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LA DRÔME
GUIDE
DES PATRIMOINES REMARQUABLES
ITINÉRAIRES>
AVANT-PROPOS
Chaque commune de la Drôme possède au moins un élément patrimonial
remarquable, qu’il soit artisanal, industriel, agricole, religieux ou fortifié. Témoin d’un passé
ou d’une société disparue, il donne à notre département une richesse et un caractère
qui doivent être au quotidien l’objet d’une grande attention.
Si l’aménagement et la gestion du territoire sont des préoccupations majeures
du Département de la Drôme, ils n’excluent pas une prise en compte des équilibres fragiles
entre ville et campagne, entre création architecturale et patrimoine bâti ou naturel, entre
transformation et sauvegarde. La politique en matière de patrimoine que mène le Département est là pour en témoigner, que ce soit l’aide aux communes ou aux propriétaires
privés pour restaurer leurs édifices protégés, que ce soit le “+ qualité patrimoine”
qui encourage les collectivités à mieux restaurer le patrimoine non protégé d’intérêt
départemental, que ce soit le travail réalisé par la Conservation du patrimoine en collaboration avec les différents services de l’État, Monuments Historiques / DRAC, Service
Départemental de l’Architecture et du patrimoine, et les associations soucieuses de la
sauvegarde et de l’entretien du patrimoine de proximité.
Parmi les centaines d’édifices et de sites remarquables de la Drôme, une
cinquantaine fait l’objet d’une présentation dans ce guide qui se veut complémentaire de
la carte “Patrimoines remarquables”. Cependant cette sélection propose une synthèse
de cette richesse, de la simple chapelle rurale au château prestigieux, du cabanon en pierre
sèche au village perché. Elle présente les lieux les plus emblématiques du département
en prenant en considération une répartition géographique des sites afin d’inviter les Drômois
et les visiteurs à découvrir l’ensemble de notre territoire.
DIDIER GUILLAUME
PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA DRÔME
PIERRE PIENIEK
CONSEILLER GÉNÉRAL, DÉLÉGUÉ À LA CULTURE
Introduction
« Patrimoines remarquables de la Drôme » est le troisième guide de la collection
Itinéraire dont l’objectif est de présenter les ressources patrimoniales du département.
Le premier guide était consacré aux « Musées et maisons thématiques de la Drôme »,
le second aux « Musées et sites de la préhistoire dans la Drôme ». Ce troisième met en
évidence une cinquantaine de lieux remarquables ; il est réalisé en complémentarité avec
une carte touristique conçue comme une introduction à la découverte des patrimoines
de la Drôme à travers des thèmes et des typologies : les sites naturels, les routes, les
châteaux et les demeures, les villages perchés et fortifiés et les villes, le patrimoine religieux, le patrimoine agricole, artisanal et industriel, les musées, maisons thématiques et
sites archéologiques, les lieux de mémoire.
Présenter les patrimoines remarquables de la Drôme ne signifie pas se limiter
aux monuments historiques inscrits et classés, au patrimoine d’exception — le noble,
le majeur ou le monumental. Il est de s’attacher aux édifices de notre quotidien ou aux
sites naturels, ruraux ou urbains qui attirent l’attention, qui sont dignes d’être relevés ou
signalés. Certains, dont l’intérêt est national, sont protégés, d’autres non protégés possèdent pourtant un intérêt départemental sur le plan architectural, stylistique, technique,
urbain ou encore social et économique. Ces derniers témoignent alors de l’évolution de
la notion de patrimoine qui est le fruit d’une construction sociale impliquant aujourd’hui
de plus en plus les collectivités locales, les associations de sauvegarde.
en 1840 comptabilise 1 090 monuments. Des crédits sont alloués pour sauvegarder les
plus menacés provoquant un débat sur les limites de la restauration.
Naissance du monument historique
Au début du XXe siècle, les arrêtés de classement concernaient quelques grottes
ou sites préhistoriques mais surtout de nombreux monuments antiques et médiévaux.
À partir des années 1920-1930, l’éventail s’élargit. On classe désormais des édifices des
XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Au cours de la Ve République sont pris en considération des
ouvrages des XIXe et XXe siècles. Avec André Malraux, les choix de la protection vont être
définitivement réorientés, ne suivant plus seulement une logique historique. Sont ainsi
classées certaines œuvres qu’il juge fondatrices de l’architecture contemporaine comme
la villa Savoye construite en 1929 par Le Corbusier et classée en 1965, la tour Eiffel édifiée
en 1889 ou des immeubles d’Auguste Perret. En 1969, il fait classer le palais idéal du facteur
Cheval à Hauterives en tant qu’unique représentation architecturale de l’art naïf.
Dans les années 1990, est créé le label XXe destiné à recenser et identifier les
lieux emblématiques du siècle. Une vingtaine de sites ont été retenus dans la Drôme parmi
lesquels, le pont Albert Caquot à La Garde-Adhémar, la reconstruction de La Chapelleen-Vercors ou la cité Jules-Nadi à Romans.
Désormais, les choix patrimoniaux ne sont plus seulement historiques, mais
aussi les témoins de courants artistiques contemporains, de savoir-faire originaux (locaux),
d’innovations scientifiques et techniques. Ne sont plus seulement protégés les châteaux,
les lieux de culte ou les sites exceptionnels, mais aussi les lieux industriels, les éléments
d’architecture rurale, les lieux de mémoire ou les jardins.
En dehors de quelques cas exceptionnels comme la protection contre le pillage
des monuments romains en 1462 ou la préservation des monuments antiques de Nîmes
suite au voyage de François Ier en 1533, les vestiges de l’Antiquité ou les édifices remarquables n’ont fait que très rarement l’objet d’attention jusqu’au XVIIIe siècle. Une véritable
conscience nationale n’est réellement apparue qu’avec la Révolution, malgré les protestations d’érudits locaux ou de sociétés savantes contre les destructions massives.
À partir de 1789, les biens de l’Église ou de la Couronne, ainsi que ceux des
nobles émigrés sont confisqués. L’État acquiert alors une nouvelle responsabilité et l’archéologue Aubin-Louis Millin souhaite attirer l’attention des membres de l’Assemblée
constituante sur l’importance de la sauvegarde de ce qu’il nomme pour la première fois
« monument historique ». Une commission des Monuments est créée ayant pour mission
d’inventorier et de conserver les biens et œuvres d’art, mais les destructions massives et
les abus persistent. L’abbé Grégoire dénonce à plusieurs reprises le « vandalisme » commis
par « ignorance, insouciance et friponnerie » et proclame l’existence d’un patrimoine collectif qui fait appel à la mémoire et à l’identité nationale. En 1810, le comte de Montalivet alors
ministre de l’Intérieur transmet à tous les préfets une circulaire recommandant l’établissement d’une liste des châteaux, églises et abbayes dignes d’attention. Un réseau de
correspondants locaux répartis sur le territoire national est alors mis en place, et en
1830 est créé le poste d’inspecteur des Monuments historiques dont l’un des représentants
les plus actifs sera Prosper Mérimée. De 1834 à 1860, il parcourt la France avec pour
mission de recenser et classer les édifices dignes d’intérêt. Une première liste établie
Mérimée dans la Drôme
Au cours de ses voyages en direction du sud de la France ou vers l’Isère, Mérimée
traverse la Drôme et découvre dès 1834 des sites comme sa correspondance et ses
rapports en témoignent. Il contribue à sauver et à restaurer dix monuments dans la Drôme :
en 1840, la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, la cathédrale de Die, la collégiale de
Grignan, l’abbaye de Léoncel, la collégiale de Saint-Barnard à Romans, l’église de SaintRestitut, le Taurobole à Tain-l’Hermitage, le Pendentif à Valence ; en 1846, l’église de
Saint-Marcel-lès-Sauzet ; en 1847, l’église Saint-Pierre à Chabrillan.
Une réglementation attendue
Afin d’assurer à long terme une protection des édifices recensés et réglementer
les crédits de restauration, une première loi est adoptée en mars 1887. Celle-ci permet
de classer des bâtiments publics ou privés dont l’intérêt national est reconnu. Elle est
complétée par celle du 31 décembre 1913, qui envisage la possibilité de classement sans
l’accord du propriétaire, prévoit des sanctions en cas de réalisation de travaux sans
autorisation et élargit la notion d’intérêt national à celle d’intérêt public. Cette dernière
mesure permet de prendre en considération des biens d’intérêt territorial.
Une mémoire en évolution
CHRYSTÈLE BURGARD
ANNE-MARIE CLAPPIER
CONSERVATEUR EN CHEF DU PATRIMOINE
ATTACHÉE DE CONSERVATION
SOMMAIRE
07
PLAINE DE VALENCE
08
09
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11
12
13
14
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DRÔME DES COLLINES
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36
Bouvante, La Chapelle-en-Vercors, La Motte-Fanjas, Saint-Jean-en-Royans,
Saint-Laurent-en-Royans — Patrimoine religieux rural
Léoncel — Abbaye Notre-Dame
Rochechinard — Château et village
Saint-Jean-en-Royans — Des routes vertigineuses
Saint-Julien-en-Vercors — Architecture rurale et petit patrimoine
Saint-Nazaire-en-Royans — Canal de la Bourne et aqueduc
La Chapelle-en-Vercors, Saint-agnan-en-Vercors, Vassieux-en-Vercors
— Les chemins de la Liberté et lieux de mémoire
VALLÉE DE LA DRÔME | DIOIS
38
39
40
41
42
43
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45
46
47
Albon — Site castral et tour
Châteauneuf-de-Galaure — Couvent de Charrière et église Saint-Pierre
Châteauneuf-sur-Isère — Habitat troglodytique
Chatuzange-le-Goubet — Barrage de PiZançon
Hauterives — Palais du facteur Cheval
Le Grand-Serre — La halle
Manthes — Prieuré et église Saint-Pierre
Montchenu, Montmiral — Les mottes castrales
Romans-sur-Isère — Collégiale Saint-Barnard et calvaire des Récollets
Saint-Barthélemy-de-Vals — Les roches qui dansent
Saint-Donat-sur-l'Herbasse — Collégiale Sainte-Marie et Saint-Donat
Tain-l'Hermitage — Passerelle Seguin
— La terre, matériau et architecture
ROYANS | VERCORS
30
37
Beaumont-lès-Valence, Chabeuil et Montvendre — Portes fortifiées
Bourg-lès-Valence — La Cartoucherie
Étoile-sur-Rhône — Bourg historique
Valence — Cathédrale Saint-Apollinaire et groupe épiscopal
Valence — Châteaux d'eau
Valence — N7 et station-service
— le Rhône
Autichamp — Village perché
Bourdeaux — Châteaux
Châtillon-en-Diois — Cabanons de vigne
Crest — La tour
Die — Ville antique
Die — Abbaye de Valcroissant
Luc-en-Diois — Le Claps
Mirmande — Village historique
Saoû — Forêt et auberge des Dauphins
DRÔME PROVENçALE
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49
50
51
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53
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55
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59
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62
63
64
Buis-les-Baronnies — Bourg historique
Grignan — Château-musée
La Garde-Adhémar — Village perché et Val des Nymphes
Montbrun-les-Bains — Village perché et thermalisme
Montélimar — Château des Adhémar
Montjoyer — Abbaye Notre-Dame-d’Aiguebelle
Nyons — Savonnerie, moulins et scourtinerie
Poët-Laval (Le) — Village historique
Sainte-Jalle — Église Notre-Dame-de-Beauvert
Saint-Paul-Trois-Châteaux — Église-cathédrale Notre-Dame
Saint-Restitut — Village et carrières
Suze-la-Rousse — Château et sa Garenne
Taulignan — Village fortifié
— La pierre, du paysage à l’architecture
Adresses utiles
Index des communes
Les publications de la Conservation du patrimoine
PLAINE DE VALENCE
1
2
3
8
9
— Beaumont-lÈs-Valence, Chabeuil et Montvendre
— Portes fortifiées
— INSCRITES MH
Au Moyen Âge, la porte fortifiée
avait une double fonction, l’une militaire,
l’autre symbolique. Lieu de surveillance, elle
protégeait le cœur de la cité contre les
attaques ennemies et permettait de contrôler les hommes et les marchandises. Lieu
de représentation, cette entrée de ville
comportait emblèmes et blasons et se
devait d’être monumentale. Une douzaine
de portes existent encore dans la Drôme
dont trois en bon état de conservation.
Datant des XIIIe et XIVe siècles, elles sont
situées dans la plaine de Valence.
Entièrement rénovée en 1990, la
porte de Beaumont-lès-Valence 1 est construite en deux phases comme le montre
les différences de parement. Au-dessus
de l’ouverture en arc, une canonnière et
deux consoles soutiennent une bretèche
décorée de l’horloge communale. L’édifice
est surmonté de mâchicoulis, de merlons
et d’un campanile métallique avec sa petite
cloche.
La porte monumentale de Chabeuil 2, bâtie en gros bloc, est ouverte en
plein cintre. La partie haute a été rajoutée
au XIXe siècle. La façade a ensuite accueilli
dès 1921 un monument aux morts composé
d’une statue et d’inscriptions commémoratives. Sous la voûte, le couloir conserve
la trace de la rainure de la herse, quatre
gonds de fer et un blason martelé. Côté
ville, on remarque une belle fenêtre géminée
avec arcs trilobés.
À Montvendre 3, la porte présente
une ouverture en arc brisé. Des trous d’encadrement attestant la présence d’une
ancienne galerie de bois, sont accompagnés d’archères verticales et d’une porte
d’accès. On remarque la présence d’un blason martelé à la Révolution et d’un cadran
solaire daté de 1859. Au sommet, la toiture
et les merlons sont plus récents. Côté ville,
le passage en arc brisé est en partie comblé.
L’accès à la salle de garde, ouverte à la
gorge, se faisait par une porte haut perchée.
—
LISE TRUCHET / DAPHNÉ MICHELAS
— Bourg-lès-Valence
— La Cartoucherie
— INSCRITE MH
Au cœur de la plaine de Valence,
Bourg-lès-Valence possède un exemple
remarquable de l’architecture industrielle
du XIXe siècle avec la Cartoucherie dont
le caractère monumental et l’histoire ont
profondément marqué la cité.
C’est en 1853 que l’industriel
Noël Sanial acquiert, dans le quartier du
Moulin Rouge (actuellement Chony), un
domaine agricole composé d’une ferme,
d’un moulin, d’une forge, de terres et de
sources. Influencé par les pensées utopistes
de Fourier et de Saint-Simon, il commence
en 1855 la construction d’une manufacture
textile, vaste palais industriel, constitué de
bâtiments de briques flanqués de pavillons
d’angle en pierre organisés autour d’une
cour. Cette usine de soie et d’impression
sur coton emploie plusieurs centaines d’ouvriers, dont certains logent sur place.
Après plusieurs sinistres et un
contexte économique difficile, la manufacture en faillite ferme en 1866. Bien située
près de la voie de chemin de fer qui relie
Valence à Grenoble, elle est rachetée par
l’État en 1874 afin d’y installer une cartoucherie nationale. Entourée d’une enceinte
fermée sur l’extérieur, elle s’organise
comme une petite ville avec ses rues,
ses bâtiments numérotés et ses trois
grandes cheminées. Les agrandissements
successifs — bâtiments de stockage, gare,
poudrières, ateliers, stands de tir — occupent
progressivement la totalité du domaine. La
cartoucherie devient alors un lieu essentiel
de la vie bourcaine scandée par la sirène.
Après sa fermeture définitive en
1964, le domaine passe au secteur privé.
Les bâtiments historiques sont rachetés
par la ville en 1993, qui les fait inscrire à
l’Inventaire supplémentaire des Monuments
historiques en 2003. Elle s’est également
engagée dans un projet de réhabilitation
autour de l’image et du cinéma d’animation
afin que ce lieu porteur d’une mémoire
ouvrière soit sauvegardé et mis en valeur.
