Zator - Baobab Center
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Zator - Baobab Center
Culture & Exchange Août - 2010 Numéro Spécial Hommage à Mamadou Diama Tounkara dit Zator des temoignages inédits de ses collegues, ses amis des années 70, ses etudiants... des hommages du conseils d’administration de ACI A publication Of Africa Consultants International Interview avec son ami Rudy Gomis, chanteur de l’Orchestre Baobab Editorial CHER( ES) AMI ( ES) LECTEURS ASALAA MAALEKUM ! R DEAR FRIENDS, READERS, ASALAA MAALEKUM! Y ëgóo, your intercultural magazine, is back. We haven’t published since the December 11, 2006 edition that featured a heartfelt homage to Lillian Baer, founder and co-director of ACI on the occasion of her well-deserved retirement. Four years later we are witnessing the rebirth of Yëgóo with the death of our dear colleague, Mamadou Diama Tounkara, known as Zator to all who were close to him. His passing has inspired us to publish this special edition to pay our respects to him. Though in one Sans doute, ce numéro paraîtra sous un jour triste, sense the magazine marks a sad day in our mais plein de souvenirs et d’émotions pour trois railives, it is also a chance to celebrate Zator’s life sons : and record our memories and our fondness -pour ce qu’il fut pour ses proches et pour le Centre for Zator: evoilà Yeggoo, votre magazine culturel dont la dernière publication date de décembre 2006 : Numéro 11 dans lequel un hommage émouvant a été rendu à Lillian Baer, Fondateur et Codirecteur de ACI qui a quitté pour une retraite bien méritée .Quatre années plustard , nous assistons à la renaissance de Yeggoo avec le décès de notre collègue Mamadou Diama Tounkara , appelé Zator par ses proches. Son départ nous a inspiré à éditer ce numéro spécial pour lui rendre hommage. Baobab : professeur de langues, ami et fidèle collaborateur, -pour ceux qui l’ont connu et dont les messages nous parviennent du monde entier, -enfin, pour ceux qui ne l’ont pas connu, un rendezvous unique pour découvrir cet homme de culture aux qualités exceptionnelles. • for all that he did for his close friends, for his students and for the Baobab center as a friend, language teacher and loyal collaborator, • for those who knew him and helped spread his joy and ideas across the world, • and finally, for those who didn’t know him, a unique opportunity to discover this man of Cheikh Thomas Faye humor, culture and exceptional qualities Cheikh Thomas Faye Traduit par Kelly M Behm Lewis and Clark 2010 Publié par: Africa Consultants International (ACI) Directeur de publication Gary Engelberg Rédacteur en chef : Cheikh Thomas Faye Conseillers et membres de la rédaction : Cheikh Thomas Faye, Gary Engelberg, Daour Wade, Diarra Diakhaté. Infographiste, Design : Diarra Diakhaté Spécial remerciement à tout le personnel de ACI, ses partenaires (etudiants, professeurs, et autres collaborateurs) 2 Sommaire Mot du Directeur Page 4 Temoignages des collegues de ACI Page 10 Temoignages des membres du Conseils d’Administration Page 8 Interview avec Rudy Gomis Page 12 Lettre à Zator Page 15 Temoignages des amis de 1970 Page 16 Temoignages des étudiants de Zator Page 17 Temoignages des anciens collegues de ACI Page 18 Temoignages des professeurs et Directeurs de programmes Page 20 Zator en images Page 23 Temoignages des amis et collabrateurs de ACI Page 21 Rêve de Zator Page 25 3 Mot de Directeur Réactions à la Disparition de Zator Gary Engelberg, Directeur de ACI D’abord j’ai été envahi par une tristesse profonde et paralysante d’avoir perdu un ami et collègue que j’ai tant aimé et avec qui j’ai collaboré pendant plus de 40 ans ! Ensuite sont venus les sourires. Je ne pouvais pas me souvenir de Zator sans sourire. Les images qui me restent sont imprégnées de son humour, de sa joie de vivre, de ses taquineries : Zator en train de danser spontanément ou réciter des «Tassu» en plein milieu de notre salle de réception au bureau ; Zator en train de raconter des blagues autour du thé dans la cour, après le déjeuner, Zator en train de taquiner Bébé ou Pascaline…ou de crier “Noppileen, Ryga new na” quand j’arrivais au bureau. En effet, c’est lui qui m’avait donné le surnom de Ryga (Gary à l’envers) il y a des années, et jusquà’aujourdhui les gens d’une certaine génération m’appelle Ryga et pas Gary à cause de Zat. D’ailleurs je n’étais pas le seul. Zator avait l’habitude de rebaptiser ses amis: Seydou Dièye était “Miguel”, Ousmane Sarr, paix à son âme, était “Chambers” et tant d’autres. Enfin a émergé un sens de fierté; la réalisation de combien j’avais été chanceux d’avoir eu le privilège de partager une partie si importante de ma vie avec cet homme si doux, si drôle, si original, si humain… Je savais que Zator était un ami fidèle, un enseignant exceptionnel et une personne unique mais c’est avec sa mort, que j’ai commençé à comprendre qui était réellement Zator. Quand il est décédé j’avais la responsabilité, avec Doyen Sow, de communiquer la nouvelle de sa mort à nos amis et collègues. Par conséquent, j’ai reçu les lettres, visites et appels de réactions, de condoléances et de sympathies. Mon premier constat était que les gens ont exprimé leur désarroi profond à la nouvelle du décès de Zator. Il ne s’agissait pas de simples formules de politesse tels que “veuillez accepter mes condoléances les plus attristées” mais plutôt des expressions d’un désarroi profond: je suis bouleversé, pétrifié, je sens un vide profond, je me sens appauvri… enfin des émotions très fortes Le deuxième constat était qu’au fur et à mesure que la nouvelle de sa disparition se répandait, nous avons commencé à recevoir des réponses des différentes régions du Sénégal, des différentes parties des USA et des quatre coins du monde (Burkina Faso, Canada, Congo, France, Ghana, Japon, Jordanie, Niger, Suisse, entre autres…)! Comme nous avons pu le constater à ses obsèques, Zator connaissait beaucoup de monde. Le dernier constat, et peut-être le plus étonnant était que les réponses venant des gens qui avaient connu Zator au début de sa carrière d’instructeur de langues dans les années 70 étaient exactement pareilles à ceux qui l’ont connu en 2009 ou 2010 – la même douleur, la même affection, le même sens d’une perte profonde…tellement il était original et chaleureux. Oui, c’était très clair. Zator avait touché les vies de beaucoup d’étudiants et amis à travers le monde de façon profonde, significative et inoubliable de par sa gentillesse, sa douceur, sa sagesse, son humanité, et surtout son humour. Chacun sentait qu’il avait une relation très personnelle avec Zat. 4 Mot de Directeur Les gens qui l’avaient rencontré il y a longtemps de même que ceux qui ‘l’ont connu pour de courtes périodes ... lui accordait beaucoup d’importance – ce qui était le cas car Zator entretenait ses relations, ses correspondances, et se souvenait de tous les élèves qu’il avait enseignés au cours des années….D’ailleurs, il a toujours été comme ça, depuis le début; ce n’était pas une fonction d’âge ou de sagesse bien qu’il se soit certainement amélioré avec l’âge… mais c’est clair que le jeune Zator avait la même capacité de marquer les gens en début de carrière en 1970 qu’en fin de carrière en 2010. Dans mes moments de calme ou de solitude quand mes pensées retournent à Zator comme une colombe qui retrouve son nid, je me rends compte que Zator a vécu une vie pleine de sens, une vie bien vécue. Il a été très aimé. Tant que les personnes qu’il a touchées seront en vie, il ne sera pas oublié. Ils continueront à parler de lui en souriant, en riant et en remerciant le destin qui leur a permis de croiser son chemin. ACI REAGIT Aujourd’hui la salle de classe où Zator avait l’habitude d’enseigner à ACI porte son nom. Sa photo sur le mur domine la petite table où tous ses livres de cours et albums de souvenir sont restés exactement comme il les avait laissés. Les amis de ACI ont reçu un appel à contributions appelé “Le Rêve de Zator. Le but: de lever des fonds afin de réaliser des améliorations dans le programme de langues de ACI qu’il aurait aimé voir. Car, comme le disent beaucoup de personnes qui l’ont connu, y compris ses propres parents, l’équipe de ACI était sa deuxième famille. Après plusieurs années de dormance, notre magazine Yëgóo renait sous forme électronique avec ce numéro spécial consacré à Zator et une galérie de photos de Zator est maintenant affiché en permanence sur le site web. Nous supportons mal l’idée que Zator n’est plus avec nous et essayons par tous les moyens de garder son souvenir présent et vivant à ACI. Je suis triste que les futures générations d’étudiants à notre centre n’auront pas la chance d’étudier avec Zator. Au moins nous pouvons leur faire savoir qu’une personne extraordinaire est passée par ici. EPILOGUE Quelque part en Virginie de l’Ouest, aux USA, un petit garçon de 4 ans nommé Najee est en train de jouer. Sa mère de 26 ans qui s’appelle Krystal est très occupée par ses études pour son Masters. Krystal porte le nom de famille de sa mère décédée l’année dernière, Beverly Wattie. Mais elle porte aussi le nom de son père, Mamadou Diama Tounkara dit Zator. Elle s’appelle Krystal Wattie Tounkara et elle est la fille de Zator. Nous avons pu retrouver Krystal avec l’aide des amis aux USA et la mettre en contact avec la famille de son père. Peut-être Najee ne le comprend pas encore, mais un jour il saura que le sang de son grand père Sénégalais, Zator, un homme extraordinaire, coule toujours dans ses veines. 