PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS Une technique
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PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS Une technique
Sols&Structures LE MAGAZINE DU GROUPE FREYSSINET FOCUS GNL : UNE PRÉCONTRAINTE CRYOGÉNIQUE HIGH-TECH DÉRIVÉE DU NUCLÉAIRE RÉALISATIONS PONT DE KANNE (BELGIQUE) : UNE PREMIÈRE POUR LE COHESTRAND N° 222 Second semestre 2005 HISTOIRE 1930-2005 : L’ASCENSION DU LEVAGE PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS Une technique à longue portée P A N O R A M A SOMMAIRE Barres et câbles de précontrainte sur la voie PANORAMA L’ACTIVITÉ ET LA VIE DU GROUPE EN BREF DANS LE MONDE 2 GRAND ANGLE SUNGAI PRAI, PRÊT POUR LE SERVICE 6 FOCUS GNL : UNE PRÉCONTRAINTE CRYOGÉNIQUE HIGH-TECH DÉRIVÉE DU NUCLÉAIRE 8 DOSSIER PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS Une technique à longue portée 10 Belgique. Le réseau ferroviaire à grande vitesse belge s’étend et vient de s’équiper de quatre viaducs franchissant plusieurs vallées encaissées sur la ligne reliant Liège à la frontière allemande. De décembre 2004 à mai 2005, Freyssinet Belgium a apporté sa contribution à la construction de ces ouvrages en fournissant et en mettant en œuvre 650 barres de précontrainte de liaison entre béquilles et poutres et 1 200 t de câbles (13C15, 19C15) dans les béquilles, les poutres et les dalles sous ballast. RÉALISATIONS PONT DE KANNE (BELGIQUE) 16 CONTOURNEMENT DE MBABANE (SWAZILAND) 18 PLATE-FORME DE MONDRAGON (FRANCE) 19 TOURS MIRAGE (MEXIQUE) 19 ENCEINTES DE CONFINEMENT NUCLÉAIRES (INDE, CHINE, FINLANDE) 20 PLATE-FORME DE CALARASI (ROUMANIE) 21 PLATE-FORME DE KWANG YANG (CORÉE DU SUD) 22 VIADUC DE LA SIOULE (FRANCE) 23 PONT-RAIL DE SAINT-CHÉRON (FRANCE) 24 PONT DE KONIN (POLOGNE) 25 PONT DE GAEGOK (CORÉE DU SUD) 25 PONT DE BAI CHAY (VIETNAM) 26 MÉTIER OPÉRATEUR CMC : UN CONTRÔLE DE TOUS LES INSTANTS 27 ENTREPRISE UNE OFFRE COMPLÈTE EN CORÉE DU SUD 28 HISTOIRE 1930-2005 L’ASCENSION DU LEVAGE 30 2 Sols & Structures Second semestre 2005 Savoir-faire à la tribune Écailles nature au zoo Turquie. Les 31 mai et 1er juin derniers, sous la présidence respective du professeur Erhan Karaesman et d’Emre Aykar, le directeur général de Yapi Merkesi, Freyssinet International et Cie et Freysas, la filiale turque du Groupe, ont organisé à Ankara et Istanbul deux conférences sur la conception des ponts de grande portée et les méthodes de construction associées. Au total, près de 200 personnes ont suivi à cette occasion les présentations de Michel Virlogeux, de Benoît Lecinq et de Jérôme Stubler. Espagne. Les architectes du nouveau zoo de Valence ont retenu la Terre armée pour les ouvrages délimitant les différentes zones du parc. Tierra Armada (Freyssinet) réalise donc actuellement 13 600 m2 de murs de séparation, sur lesquels seront fixés des panneaux imitant la pierre et ornés de motifs inspirés de la jungle. PANORAMA Succès pour les CMC Troisième ouvrage en voûtes TechSpan Émirats arabes unis. À 150 km à l’ouest de Doha sur la route Umm Bab-Salwa, Reinforced Earth réalise le troisième chantier de voûtes préfabriquées TechSpan du Qatar, un ouvrage mettant en œuvre 8 éléments de 13 m d’ouverture et de 34 m de long. À chaque débouché, les murs tympans recevront un parement Freyssisol. États-Unis. En proposant sa solution de traitement de sol par colonnes à module contrôlé (CMC), DGI-Menard (Freyssinet) a remporté puis exécuté au cours de l’été les travaux préalables à la construction d’une station service à Monongahela, en Pennsylvanie. Au lendemain de ce chantier où 135 CMC ont été réalisées, l’entreprise décrochait un nouveau contrat du même type dans la région de Washington. Intégration paysagère Précontrainte extérieure Espagne. Dans l’île de Tenerife, aux Canaries, deux murs de soutènement en terrasses de 5 580 m2 et de 1 312 m2 conçus par Tierra Armada (Freyssinet) ont été édifiés à l’occasion de l’élargissement de la route côtière Tf-142 entre El Guincho et Icod. Pour ces deux ouvrages, les écailles de parement ont fait l’objet d’un soin architectural particulier, afin d’assurer une parfaite intégration dans l’environnement. Russie. À Kolomna, près de Moscou, Freyssinet fournit et met en œuvre depuis le début du mois de juin la précontrainte extérieure de la toiture métallique d’une nouvelle patinoire. En forme de selle de cheval, cette dernière est longue de 250 m et large de 150 m. 3600 tonnes de précontrainte Émirats arabes unis. Freyssinet Gulf vient d’obtenir le contrat de fourniture et d’installation pour la précontrainte (3 600 t) du pont Ras Al Khor. Reliant la partie continentale de Dubaï à une péninsule de 11 km de long dont elle est séparée par un bras de mer, l’ouvrage comporte deux tabliers offrant six nouvelles voies de circulation et se compose de 8 travées de 60 m de portée. Fourniture et assistance Maroc. Sur le nouvel axe autoroutier Casablanca – El-Jadida, Freyssinet apporte depuis février 2005 son assistance technique à l’entreprise marocaine SGTM, qui construit le pont sur l’Oum er-Rebia. Comportant deux tabliers parallèles de 500 m de long constitués de voussoirs coulés en place, cet ouvrage construit en encorbellement supportera deux fois deux voies de circulation. Freyssinet supervise les travaux de construction et a fourni deux paires d’équipages mobiles ainsi que la précontrainte et les équipements d’ouvrage. Second semestre 2005 Sols & Structures 3 P A N O R A M A Terre armée sur le périphérique romain Italie. Après en avoir assuré les études, Terra Armata (Freyssinet) fournit les matériaux de plusieurs murs de soutènement en Terre armée pour le nouveau périphérique de Rome. Mesurant jusqu’à 14 m de haut et 350 m de long, ces ouvrages en Terre armée font appel à deux types de parements : les écailles cruciformes classiques et le treillis soudé TerraTrel. Des portées de 50 m Précontrainte pour quatre réservoirs de gaz Iran. Plus vaste que le département du Val-d’Oise avec plus de 1 300 km2, le champ de South Pars, dans le golfe Persique, est l’un des plus importants gisements de gaz naturel au monde, et le développement de son exploitation nécessite l’aménagement régulier d’installations terrestres. Quatre réservoirs sont actuellement en cours d’achèvement : deux de 55 000 m3 destinés au stockage du propane et deux de 45 000 m3 pour le butane. Sur ces quatre ouvrages, la totalité de la précontrainte (900 t) et plus de 1 100 ancrages ont été fournis et mis en œuvre par Freyssinet. Corée du Sud. Équipé d’un cintre autolanceur de type MSS (movable scaffolding system), Freyssinet Korea construit les deux tabliers parallèles des ponts autoroutiers Hwaebuk 1 (520 x 12,15 m) et Hwaebuk 2 (300 x 12,15 m) entre les localités de Chungwon-gun et Chungcheongbuk-do, dans l’est du pays. Grâce à cet appareillage de 60 m de long et d’un poids de 200 t, 35 jours seulement suffisent pour réaliser les travées précontraintes d’une portée de 50 m. Haute liaison Symposium de la fib 2005 Hongrie. Freyssinet et Pannon Freyssinet, la filiale hongroise du Groupe, ont participé ensemble au symposium de la fib (Fédération internationale du béton), qui était organisé du 23 au 25 mai dernier à Budapest sur le thème « Keep concrete attractive » (« Comment valoriser le béton »). Présentant sur son stand ses dernières réalisations dans le monde et notamment en Europe orientale, le Groupe a aussi pris part au congrès avec un exposé remarqué de Benoît Lecinq sur le pont suspendu de Kanne, en Belgique, et l’utilisation du toron Cohestrand. 4 Sols & Structures Second semestre 2005 Mexique. À proximité de Texcapa, sur l’autoroute Mexico-Tuxpán, vient de s’achever la construction d’un pont de 365 m de long dont le tablier culmine à plus de 100 m de hauteur. Présent sur le chantier depuis décembre 2003, Freyssinet de México a assuré la conception et la fourniture des équipages mobiles, des joints de chaussée et de la précontrainte, que l’entreprise a également mise en œuvre. PANORAMA Un parement bien inspiré Sur le fleuve Moraca États-Unis. La ville de Castle Rock (Colorado) vient de s’équiper d’un pont routier franchissant une voie ferrée et une intersection routière. Conçu par les autorités municipales et les ingénieursconseils en concertation avec les habitants, l’ouvrage intègre un parement inspiré du motif rocheux typique de la région afin de se fondre dans son environnement. La conception et la fourniture des murs de soutènement, qui ont été confiées à Reinforced Earth, ont conduit l’entreprise à reproduire ce motif sur les écailles de parement selon six canevas différents. Cellesci ont ensuite été disposées de façon aléatoire sur l’ensemble de l’ouvrage pour reproduire au mieux l’aspect irrégulier du rocher. Monténégro. Débutée en mai 2005, la pose des haubans du pont Millennium, près de Podgorica, s’est achevée au début de l’été, permettant ainsi l’inauguration de l’ouvrage le 13 juillet dernier. Pour cet ouvrage qui franchit le fleuve Moraca avec une travée de 173 m, Freyssinet a fourni les haubans (300 t) et supervisé leur mise en œuvre par l’entreprise générale dans le cadre d’une mission d’assistance technique. 750 t de précontrainte pour un viaduc Hongrie. Pannon Freyssinet, la filiale hongroise du Groupe, commencera en mars 2006 l’installation des 750 t de précontrainte intérieure du viaduc de Köröshegy. Situé entre Zamardi et Balatonszaszo, à 120 km au sud-ouest de Budapest, ce nouvel ouvrage qui supportera l’autoroute M7 mesure 1 800 m de long et compte 17 travées, dont les plus hautes culminent à 88 m de hauteur. Mecatiss rejoint Freyssinet France. Après l’intégration de Salvarem au début 2005, le rachat de Mecatiss le 6 septembre 2005 marque le renforcement de l’offre du Groupe dans le domaine du nucléaire. Dirigée par Bernard Marquez et rattachée au pôle Structures de Freyssinet, Mecatiss conçoit, fabrique et applique des systèmes coupe-feu, d’étanchéité et de protection contre les rayonnements répondant aux exigences des industries nucléaires, de la pétrochimie, de la construction navale, des aéroports et des établissements publics. Dotée d’un laboratoire d’essais intégré, la société poursuit un programme actif de R&D et étudie toutes les nouvelles techniques et applications concernant les textiles, les élastomères silicones, les résines et les fibres minérales pour répondre aux besoins spécifiques de ses clients. Un quai prêt à monter Corée du Sud. Pour aménager un nouveau quai dans une zone du port battue par la houle, les autorités maritimes de Pusan ont retenu une conception privilégiant la protection. Confié à l’entreprise générale Posco E&C Corp., l’ouvrage (350 x 50 m) fait largement appel à des éléments préfabriqués sous-traités à Freyssinet Korea. Pour réaliser les 100 caissons en béton précontraint, les 800 dalles (8 x 4 m) et les 500 panneaux verticaux (22 x 1,6 m) de l’ouvrage, l’entreprise coulera un total de 15 000 m3 de béton à hautes performances et installera 729 t d’acier de précontrainte. Couverture haubanée Égypte. Pour accueillir les épreuves finales de la prochaine coupe d’Afrique des nations de football, qui se jouera en janvier et février 2006 en Égypte, Alexandrie a mis en chantier un stade de 80 000 places. 18 haubans horizontaux et 19 haubans verticaux, fournis et mis en œuvre par Freyssinet constituent la suspension de la toiture qui surmontera partiellement l’ouvrage. Second semestre 2005 Sols & Structures 5 G R A N D A N G L E Sungai Prai, prêt pour le service Le fleuve Prai est franchi : les derniers haubans qui soutiennent le tablier de 485 m de long du pont principal ont été installés par Freyssinet le 25 juillet 2005. Sur cet ouvrage, situé à Butterworth, dans l’ouest de la péninsule malaise, l’enteprise a installé 112 haubans depuis le 9 octobre 2004, soit un délai serré de mise en œuvre. L’ouverture du pont est prévue pour janvier 2006. 