—
LISE TRUCHET / IDELETTE DROGUE
3
1
2
10
11
— Étoile-sur-Rhône
— Bourg historique
— SITE INSCRIT
Lieu de passage privilégié implanté sur la via Domitia, le village d’Étoile
est perché sur son coteau, et offre un
large panorama sur la vallée du Rhône.
La commune s’étend sur des terrasses
alluviales successives mais le cœur de la
cité conserve ses monuments historiques
et son enceinte en partie détruite sous
Richelieu. Aux détours d’étroites venelles et
de places, la découverte du centre ancien
se fait le long de ses ruelles et de ses
anciennes bâtisses dotées de fenêtres à
meneaux et de linteaux ouvragés.
D’autres édifices remarquables
sont à découvrir comme l’église romane
Notre-Dame d’Étoile aux chapiteaux corinthiens, édifiée aux XIIe et XIIIe siècles. Elle
s’ouvre sur le village par un portail monumental dont le tympan est orné d’une charte
“des franchises” de 1244. Au pied de la
façade, une pierre à mesurer le grain représente l’un des rares exemplaires conservés
dans la Drôme.
Étoile possède d’autres monuments prestigieux : les vestiges du château
des Poitiers qui ne comptent plus que
l’ossature de la tour inférieure, le départ
d’une porte monumentale, deux corbeaux
et un mur d’enceinte plus récent ; le manoir
Saint-Ange, désormais privé, muni d’une tour
carrée au-dessus de l’entrée. Par ailleurs,
— Valence
— Cathédrale Saint-Apollinaire et groupe épiscopal
— CLASSÉE MH
l’hôtel de ville est installé dans un ancien
hôtel particulier du XVIe siècle, tandis qu’une
tour Renaissance accueille désormais des
expositions temporaires pendant les saisons
estivales. Enfin, une étonnante fontaine
couverte et un monument à la Fédération,
emblème de l’impact révolutionnaire à Étoile,
sont également à signaler. Ce village présente une unité architecturale donnée par
la couleur ocre de la pierre et des enduits.
Autant d’éléments qui lui ont valu d’être un
site protégé en 1972.
—
LISE TRUCHET / DAPHNÉ MICHELAS
Implantée au cœur de la vallée du
Rhône depuis l’époque romaine, Valence
s’est progressivement étendue sur la rive
gauche du fleuve. Son site en terrasses
possède de nombreuses sources aménagées en canaux qui jalonnent la ville.
Ayant conservé ses remparts
jusqu’au XIXe siècle, la ville s’est développée à l’intérieur de son enceinte, sur les
actuels boulevards. Ce centre historique
abrite encore de nombreuses traces de son
histoire, dont les plus anciennes remontent
au Moyen Âge. Deux monuments en élévation, héritage de sa fonction épiscopale, en
témoignent, dont l’ancien évêché 1, implanté
place des Ormeaux. Si sa fondation se situe
autour du IVe siècle, son apparence actuelle
d’hôtel particulier du XVIIIe siècle rappelle
la présence à Valence de l’évêque bâtisseur Alexandre Milon de Mesme. L’édifice,
transformé et agrandi au cours des siècles,
conserve encore aujourd’hui une galerie
voûtée d’ogives, des plafonds peints du
XVe siècle et des parquets marquetés. Le
musée des Beaux-Arts et d’Archéologie
occupe l’édifice qui va être restructuré.
Le groupe cathédral 2 comportait
un évêché, un baptistère et différentes églises au Moyen Âge, dont la cathédrale
Saint-Apollinaire. Tournée vers le Rhône,
elle est construite aux XIe et XIIe siècles.
Détruite au cours des guerres de Religion,
reconstruite à l’identique au XVIIe siècle,
elle est dotée d’un nouveau clocher porche
au XIXe siècle. Son plan en croix latine
comporte une nef rythmée par huit travées
et flanquée de collatéraux. Au chevet,
le chœur est entouré d’un déambulatoire
ouvrant sur trois chapelles rayonnantes.
Enfin, chapiteaux, linteaux et tympans proposent des sculptures romanes au répertoire
varié.
Durant le XVIe siècle, le centre
ancien continue de s’enrichir donnant
naissance à un patrimoine bâti de grande
qualité dont la Maison des Têtes 3 est un
exemple significatif. Ce remarquable hôtel
particulier, réalisé autour de 1530, est un
édifice encore gothique mais très imprégné
de Renaissance italienne.
—
LISE TRUCHET / VIVIANE RAGEAU
12
13
— Valence
— Châteaux d’eau
— LABEL XX
— Valence
— N7 et station-service
— LABEL XX
E
Situés au centre du parc Jean
Perdrix, dans le quartier de Valence-le-Haut,
les châteaux d’eau sont devenus un véritable
symbole de Valence tant ils associent une
approche esthétique, urbaine et technique.
En 1962, l’architecte-urbaniste André Gomis
est chargé de l’aménagement de la ZUP
(Zone à urbaniser en priorité) de cette ville.
Il souhaite créer un point fort, un signal à
la mesure des futurs immeubles, entre les
deux quartiers Fontbarlettes et Le Plan,
« comme autrefois, écrit-il, le clocher ou le
beffroi annonçaient de loin, désignaient la
ville, marquaient le site, imposant leur style
à l’environnement, incitant promeneurs,
visiteurs ou foule à se retrouver là ».
Ce projet est confié au sculpteur
d’origine grecque Philolaos qui a comme
contrainte supplémentaire le besoin d’un
réservoir d’eau pour alimenter la nouvelle
cité. Philolaos imagine une architecturesculpture qui ne soit ni symétrique, ni frontale et qui se modifierait selon le déplacement du promeneur. Il conçoit alors deux
éléments hélicoïdaux d’une grande qualité
plastique qui s’inscrivent dans le prolongement de ses recherches sur les formes
“gauches” et le thème du “Moscophore”.
De 1964 à 1967, maquettes, dessins, calculs
se succèdent, puis ces formes sont ajustées
par des ingénieurs après des essais en
E
soufflerie et de compression. Les travaux
commencent en 1969 et sont achevés en
1971.
Le grand réservoir de 57 m de
hauteur contient 850 m3 d’eau, celui de
52 m contient 1990 m3. L’eau est stockée
sur une hauteur de 10 m. Chacun est construit selon le principe d’empilement d’anneaux en béton de 2 m de hauteur et de
sections différentes. La texture des réservoirs, en béton cannelé, est composée de
verticales et d’horizontales afin d’accrocher
la lumière et mettre en valeur la complexité
et la subtilité des formes vrillées et élancées.
Ce projet marquera profondément le travail de Philolaos qui continuera
à décliner ces formes à travers des petites
sculptures ou des œuvres monumentales
en métal ou en béton.
—
CHRYSTÈLE BURGARD
Depuis l’Antiquité, la vallée du
Rhône est un lieu de circulation et de
transport par route et par voie fluviale. Les
routes impériales et le chemin de fer
contribuent à la redistribution spatiale et
économique du département. Au début du
XXe siècle, l'axe Paris-Lyon-Méditerranée
devient la Nationale 7. Les chaussées pavées
sont remplacées par le goudron et cette
route constitue progressivement un enjeu
de développement économique marquant
et structurant le paysage drômois. La première moitié du XXe siècle, avec le développement de l’automobile, est une véritable
révolution : la route se démocratise. Les
premiers congés payés de 1936 et les
déplacements croissants vers la côte d’Azur
font rapidement de la RN7 une voie mythique incontournable qui dans les années
1950 inspire une chanson à Charles Trenet :
Nationale 7.
L’intensification du trafic entraîne
la construction d’équipements appropriés.
La signalisation routière moderne fait son
apparition et avec elle une architecture participant à une économie de la route : les
relais d’essence. Ces lieux de distribution
du carburant sont rares dans les années
1930. Ils doivent être vus de loin et tenir
compte des nouvelles conditions de perception des usagers. Ces équipements
éclairés au néon se trouvent le long de la
route, à un carrefour ou à l’entrée de la ville.
Grâce aux nouvelles technologies, notamment la mise au point du béton
armé, les formes architecturales évoluent.
Un corps central, un large auvent surmonté
d’une flèche profilée marquée par trois
ailettes horizontales telles sont les caractéristiques des stations-service urbaines
de 1930 à 1950. Le “Relais-Sud” à Valence
(construit par Henri Garin à la fin des
années 1930), les stations-service de Tainl’Hermitage, de Montélimar, de Malataverne,
situées le long de la RN7, en sont les meilleures illustrations.
—
PIERRE SAPET
drôme des collines
14
— Le Rhône
Patrimoine naturel et culturel
d’une grande richesse, le Rhône traverse,
de Saint-Rambert-d’Albon à Pierrelatte, différents paysages composés de larges plaines
alluviales ou de défilés étroits qui témoignent de l’évolution géologique et des activités humaines à travers les siècles.
Le fleuve a toujours été une voie
de circulation des hommes et des marchandises, des différentes cultures grecque,
latine… Depuis l’époque gallo-romaine, la
navigation a été intense pour transporter
l’huile, le vin, le sel, la poterie, le marbre…
et également les hommes qui se déplacent
à la conquête de nouveaux territoires. Ces
activités ont nécessité des aménagements,
des constructions qui évoquent l’histoire
du fleuve, son rôle économique, culturel et
social, dont l’apogée se situe au XIXe siècle.
Les traces de cette histoire sont plus au
moins lisibles le long du fleuve : quais et
ports (Saint-Vallier), piles des anciens bacs
à traille (Donzère), anciens chemins de
halage, digues pour lutter contre les crues
(Ancône), ponts suspendus construits par
Seguin (Tain, Donzère), barrages et écluses qui témoignent des grands travaux pour
réguler le débit du fleuve et pour produire
de l’électricité (Gervans, Bourg-lès-Valence,
Donzère-Mondragon).
Ces constructions évoquent aussi
les nombreux métiers que les hommes
exercèrent au cours des siècles : bateliers,
mariniers, haleurs, conducteurs de bacs
et de radeaux, pêcheurs… et également
les métiers exercés le long des berges :
charpentiers, aubergistes, tanneurs, lavandières…
Espace de travail et de fêtes
populaires (joutes), le Rhône est aussi
un sujet de création pour des artistes ou
des artisans. Ils ont représenté ses rives,
ses ports, ses ponts ou l’ont évoqué de
manière plus symbolique à travers saint
Nicolas (peintures dans les églises de SaintVallier et d’Ancône, vitrail dans l’église de
Châteauneuf-du-Rhône), les instruments
de la Passion mis en scène sur les croix
de mariniers (musée d’art sacré de MoursSaint-Eusèbe).
—
CHRYSTÈLE BURGARD
2
1
3
16
17
— Albon
— Site castral et tour
— INSCRITE MH
Albon à l’époque romaine est le
lieu d’une grande villa, dépendant au VIe
siècle de l’église de Vienne. En 517, un
concile réunit les évêques Burgondes à la
villa Epaonis d’Albon. A quelques kilomètres
de là se trouvent les ruines du château de
Mantailles, où se réunit l’assemblée qui élit
Boson, roi de Bourgogne-Provence (879-887).
Au XIe siècle, la famille des Guigues, sans doute originaire du Vivarais,
s’installe à Albon, sur une hauteur dominant
la vallée du Rhône. Par l’acquisition de différents territoires (Briançonnais, Grésivaudan
et partie orientale du Viennois), elle crée
la principauté qui deviendra le Dauphiné.
En l’état actuel des fouilles, on
peut reconnaître cinq phases successives
d’aménagement du site, depuis son implantation jusqu’à son abandon.
— Dès le IXe siècle, sont édifiés de simples
bâtiments en bois (tour, aménagements
dans la basse-cour) ainsi qu’une chapelle
castrale 2 qui sera agrandie et décorée aux
XIe-XIIe siècles, puis reconstruite aux XIIIeXIVe siècles.
— Dans le courant du XIe siècle, est élevé
le bâtiment le plus inattendu et le plus
remarquable du site. Ce vaste édifice en
molasse, de type palatial, était implanté
au sud du site, avec au rez-de-chaussée,
un espace de stockage (présence de silo
— Châteauneuf-de-Galaure
— Couvent de Charrière et église Saint-Pierre
à grains), et à l’étage, une salle de réception luxueuse (aula magna) 3 et un appartement privé (camera).
— Au XIIIe siècle, les bâtiments en bois sont
remplacés par un donjon sur motte 1. Cette
tour massive en molasse a une fonction
de garde et de contrôle d’un point stratégique du territoire et doit rappeler la puissance et le pouvoir des Comtes d’Albon,
créateurs du Dauphiné.
— Fin XIIIe-début XIVe siècles, un bâtiment
de service vient s’insérer entre le palais et
la chapelle.
— Enfin au XVe siècle, dans une dernière
phase de transformation, on réaménage
des bâtiments jusqu’à leur abandon définitif.
Ce site servit de carrière dès le XVIe siècle.
La tour, dont les élévations ont été restaurées récemment, marque très fortement le
paysage actuel drômois.
—
LAURENCE BRANGIER / DAPHNÉ MICHELAS
Le prieuré de Charrière, situé sur
la commune de Châteauneuf-de-Galaure,
est connu au milieu du Moyen Âge comme
étant un établissement bénédictin de la filiation de Cluny. Documenté depuis le XIVe
siècle, il est converti dans le courant du XVe
siècle en couvent de Cordeliers (ordre de
saint François).
Le site s’organise autour de l’église prieurale, autrefois entourée d’un cimetière ceint d’un enclos, tandis qu’au nord
se développent les bâtiments conventuels.
Ceux-ci se répartissent autour du cloître
dont il ne reste que l’emplacement.
Reconstruit après les guerres de
Religion, ils constituent un ensemble de
bâtiments en U d’un étage sur cave d’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles). Remaniés,
reconstruits, ruinés, aujourd’hui progressivement sauvegardés, ils présentent de remarquables exemples d’éléments de confort
et de décor : cheminées, peintures et moulures, dallages de pierre, linteaux à motif
d’accolade, etc.
Au sud, l’église dédiée à saint
Pierre, remaniée au XVe siècle dans le style
gothique, est composée d’une nef unique,
animée de fenêtres à arc brisé et réseaux
polylobés au sud, et d’ouvertures romanes
bouchées au nord. A l’est, le chœur est
composé d’une travée de chœur carrée et
d’une abside à pans coupés percée de
fenêtres gothiques. Des fresques peintes
sur les murs et les voûtes de cette partie
de l’édifice figurent des épisodes de la vie
de saint François (XVe siècle), ainsi que
des motifs d’architecture, de fleurs et de
draperie (XVIIe siècle).
—
MARIE ROCHETTE
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— Châteauneuf-sur-Isère
— Habitat troglodytique
Les architectures troglodytiques,
structures creusées ou semi-creusées dans
la roche, sont largement répandues sur le
territoire drômois. Une géologie favorable,
composée à l’ouest du département de
roches sédimentaires tendres appelées molasses, a favorisé l’installation de troglodytes.
Ces ensembles se retrouvent sous différentes formes, du nord au sud, le long du
couloir rhodanien.
Les fonctions de ces architectures sont variées : on rencontre des cavités
utilisées comme annexe agricole ou simple
garage mais aussi des structures plus
complexes. Ainsi, certains souterrains de
châteaux, à l’exemple du village de Grâne,
ou encore des habitations sont creusés
dans la roche. Les cavités encore occupées
de nos jours sont rares. Elles se situent
dans la Drôme des Collines, plus précisément dans les villages de Saint-Donat 2 et
de Bathernay où une ancienne ferme troglodytique assure aujourd’hui la fonction de
restaurant.
Cette forme d’habitat fut pourtant
courante dans le département jusqu’au
début du siècle dernier ; elle semble liée
dans la plupart des cas à l’activité des carrières souvent présentes à proximité : la ville
de Châteauneuf-sur-Isère en est une bonne
illustration.
