L`activité physique chez le patient dialysé
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L`activité physique chez le patient dialysé
N° 21 - mars 2012 sommaire Activité physique chez le patient dialysé Pour les personnes en bonne santé, le sport est un loisir vecteur de bien-être, de performances voire de dépassement de soi. Le sport chez HOH Congrès Strasbourg Alors qu’il apparaît comme inaccessible à bon nombre de patients, des équipes médicales développent aujourd’hui des stratégies de traitement multidisciplinaires pour proposer une meilleure prise en charge du patient chronique en plaçant son bien-être physique et psychologique au cœur de leurs préoccupations. PUBLIS EN BREF édito Nous présentons dans ce numéro l’expérience de deux centres de dialyse qui ont mis en œuvre des programmes de développement de l’activité physique pour les patients dialysés intégrés à leur thérapie. Les bénéfices retirés, qui présentent un intérêt pour le patient et pour son traitement, méritent d’être soulignés. Imaginer la dialyse de demain et la prise en charge globale des patients, c’est le grand défi des années à venir. Guy LESTRADE - Président L’activité physique chez le patient dialysé Pédalage pendant la séance de dialyse L’exercice physique est recommandé dans la population générale, quel que soit l’âge, mais également chez les patients souffrant de maladie rénale chronique. Chez les patients dialysés, une surmortalité est observée chez les sédentaires. Plusieurs études ont démontré la faisabilité d’un programme d’exercice et les bénéfices obtenus. D’un point de vue cardio-vasculaire, un programme d’exercice aérobie tel que le pédalage sur une période de 2 à 6 mois permet une augmentation significative de la VO2 max et une amélioration des tests fonctionnels tels que le test de marche de 6 min mais aussi une amélioration du contrôle tensionnel, une diminution de la rigidité artérielle et une réduction du risque de mort subite. L’activité physique améliore également de façon significative la qualité de vie, avec en particulier une augmentation des scores physiques du questionnaire SF36 et diminue la dépression. L’exercice peut être réalisé pendant la séance de dialyse avec pour intérêt d’améliorer l’adhésion au programme et d’utiliser ce temps d’inactivité qui participe au déconditionnement. Il est également possible de proposer un programme en dehors des séances, et de combiner les deux. En dépit de ces résultats, très peu d’équipes ont mis en place dans les unités de dialyse des évaluations de l’activité physique systématiques et des programmes d’exercice. Cela tient à un manque de connaissance des néphrologues dans ce domaine, une crainte de refus des patients et de risques éventuels alors qu’aucun incident n’a été rapporté. La prise en charge de l’activité physique doit se généraliser, au même titre que la prise en charge des autres facteurs de risque chez les patients dialysés. L’expérience que nous avons menée dans le centre de dialyse de l’hôpital Foch a confirmé la faisabilité de ce type de prise en charge en pratique courante. Neuf patients âgés (moy. 75,9 ans) ont accepté de faire une séance de pédalage de 30 min durant chaque séance d’hémodialyse pendant 6 mois. Nous avons utilisé «un entraîneur thérapeutique» (Motomed Letto) qui est une bicyclette pouvant être positionnée au lit du patient. Le niveau de résistance était adapté aux Vous souhaitez recevoir HOH en bref en avant-première par e-mail, faites-le nous savoir : [email protected] des scores physiques. Les patients ont exprimé leur satisfaction, une amélioration de la qualité de leur marche et de leur capacité à mener les activités de la vie quotidienne. Le pédalage a été poursuivi en routine chez la majorité d’entre eux et a été proposé aux nouveaux patients qui le souhaitaient. Deux patients de 75 et 82 ans ont bénéficié d’une transplantation rénale avec un retour à domicile moins de 10 jours après la transplantation avec une