6 Sols & Structures Second semestre 2005 Second semestre 2005 Sols & Structures 7 F O C U S JÉRÔME STUBLER, DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT GNL: une précontrainte cryogénique high-tech dérivée du nucléaire Participant depuis plus de 30 ans et partout dans le monde à l’aménagement des enceintes de confinement des centrales nucléaires, Freyssinet a perfectionné sans relâche son système de précontrainte. Sa qualité et ses performances en font aujourd’hui la solution d’excellence pour la construction des réservoirs de gaz naturel liquéfié (GNL). Explications avec Jérôme Stubler, directeur général adjoint de Freyssinet et directeur du pôle Structures. Sols & Structures. - Acteur privilégié de l’aménagement du parc de centrales nucléaires en France, dont il a fourni et installé l’ensemble de la précontrainte, Freyssinet positionne aujourd’hui cette technologie sur le marché des réservoirs de gaz naturel liquéfié (GNL). De quoi s’agit-il précisément ? Jérôme Stubler. – Comme la structure qui abrite un réacteur nucléaire, l’enveloppe de béton d’un réservoir de gaz naturel liquéfié est une enceinte de confinement. L’une et l’autre sont des enceintes circulaires conçues pour contenir la pression interne que pourrait provoquer un accident, mais aussi un fonctionnement normal dans le cas de certains réservoirs dont le liner métallique interne prend appui sur l’enveloppe de béton. Dans les deux cas, la qualité de la précontrainte est l’élément déterminant de la performance et de la pérennité de la structure. Cette qualité, qui a consacré Freyssinet dans le domaine des centrales nucléaires, est aussi la marque de son offre sur le marché du GNL. Dans les trois dernières années, elle s’est illustrée sur de nombreux chantiers de construction de réservoirs dans le monde (voir p. 9). En quoi la précontrainte nucléaire Freyssinet estelle différente ? Au cours des 30 dernières années, l’entreprise a été associée à la construction de toutes les enceintes de confinement de centrales en France et d’un très grand nombre de celles réalisées en béton précontraint dans le monde. Aujourd’hui, on retrouve l’entreprise aussi bien en Inde et en Chine, sur des chantiers de centrales classiques, qu’en Finlande, où est construit à Olkiluoto le premier réacteur EPR (European Pressure Reactor), qui va prendre le relais des installations aujourd’hui en exploitation (voir aussi p. 20). Ce succès, à l’origine lié aux exigences d’EDF, qui ont été déterminantes pour le déve- Costa Azul, un projet au Mexique avec VINCI Construction Grands Projets Le 4 juillet 2005, Freyssinet a obtenu en sous-traitance de VINCI Construction Grands Projets le contrat pour la fourniture et la mise en œuvre de la précontrainte de deux réservoirs de gaz naturel liquéfié à construire au Mexique, à Costa Azul, au sud de Tijuana (Basse-Californie), une zone de forte activité sismique. Ces ouvrages seront édifiés par VINCI Construction Grands Projets pour le compte de Sempra, une société américaine de commercialisation de gaz. 8 Sols & Structures Second semestre 2005 Dotés chacun d’une capacité de 160 000 m3, ces deux réservoirs nécessiteront la mise en place de 920 t de précontrainte, soit une précontrainte horizontale composée de câbles 19T15 et une précontrainte verticale en U assurée par des câbles 13T15. Le site a été approvisionné avec les premiers éléments de précontrainte et matériels en septembre 2005 pour une mise en œuvre qui durera de la fin 2006 jusqu’au printemps 2007. loppement de modèles performants, tient également à une exigence interne et s’est illustré depuis lors par une avancée continue dans le domaine des produits, des études et de la mise en œuvre. En matière de produits spécialement développés pour les enceintes nucléaires, une vingtaine d’innovations ont été développées parmi lesquelles il faut citer l’ancrage 55C15 type nucléaire, la plus puissante unité existante ; les systèmes de gainage sous tubes rigides ductiles, qui apportent une garantie supplémentaire en terme d’étanchéité des structures ; les coulis spéciaux très thixotropes « thixogel » permettant des injections totalement exemptes de ressuage et donc une protection anticorrosion optimale et plus durable. Parallèlement, de nouveaux procédés de mise FOCUS Idku (Égypte). Sakhaline (Russie). South Pars (Iran). en œuvre ont été développés, tels les vérins à équitension, qui permettent d’obtenir une même tension dans tous les torons et de réduire leur fluage – là encore une garantie supplémentaire de pérennité. Mais l’offre précontrainte nucléaire de Freyssinet n’est pas seulement une offre produit : l’entreprise fournit des méthodes détaillées d’exécution et met à la disposition des maîtres d’ouvrage des équipes dédiées, rodées aux conditions de mise en œuvre et aux procédures d’assurance qualité très rigoureuses propres à ce type d’ouvrage. Altamira (Mexique). C’est donc un modèle qui a fait ses preuves, sur lequel Freyssinet s’appuie aujourd’hui pour développer ses positions sur le marché du GNL ? L’analogie des structures et l’importance de la sécurité et de la pérennité des ouvrages sont à la base de la démarche, mais celle-ci vise avant tout à apporter la réponse technique adéquate, garante de la qualité. Les réservoirs de GNL ont une particularité qui est la très basse température, – 160 °C, à laquelle le gaz doit être maintenu pour rester à l’état liquide. Cette température affectant du même coup la structure, Freyssinet a travaillé sur une précontrainte «cryogénique», c’est-à-dire qui garde sa ductilité et ne se fragilise pas malgré les conditions de température. Les solutions proposées pour les deux réservoirs en cours de construction à Chengdu, en Chine, ont passé avec succès l’épreuve de tests de résistance cryogénique. Parallèlement à ce type de réponse technique, et sur le modèle nucléaire, Freyssinet propose à ses clients une organisation qui met à leur disposition la totalité de l’expérience de son réseau au niveau des études et de l’opéra■ tionnel. Références, chantiers, projets En 2004, Freyssinet a fourni et installé 700 t de précontrainte sur les 2 réservoirs de 140 000 m3 d’Idku, en Égypte, réalisés avec VINCI Construction Grands Projets. Des réservoirs sont par ailleurs en cours de construction : • Sakhaline (Russie) : 2 réservoirs de 130 000 m3 (750 t de précontrainte) ; • Fos-Cavaou (France) : 3 réservoirs de 103 300 m3 (1 400 t de précontrainte) ; • South Pars (Iran) : 2 réservoirs LPG (liquefied petroleum gaz) de 55 000 m3 et 2 réservoirs LBG (liquefied butane gaz) de 40 000 m3 (1 000 t de précontrainte) ; • Chengdu (Chine) : 2 réservoirs de 160 000 m3 (1 230 t de précontrainte), etc., et plusieurs autres sont en projet au Mexique (voir encadré), en Espagne, en Belgique et au Nigeria. Second semestre 2005 Sols & Structures 9 D O S S I E R PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS UNE TECHNIQUE À LONG Les nécessités du marché, la force des habitudes et la culture du secteur ont favorisé l’épanouissement de la précontrainte de planchers dans de nombreux pays, mais ne lui ont pas permis de se développer en France. Cet état de fait pourrait évoluer avec l’entrée en vigueur en 2006 d’une nouvelle réglementation et grâce à la mobilisation des énergies chez Freyssinet. LA TOUR TELECOM MALAYSIA à Kuala Lumpur (Malaisie) : 76 étages, 230 000 m2 (1997). PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE DE DISTANCE, les résistances rencontrées en France par les planchers précontraints rappellent chez Freyssinet celles que dut surmonter en son temps l’invention d’Eugène Freyssinet. Bien sûr, il ne s’agit pas cette fois d’imposer une idée ou un matériau neuf, mais plutôt d’infléchir des habitudes de conception et de réalisation pour permettre à la technique d’élargir son champ d’application au-delà des quelques cas où elle s’impose. « Heureuse- À 10 Sols & Structures Second semestre 2005 ment, les références ne manquent pas », commente Fernand De Melo, le directeur technique de Freyssinet France, qui, après avoir longtemps travaillé à l’étranger, évoque tout naturellement l’Australie, l’Asie du Sud-Est, Singapour et Hong Kong, des zones où la conjonction d’une croissance urbaine rapide et du manque d’espace a favorisé la technique. « Mais, souligne-t-il, beaucoup plus près de nous la GrandeBretagne est un exemple clé, pour ne pas dire un modèle (voir page 13).» « Pour une part, les avantages de la technique sautent aux yeux », poursuit le directeur technique, invitant à comparer deux photos de parking (voir p. 14), l’un coutumier avec sa forêt de poteaux, l’autre étonnamment spacieux et d’évidence plus à même de faciliter circulation et stationnement. « En fait explique Fernand De Melo, l’intérêt de la précontrainte, que l’on retrouve dans le génie civil comme dans le bâtiment avec ce type de planchers, se résume en deux mots : augmentation des portées, qui dans ce cas peuvent atteindre 15 m au lieu de 7 à 8 m, et allégement des structures (l’épaisseur des planchers peut être ramenée de 40 à 20 ou 25 cm) » –, ce LA PRÉCONTRAINTE ADHÉRENTE est formée de torons nus enfilés dans une gaine injectée avec un produit rigide (coulis de ciment par exemple). LA PRÉCONTRAINTE NON ADHÉRENTE se compose de torons gainés graissés directement installés dans le ferraillage ou insérés dans des gaines injectées de produit souple (cire, graisse, etc.). DOSSIER GUE PORTÉE Une panoplie complète de solutions DEUX TECHNIQUES… En planchers précontraints, deux types de techniques existent : la précontrainte par post-tension adhérente, où les torons nus dans une gaine lisse ou nervurée sont injectés au coulis de ciment après mise en tension de part et d’autre de la dalle, et la précontrainte par post-tension non adhérente, qui met en œuvre des torons restant libres à l’intérieur d’une gaine où ils sont protégés de la corrosion par une graisse. Plus économique pour les planchers qui ne subissent pas de charge excessive, la précontrainte non adhérente est moins avantageuse si l’on a besoin de beaucoup de précontrainte (locaux soumis à des charges importantes, du type bâtiment d’archives) ou si des trémies risquent d’être ouvertes après coulage, car la précontrainte non adhérente oblige à y recréer des ancrages. Dans certains cas, les deux techniques sont associées : la précontrainte adhérente dans les poutres et la non-adhérente dans les dalles. … DEUX SORTES DE TORONS, PLUSIEURS TYPES D’ANCRAGES Les deux diamètres de toron utilisés sont 15,70 mm (toron T15) et 13 mm (T13). Selon le diamètre et le nombre de torons qu’ils reçoivent (1, 3, 4, 5), les ancrages sont désignés par des noms de code facilement déchiffrables : 1E15 (1 toron de 15), 3E13, 3E15, 4E13, 4E15, etc. MISE EN ŒUVRE À la différence des lots sous-traités qui n’interfèrent pas avec le « chemin critique » de la réalisation, la précontrainte de plancher implique une intervention coordonnée de l’entreprise de gros œuvre avec les équipes de Freyssinet qui en assurent la mise en œuvre et le contrôle. Le respect des tolérances de positionnement dans l’épaisseur de la dalle (de l’ordre de 5 mm) est en général le point délicat de la phase d’exécution. Il a conduit Austress Freyssinet à développer une gamme de « chaises » permettant de garantir au millimètre près le positionnement des gaines, qui sont désormais également utilisées en Grande-Bretagne. De vastes plateaux Pour les architectes et les maîtres d’œuvre, c’est la possibilité de « gagner de la place » avec de vastes pla- teaux sans poteaux, propices à la réalisation d’open spaces facilement aménageables, très adaptés aux immeubles de bureaux, mais aussi des équipements de type centre commercial, aéroports et parcs de stationnement. Pour les maîtres d’ouvrage, ce gain de place se traduit aussi de façon très concrète par des mètres carrés supplémentaires, notamment pour les immeubles de grande hauteur, où un niveau peut contrainte ne fait pas partie de la culture du bâtiment en France, estime Fernand De Melo, d’une part parce que les bureaux d’études bâtiment ne sont pas habitués à la calculer, d’autre part, parce que les entreprises générales, qui pourraient recourir à des bureaux spécialisés, répugnent à le faire par crainte de perdre la maîtrise de leurs cycles. » « Elle souffre également d’un statut de technique spéciale qui la limite à des cas de portée importante avec surcharge et à ce qu’on appelle les planchers de reprise, où elle représente pour ainsi dire l’alternative obligée ▼ ▼ qui induit toute une cascade d’avantages comme la diminution des joints de dilatation et de leurs coûts de maintenance, etc. De ces données de base se déduit très logiquement l’intérêt de la technique en termes d’applications. être gagné tous les 20 à 25 étages. Enfin, qui dit allégement de structures dit économies de matériaux et diminution du coût global – des avantages auxquels les entreprises ne peuvent rester insensibles dans la préparation de leurs réponses aux appels d’offres, car l’économie réalisable, estime-t-on chez Freyssinet, est de l’ordre de 15 à 20 %. Or, paradoxalement, depuis qu’elle a vu le jour, dans les années 1980, comme une adaptation au bâtiment de la technique appliquée aux ouvrages d’art, la précontrainte de planchers n’a jamais véritablement percé dans l’Hexagone : « La