dU beAU, dU CoSTAUd
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dU beAU, dU CoSTAUd
Hors route Liberté Les grands espaces marocains ont l’avantage d’offrir une véritable impression de liberté à nous autres trialistes. Freeride au Maroc du beau, du costaud ! Conjuguer la rando trial, le dépaysement et la découverte du Maroc côté montagne, voici ce que propose Atlas Trial Adventure et son boss Rodolphe Sabatier. Un programme tellement alléchant qu’il nous fallait le tester sur le terrain. Le résultat a dépassé nos espérances. Seul regret, avoir eu à rentrer... Par Richard Angot. 40 enduro magazine enduro magazine 41 Hors route La majesté des paysages est impressionnante, tout comme l es dénivelés. Par endroits, pas question de tomber côté pente... T ous les plans lointains commencent de la même pénible façon, par la case aéroport. Rendez-vous donc à Orly à 5 heures du mat’. Avec les deux heures de route qui séparent la maison du terminal, la nuit est courte. Pas de quoi se plaindre pour autant, le jeu en vaut la chandelle : trois jours de trial dans le Haut Atlas marocain, ça vaut largement le sacrifice d’un sommeil écourté. D’autant que je sais pertinemment que ça risque d’être très bon. Sur place, c’est Rodolphe qui nous attend. Une vieille connaissance, le Rodo, qui traîne sa longiligne carcasse et son sourire de beau gosse sur les chemins du monde entier depuis un certain temps pour nos confrères de chez Moto Verte. Lassé de la vie parisienne, le gaillard, amoureux de l’Afrique, s’est mis en tête de développer une structure d’accueil trial au départ de Marrakech, où il réside depuis deux ans. Depuis le temps qu’on parlait ensemble de tester sa rando « Toukbal Tour », nous sommes excités à l’idée d’enfin concrétiser le projet. Retour à l’aéroport, où tout le monde a le bon goût d’être à l’heure. La petite troupe se compose de Charles et Philippe, les boss du magazine que vous tenez entre les mains, secondés par Rico et Mickaël, qui font également partie de l’équipe et Jean-Luc, un ami de Philippe passionné de trial lui aussi, même s’il n’a pas pratiqué depuis Sentier Peu de pistes sur la parcours, mais une foultitude de petits sentiers muletiers utiles pour ramener les moissons des champs. L’accueil des enfants est top niveau ! Verticale Une vue de la vallée Imenane où nous allons vite plonger. Cette région est connue des treckers pour la beauté de ses itinéraires. longtemps. Après un sommeil réparateur pour le gros de la troupe dans l’avion, nous voici enfin à l’aéroport Menara de Marrakech. Rodo et son assistant Essadek ne tardent pas à nous repérer, et l’aventure est sur les rails. On bourre les sacs dans deux 4X4 et c’est parti pour « la ferme », le point de départ habituel des balades de Rodo. « C’est pratique de partir de làbas, on n’est qu’à 35 kilomètres de Marrakech, c’est vite fait, et c’est en quelque sorte au pied des pistes. » nous explique le chef, tout en tapant la discute en arabe à un flic planté au milieu de la route du côté de Tahannaout. Rapidement, la plaine et la civilisation s’effacent au profit d’un paysage vertical. On quitte la route pour accéder à la ferme via un oued, comprenez une rivière. D’où l’intérêt du 4 X 4. « Là, ils viennent de mettre un coup de bull. Ils ont fait une autoroute ! La semaine dernière, je suis resté planté ici ! » Après deux kilomètres dans l’eau, la ferme est en vue, les Montesa alignées devant comme à la parade. Tout autour, la montagne. Brut, pentue. Ça commence à sentir bon ! C’est quand la pause ? Rodo montre du doigt : « On va partir par là-bas et suivre toute la ligne des crêtes pour l’instant. » Juste le temps d’enfiler l’habit de lumière, remplir les camel-backs et manger une crêpe marocaine, et enduro magazine 43 Hors route on est parti. Le côté hostile de la nature commence à en effrayer certains. Les Montes’ craquent de suite, gaz. D’entrée, ça monte par un petit sentier bien pentu au milieu d’un champ de blé. Le rythme est soutenu, et