le Barreau autour du Monde de juillet 2009
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N°22 / JUIN 2009 JEUNES AVOCATS : VIVRE UNE EXPÉRIENCE À L’ INTERNATIONAL N°22 / JUIN 2009 JEUNES AVOCATS : VIVRE UNE EXPÉRIENCE À L’ INTERNATIONAL DIRECTEUR DE LA PUBLICATION CHRISTIAN CHARRIÈRE-BOURNAZEL, BÂTONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS DE PARIS COMITÉ DE RÉDACTION ANNE SOULÉLIAC, ÉLISE TILLET-DAGOUSSET, EN COLLABORATION AVEC MARJANE GHAEM MAQUETTE LARA BALJAK PHOTO DE COUVERTURE PERRUSH_FOTOLIA.COM Sommaire n°22 / JUIN 2009 3 ÉDITORIAL Christian Charrière-Bournazel, Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris 3 FAIRE UN STAGE À L’ÉTRANGER Vietnam Clarisse Brély De Paris à New Delhi : deux pays, une profession Delphine Gieux 18 L’INDISPENSABLE EXPÉRIENCE INTERNATIONALE Geoffroy Canivet, Australie Alexis Hojabr Ghelichi, Royaume-Uni 21 PRÊT ÉLÈVES AVOCATS Partez... et nous serons votre camp de base ! Nathalie Van Elslande Mattéoli 25 ACTUALITÉS Abolition de la peine de mort au Nouveau Mexique. La crise économique : un argument de poids en faveur de l’abolition ! Yves Repiquet, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats de Paris Argentine Constance Ambroselli 9 ÉTUDIER À L’ÉTRANGER Une année d’études à l’étranger, une chance et une expérience uniques Kami Haeri Haïti : un système pénal alarmant, un barreau qui a besoin de nous Vincent Nioré Étudier et s’installer au Royaume Uni Sébastien Oddos «La Francophonie, c’est cet humanisme intégral, qui se tisse autour de la terre» Olivier Saumon Droit maritime à Singapour Pierre-Paul Saulou Décision historique : Alberto Fujimori condamné pour violation des droits humains Patricia Cuba-Sichler Droit de l’environnement en Californie Gaëlle Cognet 16 L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES JEUNES AVOCATS Interview / Christophe Raudonat 27 OFFRES DE FORMATION PAR AVOCATS SANS FRONTIÈRES- FRANCE Éditorial VOYAGEZ POUR ÊTRE ENCORE MEILLEURS ! 2) La somme prêtée peut aller jusqu’à 70 000 euros ; 3) Le taux d’intérêts est de 2,73% à quoi s’ajoute l’assurance vie, tout à fait dérisoire à votre âge ; 4) Vous bénéficierez de deux ans de différé pendant lesquels vous n’aurez rien à rembourser, pas même les intérêts ; 5) Après ces deux ans, vous disposerez d’un délai de cinq ans pour rembourser ; © THOMAS APPERT 6) L’Ordre de Paris mettra à contribution, dans les pays concernés, les cabinets d’avocats qui ont des filiales en France pour que vous y soyez accueilli en stage afin de compléter votre formation ; CHRISTIAN CHARRIÈRE-BOURNAZEL BÂTONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS DE PARIS ous êtes tous et toutes excellents puisque vous aimez le droit et que vous voulez devenir avocats. Le barreau a besoin de vous : la jeunesse est le sel de la terre. Soyez encore meilleurs dans votre intérêt personnel et pour celui de vos futurs clients. Complétez votre formation grâce à quelques mois d’études à l’étranger, en Amérique du nord ou du sud, en Europe, en Australie ou encore en Asie. V Bougez ! L’expérience acquise dans un autre univers culturel et dans une autre langue vous donnera des chances supplémentaires de réussir. J’ai mis au point, avec BNP Paribas, banque institutionnelle de la Carpa de Paris, des prêts à votre usage et dans des conditions exceptionnelles : 1) Vous n’aurez pas à fournir de caution. On ne vous demandera aucune garantie de ressources. La banque vérifiera seulement que vous n’êtes ni surendetté ni en interdiction bancaire ; 7) Pour éviter les accidents, c’est le service de l’Ordre dédié à ces prêts qui gérera les paiements dont vous aurez besoin au fil des mois, d’un commun accord avec vous. Ne négligez pas cette opportunité. Vous acquerrez un meilleur niveau de langue dans le pays où vous irez, un diplôme de plus vous permettant de devenir membre d’un barreau étranger tout en étant avocat au barreau de Paris, et un apprentissage de l’international qui vous rendra plus compétitif en France et parfaitement préparé à vous installer dans l’antenne d’un cabinet situé ailleurs qu’en France. N’allez surtout pas vous imaginer que parce que vous serez devenu avocat au barreau de New York, sollicitor à Londres ou rechtsanwalt en Allemagne, vous cesserez d’être un avocat français. Vous pourrez tout aussi bien vous consacrer en France, si c’est votre préférence, à toutes les branches du droit, y compris aux missions généreuses que nous assumons bénévolement au service des plus démunis. N’oubliez cependant pas que l’on pratique beaucoup mieux l’altruisme en étant adossé à un minimum de confort. Le sens du partage est essentiel. Encore faut-il avoir quelque chose à partager. Vous vivrez d’autant mieux pour vous-même et pour les autres que vous aurez développé vos ressources intellectuelles et que vous ne serez plus prisonnier de nos frontières culturelles. Donc, bougez ! Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 3 Témoignages : un stage à l’étranger VIETNAM CLARISSE BRÉLY, AVOCAT AU BARREAU DE PARIS Pourquoi avez-vous choisi de partir au Vietnam et comment avez vous pu mettre en oeuvre ce projet ? J’étais très intéressée par une expérience professionnelle à l’étranger, plus particulièrement en Asie compte tenu de mes études et de mes voyages dans cette région. En effet, ma thèse de doctorat en droit portait sur les aspects juridiques de la régionalisation en Asie du Sud-est et j’ai également étudié le Chinois à l’Institut national des langues et civilisations orientales. Je suis partie au Vietnam grâce au barreau de Paris qui m’a permis, après ma prestation de serment, d’effectuer un stage de trois mois à la Maison francovietnamienne du droit à Hanoï, organisme de coopération dont l’une des missions est de promouvoir le droit français au Vietnam. À l’issue de ce stage, plusieurs cabinets parisiens m’ont proposé de diriger leur succursale au Vietnam, ce que j’ai fait pour l’un d’entre eux pendant trois ans ! 4 Pouvez vous nous faire partager votre expérience sur place ? Une expérience passionnante tant sur le plan personnel (découverte d’une autre culture et d’une population très attachante) que professionnel. Seule expatriée de la succursale, je disposais d’une totale autonomie pour exercer mes activités qui étaient très diversifiées. Avec l’aide d’une équipe de juristes vietnamiens anglophones et francophones, j’assistais nos clients dans leurs projets au Vietnam. Les problèmes posés étaient d’une grande variété et faisaient référence à plusieurs domaines du droit : droit des sociétés, propriété intellectuelle, droit social etc. Le Vietnam n’étant alors pas encore membre de l’OMC, son économie demeurait fortement étatisée, impliquant des négociations régulières avec les autorités vietnamiennes. Je donnais également des cours de droit commercial à la Maison du droit et participais à l’organisation de nombreuses conférences faisant intervenir des avocats, Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 magistrats et professeurs de droit français. Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer ? Elles sont identiques à celles généralement rencontrées par tout expatrié qui travaille dans un pays très éloigné du sien, géographiquement, politiquement et culturellement. Dans un pays d’économie administrée qui s’ouvre à l’économie de marché, il faut faire preuve sur place de beaucoup de pragmatisme et de créativité, qualités indispensables pour dissiper les malentendus, incompréhensions réciproques et trouver les meilleures solutions aux problèmes, l’expérience acquise en France n’étant généralement pas transposable. J’ai souvent ressenti un certain isolement, car l’éloignement et le décalage horaire ne facilitent pas toujours les échanges avec les confrères restés à Paris qui eux-mêmes ont d’autres priorités. Cela vous oblige très souvent à décider seule. À votre retour et aujourd’hui dans votre pratique, comment avez vous pu valoriser cette expérience ? A mon retour j’ai continué à travailler pour des clients français et étrangers, sur des dossiers «internationaux» où la maitrise de l’anglais était indispensable. Je suis également rentrée avec une plus grande ouverture d’esprit, davantage de maturité et d’indépendance, qui me sont très utiles dans ma pratique quotidienne. Aujourd’hui, la majorité de mes clients sont étrangers ou ont une activité à l’étranger et notamment au Vietnam où mon cabinet est installé. @ Matton Images - Vietnam, Sappa, rue commerçante DE PARIS À NEW DELHI : DEUX PAYS, UNE PROFESSION DELPHINE GIEUX, AVOCAT AU BARREAU DE PARIS Pourquoi vous êtes vous orientée vers une expérience internationale en Inde et comment avec vous pu réaliser ce projet ? Dans ma «vie d’avant» la prestation de serment, j’ai accompagné ou suivi, selon le point de vue, diverses entreprises françaises, du grand groupe coté à la PME familiale discrète mais prospère et ambitieuse, voire moins prospère mais tout aussi consciente que les nécessités du futur impliquaient de repousser les frontières géographiques de l’entreprise. Pour ces décideurs, le besoin de conseil est énorme, quelles que soient les destinations envisagées. Son absence ou un accompagnement inadapté peuvent même constituer un frein à l’expansion. Il est important de comprendre et de rationaliser les risques pour entreprendre en connaissance de cause. La position d’un avocat qui a la confiance du chef d’entreprise est évidemment clef dans ces circonstances. Ma première expérience d’avocat auprès de Maître Jean Thieffry, dont le cabinet est présent à New-York et Shanghaï, me confirmait tous les jours que la position des avocats français se devait d’être aussi sur place, auprès des entreprises françaises. