Mango Gadzi

Transcription

Mango Gadzi
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La lettre d’information du Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes
{ trimestriel numéro 61 }
Mango
Gadzi
Fièvre métisse
page 5
Avril
Mai
Juin
2006
Photo : Mango Gadzi © Yannick Perrin
PêcheursdePerles Djal RuralCafé SalleGenton Raphaël
Jeannin InvitationauxVents L’OpéradesAlpages LesEmeudroïdes
LesNuitsdelaPierreBleue LesBœufsdeSaint-Georges
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infosetannonces
D’UN MONDE
l’édito..
infos
L’éditorial de Jean Blanchard de la précédente lettre concluait,
à juste titre, par le risque de disparition de cette lettre
d’information comme autre conséquence probable de la
restructuration des associations régionales. La richesse et la
diversité des informations qui suivent sont le fruit, comme
toujours, du travail de collectage et de rédaction de l’équipe
encore plus réduite qu’à l’accoutumée. Nous avons rarement
l’occasion de la remercier publiquement de leur engagement et la
parution de ce nouveau numéro, dans ce contexte, prouve s’il en
est encore besoin, la pertinence d’une telle entreprise au service
des acteurs de ce secteur musical. Mobilisée pour la survie de cet
outil, l’équipe éditoriale a non seulement assuré la continuité,
mais elle a également apporté quelques nouveautés : des pages
consacrées à la pédagogie, aux réseaux des musiques actuelles en
région et à l’échelon national, de nouvelles chroniques
notamment celles relatives au chantier de recherche du quartier
de la Guillotière à Lyon. Elle met également tout en œuvre pour
assurer la programmation cet été des « Jeudis des Musiques du
Monde », de la Fête de la musique, du bal du 14 juillet, de la fête
des ateliers du CMTRA, de « la Guill’en fête »… Elle continue
un travail important en matière de constitution de bases de
données, d’un nouveau site Internet, de développement des
partenariats en région, du centre de ressources, des fonds
documentaires et du traitement des archives sonores. Afin de
mieux vous présenter ces actions, elle vous donne rendez-vous au
CCO, le mardi11 avril à partir de 18h30 pour une rencontre
conviviale autour d’un apéritif musical.
VOUS AVEZ DIT BIZARRE ?
Ils ont pensé : « Et si la culture réinvestissait les campagnes et s’installait sur les
places de villages. Et si cette culture
s’ouvrait aux cultures du monde, aux
métissages et aux formes contemporaines
originales de la création artistique ». Et ils
l’ont fait avec Le Cabaret Mobile. Eux,
ce sont les plasticiens, les scénographes,
les techniciens, les éleveurs de chevaux,
les réparateurs de roulottes, les bénévoles
de l’association La Bizz’art Nomade,
installée entre Montélimar et Dieulefit,
en Drôme Provençale. Du 2 juin au 2
juillet, La Bizz’art Nomade présente son
4ème festival d’été avec Le Cabaret
Mobile 2006 qui, cette année encore, fera
la part belle aux cultures et musiques du
monde. Mais pas seulement ! Une certaine richesse culturelle régionale sera
aussi mise en avant avec la langue d’Oc
qui sera à l’honneur des rencontres du
dimanche.
Aux rythmes des roulottes tirées par des
chevaux, toute l’équipe va donc se
remettre sur les chemins de Drôme Provençale, en direction des campagnes. Et
quand on sait, en plus, qu’on y croisera
sans doute Titi Robin, Taraf de Haïdouk,
Urs Karpatz (entre autres et sous
réserve), on a bien envie de les suivre…
Renseignements auprès de La Bizz’art
Nomade au 04 75 90 45 71
www.bizzartnomade.com
Après le départ d’Eric Montbel en 2001, c’est Jean Blanchard,
l’autre membre fondateur, qui a souhaité « passer la main »
après plus de quinze ans de travail. Nous ne parlons ici que de ce
qui concerne l’activité au CMTRA, leur engagement artistique
et militant étant bien connu par ailleurs. Après avoir tourné de
nombreuses pages de son histoire, c’est d’une rupture qu’il s’agit
aujourd’hui, dans un environnement fragile et délicat
concernant la pérennité du financement des postes et des moyens
de fonctionnement du Centre. Nous avons mis en place, pour
écrire le nouveau chapitre qui s’ouvre, une procédure de
recrutement d’une nouvelle direction dont nous devrions pouvoir
vous donner les résultats dans la prochaine lettre. Robert Caro,
reportant de quelques mois son départ, assure l’intérim de cette
direction jusqu’à l’aboutissement du processus de renouvellement.
Soyez sûrs que nous serons attentifs à les remercier dignement, tous
les trois, du travail accompli tout au long de ces années.
Le conseil d’administration, avec ses trois collèges représentatifs
(artistes, associations et adhérents), s’est fortement mobilisé ces
derniers mois pour faire face aux difficultés rencontrées, et nous
remercions les administrateurs qui ont consacré beaucoup de leur
temps à cette tâche.
Après avoir réalisé le déménagement de Saint Fons à
Villeurbanne, nous avons dû reprendre les négociations avec nos
tutelles (Etat et Région) pour répondre à leurs exigences de
réorganisation des agences régionales dans le cadre d’une
réflexion globale sur l’engagement public dans le domaine
culturel.
Nous avons tenu, en lien étroit avec la FAMDT, à réaffirmer
inlassablement la spécificité de notre secteur d’activité au sein
des réseaux de musiques actuelles.
Nous avons reçu l’assurance que les missions, constituant le cahier
des charges de notre structure, ne seraient pas remises en question.
Par contre, le maintien du financement de l’Etat (via la Drac) et le
développement de celui du Conseil Régional sont soumis à des
conditions qui ne sont que partiellement réunies à ce jour :
- Une plus grande visibilité de nos actions, tant sur le plan de la
recherche, que celui de l’enseignement, de la mise en réseau ou de
l’activité artistique qui en découle.
- Une plus grande mutualisation des moyens mis à disposition des
structures régionales, particulièrement pour ce qui nous concerne
le CMTRA et l’Agence Musique et Danse.
Ce travail est déjà engagé depuis de nombreux mois, et nous
savons que nous disposons d’une année pour convaincre que ces
desideratas ont été efficacement pris en compte, dans la
définition d’un nouveau projet, sans sacrifier pour autant ce qui
constitue la singularité irréductible du secteur des musiques et
danses traditionnelles.
Ce seront les tâches prioritaires qui seront confiées à la nouvelle
direction, afin de garantir et développer les ressources nécessaires
à la poursuite de notre action, dans une autonomie confirmée,
dans des locaux adaptés et avec du personnel non soumis à la
précarité.
Nous vous invitons donc à vous mobiliser, nombreux, à l’occasion
de notre prochaine assemblée générale, fixée au lundi 15 Mai à
19 heures, afin que la vigilance et l’engagement des membres élus
et des salariés de l’Association sortent renforcés de ce moment
important d’expression et d’échange démocratiques, à l’image de
la vitalité de nos réseaux.
Christian MASSAULT
Robert CARO
À L’AUTRE…
CREATION
« Les Blés » de la Duchère
Les 9 et 10 juin prochains, la Compagnie
de Danse Hallet Eghayan présentera son
spectacle «Les Blés», fruit d'une expérience
inédite : ce spectacle sera composé à partir
de danses et de chants traditionnels
récoltés auprès des habitants de la
Duchère. Danseurs amateurs et professionnels de tous les âges seront mêlés,
évoquant les thèmes du lien et de la
transmission entre les cultures et les
générations. Heure et lieu à confirmer.
Renseignements : Noémie Meylan
04 78 64 84 98
CLIN D’ŒIL
C’est pas trop tôt…
Antiquarks, le duo de
particules les plus
insaisissables de la
planète vient de sortir son premier album :
«Le Moulassa. » Sébastien Tron (vielle à
roue et chant) et Richard Monségu (chant
et percussions) avaient initialement
prévu cette sortie pour l’an passé comme
l’indiquait un article de la lettre d’information du CMTRA n°57 que vous pouvez
trouver sur le web www.cmtra.org
Le temps semble néanmoins bien profitable à la matière et aux particules
puisque le duo a remporté le 1er Tremplin
des Musiques du Monde en RhônesAlpes organisé par l’Auditorium de Lyon
dans le cadre de son festival « D’un
Monde à l’Autre. » Pas trop tôt certes
mais bravo quand même !
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
Saluons au
passage la
1ère édition
du Festival
d’Un Monde
à
l’Autre.
Après le succès des Nuits,
l’Auditorium
nous invite à
nous laisser transporter par les rythmes
des musiques du monde. Musique,
danse, gastronomie sont au rendez-vous
de ce nouveau venu au rayon des festivals dédiés à cette esthétique dans la
région lyonnaise. Du très métissé Mango
Gadzi à l’illustre Titi Robin ou de Musafiri à l’Ensemble Kaboul, nul doute que
le pari d’aller « D’un Monde … à l’autre »
sera tenu. Souhaitons donc que cette 1ère
édition soit le prémice d’une aventure
aussi longue que riche…
LE
TOUR
DU
MONDE EN 80
DANSES
La Maison de la
Danse sort un DVD
consacré aux danses
du monde. Cette
petite vidéothèque de
poche nous entraîne en 80 séquences
dans un tour du monde de la danse à
travers l’histoire, les cultures, les
techniques.
Ce projet pédagogique associe 2DVD
admirablement réalisés à un livret de
fiches détaillées. Un précieux outil de
travail interactif destiné aux professionnels, professeurs, animateurs, aux lieux
de diffusion, aux médiathèques …
Conception : Charles Picq
Infos : www.maisondeladanse.com
ou 04 72 78 18 18
A DECOUVRIR
« Découvrir des musiques traditionnelles, vivantes, surprenantes, découvrir leur sens, découvrir de nouveaux
instruments, s’ouvrir à d’autres modes
d’acquisition de la musique, s’initier,
écouter, explorer, prendre des
risques… Découvrir différentes réalités quotidiennes, d’autres façons de
vivre, de faire et de penser les choses,
favoriser le dialogue et l’ouverture
entre différentes cultures, prendre
conscience des grandes diversités des
conditions de vie, prendre conscience
de se propres réalités et opportunités,
Dans le respect mutuel et la valorisation
réciproque… »
Tel est l’ambitieux projet de Musique et
Découverte, association de Cruseilles (74)
qui vise à favoriser des rencontres interculturelles par la musique. En vue de
mettre en place un stage de découverte
des musiques tsiganes en Serbie du
Sud, les membres de l’association organisent un voyage de préparation. Amateurs
et passionnés de musiques tsiganes,
rejoignez Musique et Découverte.
Email : [email protected]
tel : 04 50 32 59 40
LES PHONOTHEQUES A L’ERE DU NET
La phonothèque de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme
implantée à Aix en Provence met son
catalogue en ligne.
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
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Aufildesrencontres
Allez feuilleter le catalogue, le fonds est
intéressant et remarquablement renseigné. Vous cherchez les différentes versions de La Pernette ? Des contes avec
des loups ? Des témoignages oraux sur le
pays de Forcalquier ? Faites vos
recherches à partir du site, il vous reportera sur des notices complètes, avec sur
certains fonds, des résumés exhaustifs
des propos échangés entre le collecteur et
l’informateur. Peut-être aurez-vous
ensuite envie d’aller à la phonothèque
pour écouter les documents « live » ?
Fonds : Histoire orale/ Littérature orale/
Musique/ Aire méditerranéenne/ Culture
occitane
http://phonotheque.mmsh.univ-aix.fr/.
CENTRE EN VOIE DE DEVELOPPEMENT
Grâce à l'aide du Centre National du
Livre, le centre de documentation du
CMTRA poursuit l'enrichissement de
son fonds en musiques/danses traditionnelles et populaires du monde. Vous
pourrez trouver au centre des ouvrages
sur les différents genres musicaux de
France et du monde, des travaux d'ethnomusicologie, des répertoires chantés,
dansés et joués ou encore des livres
musicaux pour le jeune public. Le centre
propose des ouvrages plus généraux sur
l'ethnologie, l'histoire orale, l'enseignement de la musique ou les pratiques
culturelles.
Ouvert le mercredi et le jeudi : 14hOO à
18hOO. Appeler pour un rdv en dehors de
ces horaires.
Conditions de prêt : adhérent au CMTRA
Contact : [email protected]
Date limite de vos envois
pour La Lettre d’Infos n° 62
30 mai 2006
Musiques Traditionnelles
Rhône-Alpes
Directeur de la publication
Christian MASSAULT
Rédacteur en chef
Robert CARO
Rédacteurs
Yaël EPSTEIN
Jean Sébastien ESNAULT
Péroline BARBET
Fanny LOGEAY
Stéphanie BARRE
Olivier DURIF
Pierre-Olivier LAULANNE
Aurélie DUBOIS
Céline DUGNY
Yvan TRUNZLER
Chargé de production
Robert CARO
Coordination de la rédaction
Jean Sébastien ESNAULT
Stratagème visuel
François GOYOT
Réalisation
Mathilde LECA
Imprimerie
Savoy Offset, Annecy
FORMATION
Vous souhaitez enseigner les musiques
traditionnelles et passer le Diplôme
d’Etat de Professeur en Musiques
Traditionnelles ? Le CEFEDEM RhôneAlpes propose des études supérieures
menant au Diplôme d'État de professeur
de musique traditionnelle.
Programme d'études, organisation de la
formation et conditions d'admission sur le
site www.cefedem-rhonealpes.org
N° I.S.S.N. :
1166-861 X CMTRA
AVIS DE RECHERCHE [ARTISTIQUE]
Lettre d’Informations n°61
avril/mai/juin 2006
Le festival Feufliâzhe, musiques de l'Arc
Alpin au Brasses, met à disposition une
scène ouverte pour les jeunes artistes et
groupes musique trad et/ou évolutive.
Samedi et Dimanche 11 et 12 aôut 2006.
Possibilité de programmation éventuelle
dans l'édition 2007.
Contact : Sophie Jaunin, 04 50 31 03 25
[email protected]
Le festival « Sur la route de Tullins »
organise, le 1er juillet 2006, le 8ème
tremplin musical «Déjeuner en Herbe.»
Créateurs dans les styles bluegrass,
blues, country, cajun, celtique, vous êtes
invité à participer à cet événement.
Renseignements : « Sur la route de Tullins »
Stéphane Vincent, place Winston Churchill
2, route de Renage - 38120 Tullins
Tél : 04 76 07 92 37
Chanteuse maîtrisant technique, style
et répertoire irlandais, danseurdanseuse claquettes irlandaises, …
Objectif : projet professionnel, concerts,
tournées... Equipe de 4 musiciens.
Contacts : 04 78 84 93 26
ou [email protected]
A VENDRE Oud professionel
contactez : 06 82 671 339
Tél. : 04 78 70 81 75
Fax : 04 78 70 81 85
[email protected]
http://www.cmtra.org
77, rue Magenta
69100 Villeurbanne
Je m’abonne à Musiques
traditionnelles Rhône-Alpes
et j’adhère au CMTRA
Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
...................................
Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ci-joint un chèque bancaire de 15 €
(adhésion associative : 45 €)
à l’ordre du CMTRA.
Entretien avec Olivier Milchberg,
musicien, « programmateur » et
arrangeur dans le groupe
Pêcheur de Perles, à l’occasion
de la sortie de leur nouvel
album : « Wahed »…
CMTRA : Un an et demi après
Motayem, disque-rencontre avec le
chanteur Palestinien Moneim
Adwan, Pêcheurs de perles sort son
nouvel album, Wahed. Quelles sont
les spécificités de ce disque ?
Il est d’abord caractérisé par l’arrivé
d’un nouveau musicien, Zhubin Kalhor qui est Iranien. Il a donc une culture très proche de celle de Mohamed
Alnuma, le fondateur du groupe, qui
est Irakien. Ils se sont retrouvés
presque comme deux frères qui ne parlent pas la même langue mais qui ont
vraiment des racines communes au
niveau musical. Ils ont un parcours très
ouvert sur d’autres musiques et ils se
sont nourris tous les deux de nombreuses influences. Zhubin, qui a passé
toute son enfance en Inde, a rencontré
beaucoup de musiciens de traditions
différentes et Mohamed, qui a quitté
l’Irak assez jeune, est passé par différentes étapes musicales avant de
retrouver ses racines… et de les réinventer, comme on aime à dire ! Donc
Wahed est d’abord marqué par l’arrivée de ce cinquième musicien. Il joue
principalement du Kamantché (violon
iranien) et il excelle dans les improvisations. Il apporte aussi un enthousiasme énorme, sur scène c’est un
régal de jouer avec lui !
Ensuite, ce disque a la particularité
d’avoir été créé presque totalement en
studio. On a fait beaucoup de
maquettes, on a enregistré pendant des
mois avant d’aboutir. L’enregistrement
a fonctionné comme un miroir grâce
auquel on pouvait avancer : on écoutait le résultat et recommençait jusqu’à
en être satisfait.
D’un point de vue technique, on a
trouvé une manière très riche de travailler, avec Mathias Autexier. On travaille la matière sonore chacun de son
côté puis on la réunit et on confronte
nos idées. On aime travailler à partir de
sons naturels et de sons samplés. La
technique doit être au service de la
musique, nous n’avons donc aucun
état d’âme à utiliser des sons préenregistrés, même pour un disque de
musique traditionnelle, d’utiliser des
logiciels de loops et de samples. On
revendique complètement cet aspectlà, qui est très loin des « boum boum »
auxquels on s’attend quand on parle
de programmation sonore.
On s’est amusé dans un des morceaux
du disque, construit sur un rythme traditionnel libanais, à le tourner en
variété pop turque. Il y a aussi une
composition que j’ai faite, Shalom
Palestine, qui partait d’une mélodie de
type klezmer et qui rejoint un morceau
traditionnel arabe, Al haïn. Mohamed
n’avait pas envie de le jouer de
manière traditionnelle puisque c’est un
morceau connu, alors je me suis amusé
à le transformer, à le traiter avec un
groove plus actuel… et on l’a gardé
comme ça, complètement remanié.
Ce disque est un projet que l’on a
beaucoup investi. On voulait qu’il
représente vraiment nos intentions
musicales, qu’il soit à l’image de la
démarche de Pêcheurs de perles. On
s’est donc vraiment donné le temps
d’avoir le recul nécessaire pour chacun
des morceaux. C’est un disque très
personnel.
pont entre les cultures, une symbolique à laquelle on tient vraiment, qui
a fondé l’esprit Pêcheurs de perles. Le
groupe est né de la rencontre entre
Catherine Roy, accordéoniste française, qui était plutôt dans les répertoires klezmer et de Mohamed
Alnuma, qui est musicien irakien.
Chacun a fait un pas vers l’autre.
Mohamed a fait un pas en venant vers
nous et nous, Catherine, Mathias et
moi, en nous passionnant pour les
musiques moyen-orientales. On a créé
un nouvel espace, qui n’est ni là-bas ni
ici, qui est ce pont symbolique. Pour ce
morceau, Mathias a composé toute
une structure rythmique, sur un rythme
à neuf temps et puis on a tous apporté
nelles, même si ce ne sont pas les
mêmes, puisque je viens plutôt des
répertoires sud-américains. Je suis
aussi né dans le travail du son et dans
les bandes magnétiques. Mon père est
le fondateur du groupe Los Incas,
groupe de musiques Andines un peu
précurseur de la world, déjà très
ouvert. Il n’a jamais voulu parler d’authenticité parce qu’il n’est ni péruvien
ni bolivien (mais argentin avec des origines européennes)… et il a vraiment
été au cœur des débats sur l’authenticité ou la « traditionnalité » de la
musique. J’ai baigné là-dedans et c’est
vrai qu’aujourd’hui, je ne me pose
plus la question. C’est bien qu’il y ait
des personnes détentrices de traditions
Pêcheurs de Perles
« Wahed » veut dire l’un, l’unité, et
pourtant, chaque morceau est fondé
sur des rencontres, humaines ou
symboliques et se nourrit d’influences multiples…
Oui. Il y a le morceau Alsama, né
d’une rencontre avec un musicien
gnawa qui joue des karkaba et du gembri. Mohamed a composé la mélodie
pendant cette rencontre et ensuite on
l’a retravaillé avec Mathias, sans rien
dire à Mohamed et il s’est enrichi
d’une autre couleur… Il y a d’autres
apports dans le disque comme celui
d’un saxophoniste allemand vivant à
Istanbul avec qui on a joué plusieurs
fois. Un jour, j’étais à Istanbul et je l’ai
enregistré sur le morceaux « Abaïda »,
composition de Mohamed, avec un
côté jazz, un peu urbain, qui est assez
différent des autres morceaux.
Le dernier morceau du disque, Aljisr,
qui veut dire le pont est un morceau
inspiré d’un texte d’un poète libanais,
Khalil Hawi. Il évoque la symbolique
d’un pont entre passé et présent, d’un
des idées mélodiques et ça a été composé comme ça, en studio. On rajoute
une flûte et une mélodie apparaît
autour de la base rythmique, on la
retravaille et puis le morceau se
construit petit à petit, comme ça.
Ensuite il y a des morceaux que l’on a
pas mal joué sur scène et ça apporte
autre chose, notamment pour les
improvisations, c’est plus facile
devant un public ! On a vraiment passé
du temps, au moins quatre ans, par
périodes, pour arriver à engendrer ce
disque. Ce qui me rend très heureux,
c’est qu’il y a à la fois une homogénéité et en même temps chaque morceau a une personnalité différente, dû
au temps que nous y avons passé, au
recul que nous avons pu prendre et
grâce aux rencontres humaines faites
en chemin.
Tu parles des parcours de Mohamed
et de Zhubin, mais tu as toi aussi
une histoire musicale particulière…
Je suis né dans les musiques tradition-
musicales, qui n’en démordent pas et
qui soient vigilantes par rapport à la
transmission de ce patrimoine. Mais
en même temps, c’est bien que
d’autres puissent s’exprimer librement, à partir de racines qu’ils trouvent belles et qui valent la peine d’être
divulguées et réinterprétées d’une
autre manière. Les deux démarches
sont tout à fait importantes. Moi je suis
complètement dans la deuxième
démarche. Je joue toujours aux cotés
de mon père du folklore latino-américain, c’est une petite partie de moi.
Mais ma véritable passion se tourne
vers les musiques du Moyen-Orient
et principalement les musiques
turques. Je n’ai pas envie de singer des
musiques que je n’ai pas dans le sang,
par contre je les ai dans le cœur et si
je peux amener ma petite contribution,
je le fait avec beaucoup de plaisir !
Pourquoi particulièrement les
musiques turques ?
Je ne sais pas, ça ne s’explique pas…
[Artistes...
c’est un coup de foudre. Bon, en tout
cas j’ai une attirance depuis longtemps
pour les musiques asymétriques, je
suis très sensible aux rythmiques
composées. Je m’ennuie très vite avec
du binaire ou du ternaire. Je suis très
attiré aussi par les différents modes
orientaux…
Mohamed Alnuma
Tu es poly-instrumentiste…
J’ai le vilain défaut d’être touche à
tout… J’ai commencé la musique très
jeune, avec le piano, puis la guitare.
Dans mon parcours avec Los Incas,
j’ai joué de la flûte et des percussions.
Ensuite je me suis passionné pour le
bouzouki. Je joue d’un bouzouki irlandais, parce que je préfère le son, j’en
joue aujourd’hui dans Pêcheurs de
perles. Après je me suis mis au
çümbüs, le banjo turc, qui est beaucoup plus proche du oud, sans frets et
qui se joue avec un plectre. Là aussi
j’apporte ma touche personnelle, à travers ces différents instruments, j’exprime ma propre sensibilité. En fait
j’ai beaucoup de mal à parler des instruments dont je joue parce que je me
sens plus proche d’une conception
globale de la musique. Je préfère me
définir comme arrangeur plutôt que
comme instrumentiste, même si au
sein de Pêcheurs de perles, nous
sommes tous impliqués dans les
arrangements. Lorsque j’entends une
flûte sur tel morceau, j’ai envie de la
jouer, parfois c’est de la contrebasse…
Ça m’a poussé à toucher à beaucoup
d’instruments, mais dès que je peux
laisser la place à un super instrumentiste, évidemment, c’est un plaisir.
C’est ça qui m’intéresse : mettre en
scène les musiciens, faire que les rencontres débouchent sur de la création…
Là on part en Inde avec Mohamed et
Zhubin, pour une aventure, rencontrer des musiciens là-bas, jouer et
concevoir le prochain album, parce
que vu le temps qu’on met, il faut
qu’on s’y mette vite ! L’objectif est de
trouver la manière de se laisser pénétrer, de laisser l’inspiration jaillir. Une
nouvelle période de création commence.
Zhubin Kalhor
chant et oud
Mathias Autexier
percussion
Catherine Roy
accordéon
kamanché (violon
iranien)
Olivier Milchberg
bouzouki, ney, flûte
Bansouri (Inde),
çümbüs (banjo turc),
jura (saz turc)…
Propos recueillis par Y.E.
Contact groupe :
Muance Productions, Olivier Milchberg,
04 92 65 14 60
[email protected]
Contact scène :
La Casa Musicale, Lyne Tateossian, 06 62 09 46 29
04 78 83 40 82 - [email protected]
Dates, infos, audio et vidéos sur
www.pecheursdeperles.com
CMTRA
77, rue Magenta
69 100 Villeurbanne
Tél. : 04 78 70 81 75
fax : 04 78 70 81 85
[email protected]
www.cmtra.org
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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[Artistes...
MangoGadzi
Répliques!
3ème album de Djal
CD
Répliques
Production :
MusTraDem
Distribution :
l'Autre Distribution
L’album “Répliques”
a été produit avec le
soutient de l’ADAMI de
la Région Rhône-Alpes
et de la Ville de
Grenoble.
Le groupe sera en
tournée de mars
novembre.
Toutes les dates et
informations sur
www.mustradem.com
CMTRA : Après deux albums live,
Djal sort un nouveau CD, entièrement enregistré en studio. Qu’estce qui a motivé ce choix ?
J.M. : Les deux premiers albums de
Djal, enregistrés en public, correspondaient bien à la dynamique du groupe,
à sa démarche artistique dans sa première période. On est avant tout un
groupe de scène, mais pour le troisième disque, on a eu envie de travailler en studio, et cela pour plusieurs
raisons.
D’abord parce que le groupe ne se
voyait pas enregistrer un troisième live
de suite ! On a eu de saines envies de
changement de méthodes d’enregistrement, et aussi de son bien sûr.
Ensuite parce que Djal n’avait jamais
eu cette expérience-là et qu’on sait
tous, pour l’avoir éprouvé individuellement par ailleurs, que c’est un travail
qui fait progresser un groupe collectivement et qui permet d’en consolider
les acquis. Enfin, il y a aussi une raison
majeure liée à l’évolution de notre
répertoire qui se prête beaucoup plus,
à mon sens, à ce type de travail.
