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ABWA JOURNAL
FEDERATION DES ORDRES DES
PROFESSIONELS COMPTABLES
EN AFRIQUE DE L’OUEST
(ABWA)
‘
‘
L’intergretion
Regionale
DES
Pratiques Professionelles
EN
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
1
ABWA JOURNAL
All right reserved. No part of this publication may be reproduced,.
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means, electronic, mechanical, photograph, recording or otherwise
without the prior permission of the publisher.
‘
Editeur
Association of Accountancy Bodies in West Africa (ABWA)
Akintola Williams House,
Plot 2048, Michael Okpara Street,
Off Olusegun Obasanjo Way,
Zone 7, P. O. Box 7726,
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Tel: +234 9 671 8593; +234 0 803 320 0901
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Copyright © ABWA 2009
ISSN No. 2006-4136
Printed by: DELE - BOLA PRESS
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
Table des Matières
Note des éditeurs:………………………………..........................................................5
Intégration régionale des pratiques professionnelles:
Les perspectives, opportunités et défis
(Emmanuel Ikazoboh)..............................................................................................7
L'auditeur interne : Reste Pertinent dans le Nouveau Millénium
(Osita Aguolu)...........................................................................................................14
Quelle est l'origine de nos livres comptables
Les Italiens, étaient-ils les premiers à la développer
ou l'ont-il appris des Arabes ?
(Omar Abdullah Zaid)...............................................................................................23
La crie financière des Etats-Unis : Pouvait elle être évitée ?
(Arona John)..............................................................................................................36
L'Union européenne mise aux normes américaines:
Une comptabilité sur mesure pour les actionnaires
(Jacques Richard).....................................................................................................42
La E-Gouvernance dans la Comptabilité du Secteur Public
(Andy Wynne)...........................................................................................................48
International Journal & Accounting.............................................................................76
- appel a articles pour publication
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Volume 1 No 2, 2009
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ABWA MEMBER BODIES & CONTACT ADDRESSES
Ordre des Experts Comptables at
Comptables Agrees du Benin
(OECCA - BENIN)
08 BP 0594
Cotonou, Republic of Benin
Tel: 229-21-313118
Fax: 229-21-312341
E-mail: [email protected]
Ordre National des Experts Comptables et
Comptables Agree du Niger
(ONECCA-N)
Niamey, Niger Republic
Tel: 227-735116
Fax: 227-732479
E-mail: [email protected]
The Institute of Chartered Accountants of
Nigeria (ICAN)
Plot 16, Idowu Taylor Street
Victoria Island, Lagos
Tel: 234-1-2617638, 7642294/95
Fax: 234-1-4627048
E-mail: [email protected]
Liberian Institute of Certified Public
Accountants (LICPA)
Universal Insurance Co. Building
P. O. Box 3413
Broad/Johnson Street
Monrovia, Liberia
Tel: 231-227026 Fax: 231-227838
E-mail: [email protected]
Institute of Chartered Accountants,
Ghana
Acc
D921/3 Asafoatse Nettey Road
Accra, Ghana
Tel: 233-21-666954/5, 669591-2
Fax: 233-21-669594
E-mail: [email protected]
Institute of Chartered Accountants of
Sierra Leone
65 Siaka Stevens Street
Freetown
Sierra Leone
Tel: 232-22-225277, DL: 228176
Fax: 232-22-229336
E-mail: [email protected]
Institute of the Chartered Accountants of
Cameroon (ONECCA)
B. P. 12850, Douala, Cameroun
Tel: 237-33.42.8093/33.02.1957
Fax: 237-33.43.1823
E-mail: [email protected]
[email protected])
Gambia Association of Accountants
Management Development Institute
Complex
MDI Road
Kanifing, The Gambia
Tel: 220-4378166
Fax: 220-4378226
E-mail: [email protected]
Ordre des Experts Comptables et
Comptables Agrees de Cote d’Ivoire
7, Rue des Avodires
01 BP 8671, Abidjan 01
Cote d’Ivoire
Tel: 225-20-211459
Fax: 225-20-225549
E-mail: [email protected]
Ordre des Experts Comptables et
Comptales Agrees du Togo
(ONECCA-TOGO)
41, rue de 1’Ogou
BP 12439 Lome, Togo
Tel: 228-220-3367/2228202
Fax:228-221-8386.
E-mail :[email protected]
Ordre des Experts Comptables Agrees de
Guinea (OECAG)
BP- 3808,
Conakry,
Republique de Guinee
Tel: 60.34.67.23 / 6025 1316
E-mail: [email protected]
Ordre National des Experts Comptables et
Comptables Agrees du Senegal
(ONECCA-SENEGAL)
36 rue Victor Hugo x rue Joseph Gomis
4eme etage - BP 4568, DAKAR
Tel: 33 849 14.80 Fax: 33 849 14.73
E- mail: [email protected]
Ordre National Des Experts Comptablest des
Comptables Agree du Mali (ONECAM)
BP.E4113 Bamako, Centre du Secteur
Prive, Bamako Ac1 2000
E-mail: [email protected]
Ordre National des Experts Comptables et
des Comptables Agree du Burkina Faso
01 Bp44, Ouagadougou 01, Burkina Faso
Office: Avenue Le’o Frobenius
Secteur 05-01 Bp44 Ouagadougou 01
E-mail: [email protected]
Ordem Nacional Dos
Technics Officials
De Contas Da
Guinea-Bissau
Cp. 792 - Bissau
Guinea - Bissau
E-mail: [email protected]
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
Note des éditeurs:
B
ienvenue à la deuxième édition du
Journal de l'Association des
Organes de la Comptabilité de
l'Afrique de l'Ouest (Journal of the
Association of Accounting Bodies of West
Africa) (ABWA). Depuis le déclanchement
de la crise financière en Octobre de l'année
dernière, ses effets se sont répandus dans le
monde entier, et elle est actuellement en
train d'avoir un impact significatif sur les
économies de la région Ouest-Africaine.
Le but de ce journal est de refléter ces
évènements actuels, et pour ce faire nous
avons inclus un petit article intitulé La crise
financière des Etats-Unis : pouvait-elle être
évitée ? Mais nous sommes également
intéressés par l'histoire de la comptabilité
avec un article ayant exploré les origines de
notre approche comptable. Cet article a
argumenté que les origines la comptabilité
ne remontent pas à l'Italien Pacioli à la fin du
15ième siècle, mais que plusieurs des idées
ont été empruntées aux Arabes avec qui les
commerçants italiens avaient des contacts
directs. D'autres ont soutenu la thèse que
les Arabes ont eux-mêmes emprunté ces
idées à l'Asie, à l'Inde et peut-être la Chine.
Certainement, le modèle de nos chiffres est
venu de l'Inde via les Arabes. Pour cela,
nous appelons nos chiffres, les chiffres
arabes. Au contraire, les Arabes appellent
leurs (chiffres) équivalents 'hisab al hind' (les
chiffres indiens).
La comptabilité est bien sûr notre sujet
pratique, et nos deux premiers articles
portent sur deux différentes questions
Association of Accountancy Bodies in West Africa
pratiques. Le premier traite de l'organisation
des entreprises de comptabilité à travers la
région; le second se rapporte au rôle de
l'auditeur interne dans l'économie moderne.
La comptabilité n'est pas sans controverses.
Au cours des dernières années, les Normes
Internationales des Rapports Financiers ont
progressivement gagné de statut et sont
maintenant en train de dominer la scène de
l'établissement des normes comptables à
travers l'Afrique de l'Ouest. Toutefois, il a été
avancé que l'approche que ces normes
prennent n'est pas adéquate et n'est pas non
plus dans l'intérêt des actionnaires à longterme. Nous avons inclus un article de
l'académie française qui a soutenu cette
position. Les évènements des derniers mois,
avec par exemple le prix du pétrole et le crash
des cours des actions partout le monde,
peuvent sembler renforcer cette position. Ce
que l'on appelle "valeur juste (fair value)", ou
évaluation à prix de marché, peut ne pas être
juste, au moins au regard des actionnaires, du
fait qu'il exagère la valeurs de leurs
investissements dans les bons moments,
mais les sous-évalue lorsque l'économie
tourne au pire.
Enfin, nous avons inclus un article sur la egouvernance et son impact sur la comptabilité
du secteur public. Cet article a soutenu que
l'ordinateur, la téléphonie mobile et l'internet
ne vont pas nécessairement changer de
façon significative la vie de la majorité de nos
citoyens, spécialement dans les régions
comme l'Afrique de l'Ouest.
Volume 1 No 2, 2009
5
ABWA JOURNAL
Bien que nous pensons avoir fourni un
éventail de contenus variés dans cette
édition, nous voulons toujours faire mieux!
Nous souhaitons couvrir l'ensemble des
pays membres de l'ABWA. Pour ce faire,
nous réservons un accueil particulier aux
contributions venant des pays de la zone
francophone. Le secteur public est d'une
importance vitale à travers la région, et nous
avons besoin de couvrir ce secteur plus
largement. Nous encourageons donc tous
nos lecteurs à apporter des contributions
pour les prochaines éditions. Contacter les
éditeurs, s'il vous plait, si vous avez des
opinions ou commentaires que vous
souhaitez apporter ou si vous avez des
articles à fournir.
A la fin de cette édition, nous avons aussi
inclus un appel à articles pour une édition
spéciale du Journal International de
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Comptabilité Critique (International Journal of
Critical Accounting) sur les Etudes
Comptables Africaines. Nous espérons que
nos lecteurs vont soutenir cette initiative.
L'équipe de rédaction a été renforcée à partir
de cette édition avec la venue de Andy
Wynne. Andy apporte une riche expérience
internationale, mais il est également bien
connu dans la région, en particulier dans le
secteur public et est actuellement basé à
Lagos où il travaille avec le Gouvernement de
l'Etat sur les réformes budgétaires.
Editeurs conjoints:
Abhulimen Anao
[email protected]
Andy Wynne
[email protected]
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
Intégration régionale des pratiques professionnelles:
Les perspectives, opportunités et défis
EMMANUEL IKAZOBOH CEO,
Deloitte West & Central Africa - eikazoboh@deloitte
u cours des dernières années, il y a
eu beaucoup de discussions sur
l'intégration régionale des pratiques
professionnelles, alors que la mondialisation a rendu le monde plus petit pour la
plupart des entreprises. Pourtant, malgré
que de meilleures communications et des
relations à l'échelle planétaire avec les
clients ont contribué à réunir les réseaux des
cabinets d'experts-comptables, plusieurs
procès retentissants au cours des dernières
années, ont joué leur rôle en maintenant
localement et distinctement ces cabinets de
comptabilité.
A
La première chose que nous allons définir
dans un tel débat, c'est ce que nous
considérons comme «régional». On peut
supposer qu'il s'agit au moins d'un niveau
au-dessous du mondial, mais est-ce à dire
l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique
(comme la plupart des 4 Grands Cabinets
d'experts-comptables
considèrent cette
région) comme une région, ou l'Afrique
comme une région, ou même l'Afrique de
l'Ouest comme une région ? Des principes
différents s'appliquent à chacun, plus la
superficie est grande, plus il y a de
différenciation entre les partenariats. Pour
commencer prenons l'Afrique de l'Ouest
comme exemple. La CEDEAO est un bloc
Association of Accountancy Bodies in West Africa
économique régional de 15 pays. Ces pays
ont en commun:
!
L'histoire coloniale;
!
les économies en développement;
!
les problèmes d'infrastructures et
!
les ressources naturelles.
!
Est-ce que ceci est une base
suffisante pour un bloc intégré ?
Maintenant, regardons les attributs qui
!
les différencient:
!
les langues;
!
les monnaies;
!
les marché;
!
les lois du travail;
!
et certains diraient - différents
esprits nationaux.
Imaginez maintenant l'intégration de
pratiques professionnelles de ces différents
pays pour constituer un cabinet régional
intégré. Ce sera une tâche très difficile.
Prenons un autre exemple. Le Ghana fait
partie du groupe ouest et central africain de
Deloitte avec le Nigeria et la Gambie - la
Sierra Leone et le Libéria feront aussi partie
du groupe bientôt. Qu'est-ce que ces pays ont
en commun ? Ils sont tous des pays
anglophones, ont une histoire coloniale, des
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
économies en développement, ils ont des
ressources naturelles, des problèmes
d'infrastructures, une certaine stabilité
politique, des mentalités nationales
similaires, une tradition de la comptabilité ...
et un grand nombre de défis, notamment
dans le domaine du recrutement de talents,
sont similaires et ainsi appellent à des
approches similaires. Tout cela représente
beaucoup de choses en commun pour
constituer une base pour la planification
d'une stratégie de marché pour un cabinet
d'experts-comptables dans la région.
Maintenant, imaginons que ces pays
décident de former un groupe de pays
Africains - et maintenant essayez d'aligner le
Ghana aux côtés de l'Afrique du Sud, de la
République Démocratique du Congo, du
Rwanda et du Zimbabwe. Cela créerait
s u ff i s a m m e n t d e p r o b l è m e s p o u r
l'intégration. Et pour aller encore plus loin
que devient l'Île Maurice ou l'Égypte ?
Soudain, vous avez affaire à des langues
différentes, différents marchés, différents
défis de travail, différents esprits et se
comporter comme un partenaire unique à
travers toute cette région serait beaucoup
plus difficile.
Si vous voulez un exemple encore plus clair,
examinons les «régions» telles que la
plupart des 4 Grands Cabinets d'expertscomptables les définissent- le plus souvent
en Asie-Pacifique, les Amériques et en
'EMEA' - Europe, Moyen-Orient et Afrique.
Maintenant, dites-moi ce que La Gambie a
en commun avec la Russie, le Ghana avec
l'Autriche, le Nigeria avec la Finlande ... les
différences seront de plus en plus
accentuées.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Cependant pour les cabinets d'experts
comptables, nous devons regarder au-delà
de ces simples questions de points communs.
Les avantages et les contraintes de
l'intégration régionale- et mondiale- vont bien
au-delà. Aujourd'hui, je voudrais tout juste
parmi les nombreux domaines en évoquer
cinq qui influencent la décision d'intégrer- Je
vais mettre l'accent sur la responsabilité, le
service à la clientèle, le risque et la réputation,
le talent et l'investissement.
La Responsabilité
La responsabilité a été le plus grand obstacle
à l'intégration de la comptabilité des
entreprises au cours des dernières années.
Suite à l'effondrement d'Andersen, après
Enron, les 4 Grands et autres entreprises
internationales comme Grant Thornton et
BDO sont allés au-delà des limites pour
affirmer qu'ils ne sont pas des 'entreprises
mondiales' à proprement parler. Il n'y a pas de
«cabinet mondial» de Deloitte, tout comme il
n'y a pas de «cabinet mondial» de PwC, Ernst
& Young ou KPMG. En tenant compte de l'état
de la législation actuelle, il serait presque
ridicule de constituer une telle entreprise. Le
danger d'une question de service dans un
petit pays africain, conduira une entreprise
mondiale à une poursuite devant les tribunaux
américains - connus pour leurs lourdes
condamnations - est tout simplement trop
grand. Les cabinets de comptabilité tels que
les 4 Grands sont des proies faciles pour les
actionnaires et les avocats qui croient qu'ils
ont les poches profondes. Certains cabinets
ont des poches profondes mais leurs
partenaires ont des bras courts !
C'est pourquoi la plupart des grands cabinets
d'experts-comptables utilisent un Verein
suisse ('Verein' est un mot allemand signifiant
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ABWA JOURNAL
«union»), un type de structures, où ils sont
des réseaux d'entreprises affiliées sous un
nom de marque. Dans le cas de Deloitte, il y
a une société nommée Deloitte Touche
Tohmatsu, qui supervise le réseau Deloitte.
Mais il ne permet pas de fournir tous les
services et n'est pas responsable des
prestations fournies par une entreprise
membre comme la nôtre. Chaque cabinet
membre est responsable - et répond - de la
qualité de ses prestations locales. Avec le
climat actuel des litiges, il est difficile de voir
cette évolution dans un avenir proche. La
société d'avocats vous dira que plus votre
partenariat est important, autant est grand
votre responsabilité potentielle.
Dans cette situation les cabinets comme
Deloitte doivent faire très attention à leur
approche du marché. Nos clients veulent la
marque mondiale Deloitte. Ils veulent le
même niveau de prestations de service à
travers le monde, le même accès à des
experts. Et souvent, à cause des
engagements transfrontaliers, nous
agissons comme une seule équipe. Nous
devons donner à nos clients ce qu'ils
veulent. Mais la réalité juridique doit rester
différente. Chaque entreprise a ses
squelettes dans son placard. Parmalat est
un cas vraiment remarquable pour les 4
Grands car pour Parmalat il s'agissait d'une
société italienne qui était desservie par les
membres italiens du cabinet Deloitte. Ainsi
certainement la branche italienne de
l'entreprise était la seule partie responsable
? Eh bien, les avocats des actionnaires ont
eu une approche différente et ont tenté de
soutenir que l'organisation mondiale
Deloitte est responsable.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Dans une telle situation, Deloitte, comme la
plupart des cabinets d'experts-comptables, a
rappelé notre structure et nos clauses de
responsabilité et a dit "Nous ne sommes pas
une entreprise". Toutefois, les juridictions
italiennes
ont tranché en faveur des
actionnaires de Parmalat. Les tribunaux ont
déclaré que le cabinet Deloitte a présenté une
image d'une société mondiale - comme le font
tous les 4 Grands - et a remporté le premier
engagement en nous présentant nousmêmes comme intégré, associé, une marque.
C'était la première fois qu'un tribunal a
examiné la déclaration de responsabilité d'un
cabinet faisant partie des 4 Grands et a
reconnu que l'organisation mondiale pourrait
être responsable. Ceci a réveillé toutes les
sociétés internationales, a fait prêter attention
et a conduit à une critique approfondie de
toutes les questions de responsabilité et les
tentatives visant à définir plus clairement les
relations juridiques au sein des entreprises.
Le Service Client
Les clients sont la raison pour laquelle nous
sommes en affaires. Les clients des 4 Grands
cabinets veulent un service sans faille. Ils ne
veulent pas envoyer leurs documents
comptables ou fiscaux à dix différents
contacts professionnels à travers le monde.
Ils veulent l'envoyer à une personne qui
partage les informations nécessaires et
pertinentes avec le cabinet comptable. Ils
veulent quelqu'un qui les accompagne, qui
comprend leur situation. C'est tout comme
avoir eu un médecin pendant des années et
puis le changer lorsque vous emménagez
dans une nouvelle ville l'ancien médecin
savait comment votre corps fonctionne, ce
qu'avait été l'histoire et quels étaient les
problèmes. Il faut du temps et des efforts pour
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
expliquer à tous les nouveaux médecins,
même si ceux-ci ont des dossiers à
consulter. Et ses futurs conseils doivent
prendre en compte cette histoire ancienne.
Par ces temps où on parle de normes IFRS
et de Rapport de Groupe, nous avons
besoin de prendre des décisions sur les
politiques comptables dans une entreprise.
Les prix de transfert, la fiscalité
internationale, les fusions et les acquisitions
... la liste est longue. Et la simple réalité est
que plus les relations sont étroites entre les
entreprises dans les différents pays,
meilleur sera le service.
Les Risques et la Réputation
De la même manière le fait d'être intégré
rend compatible le service à la clientèle plus
facile, il rend également cohérentes les
approches du risque et de la qualité. Comme
le risque dans l'industrie s'est accru - une
fois encore, lié à la question de la
responsabilité mais également à d'autres
aspects telles que la lutte contre le
blanchiment d'argent, le terrorisme
international et la fraude il y a donc la
nécessité d'adopter une approche
cohérente et intégrée des questions de
risque et de réputation. Il s'agit du risque et
de la réputation en ce qui concerne la
responsabilité - mais également en ce qui
concerne la marque. Votre client qui veut un
service conséquent à l'échelle mondiale
parce qu'il travaille avec vous dans 50 pays,
travaille avec vous pour un certain nombre
de raisons. Tout d'abord c'est plus facile de
traiter avec un seul partenaire et de savoir
que chaque fois que vous vous rendez dans
un nouveau pays, il vous suffit simplement
de prendre le téléphone et d'appeler le
correspondant responsable de votre
Association of Accountancy Bodies in West Africa
entreprise. Mais ensuite, cela lui permet
également de mieux dormir la nuit en sachant
qu'il peut faire confiance à la marque de
l'entreprise qui va veiller que le service soit
aussi bon dans le nouvel emplacement.
Nous nous souvenons tous de Andersen, qui
avait une très forte image de marque dans le
marché mondial de la comptabilité. Et nous
sommes tous conscients du fait que la
marque est comme la confiance - il faut des
années pour construire, mais on peut perdre
en une seconde. Ainsi, chacun des grands
cabinets d'experts-comptables veille à établir
constamment des normes élevées pour la
gestion des risques et de la réputation - dans
les systèmes, les processus, les politiques et
lignes directrices - pour aider à protéger les
clients et l'entreprise. Pourquoi je cite cela
comme préoccupations de l'intégration ?
Contrairement à la responsabilité, qui
constitue un obstacle à l'intégration - les
risques et la réputation sont le revers, la
raison pour laquelle l'intégration peut être une
bonne chose. S'il sera bien plus facile de
gérer et de superviser les aspects du risque et
de la réputation de votre entreprise si vous
contrôlez tous les aspects de l'activité à partir
du centre.
L'investissement
En tant qu'Africains, nous connaissons tous
les modèles d'investissement dans les
entreprises. Et ce n'est pas différent dans la
comptabilité des entreprises. Nouvelle
technologie, nouveaux services, et nouveaux
savoir-faire tout est souvent développé au
Royaume-Uni, aux États-Unis ou dans
d'autres entreprises. Pourquoi ? Parce qu'ils
ont les dimensions, les ressources, l'expertise
pour faire de telles choses. La firme
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
américaine Deloitte est la seule grande
entité comptable dans le monde entier. La
firme britannique a un compte d'exploitation
de plus de $ 1.5 milliard par an. Lorsque
notre société britannique a fait l'analyse des
besoins de son système, elle a dépensé plus
de 1 million de dollars seulement sur la
planification initiale, le cadrage et l'analyse
FFOM de son système, telle était la
dimension de l'entreprise. Il n'y a pas de
cabinet d'experts-comptables, en Afrique,
qui pourrait même se permettre un système
qui coûte autant, encore moins seulement
pour des dépenses sur la planification ! Mais
au-delà des systèmes et des mécanismes
internes, nous avons également besoin de
nous appuyer sur des personnes de ces
entreprises. Nous avons besoin d'experts
qui viennent pour travailler
dans nos
marchés ici.
À l'heure actuelle dans la plupart des
cabinets d'experts-comptables, il y a une
relation de symbiose qui est basée sur
l'esprit de la marque, la coopération
internationale, les accords sur le temps de
travail rémunéré et le partage des revenus.
Mais il n'y a pas de structure formelle, quant
à la manière dont les investissements par
les grands cabinets soutiennent les plus
petites entreprises. Si les entreprises ont été
intégrées dans un compte régional de profits
et pertes c'est que les résultats des activités
de l'Afrique ont eu un impact direct sur la
performance de l'entreprise britannique - je
suis sûr que les choses changeraient. Ce
serait l'un des plus grands avantages de
l'intégration régionale, et quand je parle de
Ernst & Young de l'intégration plus tard, je
suis sûr que cette question va revenir.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Le Talent
«La guerre des talents» est désormais un
membre de phrase et elle s'est transformée
en une guerre. Les cabinets d'expertscomptables doivent se battre non seulement
les uns avec les autres, mais aussi avec des
cabinets de consultants, de conseillers
financiers, les banques, les sociétés de
télécommunications ... la liste est longue.
D'habitude la comptabilité constitue l'une des
seules affaires qui offrent la possibilité de
voyages internationaux et de détachements maintenant avec la mondialisation, la plupart
des industries le peuvent. Tout simplement,
les banques paient beaucoup plus que les
cabinets comptables, dans la plupart des cas
au moins. Il n'y a pas beaucoup d'argument à
ce sujet. Afin d'attirer les talents, nous devons
nous concentrer sur ce qu'ils veulent, ce qui
représente plus que la compensation. Cela
signifie aussi que nous devons nous
concentrer sur les perspectives de carrière,
les possibilités d'étudier et les opportunités
internationales.
Comme mentionné ci-dessus en vertu de
l'investissement, nous avons besoin de
personnes pour venir en Afrique pour
travailler dans nos entreprises pour nous
aider à développer. Dans le même temps,
l'envoi de notre gens outre-mer au sein de nos
entreprises est un formidable outil de
motivation et de développement du
personnel. Mais il y a des coûts associés à ces
détachements, et parfois les coûts d'emploi
d'une personne en détachement sont très
différents dans chaque pays. Alors, comment
pouvons-nous convaincre les entreprises de
notre pays à prendre notre personnel et à
nous prêter les leurs ? Eh bien, maintenant,
similaire à l'investissement, la relation de
Volume 1 No 2, 2009
11
ABWA JOURNAL
symbiose, l'esprit de la marque et le «que
fera-t-il pour nous» sont les principaux
aspects. Mais, là encore, avec l'intégration, il
pourrait y avoir un processus plus formel et
les raisons de cette situation.