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 5 Témoignages : un stage à l’étranger C’est forte de ce constat que j’ai eu la chance de profiter en 2004 d’une formule d’échange avec un cabinet d’affaires indien promue par le barreau de Paris. L’Inde commençait tout juste à susciter l’intérêt des entreprises françaises autres que les grands groupes, évidemment déjà présents, et le succès de notre département dédié à l’Inde, créé en 2005, confirme le diagnostic ci-dessus. Comment décririez vous votre première expérience sur place et son influence sur votre pratique actuelle ? Les six mois passés en immersion complète dans un cabinet d’affaires indien, conseil de quelques entreprises françaises, m’ont d’abord apporté les premières connaissances académiques et méthodologiques nécessaires pour apporter une contribution utile. La formule en cela était idéale ! Sans beaucoup de comptes à rendre, la porte était ouverte à toutes les initiatives et aux premiers pas balbutiants. L’influence sur mon activité actuelle a été déterminante. Elle a pris la forme d’un attachement affectif pour ce pays contrasté, mais aussi plus fondamentalement, d’une admiration intellectuelle pour ses élites qui me permet encore aujourd’hui de dépasser les difficultés pratiques du quotidien professionnel. de difficultés. Cela limite en revanche les possibilités de communiquer sur notre activité, mais notre crédibilité prend de toute façon sa source dans des sols plus profonds mais plus fertiles. Que diriez vous à de jeunes confrères qui hésiteraient à se tourner vers des marchés tels que l’Inde ? Il y a toujours de bonnes et des mauvaises raisons pour hésiter. Mais à ceux qui partagent mon diagnostic intro- Le barreau indien ne souhaitant pas s’ouvrir aux avocats étrangers, quelles sont les difficultés que vous rencontrez ? Il n’est en effet pas possible de créer un cabinet français en Inde. La seule formule envisageable est le partenariat avec un cabinet local, ce qui pose des questions de gestion au quotidien de la coopération, dans un sens qui soit satisfaisant pour chacun, «gagnantgagnant» pour reprendre l’expression consacrée. Nous avons choisi la formule d’un partenariat quasi-intégré quoique informel avec des avocats partageant notre déontologie, ce qui aplanit beaucoup 6 Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 ductif, je dirai que l’accompagnement des entreprises françaises est extrêmement gratifiant, que la crise financière n’occupe pas la une de tous les quotidiens, que la réglementation indienne est un méandre aussi opaque qu’intellectuellement passionnant. Enfin je conseillerais aux candidats à la Conférence et autres plaideurs émérites de se glisser dans le parterre de la Cour Suprême indienne et d’écouter Fali Nariman ou Soli Sorabjee… @ Matton Images - Inde, Rajasthan, foire de Nagaur Témoignages : un stage à l’étranger ARGENTINE CONSTANCE AMBROSELLI, AVOCAT AU BARREAU DE PARIS Pourquoi avez-vous choisi de partir en Argentine et comment avez-vous pu mettre en œuvre ce projet ? Je souhaitais commencer à exercer à l’étranger avant de m’établir professionnellement à Paris. Au cours de ma première année de doctorat à l’Université de Paris I, je travaillais sur mon sujet de thèse portant sur la Cour Pénale Internationale permanente, et souhaitais avoir une vision concrète et pragmatique de la lutte contre l’impunité et des outils dont dispose la société civile pour agir. L’Argentine, de par son histoire, se présentait comme un terrain d’analyse approprié. J’ai eu l’opportunité à ce moment-là de rencontrer le président de la section argentine d’Amnesty International, de passage à Paris, qui m’a proposé de travailler en tant que juriste volontaire, à Buenos Aires, pendant 6 mois. J’ai alors sollicité un financement auprès de la commission financière de l’Ordre des avocats de Paris, qui m’a été accordé en novembre 1999. Après avoir prêté serment en février 2000, je suis partie à Buenos Aires, initialement pour une durée de 6 mois, pour finalement m’y installer quatre ans. Pouvez-vous nous faire partager votre expérience sur place ? La section argentine d’Amnesty m’a accordé une liberté formidable pour agir. Mon projet initial consistait à étudier les champs d’action des défenseurs des droits de l’Homme en Argentine (organisations de droits de l’Homme, secteurs de l’Église, collectifs de juristes, partis d’opposition et associations) et à rédiger un rapport relatif à «l’application de la compétence universelle en droit argentin pour juger les crimes de lèse humanité et les crimes de guerre». J’ai pu intégrer la «Red de Abogados» d’Amnesty (commission d’avocats et juges argentins défenseurs des droits de l’Homme) ainsi que la «Comisión de Derechos Humanos» du barreau de Buenos Aires, et rencontrer les «Associations des Mères et Grands-mères de la Place de Mai» et de «HIJOS», auprès desquelles j’ai pu recueillir des témoignages de proches parents ou enfants de disparus et de victimes de tortures sous la dictature militaire en Argentine (1976-1983). L’objectif consistait à participer sur le terrain à des actions de lobbying en faveur de l’abrogation des lois d’amnistie et mesures de grâce votées sous les régimes successifs argentins, notamment des lois dites de «Punto final» et «Obedencia debida» votées respectivement en 1986 et 1987. L’abrogation de ces lois dites «d’impunité» par la Cour Suprême argentine en 2005, soit près de 20 ans après, illustre le rôle essentiel de la société civile dans le jeu de dialogues et tensions entre les pouvoirs exécutif et judiciaire. Désireuse de rester à Buenos Aires au-delà de ce projet initialement prévu pour 6 mois, j’ai commencé à exercer en tant qu’avocate junior au sein d’un cabinet français implanté à Buenos Aires, CMS Bureau Francis Lefebvre, pendant près de trois ans. Quelles sont les difficultés que vous avez pu rencontrer ? Dans une perspective d’implantation à long terme en Argentine, j’avais souhaité obtenir l’immatriculation au barreau de Buenos Aires, auprès de la Commission de validation des diplômes d’avocats. Un véritable parcours du combattant ! Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 7 Témoignages : un stage à l’étranger Je devais communiquer copie de l’ensemble de mes diplômes, et de tous les relevés de notes dans chacune des matières suivies, de la première à la dernière année d’études universitaires, (sachant que la majorité était impossible à obtenir car archivée dans les sous-sols des universités…), ainsi que tous les sommaires des cours détaillés pour chacune des matières, dûment validés et signés par mes professeurs (dont la majorité était partie à la retraite), etc. Après des années de persévérance pour obtenir, auprès des administrations, des informations qui se sont révélées être parcellaires, la Commission de validation m’a indiqué, après réception de mes pièces, que je devais repasser un examen dans la plupart des matières de droit argentin, notamment en droit civil et droit administratif… J’y ai donc renoncé, ce qui est regrettable, compte tenu de mes perspectives professionnelles aujourd’hui. Du fait de l’internationalisation croissante de la profession, l’Ordre des avocats de Paris devrait multiplier les accords inter barreaux afin de faciliter l’obtention, pour les avocats français, de la validation du diplôme d’avocat dans le pays dans lequel il exerce ou a exercé. À votre retour et aujourd’hui dans votre pratique, comment avez-vous pu valoriser cette expérience ? J’ai pu rapidement valoriser ces quatre années d’exercice à l’étranger, en continuant à tisser des liens et «créer un pont» entre la France et l’Argentine. J’ai naturellement étendu mon activité vers l’international, vers l’Amérique du Sud en particulier, en créant des synergies étroites avec des confrères solidement implantés là-bas, l’objectif étant d’accompagner particuliers et entreprises dans leur projet d’implantation ou de développement en Amérique latine, et de défendre les intérêts des sud-américains en France. 8 Bénéficier d’une bourse du barreau de Paris pour faire un stage à l’étranger L’Ordre des avocats du barreau de Paris a toujours eu à cœur d’encourager ses membres à s’enrichir d’expérience professionnelle auprès de confrères d’autres pays. Ainsi, et parce que ces stages sont souvent peu ou pas indemnisés, l’Ordre des avocats a décidé d’aider ceux de nos confrères qui choisissent de passer quelques mois à l’étranger. Le service des relations européennes et internationales du barreau de Paris organise, plusieurs fois par an, une commission des stages qui entend les candidats désireux d’effectuer un stage à l’étranger et décide de l’aide financière qui leur sera apportée. Conditions concernant le bénéficiaire de la bourse : 1. Être un avocat inscrit au barreau de Paris : il faut avoir prêté serment. Un avocat en état d’omission ne peut bénéficier d’une bourse. 