Le premier album était essentiellement
composé de morceaux qui ont été
rodés sur scène pendant près de dix
ans. C’était une mise à plat de nos
tubes de cette période, aux structures
relativement simples, voire « djaliennes » : tous ensemble, tout le
temps, et à fond ! (une belle époque
aussi !). Le second disque correspond
à une deuxième génération de morceaux, toujours dans la même lignée,
mais déjà légèrement plus arrangés et
avec des compositeurs plus variés.
Dans ce troisième album, le répertoire
est différent dans la mesure où il est
extrêmement polyphonique, c’est-àdire que la plupart des morceaux sont
très écrits, à plusieurs voix, ce qui n’est
pas du tout le cas des deux premiers.
Donc en ce sens ça change beaucoup,
et le travail en studio nous permet de
mieux traiter toutes les voix, de
prendre le temps d’enregistrer au
propre chaque partie et d’être beaucoup plus précis et exigeants avec
nous-mêmes, ce qui n’est pas peu dire
dans le groupe !
Comment et avec qui avez-vous
travaillé ?
Concrètement, avec Daniel Saulnier
aux manettes pendant les enregistrements, on a fait plusieurs prises de
chaque morceau, beaucoup réécouté,
choisi une version de base, enregistré
par-dessus les parties qui nous semblaient importantes à refaire où à
rajouter, et le soir on procédait déjà
aux montages. Tout a donc été fait
dans la foulée, morceau par morceau,
à raison d’un morceau par jour en
moyenne.
Au niveau du mixage final, on a voulu
que le disque sonne assez large. Il y a
beaucoup de voix - on est sept et des
fois il y a sept voix ! - et pour que tout
ça sonne bien dans une paire d’enceintes stéréo, il a fallu pas mal travailler sur la largeur du spectre et la
spatialisation, ce qui n’était pas rien vu
fièvre métisse
accueillent sont très souvent des festivals ou des associations qui organisent
une soirée événementielle. De plus,
Djal peut très bien se produire dans
un Centre culturel, devant un public
assis, dans une forme plus concertante.
On a un répertoire suffisamment riche
pour cela maintenant. Mais on a toujours un côté un peu rock qui nous permet également de jouer dans des salles
de musiques actuelles. Alors on va
continuer à essayer de pénétrer ces
milieux-là parce qu’on est certains d’y
avoir notre place, mais la réalité du terrain est complexe.
Entretien avec Jérémie
Mignotte, flutiste du groupe
Djal, à l’occasion de la sortie
de leur 3ème album.
Djal
photo : DR
la richesse des arrangements. Ce travail d’orfèvre a été réalisé par les
oreilles magiques de Pascal Cacouault
et des pénibles djaleux qui le guidaient
en cabine !
Comment composez-vous ? Qu’est
ce qui différencie cet album des
deux premiers au-delà des polyphonies ?
Nous avons deux grandes lignes d’approche. Dans la première, les compositeurs apportent un morceau finalisé,
avec l’arrangement, toutes les voix
écrites précisément pour chaque instrument, et la structure plus ou moins
définitive. C’est le cas des compositions de Stéphane Milleret et de Jean
Banwarth notamment. D’autres compositeurs, comme Daniel Gourdon,
amènent la ligne mélodique seule et on
trouve l’harmonie, la structure et les
arrangements tous ensemble en répétition. Il n’y a pas une méthode mieux
que l’autre, simplement un travail différent et par-là même complémentaire.
Il y a donc deux types de morceaux et
je pense qu’au final, ça s’entend.
Ce qui tranche aussi par rapport aux
disques précédents, c’est l’arrivée
d’un nouveau musicien, Sébastien
Tron, qui a remplacé Yann Gourdon à
la vielle, il y a deux ans. Il a apporté
plein de choses, un autre son, une autre
manière d’utiliser l’instrument, dans
une direction tout aussi moderne, mais
différente. Ça a un peu changé la couleur. Il joue aussi du dounounba, une
percussion africaine traditionnelle sur
un rondeau. Il y a d’ailleurs plusieurs
instruments nouveaux sur ce disque :
Christophe Sachettinni joue beaucoup
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
de cajón , Stéphane improvise à l’accordina, Jean a sorti sa guitare open
tuning et une douze cordes, Daniel utilise aussi le violon électrique et Claude
Schirrer joue même un peu de guitare !
D’autres au contraire ont disparu,
comme l’épinette, la bombarde ou
encore le djembé.
Est-ce que ces changements sont
liés à une évolution de votre
démarche artistique, des orientations générales du groupe ?
Globalement, la ligne de base reste la
même, c’est de la musique à danser, du
bal folk. Maintenant Djal ne joue pas
de la « musique traditionnelle» au
sens où il ne s’agit pas de reprises de
morceaux du « répertoire » mais
exclusivement ses propres compositions. C’est un groupe de création.
Notre démarche c’est toujours le bal
folk en perpétuelle réinvention, c’est
l’invention de notre propre folklore.
Pour ce troisième album, le groupe a
franchi un pas du fait de la place donnée à l’écriture, aux arrangements qui
sont d’une grande densité, et au final,
ça s’écoute comme du concert. Par
rapport au premier disque où c’est pratiquement de l’unisson tout le temps,
avec des thèmes tout droits, là il se
passe constamment quelque chose,
une ligne mélodique nouvelle, une
partie en plus ou encore un contrechant. Mais évidemment, c’est toujours joué avec la même énergie « Djalienne » !
Dans le cadre du bal folk, quel
type de danses abordez vous et où
pensez vous vous situer dans les
musiques traditionnelles et par
rapport au public ?
On a continué plus ou moins
consciemment à puiser dans les différents rythmes des danses traditionnelles françaises. Il y a une part de
répertoire « breton-rhônalpin » avec
notamment un pilé menu, sinon c’est
assez standard : chapeloise, valse,
bourrées, mazurkas etc… On a aussi
une scottish marathon de huit minutes,
une polka funky truffée de riffs subliminaux et un rond de Saint-Vincent
qui vire en « farelquesh », une danse
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 4
mystérieuse colportée par Yves Perrin
et dont les origines restent encore à
découvrir ! Et puis il y a toujours une
part d’improvisation relativement
importante.
Pour ce qui est de se situer dans les
musiques traditionnelles, on est toujours confronté aux mêmes problèmes
et ça dépend aussi des publics justement. Pour le « grand public », si on
fait un morceau qui sonne un peu
irlandais on va nous dire « c’est celtique ! ». Une autre fois on m’a dit que
ça faisait penser à du Yann Tiersen !
Les références du grand public sont
vraiment très variables et très différentes... Pour les « connaisseurs », on
est catalogué ni celtique ni occitan, ni
rien. On ne sait pas où on se catalogue
nous-même d’ailleurs… Si par
exemple on va jouer notre plinn en
Bretagne, on court le risque de se faire
lapider à coups de bombarde, alors que
si on le joue sur une scène de musique
actuelle, ça va sonner trop trad. Dans
le Centre, nos bourrées trois temps risquent de ressembler à des valses, et si
on joue un rondeau dans le Sud
Ouest… que sais-je encore ?! Ça
n’empêche pas pour autant qu’à l’intérieur de Djal, on soit bien calés sur
toutes ces traditions musicales. Mais
on n’a pas l’impression de les dévergonder, on ne fait que les emmener un
peu ailleurs, avec notre culture de
l’oral et de l’écrit, de l’harmonie, de
l’arrangement et de toutes les
musiques que l’on écoute individuellement… Comme beaucoup de
groupes aujourd’hui d’ailleurs !
Qu’en est-il de vos espaces de diffusion ?
Dans le contexte économique et politique actuel, le marché de la culture
s’est terriblement réduit. C’est d’autant plus vrai que nous sommes un
groupe nombreux, qui a une démarche
professionnelle, et donc qui coûte cher.
On est sept musiciens, on travaille
avec deux ingénieurs du son (Daniel
Saulnier et Thierry Ronget) et un
régisseur de tournée. Tout ça fait un
paquet de monde à salarier et au final,
ça représente un certain budget. Aussi,
les lieux de diffusion qui nous
[Artistes...
Quelles sont donc les perspectives
du groupe à court terme ?
Il y a donc déjà une dynamique autour
de la sortie du disque et on va pas mal
jouer à partir du mois de mars. Nous
serons notamment dans plusieurs festivals importants cette année :
Bruxelles, St Chartier, Rodez….
On sort aussi un second recueil de partitions pour ce troisième album, disponible en même temps que le CD, et
contenant également quelques titres d’
« Extra Bal », notre deuxième live. A
se procurer d’urgence !
Enfin, nous avons un gros projet avec
le chanteur Gérard Pierron, ses propres
musiciens et le groupe Kordévan.
C’est un travail autour de chansons
choisies par Gérard, à lui ou d’autres
auteurs, réarrangés par les deux
groupes. Un double album devrait être
prochainement enregistré et sortir chez
Harmonia Mundi. Une tournée régionale pour cet automne devrait également se mettre en place…
Entretien avec Philippe
Danet (percussions), Jorge
Diaz-Rodriguez (Oud,
Cümbüs, danse flamenca,
percussions), Patryk Rogala
(attaché de presse)
CMTRA : Depuis le premier album,
sorti en 2003, qu'est ce qui a
changé dans le groupe, mais aussi
dans votre style de musique?
M.G. : Nos instruments sont toujours
traditionnels. Nous avons toujours du
mal, aujourd'hui, à définir ce qu'est
Mango Gadzi. Ce ne sont pas des
musiques figées, avec un style à propremement parlé, mais plutôt des
musiques métissées qui sont en
constantes évolutions. Nous sommes
en perpétuelle recherche et peut être
même qu'un jour nous arriverons à
inventer un style! Mais ce n'est pas
encore le cas pour l'instant. C'est plutôt une demande du public, qui aimerait pouvoir classer le groupe dans une
colonne de tableau, dans telle catégorie ou tel style. Il y a eu cependant des
changements, par rapport au premier
album. Nous avons introduit de la
danse flamenca, ainsi que d'autres percussions et un oud. Nous nous
sommes aussi ouverts à d'autres instruments, par exemple des cuivres, en
dehors de notre instrument respectif.
Ils ne sont pas encore exploités sur
scène mais ça ne va pas tarder. Nous
avons envie d'explorer au maximum
les possibilités qu'offre la musique
acoustique. Avec ces instruments,
nous aimerions nous réapproprier ces
musiques traditionnelles mais de
manière différente.
Vous qualifiiez votre premier
album de présentation, d'avant
goût de ce que pourrait être le prochain. A la veille de la sortie du
second, correspond t-il a ce que
vous vouliez ?
Avec cet album, nous espérons aller
plus loin. C'est notre première expérience studio. Le premier album était
parti d'une musique traditionnelle :
flamenco, orientale et tsigane. Il était
d'ailleurs qualifié de « musique du
monde ». Or, ce deuxième album est
catalogué, au niveau des points de
vente, dans le rayon « rock français ».
« Musique du monde », c'est, pour
nous, quelque chose de plus pointu,
réservé à des gens qui vont chercher
des choses très précises, par exemple
des musiques orientales, africaines.
Nous, nous avons choisi l'appelation
« rock » pour rester ouvert au plus
grand nombre. Dans cet album, il y a
principalement des compositions. Il
faut souligner que le groupe évolue à
chaque concert, chaque répét, et que
nous jouons, à l'heure actuelle, les
morceaux de cet album mais aussi
d'autres morceaux qui seront dans le
prochain. En dehors de l'aspect artistique, nous avons aussi franchi une
étape commerciale, puisque cet album
sort en distribution nationale. Alors
qu'avant, les CD étaient uniquement
disponibles durant les concerts. C'est
important, car cela nous apporte une
dimension nationale. Nous étions, jusqu'à présent, considéré comme un
groupe régional, voir local. Au niveau
de l'équipe, le groupe s'est entouré d'un
tourneur, d'un producteur et d'un attaché presse qui nous donne une grande
motivation. Musicalement, nous
sommes beaucoup plus investis, stimulés. Les paroles des chansons sont
complètement inventées, alors que
précédement nous gardions des éléments réels. Nous essayons par là
d'ouvrir une porte vers un monde imaginaire, de laisser la possibilité aux
gens de faire leur propre voyage à
travers diverses sonorités musicales.
Nos concerts sont des spectacles
vivants, où le spectateur est invité dans
un monde qu'il a envie de voir.
La particularité de cet album, c'est
Dates de concerts
aussi la présence d'invités. Nous
reprenons un morceau avec le groupe
No-Mad. Il fait partie d'une trame, que
l'on appelle « Tzigarol », et qui est
décliné trois fois sur l'album, dans des
styles différents. La chanteuse de NoMad apparait aussi sur un autre morceau, appelé « le 15 tonnes ». C'est l'un
des premiers morceaux qui concrétise
l'identité « mango gadzienne ». Il
exploite toutes les facettes du groupe
et tous les membres peuvent s'y retrouver. Pour la composition, chacun
amène un thème et il est travaillé en
commun. Nous avons d'ailleurs toujours l'impression que les morceaux
sont inachevés, c'est pour cela que
d'anciens morceaux sont repris, modifiés, retravaillés.
Quels sont vos projets pour les
mois qui viennent?
Nous pensons enregistrer un DVD,
dans un château près de Grenoble.
Nous avons aussi l'envie de faire un
double album qui montrerait les deux
aspects de Mango Gadzi, un CD, enregistré en studio, sur une base beaucoup
plus calme et le deuxième qui serait un
live. Nous aimerions, d'ici quelques
temps, partir en résidence à Séville
pour quelques mois, travailler la
musique flamenco, la danse. Séville,
c'est une ville qui, musicalement,
Mango Gadzi
1er avril :
Au Château rose
à Annemase,
dans le cadre du
festival « dansez ».
6 avril :
Au conservatoire
de Grenoble
15 avril :
A la Maroquinerie
à Paris
27 avril :
Mango Gadzi
photo : Yannick Perrin
A St Cheppy
brasse beaucoup de styles. Nous avons
envie de partir pour voir et apprendre
d'autres choses, de se défaire de la vie
grenobloise, qui est notre quotidien.
De travailler ensemble mais d'une
autre manière. Nous sommes aussi en
recherche de concerts dans l'international et même dans le cadre de création avec d'autres formations locales
étrangères.
Propos recueillis par S.B.
5/6 mai :
A Sion, en Suisse
6 mai : A Geneve
10 mai :
Au Sattelite Café,
à Lausanne
20 mai :
St Jean de Bournay (38)
13 juin :
Au Sattelite Café,
à Paris
1er juillet :
Au col des 1000 (38)
RuralCafé
Propos recueillis par J.M.
en suivant la draille...
Contact scène
MusTraDem +33 (0)4 38 12 09 93
A l’occasion du nouvel album
du Rural Café, En suivant la
draille, entretien avec le
musicien-collecteurcompositeur-arrangeurinterprète-ethnomusicologue
(…) Patrick Mazellier.
Détours en mondes occitanoardécho-dauphinois.
Rural Café
photo : Jean-Luc Joseph
CMTRA : Après un premier album
aux couleurs d’Ardèche et du Dauphiné mais aussi un peu d’Irlande
et du Canada, quelles sont les couleurs du nouvel album du Rural
Café ?
Patrick Mazellier : En suivant la
draille… c’est le titre de notre nouvel
album et cela me paraît assez explicite :
la draille est ce petit chemin qui nous
emmène dans la montagne et qui peut
aller très loin, jusqu’à Compostelle par
exemple. C’est aussi symboliquement
ce qui relie les hommes entre eux et
donc les musiques. Il y a dans cet
album, en plus de notre dimension
occito-ardécho-dauphinoise (!) des
influences plus affirmées, dans le
choix des répertoires, les arrangements, mes compositions. Elles viennent principalement de l’apport de
chacun, musiques orientales pour
Karim Ben Salah le percussionniste,
musiques celtes et orientales pour le
bouzouki de Patrick Chanal, musiques
anciennes pour les flûtes de Nicolas
Zorzin, jazz moderne pour la contrebasse de Christian Devaux et le clavier
de Stéphane Vettraino… J’essaie de
coordonner un peu tout cela, avec des
choses plus ou moins écrites mais
RURAL CAFÉ c’est avant tout un
espace de rencontres où l’on essaie de
garder intacte l’envie de jouer, l’énergie, un certain esprit et je crois que cela
transparaît dans ce CD.
Mais il y a aussi d’autres intervenants, dans cet album ?...
Nous avons, en plus des 6 musiciens
qui constituent la formation habituelle,
invité deux chanteuses de langue occitane : Huguette Betton et Pascale
Aymes. L’aspect vocal est donc plus
développé que dans le premier album
avec, entre autres, une adaptation d’un
chant de mai, d’une chanson de carna-
val, du chant à danser… En fait, le sixtet a beaucoup de possibilités d’alliages de timbres, il permet d’utiliser
des rythmiques d’esprit très différents
avec le bouzouki, le piano, la contrebasse. Les percussions peuvent être
mélodiques, pour renforcer le violon et
la flûte, ou plus dans les basses,
comme dans certaines bourrées où
nous avons emprunté des « plans de
tourne » à notre folkloriste ardéchois
préféré, Vincent d’Indy. En rajoutant
des vocaux à 3 ou 4 voix, on obtient
une palette sonore qui permet d’aborder des répertoires qui me tenaient à
cœur, et que j’avais envie de chanter
depuis longtemps.
Et d’où viennent tous ces morceaux ?
Il y a un fond traditionnel assez important qui provient de collectes
anciennes d’A.et D. Laperche,
S.Beraud, J.Dufaud ou de moi-même.
Il y a quelques pièces rares, chant à
danser, bourrées « boiteuses », mélodies du Vercors, une mélodie turque…
et même un très beau cantique à la
Vierge. En plus du travail d’arrangement, il y a beaucoup d’adaptations,
réélaborations de mélodies traditionnelles et bien sûr des compositions,
rigodons, bourrées, rondes.
Et quelle est la part des mélodies à
danser ?
Mis à part deux chansons, tout est dansable : rondes, bourrées, rigodons… et
nous avons même indiqué la chorégraphie de la Vire du Coiron. Bien sûr,
il y a des parties improvisées, mais
dans ce cas la rythmique reste très
fidèle au rythme moteur de la danse. Il
y a aussi des danses peu connues que
nous enseignons en stage : Al grand
prat, Los Escarpis… Nous nous orientons de plus en plus vers un genre de
bal « concertant », avec du chant à
danser, des pauses d’écoute pour reposer les danseurs et sortir de cette dichotomie entre une partie concert et une
partie bal.
Est-ce que le travail créatif, la
recherche des répertoires, permettent
d’entrevoir des connexions musicales
avec des cultures éloignées ?
Nous avons pris le parti instrumental
d’interpréter les mélodies avec le violon et la flûte, ce qui nous rapproche
beaucoup des musiques celtes, orientales dans la souplesse du phrasé, les
timbres. Nous pratiquons tous à des
degrés divers, en plus des musiques
régionales du Vivarais et du Dauphiné,
la musique irlandaise, la musique
orientale, les musiques transalpines…
RURAL CAFÉ est donc transculturel
depuis le début, tout naturellement, ce
qui ne nous empêche pas de cultiver
des styles de jeu très traditionnels, de
les confronter et de constater que cela
marche plutôt bien, sans pour autant
tomber dans une normalisation musicale qui nous limiterait à des « collages
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
» folk-jazz ou des ambiances uniformes et répétitives. L’utilisation des
percussions orientales convient parfaitement à notre démarche musicale,
comme pour le bouzouki et ses
accords particuliers, le clavier avec
un jeu mélodico-harmonique et un son
un peu « raï »… Mis à part cela, il est
clair que les échelles mélodiques de
certaines bourrées, plus rarement de
certains rigodons, sont proches de certaines échelles orientales, voire araboandalouses, que le rythme de la bourrée, qui a pu être décliné de multiples
façons, contient des éléments de
rythme complexes, irréguliers, que
l’on retrouve, entre autres, dans les
Balkans. Au-delà de l’ethnomusicologie, ce qui me paraît important c’est
d’arrêter de définir les individus uniquement par leur appartenance à des
groupes ethniques ou religieux mais
aussi par leur capacité à créer, à partager, à transcender leur condition, et la
musique, quand elle est belle, bonne et
sincère, sert aussi à cela.
CD
Rural Café
En suivant la draille,
EDG Mustradem
L’autre Distribution
VPC : 16 euros TTC
p. 17
Concerts
et bals promo CD
15 avril à Romans (26)
22 avril à Vesseaux (07)
12 mai à Saint-Fons (69)
13 mai à Annonay (07)
27 mai à Ste-Eulalie (07)
(Rencontres d’Ardèche)
Propos recueillis par F.L.
Contact
[email protected]
Tel / fax : 04 75 45 03 65
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
page 5
L61
28/06/06
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[Lieux...
MJCLaënnecMermoz
Cornemusesducentre
Maison des Musiques du Monde
formes culturelles de valeur, sans
exclusives ni sociales, ni historiques,
ni géographiques.
La Grosse Couture
Entretien avec Michel Blavit
CMTRA : Peux-tu nous présenter la
MJC Laënnec Mermoz et son
projet ?
Equipement de proximité qui trouve
ses origines dès 1958, la mission de la
MJC s’inscrit dans un tissu complexe
de réalités, de relations et de circonstances. Aujourd’hui, le projet est
construit autour de 4 axes : la MJC
comme une maison ouverte à tous,
comme un lieu créatif et éducatif,
comme une maison pour les jeunes et
enfin, comme un espace de culture.
Pour nous, la culture constitue une
ouverture aux diverses formes, avec la
préoccupation de prouver qu’elle est
source de plaisir, qu’elle n’est pas
l’apanage de classes sociales prédéfinies, ou de groupes restreints. Ni élitiste, ni populiste, la culture véritable
est celle qui ménage le parcours de
chacun pour lui permettre l’accès aux
Sur le volet culturel, en plus du
Jazz et des Musiques Improvisées,
la MJC se tourne désormais vers
les musiques du monde. Pourquoi
ce choix ?
Incorporant des éléments rythmiques
ou mélodiques africains à des mélodies occidentales, l’histoire du jazz se
confond depuis toujours avec celle du
métissage. Quoi de plus naturel que
d’élargir le champ de la découverte
avec les musiques du monde qui
regroupent toutes les musiques traditionnelles extra européennes, souvent
métissées ou de fusion et qui contiennent
des composantes « ethniques ».
Autant il existe des temps forts mais
ponctuels autour des musiques du
monde, autant il manque des lieux
réguliers proposant ce genre musical.
D’où la volonté de rendre accessible
ce dernier au plus grand nombre et de
facilité l’approche de formes d’expressions qui ne nous sont pas familières, mais qui traduisent des regards,
des émotions, tout en aidant à une
compréhension du monde. C’est aussi,
vouloir partager le plaisir en favorisant
les rencontres entre des traditions, des
patrimoines, des formes d’expressions
et des créations contemporaines voire
innovantes. Enfin, c’est assurer aux
musiques du monde une meilleure
audience auprès du public, de soutenir
la diffusion dans un lieu repéré, de
favoriser le partage d’expériences tout
en soutenant les pratiques culturelles
émergentes.
Est-ce le fruit d’une volonté particulière par rapport au quartier ?
En matière développement global, la
MJC Laënnec construit son identité
sur une triple volonté : proposer des
activités dites traditionnelles (basées
sur la culture et le sport), accompagner
des jeunes dans une démarche de projet, et devenir un pôle ressources culturelles local. Concernant les enjeux
de développement territorial, la MJC
Laënnec doit donc poursuivre une
ambitieuse péréquation entre le fait
de maintenir et de développer un lien
de proximité avec le public jeune
d’une part, et le fait de soutenir les pratiques culturelles émergentes en lien
avec le territoire en contrat de ville
d’autre part. C’est dans cet esprit que
la MJC ne souhaite plus dissocier la
salle Genton du reste de ses activités ;
celle-ci étant intégrée de fait dans
l’espace culturel global de la MJC.
Comment comptes-tu développer
ce nouvel axe de programmation ?
La programmation « Musiques
Actuelles, Improvisées et du Monde »,
repose sur des convergences d’idées et
sur un partenariat avec l’association
AGAPES depuis 2ans déjà. La
convention qu'elle vient de signer avec
la Ville et la DRAC donne à sa collaboration avec la MJC une dimension
qui va dans le sens d'un vrai partenariat avec comme objectif le travail sur
l'émergence et l'accompagnement des
jeunes talents. Du coup la salle Genton
est labellisée "Scène Découverte".
Pour nous, découverte et émergence
sont à la fois une politique et une
esthétique. Politique dans la mesure où
il s'agit d'aider la professionnalisation
de jeunes artistes et de les faire découvrir par le public, esthétique dans la
mesure où nous favorisons l'innovation.
Comment souhaites-tu inscrire les
artistes de musiques traditionnelles
et du monde dans le travail sur le
quartier ?
C'est ici que se situe la problématique
du jazz. Comment faire en sorte que la
création contemporaine soit portée à la
connaissance du plus grand nombre ?
Le fait qu'Agapes fasse partie de l'action culturelle globale de la MJC est à
la fois risqué et passionnant. Comment
changer l'image d'une musique jugée
"élitiste", et qui, en fait ne peut renier
ses origines populaires ? C'est là que
l'interaction musique traditionnelle et
du monde avec la musique improvisée
est essentielle. Il ne s'agit pas seulement de métissage, mais de création et
de rencontres. Cela fait longtemps
qu'un joueur de oud aime à rencontrer
les musiciens de jazz, il en va de même
avec les Bagad, les vielleux,... L'accroche dans le quartier dépendra de la
cohérence de la programmation, de
l’action des musiciens invités et du
rayonnement de la MJC dans la ville et
au delà, ce qui suppose une lisibilité de
l'action et le renforcement de l'image
de la Salle Genton.
Cette démarche reste une aventure que
nous souhaitons développer tout au
long des saisons et, que les rencontres,
créations passées soient le point de
départ de nouvelles initiatives. C’est
à cela que nous convions tous les
acteurs culturels et socio culturels des
« plus prestigieux » aux « plus
modestes », tous les acteurs locaux et
le public car nous avons besoin de
toutes les énergies fédératrices de
créations et de solidarité au service du
territoire et de la population.
Propos recueillis par J.S.E.
Contact
MJC Laënnec Mermoz, Salle Genton
tel : 04 37 90 55 90
ème
6 Continent
ça bouillonne !
Entretien avec Mohamed
Sidrine et Juan David.
Contact
6e Continent
51, rue Saint Michel 69007 Lyon
M° Saxe-Gambetta
04 37 28 98 71
www.sixiemecontinent.net
CMTRA : Le 1er trimestre 2006 au
6ème Continent ne rime-t-il pas
avec vitalité ?
MS : Oui, c’est certain mais le dynamisme actuel du 6ème continent s’inscrit dans la suite logique de ce qui s’y
est passé depuis 2 ans et du travail de
fond réalisé par l’association depuis 10
ans. La salle s’installe petit à petit,
s’encre dans son territoire et acquiert
une visibilité à Lyon, dans l’agglomération et même au-delà. Certains
signes ne trompent pas : refuser des
gens à l’entrée des concerts –même si
ce n’est pas le but- en constitue un fort.
De même, depuis le lancement de la
nouvelle saison il y a 4 mois, le
nombre d’adhérents a atteint près de
1500, c’est énormissime !