complète autonomie. > Pédalage pendant la séance de dialyse capacités de chaque patient et si besoin, souvent au démarrage, le pédalage pouvait être assisté électriquement. Le programme était entièrement conduit par l’équipe de dialyse. Passé l’effet de surprise, aussi bien de la part des patients que de l’équipe soignante, l’adhésion au programme a été bonne et 6 patients ont participé très activement et régulièrement en augmentant très progressivement leur effort. Aucun incident n’est survenu. A 6 mois, nous avons observé une nette amélioration des scores de qualité de vie et en particulier Cette expérience illustre la faisabilité d’un programme de pédalage pendant les séances de dialyse dans un centre d’hémodialyse prenant en charge des sujets âgés, encadré par l’équipe soignante, et confirme le bénéfice en terme d’amélioration de la qualité de vie et de maintien de l’autonomie chez ces patients. Les frais se limitent à l’achat du système de pédalage qui, dans notre cas, était relativement coûteux, mais il en existe des plus simples peu onéreux. Reste à convaincre les équipes de l’intérêt d’une telle démarche, ce qui dans notre expérience a été vite démontré par la satisfaction exprimée par les patients. Nous avons également constaté un changement positif dans la relation entre l’équipe soignante et les patients mais aussi entre les patients ayant participé qui se sont sentis valorisés par cette expérience. Dr Anne Kolko Programme d’activité physique : expérience de l’AURAD Aquitaine Les patients dialysés ont une activité physique (AP) faible, à un degré tel qu’ils sont encore moins actifs que la population générale en bonne santé sédentaire. Ceci est illustré par de nombreuses études et quel que soit le mode de mesure de l’AP, par questionnaire comme dans l’étude DOPPS(1) ou avec des outils comme les podomètres(2). Dans DOPPS, en France, 60 % des patients ne font jamais d’exercice ou moins d’une fois par semaine. Dans notre expérience, la dépense énergétique consacrée à l’AP mesurée chez 51 patients en auto-dialyse n’est que de 389 ± 395 kcal/jour. Cette sédentarité augmente le risque de mortalité déjà élevé de ces patients. Ainsi, dans l’étude DMMS2 (Dialysis Morbidity and Mortality Study Wave 2), sur 4024 patients dialysés incidents, le risque de décès à 1 an était de 11 % chez les sédentaires versus 5 % chez les non sédentaires(3). A l’inverse, l’AP est associée à une meilleure qualité de vie et à un meilleur pronostic chez les dialysés (1,4). La mise en place de programmes visant à encourager l’AP régulière est ainsi logiquement recommandée chez les patients souffrant de maladie rénale chronique(5,6). Pour autant, peu de centres mettent en place de tels programmes : dans une enquête auprès de 505 néphrologues américains, Johansen a montré que, bien que 97 % estiment l’AP bénéfique pour les patients dialysés, seuls 38 % l’évaluent et 5 % ont mis en place un programme (7). Les obstacles identifiés sont nombreux, tant du côté du patient (absence de motivation, fatigue, dépression, maladie, absence d’encouragement par l’équipe, bénéfices potentiels non connus), que du côté du staff soignant (absence de conviction, manque de temps, de moyens ou de compétences). Les recommandations pour l’AP chez les patients IRC sont celles énoncées pour la population générale adulte âgée, telles que définies par l’AHA/ACSM (American Heart Association/American College of Sports Medicine) et les programmes doivent en principe comprendre des activités aérobies, des exercices de renforcement musculaire, de souplesse et d’équilibre(6,8). En pratique, un programme d’AP pour les patients dialysés commence par une évaluation de l’AP. On peut utiliser pour cette évaluation différents outils et tests : ■ questionnaires type IPAQ (International Physical Activity Questionnaire)(9), ■ les podomètres qui permettent de quantifier l’activité quotidienne de marche et/ou les accéléromètres qui permettent de mesurer le temps