2. Fournir une attestation signée du cabinet d’accueil. 3. Effectuer un stage d’au moins trois mois. Procédure : L’avocat souhaitant bénéficier d’un soutien financier pour un stage à l’étranger devra : - contacter le service des relations européennes et internationales qui organisera un entretien avec la commission des stages. - présenter son projet à la commission des stages. L’avocat doit avoir un projet professionnel bien déterminé (le stage ne doit pas être un outil de perfectionnement linguistique) et déposer un dossier en 5 exemplaires comprenant les pièces suivantes : . une lettre de motivation ; . un CV en version française et dans la langue du pays d’accueil ; Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 . un budget prévisionnel ; . le montant souhaité de l’aide financière ; . deux photos. En cas d’avis favorable de la commission des stages, l’Ordre des avocats versera une aide financière à l’avocat un mois après son arrivée dans le cabinet d’accueil. Caractéristiques financières de la bourse : La commission des stages détermine le montant de l’aide accordée sur la base de différents critères : le dossier présenté, la situation financière du candidat et le niveau de vie du pays d’accueil. Les candidats doivent savoir que cette bourse est une aide financière mais qu’en aucun cas elle ne permet de couvrir l’ensemble des frais inhérents à ce stage. La totalité de la bourse est versée sur le compte bancaire de l’avocat sur présentation (signée par le maître de stage du cabinet d’accueil) d’une attestation confirmant sa présence au sein de la structure d’accueil, un mois après le début de son stage. Obligations à la charge de l’avocat : L’avocat s’engage à : - fournir au service des relations européennes et internationales un rapport de stage dans le mois suivant la fin du stage. - rester inscrit au barreau de Paris pendant une période de trois ans suivant le stage. Si cette dernière obligation ne devait plus être remplie, le bénéficiaire s’engage à rembourser intégralement la somme perçue au titre de la bourse. Renseignements : Ordre des avocats service des relations européennes et internationales Anne Souléliac 11, place Dauphine 75053 Paris Cedex 01 Tél : 01 44 32 49 43 E-mail : [email protected] Témoignages : étudier à l’étranger UNE ANNÉE D’ÉTUDES À L’ÉTRANGER, UNE CHANCE ET UNE EXPÉRIENCE UNIQUES Intervention de Kami Haeri lors de la présentation des prêts sans caution proposés aux élèves avocats pour financer une formation à l’étranger (juillet 2008) KAMI HAERI, AVOCAT AU BARREAU DE PARIS, ANCIEN SECRÉTAIRE DE LA CONFÉRENCE e salue tous les confrères qui sont dans cette salle, et surtout les futurs confrères qui sont ici parce qu’ils envisagent de faire appel à cette nouvelle opportunité et de partir étudier à l’étranger, et je les envie. Je crois qu’il n’y a pas de mots pour décrire l’intérêt de passer une année à l’étranger. Sur le plan personnel, c’est un «nouveau vous-même» qui arrive dans une terra incognita. Vous êtes neuf devant le regard d’autrui. C’est donc un nouveau champ d’expérimentation sur le plan humain. C’est passionnant d’arriver dans un endroit où personne ne vous connaît, où vous allez tout découvrir. Sur le plan professionnel, cette expérience à l’étranger est devenue aujourd’hui indispensable. Je félicite Christian Charrière-Bournazel pour ce projet qu’il a rondement mené. C’est une très belle opération qui s’inscrit à la fois dans la modernité et également dans la recherche de l’égalité des chances. Et l’égalité des chances c’est très important parce que, longtemps, cette opportunité était réservée à ceux qui en avaient les moyens. J C’est ce handicap-là que ce projet vient aujourd’hui essayer de gommer. Partir par exemple aux États-Unis (en ce qui me concerne j’ai travaillé pendant plus d’un an à Los Angeles) ou dans d’autres pays, c’est en premier lieu résoudre un problème technique qui est celui de la maîtrise d’une langue étrangère. J’étais à l’EFB il y a plus de douze ans et je me souviens que ce n’est - sur toute la durée de mes études supérieures - qu’à l’EFB que j’ai bénéficié d’un enseignement en anglais. J’avais été surpris de voir que pendant mes six années d’études universitaires nous n’avions pas suivi un seul enseignement en anglais. Il aura fallu attendre mon arrivée à l’EFB pour avoir accès à un laboratoire de langues et pour bénéficier d’une formation en anglais. Je me souviens d’un module passionnant sur le contrat anglais animé pendant trois semaines par un barrister, M. Edwin Short, qui était un homme passionné et passionnant. Je m’en souviens encore douze ans après ! Il faut bien se dire que lorsque l’on est recruté, on peut difficilement se satisfaire des indications que vous autoproclamez sur vos CV en ce qui concerne votre niveau de langue ; ceux qui vous recrutent ont donc besoin qu’il y ait une norme qui leur donne l’indication la plus objective possible de votre niveau de connaissance de la langue. Et cette connaissance doit être impeccable. Alors forcément, passer un an à l’étranger, en immersion absolue, vous permet de maîtriser totalement la langue, les expressions, les us et les coutumes, la culture d’un pays, et de devenir un interlocuteur privilégié de ceux avec lesquels vous serez amenés à travailler ultérieurement. Certes la maîtrise technique de la langue est fondamentale mais au-delà, il y a également des éléments plus immatériels, la culture juridique, les concepts juridiques ou judiciaires. Il y a surtout, grâce à cette expérience, une capacité, au bout d’un an ou deux, à identifier des équivalents dans ces concepts, entre votre culture juridique d’origine et la culture du pays dans lequel vous avez séjourné. Et vous créerez nécessairement une empathie avec un confrère étranger ou avec un client étranger si vous êtes en mesure de traduire un concept juridique français dans sa propre langue. C’est une forme d’hospitalité, une capacité d’adaptation à la culture d’autrui qui sera très appréciée par vos interlocuteurs. En matière juridique, en matière judiciaire, c’est absolument fondamental. Et cette empathie, c’est la valeur ajoutée qui fera en sorte que vous fidéliserez votre relation. Car nous ne sommes pas en train de parler comme des purs esprits, nous sommes là pour exercer un métier, pour apporter une valeur ajoutée, pour fidéliser des clients et un réseau relationnel autour de nous. C’est ce qui constituera notre richesse et qui garantira la pérennité de notre activité. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 9 Témoignages : étudier à l’étranger Avoir la capacité de traduire des concepts étrangers en concepts français, et inversement, est une force. C’est une valeur ajoutée incontestable. Faire des études à l’étranger est aussi une marque d’excellence parce que les universités étrangères sélectionnent les meilleurs. Donc forcément, lorsque des diplômes, des mentions, des expériences professionnelles, un investissement associatif, etc. Cette formation à l’étranger, c’est donc une valeur ajoutée supplémentaire qui crée une énergie propre et qui valorise votre formation française. nous avons des clients de toutes les tailles, mais nous avons pu calculer que l’un de nos tout premiers clients, est notre réseau international de confrères. Et ce réseau international de confrères a été constitué par les dossiers, par les rencontres que nous avons pu faire et Présentation des prêts étudiants aux élèves avocats de l’EFB le 9 juillet 2008 vous avez été dans une université à l’étranger, c’est que votre parcours français a été reconnu comme ayant une véritable valeur. Lorsque l’on se déplace chaque année à New York à plusieurs associés, comme d’autres cabinets parisiens, à la «Job fair» de NYU et de Columbia, les deux universités américaines qui organisent pendant trois jours des entretiens réunissant cabinets et candidats issus des toutes premières universités américaines et qui souhaitent exercer à Paris, nous sommes non seulement impressionnés par le fait qu’ils aient été sélectionnés par d’aussi prestigieuses universités que NYU, Georgetown, Duke, Cornell, Virginia, Chicago, etc. mais également par le fait que leur parcours français révèle une véritable excellence : 10 Et, dernier point fondamental : cette expérience à l’étranger va vous permettre de développer des relations avec des gens du monde entier, et pour longtemps. C’est une sorte de Facebook mais puissance 20. En réalité, des réseaux communautaires et professionnels comme Facebook et autres, ne sont rien à côté du réseau que vous offre un grand LLM. N’oubliez pas que les avocats de première et de deuxième année seront plus tard des prescripteurs, seront des gens qui vous enverront des dossiers, qui continueront à vouloir travailler avec vous, qui vous appelleront, qui vous présenteront des clients. Nous sommes, chez August & Debouzy, un cabinet de 120 avocats ; Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 par les formations auxquelles ont participé certains de nos avocats. C’est donc très important. Pour toutes ces raisons, pour le plaisir de se trouver, à un moment dans sa vie, dans un espace-temps différent (parce que, sachez-le, vous allez en passer du temps à Paris dans vos