— Chatuzange-le-Goubet
— Barrage de Pizançon
L’origine médiévale de certaines
de ces cavités apparaît évidente pour bon
nombre de sites, soit par la relation directe
qu’entretiennent les structures avec une
fortification comme dans le village provençal
de La Baume-de-Transit, soit par l’attestation
de l’existence de baumes (grottes anthropiques) dans les textes médiévaux, comme
à Châteauneuf-sur-Isère 1 3.
Ces constructions troglodytiques,
nombreuses dans la Drôme, représentent
un patrimoine architectural important lié
aux activités d’extraction de la pierre du
département.
—
MYLÈNE NAVETAT
À la fin du XIXe siècle, suite au
développement industriel de Romans et
Bourg-de-Péage, les besoins en électricité
sont en constante augmentation. Malgré la
réalisation en 1908 du barrage du Bournillon
par la Société des Forces Motrices du
Vercors, près de Pont-en-Royans, les demandes sont loin d’être satisfaites.
En 1921 est réalisé le barrage de
Beaumont-Monteux puis est envisagé celui
de Pizançon. Celui-ci est construit entre
1928 et 1931 au nord de Romans dans un
site étroit et encaissé sur l’Isère sur la commune de Chatuzange-le-Goubet. Réalisé en
béton cyclopéen, il est fermé par 6 vannes
de 15 m de haut. Les chutes sont de 12,6 m.
La centrale comporte 2 groupes Kaplan à
axe vertical de 145 m3/s et 2 groupes hélices
à axe vertical de 125 m3/s. La puissance de
la centrale est de 42 MW, la productivité
est de 245 GWh.
La construction du barrage de
Pizançon sera suivie de celui de La Vanelle
en aval de Romans entre 1946 et 1950.
Quant au Rhône, son exploitation
confiée à la Compagnie Nationale du Rhône
engendre une vingtaine d’aménagements
d’envergure : construction de barrages, d’usines hydroélectriques, d’écluses. La centrale
de Donzère-Mondragon construite en 1952,
aujourd’hui classée Monument historique,
est la plus productive du Rhône. Cette architecture sobre et fonctionnelle a fortement
structuré le paysage.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
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— Hauterives
— Palais du facteur Cheval
— CLASSÉ MH
Né en 1836 à Charmes-sur-l’Herbasse, Ferdinand Cheval devient facteur
après avoir exercé plusieurs métiers. Il commence à l’âge de 43 ans la construction
de ce “Temple de la nature”, par étapes
successives, à partir d’éléments ramassés
au cours de ses tournées. Long de 26 m et
haut de 12 m, cet édifice est constitué de
galeries, de niches d’escaliers et de grottes.
Il est composé de motifs architecturaux les
plus variés : tombeaux égyptien et hindou,
mosquée, chalet suisse, château médiéval…
Ces éléments sont associés à des formes
végétales, humaines, mythologiques et religieuses. Ainsi se côtoient géants, sphinx,
cerbères, Vierge Marie, évangélistes… qui
s’assemblent étonnamment grâce aux couleurs et aux matériaux employés. Pierres,
galets, coquillages, fossiles, mais aussi éléments préfabriqués en ciment, modelages
au mortier de chaux fusionnent et forment
cet étonnant palais imaginaire. Dans ces
matières, sont incrustés des mots et des
proverbes valorisant le travail, l’amour, la
famille, Dieu… enrichissant les références
sacrées et profanes des éléments sculptés.
Pendant 33 ans, cet étrange bâtisseur racontera ses rêves et imaginera un
monde, sans voyager ; il représentera sa
vision des merveilles de l’univers et des
civilisations passées, inspirée de ses lec-
— Le Grand-Serre
— La halle
— INCRITE MH
tures et de la nature. Il construit également
son habitation en 1895 dans le jardin du
Palais, la villa Alicius ; puis en 1914 dans le
cimetière d’Hauterives, il réalise le “Tombeau
du silence et du repos sans fin” dans lequel
il sera enterré en 1924.
Raillée à son époque, cette œuvre
marginale est aujourd’hui reconnue pour
son originalité. André Breton, Picasso,
Tinguely, Max Ernst ont été les premiers à
rendre hommage au talent de ce visionnaire, précurseur du surréalisme et de l’art
brut. Le Palais Idéal est classé Monument
historique en 1969 grâce au soutien d’André
Malraux qui considérait le palais comme « le
seul exemple en architecture de l’art naïf ».
—
CHRYSTÈLE BURGARD
L’ancien bourg médiéval du
Grand-Serre était situé sur une importante
voie de passage empruntée par les marchands dauphinois pour se rendre à Genève.
Il était entouré d’un rempart, composé de
quatre portes et de tours, qui protégeait
les habitations, l’église Saint-Mamert, l’ancien prieuré bénédictin et la halle.
Mentionnée pour la première
fois en 1371, la halle, certainement plus
ancienne, avait de multiples fonctions,
commerciale, juridique, administrative ou
festive. Elle fut construite par les seigneurs
du lieu qui louaient les bancs (tables pour
les marchands), les étals ou les tailloles
qui servaient à accrocher la viande. Elle
accueillait également les marchés, les foires,
et servait de maison commune où se réunissait le village lors des réunions des conseils,
délibérations communales et autres procès
communautaires.
La halle dans sa forme actuelle
(XVIIe siècle certainement) est un édifice
rectangulaire à trois nefs, celles-ci ménageant un vaste espace dégagé au centre.
Le plus remarquable de cette construction
est sa charpente, en chêne à peine équarri,
posée sur des poteaux prenant appui
sur des dés de molasse provenant de
Châteauneuf-sur-Isère. Les marques d’assemblage sont encore visibles par endroit.
Elle est couverte d’une toiture à croupes.
Cet édifice de qualité s’inscrit
dans les modèles de halles du nord Isère
(Crémieu, La Côte-Saint-André…) ; il est
cependant l’unique édifice de ce type en
état de conservation dans la Drôme, bien
qu’on connaisse l’existence de certains
autres dans des villages comme Morasen-Valloire.
—
LAURENCE BRANGIER
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— Manthes
— Prieuré et église Saint-Pierre
— INSCRIT MH / CLASSÉE MH
Dominant le village, le prieuré de
Manthes relevait au XIe siècle de l’abbaye
de Cluny. Malgré de nombreux remaniements, les bâtiments présentent un bel
ensemble architectural associant église et
maison conventuelle.
Le plan de l’église comporte une
nef de cinq travées, très remaniée au XIXe
siècle, séparée des collatéraux par de
grands arcs brisés. A l’est un transept
annonce l’abside. Celui-ci est composé de
deux bras peu saillants. La croisée est
couverte d’une voûte supportant un clocher viennois. Les piles recevant cette
voûte sont surmontées de chapiteaux
sculptés à décor végétal. L’abside centrale
et les deux absidioles en hémicycle sont
couvertes de cul-de-four. L’ensemble du
chœur (absides et transept) est peint d’un
faux appareil aux dominantes rouges, vertes
et jaunes. L’abside est pourvue d’une large
baie gothique ornée d’un vitrail double
représentant les apôtres Pierre et Paul.
Les visages des deux apôtres datent de la
seconde moitié du XVIe siècle. A l’extérieur,
le chevet parementé en galets et couronné
d’une corniche reposant sur des modillons
à copeaux (XIIe siècle), ainsi que le clocher
de type viennois, percé de baies géminées
et orné de petits arcs évoquant des bandes
lombardes, sont particulièrement remar-
quables. A l’ouest, la façade, bien que très
reprise, est animée d’un portail roman à
double voussure en plein cintre, sans doute
remonté, et d’éléments sculptés (petites
têtes) remployés dans la partie haute.
Au sud de l’église, se développe
le prieuré, vaste bâtiment datant de la fin
XVe-début XVIe siècles. Cette maison est
cantonnée dans ses angles nord-est et
sud-est de tours circulaires. Se développant
sur trois niveaux (rez-de-chaussée et deux
étages), elles offrent de beaux exemples
d’ouvertures renaissantes : fenêtres à meneaux taillées dans la molasse, linteaux
des portes occidentales, droits ou en accolades décorés d’armoiries, ouvertures
hautes à linteau monolithique. L’intérieur
est marqué par un beau plafond à caisson
et des peintures de la fin du XVIe et du
XVIIe siècles.
—
MARIE ROCHETTE
— Montchenu, Montmiral
— Les mottes castrales
De nombreux châteaux en terre
et en bois sont construits aux alentours de
l’an mil en Europe occidentale. Ces édifices,
à la fois refuges défensifs et demeures
seigneuriales, témoignent de l’existence
de nouveaux pouvoirs locaux. Des familles
de l’aristocratie rurale, riches propriétaires
terriens, telles que les Guigues d’Albon ou
les Clermont, assoient leur domination par
la réalisation de ces châteaux à motte.
Malgré le peu d’éléments encore
visibles aujourd’hui, une cinquantaine de
mottes castrales ont été repérées dans
la Drôme, telles que celle de Peyrins,
Montmiral 2, Montchenu 1 ou Clérieux dans
le nord Drôme. Quelques-unes sont mieux
connues et ont fait l’objet de fouilles comme
celle d’Albon ou de Rochefort-en-Valdaine.
Occupant généralement des
points stratégiques et utilisant le relief
existant, ces châteaux ont la particularité
d’avoir la même structure bipartite. Ils se
composent d’un tertre ou monticule, la
motte, sur lequel est édifiée une tour, et
d’une terrasse ou basse-cour de plan elliptique s’étalant en contrebas. L’ensemble est
protégé par des fossés parfois doublés
d’un rempart ou d’une levée de terre. Si
ces éléments se retrouvent pour chacun
d’eux, leur taille, leur forme et leur agencement, toujours adaptés à la topographie
du lieu, sont en revanche à chaque fois
différents.
Plus tard ces constructions en
bois seront remplacées par des forteresses en pierre dont il reste aujourd’hui des
vestiges plus ou moins bien conservés.
Certaines tours, telles des signaux,
marquent encore de nos jours le paysage
drômois.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
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— Romans-SUR-ISÈRE
— Collégiale Saint-Barnard et calvaire des Récollets
— CLASSÉS MH
Fondé en 838 par l’archevêque
de Vienne Barnard, le monastère de Romans
fut établi en un point stratégique de passage à gué sur l’Isère. Ces éléments furent
sans doute à l’origine du développement
du monastère et du bourg médiéval. Outre
l’église dédiée aux saints Pierre et Paul, qui
prendra le vocable de son saint fondateur
au XIIIe siècle, se trouvaient également au
sud le cloître canonial et une tour-porche.
Seules les chapelles, ajouts de la fin du
Moyen Âge, ont été conservées lors des
réaménagements des quais.
En 1134, l’église romane 1 2 fut
incendiée, reconstruite dans les années
qui suivirent, puis agrandie dans le second
tiers du XIIIe siècle. Le chœur et le transept
sont alors reconstruits, la nef surélevée par
l’ajout d’un triforium et couverte de croisées
d’ogives.
Ces aménagements font de cet
édifice un admirable exemple d’architecture
gothique. Saccagée durant les guerres de
Religion, des restaurations ont été effectuées au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.
L’église présente aujourd’hui une
nef unique de quatre travées, précédant un
transept saillant et une abside polygonale.
Les parties hautes sont de style gothique,
tandis que les parties basses ont conservé
leur structure romane. Cette dualité est
manifeste sur les murs gouttereaux qui
sont rythmés à la fois par des hautes
colonnes engagées gothiques supportant
les croisées de la voûte et de petits arcs
muraux en plein cintre roman. Les chapiteaux de ces arcs, ainsi que le portail occidental et les portails latéraux forment un
remarquable corpus de sculpture romane,
où se manifestent dans le traitement des
décors végétaux, géométriques ou des
personnages des influences antiquisantes,
viennoises, bourguignonnes et provençales.
Au début du XVIe siècle, Romanet
Boffin, marchand de draps, est à l’origine
de l’implantation d’un chemin de croix dans
la ville. Les guerres de Religion ruinèrent
les stations. Leur restauration sera entreprise de la fin du XVIe siècle jusqu’au XIXe
siècle. Aujourd’hui le “Grand voyage” compte
une vingtaine de stations dans la ville. Dans
l’enclos se trouve le calvaire 3 épargné par
les guerres de Religion, ainsi que dix-neuf
stations reconstruites au XIXe siècle.
—
MARIE ROCHETTE
— Saint-Barthélemy-de-Vals
— Les roches qui dansent
— SITE CLASSÉ
C’est une légende qui est à l’origine du nom des roches qui dansent. La
nuit de Noël, au clair de lune, sous l’effet
stroboscopique des nuages qui défilent,
certains ont cru voir bouger les roches.
Mythe, réalité ou simple effet
d’optique, la voie est ouverte à toutes
formes d’interprétation. Dès le XVIIIe siècle,
des savants parlent de “Cromlech” (Crom
= courbe et Lech =pierr e sacrée), pierres
dressées et disposées en cercle autour
d’une autre plus importante. Le XIXe siècle
sera celui des fouilles, de l’inspection et
de l’interprétation des lieux. Ce sera aussi
celui des thèses contradictoires. L’archiviste
André Lacroix voit là une œuvre humaine.
Joseph Bordas, archéologue de Saint-Vallier,
décèle pour sa part des signes gravés
dans la roche et baptise l’une d’entre elles
« la roche des trois croissants ». Sceptique
sur l’origine monumentale ou religieuse
du site, géologues et archéologues arrivent
à des conclusions différentes. L’archéologue
Durant de Fontmagne ne voit pas dans ces
pierres des monuments druidiques en
raison de leur adhérence au sol, il en
conclut : « ce sont des rochers ». Charles
Lory, professeur de géologie à Grenoble,
donne une explication géologique au site.
Il s’agit de gros blocs de grès quartziteux
très dur, provenant de la consolidation de
sables éocènes. Il note également des
traces d’extraction de meules à aiguiser.
Le diamètre des meules prélevées par les
paysans de la région varient entre 110 et
130 cm. En 1908, l’inspection de M. Berretta
qui aboutira au classement du site le 19
janvier 1911, rend hommage à “l’émouvante
physionomie du site” mais inscrit dans son
rapport : « ces blocs de grès… ne doivent
être considérés que comme des fragmentations consécutives à des dislocations du sol provoquées par des érosions
séculaires ».
Aujourd’hui encore, l’imaginaire
prend le dessus sur la réalité géologique
d’un espace naturel singulier. Le silence,
la couleur des roches d’un gris surhaussé
d’ocre-jaune, de vert ou de rouge, la densité
des arbres, tout est propice à l’imagination
et l’interprétation.
—
PIERRE SAPET
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— Saint-Donat-sur-L'Herbasse
— Collégiale Sainte-Marie et Saint-Donat
— CLASSÉE MH
La plus ancienne mention de
Saint-Donat date de 894, elle confirme à
l’évêque de Grenoble la possession du lieu.
L’édification d’une église, d’un collège de
chanoines réguliers et d’un château sur une
hauteur dominant la plaine s’apparente à
une fondation castrale des évêques de
Grenoble au sein du diocèse de Vienne.
L’église collégiale Sainte-Marie et
Saint-Donat, établie au centre du plateau,
fut décrite avant sa reconstruction en 1940
comme possédant une large nef éclairée
de grandes baies en plein cintre. Le portail
nord, vestige de l’édifice roman, présentait
de beaux chapiteaux sculptés, aujourd’hui
déposés au musée de Valence. Dans le
courant du XIIIe siècle, la nef fut flanquée
de chapelles. A l’ouest le clocher-tour présente un plan carré. Le premier étage, restauré au XVIIe siècle, est percé sur chaque
face de baies géminées séparées par des
colonnettes à chapiteaux sculptés.
Le second étage est une reconstruction de la fin du XIXe siècle. Le porche,
couvert d’une voûte d’ogives, est accessible
par de grands arcs en plein cintre. De part
et d’autre, l’appareil présente un bel exemple de bossage. A l’ouest un portail à linteau
droit donne accès à l’église. Au-dessus ont
été remployées deux plaques portant des
inscriptions. Au sud se trouve l’emplacement
du cloître limité par les bâtiments conventuels. Celui-ci comportait quatre galeries
charpentées, ouvrant sur l’espace central
par vingt-six arcades. Seule la galerie occidentale est encore en place. Ses quatre
arcades reposent sur des colonnettes,
pilastres ou piliers d’angle remarquablement
sculptés. Les motifs des chapiteaux sont
ornementaux ou figurés : masque crachant
des rinceaux, feuilles d’acanthe et têtes
d’oursons, représentation d’Adam et Ève.