consacré à l’AP et d’estimer la dépense énergétique totale et celle liée à l’AP, ■ le test de marche de 6 minutes qui permet d’évaluer la VO2 et permet de remplacer les tests d’effort, souvent moins accessibles, ou moins réalisables en particulier chez les sujets âgés, ■ les dynamomètres pour évaluer la force musculaire, ■ des tests d’équilibre, statique et dynamique. Cette évaluation est idéalement réalisée par un professionnel connaissant l’activité physique adaptée aux patients, type enseignant en APA, rééducateur fonctionnel ou par un kinésithérapeute. Différents types de programmes ont été mis en place à ce jour. Les programmes supervisés dans des centres de réhabilitation ont montré de bons résultats sur l’endurance et les performances musculaires (10) ; ils imposent évidemment un temps de transport au patient pour s’y rendre, ce qui explique pour une part au moins, leur plus fort taux d’abandon. L’entraînement physique peut aussi se dérouler à domicile. Patricia Painter propose à cet effet un guide didactique d’exercices pour les patients insuffisants rénaux, disponible gratuitement à l’adresse suivante : http://www.lifeoptions.org/catalog/pdfs/booklets/ exercise.pdf. Certains centres préfèrent les programmes avec exercice pendant les séances de dialyse, soit sur ergocycles(11,12), soit au moyen de bandes élastiques(13). A l’AURAD Aquitaine, nous proposons aux patients dialysés qui le souhaitent, un programme d’AP conduit par un enseignant en Activité Physique Adaptée (APA). Le programme commence par un entretien avec l’éducateur physique spécialisé visant à déterminer la place de l’activité physique dans la vie du patient ainsi que les éléments facilitant ou limitant sa mise en place. Cette première consultation permet une évaluation complète initiale. Il utilise pour cela le questionnaire GPAQ, qui permet d’obtenir des informations sur la pratique d’activité physique dans 3 domaines (activités au travail, activités de loisir et les déplacements quotidiens) et sur les comportements sédentaires. Il fait passer au patient un test d’endurance (test de marche de 6 minutes), un jour de non dialyse. Le patient passe également des tests d’équilibre statique et un test dynamique, tirés de la batterie de tests HEPA-UKK de l’étude Eval’Forme ; le choix des tests sera adapté à l’âge et aux pathologies ostéo-articulaires des patients. Une évaluation de la force de préhension de chaque membre supérieur est réalisée au moyen d’un dynamomètre. Le questionnaire KDQOL 36 d’évaluation de la qualité de vie sera administré au patient à l’inclusion. Une évaluation de la composition corporelle est faite au moyen du BCM (Fresenius Medical Care®), ainsi qu’un recueil de paramètres biologiques nutritionnels. Au cours de cette première consultation, le patient se verra remettre un podomètre et un carnet de marche visant à mesurer le nombre de pas effectués, idéalement, pendant une semaine. Le patient est revu en consultation une seconde fois par l’éducateur physique spécialisé. Le bilan initial est commenté (données des tests réalisés à la première consultation + relevés du podomètre et du carnet de marche, qui auront été récupérés avant cette consultation, par mail ou apportés par le patient un jour de > Atelier de marche nordique dialyse). A l’issue de ce bilan initial, l’éducateur physique propose au patient un projet personnalisé d’activité physique : il commente les résultats des différents tests et mesures, l’aide à comprendre et analyser les facteurs empêchant la mise en place d’une AP régulière et établit les nouveaux objectifs d’activité physique hebdomadaire en fonction de ce qui aura été mesuré, en proposant un accompagnement adapté au patient. Les exercices seront pratiqués en dehors des > Atelier de sensibilisation à l’activité physique séances de dialyse. Des sessions de groupe, type atelier de marche nordique, sont aussi régulièrement proposées. Le suivi est assuré par des consultations ou des contacts