cabinets !) et dans un espace-temps qui malgré tout, à l’échelle d’une vie est relativement réduit, la possibilité de passer un an, un an et demi à l’étranger, rencontrer d’autres personnes, développer sa capacité d’adaptation à d’autres cultures, à d’autres concepts, cela n’a pas de prix. C’est tout simplement extraordinaire. Donc allez-y, foncez, faites-le avec enthousiasme et merci à tous ceux qui ont participé et contribué à cela. Témoignages : étudier à l’étranger ÉTUDIER ET S’INSTALLER AU ROYAUME UNI SÉBASTIEN ODDOS, AVOCAT (BARREAU DE PARIS) ET SOLICITOR (ENGLAND AND WALES) Mon admission au King’s College London m’ouvrit les portes d’une juridiction de common law qui présentait le mérite d’être à la fois très internationale et à trois heures seulement de Paris en Eurostar. Sébastien Oddos a prêté serment en 2001. Il est spécialisé en droit de la propriété intellectuelle et en droit des nouvelles technologies. En 2003, il a décidé de quitter la France pour l’Angleterre et y est resté. Depuis, il a obtenu la qualification de solicitor. Qu’est ce qui vous a décidé à partir à l’étranger ? Ayant effectué mon stage dans des cabinets parisiens après ma prestation de serment, je me suis aperçu que de nombreux contrats étaient négociés en anglais. Aimant la langue et la culture anglaises, j’étais toutefois tétanisé à la simple idée d’une conversation téléphonique en anglais. Outre l’aspect linguistique, je souhaitais découvrir la common law qui est très différente de notre droit civiliste. Enfin, à l’époque, je n’avais pas de carrière à sacrifier à Paris. Je venais de terminer mon stage et n’avais que très peu de clients personnels. Tout cela m’invitait à explorer le monde. Comment avez-vous pu financer ce projet ? Une année en Angleterre coûtait environ 40 000 euros en incluant les frais de scolarité et les frais d’hébergement en logement universitaire. N’ayant bénéficié d’aucune aide, j’ai dû emprunter cette somme auprès d’une banque française. Big Ben, Londres Que retirez vous de cette expérience à l’étranger ? Bien que proche de nous géographiquement, l’Angleterre est toutefois très différente de la France. L’apprentissage d’un autre système requiert une certaine flexibilité et une capacité d’adaptation. Tout d’abord je pensais naïvement que mon Master de King’s College me permettrait de trouver facilement du travail. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 11 Inns of Court, Londres Cela aurait probablement été vrai si j’étais revenu en France mais je souhaitais rester à Londres. Les employeurs britanniques ignorant mon expérience et mes diplômes français, il me fallut trouver des postes moins qualifiés en attendant de devenir solicitor. La clef de la réussite en Angleterre est la combinaison de trois facteurs: bonne maîtrise de l’anglais, qualification comme solicitor et plusieurs années d’expérience professionnelle localement. Quelles sont les particularités de l’exercice de la profession au Royaume-Uni ? Les solicitors sont éminemment pragmatiques et plus «commerciaux» (moins juridiques) qu’en France. 12 En tant que solicitors nous exerçons essentiellement un métier de conseil, laissant le gros du contentieux aux barristers. La plupart des avocats de mon cabinet sont qualifiés dans plus d’un État européen, nous jouons également le rôle «d’interface culturelle» avec nos clients qui investissent en Angleterre. Que diriez-vous aux jeunes avocats pour les inciter à partir à l’étranger ? Pour la première fois dans l’histoire, les avocats français peuvent voyager et travailler à l’étranger. Il serait dommage de ne pas profiter de cette occasion unique. Nous sommes souvent trop timides lorsqu’il s’agit de parler les langues Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 mais mon expérience personnelle prouve que l’accent importe peu. Seule compte la communication. L’aventure de l’international est certes un peu inquiétante mais elle enrichira votre expérience personnelle, culturelle et professionnelle. Cessons de penser en termes de «je ne peux pas revenir a Bac+2 après un Bac+4 car cela va dévaloriser mon profil». Trois pas en arrière mènent parfois à dix pas en avant. L’international offre cette chance de rompre la «linéarité algébrique» des carrières traditionnelles. Notre bâtonnier a bien compris l’enjeu d’encourager les avocats à exporter leurs compétences hors des frontières hexagonales. Il n’y a donc plus lieu à hésiter ! Témoignages : étudier à l’étranger DROIT MARITIME À SINGAPOUR PIERRE-PAUL SAULOU Votre démarche est originale puisque vous avez décidé d’intégrer un LLM en droit maritime à Singapour. Pourriez vous nous expliquer les raisons de ce choix et comment avezvous pu mettre en œuvre ce projet ? Après quatre années d’exercice dans le domaine du droit de la responsabilité civile et des assurances, j’ai souhaité à la fois vivre une expérience dans un pays étranger et compléter ma formation dans un domaine qui, à mon sens, offre des perspectives professionnelles intéressantes. Parmi les universités qui proposent un programme spécialisé en droit maritime, relativement peu nombreuses, j’avais pu observer que N.U.S. (National University of Singapore) est l’une des seule à avoir développé de nombreuses connexions entre l’université et le centre maritime local. Ainsi, au delà de la simple proximité géographique, l’université organiset-elle des échanges fréquents avec les acteurs majeurs du marché (avocats, autorités portuaires, armateurs etc.). Par ailleurs, la possibilité de découvrir l’Asie du Sud-Est et le coût de la formation, largement inférieur à celui des programmes proposés en Amérique du Nord ou en Grande-Bretagne, sont des critères qui ont pesé dans ma décision de partir étudier à Singapour. Deux éléments ont été déterminants dans la réalisation de ce projet. Dans un premier temps, le soutien témoigné par mes confrères au sein du cabinet Soulié et Coste-Floret, dont je faisais partie, m’a permis de préparer mon départ dans d’excellentes conditions. Puis, j’ai pu envisager les modalités pratiques de cette année à Singapour de manière relativement sereine grâce à l’aide financière apportée par l’Ordre sous la forme d’un prêt consenti à des conditions favorables. Une fois ce diplôme obtenu, vous souhaiteriez prolonger l’expérience par une année d’activité sur place. Or, le droit national n’autorise pas les avocats étrangers à plaider devant les cours singapouriennes. Quel est pour vous l’intérêt de vous établir dans un marché aussi fermé ? Tout d’abord, le marché singapourien a récemment entrouvert ses portes : six cabinets étrangers ont ainsi été autori- sés à pratiquer le droit local et, dans certaines limites, à plaider devant les tribunaux singapouriens. Les autres cabinets étrangers présents, qui comptent en leur sein de nombreux avocats non singapouriens, interviennent dans des domaines relativement vastes, y compris en matière contentieuse dans le cadre de procédures d’arbitrage ou par l’intermédiaire de correspondants locaux. Les opportunités professionnelles ne sont donc pas inexistantes, loin s’en faut. A titre personnel, l’objectif que je poursuis consiste à mettre en pratique la formation que j’aurai reçue au cours du LLM tout en profitant de l’environnement professionnel unique que représente Singapour s’agissant des activités liées au transport maritime. Quels conseils donneriez vous à de jeunes confrères qui souhaiteraient développer une expérience à l’international comme la vôtre ? Une année d’études à l’étranger peut constituer une formidable expérience tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 13 Faculté de droit de Singapour Elle suppose également un investissement considérable qui implique notamment de prendre à sa charge les frais de scolarité lors d’une année au cours de laquelle aucun revenu n’est perçu. Compte tenu d’une telle contrainte, ajouter une ligne à son C.V. est un objectif dont le candidat ne peut raisonnablement se contenter. Il est dès lors essentiel de choisir un programme en adéquation avec le projet professionnel qu’il convient de déterminer au préalable. A cet égard, si bien entendu la réputation de l’établissement envisagé reste un critère important, il me semble essentiel de vérifier la qualité de l’enseignement et son adéquation avec le projet professionnel poursuivi en prenant contact tant avec les enseignants en charge du programme que d’anciens étudiants ayant suivi la formation. DROIT DE L’ENVIRONNEMENT À BERKLEY, CALIFORNIE. GAËLLE COGNET ormée au contentieux de droit public et au droit public des affaires au sein de cabinets internationaux puis auprès d’avocats et de conseils, j’ai eu l’envie, une fois le CAPA acquis, de me spécialiser dans les questions environnementales tout en F 14 teintant ma formation de publiciste d’une coloration plus internationale. Je ne me suis ainsi pas tant dirigée vers les États-Unis en général que la Californie en particulier, dont l’expérience plus que trentenaire dans les énergies renouvelables m’apparaissait unique et riche d’enseignements. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 J’ai ainsi postulé pour cinq universités à la rentrée 2007, passant le TOEFL, rédigeant les «personal statements» requis, puis procédant à l’envoi des «transcripts» traduits et certifiés. J’ai appris mon admission à l’Université de Californie, Berkeley School of Law (Boalt Hall) au mois de mars 2009, pour une rentrée prévue au mois d’août. Après examen de mon dossier par le service des relations européennes et internationales de l’Ordre, j’ai par ailleurs pu bénéficier d’une convention conclue entre le barreau et la BNP pour obtenir un prêt dans des conditions avantageuses. Je suis ainsi actuellement à l’Université de Berkeley, un semestre vient de s’écouler, et je peux déjà reconnaître que cette expérience est allée bien au-delà de mes attentes. L’immersion dans un pays étranger est un véritable apprentissage, des autres et de soi-même. Au sein de Boalt Hall, les LL.Ms assistent aux mêmes cours que les étudiants en droit américains, dits J.Ds (Juris Doctors). L’intégration est donc aussi rapide qu’indispensable. Les différences avec le mode d’enseignement français sont très vite marquantes. Elles s’observent dans le relationnel beaucoup moins formel avec les professeurs, même si toujours aussi respectueux, et dans l’organisation des cours selon la méthode dite «socratique», plaçant les échanges avec les élèves et ce jeu de questions-réponses au coeur de l’enseignement. S’agissant d’études en droit, l’accent est mis sur les techniques d’argumentation et l’appréhension, sur chaque sujet, de visions opposées. Les professeurs ont d’ailleurs généralement une carrière diversifiée, et leur expérience préalable ou simultanée au sein de cabinets ou d’administrations nourrit ces échanges. En un semestre et demi, j’ai ainsi été formée au droit fédéral de l’environnement, aux spécificités du droit californien en ce domaine, à la technicité et à la diversité des énergies renouvelables ainsi qu’à leurs modalités possibles de financement. En sciences comme en droit ou en économie, le campus de Berkeley est historiquement engagé dans les «clean technologies». Il en résulte une approche pluridisciplinaire, engagée mais critique. L’engagement pionnier de la Californie dans le domaine des énergies renouvelables lui permet aujourd’hui de faire un bilan détaillé des erreurs commises, qu’elles soient technologiques ou juridiques, et de tenter d’y pallier. Cette année m’a ainsi fait porter sur l’unique référent que j’avais jusqu’alors, le système politique et juridique français et plus généralement européen, un regard nouveau. Elle m’a communiqué un profond intérêt pour les énergies renouvelables, et aiguisé ma curiosité pour les exemples étrangers. Je ne conçois désormais ma carrière que dans un environnement international et au contact le plus régulier possible avec des juristes ou partenaires étrangers, avec l’envie de partager leur dynamisme et expérience, et de les communiquer en France. Université de Berkley, Californie Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 15 Témoignage : l’association internationale des jeunes avocats Interview CHRISTOPHE RAUDONAT DIRECTEUR EXÉCUTIF DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DES JEUNES AVOCATS (AIJA) Depuis sa création, de nombreux textes adoptés par l’AIJA affirment que le «jeune avocat est en faveur de l’internationalisation de la profession juridique». Pourriez vous expliquer en quoi «l’internationalisation» est un atout majeur pour le jeune avocat d’aujourd’hui ? Si toutes les professions ne jouent pas leur avenir sur le terrain international, nous avons cependant clairement observé une augmentation sensible des échanges au niveau inter-régional. Comme pour d’autres secteurs d’activité, notre profession n’y échappe pas et connaît une augmentation des échanges au niveau international, on ne doit surtout pas sous-estimer cela. La crise financière internationale nous le montre chaque jour, la diversification et le changement sont un mal nécessaire et ce également dans notre secteur d’activité - beaucoup de nos confrères perdent leur emploi sur des marchés établis comme Londres ou New-York c’est une donne que les avocats et pas seulement les jeunes avocats devront prendre en compte pour répondre aux défis à venir. 16 Afin de se préparer au futur de la profession, les jeunes avocats doivent être à même de communiquer et de travailler au niveau international. L’AIJA s’engage à offrir à ses membres, au travers de ses programmes, la possibilité d’expérimenter différentes pratiques professionnelles et de développer des compétences inter-personnelles. Ces évènements, étant organisés par nos membres, répondent plus facilement à leur demande. De plus, cela augmente les opportunités de faire des affaires, d’affiner et de favoriser l’échange culturel avec pour conséquence d’augmenter l’employabilité et la valeur du jeune sur le marché de l’emploi. L’AIJA a pour objectif d’encourager et de favoriser la collaboration et l’amitié entre les jeunes avocats du monde entier. Par quels moyens votre organisation s’efforce-t-elle d’atteindre cet objectif ? Depuis sa création en 1962, l’AIJA a encouragé les valeurs comme l’amitié et la collaboration entre jeunes avocats que ce soit au travers de ses statuts ou de ses procédures (l’AIJA a pris part à Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 un projet de mise en place de procédures pour la création de Barreaux de Jeunes Avocats) mais également par leur implication dans la gestion de l’association. Nos membres, si l’on compare avec d’autres associations, sont très actifs. En effet, 90% d’entre eux sont impliqués dans l’organisation d’un de nos événements et/ou dans la gestion d’une de nos commissions. À l’AIJA, les jeunes avocats sont encouragés à s’impliquer rapidement dans l’association. Avec le temps ils deviennent extrêmement expérimentés sur l’environnement et le fonctionnement d’une association internationale sans but lucratif, ce qui fait d’eux de parfaits candidats pour devenir actifs dans d’autres organisations comme l’International Bar Association (IBA), l’American Bar Association (ABA) et l’Union Internationale des Avocats (UIA). Une telle activité place le travail d’équipe au premier plan et l’amitié suit automatiquement. Depuis la fin de l’année 2008, l’AIJA dispose de blogs de discussions sur son site et est présent sur Linkedin.com afin de toucher ceux qui ne peuvent être présents en personne à un événement de l’AIJA. D’autres voies de collaboration comme des séminaires en ligne sont à l’étude. Dès 1980, l’AIJA s’est adressée aux différents barreaux afin que ceux-ci apportent un soutien financier aux jeunes avocats désireux de connaître une expérience professionnelle à l’étranger. Plus concrètement, quelles ont été les actions menées en ce sens par l’AIJA auprès des barreaux ? Qu’en est-il de la politique des barreaux 30 ans après ? Depuis les années 80, beaucoup de choses ont changé dans le fonctionnement de l’AIJA et des différents barreaux, que ce soit au niveau national ou international. L’AIJA a signé plusieurs accords avec des barreaux et elle est fière de compter bon nombre d’entre eux en tant que membres collectifs. Au niveau financier, l’AIJA se concentre sur des programmes généraux qui peuvent bénéficier au plus grand nombre plutôt que des programmes spécifiques pour des individus ou des barreaux. Notre programme de bourse AIJA ainsi que notre programme «SOS Avocats», nous permettent d’apporter notre soutien à différents niveaux, bien que cela soit essentiellement au niveau individuel. La collaboration financière avec des barreaux fonctionne la plupart du temps sur une base de co-financement comme la co-organisation d’événements afin de partager les risques. Nous avons remarqué ces dernières années que cette pratique avait fait ses preuves et qu’elle a été adoptée avec enthousiasme par d’autres organisations. Aides financières accordées par le barreau de Paris aux avocats souhaitant suivre une formation universitaire à l’étranger Les avocats inscrits au barreau de Paris peuvent bénéficier de prêts accordés à des conditions très attractives en vue de suivre une formation universitaire de haut niveau à l’étranger ou au sein des hautes écoles françaises (HEC, Sciences Po, etc.). Ces conditions, résumées ci-après, résultent notamment d’un accord de partenariat signé récemment entre le barreau de Paris et BNP Paribas. L’aide du barreau de Paris consiste à : - garantir un taux d’emprunt favorable (exemple pour 2007, 2,70% hors assurance) ; - emprunter sur une période de 6 années sachant que pendant les deux premières années l’Ordre des avocats de Paris prend à sa charge le remboursement des intérêts d’emprunt. Après ce différé de deux années, l’avocat commence à rembourser ses échéances. Conditions 1. Être un avocat inscrit au barreau de Paris : il faut avoir prêté serment. L’avocat bénéficiaire du prêt a la possibilité de demander son omission du tableau. 