Les conclusions
Alors, quel est l'avenir de l'intégration
régionale des cabinets d'expertscomptables ? Eh bien, l'avenir dans une
certaine mesure, a déjà commencé. Ernst &
Young a récemment annoncé que, à partir
du 1er Juillet 2008, leurs pratiques en
Europe, Moyen-Orient, en Inde et en Afrique
(EMEIA) deviendront opérationnelles sous
la direction d'un seul Espace Exécutif. En
tant que tel, Mark Otty, comme partenaire
gestionnaire de la Zone EMEIA, dirigera une
organisation avec plus de 60.000 personnes
dans 87 pays et une projection de chiffre
d'affaires de plus de US $ 11 milliards. Il a
commenté à l'époque que: «Nos clients
nous disent la mondialisation de ces
mouvements sont importants car ils nous
permettent de mieux satisfaire leurs besoins
et de fournir des services sans failles,
harmonieux et de haute qualité, non
seulement à travers EMEIA, mais dans tout
le reste du monde."
Il est intéressant que dans la mesure où,
tous les autres 4 Grands cabinets ont fait
remarquer simplement qu'ils n'ont pas prévu
de suivre cet exemple en ce moment. Je suis
sûr que Ernst & Young n'a pas pris cette
décision à la légère, avec toutes ces
incidences sur la responsabilité, la marque,
ainsi que les revenus des partenaires. Mais
d'autres entreprises ont encore besoin de
convaincre que cette régionalisation est la
voie à suivre.
Chez Deloitte, au cours des dernières
années, nous avons mis en œuvre une
Association of Accountancy Bodies in West Africa
stratégie visant à encourager les
regroupements et / ou la régionalisation des
entreprises membres lorsque nous pensons
que de telles combinaisons renforcent notre
marque et notre capacité à servir les clients.
Le nombre de groupes et des accords officiels
de coopération entre nos sociétés membres
est passé de 3 en 2000 à 12 aujourd'hui. Les
exemples d'intégration au sein de Deloitte
incluent l'Ouest et l'Afrique centrale, l'Afrique
de l'Est, l'Amérique latine, l'Asie du Sud-est,
l'Europe centrale, le Moyen-Orient, les
Caraïbes et la Communauté des États
Indépendants, entre autres. En outre, nous
avons un certain nombre d'autres accords de
coopération transfrontalière ou des
arrangements d'alliance incluant Deloitte SE la Belgique, l'Europe centrale, le Danemark,
l'Allemagne et les Pays-Bas
et une
collaboration entre le Royaume-Uni et nos
cabinets des pays nordiques. Nous travaillons
ensemble à travers le continent africain et
nous recherchons constamment les
opportunités de travailler et d'investir
ensemble. Je sais que les autres 4 Grands
cabinets ont les mêmes discussions.
Mais la structure est tout simplement un
moyen de parvenir à une fin, mais pas une fin
en soi. L'accent doit être mis sur le service à la
clientèle. C'est ce qui était il y a 100 ans, c'est
ce qui est aujourd'hui, et c'est ce qui sera dans
100 ans. À cette fin, les cabinets comptables
sont toujours attentifs à l'évolution des forces
du marché, l'environnement concurrentiel et
à tout impact ciblé sur le service à la clientèle.
La structure est importante. Mais la culture est
encore plus importante. Si l'entreprise a une
véritable culture mondiale, qui est centrée sur
le client et basée sur un esprit de consultation
et de collaboration, alors l'impact de
l'intégration ne serait inférieure dans un
Volume 1 No 2, 2009
12
ABWA JOURNAL
cabinet régional. Chez Deloitte, nous avons
perçu la preuve de cet esprit de
collaboration. En août 2008, les cabinets
américains membres de Deloitte ont
annoncé 300 millions de dollars
d'investissement pour construire un centre
d'apprentissage et de développement
dernier cri pour nos agents. Cette Université
Deloitte sera disponible pour tous les agents
de Deloitte de tous les pays partout dans le
monde - mais il s'agit d'un investissement
par le cabinet américain.
Verrons-nous véritablement des cabinets
intégrés de comptabilité au niveau mondial
dans les cinq (5) prochaines années ? Je
pense que cela est extrêmement douteux,
essentiellement parce que le système
semble fonctionner comme tel aujourd'hui et
la question de la responsabilité peut être
plus qu'un obstacle.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Verrons-nous une augmentation de la
coopération transfrontalière, le regroupement
des sociétés membres, de type de cabinet
continental tels que les cabinets Panafricains? Je précise que c'est la tendance. La
seule question est de savoir jusqu'où cela va
aller et à quel niveau cela s'arrête. Peut-être
que cela s'arrêtera au niveau de l'Afrique de
l'Ouest, ou même l'ensemble de l'Afrique.
Peut-être qu'il parviendra au niveau de
l'Europe / Moyen-Orient / Afrique.
En dépit des défis, il ne fait aucun doute que
les possibilités existent dans l'intégration de la
comptabilité des entreprises - si elles sont
manipulées de la bonne façon.
Volume 1 No 2, 2009
13
ABWA JOURNAL
L'auditeur interne : Reste Pertinent
dans le Nouveau Millénium
OSITA AGUOLU
[email protected]
Department of Accountancy, University of Nigeria, Enugu Campus, Nigeria
Résumé
C
et article considère le nouveau rôle
de l'auditeur interne dans les
pratiques du monde des affaires en
constante évolution. Il a discuté ce rôle du
point de vue de l'effort de l'auditeur interne à
ième
demeurer pertinent dans le 21 siècle à la
suite des changements intervenus dans la
manière dont les entreprises réussies
fonctionnent. Cette préoccupation résulte
également du constat, après coup, que les
actionnaires ont perdu la confiance dans la
gouvernance d'entreprise et dans l'auditeur
légal des comptes (commissaires aux
comptes) ; les retombées des récents
scandales comptables d'envergure. Cinq
approches ont été discutées représentant
les marques distinctives de l'auditeur interne
moderne. Elles constituent les meilleures
pratiques pour assurer que l'auditeur interne
apporte une réelle valeur ajoutée aux
organisations dans le nouveau millénium.
Préambule
L'auditeur interne fait face à un avenir
imprévisible dans le nouveau millénaire
comme tout aspect de l'activité humaine,
économique, scientifique, culturelle,
sociale, intellectuelle ou même sportive. Le
Association of Accountancy Bodies in West Africa
changement est constant alors que le taux de
changement s'accélère de jour en jour. Les
plus grands changements ont eu lieu dans le
monde des affaires caractérisés par la
prolifération des biens et services. De
nouvelles marques apparaissent chaque jour,
et de meilleures façons de faire les choses ont
tendance à rendre la vie plus confortable,
étant donné que les anciennes méthodes sont
éliminées. L'appétit de l'homme aspire à de
nouvelles et meilleures choses. L'industrie a
répondu bien à propos, comme les gens
regardent avec étonnement "Que vont-ils
faire la prochaine fois ?" (Programme CNN,
Business Extraordinary).
Dans le passé, à la suite de la révolution
industrielle en Europe vers 1750, les succès
d'entreprises ont tendance à varier en
fonction de la combinaison des actifs fixes et
de la technologie disponible. Ainsi les
entreprises disposant de grands montants
d'actifs fixes et de technologie telles que
General Motors, IBM, et AT&T étaient les
avant-coureurs. Au Nigéria, il y avait UACN,
John Holt, PZ, et Leventis pour ne citer que
celles-là. Elles étaient les leaders industriels
du dernier millénaire, du fait qu'elles avaient
de considérables montants d'immobilisations
telles que les terrains, les constructions, les
Volume 1 No 2, 2009
14
ABWA JOURNAL
installations et machineries. Elles étaient les
avant-coureurs en termes des biens et
services qu'elles produisent et même des
ressources humaines dont elles disposent.
Aujourd'hui, la plupart des entreprises qui
réussissent sont innovantes, flexibles et
sont en mesure de répondre à l'ampleur et à
la profondeur des changements observés
dans l'évolution de l'environnement global
(Senapalh, 2000). Dans la forte concurrence
du nouveau millénaire, il y a eu un
changement dans la structure des actifs les
actifs tangibles cèdent aux actifs intangibles
ou incorporels comme facteur déterminant
dans le succès des entreprises. Microsoft,
Intel, Nokia, etc. et les entreprises du monde
de la technologie ont adopté une orientation
qui ne porte pas sur les montants investis
dans les installations et machineries mais
dans les actifs incorporels. Ils ont ainsi
reconnu une nouvelle forme d'actifs
productifs en dehors des installations et
machinerie ; les investissements
immatériels dans les gens comme les
clients, les fournisseurs ou employés qui
sont essentiels à la capacité de création de
richesse de l'entreprise. Les investissements dans les actifs incorporels
comprennent les actifs intellectuels, la
franchise, les brevets et les marques,
l'apprentissage organisationnel, le
leadership, l'intégrité des fournisseurs et la
loyauté des clients.
Au cours du dernier millénaire, l'élément
important dans le monde des affaires a été le
transport. La facilité avec laquelle une
entreprise pouvait déplacer les biens et les
personnes d'un point à un autre était un
facteur important pour son succès. Ce qui
Association of Accountancy Bodies in West Africa
avait rendu les compagnies maritimes, les
compagnies aériennes, et même les chemins
de fer une réussite. Aujourd'hui, l'accent est
mis sur la communication. L'habileté à
transmettre des informations d'une partie du
globe à une autre, ou l'habileté à obtenir
rapidement des informations ou des idées de
quelque partie du monde est un facteur
majeur de succès d'une entreprise. La plupart
des sociétés qui réussissent aujourd'hui ont
des capacités de communi-cation rapide et
peuvent garantir à la minute près des idées
provenant de toutes sources y compris
l'internet.
Avec l'effondrement du communisme, les
politiques du gouvernement, non seulement
au Nigéria mais aussi dans tout le monde
entier, ont tendance à insister sur la
déréglementation et non le contrôle du
gouvernement, malgré que la récession
économique peut conduire à un reversement
de ces politiques du fait de la perte de
confiance dans le secteur privé. Cela s'est
reflété dans la tendance récente au Nigéria
caractérisée par la cession des participations
du gouvernement dans plusieurs entreprises
commerciales sous le Bureau pour les
Entreprises Publiques. Cette politique a
conduit le gouvernement à céder une bonne
partie de ses participations dans les banques
commerciales, les compagnies d'assurance,
les compagnies aériennes et maritimes, les
entreprises immobilières, les télécommunications, l'industrie pétrolière, etc. Il en est
également résulté la libéralisation des
investissements dans la radio et la télévision
(et les média en général), la réforme des
pensions et la privatisation totale ou partielle
du secteur de l'énergie et de l'électricité dans
le pays et, réduit ainsi la participation du
Volume 1 No 2, 2009
15
ABWA JOURNAL
gouvernement dans les entreprises
commerciales. Cette politique n'a pas
seulement créé des opportunités pour les
entreprises mais les a également exposées
au risque de la concurrence globale. Une
fois créées, ces opportunités doivent être
exploitées en utilisant les approches
modernes tout en élaborant les stratégies
appropriées pour faire face à la concurrence
mondiale. Le cas de Nitel Plc face à la
concurrence des entreprises de télécommunications locales et étrangères à la suite de
la déréglementation de ce secteur est un
exemple typique de ce que la
déréglementation du gouvernement peut
causer a une entreprise qui, autrement,
réussirait. De telles expériences et l'actuelle
récession globale sont en train de conduire
plusieurs gouvernements à remettre en
cause cette approche. Les Etats-Unis, le
Royaume Uni, l'Islande ont récemment
nationalisé plusieurs banques et d'autres
institutions financières.
La Place de l'Auditeur Interne
L'auditeur interne est confronté à un
problème de suivi du rythme d'un
environnement des affaires dynamique.
Faisant partie des actifs intangibles de
l'organisation, il a la responsabilité non
seulement d'être à jour avec le dynamisme
des affaires, mais également d'être à la
hauteur de ces changements, non pas dans
son traditionnel rôle de l'assurance de la
conformité, mais en étant un actif de
création de valeur. En tant que membre de
l'entreprise, l'auditeur interne doit mettre de
coté ses procédures traditionnelles et
développer de nouvelles méthodes en vue
d'être en constante harmonie avec les
changements de l'environnement des
Association of Accountancy Bodies in West Africa
affaires. Les auditeurs internes assument
maintenant le rôle de partenaires
d'entreprise, de gestionnaires de risques et
de leaders de partage de la connaissance.
En face de l'actuelle érosion de la confiance
de la profession comptable, la retombée des
scandales de WorldCom, Enron et autres, les
actionnaires et le public investisseur sont en
train de changer graduellement leur
dépendance vis-à-vis de l'auditeur interne en
ce qui concerne l'assurance de l'état des
affaires de l'organisation (Holmes, 2002).
Comme l'a montré chaque scandale
impliquant les grandes multinationales, les
auditeurs externes ne peuvent plus offrir le
niveau d'assurance requis par les
investisseurs. Des recherches d'autocritique
sont en cours dans la profession comptable
pour arrêter et inverser la perte de confiance
(del-Valle, 2007) de la part d'un public de plus
en plus informé à la suite de la chaine des
scandales comptables mystifiés impliquant
de très performantes multinationales et des
sociétés comptables bien notées. Les
investisseurs ne sont pas contents de cette
situation et seront en conséquence dans un
"état d'esprit punissant" (Kini, 2001). Les
clients traduits en justice vont tirer tous les
autres, les auditeurs inclus, en vue d'obtenir
réparation même pour le moindre
comportement fautif en matière de
gouvernance d'entreprise ou de professionnalisme. Le comptable deviendra de plus en
plus ouvert à l'examen du public, et non traité
comme des vaches sacrées, a dit Kini.
L'auditeur interne est perçu comme une
alternative pour réduire le gap entre la
performance attendue des auditeurs
statutaires (commissaires aux comptes) par
le public investisseur et la performance
réalisée ou perçue de ces auditeurs
Volume 1 No 2, 2009
16
ABWA JOURNAL
statutaires. L'auditeur interne, dans ce
nouveau rôle, doit non seulement acquérir
de nouvelles compétences et outils, mais
également doit adopter de nouvelles
attitudes et pratiques nécessaires à bien
accomplir ce nouveau rôle (Sanapalh,
2000).
Certains facteurs de la fonction de l'audit
d'une organisation peuvent être des
symptômes de faiblesse dans l'approche de
l'audit interne et qui peuvent conduire à des
défaillances au sein de l'organisation. Ces
facteurs peuvent être identifiés sous cinq
rubriques comme suit :
ane pas adopter une stratégie
d'identification et de repérage
des risques
bne pas adopter un langage
commun de risque pour discuter
avec le management les risques
des activités dans l'organisation
cêtre limité dans ses vues ou en
manque d'attention stratégique,
d'accès à des compétences
spécialisées ou de contrôle de
coût effectif
dne pas comprendre les
processus d'entreprise ou ne
pas suivre et être à jour avec le
rythme de changements de ces
processus ou encore ne pas être
en mesure d'évaluer les risques
associés à ces changements
ele défaut de remplir les plans
d'audit annuels, en particulier
lorsque ces plans sont liés à
l'ensemble des processus
budgétaires de l'organisation
Les problèmes identifiés ci-dessus
s'accentuent dans les situations où la
fonction de l'audit interne n'existe pas. Cela
peut ne pas être perçu surtout lorsque,
Association of Accountancy Bodies in West Africa
fortuitement, l'entreprise prospère ou n'a pas
connu des cas de fraude ou de défaillance
dans ses processus ou produits en l'absence
des services d'audit interne. Le management
(dirigeants) peut ne pas réaliser que le niveau
de succès atteint pouvait être beaucoup
mieux avec un département d'audit interne
fonctionnant normalement. Ceci constitue un
problème majeur pour l'audit interne dans le
cas des entreprises indigènes. Il est plus
difficile de convaincre le management de
telles entreprises du besoin de mettre en
place une fonction d'audit interne du fait qu'il
n'aperçoive pas l'effet de valeur-ajoutée de
l'auditeur interne.
Les traits d'un service d'audit interne
moderne
Une étude critique des groupes d'audit interne
bien organisés et bien gérés dans le nouveau
millénaire va révéler certains traits communs
qui peuvent être résumés en cinq pratiques
modernes en adéquation avec l'évolution de
l'environnement des affaires. Sanepalh
(2000) a appelé ces pratiques "les cinq
meilleures pratiques" qui peuvent servir de
référence pour évaluer l'effectivité (efficacité)
de la fonction d'audit interne dans n'importe
quelle organisation dans le nouveau
millénaire. Ces pratiques ou une combinaison
de certaines d'entre elles peuvent servir de
solutions aux problèmes listés ci-dessus et
qui sont liés à l'audit interne. Cependant, dans
une large mesure, et à l'exception des
pratiques modernes, la marque de distinction
dépend des gens qui exercent les fonctions
d'audit interne, et encore plus du leader de
l'équipe qui peut être un expert-comptable, un
ingénieur ou un MBA (Singhal et Pipalia,
2000). Les cinq pratiques modernes sont
discutées ci-dessous.
Volume 1 No 2, 2009
17
ABWA JOURNAL
Référentiel de connaissances
L'auditeur interne est à la fois un référentiel
de connaissances et un pivot pour
l'amélioration de la communication au sein
d'une organisation. Sanepalh (2000) a
comparé cette connaissance de
l'organisation au centre d'une roue à rayons.
Pour être efficace, le centre doit aider la roue
à tourner en équilibre et en douceur. La
fonction de l'audit interne doit être un
conduit de connaissances organisationnelles appropriées à tous les "rayons" ou
processus. Tout comme l'auditeur externe,
l'auditeur interne doit disposer des attributs
essentiels d'un bon auditeur. Ces attributs
comprennent la compétence technique,
l'honnêteté et la confidentialité.
La compétence technique est d'une
importance capitale pour la bonne
performance de l'auditeur interne. Ce
facteur souligne l'indépendance de
l'auditeur, en ce sens qu'il améliore son
aptitude à penser et à agir de façon objective
(Aguolu, 2002). Un auditeur interne qui
s'appuie sur d'autres agents pour
comprendre les processus de l'organisation
ne peut espérer réaliser d'excellents
résultats. Avec une parfaite connaissance
générale des processus de l'organisation, et
même être supérieur aux agents
fonctionnels, l'auditeur interne se trouve
dans une meilleure position pour poser les
questions pertinentes. Il sait les informations
à rechercher. Il connait les réponses
attendues et peut conduire une évaluation
critique et indépendante de ces réponses.
Par conséquent, il est capable de tirer les
conclusions correctes. Cette position a été
défendue par Singhal et Pipalia (2000) qui
sont d'avis que le management attend de
Association of Accountancy Bodies in West Africa
l'auditeur interne de disposer non seulement
d'une bonne connaissance en finance et des
comptes, mais également des réalités et de
toutes les autres activités de l'entreprise. Le
manque de compétence technique à la fois en
relation avec les processus de l'organisation
et aux pratiques d'audit interne, est le plus
grand mal des unités d'audit interne
indigènes. La mauvaise performance et la
qualité médiocre des rapports conduisent à
une faible notation de l'auditeur interne.
Inévitablement, les autres agents
fonctionnels ont tendance à considérer
l'auditeur interne comme un agent moins
important.
L'interview est la source d'information la plus
importante pour l'auditeur interne. Le
personnel travaillant dans les différents
segments de l'organisation savent comment
le système fonctionne dans la réalité et par
conséquent devrait avoir une bonne idée de la
faisabilité pratique des améliorations
apportées. Ainsi, l'auditeur interne nécessite
de bonne compétence en technique
d'interview (Wynne, 2002). Il doit disposer des
aptitudes à comprendre et à évaluer des
situations complexes en vue de comprendre
pourquoi chaque étape est exécutée. Le
personnel qui fait fonctionner le système sait
en général ce qu'ils font mais pas
nécessairement pourquoi ils le font. Il est alors
de la responsabilité de l'auditeur interne
d'appliquer la compétence qui permettra au
personnel de s'ouvrir au mieux de leur
connaissance. D'expérience, il est de la
responsabilité de l'auditeur interne d'évaluer
pourquoi chaque opération est exécutée. Il
doit s'attendre, des opérateurs, à des
réponses du genre "c'est de cette façon que
nous le faisons depuis des années" ou
"l'auditeur externe (commissaire aux
Volume 1 No 2, 2009
18
ABWA JOURNAL
comptes) nous a donné de le faire".
L'honnêteté est un attribut essentiel de
l'auditeur interne. L'honnêteté, dans ce
sens, implique dire la vérité, mais dire la
vérité seul n'est pas suffisante pour faire
preuve d'honnêteté de la part de l'auditeur. Il
ou elle a besoin d'être honnête vis-à-vis de
lui-même ou elle-même, ce qui implique que
lui/elle doit reconnaitre ses lacunes
personnelles, en particulier au regard de sa
connaissance des processus de
l'organisation. Il ou elle ne doit donner
l'impression qu'il/elle a une meilleure
connaissance des processus de
l'organisation que ceux qui les opèrent,
quand il/elle aurait pu en effet profité de leur
connaissance supérieure. D'autre part, il
n'est pas de son intérêt d'exposer son
ignorance totale des processus, du fait que
les agents fonctionnels peuvent en profiter.
De bonnes aptitudes en communication de
la part de l'auditeur interne peuvent ajuster
toute perception erronée de la part des
autres agents fonctionnels.
La confidentialité est un attribut personnel
de l'auditeur. Alors que l'auditeur a besoin de
révéler toutes les questions relatives aux
processus de l'audit, il ne doit pas discuter
ces questions dans des situations qui ne
seront pas bénéfiques à l'organisation. De
telles discussions doivent être menées soit
avec ceux qui sont en position d'en profiter
de façon proactive, soit avec ceux qui sont
en position de prendre de mesures
correctives. Les points d'audit révélés à des
fins autres que celles devant conduire à une
valeur-ajoutée, sont du gaspillage et
conduiront certainement au discrédit de
l'auditeur interne. La communication doit
être appropriée au processus d'entreprise et
portée sur les risques inhérents au
Association of Accountancy Bodies in West Africa
processus et les défaillances qui peuvent
perturber un processus et ainsi affecter toute
l'organisation. L'unité d'audit interne obtient
sa connaissance par le biais d'une interaction
avec toutes les sections de l'organisation,
faisant de lui un référentiel de connaissance
relatif à l'organisation. Pour ajouter une valeur
réelle à l'organisation, cette connaissance
doit être partagée avec toutes les unités
appropriées notamment celles concernées
par les risques.
Attention aux personnes
L'auditeur interne doit reconnaitre que les
ressources humaines constituent un élément
important des actifs intangibles d'une
organisation dans le 21ième siècle. Dans le
cadre de son effort d'évaluation de risque,
l'auditeur interne devrait porter son attention
sur les gens. L'évaluation doit être réalisée en
trois phases :
1.
2.
Les ressources humaines sont
elles déployées de manière
efficiente et efficace ? Ceci met
l'accent sur les utilisations
alternatives en vue de déterminer
les fonctions les plus appropriées
auxquelles les individus peuvent
être affectées. Cela va demander
un travail d'étude technique de la
part de l'auditeur interne et une
bonne connaissance de l'évaluation de la ressource humaine.
Quels sont la possibilité et les
effets de la perte de personnel, en
particulier ceux engagés dans les
domaines clés de l'organisation.
Cela découle du point numéro (i)
ci-dessus, du fait qu'il est capital
de découvrir si les personnes
engagées dans les différents
Volume 1 No 2, 2009
19
ABWA JOURNAL
3.
processus apportent une valeurajoutée à l'organi-sation. S'il en
est autrement, la rétention
continue de telles ressources
humaines génèrent des coûts
mais n'apportent aucun bénéfice
à l'entreprise. D'autre part, si les
gens apportent de la valeurajoutée à l'organisation, il est
capital d'évaluer le risque
associé à la perte éventuelle de
tels employés.
En cas de perte de tel personnel,
l'organisation dispose-t-elle de
plans contingents pour leur
remplacement ? S'assurer
contre la perte d'actifs fait partie
de la bonne gestion. De telle
assurance n'existe pas pour la
perte des gens. Il faut du temps
et de l'effort pour former les gens
dans les compétences appropriées. Les gens ne peuvent être
formés et retenus en stand-by ;
de telles pratiques génèreront de
considérables coûts à l'organisation. La pratique moderne de
l'audit interne est de susciter une
prise de conscience de la part du
management de la possibilité de
perte de personnel. Le
management est en position
d'anticiper de telle perte, et ainsi
devrait soit agir pour prévenir la
perte, soit agir promptement
quand elle se produit.
Cela marque un changement des
préoccupations traditionnelles de l'utilisation
effective et efficiente des actifs tangibles et
de la perte de tels actifs auxquelles l'auditeur
interne a jusqu'ici concentré son attention.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Les réalités des entreprises modernes sont
que la perte des actifs fixes ou celle des
stocks (actifs tangibles) peut être assurée et
remplacés très rapidement en cas de perte.
L'être humain ne peut être assuré, et en cas
de perte, son remplacement immédiat peut ne
pas être faisable.