Les piliers d’angle sculptés en ronde-bosse,
associent décor végétal et personnages
(apôtre Barthélemy, musiciens). Au-dessus
de l’imposte du pilier nord-ouest, deux médaillons circulaires représentent un personnage battant des céréales, ainsi que la personnification de la luxure. D’autres médaillons du même type ont été placés dans les
écoinçons des arcades donnant sur le préau
sous une corniche ornée de palmettes.
Au nord du plateau, la chapelle
Saint-Michel, dite des évêques, est l’édifice
le mieux conservé. Il est formé d’une nef
unique et d’une abside semi-circulaire, dont
le chevet est supporté par une colonne
ornée d’un chapiteau corinthien inachevé.
Les peintures intérieures datent des XIIIe
et XIVe siècles.
—
MARIE ROCHETTE
— Tain-l'Hermitage
— Passerelle Seguin
— INSCRITE MH
Fasciné par les ponts traditionnels en lianes et en cordes, construits en
particulier en Asie, Marc Seguin, aidé de
ses frères, s’ingénie à mettre au point un
système de franchissement appliquant les
mêmes principes, mais avec des matériaux
nouveaux. Il conçoit un pont composé d’un
tablier suspendu par des câbles. Ceux-ci
sont soutenus par une ou plusieurs piles
intermédiaires et ancrés dans les culées
situées de part et d’autre du fleuve. Cette
technique offrait plusieurs avantages par
rapport aux ponts maçonnés : franchissement plus important, rapidité d’exécution,
coût de construction réduit. Après plusieurs
expériences malheureuses, il construit en
1825 un premier pont “en fil de fer” destiné
à remplacer le bac sur le Rhône entre Tainl’Hermitage et Tournon, puis en 1847, il
réalise la passerelle encore en place
aujourd’hui. Le premier sera démoli en
1965 pour des raisons de navigation,
malgré les nombreuses oppositions et la
démission des conseillers municipaux de
Tain et de Tournon.
Utilisant toujours le même procédé, Marc Seguin construit en 1847 le
pont du Robinet reliant Donzère et Viviers.
Ce pont de 300 m de long est suspendu
par des câbles tressés soutenus par deux
piles intermédiaires et reliés aux piles
construites en forme d’arc de triomphe de
part et d’autre du fleuve. Détruit plusieurs
fois par les crues, le mistral ou les bombardements, il est à chaque fois reconstruit.
De nombreux ouvrages sont ainsi
réalisés en France. Aujourd’hui, à cette technique est préférée celle du pont à haubans comme le pont Caquot à La GardeAdhémar ou le pont de l’A49 sur l’Isère à
La Baume-d’Hostun.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
royans | vercors
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— La terre, matériau et architecture
En ville comme à la campagne,
le pisé et le galet roulé du Rhône sont présents dans l’architecture du nord de la
Drôme. Ces matériaux issus directement
de la composition géologique de la vallée,
dominent largement la construction traditionnelle.
Le sous-sol fournit la matière
première pour la réalisation des constructions locales. Faiblement végétalisé, le pisé
est composé de terre argileuse mélangée à
un liant (chaux). Peu onéreuse, la technique
du pisé est utilisée pour réaliser la structure
porteuse. Elle permet une grande diversité
de mise en œuvre : façonnée en briques de
terre crue ou banchée. Le banchage, plus
couramment utilisé, consiste à comprimer
la terre crue entre deux parois de bois
(banche), maintenues par des traverses.
Après le décoffrage, des joints de chaux
sont appliqués entre chaque banchée.
Toutefois, ce matériau a le défaut d’être
perméable, aussi le débord de toiture et
les soubassements en galets évitent toutes infiltrations et action de l’eau lors des
intempéries.
Le galet, roulé par les eaux des
rivières, est ramassé en abondance dans le
lit des cours d’eau ou bien extrait d’épierrement lors de la culture des champs.
Plusieurs procédés sont possibles : le galet
peut être utilisé en soubassement, appareillé
en façade (assises régulières en arêtes de
poisson, en épis…), ou encore en blocage
entre deux parements de pierre de taille.
Cependant, le galet se déchausse facilement en raison de sa petite dimension et sa
forme ronde. L’utilisation de jambage, de
linteau et de chaînage d’angle en bloc de
molasse ou en brique, permet de stabiliser
la construction. Ces éléments de modénature participent également à l’ornementation
de la façade et apportent dans le paysage
bâti une note de couleur donnée par les
ocres de la terre.
—
DAPHNÉ MICHELAS
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— Bouvante, La Chapelle-en-Vercors, La Motte-Fanjas,
Saint-Jean-en-Royans, Saint-Laurent-en-Royans
— Patrimoine religieux rural
Le nord-est du département
comprend le Royans et la partie occidentale du plateau du Vercors. Ce secteur, aux
confins des diocèses de Valence et de Die,
fut au Moyen Âge le lieu de nombreuses
implantations paroissiales et monastiques,
offrant à ce territoire un dense réseau d’églises. Celles-ci étaient mises en relation grâce
à des chemins franchissant cols et rivières.
Le pont dit des Chartreux à Saint-Laurenten-Royans en est un bel exemple.
L’architecture des églises du
Royans et du Vercors présente des caractéristiques bien identifiables. Souvent modestes, les églises disposent de peu d’éléments
de décor. Les nefs sont uniques et les absides semi-circulaires. Les clochers, placés
sur le chœur ou bien véritables tours, contrastent avec l’église massive. Éléments
verticaux marquant le paysage, ils s’inscrivent dans la longue tradition des clochers
romans alpins (La Motte-Fanjas 1 XIIe siècle,
Saint-Jean-en-Royans 2 et La Chapelle-enVercors 3 XVIIe siècle).
Les grandes abbayes que sont
Notre-Dame de Léoncel et la chartreuse
de Bouvante, ont conservé des ensembles
architecturaux remarquables. Installées depuis la fin du XIIe siècle sur des sites isolés,
leurs églises abbatiales sont entourées de
bâtiments comme l’enceinte, le cloître, et
les espaces conventuels. L’architecture est
soignée, parfois originale (échauguette à
Bouvante, culots et voûtement de l’église
à Léoncel). Elle fait usage d’une stéréotomie bien maîtrisée (moyen appareil régulier
à la Courrerie de Bouvante, petit et moyen
appareil, bossages à Léoncel), de techniques et formes peu utilisées dans la région
(plan à trois nefs, retombées des arcs sur
des culots à Léoncel), ainsi que d’éléments
de décors sculptés (chapiteaux à Léoncel).
—
MARIE ROCHETTE
— Léoncel
— Abbaye Notre-Dame
— CLASSÉE MH
Dès 1137 des moines cisterciens
s’établirent sur le site de Léoncel, aux
confins des diocèses de Valence et de Die.
Après une période florissante aux XIIe et
XIIIe siècles où elle acquit renommée et
biens, l’abbaye connut au XIVe siècle d’importantes difficultés, obligeant les religieux
à se réfugier dans la plaine. Dans le second
quart du XVe siècle, ils regagnèrent l’abbaye
et la restaurèrent. La fin du XVIe siècle, et
notamment les guerres de Religion, marquèrent le déclin irréversible du monastère
qui fut vendu comme bien national en 1790.
L’abbaye se composait de plusieurs bâtiments, tous situés au sud de
l’église. Un grand nombre a été reconstruit
dans le courant du XVIIIe siècle. On notera
la présence du cloître attenant à l’église, du
dortoir, dont est visible l’arrachement de
l’escalier desservant l’église, enfin la salle
capitulaire dans le prolongement du bras
du transept.
L’église, consacrée en 1188, est la
partie la mieux conservée. De cette époque
subsistent les trois absides et le transept.
En revanche, la coupole sur trompe de la
croisée est une construction tardive (XVIIIe
siècle). La nef de cinq travées, voûtée de
croisées d’ogives et flanquée de deux bascôtés, fut édifiée au début du XIIIe siècle.
Le soin apporté à la mise en œuvre des
pierres, les retombées des arcs doubleaux
sur des colonnettes, les chapiteaux à décors
végétaux sont autant d’éléments remarquables. A l’extérieur, l’abbatiale se caractérise par une grande harmonie d’ensemble malgré les reprises des XVIIe et XVIIIe
siècles : remaniement de la façade occidentale, ajout de contreforts au nord. Le
chevet central est polygonal, et à l’ouest la
croisée du transept est surmontée d’un
clocher quadrangulaire à deux étages de
type dauphinois.
—
MARIE ROCHETTE
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— Rochechinard
— Château et village
— INSCRIT MH
Sur le versant est des Monts du
Matin, au cœur du Royans, Rochechinard
offre un site historique et naturel à découvrir. Ce village d’une centaine d’habitants
présente un habitat dispersé entre forêt,
cultures et pâturages. Il est dominé par les
ruines imposantes de son château médiéval 1, juché au sommet d’un rocher. Le lieu
offre un superbe panorama sur la vallée de
l’Isère et le massif du Vercors. La partie nord
du site castral est probablement occupée
dès le XIIe siècle par une petite fortification
des seigneurs du Royans. Mais les trois bâtiments actuellement conservés sont le fruit
d’une importante campagne de construction réalisée par la famille Allemand à la fin
du XVe siècle.
Du sud au nord, sont alignés
sur l’éperon calcaire : une puissante tour
à canon polygonale, percée de nombreuses ouvertures de tir, un donjon circulaire,
associant fonctions de défense et d’agrément, et un logis quadrangulaire. Durant
l’hiver 1483-1484, le commandeur de PoëtLaval, Charles Allemand, garda en ces murs,
un otage précieux : le prince turc, Djem,
dit “Zizim”, frère du sultan Bajazet II. Cédé
à la famille Mosnier en 1547, le château est
le seul du Royans à éviter un démantèlement après les guerres de Religion. Les
nouveaux propriétaires délaissent au XVIIe
— Saint-Jean-en-Royans
— Des routes vertigineuses
— SITES CLASSÉS
siècle cet austère nid d’aigle au profit de
leur demeure de Romans et dès le milieu
du XVIIIe siècle, le site est en ruine.
En contrebas du château, on aperçoit le clocher de l’église Saint-Georges 2,
le cimetière et l’ancien presbytère. Cet ensemble constituait le centre de la vie sociale
du village. Même si les origines de cette
église rurale et sobre remontent certainement au XIIIe siècle, elle a subi de nombreux
remaniements. Elle abrite un intéressant
confessionnal mural, communiquant avec la
sacristie.
Le presbytère, du XVIIIe siècle,
accueille désormais la mémoire du village :
le musée du Royans. À travers de nombreux
objets, il présente la vie quotidienne de ce
territoire de moyenne montagne aux XIXe
et XXe siècles.
—
LISE TRUCHET / JOSSELIN DERBIER
Comparé à un vaisseau de pierre
ou à une citadelle, le Vercors a toujours
été occupé ou traversé dès la préhistoire.
Depuis, les hommes n’ont cessé de tracer
des sentiers, de créer des passages, de
construire des routes pour franchir les cols
et les spectaculaires falaises.
La création des routes des
Goulets 2 et de Combe Laval 1 s’inscrit dans
un même mouvement appelé “désenclavement routier des Alpes et du massif du
Vercors” (percée des Gorges de la Bourne,
des Écouges…). Ces routes sont toutes
deux construites dans la seconde moitié
du XIXe siècle, entre 1843 et 1854 pour
la première, entre 1892 et 1896 pour la
seconde.
La route des Goulets, actuellement fermée pour travaux, relie le hameau
des Baraques (commune de Saint-Martinen-Vercors) au village de Sainte-Eulalie-enRoyans en traversant la vallée d'Echevis.
Pour franchir les goulets (passages étroits
et abrupts) situés aux deux extrémités de la
vallée, la route a été creusée dans la roche ;
elle passe à flanc de falaise et surplombe
parfois de plusieurs dizaines de mètres la
Vernaison. La route de Combe Laval relie
Saint-Jean-en-Royans au col de la Machine
et domine de 600 m la combe.
À l’origine de ces percements
émergent plusieurs motivations : volonté
d’avoir une route plus praticable, souci d’une
meilleure exploitation forestière… Le choix
du tracé suscite à chaque fois de houleuses
polémiques entre les différents villages.
La réalisation s’apparente également à un
exploit, à une véritable prouesse technique,
célébrée comme telle par les contemporains. Mais ces travaux ont aussi eu un lourd
coût humain, avec des accidents, des vies
perdues. Les conséquences de la création
de ces routes sont le développement du
tourisme dans le Vercors (hôtel du col de la
Machine, hameau des Baraques), la spécialisation de l’agriculture et une meilleure
exploitation des forêts.
Depuis l’ouverture de ces routes
vertigineuses, les travaux n’ont jamais cessé :
dégagement des éboulements, réparation
des voies et des parapets, élargissement
pour s'adapter à l'évolution du trafic… Le
tunnel des Grands Goulets, en cours de
réalisation, est un exemple d’envergure de
ces travaux de mise en sécurité et d’adaptation au trafic.
—
PIERRE-LOUIS FILLET
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34
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— Saint-Julien-en-Vercors
— Architecture rurale et petit patrimoine
La commune de Saint-Julien-enVercors est située au cœur du Parc naturel
régional du Vercors, entre les contreforts
du massif de Chalimont et le massif de
l’Allier. Le village s’implante progressivement
autour de l’église dès la fin du XIIe siècle.
Plusieurs habitations se sont agglomérées
pour former le bourg actuel à 920 m d’altitude. L’histoire de cette commune vercusienne est intimement liée à la présence
au nord-ouest du village du château Ravel.
Cette forteresse médiévale érigée en bordure de falaise occupait une position privilégiée.
Les hameaux sont essaimés
régulièrement le long de la principale voie
de pénétration du Vercors (D103). Les hommes ont su à travers les siècles adapter
leur architecture aux ressources naturelles
et aux conditions climatiques, et ont développé des savoir-faire spécifiques à ce territoire (charbonnières, toits en chaume…).
L’identité de la commune de Saint-Julien-enVercors est axée autour de thèmes majeurs :
le patrimoine rural, les matériaux locaux et
le petit patrimoine. Son architecture rurale
s’adapte aux contraintes du site, et abrite
sous un même toit l’habitation et l’activité
agro-pastorale. Initialement couverte de
chaumes, la toiture est coiffée de redans
lauzés 1 (saut de moineaux) et couronnée
d’un épi de faîtage en pierre. Autrefois d’utilité majeure contre les intempéries, ce type
de couverture devient esthétique et se fait
ornement local. La pierre constitue le matériau principal de la construction rurale mais
le bois est toujours utilisé pour le bardage
de petites surfaces sur le mur-pignon des
dépendances et des bâtiments annexes.
Chemins lauzés et murets de
pierre 2, délimitant un champ ou clôturant
une propriété, illustrent un réel savoir-faire.
Ces constructions faites de pierres amassées soigneusement sans liant ou fichées
dans le sol, sont le fruit d’une technique
vernaculaire qui témoigne d’un véritable
art d’assemblage.
Il n’y a pas de hameau sans sa
fontaine. Source de vie et lieu de sociabilité,
elle arbore une architecture d’une grande
simplicité (bassin rectangulaire creusé dans
un bloc de pierre, griffon ouvragé, fontaine
à borne et abreuvoir).
Contre le porche de l’église de
même qu’au centre du cimetière, le village
possède deux curiosités peu communes :
des stalactites 3. Ces œuvres de l’érosion
de la roche calcaire, montées sur socle
et couronnées de croix, proviennent de la
grotte Barbechinelle.