nous avons tôt fait de rejoindre les crêtes. Plus de chemin, nous voici déjà en hors-piste total. Le bonheur. Ça sautille de partout, sous le regard blasé des troupeaux de chèvres. La première pause, en haut de la montagne, nous permet de distinguer d’un côté Marrakech au loin, perdu dans la brume, de l’autre les antennes de l’Oukaïmedem, la station de ski la plus réputée du Maroc, avec le Toukbal, plus haut sommet d’Afrique du Nord (4 167 mètres !), en toile de fond. De montées en descentes, la troupe commence à prendre le rythme, même si certains en bavent déjà sévèrement. Encore une fois, nous sommes en montagne et il faut un peu de niveau pour ne pas souffrir physiquement, car les sentiers sont techniques et ne permettent pas la flânerie... Rodo fait le point avec son GPS. Résultat des courses, on n’a pas fait quinze kilomètres que les organismes réclament déjà leur quota l’eau. En tant que fermeur officiel du groupe, j’ai déjà eu le droit à quelques figures d’anthologie. Rico, notamment, est déjà bien sec. A sa décharge, on lui avait vendu l’aventure comme « une gentille balade ». Sûr qu’on est loin du compte... Quelques traîtres dévers plus loin, dont un sévère qui va coûter un peu d’énergie à Jean-Luc pour remonter, nous rejoignons enfin une piste bienvenue pour tout le monde. Au loin, l’orage gronde. Pas de bol, c’est là qu’on devait aller. « Mauvaise limonade », comme dirait le guide. En attendant que les quelques gouttes de pluies passent, on fait un arrêt dans un troquet à Tadmant. Rodo décide de changer quelque peu l’itinéraire pour éviter le grain, direction la vallée des Imenane où nous avons rencard pour déjeuner dans une auberge familiale bien typique. Sa parfaite connaissance du coin nous entraîne bientôt sur une petite route, puis nous bifurquons sur un superbe sentier technique, avec pour les plus téméraires une belle petite ravine à sauter. Soucieux de garder ses motos en état, Rodo incite la troupe à prendre la déviation. Certainement une sage décision compte tenu de la fatigue du groupe. Un tajine et ça repart Attention toutefois à ne pas les sous-estimer. La simple vue des énormes salades composées et des tajines suffit à redonner du baume au cœur à une équipe qu’on croyait en déroute cinq minutes plus tôt ! L’excellent repas remet ainsi tout le monde sur les rails, malgré un temps encore menaçant. Nous repartons de l’auberge pour descendre la vallée des Imenane par les sentiers muletiers. Au menu, du dévers, de la pente, des cailloux et une flopée de villages à traverser. A chaque fois, l’accueil est triomphal. Les Marocains sont ravis de voir ces fous en motos chez eux, sans compter les enfants qui nous suivent sur des centaines de mètres. Le tout sans jamais rencontrer une once d’hostilité à notre égard, voilà qui change de la France ! « Tu sais, ici, ils ne voient jamais personne, à part quelques treckers. On est hors des circuits touristiques. Quand ils nous voient arriver en moto, ils sont emballés ! C’est le Paris-Dakar qui passent chez eux... » m’explique Rodo, qui n’hésite jamais à s’arrêter discuter (en arabe) avec les villageois. La majesté des paysages est impressionnante, tout comme les dénivelés. Par endroits, pas question de tomber côté pente... Un village plus technique à traverser que les autres achève quasi définitivement une partie de l’équipe, qui commence à maudire le guide ! « Ici, c’est trialiste confirmé obligatoire ! Je revendique la difficulté des parcours. » C’est dit, nos gars vont bien être obligés de 44 enduro magazine « Ici, c’est trialiste confirmé obligatoire ! Je revendique la difficulté des parcours.» Rodolphe, guide trial, pas balade... enduro magazine 45 Hors route Les « anciens » étant fatigués, nous les déposons à l’hôtel avant de partir en freeride dans un décor de western digne du Colorado. suivre, sous peine de passer la nuit dans la montagne. Heureusement, on n’est pas loin d’en voir le bout. On suit la « séguia », ce canal d’irrigation à ciel