L'audit interne est un pool de talents, qui en
plus de recruter et de former des gens de bon
calibre pour les fonctions d'audit interne, sert
de terrain de formation pour le personnel de
poursuivre leur carrière au sein des autres
fonctions dans l'organisation (Sanepalh,
2000). Avec cette pratique, le département
d'audit interne peut attirer des professionnels
ambitieux et talentueux qui verront leur
position comme un tremplin stratégique à
d'autres opportunités de carrière au sein de
l'organisation. Une moyenne de 18 à 24 mois
est la période nécessaire pour former et
retenir le personnel d'audit interne et les aider
à progresser vers d'autres positions
importantes dans l'organisation. Cela est
bénéfique à la fois à l'organisation et à
l'employé et est un trait de classe des
départements d'audit interne.
Valeur ajoutée
Les conditions émanant de la concurrence et
les efforts de survivre dans les affaires, n'ont
cessé de pousser l'auditeur interne de son
traditionnel rôle de "policier" de l'organisation
(Nwakanma, 1994) vers celui de partenaire
proactif. En dehors de l'assurance de la
conformité opérationnelle, l'auditeur interne
aide désormais les unités de l'entreprise à
conduire l'organisation de façon plus efficace
et plus efficiente. La gestion des risques dans
l'organisation est devenue de plus en plus
difficile dans l'actuelle économie globalisée
Volume 1 No 2, 2009
20
ABWA JOURNAL
(Sanepalh, 2000). Même l'évolution rapide
des technologies de l'information a créé de
r u d e s p r o b l è m e s p o u r d i ff é r e n t e s
organisations (Oladipupo et Chiemeke,
2002). Le meilleur moyen par lequel le
management va apprécier l'aptitude de
l'auditeur interne à créer de la valeur n'est
pas par le biais de son traditionnel rôle
d'écrire des rapports. L'auditeur interne doit
être un partenaire stratégique en aidant les
agents fonctionnels à conduire leurs
opérations de façon plus efficiente. Avec les
économies de coûts qui résultent de telle
assistance, l'auditeur interne est perçu
comme un partenaire et non comme un
inspecteur de conformité. Ainsi, l'effet de
valeur-ajoutée de la présence de l'auditeur
interne est clairement perçu par le
management.
2.
Pour être en mesure d'ajouter de la valeur
comme indiqué ci-dessus, l'unité d'audit
interne doit obtenir l'appui du topmanagement en vue de :
1.
positionner l'audit interne au sein
de l'organisation pour que toutes
les unités fonctionnelles
comprennent ses objectifs.
Comme pour tout aspect de
contrôle budgétaire, les gens
doivent avoir une bonne
compréhension des objectifs qui
leur sont fixés, de même que les
relations (liens) entre les
différents objectifs des unités
fonctionnelles. De la même
manière, les gens doivent
apprécier les objectifs de la
fonction d'audit interne et
comment ils affectent ou sont
reliés aux résultats attendus
Association of Accountancy Bodies in West Africa
3.
d'eux dans leurs opérations. Cela
permet d'éliminer la friction interne
et de promouvoir une congruence
globale des objectifs.
concevoir la portée du travail
d'audit de telle manière que la
finalité qu'est la valeur ajoutée soit
clairement soulignée. L'auditeur
interne ne doit pas insister sur son
rapport aux dépens du travail avec
les gens. Bien que le rapport est
préparé et circulé comme
approprié, l'auditeur interne
devrait être vu comme travaillant
avec les gens de manière à ce que
les problèmes inhérents aux
processus soient soulignés dans
le rapport au lieu de s'atteler
simplement à critiquer les
résultats de tels processus. Tel
rapport est toujours plus utile à la
personne auditée qui voit
l'auditeur interne comme un
partenaire proactif qui ajoute de la
valeur à ses processus.
maintenir une relation équilibrée
au sein du département d'audit
interne et entre l'audit interne et le
reste de l'organisation. L'audit
interne est une unité et non un
individu. Singhal et Pipalia (2002)
ont suggéré que le group d'audit
interne soit un consortium et non
un individu. Ils ont également
suggéré que le consortium doit
être un groupe multidisciplinaire
constitué de différents
professionnels et non pas
seulement de comptables.
Pendant que le groupe d'audit
interne est considéré comme une
équipe et travaille comme telle, il
Volume 1 No 2, 2009
21
ABWA JOURNAL
4.
est essentiel pour la fonction
d'audit interne de maintenir une
relation d'équipe avec toutes les
unités de l'organisation.
utiliser des gens qui comprennent bien l'organisation. La
compétence technique de
l'auditeur interne a été soulignée
ci-dessus, mais la connaissance
de l'organisation et de ses gens
est essentielle pour une
performance effective de la part
de l'auditeur interne. Avec les
progrès de la technologie, les
organisations passent inévitablement à des niveaux élevés en
matière de développement de
système qui nécessitent des
processus plus rigoureux et plus
disciplinés. En tant que
partenaire de valeur ajoutée,
l'auditeur interne doit évaluer la
phase de la durée de vie de
chaque développement de
système de l'organisation en
termes d'effectivité, d'efficacité
et d'intégrité et, plus tard, en
terme de conformité et de
fiabilité. L'auditeur interne, en
vue de jouer son rôle
d'amélioration de l'efficience et
d'efficacité de l'organisation, ne
doit pas simplement travailler
pour l'unité auditée, mais devrait
travailler avec lui pour un partage
ouvert de l'information. En cela,
l'auditeur interne comprend
mieux l'unité auditée. En
conséquence, la procédure
adoptée par l'auditeur interne et
son rapport sont adaptées aux
particularités et culture, non
Association of Accountancy Bodies in West Africa
seulement de l'organisation, mais
également des personnalités
concernées.
Certaines des aptitudes de l'auditeur interne à
créer de la valeur peuvent être évaluées en
terme de gestion, étant en position de prendre
des décisions plus informées qui impliquent
de faire la balance entre les risques et les
récompenses relatives à de telles décisions. Il
apporte au management l'utilité des actifs
intangibles tels que les gens y compris les
fournisseurs et clients qui peuvent être
déterminants pour l'aptitude de l'entreprise à
créer de la richesse. L'auditeur interne évalue
les processus, et ainsi analyse les options et
les processus concurrents.
Evaluation Exhaustive des Risques et
Facilitation de la Gestion des Risques
La gestion des risques dans l'ensemble de
l'organisation est un défi croissant dans
l'actuelle économie globalisée. La gestion et
l'évaluation exhaustive des risques sont la clé
de succès dans le processus d'audit interne.
Les organisations qui élèvent la gestion des
risques à un niveau stratégique et les
intègrent dans leurs plans d'activités sont en
mesure de prendre de meilleures décisions
au sujet de l'avenir de leurs affaires. L'audit
interne est comme une entreprise (ICAN,
1991) et ainsi, doit placer l'évaluation et la
gestion de risque au plus haut niveau de ses
fonctions.
Avec cette pratique de la part de l'auditeur
interne :
i)
la management est en position
des prendre des décisions plus
informées (ou plus éclairées)
ii)
les risques liés aux actifs
intangibles comme définis ci-
Volume 1 No 2, 2009
22
ABWA JOURNAL
iii)
iv)
dessus sont facilement reconnus
et optimisés
les risques sont systématiquement identifiés et gérés sur
une base agrégée par les
dirigeants qui sont responsables
de leurs choix
l'entreprise comprend ses
capacités de gestion de risques
de manière approfondie, et ses
processus sont bien alignés de
telle sorte qu'elle peut convertir
très rapidement les risques en
opportunités qui, autrement,
seraient cause de vives
inquiétudes ou d'échec (Singhal
et Pipalia, 2002).
Normalement, le risque est un facteur de vie
et il y a une tendance à l'éviter. Toutefois, la
plupart des entreprises réussies ont pris des
risques ; alors le facteur déterminant c'est
comment une organisation peut
efficacement identifier et gérer le risque.
L'auditeur interne est en position d'anticiper
le risque et, en fonction de sa précocité,
l'auditeur interne peut travailler avec le
management pour convertir de tel risque en
opportunité profitable. C'est là que se trouve
la force de la plupart des organisations
réussies.
Usage stratégique de la technologie
La technologie a la capacité d'améliorer la
performance des fonctions d'audit interne.
Toutefois, la technologie, peu importe son
avancée, ne peut se substituer à des
processus bien conçus ou du personnel bien
formé et dédié (Aguolu, 2002). Néanmoins,
stratégiquement appliquée, la technologie
peut nettement améliorer la performance de
l'auditeur interne. Plus de technologies sont
Association of Accountancy Bodies in West Africa
disponibles pour aider l'auditeur interne à
recueillir et à partager des informations.
Celles-ci comprennent l'internet, les bases de
données électroniques de documents de
travail, les techniques d'audit de l'ordinateur
et d'autres outils, qui améliorent grandement
l'efficience de l'audit. La technologie accroit la
communication et par conséquent, améliore
le partage de la connaissance, simplifie le flux
de travail, élimine les répétitions inutiles et
rend le rapport d'audit plus facilement
disponible et accessible. Cela répond au
besoin global de valeur ajoutée de l'audit.
La mauvaise application de la technologie
peut conduire à l'échec total dans
l'enregistrement et le système de
fonctionnement, qui dans le cas extrême peut
entrainer l'effondrement de l'entité. Depuis la
phase de conception, l'auditeur interne joue
un rôle clé de conseil sur l'opportunité et la
portée de la nécessité d'introduction de la
technologie. Cela peut être sous la forme de
plan qui lorsque mis à la disposition du
management sert de cadre de conception
pour la technologie en question. Le
management est en position de modifier leurs
besoins même avant que quelque ressource
ait été affectée au programme. L'économie de
coût qui résulte de la planification stratégique
et de l'exécution du programme fait partie de
l'approche moderne de l'audit interne.
Conclusion
En conclusion le rôle moderne de l'auditeur
interne peut être résumé comme :
i)
maintenir et accroitre un avantage
compétitif dans une organisation
en aidant à mettre en place et à
maintenir un processus de gestion
de risque intégré
Volume 1 No 2, 2009
23
ABWA JOURNAL
ii)
iii)
grandir et évoluer à un rythme
plus rapide que l'organisation, et
comme l'économie globale
évolue nécessitant de même une
évolution effective et efficiente de
la gouvernance d'entreprise,
l'auditeur interne doit répondre
de façon appropriée à son rôle de
plus en plus exigeant du fait
d'être un partenaire stratégique
du management.
ièm
La révolution industrielle du 18 siècle a eu
tendance à mettre l'accent sur les
installations et machineries comme facteur
ièm
nécessaire au succès d'entreprise. Au 21
l'accent s'est déplacé des installations et
machineries tangibles vers les actifs
intangibles tels que les actifs humains et
intellectuels, les capacités organisationnelles, un leadership effectif et la loyauté
des clients. L'innovation, la flexibilité et
l'aptitude à répondre de façon rapide à la
portée et à la profondeur des changements
sur une base globale, sont devenues les
facteurs déterminants du succès. Etant un
actif intangible clé de l'organisation, la
pratique moderne de l'audit interne n'est
plus simplement la capacité à reconnaitre et
à répondre au changement, mais l'aptitude à
anticiper le changement, non pas seulement
dans de vastes paramètres de la perte de
marché ou de franchise, mais également
dans les moindre logistiques
opérationnelles telles que la perte de
personnel clé qui peut s'avérer critique à la
capacité de création de richesse de
l'organisation (Haribhakti et Bangari, 1999).
L'attention a également été tournée des
transports vers la communi-cation.
L'aptitude de l'auditeur interne à sécuriser et
Association of Accountancy Bodies in West Africa
à disséminer l'information est une marque
distinctive d'une fonction d'audit interne
effective et efficace du 21ièm siècle.
Une gouvernance d'entreprise efficace
demande que le management ait de
partenaires stratégiques devant lui fournir en
temps opportun des informations fiables pour
la prise de décision. Pour demeurer pertinent
dans le 21ièm, l'auditeur interne doit être un
référentiel de connaissance relatif à
l'organisation qui doit être, au besoin, rendue
disponible à toutes les unités de
l'organisation. La fonction d'audit moderne
doit mettre l'accent sur les hommes à l'opposé
des installations et machinerie. Il doit être vu
comme un créateur de valeur. Il doit disposer
de la compétence nécessaire pour analyser et
gérer le risque en adoptant le même langage
que le management. Il est de même
nécessaire pour l'auditeur interne d'utiliser la
technologie de façon stratégique dans la
mesure où elle est devenue un impératif dans
le nouveau millénaire.
Les comptables sont généralement disposés
à remplir ce rôle. Toutefois, les récents cas de
faillite d'entreprises déclenchées par les
défaillances comptables de grande portée (à
la fois la comptabilité d'entreprise et le
commissariat aux comptes) rendent impératif
que le management et les actionnaires
recherchent des sources d'informations
alternatives ou supplémentaires comme
plateforme pour une réaction spontanée au
dynamisme des affaires et à la constante
évolution des réglementations et déclarations
gouvernementales. Ce rôle revient
convenablement à l'auditeur interne.
Volume 1 No 2, 2009
24
ABWA JOURNAL
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Volume 1 No 2, 2009
25
ABWA JOURNAL
Quelle est l'origine de nos livres comptables
Les Italiens, étaient-ils les premiers à la développer
ou l'ont-il appris des Arabes ?
DR. OMAR ABDULLAH ZAID,
Professeur de Comptabilité, Université des Sciences
et Technologies, Sanaa République Yémen [email protected]
Cet article a été apparu pour la première fois dans le Accounting Historians Journal Journal des
Historiens de la Comptabilité en Juin 2000.
Il est reproduit avec la permission de Academy of Accounting Historians l'Académie des
Historiens de la Comptabilité.
RÉSUMÉ
L'origine exacte des registres et rapports comptables (documents comptables) décrits par Pacioli en 1494 et
utilisés en Républiques Italienne est actuellement inconnue. Les évidences historiques préservées en Turquie et
en Egypte indiquent que les registres et rapports comptables développés au début de l'Etat Islamique étaient
similaires à ceux utilisés en République Italienne comme décrits par Pacioli en 1494. De plus, certains des
documents comptables utilisés dans différentes parties de l'Etat Islamique sont comparables aux livres et
rapports actuels. L'exigence religieuse de la Zakat (prélèvement fiscal religieux) et la responsabilité croissante
de l'Etat Islamique étaient les forces à l'origine du développement de ces documents comptables par les
musulmans. L'Etat Islamique a été établi en l'an 622, et la Zakat a été imposée aux musulmans en l'an 2 Hijri'Iah
(H) (623). La promulgation de la Zakat a nécessité la création du Diwan (le bureau où siègent les comptables) et
le développement initial des registres et rapports comptables. Ces documents ont été développés plus en détail
en Addawlatul Abbasi'iah (Abbaside Caliphate) entre 132 et 232 H (750-847) où sept spécialités comptables ont
été connues et pratiquées. L'audit a joué un rôle très important dans l'Etat Islamique et a été établi comme l'une
des spécialités comptables. Cet article fait valoir qu'il est très probable que les liens commerciaux entre les
commerçants musulmans et leurs homologues Italiens ont influencé le développement des livres (documents)
comptables en Italie.
Introduction
'objectif du présent article est
d'expliquer et d'examiner les
registres et rapports comptables
(documents comptables) qui ont été
développés et utilisés par les musulmans
précédemment à la publication du livre de
Pacioli : Summa de Arithmetica,
Geometrica, Proportioni et Proportionalita,
en 1494. Cet examen est fondé sur les idées
reçues que "les Italiens ont emprunté le
concept de la partie-double aux Arabes[1]
L
Association of Accountancy Bodies in West Africa
(Have, 1976, p.11). L'explication et l'examen,
objet de cet article, visent à identifier la
contribution des premiers musulmans à la
littérature comptable, et à souligner l'influence
possible de la pratique comptable musulmane
sur la République Italienne. L'examen de
cette influence revêt une importance capitale
parce que l'Europe d'alors "était
temporairement à état stationnaire, et par
conséquent, on ne devrait pas espérer
trouver un progrès visible (sensible) et
appréciable des méthodes comptables durant
cette période" (Woolf, 1912, p. 54).
Volume 1 No 2, 2009
26
ABWA JOURNAL
La portée géographique du commerce
arabique et des activités financières étaient
très limitée avant le fondement de l'Etat
Islamique en 622 AD par le Prophète
Mahomet, paix soit avec lui [2] (pbuh). Les
activités commerciales et financières étaient
concentrées dans les mains de quelques
familles en Makkah [3] et ont porté sur la
région du Moyen Orient. Il y avait deux
principales sessions commerciales qui sont
les voyages du commerce d'hiver et d'été
(Quran, 106 : 1-4).
Le voyage
du
commerce d'hiver était dirigé vers le Yémen
tandis que le commerce d'été était o r i e n t é
vers la Ash-Sham (il s'agit de la Syrie, le
Liban, la Jordanie, la Palestine et l'Israël
d'aujourd'hui). The commerce
"conventionnel" de Makkah à Yémen et de
Ash-Sham ont continué après l'an 622, mais
il a commencé par prendre une nouvelle
direction en l'an 10 Hijri'irah [4] (H) (632).
Après la conquête de Makkah en l'an 8 H
(630), les Arabes qui ont embrassé l'Islam
sont devenus préoccupés par l'expansion
de l'Islam au-delà de la péninsule arabique,
en étendant leurs activités commerciales
bien au-delà du Moyen Orient. Depuis le
8ème siècle, les Arabes "ont navigué leur
galères le long des cotes de l'Arabie et de
l'Inde, et sont arrivés en Italie avec des
produits luxueux inconnus en Europe"
(Have, 1976, p. 13). L'accroissement des
activités commerciales des commerçants
musulmans a également nécessité la mise
en commun des capitaux pour financer la
demande croissante de leurs produits en
Europe. L'expansion et la portée du
commerce qui en résultent ont conduit à
l'émergence du partenariat et le besoin de
tenir des registres comptables appropriés et
de préparer des rapports comptables en
adéquation avec les exigences du Quran
Association of Accountancy Bodies in West Africa
(Al-Baqarah, 2 : 282 283) en vue de rendre
compte aux entrepreneurs et partenaires. Le
besoin de tenir une comptabilité appropriée a
été également motivé par l'exigence du
paiement de la Zakat [5] comme détaillée
dans la Shari'ah Islami'iah [6]
(Enseignements Islamiques).
Au début de l'Etat Islamique, la Zakat et les
autres revenus n'étaient pas significatifs en
termes financiers et ne donnaient pas souvent
lieu à des enregistrements (Ibn Saad, 1957, p.
400). L'expansion géographique de l'Etat
Islamique au Moyen Orient, en Afrique et en
Asie, spécialement durant le temps de Caliph
Omar bin Alkhattab [7], a conduit à un
accroissement significatif des revenus et des
responsabilités de l'Etat Islamique. Ces
accroissements des revenus et des
responsabilités ont nécessité la mise en place
d'un mécanisme pour assurer la
responsabilité adéquate de ceux en charge
de la collecte et du décaissement des
dépenses de l'Etat. Ce mécanisme a été
réalisé par le Sahaby (le compagnon du
Prophète) Al-Waleed bin Hisham Al-Mugierah
(As-Saleh, 1982, p. 349). Le Sahaby a
recommandé la mise en place des
enregistrements en compte au titre des
revenus et dépenses de l'Etat.
Cette
recommandation a été adressée à Omar bin
Al-Khattab qui a émis l'idée et a créé le Diwan
[8]. En conséquence, le prélèvement fiscal
religieux de la Zakat était apparu le facteur
principal à la base du développement des
registres comptables et de la création du
Diwan.
Bien que la création du Diwan et partant celle
de la comptabilité, a été initialement
développé par l'Etat Islamique, la contribution
des commerçants musulmans ne peut être
Volume 1 No 2, 2009
27
ABWA JOURNAL
ignorée. Les commerçants musulmans
étaient religieusement motivés de tenir des
registres adéquats en vue de faciliter
l'enregistrement, l'évaluation et le reporting
de leurs transactions commerciales. Cette
motivation religieuse visait principalement à
la détermination du profit et de la plus-value
en capital en vue du paiement de la Zakat au
Baitul-Mal (Trésor publique). Le paiement
de la Zakat en tant que prélèvement
religieux, ne requérait pas l'évaluation des
individus par l'Etat comme c'est le cas
aujourd'hui en ce qui concerne différents
types d'impôt. Les Ulamaa sont d'avis que la
Zakat est une responsabilité, un devoir
confiée aux musulmans. Elle est perçue de
ceux qui le paient librement. Ceux qui ne la
paient pas sont suivis par Allah "Bin Jafar,
1981, p. 241). La Shari'ah Islami'iah a
spécifié les sources de la Zakat, ses taux,
les modes de calcul[9] et d'application[10]
des fonds collectés sous la Zakat.
Les facteurs qui ont contribué au
développement de la comptabilité par les
musulmans
Comme il en est le cas pour beaucoup de
découvertes, la nécessité est la mère de
l'invention. Les registres comptables étaient
développés pour combler certains besoins
de la société. Le développement des
registres comptables par les musulmans a
été initialement associé avec la
responsabilité de la Zakat et la délégation de
l'autorité du commerce et du gouvernement.
Les facteurs associés à la Zakat et la
délégation de l'autorité dans l'Etat Islamique
sont représentés dans l'institution de
fonctionnaires spécialisés, l'identification de
compétences spécialisées, la ségrégation
des tâches et le besoin d'employés qualifiés.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
L'exigence de la Zakat et la délégation de
l'autorité du commerce pour les musulmans
individuels ont promu le besoin de la tenue de
registres comptables et l'évaluation des
résultats commerciaux.
Des départements spécialisés de
gouvernement ont émergé avec la création de
l'Etat Islamique en Al-Madienah AlMunawwarah en l'an 1 H (622). En tant qu'Etat
nouveau, il est apparu essentiel d'identifier les
différentes fonctions nécessaires pour
atteindre ses objectifs. Par conséquent, un
certain nombre de fonctionnaires ont été
nommés pour exercer les droits et les
responsabilités de l'Etat et de protéger ses
intérêts. La nomination de ces fonctionnaires
ont nécessité l'identification de compétences
spécialisées et, partant, ont promu la
séparation des tâches en vue d'empêcher
l'accumulation de pouvoirs dans les mains
d'une seule personne. Le principe de la
décentralisation du pouvoir a été basé sur le
principe de Ash-Shura [11] (consultation). Le
principe de Ash-Shura demande que le
Caliph, ainsi que tous les autres individus aux
différents postes de consulter les personnes
compétentes dans les domaines appropriés
avant de prendre une décision sur les
questions affectant l'Etat et ses citoyens. En
conséquence, il était nécessaire de
sélectionner les employés munis de la
connaissance adéquate et/ou de l'expérience
dans le domaine particulier de l'emploi. Le
principe de Ash-Shura avait été pratiqué et
promu par le Prophète Mahomet (pbuh)
personnellement. Il sélectionnait les
employés et assignait des tâches à ses
compagnons qui étaient reconnus
compétents et capables d'accomplir leurs
obligations (Hawary, 1988b, p. 5). Les devoirs
et droits des employés à divers niveaux de la
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28
ABWA JOURNAL
hiérarchie étaient explicitement spécifiés et
observés depuis le début de la création de
l'Etat Islamique. Le Prophète Mahomet avait
42 fonctionnaires spécialisés dans son
gouvernement. Chaque fonctionnaire a un
rôle spécifique à jouer, des tâches définies,
et un salaire indiqué (Hawary, 1988b, p. 5).
La Zakat a été le facteur commun qui a
influencé l'Etat Islamique et les musulmans
individuels dans le développement des
documents comptables. Le calcul et le
paiement de la Zakat exige la tenue de
registres adéquats et la préparation des
rapports comptables en vue d'accomplir le
devoir financier religieux qui est le paiement
de la Zakat telle qu'exigée par la Shari'ah
Islami'iah. Le calcul de la Zakat nécessite
l'enregistrement minutieux et une
observation adéquate des dates de
survenance des transactions. L'importance
de la date de survenance des transactions
est basée sur le principe de Al-Haol
(périodicité) qui est un facteur important
dans la détermination de ce que le revenu
est soumis à la Zakat ou non. Selon Al-Haol,
un revenu n'est soumis à la Zakat que
lorsqu'il a été en possession du bénéficiaire
pour 12 mois calendaires.
Le développement des registres et rapports
comptables s'est accéléré du fait de la notion
que la comptabilité devrait aider à la prise de
décision tant au niveau de l'Etat qu'à celui
des individus. Cette notion a été promu par
l'Imam Ash-Shafi'ie [12] qui a dit que
(Shahata, 1993, p. 45) :
… celui qui a appris la comptabilité
prendra une décision appropriée…
Ce qui signifie que le commerçant ou
n'importe quelle autre personne ne
peut exprimer une opinion
Association of Accountancy Bodies in West Africa
appropriée ou prendre une bonne
décision sans l'assistance et
l'information contenue dans les livres
comptables.
Les registres comptables développés par
les musulmans
La création formelle du Diwan durant la
période du second Caliph, Omar bin AlKhattab (Encyclopedia Britannica, 1993, Vol.