2. Fournir une attestation d’inscription dans une université étrangère. Procédure L’avocat souhaitant bénéficier d’un soutien financier pour une formation devra : > Contacter le service des relations européennes et internationales qui organisera un entretien avec la commission des stages. > Présenter son projet à la commission des stages. L’avocat doit avoir un projet professionnel bien déterminé et présenter un dossier en trois exemplaires comprenant : - une lettre de motivation ; - un CV en version française et dans la langue du pays d’accueil ; - un projet de budget sous forme de tableau mettant en évidence les dépenses et les ressources prévues durant la formation ; - le montant de l’emprunt souhaité ; - deux photos. > En cas d’avis favorable de la commission des stages, l’Ordre des avocats de Paris remet une lettre d’acceptation à l’avocat. > L’avocat présente son dossier (comprenant notamment la lettre précitée) à BNP Paribas qui décide in fine de la conclusion ou non du contrat de prêt. Il convient de noter qu’une caution bancaire pourra vous être demandée. Obligations à la charge de l’avocat L’avocat s’engage à ne pas démissionner du barreau de Paris dans les trois ans suivant la formation. Si cette obligation ne devait plus être remplie, l’avocat s’engage à rembourser intégralement les intérêts qui ont été pris en charge par l’Ordre des avocats durant les deux premières années du prêt. Caractéristiques financières du prêt Montant maximum : 50 000 € Intervention de l’Ordre : Prise en charge des intérêts durant les deux premières années par le barreau de Paris. L’avocat ne commencera donc à rembourser son prêt qu’au bout de deux ans. Renseignement : Ordre des avocats service des relations européennes et internationales Anne Souléliac 11, place Dauphine 75053 Paris Cedex 01 Tél : 01 44 32 49 43 E-mail : [email protected] Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 17 L’indispensable expérience internationale : témoignage d’un élève avocat AUSTRALIE GEOFFROY CANIVET, ÉLÈVE AVOCAT, RESPONSABLE DU PÔLE INTERNATIONAL, AEA 2008 on niveau d’anglais, dois-je faire un LLM, mes souvenirs d’échange au bout du monde, mon semestre Erasmus, l’accueil en France des réfugiés, mon stage à New York, les droits de l’Homme, les cross-boarder transactions ou le partiel de DIP, les étudiants du monde entier dans ma Fac’, les pub irlandais à Paris, mon grand voyage avant ma collab’…» Voilà un recueil (non exhaustif) des pensées d’un élève avocat, lorsqu’il lui arrive de penser «International». C’est aujourd’hui un fait. L’expérience internationale doit être vécue. Pourquoi ? Pour l’anglais ? C’est en effet requis pour l’entrée en cabinet. On ne manquera pas non plus de noter l’ouverture d’esprit, mais aussi, et surtout la sensation d’une grande bouffée d’oxygène. Lors de l’admission à l’École du barreau (EFB), mon niveau d’anglais, très moyen, et mon parcours universitaire «M 18 franco-français m’ont décidé à partir au bout du monde, à Sydney, en Australie. Dans le cadre du PPI de l’EFB, j’ai suivi trois mois de cours de terminologie juridique dans un institut de langues à l’Université du New South Wales et effectué trois mois de stage au sein d’un cabinet d’avocats de la City. L’expérience fut riche. Certes, je ne suis pas revenu bilingue, mais l’aptitude à travailler en anglais fut acquise. Un job de serveur en soirée a également contribué à cette progression. Ces six mois «down under» constituent désormais un souvenir impérissable et un véritable atout pour la suite de mes projets. Ce programme, proposé par l’École du Barreau et préparé par l’organisme spécialisé Australie Mag, vient compléter celui créé, il y a quelques années, à l’Université de Bond : un LLM surmesure dédié aux étudiants de l’EFB Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 Sous la bienveillance de Mme Leguyadère, le PPI encourage d’ailleurs à l’expérience juridique à l’étranger, et propose parfois aux élèves avocats des stages à l’étranger. L’Ordre ayant toujours assumé sa dimension internationale, l’EFB a suivi, l’AEA aussi ! C’est ainsi qu’est né un pôle international au sein de l’incontournable association. L’idée est simple : permettre aux élèves avocats de dépasser les frontières ! Pour ce faire, l’équipe délivre les informations nécessaires à l’étudiant qui souhaite partir où agencer sa scolarité en fonction de la formation qu’il suit à l’étranger. Pour encourager les échanges et l’apprentissage de l’anglais, la Team Internationale organise régulièrement des «pots» dans différents bars de la capitale, sous l’appellation «Fancy a drink». Le concept est simple : offrir un verre à des anglophones dont le rôle est de faire la conversation. Des connections avec les associations internationales du Palais sont également établies, afin d’offrir à celles-ci l’opportunité de se présenter aux élèves avocats. Par ailleurs, en collaboration avec le service des relations européennes et internationales de l’Ordre, le pôle international organise l’accueil des jeunes avocats étrangers qui suivent les différents programmes d’échange proposés par le barreau de Paris et l’EFB. Tous ces événements, notamment par les nombreuses et heureuses rencontres qu’ils produisent, ouvrent à l’«International», qui devient un état d’esprit. Un cercle vertueux est engendré par ce désir, né d’une simple expérience à Opéra de Sydney l’étranger, entretenu par les nouvelles opportunités qui s’offrent aux jeunes avocats (échanges entres bureaux et barreaux, VIE, LLM, dossier interna- tionaux …), et conforté par l’universalité de la profession que nous intégrons. ROYAUME-UNI ALEXIS HOJABR GHELICHI (CAPA, DOCTEUR EN DROIT, LLM) vec un profil digne d’un cas pratique de droit international privé - né en Suisse, élevé en partie en Iran et en Haute-Savoie, je suis avant tout fier d’appartenir au barreau de Paris. Au cours de ma formation et singulièrement lors de mes stages, il m’est pourtant apparu qu’au sein de la pro- A fession, l’extranéité était loin de constituer une exception. Avec un trait plus marqué en droit des affaires, la globalisation embrasse le monde du droit à tout niveau. D’autres branches du droit à forte identité nationale, tel que le droit pénal, semblent désormais suivre la même voie. La mondialisation concerne le jeune avocat avec plus d’intensité. Dès la fin de sa formation, ce dernier doit faire face à une difficulté qui se décline à deux niveaux. Extrinsèquement, il doit s’adapter à la multiplicité de nationalités des clients, personnes physiques ou morales. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 19 L’indispensable expérience internationale : témoignage d’un élève avocat Artisan du droit français avant tout et sans prétendre à l’omniscience, il ne peut plus rester hermétique au contenu, souvent technique, d’autres systèmes que le sien. En fonction de la spécialité embrassée, les opérations qui lui sont soumises impliquent très souvent deux ou plusieurs ordres juridiques. Encore lui faut-il pouvoir surmonter la barrière des langues. L’avocat doit pouvoir comprendre. Il doit aussi pouvoir être compris : le jeune avocat doit pouvoir communiquer avec célérité. Il doit interagir sans difficulté. Intrinsèquement à la profession, l’arrivée et le développement des cabinets étrangers sur le marché français constitue un état de fait incontestable. L’ouverture du marché à ces cabinets, anglais et américains pour la majorité, est une opportunité précieuse. Elle est la saine marque d’une économie ouverte, attractive et compétitive. Or, à la vérité, l’adaptabilité du jeune avocat est aussi requise à ce stade. Elle l’est d’autant plus que bon nombre de cabinets français adoptent le fonctionnement des structures «anglosaxonnes». Pragmatiques, réalistes et soucieux de leur compétitivité, les grands cabinets français alignent leurs exigences, notamment concernant le recrutement de jeunes collaborateurs, sur celles des structures anglaises ou américaines. Dans le cadre de ma formation à l’EFB, plus particulièrement au cours du stage obligatoire de 6 mois au sein du bureau parisien d’un cabinet anglais, j’ai pu vérifier que la capacité d’adaptation des jeunes collaborateurs était meilleure chez ceux ayant pu bénéficier d’une formation à l’étranger. Ces derniers avaient, pour certains, participé à des programmes d’échanges inter-universitaires, pour d’autre, effectué des stages ou des formations 20 juridiques de type LLM (Master of Laws) en Angleterre ou encore aux États-Unis. La charge de travaux dirigés assurés au long de la rédaction de ma thèse de doctorat ne m’ont guère laissé la possibilité de partir à l’étranger. Attiré par la culture anglaise et appréciant la ville de Londres, j’ai donc présenté mes dossiers de candidature de LLM auprès de trois universités londoniennes : King’s College, UCL Plusieurs lettres de recommandation sont requises, de même que la preuve du niveau de langue via des tests ad hoc de type IELTS ou TOEFL. Là encore, le niveau exigé varie en fonction de la qualité de l’université), fait écho l’appréhension et le calcul précis du coût global de l’année, droits d’inscription compris. Les résidences universitaires ayant des capacités limitées et la concurrence entre étudiants étant extrême, les places Le financement est à considérer de manière sérieuse et à l’avance. Pour autant, il ne doit pas constituer un obstacle. Plusieurs solutions existent. Lors du passage à l’EFB, j’ai été informé de l’existence et de la mise en place récente d’une Convention entre l’Ordre des avocats de Paris et la Banque BNP-Paribas. et LSE. Grâce aux divers forums et aux études disponibles sur la qualité et le rang des universités et ayant eu la possibilité de m’informer auprès des responsables londoniens du cabinet où j’effectuais mon stage, la faculté de droit d’University College London m’est apparue comme occupant la toute première place en droit commercial et financier. J’ai donc tout naturellement opté pour cette dernière. Effectuer un LLM et plus généralement passer une année à l’étranger requièrent la mise en place d’une logistique complexe. À la lourdeur du processus d’inscription universitaire (les universités les plus sérieuses imposent la coûteuse traduction de l’ensemble des diplômes du candidat, parfois des relevés de notes. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 sont le prix de la course et le secteur privé reste souvent la seule solution. La colocation permet alors d’aboutir à une solution satisfaisante. Le financement est à considérer de manière sérieuse et à l’avance. Pour autant, il ne doit pas constituer un obstacle. Plusieurs solutions existent. Lors du passage à l’EFB, j’ai été informé de l’existence et de la mise en place récente d’une convention entre l’Ordre des avocats de Paris et la banque BNP-Paribas. Cette convention permet en effet aux jeunes avocats ayant un projet sérieux de départ à l’étranger de pouvoir contracter un prêt à un taux exceptionnel avec des conditions de remboursement très avantageuses. L’octroi du prêt n’est pas lié à la fortune du candidat et n’exige aucun cautionnement. J’ai donc présenté mon projet de LLM à Londres aux responsables de l’EFB. À la suite de l’estimation du coût global de l’année et avec l’aide du candidat, un dossier est constitué. Il est ensuite transmis à l’Ordre. Une fois le prêt contracté, il est géré, directement depuis l’étranger par le jeune titulaire du CAPA et l’Ordre. La souplesse de fonctionnement et l’efficacité pratique du système est tout simplement remarquable. Expérience unique, le passage à l’étranger permet au jeune avocat de tisser un inestimable réseau de contacts humains et professionnels issus du monde entier. Comme le notait récemment M. le bâtonnier Charrière-Bournazel, c’est une occasion pour «revenir, mieux armés et exercer au sein de notre barreau et de rayonner hors de France sous les couleurs du barreau français». A travers le prisme de sa profession, l’avocat peut apercevoir la diversité et la complexité du monde actuel. Une acuité améliorée par son immersion au sein d’une autre culture lui en procurera une meilleure compréhension. PARTEZ … ET NOUS SERONS VOTRE CAMP DE BASE ! Nathalie Van Elslande Mattéoli AVOCAT À LA COUR a convention signée entre BNP Paribas et M. le bâtonnier Christian Charrière-Bournazel a d’ores et déjà permis à de nombreux élèves avocats de choisir leur avenir en complétant leur formation à l’étranger, et en sollicitant un prêt sans caution, en toute autonomie. Ce financement est accompagné par le service de l’Ordre dédié à ces prêts, qui assure la gestion des fonds utiles au coût de votre séjour, de votre scolarité et de votre hébergement. Lorsque vous serez partis à l’étranger, vous pourrez ainsi vous consacrer en toute sérénité à votre formation juridique et à l’expérience unique d’évo- L luer dans un univers relationnel et culturel complémentaire, en confiant au service de l’Ordre la charge de procéder aux règlements de votre université, de votre bailleur et de pourvoir à vos dépenses quotidiennes par le crédit régulier de sommes convenues avec vous sur votre compte personnel BNP Paribas. Il suffit que vous nous communiquiez ponctuellement le montant des frais et leur échéance au cours de votre séjour Une fois votre prêt mis à disposition par BNP- Paribas, le service de l’Ordre : - vous accueille 9 place Dauphine 75001 Paris, - vous fait signer une convention prévoyant les modalités de paiement de l’ensemble de vos frais de séjour, - reçoit sur ordre de virement de votre part le montant de votre prêt sur le compte dédié Prêt étudiant. avec les justificatifs des postes de dépenses. Vous serez accompagnés dans la gestion de votre budget en étant régulièrement informés du solde de votre compte prêt étudiant avec une anticipation sur les dépenses à venir. Une adresse email dédiée vous permet de nous contacter à tout moment pour la moindre difficulté que vous pourriez rencontrer. Nous vous disons notre joie de vous voir tenter cette expérience et participer au développement international du barreau Français Le bâtonnier Christian CharrièreBournazel vous ouvre la voie … Partez … et nous serons votre camp de base. Ordre des avocats de Paris 9 place Dauphine 75053 Paris cedex 01 Contact : [email protected] Tél. : 01 44 32 48 73 et 01 44 32 47 15 Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 21 22 Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 23 Actualités ABOLITION DE LA PEINE DE MORT AU NOUVEAU MEXIQUE LA CRISE ÉCONOMIQUE : UN ARGUMENT DE POIDS EN FAVEUR DE L’ABOLITION ! YVES REPIQUET, ANCIEN BÂTONNIER DE L’ORDRE DES AVOCATS DE PARIS PRÉSIDENT DE LA COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE DES DROITS DE L’HOMME e 18 mars 2009, Bill Richardson, gouverneur du Nouveau-Mexique, a promulgué une loi portant abolition de la peine de mort. Cet État est le 15e État des États-Unis à renoncer au châtiment suprême. Bill Richardson, autrefois fervent défenseur de la peine de mort, explique son revirement en raison des dysfonctionnements du système judiciaire américain. L’utilisation des techniques modernes d’investigations, telles que les analyses ADN a permis de prouver que des innocents avaient pu être condamnés à mort. Aujourd’hui, des textes similaires sont discutés dans plusieurs autres États américains, pas seulement en raison de la faillibilité de la justice mais également en raison du «coût prohibitif» de la peine capitale. L La crise économique incite les ÉtatsUnis à se pencher avec attention sur les dépenses publiques et sur le coût de l’application de la peine de mort dans le budget du système judiciaire américain. Dans l’État du Maryland, une étude récente a chiffré le surcoût de la peine de mort à 1,9 millions de dollars, remettant en cause l’idée communément admise selon laquelle l’exécution d’un criminel serait «moins onéreuse » ! La crise économique pourrait-elle avoir pour conséquence de faire avancer dans plusieurs États américains l’abolition de la peine de mort ? Cela n’est pas sans rappeler la stratégie abolitionniste qui avait été utilisée en France à l’Assemblée Nationale par Pierre Bas alors député de la majorité et le groupe socialiste, lorsqu’à la fin de BILL RICHARDSON, gouverneur du Nouveau Mexique © sskennel : http://www.flickr.com/photos/sskennel/ 24 Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 Par arrêté en date du 1er avril 2009, M. le bâtonnier Yves Repiquet a été nommé membre de la commission nationale consultative des droits de l’homme pour une durée de trois ans. l’année 1978, à l’occasion de l’examen des crédits du ministère de la justice pour 1979, deux amendements identiques avaient été déposés, ayant pour objet de supprimer les frais des exécutions capitales. Pour aboutir à l’abolition universelle de la peine de mort, la suppression des crédits du bourreau est un moyen qui pour être éloigné de la hauteur et de la force des arguments de Victor-Hugo n’est pas pour autant dépourvu d’efficacité. Actualités HAÏTI : UN SYSTÈME PÉNAL ALARMANT, UN BARREAU QUI A BESOIN DE NOUS VINCENT NIORÉ, MEMBRE DU CONSEIL DE L’ORDRE, SECRÉTAIRE DE LA COMMISSION OBSERVATEURS JUDICIAIRES ET LIAISON AVEC LES ONG. u 10 au 13 mars 2009 s’est tenu à Port au Prince un colloque intitulé «regards croisés sur l’enquête pénale» dans les locaux de l’Ecole de la Magistrature. Ce colloque était organisé et financé conjointement par le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le ministère de la justice haïtien, l’École de la Magistrature de Haïti et l’agence canadienne de développement international. De nombreux intervenants se sont exprimés dont M. Gervais Charles, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-auPrince, Maurice de Thévenard, juge d’instruction parisien, détaché par l’Ambassade de France, Jean Vandal, avocat au barreau de Port-au-Prince, ancien ministre de la justice, M. Jacques Louvier, procureur de la République auprès du TGI de Saint Martin. Invité au colloque par notre confrère Philippe Greciano, professeur des Universités, je suis intervenu sur le thème de l’avocat et l’enquête pénale. J’ai évoqué le projet de réforme de la procédure pénale française issu du comité de réflexion Léger. J’ai aussi abondamment rappelé la jurisprudence de la Cour européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et les dispositions de la Convention. Maurice de Thevenard a procédé à une étude comparée de la pratique de l’enquête devant les juridictions d’instruction, dressant un état apocalyptique de la justice en Haïti. Il a insisté sur l’inefficacité du système judiciaire dans le développement des enquêtes, première cause du dévoiement des procédures légales, l’absence de procédure de garde à vue caractérisée par un système de rétention d’une D durée illimitée dans les locaux de police. Notre confrère Jean Vandal, dont le cabinet situé à Port-au-Prince a été incendié en décembre 2008, a dénoncé non seulement le caractère omnipotent Le bâtonnier Gervais Charles a mis l’accent sur la formation