pré- Second semestre 2005 Sols & Structures 11 PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS D O S S I E R 1 2 5 3 4 6 ▼ ▼ au béton armé », précise de son côté Christian Lacroix, le directeur de la région Île-de-France de Freyssinet. La réglementation a constitué un autre frein. En effet, le mode de calcul du BPEL (béton précontraint aux états limites), auquel se réfèrent les bureaux de contrôle, s’ap- 12 Sols & Structures Second semestre 2005 plique aux ouvrages d’art mais se révèle défavorable aux planchers précontraints, où il conduit à augmenter les quantités d’acier passif et donc le prix de revient. Dans ce contexte apparemment verrouillé, un changement important va pourtant intervenir à partir de 2006, avec l’entrée en vigueur de 7 l’Eurocode. Plus favorable à la technique, cette réglementation, élaborée dans le cadre de l’Europe, pourrait en effet réamorcer une dynamique en permettant aux entreprises de faire appel à des bureaux d’études appliquant le nouveau mode de calcul pour proposer des offres plus novatrices et compétitives. « Le département technique de Freyssinet dédié aux planchers précontraints est constitué d’un responsable dans chaque agence régionale de Freyssinet France, qui doit assurer la mise en commun des expertises et fonctionner en réseau, indique Fernand De Melo, et nous souhaitons pouvoir nous appuyer DOSSIER Dans le cas de la précontrainte adhérente, les torons sont livrés sur le chantier sous forme de bobines (environ 3 t). Ils sont déroulés, coupés à longueur et enfilés dans les gaines avant bétonnage (2). Pour la précontrainte non adhérente, les câbles (1) sont le plus souvent livrés préfabriqués (équipés des ancrages aux extrémités). Ils sont installés directement dans le ferraillage (3), sur les chaises posées sur le coffrage. Les câbles peuvent être tendus au vérin léger monotoron en général trois jours après le bétonnage, permettant ainsi la dépose du coffrage (4 - 7). La technique fait «gagner de la place» et abaisse le coût global des réalisations. « En Belgique : 25 ans d’avance, mais les mêmes freins » « Sur les dix dernières années, les réalisations belges et luxembourgeoises de Freyssinet Belgium doivent représenter une moyenne de 30000 m2 de planchers précontraints par an, estime Edouard Henrard, responsable commercial de Freyssinet Belgium. Ce chiffre traduit simplement l’adaptation des entreprises à leurs marchés : en France, l’aménagement des autoroutes a généré beaucoup d’activité jusqu’en 1985 ; cela n’a pas été le cas en Belgique, qui est un petit pays où ce type de travaux s’est achevé dans les années 1970. La nécessité faisant loi, voilà plus de 25 ans que nous nous sommes tournés vers les planchers précontraints et que nous avons noué des contacts avec des bureaux d’études très actifs. Nos premières réalisations ont été des immeubles de bureaux en Belgique et au Luxembourg (bureaux pour la Fortis Banque, aéroport de Bruxelles-National, Institut sociopédagogique et hôpitaux, parkings et centres commerciaux, immeubles de bureaux en open space, etc). Pour autant, nous rencontrons les mêmes freins que la France à tous les niveaux de la chaîne. Un handicap supplémentaire, en France, tient au développement très important de la préfabrication et à la part de marché de cette technique dans les parkings et les bâtiments à faible portée. » Grande-Bretagne : la réglementation change tout sur la Belgique, où Edouard Henrard (voir encadré ci-dessus) travaille de longue date avec un bureau d’études. » D’ici l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, ce département bénéficiera aussi du savoir-faire en calcul de deux ingénieurs spécialisés. Dans ce domaine, l’appui à l’équipe française viendra d’outre-Manche, où les Britanniques travaillent d’après un règlement (le British Standard) proche de l’Eurocode et se sont engagés à apporter conseil et accompagnement dans le choix et l’utilisation d’un logiciel de calcul. Comment expliquez-vous le succès des planchers précontraints en Grande-Bretagne ? Est-ce un phénomène récent ? PATRICK NAGLE. – Il y a encore 10 ans, nous devions démarcher les architectes et les ingénieurs-conseils comme vous semblez devoir le faire en France avec vos partenaires pour les convaincre des avantages de la précontrainte de planchers. Ces temps sont révolus, et depuis la fin des années 1990, la tendance a changé et les mentalités aussi. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes sollicités pour chiffrer des solutions qui intègrent la précontrainte dès la conception. Les dossiers nous arrivent sous la forme d’avant-projets (configuration de la dalle, épaisseur, charges) à finaliser, ce que fait notre bureau d’études. Ce succès est le fruit du travail entrepris de longue date par Freyssinet Ltd et d’autres sociétés ou ingénieurs-conseils pour changer les mentalités et la culture au Royaume-Uni, et il a pris du temps. Autre explication, liée à un phénomène plus récent, l’augmentation du prix de l’acier, associée à l’intervention d’équipes réduites, ont encore renforcé l’attrait de la précontrainte. J’ajouterai aussi le gain de temps sur chantier par rapport à une solution en béton armé, qui représente autant d’économie pour l’entreprise générale, et le gain de place qu’offrent les plan- chers précontraints. En effet, dans une même « enveloppe », le designer peut prévoir des étages en plus. Pour finir je dirais que le succès a été dopé par l’augmentation moyenne de la hauteur des immeubles. En 2004, à Manchester, Freyssinet Ltd a réalisé 31 350 m2 de planchers précontraints pour un immeuble de 47 étages, culminant à 170 m, qui abritera l’hôtel Hilton de Deansgate. Est-ce que la réglementation britannique est favorable à cette technique ? PAUL BOTTOMLEY. – L’obligation que vous avez en France de devoir utiliser un minimum d’acier passif qui est plutôt un maximum n’existe pas en Grande-Bretagne. Ici, les règles pour la conception des planchers précontraints sont définies par la norme BS8110 (British Standard), complétée par le rapport technique n° 43 édité par la Concrete Society. Ces recommandations sont en effet très favorables à la technique puisqu’elles permettent de réduire ▼ ▼ Dans les 20 dernières années, le volume de production annuel des planchers précontraints outre-Manche est passé de 20 000 m2 à 1,3 million de mètres carrés. Au terme d’un exercice 2005 particulièrement riche en réalisations en Angleterre et en Irlande, Patrick Nagle, le directeur général de la filiale britannique Freyssinet Ltd, et Paul Bottomley, le directeur technique et des ventes, ont répondu à trois questions pour Sols & Structures. Second semestre 2005 Sols & Structures 13 D O S S I E R PRÉCONTRAINTE DE PLANCHERS 2 1 3 1. 72 000 m2 de dalles précontraintes ont été réalisés pour la station d’épuration de Neder-overHeembeek à Vilvorde (Belgique). 2. Tour de la Banque Nationale à Abu Dhabi (Émirats arabes unis). 3. En plein centre de Londres (Royaume-Uni), l’ensemble de bureaux de prestige Esso Glen totalise 50 000 m2 de planchers précontraints. 4. Un parking sans planchers précontraints, avec sa forêt de colonnes et ses espaces de stationnement restreints. 5. Le parking de l’aéroport Atatürk d’Istanbul (Turquie), conçu avec des dalles précontraintes, offre d’importants dégagements. 6. La précontrainte a été utilisée pour l’hémicycle du Parlement européen de Strasbourg (1998) afin de limiter la hauteur de la structure (épaisseur réduite des planchers), de donner une stabilité et un comportement monolithique résistant aux séismes à l’ensemble et d’optimiser les portées entre voiles. 7. Le dallage précontraint employé pour le nouveau centre d’exposition de Londres, baptisé ExCel, offre au bâtiment une capacité de charge élevée. 4 5 «Ce qui fait la force de Freyssinet Ltd, c’est sa grande expertise et son bureau d’études.» 14 Sols & Structures Second semestre 2005 DOSSIER 6 ▼ ▼ les armatures conventionnelles au minimum. Aucun pourcentage d’acier passif n’est imposé : en pratique, nous pouvons supprimer tous les aciers passifs en partie supérieure et la plupart en partie inférieure. C’est tout à fait différent des usages français… À côté de cela, ce qui fait la force de Freyssinet Ltd dans ce domaine est sa grande expertise et son bureau d’études. Dans la pratique, comment s’organise votre intervention sur les chantiers, en particulier avec l’entreprise chargée du gros œuvre ? P. N. – Parfois, surtout en Irlande, nous intervenons auprès de l’entreprise générale, mais, le plus souvent, notre client est justement l’entreprise de gros œuvre, qui est chargée des coffrages, des armatures et du bétonnage. C’est avec elle que nous travaillons pour la réalisation des dalles. À la différence de la France, où l’on réalise plutôt de petites surfaces en rotations quotidiennes, nous travaillons sur des surfaces de 500 m2 avec un cycle de 8 à 10 jours. Notre rôle consiste à installer les éléments de précontrainte, à effectuer la mise en tension des torons et leur injection au coulis de ciment. La technique n’a pas bouleversé l’organisation des chantiers, car nous sommes relativement autonomes par rapport aux autres opérations. C’est nous qui nous adaptons, et c’est pourquoi les entreprises de gros œuvre font appel à nous. 7 Émirats : une technique adaptée à la demande Dans les Émirats arabes unis, la précontrainte de planchers est couramment utilisée depuis les années 1990. Khalil Doghri, directeur général de Freyssinet Middle East à Dubaï, et Khalid Rabadi, responsable de la division précontrainte de bâtiment, expliquent pourquoi. Quelles sont dans les grandes lignes les données de l’activité planchers précontraints de Freyssinet Middle East ? KHALIL DOGHRI. – La technique, limitée à la précontrainte adhérente, a démarré dans la zone dans les années 1990 après avoir été introduite par les Australiens. Elle est très utilisée aujourd’hui dans les émirats et en particulier à Dubaï, qui connaît un véritable boom dans le domaine de la construction (on y construit la plus haute tour du monde). La précontrainte de planchers fait partie de l’offre de nombreuses entreprises, dont certaines venues d’Asie, d’Australie, d’Inde, etc., et y compris d’une ou deux entreprises générales qui en ont acquis le savoir-faire pour des réalisations de moindre importance. Comment expliquez-vous ce succès ? K. D. – Les constructions présentant des portées supérieures à 7 m sont de plus en plus souvent proposées par les architectes pour leur meilleure commodité en terme d’exploitation de l’espace et d’aménagement. Or c’est exactement le type de portée qu’autorise notre technique, qui apporte beaucoup d’autres avantages : diminution de l’épaisseur des planchers, suppression des retombées de poutres, gain sur la hauteur du bâtiment, facilité d’aménagement des équipements de climatisation, etc. Pour les entreprises de gros œuvre aussi la technique est intéressante puisqu’elle leur permet de construire plus vite, en utilisant moins d’acier et à moindre coût. En ce qui concerne la diffusion de la technique, nous sommes dans une situation inverse de celle de la France mais pour la même raison : le poids des habitudes, la culture des ingénieurs, l’art de construire des entreprises ont assuré le développement de la précontrainte dans les planchers de bâtiment. Comment s’organise votre collaboration avec les entreprises générales ? KHALID RABADI . – En amont des projets, notre bureau de design (bureau d’études) étudie pour les entreprises des solutions à proposer et quantifie les économies réalisables. Ces solutions optimisées représentent 50 à 60 % des contrats que nous traitons. Lorsque l’entreprise a emporté l’affaire, nous fournissons l’assistance à la mise en œuvre et les matériaux : câbles, gaines, ancrages, etc. Nos chefs de chantier supervisent les ouvriers de l’entreprise générale qui mettent en place la précontrainte, mais nous avons la responsabilité des travaux et sommes présents au moment du bétonnage. Au-delà de la technique, nous mettons en avant une qualité de service qui ne fait qu’un avec la qualité technique et la garantie apportée sur les travaux. Dans la pratique, cela suppose une organisation sans faille, de façon à fournir les matériaux au moment voulu et à articuler nos interventions avec celles du gros œuvre, ce que tous les fournisseurs n’ont pas la capacité de faire. Sans doute pourrions-nous encore améliorer notre maîtrise de ce service et notre compétitivité en mettant davantage en commun nos expériences à l’échelle du Groupe. ■ Second semestre 2005 Sols & Structures 15 R É A L I S A T I O N S