4, p. 131), a inclus la classification des
registres et leur présentation (mise en page)
en plus de la conception et de la tenue des
pièces justificatives. Avant que les citoyens de
AshSham et d'Iraq aient embrassé l'Islam
dans les années 14 H (636) et 16 H (638)
respectivement, ils étaient sous l'occupation
des Romains et Perses respectivement. Par
conséquent, ils ont utilisé les langues de ces
occupants. L'enregistrement (comptable)
dans les livres Zakat a continué dans les
langues romaine et perse pour une courte
période de temps dans les Diwans
d'AshSham et d'Iraq. D'autres livres se
tenaient déjà en arabique depuis leur
création. Les langues de ces Diwans étaient
(Ibn Khaldoon, n. d., [13] pp. 269-270) :
….converties en arabique sur ordre de
Caliph Abdul-Malek 73-86 H (693705) au Gouverneur de la Jordanie de
convertir le Diwan de Ash-Sham en
arabique. Cette conversion a été
achevée en un an sous la supervision
de Surjoon, greffier de Abdul-Malek.
En Iraq, le Diwan a été converti en
arabique par Saleh bin AbdurRahman, le greffier de Al-Hajjaj qui a
dirigé l'Iraq et est décédé en l'an 95 H
(714 AD). Le poste du comptable est
d'une importance significative, il est le
troisième pilier de la hiérarchie.
Volume 1 No 2, 2009
29
ABWA JOURNAL
Un autre historien Egyptien qui a occupé le
poste de comptable au 14ième siècle (AiKalkashandy, 14 1913, p. 482) a cru que :
le Diwan de Ash-Sham a été converti
dans la langue arabique par le
Gouverneur de Ash-Sham Sulaiman
bin Sa'eed. Celui de l'Egypte a été
converti de la langue copte en
arabique by Abdul-Malek bin
Marwan.
Au début de l'Etat Islamique, les registres
comptables étaient des feuilles mobiles. La
première personne à introduire des registres
et dossiers reliés a été le Caliph Al-Waleed
bin[15] Abdul-Malek durant la période 86-96
H (705-715) (Lasheen, 1973, p. 36).
L'organisation des livres comptables a
atteint son niveau d'évolution le plus élevé
durant le Addawlatul Abbasi'iah (Abbaside
Caliphate) entre le Diwan 132 et 232 H (750847). En l'an 132 H (750), le Diwan Al-Kharaj
(Département de la Terre Zakat) et le Diwan
Al-Jund (Département du personnel de
l'armée) avaient été assignés au Khaleb bin
Barmak qui a restructuré ces départements,
les a développés, et de plus, a nommé les
livres comptables à tenir.
La reconnaissance de l'importance et du
besoin de registres classifiés et de rapports
(comptables) adéquats ont affecté et promu
le développement de la pratique comptable
dans l'Etat Islamique. La comptabilité était
classifiée en spécialités dont l'une est "la
revue des comptes" (audit). Les autres sont
"la Comptabilité de l'Etat" (Comptabilité pour
le bétail), "la comptabilité des
constructions", "la comptabilité des fermes
de riz" (comptabilité agricole), "la
comptabilité des entrepôts", "la comptabilité
Association of Accountancy Bodies in West Africa
de la menthe" (comptabilité de l'argent), "la
comptabilité des pâturages de mouton"
(comptabilité des fermes) et "la comptabilité
publique". La responsabilité du réviseur était
de "vérifier ce qui est écrit dans les livres" (AlKalkshandy, 1913, Vol. 1, pp. 130-131). Il a
expliqué le besoin du réviseur et sa
responsabilité.
… les six autres sont protégés des
omissions, des erreurs de jugement,
des erreurs d'écriture, et par
conséquent il est communément
admis que quelqu'un ne peut voir ses
propres fautes mais peut voir les
erreurs des autres. Pour ce faire, il est
nécessaire pour le Diwan de nommer
quelqu'un pour revoir les livres
comptables. Cette personne doit
posséder un standard élevé du
langage en la matière, être hafidh
(quelqu'un doué à mémoriser) du
Quran, intelligent, sage, digne de
confiance et ne doit faire l'objet ni de
préjudice, ni d'hostilité. Quand le
réviseur est satisfait du contenu du
livre revu, il doit apposer sa signature
dans le livre en signe de sa satisfaction
du contenu.
La fonction de l'audit a joué un rôle important
dans l'Etat Islamique. Le teneur du livre (le
livre journal comptable) "doit se conformer
aux instructions, aux systèmes et modèles
pré approuvés, et ne doit pas s'en départir".
(AlKalkashandy, 1913, Vol. 1, p. 54). L'audit
était obligatoire comme l'a apprécié AlHariery qui a suggéré que "la comptabilité est
sujet à vérification" (Al-Kalkashandy, 1913,
Vol. 1, p. 154). Pendant ce temps, un grand
accent a été porté sur le contrôle de soi
comme un principe religieux fondamental. Le
contrôle de soi a été influencé par la croyance
Volume 1 No 2, 2009
30
ABWA JOURNAL
musulmane qu'Allah voit tous les actes et
connait toutes les pensées des humains. Le
contrôle de soi est secondé par le jugement
de soi qui recommande que les musulmans
regardent leurs actes et pensées et les
jugent par eux-mêmes avant qu'Allah ne les
juge. Le principe religieux fondamental du
contrôle de soi et, par conséquent celui du
jugement de soi sont des exigences
essentielles de la Shari'ah Islami'iah, tel que
défini explicitement dans le Quran (par
exemple, Al-Israa, 17 : 14) et le Sunnah.
D'après le Sunnah, le contrôle de soi et le
jugement de soi sont le reflet de la
responsabilité qui est l'un des principes
essentiels de l'administration et de la
relation d'agence développés dans l'Etat
Islamique. Le Prophète Mahomet a utilisé le
terme Muhasabah pour signifier
comptabilité et responsabilité. Il a aussi
utilisé le terme Hasaba (compte rendu) qui
signifie : enregistré, conservé et compté
(Shahata, 1993, p. 39).
Le premier livre d'enregistrement dans l'Etat
Islamique porte le nom de Jaridah (Bin Jafar,
1981, p. 23) qui, en terme arabique, signifie
entre autres quotidien ou journal. L'usage du
terme "Jaridah" a été mentionné en l'an 767
H (1363) par Al-Mazendarany, et en l'an 779
H (1378) par Ibn Khaldoon. Le Jaridah
devait faire l'objet d'enregistrement avant
tout usage. L'enregistrement se fait par
l'apposition du cachet de Jaridah et le sceau
du sultan. L'enregistrement des livres
comptables est obligatoire pour les entités
du gouvernement, et son application au
secteur privé ne peut être ignorée. Il
demeure une exigence légale dans certains
pays du Moyen Orient comme l'Egypte qui
requiert que le "livre journal" soit enregistré
et paraphé avant son usage. Ibn Khaldoon a
Association of Accountancy Bodies in West Africa
été l'un des fameux chercheurs musulmans
ayant témoigné d'importants découvertes et
développements dans plusieurs domaines de
la connaissance y compris la comptabilité. Il a
personnellement contribué à ces découvertes
et développements pendant le Addawlatul
Abbasi'iah (132-232 H, 750-847). Il a déclaré
que l'employé comptable doit tenir les livres
comptables, y apposer sa signature, son nom
et le sceau de sultan à la fin du livre. Le sceau
est soit le nom sultan ou son symbole écrit,
soit le cachet du sultan apposé dans le coin du
livre (Ibn Khaldoon, n. d., p. 205).
Cette pratique a continué et a été affirmée par
Al-Mazendarandy (1363, p. 2) qui a observé
que le Jaridah commence avec la phrase "Au
Nom de Allah, le plus Gracieux, le plus
Miséricordieux". Cette exigence est similaire
à la proposition de Pacioli que
l'enregistrement (comptable) devrait
commencer avec l'expression "Au Nom de
Dieu" (Brown et Johnston, 1963, p. 43). Le
titre "journal", auquel s'est référé Pacioli
(Brown et Johnston, 1963, p. 43) comme nous
le connaissons aujourd'hui, ou "Zornal" ainsi
appelé en Vénice, peut avoir été dérivé de la
traduction du mot arabique Jaridah.
L'adoption de l'expression "journal" et très
probablement de celle de la phrase "au Nom
de Dieu" supporte l'opinion selon laquelle les
Italiens ont adopté la connaissance d'autres
cultures (Have, 1976, p. 13). Cette thèse a fait
de Pacioli un traducteur de ce qui existait déjà
dans d'autres cultures plutôt qu'un inventeur
(Chatfield, 1968, p. 45). Il a été aussi suggéré
que le livre de Pacioli était "principalement
basé sur les écrits de Leonard de Piza" (Ball,
1960, p. 209), qui a été le premier Européen à
traduire l'algèbre des écrits arabes et est
supposé avoir écrit le premier traité sur la
comptabilité (la tenue du livre journal). En
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31
ABWA JOURNAL
outre, Gordon a suggéré en 1756 que la
tenue du livre journal aurait été pratiquée
pour la première fois par les premiers
marchands de taille (c'est-à-dire les Arabes)
; et a attribué aux Egyptiens l'invention et
l'introduction de la tenue du livre journal aux
Européens (Heaps, 1895, p. 21). Cette
déclaration a du mérite en ce sens que
l'Europe d'alors "était temporairement à un
était stationnaire, et par conséquent, on ne
devrait pas espérer trouver un progrès
visible et appréciable des méthodes
comptables durant cette période" (Woolf,
1912, p. 54).
Le Jaridah en tant que journal spécialisé
ainsi que d'autres livres comptables ont été
développés et utilisés dans l'Etat Islamique.
Bien que les livres comptables ont été
développés après la création de l'Etat
Islamique et pendant le Addawlatul
Amawi'iah (Omayyed Caliphate), les
premiers historiens musulmans se réfèrent
uniquement aux livres utilisés pendant le
Addawlatul Amawi'iah entre 132 et 232 H
(750-847). Les livres développés dans l'Etat
Islamique étaient de nature fonctionnelle et
reflètent les spécialités comptables en
pratique en ce moment. En plus de
l'exigence de faire enregistrer les registres
comptables, il était obligatoire de numéroter
toutes les pages avant leur utilisation
(Lasheen, 1973, p. 41). La présentation des
registres comptables visait à servir les
fonctions et rôles spécifiques remplis par le
Diwan approprié. Certains de ces livres les
plus utilisés dans l'Etat Islamique sont
décrits ci-après :
Le Jaridah Al-Kharaj : Ce livre spécialisé [15]
était utilisé pour enregistrer un type
particulier de la Zakat imposé sur les
Association of Accountancy Bodies in West Africa
bénéfices issus de la terre, des cultures et des
animaux. Sa présentation (portrait) est
similaire au grand-livre moderne des comptes
de créances (ou comptes débiteurs)
(Lasheen, 1973, p. 41). It est indexé en ordre
alphabétique en vue de faciliter les références
pour les besoins de compte rendus (AnNuwairy [16], n.d., Vol. 8, pp. 200-242).
L'organisation du Jaridah Al-Kharaj en ordre
alphabétique indique que le livre contenait un
nombre important de comptes, et ainsi, de
pages. L'indexation du Jaridah Al-Kharaj était
faite sur une base géographique pour faciliter
la collecte d'impôt d'une part et, de
reconnaître les montants de la Zakat AlKharaj par région d'autre part. Ceci est très
important pour la préparation et le contrôle du
budget du Wilayah. (sultanate/province).
L'enregistrement dans le livre était fondé sur
le Kanoon Al-Kl-Kharaj [17]. Il montre les
dettes de Al-Kharaj sur les individus et les
acomptes payés jusqu'au paiement total de la
dette (Al-Khawarizimi [18], 1984, p. 81).
Chaque page du Jaridah Al-Kharaj est établi
en deux colonnes et est affectée à un payeur
(ou contribuable) de Al-Kharaj. La dette
d'impôt est enregistrée dans une colonne et
les paiements dans l'autre. L'enregistrement
est fait sous la forme de débit-crédit, mais il n'y
a aucune évidence que des termes analogues
ou étymologiquement similaires aux "débit" et
"crédit" étaient utilisés.
Jaridah Alnnafakat (journal des dépenses) :
Ce Jaridah était tenu par le Diwan An-Nafakat
(Département des Dépenses) pour les
dépenses du caliph (l'Etat). Il est indexé en
ordre alphabétique selon la nature des
dépenses engagées par le Diwan. Toutes les
dépenses de l'Etat était enregistrées dans ce
Jaridah et supportées par les justificatives
appropriées.
Volume 1 No 2, 2009
32
ABWA JOURNAL
Jaridah Al-Mal (journal de fonds) : Ce
Jaridqh était tenu par le Diwan Al-Mal
(Département de la Trésorerie) qui est
responsable des recettes de la Zakat et son
paiement. C'est aussi un livre supposé être
classifié selon les différents types de Zakat
reçus et leur application en accord avec les
exigences du Quran.
Jaridah Al-Musadareen (journal des fonds
confisqués) : Ce Jaridah était tenu par le
Diwan Al-Musadareen (Département de la
confiscation) (Lasheen, 1973, p. 41). Il
servait spécialement à enregistrer les fonds
confisqués des individus qui ne se
conformaient pas aux exigences de la
Shariah Islami'zah. Ceux-ci comprenaient
les fonctionnaires qui abusaient de leurs
fonction et autorité.
La spécification de ces journaux spécialisés
ième
remontent au temps du 5 caliph, Omar bin
Abdul-Aziz (Omayyed Caliphate), qui a vécu
entre 61 et 101 H (681-729) et a gouverné de
99 H (718) à 101 (720). "Il a été la première
personne à créer un département autonome
pour chaque type de revenu (Ibn Saad,
1957, Vol. 1, p. 400). De plus, Omar bin
Abdul-Aziz a été le premier caliph à rendre
obligatoire la délivrance de reçu. Il a écrit à
un de ses assistants nommé "Zuraik", lui
demandant d'émettre un reçu pour l'argent
collecté (Imam, 1951, Vol. 1, p. 255).
Daftar Al-Yawmi'iah (livre journalier) : Ceci
est un titre arabique comme c'est le cas pour
beaucoup de livres. Daftar Al-Yawmi'iah
était connu comme Ruznamah en Perse et
dans certains autres sultanates/province
non arabique de l'Etat Islamique. Ce Daftar
est défini par AlKhawarizimi (1984, p. 81)
comme "le livre journal utilisé pour
Association of Accountancy Bodies in West Africa
enregistrer les dépenses et autres
transactions financières associées au Zakat
Al-Kharaj". Cela confirme la spécialisation
des livres, desquels Daftar Al-Yawmi'iah est
utilisé pour enregistrer les dépenses, alors
que Jaradah Al-Kharaj est utilisé pour
enregistrer les revenus de Al-Kharaj comme
discuté plus tôt. C'était une exigence que "les
enregistrements dans le Daftar Al-Yawmi'iah
devraient suivre les dates de réalisation et se
conformer aux procédures d'enregistrement
prescrites" (AnNuwairy, n. d., Vol. 1, 8, pp.
273-275). Les enregistrements dans le Daftar
Al-Yawmi'iah sont sujet à la préparation du
Ash-Shahed (pièce de journal). La
préparation du Ash-Shahed incombe à la
responsabilité du comptable et doit être
approuvé par le responsable du Diwan and le
ministre ou son adjoint avant son utilisation
comme autorité pour les enregistrements
dans le Daftar Al-Yawmi'iah (Lasheen, 1973,
pp. 131-132). L'approbation du responsable
du Diwan est de nature technique tandis que
celle du ministre est d'ordre administratif.
L'approbation du ministre est nécessaire pour
les raisons de contrôle et de responsabilité.
Par conséquent, le AshShahed est un
document vital du fait qu'il constitue l'autorité
du comptable pour l'enregistrement, et doit
être gardé par le comptable pour les raisons
d'audit et de preuve de responsabilité.
L'approbation sur le AshShahed est exprimée
par la phrase Youktab (pour être enregistré).
Pour les transactions réalisées au-delà du
capital du Wilaiah (sultanate/province), il est
nécessaire d'envoyer une copie de
AshShahed au capital du Wilaiah pour être
enregistré dans les livres comptables
centraux. La copie est cachetée par le sultan
du Wilaiah et gardé comme preuve (évidence)
pour l'enregistrement porté aux registres
centraux. Ceci implique que les registres
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ABWA JOURNAL
territoriaux sont aussi dupliqués dans la cité
capitale où vit le sultan. En outre, ce livre et
tous documents associés doivent être
conservés (ou gardés) de manière
organisée et indexés avec des références
facile à suivre à tout moment une fois les
enregistrements clôturés. L'accès aux
documents remplis et livres comptables
clôturés sont sujet à certaines conditions et
procédures, comprenant l'autorisation d'un
haut fonctionnaire du Diwan (Lasheen,
1973, pp. 147-149). Ces enregistrement,
organisation, indexation et procédures
d'accès reflètent l'importance du Daftar AlYawmi'iah comme référence principale, en
plus de constituer une source aux livres
subsidiaires.
Daftar Attawjihat (livre de directions) : Un
autre livre qui a été utilisé pour enregistrer
les dépenses budgétaires classifiées selon
le type d'activité et la classification du
budget. Cette description le rend similaire en
nature au grand livre moderne. Daftar
Attawjihat est utilisé pour contrôler les
dépenses régionales et pour assurer que les
sultanate/provinces se sont conformés aux
allocations et spécifications du budget.
Deux types de budget ont été développés et
utilisés dans l'Etat Islamique. L'un est connu
sous le nom de Mukarrariyah (budget
opérationnel ou récurrent) et l'autre sous
celui de Itlakiyyah (budget discrétionnaire).
Il semble que le budget Itlakiyyah est celui
qui peut se départir des provisions en raison
de la discrétion du sultan et des autres
officiers autorisés, alors que le Mukarrariyah
doit être adhéré strictement.
Daftar Attahmilat (livre des transferts) : Ce
Daftar est aussi un livre classifié pour
enregistrer les transferts de fonds entre le
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Wilayah et le gouvernement central. Il est tenu
par chaque Wilayah au sein de l'Etat
Islamique. Le gouvernement central
approuve le budget pour chaque Wilayah sur
la base des collectes, paiements, et transferts
de la Zakat au gouvernement central ou de
celui-ci vers le Wilayah. L'approbation est
règlementée par plusieurs facteurs, y compris
les collectes de la Zakat du Wilayah, sa
population, la taille de sa géographie, son
importance, etc. Les informations contenues
dans le Dafatr Attahwihat comprennent des
éléments tels que les transferts vers ou en
provenance du Wilayah et les revenus
collectés par le Wilayah. En conséquence,
deux livres sont tenus pour le contrôle
budgétaire
le Daftar Attawjihat qui est
concerné par le contrôle des dépenses et le
Daftar Attahwilat qui est tenu pour le contrôle
des revenus plus les ajustements pour les
déficits ou les surplus. A la fin de l'année
financière, la différence entre les revenus
(Daftar Attahwilat) et les dépenses (Dafatr
Attawjihat) est calculée. L'excès ou le déficit
est alors transféré au gouvernement central et
enregistré dans le Daftar Attahwilat.
Les rapports comptables
Les rapports financiers étaient d'une
importance de premier ordre dans l'Etat
Islamique et était associés aux objectifs
contrôle et de responsabilité. Le
développement des rapports financiers a été
nécessité par la Zakat et la formation de
partenariat. Dans la perspective de la Zakat, il
était nécessaire de développer les rapports
financiers pour refléter les résultats des
opérations et la position financière en vue du
calcul approprié du montant de la Zakat à
payer. Le développement de ces rapports ont
été aussi nécessités pour satisfaire le besoin
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des partenaires actifs de rendre compte de
leur gestion du partenariat d'une part et, de
la détermination de la part de la Zakat
payable sur le bénéfice réalisé et
l'appréciation des actifs au besoin d'autre
part. Dans tous les cas, la Zakat était le point
tournant dans le développement de la
comptabilité en général et des rapports
financiers plus spécifiquement.
Différents types de rapports comptables ont
été développés et utilisés dans l'Etat
Islamique. Ils étaient développés pour servir
à des fins diverses à différents moments,
soit comme spécifiés, soit comme nécessité.
Les deux types de rapports les plus connus
sont Al-Khitmah et Al-Khitmah Al-Jame'ah.
Al-Khitmah : Le Al-Khitmah est un rapport
préparé à la fin de chaque mois montrant les
revenus et dépenses totaux des individus
(Bin Jafar, 1981, p. 35). Il pourrait être aussi
préparé à la fin de l'année financière
(exercice financier). Al-Khitmah est un mot
arabique qui signifie final ou fin (AlKhawarizimi, 1984, p. 81). Il est similaire au
compte de revenu-dépenses mensuel de
nos jours. Bien que le Al-Khitmah a émergé
comme rapport mensuel du gouvernement,
il aurait été utilisé par des commerçants
musulmans individuels dans le but de
déterminer leur profit sur une base régulière
et, en conséquence, le calcul et le paiement
de la Zakat.
Al-Khitmah Al-Jame'ah : Le Al-Khitmah AlJame'ah est un mot arabique qui veut dire
rapport final complet (ou compréhensif) (AlKhawarizimi, 1984, p. 82) et était préparé
annuellement par le comptable et soumis à
son superviseur. Il montre les revenus,
dépenses, et le surplus ou le déficit par
Association of Accountancy Bodies in West Africa
article du Diwan à la fin de l'année. Si le AlKhitmah Al-Jame'ah est accepté par le
responsable du département, il devient AlMuwafakah (acceptation). Si le rapport n'est
pas accepté pour quelque raison, il est alors
appelé Al-Muhasabah (compte) uniquement
(Al-Khawarizimi, 1984, p. 82). Le mot AlMuwafakah indique l'acceptation ou même
l'approbation des soldes du rapport par le
responsable du département. La non
acceptation du Al-Khitmah Al-Jame'ah est
fondé sur la découverte d'anomalies ou la
nécessité de produire de preuves
justificatives supplémentaires, des
clarifications, des ajustements ou de
restructuration du contenu du rapport. Le AlKhitmah Al-Jame'ah couvre toutes les
activités financières du Diwan en question. Il
est la combinaison du compte de résultat et bu
bilan du fait qu'il comporte à la fois les
dépenses courantes et en capital. Sur la base
des preuves existantes, le concept de bilan en
tant que état financier séparé, comme on le
connait actuellement n'était pas une pratique
courante dans l'Etat Islamique.
Le rapport qui remplit les conditions de la
Zakat pour l'usage des musulmans
individuels reflète l'approche du compte de
résultat. Toutefois, certains éléments du bilan
y figurent en raison de l'exigence faite par la
Zakat de réévaluer les actifs annuellement. La
réévaluation des actifs est basée sur le coût
de remplacement dans le but de déterminer le
profit, le paiement de la Zakat, et la protection
du capital. Le processus de valorisation exige
aussi la spécification et l'inclusion des dettes.
L'usage combiné de compte de résultat et du
bilan est justifié par le fait de l'inclusion des
comptes de créances, de dettes, de
transferts, et d'autres éléments du bilan dans
le Al-Khitmah Al-Jame'ah.
Volume 1 No 2, 2009
35
ABWA JOURNAL
Pour le calcul et le paiement de la Zakat, les
dettes sont classifiées dans les rapports
financiers en trois classes selon leur degré
de collectabilité. Ces classes sont le Ar-Ra'ej
Menal Mal (dettes collectables), le AlMunkaser Menal Mal (dettes non
colectables), et le Al-Muta'adhdher Wa-AlMutahayyer Wa-AlMuta'akked (dettes
difficiles, douteuses, et compliquées)
(AlKhawarizimi, 1984, p. 82). Cette
classification des débiteurs est très
importante pour la protection du capital. Elle
vise à présenter les débiteurs de la manière
la plus réaliste possible en fonction de leur
degré de réalisation en vue prévenir le
paiement de la Zakat sur des revenus qui
pourraient ne pas être collectés.
La schéma 1 représente une traduction
littérale de Al-Khitmah AlLame'ah sur la base
des transactions en espèces uniquement.
Son but est de reporter le statut financier du
Wilayah. Le schéma montre les fonds
collectés et leurs sources, en plus de
l'utilisation qui en est faite durant l'année
financière et le surplus ou le déficit financier
qui en est résulté à la fin de l'année. Ce
rapport présente des similarités avec le
tableau financer moderne. Il est utile de
mentionner que le terme "Muhaseb"
(comptable) n'était pas communément
utilisé en ce moment, et la date exacte de
son usage reste encore inconnu. Différents
titres ont été utilisés à différents moments.
Selon AlKalkashandy (1913, Vol. 5, p. 466),
qui a vécu entre 756 et 821 H (1355-1418),
"Al-Amel est la personne en charge de
l'écriture et la préparation des comptes. Ce
titre a été à l'origine donné au Amier [19]
mais il a été donné à Al-Amel uniquement
plus tard… AlSairafy (caissier) est celui en
charge des recettes et paiements en
Association of Accountancy Bodies in West Africa
espèce… et a été précédemment connu
comme Al-Jehbed" (plus accentué).
AlKhawarizimi, 1984, p. 82). Il apparaît que le
titre de Al-Jehbed était un titre usuel donné à
la personne en charge de la garde d'actifs,
spécialement de l'espèce, du matériel, des
animaux, etc.
Conclusion
Les registres et rapports comptables ont été
développés dans l'Etat Islamique sur une
période suivant sa création en l'an 622 et
l'obligation religieuse faite de la Zakat en l'an
623. Le développement des registres et
rapports comptables ont débuté en l'an 2 H
(623) et s'est approfondi pendant le
Addawlatul Abbaside (Abbaside Caliphate).
