers learned to paint with an airbrush at my studio. Aesthetically, the results are quite beautiful: Voronoi diagrams look like geometric, irregular spiderwebs, and the heat maps are colorful biomorphic shapes. Over the course of many sessions, the officers learned new drawing techniques and new ways of looking. To be valuable crimefighting tools, Voronoi diagrams and heat maps must be generated very quickly. The handdrawn versions, therefore, are technically useless because they take so long to create. Crimes used to be discrete dots scattered across a map, but thanks to algorithms the police can more easily spot patterns and trends. By contrast, the drawings, which no longer function as effective tools, are like ghosts: They offer a disturbing detachment between form and function. I also did this exercise with police officers in Houston last month. That was a very different experience; the climate was quite hostile toward the police. There had recently been numerous unwarranted shootings and arrests throughout the US. In that environment, I got the feeling some people interpreted my workshop and the resulting drawings as some kind of propolice political statement. After the recent terrorist attacks in Paris, the drawings take on yet another unexpected dimension; they raise the issue of whether these visualization and datamining tools are efficient and effective. As the French government has declared a state of emergency for three months, we have new laws and less freedom: Demonstrations are forbidden and the police are everywhere, even in my drawings! What began as a commentary on how technology changes police work and public services now appears as a portrait of a city caught between its fear of terrorism and its loss of freedom: Paris under siege. — Translated from French and as told to Mara Hoberman PERMALINK Nari Ward 11.30.15 COMMENTS links Frieze - N° 170 - Avril 2015 Frieze - Issue No. 170 - April 2015 Le Journal des Arts - Numéro 447 - 11 décembre 2015 Le Journal des Arts - Issue No. 447 - December 11, 2015 Le Monde - Numéro 22001 - 11 octobre 2015 Le Monde - Issue No. 22001 - October 11th, 2015 Le Quotidien de l’Art - Numéro 908 - 28 septembre 2015 Le Quotidien de l’Art - Issue No. 908 - September 28th, 2015 Les Inrockuptibles, 29 juin 2011 Les Inrockuptibles, June 29th, 2011 Libération, 28 février 2011 Libération, February 28th, 2011 Art Press, Numéro 353, février 2009 Art Press, No. 353, February, 2009 Flash Art, juillet 2006 Flash Art, July, 2006