STRUCTURES/PONT DE KANNE Une première pour le Cohestrand Spécialement développé par Freyssinet pour répondre aux contraintes des câbles porteurs des ponts suspendus, le toron Cohestrand est mis en œuvre pour la première fois à l’échelle industrielle sur le pont de Kanne, en Belgique. UVERT À LA NAVIGATION EN 1939 et long de 129 km, le canal Albert, qui relie Anvers à Liège, supporte aujourd’hui plus d’un tiers du trafic du réseau navigable belge. Pourtant, dans la province du Limbourg, en Flandre, une partie de l’ouvrage n’est toujours pas accessible aux convois poussés de 9 000 t qui sont devenus le standard en Europe. D’importants travaux d’élargissement ont donc été lancés pour moderniser cet axe stratégique. Dans la ville de Kanne, au sudouest de Maastricht (Hollande), la mise au gabarit du canal a conduit à remplacer le pont bow-string existant par un nouvel ouvrage. « La solution du pont suspendu a été choisie pour des considérations architecturales et pour conserver un gabarit fluvial élevé sans devoir réaliser des rampes d’accès trop pentues, indique O 16 Sols & Structures Second semestre 2005 Claude Mortier, le directeur de Freyssinet Belgium. C’est le premier ouvrage de ce type qui est construit en Belgique depuis les années 1960. Toutefois, le maître d’ouvrage a porté une attention toute particulière à la durabilité des câbles de suspension, qu’il voulait comparable à celle des câbles de haubans, ce qui supposait notamment de garantir la continuité des barrières anticorrosion au travers des colliers. » Deux câbles de 75 torons Pour répondre à cette exigence, c’est le système Cohestrand de Freyssinet (voir ci-dessous) qui a été choisi. « Ce chantier en est d’ailleurs la première mise en œuvre à l’échelle industrielle sur un pont suspendu, explique Benoît Lecinq, le directeur technique de Freyssinet, puisque jusqu’alors seul un pont prototype de 88 m de portée avec des câbles de suspension principaux à 7 torons avait été construit à Chartrouse, en Camargue, sur une propriété privée. » Métallique, le nouveau pont comprend une travée principale de 96,20 m de long et deux travées latérales de 14,80 m. Des viaducs d’accès en structure mixte acier-béton encadrent l’ouvrage. Le tablier, de 21 m Composition du toron Cohestrand Élément principal en traction. Toron de 7 fils, d’un diamètre nominal de 15,70 mm, présentant une résistance à la rupture de 1 860 MPa et une résistance à la fatigue de 300 MPa sur 2 millions de cycles. Protection contre la corrosion interne. Galvanisation à chaud, suivant la norme NF A 35-035. Protection contre la corrosion externe : polyéthylène à haute densité (PEHD noir, classe PE 80 ou PE 100) de 1,50 mm d’épaisseur, extrudé sur le toron et formulé pour offrir une excellente résistance au vieillissement. Garnissage liant : composé d’une résine polybutadiène enveloppant l’ensemble des fils, y compris le fil central, et d’un élément assurant l’adhérence sur le polyéthylène (ce composé liant est un produit hydrophobe, résistant à la vapeur d’eau et à l’oxygène et il est capable de transférer les efforts de compression [bridage] et de cisaillement [force tangentielle du collier de suspente] du polyéthylène aux fils d’acier). de large, supporte deux voies de circulation automobile situées entre les plans des suspentes et deux pistes réservées aux cycles et aux piétons aménagées à l’extérieur. De part et d’autre, les câbles porteurs, constitués chacun de 75 torons, sont supportés par des mâts cylindriques hauts de 25 m (16 m au-dessus du tablier). Une gaine protectrice Sur chacun des câbles, 24 suspentes espacées de 3,70 m supportent le tablier. Entre les colliers, une gaine externe en PEHD blanc spécialement conçue pour protéger les torons contre l’effet du rayonnement ultraviolet et les agressions mécaniques recouvre le câble porteur. « Chaque suspente se compose de 5 monotorons T15,7 également logés dans une gaine externe en PEHD blanc et peut être assimilée à un câble de hauban Freyssinet », ajoute Benoît Lecinq. Au niveau du collier, l’ancrage supérieur de la suspente est assuré par une chape articulée, et RÉALISATIONS Les raisons du choix au niveau inférieur il se fait sur un tube supportant le tablier. La mise en place de la suspension aura été l’autre particularité du chantier, puisqu’elle est intervenue en phase finale de l’exécution. Préfabriqués sur le tablier, soutenu par un appareillage temporaire, les câbles équipés de leurs colliers ont été mis en place sur les pylônes en deux temps : à l’aide d’une grue pour la première extrémité puis ■ par hissage pour la seconde. ▼ ▼ ▼ ▼ ▼ ▼ INTERVENANTS Maître d’ouvrage: Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap Departement Leefmilieu en Infrastructuur Afdeling Maas en Albertkanaal. Entreprise générale: THV Herbosch Kiere Antwerpse Bouwwerken - Louis Duchêne. Bureau d’études: IV-INFRA. Bureau de contrôle: Seco. Construction métallique: Victor Buyck Steel Construction. Entreprise spécialisée: Freyssinet Belgium et Freyssinet. « L’exigence de durabilité pour les câbles principaux a naturellement conduit à choisir le Cohestrand, explique Benoît Lecinq, le directeur technique de Freyssinet, car ce câble a précisément été développé par Freyssinet à la fin des années 1990 pour résister aux forces transversales de bridage et aux forces longitudinales de glissement et préserver ainsi la continuité de la protection contre la corrosion au droit des colliers des suspentes des ponts suspendus ou des selles de déviation dans le cas de ponts haubanés. Comme les torons d’un câble de hauban, dont la cire pétrolière est ici remplacée par une résine spéciale, les torons du Cohestrand bénéficient d’une triple barrière de protection – galvanisation, interstices interfils et entre fils et gaine remplis par un polymère adhérisant, gaine PEHD extrudée et adhérisée au toron –, dont la qualité, l’homogénéité et la fiabilité sont le fruit de méthodes industrielles. Et comme les câbles de haubans à torons parallèles, ceux du Cohestrand possèdent à la conception un potentiel de vie de 100 ans. Un essai en vraie grandeur a d’ailleurs été réalisé sur un tronçon du câble principal pour vérifier la résistance au glissement du collier. Mené en août 2004 dans le laboratoire de Freyssinet, il a prouvé que le collier était capable de résister à une force longitudinale dépassant 1 200 kN avant tout glissement. » Prix de l’innovation VINCI 2005 : le grand prix pour Freyssinet Le 5 décembre 2005, lors du palmarès final du Prix de l’Innovation VINCI 2005, Antoine Zacharias, président-directeur général de VINCI, a remis le grand prix à Benoît Lecinq (directeur technique de Freyssinet), Sébastien Petit (ingénieur au sein de la cellule Structures câblées) et Ivica Zivanovic (responsable développement de produit) pour le système de câbles de pont suspendu en Cohestrand utilisé sur le pont de Kanne. Outre l’innovation technique, le jury a apprécié « le niveau d’excellence technologique atteint par les équipes de Freyssinet avec ce produit. » Second semestre 2005 Sols & Structures 17 R É E A L I S A T I O N S 789 km d’armatures BABANE, LA CAPITALE DU SWAZILAND, un royaume d’à peine 17 300 km2 enclavé entre l’Afrique du Sud à l’ouest et le Mozambique à l’est, est desservie par deux autoroutes internationales, venant l’une du sud-est depuis Manzini et l’autre du nord-ouest depuis la ville frontalière de Ngwenya. Tandis que la première se prolonge jusqu’aux portes de la ville, la seconde s’interrompt à une dizaine de kilomètres, où elle rejoint une ancienne autoroute (dénommée MR3 Corridor) M 18 Sols & Structures Second semestre 2005 longue de 5 km, en cours de modernisation. Pour créer une liaison entre ces deux axes sans scinder la ville en deux, les autorités du pays ont opté pour une solution de contournement dont le chantier a commencé en 2004. « Nous sommes intervenus très en amont, dès septembre 2002, dans les projets de contournement de Mbabane et de modernisation de la route MR3 », précise Andrew Smith, le directeur de la filiale sud-africaine Reinforced Earth. Les réponses techniques Répartis à la fois sur le tronçon MR3 et le contournement de la capitale, 14 murs de soutènement (totalisant 5 500 m2), 12 culées porteuses et 4 culées mixtes pour huit ponts (5 000 m2) et 4 murs en terrasses – Mangwaneni (9 500 m2), Qabalembadada (8 500 m2), Esitebeni (4 500 m2) ainsi qu’un mur servant de bretelle d’accès à Mangwaneni (3 000 m2) – doivent être construits d’ici à 2007. « Les murs en terrasses supportant le tracé autoroutier constituaient une solution variante des ponts poussés dont les INTERVENANTS ▼ de l’entreprise ont de toute évidence séduit et convaincu, car deux ans plus tard Reinforced Earth signait avec WBHO, l’entreprise générale chargée du programme, l’un de ses plus importants contrats, portant sur la conception et la fourniture de 36 000 m2 d’ouvrages en Terre armée. ▼ Au cœur du Swaziland, en Afrique australe, Reinforced Earth a conçu et assure la fourniture des matériaux des 25 ouvrages en Terre armée de la liaison de contournement de la capitale. ▼ Un contrat record de 36 000 m2 de Terre armée ▼ SOLS/CONTOURNEMENT DE MBABANE portées auraient atteint entre 30 et 40 m de long et nécessitaient des piles de 50 à 60 m de haut, indique Andrew Smith. Pour les rampes d’accès de Mangwaneni, la Terre armée s’est imposée comme la meilleure solution technique pour contenir un remblai de 35 m de haut. » Un même schéma a été adopté pour tous les murs : des terrasses de 3 m de haut en retrait chacune de 2 m, à l’exception du mur d’Esitebeni (pour lequel il fallait prévoir le passage d’une route de service) et celui de Qabalembadada, beaucoup plus haut. Sur chaque ouvrage, un remblai identique composé de granite altéré avec peu de fines est mis en place. Les écailles, de type cruciforme TerraClass, sont ancrées par des armatures HAR (haute adhérence renforcée) de 45 mm de large, 5 mm d’épaisseur et d’une longueur variant de 4 à 22 m. « Tous les matériaux doivent être livrés avant la fin 2005, ce qui représente un total de 1 735 t d’acier et l’équivalent de 789 km pour les armatures », ■ conclut Andrew Smith. Maître d’ouvrage : ministère des Travaux publics et des Transports du Swaziland. Maître d’œuvre : Groupement BCEOM/Otieno Odungo & Partners. Entreprise générale : WBHO Afrique du Sud. Entreprise spécialisée : Reinforced Earth. RÉALISATIONS INTERVENANTS ▼ Mondragon (Vaucluse), où doit être prochainement édifiée une usine spécialisée dans la transformation de boues d’élevage en compost. « C’est un système de process complexe qui exigeait le parfait contrôle des tassements absolus et différentiels, en particulier sur la zone de 2 500 m2 où sera construit un radier devant supporter des charges de 6 t/m2 », précise Rémi Chatte, ingénieur chez Ménard Soltraitement. Pour traiter le sol, composé de limons et d’argile sur 6 m de profondeur, 980 colonnes ballastées (5 500 m) ont été mises en œuvre selon une maille carrée variant de 2 à 2,50 m de côté. Avec une cadence de production record de 500 m par jour (contre 250 m avec Maître d’ouvrage : Société de distribution d’eau intercommunale. Maître d’œuvre : Safege environnement. Entreprise générale : groupement Spie-Batignolles Sud-Est - Mathis Screg Sud-Est. Entreprise spécialisée : Ménard Soltraitement. STRUCTURES/TOURS MIRAGE 57 300 m2 de planchers précontraints au Mexique U CŒUR DE LA LOMA, une zone résidentielle du quartier de Santa Fe, à Mexico, a été construit récemment un ensemble immobilier totalisant 235 appartements sur 15 000 m2. Pour optimiser la surface habitable et alléger la structure de trois bâtiments de 17 étages édifiés sur trois niveaux de parking souterrain, les tours Mirage, l’architecte José Luis Camba CastaINTERVENANTS ñeda a retenu la solution des dalles Maître d’ouvrage : précontraintes. 