Les registres comptables étaient de nature
fonctionnelle reflétant les fonctions remplies
par les Diwans dans le Wilayah et le
gouvernement central. Nombre de registres
comptables ont été développés pour
accommoder les besoins de l'Etat et des
commerçants musulmans individuels. Ces
livres comprennent le Jaridah Al-Kharaj, le
Jaridah Annafakat, le Jaridah Al-Mal, le
Jaridah Al-Musadareen, le Daftar AlYawmi'iah, le Daftar Attawjihat, et le Daftar
Attahwilat. En outre, deux types de rapports
financiers ont été développés et utilisés,
nommément : le Al-Khitmah et le AlKhitmah
Al-Jame'ah. Ces rapports sont similaires en
nature au tableau financier moderne.
Le type, la présentation, et les noms de
certains des registres (documents) utilisés
dans l'Etat Islamique sont similaires à ceux
utilisés en République Italienne. Les liens
commerciaux entre commerçants
musulmans et Italiens auraient influencé le
développement des documents comptables
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36
ABWA JOURNAL
en République Italienne. Cette influence
peut être perçue à travers le nom du premier
livre comptable italien "Zournal", qui n'est
qu'une traduction littérale du mot arabique
"Jaridah". D'autres influences sont visibles
dans la présentation de certains livres,
spécialement le grand livre du compte de
créances et la classification des dettes en
trois principales classes à savoir : dettes
collectables, dettes douteuses, et dettes
non collectables. Il est possible que des
partenariats d'affaires soient établis entre
commerçants italiens et musulmans et aient
conduit les commerçants italiens à adopter
les pratiques commerciales et comptables
des commerçants musulmans.
En conclusion, cet article argumente que le
développement des registres et rapports
comptables (documents comptables) dans
l'Etat Islamique a très probablement
contribué au développement et à la pratique
de la comptabilité en République Italienne
comme a documenté Pacioli en 1494.
D'autres recherches dans le domaine des
pratiques comptables des premiers
musulmans pourraient fournir des
évidences additionnelles sur le
développement d'autres questions relatives
à la comptabilité et l'audit.
Notes :
1
2
Les musulmans sont
généralement considérés
comme des Arabes. Cette
identification pourrait être liée à
la langue qu'ils parlent ou à
l'origine des premiers
musulmans qui sont venus de
l'Arabie.
Une expression islamique
obligatoire devant être utilisée à
Association of Accountancy Bodies in West Africa
3
4
5
6
chaque fois que le nom d'un
prophète comme Noah, Abraham,
Ismaïl, Isaac, Moïse, Joseph,
Jésus, ou Mahomet est
mentionné.
Communément épelé Mecca,
mais Makkah est la prononciation
appropriée et est de même
l'appellation correcte
Hijri'iah se réfère au calendrier
islamique qui a commencé lorsque
l'Etat Islamique a été crée en l'an
622 en Al-Madienah AlMunawarrah (l'actuelle cité de
l'Arabie Saoudite). L'année
grégorienne basée sur le soleil est
plus longue que l'année Hijri'iah
basée sur la lune de 11 jours.
Prélèvement religieux de
purification de la richesse a été
imposé aux musulmans en l'an 2 H
(623)
Shari'ah Islami'iah est un concept
vague incluant la loi divine qui
gouverne la vie des musulmans
individuels dans leur relation avec
Allah, aussi bien de l'être humain
individuel que de tous autres êtres
créés par Allah. La Shari'ah
Islami'iah est fondé sur le Coran, le
Sunnah, le Ijma', et le Qiyas. Le
Coran est le livre pieux des
musulmans, tandis que le Sunnah
reflète ce que le Prophète
Mahomet (pbuh) a dit, dit, et a
accordé comme préservés par ses
compagnons. Le Coran et le
Sunnah sont les deux sources de
base de la Shari'ah Islami'iah. La
troisième source est le Ijma' qui
doit être appliqué seulement en
cas de silence des deux sources
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de la Shari'ah Islami'iah sur la
question considérée. Le Ijma'
représente le consensus des
musulmans cultivés dans la
religion au sujet des questions
qui ne sont pas explicitement
mentionnées dans le Coran ou le
Sunnah. La dernière source est
le Qiyas qui représente des
déductions analogues du Coran,
le Sunnah et le Ijma' pour des
questions contemporaines qui ne
sont pas mentionnées dans le
Coran, le Sunnah ou le Ijma' mais
qui ont des caractéristiques
similaires à celles ayant existé
dans le passé. Une fois une
décision est prise soit par le Ijma'
soit par le Qiyas, elle devient
obligatoire et ne peut être
changées/annulée par les
générations futures (Zaid, 1997,
pp. 190-197).
Il a été le second caliph ayant
dirigé l'Etat Islamique durant la
période 13-23 H (634-644).
Certains avancent que le terme
Divan est un mot arabo-perse
(Lasheen, 1973, P. 26) tandis
que Al-Kalkashandy argumente
que c'est un mot arabique. Selon
Al-Kalkashandy (1913, Vol. 1, p.
89), qui a écrit son livre en l'an
767 H (1366), le terme "Divan"
est le nom dérivé du verbe
arabique "Dawwana" (écrit). Cet
argument est valide et a été
supporté par les premiers écrits
de An-Nahhas, le grammairien
Arabique Sybaw'weh, et le
musulman ibn Abbas. Il servait
initialement à désigner à la fois le
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livre des revenus et le bureau
d'enregistrement et de tenue des
livres comptables. Plus tard
l'usage du terme a été restreint et
sert à désigner uniquement le
bureau. De nos jours Divan est
utilisé en Yémen et dans certains
pays anglophones et signifie
"salon".
Comme révélé dans le Coran (AlMa'arej, 70 : 24-25, Adh-Dhariyat,
51 : 19) et expliqués plus en
profondeur dans le Sunnah, le
Ijma' et le Qiyas.
Comme a été strictement ordonné
dans le Coran (Al-Taubah, 9 : 60)
"Ash-Shura" est un principe
islamique obligatoire imposé aux
musulmans dans le Coran (AlImran, 3 : 159, Ash-Shura, 42 : 38).
Imran Ash-Shafi'ie a vécu entre
150 et 204 H (767-820) et a été le
fondateur de l'une des quatre
écoles de pensées islamiques
influentes connues comme le
Madhab Ash-Shafi'ie. Les trois
autres sont le Madhab AlMaliky, le
Madhab AlHanafy et le Madhab AlHanbaly.
Son livre manuscrit data de 767 H
(1366)
Bin (parfois écrit comme bin) est
un mot arabique communément
utilisé par les Arabes en général et
les musulmans en particulier. Il
précède le nom de père et signifie
"le fils de".
It était aussi connu comme AlAwraj
Il est né en Egypte en 678 H (1280)
et mort en 734 H (1334)
C'est la loi qui demande
l'évaluation et le paiement du Al-
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Khraj (la loi de la Zakat sur la
terre, la récolte, et les animaux)
Il a écrit son livre au 10ième siècle
et est mort en 387 H (997)
Le terme "Amier" dans la Shari'ah
Islami'iah est utilisé pour signifier
leader et non prince comme il est
d'usage aujourd'hui. C'est une
exigence religieuse comme par
le Sunnh de nommer un Amier à
chaque fois que trois personnes
ou plus s'engagent dans une
activité. Le Amier peut être le
leader de l'Etat comme cela a été
le cas avec le second caliph,
Omar bin Al-Khattab, qui a été
connu comme Amier des
croyants. Il peut aussi être utilité
pour la personne qui dirige un
groupe d'employés sur le lieu de
travail ou tout groupe de trois
personnes ou plus engagées
dans n'importe quelle activité.
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Le premier mois du calendrier
islamique
Le dernier mois du calendrier
islamique
Ceci est un prélèvement non
religieux. Il représente le revenu
reçu par l'Etat, comme les dons, le
Wakf (philanthropie) et d'autres
revenus alloués à l'Etat soit par
des individus soit par le
gouvernement central. Le Wakf
est normalement établi pendant la
vie de la personne qui le donne ou
en son nom après sa mort. Le
Wakf doit être utilisé suivant les
instructions de la personne qui le
donne.
Volume 1 No 2, 2009
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Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
41
ABWA JOURNAL
La crie financière des Etats-Unis :
Pouvait elle être évitée ?
ARONA JOHN,
[email protected]
Head of Audit and Compliance, Ecobank, The Gambia
'avidité accrue de l'homme pour le
pouvoir et la prospérité économique
a souvent été le fondement de
l'intérêt économique. Mais la sécurité et la
stabilité de l'économie d'un pays, d'une
région et même du monde entier a été un
sujet d'intérêt crucial pour les investisseurs,
les spécialistes de la finance, les politiciens
et les hommes et femmes ordinaires. La
première partie de cet article a étudié la
question de 'si plus d'interventions
proactives dans l'économie pourraient
permettre d'éviter les récessions et crises
financières'. La seconde partie examine les
dispositions que toute entreprise devrait
prendre dans cette nouvelle ère de crise et
d'incertitude économique.
L
L'histoire nous a enseigné que le 20ième siècle
a été caractérisé par la crise financière de
1929, la grande dépression des années
1930, la dépression économique de
l'Europe pendant la deuxième guerre
mondiale, le choque pétrolier des années
1970, la crise du peso mexicain de 1994/95,
la crise des monnaies de l'Asie du Sud-est
de 1997 et les crises de la Russie en 1998 et
du Brésil en 1999.
Aujourd'hui, c'est la crise financière des
Etats Unis qui est le sujet de préoccupation
de tout le monde. Contrairement aux crises
précédentes, celle-ci a attiré l'attention de
toutes les parties prenantes de par le monde
Américains et non Américains. Pourquoi ?
Parce que, non seulement les Etats Unis
constituent une superpuissance, mais aussi,
dans notre monde globalisé, le Dollar
américain est la monnaie fonctionnelle dans
beaucoup de transactions internationales.
Les dettes et transactions internationales sont
libellées en Dollar américain. Par conséquent,
la crise financière américaine a conduit à
d'importants effets de contagion négatifs
partout dans le monde.
La première partie de cet article a porté sur le
background de la crise financière des Etats
Unis et a examiné la question de 'si la crise
pouvait être évitée'. La deuxième partie a
admis le fait que la crise s'est répandue en
Afrique de l'Ouest et a proposé une série de
mesures de discipline financière que les
entreprises pourraient adopter pour atténuer
les effets de la récession globale sur leurs
affaires.
Primo, on s'est intéressé aux diverses
définitions de crise financière (de la monnaie)
disponibles dans la littérature de la crise
financière internationale. Secundo, on s'est
penché sur ce qui a déclenché l'actuelle crise
Canova, F. (February, 1994), “Were Financial Crisis Predictable?”,
Journal of Money, Credit & Banking, Vol. 26, pp.110
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
42
ABWA JOURNAL
financière des Etats Unis. Tertio, on a
examiné pourquoi la crise financière
américaine s'est répandue au reste du
monde. On a utilisé cette évidence pour
répondre à la question : La crise financière
des Etats Unis, pouvait elle être évitée ?
Définitions de la Crise Financière (de la
monnaie)
Friedman et Schwartz (1963) ont défini la
crise financière comme une situation où les
banques sont forcées (obligées) de vendre
des actifs à perte en vue de reconstituer les
réserves. Pour Fisher (1933) et Minsky
(1977)1 une crise financière est une forte
baisse des cours boursiers à la suite de
ventes forcées d'actifs par des entreprises
1
surendettées. Pour Mitchell (1913) la crise
financière est un processus d'intense
liquidation de crédit. Pour Dewald (1972) 1,
une crise se définit avec la suspension de la
convertibilité des dépôts en monnaie.
Ces définitions, sont elle applicables dans le
cas de l'actuelle crise financière des Etats
Unis?
Les Causes de la Crise Financière des
Etats Unis
Certains commentateurs sont d'avis que
l'article IV de la Community Reinvestment
Act (la Loi sur le réinvestissement
communautaire) de 1999 a semé les
germes de l'actuelle crise financière
américaine. Le but de la Community
Reinvestment Act était d'exiger l'émission
des prêts hypothécaires à haut risque
fondée sur le quota. Chaque institution
financière doit reporter son quota de chaque
type de prêts, allant des prêts à faible risque
aux prêts à haut risque.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Le quota des prêts à haut risque autorisé par
la Community Reinvestment Act est
considéré comme à l'origine du marché des
prêts de sub-prime. Ceci a conduit au boom
du marché immobilier américain. Les prêts à
haut risque étaient négociés dans les
portefeuilles financiers à l'intérieur et en
dehors de Wall Street (c'est à dire les
institutions financières) (World Street : c'est le
marché boursier américain).
Les prêts hypothécaires de sub-prime étaient
accordés à des emprunteurs de faible rating
de crédit. Lorsque le boom immobilier a pris
fin, ces emprunteurs qui avaient obtenu des
prêts à haut risque ne pouvaient plus obtenir
de crédit pour refinancer les prêts sur leurs
maisons. La faillite du marché immobilier a
conduit à la faillite des portefeuilles négociés
incluant les prêts hypothécaires de subprime. La plupart des institutions financières
américaines détenaient de tels portefeuilles,
et c'est ce qui a conduit à la crise du crédit. Il
s'en est résulté une perte de confiance dans
les institutions financières, et de ce fait elles
n'étaient plus en mesure d'emprunter de
l'argent. Ceci a engendré des problèmes de
cash flow qui a alimenté davantage la
restriction du crédit. C'est ce qui a en fait
causé la crise financière des Etats Unis.
Un autre facteur ayant contribué à la crise
peut être l'accroissement des réserves
étrangères maintenues en Dollar par les
banques centrales. Par exemple, les réserves
nigérianes maintenues en Dollar se sont
récemment montées à 60 milliards de Dollars.
Les banques américaines dans lesquelles
ces réserves ont été déposées ont recherché
de nouvelles voies pour les prêter, et la
naissance du marché hypothécaire de subprime en est résultée.
Volume 1 No 2, 2009
43
ABWA JOURNAL
Les ventes à découvert sont aussi
considérées comme un facteur de
contribution à la crise. La vente à découvert
est la vente d'un actif fait par un investisseur
qui ne dispose pas de l'actif en question au
moment de la vente. La vente à découverte
est fait avec l'espoir que le prix de l'actif cédé
va baisser, et ainsi, l'investisseur pourra le
racheter à un prix bas en vue de le livrer à la
contrepartie. Beaucoup de gens ont pensé
que la règlementation de la vente à
découverte n'était pas adéquate.
Pourquoi la Crise Financière des EtatsUnis a-t-elle attiré tant d'attention
(globale) ?
Les systèmes financiers du reste du monde
sont, d'une manière ou d'une autre, liés au
système financier des Etats Unis. Ainsi, la
crise financière américaine a conduit à une
crise économique au plan mondial. Ceci
peut conduire à des crises sociale et
politique qui sont difficiles à prévenir. La
manière dont Barak Obama est parvenu à
remporter l'élection présidentielle
américaine en est un symptôme.
Les institutions financière du monde entier
sont également concernées par cette crise.
Cette crise a causé de sérieux problèmes de
cash flow et des faillites d'entreprises de par
le monde. Les cours des actions des
entreprises cotées sur les marchés
boursiers de par le monde ont chuté. Par
exemple, les cours sur les marchés
boursiers de Mumbai et de Lagos ont chuté
de deux tiers en 2008. Cela s'est réalisé
malgré la forte réduction des taux d'intérêt
initiée par les banques centrales en
Amérique du Nord, en Europe et en Asie.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
La Crise Financière des Etats-Unis :
Pouvait Elle Etre Evitée ?
Pendant longtemps, des économistes ont
averti que le marché des sub-primes
américain était hors de contrôle et qu'il
pourrait conduire à une crise financière
d'envergure. Cependant, au regard de
l'échelle de cette crise, il est difficile
d'admettre si l'histoire a donné raison à ces
économistes ou non. Similairement, il n'est
pas clair si la crise financière américaine
aurait pu être évitée. Ce qui sure, c'est qu'elle
est devenue une crise à dimension mondiale.
Par conséquent, les entreprises en Afrique de
l'Ouest devraient étudier soigneusement ce
qu'elles peuvent faire pour atténuer les effets
de la crise. Dans cette perspective, on a
présenté dans la seconde partie de cet article
une approche la discipline financière.
La Discipline Financière en Temps
d'Incertitude Economique
L'actuelle crise financière globale est tout à
fait remarquable à plusieurs égards. Elle a
émergé des grandes économies mondiales.
Elle a engendré le plus important sauvetage
financier de l'histoire des Etats Unis et a aussi
conduit à des réductions importantes des taux
d'intérêt nominaux dans plusieurs
économies. Elle a également soulevé
plusieurs questions relatives à la qualité de la
gouvernance d'entreprise dans les
institutions financières de par le monde.
Dans un laps de temps, l'actuelle crise
financière a causé de graves incertitudes
économiques dans le monde entier. Les
activités commerciales dans la plupart des
économies sont entrain de tourner au ralenti à
un rythme géométrique, les faillites
d'entreprises et les licenciements
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
enregistrent eux aussi une tendance à la
hausse. La vitesse à laquelle les activités
commerciales et les licenciements évoluent
ne peut être déterminée avec précision. Peu
importe comment on le perçoit, les
incertitudes économiques globales sont
admises à continuer. La Discipline
Financière couplée avec l'adhérence aux
mesures de contrôle interne (les directives
de la gouvernance d'entreprise) sont les
deux moyens les plus surs que les
entreprises pourraient mettre en place pour
essayer d'atténuer, à défaut d'éliminer,
l'impact négatif de l'actuelle crise financière
globale.
L'histoire a révélé que la faiblesse (ou le non
respect) des mesures de contrôle interne a
le plus souvent été la cause des crises
d'entreprise (financière, de monnaie, ou
économique). Les mesures de contrôle
interne sont les principes qui guident les
opérations d'une organisation. Le contrôle
interne aide à promouvoir l'efficience
opérationnelle, minimiser les erreurs et les
menaces, et à améliorer la crédibilité et la
fiabilité des informations comptables. Aussi
facilite t-il l'adhérence aux politiques et
procédures d'entreprise. Sans contrôle, il n'y
a aucune garantie que des erreurs aient été
évitées. Des contrôles internes sains
(gouvernance d'entreprise) réduisent le
risque de favoritisme, mais se focalisent sur
les valeurs essentielles, l'éthique et les
objectifs de l'entreprise maximisation des
intérêts des parties prenantes. La
gouvernance d'entreprise affecte la manière
dont les affaires sont conduites. L'actuelle
crise de crédit a surgi du fait du non respect
des principes de la gouvernance
d'entreprise, en marge des problèmes
économiques fondamentaux.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Nous passeront en revue les mesures qui
devraient être prises pendant ces moments
d'incertitude économique. Nous nous
référons à ces mesures comme la discipline
financière. La discipline est nécessaire pour
se fixer fermement dans le cours des actions
et s'y tenir sur les semaines, mois, et années à
venir. La discipline financière est nécessaire
pour toutes entreprises, plus particulièrement
pendant les crise et incertitude financières.
Les entreprises disciplinées et bien
contrôlées sont susceptibles de survivre la
crise.
Les mesures ci-après sont celles de discipline
financière recommandées en temps
d'incertitude économique.
1
Revue des Objectifs
Les objectifs sont fixés sous l'hypothèse que
les fondamentaux de l'économie resteront
sains et solides. Les incertitudes dans une
économie peuvent rendre les objectifs
inopérants. Ainsi, en temps de crise
économique, une revue des objectifs ligne par
ligne devrait être entreprise pour refléter les
réalités actuelles. A la fois les projections de
chiffre d'affaires et le budget des dépenses
doivent faire l'objet d'ajustement. Les objectif
d'entreprise devraient être SMRRO (SMART)
: ce qui veut dire simple, mesurable,
réalisable, réaliste et opportun (à propos).
2
Gestion de Cash Flow
Pour qu'une entreprise continue à survivre en
temps de crise économique, elle doit mettre
en place une stratégie appropriée (saine) de
gestion du cash flow. La maximisation des
lignes de chiffre d'affaires et le contrôle des
ligne de dépenses sont vitaux en gestion de
cash flow. Le chiffre d'affaires peut être
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
maximisé à travers le resserrement de la
collecte de cash (recettes). Optimiser la
gestion de la trésorerie. Le report et/ou la
suspension des dépenses en capital non
obligatoires peut aider à contrôler les lignes
de dépenses. Les dirigeants d'entreprise
doivent se demander s'ils peuvent
entreprendre des dépenses en capital
additionnelles. Une projection adéquate de
cash flow doit être mise en place. Une
projection de cash flow montrera à
l'entreprise les recettes et les décaissement
critiques pendant une certaine période de
temps. Il servira comme un premier
indicateur d'alerte lorsque les dépenses
commencent par être hors de contrôle ou
lorsque les objectifs de chiffre d'affaires ne
sont pas atteints. Il convient de noter que le
profit n'est pas synonyme de cash ! alors que
le cash est réel, le profit n'est qu'un concept.
3
Surveillance des Principaux
Ratios Financiers
Les principaux ratios financiers tels que le
ratio de liquidité, la durée de collecte des
créances, la durée de paiement des dettes
(fournisseurs), la durée de rotation des
stocks, le ratio d'endettement, le taux de
marge brute, et la marge bénéficiaire nette
doivent être surveillés de près sur une base
hebdomadaire ou mensuelle. Les causes
de variations non espérées doivent être
identifiées et les actions appropriées doivent
être prises en vue de les minimiser à l'avenir.
4
lequel de ses actifs a été sous-utilisé et
comment maximiser son utilisation effective.
5
Evaluation des Clients et
Fournisseurs
Il faut considérer la capacité des clients à
payer leurs dettes. Ceci appel à un contrôle
serré des crédit-clients. La satisfaction des
clients est aussi très importante. Lorsque vos
clients sont satisfaits des produits et services
que vous offrez, cela rend le mutation vers
d'autres fournisseurs très couteux. De même,
il faut se demander le degré de fiabilité des
fournisseurs réguliers de l'entreprise.
6
Revoir la Stratégie de Recrutement
La stratégie de recrutement de l'entreprise
doit être révisée pour refléter les activités
économiques actuelles. Est il nécessaire de
recruter de nouveaux employés en ce
moment ? Pourrait il (le recrutement) être
reporté ?
7
Etre Conscient de l'Augmentation
des Salaires
L'entreprise doit faire très attention à l'octroi
des augmentation de salaire pendant les
périodes de crise économique. Les
augmentations de salaires doivent être
limitées à la productivité et à la profitabilité.
Toutefois, la satisfaction et l'engagement du
personnel ne doivent pas être compromis. Le
personnel clé doit être maintenu et leur
morale rehaussé.
Revue du Bilan
8
Le bilan montre la position financière de
l'entreprise à une date particulière. En
d'autres termes, il mesure la valeur de l'actif
net de l'entreprise à un moment donné.
L'entreprise doit se demander si n'importe
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Gestion de l'Usage de l'Electricité
La consommation de l'électricité et du
carburant peut affecter sévèrement la liquidité
de l'entreprise si elle n'est pas correctement
contrôlée. Le temps de travail peut il être
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
révisé ? La réduction de l'usage des
ordinateurs, des imprimantes, des
climatiseurs, des réfrigérateurs, des
distributeurs d'eau et de la lumière pourrait
aider à réduire la facture d'électricité. Le
personnel doit également savoir que l'air
naturel est beaucoup plus sain pour
l'organise que l'air conditionné. Les
lumières, climatiseurs, réfrigérateurs et
distributeurs d'eau doivent être éteints dès
que le travail est terminé.
9
Analyse en Terme de FFOM
(SWOT)
L'identification des Forces, Faiblesses,
Opportunités et Menaces (FFOM) de
l'entreprise peut être d'une aide cruciale,
notamment en temps de crise économique.
Ceci permet à l'entreprise de déterminer ses
:
1FORCES : Ce sont les attributs de
l'entreprise qui sont utiles à réaliser ses
objectifs. Par exemple, une forte marque de
produit et être la filiale d'une institution
financière régionale sont des forces. Avoir la
possibilité d'accroître le temps d'activité, de
sorte à être plus efficient que les concurrents
est un autre exemple de force.
3OPPORTUNITES : Ce sont les
conditions externes qui sont utiles à la
réalisation des objectifs de l'entreprise. Etre
en mesure de fournir aux consommateurs des
états d'alerte électroniques pour les
transactions qu'ils ont effectuées pourrait être
considéré comme une opportunité dans le
marché.
4MENACES : Ce sont les conditions
externes qui peuvent endommager (nuire à)
la performance de l'entreprise. Par exemple,
la crise financière globale est entrain de
causer d'importantes menaces aux
entreprises.
L'entreprise doit utiliser ses forces et
ses opportunités. Elle devra corriger
ses faiblesses et atténuer les
menaces.
L'emploi des mesures de discipline financière
développées ci-dessus et l'adhérence à une
politique saine de gouvernance d'entreprise
peuvent aider à atténuer les effets négatifs de
l'actuelle crise économique globale. Les
temps difficiles appellent à des politiques de
décision prudentes.
