Télécharger le document

Transcription

Télécharger le document
EXECUTIVE SUMMARY
04
ANALYSE SWOT
05
MONDE : UN SECTEUR INTENSIF, VERTICALEMENT
INTÉGRÉ ET GÉOGRAPHIQUEMENT CONCENTRÉ
07
UN MARCHÉ MONDIAL ARRIVÉ À MATURITÉ
07
DES STRATÉGIES DE CONCENTRATION ET DE DURABILITÉ
11
DES STRATÉGIES ORIENTÉES VERS L’ACQUISITION ET
L’INVESTISSEMENT DANS DES GROUPES ÉTRANGERS
12
EN DÉPIT DE CERTAINS PROBLÈMES CONJONCTURELS ET
STRUCTURELS, LE SECTEUR ATTIRE ENCORE DE NOUVEAUX
INVESTISSEMENTS
15
UNE ACTIVITÉ PARTICIPANT ACTIVEMENT AU DÉVELOPPEMENT
SOCIO-ÉCONOMIQUE DU ROYAUME
15
UN SECTEUR FAISANT FACE À DES PROBLÈMES STRUCTURELS
MAIS AUSSI CONJONCTURELS
18
UN POTENTIEL D’ACCROISSEMENT IMPORTANT FAUTE D’UNE
INSUFFISANCE DE LA CONSOMMATION
21
UNE MISE À NIVEAU DE LA FILIÈRE AVICOLE
22
UNE ORIENTATION DES OPÉRATEURS MAROCAINS VERS
UN MODÈLE AVICOLE INTÉGRÉ BASÉ SUR LA QUALITÉ,
L’INNOVATION ET UN NOUVEAU MODE DE DISTRIBUTION
26
ANALYSE STRATÉGIQUE DES OPÉRATEURS
29
SOURCES
33
DOCUMENT REALISÉ PAR :
SAFAA EL FAHLI
([email protected])
ICHRAQ OUAZZANI CHAHDI
([email protected])
EXECUTIVE SUMMARY
L’industrie avicole mondiale a plutôt bien résisté à la volatilité des matières premières. En effet, en 2010, et en dépit
de la hausse des cours du blé et du maïs, la production de viande de volaille a progressé, atteignant 98 millions de
tonnes. L'activité Poulet en a représenté à elle seule près de 86%. Sa consommation, qui a également enregistré une
croissance dépassant les 2% sur les cinquante dernières années, s’oriente de plus en plus vers des produits découpés
et élaborés (produits cuits - fumés - marinés…).
Convaincus que le marketing et l’intégration constituent des piliers essentiels, les grands opérateurs du secteur
tentent de renforcer leur intégration, notamment dans l’industrie européenne, et ce, par le biais de restructurations,
de fusions ou d’acquisitions, et par l’ancrage de partenariats et d’alliances stratégiques.
Au Maroc, le secteur avicole est en plein essor, comme en atteste l’évolution du chiffre d’affaire (+10% par rapport à
2009) et des investissements, +8%. Se plaçant en tête des filières agro-alimentaires, il suscite l’intérêt aussi bien de
l’interprofession que du gouvernement qui s’accordent sur la nécessité de sa mise à niveau.
Néanmoins, un net retard de développement à l’aval du secteur a été constaté au cours des dernières années. Si les
efforts déployés par les pouvoirs publics ont su assurer une maîtrise des intrants et une réglementation sanitaire,
indispensables à l’approvisionnement des fabricants d’aliments pour volailles, ils n’ont pas pu garantir la
modernisation des circuits traditionnels d’abattage et de commercialisation.
Les opérateurs du secteur pâtissent ainsi de l’incapacité des autorités compétentes à s’impliquer au mieux dans la
mise à niveau desdits circuits. Majoritairement informels et souvent montrés du doigt, ils sont à l’origine d’une forte
volatilité des prix et de coûts de production élevés.
En outre, les insuffisances constatées dans la valorisation des produits (dominance de volailles vivantes) et dans la
chaîne logistique constituent des freins majeurs à la promotion de la consommation et au développement de la filière.
Pourtant, de réelles opportunités d’exportations s’offrent au secteur notamment à destination des pays d’Afrique
sous réserve que les efforts d’amélioration de la productivité des élevages intensifs modernes (élevage hors sol et
cycle de production court) et des capacités de production soient maintenus.
D’autres perspectives s’ouvrent au secteur à travers les mesures incitatives d’accompagnement et de mise en œuvre
du cadre réglementaire et d’amélioration de la qualité et de la sécurité sanitaire prévues par le Plan Maroc Vert. Pour
sa part, l’interprofession a pris des engagements pour l’accroissement de la production, des investissements et des
emplois. Enfin, les industriels entreprennent des actions d’innovation (traitement thermique à 100% des aliments,
certification ISO…), de différenciation (découpe des viandes, production de viande séparée mécaniquement,
congélation…) et de diversification (développement de marques, introduction dans le secteur de la charcuterie…).
Sur le plan financier, force est de constater que les opérateurs nationaux inscrits dans la démarche de l’intégration
verticale des différents maillons de la chaîne avicole témoignent d’une meilleure gestion de recouvrement et affichent
une meilleure rentabilité, matérialisée par un ROE de 30,9%, contre 16,9% pour les opérateurs présentant les
prémisses d’intégration. Toutefois, et afin de financer un cycle court, les opérateurs aussi bien intégrés que
présentant des prémisses d’intégration ont fortement recours à des dettes à court terme.
Dès lors, les opérateurs souhaitant promouvoir leurs activités sur le marché national et développer leurs exportations,
s’attachent à améliorer leur compétitivité et à réaliser des économies d’échelle, essentiellement par l’intégration
verticale (provende, accouvage, élevage, abattage - transformation, commercialisation et export).
4
Observatoire De l'Entreprenariat
ANALYSE SWOT
Forces
Opportunités
• Des conditions climatiques favorables
• Un respect de la Loi 49-99 relative à la
protection sanitaire des élevages avicoles
• Un élevage hors sol, ne dépendant pas des
aléas climatiques
• Une réglementation sanitaire appliquée
avec rigueur
• Un cycle de production court
• Un faible niveau de consommation
• Des infrastructures de production
développées
• Des prix de vente compétitifs
• Un développement de la production
nationale en VSM (viande séparée
mécaniquement)
• Un développement du secteur de la
charcuterie
• Une promotion des exportations des
produits avicoles
Faiblesses
Menaces
• Une défaillance des circuits d’abattage et
de commercialisation
• Des coûts de production élevés
• Une ambiguïté du statut fiscal du secteur
• Une inefficience du système de production
dans la régulation du marché
• Une difficulté d’accès des aviculteurs aux
sources de financement
• Une insuffisance de la recherche, de
l’information, de l’encadrement et le faible
niveau technique des aviculteurs
• Des crises sanitaires en répétition
• Un déséquilibre entre l’offre et la demande
• Une non-implication des autorités dans
l’assainissement des circuits de
commercialisation
Observatoire De l'Entreprenariat
5
Monde : un secteur intensif, verticalement intégré et
géographiquement concentré
Un marché mondial arrivé à maturité
Des stratégies de concentration et de durabilité
Des stratégies orientées vers l’acquisition et l’investissement dans des groupes étrangers
MONDE : UN SECTEUR INTENSIF, VERTICALEMENT
INTÉGRÉ ET GÉOGRAPHIQUEMENT CONCENTRÉ
Cette performance confirme une reprise du
secteur, après des années de faible croissance
due notamment aux crises sanitaires ayant
fragilisé la production de viande de volaille
(principalement en Asie et en Europe).
UN MARCHÉ MONDIAL ARRIVÉ À
MATURITÉ
Une volatilité des prix des matières
premières
L’alimentation de la volaille se compose
principalement de maïs, de blé et de tourteau de
soja. Après la hausse enregistrée en 2010 des
cours du blé (24%) et du mais (26%), ceux-ci ont
connu d'abord une certaine volatilité tout en
restant à des niveaux élevés au premier semestre
2011 avant de connaître une baisse à partir de
juillet. Cette tendance baissière a été amplifiée par
le retour de la Russie et de l’Ukraine sur le marché
ainsi que par le bon niveau des récoltes.
Selon la FAO, sous réserve du maintien d’un
contexte d’amélioration de l’économie mondiale
et de baisse des prix des aliments et en l’absence
de nouvelles épidémies, la production de volailles
devrait progresser de 3 % en 2011 pour atteindre
près de 100 MT, en raison des prix élevés des
viandes concurrentes.
Les cours de tourteau de soja ont également
enregistré une baisse en 2011, en raison du
niveau élevé de la récolte sud-américaine et du
recul du dollar.
Les principaux producteurs mondiaux de volaille
sont les USA (19,6 MT), la Chine (17,6 MT), le Brésil
(12,6 MT) et l’UE-27 (12,1 MT).
Evolution des prix des matières premières
(en EUR/tonne)
La production mondiale de volailles
de chair partagée entre quatre puissances
Répartition de la production mondiale de volailles
de chair, 2010
€/T
400
Etats Unis
20%
350
300
Autres
37%
250
200
150
Chine
18%
100
Tourteaux de soja rendu Montoir
juil.-11
janv.-11
juil.-10
janv.-10
juil.-09
janv.-09
juil.-08
janv.-08
juil.-07
janv.-07
juil.-06
janv.-06
50
UE à 27
12%
Brésil
13%
Maïs rendu Ille et Vilaine
Source : ITAVI
Blé rendu Ille et Vilaine
Source : ITAVI
Une production soutenue par la
fermeté de la demande
La production mondiale de viande de volaille a
atteint 98 millions de tonnes (MT) en 2010 et
occupe la 2ème place après celle de la viande de porc
(110 MT), et largement devant celle de la viande
bovine (65 MT).
(2)
La production dans le secteur s’est inscrite à la
hausse au cours des 7 dernières années. Encore
plus marquée au Brésil (5,6%)2 et en Chine
(3,6%), elle demeure moindre dans l’UE-27
(1,6%) et aux USA (0,9%). Il est à signaler que la
croissance au sein de l’Union Européenne a été
tirée principalement par la Pologne (7,3%) et
l’Allemagne (4,9%).
TCAM de 2004 à 2010.
Observatoire De l'Entreprenariat
7
La croissance mondiale du secteur est attribuée à
la conjoncture, globalement favorable sur les
marchés internationaux (hormis le plafonnement
de la consommation intérieure aux USA), au
dynamisme de la demande intérieure en Russie,
ainsi qu’aux mesures régulièrement prises par les
autorités visant à réduire la dépendance du pays
vis-à-vis
des
importations
(contingents
d’importation, barrières sanitaires…).