5 A word from the Director Reactions to Zator’s Passing Gary Engelberg, Director of ACI At first I was filled with a deep and paralyzing sadness at having lost my much-loved friend and colleague after over 40 years of working together! Then in spite of myself came the smiles. I could not think about Zator without smiling. All of the images of him that remain are embedded with his humor, his love of life and his constant teasing and joking : Zator breaking into a spontaneous dance or tassu (traditional poetry rapp) in the middle of our reception area at the office; Zator telling jokes over tea after lunch in the backyard of the Baobab Center; Zator teasing Bébé or Pascaline; or dramatically shouting ”quiet everyone, Ryga is coming!” as I entered the office. In fact it was Zator who gave me the nickname “Ryga” (Gary spelled backwards) many years ago and to this day, friends from that period still call me Ryga because of Zator. And I was not the only one. Zator had the habit of rebaptizing his friends: Seydou Dieye was “Miguel”; Ousmane Sarr, may he rest in peacem was “Chambers” and so many others. Finally, I began to feel a sense of pride emerging. It was based on the growing realization of how lucky I had been to have had the privilege of sharing so much of my life with this gentle, funny, and totally original human being. I knew that Zator had been a faithful friend, an exceptional teacher and a unique person, but it was only with his death that I began to fully understand who Zator really was. Right after he died on the morning of March 14, I was responsible along with Doyen Sow, for communicating the news of his death to friends and colleagues. As a consequence, I received many of the condolence letters, e-mails, phone calls and visits that came pouring in. My first observation was that almost everyone in one way or another, expressed their deep grief and disarray at the news of Zator’s death. We were not simply receiving typical expressions such as «please accept my sincere condolences» but rather expressions of deeply felt pain: “I felt totally confused”, I was “paralyzed with grief”, “I felt as though I was surrounded by a deep void”,”I felt impoverished” …all expressions of profound emotions. My second observation was that as the news of Zator’s death began to spread, messages started pouring in from all over Senegal, from different parts of the United States and Canada and from the four corners of the world: Burkina Faso, Congo, France, Ghana, Japan, Jordan, Niger, Switzerland to name a few. As we noticed during Zator’s funeral, many, many people knew and loved Zator. The last observation, and perhaps the most surprising was that responses coming from people who had known Zator at the beginning of his career in the seventies were exactly the same as messages coming in from those who only met him in 2009 or 2010 – the same pain, the same expressions of affection, the same sense of profound loss…It was clear that Zator had touched the lives of many friends and students around the world and over the years in a deep, significant and unforgettable way through his gentility, his sweetness, his wisdom and his humanity, and particularly through his humor. People who had known him long ago, even those who had known him for a very short time, never forgot him 6 A word from the Director because he was so warm and unique. Each person felt that he had a very personal relationship with Zator and that he found each of them to be very important, special people. Zator was, in fact, meticulous in maintaining his relationships through frequent phone calls, letters, cards and gifts and seemed to remember every single student he had ever taught at the Baobab Center over the years… Even more striking was the fact that he had been that way from the very beginning of his career. His attraction was not a function of age, maturity and wisdom, though he certainly improved with age. No, it was clear that the young Zator had had exactly the same capacity to mark the people he met in 1970 as did the older Zator at the end of his career in 2010. In my calm and quiet moments when I sit alone and my thoughts fly back to Zator like a dove landing in its nest, I realize that Zator lived a full and meaningful life, a well-lived life, He was much loved. As long as those who knew him live, he will not be forgotten. People will continue to sit around talking about him, remembering him and smiling or laughing, thankful that their destinies had been intertwined with his. ACI REACTS Today at ACI, the classroom where Zator usually taught now carries his name. A large photo of Zator hangs on the wall overlooking the small table in the corner where his personal language manuals, photo albums and books remain in exactly the same place that he left them. Friends of ACI have received a call for contributions to help realize Zator’s dream (see last page). The goal is to raise funds to improve ACI’s language program in ways he would like to have seen. As many of the relatives and friends who knew him mentioned during our memorial service for Zator on April 30, the ACI team was really Zator’s second family. After several years of stagnation, ACI’s magazine “Yëgóo will once again be published – this time in electronic A gallery of photos of Zator is now permanently available on ACI’s website. We are all having a hard time accepting that Zator is no longer with us and are doing everything in our power to keep his memory and his presence at ACI very much alive. I am saddened by the idea that future generations of students coming to our center will not have the unforgettable experience of studying with Zator. The least we can do is to let them know that an extraordinary man passed through this center and left his mark. EPILOGUE Somewhere in West Virginia in the USA, a small four-year old boy named Najee is playing near his home. His 26 year old mother Krystal is very busy working on her Master’s degree. Krystal carries the last name of her recently deceased mother Beverly Wattie. And she also has the surname of her father, Mamadou Diama Tounkara also known as Zator. Her full name is Krystal Wattie Tounkara and she is Zator’s daughter. After Zator died, we were able to find her with the help of old Peace Corps friends in the US and put her in contact with her father’s family. It is certainly true that for the moment, little Najee does not fully understand what is going on. But one day he will know that the blood of his Senegalese grandfather Zator, an extraordinary man, is flowing in his veins. 