2FAIBLESSES : Ce sont les attributs
de l'entreprise qui sont préjudiciables à
l'atteinte de ses objectifs. L'entreprise doit
identifier ses faiblesses et essayer d'y
remédier.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
L'Union européenne mise aux normes américaines:
Une comptabilité sur mesure pour les actionnaires
JACQUES RICHARD
[email protected]
Professeur à l'université Paris-Dauphine, coauteur de Système comptable français et normes
IFRS, Dunod, Paris, 2005. Membre du Conseil national de la comptabilité et du Comité de la
réglementation comptable. Expert-comptable diplômé
algré les apparences, la
comptabilité est une affaire
éminemment politique car elle
reflète la vision que l'on a d'une entreprise et,
au-delà, de la société. Or l'Union
européenne a, de fait, sous-traité les
nouvelles normes, qui s'appliquent à toutes
les sociétés cotées, à une organisation
internationale privée sous influence
américaine. L'objectif est de donner plus de
marges de manœuvre aux actionnaires
Depuis le 1er janvier 2005, dans la
présentation de leurs comptes consolidés,
toutes les entreprises cotées de l'Union
européenne doivent respecter des normes
comptables internationales élaborées par
une institution privée : l'International
Accounting Standards Board (IASB, Comité
des normes comptables internationales).
Cette mesure, qui remet en question les
règles en vigueur dans plusieurs pays du
Vieux Continent, dont l'Allemagne et la
France, provoque un regain d'intérêt pour la
comptabilité, y compris chez les spécialistes
étrangers à cette discipline. Bien que, dès
1916, Werner Sombart ait souligné son
importance (« Elle est une condition sine
qua non de l'existence du capitalisme (1) »),
la comptabilité, souvent présentée comme
une simple technique poussiéreuse et
M
Association of Accountancy Bodies in West Africa
dénuée d'intérêt, restait le champ clos de
quelques modestes teneurs de livres
compassés et secrets. Le scandale Enron, en
décembre 2001, a tout changé. Brusquement,
le monde des économistes mesure sa
capacité d'influence maléfique sur les
fondements du système capitaliste (2).
Schématiquement, le credo dominant,
comme celui des corps constitués de la
comptabilité, se résume ainsi : les comptables
ont « fauté » avec Enron, mais les nouveaux
principes comptables de l'IASB sont là pour
résoudre les problèmes posés par ce
scandale. Le temple de la nouvelle sagesse
comptable proposé par l'IASB paraît d'autant
plus attrayant que ses grands prêtres
prononcent des sermons éloquents. Qui
pourrait, a priori, contester la nécessité de «
bons » principes, d'une évaluation à la « juste
valeur » et d'une « meilleure information
économique » adaptée aux réalités du monde
moderne ? Mais ces jolis mots sont des
paravents.
L'évocation d'une nouvelle ère, grâce à
l'entrée en scène de « principes comptables
», s'apparente déjà à une manipulation : il est,
par exemple, difficile de prétendre que la
comptabilité américaine d'avant Enron était
Volume 1 No 2, 2009
48
ABWA JOURNAL
une comptabilité sans principes. Les EtatsUnis ont joué un rôle moteur et précurseur
dans le développement de cadres
conceptuels qui ont consacré une place
importante à des principes de base comme
ceux du « coût historique » (les plus-values
potentielles ne sont jamais enregistrées ; il
faut attendre la vente pour les constater) et
de la « prudence » (les moins-values
potentielles d'un actif sont enregistrées dès
qu'elles sont connues). Ce qui pose
problème, aux Etats-Unis, ce n'est pas
l'inexistence de ces principes, mais leur nonapplication et leur « adaptation » par des
réglementations conciliantes qui favorisent
les intérêts des entreprises.
En outre, affirmer qu'une énumération de
principes suffirait à garantir une « juste »
comptabilité relève de l'incantation.
L'histoire a montré qu'au Royaume-Uni,
pays où un type de comptabilité fondé sur le
fameux principe de l'« image fidèle » et une
réglementation rudimentaire a été porté au
pinacle, on a vu fleurir, sous le couvert
même de l'image fidèle, des pratiques
n'ayant rien à voir avec la « science »
comptable, et visant purement et
simplement à la manipulation des résultats.
C'est ainsi que certains actifs normalement
amortissables ont été déduits des capitaux
propres pour éviter de comptabiliser des
pertes. En fait, de même que dans toute
activité juridique, il faut de bons principes
associés à des règlements précis et
adéquats. Donner de plus en plus de
marges de manœuvre aux actionnaires et
aux dirigeants, avec une comptabilité dite de
« principes », comme le fait l'Union
européenne avec les normes de l'IASB, ne
présage rien de bon.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
« Noyer » le principe de prudence
Selon le dicton populaire, qui veut noyer son
chien l'accuse de la rage. Les charges contre
les « vieux » principes comptables, qui se
révéleraient incapables de prendre en compte
les risques associés aux instruments
financiers modernes, relèvent exactement de
ce procédé.
Au siècle dernier, le principe du coût
historique a été associé à celui de prudence :
une entreprise doit tenir compte de toutes les
moins-values potentielles (si la valeur de
marché des actifs est inférieure à leur coût) et
de tous les risques probables. Toute
l'argumentation sur l'« incapacité » du
système traditionnel à refléter les nouveaux
risques financiers est donc dénuée de
fondement : le principe de prudence, s'il est
respecté, permet non seulement
d'appréhender ces risques, mais oblige à le
faire, notamment par des inscriptions au
passif des dettes potentielles
correspondantes ! Mais, dira-t-on, pourquoi,
en pratique, les risques de pertes sur
certaines opérations spéculatives n'ont-ils
pas été enregistrés dans la plupart des pays ?
Tout simplement parce que les entreprises et
leurs auditeurs (3) ont fait pression sur les
normalisateurs comptables pour faire
échapper un nombre croissant d'éléments à
la sévérité du principe de prudence
traditionnel. C'est ainsi que les risques
associés à des achats à terme, spéculatifs,
n'ont pas été pris en compte sous le prétexte
fallacieux qu'aucune somme n'avait été
déboursée lors de la signature des contrats à
terme !
En fait, ce qui chagrinait les thuriféraires du
nouveau principe de la « juste valeur » (ou
Volume 1 No 2, 2009
49
ABWA JOURNAL
valeur actuarielle), c'est que le système
comptable jusqu'ici en vigueur n'enregistrait
que les moins-values potentielles et non les
plus-values. Le tort du principe du coût
historique n'était pas d'empêcher un
traitement efficace des risques, mais
d'engendrer une trop grande prudence : ce «
bon » principe, qui visait à tempérer, de
façon très pragmatique, l'optimisme invétéré
des entrepreneurs, a été neutralisé
partiellement, avant de connaître un sort
fatal, grâce à un travail de sape commencé il
y a plusieurs décennies : il faut maintenant
absolument le « noyer » pour faire place à la
« modernité » ; l'enjeu est de taille.
Prenons l'exemple d'une entreprise
détentrice de titres A qui, en Bourse, ont
baissé de 100, et de titres B qui, eux, ont
progressé de 150 ; selon l'ancien principe de
prudence, elle doit comptabiliser une perte
de 100 (les plus-values potentielles ne sont
pas comptabilisées), alors que, selon le
nouveau principe de la juste valeur, elle
pourrait faire apparaître un profit de 50.
Autant de plus à distribuer aux actionnaires.
La comptabilité va donc connaître une
révolution de ses principes avec
l'instauration de la juste valeur. Ce ne sera
pas la première. Depuis le milieu du XIXe
siècle, il y a déjà eu deux révolutions, qu'il
convient de retracer pour mieux apprécier la
nature et la portée du dernier changement
de paradigme.
Vers 1860, les juristes et les banquiers,
protecteurs des intérêts des créanciers,
parviennent, au niveau des principes, à
imposer une conception de la comptabilité
qui repose sur l'application stricte, à tous les
actifs, du principe du plus bas coût ou de la
Association of Accountancy Bodies in West Africa
plus faible valeur du marché : c'est ce qu'on
peut appeler le premier stade du capitalisme
comptable. Mais cette conception provoque
l'ire des défenseurs des actionnaires,
puisqu'elle a normalement des
conséquences « négatives » pour les actifs
qui n'ont pas de valorisation (ou une
valorisation faible) sur un marché, et qu'elle
empêche de distribuer des dividendes au
début des investissements. Selon cette
conception, les frais de recherche ou de
développement (qui n'ont évidemment pas de
marché actif) doivent être passés en charge
rapidement.
Après des années de farouches batailles, et
sous la pression des actionnaires, on voit se
développer, tout au long du XXe siècle, une
nouvelle conception tendant à éviter que la
règle du coût le plus bas ou de la valeur la plus
faible du marché ne s'applique aux actifs
investis à long terme : ces derniers seront
alors évalués à leur « coût amorti », c'est-àdire diminué en fonction de leur durée
d'utilisation, sans tenir compte des
fluctuations de leur valeur de marché si celleci est inférieure. Grâce à cette novation, des
dividendes plus réguliers pourront être
distribués, et ce dès le début du cycle
d'investissement : c'est le deuxième stade du
capitalisme comptable. Ainsi, dans l'exemple
précédent, le coût de la recherche et des
matériels spécialisés sera étalé sur la durée
du cycle d'investissement, au lieu de passer
en charge brutalement au début de ce cycle.
Une affaire de dividendes
Mais aujourd'hui, à l'heure où des fusions
gigantesques se produisent, impliquant des
masses énormes de capitaux à rémunérer, où
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des équipes dirigeantes et des actionnaires
toujours plus pressés et avides dominent la
scène, ce deuxième stade se trouve
dépassé. Surgit alors une triple idée géniale
: faire en sorte qu'un nombre de plus en plus
grand d'actifs, principalement incorporels et
financiers, ne soient plus du tout amortis ;
autoriser l'inscription, dans les comptes, des
plus-values potentielles ; mesurer ces plusvalues selon la juste valeur, c'est-à-dire à
partir de bénéfices futurs calculés par des
experts sur la base d'une estimation des
ventes à venir, sans aucune référence
directe à des valeurs de marché. C'est le
troisième stade du capitalisme comptable, le
stade de l'actualisation ou « stade actuariel
(4) ».
La plupart des textes consacrés aux normes
internationales de l'IASB veulent faire
passer ces innovations pour des corrections
de l'insuffisance du système antérieur «
insuffisance » qui ne réside nullement dans
son incapacité à prendre en compte les
risques de la gestion capitaliste et à retracer
ses performances, mais dans son inaptitude
à satisfaire les appétits croissants des
équipes dirigeantes et des actionnaires.
Pour parvenir à ses fins, le nouveau
capitalisme comptable a achevé à ce qui
reste des deux principes « ancestraux » : le
principe du coût amorti et le principe de
prudence. Le principe de l'amortissement
(ou diminution) systématique du coût est
d'ores et déjà battu en brèche dans le cas de
certains actifs incorporels, tels que le
goodwill (montant de bénéfices potentiels
que le vendeur d'une entreprise fait payer à
l'acheteur) et les marques, maintenant
réputées avoir une durée de vie « non
Association of Accountancy Bodies in West Africa
définie » et n'être qu'éventuellement
dépréciées. Au niveau macroéconomique, le
capitalisme y gagne une rentabilité (fictive)
supérieure, même si les dépréciations de
quelques groupes en difficulté peuvent être
mises en exergue.
Quant au principe de prudence, il figure bien
dans les nouveaux cadres conceptuels
américains et dans ceux de l'IASB, mais il est
dénaturé. Il n'exprime plus l'obligation de
prendre en compte des pertes potentielles et
d'exclure des profits possibles, mais la simple
contrainte d'« inclure un certain degré de
précaution dans l'exercice du jugement lors
des estimations » ; la voie est ouverte vers le
principe d'imprudence !
Les raisons de l'apparition de la juste valeur
paraissent donc plus complexes que la
version officielle veut bien le faire accroire. Y
gagne-t-on un plus grand contrôle des
dirigeants et une meilleure information des
actionnaires ? Rien n'est moins sûr. Dans
nombre de cas, la juste valeur est en fait une «
valeur d'expert » fondée sur des estimations
de ventes futures. Même dans le cas où des
valeurs de marché objectives seraient
utilisées, les équipes dirigeantes gagneraient
en liberté pour l'attribution de dividendes
puisqu'elles pourraient répartir la manne
céleste sur la base de simples espérances de
bénéfices !
S'agissant des actionnaires, on peut
s'interroger sur ce qu'est une meilleure
information comptable. Il serait évidemment
stupide de penser que l'amélioration viendrait
du seul fait de refléter le cours de Bourse : en
quoi le recopiage par la comptabilité de
données déjà fournies par la Bourse
Volume 1 No 2, 2009
51
ABWA JOURNAL
apporterait-il une meilleure information?
En fait, la véritable raison du changement de
paradigme est une affaire de dividendes.
Tout simplement, les actionnaires actuels et
leurs dirigeants ne sont pas intéressés par
davantage d'information, mais par
davantage d'argent à court terme, et c'est au
niveau de cette revendication que la
comptabilité joue un rôle essentiel.
L'intégration dans la comptabilité de la «
juste valeur actuarielle »
une valeur
débattue, mais rejetée depuis près de deux
siècles
leur offre trois avantages
fondamentaux : elle justifie des plus-values
potentielles simplement estimées ; elle
autorise, par le processus de l'actualisation,
l'étalement des profits distribuables sur
toute la durée du cycle d'investissement,
alors qu'ils sont retardés vers la fin du cycle
ou dépendent des ventes réelles dans les
précédents principes ; enfin, elle permet de
faire apparaître des profits totalement fictifs
si les dépréciations requises sont « oubliées
».
Ainsi, un goodwill de 1 000 millions d'euros
acquis pour une durée de vingt ans donnait
lieu à l'enregistrement de pertes de 1 000
millions d'euros lors des premières années
du cycle d'investissement, selon les règles
appliquées au début du siècle précédent, et
à des pertes régulières de 50 millions
d'euros selon celles de la fin de ce siècle.
Désormais, il ne donnera lieu à des pertes
que si les dirigeants et les auditeurs le jugent
nécessaire, compte tenu des (mauvaises)
performances futures de l'entreprise
concernée. Cela peut, à la limite, conduire à
ne jamais comptabiliser en pertes cet
investissement avant la chute finale !
Certes, les évaluations à la juste valeur sont
contestées ; elles ne visent, pour l'heure,
Association of Accountancy Bodies in West Africa
qu'un nombre limité d'actifs, et peuvent
parfois concerner des types de comptabilité
qui ne servent pas directement à la répartition
des profits ; mais l'affaire est en marche, et si
ces évaluations venaient à se généraliser, on
peut dire que le capitalisme comptable aurait
atteint son stade suprême !
Une telle évolution n'est pas le fruit du hasard
et ne s'opère pas, comme veut le faire croire
l'IASB, dans un univers éthéré, gouverné par
une assemblée de professionnels neutres
inspirés par le devoir de bien faire et celui de
satisfaire les intérêts généraux. Comme l'a
souligné Bernard Colasse (5), derrière la
rhétorique de l'indépendance, de la
compétence et de la neutralité se cachent des
réalités bien différentes. Le bel équilibre des
pouvoirs au niveau des administrateurs est
totalement trompeur ; dans les faits, c'est le
mode de gouvernement boursier qui est
privilégié. Dix des quatorze membres de la
direction de l'IASB, institution privée ayant
son secrétariat à Londres, viennent de
l'univers anglo-saxon. Proches de ceux-ci, les
membres des autres pays (un pour la France)
sont en général soigneusement choisis parmi
des professionnels qui ont travaillé avec de
grands cabinets d'audit anglo-saxons. Dans
ce genre d'organisation, on n'invite
généralement pas des défenseurs de la
cogestion à l'allemande ou des représentants
syndicaux !
Capitulation de Bruxelles
L'IASB se pique de vouloir bâtir le système
international commun de la comptabilité sur la
base d'une « convergence » des systèmes
existants. Il s'agit en fait d'un alignement quasi
total sur le mode de gouvernement
Volume 1 No 2, 2009
52
ABWA JOURNAL
d'entreprise aux Etats-Unis. Son cadre
conceptuel est la réplique de sa version
américaine : il privilégie la valeur actuarielle.
Lorsque Washington a décidé d'abandonner
le principe de l'amortissement systématique
du goodwill, l'IASB s'est empressé de suivre
l'exemple du « grand frère ». Il a fait de
même en décrétant que la juste valeur
devait devenir la panacée.
L'Union européenne a purement et
simplement renoncé à sa propre politique
comptable et l'a sous-traitée à l'IASB depuis
le 1er janvier dernier. Elle aurait pu proposer,
comme socle de la future comptabilité
internationale, une conception «
continentale » modernisée de la
comptabilité traditionnelle, soucieuse des
intérêts à long terme des parties prenantes.
Elle n'a même pas essayé.
Néanmoins, pour dissimuler sa capitulation
de fait devant les normes américaines,
generally accounting accepted principles
(principes comptables généralement
admis), la Commission européenne a mis en
place un comité de réglementation
comptable, qu'elle préside, et dans lequel
siègent des représentants de chaque Etat
membre. Ce comité statue sur chaque
norme de l'IASB à la majorité qualifiée. Ses
travaux sont préparés par un autre comité,
composé d'experts du secteur privé : le
Groupe consultatif pour l'information
financière en Europe (acronyme anglais :
EFRAG).
Le nouveau modèle de comptabilité s'inscrit
dans la continuité des principes de la
philosophie « enronienne ». Il vise d'abord à
favoriser la concentration du capital par la
suppression de l'obligation d'amortir
Association of Accountancy Bodies in West Africa
certains actifs qui apparaissent lors de
fusions. Il permet du même coup une
augmentation artificielle de la richesse et de la
rentabilité, à l'échelle microéconomique et à
l'échelle macroéconomique. Outre la
distribution plus précoce et plus généreuse de
dividendes, il encourage une gestion à court
terme, car le recours à des techniques
d'évaluation fondées sur celle de
l'actualisation n'incite pas les dirigeants à se
lancer dans des projets à maturation lente.
Enfin, il rend plus difficile et plus onéreux le
contrôle des comptes. Actionnaires,
auditeurs, experts-comptables et managers
financiers, unis, à de rares exceptions près,
dans une sainte alliance pour la défense de
leurs intérêts fondamentaux, ont de quoi se
réjouir de cette évolution qui sacrifie la
protection des créanciers et des salariés. Et
ce sous l'impulsion de Bruxelles.
\
On est loin du temps où, en 1861, le procureur
Dupin, farouche promoteur du principe de
prudence, lançait : « On ne distribue pas des
espérances, mais des écus ! » Au terme de
trois révolutions, le capitalisme comptable est
en passe d'atteindre son stade suprême, à
moins que quelques « gêneurs » ne se
manifestent. Mais la tâche de ces derniers
serait d'autant plus difficile que le « couple »
Etats-Unis - IASB est extrêmement puissant.
Il dispose d'une solide assise politique et
financière, et sa propagande est très affûtée :
l'usage répété de mots aussi forts que « juste
valeur » ou « information économique », le
dénigrement systématique et partial des
comptabilités « juridiques » (insulte suprême)
et des « vieux modes de gouvernance » de la
« vieille Europe » s'apparentent à un véritable
matraquage idéologique auquel il est difficile
de résister.
Volume 1 No 2, 2009
53
ABWA JOURNAL
Pour qui le veut bien, il est toujours possible,
à l'instar des gratteurs de palimpseste, de
voir, sous l'euphémisme de la prétendue «
meilleure information », la sordide réalité de
la tonte des dividendes !
(1)
(2)
(3)
Der moderne Kapitalismus, tome
II, édition Dunckler et Humblot,
Berlin, 1969.
Lire Michel Aglietta et Antoine
Rebérioux, Dérives du
capitalisme financier, Albin
Michel, Paris, 2004 ; Dominique
Plihon, Rentabilité et risque dans
le nouveau régime de
croissance, Commissariat
général du Plan, Paris, 2002 ;
Tom Frank, « Enron aux mille et
une escroqueries », Le Monde
diplomatique, février 2002.
Personnes chargées de l'audit
des comptes d'une entreprise.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
(4)
(5)
Jacques Richard, « Fair value, le
troisième stade du capitalisme
comptable ? Le cas de la France »,
dans Analyses et documents
économiques, n° 95 (p. 75-81), et
Cahiers du Centre confédéral
d'études économiques et sociales
de la CGT, n° 96 (p. 43-47),
Montreuil, 2004.
Bernard Colasse, « De la résistible
ascension de l'IASC/IASB »,
Gérer et comprendre, n° 75, mars
2004, Paris, p. 30-40 ; « Normes
comptables : l'Union européenne
sous influence ? », Sociétal, Paris,
n° 46, 4e trimestre 2004. Lire
également Christel Decock-Good
et Franck Dosne, Normes
comptables internationales : les
IAS/IFRS en pratique,
Economica, Paris, 2005.
Volume 1 No 2, 2009
54
ABWA JOURNAL
La E-Gouvernance dans la Comptabilité
du Secteur Public
Andy Wynne
[email protected]
Conseillé en Gestion Financière du Secteur Public
Introduction
'ordinateur, la téléphonie mobile et
l'internet sont en train d'avoir un
impact majeur sur le monde,
cependant ils ne sont que des outils. Ils n'ont
pas nécessairement eu un impact majeur
sur la qualité de vie de beaucoup de
citoyens, spécialement dans les pays du
Sud. Cet article vise à répondre aux ou tout
au moins à soulever les questions suivantes
relatives à la e-gouvernance et ses rôles et
effets sur la comptabilité du secteur public.
L
Qu'est ce que la e-gouvernance ?
Quels sont les bénéfices de la egouvernance ?
A-t-elle été exagérée, quels en sont les
risques ?
Que peuvent faire les gouvernements pour
la faire fonctionner ?
Telles sont quelques-unes des questions
auxquelles le présent article vise à répondre
ou tout au moins à soulever.
Mais pour commencer nous devons préciser
que la e-gouvernance n'est pas quelque
chose de nouveau, c'est simplement un
nouveau nom qui est donné à quelque qui a
été utilisé, développé et répandu sur tout au
Association of Accountancy Bodies in West Africa
moins un demi siècle. Ainsi par exemple, les
IT (les Technologies de l'Information) sont
utilisés dans les pays en développement
depuis près de cinquante ans. Mais la eGouvernance est beaucoup plus que la
simple utilisation de l'ordinateur et de
l'Internet. Elle comprend tous les média
électronique tel que la télévision et la radio ; et
la société 'Nigerian Broadcasting Corporation'
avait commencé à pourvoir l'anglais aux
écoles primaires et secondaires via des
programmes radiodiffusés après l'indépendance du Nigeria en 1960 (Jegede, 2002).
Cependant, l'utilisation des IT (ou de
l'informatique) et de l'Internet ont
considérablement élargi la portée et l'impact
de la e-gouvernance. Elle a commencé avec
l'utilisation d'un ancien model des
technologies de l'information dans l'automatisation du fonctionnement interne du
gouvernement par le traitement des données.
Mais elle s'est récemment répandue avec un
nouveau model des technologies de
l'information et de la communication qui
soutiennent et transforment le fonctionnement externe du gouvernement par le
traitement et la communication des données
(Heeks, 2002).
Volume 1 No 2, 2009
55
ABWA JOURNAL
L'article s'emploiera à expliquer dans un
premier temps les différents sens et
concepts relatifs à la e-gouvernance. Il va
ensuite examiner les avantages et la
manière dont la e-gouvernance peut être
utilisée pour la comptabilité du secteur
public. La section suivante va examiner les
risques associés à la mise en œuvre de la egouvernance et de déterminer si les
attractions potentielles, les avantages et les
améliorations pourraient avoir été exagérés.
La dernière section examinera brièvement
ce que les gouvernements doivent faire pour
réaliser les bénéfices associés à la egouvernance.
Qu'est ce que la e-Gouvernance ?
expliqué ci-dessous, la e-gouvernance s'est
développée à partir d'éléments de la eadministration englobant également les ecitoyens, les e-services et la e-société.
"La e-Gouvernance est l'utilisation des
technologies de l'information et de la
communication pour soutenir la bonne
gouvernance. Elle s'est déplacée au-delà des
anciens modèles des 'technologies de
l'information dans le gouvernement' grâce
aux nouvelles connexions numériques que
les technologies de l'information et de la
communication (TIC) rendent possibles. Ces
nouvelles connexions ont renforcé les
relations existantes et ont établi de nouveaux
partenariats au sein de la société. La eGouvernance englobe donc :
La E-Gouvernance a été définie comme :
"L'application de moyens électroniques
dans
(1) l'interaction entre le gouvernement et les citoyens, et entre le
gouvernement et les entreprises.
(2) dans les opérations internes du
gouvernement pour simplifier et
améliorer les aspects de la
démocratie, du gouvernement et
des affaires relatifs a la
Gouvernance" (Backus, 2001,
page 2)
1-
la e-Administration :
Amélioration des processus de
gouvernement (ou d'administration publique) par la réduction
les coûts, la gestion de la
performance, en faisant des
connexions stratégiques au sein
du gouvernement, et par la
création de l'automation.
2-
les e-citoyens et e-services :
Connexion des citoyens au
gouvernement ; en parlant aux
citoyens et en soutenant les
responsabilités des pouvoirs
publics, en écoutant les citoyens et
en soutenant la démocratie, et
enfin en améliorant les services
publics.