Que vient spécifiquement chercher
le public au 6ème continent ?
MS : Je doute qu’il existe autant de
lieux où il soit possible d’appréhender la diversité telle qu’on la propose
ici : assister à un concert africain
(togolais, congolais, sénégalais, …),
rencontrer un écrivain écossais, visiter
une exposition d’un japonais, participer à un stage de danse du sud de
l’Inde, ... Notre projet et notre lieu
répondent à une attente de diversité et
de découverte.
La pluridisciplinarité ajoutée à la
dimension conviviale du lieu font la
différence. Le 6ème Continent
grouille, bouillonne, il est « lieu de vie »
dans lequel chacun vient chercher
réponse à un besoin de proximité.
Prenons l’exemple des cours de danses
africaines, il y en a partout à Lyon ! Or
chez nous, à partir d’octobre, tous sont
complets. Ce qui fait la différence,
c’est le lieu, un espace centré sur
l’échange.
Trois axes fondent les piliers du
projet associatif : la dimension
scientifique, la diffusion et l’aide à
la création. Sur ce dernier aspect,
un collectif vient de se former :
« La grande Métisse. » Quelle idée
a précédé le début de cette aventure ?
MS : Là aussi, on comble un vide. A
l’ouverture de ce lieu, de nombreux
musiciens de tous horizons sont venus
jouer spontanément. Un constat a
émergé : une multitude d’individus
gravitent autour de l’association et ne
cherchent qu’à se rencontrer. Comprenant que ce lieu prenait des allures de
« vivier d’artistes, » la question s’est
posée : pourquoi ne pas construire un
collectif autour d’un projet de mise en
réseau des différents acteurs ?
JD : Deux niveaux d’enjeux se distinguent : les bœufs et le collectif. Au
début, Mohamed organisait des bœufs
informels tous les jeudis. Sans enjeu,
nombre d’amateurs y prenaient part,
l’idée consistait à favoriser la ren-
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
contre et l’échange de musiciens amateurs autour de leur pratique. Concernant la Grande Métisse, le projet rassemble des musiciens professionnels
ou en voie de professionnalisation
qu’on tente de faire se rencontrer dans
une perspective d’aide à la création.
MS : Les professionnels du collectif
seront bientôt liés par une charte
signée par tous, il y a donc bien acte
d’adhérer, de s’inscrire dans un projet
et de s’y engager. En terme administratif, le 6ème Continent accompagnera les artistes du collectif via la
mise à disposition des locaux de répétition entièrement équipés, de répétitions montées, de mise en réseau, la
mise à disposition d’agents, l’aide à la
signature de contrat, de formation, de
conseils juridiques, d’un dispositif de
déclarations… Beaucoup de musiciens débarquent ici et sont un peu
« largués. » Le lieu leur permet d’en
connaître davantage sur leurs droits
et devoirs, les déclarations administratives, et contribue ainsi à leur
intégration au sein de paysage culturel
lyonnais.
Vers quoi tend ce collectif ?
MS : Deux espérances guident l’avenir
du collectif. D’un côté, nous souhaitons que des petites formations naissent de ce collectif. De l’autre, nous
souhaitons que « la Grande Métisse »
soit diffusée largement, avec l’espoir
d’en faire une formation de renommée
nationale, voire internationale qui
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 6
fonctionnerait un peu sur le modèle de
l’ONB mais plus ouvert sur le monde.
Le 6ème Continent dispose d’un
comité scientifique, comment fonctionne-t-il ?
Parmi les gens qui nous entourent et
qui étaient intéressés par ces questions,
certains ont constitué un conseil scientifique. Ce dernier nous aide à réfléchir
sur les grandes orientations de l’association et à organiser des débats sur les
questions de métissages, de brassages
culturels. Des rencontres ont déjà eu
lieu dont une autour de l’interculturalité et une autre intitulée « La créolisation » avec le concours de Françoise
Verges.
On tente de redonner un peu de visibilité à cet aspect, ce travail souterrain mais ô combien fondamental
mérite de « (re-)faire surface. » La prochaine rencontre devrait avoir pour
objet la rencontre entre traditions et
nouvelles technologies : thème de la
8e édition du festival 6e Continent.
Le festival 2006 va avoir lieu en
juin, quelles pistes y explorerezvous ?
MS : Exposition d’arts visuels, contes,
projection de films accompagnés de
créations sonores sont quelques-uns
des rendez-vous à ne pas rater. Musicalement, les concerts se dérouleront
au parc de Gerland et au cœur du 7ème
arrondissement. Nous souhaitons ainsi
inscrire le festival dans l’espace
urbain, au coeur de la ville et au plus
près des gens, c’est la particularité de
2006. Le 9 juin, les concerts se passeront places Raspail et Saint Louis ; le
10, soirée de clôture, les concerts
auront lieu dans dix lieux différents
une vingtaine de bars. La programmation n’est pas encore tout à fait bouclée
mais à priori, on retrouvera (sous
réserve de modifications : Alpha
Blondy (invité de cette édition),
Orange Blossom, Massaladossa, Electro Gnawa Project, Desert Rebel, Dj
Awal, Papa Diabaté & Morgan Electro Project, DjemDi... La création reste
au centre du festival également, car les
rencontres entre les Gnawa de Marrakech et Dj Fred, Dj Spider et Stani
(Peuple de l’Herbe); Papa Diabaté
(Guinée) et Morgan (Bretagne), le
conteur Patrice Kala et le vidéaste
Gregory Lassère... sont distinguées et
accompagnées par le 6e Continent.
Propos recueillis par J.S.E.
6ème Continent
[Facteur...
peaux de bêtes et ivoires incrustés
Raphaël Jeannin, jeune
facteur de cornemuses, vient
d’installer son atelier à
quelques 50 km au nord de
Lyon à Quincié-en-Beaujolais.
Rencontre avec un artisan du
son et ses instruments …
Atelier à Quincié-en-Beaujolais
photo : Raphaël Jeannin
CMTRA : Quelle formation as-tu
suivi dans ce métier ? Qui sont tes
initiateurs ?
R.J : C’est avec les cours du CMTRA
en 1998, que je me suis initié à la cornemuse. J’ai aussi suivi des études de
Musicologie à Lyon. Petit à petit l’idée
de devenir facteur a fait son chemin,
j’ai ensuite passé un CAP d’ébéniste,
puis un CAP de tourneur sur bois. J’ai
une formation autodidacte, pendant
cinq ans j’ai bricolé tout seul avec une
perceuse, puis progressivement je me
suis doté d’outils. Dès le début, j’ai été
intrigué par la fabrication et j’ai commencé à expérimenter sur l’instrument.
Quels ont été les apports du festival Saint-Chartier , ce grand rendez-vous annuel des luthiers et
musiciens du trad dans le Berry?
L’apport a été très important, j’y vais
depuis que j’ai commencé la cornemuse, c’est là-bas que j’ai appris beaucoup de choses auprès des luthiers,
d’abord en observant les instruments
puis en discutant. On est immergé
dans un monde de musique, on
découvre tellement d’instruments,
c’est quasiment devenu un lieu de formation … même si je n’ai jamais
tourné un bout de bois avec un luthier.
Le dialogue avec chacun d’entre eux a
été important, Bernard Blanc, JeanSylvain Maître avec qui j’ai fait des
stages d’anches, Bernard Jacquemin
aussi, qui n’est pas avare en conseil.
Qu’est ce que c’est être un jeune
facteur de cornemuse au 21ème
siècle ?
Pour moi, il s’agit tout simplement de
fabriquer des cornemuses qui répondent à la demande des musiciens d’aujourd’hui. À la base, la cornemuse
était un instrument de soliste, on en
jouait seul dans un tempérament particulier. Aujourd’hui, les gens veulent
jouer avec un accordéon par exemple,
donc ils veulent un instrument juste, à
tempérament égal. La cornemuse est
devenu un instrument d’ensemble et
doit s’accorder avec les autres instruments.
L’enjeu est d’assurer une certaine
constance à l’instrument ?
Oui, il faut que la cornemuse soit
stable, qu’elle soit fiable dans l’accord,
suivant l’endroit où l’on joue et cela,
on y parvient grâce aux matières synthétiques. Les anches* peuvent être
aujourd’hui en plastique ce qui les
rend stables, qu’il fasse chaud ou froid,
ça tient le choc. Les musettes
anciennes possédaient des anches en
roseau très sensibles aux changements
de température ou d’hygrométrie.
Est-ce que tu mènes une recherche
particulière sur la cornemuse, quel
type de son essaies-tu de fabriquer ?
J’ai adopté une perce* qui me convenait et j’ai travaillé la qualité de l’état
de surface intérieur de ce tuyau sonore.
Cet aspect de la fabrication est extrêmement important pour le son.
Ensuite, il y a un travail sur les anches,
le grattage, l’épaisseur des lamelles
vibrantes. C’est en les faisant que je
vois ce qui me plait ou pas. Mais c’est
surtout avec les années 70 que l’évolution de l’instrument a véritablement
fait un bond à ce niveau-là, Bernard
Blanc notamment a été un pionnier, il
a inventé avec d’autres facteurs un son
qui n’était pas le même que celui qu’il
y avait à l’époque … Ça vient encore
des anches. À l’époque elles étaient
trapézoïdales, lui il a fait des anches
plus étroites. Le son que les cornemuseux ont aujourd’hui est clair, précis
dans les attaques, avec un timbre riche
en harmoniques. Ensuite, cela dépend
aussi du bois que l’on utilise, c’est lui
aussi qui donne un son particulier, si
on utilise de l’ébène du Mozambique,
le son va être claquant et percutant, si
on utilise du cormier, le son sera rond
et chaleureux.
Cet instrument aux origines lointaines se perpétue encore … la
demande est-elle toujours importante ?
Oui, la demande est continue et importante. Les luthiers déjà installés ont
beaucoup de demandes, ils ont deux,
trois ans de délais de commande. Pour
ma part, les clients se présentent spontanément grâce au bouche-à-oreille.
La demande est là.
La cornemuse est inséparable de sa
mythologie, une mythologie dense
qui fascine beaucoup de musiciens,
mais cette fascination est aussi
deux versants, c’est un instrument
qu’on adore ou qu’on déteste, jusqu’au rejet parfois ...
Oui, c’est sans conteste un instrument
atypique ... Il y a cet aspect sensuel
avec cette poche que l’on gonfle d’air
et que l’on serre contre soi. Il y a aussi
un rapport avec la bestialité, c’est une
peau de bête, quand on en joue, on
peut parfois se dire que c’est l’animal
que l’on a tué qui renaît. Il y a plein
d’histoires et de mythes autour de la
cornemuse. C’est aussi un instrument
diabolique … il y a les meneurs de
loups, ces joueurs de cornemuses qui
envoûtaient les loups et pouvaient les
mener à travers la campagne. C’est
tout un monde un peu mythique qui
fait que la cornemuse fascine et effectivement soit on adore, soit on déteste.
La particularité aussi de cet instrument
réside dans le fait de jouer sur des
bourdons, ce n’est pas comme le saxophone où l’on peut jouer dans n’importe quelle tonalité ; la cornemuse
impose une tonalité ou un mode, une
Raphaël Jeanin et Robert Amyot
photo : Raphaël Jeannin
bulle sonore est créée par les bourdons
et ça pose d’emblée une atmosphère
particulière. Il y a aussi le fait que l’on
joue en plein jeu en permanence, on ne
peut ni atténuer ni augmenter le
volume sonore. Donc musicalement
c’est assez fort.
imposent un style de jeu précis et l’on
a pu se réapproprier cet instrument
sans vraiment être obligé d’adopter un
style particulier. En revanche avec la
cabrette (Haute-Auvergne), quand tu
fais telle note, tu dois faire tel ornement, c’est presqu’un passage obligé.
Y a-t’il toujours l’adéquation d’un
type de cornemuse avec un certain
type de répertoire ?
Il y a un type de cornemuse propre à
chaque région, donc il y a souvent un
répertoire qui leur correspond. Mais
aujourd’hui, il y a une grande ouverture musicale, surtout avec les
musettes du centre qui permettent de
jouer un grand nombre de répertoires.
Avec ces dernières, on peut jouer des
répertoires de Haute et Basse
Auvergne et de tout le centre de la
France, on peut jouer des répertoires
du Sud-Ouest (des rondeaux par
exemple), on peut aussi explorer beaucoup d’autres répertoires européens.
Techniquement, on peut aussi faire du
Breton même si je trouve que la cornemuse du centre ne se prête pas à ce
répertoire dans la mesure où elle n’a
pas le timbre qu’il faut, ni l’attaque et
la percussion d’un couple biniou/bombarde.
Il y a deux attitudes ; il y a ceux qui
continuent à avoir un style propre à
l’instrument et puis ceux qui explorent
de nouveaux répertoires ou qui font
des compositions, beaucoup de
groupes de jeunes musiciens par
exemple se moquent du répertoiretype de l’instrument. À côté de cela
d’autres conservent le jeu typique de
chaque cornemuse. Certains comme
les Brayauds en Auvergne cultivent un
jeu typique à la musette Béchonnet.
Es-tu intéressé par l’archéologie
musicale ?
Ça m’aurait passionné, mais tout a été
fait durant les trente dernières années,
avec ces campagnes de collectages
aussi bien musicales qu’instrumentales. C’est pendant cette période
qu’ont été exhumés les Béchonnets et
les musettes du centre. Quant à moi,
pour l’instant, je ne cherche pas à innover dans ces instruments, je veux faire
des instruments fiables qui durent dans
le temps, je n’ai pas pensé à de grandes
innovations pour le moment. Par
contre je suis très intéressé par l’esthétique des cornemuses anciennes. J’ai
passé deux jours dans les réserves du
musée de Montluçon qui a une énorme
collection de musettes et de vielles à
roue. J’ai trouvé là-bas des Béchonnets d’époque et des cornemuses
incrustées qui m'interressent beaucoup.
symboles ; on aime bien avoir de
beaux instruments. Les cornemuses
peuvent êtres incrustées sur tous les
bois, les bourdons, le boîtier, on peut
faire des motifs comme les résilles, les
fleurs de lys, les trèfles, des ostensoirs,
il y a un grand nombre de symboles.
Le bois est sculpté, puis l’alliage
étain/plomb est coulé dedans. Ces
techniques sont longues et difficiles à
exécuter, c’est un travail de joaillier et
ce type de cornemuses est très recherché. Sur les Béchonnets, on peut faire
des médaillons et des boîtiers très personnalisés. Sur les bois, on met des
bagues en ivoirines ou en cornes
blondes ou noires. Sinon, il y a aussi le
décor Sautivet, gravure sur bois noircie avec de la cire ou encore de
simples anneaux de couleurs réalisés à
l’aide de teintes. Sinon, ni franges ni
pompons, parfois des rubans dans certaines occasions…
As-tu un rêve de facteur ?
Ce que j’aimerais par-dessus tout
refaire, c’est une cornemuse à dentsde-scie. C’est un décor que fabriquait
Béchonnet (fabriquant du Puy de
Dôme, né en 1820) qui a inventé ce
type de cornemuse. Chaque bague est
découpée comme des dents de crocodile, c’est une prouesse technique que
j’aimerais faire. Je suis fasciné par ce
type de cornemuse.
La fabrication de cornemuse, un
bon créneau alors?
Dans ma région, je crois que je suis le
seul … et la cornemuse du centre,
beaucoup de gens en jouent, il y n’a
pas que de la clientèle dans le centre de
la France. Je m’installe à Quincié-enBeaujolais à 50 km au nord de Lyon
dans une maison que je retape.
Comme l’an dernier, j’aurais un stand
à Saint-Chartier cette année …
Rendez-vous là bas avec les amateurs.
Propos recueillis par P.B.
Instruments :
de 800 Euros
(cornemuse d’étude)
à 1500 Euros
Stand
Saint Chartier :
du 13 au 16 juillet
2006
Définitions :
* Perce :
Canal intérieur du
hautbois, qui est
coiffé d’une anche
double.
* Anches :
Lamelles simples ou
doubles qui
produisent le son au
Par rapport aux boudègues du
Sud-Ouest, ce type de cornemuses
paraît pourtant moins beaucoup
moins exubérant dans leur décoration …
Les cornemuses du centre peuvent
pourtant être très riches en décors et en
passage de l’air.
Contact
JEANNIN Raphaël
le bourg 69430 Quincié-en-Beaujolais
[email protected] / Tel : 06 16 80 59 72
La cornemuse du centre est elle une
cornemuse plus « malléable » que
d’autres ?
Cette cornemuse est une des plus
jouées par les folkeux, par ceux qui
jouent du trad « bal folk » et qui
mélangent plusieurs répertoires. Avec
la cornemuse du centre, on peut jouer
dans beaucoup de styles et faire des
choses nouvelles, car contrairement au
biniou breton et à la cabrette auvergnate, il n’y a pas de témoignages de
jeux précis. Pour la cabrette par
exemple on possède des enregistrements du début du siècle, ce qui a
engendré un jeu précis, très technique,
très codifié, comme avec la cornemuse
bretonne ou la cornemuse écossaise.
Alors qu’avec la cornemuse du centre,
on n’a pas de témoignages sonores qui
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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[Création...
Invitationauvent
[Artistes...
L’Opéradesalpages
Echologie sonore des pâturages
exprime les émotions, les sentiments.
Les compositions du duo de Lionel et
Cédric et celles de Valentin prennent
naturellement place de divertimenti
dans le récital.
Si notre création est conçue sur cette
base et créé donc un lien entre les différentes cultures, musicalement il a
fallu adapter et trouver une place
"juste" dans cet environnement. Ainsi,
par exemple, les chants sont en français et s'appuient sur la tradition populaire occidentale. Il n'y a donc pas un
son "indien", même si la percussion
avec les tablas de Cédric Germain est
indienne
avons perdu ce type de rapport à la
musique. Finalement on peut dire que
l'individu d'aujourd'hui consomme
plus de produits qu'il ne participe lui
même à un processus de re-création.
Enfin, la tradition sous-tend une
dimension sociale où la relation,
entendue comme un espace d’apprentissage et de transmission, occupe une
place primordiale. En créant ce spectacle nous créons un lieu de tradition.
Amateurs et professionnels sont
réunis dans ce spectacle. Quelle
volonté a précédé l’association de
ces différents protagonistes ?
Hervé Baron
Rencontre avec Hervé Baron,
porteur et instigateur du
projet Invitation au Vent.
CMTRA : Vous avez intitulé votre
spectacle « Invitation au vent »,
est-ce là une invitation pour nous,
publics, à se laisser porter par Eole ?
Hervé Baron : Pas exactement, dans
ce titre l'invitation s'adresse au vent en
tant que symbole de l'énergie. On
pourrait parler d'invocation, "que
vienne la bonne énergie!" . Sans s'attacher à une signification culturelle précise, il y a la volonté de donner à l'acte
artistique un sens sacré, comme on le
trouve à l'origine du Bharata Natyam
(danse du sud de l’Inde).
Et où les vents emportent-ils ce
spectacle alors ?
Il s'agit d'un spectacle pluridisciplinaire faisant se rencontrer la danse,
un ensemble de musiciens et un collectif constitué de collégiens, de
lycéens, d'enfants et d’adultes. Le
spectacle réunit donc des pratiques,
des traditions et des cultures différentes. Les influences sur le plan musical sont pour une grande part
indiennes, avec le répertoire d'Annie
Torre, mais pas seulement puisque
l’identité de chacun reste bien définie. Lionel Rolland, guitariste et
joueur de luth, crée un environnement
issu de son parcours entre le blues, le
flamenco et les musiques du Maghreb.
Et dans mon travail je m'appuie sur les
éléments de langage propres à notre
culture occidentale. L'aspect esthétique ou visuel est, pour une grande
part, influencé par mon parcours dans
les arts martiaux et les cultures du zen.
Le vielleux Valentin Clastrier a
accepté votre invitation en s’intégrant à votre spectacle. Pourquoi
avoir choisi ce musicien ? Quelle
place a-t-il ?
Ce souhait naît d’une rencontre en
2002 au festival de l’Ephémère à Hauteville. Des questionnements et des
recherches communes nous ont rapprochés et notamment les problématiques liées à la notion de tradition :
comment s’approprier la tradition ? Et
l’échange entre les différentes cultures, les différents courants peut participer des processus d’appropriation.
Valentin Clastrier joue de la vielle à
roue, instrument traditionnel par
excellence. Pour autant, il a posé la
question de cette relation puisqu’il a
transformé son instrument en le faisant
passer de 6 à 27 cordes. Il a recréé
l’instrument et par là même, le jeu sur
et avec l’instrument, le répertoire et la
technique. Ce qui nous intéresse dans
la personnalité de Valentin, c’est qu’il
est un musicien en recherche au niveau
d’une tradition, il fait partie de ce que
j’appellerais « l’avant-garde de la
tradition. »
Cédric Germain
Comment avez-vous construit ce
spectacle ?
Nous nous sommes appuyés sur le
récital de Bharata Natyam. Cette danse
sacrée a une logique interne que je
compare à la liturgie de la messe. On
peut effectivement faire un parallèle
entre les différentes pièces de ces deux
formes musicales. Le Pushpanjali et
l'Introït sont les pièces d’entrée, d'ouverture, dans un style posé sans
recherche de virtuosité. L'Offertoire et
le Varnam ou le Tillana sont des pièces
virtuoses, sortes d'offrandes musicales
ou corporelles. Ou encore le Mangalam et le Bénédictus qui dans les deux
cas ont fonction de bénédiction. Dans
le spectacle, la danse Bharata Natyam
est présentée sous ses deux aspects. La
danse pure, danse rythmique et puissante qui met en jeu le corps dans sa
globalité. La danse narrative qui
… ?! Comment penses-tu la notion
de tradition ?
Ce qui importe est bien ce qui se passe
avant le spectacle et plus particulièrement la relation à l’enseignement. Tradition signifie transmettre mais la
question est la façon dont la transmission se fait.
Et il est évident que l'apprentissage
d'un langage implique une imprégnation de toute la personne. Et cela n'est
possible qu'à travers une pratique où le
corps est engagé complètement.
Cette question de la tradition est donc
étroitement corrélée à celle de l’expérience quotidienne de la musique. Pour
l’artiste confirmé, jouer de la musique
chaque jour consiste à exercer son
métier. Pour les amateurs, il n’y a que
peu d'espaces, de lieux pour la
musique dans le quotidien. Nous
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
Lionel Rolland
Invitation au Vent célèbre et ne se pose
donc pas la question de la virtuosité.
L’idée consiste à rassembler et lier les
gens à travers une pratique. Un des
enjeux de ce spectacle est bien de donner une place à chacun, et je dis souvent qu'il n'y a pas de prolétariat de la
musique. On se trouve contraint à
communiquer et à échanger si l'on
veut qu'arrive le vent.
L’échange entre l’élève et le virtuose
consiste pour le premier à entrer dans
les compositions de l'autre en utilisant
des techniques très simples. Pour le
professionnel il y a la nécessité de ne
pas s'enfermer dans la virtuosité, la
technique. Il faut de toute façon communiquer. Il n’y a pas de séparation
hiérarchique entre les individus mais
reconnaissance mutuelle de l’expérience de chacun. Par exemple, on
reconnaît la pratique d’Annie qui a travaillé des années pour devenir dépositaire d’une telle tradition.
Alors que le réacteur médiasphère
de génération star’ac’ opère un perpétuel matraquage binaire de nos
oreilles et de nos esprits, comment
les amateurs que vous accompagnez se sont imprégnés de
structures rythmiques complexes,
de boucles qui tournent en 9 ou 11
temps ?
La question est bonne. Dans ma façon
d’enseigner, très influencée par les arts
martiaux, l’enseignement s’adresse
essentiellement au corps. Il s’agit de
transmettre par la pratique des archétypes de rythmes et de forme. Ainsi se
mettent en place un vrai sens rythmique et une mémoire corporelle. Et
certains de mes élèves me suivent
depuis dix ans et plus. Certains ont
commencé à l’âge de 2-3ans. On peut
vraiment dire qu’il y a imprégnation,
qu’un travail de fond a été fait, corporellement. Alors dans ces conditions il
peut y avoir, naturellement, une place
pour l’amateur dans des musiques qui
restent, elles, à leur niveau de virtuosité.
Et il est vrai que les structures rythmiques des compositions de danse
dans le Bharata Natyam sont complexes. Les cycles à 7 ou 9 temps sont
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 8
très courants et la forme rythmique
(phrases, thèmes, mouvements) des
pièces est très développée. Il en est de
même pour l’aspect mélodique, Lionel
joue sur des modes on l’on trouve souvent le degré inférieur à la tonique en
position naturelle, le second degré
mineur ou bien le quatrième degré
augmenté... Mais là encore on peut
relier les cultures, ne trouve-t-on pas
tout cela dans notre modalité grégorienne?
Tu sembles accorder beaucoup
d’importance à la place du corps
dans votre création…
Comme je l’ai dit, le corps constitue le
lieu d’intériorisation et de mémorisation des archétypes rythmiques et
mélodiques. On tente donc de s’imprégner à travers les frappés de mains,
les pas, ... D’autre part pour pratiquer
le rythme, le chant, il faut une posture.
Ce sont donc tous ces gestes simples
que l’on mène sur la scène.
Vous consacrez une large place à la
dimension rituelle dans votre spectacle, comment les protagonistes
combinent-ils avec cet aspect ?
Le rituel ne fait ici référence à aucune
religion mais s’inscrit plus dans le
quotidien, au cœur de l’humain, un
“rituel néopaïen” d’une certaine façon.
Je l’explicite souvent en le comparant
au rituel de la table au moment du
repas, situation tout à la fois simple et
complexe. Qu’est ce que la table sinon
un lieu du rituel, un lieu de rites? La
position assise à table constitue un premier code. La séparation choisie entre
le bas du corps, lieu de nos pulsions
d’une part, et le haut du corps, siège du
spirituel d’autre part, est porteuse de
sens. De même, nous faisons le choix
de se mettre autour de la table, en
situation de regards croisés, nous prêtons attention à celui ou à celle que
nous allons servir en premier, … Le
moment de la table fonctionne parfaitement parce qu’on a mis en place
cette relation très codifiée. Se serrer
la main, chanter une berceuse pour
endormir les enfants sont autant de
moments qui peuvent s’envisager
comme du rituel.
Et bien de la même façon, l’espace
scénique constitue un lieu d’attention
particulière : on ne marche plus, on ne
se tient plus comme dans le quotidien.
Il y a lieu d’être vigilant, bien attentif.
La scène, la table sont des lieux où
peut s’exprimer la dimension humaine
de l’individu. On peut ne plus passer
à table pour seulement se nourrir.
N’existe-t-il pas un danger de produire de l’artificiel dans l’acte de
déplacer ou de recréer du sacré ou
du rituel ?
Effectivement, le risque existe et
notamment celui du collage. Seule la
pratique intense et historique, personnelle et collective de chacun des protagonistes garantie l’intégrité de la
démarche et la pertinence du rituel. Ce
spectacle est étroitement lié au travail
fait au quotidien. Chaque semaine,
l’enfant, l’adolescent ou l’adulte vient
pratiquer et depuis un certain nombre
d’années. D’autre part le projet existe
depuis 3 ans. C’est donc autant
d’heures et de jours qui sont visibles
lors de ce spectacle. Et finalement
avec le temps ne reste que ce qui est
vraiment naturel.