téléphoniques ou électroniques lorsque les patients habitent loin. Une réévaluation complète est prévue tous les 6 mois. Cinquante et un patients ont ainsi bénéficié d’une consultation initiale avec évaluation : le nombre de pas par jour des patients était de 5732±2084 ; l’activité physique initiale était de 1417±1404 MET-min/ sem. A ce jour, 12 patients (23 %) ont suspendu le programme, 6 par choix, 6 autres pour des raisons médicales intercurrentes. Tous les patients ayant suivi le programme, sauf un, ont augmenté leur AP. Chez ceux qui ont été évalués une seconde fois, l’activité physique est mesurée à 2596±1695 MET-min/sem. Les patients dialysés, nous l’avons vu, sont très sédentaires et cette sédentarité est un facteur de mauvais pronostic et de surmortalité. A l’inverse, l’activité physique de ces patients est tellement faible que la moindre augmentation est bénéfique. Il est cependant possible, comme le prouve notre expérience à l’AURAD ainsi que celle d’autres équipes, de diminuer la sédentarité de ces patients, au moyen de programmes d’activité physique. Quelles que soient les modalités de tels programmes, en groupe ou en individuel, pendant ou en dehors des séances de dialyse, les éléments de réussite sont l’inscription de l’activité physique dans la politique du centre, l’individualisation et l’accompagnement(6). La motivation de l’équipe autour du patient est indispensable et l’activité physique doit s’inscrire dans la politique du centre. Il faut changer de culture dans le traitement des patients insuffisants rénaux, d’une part en leur délivrant un message clair à ce propos, d’autre part en mettant l’activité physique dans le plan de soin du patient, de façon «routinière», en l’évaluant et en incitant les patients à la pratiquer. L’individualisation de cette prise en charge et l’accompagnement du patient permettent d’obtenir le maximum d’adhésion de sa part. Dr Catherine LASSEUR - AURAD Aquitaine 1- Tentori F, Elder SJ, Thumma J, Pisoni RL, Bommer J, Fissell RB, et al. Physical exercise among participants in the Dialysis Outcomes and Practice Patterns Study (DOPPS): correlates and associated outcomes. Nephrology Dialysis Transplantation. 2010 Sep.;25(9):3050–3062. 2- Zamojska S, Szklarek M, Niewodniczy M, Nowicki M. Correlates of habitual physical activity in chronic haemodialysis patients. Nephrol Dial Transplant. 2006 May;21(5):1323– 1327. 3- O’Hare AM, Tawney K, Bacchetti P, Johansen KL: Decreased survival among sedentary patients undergoing dialysis: results from the dialysis morbidity and mortality study wave 2. Am J Kidney Dis 41:447–454, 2003 4- Segura-Orti E, Johansen KL. Exercise in end-stage renal disease. Seminars in dialysis. 2010 Jun.;23(4):422–430. 5-K/DOQI Clinical Practice Guidelines for Cardiovascular Disease in Dialysis Patients. National Kidney Foundation. Am J Kidney Dis 2005;45 :S1-S154. 6- Painter P. Implementing Exercise: What Do We Know? Where Do We Go? Advances in chronic kidney disease. 2009 Oct. 1;16(6):536–544. 7- Johansen KL, Sakkas GK, Doyle J, Shubert T, Dudley RA. Exercise counseling practices among nephrologists caring for patients on dialysis. Am J Kidney Dis. 2003 Jan.;41(1):171–178. 8- Kosmadakis GC, Bevington A, Smith AC, Clapp EL, Viana JL, Bishop NC, et al. Physical exercise in patients with severe kidney disease. Nephron Clin Pract. 2010;115(1):c7–c16. 9- Hagströmer M, Oja P, Sjöström M. The International Physical Activity Questionnaire (IPAQ): a study of concurrent and construct validity. Public Health Nutr. 2006 Sep.;9(6):755– 762. 10- Kouidi E, Grekas D, Deligiannis A, Tourkantonis A. Outcomes of long-term exercise training in dialysis patients: comparison of two training programs. Clin. Nephrol. 2004 May;61 Suppl 1:S31–8. 