57 300 m2 de planCelta Bienes Raices, SA de CV. chers précontraints ont ainsi été réaliMaître d’œuvre : José Luis Camba Castañeda. sés au total, mettant en œuvre 160 t de Entreprise spécialisée : monotorons extrudés fournis et Freyssinet de México. installés par Freyssinet de México. ■ ▼ A ▼ traitement et Enteco sous le nom de code E600 ne manquent pas. Sur le terrain, elle vient d’être employée pour la deuxième fois, pour consolider un terrain de 5 700 m2 situé à ▼ LUS PUISSANTE, PLUS RAPIDE, PLUS EFFICACE… Les « plus » de la nouvelle machine à colonnes ballastées développée conjointement par Ménard Sol- P ▼ Plus performante, la nouvelle grue de Ménard Soltraitement permet de redimensionner à la hausse les colonnes ballastées. Démonstration à Mondragon. ▼ Des colonnes ballastées nouvelle génération une machine classique), les travaux réalisés en un seul poste de quatre personnes n’ont duré que quatre semaines. Les avantages de cette nouvelle machine ne s’arrêtent pas là puisqu’elle permet de fonder les colonnes ballastées jusqu’à 16 m de profondeur et que la poussée qu’elle délivre en prenant appui sur ses patins arrière atteint 35 t (25 t pour les modèles classiques), améliorant ainsi la qualité des colonnes ballastées (leur résistance en pointe, testée au pénétromètre statique, oscille entre 20 et 30 MPa). « Nous avons même établi un record validé par un huissier sur le chantier test précédent en enregistrant une poussée de 38 t, » ■ conclut Rémi Chatte. ▼ SOLS/PLATE-FORME DE MONDRAGON Second semestre 2005 Sols & Structures 19 R É E A L I S A T I O N S STRUCTURES/ENCEINTES DE CONFINEMENT NUCLÉAIRES Une expertise mondialement reconnue Spécialiste de la précontrainte des enceintes de confinement des centrales nucléaires, Freyssinet en a assuré depuis plus de 30 ans l’installation sur une centaine de projets dans 13 pays. Aujourd’hui, l’entreprise intervient sur plusieurs programmes d’envergure. 2 1. Construction du radier de l’enceinte de confinement du nouveau réacteur européen EPR à Olkiluoto. 2. Local d’ancrage de la précontrainte verticale d’une enceinte de confinement en Chine. 1 ANS L’ÉTAT DE TAMIL NADU, dans le sud de l’Inde, deux réacteurs nucléaires de type VVER 1000, de conception russe, sont en cours d’installation près de la ville de Trivandrum, sur le site de Kudankulam. Pour chacune des deux enceintes de confinement, composées d’une paroi en béton précontraint de 1 200 mm d’épaisseur renforcée par un liner d’étanchéité métallique intérieur de 6 mm, Freyssinet a mis en œuvre 60 câbles de précontrainte verticaux en U inversés, 53 câbles horizontaux bouclés sur deux nervures et 15 câbles horizontaux bouclés sur le dôme, tous constitués de faisceaux de 55 torons gainés graissés, D 20 Sols & Structures Second semestre 2005 injectés au coulis de ciment avant tension. « 2 713 t d’acier et 514 ancrages 55C15 ont ainsi été mis en place », indique Jean-Lucien Mongauze, ingénieur d’affaires chez Freyssinet. Tous les torons sont enfilés un par un dans une gaine souple pour les câbles horizontaux et dans des tubes rigides pour la précontrainte verticale. S’agissant de précontrainte non adhérente, des opérations de pesage, retension ou de remplacement peuvent être effectuées ultérieurement si nécessaire. En Chine, Freyssinet vient de terminer l’installation de la précontrainte des deux enceintes de confinement de la centrale de Tian- wan, située près de la ville de Lianyungang dans la province du Jiangsu. Freyssinet apporte aussi son concours à la réalisation de deux centrales nucléaires, dénommées Ling-Ao phase II et Extension de Qinshan phase II, en fournissant et en installant la précontrainte des enceintes de confinement (37 m de diamètre et 56,70 m de haut). La première est une extension de la centrale Ling-Ao phase I (ellemême extension de la centrale de Daya Bay), construite dans la province du Guandong, au sud de Shenzhen entre 1997 à 2002 et équipée de deux réacteurs PWR de 900 MW. Le système de précontrainte mis en œuvre se compose de 176 câbles de dôme 19T16, 224 câbles horizontaux du même type et 145 câbles verticaux 37T16, soit 2 506 t de torons, 1 600 ancra- ges 19K16 et 580 ancrages 37K16. Le second projet, Qinshan phase II, porte sur l’agrandissement de la centrale de Qinshan II qui a été construite entre 1996 et 2002. D’une puissance moins élevée que Ling-Ao, avec une capacité de production électrique de 600 MW, cette centrale a été en grande partie conçue par les ingénieurs chinois. Pour les enceintes de confinement, 174 câbles de dôme 19T16, 199 câbles horizontaux 19T16 et 144 câbles verticaux 37T16 sont mis en place par l’entreprise générale avec l’assistance technique de Freyssinet. En Europe, c’est en Finlande que Freyssinet intervient, dans le projet de construction du nouveau réacteur EPR (European Pressure Reactor) sur le site d’Olkiluoto. Programme d’exception, il requiert, pour la protection du réacteur, une RÉALISATIONS « L’enceinte de confinement est l’ultime barrière en cas d’accident », rappelle Jean-Lucien Mongauze. Dès lors, sa construction et la mise en œuvre de la précontrainte sont une affaire de spécialiste, répondant à des exigences de qualité drastiques et nécessitant des câbles de forte puissance. Depuis ses premières interventions pour le programme nucléaire français avec EDF dans les années 1970, Freyssinet n’a eu de cesse d’améliorer son système de précontrainte en développant notamment de nouveaux coulis d’injection et en améliorant l’étanchéité Sur les deux enceintes nucléaires construites à Kudankulam (Inde), 256 câbles de précontraintes ont été mis en place. SOLS/PLATE-FORME DE CALARASI Un rendement record OUR CONSTRUIRE sa nouvelle usine de fabrication de verre plat, un projet comportant notamment un entrepôt de stockage de 21 500 m2 devant supporter une surcharge d’exploitation de 8 t/m2, Saint-Gobain a choisi la ville de Calarasi, à une centaine de kilomètres à l’est de Bucarest, un site où les conditions de sol (lœss compressible affaissable et argile molle) et le risque sismique imposaient une consolidation. Au projet initial de plancher porté sur pieux a finalement été préférée la solution de Ménard Soltraitement consistant à mettre en œuvre un dallage traditionnel de 25 cm d’épaisseur reposant sur un sol consolidé par un réseau de CMC (colonnes à module contrôlé) par l’intermédiaire d’un matelas de répartition en grave de 60 cm d’épaisseur. « Avec cette solution, nous pouvions garantir un tassement absolu d’environ 3 cm et un tassement différentiel inférieur à 1/500° », indique Philippe Liausu, le directeur général de Ménard Soltraitement. Pour effectuer les travaux dans des délais très serrés sans s’exposer à des pénalités de retard prohibitives, l’entreprise a P En juillet et août, les deux ateliers mobilisés ont consolidé la plate-forme qui accueillera la nouvelle usine de Saint-Gobain en Roumanie. mobilisé en juillet et août derniers deux ateliers de CMC et réalisé 3 900 CMC de 360 mm de diamètre (l’équivalent de 65 000 ml) selon une maille carrée de 2,25 m à une profondeur moyenne de 17 m. Le rythme très soutenu a permis d’atteindre un record de production de 1 740 ml de colonnes pour un atelier travaillant en un poste de 12 heures, soit environ 200 m3 de mortier. « Nous avons aussi dû utiliser trois centrales à béton pour pouvoir produire les 8 000 m3 de mortier dont nous avions besoin », ajoute Philippe Liausu. Cette mobilisation a porté ses fruits : l’entreprise a livré ses travaux avec ■ trois jours d’avance. INTERVENANTS ▼ Une offre de réalisation et de contrôle et la rigidité des conduits par l’utilisation de tubes rigides ductiles pour les parties verticales ou à forte courbure ainsi que de manchons thermo-rétractables et de raccords d’injection. Aujourd’hui, l’offre de Freyssinet se compose de plusieurs types de précontraintes, choisies en fonction du cahier des charges de maintenance, de remplacement et de durée de vie des centrales. En complément de ces prestations de réalisation, Freyssinet propose à ses clients un contrôle et un suivi de la précontrainte pendant et après les travaux. « Nous disposons de différents systèmes de mesure, précise Jean-Lucien Mongauze. Dans certains cas, en plus des extensomètres à cordes vibrantes qui permettent de connaître l’état des contraintes dans le béton, nous instrumentons quelques câbles de chaque type avec des dynamomètres. Dans d’autres cas, nous avons en plus la possibilité de peser tous les câbles par la méthode du lift-off et de contrôler la présence d’une éventuelle corrosion en détendant et en examinant quelques câbles lors des arrêts pour maintenance de la centrale. Freyssinet propose aussi l’étude et la fourniture des nacelles et portiques permettant l’accès aux câbles pour leur installation et leur contrôle durant la vie ■ de la centrale. ▼ ▼ ▼ double coque hors norme comprenant une coque de protection contre les chutes d’avion de 1 800 mm d’épaisseur recouvrant tout l’îlot nucléaire ainsi qu’une enceinte interne de 1 300 mm d’épaisseur avec, sur la face interne, un liner métallique de 6 mm assurant l’étanchéité. Intervenant pour le compte de Framatome, Freyssinet fournit une prestation clés en main pour la fourniture et l’installation de la précontrainte de l’enceinte interne de confinement. Ainsi, 104 câbles gamma 54T16, 119 câbles horizontaux 54T16 et 47 câbles verticaux 54T16 sont installés, soit un total de 2 050 t de torons et 540 ancrages 55C15. Maître d’ouvrage : SaintGobain. Entreprise générale : Hervé. Bureau de contrôle : Socotec. Entreprise spécialisée : Ménard Soltraitement. Second semestre 2005 Sols & Structures 21 R É E A L I S A T I O N S SOLS/PLATE-FORME DE KWANG YANG Consolidation atmosphérique sur 350 000 m2 À Kwang Yang (Corée du Sud), le procédé Menard Vacuum permet de consolider des terrains gagnés sur la mer. ES AUTORITÉS SUD-CORÉENNES ont décidé de faire du port de Kwang Yang, situé dans le sud du pays, près de Yosu, l’une des zones portuaires les plus dynamiques d’Asie, ce qui supposait d’augmenter la capacité de stockage de conteneurs et le nombre de quais de déchargement du site. Depuis plusieurs années, des travaux titanesques de remblaiement de la mer y ont donc été entrepris : l’opération consiste à remplir, sur le fond marin constitué d’argile marine molle, d’immenses casiers formés par des digues en remblai rocheux avec de l’argile draguée ; le nez de quai est quant à lui constitué de caissons en béton immergés du côté mer. La résistance des L 22 Sols & Structures Second semestre 2005 terrains ainsi obtenus se révélant très médiocre, une consolidation s’imposait. « La solution de traitement par consolidation atmosphérique (procédé Menard Vacuum) que nous avons proposée a été retenue en 2003 pour le traitement d’une première plate-forme de 295 000 m2 (lot 3-1) qui vient d’être livrée, indique Daniel Berthier, le vice-président de Sangjee Menard, et l’entreprise vient de démarrer les travaux d’une seconde zone de 55 000 m2 (lot 3-2). » La mise en œuvre du procédé comprend plusieurs étapes. Dans le cas du lot 3-2, les dépôts argileux sousmarins ont une épaisseur d’environ 15 m et sont surmontés par les remblais hydrauliques de dragage jus- qu’à la cote + 8,50 ; il s’agit donc au total de 25 m d’argile très molle, gorgée d’eau, sur laquelle est déroulé un géotextile. Celui-ci est ensuite recouvert d’un matelas sableux drainant puis d’une couche de tout-venant. Un réseau de drains « C’est à ce moment que Sangjee Menard entre en jeu pour installer des drains verticaux cylindriques dans le sol selon une maille carrée de 1 m de côté », explique Daniel Berthier. À partir de juin 2005, 55 000 drains (1 300 000 m), enfoncés à une profondeur de 26 m sous terre, ont été mis en place en à peine un mois et demi, grâce à la mobilisation de deux ateliers de pose et à raison de 12 000 m par jour et par machine. Subissant la pression du remblai (et, plus tard, la dépression créée par le pompage), l’eau emprisonnée dans l’argile reflue vers la couche de sable supérieure où elle est captée par un système de drains horizontaux eux-mêmes reliés à des pompes. Afin de renforcer l’imperméabilité du système et en particulier de contrecarrer l’effet néfaste des lentilles de sable dans l’argile de dragage, un mur en pieux sécants a été réalisé sur tout le pourtour, en mixant le sol en place avec un coulis bentonite-ciment. Des tôles d’acier interconnectées ont en outre été fichées dans la partie supérieure du mur afin d’en améliorer l’efficacité. Une membrane en PEHD de 1,50 mm d’épaisseur, scellée dans l’argile des tranchées creusées audessus du mur et recouvrant la totalité du remblai, est venue compléter l’installation. Puis le pompage est amorcé, après une minutieuse vérification de l’étanchéité du système. Au fur et à mesure que les pompes créent le vide (vacuum) sous la membrane et évacuent l’eau du sol, le terrain se restructure en se tassant. Ce travail en sous-sol est complété en surface par l’effet de surcharge d’un remblai apporté audessus de la membrane. Sur le lot qui vient d’être mis en chantier, un tassement de 7 m est attendu en quelque 12 mois, avec un tassement résiduel, garanti sous 10 ans, de 10 cm en consolidation primaire sous une charge ■ de service de 5 t/m2. Le réseau souterrain de 1 300 km de drains relié à des pompes va permettre de