7 Témoignages du Conseil d’Administration C’est avec une très grande detresse que je viens de lire la nouvelle de la mort de Zator et de me rendre compte que mon super copain et collègue de longue date, Zator, n’est plus. Mon coeur se sent lourd, et c’est avec les larmes aux yeux que je vous écris pour vous présenter mes condoléances, si loin de vous, mais si proche dans mon âme. Avoir passé la plus grande partie de nos vies ensemble, d’une manière ou d’une autre, il y a une part de moi qui est parti avec lui. La vie est ainsi, et malheuresement nous vivons la mort comme nous meurons dans la vie. Comme disait Zator souvent, “Je peux le comprendre...” … I hardly know what to say about Zator’s passing. I’ll always remember Zator fondly. He was one of my Wolof teachers back in 1975 when I first came to Senegal. He was always a favorite because of his buoyant manner, his great warmth, his laugh, his smile. He always made me feel it was a pleasure for him to see me. I last saw him when we were in Dakar for the Board meeting. We had time to catch up a bit. He had gotten to know all of my kids. He had been their French teacher or Wolof teacher at one time or another. They will be saddened to hear the news. Gary, please convey the condolences of all the Waldsteins to Zator’s family. We are all somewhat poorer without him. Best to all, Abe Waldstein Secretaire, Conseil d’Administraton ACI Anthropologue. Avocat Permettez-moi de vous présenter mes sincères condoléances et de me joindre à vous pour prier pour le repos de l’âme de notre frère Zator. Les nombreux témoignages à son égard montre la grandeur d’âme de l’homme. Que Dieu l’accueille dans son paradis. Amen!!! En union de prière, Simon Lazarre Badiane Responsible regional de YMCA May Zator’s soul rest in peace. You have lost a friend, colleague and someone who has been in your life in Senegal from the beginning. What a loss for you and the rest of the staff. So sorry….. I am thinking of you and know the days ahead will be so sad. Lots of love, Nancy Devine Présidente du Conseil d’Administration de ACI Milton, Massachusets, USA Je vais aller ce matin à la pharmacie pour acheter le cologne Old Spice, pour que je puisse respirer un peu des souvenirs que nous partageons, lui et moi, et vous tous aussi... Je me joins à vous tous, amis, parents, collègues, connaissances, dans la douleur qu’est de perdre un proche. Mais également, le temps est la pour une sourire aussi, pour quelqu’un qui nous a fait tant sourire et rire, respirer de nouveau après d’autres événements difficiles. Il a fait parti de nos vies, d’une façon très large, et laissera un grand vide. Avec mes meilleures sentiments en attendant de nous embrasser dans un proche avenir. Lillian Baer Ancienne Directrice de ACI Seattle, Washington, USA I read your message with indescribable heaviness of heart. I feel blessed for the gift of Zat’s human warmth, unique world view and sparkling humor. He lives on in the thousands whose lives he touched. Please transmit my sincere condolences to his family and the team. Warm regards George Scharffenberger Trésorier du Conseil d’Administraiton de ACI Special Assistant for International Development Policy and Practice C’est avec beaucoup de peine que j’apprends le décès de Zator. Je compte sur Gary pour présenter mes sincères condoléances à toute sa famille ainsi qu’au personnel d’ACI et mes prières pour le repos de son âme. Je passerai à ACI dès que je serai à Dakar. Babacar Kanté Université Gaston Berger, St. Louis 8 Témoignages du Conseil d’Administration La seule fois depuis des décennies ; La seule fois que je t’ai aperçu sans voir ton sourire ; La seule fois que je t’ai vu sans entendre ta voix chaude et amicale ; La seule fois que je t’ai vu sans voir tes yeux pétillants de gentillesse ; La seule fois que je t’ai vu sans recevoir ta chaude poignée de main ; La seule fois que je t’ai vu sans avoir tes compliments ; La seule fois que je t’ai vu sans recevoir tes bénédictions en partant ; C’est ce soir là étendu comme l’horizon, tu nous quittais pour toujours ; Adieu Zator, l’ami, le frère, le collègue ; Toi qui savais détendre les atmosphères les plus lourdes; Toi qui savais conseiller avec souplesse sans jamais vexer ; Toi qui avais toujours le mot juste et consolant pour tous les âges ; Tu laisses à jamais dans nos cœurs meurtris un vide immense ; Depuis des décennies, ton seul tort Zator et de ne pas rester encore plus tard ; Reposes en paix Zator. Abdou SARR Directeur, World Education, Ziguinchor Membre du Conseil d’Administration de ACI 9 Témoignages des collegues de ACI Si j’écris, c’est pour soulager mon coeur, il y a en moi, tant de douleur, de ne pouvoir te dire “je t’aime”... mon amour pour toi, n’a pas de limite, et à chaque minute, je pense à toi, et à tout ce que j’ai vécu à ACI à coté de toi... je repense à ta voix, à tes tendres gestes, celles qui me réconfortaient quand j’étais triste, tout simplement je repense à nos déjeuners, toi, qui me faisais rire quand j’étais pâle... Tu étais si spécial, si bon, si agréable… tu as brisé mon coeur, en partant ailleurs, c’est ce qui a tant fait couler mes larmes... à cet instant, j’ai perdu le goût de vivre j’aimerai simplement revoir ton sourire, juste une dernière fois me ferai moins souffrir... De Dieu nous venons. A lui nous retournons. Puisse le Tout Miséricordieux accueillir Zator Tounkara au paradis et agréer nos sincères condoléances. Zator était un modèle de courage et de bravoure. Il a souffert et même beaucoup souffert depuis un an ... Mais, il n’a jamais laissé apparaître sa douleur...Il a toujours su dissimuler sa peine par son entregent, sa chaleur humaine inégalable... Lorsque la semaine dernière nous avons relevé sa voix cassée, il a égaillé l’assistance en disant... “j’ai encore avalé de travers”... Repose en Paix mon Doyen. Djiby Sow, Coordonnateur Programme Santé, ACI Moussa Sall Assistant Administratif – Programme de Santé Caseworker pour la Région de Louga Je ne trouve pas les mots pour partager ma tristesse et ma douleur ! Je regretterais sa personnalité si attachante, sa culture, sa qualité de présence ! Qu’Allah l’accueille sur son paradis ! Mes sincères condoléances à ses familles ! Dr. Fatim Louise Dia Consultante ACI à Ouagadougou C’est avec une peine immense et un coeur meurtri que j’écris ces mots. La faucheuse a encore frappé, mais cette fois-ci, elle a frappé durement en nous enlevant notre très cher Zator. Zator le Merveilleux, Zator le Philosophe, Zator le Conseiller, Zator l’Elégant, Zator le généreux, Zator l’Ami tout court; En Zator, nous perdons un catalyseur. En lui, nous perdons un homme qui force le respect et l’admiration. En lui, nous perdons un homme d’une générosité inégalable, d’une humilité et d’une simplicité hors du commun. Avec lui, c’était toujours la bonne humeur. Qui pouvait rester insensible à la joie de vivre, aux taquineries et aux histoires drôles de notre très cher ami Zator? Nous avons perdu, oui nous avons perdu un homme d’une dimension exceptionnelle, un homme aux qualités humaines rares. Zator, tu es parti, mais tu resteras toujours dans nos coeurs et dans nos souvenirs. Prions DIEU, le tout puissant Miséricordieux, dans sa grâce inépuisable, pour qu’il l’accueille dans son Paradis Eternel et qu’il nous donne la force de faire face à cette dure réalité. ADIEU L’ARTISTE Abdoulaye Konaté Responsable Formation ACI Je vous écris pour vous adresser mes condoléances les plus sincères pour la perte immense de cet homme de Coeur, de bonté, de sagesse, un rassembleur discret pour le bien être de la Grande Famille de ACI, que le tout puissant l’accueille dans son paradis et que nous qui sommes dans ce monde prions chaque jour pour son repos et que nous surtout jeunes esseyons de copier tous les atouts de cet éducateur hors pair. Massa, massa, massa.... Diariétou Coly Receptioniste Baobab 2 bu bees En disponibilité en France Paa Zat fut pour nous un père comme on avait l’habitude de le lui dire. Il fut un homme humble, cultivé, charmant, aimable, genereux, humouriste. Il fut un homme pure au sens propre du mot, un modele, un idole qui nous a marqué et qui restera toujours dans nos coeurs, nos pensées et nos prières. Que le bon Dieu t’accueille dans son paradis FIRDAWS. Diarra Diakhaté Responsable du Centre de Ressources et d’Information de ACI 10 Témoignages des collegues de ACI Zéro, un, deux, trois,…… huit jours ! C’est ce qu’il a fallu à Al Hassane pour se défaire momentanément de l’image envoutante du Maître, et pondre ces lignes Tout était enseignement chez le chaque geste, chaque pensée « J’ai suivi plusieurs cours de Français, auparavant. Je comprends plusieurs règles grammaticales. Je peux lire et comprendre un texte. Mon problème, c’est de parler. » Après quelques sessions avec le Maitre, grâce à la Maître : chaque mot, magie de la maïeutique du Docteur Zator, ils gagnaient tous suffisamment de confiance pour communiquer dans la langue cible. Or, incompris, il l’a souvent été. De Zzut ! Retraite, il n’en a point voulu. D’ailleurs, les Prophètes en ont-ils connu ? Al hassane n’a pas senti le Toujours sur la brèche avec la même frénésie. Il aimait Temps passer, répéter à ses collègues : Ou s’est-il laissé entraîner par la nostalgie du maitre Lu la bétt mën la. C’est pourquoi, bien avant l’arrivée de parti pour un voyage sans ses étudiants, il préparait soigneusement sa salle et son matériel. Invariablement, il les accueillait au portail du Retour… Centre, son Univers, pour les installer confortablement, avant de démarrer son cours. Huit ,… trois, deux, un, … Autant, l’imminent pédagogue Américain John Rassias avait bouleversé la philosophie de l’enseignement