La production de poulet, de dinde et de canard
dans l’UE 27 (en millions de tonnes)
8,7
8,7
1,9
2
0,6
0,5
Evolution de la production de volaille dans les
principaux pays producteurs de l’Union Européenne
8,9
9,2
2005
2006
1,8
1,8
1,7
1,8 Dinde
0,5
0,5
0,5
2007
2008
2009
Poulet
0,6 Canard
2010
Source : FranceAriMer d’après Commission européenne
1,9
1,9
1,8
1,8
1,6
1,5
1,5
1,3
1,2
1,3
1,3
1,3
1,3
0,7
0,6
Italie
La production de poulet et de dinde aux Etats-Unis
(en millions de tonnes)
0,7
0,6
France
1,6
1,3
1,2
1,1
1
0,9
2004
1,4
1,2
1,1
2005
2006
Royaume Uni
Pologne
2007
2008
Espagne
16
2009
2010
Allemagne
Pays Bas
Source : France AgriMer
Prédominance de la production du poulet
de chair
En 2009, le poulet représentait près de 86% de
la production mondiale de volailles de chair. Au
Brésil et aux Etats-Unis, par exemple, la
production de poulet est dominante et
représente 97% et 82% respectivement de la
production de volailles dans ces pays.
Les traditions culinaires de la Chine, en faveur
de la consommation des palmipèdes (canard,
oie), impliquent une production nationale de
ces viandes de l’ordre de 30% ; le poulet
représentant 68% du total.
Enfin, la viande de poulet dans l’UE-27 représente
80% de la production de volaille, la viande de
dinde 15% et la viande de canard 4%.
Observatoire De l'Entreprenariat
16,3
16,7
2,6
2,7
2006
2007
17
Poulet
1
0
0
0
T
E
C
2,5
8
8,8
8,3
2005
2,8
Dinde
2008*
*Estimations
Source : Office de l’élevage d’après USDA
Une production mondiale d’œufs de
consommation stimulée par la Chine
En 2009, la production mondiale d’œufs de
poules a atteint 62,4 millions de tonnes,
enregistrant une croissance annuelle moyenne
de 2,3% entre 1999 et 2009, mais affichant un
ralentissement par rapport à la décennie
précédente (+ 3,9%/an).
La Chine demeure de loin le premier producteur
dans le monde, avec 23,9 millions de tonnes,
soit 38 % de la production mondiale, suivie de
l’UE-27 (6,3 MT) et les USA (5,3 MT).
Production mondiale des œufs de consommation
en MT, 2009
Russie
4%
Mexique
4%
Brésil
2%
Japon
4%
Inde
5%
Chine
38%
Etats Unis
8%
Au cours des 50 dernières années, le taux de
croissance annuel moyen de la consommation
de viande de volaille par habitant a dépassé les
2% pour enfin s’établir à près de 12 Kg/hab/an.
Sur les 10 dernières années, dans la plupart des
pays, la consommation de cette viande a
progressé notamment dans les zones à fort
pouvoir d’achat comme le Proche et le Moyen
Orient (Koweït, Arabie Saoudite, Brunei) et dans
les îles des Caraïbes, là où le développement
touristique est important.
UE à 27
10%
Evolution de la consommation des viandes dans
le monde (en Kg/hab.)
Autres
25%
Source : ITAVI d'après FAO et Commission Européenne
Répartition de la consommation de produits carnés à
travers le monde, 2010
Autres
1,9%
Bovine
22,7%
Ovine
4,6%
Volaille
33,4%
11,9
12,4
14
15,1
1,6
1,7
1,8
1,8
10,8
10,4
9,7
9,4
10,6
Une consommation orientée davantage
vers des produits découpés et élaborés
Estimée à 95,6 MT en 2010, la volaille de chair
constitue la 2ème viande la plus consommée au
monde, après la viande porcine, principalement
sous forme de produits découpés et élaborés
(produits cuits - fumés - marinés…). La volaille
étant plus rarement achetée crue et entière par
le consommateur. Ses produits dérivés vendus
incorporent de plus en plus de services, allant
même jusqu'à la livraison à domicile.
9,4
1971/1980
1981/1990
Bovine
Ovine
1991/2000
Porcine
2001/2007
Volaille
Source : FAO
La consommation individuelle de volaille dans
quelques pays
K
G
E
C
/
H
A
B
/
A
N
46
47
48
52
53
34
33,5
53,5
53
38
38
30
22
24
15
12
10
8
2
15
1996
1998
2000
Russie
*Estimations
23
22,5
16
Etats-Unis
Porcine
37,4%
6,6
4,9
17
19
22
24
22,5
14
4
Brésil
Total Monde
2002
2004
2006
2008*
UE à 27
Afrique du Sud
Chine
Inde
Source : Office de l’élevage d’après FAO,
USDA et Commission
Source : France Agrimer
Observatoire De l'Entreprenariat
9
Même si la Chine confirme son rang de premier
pays consommateur de viande de volaille, le
niveau de consommation individuelle y reste
plutôt faible, de l’ordre de 13,9 kg/hab/an,
légèrement supérieur à la moyenne mondiale.
Il est à préciser que la consommation chinoise
s’est développée plus rapidement depuis ces
dernières années.
Légèrement en baisse aux USA et dans l’UE-27,
avec respectivement 52,6 et 23,7 kg/hab/an, la
consommation individuelle repart à la hausse
au Brésil, après avoir marqué le pas pendant
deux ans. Elle atteint 37 kg/hab/an et une
consommation totale annuelle de plus de 7 MT.
Enfin, la consommation de viande de volaille en
Russie,
offre
des
perspectives
de
développement importantes, lui permettant
d’absorber la croissance concomitante de la
production et des importations. Elle atteint
désormais 24,1 kg/hab/an, soit un niveau
équivalent à celui observé dans l’UE-27.
S’agissant de la consommation individuelle
d’œufs, elle reste très variable d’un pays à
l’autre ; de quelques dizaines d'unités par an et
par habitant dans certains pays africains, à
plus de 250 unités dans les pays développés,
voire près de 300 au Japon. Dans un marché
peu évolutif, seule l'Asie connaît une croissance
de sa consommation, tirée principalement par
la Chine.
Des exportations internationales tirées
par les USA et le Brésil
En 2009, le commerce international de volailles
a porté sur 9,8 MT, soit près de 9,5 % de la
production mondiale. Assurant 70% des
exportations mondiales en 2010, le Brésil et les
USA ont même progressé de 46% sur les sept
dernières années. L’UE-27, arrive en troisième
position au niveau international, avec 11% des
exportations.
10 Observatoire De l'Entreprenariat
Principaux pays exportateurs de viande de volaille
dans le monde (Exportations en 1000 tonnes)
229
404
1 029
325
599
953
2 615
2 914
2 654
2 713
2004
Brésil
Thailande
520
809
981
659
1 056
1 255
3 800
3 833
3 700
3 873
2006
Etats-Unis
Argentine
2008
UE à 27
2010
Chine
Canada
Source : France Agrimer
Le dynamisme des marchés brésilien et
américain à l’export est porté par :
• la Chine et l’Asie de l’Est. Leurs importations
se sont accentuées notamment grâce au
report de consommation en faveur de la
volaille et en raison de la faible offre en
viande porcine ;
• le Moyen-Orient, où la concurrence avec la
viande de porc est quasiment inexistante ;
• l’Amérique latine notamment le Mexique, le
Venezuela et le Chili. Les USA demeurent le
principal fournisseur, mais le développement
du marché en Amérique du Sud offre une
opportunité sérieuse pour les opérateurs
brésiliens et argentins, même s’il ne concerne
encore que des volumes relativement
restreints.
Le Moyen Orient, un marché porteur à
l’importation
Le Moyen Orient, où la concurrence avec la viande
de porc, première viande consommée dans le
monde, est quasiment inexistante, constitue un
marché à fort potentiel. En effet, et sur les
7 dernières années, les importations de viande de
volaille vers cette région en enregistré une hausse
annuelle moyenne de 13,5%, atteignant plus de
2 millions de tonnes. Le dynamisme de la
demande s’est traduit par une hausse rapide des
volumes et du prix de volaille importés.
Principaux pays importateurs de viande de volaille
dans le monde (Importations en 1000 tonnes)
208
470
599
1 111
851
812
1 005
2004
Moyen Orient
Japon
357
618
806
1 227
1 018
259
651
928
297
700
925
599
1 077
1 283
1 187
1 815
1 984
1 237
1 071
2006
Chine
Mexique
2 153
1 658
2008
UE à 27
2010
Russie
Afrique du Sud
Source : France Agrimer
DES STRATÉGIES DE CONCENTRATION
ET DE DURABILITÉ
Le marché avicole mondial arrivant à maturité, les
pays leaders adoptent désormais des stratégies
de différenciation, basées sur des modèles
spécifiques à leurs structures d’exploitation, leurs
disponibilités en ressources humaines et leurs
moyens technologiques.
Vers une maîtrise de la consommation
intérieure
Le plafonnement de la consommation
intérieure à travers la mise en place de barrières
sanitaires et de la réduction de contingents
d’importation constitue une stratégie visant le
soutien de la production intérieure, la
régulation de l’offre ainsi que la réduction de la
dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs.
De même, elle permettrait de s’assurer que le
pays continuera de disposer de volumes
suffisants pour ses exportations.
Cette stratégie s’est tout d’abord développée
aux Etats-Unis avant de se répandre à certains
pays d’Europe et notamment la Russie, qui a vu
sa production bénéficier du dynamisme de la
demande intérieure face aux différentes
mesures prises par le gouvernement.
Une production régionalisée pour un
meilleur rendement
Dans certains pays, la production de viande de
volaille demeure concentrée dans des zones
spécifiques, du rendement plus élevé.
Au Brésil, par exemple, le déplacement de l’activité
avicole du Sud (Santa Catarina) vers le Centre du
pays (Rio Verde) tend à renforcer la proximité des
éleveurs aux cultures des matières premières,
notamment le maïs et le soja et à améliorer les
caractéristiques des structures d’exploitation.