—
DAPHNÉ MICHELAS
— Saint-Nazaire-en-Royans
— Canal de la Bourne et aqueduc
Très présents dans le paysage
drômois, de nombreux canaux permettent
d’irriguer les terres agricoles de la vallée
du Rhône.
Dans la plaine de l’est valentinois, le besoin de développer l’agriculture
se fait sentir dès la deuxième moitié du
XVIIIe siècle. Plusieurs projets sont menés,
mais ce n’est que vers la fin du XIXe siècle
que seront réalisés les travaux de détournement de la Bourne permettant l’irrigation de la plaine.
Les travaux, qui comprennent la
construction de 87 aqueducs, 76 ponts et
16 tunnels, sont exécutés de 1874 à 1884.
Les canaux s’étendent sur environ 400 km
(dont 46 km pour le canal principal) et
irriguent 33 communes. L’eau circule par
gravitation grâce à une pente constante
de 0,25 m par kilomètre. En 1917 est créée
l’usine hydroélectrique de l’Écancière, renforçant ainsi l’action du canal.
Pour augmenter la capacité du
canal, le syndicat intercommunal décide en
1970 de créer un système d’alimentation
complémentaire. La construction de stations
de pompage telle la station des Lilas à
Châteauneuf-sur-Isère ou celle du Martinet
assurent alors un apport d’eau supplémentaire sous pression.
L’aqueduc de Saint-Nazaire-enRoyans, récemment aménagé par la commune en lieu de promenade, est l’un des
ouvrages d’art qui a le plus marqué le paysage. Long de 235 m, il est composé de 17
arches variant entre 10 et 15 m de large,
dont la plus haute est à 35 m au-dessus
du niveau de la Bourne.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
VALLÉE DE LA DRÔME | DIOIS
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— La Chapelle-en-Vercors, Saint-Agnan-en-Vercors,
Vassieux-en-Vercors
— Les chemins de la Liberté et lieux de mémoire
Le Vercors est un massif impressionnant, composé de falaises, de combes
et de vals. Cet immense espace naturel est
pendant la Seconde Guerre mondiale un
refuge idéal pour les hommes qui refusent
la défaite et le régime de Vichy. Sa situation
et sa géographie comparée à une forteresse
ou une citadelle inspirent Pierre Dalloz qui
conçoit le “plan Montagnard” dont l’objectif
est de faire jouer au Vercors un rôle stratégique, à l’heure du débarquement des Alliés
en Provence.
Dès 1943, le Vercors est investi
par des maquisards, en juin 1944 ils seront
4 000 à se mobiliser après le débarquement de Normandie et l’appel de Londres.
La réaction allemande sera brutale ; en
juillet des milliers de soldats allemands
envahissent le Vercors par les cols, les pas
et la voie aérienne, détruisant sur leur passage villages et fermes, tuant cruellement
civils et maquisards.
Nombreux sont les lieux qui témoignent de cette histoire tragique, des
combats et des actes de résistance : la
grotte de la Luire 2 à Saint-Agnan-en-Vercors
où furent tués les blessés et infirmières qui
s’y étaient réfugiés, la cour et le mur des
Fusillés 1 à La Chapelle-en-Vercors où de
jeunes civils furent exécutés, la Nécropole
de Vassieux-en-Vercors, les plaques com-
mémoratives ou les croix ponctuant les
montagnes, les cols ou les champs.
D’autres sites remémorent l’implantation sur le plateau d’Ambel du premier
camp de maquisards ou la proclamation de
la République du Vercors en juillet 1944 à
Saint-Martin-en-Vercors.
Plusieurs lieux de mémoire rassemblés à Vassieux-en-Vercors racontent,
avec des approches complémentaires, cette
histoire : le Mémorial 3 situé au col de
La Chau avec une scénographie vivante,
le musée départemental de la Résistance
à travers une collection d’objets réunis par
l’ancien maquisard J. La Picirella, le Jardin
de la mémoire conçu par l’artiste E. Saulnier
évoquant les victimes civiles.
Le parcours “Chemins de la Liberté”, qui sillonne le parc du Vercors,
invite à découvrir tous ces sites et à
avoir une autre lecture de ces splendides
paysages.
—
CHRYSTÈLE BURGARD
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— Autichamp
— Village perché
— SITE INSCRIT
Dans le val de Drôme, le village
d’Autichamp fait de ruelles et de petits
jardins suspendus domine la vallée de la
Grenette. Son nom latin Alticampus, les
hauts champs, rappelle son caractère de
village perché. Dès le XIe siècle, il fut le lieu
d’implantation d’un prieuré bénédictin,
désormais disparu, et d’une forteresse médiévale au nord du village : le château de
Beaumont. Inscrit dans les anciennes fortifications, ce dernier s’organisait autour d’une
cour intérieure, flanquée de deux grandes
ailes au nord et au sud. Malgré les remaniements des XVIe et XVIIe siècles, une des
deux tours à l’ouest subsiste. De la “vieille
église” du XIVe siècle, il ne demeure que le
clocher couvert de pierre.
Le site naturel du village, pourvu
de nombreuses sources et de roches, comporte de fortes pentes, particulièrement
au sud. C’est sur ce versant qu’on peut
admirer le jardin d’Autichamp de la fin du
XVIe siècle. Conçu en trois terrasses, il offre
un des rares exemples de jardin Renaissance de la région conservé en l’état.
Parfois peu lisible, il ne manque pourtant
pas de charme et d’intérêt. Une calade qui
traverse le rempart sous la Porte de France
le relie au village. Aux pieds du village, en
empruntant l’ancienne route de pèlerinage
qui passait par le prieuré Saint-Jean, on
— Bourdeaux
— Châteaux
découvre le “pont de la fontaine qui bout”
qui doit son nom à une source d’eau chaude
proche. Ce pont de pierre daté entre les
XIIIe et XVIe siècles est long de 33 m. Il est
composé de trois arches lui permettant de
franchir la Grenette. Les parapets en encorbellement sont construits sur une succession d’arcs reposant sur des corbeaux en
pierre. L’abandon de cet axe de circulation
et l’étroitesse de son tablier l’ont conduit
progressivement à l’oubli. L’ancienne route
de pèlerinage qu’il desservait laisse apparaître, par endroit, le pavement d’origine.
—
LISE TRUCHET / PIERRE SAPET
Deux châteaux surplombent le
village de Bourdeaux, conséquence des
conflits qui opposèrent, entre 1180 et 1350
environ, les évêques de Die et les Poitiers,
comtes de Valentinois.
Le château supérieur, ancien bien
des Poitiers, se présente sous la forme
d’une tour-maîtresse, édifiée au centre d’une
enceinte de plan polygonal. Celle-ci était
flanquée par des tours circulaires dont deux
sont encore en élévation. Une poterne et
un passage aménagé en chicane dans
l’enceinte, donnaient accès à l’ensemble.
La tour, dont seul un pan de mur de 8 m
de long a été conservé, s’élevait sur trois
niveaux. Le rez-de-chaussée, voûté en berceau et éclairé par un jour étroit, servait
probablement de lieu de stockage. Le premier étage, également voûté et défendu au
nord par une meurtrière, se distingue par
sa large baie voûtée en plein cintre, dont
l’archivolte ornée d’entrelacs et de palmettes
rappelle celle du portail de l’église NotreDame-de-Sénisse de Rochebaudin, à quelques kilomètres à vol d’oiseau. Sans doute
s’agissait-il d’une salle d’apparat réservée
au seigneur et à ses hôtes. Le départ d’un
deuxième étage se devine encore. L’ensemble des maçonneries est en petit appareil
de moellons ; l’encadrement des ouvertures
et les chaînes d’angle sont en pierre de
taille. Du château inférieur, qui aurait été
édifié par les évêques de Die, reste essentiellement un grand mur aveugle rattaché
à l’enceinte du village que les habitants de
Bourdeaux surnomment la “viale”. Des traces
en négatif, bien visibles sur le parement
nord, permettent de déduire qu’autrefois
s’appuyait contre ce mur, une tour quadrangulaire charpentée sur trois niveaux.
À partir de 1356, suite à un traité
de paix conclu entre les deux partis,
Bourdeaux relève seulement des évêques
de Die et de Valence tandis que les comtes
de Valentinois acquièrent l’ensemble de la
seigneurie de Crest. Les deux châteaux de
Bourdeaux semblent délaissés dès la fin
du Moyen Âge.
—
MATHILDE TISSOT
3
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— Châtillon-en-Diois
— Cabanons de vigne
À l'entrée de la plaine de Châtillon-en-Diois depuis Saint-Roman, on est
frappé par la présence disséminée mais
marquante dans le paysage de petits édifices 1 au milieu des parcelles de coteaux
viticoles.
Si la culture de la vigne est attestée au pied des pentes du massif du Vercors
depuis la période médiévale, la construction de la plupart de ces cabanons semble
dater environ de la fin du XIXe siècle. On
observe plusieurs typologies sur le territoire
du Diois, de la simple cabane à outils 3
jusqu'à un habitat saisonnier relativement
confortable.
Couvert d’un toit à deux pentes
orienté vers l'aval, le modèle le plus caractéristique est construit sur deux niveaux 2 :
au rez-de-chaussée, un local de stockage
des outils et du matériel agricole, souvent
équipé d’une mangeoire pour le cheval ou
le mulet venu pour la journée ; à l'étage une
pièce de vie accessible par un escalier
extérieur, comportant un mobilier minimal
(table, lit, chaises) et parfois une cheminée.
L'ensemble se complète d’un système de récupération des eaux pluviales
nécessaires aux traitements de la vigne
et d’une citerne construite en amont du
bâtiment.
— Crest
— La tour
— CLASSÉE MH
Généralement de facture modeste, nombre d’édifices offrent aux regards
une belle qualité de construction, surprenante pour un simple bâtiment d’exploitation : encadrements en pierre de taille
bouchardée, enduits colorés au lait de chaux
notamment.
Ces bâtiments, loin d’être en
déshérence, font l’objet aujourd'hui de
multiples rénovations de la part de leurs
propriétaires. Leur impact paysager incite
à porter une attention particulière à leur
entretien et éventuellement à leur mutation
vers d'autres usages.
—
BERNARD NAUDOT
La tour de Crest est l’un des
donjons les plus imposants de France.
Cette puissante bâtisse de 53 m de haut,
est édifiée en grand appareil de pierre
de taille et réunit plusieurs systèmes de
défense : mur bouclier, hourds, mâchicoulis,
chemin de ronde crénelé, porte fortifiée
et archères canonnières. Son architecture
massive résulte de l’association de trois
tours, reliées par des murs épais, dont les
travaux s’échelonnèrent entre les XIIIe et
XVe siècles. La première, dite tour vieille,
fut élevée aux alentours de 1200, au sommet
de la barre rocheuse qui borde, à l’ouest,
le bourg de Crest. Elle se caractérise par
son plan pentagonal et son parement à
bossages, à la base.
Au cours du XIIIe siècle, fut érigée la tour Neuve, véritable corps de logis
s’élevant sur trois niveaux voûtés, divisés
par un mur de refend et pourvu de deux
belles cheminées. Les étages furent subdivisés postérieurement par des planchers
sur solives. La tour du Croton, plus petite,
qui forme l’angle sud-ouest de l’ensemble,
flanque la porte d’entrée de la tour. Cette
porte munie d’une herse, ouvre sur un
vestibule à l’origine à ciel ouvert, recouvert
par la suite d’un toit en terrasse puis par
une charpente et une couverture de tuiles.
La tour de Crest est au XIIIe siècle
le donjon d’un vaste ensemble castral que
se partagent les évêques de Die et la famille
comtale des Poitiers. En marge des comtés
de Diois et de Valentinois, le bourg fondé
par les Arnaud de Crest avant 1120, est
l’objet de conflits répétés entre la fin du XIIe
siècle et le milieu du XIVe siècle. Les graffitis qui couvrent les murs de la Tour Neuve
témoignent d’une période plus récente,
celle de la transformation du donjon en
prison, au début du XVIIe siècle tandis que
le reste des bâtiments est détruit sur ordre
royal, dans le contexte des guerres de
Religion. Les derniers détenus furent transférés en 1852. La tour a été récemment
aménagée et propose aux visiteurs un parcours associant respect du lieu et scénographie vivante.
—
MATHILDE TISSOT
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— Die
— Ville antique
— ZPPAUP
Ville prospère au tissu urbain
fortement marqué par l’histoire, Die n’a
cessé d’évoluer et de se transformer depuis
l’Antiquité. D’abord simple bourgade située
le long d’une voie de passage entre le
Rhône et les Alpes à l’époque gauloise,
elle obtient au Ier siècle de notre ère le statut
de ville romaine et prend le nom de Dea
Augusta Vocontiorum. Elle devient ensuite
capitale des Voconces, puis au IIIe siècle,
reçoit le titre de colonie. C’est à cette époque que sera construit le rempart 1, vaste
enceinte venant clore la ville romaine et
aujourd’hui seul monument romain encore
en élévation (porte Saint-Marcel 2).
Au IVe siècle, avec l’arrivée du
christianisme, la ville se densifie autour de
la cathédrale 3 (rue Emile Laurens). Die est
le siège d’un évêché, et un quartier épiscopal 4 se développe en partie basse. Des
églises sont élevées, comme l’église des
Cordeliers ou l’église des Dominicains et
les tours du rempart sont restaurées voire
ajoutées (tour Sainte-Agathe).
Entre le XVe et le XVIe siècle, Die
connaît une période de prospérité, la ville
médiévale se transforme. Des hôtels particuliers à l’architecture soignée (maison dite
Diane de Poitiers) sont construits le long de
ruelles étroites où l’on peut encore voir des
linteaux décorés (quartier Saint-Vincent).
— DIE
— Abbaye de Valcroissant
— CLASSÉE MH / SITE INSCRIT
Les guerres de Religion vont marquer à leur tour l’architecture de la ville.
Une académie protestante est créée rue du
Collège. Puis sont installés les couvent des
Ursulines et des Jésuites. La cathédrale,
en partie détruite est restaurée en 1673.
Au XVIIIe siècle, Die devient une
importante ville de garnison où prospèrent
de riches familles bourgeoises. Une activité
liée à l’agriculture et à une économie rurale
est encore lisible aujourd’hui à travers la
présence de granges ou d’écuries en rezde-chaussée des maisons privées. Le XIXe
siècle voit se développer l’industrie de la
soie et la culture de la vigne. La ville s’étale
hors les murs, les boulevards sont aménagés et une ligne de chemin de fer est
ouverte.
Reflet de l’histoire très dense, des
collections d’archéologie sont présentées
dans le musée de Die et du Diois et de
nombreux éléments d’architecture sont encore visibles actuellement à travers la ville.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
En novembre 1188, des moines
cisterciens de l’abbaye de Bonnevaux furent
envoyés à quelques kilomètres de la cité
épiscopale de Die pour s’établir près d’un
cours d’eau appelé Valcroissant.
Dès 1568, et malgré le maintien
du titre abbatial, l’abbaye de Valcroissant qui
connut dès l’origine des difficultés financières, n’eut plus comme fonction que celle
de ferme. La construction du monastère,
échelonnée entre la fin du XIIe siècle et le
XIIIe siècle, associe les formes caractéristiques de l’art roman et de l’art gothique. Les
bâtiments conventuels de l’abbaye (dortoir,
réfectoire, chauffoir) s’organisent autour du
cloître, dont les galeries sans doute charpentées ont disparu. À l’est, une belle porte
en arc brisé, flanquée de deux baies géminées en plein cintre, donne accès à la salle
capitulaire couverte d’une croisée d’ogives.
Au sud se trouve le réfectoire. Voûté en berceau brisé reposant sur des arcs doubleaux,
il présente un bel ensemble de décors
sculptés et peints datant des XIIIe et XIVe
siècles, période d’apparition de l’art gothique dans la région. L’église abbatiale NotreDame, au nord, se compose d’une nef triple
de deux travées, d’un transept saillant à
quatre absidioles, et d’une abside centrale
quadrangulaire.