11-1. Besnier F, Laruelle E, Genestier S, Gié S, Vigneau C, Carré F. Effets d’un réentraînement à l’effort sur ergocycle pendant les séances de dialyse chez les insuffisants rénaux chroniques hémodialysés : intérêt d’un travail individualisé au premier seuil ventilatoire. Nephrol Ther in Press 12- Kouidi EJ, Grekas DM, Deligiannis AP. Effects of Exercise Training on Noninvasive Cardiac Measures in Patients Undergoing Long-term Hemodialysis: A Randomized Controlled Trial. Am J Kidney Dis. 2009 Aug. 25;54(3):511–521. 13- Bullani R, El-Housseini Y, Giordano F, Larcinese A, Ciutto L, Bertrand PC, et al. Effect of Intradialytic Resistance Band Exercise on Physical Function in Patients on Maintenance Hemodialysis: A Pilot Study. Journal of Renal Nutrition. 2011 Jan. 1;21(1):61–65. Le sport chez Hemotech Nous avons la chance de compter dans notre équipe des sportifs talentueux et modestes qui participent régulièrement à des courses de Marathon en France et à l’étranger. Quelques résultats 2011 Leur entrain et leur dynamisme motivent l’ensemble des collaborateurs HOH qui, pour ne pas les laisser courir seuls, participent depuis 2009 au marathon par équipe de Toulouse : sportifs et supporters se retrouvent pour un moment d’effort et de convivialité partagés. Nous innoverons en 2012 en participant à un triathlon par équipe où de nouveaux talents pourront s’exprimer. Geneviève Jourdin - New York 3h38 Pascal Barret - Paris 3h35 Pierre Cerruti - Nice, 4h30 Daniel Galipot - Paris 3h50 Anthony Larmet - La Rochelle 3h06 Congrès “Diabète, obésité, syndrome métabolique et rein” 230 participants réunis à Strasbourg en décembre dernier ont pu apprécier ce programme de grande qualité. Les conférences sont disponibles sur clé USB. Contact [email protected] Hemotech s’engage à poursuivre sa contribution à la formation des néphrologues, en soutenant des réunions scientifiques de haut niveau marquées par l’attractivité et l’interactivité des programmes, axés sur leur pratique quotidienne. Note au lecteur La bibliographie indispensable sur activité physique et maladie rénale est contenue dans l’article de Catherine Lasseur. Ce mois-ci, la revue de la littérature apporte un complément de références «inédites», «intéressantes», «récentes» ou portant sur d’autres aspects bénéfiques de l’activité physique. 1- Activité physique ou jeux vidéo Chaput J-P, Visby T, Nyby S, Klingenberg L, Gregersen NT, Tremblay A, et al. Video game playing increases food intake in adolescents: a randomized crossover study. American Journal of Clinical Nutrition. 2011 Apr. 13. a. Mathieu ME, Kakinami L. Active video games could be the solution to the increased energy intake reported with sedentary video games. American Journal of Clinical Nutrition. 2011 Sep. 20;94(4):1150–1151. Pour augmenter l’activité physique, tout est bon. On oppose souvent, en particulier chez l’ado, télé-vidéo et activité physique. Depuis l’apparition de Wii ou Kinnect, tout change ! Rapports d’experts et études sur le sujet sont contradictoires. Tout dépend du but à atteindre (perte de poids chez l’adolescent obèse ou maintien d’un poids idéal malgré une faible AP à l’extérieur). Jouer à un jeu vidéo augmente la dépense énergétique, probablement via une augmentation du stress mental. Cette dépense est souvent compensée par l’ingestion dans le même temps de barres chocolatées ou confiseries diverses. On pourrait donc supposer que des jeux vidéo “actifs“ tels que Wii peuvent augmenter la perte et limiter l’apport en calories. Les études métaboliques montrent cependant que d’autres facteurs interviennent, en particulier la baisse des activités extérieures. Par ailleurs, la dépense reste limitée : seulement 32 % des activités proposées par Wii Sport dépassent les 3 METs. Pour augmenter son AP et sa dépense énergétique, il est donc préférable de continuer à sortir ! 2 - AP chez le patient hémodialysé : étude multicentrique internationale Avesani CM, Trolonge S, Deleaval P, Baria F, Mafra D, Faxen-Irving G, et al. Physical activity and energy expenditure in haemodialysis patients: an international survey. Nephrology Dialysis Transplantation. 