en montrant que le Bon Enseignant n’est pas celui qui a un gros cerveau rempli de connaissances, mais celui qui a un gros cœur capable d’aimer et de susciter l’Amour chez son Elève, Autant, Zator a su prouver au Monde que le Bon Enseignant est celui qui sait Ecouter et Laisser Parler les apprenants. Zator ! Jour après jour, mois après mois, Année après année, Ton esprit et ton Oeuvre continueront de guider nos pas, et Rien n’y fera, Chaque proverbe, chaque dicton, et chaque citation qui sortait de la bouche du Maitre, était un élément cataly- Amis pour un jour, Amis pour toujours … seur qui provoquait immanquablement la cogitation et l’épanchement verbal chez son interlocuteur. Sangalkam, le 21 mars, 2010 Combien d’étudiants fraîchement arrivés au Centre Al Hassane Diahaté Baobab ont décrit leur problème comme suit : Coordonnateur Programme Langue ACI 11 Interview de Rudy Rudy Gomis est professeur de langues au Centre Baobab depuis plus de vingt cinq ans. Il est aussi lead vocal du mythique Orchestre Baobab de Dakar. Il était un ami puis un compagnon fidèle de Zator pendant une quarantaine d’années. C’est pourquoi malgré la douleur et le deuil, il a voulu rendre hommage au disparu tout en se souvenant avec regrets des bons moments passés avec son ami Zator. CHEIKH THOMAS: Rudy Gomis nanga def ? RUDY GOMIS: ça va maangi fii CT: Il y’a trois semaines déjà depuis que votre ami et collègue Zator Tounkara, professeur de langues au centre Baobab ou ACI vous a quitté des suites d’une courte maladie: que ressentez vous à présent ? Donc naturellement quand on a vécu avec quelqu’un pendant autant de temps et qu’un jour il disparaît on le ressent…. « Silence » C’est comme quelqu’un disait : « la mort est misérable » Zator, on ne s’est pas connu au corps de la paix. Zator, on a grandi ensemble. Il habitait à Ouagou- Niayes, moi à la Cité Douane. Il était un excellent footballeur, tandis que moi j’étais un grand supporter de l’équipe de football de Bopp. Je me souviens que nous étions assis côte à côte. Il était à ma gauche et on nous posait CT: Après des années passées au Corps de la Paix à Thies , vous avez rejoint le Centre Baobab avec Lillian, Gary et les autres n’est ce pas ? des questions. Nous avons aussi fait l’école Papa Guèye Fall ensemble. C’est comme si nos destins étaient liés. Je connaissais toute sa famille comme lui il connaissait tous mes grands frères. Mais c’est au Corps de la Paix que nous nous sommes mieux connus. Parmi tous les professeurs qui étaient embauchés par le Corps de la Paix dans les années 1970, il y’a Zator, Seydou Diéye et moi qui sommes restés ensemble. Nous faisions le même travail en tant que Coordonateur de Langues. J’ai beaucoup appris de Zator. Il est difficile de penser à quelqu’un comme Zator sans rigoler ni sourire parce qu’il aimait les blagues. RG: Zator et moi avons été recrutés le même jour, c’est un RG: Hmm ! Il a laissé un grand certain Aristide vide, vous vous Pereira qui rendez compte ? nous a introduit Depuis 1970 epuis 1970 jusqu’à au Corps de la jusqu’à sa mort sa mort nous Paix par le biais nous cheminions cheminions ensemble de Gary. ensemble. D Il était un excellent footballeur, tandis que moi j’étais un grand supporter de l’équipe de football de Bopp CT: Plusieurs générations d’étudiants sont passées au Centre Baobab. Comme le témoignent les messages de condoléances et de soutien qui parviennent de partout rendant hommage à Zator Tounkara. 12 comédien et grand sportif. L’autre facette de sa vie est qu’aussi il aimait bien rester seul. Il aimait la solitude et cela l’inspirait beaucoup. Le Centre Baobab était sa deuxième famille. Son a b s e n c e suscitait des interrogations Pour certains il était voir des inquiétudes leur professeur, pour parce que par d’autres un ami. l est difficile de ses temps libres Que dites –vous à il faisait rigoler penser à quelqu’un tous ces gens là ? comme Zator sans tout le monde. Zator sait jouer à RG: Je voudrais dire rigoler ni sourire tous les morceaux à tous ces gens parce qu’il aimait les que je chante. Il là qu’ils ont perdu m’accompagnait blagues. un frère, un père, déjà lorsque nous un enseignant , étions à l’Ecole un ami. Il est très Normale Superieur difficile d’accepter de Dakar. Zator était comme la la disparition de quelqu’un qu’on rose de Saint Exupéry. connaît depuis 40 ans. Mais la vie I est ainsi faite. Il a consacré toute sa vie à l’enseignement des langues et de la culture. C’est-à-dire aider les peuples à se comprendre et à s’accepter. Mais pour perpétuer sa mémoire nous devons continuer son œuvre. C’est vrai le bureau de langues a perdu l’un de ses meilleurs enseignants. CT: Beaucoup de personnes décrivent Zator comme un homme unique et original. Qu’avait-il de si différent des autres ? Pourquoi était-il unique ? RG: Zator est unique parce qu’il était un homme de paix doublé d’une grande humilité. Son exercice favori était de solutionner les conflits et les divergences entre les gens. Il était diplomate et le « masla » c’est-à-dire la tolérence et le dialogue était un de ses leviers. Zator est unique parce qu’en plus du métier d’enseignant, il était musicien, CT: Avec la disparition de Zator, le Centre Baobab a perdu un grand maitre n’est ce pas ? RG: Oui le Centre Baobab a perdu un collaborateur fidèle. Je suis sur qu’il avait plusieurs fois l’opportunité d’aller monnayer ses talents ailleurs, mais il est resté. Il était une des pièces maitresses du dispositif du bureau de Langues. Il nous encourageait toujours à aller dans le bon sens. Il chargeait nos batteries en quelque sorte. On ne pourra jamais le découvrir à fond. CT: La classe ou il dispensait ses cours a été baptisée Kër Zator. C’est un honneur posthume largement mérité non ? RG: Oui, il le mérite et d’ailleurs le Centre a choisi la journée du 30 Avril pour lui rendre hommage. C’est une bonne chose. En ce qui me concerne, je sais que je ne pourrais jamais enseigner dans cette classe… (pleurs). Même si le Centre Baobab était baptisé du nom de Zator, ce ne serait jamais assez. Je me demande même est ce que C’est qelqu’un qui aimait beaucoup parler au sujet des anciens étudiants du centre je vais continuer à enseigner sans lui. Zator hmmm c’est lui qui m’a appris à croquer la cola. Il adorait créer des situations inédites; il était vraiment unique. 13 CT: Quelle était l’expression préféré de Zator ? CT: Avait–il un vœu qu’il n’a pas eu le temps de réaliser ? et je sais aujourd’hui que sa fille qui vit aux USA est en contact avec sa famille. Je me souviens e vœu le plus cher que ce jour coincidait avec le à Zator était de revoir RG (Silence puis retour de l’orchestre Baobab, sa fille. Je suis sûr RG: Je crois que le rire), Zator parlait à la suite d’une tournée aux vœu le plus cher à souvent en parabole USA. Il m’a demandé si j’avais que cela l’aurait et à chaque fois rencontré d’anciens étudiants exhorté à se battre Zator était de revoir sa fille. Je suis sûr il avait quelque du centre Baobab. C’est davantage dans la vie que cela l’aurait chose de nouveau. qelqu’un qui aimait beaucoup exhorté à se battre Une citation par ci, parler au sujet des anciens davantage dans la une expression par étudiants du centre. En vérité vie. Mais c’est la là. Son expression certains d’entres eux l’ont volonté de Dieu. Il faut apprendre préférée était « bayileen wax » beaucoup marqué. A la suite à faire avec. J’ai l’impression que ce qui veut dire « arrêtez de de notre entrevue, je ne me tout s’écroule autour de moi. Je parler » ! Mais en fait cette sentais pas bien. J’étais un n’arrive pas à réaliser ce qui est expression voulait dire en peu triste parceque Zator ne arrivé. La dernière fois que je termes codées « réfléchissez m’avait jamais parlé dans un suis venu au centre j’en suis sorti toujours avant de parler ». air aussi nostalgique. Par la immédiatement car en vérité je Dans la culture sénégalaise suite notre ami et collégue n’arrive pas à comprendre ce qui cette expression rappelle bien Sellou Sow que nous appelons vient de se passer. une citation française qui dit tous Doyen m’a Il faudra du temps que la parole est d’argent, le appelé pour me pour que je puisse silence est d’or. dire que Zator m’adapter. La a parlé en a dernière fois à Just lui dernière fois à Just CT: Je voudrais évoquer avec des termes très 4 You, je chantais 4You , je chantais «yenn bizares. Et voilà vous une attitude intriguante «yenn say» c’estde Zator. C’est la chaleur de que quelques say» c’est-à-dire « à-dire «parfois» la main.En d’autres termes parfois » en wolof. A jours plustard il en wolof. A un pourquoi