Sensiblement, comment le spectateur fait l’expérience de cette
dimension rituelle ?
Si le rituel a sa place, s’il sonne juste,
c’est aussi parce que le choix et la
conception des gestes reposent sur la
simplicité. Comment s’asseoir ? Comment prendre la paire de bâtons ?
Quelle posture choisir pour chanter ?
Dans le Théâtre japonais le chanteur,
quand il chante, tient son éventail en
faisant attention qu’une partie reste
en contact avec le sol. A l’instar de ce
chanteur, les gestes de chacun sont très
simples en même temps qu’ils produisent du sens. Notre esthétique du geste
vise justement à lui porter soin et
attention, à adopter une tenue et des
postures qui véhiculent une énergie.
Spectacle musical réalisé par
Nicolas PERRILLAT, avec
la participation de Ceux d’en
Haut (Polyphonies des Alpes
du nord), Les Trouveurs
valdoten (Musiques des Alpes
et du Val d’Aoste), Natalie
Texier (Recitante),
Emmanuel Muget (soliste
flûte) et Nicolas Perrillat
(Direction artistique ). Jeudi
6 juillet 2006 à St Gervais
(74) / Salle ESPACE MontBlanc
CMTRA : L’Opéra des Alpages est
qualifié de « Musiques du pastoralisme », qu’est ce que cela signifie ?
N.P. : L’alpage, c’est un lieu de
conquête humaine : l’œuvre des communautés montagnardes. C’est le bilan
humain d’une civilisation agro-pastorale. Pendant des siècles les pâturages
de la « pelouse alpine » ont attiré pasteurs et troupeaux, et la vie pastorale
ne cessera de s’y maintenir. Ceux qui
vivent dans cet entourage ont
conscience de cet héritage culturel. La
montagne et son environnement ont
façonné des moyens d’expressions
musicales multiples et variés… Il y a
donc tout un répertoire musical et
vocal lié au pastoralisme dans les
Alpes du nord. Jadis, les armaillis des
vallées fribourgeoises et valaisannes
appelaient le bétail au son d’un cor des
Alpes…la vallée de Thônes nous
donne à entendre des carillons de sonnailles…le chant, dans le Val d’Aoste,
est l’expression d’une mémoire
vivante et renouvelée… le bruit du torrent nous parle d’ “ échologie ”
sonore… Le fléau, outil de travail utilisé pour la moisson s’est transformé
en instrument de musique… C’est vrai
que pour quelqu’un qui n’aurait pas
vécu une expérience de transhumance,
il est difficile de se représenter l’effet
sonore que cela représente… Toutes
ces musiques, ces sons, ces chants,
sont les empreintes culturelles du pastoralisme, que “ L’OPÉRA DES
ALPAGES ” propose de mettre en
valeur dans une expression artistique
et une forme contemporaine.
Comment vous est venu l’idée de
mettre plusieurs ensembles, plusieurs formations différentes tel
qu’une récitante, une flûte solo et
des chants polyphoniques dans un
spectacle musical ?
Le point de départ, c’est la volonté de
mêler et juxtaposer des expressions
différentes : musiques, chants, textes
et images… et des territoires complémentaires. « Les Trouveurs Valdoten »
Pour ceux qui avaient pu assister
aux spectacles précédents : « Veilla
d’Hivé », 1998 / « La Tige et la
Corolle », 1999 / « Le Chant des
Ceux d’en Haut
photo : Robert Jeantet
Montagnes », 2002 / « Le Pacte des
Alpages », 2003 , y a t il un travail
de continuité dans ce nouveau
spectacle ?
La continuité, c’est d’abord de donner au public une vision à chaque fois
renouvelée des empreintes culturelles
des Alpes. Mais pour chaque spectacle, j’intègre des ingrédients différents. Pour chaque nouvelle réalisation, je m’inspire des travaux précédents, avec une volonté de renouvellement. C’est pour cette raison que sur
chaque projet, je mets en place des
nouvelles collaborations. C’est pour
permettre à des artistes ou des
ensembles musicaux de porter un nouveau regard sur leur travail, et de créer
par ce biais des rencontres qui en inspirent d’autres… L’idée constante est
de proposer des « regards » sur la culture des Alpes avec une vision contemporaine et une grande rigueur sur le
plan de la qualité artistique.
Ce spectacle a été crée en 2005 à Mor-
zine. Il sera rejoué le 6 juillet à SaintGervais (74), et plusieurs dates sont
prévues en Haute-Savoie ( Le Grand
Bornand, Cran-Gevrier). Nous
sommes d’ailleurs à la recherche de
lieux capables d’accueillir cette réalisation, en Rhône-Alpes ou ailleurs…
Propos recueillis par S.B.
Contact
VOX ALPINA - Nicolas Perrillat
74450 Le Grand Bornand
Tél. ( 00 33 ) 04 50 63 27 40
http://www.voxalpina.com
Nicolas Perrillat est animateur de la structure Vox
Alpina qu’il a monté en 2003, et qui a vocation à développer des actions pédagogiques et des prestations
artistiques liées au patrimoine et aux musiques des
Alpes
UnventdePerse
tar et sétar à la Guillotière
Enfants de l’école du langage musical
Pour finir, quel bon vent peut-t-on
vous souhaiter ?
Le défi de nous réunir et d’aboutir
cette création est déjà relevé puisque le
spectacle a aujourd’hui une existence
bien réelle. Souhaitons-lui bon vent.
Propos recueillis par J.S.E.
Contact
C’est en poussant la porte
« D’un vent de Perse », petite
épicerie iranienne du quartier
de la Guillotière que nous
avons rencontré Daniel Reza
Machkouri.
Entretien avec ce singulier
personnage, poète et musicien,
ancien champion de lutte,
adepte soufi et commerçant du
quartier ...
Hervé BARON
Mail : [email protected]
Tél : 04 72 48 27 12
iranienne et le pays lui-même. J’ai surtout eu l’honneur de suivre une formation soufie et j’ai été comme absorbé
par le soufisme, le maître qui m’a
initié est un très grand maître actuel,
Dr Javad Nurbakhsh, c’est lui qui m’a
permis de pénétrer à l’intérieur d’une
grande confrérie. C’est par ce cercle
que j’ai pu côtoyer les maîtres de la
musique iranienne, entendre leur
musique perpétuellement et avoir un
apprentissage musical. Ce n’est pas
venu du jour au lendemain, c’est une
formation qui a pris vingt ans, vingt
années de travail, d’écoute et d’apprentissage. Une partie de ma formation s’est faite en France et une partie
a eu lieu en Iran. Mon maître de
musique s’appelle Maître Peymani, il
a été mon professeur mais il est aussi
luthier, c’est lui qui a fabriqué le sétar*
sur lequel je joue.
Invitation au Vent
Samedi 20 Mai,
Meyzieux
Tarifs :
Daniel Machkouri, daf
10 Euros adultes,
photo : Yaël Epstein
5 Euros enfants
Annie Torre
ont une pratique musicale qui s’inscrit complètement dans le contexte
actuel des musiques traditionnelles,
avec un répertoire lié au Val d’Aoste.
« Ceux d’en Haut » ont une pratique
vocale polyphonique inspirée du chant
classique, mais abordent des répertoires qui englobent tout l’espace des
Alpes du nord. L’intervention de la
comédienne donne à entendre au
public des textes poétiques, rugueux
ou même futiles sur le thème du pastoralisme. Elle ponctue le discours
scénique et musical. Les textes choisis
sont puisés dans la littérature orale ou
dans les œuvres des nombreux écrivains de littérature de montagne.
Il y a aussi un enfant qui chante une
chanson que nous a composé Etienne
Perruchon (C’est le compositeur
choisi par Patrice Leconte pour ses
films « Dogora » et «Les bronzés 3» !).
On a également quatre minutes trente
d’images insolites sur le thème de l’alpage, diffusées sur un design sonore
préparé par les enfants d’une école de
Haute Savoie. On essaye de mêler les
genres et les styles. Je suis donc allé
chercher des savoir-faire et des compétences différentes, ce qui justifie le
fait d’intégrer plusieurs expressions
artistiques à cette réalisation.
photos : Francis Mainard
CMTRA : Quel est votre parcours
et votre histoire musicale ?
D.M. : Je suis arrivé en France à treize
ans et c’est ici qu’une grande partie
de ma formation a eu lieu. Je n’ai
jamais rompu les liens avec ma culture
Quelles sont les particularités de
votre instrument?
Outre les particularités de fabrication
liées à la forme, la particularité des instruments fabriqués par mon maître se
situe dans la sonorité. Dans un sétar
classique, lorsque l’on touche à la
corde, le son a un début et une fin.
Avec ces sétars précisement, le son se
déplace mais il ne se finit pas, il
s’éloigne, sans jamais se terminer. Ma
spécialité c’est le sétar, mais je joue
également du tar*, du zarb* et du daf*.
Dans quel contexte est jouée cette
musique ?
Les contextes pour jouer la musique
traditionnelle iranienne sont différents.
Dans certaines anciennes cultures en
Iran, on emmenait les morts avec le
daf et on en jouait jusqu’à ce que la
peau de l’instrument se déchire. C’est
une fois que le daf était mort et anéanti
qu’on pouvait estimer que le mort était
bien parti. On peut en jouer à l’occasion de deuils, ou dans des moments
de gaité, comme les mariages. Mais il
ne faut pas oublier que cette musique,
la musique iranienne, est une des plus
ancienne musique thérapeutique du
monde. Pendant des millénaires, elle a
servi de thérapie pour évoluer d’un
état maladif à un état normal, et d’un
état normal à un état supérieur.
Le sétar, le ney et le daf sont les principaux instruments traditionnels thérapeutiques soufis. Lors des réunions
organisées dans les cercles soufis, on
s’accorde le cœur avec amitié et sincérité et on récite des poèmes qui correspondent à l’état spirituel de l’ensemble des gens présents. Petit à petit,
on arrive à un état de joie intérieure
extraordinaire, un rayon de lumière
passe sur l’esprit et l’enchante. Ces
maisons soufies sont culturellement
fondées pour cela. Quelqu’un qui est
en douleur, qui se pose des questions
très douloureuses sur l’existence,
« d’où je viens ? où je vais ? » peut
avoir à faire au soufisme. La langue
expressive du soufisme passe à travers
la musique et la poésie. Elles permettent d’accéder au sens spirituel.
Vous avez fait une adaptation du
répertoire soufi iranien. Où se sont
jouées ces transformations?
J’ai la chance d’avoir la double nationalité. Je suis fier de ces deux origines
qui m’ont formées, je suis franco-iranien avec honneur. Ma formation a été
faite en partie en France, notamment
à travers la langue française. Cette
langue m’a absorbé tout de suite, elle
m’a attiré par sa forme et sa beauté.
J’ai senti la nécessité d’exprimer cette
culture ancestrale, le soufisme, dans
cette si belle langue qu’est le français.
D’où ce livre de poésie soufie française que j’ai écrit, le « Recueil de
Reza / Lyrique, épopée, Quatrains du
21ème siècle. »
Ces poèmes que j’ai composés, je les
chante accompagné d’un instrument,
parfois avec un daf ou un sétar.
Lorsque je les joue, je les déclame car le
chant efface parfois les mots, je cherche
au contraire à les mettre en avant et à les
faire sonner comme une note.
« Un des plus vieux instruments du
monde est SETAR
Un bras bien long, une caisse bien
ronde est SETAR
Luthier qui envoie au cœur des ondes
est SETAR
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Pour connaître mer de sagesse, la
sonde est SETAR »
Comment articulez-vous vos
pratiques musicales et votre activité professionnelle ?
J’enseigne le tar, le sétar et le daf dans
le cadre associatif de « la Maison des
cultures persannes ». J’y accueille des
élèves plusieurs fois par semaine. Je
travaille aussi dans une épicerie. Je
souhaite transmettre cet héritage que
m’a confié Dr Javad Nurbakhsh et le
perpétuer aux générations futures.
Sinon, je suis éducateur sportif de formation et j’ai fait beaucoup de lutte.
J’écris beaucoup, j’ai publié plusieurs
ouvrages de poésie et je fais de la traduction. C’est un moyen pour moi de
tenir dans ce monde souvent désagréable, parfois très sauvage, ça me
permet de faire face à certaines difficultés de la vie quotidienne. C’est un
enchantement et un plaisir et c’est
avec joie que je fais de la musique seul
ou en représentation. Seul ou en
groupe, l’essentiel pour moi est de
transmettre ces idées à d’autres et de
faire ce lien fondamental, culturel en
dehors de toute sorte de politique. Je
cherche ces points culturels communs
qui lient la culture occidentale et la
culture persanne.
Contact :
Daniel Machkouri
6 rue Jean Voillot 69500 Bron
Pour des infos sur les
cours de Sétar/ Tar/
Daf,
tel : 06 14 33 78 49
Lexique :
* Sétar :
luth à long manche,
avec 4 cordes de
métal
* Tar :
Dérivé du sétar
* Zarb :
Tambour à peau, en
forme de calice avec
un pied élancé
* Daf :
Tambourin circulaire,
dont le bord est
cerclé de chaînes
métalliques
Propos recueillis par Y.E et P.B.
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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Page 10
[CMTRA
ChroniquesdecollectesàlaGuille(1)
Recherche...
Del’IndeduNordàl’Occident
[CMTRA
Formation...
pédagogie et transmission
Depuis 2003, le CMTRA explore et recueille des témoignages musicaux dans le quartier de la Guillotière, à Lyon. Ce vaste quartier, longtemps situé aux portes de la ville, a toujours été un espace privilégié d’accueil des voyageurs, puis d’installation des populations migrantes. À deux pas du centre de la ville classé au Patrimoine Mondial de l’Humanité pour son bâti historique, la rive gauche du Rhône est le creuset d’une grande diversité culturelle presque inconnue. Au fil de nos rendez-vous et de nos pérégrinations, nous avons eu l’occasion de rencontrer des groupes, des musiciens et des chanteurs issus de dizaines d’origines culturelles différentes. Certains
sont porteurs d’un projet artistique, d’une volonté de création et de mise en représentation de leur savoir. D’autres se retrouvent au sein de groupes associatifs, d’ateliers ou de chœurs, pour pratiquer collectivement des
répertoires de leur pays d’origine. D’autres encore chantent parfois dans l’intimité de leur cuisine, lors des fêtes de famille ou des événements qui rythment la vie des communautés.
Depuis l’automne 2005 nous sillonnons le quartier dans une nouvelle perspective : recueillir des chansons auprès des commerçants, habitants et passants du quartier. Nous arpentons les rues de la Guillotière, micro à la main,
pour débusquer les chanteurs anonymes de la ville. Ballade accompagnée…
Me Barsoumian
photos : Yaël Epstein
* traduction
Toi l’émigré,
tu t’en vas et tu
reviendras fatigué
Ceux qui nous ont
précédés ont eu des
remords.
Combien j’ai vu de
pays peuplés et de
contrées désertées,
Combien de temps
tu as perdu et
combien tu en
perdras encore,
Toi l’absent dans ces
pays lointains,
tu vas encore devoir
courir,
On ne peut pas
forcer le destin…
Armés d’un enregistreur et d’un
couple de micros perchés sur un tuyau
de douche, mixette, casque et fils en
tous sens reliés les uns aux autres,
nous partons en promenade dans le
quartier. Nous entrons dans les commerces et les cafés, pénétrons l’arrièresalle des épiceries et la cuisine des restaurants, déambulons sur les places
publiques et les marchés pour rencontrer des « porteurs de chansons ». La
démarche surprend et interroge. La
plupart du temps, elle provoque un
mouvement d’inhibition. Mais quand
les barrières tombent et qu’une voix
s’élève, c’est tout un monde qui nous
apparaît.
Cet après-midi-là, en passant une
devanture sans prétention, un appel se
fait sentir : derrière cette porte se cache
sûrement quelque trésor. Nous
entrons. Effectivement, le Madras
Bazar n’est pas un boui-boui quelconque mais une épicerie indienne de
référence, toute en boyaux, regorgeante d’épices odorantes, de fruits
mûrs et de conserves au contenu indéniablement exotique. Nous cherchons
une chanson, cherchons un chanteur…
Le patron hésite. Non, il n’a pas de
chanson tamoule à interpréter de vive
voix. Par contre il a téléchargé sur son
portable de la masala : directement
venue d’Inde, cette musique mélange
variétés indiennes et d’ailleurs, évoque
aussi le cinéma bollywoodien. Il nous
raconte l’Inde, nous parle des régions
si différentes, du foisonnement des
langues. Et ici, parmi ses employés des
quatre coins du monde, sûrement il en
est un qui aime chanter ! Mais nous
sommes vendredi, les clients font leurs
provisions et les queues s’allongent
aux caisses. Mieux vaudra repasser à
un autre moment de la semaine.
Nous repartons alors pour un lieu déjà
repéré et visité :le bar de L’Angle d’Or,
rue de Marseille. Poignée de main du
patron au milieu des nuées de cigarettes ; il alpague des clients auprès
desquels nous tentons de négocier une
chanson. Oui, certains chantent, mais
du karaoké – difficile de chanter sans
sous-titre ni accompagnement ! Finalement le patron se décide, s’accoude
au bar et se penche vers le micro. Au
milieu des claquements du billard, des
exclamations et des rires, le temps se
suspend au vol des alouettes... Apprise
au cœur des prairies du Cambodge il y
a quelques dizaines d’années, cette
chanson augure des tourments
humains, allégorie des injustices de la
vie. La voix douce et légère développe
la mélopée, s’évade quelque part au
loin dans la campagne cambodgienne… Au coucher du soleil, le
couple d’alouettes rentre chez lui,
amoureux, le bonheur dans les nuages.
Mais un chasseur surgit et tue la
femelle. Resté seul, le mâle se lamente :
« pourquoi ne pas nous avoir tué tous les
deux ? J’aurais préféré mourir avec
elle ! Quelle tristesse que de rester
seul ! »
Le patron de l’Angle d’Or
photos : Fanny Logeay
Dehors, la brise hivernale de la nuit
tombante nous assaille. Nous allons au
rendez-vous fixé la semaine précédente pour enregistrer un Chtimi, un
gars du Nord qui nous avait promis de
réviser ses classiques carnavalesques.
Mais point d’Hugues, il a déserté la
place…
Changement de cap. Sur les conseils
d’une habitante du quartier, nous
poussons la porte d’un salon de coiffure pour hommes : Sam’Coiffe, en
plein cœur du « quartier chinois ». Les
patrons sont Algériens, la clientèle
essentiellement maghrébine.
L’ambiance humide et chaude est
agrémentée par la bonne humeur des
coiffeurs qui se prennent rapidement
au jeu. Par pudeur, l’un d’eux s’isole
dans le placard à balai pour chanter
l’amour et la jeunesse d’une voix juste
et assurée aux mélismes frissonnants.
L’attention se fait silence. Au centre du
salon, solidement campé sur ses deux
pieds et les mains dans les poches, un
ancien fraîchement rasé lance son
appel, sa souffrance de la séparation et
de l’exil. À travers sa voix grave et
rauque percent le temps et la sérénité,
la quiétude gagnée d’une vie menée au
gré des jours :
Ya rayah win msafar trouh taâya wa
twali
Ch’hal nadmou laâbad el ghaflin
qablak ou qabli
Ch’hal cheft al bouldan lâamrine wa
lber al khali
Ch’hal dhiyaât wqat ch’hal tzid mazal
ou t’khali
Ya lghayeb fi bled ennas ch’hal taâya
ma tadjri
Tzid waâd el qoudra wala zmane wenta
ma tedri… *
Encore imprégnés des odeurs de gel et
d’after-shave, nous déambulons,
cotonneux, dans les rues de la Guillotière. À l’affût, observant les magasins
et les travaux, les affiches et les
anciennes enseignes s’effaçant, nous
remontons sur quelques mètres la
Grande Rue de la Guillotière.
Spécialiste lyonnaise de la morue, la
Friterie Marti est depuis de longues
années un lieu de restauration mais
surtout de retrouvailles et de festivités
pour la clientèle, portugaise ou non.
Emeri nous accueille à bras ouverts et
ses réponses, entrecoupées de grands
éclats de rire, sont franches et
espiègles. Oui, elle chante, elle connaît
beaucoup de vieilles chansons de
Porto, sa ville natale. D’ailleurs dans
sa famille tout le monde chantait. Son
père disposait les frères et sœurs en
rang d’oignon pour leur enseigner les
chants des fêtes religieuses et des
veillées villageoises qu’ils partaient
animer. Entre deux récits, elle entonne
à pleine voix un chant d’alors, délice
évocateur de ces ailleurs lusophones.
Les mélodies montent, se perchent
avec nonchalance, redescendent - se
suspendent le temps d’une respiration
- et repartent de plus belle, remplissant
l’espace et le temps d’une joie toute
nostalgique…
« Mémoires musicales
de la Guillotière »
est le dix-neuvième chantier
de recherches mené par le
CMTRA. Il s’inscrit dans le
cadre des projets culturels du
Contrat de ville de Lyon et à
pour objectif de valoriser la
diversité des expressions
musicales migrantes en milieu
Emeri
photos : Me Vouillarmet
Dehors la neige s’est mise à tomber.
Sur la place Bahadourian, le calme
règne. Seules quelques personnes se
hâtent vers la grande épicerie orientale
de renom, habituellement très fréquentée. Nous pénétrons dans cette
caverne d’Ali Baba : chant et cuisine
ont toujours fait bon ménage. Au
milieu du magasin, entourée d’olives
de toutes les couleurs, une vendeuse
arménienne accepte d’entonner une
chanson d’amour malheureux. Couvrant le ronronnement des frigidaires,
elle narre d’une voix fluette le printemps enivrant de jeunes amants. Au
fil de subtiles modulations, la jeune
femme discourt : « Printemps, ô printemps. Ne me laisse pas seule, si j’attends dans la rue sans toi, les gens vont
croire que je suis folle. Ha, printemps,
printemps ! Ne crois pas les mauvaises
langues, mon aimé. Ô printemps ! Tes
yeux noirs brûlent mon cœur… »
Après nous avoir charmés de son
aubade, la dame nous envoie dans les
coulisses du magasin : en cuisine,
Georges chante bien souvent. Au
milieu des casseroles et des plats qui
mijotent en fumant, il se lance et nous
enveloppe d’une mélodie orientale,
profonde et grave. Georges vient
d’Irak. Il appartient à la minorité
assyro-chaldéenne. Dans sa ville
natale, il était chanteur…
urbain. Ce projet compte
différents volets : des
Une certaine intensification d’initiatives pédagogiques et de projets de création autour des musiques indiennes et orientales s’opère depuis quelques années dans le champ culturel rhonâlpin. Alter-effet de l’intensification des échanges
internationaux de tous types (échanges d’artistes, diffusion électronique, développement du disque, formation des musiciens européens chez les maîtres indiens, …), il est désormais possible à chacun de faire l’expérience sensible et
intime de ces cultures. « Si l’on a pris l'habitude de s'exclamer devant la virtuosité de telle violoniste soliste asiatique ou de tel pianiste oriental, lorsqu'un musicien occidental parvient a se faire accepter, non seulement on s'en étonne
mais on a tendance a être méfiant... les adoptions culturelles sont loin d'être évidentes et ces artistes n'en ont que plus de mérite lorsqu'ils parviennent à émouvoir un public très divers et à transmettre un savoir acquis au prix d'un
long travail d'assimilation et d'approfondissement personnel qu'ils défendent aussi bien par le concert que par l'enseignement. »(Vincent Zanetti, espace2, radio suisse romande)
Musicien et enseignant au CMTRA, Yvan Trunzler est l’un de ces passeurs d’une tradition exigeante : le chant classique de l’Inde du Nord. Accompagné des élèves de l’atelier de chant Dhrupad organisé par le CMTRA, il accepte
aujourd’hui de témoigner de son expérience de la pédagogie indienne et tente d’en dégager les spécificités et les intérêts.
De la Musique populaire à la
musique Classique Savante
La musique « indienne » comme la
plupart a de nombreux compartiments : classique, semi-classique
(light music, dont dévotionnel, folk,
ghazal, Qawwali), musique de film et
chansons populaire Bollywood et bien
entendu de nos jours Fuzion, Electro
et Remix. Le propos ici concerne le
genre musical Dhrupad ou la voix,
comme dans tous les styles en Inde,
est l’élément de base. Le Dhrupad
est la forme la plus ancienne, la
plus rigoureuse et la plus savante de
tous les grands genres classiques
auxquelles elle a donné naissance.
Dans la pure tradition indienne les
quelques centaines de Ragas (modes)
répertoriés (desquels sont issus des
milliers de compositions) existent
naturellement depuis des temps très
anciens.
recherches de terrain et de
collectes musicales, des
recherches historiques et
De la répétition systématique à
créativité spontanée
Cet enseignement traditionnel basé sur
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
lités du moment pour chaque élève,
dans le respect de son temps naturel de
maturation. Comme dans la musique
certaines personnes(rares…) ont un
don naturel pour la pédagogie et la
transmission, auquel il faut accorder
L’installation d’un Climat de
Confiance
Ce type d’enseignement exige une
présence importante de l’enseignant.
Au delà de la simple imitation-reproduction doit s’installer un climat de
confiance ou l’expression des
erreurs(par exemple dans les essais
d’improvisation) est considérée
comme un processus de développement de la créativité et non comme
une « faute » honteuse et humiliante
(la pratique en groupe est d’ailleurs
très révélatrice).
Les corrections et les interventions
doivent être dosées en fonction de la
nature, de la motivation et des possibi-
de découverte musicale et la
publication d’un DVD et d’un
CD rendant compte du travail
mené.
Swami Parvatikar
photos : D.R.
Sam’ Coiffe
photos : Fanny Logeay
Y. T.
Stage de Chant Dhrupad Lyon
photos : Pascale Bornibus
Témoignagesdesélèves
de concerts et d’événements
Y.E. et F.L.
autant de temps d’apprentissage que
pour le reste en collaboration avec son
guide.
POUR ALLER PLUS LOIN
« La pratique collective favorise l’assimilation et apporte une dynamique
rare. »
Cette pratique m’a permis de consolider
certains acquis (justesse, oreille,
nuances…) tout en en développant
d’autres : la mémorisation instinctive par
la répétition et l’improvisation comme
une conséquence naturelle induite par
celle-ci. J’y ai trouvé aussi une liberté qui
me manquait…
L’apprentissage du tempo et ensuite du
rythme cyclique (Tala) permet d’accéder
au langage des percussions qui vient
enrichir les possibilités d’improvisation
mélodiques déjà acquises.
Elodie P.
En derniere annee de l’E.NM. de Villeurbanne.
Cursus classique en violoncelle et musique
orientale, musique classique de l’inde, genre :
dhrupad, instrument :
Dilruba – viole a frettes.