En raison de la pauvreté de la
communauté, les choix de construction ont
favorisé l’économie, ainsi les parements sont
bâtis en petits moellons de calcaire local,
et le plan initial fut modifié : suppression
d’une travée de la nef, réaménagement
du croisillon nord en sacristie et armarium
(armoire).
—
MARIE ROCHETTE
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— Luc-en-Diois
— Le Claps
— SITE INSCRIT
Au pied du Pic de Luc, à un kilomètre au sud de Luc-en-Diois, un spectaculaire éboulement de rochers bouleverse
en 1442 le tracé de la rivière Drôme et de la
voie allant vers Gap. Ce glissement de terrain d’environ deux millions de m3 serait dû
à un séisme ou à de mauvaises conditions
météorologiques. En barrant le lit de la
Drôme, il provoqua la formation de deux
lacs. Le Petit Lac en aval et le Grand Lac
en amont engloutirent villages (Luc, Rochebrianne… ), habitations, terres cultivées…
Cet effondrement coupa également l’axe
routier qui existait depuis l’époque romaine
entre la moyenne vallée du Rhône, Gap et
l’Italie du nord, obligeant les voyageurs à
faire un détour par Lesches-en-Diois ou à
passer par Valdrôme plus au sud. Les deux
lacs furent peu à peu comblés et devinrent des marécages qui furent assainis et
drainés, notamment au XVIIIe siècle par les
Chartreux de Durbon. Puis au XIXe siècle,
la route entre Die et le col de Cabre est
réouverte, la voie de chemin de fer est
construite ainsi qu’un tunnel et un viaduc qui
surplombe la Drôme de plusieurs dizaines
de mètres.
Aujourd’hui, le marais des Bouligons, séparé du lit de la Drôme, témoigne
de ce désastre et de la largeur de l’ancien
Grand Lac. L’amoncellement chaotique sug-
— Mirmande
— Village historique
— ZPPAUP
gère encore toute la violence de cette catastrophe naturelle ; de gigantesques blocs de
pierre semblent suspendus, prêts à s’ébouler au moindre souffle.
Ce site naturel exceptionnel d’une
superficie de 475 ha est un site inscrit
depuis 1943 ; il est depuis deux siècles
l’objet de curiosité de la part des touristes
et des artistes tels Le May ou Alexandre
Debelle.
—
CHRYSTÈLE BURGARD
Le village de Mirmande 1 2 situé
sur le long de la vallée du Rhône est par
son implantation représentatif des villages
perchés fortement inscrits dans le paysage.
C’est un castrum qui est à l’origine du village,
il se compose alors d’un château, d’une
chapelle seigneuriale et de quelques habitations. Mentionné dès 1238, cet ensemble
fortifié est propriété des Adhémar qui le
cèdent à l’évêque de Valence. Au milieu du
XIVe siècle le village se développe et un
deuxième rempart, encore visible aujourd’hui, le délimite. Attenante au rempart sud,
la tour, dite “tournelle” (XIIIe-XVe siècles) est
la dernière tour ronde encore en place.
Elle était reliée par un chemin de ronde à
la Porte des Gaultiers 3 qui marquait l’entrée principale du village. Cette dernière
était dotée d’une herse et d’un pont-levis.
En haut du village, l’ancien logis
seigneurial est devenu au XIIIe siècle l’église
Sainte-Foy. Elle est surmontée d’un clochertour massif dont la partie supérieure est
ajourée par quatre baies géminées ajoutées tardivement. La large façade s’ouvre
sur un portail dont le style de l’encadrement est à rapprocher du XVe siècle. A l’intérieur, l’église se présente sous la forme
d’une halle quadrangulaire de trois travées
prolongée par un chœur gothique (fin du
XIIIe siècle) voûté d’ogives orné à la clé de
voûte d’un Agneau pascal.
À partir du XVIIe siècle le village
s’agrandit hors les murs. Mais c’est au XIXe
siècle que la commune se développe avec
la sériciculture qui fait vivre près de 3 000
personnes. L’entrée nord du village conserve
les traces de magnaneries et d’autres constructions (lavoir, chapelle,…) témoignant
de la vitalité économique et sociale de la
commune à cette période. Avec le déclin
de cette activité le village est peu à peu
déserté. En 1924, le peintre André Lhote
installé à Paris découvre Mirmande par
hasard. Séduit par la physionomie et le
cadre naturel du site, il s’installe dans le
village avec son académie d’été de peinture
et contribue avec ses élèves à sa renaissance et à sa sauvegarde.
—
PIERRE SAPET
DRÔME PROVENçALE
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— Saoû
— Forêt et auberge des Dauphins
— SITE CLASSÉ
Élément incontournable du patrimoine naturel de la Drôme, la forêt de
Saoû 1 recouvre les pentes d’un synclinal
perché, massif calcaire dont la formation
a commencé il y a environ 80 millions
d’années. Celui-ci s’étire sur 13 km d’est
en ouest entre les Trois-Becs et Roche
Colombe formant une sorte de vaisseau
dont les rebords culminent à 1 589 m.
Protégées par ce relief étroit et peu ouvert,
la faune et la flore y sont abondantes. Les
espèces végétales et animales de type
alpin ou montagnard côtoient celles originaires des pays méditerranéens. On peut
observer des chamois, des lièvres variables,… et plus d’une centaine d’espèces
d’oiseaux, dont le pic noir, le circaète ou
l’aigle royal.
L’homme s’y installa dès la préhistoire. Des fouilles ont révélé une occupation depuis le Néolithique jusqu’à l’âge
du Fer sur l’oppidum de Cissac et au Pas
de l’Estang. Au cours des siècles, malgré
les changements de propriétaires, la forêt
est restée un lieu de ressources et de refuge
pour les Saoûniens.
En 1924, à l’occasion d’un voyage
dans la région, Maurice Burrus, fils d’un
industriel fortuné, décide d’acheter la forêt
de Saoû. Il plante de nouvelles essences
(pins noirs d’Autriche, cèdres de l’Atlas, etc..),
instaure l’exploitation du bois et décide de
créer un circuit touristique en aménageant
un chemin de 28 km, jalonné d’aires de
pique-nique. Il confie à partir de 1930 à
Paul Boyer la construction d’une auberge 2.
Celui-ci s’inspirant du petit Trianon conçoit
une architecture qui allie la technicité du
béton et la rigueur de l’architecture du XVIIIe
siècle. Les décors intérieurs 3 sont fastueux
et de nombreuses fêtes sont organisées,
mais Maurice Burrus se tourne bientôt vers
d’autres occupations. Après sa mort en 1959,
l’auberge est plus ou moins bien entretenue
par ses propriétaires successifs.
Aujourd’hui, la forêt est la propriété du Département de la Drôme, des
mesures de conservation ont été réalisées
pour préserver le bâti.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
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— Buis-lEs-Baronnies
— Bourg historique
— SITE INSCRIT
Le village du Buis a conservé
nombre de vestiges de son passé, et notamment de la fin du Moyen Âge. A cette époque, il était la capitale des Baronnies, terres
détenues par les barons de Mévouillon.
Le village était ceint d’un rempart connu
dès 1230. Il eut dans un premier temps un
tracé réduit, englobant la partie haute du
bourg. Quelques décennies plus tard, il fut
agrandi du côté oriental de l’actuelle place
du Marché. Cet aménagement résulte d'un
besoin d’étendre le bourg et de le protéger
à la fois contre les attaques ennemies et les
crues de l'Ouvèze.
Encore bien visible, l’enceinte se
présentait alors doublée d'un fossé, et cantonnée de tours : tour du Saffre, la plus
ancienne de plan quadrangulaire, tours circulaires de la Gendarmerie 1, de l’office du
tourisme, de la porte des Frères Prêcheurs.
Par ailleurs le rempart était percé de deux
portes, celle du Marché et celle des Frères.
Deux autres furent construites au XVIIIe
siècle (portes de Beauvoisin et Neuve).
À l’intérieur de l’enceinte, le village s’organise en quartiers. Le quartier haut,
au nord-ouest, abritait le château, dans les
murs duquel prenait place le couvent dominicain, et à proximité celui des Ursulines 3
et l’église des Pénitents (XVIe-XVIIe siècles).
L’église paroissiale Notre-Dame-de-Nazareth
— Grignan
— Château-musée
— INSCRIT MH / CLASSÉ MH
et Saint-Trophime fut bâtie au XIIIe siècle,
puis remaniée aux XVIIe et XIXe siècles.
Dans les autres quartiers, l’artisanat est très présent grâce à un réseau
de canaux alimentant moulins et tanneries
depuis le XIIIe siècle. On portera une attention particulière à la rue de la Conche, dont
on peut voir d’anciennes maisons et le tracé
primitif de l’enceinte, à la rue du Malgarni,
avec ses passages couverts et ses vieilles
maisons, à la rue des Juifs. A l’est, la place
du Marché se distingue par ses belles maisons du XVe siècle sur arcades 2.
—
MARIE ROCHETTE
Construit sur un plateau dominant la plaine, le château de Grignan, tel
qu’on le voit aujourd’hui, a subi maints remaniements au cours des siècles. Grâce à la
réalisation de plusieurs campagnes de fouilles, l’évolution des constructions a pu être
étudiée.
D’abord propriété de la famille
de Grignan, l’ensemble castral passe, dans
la seconde moitié du XIIe siècle, aux mains
des Adhémar. Le château fort joue avant
tout un rôle de protection et de défense.
Entre le XVe siècle et le XVIIe
siècle, le château connaît d’importants
changements. Son propriétaire, Gaucher
Adhémar, crée la “galerie des Adhémar” et
agrandit le corps de logis. Son fils Louis
fait édifier la collégiale Saint-Sauveur et
achève les travaux autour de la cour du
puits et sur la cour d’honneur. L’ancien
château médiéval se transforme alors en
une demeure prestigieuse d’architecture
Renaissance.
Suite au mariage de François de
Castellane-Adhémar avec Françoise-Marguerite en 1669, la marquise de Sévigné,
mère de celle-ci, entreprend une abondante
correspondance et fait plusieurs séjours
au château où elle meurt le 17 avril 1696.
Elle assiste à la construction de l’aile des
Prélats, conçue d’après les conseils de
l’architecte Jules Hardouin-Mansart. Pauline
de Simiane, petite-fille de la marquise, ne
peut assurer la succession et est contrainte
de vendre le château et ses terres.
À la révolution, les bâtiments
sont en partie détruits et le mobilier pillé.
En 1838, il est acheté par Léopold Faure,
citoyen aisé de Grignan, qui tente de le restaurer et de rassembler le mobilier d’origine.
Mais le château est malheureusement de
nouveau abandonné jusqu’en 1912, date à
laquelle il est acheté par Madame Fontaine
qui entreprend, par admiration pour la
marquise, la reconstruction complète du
château.
Acquis en 1979 par le Conseil
général de la Drôme, le château est maintenant un musée de France, dans lequel
on peut voir une collection de peintures
et d’arts décoratifs des XVIe, XVIIe et XVIIIe
siècles. Il est aussi un lieu de spectacle
où sont présentés les fêtes nocturnes,
des concerts ainsi que des rencontres
littéraires.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
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— La Garde-Adhémar
— Village perché et Val des Nymphes
— SITE INSCRIT
Perché sur son rocher calcaire,
le village de La Garde-Adhémar 1 offre un
belvédère sur toute la partie ouest du
Tricastin comprenant la plaine de Pierrelatte,
le canal de Donzère-Mondragon, le complexe nucléaire, l'autoroute A7, la ligne
TGV Méditerranée, puis les montagnes du
Vivarais au-delà du fleuve.
Sa qualité de place forte médiévale a beaucoup marqué la construction
du village. Ce site protégé s'organise en
ruelles et en passages voûtés qui donnent
accès à des maisons anciennes dont l'authenticité a été conservée. Mais surtout
le village reste enserré dans son double
rempart pourvu de tours et d'un beau portail au nord. La première enceinte, réduite,
entoure à l’extrémité sud de l’éperon
rocheux les vestiges du château féodal
encore mal connu, ainsi que l'église SaintMichel, ancienne chapelle castrale qui surplombe le charmant jardin des plantes
aromatiques et médicinales 2. Avec son
clocher octogonal, l'église paroissiale actuelle présente un bel exemple de l'art
roman provençal du XlIe siècle. Son originalité réside dans ses deux absides opposées à l'est et à l'ouest. Restaurée au XIXe
siècle, elle est classée Monument historique en 1862. Au sud de l'église, la chapelle des Pénitents blancs, occupée par la
confrérie aux XVIIIe et XIXe siècles, conserve
des fenêtres géminées romanes, témoins
de l’une des belles demeures médiévales
de cette première enceinte. À l'angle sudest de la deuxième enceinte médiévale,
les vestiges du château d'Antoine Escalin
rappellent l'existence d'un château d'époque Renaissance dont la splendeur aurait
égalé celle de Grignan.
En s'éloignant du village, on découvre un lieu enchanteur à 2 km : le Val
des Nymphes 3. La découverte d'un autel
votif dédié au culte antique des Nymphes
Mères, désormais conservé dans l'église
Saint-Michel, atteste de l'occupation très
ancienne du site. Important centre d’habitat au Haut Moyen Âge, il accueillait quatre
églises. Il subsiste actuellement l'église
priorale Notre-Dame-des-Nymphes du Xlle
siècle, date à laquelle le bourg castral de
La Garde-Adhémar commence à être préféré à ce site primitif. Délaissée et dégradée au XIXe siècle, l'église est restaurée au
XXe siècle.
—
LISE TRUCHET / FRANÇOISE ET BERNARD HERNANDEZ
— Montbrun-lEs-Bains
— Village perché et thermalisme
— SITE INSCRIT
À deux pas du mont Ventoux,
Montbrun dresse les façades longilignes
de ses maisons à flanc de coteau. Le village 1 2, perché à 620 m d’altitude, domine
une plaine verdoyante rafraîchie par le
Toulourenc et l’Anary et jouit d’un climat
sec et doux propice au thermalisme. Ce
“monde privilégié” attira l’homme dès la
préhistoire mais ce sont les Romains qui
exploitèrent les vertus des sources sulfatées-calciques comme en témoigne un
canal de captation creusé dans la roche
des gorges d’Aulan.
Le village s’organise en trois parties principales qui correspondent à différentes périodes de construction. La basse
ville composée de constructions du XIXe siècle s’articule autour d’une rue principale le
long de laquelle se trouvent commerces et
belles demeures. La ville moyenne suit la
rampe d’accès abrupte qui conduit à la cité
ancienne délimitée par la porte du beffroi,
protégeant le rempart du XIVe siècle. De
l’autre côté de ce dernier, le tissu urbain est
composé d’un dédale de calades conduisant vers l’église Notre-Dame, les fontaines
environnantes, ou encore l’ancienne porte
d’honneur du château dont les vestiges
couronnent le village. Démantelé en 1560
par les troupes royales, ce château fut
reconstruit en 1564 par Charles Dupuy
Montbrun compagnon d’armes du baron
des Adrets. Embelli au fil des siècles, il fut
pillé à la Révolution. On peut admirer encore
aujourd’hui le corps de logis principal et
ses fenêtres à meneaux, agrément de la
Renaissance, ainsi que les tours rondes,
vestiges des éléments de défense d’une
demeure à l’origine fortifiée.
Au XIXe siècle, au moment de
la grande vague de thermalisme, les deux
sources sulfureuses de Montbrun sont exploitées à l’échelle d’une station thermale.
Ainsi en 1865 le marquis d’Aulan, écuyer
de Napoléon III, fait édifier aux Gipières un
établissement thermal 3 s’inspirant, dit-on,
des plans des thermes de Baden-Baden
dans la plaine du Rhin. Le parc serait la réplique de celui du château familial en Seine
et Oise. L’Empereur était attendu pour inaugurer les lieux mais les événements de
1870 le contraignirent à l’exil. La station
poursuivit toutefois sa destinée et devint
un lieu de référence médicale, mais également de mondanité accueillant jusqu’en
1913 plus de 2 000 curistes par an. Le
thermalisme s’éteint peu après la Première
Guerre mondiale et c’est à partir des années
1970 que la commune décide de le relancer.