il s’empressait est parti.C’est certain instant un certain instant je ne vraiment triste. je ne pouvais pouvais plus me retenir a dernière fois plus me retenir. CT: Quel est qu’on s’est parlé Les musiciens votre dernier c’était à la suite ont compris et mot ? m’ont fait quitter de notre dernière la scène. Je pensais à lui en RG: Je voudrais une fois de réunion au centre interprétant ce morceau. plus dire à ses collègues et Baobab proches que nous avons perdu CT: Vous qui étiez un de ses quelqu’un qui, d’une façon ou plus proches collaborateurs, toujours de serrer la main d’une autre à marqué notre quand est ce qu’il vous a parlé quand il saluait ? vie. Nous avons tous le devoir pour la derniere fois ? de continuer son œuvre. En RG: Zat avait l’habitude de d’autres termes nous devons RG: La dernière fois qu’on s’est serrer la main je crois que cela travailler davantage pour parlé c’était à la suite de notre il l’a appris de ses parents. Il la compréhension entre les dernière réunion au Centre souhaitait toujours qu’on le peuples en général à travers Baobab. Il était très préoccupé salue en le regardant en face. les langues. par certaines situations comme Je crois que pour lui c’était la crise économique et les une marque de courtoisie, Propos recueillis par CTF incompréhensions dues à de de respect et de mise en fausses interprétations culturelles. confiance de l’autre. Et vous Je l’ai encouragé à continuer le savez aussi bien que moi, le combat. C’est moi qui ai présenté Centre Baobab est un oasis de à Zator son ex-épouse qui est dialogue, de fraternité et de paix décédée il y a quelques années ou se retrouvent souvent des gens qui viennent d’horizons différents. L L L 14 Lettre à Zator Cher ami, Ta disparition tragique le 14 mars dernier, nous laisse un énorme vide que nous ne pourrons combler qu’en gardant vives et actives les formidables souvenirs que tu nous laisses...Parmi les plus mémorables pour moi je retiens ton excellent don et ton inégalable habilité à nous faire rire, à rester positif et surtout ton dévouement aux relations sociales que tu tissais et maintenais inlassablement. Dans cette courte missive, je voudrais partager avec toi et tous les amis quelques souvenirs et vignettes d’une longue et pacifique compagnonade dont j’ai eu la chance et le plaisir de béneficier : Le Corps de la Paix à travers Gary Engelberg, est l’institution qui a créé l’occasion pour moi de te rencontrer. Zat, comme plusieurs d’entre nous je sais que tu adorais le Corps de la Paix et tout ce que les volontaires et le volontariat représentaient. Tu parlais souvent du courage de ces jeunes Américains et de leur esprit de sacrifice. Tu étais touché par le fait qu’ils laissaient aux USA une vie confortable pour venir habiter dans un village. Quand tu parlais de Magaye Gaye, Abdou Diouf et des autres volontaires qui parlaient le Wolof avec aise, c’était toujours avec fierté et admiration. C’est souvent que je t’entendais dire:“sama boy bi ayna de”…. ( Mon jeune volontaire est bien, n’est-ce pas ?). Meme étant à l’ origine de leur succès linguistique, tu semblais toujours ébahi et impressionneé par leur progrès …surtout après quelques mois au village. Zat, te souviens tu que tu étais le “prof de langue” de ma femme Irene qui comme volontaire admin résident à Dakar avait un petit studio à la Rue Felix Faure. Le studio était le rendez-vous de maintes rencontres et tu étais toujours au centre de nos activités recréatives. Tu adorais fredonner la guitare qu’un ancien volontaire m’avait donnée et que j’avais à mon tour fini par te ceder quand Irene et moi partions pour les Etats Unis en Decembre 1975. Je sais combien la guitar t’était chère. Te souviens tu des «ceebu jen» hebdomadaire qu’Irene offrait aux volontaires visitant Dakar. Les déjeuners étaient toujours plus animés quand tu étais là. Felix Faure et toi comme la Sicap Baobabs et toi c’tait toujours la pleine expression de notre passion pour la musique surtout la musique Afro-cubaine comme seul l’orchestre Baobab savait la jouer. Je sais que tu te souviens que le club Baobab était notre destination nocturne favorite et Rudy Gomis, Seydou Dieye et les autres amis conviendront avec moi qu’il n’y avait rien de tel que d’admirer tes pas de danse et ta réponse au rythme endiablé que l’orchestre créait dans cet environement quasi-mystique de la boite. Ton niveau d’energie était au top surtout après ta noix de cola dont tu étais si friand. Nous parlons souvent de ton experience aux Etats Unis. Ton séjour avec la famille d’Irene à Boston et ta visite au centre de formation du Corps de la Paix aux iles vierges qui ont tu m’as dit plusieurs fois marqué ta vie. Mon cher ami, je te vois encore dans ton inlassable rôle d’éducateur, d’unificateur, de conseiller culturel parmi les profs de langues, les étudiants et tous ceux que tu percevais comme étant aimables et bons. Je te vois pendant la pause-café que tu apprécias tant. Je te vois allumer avec anticipation et passion ta cigarette que tu aimais savourer C’était un plaisir de te voir excercer la profession que tu étais né pour exercer. Je sais qu’à ACI tu avais retrouvé aussi bien les collègues et amis ainsi que la profession qui t’était si justement destiné mais tu avais également trouvé une famille qui t’a permis de partager et de largement distribuer les valeurs qui nous sont si chères. Cher ami, comme plusieurs d’entre nous, j’étais profondement touché d’apprendre que ta fille Krystal Wattie Tounkara vit avec la soeur de Beverly en West Virginia. Les efforts de R. J Benn pour la “retrouver” nous permettent d’envisager une rencontre eventuelle avec elle. Je me rejouis d’avance de l’opportunité de la voir et de partager à vive voix certaines des magnifiques expériences que nous avons vécues. Cher ami, tu me manques terriblement et je sais que tu manques à Rudy, Gary, Irene, Doyen, Abdou Sarr et tous les amis que je ne peux pas citer ici, mais j’ai le sourrire aux levres en le disant et cela me reconforte. Au revoir ! Pape A Gaye Président and Ceo Intra Health International 15 Témoignages des Amis de 1970 Earlier this morning Pape called from Paris airport announcing the very sad news of Zator. Of course, my thoughts go back to our Peace Corps years with Zator, you and all the others who have been in and out of our lives during the last 30+ years. A piece of our collective hearts has been torn from us. My thoughts are certainly with all who were so deeply touched by Zator's gentle self, his wonderful sense of humor and the very fine music he played. I know you have a heavy heart losing such a friend, and you were such a great friend to him - Rega!!! All my best Irene Gaye Caroline du Nord, USA Excerpts from notes from Joyce Neu Gary Engelberg sent me an email a few minutes ago saying that Zator Tounkara died this Sunday morning March 14 at Le Dantec hospital in Dakar. As you all know, Zat played a very important role in my life while we were volunteers and well beyond that -- through letter-writing for several years after I left Senegal and then as a lovely presence in my memories all these years. I am stunned and so sad to hear this… I am just dumbfounded. the world without Zat seems a strange place…This just seems unreal. I knew Zat had been very ill in 2007 and early 2008 as I saw him later that year and he talked about being in the hospital. Bless Gary because he saw to it that Zat had all the medical assistance available. Zat was feeling much better when I saw him and seemed quite optimistic. We all had a lovely Sunday at Malcolm’ Versel’s with Malcolm and friends playing music -- Zat drove me back to my hotel that evening and we had a very nice time talking. I’m attaching a few photos from that trip. Gary, you were an amazing friend to Zator all these years. As someone who was close to Zator at one time and who always maintained a special place in my heart for him, I so appreciate your sticking with him and being such a wonderful support and help to him. I hope you’re okay and that you will convey my most sincere condolences to his family and friends. I will share this with our Peace Corps group (72-74). To reach other PCVs who knew and loved Zator Please take care of yourself and thank you again for sending me this note, Feeling the world is a bit smaller tonight With hugs to you all, Dr, Joyce Neu Spécialiste en transformation des conflits Écrivant d’Amman en Jordanie 16 Témoignages des Etudiants de Zator I am very sorry to hear the news of instructor Zator’s passing. His energy filled the room and he always found a way to create a special