2011 Dec. 15. Le patient hémodialysé est sédentaire, cela est connu depuis longtemps. Quels sont les facteurs qui favorisent la diminution de l’AP ? Les réponses sont variables selon les études en raison de la diversité des populations étudiées, des différentes techniques de dialyse et des méthodes d’évaluation de l’AP. Les principales équipes qui utilisent un moniteur de l’activité en continu sur plusieurs jours (Armband Senswear) ont mis en commun leurs résultats afin de mieux apprécier les différents facteurs : jours de dialyse, âge, BMI, comorbidités… La population est bien sédentaire avec moins de 7500 pas/ jour. Le diabète et l’IMC sont les facteurs les plus prédictifs, en dehors de l’âge avancé, d’une plus grande inactivité. Le jour de dialyse est aussi un facteur aggravant sans que puisse être mise en cause la fatigue post dialyse, le temps de traitement, d’attente et de transport. On peut encourager une activité régulière, y compris les jours de dialyse et pendant la séance de dialyse. 3 - Promotion de l’activité physique en médecine de ville : efficace ? Pavey TG, Taylor AH, Fox KR, Hillsdon M, Anokye N, Campbell JL, et al. Effect of exercise referral schemes in primary care on physical activity and improving health outcomes: systematic review and meta-analysis. BMJ. 2011 Nov. 6;343(nov04 2):d6462–d6462. a. Williams NH. Promoting physical activity in primary care. BMJ. 2011 Nov. 6;343(nov04 2):d6615–d6615. b. Smith AW, Borowski LA, Liu B, Galuska DA, Signore C, Klabunde C, et al. U.S. Primary Care Physicians’ Diet-, Physical Activity-, and Weight-Related Care of Adult Patients. American Journal of Preventive Medicine Elsevier Inc.; 2011 Jul. 1;41(1):33–42. Toucher le plus grand nombre y compris les personnes atteintes de maladie chronique, c’est le but de la campagne de promotion de l’activité physique via des programmes généraux et des plaquettes promotionnelles. Le médecin généraliste est au plus proche de cette population, mais quelle est l’efficacité de tels programmes ? Une méta-analyse a été publiée dans le BMJ. Peu de programmes randomisés ont pu être inclus (8 programmes, 5200 patients). Il s’agit de programmes promotionnels et interventionnels avec activité programmée et coaching par mail ou téléphone. L’effet sur l’augmentation de l’AP est «modéré», plus significatif sur la qualité de vie et la dépression. Il y a probablement plus d’avantages sur les programmes ciblés sur des pathologies chroniques, bien que dans cette étude l’effet à long terme ne soit pas évalué que sur l’activité mais aussi sur les marqueurs cliniques. Le pourcentage d’abandon est élevé à moyen terme. A lire sur ce thème une étude sur l’attitude des médecins généralistes aux USA en ce qui concerne la promotion du régime et de l’AP. Il est probable qu’il en est de même en France et plus encore chez le néphrologue : un échantillon représentatif de 1200 médecins a été interrogé sur la façon dont ils gèrent la diététique, le contrôle du poids ou l’AP. 50 % ne notent pas l’IMC. Moins de 50 % donnent des conseils sur la diététique et/ou l’activité physique alors que 70 % auront prescrit un traitement médicamenteux pour traiter le surpoids … En bref, avant de motiver le patient, il faut motiver le médecin et la structure, de l’intérêt de la mise en place de programmes diététiques ou d’activité. 4 - Relation AP - dénutrition inflammation Anand S, Chertow GM, Johansen KL, Grimes B, MD MKT, MD LSD, et al. Association of Self-reported Physical Activity With Laboratory Markers of Nutrition and Inflammation: The Comprehensive Dialysis Study. Journal of Renal Nutrition. National Kidney Foundation, Inc.; 2011 Nov. 1;21(6):429–437. La CDS study est une étude observationnelle de l’USRDS à partir d’un échantillon de patients entrant en dialyse. Le niveau d’activité physique est évalué en même temps que les marqueurs nutritionnels. L’âge moyen est de 61 ans et l’albuminémie de 35 g/L. 50 % des patients débutent la dialyse avec un cathéter. Albumine et préalbumine sont indépendamment associées à l’AP. La CRP est inversement associée à l’AP. Reste à démontrer dans des études prospectives si l’amélioration des marqueurs nutritionnels est associée à une augmentation de l’AP ou si un programme d’AP chez le patient entrant en dialyse est susceptible d’améliorer le statut nutritionnel ou inflammatoire. 