« La pratique indienne classique est
liée à un état d’esprit qui contribue à
une détente physique et mentale. »
Cette pratique m’a permis une approche
nouvelle de la pédagogie : la transmission orale par imitation, appuyée par la
page 10
tés, lui offrent une aisance, un ancrage
à partir duquel les mouvements se dessinent d’eux mêmes.
L’accord subtil du tanpura (luth à
quatre cordes) qui fixe la base du développement général et la note de référence
personnelle, installe un climat très riche
en harmoniques et représente une partie
importante de l’apprentissage.
documentaires, l’organisation
Une collecte de chanson peut faire penser à une quête un peu mystique de petits trésors que les gens portent en eux. Les chansons sont des fils ténus qui relient les gens à leur passé, à leurs ailleurs et à leur entourage. Ce sont autant
de petits bouts de mémoire fragile, en constante recomposition dans de nouveaux environnements et de nouvelles ritualités. Une grande partie de ces chansons ne trouve plus de place dans ces nouveaux contextes et tombent dans
l’oubli. L’acte de collecte est un prétexte pour aller à la rencontre des gens et partager avec eux un moment de poésie. C’est aussi prendre la mesure de l’environnement sonore et musical que l’on peut découvrir derrière les
murs d’immeubles et le bruit des moteurs. Une collecte de chansons demande de la patience. La plupart du temps, elle n’aboutit pas. Lorsqu’elle aboutit, l’émotion cède parfois la place à une sensation de vertige : la prise de conscience
de l’incroyable diversité des histoires que l’on côtoie sans s’en apercevoir, la richesse des mondes que nos voisins portent avec eux.
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
la transmission orale de personne à
personne, et l’imprégnation progressive s’adresse aussi bien aux chanteurs
qu’aux instrumentistes.
Il s’agit de développer une visualisation naturelle du solfège chanté, de la
structure du raga (mode musical), du
tempo et du cycle rythmique.
L’étirement (glissando) des intervalles
conduit à la perception (au fil des
années) des micro-tonalités caractéristiques des musiques savantes.
L’étude de chaque raga laisse une
empreinte émotionnelle dans l’esprit
du musicien, une couleur, une atmosphère particulière qui installe à la fois
un cadre rigoureux et une liberté individuelle dans l’expression.
L’apprentissage du premier raga prend
en général plusieurs mois et permet la
compréhension générale du système
avant de passer au second choisi quand
c’est possible en fonction de la nature
de l’élève et de ce qui est susceptible
de l’émouvoir et donc de le motiver.
Dans l’improvisation, les thèmes
mélodiques ou rythmiques, tant répé-
répétition dans l’esprit de mémoriser les
morceaux et d’installer naturellement le
climat propice à l’improvisation.
La pratique indienne classique est liée à
un état d’esprit qui contribue à une
détente physique et mentale.
L’élève est ici invité à une expérience
plus personnalisée du temps, il en ressent
un effet bénéfique qui le conduit à une
interprétation plus proche de sa nature
profonde.
Cette appropriation du répertoire par
l’élève et l’encouragement, à un stade
plus avancé, à créer ses propres phrases,
en le laissant volontairement se perdre et
se retrouver, créer ses propres repères
(émotionnels et autres…), installe peu à
peu la faculté d’improviser.
La pratique de groupe, plus valorisée que
dans d’autres apprentissages, permet un
enrichissement mutuel entre les élèves,
et encourage une dynamique qui les
incite à répéter plus souvent.
Nathalie Y. (enseignante)
Formation classique en flûte traversière à
l’E.N.M. d’Oyonnax, C.N.R. de Lyon, licenciée
en musicologie.
En dernière année de C.E.F.E.D.E.M.
« La pédagogie indienne est une
méthode vivante pour apprendre la
musique. »
L’enseignement développe une logique
intuitive dans l’appréhension du raga, et
de l’écoute en général.
Au fur et à mesure, cette répétition
imprime au corps un mouvement naturel.
Que l’élève en soit conscient ou non
l’étude l’amène dès le début à concevoir
un schéma progressif d’improvisation
dans le mode. Le travail sur l’introduction (Alap) s’est avéré une aide précieuse
dans ma pratique de jazz modal. Il m’a
permis d’accepter le temps du silence,
celui qu’il faut à l’exposition pour
atteindre le climax avec la tension suffisante et de comprendre comment la
méthode de travail peut être identique à
l’improvisation elle même. La créativité
y étant ainsi encouragée par un plan
rigoureux qui la soutient sans la brider.
Arnaud D.
Ancien élève de l’E.N.M. de Chambéry Dpt.
Jazz en Piano
Chanteur au sein du groupe Phenomenon
Ce qui me passionne dans cette
manière d’enseigner , c’est cette
grande patience dans le travail d’imprégnation, de répétition, d’ancrage.
Cette expérience a donné aux élèves des
repères précieux, des sensations précises,
physiques et sensorielles :
- recherche d’une respiration naturelle,
d’une détente corporelle et mentale
- travail patient de répétition, de mémorisation, d’écoute des autres et de soimême au sein du groupe : grâce à cet
apprentissage oral totalement nouveau
pour eux, les élèves ont pu laisser de côté
leurs complexes, l’idée qu’ils peuvent
avoir de leur « niveau » musical, de leurs
capacités vocales, une habitude pour certains d’intellectualiser trop vite ce qu’ils
découvrent.
- la sensation renforcée d’un travail collectif leur a permis d’oser s’exprimer
vocalement seuls, de s’intéresser à la
proposition du voisin. Certains ont pu
développer leur ambitus de façon considérable grâce à cette confiance qui émanait de tout le groupe, cette qualité
d’écoute.
Par rapport à ma pratique d’enseignante
Discographie sélective
Ce qui me passionne dans cette manière
d’enseigner , c’est cette grande patience
dans le travail d’imprégnation, de répétition, d’ancrage - il me semble que souvent dans notre enseignement, nous
avons peur de répéter, de refaire, comme
si nous risquions l’ennui. Là au contraire,
le travail de répétition permet de goûter
les variations les plus minimes, permet
une réelle acquisition sensorielle, physique
de l’intervalle ou de la phrase rythmique.
Véronique B. Conseillère aux études et en pédagogie au C.N.R. de Lyon. Témoignage concernant des interventions d’Yvan Trunzler auprès
d’élèves de 4ème en formation musicale, d’élèves
avancés, et d’enseignants intéressés.
YVAN TRUNZLER
Apprentissage en inde de 12 ans sous
l’égide de Sri Sanyal et de Ustad Z.M.
Dagar et Z. F. Dagar
Enseignant au conservatoire de
Rotterdam et ENM d’Amsterdam
(1988-1990). Interventions dans
différentes écoles de musique et
conservatoires depuis 1995.
Stages réguliers aux Ateliers
d’Ethnomusicologie de Genève depuis
2002, interventions ponctuelles au
C.N.R. de Lyon depuis 2005 et à Lyon
depuis 2002 (C.M.T.R.A.)
Nombreux concerts en Inde et en
Europe depuis 1988.
Travail de création :
Juin 2005 : TUKKAM
Chorégraphie inspirée du théatre dansé
du sud de l’inde (kathakali) de Michel
Lestrehan, musique d’Yvan Trunzler.
Festival Montpellier Danse de juin
2005.
En Cours :
KALPA Chorégraphie contemporaine
inspirée de la mythologie indienne,
D’annie Rumani, Yvan Trunzler (voix
et tampura) et Alain Chaléard
(percussions)
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Vocal et instrumental
« Anthologie de la musique classique de
l’inde du nord »
Publiée sous la direction d’Alain Danièlou
Santoor - Shiv Kumar Sharma
Shennaï - Bismillah Khan
Bansuri (Flute Bambou) - Chaurasia
Hariprasad
Sitar - Vilayat Khan
Vocal féminin - Kishori Amonkar Gangubai Hangal
Vocal Masculin - Amir Khan - Dagar
Brothers
Rudra veena - Zia Mohiuddin Dagar
Sarangi - Sultan Khan
Sarod - Ali Akbar Khan
Pour une séléction plus détaillée consulter le
livre de ‘L’art du raga’ de Francois Auboux
(voir bibliographie ci dessous) et les sites cités
plus bas.
Filmographie
« Le salon de musique » de Satyajit Ray
« Dhrupad » réalisé par Mani Kaul
Film division Government of Indian
24, Dr. G. Deshmukh Marg
Bombay 400026 Inde
Bibliographie
« L’art du raga » Francois Auboux
Musique ouverte - Ed. Minerve
« The Raga Guide » Bor Joep
Nimbus records, Rotterdam
Conservatory.(avec 4 cds)
« Bharata la poésie et la musique en inde »
par René Daumal - Paris Gallimard 1970
« Hindusthani raga Sangita » Patrick Moutal
Centre de musique oriental 1987 Paris
Pour apprendre à Lyon
Chant Dhrupad (tous niveaux)
Cours Hebdomadaires réguliers
Stages à Lyon
Prochains Week-Ends :
29, 30 Avril / 20, 21 Mai / 17, 18 Juin
Stage D’été (région Roannaise) :
Découverte (débutant) : du 6 au 8 Juillet
Niveau Moyen Avancé : du 10 au 15 Juillet
Renseignements :
CMTRA, www.cmtra.org
[email protected]
Tel : 04.78.39.84.27. ou 06.76.85.24.81.
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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L61
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[Réseaux...
TagadaTsoin-Tsoin
Suivez’’LeJazz
[Réseaux...
Antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges
De Zakhir Hussein qui s’associe avec John McLaughlin à Benat Achiary qui chante avec le très improvisé Circum de Vincent Mascart, les musiciens aiment à croiser leurs univers musicaux respectifs. C’est
ainsi que jazz, musiques du monde et musiques traditionnelles s’arrangent et se dérangent autant qu’ils se fondent et se confondent dans des univers particulièrement singuliers auxquels la nécessité (maladive ?) d’étiqueter n’apporte guère de vocables satisfaisants. Rendre compte de la richesse des musiques traditionnelles du monde en Rhône-Alpes, c’est aussi donner la place aux hybridations, associations et métissages les plus divers et qui, bien loin des collages simplistes et bricolés, contribuent largement à l’évolution de ce secteur. C’est dans cette optique que le CMTRA a ouvert ses pages à Suivez’Le Jazz, réseau
régional tourné vers le jazz et les musiques improvisées à la rédaction de cette 61ème lettre.
Avant de faire connaissance avec les Emeudroïdes, Aurélie Dubois, directrice de Suivez’Le Jazz, nous explique en quelques mots le projet de ce réseau.
Entretien avec Suivez’Le Jazz
Contact :
Aurélie Dubois
04 72 73 77 61
[email protected]
www.suivezlejazz.com
CMTRA : Explique-nous ce qu’est
le réseau Suivez’Le Jazz ?
A.D. : Suivez’Le Jazz existe depuis
16 ans et compte à ce jour 11 membres
en Région Rhône-Alpes. Sa création a
été impulsée par 5 membres de
théâtres de villes de la périphérie
lyonnaise. Son projet initial visait à
favoriser la libre circulation des
publics entre les différentes structures.
Peu à peu, le réseau s’est développé
jusqu’à réunir 11 structures. Cet élargissement a permis d’enrichir le projet
en développant l’accompagnement
des artistes dans leur projet artistique.
Aujourd’hui, le projet et l’action du
réseau sont essentiellement constitués
sur ces bases historiques : favoriser
l’élargissement du public et sa libre
circulation dans l’agglomération lyonnaise et en Rhône-Alpes d’une part,
et repérer, accompagner et diffuser les
artistes régionaux d’autre part. La
saison 2005-2006 de Suivez’Le Jazz
est ainsi riche de plus de 50 concerts
dont trois festivals et le réseau accompagne 2 à 4 formations par an selon
des modalités diverses.
Tu es directrice de Suivez’le Jazz,
en quoi consiste ton travail ?
L’animation du réseau constitue une
partie primordiale de mon travail. Il
s’agit de faire circuler les informations
et de mettre en œuvre une communication interne entre les différents
membres. Diriger un réseau consiste
également à l’administrer et donc à
gérer les différents aspects financiers,
juridiques et administratifs. Une autre
partie de mon travail consiste à accompagner les formations dans la conception de leurs projets artistiques et à les
aider dans leurs démarches de diffusion, de promotion mais aussi de professionnalisation. Enfin, je travaille à
faire connaître le plus largement possible le projet et les opérations développés par Suivez’Le Jazz.
Selon toi, quelle est la raison
d’être d’un réseau comme
Suivez’Le Jazz dans le champ
culturel rhônalpin ?
Selon la définition qu’on s’en fait à
Suivez’Le Jazz, un réseau rassemble
des structures qui, tout en conservant
leur indépendance et leur autonomie,
se réunissent autour d’une idéologie et
d’une thématique. Le réseau consti-
tue donc avant tout un espace
d’échanges de compétences, de pratiques
et de savoirs entre ses différents acteurs.
Auprès des institutions comme auprès
des différents partenaires, l’avantage
du réseau est de porter une voix collective et donc plus forte. Cette force
est d’autant plus manifeste qu’elle
représente également celle de chaque
membre du réseau, tous reconnus personnellement tant pour leur compétence que pour leur expérience.
Plusieurs réseaux existent dans
chacune des esthétiques, comment
envisages-tu la coopération interréseaux ?
Chaque réseau est et doit rester compétent dans son domaine, c’est à dire
dans son esthétique. Mais avec les
croisements esthétiques de plus en
plus nombreux sur le plan artistique, la
rencontre des réseaux est une expérience fondamentale et souhaitable.
Elle se matérialise concrètement par la
conduite d’opérations communes
telles que des rencontres professionnelles, des festivals, des soirées un peu
originales...
Propos recueillis par J.S. E.
Les Musiques du Monde
et Suivez’Le Jazz
Depuis sa création, Suivez’Le Jazz
organise tous les deux ans un
tremplin régional autour du jazz et
des musiques improvisées. Récompensant deux lauréats sur la base de
la qualité artistique et du projet de
chaque formation, les membres du
réseau manifestent une ouverture
évidente sur la question de l’esthétique
« jazz » reconnaissant implicitement
cette musique dans la multiplicité de
ses formes. Du New Orleans au
Be-Bop, de l’électrojazz au free, le
réseau sélectionne ainsi des formations aux styles et aux courants
différents.
Soucieux d'une mise en valeur de
l'esthétique Jazz la plus large possible, acteurs de la promotion des
artistes de tous les jazz, porteurs
d'une programmation diversifiée, les
membres du réseau font ainsi sa
richesse et sa force.
Et si on dit parfois que le jazz est une
musique du monde à lui tout seul,
le repérage spécifique "Jazz du
monde" n'échappe pas aux membres
de Suivez'Le Jazz, ni dans leur programmation, ni dans leur sélection
des formations pour le tremplin.
C’est ainsi que Kerkennah, trio
présenté dans la précédente lettre du
CMTRA, était finaliste du tremplin
Suivez’Le Jazz 2005. Par le passé,
c’est Mad NoMad Quartet, Prix du
Public en 2003, qui a témoigné de
cet intérêt de Suivez’Le Jazz pour
les musiques mêlant jazz et
musiques du monde.
LesEmeudroïdes,MadhuraSopnam
Lauréats du Tremplin Suivez’Le
Jazz 2005, les Emeudroïdes
forment depuis 3 ans un quartet de
joyeux drilles, porteurs d’une
musique de fusion, au carrefour
des musiques classiques
contemporaines, du jazz et des
musiques traditionnelles. Toujours
à l’affût de nouvelles expériences,
les Emeudroïdes questionnent
aujourd’hui leur rapport aux
musiques traditionnelles et à
leur(s) conception(s) de
l’improvisation. Pour y apporter
une première réponse, ils nous
présentent le projet « Madhura
Sopnam ».
Les Emeudroïdes
photos : D.R.
Rencontre avec Clément
Canonne, pianiste, Nicolas
Nageotte, saxophoniste et Joris
Rülh, clarinettiste.
Suivez’Le Jazz : Quelle est le
point de départ de Madhura
Sopnam ?
C.C. : Ce projet est né du voyage
d'études en Inde du Sud effectué par
Roméo Monteiro (batteur du groupe),
de Septembre 2004 à Février 2005
(étude des percussions traditionnelles
d'Inde du Sud, notamment le Mridangam). Ce séjour lui a permis de
prendre les contacts nécessaires à
l'élaboration d'une rencontre entre la
musique traditionnelle indienne et
celle d'obédience "contemporaine" des
Emeudroïdes. Surtout, ce projet s’inscrit
dans notre volonté d’être porteur d’une
musique de fusion, à la rencontre
d’autres esthétiques. Rencontres,
partages, échanges : voilà bien l’ambition première de notre projet.
Qu’entendez-vous par rencontres et
partages ?
J.R. : Dans tous les sens du terme ! Sur
le plan esthétique d’une part, avec
la confrontation de la musique traditionnelle d’Inde du Sud et du jazz
contemporain des Emeudroïdes. Sur le
plan artistique et humain d’autre part,
puisque nous avons prévu que Madhura Sopnam soit un travail de création en commun, prévu en deux temps,
en septembre en Inde et en octobre à
Lyon, avec des artistes de grande
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
renommée en Inde, à savoir O.K.
Subramaniam, A. Balakrishnan,
Kalamandalam Vijaya, Sreekumar
Kalamandalam et Sucheendran
Kalamandalam. Dans la manière
d’aborder cette aventure également,
entre la démarche ludique et volontaire
de l’expérience musicale et l’approche
documentaire et pédagogique de la
photographie.
Comment imaginez-vous Madhura
Sopnam ?
J.R. : Il s’agira de construire une
musique mixte, à la rencontre de la
tradition indienne. Pour éviter tout
effet de collage malheureux, les
Emeudroïdes envisagent de s’adapter
aux contraintes de la musique
indienne. Ceci requiert un important
travail en amont (étude des constructions rythmiques, des échelles
modales, des principes formels…).
Mais le but n’est pas d’aplanir les différences en proposant une musique de
fusion qui serait construite sur un terrain d’entente entre des conceptions
hétérogènes de l’improvisation, nous
n’hésiterons pas à confronter les deux
conceptions, à faire saillir les éléments
identitaires irréductibles. L’idée est
également d’intégrer à cette musique
acoustique des éléments électroacoustiques dont le matériau proviendra de
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 12
notre séjour en Inde.
Le groupe sera accompagné d’une
photographe, Françoise Saur, qui
réalisera d’une part une série sur les
musiciens indiens, leur environnement, leur vie (thèmes récurrents de
son travail) et d’autre part, sur le travail
en commun des musiciens français et
indiens. On est avide de nouveautés
et de découvertes, et ce projet nous
occupe l’esprit depuis longtemps, du
coup, nous sommes très enthousiastes
du fait qu’il se concrétise un peu plus
chaque jour. C’est aussi un projet
ambitieux qui mobilise dix personnes,
françaises et indiennes, pour deux
résidences d’un mois chacune, dont
l’enjeu consiste autant en une commune appropriation d’esthétiques
multiculturelles, que dans la rencontre
avec le public. La musique des Emeudroïdes est une musique de spectacle,
et trouve sa pleine dé-mesure sur
scène. Madhura Sopnam ne dérogera
pas à cette règle !
Concrètement ?
N.N. : Début septembre 2006, nous
nous rendrons à Cochin, lieu de Résidence pour un travail de création et de
répétitions par l’intermédiaire du
Kerala Kathakali Center, avec
l’ensemble des musiciens sollicités.
Après une approche concrète de la
musique traditionnelle, un approfondissement des liens avec les musiciens
locaux et la constitution d’un matériel
électroacoustique, une série de
concerts est prévue entre Cochin, Trivandrum, Bangalore, Goa et Bombay.
Début octobre, l’ensemble des musiciens (français et indiens) et F. Saur
se rendront à Lyon pour une résidence
à l’Ecole Normale Supérieure Lettres
et Sciences Humaines. Une période de
répétitions et création sera consacrée à
l’incorporation des parties électroacoustiques à la musique.
Nous comptons sur le soutien de
Suivez’Le Jazz pour nous aider à la
diffusion en Rhône-Alpes de ce travail
dont le témoignage et l’aboutissement
se concrétiseront dans la production
d’un CD, d’un DVD, d’une exposition photo, d’interventions pédagogiques sous forme de master-class, et
bien sûr, de concerts.
Propos recueillis par Aurélie Dubois
Vous souhaitez en savoir davantage sur le projet Madhura Sopnam, téléchargez le dossier
sur www.emeudroides.com
Les Emeudroïdes
E-mail : [email protected]
Contact : Maïte Cano
Si métissage, fusion et hybridation d’univers musicaux apparemment inconciliables ne constituent pas des concepts nouveaux, il semble que le nombre d’expériences nouvelles en la matière augmente lui de façon
considérable. L’accès sans cesse élargi à des univers sonores ignorés, le développement du numérique -pour ne citer qu’eux- semblent autoriser les croisements esthétiques les plus inattendus voire les plus osés, et
malgré des fortunes diverses, la création artistique n’en sort que plus riche.
Ces métissages mettent à mal bon nombre d’étiquettes et nourrissent allègrement les débats et autres dilemmes de fin de concerts. Parmi les plus fameux : « Est-ce « trad ’ » ce qu’on vient d’écouter ? Ha, non,
c’est « world. » » Si la question fait et mérite débat, c’est sans doute parce qu’elle témoigne de démarches, d’aspirations et de sensibilités différentes que chacun doit reconnaître afin de s’emparer au mieux du
matériel musical dont il fait l’expérience sensible. Pour autant, le fait d’apprécier une musique, un concert ou un CD n’est à priori pas conditionné à la résolution impérative de ce dilemme.
Aussi, dans la même démarche d’ouverture que celle opérée avec Suivez’Le Jazz (voir page 12) et avec la même volonté de découvrir des projets musicaux ayant trait aux musiques du monde, le CMTRA
fait le choix pour cette édition de donner la parole à Tagada Tsoin Tsoin. En tant qu’Antenne Rhône-Alpes du Printemps de Bourges et dans le cadre de ses missions régionales, ce réseau repère et accompagne
des formations intégrant des influences des musiques traditionnelles et du monde. Avant de nous présenter Ketsa, Céline Dugny, coordinatrice de Tagada, nous dresse les contours de ce réseau.
CMTRA : Peux-tu nous présenter
le réseau Tagada Tsoin Tsoin ?
C.D. : Tagada est tout d’abord une
association créée en 1999 pour entourer l’Antenne régionale du Printemps
de Bourges.
A l’origine (en 1985), l’Antenne était
juste représentée par une personne
désignée par le réseau Printemps au
niveau national qui s’entourait ensuite
d’une équipe de professionnels pour
mener à bien les missions définies par
le réseau Printemps pour le repérage et
l’accompagnement des artistes au
niveau régional.
En 1999 s’est créée l’association
Tagada Tsoin Tsoin, Antenne RhôneAlpes du Printemps de Bourges,
qui regroupe différents acteurs issus
du territoire régional. Comme à
l’origine, elle mène un travail de repérage pour le Printemps mais aussi à
créer une dynamique régionale et à
regrouper des acteurs autour
de la mise en place d’opérations
communes.
Quelles sont ses missions ?
La première consiste à repérer, à sélectionner et à accompagner les groupes
Découvertes du Printemps de
Bourges. Ce travail s’inscrit dans un
dispositif et un calendrier national.
Cette mission initiale est relayée sur le
territoire rhônalpin via notamment le
maillage territorial des acteurs des
musiques actuelles. Concernant l’animation du réseau, l’Antenne met en
place les rencontres de Tagada qui
consistent en des temps de travail
consacrés à l’analyse et à l’approfondissement de nos pratiques. On travaille sur différents aspects de nos
métiers : participer à un jury d’écoute
ou à un jury scénique par exemple.
Cette dimension « accompagnement
des pratiques » trouve son prolongement dans la mise à disposition d’outils
pour les professionnels ou les artistes.
Concernant ces derniers, le réseau a
également vocation à les accompagner
dans leurs projets artistiques et à les
orienter vers les acteurs compétents en
fonction de leurs besoins et de leurs
démarches. Enfin, le réseau remplit
une mission d’information auprès des
professionnels du secteur en publiant
la lettre de l’antenne et en diffusant les
informations afférant aux musiques
actuelles par le biais de son site internet.
Comment positionnes-tu le réseau
dans
le
paysage
culturel
rhônalpin ?
Sa pertinence au niveau régional évolue.
Historiquement, le réseau était constitué
de SMAC et de grosses salles. Aujourd’hui, s’il reste quelques équipements
importants, le réseau fédère essentiellement des acteurs d’accompagnement,
des petites structures ou associations à
niveau intermédiaire. L’idée consiste
bien à assurer un maillage territorial
aussi dense qu’équilibré, de prendre
appui sur des acteurs disponibles, très
impliqués et militants, et donc de
fonder notre projet sur un travail de
terrain et de proximité. Les grands
équipements de la région restent bien
entendu toujours des partenaires
essentiels de Tagada. Tagada reçoit
400 dossiers par an en vue des sélections du Printemps de Bourges. Mis à
part 50 hors-sujets, la candidature des
350 autres est pertinente et à eux tous,
les acteurs de Tagada connaissent tous
les dossiers, toutes les formations y
compris les petits groupes en émergence. Ceci témoigne bien, je pense,
du travail de proximité effectué par le
réseau. Concernant le positionnement
par rapport aux autres réseaux régionaux,
il me semble essentiel de travailler
ensemble, de conduire en « interréseaux » des actions croisées, ce qui
existe d’ailleurs de plus en plus. La
soirée (Carrefour des) Inclassables en
est une illustration puisqu’elle fait
travailler ensemble Suivez’Le Jazz et
Tagada Tsoin Tsoin à l’occasion d’un
évènement qui fait la place à des formations aux esthétiques hybrides :
jazz-rap, jazz-musique du monde, ...
Propos recueillis par J.S. E.
Ketsa,Mozikamalagasy
Entretien avec Marojaona
Rasolofo, chanteur dans le groupe
Ketsa.
CMTRA : Quelle est l’histoire de
Ketsa ?
M.R. : Ketsa est avant tout une histoire
de rencontres autour d’Yvon Rakotonanahary, originaire de Madagascar et
musicien du célèbre groupe malgache
Senge. Yvon a toujours souhaité créer
sa propre formation, et c’est lui qui a
rassemblé tous les musiciens du
groupe au gré des concerts, des répétitions ou de soirées musicales dans la
région lyonnaise. Finalement, il a
fondé Ketsa en 2003.
Ketsa signifie à la fois « pousse du riz »
et « humble et précieux » en langue
malgache. Certaines chansons sont
tournées vers la protection de l’environnement, l’amour, la politique, (…) tout
ce qui fait notre culture en fait. Le riz
est le plat de base à Madagascar, c’est
ce qui nous fait grandir, qui nous
donne la force d’aller travailler. Pour
moi, le riz c’est notre arme pour aller
de l’avant, en toute simplicité et avec
dignité.
Quel est votre répertoire ?
Yvon a créé ce groupe pour pouvoir
s’exprimer en tant qu’auteurcompositeur. Nous jouons donc ses
compositions originales, qui sont bien
sûr inspirées des musiques tradition-
nelles malgaches. A travers nos
concerts, nous transmettons une partie
de cette culture, même si nous ne
sommes que quatre Malgaches sur
huit musiciens. Les autres sont français, réunionnais ou camerounais,
c’est un groupe international !