Le sud du pays présente un modèle d’aviculture
traditionnel. L’aviculture est ainsi exercée dans
le cadre de petites exploitations familiales dont
la production demeure diversifiée et hétérogène
(bovine, porcine, avicole et autres),
Par contre, au centre, les structures sont plus
récentes, plus grandes et rationalisées, avec un
nouveau modèle d’intégration verticale : les
exploitations sont de taille modérée à grande
(192 ha en moyenne), avec un ancrage
partenarial fort entre, l’intégrateur et
l’entreprise d’exploitation, une main d’œuvre
qualifiée et un système productif plus efficient.
Les producteurs de Rio Verde sont de ce fait
mieux rémunérés que ceux de Santa Catarina
grâce notamment aux grandes capacités de
production et à l’utilisation de techniques
productives plus avancées.
Au-delà de ces avantages, le gouvernement
fédéral brésilien accompagne les opérateurs qui
se sont installés au centre à travers l’octroi de
financement et de crédits.
Une approche de marché et un
investissement dans les nouvelles
technologies
Conscients que l’investissement dans les
nouvelles technologies constitue une des clés de
l'accroissement de la productivité, certains pays
encouragent l’investissement dans ce créneau.
Observatoire De l'Entreprenariat 11
En Thaïlande, par exemple, les instruments du
marché, et plus particulièrement le paiement
des services environnementaux, la certification,
les incitations fiscales et les subventions à
l’investissement sont les moteurs de gestion
par excellence des effets environnementaux, hors
site.
DES STRATÉGIES ORIENTÉES VERS
L’ACQUISITION ET L’INVESTISSEMENT
DANS DES GROUPES ÉTRANGERS
Dès lors, les réductions d’impôt encouragent de
plus en plus les aviculteurs à quitter les zones
périurbaines où la population est particulièrement
vulnérable, au risque croissant de maladies
contagieuses et d’épidémies.
Les industries avicoles européennes sont à la
croisée des chemins. Elles se retrouvent face à des
choix stratégiques, à l’instar de ce qui s’est passé
au milieu des années 90. Ces choix ont contribué
à de fortes restructurations, fusions et
acquisitions, et à l’ancrage de partenariats et
d’alliances, conclus au cours de ces deux dernières
années.
Par ailleurs, le nombre grandissant de projets
d’innovations technologiques prometteuses
contribue à rendre l’aviculture plus durable. En
effet, les nouvelles technologies aident à mieux
gérer et contrôler l’utilisation des ressources
naturelles et la supervision à distance et
participent à la gestion des problèmes sanitaires
et environnementaux liés à l’aviculture et à
l’élevage intensif.
En France, les innovations dans le domaine de la
génétique, de l’alimentation et de la santé animale
et de la robotique ont fortement contribué au
développement de la production avicole dans les
années 60.
Depuis, les orientations de la recherche
scientifique prennent de plus en plus en
considération les enjeux du développement
durable : un projet de filière durable, compatible
avec les exigences de la société française, en
matière d’environnement, de bien être animal et
de qualité technologique gustative, nutritionnelle
et sanitaire.
12 Observatoire De l'Entreprenariat
Un intérêt croissant des opérateurs
brésiliens pour l’industrie avicole
européenne
Les principaux groupes européens implantés
dans le secteur avicole
Nutreco Espana
Grampian Country Food
LDC
Doux
AIA
Arena holding
Lohmann & co.
Bernard Matthews
Gastronome
Moy Park
Optigal
2 sisters food products
Arrivé
3,1
2,75
1,6
1,4
1,2
0,8
0,75
0,72
0,72
0,7
0,6
0,54
0,55
Chiffre d’affaires consolidé annuel tous secteurs (Milliards d’euros)
Groupes français
Source : AND International, 2007
Afin de conforter les flux d’exportations vers des
marchés réguliers et solvables, dont fait partie
l’UE-27, les entreprises brésiliennes renforcent
fermement leur présence sur ces marchés
d’importations. Ainsi, et au cours des deux
dernières années, elles ont réalisé des
investissements importants dans l’UE-27 et pris le
contrôle de plusieurs outils spécialisés dans la
fabrication de produits avicoles élaborés et
transformés.
En avril 2007, le premier opérateur brésilien dans
le secteur de la volaille, Perdigao, a acquis
l’entreprise néerlandaise Plusfood, détenue
jusqu’alors par le groupe Cebeco. Cette firme est
spécialisée dans la fabrication de produits
transformés, à base de viande de volailles et de
bœuf, et possède par ailleurs des outils de
production au Royaume-Uni et en Roumanie.
De plus, et en juin 2008, le groupe Marfrig,
deuxième au Brésil et quatrième au niveau
mondial sur le marché de la viande bovine, a
acquis le groupe européen Moy Park, détenu
précédemment par le groupe américain OSI. Il est
à signaler que Moy Park est le 10ème opérateur
avicole européen et le 4ème au Royaume-Uni.
Une diversification de la production
De grands groupes spécialisés dans un secteur
d’activité particulier (Danish Crown et Vion pour
le porc, Marfrig ou JBS pour le bœuf), cherchent à
devenir des acteurs importants dans d’autres
secteurs, non seulement dans leur pays d’origine
mais également à l’étranger. La diversification de
l’activité leur permet une meilleure répartition des
risques sur les différents domaines d'activité.
Au Brésil, le groupe Perdigao, historiquement
spécialisé dans la production porcine et avicole, a
récemment investi dans la production laitière, en
reprenant des actifs de Parmalat et, dans une
moindre mesure, dans la production bovine.
L’entreprise Sadia a également diversifié sa
production en investissant dans le secteur bovin
et dans les produits transformés (glace, pizza…).
L’investissement réalisé récemment dans des
groupes polyvalents européens pourrait, à terme,
favoriser les exportations entre le Brésil et l’UE-27,
non seulement de produits bruts (découpes de
volailles congelées) mais aussi de produits
transformés (cordon bleu, nuggets…).
Les acteurs européens du secteur des viandes de
boucherie ne sont pas en reste. En juin 2008, le
groupe néerlandais Vion (premier en Europe dans
le secteur bovin et second dans le secteur porcin)
a racheté le groupe Grampian Country Food,
spécialisé dans la production avicole.
En somme, l’industrie européenne des viandes
de boucherie et de volailles connaît
actuellement une profonde mutation qui
pourrait déboucher à terme sur la structuration
à la fois de la production dans les différentes
régions européennes et des flux intra et
extracommunautaires.
Une spécialisation et une chasse aux
coûts
Dans certaines régions du monde, le secteur
avicole s’est développé par filière. Aux USA, par
exemple, la filière « dinde » est très bien
structurée. Le secrétariat fédéral à l’agriculture
compte près de 3 000 éleveurs professionnels
dans les différents états. Le plus gros éleveur de
l’Iowa produit plus d’un million de têtes par an. Le
Minnesota, plus gros producteur, compte 250
éleveurs ayant 600 fermes et totalisant
86 millions de têtes. Le nombre de couvoirs ne
dépasse pas la cinquantaine dans tout le pays, et
celui des entreprises d’abattage-transformation
est encore plus faible. La «massification » est
généralisée pour faire face à une demande,
également massive. La recherche des économies
d’échelle devient alors un réflexe incontournable.
Pour ce faire, la spécialisation est telle que
l’élevage et l’abattage du cheptel séparent
désormais les mâles des femelles. Soixante pour
cent de ces dernières sont destinées aux marchés
de l’entier (à 6,5 kg de poids vif), le reste en lourd
(16 semaines - 8,5 kg environ) ou en super lourd
(23 semaines - 11 à 13 kg). Les différentes phases
d’élevage (démarrage et croissance) sont
physiquement séparées dans le but de restreindre
les coûts de production.
Cependant, le développement du secteur
pourrait pâtir du manque de main-d’œuvre. En
effet, les usines, implantées dans les endroits
où la main d’œuvre est disponible,
fonctionnent grâce aux minorités, clandestines
parfois, qui perçoivent moins de 10 USD par
heure et dans des conditions extrêmement
difficiles.
Observatoire De l'Entreprenariat 13
En dépit de certains problèmes conjoncturels et structurels,
le secteur attire encore de nouveaux investissements
Une activité participant activement au développement socio-économique du Royaume
Un secteur faisant face à des problèmes structurels mais aussi conjoncturels
Un potentiel d’accroissement important faute d’une insuffisance de la consommation
Une mise à niveau de la filière avicole
Une orientation des opérateurs marocains vers un modèle avicole intégré basé sur la qualité,
l’innovation et un nouveau mode de distribution
Analyse stratégique des opérateurs
EN DÉPIT DE CERTAINS PROBLÈMES
CONJONCTURELS ET STRUCTURELS, LE SECTEUR
ATTIRE ENCORE DE NOUVEAUX INVESTISSEMENTS
UNE ACTIVITÉ PARTICIPANT
ACTIVEMENT AU DÉVELOPPEMENT
SOCIO-ÉCONOMIQUE DU ROYAUME
Un secteur drainant un chiffre
d’affaires et des investissements
importants
Le climat du Maroc est favorable à l’élevage
avicole, en raison des températures douces,
surtout sur le littoral, impliquant de moindres
investissements dans l’isolation des bâtiments,
en comparaison avec les pays européens.
Partagé entre une activité fermière traditionnelle
et une production moderne intensive, le secteur a
généré un chiffre d'affaires de MAD 23,2 milliards
et a consenti des investissements de
MAD 9,4 milliards en 2010. Il offre actuellement
110 000 emplois directs et 250 000 emplois
indirects y compris dans les circuits de
commercialisation et de distribution. Déjà
relativement élevés, les coûts d’investissements
restent fortement grevés par une TVA de 20%,
contrairement aux autres activités agricoles.
Néanmoins, compte tenu de ses capacités de
développement rapide, le secteur constitue une
alternative de compétitivité pour satisfaire les
besoins protéiques d’une population en
croissance, marquée par une poussée
démographique, une forte urbanisation et un
faible pouvoir d’achat.
Amélioration de la production de la
viande de volaille et d’œufs en dépit
des coûts de production élevés
le Brésil et les USA, mais demeurent similaires
à ceux des pays qui, à l’instar du Maroc,
importent l’essentiel des intrants (aliments,
reproducteurs…). Le tableau ci-dessous
présente les prix de revient moyens des
produits avicoles au Maroc.