restructurer le sol en 12 mois. RÉALISATIONS STRUCTURES/VIADUC DE LA SIOULE 1 200 t de précontraintes multiples INTERVENANTS ▼ D 1 200 tonnes d’acier Pour le tablier, le groupement d’entreprises Campenon BernardDodin (VINCI Construction) a choisi la méthode de construction par encorbellements successifs avec voussoirs coulés en place et a confié la précontrainte à Freyssinet. « On devrait plus précisément dire “les” précontraintes, rectifie Alain Ghenassia, le directeur de Freyssinet région Rhône-Alpes. Celles-ci utilisent toutes notre système C et représentent un total de 1 200 t d’acier. » Chronologiquement, une précontrainte transversale injectée au coulis de ciment a d’abord été appliquée dans le hourdis inférieur des voussoirs sur pile (eux-mêmes le caisson pour reprendre les efforts d’exploitation induits à la structure. Insérés dans une gaine noire en PEHD injectée à la cire pétrolière selon les recommandations de la CIP (Commission interministérielle de la précontrainte), ces derniers pourront être retendus, voire individuellement remplacés si nécessaire. Après 36 mois de travaux pour le génie civil, le viaduc sera ouvert au ■ trafic au début 2006. ▼ ▼ ▼ ▼ ANS LE PARC NATUREL RÉGIONAL DES VOLCANS D’AUVERGNE, entre les communes de Bromont-Lamothe et de SaintOurs-les-Roches, a pris fin en septembre dernier la construction du viaduc de la Sioule, sur l’A89 (Clermont-Ferrand – Bordeaux). Conçu par la Société d’études et de calculs en ouvrages d’art (Secoa) et l’architecte Berdj Mikaelian, l’ouvrage se compose d’un caisson unique en béton dont la hauteur varie de 5,50 m en clé de voûte à 10 m au droit des piles. Ses huit travées, dont les deux centrales sont longues de 192 m, reposent sur des piles creuses en béton armé dont la plus haute atteint 135 m. Le tablier abrite une double précontrainte : l’une solidarisant les voussoirs de part et d’autre des piles, l’autre supportant les efforts de l’ouvrage en exploitation. ▼ Dans le Puy-de-Dôme viennent de s’achever les travaux du plus important viaduc construit en béton en France – un ouvrage où la précontrainte est partout présente. « cloués » en tête de pile au moyen de deux ou quatre câbles 19T15 selon les piles). En partie haute des voussoirs, dans le hourdis supérieur, des monotorons ont ensuite été installés transversalement tous les 250 mm. « Nous avons proposé l’emploi de torons gainés graissés en variante d’une solution qui aurait fait appel à des unités plus importantes et aurait donc nécessité des moyens de mise en œuvre plus lourds », explique Alain Ghenassia. Au cours de la construction des travées, une première précontrainte intérieure a été installée pour solidariser les voussoirs entre eux et reprendre le poids propre de la structure. Ancrés par paire de voussoirs de part et d’autre des piles, ces câbles sont formés de faisceaux de 19 torons de 15,70 mm nus insérés dans une gaine métallique injectée au coulis de ciment dont le plus long atteint 200 m. Enfin, une précontrainte extérieure de continuité assurée par des câbles (31C15) mesurant jusqu’à 250 m a été installée entre décembre 2004 et juillet 2005 dans Maître d’ouvrage: Autoroutes du Sud de la France. Maître d’œuvre: Setec TPI. Concepteur: Secoa. Architecte: Berdj Mikaelian. Entreprise générale: groupement Campenon Bernard TP-Dodin. Entreprise spécialisée: Freyssinet. Second semestre 2005 Sols & Structures 23 R É A L I S A T I O N S STRUCTURES/PONT-RAIL DE SAINT-CHÉRON Méthode express pour ouvrage ferroviaire Acquise par Freyssinet au début de l’année, la technique d’Autoripage® permet de mettre en place un ouvrage sous une ligne ferroviaire en n’interrompant le trafic que quelques heures. Illustration à Saint-Chéron (France). 24 Sols & Structures Second semestre 2005 1 2 3 4 ANS LA COMMUNE DE SAINTCHÉRON (ESSONNE), le passage à niveau de la ligne BrétignyTours n’est plus qu’un souvenir pour les automobilistes. Désormais, ceux-ci peuvent franchir les voies ferrées en toute simplicité grâce au réaménagement de la route départementale 116 et à la construction d’un pont-rail qui a pu être mis en place en quelques heures grâce à l’Autoripage®, une technique venue compléter l’offre de Freyssinet dans le domaine de la construction avec l’acquisition de la société JMB Méthodes en janvier dernier. D 50 mètres en 5 heures « Nous avions prévu une fenêtre de 12 heures par sécurité, mais il ne nous aura finalement fallu que 5 heures pour exécuter la manœuvre et faire glisser l’ouvrage de son Ne mobilisant que des équipes réduites intervenant en partie basse de l’ouvrage, la technique se révèle également intéressante sur le plan de la prévention des risques. aire de préfabrication à son emplacement définitif », indique Jean-Luc Bringer, directeur de la cellule SCCM (Service centralisé câbles et manutention) de Freyssinet. Ce gain de temps de quelques heures vient en réalité ponctuer une économie de temps beaucoup plus importante si l’on considère le projet dans sa globalité. « La solution conventionnelle aurait consisté à réaliser directement un pont sur le tracé et à basculer le trafic ferroviaire sur un ouvrage provisoire, ce qui aurait entraîné une importante baisse de la vitesse moyenne des trains et parfois même leur immobilisation », explique Jean-Marie Beauthier, l’inventeur du procédé. Avec l’Autoripage®, le pont est entièrement préfabriqué sur une aire attenante au talus ferroviaire avant d’être mis en place. Hormis le temps très limité nécessaire à cette opération, qui impose l’arrêt du trafic entre 10 et 48 heures, la circulation des trains ne subit aucune perturbation pendant la construction de l’ouvrage. Posé sur son radier à 50 m de distance de son emplacement définitif, le pont-rail de Saint-Chéron se présentait donc comme un ouvrage de 2 400 t, long de 35 m, présentant un biais de 74,4 grades et possédant deux travées centrales, destinées l’une à la circulation routière (12 m de large) et l’autre aux cyclistes (4 m de large), encadrées par deux travées d’approche. La mise en place de l’ouvrage s’est effectuée par glissement à l’aide d’un système de câbles et de trois vérins servant de treuils linéaires de 1 000 t de capacité unitaire et d’une course de 350 mm, spécialement conçus pour ce type d’activité par la société Hebetec, la filiale de Freyssinet spécialisée dans la manutention de charges lourdes. « Avec ce dispositif, nous pouvons atteindre une vitesse de poussage maximale de 12 à 13 mètres par heure », précise Martin Duroyon, conducteur de travaux chez Freyssinet. À Saint-Chéron, cette allure a été réduite de moitié pour permettre aux engins de terrassement de dégager le talus en amont. Travail d’équipe, l’opération a également mis à contribution la société Advitam, rattachée au groupe VINCI, qui avait élaboré un système de monitoring pour garantir le pilotage centralisé des vérins et le contrôle du déplacement de la structure (mesure des déplacements et des efforts, mouvements altimétriques et latéraux). RÉALISATIONS STRUCTURES/PONT DE KONIN Poussage sur la rivière Warta KONIN (POLOGNE), sur l’axe autoroutier Varsovie-Poznan, Freyssinet Polska, la filiale polonaise du Groupe, a prêté son concours à la construction d’un nouveau pont métallique en assurant les opérations de poussage au-dessus de la rivière Warta. De forme générale courbe, l’ouvrage mesure 440 m et comprend cinq travées rectilignes. La mise en place du tablier par tronçons de 220 m (780 t) s’est déroulée en deux phases, en juillet puis en août, en seulement cinq jours. « La principale difficulté que nous avons rencontrée, explique Anna Oldziejewska, responsable marketing de Freyssinet Polska, résidait dans la géométrie de l’ouvrage, en arc de cercle, et de ses ailes inférieures, dont ni la largeur ni la hauteur n’é- À tait constante. » Pour compenser ces écarts et permettre à la structure de reposer axialement sur les appuis, des dispositifs roulants « auto-axés » (spécialement conçus par Freyssinet pour cet ouvrage) associés à cinq vérins de 30 t de capacité unitaire ont été employés. STRUCTURES/PONT DE GAEGOK Une réalisation 100% Freyssinet ▼ ans le sud de la Corée du Sud, un nouveau tronçon autoroutier traverse une région au relief particulièrement accidenté dans les environs de Gaegok et emprunte un ouvrage d’art long de 280 m (sur 20 m de large), dont Freyssinet Korea assure la réalisation complète, y compris le génie civil. D Reposant sur des piles atteignant 50 m pour la plus haute, le tablier comprend cinq travées (70, 50, 55, 35 et 70 m) construites en encorbellement et reçoit une précontrainte intérieure constituée de câbles non adhérents 19C13 (220 t). « Nos équipes sur le chantier, qui comptent 35 personnes, réalisent un voussoir de part et d’autre des piles tous les 18 jours », indique Jong Tae Han, le directeur travaux de Freyssinet Korea. Les culées sont quant à elles, réalisées sur échafaudages. À l’achèvement de l’ouvrage, en juin 2006, les équipes de Freyssinet Korea ne quitteront pas la région et s’attaqueront à un autre ouvrage sur le même tracé, le pont de Beobgy I, doté d’un tablier de 20 m de large et de 180 m de ■ long. INTERVENANTS ▼ ▼ ▼ ▼ ▼ ▼ ▼ INTERVENANTS Maîtrise d’ouvrage travaux ferroviaires : RFF. Maîtrise d’ouvrage travaux routiers : conseil général de l’Essonne. Maîtrise d’œuvre déléguée : SNCF Rive Gauche. Maîtrise d’œuvre : SNCF-EVEN Val d’Orge. Entreprise générale : Guintoli. Autoripage : Freyssinet France, Service centralisé câbles et manutention (SCCM). Études et méthodes : JMB Méthodes. Le poussage proprement dit a requis l’utilisation de quatre vérins de 60 mm de course déployant une force de 892 kN. Une fois le poussage terminé, Freyssinet Polska a installé 60 appareils d’ap■ pui à pot. ▼ Inventée par Jean-Marie Beauthier en 1992, la technique d’Autoripage® consiste à déplacer un ouvrage complet de type pont-rail depuis son aire de fabrication jusqu’à son emplacement définitif dans un délai très court, limitant ainsi la coupure de la circulation ferroviaire entre 10 et 48 heures. Les ouvrages auxquels elle s’applique sont élevés sur un radier et comprennent deux travées d’approche soutenues par des bracons inclinés à 45 ° qui se substituent aux perrés traditionnels (cette disposition permet ultérieurement d’éviter les opérations de remblaiement aux abords de l’ouvrage, la réalisation d’une dalle de transition ou de murs en aile). L’opération d’Autoripage® proprement dite consiste à faire glisser l’ouvrage à même le sol sur un lit de coulis lubrifiant à base de bentonite et à l’aide d’un système de câbles et de vérins hydrauliques jusqu’à son emplacement définitif. L’ouvrage n’exerçant au sol qu’une pression très basse (de 0,3 à 0,7 bar), l’Autoripage® peut être réalisé sur n’importe quel type de terrain. Depuis le rachat de JMB Méthodes par Freyssinet, plusieurs ouvrages ont été mis en place à l’aide de ce procédé à Thonon-les-Bains, Thaon-les-Vosges, Saint-Rémylès-Chevreuse, Chalon-sur-Saône, ■ au Luxembourg, etc. ▼ Autoripage® : le principe Maître d’ouvrage : Gyeongsangnam-do. Entreprise générale : Daewoo E&C Corporation. Entreprise spécialisée : Freyssinet Korea. Second semestre 2005 Sols & Structures 25 R É A L I S A T I O N S RÉALISATIONS ITUÉ SUR LE TRACÉ DE LA FUTURE AUTOROUTE N° 18, qui reliera l’aéroport international Noi Bai, au nord de Hanoi, à Bac Luan, à la frontière avec la Chine, le pont de Bai Chay franchira en S 26 Sols & Structures Second semestre 2005 2006 un bras de mer donnant sur la baie d’Along et sera la clé du développement économique d’une région à fort potentiel, doublement stimulée par la situation de la ville industrielle d’Hai- INTERVENANTS ▼ Dans le golfe du Tonkin (Vietnam), en bordure de la baie d’Along, se poursuit la construction du pont de Bai Chay, un ouvrage doté des haubans et des gaines Freyssinet de dernière génération. ▼ Haubans paysagers sur la baie d’Along Une gaine spéciale Selon leur emplacement, les faisceaux de câbles comprennent de 37 à 75 torons et leur longueur varie ▼ STRUCTURES/PONT DE BAI CHAY phong le long de l’autoroute et par la forte activité touristique et portuaire de la baie. Avec une portée centrale de 435 m et une longueur totale de 903 m, le pont de Bai Chay devance les ponts de l’Elorn (France), de Sunshine Skyway (États-Unis) ou encore de Coatzacoalcos (Mexique) et il bat le record de longueur des ponts en béton précontraint supportés par une nappe centrale de haubans. « La disposition des haubans ne traduit pas la volonté de battre un record, précise Roger Raymond, responsable de la zone pour Freyssinet, mais plutôt la recherche de mise en