Il y a de nombreux groupes de musique
malgache en France qui tournent
beaucoup au sein de leur communauté
pour des soirées festives et des bals
traditionnels. En ce qui nous concerne,
en plus de toucher le public malgache,
nous voulons faire découvrir notre
musique à un public extra-communautaire. Nous cherchons à partager ce
que l'on sait faire : de la musique. Et
après, tant mieux si les gens se mettent
à danser…
Notre musique peut vraiment surprendre avec des morceaux a capella,
faire découvrir les instruments traditionnels (kabosy, valiha, sodina) et
dépayser le public en un instant. La
musique malgache est multiple et
variée, teintée de diverses influences :
africaines, indiennes, latines... Elle reflète
le métissage de notre communauté.
Quelle place occupe Ketsa
aujourd’hui dans le paysage
musical régional et national ?
Le groupe a surtout une implantation
locale. Il est bien repéré sur Lyon
puisque la plupart des musiciens y
habitent. On y répète et on y joue plus
souvent que dans la Loire finalement.
Ketsa
photos : D.R.
Ceci dit, notre public s’élargit progressivement. On a participé l’année
dernière aux Coups de Pouce du festival Paroles et Musiques et on a reçu
le 2ème prix du jury alors que le
groupe était presque inconnu. Pour
nous, c’était une reconnaissance de
notre musique par des gens qui ne
connaissent pas forcément la culture
malgache. C’est exactement ce qu’on
cherche.
Quels sont vos projets pour cette
année ?
Déjà, on va vraiment se préoccuper du
disque. Jusqu’à présent, on fonctionnait avec des maquettes qu’on
envoyait aux programmateurs comme
aux maisons de disques. Aujourd’hui,
on souhaite vraiment travailler sur un
album. On devrait entrer en studio
d’enregistrement courant avril, nos
morceaux sont prêts. Du coup, on est
en train de démarcher activement les
labels de world music.
En parallèle, Ketsa doit continuer à
tourner. Il nous faut trouver des dates
pour nous faire connaître, en RhôneAlpes comme ailleurs. Et comme nous
sommes nombreux sur scène, les
programmateurs sont parfois frileux.
Heureusement, l’accueil du public est
à chaque fois au rendez-vous, la prise
de risque en vaut la peine !
On vous dit Mandrampihaona
A bientôt.
Propos recueillis par Céline Dugny
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Les Musiques
du Monde,
le Printemps
de Bourges et
Tagada Tsoin Tsoin
Contact
Céline Dugny
04 72 00 95 21
L’association Tagada Tsoin Tsoin
est régulièrement interpellée sur la
question de la représentation des
musiques du monde parmi les
Découvertes du Printemps de
Bourges et de la Fnac.
Le dispositif des Découvertes du
Printemps de Bourges s’appuie
sur un processus de sélection
nationale, qui s’applique à proposer
une programmation diversifiée
tout en tenant compte des spécificités territoriales de certaines
Antennes (Iles et francophonie).
Dans ce contexte, le Printemps de
Bourges présente chaque année
six à huit artistes sur la thématique
chanson/world, dont généralement deux pour les musiques du
monde. Le jury national s’est
particulièrement intéressé ces
dernières années aux projets
électros ou hip-hop présentés par
l’Antenne Rhône-Alpes. Cette
tendance s’est encore confirmée
pour l’édition 2006 avec la sélection de Broad Way (électro), The
Marcel Bellucci Quartet (électro)
et Grosso Gadgetto (hip-hop).
Au-delà de sa relation avec le
Printemps de Bourges, Tagada
Tsoin Tsoin reste très attentive à la
création musicale régionale,
toutes esthétiques confondues.
Les professionnels de l’association se retrouvent pour repérer et
promouvoir les artistes rhônalpins
émergents. Notre collaboration à
la lettre d’information du
CMTRA se fait dans cet objectif,
en permettant la mise en lumière
auprès de son réseau des artistes
world repérés par le jury régional
des Découvertes. Plusieurs projets
ont notamment retenu notre attention lors des dernières sélections
sur écoute : Les Doigts de
l’Homme, Woz Kaly, Iznayen ou
encore Mango Gadzi.
www.tagadatsointsoin
.net
[email protected]
Contact
Maro
06 13 04 18 63
[email protected] /
[email protected]
http://ketsa.free.fr
Prochainement
sur scène :
31 mars 2006
Veauches (42) - avec
Michael Jones
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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28/06/06
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Page 14
[Evénements...
Nuitdescultures
[Evénements...
LesbœufsdeSaint-Georges
L’Irlande au comptoir …
Le 12 mai prochain aura lieu
la Nuit des cultures, organisé
par l’Ecole Nationale de
Musique de Villeurbanne au
TNP. Entretien avec Martial
Pardo…
Date
Nuit des cultures
12 mai 2006
au TNP de
Villeurbanne
Festival
du 27 juin au 8 Juillet
Gratuit dans les
fermes, spectacle à
CMTRA : Martial Pardo, vous êtes à
l’initiative de la Nuit des cultures,
soirée musicale qui aura lieu le 12
mai prochain au Théâtre National Populaire de Villeurbanne.
Comment est né cet événement et
comment s’inscrit-il dans le projet
de la structure que vous dirigez,
l’Ecole Nationale de Musique de
Villeurbanne ?
L'idée est de valoriser les artistes des
différentes cultures qui se côtoient
dans la cité (et notamment celles de
l'immigration), et de montrer ainsi que
cette cité est déjà par son histoire un
conservatoire, de par les trésors qu'elle
accueille, génère, retransmet, risque de
perdre parfois et tente sans cesse de
restaurer et d'inventer.
Le lien avec l'Ecole Nationale de
musique est simple : si la cité est en
elle-même un conservatoire multiculturel, l'école de musique doit être à
l'image de cette diversité, et faciliter
les échanges, les rencontres. Elle est à
la fois segment de cette diversité et
catalyseur potentiel vers un interculturel plus conscient, mieux assumé.
Lors de la Nuit des cultures, c'est tout
naturellement que des artistes / enseignants de l'école de musique côtoient
les artistes professionnels ou amateurs
rencontrés "hors ses murs".
Quelle orientation donnez-vous à
cette édition ?
Depuis deux ans, nous construisons les
Nuits des cultures sur un thème : "les
rythmes du monde" l'an dernier, "la
voix dans les répertoires populaires du
monde" cette année. Jusqu'ici, les
Nuits se consacraient presque exclusivement aux musiques et danses des
cultures issues de l'immigration. Cette
dimension est toujours présente mais
le fil conducteur du thème permet
désormais d'ouvrir la scène à des
esthétiques plus variées allant des
musiques anciennes jusqu'aux cultures
urbaines d'aujourd'hui : tous ces
moments de l'expression humaine puisent dans le substrat des traditions et
des frottements interculturels entre
savant et populaire, entre l'identitaire
et l'altérité.
Pouvez-vous nous parler des chanteurs et des cultures qui seront
représentés ?
Le hasard des rencontres donnera une
couleur assez européenne à cette Nuit
consacrée à la voix : une Europe à la
fois taraudée par ses mémoires et ses
fractures et ouverte au-delà de ses
détroits. Ainsi se succéderont le flamenco avec Miguel della Torre, le
rebetiko du groupe To Gledi, chavirement musical entre les deux rives
grecque et turque, le chant Yiddish du
groupe Dibouk, narration musicale
d'un monde enfoui mais toujours
vibrant, les chansons de Pierre Mac
Orlan et de Kurt Weil (interprétées par
Aurélie Négrier et Anne Fromm), revisitant la même sève populaire par-delà
les frontières et les mers, les mélopées
berbères, soyeuses et ciselées, remémorées par les femmes de l'association
Awal, ou encore (des femmes toujours) Evelyne Girardon et le groupe
"Embarquons-nous" témoignant de la
vitalité du chant traditionnel français.
Le rap de FRVsens pulsera ses dires
sur les violoncelles de la musique
ancienne et quelques surprises viendront, je l'espère "gromeler" et "slamer" le déroulement de la soirée !
Je remercie le CMTRA (et plus spécialement Yaël Epstein) pour les belles
rencontres avec Emeri dans son restaurant de la Guillotière et avec l'association Awal.
C’est un vrai défi que de demander
à des musiciens amateurs qui ne se
sont parfois jamais produits sur
scène de se présenter dans une salle
de 700 places… Quel accompa-
gnement et quel dispositif avezvous mis en place pour rendre cela
possible ?
Tout d'abord, de nombreux artistes
invités lors des Nuits des cultures sont
de brillants professionnels. D'autres se
situent "socialement" comme amateurs car ne vivant pas de la musique,
mais témoignent d'une ferveur et d'une
présence en public dignes de professionnels. Ceci dit, passer sur une scène
telle que le TNP est à la fois valorisant et…impressionnant ! A nous de
les accueillir le mieux possible, sur le
plan technique bien sûr mais surtout
sur le plan humain. Cela commence
bien en amont par des rencontres au
cours desquelles nous pénétrons dans
l'univers de chaque groupe et nous
expliquons le sens de l'événement.
Cette familiarisation mutuelle permet
aux groupes de faire les bons choix
pour préparer leur passage et à nous,
de mieux les présenter au public qui,
l'expérience le montre, sait alors réserver un accueil fin et chaleureux à tous,
du plus "fragile" au plus confirmé.
D'ailleurs, pourquoi le TNP pour
la Nuit des cultures ?
Il y a "populaire" et "national" dans
"TNP", il y a ce geste fondateur qui
voulait une culture de qualité offerte
au plus grand nombre : autant de
signes dans lesquels une école nationale de musique, engagée passionné-
ment dans ses missions de qualité,
d'ouverture et de démocratisation, ne
peut que se reconnaître ! C'est pourquoi nous avions proposé il y a 6 ans
d'y situer la Nuit des cultures, qui a
justement pour but d'éclairer, dans la
proximité d'une ville, la diversité française où les notions de peuple et de
nation sont des enjeux toujours en
question.
Je remercie particulièrement le TNP
pour son aide. C'est tout à l'honneur de
son équipe que d'accueillir et de soutenir une telle manifestation, rendant
accessible un lieu prestigieux à des
talents si proches et souvent si méconnus, ainsi qu'à un vaste public villeurbannais et bien au-delà.
Propos recueillis par Y.E.
Awal
photo : Evelyne Girardon
LesNuitsdelaPierreBleue
Entretien avec John
Delorme, violoniste, luthier,
professeur et pilier de boeuf
CMTRA : Vos bœufs existent depuis
six ans à Lyon et drainent toute
une flopée de passionnés de
musique irlandaise, quelle est
l’origine de ces bœufs, comment
fonctionnent-ils ?
J.D. : En Irlande, ça se passe comme
ça. Avant les gens jouaient chez eux
dans les cuisines, puis dans les années
70, ils se sont mis à jouer dans les
pubs. On appelle ça une session ; on se
donne rendez-vous au pub et les musiciens qui ont envie se retrouvent là
pour jouer. Nous, à Lyon en ce
moment, on se retrouve environ trois
fois par semaine autour du répertoire
traditionnel irlandais.
Comment expliques-tu cet engouement ? Quel type de public et de
musiciens touchez-vous ?
Je crois que les musiciens apprécient
de pouvoir exercer leurs talents dans
un lieu de vie, en buvant une bière
avec les copains, sans contrainte ni
obligation … Ce n’est pas un concert,
c’est la vie. Au delà de la musique
celtique, les gens viennent voir des
musiciens qui jouent des instruments
« live » devant eux. C’est aussi simple
que ça, il y a des gens qui n’ont jamais
vu ça, et ça les surprend beaucoup. Et
puis enfin il y a l’attrait pour la
musique irlandaise proprement dite.
Il y a aussi l’idée d’improvisation
qui est spécifique aux bœufs …
Ce n’est pas totalement vrai pour
l’irlandais. On joue un répertoire de
plusieurs centaines d’airs traditionnels
qu’on associe en suites. La suite de
morceaux peut être improvisée ou prévue d’avance. Sur ces morceaux-là on
fait des variations ou on improvise sur
l’accompagnement. C’est un répertoire très codifié, avec des morceaux
qui viennent du nord et du sud de
l’Irlande, c’est une véritable culture
dont il faut bien connaître chaque
élément …
Qu’est-ce qui pour toi relève d’une
façon de vivre la musique propre
aux musiques traditionnelles ?
On joue sans organisation précise …
Aujourd’hui, on est toute une bande à
connaître ce répertoire, c’est devenu
naturel de le jouer, c’est devenu notre
vie. Ça n’a rien d’exceptionnel, c’est
du quotidien. Pour moi ça a beaucoup
de valeur, ce côté pas organisé. Ça se
fait presque tout seul sans qu’on ait
besoin d’appeler tout le monde, de
trouver des lieux ou de l’argent pour le
faire.
Est-ce que ces sessions constituent
une forme d’apprentissage en tant
que telle ?
On peut venir en session pour
apprendre. Mais la musique irlandaise
demande une technicité importante, il
y a une connaissance de la musique,
un savoir-faire qui ne s’invente pas. Le
rythme de la musique irlandaise est
sensiblement différent de celui que
l’on connaît culturellement, il y a un
rapport au temps, au swing qu’on n’a
pas tellement en France (sauf peut-être
dans la musique manouche). Du coup
je pense qu’une session, c’est un bon
lieu pour se perfectionner, mais ça ne
peut pas constituer un lieu d’apprentissage.
Quels instruments peut-on croiser
dans vos sessions?
Violons, bouzouki, mandole, mandoline… le chant c’est plus rare, ça
manque un peu … banjo. Il y a aussi
les flûtes (twin whistle, low whistle).
Il y a pas mal de cornemuses irlandaises (uilleann pipes), accordéon diatonique et parfois chromatique,
concertina, le bodhran pour les percussions. Moi, je délaisse parfois mon
violon pour la guitare, car je trouve
que ça manquait aux sessions..
A ton avis, pourquoi un tel répertoire dans une ville comme Lyon ?
Ca vient beaucoup des musiciens qui
sont là depuis longtemps, je joue beaucoup avec Guy Vevre, qui fait de la
musique irlandaise depuis vingt ans,
qui amène un certain répertoire, John
Dohorty ou Charlie Skutt qui vient du
Pays de Galles. On a tous appris les
morceaux les uns les autres, donc on
partage tout un corpus commun. Souvent dans d’autres villes, les musiciens
apprennent leur répertoire à partir des
disques, à Lyon on a beaucoup de
répertoires transmis par les musiciens
eux-mêmes. Il s’agit d’une transmission directe de personne à personne,
c’est très important ...
Qu’est ce que ça change dans le
rapport à la musique ?
J’ai appris mon répertoire avec John
Doherty qui m’a appris le violon et
pour chaque morceau il avait une
petite histoire à me raconter. C’est
assez exceptionnel pour moi d’avoir
eu cette chance là. Ce répertoire je le
tiens de quelqu’un, c’est comme un
flambeau que l’on te transmet, c’est
pas quelque chose d’anonyme, le morceau prend une histoire en plus et tu
ressens autre chose quand tu le joues.
Je trouve nécessaire qu’il y ait une
transmission des répertoires, si tu veux
développer quelque chose, si tu veux
rendre accessible une culture, il faut
qu’il y ait un apprentissage, c’est fondamental. Cela peut se faire par les
cours et s’appuyer sur les sessions.
John Delorme, tu fais aussi partie
d’un groupe de musique … irlandaise ..
Notre groupe s’appelle Shelta, il s’est
formé avec des musiciens qui sont tous
issus de la session. Nous formons un
petit groupe de gens passionnés par la
musique irlandaise qui s’est réuni pour
faire quelque chose d’un peu plus
arrangé. Nous sortons un disque que
nous avons pu enregistrer et produire
grâce à un partenariat avec Métive. Il
a été enregistré par Laurent Baraton,
un très bon ingénieur du son. Nous
serons programmé dans le cadre du
festival Bouches à Oreilles, le festival
organisé par Métive à Parthenay
Rendez-vous
de bœufs:
le dimanche
à 20h30
au Wallace,
2 rue Octavio Mey
le jeudi
à 21h
au Flemings,
2 rue des loges 5ème
le lundi
Propos recueillis par P.B.
à 21h
au Pepe le mokko,
rue du doyenne
Contact : John Delorme : 06 03 43 18 02
CD
Swinging on the gate
Date
Bouches à Oreilles
à Parthenay
le 19 août à 19h
apéro concert
Les bœufs de St-Georges
photo : D.R.
LevillageassociatifdesinvitesdeVilleurbanne
Brullioles : 10/12 €
Programmation
en cours ...
La Compagnie des
musiques à Ouir,
Babajaga (folk
suédois), Alfred Spilrli
(jazz bruitiste),
Bistanclaque
(chansons), I
Musicanti di strada
(musique du sud de
l'Italie), ALS (danse
contemporaine),
Madreselva (chansons
d'argentine), bals
folks, projections de
films documentaires…
(programmation en
cours)
Renseignements :
04 78 29 43 87
http://bistanclaque.free.fr
Bistanclaque
CD
« Longtemps nous
nous sommes couchés
tard »
en VPC, 16 Euros
Un festival champêtrogastronomico-musical dans les
Monts du lyonnais, entre ville
et campagne, fromage et
théâtre, militantisme et
plaisir de la table … Entretien
avec Renaud Pierre, chanteur
du groupe Bistanclaque et
membre de l’association La
Voisine.
CMTRA : Au tout début était la
Maison de Noémi ...
Le festival est né à la Maison de
Noémi, une ancienne ferme située
dans les Monts du Lyonnais. L’an dernier, contrairement aux éditions précédentes, le festival a été itinérant, il s’est
déplacé de ferme en ferme au gré des
soirées organisées chez les habitants,
des petits producteurs locaux. Le festival est né autour de réflexions sur la
place de la culture en milieu rural et
sur les liens qu’on pouvait avoir avec
le monde paysan. D’après nous, un
parallèle peut être fait entre la manière
d’exercer nos arts et la pratique de
l’agriculture. On a formalisé ça l’an
dernier par des petites soirée avec
repas, discussions et des spectacles
Nous sommes des musiciens qui organisons un festival, donc on apparaît
en filigrane, on retrouve notre pâte,
c’est aussi ce qui donne l’identité du
festival.
Les Nuits de la Pierre Bleue
dans les fermes. Cette année la formule combine les deux, ça va donc
être un peu plus ambitieux dans la
mesure où une dizaine de fermes en
activité vont nous accueillir dans tous
les Monts du Lyonnais pendant une
dizaine de jours, puis le festival se
finira à Brullioles, sur des formes plus
importantes, entre la maison de Noémi
et le village même.
Comment se construit votre festival ?
La programmation s'articule autour de
trois axes entre lesquels on jette des
passerelles. Il y a la programmation
proprement dite de compagnies ou
groupes professionnels, la mise en
valeur de formes artistiques locales,
souvent amateurs, … Et puis enfin,
on mène nous-mêmes un travail de
création sur l’ensemble du festival.
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
Le festival mise beaucoup sur
l’implication des gens, des habitants
et des associations, comment mobilisez vous tous le monde ?
On veut lancer une dynamique
d’échanges avec des associations sur
des sujets qui nous tiennent à cœur,
avec par exemple, Contresens, de
L’autre côté du pont, pour la préparation des repas, une asso du coin pour
un espace-enfant pendant le festival,
une association lyonnaise pour imaginer des liaisons vélos de Lyon au
Monts du Lyonnais. On veut monter
une radio et initier des jeunes à la création radiophonique. On va aussi
organiser un marché paysan dans le
village où les gens peuvent acheter des
trucs à manger et s’installer directement autour de grandes tablées. L’idée
que l’on défend, c’est que la plupart
des choses qu’on peut manger, on peut
les trouver à un niveau local, en
s’intéressant un peu à ce qui se fait
autour de chez soi. C'est aussi créer un
lien entre une ville et sa campagne
proche puisqu'en ce qui nous
concerne, nous avons un pied à Lyon
et un autre dans les Monts.
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 14
Comment se déroule une soirée à la
ferme ?
On est accueillis chez l’habitant, les
spectacles sont gratuits, il faut juste
réserver un peu avant. On attaque la
soirée par une discussion sur des
thèmes à consonances écolos et
sociales en compagnie d'un intervenant qui connaît un peu le sujet, on
enchaîne en guise d'apéro en invitant
des musiciens amateurs ou en nous
invitant nous mêmes à jouer quelques
morceaux. Ensuite le repas qui permet
à tous, hôtes, organisateurs, artistes et
public de se rencontrer, puis vient le
spectacle à proprement parler, dans les
fermes, en petites jauges, avec chaque
soir un spectacle différent. Les trois
derniers jours à Brullioles, la formule
change avec plus de monde, dans des
formes éclatées sur tout le village.
A quoi va ressembler votre programmation dans cette grande hybridation de genres et de formes ?
Elle est très ouverte ! Du conte, du
théâtre, de la musique, des projections
de films documentaires. Il y aura sans
doute, maître Madjoub et les Gnawas
de Marrakech, Babajaga (de la
musique suédoise), un projet avec Eric
Ksouri, Yaël Epstein, moi même et des
musiciens napolitains pour une création à partir de chansons de France et
d’Italie. Il y aura aussi Alfred Spirli,
batteur bruitiste, qui fait partie de
l’ARFI et la compagnie des musique à
Ouir mais aussi de la danse contemporaine avec la compagnie ALS …
et une création de Bistanclaque autour
de nos chansons avec des musiciens
invités.
Entretien avec Patrice
Papelard, concepteur,
réalisateur, directeur
artistique des Invites, à
Villeurbanne.
Quel lien y a t’il selon vous entre
votre manière de faire de la musique
et le monde paysan ?
On peut faire une analogie entre une
certaine production musicale et l’élevage en batterie. Tout se fait selon la
même norme dans le conformisme.
Dans un sens comme dans l’autre, on
n'est jamais surpris, ni en mal ni en
bien. Face à cet éloignement de la production et cette massification, qui
empêche toute les variétés, les intensités du goût et le panel des sensibilités,
on essaye de se réapproprier les pratiques et de créer une confrontation
réelle. En culture agricole ou en culture artistique, face à des produits sous
cellophanes, livrés tout fait, qui sont
similaires de Dunkerke à Marseille,
nous opposons la diversité des goûts et
une prise en main des choses dans la
production comme dans la diffusion.
Les 15,16 et 17 juin 2006, se déroulera le festival des Invites à Villeurbanne. Ce festival « pas pareil »
organise, cette année, sa cinquième
édition. Né en 2002 à la demande de
la municipalité, il s’inscrit dans une
tradition de fêtes associatives. Ce
sont trois jours de fêtes où la ville
de Villeurbanne va se transformer en
véritable théâtre à ciel ouvert, avec ce
mot d’ordre « sortez vos tables et vos
chaises et payez l’apéro aux voisins ».
Mais les Invites ne se limitent pas
qu’à cela. Les Invites, c’est aussi cette
rencontre entre artistes et associations qui, chaque année, prennent
part, au côté des villeurbannais, à la
construction des projets du festival.
Propos recueillis par P.B.
CMTRA : Patrice Papelard, pouvez
vous nous expliquer comment a été
créé le village associatif des Invites ?
P.P. : Le concept des Invites, c’est de
faire de la ville un lieu de création et de
diffusion, accessible à tous. L’idée
était de travailler avec la population
autour de projets communs. Il y a, à
mardi » ont été créés, en 2002, afin de
discuter avec les habitants, les médiateurs, le service culturel de la ville,
autour d'un verre. Tout ceci fait partie
du projet global des Invites. Ce que
nous avons proposé, aussi, c'était de
développer cette idée de village associatif, en travaillant sur l'objet et la
plastique même de chaque stand, en
utilisant des matériaux, de la couleur,
des tissus, tout en gardant son caractère convivial : un endroit où l'on peut
venir boire et manger. Dès la
deuxième année, nous avons eu une
grande demande des associations à
cause justement de cette convivialité.
Les Invites
photo : Gilles Michallet
Villeurbanne, et ce depuis quelques
années, une mixité de population, un
esprit de quartier et une ambiance qu'il
fallait mettre en évidence. Nous avons
alors contacté un grand nombre
d'associations et cent cinquante
d’entre elles ont répondu favorablement. Nous avons demandé à la
mairie un lieu neutre spécialement
pour ce projet, qui allait devenir le lieu
des Invites : les ateliers Frappaz. C'est
à cette occasion que les « apéros du
Comment s'organise le travail avec
les associations autour du festival
des Invites ?
Avant même le festival, il y a un travail
de quatre mois, où nous allons
travailler avec les associations et les
habitants, autour d’un projet artistique
commun. Par exemple, en 2002, nous
avons collaboré avec un plasticien,
nommé Jean Pierre Duhamel (Collectif
Sud Side), sur une transformation
éphémère urbaine, à base de constructions monumentales de carton dans le
quartier des Gratte-Ciel. En 2004,
rencontre avec Carabosse et Bambuco,
l'idée nous est venue de construire un
village Indonésien, uniquement en
bambou, en reprenant les techniques
traditionnelles. L'année dernière, sur le
projet des « mille chaises », chacun a
repris cet objet d'une façon personnelle, en le transformant. Toutes ces
chaises ont pu être exposées, ensuite,
partout dans la ville. L’intérêt même de
ce festival, c'est justement tout ce travail
fait en amont avec les associations : les
discussions, les débats, les ateliers de
constructions, aux ateliers Frappaz. Ce
qui faut comprendre, c'est que le village ne se limite pas qu'au festival
mais s’intègre dans un ensemble,
grâce notamment au lieu dont nous
disposons, où nous pouvons accueillir
des résidences de compagnie à l'année,
avec toujours cette notion d’échange et
d’accueil. Cette notion, on la retrouve
justement pendant la soirée de présentation des Invites, qui se déroule dans
ce même lieu. Il y a à ce moment là
cinq cents personnes environ, nous
allons sortir les grandes tables, les
chaises, les gens vont discuter, chanter
à certains endroits. Il y a à Villeurbanne une véritable dynamique associative, une envie d’échanger et d’arriver à trouver un sens dans un évènement.
une aventure, dont les trois gros pôles
d'installation des Invites sont : le
centre ville autour des arts de la rue,
le parc de la commune de Paris sur le
grand village associatif, et le parc de la
Doua qui accueille aussi les associations. Nous allons essayer de travailler
tous ensembles sur la thématique du
cercle, en modifiant, transformant des
objets d'usage courant ou de récupération. Il y a, actuellement, environ
soixante dix associations qui répartissent leur temps sur différents projets
dont celui du village. Par la suite, le
projet 2007/2008 est de faire, des
ateliers Frappaz, un pôle de création
artistique dans l'espace public, d’accueil de compagnies en résidences,
d’accueil de créations qui vont se bâtir
ici, avec toujours une relation avec les
habitants. Nous allons continuer le
travail de construction, de transformation urbaine avec les gens, mais en
essayant d'amplifier la résonance de
création sur les lieux.