ouvert qui sert à l’alimentation en eau des villages. C’est l’heure du « hittisme », où jeunes et moins jeunes s’adossent aux murs pour s’imprégner de leurs savoirs... Une pratique visiblement répandue étant donné le nombre de « muristes » au mètre carré. La lumière décline fortement. Bonne pâte tout de même, Rodo rejoint une piste, dernière étape avant la route qui mène au col de Tamatert, à 2 279 mètres d’altitude. On avale rapidement cette dernière partie. L’heure n’est plus au tourisme, mais au repos ! Authentique nuit marocaine Nous rejoignons le village de Tamatert, où l’on va passer la nuit. L’arrivée est une vraie expérience pour tous nos sens. Rodo me prévient : « Tu vas voir, l’entrée du gîte ne paye pas de mine, mais à l’intérieur c’est top ! » Effectivement, la troupe fourbue paraît inquiète, à marcher à l’aveugle dans les étroites rues en terre battue. On ne voit pas l’ombre de ce qui pourrait ressembler à de l’hôtellerie dans le coin. Pourtant, nos sacs nous attendent déjà derrière une lourde porte en bois sculpté. Nous voici au Douar Samra, un petit paradis découvert par Rodo. Chambres au mur en pisé meublées avec goût, dont une cabane dans un arbre, nombreuses terrasses, salle à manger tout en tapis et coussins Villages Même la traversée des villages n’est pas forcément aisée ! Ce n’est pas mieux dans les cols : la preuve avec cet échec d’un membre du team TM. Mais après l’effort vient toujours le réconfort ! juste éclairée de chandelles... Un rêve éveillé, tout en authenticité. Le boss est bien content de son petit effet de surprise. Après avoir quitté la tenue de chevalier, les réjouissances continuent. « Dépêchez-vous, on vous attend dans le hammam ! » Personne ne se fait prier pour aller suer. Un pur moment de détente, avant de passer à table. La magnifique salle à manger, désertée par les autres clients, nous tend les bras pour un repas à la hauteur du standing de l’établissement. « La qualité de l’hébergement est aussi importante pour moi que la beauté du parcours. » m’explique Rodo. « Je veux que ceux qui viennent ici voient du beau, de l’authentique, qu’ils dorment bien dans de bons lits. Ça fait partie de l’aventure ! » Pari complètement gagné sur ce coup-là. Autant dire que pour ce qui est de bien dormir, il n’y a pas eu de soucis... Cette bonne nuit de sommeil a fait grand bien à l’équipe, même si les courbatures sont présentes. Après la copieux petit déjeuner, nous escortons nos sacs portés à dos de mule jusqu’aux machines. Deux kilomètres de route jusqu’à Imlil, le « Chamonix marocain » d’où partent de nombreux trecks dans la montagne, et nous voici au pied de l’ascension la plus costaude du périple, le Tizi n’Oudit et ses 2 028 m d’altitude. Si certains ont pu croire qu’hier c’était dur, les voilà rassurés. En fait, c’était pas si compliqué... Là, on fait dans le brutal. En plus, c’est long ! Autant vous dire que personne n’est sorti à zéro, tout le monde a un peu galéré un moment ou à un autre. Hors route Mais quel bonheur de trouver la trace la plus propre en freeride complet dans la montagne, le tout sous le regard amusé des chèvres. Du bonheur. Une fois en haut du col, on improvise une pause pour faire souffler les corps meurtris. Rodo, en bon saint Bernard, distribue des barres chocolatées vite gobées. Lui seul sait à ce moment-là que la descente est tout aussi pentue et caillouteuse que la montée, le fourbe ! Les pierres roulantes et autres marches n’aident pas à faire grimper la moyenne, mais finalement tout le monde arrive en bas sans bobos. L’orage quotidien menace au loin. Comme hier, on l’esquive en buvant un soda au bar du village, avant de traverser l’oued Azzaden et de poursuivre par un sentier muletier à flanc de montagne. La prudence est de rigueur, parce que toute chute à cet endroit peut s’avérer, comment dire, définitive ? Quand Rodo ouvre la voie après le passage à gué de la rivière, par un minuscule sentier qui monte droit dans la montagne, l’incrédulité se