Prix de revient moyens des produits avicoles au Maroc
Produits avicoles
Poussin de type chair
Poussin ponte
Prix au producteur en MAD
2 à 2, 5
4à5
Poulette prête à pondre
38 à 40
Oeuf de consommation
0,5 à 0,55
Poulet de chair/ Kg vif
10,5 à 11
Dinde / Kg vif
12 à 12,5
Source : FAO 2008
La hausse des prix des matières premières
utilisées dans la fabrication des aliments
composés impacte considérablement le prix de
revient des produits avicoles. Ce surcoût de
production, estimé entre MAD 1 et 1,2, résulte
de l’importation de 95% des aliments (blé,
maïs, tourteaux de soja…) provenant de Brésil,
d’Ukraine, des USA, d’Argentine et soumis à des
droits de douane et des taxes non négligeables.
A titre d’exemple, le maïs incorporé à hauteur de
55-60% dans les aliments composés de volailles,
est taxé à 15% sur la tranche de prix inférieure à
MAD 800/t et à 2,5% sur la tranche supérieure.
Cette taxation grève incontestablement la
compétitivité du secteur.
Des coûts de production significatifs
impactant l’investissement dans le secteur
Si les charges liées à l’alimentation des volailles
représentent à elles seules 65 à 75% du prix de
revient des poussins, du poulet de chair et des
œufs de consommation, d’autres facteurs
entraînent également des surcoûts de production.
Les coûts de production diffèrent d'une région à
l’autre, selon la technicité de l'élevage. Ils
représentent pratiquement le double de ceux
enregistrés dans les pays exportateurs tels que
Les frais vétérinaires, par exemple, représentent
3,5% de ces coûts, provoqués par la
détérioration de l’environnement sanitaire des
élevages, des erreurs de conduite techniques
Observatoire De l'Entreprenariat 15
d’élevage et du prix élevé des produits
vétérinaires (soumis aussi aux droits et taxes
d’importation), rompant ainsi la chaîne de
protection sanitaire des volailles (programmes
de vaccination inadaptés…).
Ce faisant, ils participent à l’avènement et à la
prolifération de circuits parallèles de
commercialisation des produits de contrebande
ou encore à l’utilisation de produits de
substitution, parfois totalement inadaptés
(produits destinés au bétail, à l’utilisation
humaine…).
Enfin, la faible technicité des éleveurs liée à leur
« turnover » élevé, empêche la valorisation de
savoir faire et induit ainsi des surcoûts de
production.
Performances techniques des élevages de poulet
Etats-Unis
Brésil
France
Maroc*
46
46
40
45
Age (jours)
Poids vif (Kg)
2,27
2,30
1,90
1,98
Indice de consommation**
1,95
1,92
1,89
2,08
5,0
5,0
4,8
8,0
240
247
239
194
Mortalité (en%)
Indice de performance***
Les produits avicoles sont mis sur le marché à
des prix abordables en relation avec le pouvoir
d’achat du consommateur marocain, voire
inférieurs aux coûts de revient et ce, plusieurs
mois dans l’année. Cet avantage compétitif par
rapport à d’autres denrées animales, constitue
le principal recours pour améliorer la sécurité
alimentaire du pays, en termes de protéines
d’origine animale.
En effet, et depuis le début des années 70, le
prix moyen de vente du poulet de chair n’a
évolué que de 2,5% en moyenne par an. Le prix
moyen de vente d’œufs de consommation a
également peu évolué (3,5%) durant cette
même période.
Evolution annuelle du prix moyen de vente du poulet
de chair à la ferme (Dhs/Kg vif)
12,9
11,8
12,4
12,5
11,8
11,5
10,9 11,2
12,3
12
11,2
9,6
*Performances moyennes des 25 meilleures bandes
Source : Les réformes du secteur agricole : quel agenda pour le Maroc ?
’’ 2-4 décembre 2004
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
**IC = Quantité d’aliment consommée pour produire un kg de poids vif
***IP= (PV* Viabilité) / (Age* IC)* 10
Source : FISA
Evolution annuelle du prix moyen de vente d’oeufs
de consommation Gros Calibre à la ferme (Dhs/Unité)
Et pourtant, des prix de vente abordables
Le manque d’organisation du circuit de
commercialisation
entraîne
de
fortes
fluctuations des prix des produits avicoles. Mais
ce marché dépend surtout de l’offre et de la
demande. Selon les périodes de forte ou de
faible consommation, les prix de vente peuvent
varier du simple au double. L’œuf par exemple
connaît un pic de consommation, pendant le
mois de Ramadan.
16 Observatoire De l'Entreprenariat
0,70
0,68
0,60
0,60
0,65
0,61
0,53 0,55
0,72
0,68
0,64
0,56
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : FISA
Secteur moderne
2009
2005
2007
2003
1999
2001
1993
1995
1997
1989
1991
1983
1985
1987
1979
1981
1975
1977
5 000
4 500
4 000
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
1971
Deux avantages majeurs à la production avicole
intensive : d’abord, son élevage hors sol ne
dépend pas des aléas climatiques rendant
possibles un approvisionnement régulier du
marché en viandes et en œufs malgré une
campagne agricole mitigée. Ensuite, son cycle
de production court permet de résorber
rapidement les besoins croissants de la
population marocaine.
Evolution annuelle de la production d’œufs
de consommation (en millions d’unités)
1973
La production de viande de volailles et des œufs
de consommation a enregistré une croissance
moyenne de 7% entre 1980 et 2010, grâce à
l’amélioration de la productivité des élevages
intensifs modernes.
d’hygiène discutables et 3,7 milliards produites
par le secteur moderne. Cette quantité couvre
également 100% des besoins en œufs de
consommation.
1969
Et une production en constante évolution
Secteur traditionnel
Source : FISA
Ainsi, en 2011, la production de viandes de
volailles a atteint 516 955 t (+1,4% par rapport
à 2010) dont 87% livrée par le secteur
traditionnel fermier. Toutefois, le secteur reste
dépendant de l’importation des parentaux
(animaux reproducteurs) et de l’alimentation,
et doit faire face à des droits de douane encore
pesants (2,5% pour les poussins reproducteurs
et 2,5 à 100% pour les aliments).
Evolution annuelle de la production de viandes
de volailles (en milliers de tonnes)
510 517
440
293
70
100
101
95
Part de la production avicole de l’Axe
El Jadida-Kénitra
320
200
180
85
Bien que présents dans la plupart des régions, les
élevages industriels demeurent concentrés sur la
côte atlantique, particulièrement sur l'axe KénitraEl Jadida. Outre son climat favorable, cette zone
se trouve aussi à proximité des grands centres de
consommation (Casablanca et Rabat).
266
220
80
De plus, ces capacités ont permis au Maroc
d’exporter 3 266 000 œufs à couver en poulet
chair et 841 000 poussins chair vers des pays
d’Afrique, soit une évolution de 368% et 328%
respectivement entre 2009 et 2010.
110
85%
102
2010
2011
2008
2006
2004
2002
2000
1998
1996
1994
1992
1990
1988
1986
1984
1982
1980
70%
79%
54%
Source : FISA
0%
S’agissant des œufs de consommation, la
production a atteint 4,5 milliards d’unités en
2010, dont 800 millions Beldi « de fermes »
produits par le secteur informel aux conditions
20%
40%
60%
80%
100%
Elevages de poulets et
de pondeuses d’œufs
de consommation
Capacité de production
de poulettes futures pondeuses
Capacité de production
d’aliments composés
Capacité de production
de poussins chair
Source : FISA
Observatoire De l'Entreprenariat 17
UN SECTEUR FAISANT FACE À DES
PROBLÈMES STRUCTURELS MAIS
AUSSI CONJONCTURELS
Des structures avicoles atomisées
et peu intégrées
L’aviculture
marocaine
dispose
d’une
infrastructure favorable à des conditions de
production optimales. Cependant, elle pâtit de
dysfonctionnements patents, liés notamment à
une intégration verticale insuffisante des
différents maillons de la chaîne avicole, à un
partenariat peu ancré entre les divers opérateurs
et à une forte influence des intermédiaires, tant en
amont de la filière qu’à son aval.
La filière avicole au Maroc3
Maillons de la filière
Structures de production
Couvoir
Couvoirs de production
de poussins de type chair
Nombre
53
Couvoirs de production
de poussins de type ponte
Provende (Fabrication
d’aliments pour volailles)
Usines de fabrications
d’aliments composés
Elevage avicole
Elevages de poulet de chair
Abattage avicole
4
40
6 030
Elevages de poules pondeuses
233
Elevages de dinde
421
Abattoirs industriels avicoles
agréés par les services vétérinaires
23
Unités de découpe des viandes
ND
Découpe
Unités de production de VSM
(viande séparée mécaniquement)
ND
Transformation
Unités de charcuterie
25
Source : FISA
Une activité hybride ne bénéficiant
d’aucun statut fiscal
La classification fiscale du secteur est très
confuse. Considéré comme activité marchande
par le Ministère des Finances, comme activité
industrielle par le Ministère du Commerce et de
l’Industrie et comme activité agricole par le
Ministère de l’Agriculture, le secteur sanctionne
sévèrement ses opérateurs.
(3)
(4)
Chiffres au 10 octobre 2010
Chiffre le plus récent disponible sur Internet au moment de la rédaction de l’étude
18 Observatoire De l'Entreprenariat
Dans les faits, les éleveurs avicoles ne
bénéficient d'aucun statut fiscal et leur activité
n’est en aucun cas assimilée à une activité
industrielle ou commerciale. Ils ne profitent
donc pas des avantages accordés par la charte
d'investissement et ne récupèrent pas les
montants de la TVA payés aux différents stades
d'investissements et de production.
Ils ne bénéficient pas non plus de l’exonération
des impôts directs accordée au secteur de
l’agriculture, même si leur activité est de toute
évidence agricole.
Par conséquent, les élevages avicoles sont
pénalisés par des surcoûts fiscaux à tous les
stades de leur activité (investissement,
production…).
Une fabrication d’aliments pour
volaille bien structurée mais faisant
face à la montée des cours des
matières premières
L’alimentation de la volaille est à base de
céréales (maïs, orge, sorgho…), de tourteaux
d'oléagineux (soja et tournesol), de farine de
poisson (de sardine à 65%), de minéraux et de
premixes, pour la plupart importés ou, sinon
produits localement, partiellement ou en
totalité.
Assurée par une quarantaine d’usines et bien
outillée pour produire des aliments de qualité,
l’industrie de provende est très compétitive. Un
élevage important de pondeuses et de
reproducteurs dispose de ses propres unités de
fabrication d’aliments et produit près de
300 000 t (fabrication à la ferme).
La production effective d’aliments de volailles a
été estimée à 1,64 MT en 2006, pour une
capacité totale de production évaluée à 3,5 MT.