Depuis, l’activité s’est développée.
—
PIERRE SAPET
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— Montélimar
— Château des Adhémar
— CLASSÉ MH
Situé sur le Petit Mont (ou Monteil) au confluent du Jabron et du Roubion,
le château des Adhémar domine la ville de
Montélimar, ou Acunum, ancienne bourgade
gallo-romaine, établie le long de la voie
Agrippa reliant Lyon à la Méditerranée.
Du premier château, une motte
féodale, il ne reste rien si ce n’est une
butte à l’entrée du site. L’édifice le plus
ancien que l’on peut voir aujourd’hui est la
chapelle Saint-Pierre, dite Sainte-Guitte, datée du XIe siècle. Ses caractères architecturaux l’apparentent au premier art roman
méridional.
Le logis seigneurial, quant à lui,
a été construit au XIIe siècle par Géraud
Adhémar de Monteil. Ce bâtiment présente
des éléments architecturaux exceptionnels
pour cette période, en particulier une salle
d’apparat dotée de vastes proportions : 7 m
de large, 18 m de long et 6 m de haut. Elle
est éclairée à l’ouest par une série de fenêtres à arcatures richement décorées se
prolongeant sur les façades d’une loggia.
Un escalier monumental abrité par une arche dessert les différents étages.
La tour de Narbonne ainsi que le
mur d’enceinte ont été construits plus tard,
suite à une scission entre les deux frères,
Géraud et Lambert Adhémar. Du donjon
situé dans l’angle nord-est de l’enceinte,
— Montjoyer
— Abbaye Notre-Dame-d’Aiguebelle
un escalier à vis permet d’accéder au chemin de ronde d’où l’on peut avoir une vue
très étendue sur les Préalpes drômoises
et la vallée du Rhône.
De 1340 à 1383, les droits sur le
château et la ville sont achetés par la papauté. Il devient ainsi pour quelques années,
le château des papes. Pendant les guerres
de Religion, il sert de réduit à la défense de
la ville. Il subit alors de nombreuses transformations. Il devient une citadelle bastionnée, adaptée à l’usage des armes à feu,
des canons et des nouvelles techniques
militaires d’alors.
Au XVe siècle il est transformé
en prison et le restera jusqu’en 1926. Il est
acheté par le Département de la Drôme
en 1947.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
Situé au cœur d’un vallon où se
croisent trois rivières, le monastère d’Aiguebelle (Aqua Bella) est créé en 1137 sur des
terres qui sont données par le seigneur de
Rochefort-en-Valdaine, Gontard Loup. Venus
de Morimond en Champagne, ces moines
cisterciens et bénédictins soucieux d’appliquer la règle de saint Benoît, construisent
au XIIe siècle un ensemble de bâtiments :
cloître, église, chapitre, scriptorium, réfectoire. Sont associées au monastère des
granges, centres d’exploitation agricole qui
étaient utilisés par les frères convers, religieux chargés d’aider les moines dans la
gestion temporelle.
Dès la fin du Moyen Âge, les difficultés s’enchaînent et les vocations diminuent au cours des siècles. Des bâtiments
sont en partie démolis : la moitié de l’église
abbatiale, trois galeries du cloître, le dortoir
des moines. Enfin, en 1791, les révolutionnaires chassent les trois derniers moines.
Abandonné quelque temps, le
monastère est racheté en 1815 grâce à la
générosité du comte de Broutet, et des
moines trappistes s’attachent à le faire
revivre. Plus de 230 religieux occupent les
lieux au XIXe siècle ; de nouveaux bâtiments
sont alors construits et les moines cherchent à augmenter leurs revenus grâce à la
création d’une filature, d’une chocolaterie,
d’une distillerie de liqueurs et de sirops.
Aujourd’hui, seuls les abords du
monastère et l’église abbatiale peuvent se
visiter afin de respecter la vie cloîtrée de
la communauté monastique. L’église construite selon un plan en croix latine est
composée d’une nef de trois travées sur
deux niveaux, d’un transept donnant sur un
sanctuaire fermé par une abside en cul-defour. Autour d’elle s’articulent les différents
corps de bâtiments : l’aile des moines, l’aile
des convers, le cloître. En partie détruite
au XVIe siècle, l’église est restaurée aux XVIIIe
et XIXe siècles et la façade occidentale est
reconstruite en 1992.
—
CHRYSTÈLE BURGARD
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— Nyons
— Savonnerie, moulins et scourtinerie
Installée au pied du versant sud
de la montagne des Vaux, au débouché de
la vallée étroite et sinueuse de l’Eygues,
la ville de Nyons a connu de nombreuses
évolutions. Bien que très mal connue,
la découverte de mobilier archéologique
atteste de l’existence d’une ville romaine.
Au Moyen Âge, elle s’installe sur les pentes
du Devès autour de l’église Saint-Vincent
et du prieuré dépendant de Saint-Césaire
d’Arles. Durant le XIVe siècle, elle connait
un essor économique important incitant les
activités artisanales regroupées notamment
autour de la place des Arcades, à quitter
le centre médiéval devenu trop exigu pour
s’installer près du pont roman. Un nouveau
quartier se crée hors des fortifications en
direction de la rivière.
Plusieurs activités témoignent encore aujourd’hui de cette prospérité. Au pied
du pont, sur le canal de la grande prairie,
se trouvent en particulier les vieux Moulins
ou moulins Autrand 1 2. D’abord savonnerie
au XVIIIe siècle, ils servirent ensuite à la
fabrication d’huile d’olive. Utilisant dans un
premier temps la force hydraulique associée
à la force animale, ils sont ensuite équipés
d’une roue à aube de 3,60 m de diamètre.
Au XIXe siècle lors de leur dernière phase
d’utilisation, leur propriétaire fait installer
un moteur électrique.
Lié à la fabrication d’huile d’olive,
le scourtin, sorte de filtre (du provençal
escourtin : cabas, panier plat), était employé
dans les presses pour extraire l’huile de la
pâte d’olives issue du broyeur. D’abord fabriqué en alfa, il est ensuite remplacé par la
fibre de coco, matière plus résistante à la
traction. Aujourd’hui, la scourtinerie Fert 3,
créée en 1880, située dans une ancienne
filature dans le quartier de la Maladrerie, est
la seule entreprise à continuer la fabrication
du scourtin.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
— Poët-Laval (le)
— Village historique
Le village fortifié de Poët-Laval
est édifié à flanc de colline au-dessus de
la vallée du Jabron à quelques kilomètres
de Dieulefit. Il est dominé par un château
dont l’imposant donjon 1 du XIIe siècle est
attribué à l’Ordre des Chevaliers hospitaliers
de Saint-Jean-de-Jérusalem. En contrebas
se trouve la chapelle Saint-Jean-des-Commandeurs dont le clocher fait corps avec
le rempart.
À partir du XIIIe siècle le village se
développe sous la protection du château.
Au cours des XVe et XVIe siècles, Poët-Laval
connait un important développement avec
l’extension du vieux château et la construction du salon des Commandeurs à l’angle
sud-ouest des remparts. Le donjon est doté
d’éléments d’agrément comme en témoignent la fenêtre à double ogive et le pigeonnier coiffant l’édifice. Cette période est
également celle d’une intense reconstruction qui fait suite à un incendie qui ravaga
en 1450 une partie de la commune. Le XVIe
et XVIIe siècles sont marqués par les guerres
de Religion. Poët-Laval connaît plusieurs
sièges et à la fin du XVIe siècle les Commandeurs quittent le lieu pour s’établir à
Montélimar. Au cours du XIXe siècle le vieux
village est abandonné au profit de la vallée
de Gougne et une nouvelle vie économique
et sociale se développe. L’activité potière,
présente de longue date entre Dieulefit et
Poët-Laval, connaît son apogée en 1833
avec 52 poteries employant près de 900
ouvriers. En 1889, alors que la poterie utilitaire est concurrencée par l’introduction
de nouveaux matériaux (plasturgie, fer galvanisé…), Jules Coursange crée une entreprise familiale de faïencerie qui transformera
et modernisera les procédés techniques.
Quelques années plus tard Sully Bonnard
puis le peintre et céramiste Etienne Noël
enrichiront le répertoire des modèles et des
couleurs. La poterie de la grande cheminée
s’inscrira dans cette tradition de poterie
vernissée culinaire 2.
Aujourd’hui le château de PoëtLaval a retrouvé une partie de sa silhouette
et de son prestige d’antan. Le musée du
Protestantisme dauphinois, le Centre international d’art et d’animation Raymond
Dupuis ainsi que les actions de la commune contribuent à l’animation culturelle
du vieux village.
—
PIERRE SAPET
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— Sainte-Jalle
— Église Notre-Dame-de-Beauvert
— INSCRITE MH
À seize kilomètres de Nyons se
trouve le bassin de l’Ennuye abritant le village de Sainte-Jalle. Ce site est entouré
d’un large cirque dessiné par de moyennes
montagnes au delà desquelles se trouvent,
au nord, la vallée de l’Eygues et au sud la
vallée de l’Ouvèze. Cette situation privilégiée favorise dès l’Antiquité, et sans doute
avant, l’implantation des hommes sur ce
territoire.
Au sud, un peu à l’écart du village,
se trouve l’église Notre-Dame-de-Beauvert.
Anciennement dédiée à sainte Galle, cette
église romane de la fin du XIIe siècle a succédé à plusieurs édifices religieux appartenant à l’Antiquité et au Haut Moyen Âge.
Elle est le siège d’un prieuré clunisien du
diocèse de Sisteron jusqu’au début du XVe
siècle. Construite d’après un plan basilical
elle est dotée d’une nef unique de trois
travées et d’un transept ouvrant sur trois
absides semi-circulaires. La nef voûtée en
plein cintre est rythmée par des arcs doubleaux retombant sur des pilastres aux impostes décorées de motifs géométriques.
Dans l’abside centrale se développe une
arcature aveugle sur laquelle reposent des
chapiteaux à feuillage stylisé. La belle alternance de la couleur des claveaux dans la
voûte témoigne de l’influence de l’architecture lombarde et alpine. A l’extérieur,
l’édifice se distingue par l’harmonie des
volumes de son chevet. Cet équilibre est
partiellement rompu par un clocher-tour
massif correspondant à un ajout tardif. Le
portail sculpté de la façade occidentale
témoigne d’une certaine recherche architecturale. Les archivoltes en plein cintre s’inspirent des décors antiquisants de la vallée
du Rhône (oves, feuilles d’acanthe…), tandis
que le tympan présente une composition
plus rustique dont les figures sont supposées faire référence aux thèmes du Bien et
du Mal. Par son plan, son appareillage, ses
proportions et la qualité de sa décoration
l’église Notre-Dame-de-Beauvert à SainteJalle est sans doute l’un des plus beaux édifices de l’architecture romane de la Drôme
et de l’arrière-pays provençal.
—
PIERRE SAPET
— Saint-Paul-Trois-Châteaux
— Église-cathédrale Notre-Dame
— CLASSÉE MH
La ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux a connu de nombreuses occupations
dès la préhistoire comme l’attestent les
vestiges mis au jour lors de travaux d’aménagement et les différents états de construction qui composent le tissu urbain actuel. Ancienne capitale romaine du Tricastin
connue sous le nom d’Augusta Tricastinorum, elle devint à l’époque paléochrétienne,
le siège d’un évêché.
Située dans le centre, l’ancienne
cathédrale Notre-Dame et Saint-Paul est
l’un des édifices les plus remarquables de
la ville par sa volumétrie, ses décors et la
qualité de sa mise en œuvre. Elle est un des
plus beaux exemples d’architecture romane
provençale. Sa construction débuta dans le
premier tiers du XIIe siècle, dans un secteur
funéraire du Haut Moyen Âge, peut-être à
l’emplacement de la basilique abritant la
tombe de saint Paul.
Grâce à l’étude des élévations, les
différentes phases de construction ont pu
être mises en évidence. Ce sont les absides,
à l’est, qui furent élevées en premier, puis
la nef, enfin la façade occidentale, terminée
au début du XIIIe siècle. Ses façades extérieures sont d’une grande sobriété. Les
parements sont construits en moyen appareil très soigné sur lesquels on peut voir de
nombreuses marques de tailleurs de pierre.
D’une longueur de 28 m et d’une
largeur de 24,90 m, la nef de trois travées
est accompagnée de deux collatéraux. Elle
est couverte d’une voûte en berceau renforcée d’arcs doubleaux. Des sculptures ainsi
que des peintures des XIVe et XVe siècles
ornent plusieurs arcs et piliers. La croisée
du transept, sur laquelle s’ouvre une abside
et deux absidioles, est couverte d’une coupole octogonale sur trompes. Derrière l’autel
majeur, on peut voir une mosaïque romane,
mise au jour au cours de travaux de restauration. Elle ornait l’ancien presbyterium,
lieu où l’évêque pouvait réunir le chapitre.
En partie démolie lors des guerres de Religion, elle fut restaurée à plusieurs
reprises dans le courant du XVIIe siècle. A la
Révolution, elle devient église paroissiale et
est classée Monument historique en 1841
suite au passage de Prosper Mérimée.
—
LISE TRUCHET / ANNE-MARIE CLAPPIER
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— Saint-Restitut
— Village et carrières
Au cœur du Tricastin, à 242 m
d’altitude, sur un plateau rocheux bordé par
Saint-Paul-Trois-Châteaux et Bollène, est
installé le village de Saint-Restitut 1. Celui-ci
s’organise à l’intérieur d’anciens remparts,
dont il reste quelques beaux vestiges. Quelques demeures sont construites dans un
bel appareillage comme la maison de la
Tour (inscrite à l’inventaire supplémentaire
des Monuments historiques), d’autres plus
modestes sont faites de simples moellons
mais toutes ont utilisé la pierre locale. Celleci a été extraite des carrières toutes proches qui ont fourni la matière première,
la pierre du Midi, dont l’exploitation a perduré depuis l’Antiquité jusqu’au début du
XXe siècle.
Sur une des places du village, a
été construite au XIe siècle une haute tour
carrée de deux étages qui probablement
abritait la dépouille du saint Restitut. Elle
possède sur ses trois faces extérieures,
une très belle frise composée de carreaux
sculptés en taille de réserve représentant
le Christ, l’Agnus Dei, les symboles des
évangélistes ainsi que des animaux ou personnages médiévaux. A ses pieds, a été
construite une église 2 classée Monument
historique en 1840, dont la simplicité est
représentative de l’architecture romane.
L’entrée, située au sud, est abritée par un
— SuZe-la-Rousse
— Château et sa garenne
— SITE INSCRIT / CLASSÉ MH
porche placé entre deux contreforts dont
la composition est inspirée de l’architecture
antique : arc en plein cintre surmonté d’un
fronton supporté par deux demi-colonnes
cannelées ornées de chapiteaux. L’intérieur
est composé d’une nef unique voûtée en
berceau brisé et d’une abside en demicercle couverte d’une demi-coupole en culde-four.
À l’extérieur du village, sur un
promontoire dominant la plaine, on peut
aussi voir la très belle chapelle du SaintSépulcre 3 (classée Monument historique)
construite au tout début du XVIe siècle par
Guillaume Adhémar, évêque de Saint-PaulTrois-Châteaux, à son retour de pèlerinage
en Terre sainte. De petite dimension, elle est
de plan hexagonal et offre un bel appareillage en pierre de taille.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
Edifié sur un rocher, à l’extrémité
est d’une colline dominant la vallée du Lez,
le château de Suze-la-Rousse domine, à
133 m d’altitude, le village construit à ses
pieds. La garenne, parc boisé en majorité
de chênes verts d’une superficie de 22 ha
environ, lui est attenante.