Après tous ces projets que vous
avez pu développer, quelles vont
être les orientations pour les
prochaines éditions du festival ?
Aujourd'hui, nous allons repartir dans
Contact :
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Propos recueillis par S.B.
www.mairie-villeurbanne.fr
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
page 15
L61
28/06/06
12:12
Page 16
[Parutions...
vpc
j’aimelagalette
TONY WEISS
une figure du
jazz manouche
en Auvergne
Ce dernier né des atlas sonores
édité par l’AMTA est une petite
merveille. Musique et témoignages
s’allient pour tracer en quelques
esquisses bien placées le portrait
sonore de cette grande figure du
jazz-manouche, habitant anonyme
de l’agglomération clermontoise. Il
y a tout d’abord le talent musical
de ce guitariste violoniste, de son
jeu roots et consistant empreint
d’une grande sensibilité. Il y aussi
ces bribes de vies, celles de ce
manouche chtimi d’Auvergne à la
vie fleuve, la vie roman, la vie
nomade transfigurée par la
musique. Il y aussi l’histoire du
jazz et des musiques d’Auvergne,
leurs
évolutions
et
leurs
antagonismes. Un disque fortement
recommandé pour swinguer avec
classe et rêver en mesure.
AMTA 71330
En vente dans les pages VPC, p.17
Danses de
bergers,
danse des
loups
Musiques traditionnelles du cœur
de la France
Les musiciens de Saint-Julien,
François Lazarevitch
C’est sous un nom délicieusement
évocateur que se place ce disque
ouvert à la rêverie musicale et aux
longues évocations soufflées. Danse
des bergers, danse des loups, nous
plonge
dans
les
répertoires
traditionnels de Centre France et de
l’Auvergne en faisant la part belle à
la danse. Et d’abord à celle la plus
anciennement enracinée localement,
la bourrée. Sous les auspices des
musettes, cabrettes et chabrettes
s’installent comme sous un chêne
solide et ombragé, la vielle à roue
d’Anne-Lise Foy, le violon de
Basile Brémaud, le diatonique de
Gilles Poutoux et les infatigables
martèlements
de
pieds
des
cornemuseux. De l’instrumental pur
et dur. Une perle de plus à la
collection « Les chants de la terre ».
Cf : Inclu dans le livret, un texte
salutaire sur l’histoire de la bourrée
rédigé par Naïk Raviart.
Collection « Les chants de la terre »,
Alpha 516
CONTES DE LA
MONTAGNE
Noël en Savoie
Editions de l’Astronome
Conjuguant contes et musiques,
construits au fil de la voix de Pierre
Chaix, ces deux CD associent, l’un
la mythique Kinkerne, l’autre les
talentueux Trouveur Valdoten, pour
donner vie à quelques traditions
contées, légendes, récits et poésies
de l’arc Alpin. Connaissez-vous
l’histoire du petit Paul qui ne
grandit ni ne forcit de corps et
d’esprit et part sous les éclats de rire
du village avec la plus grosse vache
de l’étable pour la vendre à une
statut de plâtre? Des disques sont
conçus comme des supports
pédagogiques et d’animation pour
propager ces répertoires un peu plus
loin.
BIRAME
N’DIAYE
le griot peul
Sénégal
La collection dirigée par Laurent
Aubert est décidément productive,
voilà que sortent simultanément un
disque consacré aux musiques tsiganes de Serbie, un sur le dotar iranien, ce disque est consacré à l’art
chanté de Nalanké Pular. La vie de ce
griot peul semble jalonnée d’embuches ;
très célèbre dans les années 60-70, il
a composé des chansons qui font
désormais parties de l’héritage culturel anonyme des sénégalais. Aveugle,
sombrant ensuite dans l’oubli, il est
victime du désintérêt grandissant pour
les traditions orales qu’accompagne
souvent les avancées du modernisme.
Ce disque donne un infime aperçu de
l’immensité de son répertoire. Loin
des productions world music, il offre
une musique hypnotique et répétitive
aux polyphonies rythmiques entêtantes. Les chants soudés aux crissements de la vielle riti, aux secousses
hoquetantes du tambour tama et aux
clappements de mains des femmes
vous fera découvrir un versan inestimable de la culture peule.
AIMP&VDE-Gallo
SERBIE
Mémoire
tsigane
Avis aux amateurs de violon qui
grince, de langues qui claquent et de
voix rauques ! Issu de collectes de
Dimitrije Golemovic, ethnomusicologue
serbe, ce CD est un vaste panorama
des répertoires tsiganes en Serbie,
Ils viennent de sortir, nous les aimons,
Vous les trouverez au CMTRA …
Rapide récapitulatif des nouveautés
2005/2006 en Rhône-Alpes, reflet de la
vitalité de la création et de la production dans
notre région ...
haut en couleurs. En serbe, romani et
roumain,
parfois
purement
instrumentaux, les enregistrements
dévoilent une étendue des possibles
des différentes région ce pays
interprétés par les Tsiganes. Chant
d’amour, musique de danse, musique
à pleurer, musique à faire pleuvoir, en
fanfare ou par un ensemble de
cordes, un violon seul, avec
accordéon, un chanteur, une
chanteuse et le voisin…
MONEIM
ADWAN
Il était une
fois en
PALESTINE
Accords-Croisés
Savant mélange entre une musique
traditionnelle palestinienne et une
musique orientale classique, cet
album dresse un tableau intemporel
d'un pays en souffrance. Les
poèmes mis en musique sont autant
d'images du passé, du présent et du
futur. Ils traduisent des instants de
vie, de bonheur, lorsque le pain
chaud sort du four, lorsque la noce
célèbre les amoureux, ils chantent
des instants loin de la guerre et la
destruction. Sa voix suave et
chaleureuse, accompagnée du ney et
du oud, par des musiciens
palestiniens, israéliens et égyptiens,
brise les clichés conventionnels et
nous rappelle que la plus belle des
musiques est celle qui se partage.
Contact : www.accords-croises.com
Disques
ITINÉRANCE
D’un monde à
l’autre
Entre Méditerranée, Europe de l’Est
et Amérique du Sud, les mélodies se
balancent en cadence, se perdent
dans un recoin de la planète et y font
leur nid, continuent d’avancer pour
nous amener à bon port… Les quatre
interprètes voyagent, découvrent et
s’amusent en musique, revisitant
avec humour certains classiques,
traditionnels (yiddish) ou de maîtres
(Piazzola), alternant avec leurs
propres compositions (Guerre &
Garnier). À fleur de peau, les notes
font vibrer cordes et lamelles, bois et
anches pour pénétrer nos successives
épaisseurs intérieures.
www.itinerance.org 06 62 58 10 66
Livres
ANTI QUARKS
Ou l’invention du trad progressif.
L’album tant attendu du groupe lyonnais …
19 €
Répertoire
EVELYNE GIRARDON
Un double cd finement ciselé, fruit
d’une longue exploration à travers le
répertoire des chansons
traditionnelles de langue française
21 €
L’orthophone
PAIN D’ÉPICES
Un disque aux influences multiples,
pour une réinterprétation des
musiques à danser
18 €
Mapou
RENÉ L ACAILLE
GAGA DILO
Prends en 5
Avec ce premier album, les huit
musiciens de Gaga Dilo, en
hommage au film Gadjo Dilo de
Tony Gatlif, nous embarquent dans
une frénésie de rythmes énergiques et
chaleureux.
A
l'image
de
l'atmosphère des films du réalisateur,
leurs compositions instrumentales
sont le résultat d'un métissage
culturel qui nous invite à un voyage
éclectique sur les routes d'Europe.
Les cinq titres de l'album sont tantôt
pénétrés d'une influence andalouse,
tantôt d'un rythme swing, où
viendrait se glisser des battements
reggae entre un jazz manouche et une
fanfare tsigane. Etonnant!
Contact : http://www.gagadilo.org
Une gloire de la musique
réunionnaise en Rhône-Alpes au
commande d’un disque chaloupé,
enjoué et généreux
17 €
MADRESELVA
Un premier disque épuré et gracieux,
à l’écoute des deux voix féminines et
des textes du répertoire argentin
(chacareras, milongas, zambas ..).
13 €
Afrah
OUTAT EL HAJ (MAROC ORIENTAL)
Musiques profanes et festives
marocaines enregistrées à la maison.
Un beau disque, une démarche
novatrice à soutenir.
19 €
Kerkennah
Jazz et musiques orientales pour un
disque aux ambiances feutrées qui
laisse libre cours à l’improvisation et
à la confidence.
18 €
Publications
Portrait de musicien :
TONY WEISS, JAZZ MANOUCHE
Atlas sonore de l’AMTA
Une figure du jazz manouche en
Auvergne
17 €
ACHILLE MILLIEN
Nivernais passeur
de mémoire
Musiques migrantes
sous la direction de
Laurent AUBERT
Collection Tabou, Editions du musée
d’Ethnographie, Genève, 2005
ISBN 2-88474-227-1
Daniel Hénard, Jacques Tréfouël
Éditions Les films du Lieux-Dit,
35 Euros
En vente au CMTRA, VPC, p17
Suivant de près le DVD du même nom voici paraître le livre autobiographique de ce folkloriste de la fin du 19ème siècle à l’œuvre imposante, qui
récolta près de 2600 chansons, soit près de 90% des répertoires connus en
langues d’oïl.
On découvre au fil des pages un personnage attachant et frénétique, dont la
vie fut consacrée à courir la campagne, en quête de chansons qu’il griffonnait sur des petits bouts de papiers. Millien arpente le nivernais, le Morvan,
les route, les hameaux, les villages ne transigeant jamais avec cette posture
de rigueur intellectuelle qui l’amène à référencer le morceaux collecté, à
recueillir la palette des versions sur un même thème et à engager un musicien pour noter les mélodies. Passionnés, sacrifiant tout à sa passion, finissant sa vie dans la solitude et la maladie, il fut dépassé par l’ampleur même
de sa tâche et laissa son œuvre inachevée. Son travail fut exhumé par
Georges et Paul Delarue qui l’ordonnèrent, l’analysèrent et le publièrent dans
son intégralité aux éditions de la FAMDT. Ce livre d’une grande qualité, bien
illustré, mêlant de nombreux documents d’archives et de magnifiques photos d’époque est ce qu’on appelle un bel objet, il invite à la découverte de
l’œuvre de ce précurseur de l’ethnologie contemporaine, de cet éternel chercheur « On the road »…
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
Comprendre l’humain dans toute sa diversité et dans son unité, tel est le but
avoué des ouvrages de la nouvelle collection d’information scientifique pluridisciplinaire autour de l’anthropologie aujourd’hui.
Ce premier livre est une réflexion collective sur la mondialisation des pratiques musicales, notamment sur les enjeux actuels de la diversité culturelle. Des auteurs de différents horizons (musiciens migrants ou non, producteurs, diffuseurs, journalistes, ethnomusicologues) proposent leurs expériences, des terminologies, des angles d’analyses.
Soumise à des choix esthétiques, artistiques, économiques, identitaires, politiques…, la musique est ici sondée comme marqueur socio-culturel mais
aussi comme moyen de communication puissant entre les individus et les
communautés. Evitant le relativisme culturel outrancier, les questionnements
sont universaux, soulevant les problèmes de l’authenticité (les musiques traditionnelles décontextualisées gardent-elles leur raison d’être ?), de l’identité, des définitions (musique traditionnelle, world music, musique du
monde…), et bien sûr, de l’éthique. Très enrichissant !
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 16
Culture et Musique
populaires en Gascogne
Eric Roulet, Nathalie Roulet-Casaucau
Editions PyréMonde : 22,95 Euros
Isbn : 2.84618.226.4
Rares sont les livres d’ethnomusicologie qui font l’effort de s’adresser à un
large public sans transiger sur le contenu. Définitions, histoire du collectage,
origines, évolutions et métissages des musiques populaires … Tout en restant centré sur la culture gasconne, l’ouvrage reste généraliste et embrasse en
quelques 150 pages les contours des problématiques que l’on retrouve dans
le domaine des cultures populaires européennes (« Vivre les traditions populaires », « La musique, un outil de la vie sociale » « La langue orale »). Dommage qu’une illustration sonore ne viennent pas également chanter l’histoire
de ces musiques et le rythme de sa langue.
Le catalogue complet de la VPC
www.cmtra.org
rubrique « la boutique ».
Catalogue papier sur simple
demande,
tel : 04 78 70 81 75
La collection des Atlas sonore du CMTRA
Nivernais passeur de mémoire
ACHILLE MILLIEN
Disques de collectages
réalisés dans la région
Rhône-Alpes
35 €
Daniel Hénard/ Jacques Tréfouël
Editions les films du Lieu-Dit
Un élégante biographie d’un collecteur
hors du commun, qui a recensé une grande
partie des répertoire chanté en français.
Ieu savo una chançon
Chanteurs de langue occitane,
Haut-Vivarais
cmt001 : 15 €
Les disques de collectage forment
Musiciens du Maghreb
à Lyon
un tissu sonore bigarré faits
d’éléments bruts recueillis « à la
des voix aux intonations
Saint-Fons, Villeurbanne,
Vénissieux, Saint-Étienne,
Grenoble
inhabituelles, contes, récits
cmt011 : 15 €
source » : chansons fredonnées par
Les renveillés d’Orcières ; une tradition de
chant dans les Hautes-Alpes
PATRICK MAZELLIER
22,90 €
Une étude sur une tradition vocale d’aubades
dans les Alpes de Hautes-Provence
accompagnés d’un disque de collectage
fantastiques, airs instrumentaux,
« photographies » sonores, écoute
Tignes Val d’Isère
des dialectes ... Ils sont
Haute-Tarentaise, Savoie
accompagnés de livrets de
cmt012 : 15 €
présentation détaillés.
Cévennes Pays de Cèze
Chansons traditionnelles et populaires de
la Drôme
Ardèche, Gard, Lozère
cmt013 : 15 €
18 €
Un fourmillant ouvrage, un authentique
document de travail pour tous ceux qui aiment
chanter et pour ceux qui s’intéressent aux
traditions orales. Offert : un CD de 44 chansons
Flamenco à Lyon
Saint-Priest, Saint-Fons,
Vénissieux, Grenoble,
Villeurbanne
Les promos
cmt014 : 15 €
Le Monde alpin et Rhodanien
22 €
Un numéro de mélange pour cette illustre revue
qui présente neuf articles de fonds sur
l’ethnologie du Sud-Est de la France. "Le récit
Cévenol" (Jean-Noël Pelen) "le juif errant"
(Alice Joisten), "Folkloristes et chansons en
Dauphinés et Vivarais" (Patrice Mazellier) …
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L’ensemble de la collection
“Atlas sonore Rhône-Alpes”
sur support K7 audio (8 K7)
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Le Vercors
Les Joutes sur le Rhône
cmt015 : 15 €
Chansons traditionnelles,
paysages sonores et musiques
du Vercors
Les conscrits en Bresse
Le Haut Vivarais
Les Pentes
de la Croix-Rousse
Rive de Gier
L’Ara
REVUE DE L’ASSOCIATION RHÔNE-ALPES
D’ANTHROPOLOGIE
Des mondes de musique
dans un quartier de Lyon
Les chants de la Soie
Les Baronnies en Drôme Provençale
cmt017 : 15 €
Le pays entre Loire et Rhône
5€
Format insolite pour cette lettre de l'ARA qui
illustre la richesse et l'actualité des travaux
menés en ethnomusicologie en Rhône-Alpes.
Une affaire : 30 articles + 1 CD !
les Brayauds (Auvergne)
FAÏ PETA(R),
Pays de Samoëns
Chansons populaires
recueillies dans les Alpes
françaises
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Savoie et Dauphiné, d’après le
livre de Julien Tiersot
A l’unité les atlas sonores
sur support K7 sont
vendus au prix de 5 €.
Production AMTA
Trois belle jeunes énergies au service
du répertoire auvergnat.
Violon, accordéon et clarinette.
Musique à danser.
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Bon de commande à adresser à Péroline Barbet
Titre (+références)
Commande inférieure à 76,00 € (501,81 F) : + 3,00 € de port et emballage
Commande égale ou supérieure à 76,00 € (501,81 F) : port et emballage gratuits
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Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Code Postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ci-joint un chèque bancaire de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . €, à l’ordre du CMTRA à envoyer au : CMTRA - 77 rue Magenta 69100 Villeurbanne - Tél. : 04 78 70 81 75 – Fax : 04 78 70 8185
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
page 17
L61
28/06/06
12:12
Page 18
Plus de dates et plus d’informations sur les concerts, les ateliers et
les stages en vous connectant sur www.cmtra.org
calendrier
Ce calendrier prend en compte,
sur la foi des informations qui nous
parviennent, les événements concernant
les musiques et danses traditionnelles
qui se déroulent en région Rhône-Alpes,
dans les départements et pays limitrophes.
Nous apportons le plus grand soin
à la transcription de vos informations,
mais nul n’est à l’abri de l’erreur
et de l’omission.
Samedi 29
Mardi 23
Préaux (07) Les drôles dames (avec des musiciens du Peuple de l’Herbe),Le Clan (musique
folk).Organisé par le Grenier à Paille.
Tarifs : 8 euros, réduit pour les chômeurs…
Rens : 06 66 74 57 82
G r e n o b l e ( 3 8 ) Café des Arts, concert avec
Tzigane (musique du monde).
Rens : 04 76 54 65 31
Lyon (69) Salle Genton. Le Bus Rouge, fanfare occitane en peau de bête, en concert et
enregistrement d'album live.
Rens : www.busrouge.com
http://fedezik.org
L y o n 8 é m e ( 6 9 ) Espace 101, Découverte &
musiques du monde méditerranéen :Le
Mâalouf de Constantine. Projet initié par
l’association « Elfergania ».
Rens : 04 37 90 27 75 & 06 65 33 89 25
Mail : [email protected]
S t M a r t i n D ’ H è r e s ( 3 8 ) 21h, Salle G.Peri,
bal folk de fin d’année.
Rens 04.76.96.14.40 [email protected]
http://perso.wanadoo.fr/folkatp
Vous voudrez bien nous faire parvenir
vos informations uniquement par
courrier, par fax ou par e-mail sur
document séparé, avec la mention :
Calendrier Lettre
d’Information
avant le 30 mai 2006
Vendredi 21
L e P u y e n V e l a y ( 4 3 ) centre Pierre Cardinal. Stages des 22 et 23 avril (accueil des
participants le 21) : Stage de conte, stage de
réglage et anchage des cabrettes (samedi
A-M et dimanche), Stage de bourée à trois
temps. Inscriptions avant le 1er avril 2006.
Rens : Patrice Sauret, 04 71 02 24 18
[email protected]
Samedi 22
Plus de dates et plus d’informations sur
les concerts, les ateliers et les stages en
vous connectant sur www.cmtra.org
concerts, bals
Avril
Samedi 1
Nandax (42) 21h,salle polyvalente Don Bosco
(lycée agricole de Ressins), concert avec Pure
Malt ; initiation aux danses traditionnelles
d'Irlande et du Québec.Organisé par Chrétiens
en Monde Rural.
G r e n o b l e ( 3 8 ) 21h30, Café des Arts,
concert avec Trio Grazzia Giu (Jazz Intimiste).
Rens : 04 76 54 65 31
P o n t c h a r r a ( 3 8 ) 16h, Centre culturel Le
Coléo, Soirée Celtique : Bal avec Rural
Café (16h) et concert avec Vishten (20h30).
Rens : 04 76 97 11 65
P é l u s s i n ( 4 2 ) Bal folk avec les duos
Godon- Thézé et Corinne/Gérard.
Rens : 04 74 87 42 57
Dimanche 2
La Rochette (73) de 7 à 22h,Centre d'Animations :"La Milonga sous le Château",
rendez-vous des danseurs de Tango Argentin.
Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93
[email protected]
Mardi 4
Romans (26) 20h45, Salle des Cordeliers, création musicale "Chants pour l'Ararat"
Festival Musiques et Voix du Monde.
Rens : 04 93 79 31 13 / 06 11 13 49 37
S t P r i e s t ( 6 9 ) 119h30 Centre Théo
Argence, Salangane en concert.
Rens : 04 78 20 02 50
Jeudi 6
Grenoble (38) 1Café des Arts, Sing Sing et
Grégoire Gigl (jazz, blues…)
Rens : 04 76 54 65 31
Vendredi 7
S t F o n s ( 6 9 ) 20h30, Théâtre Jean Marais,
spectacle, « Petits imprévus » de et avec
Christian Oller
Rens : 04 76 54 65 31
Samedi 8
P r i v a s ( 0 7 ) 20h30, espace Ouvèze, 6ème
Nuit du Folk , avec Gasconha Plus , Aqui
ôc, Rue de la soif, les Souffles douleurs.
Rens : 04 75 64 63 52
M i r i b e l ( 0 1 ) à partir de 18h00, complexe
« ALLEGRO » (salle sydnet Bechet),
soirée Celtique avec « La légende du roi
Arthur », assiette celtique, Bal animé par
Véronique Ellouard avec les ensembles
celtiques de l’Académie de musique de
Miribel et de l’école de musique de Oyonnax. Entrée libre.
Rens, réservations : 04 78 55 62 45
G r e n o b l e ( 3 8 ) Café des Arts, Deraisonnance, Musique du monde
Rens : 04 76 54 65 31
S t E g r è v e ( 3 8 ) 20h30, Salle de quartier de
la Gare, Bal.
F r a n s ( 0 1 ) 20h30, salle des fêtes, concert de
Garlic bread. Entrée : 12 euros.
Rens : AICAR au 04 74 00 01 70
M a r c y l ’ E t o i l e ( 6 9 ) Salle des fêtes, grand
spectacle de danses folkloriques : « Que dansent les saisons » : (Finlande, Italie, France,
Russie, Slovaquie, Grèce, Crète et Thrace.)
Organisé par le groupe folklorique « La
Tourbillante » et l’Association Pour l’Animation de Marcy (APAM)
Dimanche 9
M a r c y l ’ E t o i l e ( 6 9 ) Salle des fêtes, grand
spectacle de danses folkloriques : « Que dansent les saisons » : (Finlande, Italie, France,
Russie, Slovaquie, Grèce, Crète et Thrace.)
Organisé par le groupe folklorique « La
Tourbillante » et l’Association Pour l’Animation de Marcy (APAM)
S t e F o y L e s L y o n ( 6 9 ) Sconcert avec Toss.
Ojal, Surprise anniversaire des 10 ans, Bal
Folk animé par les “Ephémères”.
Rens : 04 75 28 02 09 ou [email protected]
Samedi 15
Les Chapelles (73) 20h30, Grand Bal Folk du
Printemps avec Kernoz’Trio et Folk Machine.
Tarifs :8 euros sur place,7 euros sur réservation,
5 euros 12/18 ans.
Rens : 04 79 07 32 96
R o m a n s ( 2 6 ) café le Van Gogh, Présentation du CD Rural Café.
Rens : 04 75 45 03 65 / [email protected]
Dimanche 16
La côte st André (38) bistrot d’Ornacieux,
scènes ouvertes danse folk.
Rens : 04 74 20 53 43
Mardi 18
St Martin D’Hères (38) 21h,Salle G.Peri,bal
animé par Ark En Che
Rens 04 76 96 14 40 ; [email protected]
http://perso.wanadoo.fr/folkatp
Mercredi 19
Lyon 1er (69) Bar La belle Equipe, La Cabana’son
Jeudi 20
Annonay (07) La Presqu‚ile.Concert de Lungo
Drom,chants tziganes.
Grenoble (38) Café des Arts,Concert avec La
Rue (chanson française).
Rens : 04 76 54 65 31
Roanne (42) centre P.Beregovoy,La Cabana’son
Seynod (74) 20h30,Auditorium Comédie musicale « A Day Off ».
Rens : 04 50 520 520
http://www.auditoriumseynod.com
Vendredi 21
Grenoble (38) Aremdat, Atelier 163 + Bois Sec.
Rens: AREMDAT 04 76 96 55 88
[email protected]
Grenoble (38) Café des Arts,concert avec 90C
(chanson française).
Rens : 04 76 54 65 31
Lyon 2ème (69) Le Bastringue, concert avec
Toad (trad saturé).
Le Puy en Velay (43) Centre Pierre Cardinal,
Soirée chants + bals traditionnels
Rens : Patrice Sauret 04 71 02 24 18
Samedi 22
Annonay (07) De 9h à 18h,MJC,stage d'accordéon diatonique animé par Christian OLLER.
De 14h à 18h :stage de guitare animé par Michel
BOUDET
Rens: 04 75 32 40 80
Désaignes (07) Salle des fêtes.Bal Folk animé
par RUE de la SOIF
Rens : 04 75 07 63 43
Vesseaux (07) L21h,salle des fêtes,concert et
présentation du CD de Rural Café.
Rens : 04 75 45 03 65 / [email protected]
Le Puy en Velay (43) Centre Pierre Cardinal,
bal traditionnel avec duo BROTTO LOPEZ
Rens : Patrice Sauret 04 71 02 24 18
Lyon (69) Salle Genton, 20h30, concert avec
Salangane. 1ère partie Phenomenom
Rens : 04 37 90 55 90
Chabeuil (26) 20h30,Centre Culturel,Spectacle
Folklorique "Là où commence le mystère" :
Danses,Chants,Musique du Dauphiné...
Rens : 04 75 59 20 34
Grenoble (38) SalleAmbroise Croizat,Fest Noz
animé par Kraon Koko, Torkad, Duo Simone
Alvares / Katell Kloareg
Rens : 04 37 90 55 90
Dimanche 23
Lyon 1er (69) La Fourmi Rouge,Assauts de
chants.
Rens : 06 09 20 36 26 [email protected]
Le Puy en Velay (43) Centre Pierre Cardinal,bal
traditionnel
Rens : Patrice Sauret 04 71 02 24 18
Chabeuil (26) L15h00,Centre Culturel Spectacle Folklorique "Là où commence le mystère"
Danses,Chants,Musique du Dauphiné
Rens : 04 75 59 20 34
Mercredi 12
Mercredi 26
L y o n 1 e r ( 6 9 ) l’Atmosphère, 21h, bœuf
trad.
Rens : 06 09 20 36 26 /
[email protected]
Couzon au Mont d’Or (69) Le Bec à Sons,
"Embarquons nous" groupe vocal de chansons
traditionnelles.
Vendredi 14
G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Sakoum (bal
initiation) + Frères de Sac.
Rens : AREMDAT 04 76 96 55 88
[email protected]
S a l e s ( 7 4 ) 21h, salle des fêtes, bal avec La
Gigouillette
Rens : 04 50 64 02 99
B u i s - L e s - B a r o n n i e s ( 2 6 ) 20h30, Salle des
fêtes, Soirée 10°anniversaire de l’association Les Arts de la Scène au Soleil : Concert
Du lundi 24au vendredi 28
La Duchère (69)
groupe Salangane.
MJC. Résidence du
Vendredi 28
Annonay (07) 15h, Cour des Cordeliers, Bal
pour enfants animé par Les Zinzins.
Rens : 04 75 32 40 80
Lyon 1er (69) Arrêt public des Platanes,concert
avec Toad (trad saturé).