valeur d’un site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. » Offrant deux voies de circulation dans chaque sens ainsi que deux trottoirs, le tablier, composé de voussoirs coulés en place, mesure 25,30 m de large. Construit en encorbellement, il sera supporté par 112 haubans ancrés dans deux pylônes culminant à plus de 137 m. ▼ Une nappe centrale de haubans, des gaines de protection plus fines aux coloris spéciaux : trois solutions pour mieux fondre l’ouvrage dans le panorama. de 50 à 230 m. Tous sont enfilés dans une gaine « à faible traînée », équipée d’un dispositif permettant de prévenir les vibrations liées à l’action combinée du vent et de la pluie. L’originalité des gaines de Bai Chay ne s’arrête pas là, car le maître d’ouvrage souhaitait y utiliser trois nuances de jaune pour créer un dégradé en trompe-l’œil du centre des pylônes vers l’extérieur évoquant le coucher de soleil. « Grâce à sa maîtrise de la technologie des haubans, Freyssinet a pu répondre favorablement à cette demande, indique Benoît Lecinq, le directeur technique de Freyssinet. Nos travaux de R&D nous ont permis de trouver des formulations pour les gaines qui laissent libre cours à l’expression architecturale des concepteurs. Freyssinet propose ainsi à ses clients des gaines aux coloris différents qui conservent intactes leurs caractéristiques mécaniques et leur résistance aux rayons ultraviolets. » Pour absorber les vibrations, le pont sera en outre équipé d’amortisseurs internes de trois types selon la longueur des haubans. Par pylône, 20 amortisseurs internes radiaux (IRD) seront installés sur les câbles les plus longs, 20 amortisseurs internes hydrauliques (IHD) pour les longueurs intermédiaires et enfin 16 amortisseurs internes en élastomère (HDR) ■ pour les plus courts. Maître d’ouvrage: République socialiste du Vietnam – ministère des Transports – Projet n° 18. Financement: Japan Bank for International Cooperation. Maître d’œuvre: Japan Bridge & Structure Institute Inc.; Pacific Consultants International; Transport Engineering Design Incorporation ; Hyder Consulting-CDC Ltd. Entreprise spécialisée: Freyssinet. M É T I E R MÉTIER OPÉRATEUR CMC: UN CONTRÔLE DE TOUS LES INSTANTS arrivant sur un chantier, « Enexplique Mathieu Prot, opérateur de colonnes à module contrôlé (voir ci-dessous) de Ménard Soltraitement, notre premier geste est de vérifier le matériel dans son ensemble – c’est-à-dire la grue, son mât et la pompe à béton qui assure son approvisionnement – et de nous assurer que tout fonctionne. La réalisation des CMC ne laisse en effet aucune place à l’improvisation, et le béton que nous utilisons nous oblige à travailler en continu. » Son check-up d’inspection terminé, l’opérateur gagne son poste de travail, une cabine où voisinent manettes de commande et écran d’ordinateur. Il n’en ressortira qu’une fois la réserve de béton de la pompe épuisée (45 ou 90 m3 selon les modèles). Au sol, un marquage déterminé par les ingénieurs de Ménard Soltraitement lui indique la position exacte des CMC à réaliser. Guidé par un manœuvre qui assure en parallèle le déplacement de la pompe, un engin télécommandé sur chenilles, l’opérateur place précisément sa tarière sur les marques en veillant à la verticalité de son mât, qu’il règle à l’aide d’un inclinomètre. Dès que celle-ci amorce sa pénétration dans le sol, la totalité des paramètres du forage est consignée en temps réel par l’ordinateur. En véritable chef d’orchestre éclectique, à la fois informaticien, conducteur d’engin et mécano, l’opérateur surveille scrupuleusement la verticalité du mât, le travail de la tarière, son couple de rotation et la profondeur qu’elle atteint. Toutes ces données lui sont transmises, ainsi qu’à l’ordinateur de bord, par la table de rotation fixée au mât, « un véritable concentré de technologie hightech » bardé de capteurs. Outre le contrôle de l’opération, appelant décision ou geste correctif immédiat, les informations recueillies permettent d’établir la traçabi- Des inclusions cimentées semi-rigides Procédé de renforcement de sol, les colonnes à module contrôlé (CMC) sont des inclusions semi-rigides et cimentées dont les modules de déformation sont de 5 à 30 fois plus faibles que ceux du béton. Dans la pratique, les CMC sont réalisées par une vis spéciale à refoulement du sol, et cette technique, qui ne nécessite ni vibration ni battage, est sans incidence sur l’environnement. L’outil est vissé dans le sol jusqu’à la profondeur désirée puis remonté sans déblais. Un coulis fluide est alors incorporé dans le sol par l’âme de la tarière creuse (la vis spéciale) pour former une colonne de 25 à 60 cm de diamètre environ de matériau cimenté, qui admet des contraintes de 10 à 50 bars selon les dosages. Pour l’opérateur, rien n’est laissé au hasard : les emplacements des CMC sont rigoureusement délimités par les ingénieurs et toutes les données d’exécution sont enregistrées par l’ordinateur de bord. lité des travaux et sont régulièrement remises au client et au bureau d’études par Ménard Soltraitement. Une fois la profondeur voulue atteinte commence pour l’opérateur la deuxième phase de mise en œuvre, qui ne demande pas moins d’attention, car il s’agit maintenant de doser l’incorporation du mortier et d’en vérifier la pression. Lié à la nature du sol, le nombre de CMC réalisé quotidiennement est variable mais se mesure en réalité en nombre de mètres. En moyenne, Mathieu Prot estime qu’il en réalise de 500 à 600 m par jour. Avec des machines toujours plus performantes – qui garantissent en particulier un ajustement vertical du mât automatique –, le métier d’opérateur CMC évolue et devient toujours plus spécialisé et pointu, ce qui explique aussi qu’il soit pour l’essentiel transmis sur le terrain par un opérateur confirmé et sous la supervision d’un conducteur de ■ travaux. Second semestre 2005 Sols & Structures 27 E N T R E P R I S E UNE OFFRE COMPLÈTE EN CORÉE DU SUD En un peu plus de 10 ans, Freyssinet Korea et Sangjee Menard sont parvenus à déployer dans le pays la totalité des savoir-faire du Groupe en signant un ensemble de belles références. 1 2 1 l’entreprise d’accéder au statut de grand acteur des travaux publics. En plein essor au lendemain de cette réussite, l’entreprise élargit son offre aux métiers de la réparation et signe en 1997 son premier chantier, le renforcement d’un pont construit en encorbellement, puis elle intervient sur cinq grands projets dans les années qui suivent : installation des voussoirs d’un pont pour le train à grande vitesse à l’aide du système MSS (movable scaffolding system) ; lancement du pont de Jang-An ; mise en œuvre de haubans sur les ponts 2 ▼ Effectif : 66 cadres, techniciens et administratifs, 201 ouvriers. Chiffre d’affaires 2004 : 21640 millions de wons (18 millions d’euros). Directeur général : JY Kim. ▼ i la présence de Freyssinet en Corée du Sud remonte à septembre 1999, moment où le Groupe ouvre un bureau de représentation à Séoul, l’entreprise n’est formellement enregistrée sous le nom Freyssinet Korea que depuis 1993. Composée de cinq personnes, la société est alors dirigée par WS Park et JY Kim, devenu directeur général depuis 1989. Intervenant d’abord dans les travaux de précontrainte et d’équipement d’ouvrage, Freyssinet Korea connaît un véritable tournant avec le chantier du pont de Seohae en 1995. « Sur cet ouvrage, indique JY Kim, nous avons assuré la préfabrication des voussoirs des 52 travées des deux tabliers, la manutention lourde, la pose des voussoirs, de la précontrainte, des joints de chaussée et des haubans. » – une prestation très étendue qui a permis à S FICHE D’IDENTITÉ ▼ Freyssinet Korea 3 4 5 6 7 8 COLLABORATEURS FREYSSINET KOREA Une partie de l’équipe de direction de Freyssinet Korea : Ji Yeong Kim (1), directeur général ; Byung Joo Huh (2), chef du département Terre Armée ; Ki Chul Won (3), directeur marketing ; Jong Tae Han (4), directeur travaux ; Yoon Ik Cha (5), directeur approvisionnement et matériel ; Sung Woo Kim (6), directeur administratif et financier ; Hyun Kwon Hong (7), chef du département technique ; Sang Jin Park (8), directeur de la division géotechnique ; Seung Ik Kim (9), directeur de la division Structures et directeur technique. 28 Sols & Structures Second semestre 2005 9 ENTREPRISE Sangjee Menard 3 de Samcheonpo, Yeong-Heung et de Namdo (bow-string). Soutien de Reinforced Earth Entre-temps, l’entreprise a encore étoffé son offre en intégrant les métiers du sol renforcé et des voûtes préfabriquées. Sitôt recrutés, les ingénieurs géotechniciens voient les projets de murs en Terre armée s’enchaîner, ce qui conduit Freyssinet Korea à se rapprocher de Reinforced Earth, la filiale australienne du Groupe, pour bénéficier de son expertise et de son soutien dans la formation du personnel et les premières études. De même, l’Australie prête main-forte à la Corée du Sud lorsque les premiers chantiers de voûtes TechSpan sont remportés en 2005 pour la construction de deux tranchées couvertes sur les autoroutes 1. Entre 1998 et 2000, Freyssinet Korea a prêté son concours à la construction du pont de Seohae, un ouvrage de 7 310 m franchissant la baie d’Asan, en concevant un cintre autolanceur pour la réalisation des travées, et en fournissant et installant la précontrainte des pylônes et les haubans. 3. Sur le pont de Jang-An, situé à 100 km au sud-ouest de Séoul et long de 525 m, Freyssinet Korea a effectué de 1999 à 2000 tous les travaux de construction de la superstructure, la précontrainte et le poussage. 2. Dans le domaine des sols, Freyssinet Korea va réaliser en 2006 son premier chantier de voûtes TechSpan sur l’axe autoroutier Cheongwon-Sangju ; un ouvrage qui nécessitera l’installation de 524 demi-voûtes. Cheongwon-Sangjiu et TaebaekSeohak. Parallèlement s’est poursuivi le déploiement des compétences en matière de structures avec l’introduction de la précontrainte de planchers (Samsung Leeum Museum) en 2003 puis du toron Cohestrand et des selles de déviation, qui seront mis en œuvre ■ en 2006. Au Pays du matin calme, les travaux d’amélioration de sol sont assurés par Sangjee Menard, une joint-venture à parts égales créée en 1992 entre la société coréenne Sangjee Co. Ltd et Ménard Soltraitement, qui a réalisé son premier chantier à la raffinerie Honam-Oil de Yeosu en 1993 (70 000 m2 de compactage dynamique et de plots ballastés). En 1995, les travaux d’une seconde phase à Honam-Oil, similaire à la précédente, et l’application du procédé Menard Vacuum sur la plate-forme de la station d’épuration de Kimhae (85 000 m2) confirment l’entreprise dans son statut de spécialiste du traitement de sols. À partir de 1997, c’est la station d’épuration de Jangyoo qui sera traitée par Ménard Vacuum (70 000 m2). Après une modification de la structure du capital de la joint-venture, où Ménard Soltraitement porte sa participation à 80 % en 2003, le groupement est actuellement dirigé par Ki Hyun Song, également président de Sangjee, et par Daniel Berthier, vice-président et représentant de Ménard Soltraitement dans le pays. La société a réalisé en 2004 un chiffre d’affaires de 7 M€ ; elle compte 11 collaborateurs sur chantier et huit personnes au siège, et elle mène aujourd’hui son plus important chantier à Kwang Yang, dans le sud du pays (voir page 22). 1 2 COLLABORATEURS SANGJEE MENARD Ki Hyun Song, président de Sangjee Menard (1), Daniel Berthier, vice-président de Sangjee Menard et représentant de Ménard Soltraitement en Corée du Sud (2). Second semestre 2005 Sols & Structures 29 H I S T O I R E DU VÉRIN AU LAO : L’ASCENS Pionnier de l’utilisation des vérins dans la manutention et le levage, Freyssinet a pris une part active au développement de la technologie. Couplée à l’informatique, celle-ci permet aujourd’hui d’exécuter des manœuvres avec une précision micrométrique. 1930/1940 1960 Sur le chantier de construction de l’anneau de stockage de l’accélérateur linéaire d’Orsay, qu’elle réalise dans les années 1960, la société fournit des vérins plats pour maîtri- ser avec une excellente précision le niveau de l’ouvrage pendant les travaux. Cette utilisation ouvre la voie à une nouvelle forme d’utilisation des vérins : au-delà de la maîtrise des efforts et des déformations, les ingénieurs de la Stup s’intéressent désormais aux mouvements et aux déplacements de charges horizontaux et verticaux. L’entreprise participe à plusieurs chantiers de ce type, en particulier pour le déplacement des temples d’Abou-Simbel, en Égypte, lors de la construction du barrage d’Assouan sur le Nil en 1967, puis, moins spectaculaires, de nombreux levages d’ouvrages d’art routiers dont il faut changer les appareils d’appui. 