connection with not just his students, but with the entire ACI community. His kindness, energy, passion and zest for life radiated from him. My thoughts are with all of you in this sad time. Best, Joseph M. Debiec Program Coordinator – Asia / Pacific Exploritas Travel Services Depuis que tu es parti Nos matinées sont désespérées Les pauses café sont insipides Les couloirs du Centre Baobab sont vides Nos déjeuners ont perdu le sourire Depuis que tu es parti Les journaux sont orphelins les livres murmurent leur tristesse les dictionnaires sont en deuil les écritoires regrettent votre génie de calligraphe Depuis que tu es parti Nos après midi sont déserts Les pluies de sourires ne sont plus au rendezvous Les séances de thé ont perdu de leur saveur La tristesse, la surprise et la solitude meublent nos cœurs Depuis que tu es parti On a q’une seule envie, décrocher Mais le devoir nous pousse à nous accrocher Votre générosité nous exhorte à continuer Votre courtoisie nous appelle à la résistance Depuis que tu es parti Cher ami, cher collègue et très cher papa zat Mel et Tapha promettent de se serrer les coudes Mel and Tapha Whoever has studied Wolof at ACI’s Baobab Center will remember the characters in our dialogues : Mel O’Droite, Tapha Ndiaye, Vera Green, and many others. In the hands of a Master teacher like Zator, Mel and Tapha came to life and roamed the halls of ACI alongside the students. In fact, they Mel et Tapha are the students who are in the process of getting to know and love Senegal and each other. Mel et Tapha Tout ceux qui ont étudié le wolof au Centre Baobab de ACI, vont se souvenir des personnages dans nos dialogues : Mel O’Droite, Tapha Ndiaye, Vera Green et beaucoup d’autres. Un enseignant émerite comme Zator, rendait Mel et Tapha vivant jusqu’au point où ils semblaient se promener dans les couloirs de ACI à coté des etudiants. En fait, ces personnages sont les etudiants entrain de se connaitre, de s’aimer et de connaitre et aimer le Senegal. 17 Témoignages des anciens collegues I just recieved the news and I am sure you are all grieving the loss of Zator, his presence, his charm....a loss for the entire ACI family. What a legacy to have touched so many lives and broadened so many horizons. A lovely and touching tribute from Abdou Sarr..... Paix à son âme. Valerie Gueye, MPH Program Coordinator Willows Foundation/GHANA How sad. He was such a kind man. Toutes mes sincères condoléances à la Famille ACI pour cette perte. Que la terre lui soit légère et que le Tout Puissant l’accueille dans son Paradis. C’est vraiment TRISTE. Pa Zat, nous ne cesserons jamais de penser à toi. Nous avons passé d’agréables moments, des moments de détente, de joie, de rires, d’échanges, d’études etc.... Nous avons perdu un homme exceptionnel. Qu’Allah le miséricorde t’accueille dans son Paradis. AMEN Celia Schorr Former Volunteer at ACI From Seattle, Washington Mariama Seck Diallo Former Assistant Study Abroad Coordinator Writing from St. Louis C’est avec une grande douleur que j’ai appris le décès de notre cher Zator. Je présente mes condoléances les plus attristées à toute la famille et aux amis d’ACI. Je prie Allah le Tout Puissant de l’accueillir dans son paradis. Amiin. Je suis de tout cœur avec vous dans cette dure épreuve. Avec toute ma sympathie. Mamata Lo Ancienne Directrice Admin et finances de ACI It is with great sadness that I write this email. I’m so sorry to hear of the passing of Zator. I know that your time together goes way back and that you shared a dear friendship. His joyous smile will be greatly missed at the Baobab center. My sincere condolences, Arlene Star Ancienne Volontaire à ACI Toronto, Canada Thank you Gary for letting us know. I am devastated. Josh Moore Associate Director, Office of International Education Beloit College 18 Lucys’ tribute to Zator A Tribute to Papa Zator: Une belle vie ‘très très très bien’ vécue. It’s with deep sadness that I heard this evening that my French tutor of six months, papa Zator, died in Dakar this morning. Zator was my tutor for three hours almost every afternoon between January and July 2009 in Senegal. While he taught me a lot of French of course, he taught me so much more. SO much more. I would often say that Zator was a comedien parading as a French teacher, that every class was as much a performance of the finest moral comedy theatre as it was a pedagogic exercise. – The only place to begin to respond to this news is to acknowledge the utter privilege it was to have his one-on-one instruction for six months. His interminable patience, his deep insight into humanity, his stunning sense of humour, his self-respect and dignity, his natural disposition towards gentleness and sharing, his love of attaya mint tea and good coffee, his sense of humility, and the absolute sincerity of his paternal affection for his students and staff of the ACI Baobab centre, are but just some of his finest attributes. – You think of Zator and you just smile cause the world was a better place simply by his presence. That must sound like a terrible cliché to anyone reading this who did not know him. But anyone who did know him will know exactly what I mean. I needed good coffee and we’d discussed multiple times how wonderful it would be to drink good coffee. So as only Zator would allow, we ‘wagged’ class and took the bus into town in search of two things – a) good coffee and b) a cafetiere that would allow us to build a more sustainable daily espresso regime. We failed in the former and succeeded in the latter, which started the widely appreciated ACI Baobab espresso ritual for a couple of months. There were so many little things in our day, like coffee, that we would share together – little bags of peanuts, 50 CFA oranges, big fat juicy mangoes, 3 shots of attaya delivered by other male ACI staff who he considered as his sons, boiled mint lollies sent from his family in France… In many respects, it was via these little things that he taught me the virtue and joy of sharing. – Being that Zator was my one-on-one tutor almost every afternoon for six months straight, we shared a lot of mem- - Most days I would write creative paragraphs to improve my ories together. So for anyone who cares to read on, I’d just written French. In lieu of simply editing the grammar and like to share some of the most pointed moments… correcting the obviously anglicised means of phrasing things, he would drive me round the bend as he laboured to under- My first class with Zator involved him walking me to the stand what I really meant by this or that. He would make me immigration office about twenty minutes away to help me explain, re-explain, expand, search for new means to express start the visa process. Still recovering from jetlag and cul- myself…and then he’d re-write the sentence in authentic ture shock, and not understanding all that much of what French after he was sure he’d understood what I wanted to was going on around me, I was frankly quite unsure about say. Eventually I realized he was onto something – language this old man. He grabbed my arm to keep me safe as we is far too subtle to be just corrected of technical faults. When crossed the busy streets of Dakar and didn’t say a lot. I was you gain another language, you gain another soul. not impressed. On the way home, he bought two oranges from a street seller, one for him, one for me. That broke the - In the decades that Zator has been one of the pillars of the ice and I realized this old man might be a bit nicer than I ACI Baobab Centre, from it’s Peace Corps inception, Zator has thought. gained many many dear friends. I lost count of the number of times our classes would be peppered with visits from old – Early on during my séjour in Dakar, I was in a taxi alone at students and colleagues. Every one would tell me just how 2am on my way home from a Saturday night out when I got lucky I was and how fabulously nutty was this Zator, and stopped by police, hassled and threatened with jail for hav- over the six months I came to attest to this myself. ing the incorrect identification on me. Monday morning I explained the ‘histoire’ to Zator and he got mad at me. Like, – So Zator, now that you’re hopefully heading for a place wait, excuse me…I’m the one who got hassled?! ”LUCY! where the attaya comes on tap and you’ll speak every lanWhy did you not call me??” ”Uh, it was 2am?” “LUCY…you guage there ever was, I hope you’ll forgive me for writing this have to PROMISE me you will call me… no matter what the in English. You were one member of humanity who seemed