5 - Relation AP – Mortalité dans la population générale Wen CP, Wai JPM, Tsai MK, Yang YC, Cheng TYD, Lee M-C, et al. Minimum amount of physical activity for reduced mortality and extended life expectancy: a prospective cohort study. Lancet. Elsevier Ltd; 2011 Oct. 1;378(9798): 1244–1253. Il peut sembler évident qu’il existe une relation, encore faut-il le démontrer à grande échelle. Une étude publiée dans le Lancet en 2011 inclut une cohorte prospective de 416 175 sujets entre 1996 et 2008 et suivis pendant 8 ans. 92 minutes par semaine ou 15 minutes par jour sont associées à une diminution du risque de mortalité de 14 %. Le risque est réduit de 4 % par 15 minutes supplémentaires. 6 - Yoga et douleurs Posadzki P, Ernst E, Terry R, Lee MS. Is yoga effective for pain? A systematic review of randomized clinical trials. Complementary Therapies in Medicine 2011 Oct.;19(5):281–287. Pour ceux qui s’intéressent aux médecines intégratives et aux méthodes de prise en charge alternatives, une revue de la littérature sur 7 - Diététique et activité physique chez le patient diabétique : une évidence ? Andrews RC, Cooper AR, Montgomery AA, Norcross AJ, Peters TJ, Sharp DJ, et al. Diet or diet plus physical activity versus usual care in patients with newly diagnosed type 2 diabetes: the Early ACTID randomised controlled trial. Lancet. 2011 Jul. 9;378(9786):129–139. Augmenter l’AP chez le patient diabétique est incluse dans toutes les recommandations. Plusieurs études utilisant un programme d’exercice aérobie ou de résistance, démontrent l’intérêt d’une telle démarche sur le bon contrôle du diabète et la baisse des taux de l’HbA1c. Les études sont souvent de courte durée chez des patients diabétiques connus. L’étude prospective contrôlée “Early ACTivity In Diabetes“ analyse l’effet complémentaire d’un programme d’AP à un programme de diététique renforcé chez des patients diabétiques type 2, nouvellement diagnostiqués. Le programme renforcé permet d’obtenir sur un an une baisse du poids de 5 à 10 % et son maintien sur 1 an. Le programme diète + AP rajoute 30 minutes par jour d’AP au moins 5 jours par semaine. L’observance au programme est satisfaisante avec une augmentation de l’AP de 17 %, la sédentarité a diminué de 34 à 17 % (moins de 5000 pas/jour) et le % de patients actifs (plus de 10 000 pas) a doublé. Le régime renforcé montre une supériorité sur la prise en charge standard sur tous les paramètres, dont le taux d’HbA1c. Le programme d’AP n’apporte pas de bénéfice supplémentaire. Les auteurs supposent que soit le programme n’était pas d’intensité suffisante pour apporter un bénéfice supplémentaire, soit l’association d’emblée des 2 programmes dilue les effets bénéfiques de chacun. 8 - Activité physique chez la personne âgée : effets cardiaques Nguyen PK, Terashima M, Fair JM, Varady A, Taylor-Piliae RE, Iribarren C, et al. Physical Activity in Older Subjects Is Associated With Increased Coronary Vasodilation. JCMG. Elsevier Inc.; 2011 Jun. 1;4(6):622–629. On suppose que l’augmentation de l’activité physique est bénéfique pour le cœur ! Cela a été démontré chez le sportif qui améliore sa réponse vasodilatatrice coronaire après test à la nitroglycérine. En est-il de même après 65 ans ? La réponse coronaire à la NTG a été mesurée par RMN chez 212 personnes âgées (moyenne 66 ans) participant à l’étude ADVANCE et sans pathologie cardio-vasculaire connue. L’AP est évaluée par le questionnaire Stanford PARQ qui permet d’estimer la dépense énergétique journalière chez la personne âgée. Le maintien d’une bonne activité physique (au moins une heure de marche/jour) est associé à une plus grande