des jeunes avocats et rappelé que le barreau s’est doté d’une école depuis 3 ans qui forme 250 jeunes avocats chaque année. Le système de formation choisi est l’ancien Participants au colloque de Port-au-Prince, mars 2009 du juge d’instruction mais également la lenteur des procédures, deux obstacles majeurs au bon déroulement de l’enquête. Il a souligné que l’unique texte garantissant la présence de l’avocat aux côtés du mis en cause et préservant les droits de la défense, est la Constitution de 1987. À l’initiative du bâtonnier Christian Charrière-Bournazel, j’ai profité de ce colloque pour m’entretenir longuement avec le bâtonnier Gervais Charles du développement des relations entre le barreau de Port-au-Prince et le barreau de Paris. En effet, le barreau haïtien est de culture française, ses membres possèdent une pratique parfaite et revendiquée de la langue française ; le système pénal est l’ancien système français. Il existe 12 barreaux en Haïti regroupant 1500 avocats. Le barreau de Port-au-Prince comprend 1 000 avocats dont 350 exercent effectivement. système français : 4 années de formation dont 2 années de stage. Par ailleurs, de nombreuses réformes sont à prévoir. En Haïti, le cumul de fonctions n’est pas interdit. Il est par exemple possible d’être à la fois avocat et directeur de l’académie de police… Le bâtonnier Christian CharrièreBournazel souhaite que les relations entre nos deux barreaux reprennent force et vigueur. D’ores et déjà, le barreau de Paris apporte sa pierre à l’édifice de cette reconstruction puisqu’il participera au 150e anniversaire du barreau de Portau-Prince sur l’aimable invitation du bâtonnier Gervais Charles le 29 juin 2009. Merci encore à Paula Toussaint et Brice Bussière, membres du PNUD, pour leur gentillesse et la qualité de leur accueil. Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 25 Actualités «LA FRANCOPHONIE, C’EST CET HUMANISME INTÉGRAL, QUI SE TISSE AUTOUR DE LA TERRE1» OLIVIER SAUMON, MEMBRE DU CONSEIL DE L’ORDRE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA COMMISSION INTERNATIONALE 1 Léopold SEDAR SENGHOR Article «Le Français, langue vivante, Le Français, langue de culture» Revue ESPRIT - novembre 1962 a rentrée solennelle de l’Ordre des avocats du Sénégal a eu lieu du 25 au 27 mars 2009 à Dakar. En répondant à l’invitation de Monsieur le bâtonnier Mame Adama Gueye, le barreau de Paris et le barreau du Sénégal fêtaient d’anciens et solides liens d’amitié. Sous le bâtonnat du bâtonnier JeanMarie Burguburu, les deux ordres signaient le 16 juin 2004 à Dakar une convention de coopération qui témoigne de l’entraide mutuelle que s’apportent nos deux barreaux. L’histoire a toujours quelques anecdotes et l’on se souviendra que cette convention porte le paraphe de maître Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal qui était présent, apportant à cet engagement l’empreinte solennelle de la Cité. Dans son discours d’accueil, dans les murs de la Cour Suprême, Monsieur le bâtonnier Mame Adama Gueye a rappelé l’importance pour son barreau de la continuité des échanges avec les autres barreaux d’Afrique, avec les barreaux d’Europe et notamment avec le barreau de Paris. À ce propos, il a rappelé et s’est félicité de la signature, lors de la dernière rentrée du barreau de Paris, par le barreau du Sénégal, de la convention des avocats du monde, intervenue le 6 décembre 2008 à l’appel du bâtonnier Christian Charrière Bournazel. Cette convention réaffirme la volonté des avocats du monde de coopérer ensemble à la consolidation de l’État et «faire prévaloir l’ordre du droit sur les désordres des forces». Face aux défis d’un nouveau siècle en crise, les avocats du L 26 barreau du Sénégal nous rappellent que l’homme doit rester le centre de toutes nos attentions. Cette rentrée nous a permis de réfléchir avec nos confrères africains à l’avenir de nos ordres et de notre profession, en conservant une tradition nouveaux projets de coopération, toutes générations confondues, entre nos barreaux respectifs. Les représentants des deux ordres se sont séparés en sachant qu’ils travailleront dans les mois à venir ensemble sur des préoccupations communes comme Olivier Saumon et le bâtonnier Mame Adama Gueye de droit continental que sert une langue qui brille hors de l’hexagone pour insuffler à notre héritage commun l’humanisme dont les avocats sont comptables. Qui pourrait prétendre que l’avocat sénégalais n’est pas entré dans l’histoire ! Quatre secrétaires de la Conférence de Paris étaient aussi présents et participèrent activement aux travaux de l’association des jeunes avocats sénégalais. Ils ont apporté l’enthousiasme qui permettra demain de voir naître de Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 par exemple la formation (des jeunes confrères sénégalais viendront prochainement en France dans le cadre du stage international), la spécialisation, et bien évidemment et toujours la défense des droits de l’Homme. Alors, permettez moi, Monsieur le bâtonnier Mame Adama Gueye de vous remercier publiquement au nom de notre bâtonnier, de notre Ordre et de notre barreau de votre accueil si chaleureux. Actualités DÉCISION HISTORIQUE : ALBERTO FUJIMORI CONDAMNÉ POUR VIOLATION DES DROITS HUMAINS PATRICIA CUBA-SICHLER, AVOCAT ASSOCIÉ, INSCRITE AUX BARREAUX DE PARIS ET DE LIMA (PÉROU) ar un jugement prononcé le 7 avril 2009, après plus de 15 mois de procès, l’ancien Président péruvien Alberto Fujimori, 70 ans, a été condamné par la justice de son pays à 25 ans de réclusion criminelle après avoir été déclaré coupable de «crimes contre l’humanité», dont de massacres des civils commis par des groupes paramilitaires créés pendant son mandat de 1990 à 2000. Il a notamment été déclaré «auteur intellectuel» de deux tueries commises en 1991 et 1992 ayant fait 25 morts, dont des femmes et un enfant, par un «escadron de la mort» composé de militaires. On sait que le groupe terroriste, Sentier Lumineux, d’inspiration maoïste, depuis 1980, et le Mouvement révolutionnaire P utre son statut d’organisation de solidarité internationale, ASF France est reconnue comme organisme de formation par le Ministère des affaires sociales, du travail et de la solidarité. Les formations d’ASF France peuvent être comptabilisées au titre de la formation continue des avocats. O Offre de formations proposées par ASF France pour l’année 2009 : I. Les formations de formateurs : 1. Savoir se situer comme formateur et conseil ; Tupac Amaru, qui avait notamment pris d’assaut l’ambassade du Japon à Lima, en décembre 1996, ont tous deux semés la terreur au Pérou pendant plus de dix années. On sait moins que ces années se caractérisent aussi par les affrontements, disparitions et exécutions extrajudiciaires provoqués par l’armée péruvienne sous l’autorité d’Alberto Fujimori. Qu’ils soient imputés au terrorisme ou à l’armée, les chiffres actuels font état de 70 000 morts et disparus tout au long des affrontements. La commission dite «Vérité et Réconciliation» qui a siégé dès le milieu des années 1990 a relevé que 54% des victimes étaient imputables au Sentier Lumineux et 46% à l'armée péruvienne. Malgré l’appel interjeté par M. Fujimori immédiatement après la lecture de la 2. Gérer les prises de paroles en groupe et animer des réunions de travail II. Un module de base découpé en 3 parties : 1. Identifier les principaux concepts et mécanismes qui permettent d’élaborer et de mettre en œuvre les stratégies de défense de droits dans un contexte international 2. Mécanisme et définition des champs : droit substantiel et droit pénal spécial 3. Les mécanismes d’application III. Quatre modules complémentaires 1. La défense devant les juridictions pénales internationales 2. Articulation des mécanismes universels et régionaux de protection des droits de l’Homme 3. Application du droit pénal international 4. Le procès équitable sentence, cette décision semble historique au moins à deux titres. D’une part, pour le Pérou, elle représente «la porte qui se ferme» laissant derrière une période de plus de dix années de terrorisme qui a plongé le pays dans une vague de violence sans précédent. Elle témoigne du refus d’une grande majorité du peuple péruvien à accepter le recours à la violence pour combattre le terrorisme. L’état de droit, lourdement dédaigné pendant les années du fléau terroriste, est symboliquement rétabli au Pérou grâce à cette décision. D’autre part, cette décision donne un espoir de justice aux victimes des violations des droits humains autour du monde et représente, par conséquent, une sorte d’avertissement pour les dirigeants autocrates que l’impunité de leurs actes n’est pas toujours acquise. FORMATIONS DE FORMATEURS RENFORCEMENT (NIVEAU 2) 5, 6, 7 novembre (Paris) MODULE FONDAMENTAL Les outils de l’avocat dans le champ international 8 et 9 octobre (Paris) LA DÉFENSE DEVANT LES JURIDICTIONS INTERNATIONALES 18, 19, 20 novembre (Paris) tribunaux adhoc et spéciaux SYSTÈME RÉGIONAL DE PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME 10 octobre (Paris) COMPÉTENCE UNIVERSELLE 21 novembre (Paris) Renseignements et inscriptions : Tél : 05 34 31 17 83 [email protected] Le Barreau autour du Monde N° 22 / JUIN 2009 27 11, place Dauphine 75053 Paris Cedex 01 www.avocatparis.org