Cette surcapacité de production entretient une
concurrence acharnée entre usines et suggère
la quête continue d’amélioration des coûts
et/ou de la qualité.
Aujourd’hui, et suite à la sécheresse qui a
frappé les principaux exportateurs de matières
premières (Australie et Russie), les cours de
celles-ci ont connu une hausse vertigineuse. Les
prix du mais et du soja ont ainsi doublé,
passant de USD 180 à USD 350.
Une industrie souffrant d’un manque
de synchronisation entre les différents
maillons de la chaîne
Conformément aux dispositions de la Loi
49-99, relative à la protection sanitaire des
élevages avicoles, au contrôle de la production et
la commercialisation des produits avicoles, et
visant notamment à minimiser un tel risque,
l’élevage des poules pondeuses s’effectue depuis
2007, dans des fermes mises aux normes et
agréées comme telles par les services vétérinaires
relevant du Ministère de l’Agriculture.
Elles sont supervisées par un vétérinaire privé,
investi d’un mandat dans le cadre d’une
convention d’encadrement sanitaire.
Ainsi, les poules pondeuses reçoivent un aliment
composé équilibré et enrichi par un complément
de vitamines, de minéraux et d’oligo-éléments, les
prémunissant contre les carences nutritionnelles.
La diminution de la mortalité des volailles et la
garantie de leur la traçabilité et celle des œufs
produits, constituent désormais le gage de
compétitivité des maillons d’accouvage, de
provende et d’élevage.
Toutefois, le secteur souffre d’un manque de
synchronisation entre les différents maillons de
la chaîne notamment en approvisionnement en
aliments de volaille, en délais d’attente avant
l’abattage et en qualité de transport (densité de
chargement
des
caisses,
distances,
températures).
L’intégration verticale de toutes les activités
avicoles (alimentation de volaille, élevage,
accouvage, abattage et la commercialisation)
permettrait ainsi une meilleure synchronisation
entre les différents acteurs de la chaîne. Des
gains de productivité seraient obtenus sur
différents intervenants ainsi que sur l’ensemble
de la chaîne de transport.
Principaux facteurs responsables de la dissémination des maladies aviaires
Marchés de gros
de poulet et œufs
Souks
hebdomadaires
Equipes
d’intervention
Environnement
Cliniques
vétérinaires &
Laboratoires
de diagnostic
Fermes
avicoles
Elevages
traditionnels
Abattoirs et
tueries avicoles
Usines
d’aliment
Source : FISA
Observatoire De l'Entreprenariat 19
Un secteur moins développé à l’aval et
défavorisant l’image de la filière toute
entière
Concurrence
déloyale
des
tueries
artisanales au niveau de l’abattage avicole
Même si la chaîne avicole est bien maîtrisée en
amont, l’abattage demeure le maillon faible de
la filière, en raison notamment de la vente du
poulet vif, de la forte concurrence des abattoirs
artisanaux (Riacha) et du faible volume de
volailles vivantes traitées par les abattoirs
industriels.
Ces derniers assurent à peine 50 000 t/an de la
production destinée à l’abattage (un peu moins
de 10%). Fonctionnant à seulement 15% de
leur capacité potentielle, ils ne peuvent se
permettre d’investir dans la formation continue
de leur personnel ou encore dans des actions de
marketing
permettant
de
développer
davantage leur activité. Les tueries, quant à
elles, assurent l’abattage de près de 90% des
volailles et échappent à tout contrôle sanitaire.
Face à cette concurrence déloyale, les
23 abattoirs industriels, les seuls qui répondent
aux normes techniques et hygiéniques requises
et équipés en moyens de transport des viandes,
se contentent de l’abattage et de la préparation
de poulet entier prêt à cuire. Certaines unités
ont déjà intégré les différents éléments de la
filière
(accouvage,
élevage,
découpe,
transformation et distribution). D’autres,
équipées en ateliers de découpe, se spécialisent
dans les produits découpés destinés aux
surfaces de distribution et à la restauration
collective (viande hachée, viande congelée et
viande séparée mécaniquement (VSM)).
Très demandée par les unités de charcuterie, la
production de la VSM demeure cependant
limitée. Reste à espérer qu’avec l’évolution du
mode de vie des citoyens et la demande de
produits prêts à la consommation, le secteur de
20 Observatoire De l'Entreprenariat
la charcuterie
important.
connaîtra
un
essor
plus
De plus, le prix de vente de la mortadelle rend
ce produit accessible à un large éventail de
consommateurs. Le secteur de la charcuterie
compte 25 unités autorisées par la Direction de
l’Elevage, dont plus de la moitié est localisée à
Casablanca et disposent d’une capacité de
production variant entre 30 et 100 t/mois.
Nul doute que la montée en puissance de la
production de VSM contribuera à la régulation
de l’approvisionnement des unités de
charcuterie et à une meilleure maîtrise de la
qualité du produit, même si cette activité reste
subordonnée au volume d’abattage et de
découpe des viandes, tributaires des circuits de
distribution défaillants.
Faiblesse de la distribution et de la
commercialisation
D’un autre côté, la distribution des produits
avicoles et leur commercialisation demeurent
fortement marquées par un processus archaïque,
impliquant différents intermédiaires.
D’abord, les conditions de transport des
volailles
vivantes
et
des
œufs
de
consommation, à travers tout le pays, sont peu
conformes aux règles d’hygiène requises et
favorisent la propagation de maladies aviaires,
aux retombées économiques, sanitaires et
environnementales parfois désastreuses.
Ensuite, 90% des poulets de chair sont vendus
vivants par de petits détaillants et leurs prix
sont
souvent
arbitrairement
décidés,
indépendamment de leur qualité. Outre le fait
que
les
détaillants
s’approvisionnent
généralement à partir des marchés de gros,
propices à la prolifération de maladies
contagieuses, les ventes de volailles ne sont
accompagnées d’aucun document, empêchant
ainsi toute traçabilité du produit.
Circuit de commercialisation du poulet
T
R
A
D
I
T
I
O
N
N
E
L
I
N
D
U
S
T
R
I
E
L
MORT
POULET BELDI
A
C
C
O
U
V
E
U
R
S
E
L
E
V
E
U
R
S
R
E
V
E
N
D
E
U
R
S
E
L
E
V
E
U
R
S
10%
90%
Grands
V
O
L
A
I
L
L
I
E
R
S
Petits
V
O
L
A
I
L
L
I
E
R
S
Enfin, le consommateur final, individuel ou
collectif, acquiert directement la volaille vivante
chez ces détaillants. Auprès de ces derniers,
points de vente et espaces d’abattage, de
déplumage et d’éviscération se confondent,
multipliant le risque de maladies et impactant
sévèrement les conditions d’hygiène d’une
restauration collective de masse à visée sociale
ou économique (hôpitaux, cantines scolaires,
cités universitaires, hôtels, restaurants…).
En conclusion, la consommation déficiente et la
situation sanitaire déplorable des produits
avicoles caractérisent le secteur dont l’image
continue d’être ternie par l’archaïsme et la
précarité des producteurs et distributeurs.
M
A
R
C
H
E
G
R
O
S
M
A
G
A
S
I
N
S
A
B
A
T
T
O
I
R
S
VIF
MORT
MORT
VIF
T
U
E
R
I
E
S
MORT
VIF
S
O
U
K
S
R
U
R
A
U
X
C
O
N
S
O
M
M
A
T
E
U
R
MORT
VIF
Source : FAO
UN POTENTIEL D’ACCROISSEMENT
IMPORTANT FAUTE D’UNE
INSUFFISANCE DE LA CONSOMMATION
Près de 12 millions d’œufs sont consommés
par an au Maroc. La consommation annuelle
par habitant a enregistré une hausse sensible
entre 1970 et 2010, passant de 21 à 138 œufs
(contre 240 oeufs/habitant/an en Europe-27)
secteurs traditionnel et intensif confondus.
S’agissant des viandes de volaille, la
consommation est passée de 2,3 à 17,2 kg sur
la même période (contre 22,9 kg/habitant/an
en Europe-27).
En comparaison avec d’autres pays du monde à
niveau de développement similaire, cette
consommation demeure somme toute assez
faible, comme illustrée ci-après.
Observatoire De l'Entreprenariat 21
Consommation de viande de volailles
en 2008 (Kg/hab/an)
Sources des protéines d’origines animales au Maroc
en 2009
Quantité en gr/hab/an
%
Poissons
2,7
15,0
Lait
4,0
22,2
Œufs
1,7
9,5
Viandes de volailles
5,1
28,3
4,5
25,0
18,0
100
37
31
24,1
22,2
16,5
15,4
Viandes rouges
Afrique du sud
Mexique
Maroc
Russie
Brésil
Moyen orient
et Maghreb
Total
Source : FISA
Source : ITAVI
Consommation d’œufs en 2009 (Unités/hab/an)
349
345
250
211
224
160
Chine
USA
Italie
Espagne
Mexique
Maroc
121
Tunisie
EAU
134
Source : ITAVI
L’analyse de la ration alimentaire moyenne au
Maroc montre que les apports de protéines
d’origine animale enregistrent un déficit de
7 g/hab/jour (18 contre 25 g/hab/jour au
minimum recommandé par l’Organisation
Mondiale de la Santé).
Dans la mesure où le coût de la protéine de
l’œuf est le moins cher et où 2 œufs
consommés apportent autant de nutriment
qu’une portion de 100g de viande, une sérieuse
opportunité de développement du secteur est
ainsi offerte au Maroc
UNE MISE À NIVEAU DE LA FILIÈRE
AVICOLE
Consciente des défis auxquels est confronté le
secteur avicole, dans le cadre de la
mondialisation et des accords de libre échange
ratifiés par le Maroc avec plusieurs espaces
économiques, l’interprofession met en œuvre
une stratégie de mise à niveau du secteur, en
étroite collaboration avec le Ministère de
l’Agriculture et de la Pêche Maritime, le
Ministère des Finances et le Crédit Agricole.
Par
ailleurs,
d’autres
stratégies
d’accompagnement sont menées en vue d’une
amélioration des unités industrielles et d’une
réduction des coûts de production, visant une
meilleure compétitivité et productivité du
secteur, afin de satisfaire les besoins croissants
du pays en produits avicoles ainsi que la
promotion de l’investissement et de l’emploi.