lit sur les visages. « C’est par là ? » Oui, c’est bien ça ! Heureusement, le chemin est ensuite plus clément, et nous débouchons rapidement sur une piste, direction le repas de midi. L’auberge prévue étant fermée pour cause de travaux, l’assistant de Rodo a fait ce qu’il faut : il a réussi à trouver dans un village voisin de quoi improviser un fabuleux déjeuner de salades composées, le tout dans un panorama grandiose. Même l’huile d’olive est pressée ici. La pause gastronomique terminée, nous traçons par les pistes direction Ouirgane, notre étape du soir. Les « anciens » étant fatigués, nous les déposons à l’hôtel avant de partir en freeride juste en face, dans un décor de western digne du Colorado. Rien qu’ici, les possibilités sont infinies. Et personne pour nous Atlas Trial Adventure, mode d’emploi Seule structure d’accueil 100 % trial en Afrique lancée en 2010, Atlas Trial propose des séjours résolument sportifs. Rodolphe insiste sur le fait qu’il faut être pratiquant trial ou bon franchisseur enduro pour venir. Accueil L’accueil marocain n’est pas une légende. Gentilesse, authenticité, intérêt... Le tout dans l’enthousiasme et la bonne humeur. Merci aux habitants de ce fabuleux pays. Si sa connaissance du terrain lui permet d’emprunter des pistes si besoin, les parcours sont composés à 80 % de sentiers bien techniques, soit entre 50 et 90 km par jour selon le niveau des groupes, volontairement limités à sept personnes. Et si vous voulez du très costaud, c’est possible aussi... Ne pas oublier qu’on est en montagne ! Les séjours sont à la carte, entre trois et six jours. Tout est inclus : empêcher de rider en liberté... Une bonne heure de défoulement plus tard, retour à l’hôtel. Le debriefing pendant le dîner se fait dans le calme. La fatigue est bien tombée sur le groupe. Demain, dernier jour du périple. Rodo a promis de faire soft. Nous partons donc plus ou moins frais pour rejoindre la ferme de notre point de départ. Seul Rico a déclaré forfait, usé par les chemins et finit par une indigestion de tajine aux olives... Variété de terrains infinie Après une nouvelle traversée du Colorado, on arrive rapidement dans de nouveaux sentiers muletiers. La couleur passe du rouge au gris, avant de tourner au vert à l’approche des champs de blé en herbe que des femmes travaillent le dos courbé. Plus loin, une gigantesque draille nous fait attraper une bonne suée, avant d’arriver dans de majestueuses roubines grises. La variété du terrain ne cesse d’étonner. Du coup, on ne voit pas le temps passer. La pause déjeuner, une nouvelle fois de haute tenue gastronomique, vite expédiée, voici le moment venu de rejoindre l’arrivée. Toujours entre roubines grises, champs de blés en dévers et descentes vertigineuses, dont une avec quelques belles marches. Autant dire que c’est avec un certain soulagement qu’on arrive enfin à la ferme, point de départ et d’arrivée du « Toukbal Tour ». Moins d’une heure plus tard, nous voici en terrasse à Marrakech. Un dernier dîner en ville chez « Tonton Soulier », créateur de Challenge 75 et pape du trial parisien des années 70, nous permet de fermer la parenthèse enchantée dans la franche rigolade. Dans l’avion du retour, entre deux baillements, la seule question c’est « quand est-ce qu’on revient ? »... hébergements de qualité, essence, boissons, « même l’alcool » insiste Rodolphe. Zéro extra, pas besoin de s’encombrer d’un portefeuille ! Seuls les billets d’avion et l’assurance rapatriement sont à la charge des clients. Les machines sont des Montesa en parfait état, deux 315 2 T et quatre 4 RT 4T, équipées de selles randos et de réservoirs additionnels à l’avant. Tarifs : 3J/4 nuits 1 290 euros ; 4J/5nuits 1 490 euros ; 5J/6nuits 1 690 euros, 6J/7 nuits 1 790 euros. Les sessions se déroulent à la carte en octobre/novembre, puis au printemps en avril/mai. Restent quelques places pour cet automne, mais il va falloir faire vite ! Pour tout savoir, rendez-vous sur le site : www.atlastrial.com