time of day…” That’s when I realized he was more than just to greet every day with a double thumbs up and an equally a teacher to his students, he was a papa. cheery and sincere ‘très…très…très bien’. You taught generations the joys of language learning – not just the languages - One afternoon late May when it was hot and we’d eaten of Senegal, but indeed the languages of life itself. You will be far too much ceebu jen for lunch we sat down in vain to dearly missed papa Zat. start class. Half an hour into it, we looked at each other and it was clear things were just not going to go far that Lucy Ellis’ tribute to Zator day. Student from New Zealand 19 Témoignages des professeurs ou Directeurs de programmes d’études à l’étranger de ACI Un baobab est tombé Il y a deux ans mon ami Zator m’écrivait : «Lif je te salue. Je t’informe aussi que j’ai eu un malaise mais tout se passe bien alhamdoulilahi. J’éprouve un grand plaisir de t’écrire et je me rappelle aussi de notre mémorable visite à Touba, je pense à tout les étudiants et je les salue. A bientôt Je me permets de partager la dernière correspondance que j’avais reçue de Zator avec vous parce que je trouve qu’elle résume l’esprit de l’homme: il avait la joie de vivre et tout ce qu’il faisait, il s’y mettait avec plaisir. En effet la visite à touba à laquelle il faisait allusion n’était mémorable que grâce à son dynamisme et extraordinaire sens de l’animation. La nouvelle de la disparition de notre ami et collègue Mamadou Diama Tounkara m’avait laissé stupéfait…C’était un véritable coup de massue. ACI sans Zator pour moi était inimaginable. Dans un sens il était l’âme du centre Baobab: son entrain dans les cours, son sens de l’humour, sa jovialité constante faisaient de lui une présence qui agrémentait le centre d’une ambiance bon enfant. Un Baobab de l’ACI est tombé! Une voix incomparable s’est tue! Certes le vide que laisse Zator derrière lui sera difficile à combler mais nous pouvons nous consoler du fait que les enseignants surtout de la trempe de Zator ne meurent jamais. Ils restent immortalisés dans les esprits. Zator nous lègue un riche héritage: sa vision du monde, son art de vivre et ses relations avec ses proches resteront indélébilement gravés dans nos mémoires. Adieu l’artiste ! Continue ta belle œuvre dans la terre de nos ancêtres ! Lifongo vetinde Coordonnateur du Programme Laurence University A vous tous et à vous toutes, cher-es Ami-es, Oui, nous avons perdu une grande partie de nous! Nous avons perdu un maître irremplaçable de la Langue et de l'étymologie, un amoureux du savoir et très généreux d'en donner, de le partager. Je n'ai pas les mots pour dire ma peine. A vous toutes et à vous tous qui avaient connu et aimé Zator, mes condoléances. Que Dieu vous accorde longue vie pour perpétuer la mémoire éternelle de Zator! Paix à son âme. Ibrahima Thioub Professeur d'Histoire Faculté des Lettres et Sciences Humaines Université Cheikh Anta Diop Please accept my condolence to you and to the ACI family. When you lose someone you love, there is not much one could say to soothe the pain that you feel, and there is nothing that one could do to fill the void left by the person who passed. If there is any comfort in talking about the person, it lies in remembering his life and how fully he spent it. Zator was a good man! Even after we moved from the Baobab Center, I continued to be in touch with him. I saw him quite regularly, and each time we met I was always moved by his modesty, his humor and, above all, his kindheartedness. I know you lost a kind and conscientious employee, who cared a lot about others. But we all lost a friend, whose behavior is an example of true and unsophisticated integrity. I pray for you and for the ACI team to muster all the emotional strength you need to go through these difficult moments. May Zator’s soul rest in peace! Blessings, Serigne Ndiaye, Ph.D. Resident Director, Dakar Language & Culture Program CIEE: Council on International Educational Exchange Suffolk University—Dakar Campus 20 Témoignages des amis et collaborateurs de ACI I am so sorry to hear about your and ACI’s great loss. You are obviously in a state of shock, but I do hope that you will soon feel able, all of you at ACI, to overcome this, and to celebrate what was quite clearly a wonderful life. Diari is very upset and I am doing my best to console her. Bien amicalement, John Crowther-Alwyn Mari de Diariétou Coly France Oh, Gary, How sad! what happened? I’m so grateful I got to see him in August. Hayib is out and I just happened to open this (we now have Internet at home). Janet Donaghy Soseh Washington, D.C. Je suis franchement desolée pour Zator. Il va sincèrement nous manquer et je m’associe à la douleur de ACI. Qu’il repose en paix et que Dieu l’accueille dans son Paradis. Dr. Christiane Moreira Congo Allah SWT a repris celui qu’Il nous avait juste “prêté”, pour un bout de chemin ensemble, pour partager l’illusion de la vie ici-bas. Allah SWT ne revenant jamais sur Sa Promesse, IL nous réunira avec Grand Zator un jour de félicité, le jour de la vraie vie, dans son Paradis éternel. Nous y serons tous Insha Allah, de par Sa Miséricorde et en récompense des bonnes oeuvres que nous aurons accomplies ici-bas. IL n’a fait de nous des “communautés différentes” que pour nous permettre de nous reconnaître. Grand Zator est pour moi la quintessence de la Bonté, de l’Humilité, de la Tendresse. Je le dis parce qu’il m’a toujours manifesté tout cela et bien plus... Réjouis-toi Grand car ce monde-ci est laid et vain ! Nos prières t’accompagnent pour que “Firdawsi” soit ta demeure éternelle. Toute ma famille se joint à moi pour vous dire à tous et à toutes: massaleen, très sincèrement. Bougouma Fall,Traductrice Dakar How very sad, Gary. I know you two have been close for many, many years. My thoughts are with you and Zator’s family… Big hugs, Joanna Davidson Professeur d’Anthropologie Emory University – Atlanta Actuellement au Sénégal So sorry to hear. Condolences to all of you at ACI and to his family. He was a tremendous teacher. Ellen Folley Professeur d’anthropologie – chercheur actuellement au Sénégal Clark University – Massachussets 21 Mot de Daour sur la journée d’hommage à Zator « Oh, quel farouche bruit fait dans le crépuscule, ce baobab qui s’abat(1).» Dimanche 14 mars, vendredi 14 mai 2010, voici deux mois jour pour jour que Zator dors du sommeil du juste là bas à Yoff Diamalaye. Mais, «dans la mort, disait l’Abbé Pierre, il y a beaucoup plus de rencontres que de séparations» Que d’hommes ou de femmes se sont retrouvés à la mosquée Ngaraaf de la rue 13X16 de la Médina, ce lundi 15 mars 2010 pour accompagner celui qu’il pensait n’être qu’à eux seul(e)s. Des personnes aux visages familiers, connus ou inconnus se tenaient côte à côte, contemplaient la grande foule, spontanément venue pour celui qui avait fini sa partie du labeur terrestre. Quinze jours plus tôt, un parterre de femmes et d’hommes dont des collègues, des parents et ami(e)s ont rendu un hommage à Mamadou Diama Tounkara, ce baobab que nous appelions Zator. Cela s’est passé dans les locaux de la seconde famille de Zator, ACI (Africa Consultants International) au cœur d’un quartier au nom symbole de secrets et de mystère, de puissance et d’enracinement, d’hospitalité, et de solidité, d’utilité et de longévité : Baobabs. En ce vendredi, 30 avril, 2010, la classe du maître au rez de chaussée de l’immeuble de ACI Baobab2, porte désormais, le nom de Kër Zator. Ce fut dans un silence lourd de signification que Médoune, le frère cadet de Zator a coupé le ruban tricolore aux couleurs du Sénégal, en présence de plusieurs membres de sa famille, du directeur de ACI de Gary Engelberg, de plusieurs de ses collègues et ami(es). Le matin même, en ce lieu même où il a partagé ce savoir, nous avons prié pour lui et comme en écho la célèbre phrase de son prophète Mohamed(saw) résonne : «Allez chercher, le savoir jusqu’en Chine » Son portrait y trône au milieu des fanions de prestigieuses Clubs Rotary don des étudiant(e)s qui se sont abreuvés à la fontaine de ses connaissances et de son savoir. Le groupe monte au premier niveau de l’immeuble : Dans le hall et de la salle de conférence de ACI Baobab2, trois panneaux tentent par la magie de la photo et des nombreux témoignages, parvenus de par le monde, d’exposer les traces visibles du parcours d’un homme que nous avons côtoyé, avec qui nous avons partagé les moments de gaieté, de tristesse, d’inquiétudes ou d’interrogations et parfois de colère vite évaporée dans le rire contagieux et