Cet ancien oppidum, lieu stratégique de défense, était déjà occupé à l’âge
du Fer (IIe-Ier siècles avant J.-C.) et faisait
partie, avec le site de Barry, d’une série
d’oppida répartis le long du Lez sur les
communes de Chamaret, Montségur-surLauzon et Grignan. La présence d’une enceinte est probable.
Le château est cité pour la première fois en 1272. Il est alors la propriété
de la famille des Baux, Princes d’Orange.
En 1426, il passe par mariage à Louis de la
Baume-Suze et restera dans la famille des
la Baume-Suze jusqu’à la mort de la marquise de Bryas, en 1958. Il est alors cédé à
l’association des orphelins apprentis d’Argenteuil qui le met en vente aux enchères
en 1965, faute de moyens pour l’entretenir.
Il est au Moyen Âge une puissante
forteresse protégée par de hauts murs et
cernée de douves sèches. Au XVIe siècle,
avec François de la Baume, il connaît d’importants travaux. La cour d’honneur est entièrement aménagée, des galeries à arcades
sont créées au rez-de-chaussée, les façades
sont percées de fenêtres organisées selon
les ordonnances classiques. Le château fort
se transforme en une demeure prestigieuse
de la Renaissance.
C’est durant cette même période,
en prévision de la visite de Charles IX et
de sa mère Catherine de Médicis, qu’est
construit un jeu de paume à l’entrée sud
du château. D’autres éléments sont visibles
dans la garenne comme la chapelle SaintMichel, un pigeonnier et une glacière dont
l’utilisation reste encore énigmatique.
Le château et le parc sont achetés en 1965 par le Département de la Drôme
qui assure leur restauration, leur entretien
et leur valorisation à travers des expositions
temporaires et des spectacles. Le château
est également occupé par l’Université du
Vin qui accueille étudiants et professionnels, en lien avec la production viticole du
Tricastin.
—
ANNE-MARIE CLAPPIER
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— Taulignan
— Village fortifié
Situé entre Grignan et Nyons,
Taulignan 1 est un ancien bourg castral datant du XIIIe siècle qui appartenait au seigneur Bertrand de Taulignan, vassal du
baron de Montauban. Ce village s’est constitué autour du château féodal détruit en 1793,
dont il reste une salle de garde voûtée
transformée en lavoir, et autour de l’église
Saint-Vincent, de style roman, autrefois
prieuré des Augustins. D’une longueur de
700 m, son enceinte, mentionnée dès 1285
dans la charte des franchises, est composée de onze tours, semi-circulaires et carrées, et de portes fortifiées. Située au nord,
la porte d’Anguille 2 est encadrée de deux
tours reliées par une galerie et a conservé
son aspect défensif. Ces fortifications encerclent des ruelles étroites et des habitations
aux façades Renaissance et Classique remarquablement ornées d’arcs en accolade,
de larmiers, de linteaux décorés...
Au XIXe siècle, le bourg s’est étendu au delà des remparts. Magnaneries et
filatures ont été construites le long du canal
Saint-Martin et de la rivière Riaille à l’époque
de l’essor de la sériciculture et du développement de l’industrie textile, comme l’évoque le musée de la Soie à travers ses outils
et machines présentés dans une muséographie et une architecture contemporaines.
— La pierre, du paysage à l’architecture
Taulignan est également marqué
par une forte implantation protestante. Le
village accueille un temple 3 dès 1601,
détruit puis reconstruit en 1868 hors remparts. Sa grande particularité réside dans
sa forme en rotonde, dont il est l’un des
rares exemples en France. On remarque
également son bel appareil régulier et sa
petite entrée ornée d’un oculus central.
Sa coupole rehaussée s’appuie sur quatre
piliers dotés d’inscriptions des Évangiles.
—
LISE TRUCHET
Des calcaires blancs aux marnes
noires, les paysages de la Drôme témoignent d’une grande variété géologique qui
se traduit par des falaises, des canyons, des
plissements, des cluses… Cette richesse,
constituée par la pierre, a été exploitée par
les hommes depuis la préhistoire comme
par exemple les premiers artisans qui ont
taillé le silex autour de Vassieux-en-Vercors
pour en faire des outils et des armes.
Depuis, la pierre a été mise en œuvre,
ramassée, maçonnée, taillée, sculptée…
par des paysans ou des artisans spécialisés.
Son utilisation prend des formes différentes
selon le territoire.
Ainsi dans la Drôme provençale
et plus particulièrement dans les Baronnies,
les calcaires gréseux, marneux ou les safres
sont ramassés (épierrage) pour dégager
des terres agricoles sur des terrains en
pente et limiter le ravinement. Des murets
en pierre sèche sont construits et forment
des terrasses destinées aux plantations
d’oliviers ou d’arbres fruitiers, à Montbrunles-Bains 1, La Roche-sur-le-Buis, Sahune
ou Venterol. Plus au sud à Ferrassières 2,
les pierres ont été utilisées pour construire
des cabanons ou bories pour l’usage temporaire des bergers, des cultivateurs ou des
chasseurs. Réalisés en pierre sèche et fermés par une coupole en encorbellement, ils
comportent une à trois cellules qui sont
alors accolées. Vers Salles-sous-Bois, Taulignan et Rousset-les-Vignes, de grandes dalles sont plantées verticalement et servent
de muret de clôture d’une parcelle et de
soutènement d’une route.
Dans le Tricastin, à Saint-Restitut 3 et à Saint-Paul-Trois-Châteaux, la pierre
calcaire blanche ou pierre du Midi a été
exploitée depuis la préhistoire mais c’est au
XIXe siècle que les carrières connaissent
une activité intense avec l’essor industriel.
Les carriers extrayaient les blocs de pierre
dans les galeries et les puits à ciel ouvert.
Destinés à la construction de bâtiments
publics et au décor sculpté, ces blocs
étaient ensuite expédiés à Lyon, Marseille,
Genève… grâce à la voie ferrée allant
jusqu’à Saint-Paul-Trois-Châteaux.
Actuellement, ces architectures
de pierre — terrasses, bories et carrières
avec leurs fronts de taille — sont menacées
de disparition faute d’entretien alors qu’elles
sont les témoins d’activités anciennes ou
d’une parfaite adaptation à l’environnement.
—
CHRYSTÈLE BURGARD
ADRESSES UTILES
INDEX DES COMMUNES
62
63
DrÔme
— COMMISSION DIOCÉSAINE
D’ART SACRÉ (CDAS)
Région Rhône-Alpes
— CONSERVATION DU PATRIMOINE
DE LA DRÔME (CPD)
C/O M. ET MME VALETTE
25 CÔTE DES CORDELIERS
26100 ROMANS-SUR-ISÈRE
TÉL / FAX : 04 75 05 12 24
MAIL : [email protected]
— PATRIMOINE RHÔNALPIN
2 RUE ANDRÉ LACROIX
26000 VALENCE
TÉL : 04 75 79 27 17
FAX : 04 75 56 36 21
MAIL : [email protected]
Mise en œuvre de la politique
patrimoniale du Conseil général
et contribution à la politique
culturelle et à l'aménagement
du territoire.
Champs d'intervention : patrimoine
immobilier et mobilier, aussi bien
historique, architectural, archéologique, artistique, ethnologique que
paysager.
Principales missions : étude, inventaire, documentation ; conservation,
restauration, enrichissement ;
valorisation, animation, sensibilisation ; publication et diffusion.
Rôle de conseil et d'assistance
aux communes, aux communautés
de communes, aux privés, aux
associations patrimoniales, aux
musées... ; rôle de coordination
et de mise en réseau des différents
acteurs du patrimoine. Intervention
plus spécifique sur trois secteurs :
les châteaux départementaux,
le musée départemental de la
Résistance de Vassieux-en-Vercors,
la conservation des antiquités
et des objets d’art.
— CONSERVATION DES
ANTIQUITÉS ET OBJETS D’ART
(CAOA)
2 RUE ANDRÉ LACROIX
26000 VALENCE
TÉL : 04 75 79 27 17
FAX : 04 75 56 36 21
MAIL : [email protected]
[email protected]
— CONSEIL D’ARCHITECTURE,
D’URBANISME
ET D’ENVIRONNEMENT (CAUE)
44 RUE FAVENTINES
BP 1022
26010 VALENCE CEDEX
TÉL : 04 75 79 04 03
FAX : 04 75 79 04 17
— FONDATION DU PATRIMOINE
C/O MME CHARIGNON
SAINT-FERRÉOL
26400 CREST
TÉL : 04 75 76 79 02
MAIL : [email protected]
[email protected]
— SERVICE DÉPARTEMENTAL
DE L’ARCHITECTURE
ET DU PATRIMOINE (SDAP)
57, GRANDE RUE
26000 VALENCE
TÉL : 04 75 82 37 70
FAX : 04 75 82 37 71
— SOCIÉTÉ DE SAUVEGARDE
DES MONUMENTS ANCIENS
DE LA DRÔME
25 CÔTE DES CORDELIERS
26100 ROMANS-SUR-ISÈRE
TÉL / FAX : 04 75 05 12 24
MAIL : [email protected]
— VALENCE VILLE D’ART
ET D’HISTOIRE (VVAH)
MAISON DES TÊTES
57 GRANDE RUE
26000 VALENCE
TÉL : 04 75 79 20 86
FAX : 04 75 82 83 42
5 PLACE DE LA BALEINE
69005 LYON
TÉL : 04 72 41 94 47
MAIL : [email protected]
— DIRECTION RÉGIONALE
DES AFFAIRES CULTURELLES
(DRAC)
LE GRENIER D’ABONDANCE
6 QUAI SAINT-VINCENT
69283 LYON CEDEX 01
TÉL : 04 72 00 44 00
FAX : 04 72 00 43 30
SITE : www.culture.gouv.fr/rhone-alpes/
— RÉGION RHÔNE-ALPES
DIRECTION DE LA CULTURE
78 ROUTE DE PARIS
BP 19
69751 CHARBONNIÈRES-LES-BAINS
CEDEX
TÉL : 04 72 59 40 00
FAX : 04 72 59 42 18
SITE : www.cr-rhone-alpes.fr
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Albon, p 16, 23
Ancône, p 14
Aulan, p 51
Autichamp, p 38
Bathernay, p 18
Beaumont-lès-Valence, p 8
Beaumont-Monteux, p 19
Bourdeaux, p 39
Bourg-de-Péage, p 19
Bourg-lès-Valence, p 9, 14
Bouvante, p 30
Buis-les-Baronnies, p 48
Chabeuil, p 8
Chamaret, p 60
Charmes-sur-l’Herbasse, p 20
Châteauneuf-de-Galaure, p 17
Châteauneuf-du-Rhône, p 14
Châteauneuf-sur-Isère, p 18,
21, 35
Châtillon-en-Diois, p 40
Chatuzange-le-Goubet, p 19
Clérieux, p 23
Crest, p 39, 41
Die, p 30, 31, 39, 41, 42, 43, 44
Dieulefit, p 55
Donzère, p 14, 19, 27, 50
Echevis, p 33
Étoile-sur-Rhône, p 10
Ferrassières, p 61
Gervans, p 14
Grâne, p 18
Grignan, p 49, 50, 56, 60
Hauterives, p 20
La Baume-de-Transit, p 18
La Baume-d’Hostun, p 27
La Chapelle-en-Vercors, p 30, 36
La Garde-Adhémar, p 27, 50
La Motte-Fanjas, p 30
La Roche-sur-le-Buis, p 61
Le Grand-Serre, p 21
Léoncel, p 30, 31
Lesches-en-Diois, p 44
Luc-en-Diois, p 44
Malataverne, p 13
Manthes, p 22
Mirmande, p 45
Montbrun-les-Bains, p 51, 61
Montchenu, p 23
Montélimar, p 13, 52
Montjoyer, p 53
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Montmiral, p 23
Montségur-sur-Lauzon, p 60
Montvendre, p 8
Moras-en-Valloire, p 21
Mours-Saint-Eusèbe, p 14
Nyons, p 54, 56, 57
Peyrins, p 23
Pierrelatte, p 14, 50
Poët-Laval (Le), p 32, 55
Rochechinard, p 32
Rochefort-en-Valdaine, p 23, 53
Romans-sur-Isère, p 19, 24
Rousset-les-Vignes, p 61
Sahune, p 61
Saint-Agnan-en-Vercors, p 36
Saint-Barthélemy-de-Vals, p 25
Saint-Donat-sur-l’Herbasse,
p 18, 26
Saint-Jean-en-Royans, p 30, 33
Saint-Julien-en-Vercors, p 34
Saint-Laurent-en-Royans, p 30
Saint-Martin-en-Vercors, p 33, 36
Saint-Nazaire-en-Royans, p 35
Saint-Paul-Trois-Châteaux, p 58,
59, 61
Saint-Rambert-d’Albon, p 14
Saint-Restitut, p 59, 61
Saint-Roman, p 40
Saint-Vallier, p 14
Sainte-Jalle, p 57
Salles-sous-Bois, p 61
Saoû, p 46
Suze-la-Rousse, p 60
Tain-l’Hermitage, p 13, 14, 27
Taulignan, p 56, 61
Valdrôme, p 44
Valence, p 9, 11, 12, 13, 26, 30,
31, 39, 45
Vassieux-en-Vercors, p 36, 61
Venterol, p 61
Les publications de la Conservation du patrimoine
64
La Conservation du patrimoine
de la Drôme met en œuvre depuis
1984 la politique patrimoniale
du Conseil général. Elle a pour
missions l’étude et l’inventaire,
la conservation et la restauration,
l’animation et la valorisation
du patrimoine, l’information et la
sensibilisation du public à travers
la mise en place d’une politique
éditoriale.
L’objectif de ces publications
est d’informer et de sensibiliser
les Drômois et les touristes sur
les richesses du patrimoine de la
Drôme, de transmettre les
connaissances et de les partager.
Afin de répondre aux attentes des
publics, différents supports sont
réalisés proposant des niveaux
d’approche progressifs : simple
dépliant informatif, guide thématique, ouvrage approfondi…
Informer
— Les fiches patrimoine
sur le patrimoine bâti, sur les
musées et leurs activités
— Musée de la préhistoire du
Vercors à Vassieux-en-Vercors /
Atelier-musée de la soie
de Taulignan
— Château de Suze-la-Rousse /
villages d’Allex, d’Eurre…
— Les dépliants d’information
— Atelier-musée de la soie
à Taulignan
— Musée d’art sacré
à Mours-Saint-Eusèbe
— Musée départemental
de la Résistance
à Vassieux-en-Vercors
— Les cartes patrimoine
réalisées avec l’aide du CDT, du
CAUE et la Maison de l’architecture
— Patrimoines remarquables
— Patrimoine et architecture
du XXe siècle
Sensibiliser
— Les brochures :
les Voies du sacré
— Drôme provençale :
—
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—
—
—
Le Tricastin
Drôme provençale :
De Montélimar à Bourdeaux
Drôme provençale :
Les Baronnies
Vallée de la Drôme
Plaine de Valence
Drôme des collines
Royans / Vercors
— Les guides thématiques
ou événementiels
— Guide des musées
et des maisons thématiques
de la Drôme
— Guides des musées
et des sites de préhistoire
de la Drôme
— Guide des associations
du patrimoine de la Drôme
— Guide des patrimoines
remarquables de la Drôme
— Guide des patrimoines textiles
(La Mirandole 2007)
— Guides des Journées
du Patrimoine
transmettre
les connaissances
— Collection
Histoires de patrimoineS
— Fortifications et châteaux
dans la Drôme
(Créaphis 2005)
— Pierres, du paysage
à l’architecture
(La Mirandole 2007)
— Collection
Histoires de territoires
(avec le CAUE)
— Patrimoines des Baronnies :
paysage, architecture et histoire
(La Mirandole 2006)
— Patrimoines du Diois :
paysage, architecture et histoire
(La Mirandole 2006)
— Collection
Histoires de châteaux
— Portrait d’une collection :
les peintures des XVIIe et XVIIIe
siècles du château de Grignan
(Créaphis 2006)
— Collection des textiles
du château de Grignan
(parution 2007)