Grenoble (38) Café des Arts,concert avec Tzigane (musique du monde).
Rens : 04 76 54 65 31
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
Mai
Vendredi 26
G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Vachington.g.
Rens: AREMDAT 04 76 96 55 88
[email protected]
Samedi 27
S t e E u l a l i e ( 0 7 ) salle des fêtes, Rencontres
Musik Trad d’Ardèche, concert et bal avec
C. Oller, P.Boissière, Rural Café et invités…
Rens : 04 75 45 03 65
Dimanche 28
Lyon 1er (69) La Fourmi Rouge, Assauts de
chants.
Rens : 06 09 20 36 26
[email protected]
Dimanche 7
L a R o c h e t t e ( 7 3 ) de 17 à 22h, Centre
d'Animations : "La Milonga sous le Château", rendez-vous des danseurs de Tango
Argentin.
Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93
[email protected]
St Jean de Bournai (38) 20h, Mini bal. PAF
5 euros (8 avec le stage à 14h).
Rens : 06 12 26 82 60
charamelle.assoc.free.fr
Mercredi 10
L y o n 1 e r ( 6 9 ) l’Atmosphère, 21h, bœuf
trad.
Rens : 06 09 20 36 26
[email protected]
Jeudi 11
L y o n 1 e r ( 6 9 ) Bar Le Bistroy, La Cabana’son
Vendredi 12
G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Atelier 163.
contact : AREMDAT 04 76 96 55 88
[email protected]
S a l e s ( 7 4 ) 21h, salle des fêtes, bal avec La
Gigouillette
Rens : 04 50 64 02 99
S t F o n s ( 6 9 ) Hall fêtes, bal avec Christian
Oller et Roger Lassale et Rural Café
Samedi 13
S t B a r t h é l é m y d e B e a u r e p a i r e ( 3 8 ) Bal
Folk avec Cire tes Souliers
Rens : 04 74 20 53 43
Marchampt (69) dès 18h30, Musique Américaine en Beaujolais avec Crystal Rags
(cocktail de musiques acoustiques) et Tante
Agathe’s (newgrass).
M o n t S a x o n n e x ( 7 4 ) Bal avec J’attendsveille
Rens : 04 50 93 95 88
ou [email protected]
A n n o n a y ( 0 7 ) MJC, Bal Folk animé par
Rural Café
Rens : 04 75 32 40 80
M o n t é l i m a r ( 2 6 ) 15 h, concert de Lungo
Drom, chants tziganes
Rens : 04 75 92 22 62
V e r r i e r e e n F o r e z ( 4 2 ) Festival des Monts
de la Balle, avec La Cabana’son
samedi 3
R u m i l l y ( 7 4 ) 21h, salle des fêtes, Nuit du
Folk avec 3 groupes invités + La
Gigouillette. Soupe à l'oignon, café croissants, photo des survivants à l'aube...
Rens : 04 50 64 02 99
V o g u ë ( 0 7 ) 21h, salle Aristobulle, concert
création Musiques et Mémoire avec Rural
Café, rencontres autour de la musique, des
moulinages…
Rens : 04 75 45 03 65
L a c ô t e s t A n d r é ( 3 8 ) bistrot d’Ornacieux,
scènes ouvertes danse folk.
Rens : 04 74 20 53 43
Juin
Samedi 10
L y o n ( 6 9 ) 20h30, La casa Musicale, concert
avec Salangane.
Rens : 06 14 02 81 40
Mercredi 14
Lyon 1er (69) l’Atmosphère, 21h, bœuf trad
Rens : 06 09 20 36 26 [email protected]
Samedi 17
V i l l e f o n t a i n e ( 3 8 ) bal de musiques traditionnelles avec Aksac, les Costauds de la
Lune, et Bois Sec.
Rens : 04 74 43 52 61
Dimanche 18
Du 22 au 28
G r e n o b l e ( 3 8 ) stages Orféo Musiques du
Monde
Rens : 04 38 49 23 87
Du 24 au 29
L e s D e s e r t s ( 7 3 ) centre d’accueil L’Oryx,
stages d’expression orientale, symbolique
des fleurs… prix : 300 euros.
Rens : 04 79 70 67 27
Du 22 juin au 2 juillet
Jeudi 27
C h a t i l l o n s u r C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stages de
Tabla avec Pandit Shankar Ghosh
Rens : Anagath: 06 72 17 83 60
ou [email protected]
Mai
Dimanche 7
S t J e a n d e B o u r n a i ( 3 8 ) 14h, stage de
danses (basques, bretonnes, dauphinoises,
collectives, country) pour tout public. PAF
5, 8 avec le bal (20h)
Rens : 06 12 26 82 60
ou http://charamelle.assoc.free.fr
Samedi 6 et dimanche 7
C h a m b é r y ( 7 3 ) Tango Argentin
Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93
[email protected]
6, 7 et 8 mai
C h o n a s l ’ A m b a l l a n ( 3 8 ) La Note Bleue,
Stage de Sanza et de petites percussions.
Rens : 04 74 15 96 90 / 06 79 85 46 97
www.cooperation.net/jacques .mayoud
Vendredi 12
Lundi 5
S t A l b a n A u r i o l l e s ( 0 7 ) musée de la
Vignasse, bal folk en matinée avec Rural
Café (sous réserve).
L a c h a m p R a p h e l ( 0 7 ) 14h, ferme de Bourlatier, concert avec Rural Café avec les
enfants des écoles du plateau Ardéchois
(sous reserve)
C h a t i l l o n s u r C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Stages de
Tabla avec Pandit Shankar Ghosh
Rens : Anagath 06 72 17 83 60
ou [email protected]
Vizille (38)
festival D’ici Danse et d’Ailleurs
Spectacles, bals, initiation danse africaine,
hip hop, danse contemporaine, orientale…
Rens : Office de Tourisme Sud grenoblois
04 76 68 15 16 www.ot-vizille.com
Dimanche 4
D o m a n c y ( 7 4 ) La Tour Carrée : Bal avec
J’attendsveille.
Rens : 04 50 93 95 88
ou [email protected]
Dimanche 21
Dimanche 23
L a R e p a r a A u r i p l e s ( 2 6 ) Fête des Caprines.
Danse, expos, spectacles, interventions
musicales, randonnée…
L a R o c h e t t e ( 7 3 ) de 17 à 22h, Centre
d'Animations : "La Milonga sous le Château", rendez-vous des danseurs de Tango
Argentin.
Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93 - [email protected]
G r e n o b l e ( 3 8 ) 20h30, La Bobine, KAL en
concert (musique tsigane de serbie).
Rens : http://www.projetbob.com
S t E g r è v e ( 3 8 ) 20h30, Salle Robert Fiat,
Bal Inter folk avec Ensemaille, Rigaudon et
Tradition, La Pastourelle de la Vence.
C o u z o n a u M o n t d ’ O r ( 6 9 ) Salle des
Fêtes, grand bal folk avec Valsepareille,
Bois Sec ! et le Duo Lenormand-Brémeaud.
Ars (01) 20h30, Salle des fêtes. Soirée country avec Midway station. Démonstrations
de line-dances et initiation par les Funny
Boots. Entrée : 8 euros
Rens : AICAR au 04 74 00 01 70
S e y n o d ( 7 4 ) 20h30, Auditorium : Taxi
Mauve (Folk irlandais)
Rens : 04 50 520 520
http://www.auditoriumseynod.com
L a C h a p e l l e d e G u i n c h a y ( 7 1 ) Salle du
pressoir, 2ème festival de Harpe celtique
Rens : 06 87 50 09 17
Vendredi 2
Mercredi 21
Samedi 20
Samedi 1er et dimanche 2
Du 27 juin au 1er juillet
Jeudi 18
Vendredi 19
Du 14 au 25
Tullins (38)
Festival « Sur la route de Tullins… »
Concerts,expos, tables rondes, spectacles
enfants, tremplin chanson rock country,
cajun, blues, bluegrass…
Rens : 04 76 07 92 37
[email protected]
G r e n o b l e ( 3 8 ) 21h30 La Soupe aux Choux,
Trio Grazzia Giu(Jazz intimiste).
G r e n o b l e ( 3 8 ) AREMDAT, Les Patates
Sound System.
Rens : AREMDAT 04 76 96 55 88
[email protected]
Avril
Juin
L a c ô t e s t A n d r é ( 3 8 ) bistrot d’Ornacieux,
scènes ouvertes danse folk.
Rens : 04 74 20 53 43
Mercredi 17
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 18
Mercredi 24
C o u z o n a u M o n t d ’ O r ( 6 9 ) Le bec à Sons,
Folka Orange
festivals
Romans (26) 10h-18h, MJC Robert Martin,
Stage d’accordéon diatonique. Cout : 30/36
euros, inscriptions avant le 8 avril
Rens : 04 76 36 42 20
stages
Avril
Samedi 1er
L e s S a u v a g e s ( 6 9 ) de 14h30 à à 18h30, au
Mille Club, Stages de danse de Vendée et
du Poitou.
Rens : 04 74 89 01 43
A n n o n a y ( 0 7 ) MJC, stage de danses du
Dauphiné et Bal Folk animés par la Cie
Recourdas
Rens: 04 75 32 40 80
Dimanche 2
C h a m b é r y ( 7 3 ) Tango Argentin
Rens. : Tangonéon 04 79 28 22 93
[email protected]
Vendredi 7
P e l u s s i n ( 4 2 ) 20h15 école maternelle,
Stage Bourrées.
Rens: 04 74 87 23 63
S t B e r n a r d ( 0 1 ) de 20h à 22h, Salle du
Mille Club, Stage de danse country niveau
débutant. Nombre de places limité.
PAF 10 euros.
Rens : 04 74 00 01 70
P e l u s s i n ( 4 2 ) 20h15 école maternelle
thème à confirmer.
Rens : 04 74 87 23 63
Samedi 13
C r e s t ( 2 6 ) 14 à 18h, Stage SquaresDanses
( Bal en soirée)
Rens : Sylvie 04 75 40 63 28
L y o n 9 è m e ( 6 9 ) 14h-18h, Espace culturel
rue Mouillard, stage de danse Russie
Ukraine, niveau facile. S’inscrire avant le 15
avril.
Rens : 04 78 94 15 63
Samedi 13 et Dimanche 14
M o n t l u e l ( 0 1 ) Stage de flute avec Pandit
Hariprasad Chaurasia
Rens : Anagath 06 72 17 83 60
ou [email protected]
V i l l e u r b a n n e ( 6 9 ) campus de la Doua,
salle de danse UFR STAPS, stage de danse
et expression africaine.
Rens : 04 78 48 66 79
Dimanche 14
L y o n 9 è m e ( 6 9 ) 9h-12h et 14h-17h30,
Espace culturel Rue Mouillard, stage de
danses des Balkans, niveau moyen ou diffcile. S’inscrire avant le 15 avril
Rens : 04 78 94 15 63
Lundi 15
ateliers
• V i l l e u r b a n n e ( 6 9 ) le lundi de 19h à 22h,
Ecole de Musique, ateliers du CMTRA
•Le Cheylard (07) le vendredi de 18 à 20h,
Ateliers danse.
Rens : 04 75 29 08 23
• O u l l i n s ( 6 9 ) La Fraternelle, Atelier
Danses du monde, le mardi de 20h à 21h
pour les débutants et de 20h30 à 22h pour
les expérimentés.
Rens : 04 18 51 90 00
Avril
Samedi 1er
Pélussin (42) Atelier danse mazurka, scottish, valses asymétriques, chant à danser
Rens : 04 74 87 42 57
Samedi 1er
Pélussin (42) Atelier danse mazurka, scottish, valses asymétriques, chant à danser
Rens : 04 74 87 42 57
1er et 2 avril
S t E t i e n n e ( 4 2 ) Gymnase, Danses de Roumanie, le samedi de 14h30 à 18 h30 et en
soirée, et le dimanche de 9h30 à 12h30.
Rens : 04 77 80 65 14
Lundi 3
R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de
l’Inde.
Rens : 04 75 02 00 13
Lundi 10
E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec
l'association Tradivarius, animés par J-L
Sacchettini
Rens : 04 75 48 11 28 / [email protected]
Lundi 10
R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de
l’Inde.
Rens : 04 75 02 00 13
Mai
R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de
l’Inde.
Rens : 04 75 02 00 13
Mercredi 17
G r e n o b l e ( 3 8 ) 10-12h et 14h30-17e La
Bobine,Ateliers de musique Serbe et Rom
Avec les musiciens du groupe Kal (Belgrade). Participation : 25 euros. A 19h,
apéro concert et bœuf trad des Balkans.
Rens : assoc' Torivaki 04 76 78 60 48
http://torivaki.free.fr
Vendredi 19
B o u r g e n B r e s s e ( 0 1 ) Maison de la vie
associative, Ateliers Irlandais avec Declan
Jones et Rory Delany, organisés par Vielle
Danse.
Rens : 04 74 30 62 89
Lundi 22
R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de
l’Inde.
Rens : 04 75 02 00 13
Lundi 29
E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec
l'association Tradivarius, animés par J-L
Sacchettini.
Rens : 04 75 48 11 28 / [email protected]
Lundi 29
R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de
l’Inde.
Rens : 04 75 02 00 13
Juin
Lundi 12
E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec
l'association Tradivarius, animés par J-L
Sacchettini.
Rens : 04 75 48 11 28
[email protected]
Lundi 12
R o m a n s ( 2 6 ) Atelier du rêve de Lune, ateliers de danse mime traditionnelle de
l’Inde.
Rens : 04 75 02 00 13
Lundi 26
Lundi 15
E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec
l'association Tradivarius, animés par J-L
Sacchettini
Rens : 04 75 48 11 28 / [email protected]
E u r r e ( 2 6 ) de 19 à 22h, ateliers trad avec
l'association Tradivarius, animés par J-L
Sacchettini.
Rens : 04 75 48 11 28
[email protected]
Conservatoire Hector Berlioz
Nuit du folk
en Nord Isère
Samedi 17 juin - 21h
Les Grands Ateliers
Villefontaine (38)
Akask
Les Costauds de la Lune
Bois Sec
+ dès 15h, stage de danse gratuit
+ dès 19h, apéro musical
Renseignements : 04 74 43 52 61
Vendredi 23
V i l l e f r a n c h e S u r S a ô n e ( 6 9 ) Concert et
bal avec « Lardons et p’tit salé ».
Samedi 24
L y o n 4 è m e ( 6 9 ) Croix Rousse : Bal de Quadrille brésilien, organisé par l’association
fête Junine 14.
Rens : [email protected]
A n n o n a y ( 0 7 ) hameau de Chatinais : Bal
Folk animé par Rue de la Soif.
Rens : 06 89 58 10 69
C h a t i l l o n s u r C h a l a r o n n e ( 0 1 ) Rural
Café avec le bal des Montagnes
Rens : 04 75 45 03 65
Mercredi 28
C o u z o n a u M o n t d ’ O r ( 6 9 ) Le Bec à Sons,
Duo Beltene.
Jeudi 29
A u b e n a s ( 0 7 ) Pub La Taverne du Dragon,
concert avec Toad (trad saturé).
Vendredi 30
L a V a l l a e n G i e r ( 4 2 ) Bal avec « Lardons
et p’tit salé », festival La Pampille.
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
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L61
28/06/06
12:12
[Point
de vue...
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ConseilSupérieurMusiquesActuelles
un présidium suprême, un hochet
ou une instance de réelle concertation ?
L’actualité de ces dernières semaines montre que les problématiques liées au régime spécifique de l’intermittence ou encore au financement et à la reconnaissance des « musiques actuelles »
occupent une place toujours aussi primordiale dans l’espace de réflexion des acteurs de la vie culturelle et artistique, tant au niveau régional qu’au niveau national.
Suivent dans cette page, trois participations subjectives* à ce débat, celui relatif à l’instauration du Conseil Supérieur des Musiques Actuelles signé par Pierre-Olivier Laulanné, celui de
Jean-François Vrod posant la question de la démocratie culturelle soulevée par la crise de l’intermittence et enfin, la contribution d’humeur d’Olivier Durif concernant le «FORUMA».**
*Ces contributions
restent sous la
responsabilité de
leurs signataires et
ne sauraient engager
la direction éditoriale
de la lettre du CMTRA.
Par un arrêté du 4 janvier 2006, il a été
institué auprès du ministre de la
culture, un Conseil Supérieur des
Musiques Actuelles. (CSMA)
Suit ensuite une liste des personnes et
structures représentées : 6 membres de
droit (représentant le Ministère de la
culture), 6 représentants des collectivités territoriales, et 18 représentants
d’organisations professionnelles,
proposés par leurs organisations et
nommés pour 3 ans. Ce conseil doit
faire des propositions dans le domaine
des politiques en faveur des musiques
actuelles.
Nous avons été nombreux à nous étonner
de cette annonce faite par le Ministre
au Foruma* à Nancy, en octobre 2005,
annonce censée répondre à notre
demande de pérennisation de la
Concertation Nationale Musiques
actuelles.
**sur le site
http://www.foruma.fr,
vous trouverez les
compte rendus des 19
ateliers, et toutes les
contributions ante et
acteurs, d’une façon souple avec pour
objectif de définir une méthode et un
plan pour une politique nationale et
territoriale des musiques actuelles.
Il était évident dans le champs des
Musiques actuelles, de la nécessaire
triangulation, Etat / Collectivités /
Acteurs pour mettre en place des
politiques publiques sur le secteur.
Comment en effet imaginer faire en
oubliant les acteurs ? On pourrait
même s’étonner que ce soit si innovant
d’associer les acteurs et les citoyens
aux politiques publiques qui les
concernent.
Il était aussi évident qu’une politique
publique cohérente sur le secteur, ne
pouvait également pas intervenir que
sur le secteur de la diffusion (réforme
du financement des SMAC) mais sur
l’ensemble de la chaîne, de la pratique
amateur, en passant par la formation,
la professionnalisation, le concert, la
médiatisation ou le disque....
Signalons à ce stade, le travail du
GEMAP, une plate forme de discussion et de travail que nous avons mise
en place à partir des BIS de Nantes en
2004, et qui a permis en même temps
d’harmoniser et de faire évoluer
ensemble les acteurs et de dynamiser
la Concertation nationale avec des propositions étayées et construites.
post Foruma, des ressources, et plein
d’autres dessins
comme ceux ci, ...
bref une mine !
Cette concertation réunissait, depuis
18 mois, des représentants du MCC,
des Collectivités territoriales et les
Bref, notre objectif actuellement est de
garder autant que possible, le fonctionnement souple qui prévalait au sein
de la Concertation. Pour cela, le
GEMAP, qui devra étendre la concertation aux autres acteurs du collège
professionnel du CSMA, a proposé
lors de la première réunion, un
règlement intérieur et un texte fondateur
Politique de la
Musique en France :
Pour un autre
partage !
(voir sur www.famdt.com) qui ont été
adoptés dans leur principe.
Le CSMA a devant lui 2 enjeux : le
premier est de réussir la transposition
de la méthode de concertation et de coélaboration des politiques publiques
concernant les musiques actuelles, en
région. Le second est d’obtenir les
moyens minimum pour assurer une
coordination à minima des travaux du
CSMA et des différentes commissions.
Cette coordination passe par des
moyens de communication souples et
interactifs qui permettent des
contributions publiques des uns et des
autres à l’instar de ce que nous avons
fait fonctionner pour le FORUMA.
Pierre-Olivier Laulanné
Directeur de la FAMDT
illustrations : Rémi MALIN GRËY
« Dix pour cent du budget de la
Musique en France sont
aujourd’hui consacrés au
développement des musiques
actuelles » s’est écrié
victorieusement à Nancy cet
automne un des participants du
Foruma, résumant, à juste titre de ce
fait, prés de dix années d’effort de
l’Interfédération et des acteurs des
musiques actuelles, sollicitant dès
1997 la Ministre de l’époque
Catherine Trautmann pour qu’un
plan de financement du secteur soit
mis en route.
Aujourd’hui les musiques actuelles
représentant, autant qu’on puisse le
savoir, probablement quatre vingt
pour cent des pratiques musicales en
France, on est en droit de se poser la
question suivante, toute simple :
A quoi et à qui sont consacrés les
quatre vingt dix autres pour cent des
budgets musicaux ?
Il faut le dire sans haine mais
également sans détours : A la
pérennisation du seul genre musical
de la musique académique, que la
République continue d’entretenir,
sans aucune transparence, comme
une religion officielle, avec ses lieux
de cultes, les écoles dédiées à son
enseignement, ses festivals et lieux
de réjouissances sur-financés par
l’impôt du contribuable.
Cet ordre symbolique, largement
soutenu par le poids des institutions
et des corporations professorales et
artistiques qui en vivent mais
également par le laxisme suranné de
la sphère politique à son sujet, n’est
pas juste. Et il n’est pas seulement
injuste pour les autres genres
musicaux qui continuent à danser
devant le buffet… Il l’est également
par la sur-représentation d’un art
incapable, et pour cause
(c’est pas son problème !),
d’affronter un univers sonore
contemporain dont pourtant toute
musique devrait être le principal
cadre d’expression.
La simple démocratie mérite que
tout un chacun ait droit au choix de
l’universalité de la musique
aujourd’hui sans être obligé de se
frayer un passage (quand il y
parvient) au travers d’une institution
qui continue principalement à
professer “ les musiques du
répertoire” et les techniques qui leur
sont liées, en une société hors du
temps.
Et si l’on peut convenir que, dans la
mosaïque sonore des musiques
qu’elles rassemblent, les musiques
actuelles ne sont pas un concept
artistique aujourd’hui, elles sont
avant tout un espace de démocratie
musicale, nécessaire pour sortir la
musique en France du cadre
antédiluvien dans lequel on continue
de l’entretenir et qui formate de façon
massive et durable tous les accès du
public et des praticiens à la Musique.
Olivier Durif
Musicien, Directeur du CMTL,
Président de la FAMDT
Crisedel’intermittence,crisedeladémocratie
Président du Collectif des
Professionnels en Musiques et
Danses Traditionnelles, JeanFrançois Vrod nous présente
cette organisation, évoque les
problématiques du secteur et
pointe l’urgence de débattre
autour de la notion de culture
dans notre pays.
CMTRA : Le CPMDT a été créé
suite aux événements de 2003 qui
ont gravement secoué le milieu de
la culture. Quelle idée a précédé
la création de ce collectif ?
J.F.V. : Pour la première fois à ma
connaissance, à l’occasion des actions à
propos de l’intermittence du spectacle,
des musiciens professionnels du
secteur des musiques traditionnelles se
sont réunis à une même table pour
réfléchir à des actions communes et
ceci, en dehors des questions artistiques, historiques ou géographiques
qui avaient plutôt contribué à les
éloigner qu’à les rapprocher jusqu’à
présent. Nous avons constaté que nous
avions beaucoup de choses à nous
raconter, au-delà des seules questions
relatives au statut. L’été fini, nous
avons continué à échanger et à réfléchir à travers ce collectif.
Quels acteurs ce collectif fédère-til ? Autour de quel projet ?
Suite à notre rencontre nationale de
2004, un manifeste a été rédigé puis
signé par 70 personnes (musiciens,
structures, associations, diffuseurs ou
journalistes). Ce document dresse un
état des lieux critique du secteur des
musiques et danses traditionnelles et
à travers cela, de la place qu’y
occupent les artistes professionnels.
Le CPMDT réfléchit sur la spécificité
et les fondamentaux de nos pratiques
artistiques ainsi que sur les formes de
diffusion de ce travail. Ainsi, pour
2006, le collectif a programmé des
réunions thématiques autour de
plusieurs sujets : repérage des lieux de
diffusion, rédaction d’une charte du
diffuseur, partenariat, aide au projet,
formation professionnelle, production.
La rencontre 2006 abordera le rapport
musique-danse ainsi que les relations
entre musiques du monde et musiques
traditionnelles françaises.
Musiques traditionnelles en Rhône-Alpes - CMTRA
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les problématiques des
carrières d’artiste, de la professionnalisation et de l’aide à la
création dans notre secteur ?
L’idée qu’il y ait des musiciens
professionnels dans les musiques
traditionnelles ne va pas de soi pour
tout le monde ! C’est d’ailleurs une
raison qui a contribué à l’émergence
du collectif. Sans en re-débattre ici,
l’histoire a parlé : que seraient aujourd’hui les musiques traditionnelles sans
le travail du secteur professionnel en
étroite relation avec celui de la
pratique amateur ?
Par ailleurs, personne ne peut dire
aujourd’hui ce qui restera du paysage
culturel de ce pays ne serait-ce que
dans les 5 ans à venir. Les mutations
sont bien plus rapides que tout ce que
l’on avait pu imaginer. Chacun d’entre
nous a acheté une petite pelle et creuse
sa tranchée aussi vaste et confortable
que possible ! Nous pensons l’avenir
plutôt en termes de survie qu’en
termes de développement.
Mais s’il faut parler de création, nous
sommes prêts, alors parlons-en. Il
suffit pour cela de poser quelques
questions simples : Où va l’argent
Numéro soixante et un [Printemps 2006]
page 20
public ? Qui est aidé ? Dans quelles
proportions ? Pourquoi ? Le pouvoir
politique a répondu à ces questions,
mais comme nos petits camarades,
nous allons poursuivre la lutte pour
pouvoir continuer à exercer nos
métiers dans les meilleures conditions
de création et de diffusion.
Qu’est-ce qui vous semble aujourd’hui le plus urgent à défendre ?
Le laxisme avec lequel l’Etat traite
depuis 3 ans la question de l’intermittence confirme la nécessité de redonner
sens au mot culture dans le débat
public. Peut-on cesser de parler du
coût de la culture pour évoquer aussi
ce qu’elle (r-)apporte ? Depuis
longtemps, elle génère du lien social,
de l’activité économique, des représentations du monde contemporain,
des repères identitaires... Peut-on
décemment accepter comme seuls
projets culturels diffusés, ceux de la
culture commerciale ? C’est bien
l’absence totale de projet politique
pour la culture qui pose question.
Alors soit la gravité de la situation
arrive à déclencher un réel débat
auquel s’associent tous les maillons de
la chaîne, soit...
Dans ce travail, nous pouvons apporter
notre réflexion sur les questions qui
agitent le monde contemporain :
quelles relations existent entre un
individu, son espace de vie, son
histoire, sa culture et le reste du monde ?
Comment font-elles sens dans le
développement de chacun et dans sa
compréhension du monde ? Et cela,
nous pouvons le faire sans exclusion,
ostracisme ou dérive folklorisante
identitaire, notre pratique artistique
nous ayant conduit depuis bien
longtemps, à comprendre l’impasse de
telles postures.
On peut aussi s’interroger sur les
modes opératoires les plus efficaces
pour être entendu. Sur la gestion de la
crise de l’intermittence, aux solutions
proposées nous a répondu un grand
silence. Il ne s’agit plus seulement de
proposer, il faut savoir maintenant
comment se faire entendre. C’est la
question du fonctionnement de notre
démocratie qui est posée, ni plus, ni
moins.
J.S. E. d’après les propos recueillis
auprès de Jean-François VROD
Site internet :
cpmdt.free.fr