1970 En 1932, pour consolider les fondations de la gare maritime du Havre, qui s’affaissaient de 1 à 2 cm par mois, Eugène Freyssinet propose d’installer de nouveaux pieux en utilisant des vérins de fonçage à piston. À cette époque, l’utilisation des vérins se limite en effet à l’organisation ou à la réorganisation des efforts internes des 1950 En 1956, l’entreprise, alors dénommée Stup (Société technique pour l’utilisation de la précontrainte), s’illustre dans la réorganisation de contraintes sur structures et emploie des vérins plats pour réaliser des mouvements de faible amplitude dans des ouvrages. C’est ainsi qu’elle consolide les clochers de l’église de La Chaise- 30 Sols & Structures Second semestre 2005 structures. Ce sera encore le cas avec les vérins plats qu’Eugène Freyssinet invente en 1938 et utilise pour la première fois sur le barrage des Beni-Bahdel, en Algérie puis lors de la construction des ponts sur la Marne, en 1946, pour régler la poussée des arcs surbaissées en associant vérins plats et calage. Dieu (Haute-Loire), un monument datant du XIVe siècle. À cette époque, l’entreprise prête couramment son concours au développement de la manutention et des déplacements de charges en étudiant le lançage et le ripage de poutres droites pour la construction de ponts. Le maintien des gabarits disponibles sous certains ouvrages autoroutiers après rechargement de chaussée impose parfois des surévélations d’une hauteur dépassant la course des vérins plats, exigeant alors le recours à des vérins mécaniques. C’est aussi le moment où Freyssinet réalise le premier levage, « pas à pas », lors de la construction du réservoir d’eau de Libourne. Coulée au sol, la cuve d’une capacité supérieure à 1 000 m3 est construite au sol puis levée au fur et à mesure de la construction de la tour au moyen de 24 vérins de 75 t et 20 cm de course placés sur des poteaux constitués d’éléments préfabriqués à joints conjugués. D’autres ouvrages de ce type seront ensuite construits de la même manière en particulier à Saint-Lô (Manche) et au Moyen-Orient. La technique reste rudimentaire : elle consiste à envoyer un volume d’huile identique dans chaque vérin. Des ajustements manuels sont nécessaires pour corriger les écarts. HISTOIRE ION DU LEVAGE 1990 1980 L’intérêt grandissant pour la construction au sol et la mise en place d’ouvrage en hauteur donne ses lettres de noblesse au levage par vérin, qui devient une véritable méthode de construction reconnue et appliquée par des professionnels. En 1982, pionnier dans ce domaine, Freyssinet fabrique la première centrale synchronisée, que Pierre Guinard met au point. Un même volume d’huile est injecté simultanément dans huit vérins ; la lecture des déplacements se fait sur des afficheurs électriques regroupés sur la centrale et permet d’agir manuellement sur chaque voie pour apporter des corrections. De son côté, la filiale Cipec développe son propre système. En 1989, sur le chantier des Barrières du Havre, Freyssinet doit procéder au nivellement de huit piles marteaux avec 12 voies de levage simultanées. Pour cette opération délicate, la première machine de levage assisté par ordinateur (LAO) voit le jour. Un ordinateur arrête automatiquement le process en cas de dépassement de tolérance et réajuste l’assiette de niveau. La précision du levage est de l’ordre du millimètre. Révolutionnaire, le système s’impose rapidement et permet le développement du levage par câble et vérin qui se révèle plus rapide et obtient les faveurs des entreprises de construction. En 1983, le levage de la cuve du réservoir de Saint-Quentin-en-Yvelines est ainsi le premier d’une longue série. L’année 1992 est marquée par la mise au point par les ingénieurs de Freyssinet d’une machine de levage pilotée par automate programmable. Désormais, les tâches sont réparties : un processeur calcule tandis qu’un automate pilote. Les erreurs dues au temps d’ouverture et de fermeture des électrovannes sont réduites. La vitesse augmente considérablement et la précision atteint le dixième de millimètre en levage comme en descente. Chaque machine comporte plusieurs voies de levage et peut être couplée à d’autres machines qu’elle asservit, permettant ainsi des combinaisons infinies. L’utilisation de capteurs améliore encore les performances du système qui n’a désormais plus besoin de point fixe de référence au sol pour situer le plan dans l’espace. En synchronisant 240 vérins, c’est ce dispositif qui permet, en 1996, de décintrer les dalles de couvertures en béton armé du bâtiment F de l’aéroport de Roissy pour déformer la charpente métallique de suspente sans gauchir les dalles de couverture. 2000 Développant son activité de levage lourd (ci-dessus, le levage de la toiture du casino de Campione, en Suisse) et souhaitant renforcer son offre dans ce domaine, Freyssinet rachète en 2004 l’entreprise suisse Hebetec, spécialiste du levage, de la descente et du déplacement de charges lourdes. Second semestre 2005 Sols & Structures 31 Le groupe Freyssinet dans le monde Afrique et Moyen-Orient Afrique du Sud Freyssinet Posten Pty Ltd Olifantsfontein Tél. : (27.11) 316 21 74 Fax : (27.11) 316 29 18 Reinforced Earth Pty Ltd Johannesburg Tél. : (27.11) 726 6180 Fax : (27.11) 726 5908 Egypte Freyssinet Egypt Giza Tél. : (20.2) 345 81 65 Fax : (20.2) 345 52 37 Émirats arabes unis Freyssinet Middle East LLC Dubaï Tél. : (971) 4 286 8007 Fax : (971) 4 286 8009 Freyssinet Gulf LLC Dubaï Tél. : (971) 4 286 8007 Fax : (971) 4 286 8009 Koweït Freyssinet International & Co. Safat Tél. : (965) 906 7854 Fax : (965) 563 5384 Maroc Freyssinet International & Cie Maroc Rabat Tél. : (212) 37 56 44 35 / 37 56 39 48 Fax : (212) 37 71 73 68 Amérique Argentine Freyssinet Tierra Armada SA Buenos Aires Tél. : (54.11) 4372 7291 Fax : (54.11) 4372 5179 Brésil Terra Armada Ltda Rio de Janeiro Tél. : (55.21) 2233 7353 Fax : (55.21) 2263 4842 Colombie Stup de Colombia Ltda Bogota Tél. : (57.1) 236 3786 Fax : (57.1) 610 3898 Indonésie PT Freyssinet Total Technology Jakarta Tél. : (62.21) 830 0222 Fax : (62.21) 830 9841 États-Unis Drainage & Ground Improvement, Inc - Ménard Bridgeville, PA Tél. : (1.412) 257 2750 Fax : (1.412) 257 8455 Japon FKK Tokyo Tél. : (81.3) 5220 2181 Fax : (81.3) 5220 9726 Freyssinet LLC Sterling, VA Tél. : (1.703) 378 2500 Fax : (1.703) 378 2700 TAKK Tokyo Tél. : (81.44) 722 6361 Fax : (81.44) 722 3133 The Reinforced Earth Company Vienna, VA Tél. : (1.703) 821 1175 Fax : (1.703) 821 1815 Malaisie Freyssinet PSC (M) Sdn Bhd Kuala Lumpur Tél. : (60.3) 7982 85 99 Fax : (60.3) 7981 55 30 Guatemala Presforzados Técnicos SA Guatemala City Tél. : (502) 2204 236 Fax : (502) 2500 150 Mexique Freyssinet de México – Tierra Armada S.A. Mexico DF Tél. : (52.55) 5250 7000 Fax : (52.55) 5255 0165 Salvador Fessic SA de CV La Libertad Tél. : (503) 278 8603 Fax : (503) 278 0445 Vénézuela Tierra Armada Ca Caracas DF Tél. : (58.212) 576 6685 Fax : (58.212) 577 7570 Ménard Geosystems Sdn Bhd Subang Jaya Selangor Tél. : (60.3) 5632 1581 Fax : (60.3) 5632 1582 Reinforced Earth Management Services Sdn Bhd Kuala Lumpur Tél. : (60.3) 6274 6162 Fax : (60.3) 6274 7212 Pakistan Reinforced Earth Pvt Ltd Islamabad Tél. : (92.51) 2273 501 Fax : (92.51) 2273 503 Bewehrte Erde Seevetal Tél. : (49) 4105 66 48 16 Fax : (49) 4105 66 48 66 Belgique Freyssinet Belgium NV Vilvoorde Tél. : (32.2) 252 0740 Fax : (32.2) 252 2443 Terre Armee Belgium NV Vilvoorde Tél. : (32.2) 252 0740 Fax : (32.2) 252 2443 Danemark A/S Skandinavisk Spaendbeton Vaerlose Tél. : (45.44) 35 08 11 Fax : (45.44) 35 08 10 Espagne Freyssinet SA Madrid Tél. : (34.91) 323 9500 Fax : (34.91) 323 9551 Ménard Soltraitement Madrid Tél. : (34.91) 323 9550 Fax : (34.91) 323 9551 Tierra Armada SA Madrid Tél. : (34.91) 323 9500 Fax : (34.91) 323 9551 France Freyssinet France Vélizy Tél. : (33.1) 46 01 84 84 Fax : (33.1) 46 01 85 85 Asie Singapour PSC Freyssinet (S) Pte Ltd Singapour Tél. : (65) 6899 0323 Fax : (65) 6899 0761 Freyssinet International & Cie Vélizy Tél. : (33.1) 46 01 84 84 Fax : (33.1) 46 01 85 85 Corée du Sud Freyssinet Korea Co. Ltd Séoul Tél. : (82.2) 2056 0500 Fax : (82.2) 515 4185 Reinforced Earth (SEA) Pte Ltd Singapour Tél. : (65) 6316 6401 Fax : (65) 6316 6402 Ménard Soltraitement Nozay Tél. : (33.1) 69 01 37 38 Fax : (33.1) 69 01 75 05 Sangjee Ménard Co. Ltd Anyang-Si – Kyunggi-Do Tél. : (82.2) 587 9286 Fax : (82.2) 587 9285 Thaïlande Freyssinet Thailand Ltd Bangkok Tél. : (66.2) 266 6088/90 Fax : (66.2) 266 6091 Canada Reinforced Earth Company Ltd Mississauga Tél. : (1.905) 564 0896 Fax : (1.905) 564 2609 Hong Kong Freyssinet Hong Kong Ltd Kwung Tong - Kowloon Tél. : (852) 2794 0322 Fax : (852) 2338 3264 Chili Tierra Armada S.A. Santiago de Chile Tél. : (56.2) 2047 543 Fax : (56.2) 225 1608 Reinforced Earth Pacific Ltd Kwung Tong Tél. : (852) 2782 3163 Fax : (852) 2332 5521 Vietnam Freyssinet Vietnam Hanoi Tél. : (84.4) 826 1416 Fax : (84.4) 826 1118 Europe Allemagne Menard Dyniv GmbH Seevetal Tél. : (49) 4105 66 480 Fax : (49) 4030 23 98 25 PPC Saint-Remy Tél. : (33.3) 85 42 15 15 Fax : (33.3) 85 42 15 14 Terre Armée SNC Vélizy Tél. : (33.1) 46 01 84 84 Fax : (33.1) 46 01 86 87 Grande-Bretagne Corrosion Control Services Ltd Telford Tél. : (44.1952) 230 900 Fax : (44.1952) 230 906 Reinforced Earth Company Ltd Telford Tél. : (44.1952) 201 901 Fax : (44.1952) 201 753 Russie Freyssinet Moscou Tél. : (7 095) 7475 179 Fax : (7 095) 7475 179 Hongrie Pannon Freyssinet Kft Budapest Tél. : (36.1) 209 1510 Fax : (36.1) 209 1510 Slovénie Freyssinet Adria Ajdovscina Tél. : (386) 5 36 90 331 Fax : (386) 5 36 90 200 Irlande Freyssinet Ireland Kildare Tél. : (353) 45 884 896 Fax : (353) 45 884 969 Suède AB Skandinavisk Spaennbetong Malmö Tél./fax : (46.40) 98 14 00 Reinforced Earth Company Ireland (Ltd) Kildare Tél. : (353) 45 431 088 Fax : (353) 45 433 145 Suisse Hebetec Engineering AG Hindelbank Tél. : (4134) 411 71 71 Fax : (4134) 411 71 70 Italie Terra Armata S.r.l Rome Tél. : (39.06) 418 771 Fax : (39.06) 418 77 201 Freyssinet SA Moudon Tél. : (4121) 905 09 05 Fax : (4121) 905 09 09 Macédoine Freyssinet Balkans Skopje Tél. : (389.2) 3118 549 Fax : (389.2) 3118 549 Turquie Freysas Kadiköy – Istanbul Tél. : (90.216) 349 8775 Fax : (90.216) 349 6375 Norvège A/S Skandinavisk Spennbetong Snarøya Tél./fax : (47.67) 53 91 74 Reinforced Earth Insaat Proje Ve Tic.A.S Umraniye – Istanbul Tél. : (90.216) 484 4179 Fax : (90.216) 484 4174 Pays-Bas Freyssinet Nederland BV Waddinxveen Tél. : (31.18) 2630 888 Fax : (31.18) 2630 152 Océanie Terre Armée BV Waddinxveen Tél. : (31.18) 262 27 35 Fax : (31.18) 263 60 31 Pologne Freyssinet Polska Sp z.o.o. Milanówek Tél. : (48.22) 792 13 86 / 724 68 93 Fax : (48.22) 724 68 94 Australie Austress Freyssinet Pty Ltd Seven Hills, NSW Tél. : (61.2) 8824 0555 Fax : (61.2) 8824 0588 Austress Menard North Ride Tél. : (61.2) 9491 7100 Fax : (61.2) 9491 7111 Austress Freyssinet Pty Ltd Melbourne Tél. : (61.3) 9326 58 85 Fax : (61.3) 9326 89 96 Portugal Freyssinet - Terra Armada Lisbonne Tél. : (351.21) 716 1675 Fax : (351.21) 716 4051 The Reinforced Earth Company Hornsby Tél. : (61.2) 9910 9910 Fax : (61.2) 9910 9999 Roumanie Freyrom SA Bucarest Tél. : (40.21) 220 2828 Fax : (40.21) 220 4541 Nouvelle-Zélande Freyssinet New Zealand Ltd Reinforced Earth Ltd Auckland Tél. : (64.9) 2363 385 Fax : (64.9) 2363 385 Freyssinet Ltd Telford Tél. : (44.1952) 201 901 Fax : (44.1952) 201 753 FREYSSINET 1 bis, rue du Petit-Clamart - 78140 Vélizy-Villacoublay - Tél. : 01 46 01 84 84 - Fax : 01 46 01 85 85 - www.freyssinet.com Directeur de la publication : Claude Lascols - Rédacteur en chef : Stéphane Tourneur ([email protected]) Ont collaboré à ce numéro : Cécile Baubeau, Jean-Marie Beauthier, Daniel Berthier, Roger Bloomfield, Paul Bottomley, Rémy Chatte, Stéphane Cognon, Pascal Martin-Daguet, Fernand De Melo, Khalil Doghri, Bernard Fargeot, Alain Ghenassia, Dion Gray, Anik Jean, JY Kim, Marc Lacazedieu, Christian Lacroix, Benoît Lecinq, Salvador Lorente, Philippe Liausu, Yannick Marchard, Jean-Lucien Mongauze, Claude Mortier, Sylviane Mullenberg, Patrick Nagle, Anna Oldziejewska, Bertrand Petit, Sébastien Petit, Ines Rebelo Pinto, Khalid Rabadi, Sanae Raissouni, Andrew Smith, Jérôme Stubler, Christian Tourneur. - Secrétariat de rédaction : Jean-Marc Brujaille - Conception et réalisation : Idé - Crédits photos : Francis Vigouroux, StT, Photothèque Freyssinet, Actophotos - Régis Bouchu, Lim Jeong Eui. 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