3-
la e-société : Mise en place des
interactions au-delà des limites de
gouvernement ; en travaillant
mieux avec les entreprises, en
Ou plus simplement :
"La E-Gouvernance est l'utilisation des
technologies de l'information par les
organisations (ou administrations) du
secteur public" (Heeks, 2006).
C'est un domaine qui peut sembler être plein
de jargons, mais le 'e' peut simplement
signifier l'utilisation des technologies de
l'information, de l'Internet, etc. Comme
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Volume 1 No 2, 2009
56
ABWA JOURNAL
développant les communautés,
en construisant des partenariats
de gouvernements, et en
renforçant la société civile"
(Heeks, 2001b, page 2).
L'initiative DigitalGovernance.org de
London School of Economics au Royaume
Uni a développé un ensemble de modèles
alternatifs de la e-Gouvernance qui
comprend :
12-
3-
4-
5-
un modèle de diffusion (dissémination de l'information au public)
un modèle de flux (information du
public sur les questions
importantes)
un modèle d'analyse comparative (performance de gouvernement de référence)
un modèle de e-plaidoyer
(mobilisation du public, lobbying
pour l'action)
un modèle de service interactif
(facilitation de la participation
publique) (Riley & Sheridan,
2006).
Tout ceci indique que le 'e' de la eGouvernance est juste un outil qui peut aider
à améliorer la qualité, la portée, l'efficacité et
l'efficience du secteur public.
Quels sont les bénéfices (ou les
avantages) de la e-Gouvernance ?
Comme l'a expliqué Backus (2001, page 3),
les deux principaux objectifs de la edémocratie sont :
"1. Promouvoir l'accès des citoyens à
l'information et à la connaissance du
processus politique, des services et des
choix disponibles.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
2. Rendre possible la transition de l'accès
passif à l'information à la participation active
des citoyens par :
1.
2.
3.
4.
5.
l'information du citoyen
la représentation du citoyen
l'encouragement du citoyen à
voter
la consultation du citoyen
L'implication du citoyen"
La distinction doit être faite entre les objectifs
d'amélioration de l'efficience des processus
internes et d'opérations (l'ancien model) et le
nouveau modèle d'amélioration de l'efficacité
et de la qualité des services fournis de
l'extérieur (Backus, 2001).
En interne, la e-Gouvernance est admise à
faciliter la rapidité, la transparence, la
responsabilité, l'efficacité et l'effectivité des
processus pour la performance des activités
du gouvernement. Il pourrait en résulter
d'importantes économies de coûts (par
transaction) dans les opérations du
gouvernement. En externe, les objectifs de la
e-Gouvernance consistent à remplir de façon
satisfaisante les besoins et les attentes du
public, par la simplification de leur interaction
avec les différents services en ligne.
L'utilisation des technologies de la
communication et de l'information dans les
opérations du gouvernement peut faciliter la
rapidité, la transparence, la responsabilité,
l'efficience et l'efficacité de l'interaction avec
le public, les citoyens, les entreprises et les
autres agences. La e-Gouvernance peut
améliorer le rapport entre le gouvernement et
ses citoyens 24 heures par jour, 7 jours par
semaine (24/7). Elle peut aussi rendre
disponibles les services publics au lieu et au
moment où ils sont nécessaires.
Volume 1 No 2, 2009
57
ABWA JOURNAL
Richard Heeks (2001) a expliqué que le
potentiel de la e-Gouvernance est fondé sur
la puissance des technologies de
l'information et de la communication (TIC).
Celles-ci se rapportent à la fois à l'ordinateur
et l'Internet (y compris les intranets internes
de même que le web en général et la
technologie à prendre contact avec
l'utilisateur individuel) en plus des
traditionnelles technologies de la radio, de la
télévision et du téléphone. Ces technologies
ont le potentiel, dans certaines
circonstances, de produire trois changements fondamentaux pour l'amélioration de
la gouvernance en vue du développement :
"L'Automation : Remplacement de
l'actuel processus humain d'exécution des tâches qui comprend
l'acceptation, le stockage, le
traitement, la sortie et la transmission
de l'information. L'automatisation des
fonctions de bureau en est un
exemple.
L'Informatisation : Soutien à l'actuel
processus d'exécution de l'information. Par exemple, le soutien au
processus actuel de prise de
décision, de communication et de
mise en œuvre des décisions.
La Transformation : Création de
nouveaux processus d'exécution de
l'information par les technologies de
l'information et de la communication,
ou soutien aux nouveaux processus
humains d'exécution de l'information.
Par exemple, la création de nouvelles
méthodes de délivrance des services
publics." (Heeks, 2001, page 3)
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Mais, nous devons nous rappelés que les TIC
sont simplement un outil, le 'e' dans eGouvernance est juste une approche
possible. Notre point de départ devrait être ce
que nous voulons faire et comment nous
pensons améliorer la qualité et l'efficience des
services publics. Ce n'est qu'après cette
étape que nous pouvons considérer les TIC et
l'application possible de la e-Gouvernance.
Même dans ce cas, la traditionnelle approche
peut se révéler plus effective. Si par exemple,
le Gouvernement nigérian veut communiquer
avec ses citoyens, il doit savoir que pendant
que 90% des Nigérians ont accès à la radio
(Jegede 2002), 3% seulement ont accès à
l'internet et peut-être le quart de ceux-ci l'ont
utilisé pour accéder aux services
gouvernementaux (Internet World Stats,
2007).
Backus (2001, pag 5/6) a fourni un résumé du
Modèle de Maturité de E-Gouvernance de
Gartner. Sous ce modèle, la e-Gouvernance
s'est développée en trois étapes :
"Information ou Présence
Dans la première phase, la eGouvernance signifie être présent sur
le web, en fournissant au public
extérieur des informations pertinentes.
Le format des premiers sites Internet
des gouvernements est similaire à
celui d'une brochure ou d'un dépliant.
L'intérêt pour le public est que les
informations du gouvernement sont
accessibles publiquement ; les
procédés sont décrits et sont par
conséquent plus transparents, ce qui
améliore la démocratie et les services.
Volume 1 No 2, 2009
58
ABWA JOURNAL
Interaction ou Processus d'admission :
Dans la deuxième phase, le
processus d'interaction entre le
gouvernement et le public est stimulé
par plusieurs applications. Les gens
peuvent poser des questions par
email, utiliser des moteurs de
recherche d'informations et sont en
mesure de télécharger toute sorte de
documents. Les fonctionnalités
permettent d'économiser du temps.
En fait, le procédé complet (ou
simple) d'admission des applications
peut se faire en ligne 24 heures par
jour. Normalement, cela ne serait
possible qu'au comptoir et ce,
pendant les heures d'ouverture.
En interne, les organisations du
gouvernement utilisent des réseaux
locaux (Local Area Networks),
Intranets et email, pour communiquer
et échanger de données.
Il en résulte que plus d'efficience et
d'efficacité sont réalisées du fait
qu'une large part du procédé
d'admission est réalisée en ligne.
Toutefois, il demeure que vous avez
toujours besoin d'aller au bureau
pour finaliser la transaction, par le
paiement des frais de dossier, la
remise des éléments de preuve ou la
signature de documents. L'usage des
outils de communication électroniques permet d'accélérer les
processus internes de gouvernement.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Tr a n s a c t i o n o u Tr a n s a c t i o n
complète :
Les transactions peuvent se faire sans
qu'on ait besoin d'aller au bureau. Des
exemples des services en ligne sont le
remplissage du formulaire d'impôt sur
le revenu, le remplissage du formulaire
de l'impôt sur la propriété, l'extension
ou le renouvellement des licences, du
visa et des passeports, et le vote en
ligne. La troisième phase est
essentiellement complexe à cause des
problèmes de sécurité et de
personnalisation
exemples : des
signatures numériques (ou électroniques) sont nécessaires pour
permettre le transfert légal des
services. Du côté des affaires, le
gouvernement a commencé avec la
souscription de e-Gouvernanceapprovisionnement.
Dans cette phase, les procédés
internes doivent être redéfinis pour
fournir de bons services. Le
gouvernement a besoin de créer de
nouvelles lois et législations qui
reconnaitront la légalité des
transactions sans support papier. La
conséquence est que le procédé se fait
actuellement en ligne y compris les
paiements, les signatures numériques, etc. Ce qui permet d'économiser
du temps, du papier et de l'argent.
Une autre façon de concevoir les avantages
de la e-Gouvernance est de considérer un
certain nombre d'exemples dans le cas du
Nigéria. Certains sont énumérés ci-dessous à
titre indicatif et vous pouvez imaginer d'autres
exemples par vous-mêmes pour compléter la
liste.
Volume 1 No 2, 2009
59
ABWA JOURNAL
Le gouvernement nigérian a développé un
portail pour les services de sa eGouvernance. En 2006, ce site Internet est
classé 51ième sur un total de 198 sites
gouvernementaux ; en avance sur le Ghana,
le Kenya, l'Afrique du Sud et plusieurs pays
européens tels que l'Autriche, la Hongrie et
la Pologne.
Le portail du site du Gouvernement nigérian
est disponible à l'adresse suivante :
http://www.nigeria.gov.ng/ (21 Août 2007)
Le gouvernement Fédéral du Nigeria a lancé
un projet appelé NetPost qui équipera les
3.000 bureaux de poste de points d'accès
Internet pour offrir au peuple nigérian un
accès à prix abordable à l'Internet. Le
Réseau NetPost va faciliter un certain
nombre de procédés de communication du
gouvernement incluant :
1-
234-
les paiements de pension pour
les différentes organisations
gouvernementales
un nombre de programmes de
paiements gouvernementaux
la vente en ligne de différents
formulaires gouvernementaux
la dissémination des
informations du gouvernement.
http://www.netpostnigeria.com/ (24 Août
2007)
Les e-Passeports étaient sur le point d'être
introduits au Nigéria en 2006. La machine
biométrique Biometric Machine Readable
Travel Document "enregistrera tous les
Nigérians… ce qui rendra impossible pour
… les non-Nigérians qui ne sont pas
nationalisés d'obtenir le passeport
international" (Tiemo, 2005, page 1).
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Il y a eu un long débat sur l'utilisation du vote
électronique avant les élections générales
tenues en 2007.
L'UNESCO est en train de soutenir un projet
destiné à faciliter l'accès de la communauté
aux technologies de l'information et de la
communication, en fournissant des
équipements de diffusion pour les
programmes radio de sensibilisation aux
technologies de l'information et de la
communication.
http://portal.unesco.org/ci/en/ev.php-URL
I D = 8 8 5 3 & U R L D O = D O TO P I C & U R L
SECTION=201.html (21 Août 2007)
Hannu Daya est un programme radio créé en
2002 dans l'Etat de Jigawa. "Hannu Daya" est
un proverbe Haoussa qui veut dire "Une Main
ne Peut pas Monter un Toit de Chaume". Le
proverbe a saisi le but du projet promouvoir
une meilleure communication entre le peuple
et le Gouvernement de l'Etat de Jigawa à
travers des programmes radio sous forme de
forum pour des échanges d'idées, d'opinions
et d'informations au sujet du gouvernement et
de ses démembrements au plan local.
http://www.dfid.org.uk/casestudies/files/afric
a/nigeria-radio.asp (23 Août 2007)
Comment la e-Gouvernance peut elle être
utilisée pour améliorer la comptabilité du
secteur public ?
La e-Gouvernance peut être utilisée de
plusieurs manières pour améliorer la
comptabilité du secteur public. En interne, il
peut s'agir de l'informatisation des processus
financiers avec le développement d'un
Système de Gestion Financière Intégrée
(SGFI) comme la version la plus sophistiquée.
Volume 1 No 2, 2009
60
ABWA JOURNAL
Elle peut également être utilisée pour
améliorer la collecte des revenus du
gouvernement et la formation du personnel
financier. En externe, la e-Gouvernance
peut être utilisée pour améliorer la qualité du
reporting financier et de faciliter le
développement de budget participatif.
SGFI
Un SGFI est un système financier
informatisé communément utilisé dans les
administrations gouvernementales. Il
comprend souvent les ministères,
départements et agences gouvernementaux et peut être étendu aux
gouvernements locaux et régionaux. Il
comporte une base de données unique dans
laquelle sont enregistrées les transactions
financières, une structure uniforme de
codage pour l'analyse des transactions, et la
possibilité de n'enregistrer une transaction
qu'une seule fois. Il comprend en général les
modules de base de la budgétisation, de la
gestion et la comptabilisation des recettes
(liquidités) et dettes, et dans certains cas
des composants accessoires tels que le
fichier de paie (états des salaires) et des
approvisionnements (Wynne, 2005).
Cependant, comme dans tout système
informatisé complexe, les risques liés à
l'adoption du SGFI sont très élevés et seront
abordés plus en détails dans la prochaine
section.
Un autre aspect de l'informatisation de la
fonction finance est l'usage des IT (les
Technologies de l'Information) pour les
achats et les paiements. L'Internet peut être
utilisé pour faciliter les achats faits par les
administrations gouvernementales. Les
biens nécessaires peuvent être identifiés via
Association of Accountancy Bodies in West Africa
l'Internet des les commandes peuvent être
lancées électroniquement par email. En
outre, les paiements électroniques par le
secteur public remplacent graduellement
l'usage de chèque et de cash (liquidités). Par
exemple, le Gouvernement rwandais fait
maintenant 80% de ses paiements par des
transferts bancaires directs. Ce qui peut être
étendu davantage à l'usage des cartes
d'achats qui sont utilisés par des
fonctionnaires de la même manière que les
citoyens privés utilisent les cartes de crédit.
La collecte de revenu
De la même manière, les processus
électroniques peuvent être utilisés pour
améliorer la qualité, l'efficience et le niveau
des recettes. Par exemple, au Royaume Uni,
les déclarations de revenus annuels peuvent
être remplies et soumises en ligne et les
paiements conséquents faits électroniquement par des cartes de crédit ou de débit
ou par des transferts bancaires directs du
compte du contribuable. En plus, les licences
de voitures (près de la moitié des
automobilistes britanniques les obtiennent via
l'internet) ou licences télévisuelles peuvent
être maintenant demandées et payées en
ligne.
La formation du personnel financier
La e-formation est en train d'être utilisée plus
extensivement pour permettre au personnel
financier du secteur public d'être formés sans
quitter leur pays ou leur région. Quelques
deux exemples sont cités ci-après.
Le cours d'enseignement à distance en ligne
sur la Gestion et la Planification Financières
de la Somalie est assuré par un consortium
dirigé par la société britannique International
Volume 1 No 2, 2009
61
ABWA JOURNAL
Management Consultants Limited (IMLC)
supporté par l'université sud-africaine
University of Fort Hare. Le cours comprend
cinq modules étudiés par environ 200
planificateurs financiers des secteurs public
et privé sur une période de douze mois. Les
étudiants utilisent des outils pédagogiques à
la fois en format papier et virtuel et sont
soutenus par des tuteurs en provenance de
six universités somaliennes. Les tuteurs
basés en Somali sont en retour soutenus par
des tuteurs basés à l'Université de Fort
Hare. Cette approche s'est très efficace
dans la production de formation financière
au personnel du secteur public dans une
région dont la principale réputation est de ne
pas disposer d'un fonctionnement approprié
ni d'un gouvernement globalement reconnu
sur les 16 dernières années.
http://www.somaliodl.net/login.php (24 Août
2007)
Le Centre des Etudes Financières et de
Gestion (Centre for Financial and
Management Studies) à l'University of
London (Université de Londres). Cette
qualification est accessible par une étude
personnelle indépendante, et les examens
peuvent être passés dans plusieurs pays du
monde. Les frais comprennent la fourniture
de tous les matériels (ou supports)
pédagogiques nécessaires à mener à bien
les deux travaux de recherche et à réussir
aux examens finaux. Le Diplôme comprend
quatre modules sélectionnés dans la liste ciaprès, avec la précision que chaque module
peut être passé individuellement (c'est dire
que l'étudiant n'est pas obligé de passer tous
les modules en une seule fois).
Association of Accountancy Bodies in West Africa






Performance et la Planification de
la Gestion des Finances
Publiques
Revenu de la Gestion des
Finances Publiques
Reporting Financier et l'Audit
Privatisation et Partenariats
Public-Privé
Evaluation de Projet et Analyse
d'Impact
Décentralisation et Gouvernance
Locale
Les détails de cette qualification et d'autres
cours d'enseignement à distance peuvent
être obtenuews à l'adresse :
http://www.cefims.ac.uk/cgibin/programmes.cgi?func=programme&id=2
8 (24 Août 2007)
La E-Gouvernance et le reporting financier
par les gouvernements
La e-comptabilité offre la perspective
d'améliorer sensiblement la rapidité et la
qualité des informations financières que le
gouvernement peut mettre à la disposition de
ses citoyens. Elle peut également être
étendue afin de permettre et de faciliter le
processus de budgétisation participative.
C'est ainsi que Heeks (2001, page 8) a fait la
distinction suivante entre le parler aux
citoyens et l'écoute les citoyens.
1-
"Le parler aux citoyens : Fournir
aux citoyens les détails sur les
activités du secteur public. Ce qui
est principalement associé à une
certaine forme de responsabilité :
rendre les fonctionnaires plus
responsables de leurs décisions et
actions.
Volume 1 No 2, 2009
62
ABWA JOURNAL
2-
L'écoute des citoyens :
Accroitre l'apport des citoyens
dans les décisions et actions du
secteur public. Cela pourrait être
identifié comme étant soit de la
démocratisation soit de la
participation."
Si les états financiers et autres informations
financières du gouvernement sont
disponibles sur l'internet, ils peuvent être
consultés par un plus grand nombre de
personnes. En outre, un plus grand nombre
d'informations peut être fourni à peu de frais
additionnels aux individus et aux
organisations pour leur manipulation et
analyse. Les gens peuvent ne pas être
intéressés par la position financière globale
de leur gouvernement, mais ils peuvent être
préoccupés par le financement et les
dépenses de leur école ou centre de santé.
Le XML (langage de markup extensible)
peut être utilisé pour les formats de fichiers
et les mises en page de documents sur
internet. Une version récente du XML a été
développée sous forme de langage de
reporting des entreprises, et une autre
version pourrait être développée sous forme
de langage de reporting politique (Riley,
2003).
Au cours des dernières années, les
enquêtes de suivi des dépenses publiques
ont révélé des fuites de fonds non salariaux
sur une très grande échelle. Dans la sphère
de l'éducation par exemple, la disponibilité
de livres et autres matériels pédagogiques
est essentielle à l'amélioration de la qualité
de l'enseignement ; et le fait que entre 50%
et 90% des fonds gouvernements destinés à
ces matériels n'ont jamais atteint les écoles
fait de la fuite un problème politique majeur
Association of Accountancy Bodies in West Africa
dans ce domaine.
Au lieu d'introduire plus de réformes ou
d'informations financières générales dans le
secteur public, les enquêtes de suivi des
dépenses en Uganda ont montré qu'il serait
plus efficient de cibler les réformes et
interventions au niveau de problèmes
spécifiques identifiés. Une fois ces réformes
et interventions identifiées, en 1996, le
Gouvernement central ougandais a essayé
de remédier à la situation très rapidement. Il a
commencé par publier mensuellement les
transferts intergouvernementaux des fonds
de l'éducation publique dans les principaux
journaux ; diffuser des informations les
concernant dans les radios ; et exiger des
écoles primaires d'afficher des informations
sur les rentrées de fonds pour l'information du
public. Une évaluation de la campagne
d'informations à travers les enquêtes
répétées de suivi des dépenses publiques a
révélé d'importantes améliorations. Alors que
les écoles, en moyenne, n'étaient pas
toujours rentrées en possession de la totalité
de la subvention du gouvernement (et il y avait
des retards !), la fuite (vol ou détournement de
fonds) a été réduite d'une moyenne de 78%
en 1995 à 18% en 2001 !
Ainsi, l'assurance de la mise à disposition
d'informations financières sélectionnées
(spécifiques) aux principales parties
prenantes peut réduire de façon significative
les opportunités de fuite de fonds publics dans
les écoles et centres de santé par exemple.
Les informations fournies peuvent
comprendre les fonds totaux alloués à l'unité
locale, et également la façon dont ces fonds
ont été utilisés par les gérants locaux.
Volume 1 No 2, 2009
63
ABWA JOURNAL
Des exemples de types de rapports qui
peuvent être produits se trouvent ci-après.
Rapport de budget mensuel
Les états de salaire mensuels
Pour chaque post de paie :
 Les principaux postes budgétaires
 Le montant dépensé ce mois et depuis
 La description de poste
le début de l’année à ce jour
 Le nomde la personne en poste
 Le budget approuvé
 Le salaire brut du mois
 Le salaire net du mois
Pour les postes devenus vacants
Pour toutes nouvelles nominations
 La description de poste
 Le salaire offert pour le poste
 Le lieu de publication





La description de poste
Le nomde la personne nommée
Le salaire de départ
La date de prise de fonction
Le lieu de publication
Ces rapports doivent être rendus
disponibles aux différentes parties
prenantes telles que les élus locaux, le
personnel, les syndicats, les associations
parents-enseignants. Ils doivent être
également disponibles sur tableaux
d'affichage et l'internet pour l'information du
public. Des réunions mensuelles doivent
être tenues au cours desquelles ces parties
prenantes peuvent poser des questions au
directeur de l'école ou du centre de santé au
sujet des rapports ci-dessus et des
dépenses récentes et nominations de
personnel.
Des documents extensifs sur le processus
de budgétisation plus ouverts et plus
responsables sont disponibles au Project de
Budget International (International Budget
Project). Ce projet assiste les organisations
non-gouvernementales (ONG) et les
chercheurs dans leurs efforts d'analyse de
politiques budgétaires et l'amélioration des
processus budgétaires et des institutions.
Le projet est particulièrement intéressé par
l'assistance à la recherche appliquée
utilisée des les débats politiques en cours et
avec les études portant sur les effets des
politiques budgétaires sur les pauvres.
Association of Accountancy Bodies in West Africa
L'objectif primordial du projet et de rendre les
systèmes budgétaires plus appropriés aux
besoins de la société et, par conséquent,
rendre ces systèmes plus transparents et plus
responsables envers le public. Le projet
travaille principalement avec les chercheurs
et le ONG dans les pays en développement et
les nouvelles démocraties. Le Projet de
Budget International a un site internet qui
comprend des facilités d'abonnement à son
bulletin d'informations
http://www.internationalbudget.org/
Une recherche de collaboration récente entre
le Projet de Budget International et l'Institut
des Etudes de Développement (Institute of
Development Studies)
(http://www.ids.ac.uk/ids/bookshop/wp279.p
df (24 Août 2007) a révélé ce qui suit :
"Les initiatives budgétaires de la société civile
a contribué à l'amélioration de la transparence des décisions budgétaires et du
processus de budget, à l'accroissement de la
sensibilisation et la familiarité au budget, et à
un engagement plus accentué dans le
processus budgétaire de la part des
législateurs, du média et des organisations de
la société civile. Alors que la structure du
processus du budget a fait d'importants
changements dans les priorités de dépenses
difficiles à atteindre, les groupes budgétaires
contribuent directement aux impacts positifs
des allocations budgétaires et de leur mise en
œuvre, ce qui accroit la responsabilité des
décideurs." (page 3)
Certains de ces progrès ont contribué à
l'utilisation des TIC ; par exemple, l'internet a
été utilisé pour étendre la sensibilisation au
budget au Brésil, et plusieurs des groupes
budgétaires ont publié les résultats de leurs
travaux sur l'internet.
Volume 1 No 2, 2009
64
ABWA JOURNAL
La e-Gouvernance a-t-elle été exagérée,
quels sont les risques associés ?
"Dans l'économie du savoir émergente du
21 i è m e siècle, les technologies de
l'information et de la communication
peuvent assumer une importance qui
pourrait réduire celle d'autres formes
d'infrastructures. Ce changement offre à
l'Afrique la chance de sauter des étapes
intermédiaires du développement en évitant
des investissements couteux en temps,
ressources, et la génération et l'utilisation
des connaissances. L'Afrique a une chance
de tirer partie non seulement comme
consommateur dans la nouvelle économie
du savoir, mais aussi en tant que producteur.
Elle ne peut pas se permettre de manquer
cette opportunité." (World Bank, 2000, page
153)
"La e-Gouvernance est difficile à mettre en
œuvre, difficile à gérer et souvent échoue."
(Heeks, 2006, page 10)
"Des enquêtes et sondages ont produit les
estimations de faisabilité suivantes au sujet
des initiatives de e-gouvernance dans les
pays en développement et émergents :
1-
35% d'échec total
2- 50% d'échec partiel
3- 15% de succès”
(eGov for Development
http://www.egov4dev.org/ (24 Août 2007)
Les trois citations ci-dessus montrent
l'énorme fossé entre le mythe et la réalité de
la e-gouvernance. La E-Gouvernance en
particulier, et les IT ont été promus comme
les principales réponses à l'amélioration de
la qualité et de l'efficience du secteur public
moderne. Cependant, la réalité se révèle
Association of Accountancy Bodies in West Africa
une série de d'échecs (de projets), et dans de
nombreux cas, le gaspillage de plusieurs
millions de dollars qui sont plus que
nécessaires pour l'investissement dans de
nombreux autres domaines du secteur public.