Une organisation interprofessionnelle
pour encadrer le secteur
Parallèlement, conscients de la nécessité de
développer la capacité du secteur à produire et
à commercialiser des produits de qualité, à des
prix
compétitifs
et
accessibles
aux
consommateurs, les professionnels se sont
organisés en cinq associations représentant les
branches d’activité avicole :
• Association des Fabricants
Composés (AFAC) ;
22 Observatoire De l'Entreprenariat
d’Aliments
• Association Nationale
Marocains (ANAM) ;
des
Accouveurs
• Association Nationale des Producteurs
d’Œufs de Consommation (ANPO) ;
• Association Nationale des
Industriels Avicoles (ANAVI) ;
Abattoirs
• Association Nationale des Producteurs des
Viandes de Volailles (APV).
Par leur regroupement en Fédération
Interprofessionnelle du Secteur Avicole (FISA),
ces associations aspirent ainsi à la
complémentarité et aux effets de synergie
nécessaires à un développement plus soutenu
du secteur. Leurs principaux objectifs sont :
• la modernisation de l’environnement
technique, économique et sanitaire de la
production, de la transformation et de la
commercialisation des produits dérivés ;
• la création d’un pont de communication avec
les instances administratives pour un
développement durable du secteur ;
• l’information,
la
sensibilisation
et
l’encadrement des opérateurs du secteur ;
• la promotion de la qualité et de la
consommation des produits avicoles.
Une réglementation pour renforcer la
protection sanitaire
La Loi 49-99, relative à la protection sanitaire
des élevages avicoles, au contrôle de la
production et la commercialisation des
produits avicoles, constitue le cadre de
réglementation du secteur avicole. Un décret et
13 arrêtés d’application, complètent cet
arsenal juridique.
Les principes de la Loi 49-99 et ses textes
d’application
Principe d’autorisation de toutes les unités et activités avicoles.
L’autorisation est délivrée par les Services Vétérinaires relevant
du Département de l’Agriculture au vu du respect des exigences
hygiéniques et sanitaires.
Principe de contrat d’encadrement sanitaire des activités
avicoles par un vétérinaire mandaté.
Principe de traçabilité par la mise en place d’un registre de suivi
sanitaire des unités avicoles.
Principe d’interdiction de la vente simultanée, dans un même
local, des volailles vivantes et des viandes de volailles.
Principe d’indemnisation pour abattage sanitaire ou pour
sinistre épizootique.
Principe de sanction en cas de non respect des dispositions
législatives et réglementaires.
Source : FISA
Dans le cadre de cette réglementation, 226
élevages
marocains
sont
autorisés
officiellement et reçoivent un accompagnement
progressif pendant deux ans afin de mettre en
vigueur toutes les directives de cette Loi.
Une meilleure compétitivité grâce au
Plan Maroc Vert
Le Plan Maroc Vert vise l’augmentation de la
productivité de l’ensemble des filières du
secteur agricole et l’amélioration de la qualité,
de la sécurité sanitaire et de la compétitivité
des produits agricoles et agro-alimentaires.
Pour atteindre ces objectifs, un plan de mise à
niveau du secteur avicole marocain à l’horizon
2013, a été défini dans le cadre du Contrat
Programme Avicole 2008-2013 entre le
gouvernement et la FISA.
Les résultats attendus en fin de programme,
sont mentionnés ci-après.
Observatoire De l'Entreprenariat 23
Doté d’un budget global de MAD 3,8 milliards,
dont MAD 700 millions versés par l’État via le
Fonds de développement agricole, le nouveau
contrat-programme 2011-2020 vise le
recadrage du secteur avec les objectifs du Plan
Maroc
Vert
tout
en
orientant
les
investissements vers :
Objectifs du contrat programme 2008-2013
Demande en viande
de volailles
2007
2013
370 000 tonnes
500 000 tonnes
3,3 milliards
d’unités
5 milliards
d’unités
12
15
107
148
6,8
grammes/an
8,1
grammes/an
73 000
104 000
185 000
250 000
Demande en œufs
de consommation
Consommation de
viande de volailles (kg /hab/an)
Consommation d’œufs
(unités/hab/an)
Contribution des protéines
animales provenant des
produits avicoles dans
la ration alimentaire
moyenne
Emplois directs
Emplois indirects
• la modernisation des unités d’élevages ;
• l’installation de structures de valorisation
des produits avicoles (abattoirs et centres
de
conditionnements
d’œufs
de
consommation) ;
• le développement de modèles d’agrégation
et de l’élevage alternatif ;
Source : Contrat Programme Avicole 2008-2013
S’agissant enfin des abattoirs avicoles, il est
également prévu une amélioration sensible du
tonnage de viandes de volailles préparés dans les
abattoirs
industriels,
atteignant
50%,
notamment grâce à une meilleure utilisation des
capacités installées (44%), une extension des
abattoirs existants (19%) et la création de
nouveaux abattoirs (37%).
• la promotion de l’exportation des produits
avicoles, notamment en Afrique.
Les objectifs du contrat programme réalisés en
2011, avant l’échéance initialement prévue, le
gouvernement, le Crédit Agricole du Maroc et la
Fédération interprofessionnelle du secteur avicole
(Fisa) ont signé, en avril 2011, une nouvelle feuille
de route pour la période 2011-2020.
Objectifs du contrat programme 2011-2020
Indicateurs
Situation actuelle
Objectifs 2020
Accroissement
560 000
900 000
340 000
4,5
7,2
2,7
Consommation de viandes (Kg/hab/an)
17,2
25
7,8
Consommation œufs/hab/an
138
200
62
Investissements (Milliards dh)
9,4
13,8
4,4
Production viandes de volailles (T)
Production d’œufs de consommation (Milliards unités)
Chiffre d’affaires (Milliards dh)
Création d’emplois
Exportation de poussins, d’œufs à couver et d’œufs de consommation (T)
Apports en devises (Millions de dh)
32,2
38,0
14,8
360 000
500 000
140 000
400
4 400
3 600
14
172
158
%
Source : FISA
24 Observatoire De l'Entreprenariat
Une libéralisation accélérée des
intrants pour garantir la performance
Sous l’impulsion de la FISA, la Loi des finances
2010 a prévu un nouvel accompagnement du
secteur, permettant aux professionnels
d’accéder aux marchés mondiaux, d’améliorer
leur compétitivité et d’honorer leurs
engagements dans le cadre du contratprogramme. Par ce dispositif, l’Etat entend
contribuer à la réduction des droits à
l’importation (DI) applicables au maïs (hors
origine USA) ramenés de 17,5% à 10% depuis
le janvier 2010, puis à 2,5% à compter de
janvier 2011 et à la réduction des DI désormais
applicable aux matières premières comme
indiqué ci-après.
Produits
Nomenclature
Tarif de DI
en 2009
Tarif de DI
en 2010
Pols fourrager
07 13 10 91 00
49%
2,5%
Gluten de forment
(blé) torréfié
11 09 00 00 90
49%
2,5%
Graines de coton
12 07 20 90 00
142%
2,5%
Résidus d’amidonneries
et résidus
similaires
23 03 10 00 00
32,5%
2,5%
Tourteaux (Arachide,
Coton, Lin)
de 23 05 00 00 10
à 23 06 20 00 00
25%
2,5%
Tourteaux (Colza,
Navette, Coprah
ou noix de coco,
Palmiste
de 23 06 41 00 11
à 23 06 60 00 00
25%
2,5%
Germes de maïs
Ce dernier prend en charge l’indemnisation
d’abattage des volailles en cas d’épidémie
épizootique, la promotion de la consommation
des produits avicoles puis la construction et
l’équipement à Ain Jemaa d’un laboratoire
spécialisé et d’un centre de formation avicole
dans le cadre d’un partenariat avec la FISA.
L’objectif de cette refonte est de faire du FDA un
instrument d’incitation ciblée à l’investissement,
permettant aux producteurs avicoles d’accéder
aux facteurs de modernisation de leurs
exploitations et constitue ainsi un gage
d’accroissement de la productivité, de l’efficience
des unités de production et de l’amélioration de la
qualité des produits.
Premières subventions avicoles de
l’Etat pour inciter à l’investissement
Diverses subventions en faveur des éleveurs
avicoles sont mises en place depuis 2010 : une
subvention à hauteur de 30% du prix
d’acquisition de systèmes de refroidissement,
plafonnée à MAD 18 000 pour le matériel de
brumisation5 et à MAD 30 000 pour celui du
Pad Cooling6, et accordée pour des superficies
d’élevage d’au moins 500 m².
Systèmes de refroidissement
23 06 70 00 00
60%
2,5%
Source : Office des changes
Une refonte du Fonds de
Développement Agricole (FDA)
pour contribuer au financement
Par ailleurs, une enveloppe de MAD 1 milliard
est mise en place, sous forme de prêt par le
Crédit Agricole, au taux d’intérêt maximum de
6%/an, comme appui à la mise à niveau des
élevages existants et à l’installation de
nouveaux projets d’élevages avicoles.
Une prime à l’investissement d’un montant de
MAD 125 millions, versée par le FDA est
également mise en place par le gouvernement.
Système
Lieu d’installation
Gain
en °C
Efficacité
Aspersion sur
toiture
et/ou sur jupes
Asperseurs d’eau à faible
pression (1-4 bars)
dans les bâtiments à
ventillation statique
2à4
Faible
Brumisation à
faible pression
(5 à 15 bars)
Buses près des entrées
d’air dans les bâtiments à
ventillation statique ou
dynamique à coupler avec
brasseurs d’air
6à7
Moyenne
Brumisation à
Haute pression
(50 à 70 bars)
Buses près des entrées
d’air dans les bâtiments à
ventillation statique ou
dynamique à coupler avec
brasseurs d’air
6 à 12
Bonne
Filtre alvéolé placé au niveau
des entrées d’air à coupler
avec une ventillation dynamique
à extraction à fort débit
6 à 18
Très
bonne
Pad cooling
Source : FISA
(5)
Système qui consiste en l’installation de buses près des entrées d’air dans le bâtiment à ventilation statique ou dynamique couplé avec des brasseurs d’air et permet une réduction de la
température à l’intérieur du bâtiment de 6 à 12 °C.
Système constitué d’un filtre alvéolé placé au niveau des entrées d’air et couplé avec une ventilation dynamique à extraction à fort débit et permettant de faire baisser la température de 6 à
18 °C.
(6)
Observatoire De l'Entreprenariat 25
Cette subvention compense notamment les
pertes financières non négligeables, subies par
les éleveurs pendant les périodes de forte
chaleur, à l’origine de mortalité importante et
de réduction sensible de performance
zootechniques7 dans les cheptels.