réponse vasodilatatrice et confirme le bénéfice attendu de l’AP chez la personne âgée. 9 - Motiver le patient Mâsse LC, Nigg CR, Basen-Engquist K, Atienza AA. Understanding the mechanism of physical activity behavior change: Challenges and a call for action. Psychology of Sport & Exercise. Elsevier Ltd; 2011 Jan. 1;12(1):1–6. a. Pakpour AH, Zeidi IM, Chatzisarantis N, Molsted S, Harrison AP, Plotnikoff RC. Effects of action planning and coping planning within the theory of planned behaviour: A physical activity study of patients undergoing haemodialysis. Psychology of Sport & Exercise. Elsevier Ltd; 2011 Nov. 1;12(6):609–614. Proposer un programme c’est bien, mais qu’est-ce qui va motiver le patient à changer son comportement et suivre un programme d’AP ? Plusieurs théories comportementales ont été utilisées dans ce domaine. Sans devenir spécialiste, il est important de prendre en compte les facteurs qui influencent la motivation du patient … mais aussi du prescripteur. Les facteurs facilitants pour participer à un programme ne sont pas les mêmes que ceux qui vont aider à poursuivre l’activité au long cours. Par exemple, un programme basé sur la marche est motivant chez la femme et peu chez l’homme. Si l’on veut commencer à comprendre ces mécanismes, lire le papier de Masse et col. qui sert d’introduction à un numéro spécial de Psychology of Sport. La théorie du comportement prévu (ou dirigé) “the planned behaviour model“ permet d’analyser et de comprendre dans une population les moteurs de changement de comportement. En d’autres termes, donner de l’information ne suffit pas à motiver le changement. Chez le patient hémodialysé, une étude a été conduite sur ces bases. La capacité du patient à planifier et faire face influence le maintien d’un programme d’activité physique. En bref, l’analyse du profil du patient et de ses capacités permet la proposition d’un programme adapté et le maintien de l’activité. 10 - Os et activité physique Maïmoun L, Sultan C. Effects of physical activity on bone remodeling. Metabolism - Clinical and Experimental Elsevier Inc.; 2011 Mar. 1;60(3):373–388. a. Chauveau P, Lasseur C et Aparicio M. [Is there a place for the physical activity in the prevention of the fractures of chronic kidney disease patients?]. Néphrologie et Thérapeutique 2012 in Press. L’AP est reconnue pour améliorer la masse osseuse chez l’enfant mais aussi chez la personne âgée. La relation est complexe et multifactorielle. La sédentarité aggrave l’ostéoporose. Il est plus difficile de mettre en évidence l’action spécifique de l’AP dans la reconstruction osseuse ou le turn over. Le sexe, la carence en vitamine D ou les carences hormonales joue un rôle. Une revue complète a été publiée par L.Maïmoun dans Metabolism. La prévention des chutes et des fractures, en particulier chez le patient IRC, donne par contre toute sa place à des programmes d’AP. Une revue complète est à paraître dans Néphrologie et Thérapeutique. Dr Philippe CHAUVEAU 19, avenue de l’Europe - BP 62 270 - 31 522 - Ramonville Saint-Agne CEDEX Hemotech Tél. 05 61 75 27 27 - Fax 05 61 75 00 43 - [email protected] - www.hemotech.fr Certification ISO 9001 :2 008 - Imprimé sur papier recyclé Cyclus le Yoga. En effet, de nombreux programmes d’AP, en particulier chez la personne âgée ou dans les maladies chroniques, intègrent des méthodes largement inspirées du yoga par le travail en douceur sur la souplesse, la répétition et la diminution ou la meilleure prise en charge du stress. De nombreuse études ont été publiées dans le cas de pathologies et de populations très diverses. Pour se faire une idée, une méta-analyse faite dans les normes était la bienvenue. Dix études randomisées ont rempli les critères. 9/10 sont en faveur d’une réduction des douleurs, mais je laisse sans traduction la conclusion qui est digne de nos plus grands maîtres Yogi : « yoga has the potential for alleviating pain. However, definitive judgments are not possible. »