réparateur. « Bul ma miin », un tube mythique du de la collection retro du Baobab orchestra de Dakar et les photos d’un destin défilent jusqu’à la dernière rencontre avec le maître, qui est solennel, un minaret pointe vers le ciel et « Sona » nous mène à Yoff Mbelelaan où une foule nombreuse en prières et méditations, a conduit Zator qui y rejoint beaucoup d’autres grands hommes. Tout semble terminé aux images de Médoune et de sa sœur Absa présents dans la cour du Centre Baobab pour une présentation de leurs condoléances au personnel de ACI. Et Zator, en sourire, le bras levé en progression pendant qu’il monte un escalier qui s’élève vers le ciel et semble nous dire Adieu. Enfin, le texte d’une... anecdote en Anglais de Lucy, étudiante de ACI, en compagnie de Zator, tous les deux ont le pouce levé (thumbs up). Lucy qui l’appelait affectueusement « Pazat » comme d’ailleurs certains d’entre nous avait spontanément crée un site sur le Web (2) dès l’annonce de la disparition de Zator qu’elle a nommé ; « Pazat, une vie très, très, très bien vécue » La présentation se clôt sur la vue où la l’image précédente de Zator s’entoure de toutes les autres images déjà vues. L’émotion n’a pas manqué d’en surprendre plus d’un qui a pris la parole pendant que dans son esprit il/elle recherchait un mot, une histoire ou une expression pour témoigner sur l’homme. Zator était entier et ne demandait pas beaucoup sinon que le respect, la reconnaissance de sa présence qui s’imposait et bien longtemps après sa venue, l’on sentait encore sa chaleureuse poignée de mains, ses belles paroles, son regard franc et son rire complice. C’est que Zator a beaucoup donné et n’attendait dans ce geste du «am» (prends, tiens), la réciprocité équilibrante, souvent attendue de l’autre «am» -celui ou celle qui vient de recevoir. Il nous manque déjà Zator, lui qui a su garder ses ami(e)s pour lesquels Baltasar Gracian Y Morales nous dit «Il vaut mieux, savoir conserver ses amis que ses biens.» Ce trait caractéristique de l’homme est revenu à plusieurs reprises dans des témoignages où Zator leur a donné et nous n’aurions jamais su, si les concernés n’avaient pas dévoilé ce secret. «Ce que tu gardes dit un proverbe Soufi, est perdu à jamais. Ce que tu donnes est à toi pour toujours.» Un portrait de Zator s’est peint sous les traits d’une personnalité complexe, comme les pièces d’un puzzle où l’une des plus évidentes était sa largesse de cœur, sa bonté en un mot. Entre sanglots étouffés et rire, pleurs et prières, les langues déliées, aidées par les mémoires encore fraîches ou rafraîchies, ont livré d’autres facettes de Zator parmi lesquelles, le groupe a cité pêle-mêle, sa bonne humeur, son sens du partage, son amour pour les enfants, sa grande sensibilité devant la souffrance de son prochain, sa discrétion, l’immensité de sa culture, sa politesse, sa fidélité en amitié, son respect de l’autre, l’attachement à sa famille et en particulier à sa maman, son sens de l’hospitalité, sa tolérance, son sens artistique, sa grande pédagogie, sa passion pour l’enseignement, L’absence de Zator c’est aussi sa présence car pas un seul jour ne s’est passé depuis qu’il nous a quitté où nous n’avons parlé de lui. Il est présent dans nos esprits et nos cœurs. Nous l’avons pleuré et avec le temps, certainement nous comprendrons « qu’Il ne faut pas pleurer pour ce qui n’est plus mais être heureux pour ce qui a été » Marguerite Yourcenar (1) Oh! Quel farouche bruit font dans le crépuscule, les chênes qu’on abat …(Victor Hugo) (2) Lucy en Afrique : (http://markle.wordpress.com/senegal/ (http://markle.wordpress.com/senegal/)) (3) « La joie fait venir le bonheur, le mécontentement et l’insatisfaction le font fuir. Un coeur joyeux permet de créer autour de soi toujours plus de lumière et de renouveau. » Matsumoto Jitsudo 22 Zator en images Zator entouré de Doyen et de Souleymane Zator en pleine discussion avec son etudiant Zator le mouride Zator jeune enseignant Zator le sage Zator jeune enseignant et ses collegues Zator et ses collgues enseignants de ACI 23 Zator en images Zator entrain de disucter avec une etudiante Zator au mariage de Rokaya Sy (chef comptable à ACI) Zator le maitre pedagogue Zator et ACI une rapport de fidélité et d’engagement Zator le maitre penseur Zator, Rudy Gomis et Bouba Diallo Zator et Doyen Sow 24 Rêve de Zator Souvent, Zator et moi avions l’habitude de nous asseoir pour parler de nos rêves concernant ACI, sa seconde famille. En sa qualité d’instructeur émérite de wolof et français, Zator avait beaucoup d’idées pour la réussite de notre programme de langues, pour le renforcement du programme, et pour tailler une place de choix au programme dans un contexte de compétition féroce. • Il a toujours pensé qu’il était important de créer des opportunités de formation continue pour notre corps enseignant pour maintenir son enthousiasme et sa créativité ; • il a toujours voulu stabiliser la situation des instructeurs en leur assurant des subventions en période creuse ; • Il disait souvent qu’il nous fallait aussi recruter et former une nouvelle génération d’instructeurs pour assurer l’avenir du programme ; • Il voulait que l’on travaille sur la mise à jour de notre matériel de français et de wolof ; • Il sentait qu’il nous fallait expérimenter diverses manières d’intégrer les nouvelles technologies dans notre enseignement, • Il souhaitait vivement que nous mettions en place un fonds pour aider les jeunes étudiants indépendants aux moyens limités afin de leur permettre de poursuivre le plus longtemps possible leurs études. Cependant, la situation économique qui a prévalu ces dernières années n’a pas permis de réaliser des surplus pour mettre en œuvre ces brillantes idées. Zator est parti brutalement en cette matinée du dimanche 14 mars 2010, et nous pleurons encore cet homme si gentil, si attentionné, et si amusant. Malgré la tristesse ambiante, on ne peut penser à Zator sans sourire. Pendant ses quarante années d’enseignement, il a posé son empreinte sur des centaines, voire des milliers d’étudiants. Comme une ancienne de ACI l’a si bien dit: «Quel héritage que d’avoir influencé autant de vies et d’avoir élargi autant d’horizons!» En hommage à la vie et à l’œuvre de Zator, la salle de classe où il a souvent enseigné porte aujourd’hui son nom. Sa photo, son album et le recueil de témoignages à son égard y resteront pour que les générations futures puissent le connaître. Une cérémonie de souvenir est prévue le 30 avril pour célébrer la vie de notre ami. Aussi, avec l’accord de sa famille, nous lançons dès à présent un appel qui sera renouvelé à la date du 15 mars de chaque année pour se souvenir de lui et accompagner ACI dans la réalisation de son rêve. Aidez-nous à faire du rêve de Zator une réalité. Au Sénégal, vous voudrez bien remplir et imprimer le formulaire en pièce jointe et le déposer avec votre contribution en espèces ou chèque à l’ordre de Africa Consultants International au Centre Baobab, 509 SICAP Baobab où l’envoyer à ACI, BP 5270, Dakar-Fann, Senegal. Vous pouvez aussi envoyer vos contributions à ACI par Carte de Crédit grâce au PayPal. Aux USA, Envoyez le chèque à notre représentante : Leita Kaldi Davis 181 Pinehurst Drive Bradenton FL 34210 Veuillez préciser sur votre chèque ou bordereau d’envoi Pay Pal que votre contribution est pour le «Rêve de Zator» ACI est une organisation à but non-lucratif de type 501(c) (3). Aux USA, votre don est déductible de vos impôts, comme prévu par le règlement du Service des Revenus Internes (Internal Revenue Service). (Tax ID # 030341924) 25 Africa Consultants International (ACI) Formulaire de Don Oui! Je veux contribuer pour que le «Rêve de Zator» devienne réalité Nom: ___________________________________________ Adresse: ___________________________________________________________ Ville: ________________________________________ Etat/Province: ______________________ Code Postal: ___________________ Pays: ______________________ Téléphone: ________________ Courriel: ____________________ Ci-jont, ma contribution de: $1000 ____$500 ____$250 ____$100 ____$50 ____$35 ____ Autre $_________ Veillez confirmer la réception de ce don auprès de: (Courriel ou adresse postale) ACI’s Mission To promote cross-cultural understanding social justice and the health and well-being of Africa’s people through effective communication and transformational training. Mission de ACI Promouvoir la comprehension interculturelle, la justice sociale, la santé et le bien-etre des peuples africains à travers une communication efficace et la formation fransformationnelle.