Enfin, les textes prévoient la mise en place
d’une prime à l’agrégation pour accompagner
l’investissement dans la valorisation des
produits agricoles et une bonification des
subventions mentionnées pour les agriculteurs
organisés dans des projets d’agrégation.
UNE ORIENTATION DES OPÉRATEURS
MAROCAINS VERS UN MODÈLE
AVICOLE INTÉGRÉ BASÉ SUR LA
QUALITÉ, L’INNOVATION ET UN
NOUVEAU MODE DE DISTRIBUTION
Le Maroc compte deux grandes catégories
d’opérateurs : de petites exploitations agricoles
dont la production est destinée exclusivement à
l’autoconsommation, puis quelques 6 000
exploitations structurées et orientées vers le
marché. 75% de ces structures sont de petite
taille, 20% de taille moyenne et 5% de grands
groupes intégrés.
Atzal Holding et Oralia sont à ce jour les seuls
éleveurs industriels intégrés (du couvoir à
l'abattoir-transformation), notamment en
raison de l’existence récente d’abattoirs
industriels et de la prédominance du marché du
vif. Ils commercialisent à la fois leurs
productions d’aliments composés et animale.
Par ailleurs, une trentaine d’unités pour la
production de poussins de chair, de taille
variable allant de 30 000 à plus de 800 000
(7)
poussins/semaine, présente des prémisses
d’intégration. C’est le cas notamment des
sociétés Alf El Fellous, Cicalim, Alf Sahel et
Société Nouvelle de Volailles (SNV), qui
intègrent les activités de provende et
d’accouvage (couvoirs et élevages de
reproducteurs) à la production (élevages de
poulets de chair).
La réglementation en cours, en faveur de la
normalisation des élevages avicoles et de la
reconversion du marché du vif, en circuits de
distribution de produits frais d’abattage,
conduira progressivement à la disparition des
petites exploitations agricoles et celles
orientées vers le marché, et à l’agrégation
autour de grands groupes et l’intégration
verticale.
Développement de l’intégration
verticale
Bénéficiant d’un marché en croissance annuelle
de 8%, les professionnels entrevoient de réelles
opportunités du secteur avicole. Certains ont
opté pour la fusion dans le but d’assurer une
intégration verticale, tel est le cas des groupes
avicoles Al Atlas et Zalagh, donnant naissance
à Atzal Holding en 2009.
La holding intervient non seulement au niveau
du négoce de céréales mais également dans la
distribution de viande et de charcuterie. En
effet, et en avril 2009, le groupe s’est offert
Banchereau Maroc, joint-venture lancée en
2004 par le groupe français spécialisé dans la
transformation de viande et Lesieur Cristal. Le
but étant d’accroître la capacité de production
du groupe et de bénéficier d’un outil de
production performant, répondant aux normes
CEE.
Perte de poids, baisse du gain moyen quotidien, dégradation de l’indice de consommation, diminution du poids de l’œuf, dégradation de la qualité de la coquille, chute de ponde, chute du
taux d’éclosion .
26 Observatoire De l'Entreprenariat
66,40%
100,00%
Graderco
66,40%
100,00%
Alimaroc
100,00%
Promograins
100,00%
El Alf
40,00%
Agro-industrielle
Al Atlas
Feed & Food
95,45%
Couvnord
ELdin
Atlas Couvoirs
Banchereau
100,00%
88,00%
PFDis
100,00%
94,27%
MAVI
100,00%
Baidat Al Atlas
Pôle Négoce
Pôle Nutrition
Animale
Pôle Production
Animale
Pôle Abattage &
Charcuterie
Pôle Distribution
Afin de réussir son processus d’intégration
complète, de développer davantage la production
et d’asseoir ses parts de marché, Atzal Holding
prévoit un programme d’investissement estimé à
près de MAD 600 millions sur les trois prochaines
années.
entières, découpe crue, panée, marinée,
charcuteries crues (saucisses…), cuites
(mortadelles, galantines, jambons), sèches
(chorizos, salamis), conserves- et vendus sous
différentes marques : Koutoubia, Gala, La Crète
Rouge, El Benna, Khassane, 2000…
Grande importance accordée au pôle
de la charcuterie
Quant à la holding d’Atzal, son plan de
développement donne une grande importance
au pôle de la charcuterie. Il s’appuie
notamment sur le nouveau site Banchereau
conforme aux standards internationaux,
abritant depuis juillet 2009 l’activité
charcuterie des sociétés Mavi et Eldin. Les
produits de ce pôle (mortadelles, jambons de
dindes…) sont commercialisés sous les
marques Dindy, Mavi, Bnina Nzaha…
Le secteur de la charcuterie compte quatre
opérateurs structurés, se partageant un
marché de près de MAD 600 millions : Société
anonyme des palmeraies de Koutoubia (Sapak),
Atzal Holding, groupe Laalej et Foodis.
La première place dans le pôle de l’abattage et
des aliments de volaille est détenue par le
groupe Atzal. En revanche, sur le marché de la
charcuterie, 70% des ventes sont assurées par
Sapak, suivie du Groupe Atzal avec 25% de
parts de marché, le reste étant partagé entre les
autres opérateurs de la filière.
Le groupe Sapak dispose de son propre centre
de R&D et se targue d’avoir mis au point une
gamme de plus de 400 produits - volailles
Investissements dans les outils de
production et stratégies de
diversification
Conscientes de la concurrence présente sur le
marché et plus précisément dans le pôle de
l’abattage et de la charcuterie, les entreprises
du secteur investissent davantage dans les
outils de production et tendent à diversifier
Observatoire De l'Entreprenariat 27
leurs activités. La holding Atzal, par exemple,
mise sur une stratégie industrielle basée sur la
rationalisation des outils de production avec un
double objectif de compétitivité et de qualité. Le
but étant de consolider sa position sur le
marché national et de se développer à
l’international, un marché sur lequel il n’opère
pas encore, à l’inverse de Sapak.
Anticipant l’accroissement de son marché,
Sapak double ses capacités de production à
Mohammedia, afin de développer sa
distribution et son exportation des charcuteries
halal, notamment vers les pays du MoyenOrient, et observe de près l’évolution du secteur
de la viande rouge, jusque là dominé par les
abattoirs municipaux.
Développement d’un réseau de vente
propre et maîtrise de la logistique
Face aux efforts de modernisation des unités
d’élevage et à une concurrence rude, les
entreprises du secteur se sont équipées d’espaces
de stockage ainsi que d’une flotte de camions afin
d’assurer par eux-mêmes la distribution de leurs
produits. Dans ce sens, Alf El Fellous s’est dotée
d’un parc de camions vrac moderne.
De même, Alf Sahel détient un important parc
de véhicules de dernière génération, disposant
d’un système de fermeture hermétique et
régulièrement désinfectés afin de renforcer les
barrières sanitaires jusqu’à l’étape finale de
livraison.
Concernant la distribution de sa marque Dindy,
Eldin mise également sur ses propres moyens
en investissant dans un parc auto.
Enfin, Sapak qui compte une quarantaine de
points de vente, développe son propre réseau de
boutiques depuis 2004. Implantée d’abord dans
les quartiers populaires, la marque a lancé
d’autres magasins sous l’enseigne Boucherie
Tahar, afin de servir les classes plus aisées. La
28 Observatoire De l'Entreprenariat
distribution des denrées périssables n’étant pas
encore totalement maîtrisée dans notre pays,
Koutoubia est consciente de la nécessité d’une
bonne gestion de la chaîne logistique : sa flotte de
450 véhicules livre quotidiennement aussi bien la
région côtière que le reste du territoire marocain.
De même, pour diversifier ses débouchés,
notamment celui de la GMS qui génère près de 30
% de ses ventes, le groupe dessert également les
grossistes-revendeurs, les grands comptes
(chaînes d’hôtels, hôpitaux…), ainsi que les
détaillants traditionnels.
Intégration de nouvelles technologies
et respect des exigences de qualité et
de sécurité
Etre à l’assaut des nouvelles technologies ainsi
que le respect des exigences de qualité et de
sécurité constituent le cheval de bataille des
entreprises avicoles leader.
Situé sur une superficie de 10 hectares,
Alf Sahel, par exemple, fabrique une gamme
riche et variée d’aliments pour animaux. Des
systèmes ultramodernes et entièrement
automatisés sont utilisés pour chaque étape de
production. La sécurité alimentaire jouant un
rôle déterminant, l’usine s’est dotée d’une
technologie avancée et compte parmi le top
5 mondial des usines dont les aliments produits
sont traités thermiquement à 100%.
La traçabilité et le contrôle alimentaire des
matières premières et des produits finis sont
également au cœur des préoccupations des
sociétés Alf Sahel et Alf El Fellous, qui pour les
circonstances, disposent de laboratoires
d’analyses de pointe. Des analyses physicochimiques d’évaluation de l’indice d’humidité, de
la matière grasse, de dispersion protéique des
tourteaux et des analyses fongiques de
mycotoxines ou de bactéries, y sont
systématiquement et régulièrement effectuées,
en amont comme à l’aval du procédé de
fabrication.
ANALYSE STRATÉGIQUE DES
OPÉRATEURS
Comme mentionné plus haut dans l’analyse, la
production avicole au Maroc est assurée par
une pléiade d’opérateurs. Ceux présentés
ci-dessous sont les leaders dans leur activité.
Alf Sahel, leader de la provende
Lancé dans l’aviculture dans les années
soixante dix, M. Mohemmane figurait parmi ces
simples éleveurs et vendeurs de poussins et
d’aliment. Au début des années quatre vint dix,
il crée avec ses fils la société d’accouvage de
poussins Soprina à Had Soualem, puis un
second couvoir Eurafric, atteignant une
capacité
de
production
de
2,2 millions de poussins /semaine, soit près du
quart du marché marocain.
Depuis plus de 30 ans, ce groupe spécialisé
dans l’accouvage et l’élevage essentiellement,
a su innover et maîtriser ses coûts en
développant son complexe de fabrication
d’aliments à Had Soualem, baptisé Alf Sahel.
En dépit du recul de 10,6% du chiffre d’affaires
en 2009, le résultat net n’a baissé que de 1%,
révélant une bonne maîtrise des coûts.
Chiffre d'affaires
Résultat d'exploitation
Résultat net
Marge opérationnelle
Marge nette
ROE
ROA
2010
2 230,48
128,13
76,06
5,7%
3,4%
19,1%
5,7%
Var 2010/2009
28,67%
23,55%
3,96%
En 2010, les ventes de Alf Sahel se sont
redressées, atteignant MAD 2,2 milliards, soit
une hausse de 28,7% par rapport à l’exercice
précédent, se traduisant par une amélioration
du résultat net de 4%.