Un important livre publié l'année dernière
(Gauld, Goldfinch & Dale, 2006) a passé en
revue un certain nombre d'études de cas de egouvernance en Nouvelle Zélande (un pays
bien avancé dans la e-gouvernance), et
l'évolution de la e-gouvernance en Australie,
en Grande Bretagne et aux Etats-Unis. En
conséquence, les auteurs sont arrivés à la
conclusion que la e-gouvernance est un
enthousiasme dangereux, et que ce
pessimisme ou l'anticipation de l'échec doit
être le principe directeur.
Le livre a décrit les TIC dans le secteur de la
santé en Nouvelle Zélande comme une
expérience de perte "d'opportunité, de
négligence politique, de changement d'idées
au sujet de la politique de la santé et la forme
du système de la santé, et le développement
de la topographie des TIC byzantines" (p-45).
Il a passé ensuite en revue deux grands
projets d'informations sanitaires, Health
Waikato (coût : $17 million) et Capital Coast
Heath (coût : $26 million), tous deux
abandonnés par la suite. De même, le
Système National Intégré d'Enquête
Criminelle de la police zélandaise a révélé
comment le projet a été finalement
abandonné après avoir dépensé $100
millions de dollars (sur un budget total de la
police de $800 millions) et 10 années de
travail.
Des histoires pareilles peuvent être écrites
sur le Royaume Uni qui a subi une série de
catastrophes dans la mise en œuvre de
Volume 1 No 2, 2009
65
ABWA JOURNAL
projets de e-gouvernance. L'Agence de
Soutien à l'Enfant (Child Support Agency), le
système comptable du ministère de
l'intérieur, le bureau des passeports, la
connection pour la santé, les crédits d'impôt,
les avantages des cartes à puce sont tous
des souvenirs que l'industrie des IT ferait
mieux d'oublier. Il y a trois années, le Bureau
National de l'Audit britannique a réalisé une
revue du marché des IT en disant que
"l'expérience de l'échec des grands projets
IT a été caractérisée par des dépassements
de dépenses, des retards, de mauvaises
performances et des abandons de projets
très couteux." (NAO, 2003)
La page d'accueil internet du gouvernement
britannique a aussi connu une histoire
mouvementée (des hauts et des bas). Le
Directgov, la troisième tentative, a été lancé
en 2004 puis abandonné en 2005. En avril
prochain, un nouveau ministre le prendra en
charge et son budget va passer de £8 million
à £30 million par an. Actuellement, environ
quatre millions de personnes l'utilisent
chaque mois.
En Afrique, l'expérience est, en tout cas, le
pire en termes d'échec de e-gouvernance.
"Les évidences pointent toutes dans
une seule direction : vers un taux
élevé d'échec de projets de egouvernance en Afrique" (Heeks,
2002, page 11)
"Les systèmes d'information
échouent ou sous-performent plus
qu'ils ne réussissent dans le secteur
public en Afrique" (Peterson, 1998,
page 38)
"Le taux de succès des systèmes de
Association of Accountancy Bodies in West Africa
technologies d'information introduits
dans les agences d'Etat en Afrique a
été désespérément bas" (Berman and
Tettey, 2001, page 2).
Une des raisons de ces échecs est que
l'économie des investissements dans les IT
en Afrique est différente de celle réalisée dans
les pays développés la main d'œuvre est
relativement bon marché et les IT ne sont pas
disponibles localement, et les transports, etc.
rendent les IT plus chers à acheter et à
maintenir. La moyenne des salaires dans le
secteur public en Afrique peut être l'équivalent
du 10ième ou moins de celle des pays de
l'Occident ; la moyenne des coûts des TIC
peut être de deux à trois fois plus élevée. La eGouvernance et l'automation utilisant les
technologies des IT modernes revient à
remplacer des fonctionnaires bon marchés
avec des IT couteux. (Heeks, 2002)
"Traditionnellement, les TIC ont été utilisées
au sein du gouvernement en mode
'automation', en remplacement des procédés
du travail de bureau avec leur équivalent
numérique. Ce sont les éléments
fondamentaux pour la e-gouvernance.
Cependant, leur rendement en termes
d'économie de coûts financiers est sujet à
caution. Dans les pays du Nord, le
remplacement de la main d'œuvre couteuse
par des TIC bon marché peut réduire les
coûts, même ici la preuve des gains de
productivité reste limitée. Dans les pays en
développement, le remplacement de la main
d'œuvre moins chère avec des TIC couteuses
a peu de chance d'être justifié sur le plan
financier." (Heeks, 2002, page 5)
Toutefois, il existe bien évidemment d'autres
avantages potentiels aux gouvernements
Volume 1 No 2, 2009
66
ABWA JOURNAL
utilisant les IT, comme par exemple,
l'amélioration du contrôle et de la précision.
En Tanzanie par exemple, un système
intégré des ressources humaines et de paie
procède au paiement rapide des salaires par
la réduction des travailleurs fantômes et
fictif. (Heeks, 2001)
Plus les projets IT sont complexes, plus ils
sont risqués, mais l'un des principaux
avantages de ces projets est l'espoir pour un
changement extraordinaire dans la qualité
et la manière dont les services publics sont
délivrés. Ainsi, il existe un compromis entre
le changement et le risque associés aux
projets de e-gouvernance.
"Réduire le degré de changement peut
augmenter les chances de succès, mais
peut réduire les bénéfices organisationnels.
Inversement, en accroissant le degré de
changement peut réduire les chances de
succès mais peut augmenter les bénéfices
organisationnels si le changement se révèle
un succès. Ce compromis se fera sentir plus
particulièrement en Afrique. D'autre part, les
coûts d'opportunités de l'échec sont élevés
en raison de ressources disponibles limitées
telles que le capital et les travailleurs
qualifiés. Aussi, la pression pour le
changement et les bénéfices est élevée en
raison du fait que seuls les projets réussis
pourront apporter quelque espoir de
réduction des inégalités croissantes
actuelles entre l'Afrique et l'Occident."
(Kenny, 2001, cité dans Heeks, 2002, page
5)
L'un des aspects de la e-gouvernance qui a
été promu dans les secteurs publics en
Afrique a été le concept du Système Intégré
de Gestion Financière (SIGF). Cela implique
l'introduction d'un système financier unique
Association of Accountancy Bodies in West Africa
des IT pour le gouvernement. Ainsi chaque
ministère peut saisir et accéder à ses
informations et données financières dans un
système unique ; et le Ministre des Finances
est en mesure de contrôler les finances, les
paiements et les recettes de chaque ministère
de façon quotidienne. Cependant, ces
systèmes souffrent aussi d'un risque élevé de
défaillance.
Lors d'une présentation de la Banque
Mondiale vers la fin de l'année 2003, Bill
Dorotinsky a fourni un aperçu utile de
l'expérience de la banque dans le
financement de projets de Systèmes Intégrés
de Gestion Financière d'une valeur de plus de
$1 milliard au cours de la dernière décennie.
Le délai moyen d'achèvement était plus de
neuf ans pour les projets africains, et le coût
moyen des 34 projets de par le monde était de
$12.3 million. Si le succès est défini sur la
base du budget, du temps et des réalisations,
alors seulement 21% de ces projets peuvent
être considérés comme réussis. Une vue plus
sombre a été produite après l'évaluation des
mêmes projets par le personnel de la banque.
C'est dans seulement 6% de ces cas que les
projets sont considérés soutenables et ce
chiffre est encore plus faible pour l'Afrique que
les autres régions. (Wynne, 2005)
Un autre aspect de la e-gouvernance qui
devrait la rendre moins attractive pour les
pays en développement, y compris ceux de
l'Afrique, est l'accès relativement médiocre à
l'internet. Ainsi par exemple, en juin 2007
seulement 3.6% des Africains ont utilisé
l'internet comparé à plus de 20% pour le reste
du monde. Au Nigéria le taux de pénétration
de l'internet est seulement de 3.1% de la
population qui se révèle beaucoup mieux que
le Ghana (1.8%) ou l'Uganda (1.7%) et
Volume 1 No 2, 2009
67
ABWA JOURNAL
presque le même pour le Kenya (3.2%)
(Internet World Stats, 2007).
En termes de communication avec leurs
citoyens, les gouvernements devraient
savoir que d'autres technologies plus
traditionnelles peuvent être beaucoup plus
efficaces que l'internet. Ainsi donc, pendant
que moins de 5% des Nigérians ont accès à
l'internet, environ 90% ont accès à une
radio. Bien sur que l'accès à l'internet gagne
d'ampleur au Nigéria comme dans d'autres
pays, mais c'est aussi le cas de l'accès à la
téléphonie mobile comme le montre le
graphique ci-après de façon spectaculaire.
Cela montre que, en termes de
communication, le Gouvernement nigérian
serait conseillé de mette davantage l'accent
sur le contact avec ses citoyens via la
téléphonie mobile qu'en comptant sur
l'internet.
En outre, relativement peu de personnes qui
ont accès à l'internet l'utilisent pour accéder à
la e-Gouvernance. Seulement environ 25%
des utilisateurs d'Internet accèdent à la eGouvernance (Heeks, 2006). En plus,
certaines évidences indiquent que même
quand la e-gouvernance est introduite aux
gens, ils peuvent ne pas l'utiliser à nouveau.
Ainsi par exemple, une (petite) étude des
utilisateurs défavorisés aux Etats-Unis a
constaté que, à la suite d'une formation, deux
tiers ont visité le site internet du
gouvernement, mais pas un seul ait l'intention
de le faire à nouveau. (Sipior & Ward, 2005)
Ainsi, malgré les avantages attrayants
évidents des IT et de la e-Gouvernance, la
réalité semble beaucoup plus modeste. De
plus, sa très large adoption peut conduire à
"une 'e-Gouvernance de Séparation' qui
sépare de plus en plus les pays développés
des pays en développement, et les élites des
citoyens ordinaires au sein des pays en
développement." (Heeks, 2001, page 23)
Dans la dernière section principale de cet
article, nous allons examiner la manière dont
la promesse de la e-Gouvernance peut
commencer à devenir une réalité.
Que peuvent faire les gouvernements pour
la faire fonctionner ?
(Département pour le Développement
International, RU, 22 Août 2007)
Association of Accountancy Bodies in West Africa
Malgré le pessimisme possible de la section
précédente, certains pays, y compris ceux du
monde en développement, sont en train
d'utiliser avec succès la e-gouvernance pour
améliorer la qualité et l'efficacité de leurs
secteurs publics. Ceci peut être réalisé si trois
principales étapes sont suivies :
Volume 1 No 2, 2009
68
ABWA JOURNAL
"(1) identifier leur besoins des TIC
pour la e-gouvernance
(2) éviter les erreurs en s'inspirant
des leçons d'autres pays ; et
(3) concentrer le développement et
l'acquisition d'infrastructure sur
leurs besoins spécifiques" (Riley
& Sheridan, 2006).
Si la e-Gouvernance se veut une réussite,
ce planning doit prendre au sérieux les
principales différences entre l'Afrique et les
pays industrialisés. Ainsi, il a été affirmé que
:
1l'Information : l'information
formelle, quantitative stockée en
dehors de l'esprit humain est
moins valorisée en Afrique que
dans l'Occident.
2la technologie : l'infrastructure
technologique (télécommunications, réseaux, électricité)
est plus limitée et/ou plus vielle
en Afrique
3les processus : le travail et les
processus de prise de décision
sont plus contingents dans les
gouvernements africains en
raison d'un environnement plus
politisé et plus incertain.
4les objectifs et valeurs : les
organisations du secteur public
en Afrique seraient plus
susceptibles d'avoir des cultures
qui valorisent la loyauté envers
les proches, l'autorité, les
relations patron-client, le
holisme, le secret et l'aversion
pour le risque.
5la dotation en personnel et en
compétences : les gouvernements africains ont un nombre
très limité de compétences
Association of Accountancy Bodies in West Africa
6-
7-
locales sur un large éventail de
compétences. Ceci comprend les
compétences en systèmes
d'information pour la conception et
l'analyse de systèmes, les
compétences de mise en œuvre,
les compétences en matière
d'opérations y compris l'informatique et la familiarité avec les
langues occidentales qui
dominent le monde informatique. il
s'agit également d'un ensemble
plus large de compétences
couvrant la planification, la mise
en œuvre et la gestion des
initiatives de la e-gouvernance ; et
encore un plus large ensemble de
compétences relatives aux capacités analytiques et de prise de
décision et de bureaucratie.
les structures et systèmes de
gestion : les organisations du
secteur public africain sont plus
hiérarchisées et plus centralisées.
les autres ressources : les pays
africains ont moins d'argent. En
plus, comme indiqué ci-dessus, le
coût des TIC est plus élevé que
dans les pays industrialisés tandis
que le coût de la main d'œuvre est
moindre.
"Bien sur, ces éléments sont des stéréotypes.
On peut rencontrer de nombreux cas dans
lesquels ils sont inversés, et l'on peut trouver
de même d'importantes différences au sein
des pays industrialisés" (Heeks, 2002, page
16). Toutefois, l'examen de la validité de ces
différences et leur pertinence pour l'usage
effectif des IT et de la e-Gouvernance peut
aider à assurer une plus grande réussite à ces
approches en Afrique.
Volume 1 No 2, 2009
69
ABWA JOURNAL
Heeks (2001, page 23) a également
développé le modèle suivant qui inclut les
aspects fondamentaux nécessaires à la
réussite de la mise en œuvre de la eGouvernance dans les pays en développement.
Sur la base de recherche globale, le
Figure 5 : La Réponse Stratégique à la e-Gouvernance de Séparation du Sud
Construction
d’Infrastructure
Institutionnelle
Construction
d’Infrastructure
Technologique
Construction
d’Infrastructure de
Systèmes de
Données
Construction de
Connaissance et
d’Engagement
Construction de
Leadership et de
Pensée Stratégique
Construction de
e-Gouvernance pour
le Développement
Construction
d’Infrastructure
Humaine
Construction
d’Infrastructure
Législative
Secrétariat du Commonwealth a fait
plusieurs recommandations qui devraient
améliorer le gouvernement numérique et
spécialement les sites internet de
gouvernement. (West, 2006)
"1. Améliorer la conception générale
(embaucher un concepteur de
site internet pour toutes les
pages du gouvernement,
qu'elles aient une vue esthétique
cohérente ; offrir un
emplacement pour la réalisation
des prestations ; la publicité des
services sur les sites appropriés,
et éviter les couleurs trop
brillantes qui sont difficiles à
voir).
Association of Accountancy Bodies in West Africa
2. Utiliser des vitesses accélérées de
chargement des pages web (relier
les images en vue de permettre un
chargement plus rapide de la
page, et utiliser des cadres pour
augmenter la vitesse de
chargement des pages).
3. Tous les portails doivent avoir des
liens vers les sites internet des
ministères et il doit avoir des
connexions claires entre les pages
au sein d'une agence, ou entre
pagres de différentes agences).
4. Faciliter la navigation en réduisant
l'encombrement des annonces, ne
pas avoir de liens vers des pages
internes ouvertes dans une
nouvelle fenêtre, et en corrigeant
les fautes de frappe.
5. Une entière traduction de la page
d'un site internet
6. Eviter les fenêtres pop-up
(d'annonces) sur les sites internet
gouvernementaux. Si vous êtes un
site de gouvernement, le fait
d'avoir des fenêtres pop-up sape
la légitimité du site en raison du fait
de sa commercialisation ouverte
du site.
7. Les sites avec des services
d'utilisateurs doivent avoir une
politique de confidentialité et des
pages cryptées pour démontrer un
intérêt accru dans la protection
des utilisateurs du site et des
citoyens plutôt que de s'atteler à
protéger simplement les intérêts
du gouvernement. Il doit y avoir
une attention accrue sur le
développement des politiques de
confidentialité et de sécurité pour
Volume 1 No 2, 2009
70
ABWA JOURNAL
les utilisateurs des sites
gouverne-mentaux plutôt que de
simples désengagements
juridiques ou de droits d'auteurs
qui protègent les agences du
gouvernement et les
développeurs de sites.
8. Il devrait y avoir une plus grande
sensibilité en ce qui concerne le
niveau de langue et le
vocabulaire utilisés sur les site
internet du gouvernement parce
que un langage sophistiqué et
des mots difficiles peuvent
dissuader les utilisateurs ou
citoyens ayant un niveau
d'éducation faible ou peu
compétentes dans les langues
étrangères d'utiliser les sites.
9. B i e n q u e l e s r e s s o u r c e s
techniques et financières pour la
e-gouvernance dans les petits
pays peuvent être limitées, il doit
y avoir des efforts accrus pour
accommoder les sites internet du
gouvernement à l'usage des
citoyens, et non pas seulement
des investisseurs étrangers.
10. L'envoi de messages non désirés
dans les forums doit être contrôlé.
Par exemple, le forum de
tourisme de Djibouti a été hacké
et le site ne cesse d'ouvrir des
fenêtres pop-up.
11. Les informations sur les contacts
e-mail doivent être plus visibles et
les pays doivent consolider
certaines catégories pour alléger
le nombre de liens sur la page de
garde (ou la première page).
12.La section des questionsréponses sur les sites internet du
Association of Accountancy Bodies in West Africa
gouvernement doit comporter
une forme ou des moyens de
contact pour de nouvelles
questions-réponses.
13. Il y a lieu de mettre à jour les sites
internet plus fréquemment. Si un
citoyen réalise qu'un site internet
n'a pas été mis à jour ou maintenu
récemment, il peut croire que la
plupart des informations ne sont
pas à jour et peut ne même pas se
donner la peine de consulter le
site. Il est important de corriger
les informations, les liens, et
mettre le citoyen à jour sur ce qui
se passe dans le ministère ou le
pays. Le site internet de Fidji par
exemple n'a pas été mis à jour
depuis la flambée de SRAS il y a
quelques années.
14. Dans de nombreux pays, il existe
une divergence entre le contenu
du site écrit en langue locale et en
langue étrangère. Il doit y avoir un
effort accru de traduction de leurs
sites et d'ajouter plus de contenu
à d'autres parties du site".
Plus généralement, l'OCDE a produit
l'ensemble de principes directeurs suivants
pour une réussite de l'engagement en ligne
entre les gouvernements et leurs citoyens
(Riley, 2003)
Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
Guide
(1) commencer la
planification tôt
(2) démontrer de
l’engagement
(3) garantir la protection des
données personnelles
(4) Ajuster votre approche
pour accommoder le groupe
cible
(5) inté grer l’engagement en
ligne avec les méthodes
traditionnelles
(6) tester et adapter vos outils
(7) promouvoir votre
engagement en ligne
(8) analyser les résultats
(9) fournir de feedback
(10) évaluer le processus
d’engagement et ses impacts
Détails
Durée, participants, information préparatoire, formats des
intrants acceptables, utilisation des intrants acceptables.
Soutien de haut-niveau, aperçu des buts, accord de
publication des résultats, explication des intentions
d’utilisation
Garantir et assurer la sécurité des données, la confidentialité
des données, la confidentialité et même l’anonymat des
données (si désiré)
Sélectionner les participants appropriés, ajuster les sessions
au groupe, fournir de soutien supplémentaire le cas échéant
(invalidité, etc.)
Utiliser des méthodes complémentaires telles que les tables
rondes publiques, les focus groupes, et des sites internet
dédiés pour fournir de canaux multiples
Avant le lancement, il faut assurer que les outils (logiciels,
questionnaire, etc.) fonctionnent, et les modifier sur la base
des suggestions des utilisateurs
Utiliser les conférences de presse, la publicité, les lie ns
internet, les e-mails, et les affiches pour créer de la
sensibilisation et du soutien
Engager les moyens nécessaires (temps, ressources,
expertise) pour assurer que les résultats sont compris et
intégrés pour l’utilisation.
Publier les résultats de l’engagement en ligne dès possible,
préciser les prochaines étapes, expliquer les usages des
intrants d’engagement
Faire une "leçon apprise" après le processus d’engagement
pour évaluer le choix des participants, le niveau de
satisfaction, la qualité des intrants.
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Volume 1 No 2, 2009
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ABWA JOURNAL
Conclusion
"La e-gouvernance est difficile à mettre en
œuvre, gérer et souvent échoue" (Heeks,
2006, page 10)
En dépit de ce fait, la plupart des
gouvernements ont maintenant un site
internet et beaucoup sont en train d'y investir
de ressources considérables dans l'espoir
de récolter les avantages de la egouvernance. Les leçons de cette
expérience doivent être apprises avec
attention pour assurer que le plein potentiel
de cet investissement se réalise.
La e-Gouvernance est basée sur les
systèmes d'information assis dans un vaste
contexte de personnes, de management,
d'agences publiques, de fournisseurs de IT,
de politique, d'économie et de cultures. Pour
être une réussite, la e-gouvernance doit être
gérée au sein de ce vaste environnement. La
e-gouvernance n'est pas de e-business ; les
solutions et les idées du secteur privé ne
peuvent donc pas être simplement
transposées dans le secteur public. De
même, le Nigéria n'est pas le Royaume Uni.
Ce qui peut être un succès au Royaume Uni
peut ne pas l'être au Nigéria. Une
planification minutieuse est nécessaire pour
s'assurer que les bénéfices supposés des
investissements dans la e-gouvernance sont
réalisés.
"L'Afrique nécessite des solutions de
haute technologie comme les
satellites et de basse technologie
comme les radios (jouets), et de
télécentres communautaires à faibles
coût où les gens pauvres peuvent
téléphoner et recevoir des fax ou
email".
Ces principes généraux s'appliquent aussi à
la comptabilité du secteur public et à
l'utilisation de la e-Gouvernance. L'internet
peut donner accès à une grande quantité
d'informations sur la finance du gouvernement et ainsi permettre aux citoyens
individuels d'examiner les aspects qui les
intéressent plus particulièrement. Mais dans
le même temps, l'affichage des informations
budgétaires des écoles et des centres de
santé, ou l'utilisation de la radio ont prouvé
leur contribution significative à la réduction
des fuites de ressources et assurer que ces
écoles et centres de santé aient reçu les
fonds qui leur sont alloués.
Cet article est le texte de l'allocution
prononcée par l'auteur à la conférence
ICAN 2007 à Abuja, au Nigeria.
La e-Gouvernance est un ensemble d'outils
dont les IT et l'internet ne constituent qu'une
partie. Une attention particulière doit être
accordée au choix de la technologie
appropriée qui fonctionnera dans
l'environnement local. En conséquence, la
Banque Mondiale (2000, page 154) affirme
que :
Association of Accountancy Bodies in West Africa
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ABWA JOURNAL
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I-Network http://www.iicd.org/
I-Network is an ICT for development (ICT4D) organization that is mainly supported by the
International Institute for Communication and Development (IICD). I-Network was established in
2002 and now has over 800 registered 'members' from the public, private and civil society
sectors.
http://www.iicd.org/
Gauld, Robin and Shaun Goldfinch with Tony Dale (2006): Dangerous Enthusiasms: Egovernment, Computer Failure and Information System Development, Dunedin, New Zealand,
Otago University Press, 160 pp $39.95
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ABWA JOURNAL
International Journal of Critical Accounting
Editeur :
Professeurs Aida Sy et Tony Tinker
Appel à Articles pour publication
Edition Spéciale portant sur les Etudes Comptables Africaines
Rédacteur en Chef Invité : Dr. Charles Elad
a recherche critique est une tradition d'érudition qui dépend de l'ouverture aux nouvelles
perspectives et expériences en vue d'une revitalisation continue de la connaissance.
Cette édition spéciale appelle à des contributions inspirées par l'histoire, la culture et
l'érudition africaines. Les contributeurs sont invités à interpréter cet appel à articles au sens large
du terme ; et à tirer de la diversité de leurs propres expériences historiques et contemporaines
afin de présenter leur propre formulation de la « critique ».
L
Sont appelées des soumissions abordant tous les domaines de la comptabilité africaine : la
Gouvernance d'Entreprise ; l'Histoire de la Comptabilité (en Afrique) ; les évènements
tumultueux dans les périodes d'Inflation et des Marchés ; Loi, Règlementations, Ethique ; la
Globalisation ; Le Réchauffement Climatique ; La Recherche Comportementale et du Genre ;
l'Intérêt Public ; la Fiscalité ; l'Audit ; la Fraude ; la Corruption ; la Crise de Sub-prime ; les Effets
des Programmes d'Ajustement Structurels de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire
International ; les Normes Internationales des Rapports Financiers ; le Rôle des Grande
Entreprises en Afrique, etc.
La date limite de réception des manuscrits est fixée au 31 Mai 2009. La copie électronique des
soumissions doit être au format MS Word, et doit comporter les noms, adresse, email, téléphone
et numéro de FAX de tous les auteurs (c'est à dire l'auteur de correspondance), et doit être
envoyée à toutes les personnes ci-après :
Dr. Charles Elad: [email protected]
Professeur Aida Sy: [email protected]
Professeur Tony Tinker: [email protected]
Dr. Charles Elad
Enseignant en Comptabilité & Finance
Westminster Business School
Université de Westminster
35 Marylebone Road
London, NW1 5LS
Tél: +44 (0) 207 911 500 Fax: +44 (0) 207 911 5839
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