Si l’objectif de départ des frères Mohemmane se
limitait à la fabrication des aliments
nécessaires à leurs élevages et à ceux de
quelques autres clients, soit environ 15 000 t/
mois, leur usine n’a pas cessé de grandir pour
satisfaire les besoins croissants jusqu’à
saturation,
soit
une
capacité
de 50 000 t d’aliments/mois. La décision de
construire une seconde usine pour un
investissement de l’ordre de MAD 250 à
300 millions ne s’est pas faite attendre.
L’entrée en fonction de cette dernière permettra
à la société d’atteindre une capacité totale de
1,2 million t d’aliments/mois.
Aujourd’hui, Alf Sahel fournit 30 à 35% du
marché national. Un succès reposant
notamment sur un management de la qualité
totale (TQM), un traitement thermique à 100%
de tous les aliments et des cahiers des charges
de matières premières extrêmement exigeants.
Alf Sahel
2009
Var 2009/2008
1 733,53
-10,58%
103,71
13,76%
73,16
-1,00%
6,0%
4,2%
24,2%
8,9%
2008
1 938,70
91,17
73,90
4,7%
3,8%
32,3%
8,9%
Var 2008/2007
38,7%
6,0%
65,7%
2007
1 397,80
86,04
44,59
6,2%
3,2%
28,8%
6,6%
Source : OMPIC
Observatoire De l'Entreprenariat 29
Atzal Holding, l’opérateur intégré du
secteur
Eldin, spécialiste en élevage et
abattage de dinde et de poulet au
Maroc
Fruit du rapprochement des deux groupes Atlas
et Zalagh Holding en 2009, historiquement
établis dans la filière avicole depuis les années
soixante dix, Atzal Holding devient un acteur
national de référence et revendique la place de
premier groupe industriel avicole totalement
intégré.
Il opère à tous les niveaux de la chaîne avicole :
négoce de céréales (Graderco), accouvage de
dinde et de poulet (Couvnord et Atlas Couvoirs),
production d’aliments de volailles (Alf Fès et
Agro Atlas) et abattage-transformation des
viandes (Eldin, Banchereau, Mavi).
Cette nouvelle entité s’est fixée deux objectifs
de développement : la consolidation des acquis
des deux groupes pour atteindre une masse
critique significative - sur le marché de la
charcuterie notamment - et la réalisation de
synergies industrielles et commerciales.
Leur récent rachat de la société de charcuterie
Banchereau Maroc leur a permis d’augmenter
les capacités de production à travers un outil de
production aux normes européennes. Il leur a
également permis d’améliorer leur résultat net
de 474,3% entre 2009 et 2010 ainsi que leurs
marges, en dépit d’un léger déclin du chiffre
d’affaires (-2,1%) et du résultat d’exploitation,
plombé essentiellement par cette prise de
participation
(produits
de
titres
de
participations en hausse de 790%).
Chiffre d'affaires
Résultat d'exploitation
Résultat net
Marge opérationnelle
Marge nette
ROE
ROA
2010
4,7
-6,5
73,9
-138,2%
1573,0%
49,1%
18,7%
Var 2010/2009
-2,1%
-762,5%
474,3%
2009
4,8
1,0
12,9
20,4%
268,2%
16,8%
4,4%
Créée en 1996 par Omar Benayachi Lalami,
l’activité d’Eldin n’a démarré qu’en 1999 par la
commercialisation de volailles entières et de
découpe de volailles. Se servant d’abattoirs
agréés, cette société lance sa marque phare
Dindy et introduit ainsi la charcuterie «haut de
gamme» au Maroc. Elle est spécialisée
également dans la production et la
commercialisation du poulet sous la même
marque, même si son nom laisse suggérer
qu’elle est totalement spécialisée dans la dinde.
Afin d’assurer la traçabilité des produits et de
sécuriser le processus de fabrication, les
patrons de l’entreprise ont jugé judicieux de
s’approvisionner auprès des autres sociétés
d’Atzal Holding. Leurs matières premières
proviennent donc, dans une large proportion, de
la production de leur groupe d’appartenance,
notamment en ce qui concerne les aliments,
l’accouvage et l’élevage.
En 2010, malgré une progression de 23% du
chiffre d’affaires, Eldin enregistre un résultat net
négatif de MAD 21,6 millions notamment en
raison de la hausse des charges d’exploitation et
plus particulièrement celles liées aux achats
consommés de matières et fournitures. Ceci
s’explique essentiellement par la volatilité des prix
des matières premières à l’international.
Atzal
Var 2009/2008
100,0%
-2079,6%
-48,5%
2008
2,4
0,0
25,0
-2,1%
1041,0%
62,3%
19,9%
Var 2008/2007
-20,9%
-109,9%
-767,3%
2007
3,0
0,5
-3,7
16,5%
-123,4%
-24,7%
-3,2%
Source : OMPIC
30 Observatoire De l'Entreprenariat
Chiffre d'affaires
Résultat d'exploitation
Résultat net
Marge opérationnelle
Marge nette
ROE
ROA
2010
189,6
-21,7
-21,6
-11,4%
-11,4%
-4216,0%
-19,9%
Var 2010/2009
22,9%
83,0%
37,9%
2009
154,3
-11,9
-15,7
-7,7%
-10,2%
102,3%
-19,5%
Eldin
Var 2009/2008
47,1%
-26,8%
-24,0%
2008
104,9
-16,2
-20,6
-15,4%
-19,7%
-5761,8%
-22,8%
Var 2008/2007
0,0%
-34,8%
-33,4%
2007
104,9
-24,8
-31,0
-23,7%
-29,5%
-1543,6%
-35,6%
Source : OMPIC
Alf El Fellous, pionnier dans la
personnalisation des aliments pour
volailles
Dans les années quatre vingt dix, le groupe
Dar El Fellous a décidé de séparer l’activité de
fabrication d’aliments composés du cœur de
son métier d’élevage. C’est ainsi que Alf El
Fellous a vu le jour.
Construite sur un terrain de 6 ha situé à Bir Jdid
entre El Jadida et Casablanca, l’usine est dotée
de deux lignes de broyage d’une capacité de
50 t/heure et trois lignes de presse d’un débit
de 36 t/heure. La capacité de stockage des
matières en vrac atteint 16 500 t.
Ce matériel lui permet de traiter et de fabriquer
les aliments composés pour la plupart des
filières, avicoles et bovines :
• d’élevage de Poussins Chair -PC- ;
• de démarrage – croissance et finition ;
• composés pour la filière ponte -PP- ;
• composés pour reproducteurs -R- toutes
gammes confondues ;
• d’élevage de Dindes Chair -DC- démarrage et
croissance ;
• pour les Dindes Repro -DR- ;
• pour troupeau ovin, caprin et bovin.
(8)
S’appuyant sur son équipe de vétérinaires et de
spécialistes en nutrition animale ainsi que sur
des logiciels de formulation, Alf El Fellous est
désormais capable de personnaliser chaque
produit et de répondre avec précision aux
besoins propres de chaque client, en étudiant,
formulant et composant le produit demandé.
Sapak8, leader de l'abattagetransformation
Tenant à la fois une boucherie avec ses parents
à Casablanca, et créant sa propre entreprise à
Mohammedia: la Société Anonyme des
Palmeraies de Koutoubia (Sapak), Tahar
Bimezzagh se lance dans la transformation et
la découpe modernes de la viande en 1985.
Vendant la mortadelle importée d’Espagne et
composée
de
VSM
(viande
séparée
mécaniquement), de fécule, de matière grasse,
d’arômes et d’épices, Bimezzagh se rend
compte rapidement que cette mortadelle était
issue de volailles non abattues selon le rite
musulman. Il se lance alors dans l’abattage et
la transformation de la dinde en 1997. La suite
de cette aventure est un enchaînement
d’heureuses opportunités, entre autres le
développement de la grande distribution en
plein décollage (Acima-Marjane, Carrefour,
Aswak Assalam…).
Aujourd’hui, la technologie des outils
industriels de Sapak n’a rien à envier à celle des
entreprises françaises. Il en est de même du
niveau de qualité, notamment grâce aux
certifications ISO 22000 et ISO 9001 mises en
place.
Les bilans de Sapak pour les années 2008-2009-2010 ne sont pas disponibles à l’OMPIC
Observatoire De l'Entreprenariat 31
Cet autodidacte a construit en vingt-quatre ans
une mégapole agro-industrielle qui croît en
moyenne de 15% par an. Leader incontestable
du secteur de la volaille et numéro 8 de
l’agro-alimentaire marocain, son groupe
emploie 1 500 personnes, abat ou transforme
120 000 dindes et 120 000 poulets par
semaine, dont 20 % sont transformés en
charcuterie.
• À Mohammedia, création en 1985 de la
Société Anonyme des Palmeraies de
Koutoubia (transformation en charcuteries 50 t/jour) et en 2005 de Délices Viandes
(abattage, découpe, VSM d’environ 100 t/j)
• À Settat, rachat de Beldinde (abattage mixte
Benna
Food
poulet-dinde)
et
d’El
(charcuteries et conserves)
• À Had Soualem, rachat de Sabav (abattage
de lapins et gibiers)
• À Casablanca, rachat de Casa viande en
2005 (atelier de découpe viande rouge).
32 Observatoire De l'Entreprenariat
Sources
• Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime
• Agence de Développement Agricole (ADA)
• Fédération Interprofessionnelle du Secteur Avicole
(FISA)
• Association des Fabricants d’Aliments Composés
(AFAC)
• Association Nationale des Accouveurs Marocains
(ANAM)
• Association Nationale des Producteurs d’Œufs de
Consommation (ANPO)
• Association Nationale des Abattoirs Industriels
Avicoles (ANAVI)
• Association Nationale des Producteurs des Viandes
de Volailles (APV)
• Plan Maroc Vert (PMV)
• Office Marocain de la Propriété Intellectuelle
(OMPIC)
• Food magazine
• Entretiens téléphoniques et terrains
(professionnels, chargés d’affaires BMCE Bank)
• Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation
et l’Agriculture (FAO)
• United States Department of Agriculture (USDA)
• Institut Technique de l'AVIculture (ITAVI)
• FranceAgriMer
• Commission européenne
• Eurostat
• Presse nationale et internationale
• Internet
• Contrat Programme avicole 2008-2013
Observatoire De l'Entreprenariat 33