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LA DRÔME GUIDE DES PATRIMOINES REMARQUABLES ITINÉRAIRES> AVANT-PROPOS Chaque commune de la Drôme possède au moins un élément patrimonial remarquable, qu’il soit artisanal, industriel, agricole, religieux ou fortifié. Témoin d’un passé ou d’une société disparue, il donne à notre département une richesse et un caractère qui doivent être au quotidien l’objet d’une grande attention. Si l’aménagement et la gestion du territoire sont des préoccupations majeures du Département de la Drôme, ils n’excluent pas une prise en compte des équilibres fragiles entre ville et campagne, entre création architecturale et patrimoine bâti ou naturel, entre transformation et sauvegarde. La politique en matière de patrimoine que mène le Département est là pour en témoigner, que ce soit l’aide aux communes ou aux propriétaires privés pour restaurer leurs édifices protégés, que ce soit le “+ qualité patrimoine” qui encourage les collectivités à mieux restaurer le patrimoine non protégé d’intérêt départemental, que ce soit le travail réalisé par la Conservation du patrimoine en collaboration avec les différents services de l’État, Monuments Historiques / DRAC, Service Départemental de l’Architecture et du patrimoine, et les associations soucieuses de la sauvegarde et de l’entretien du patrimoine de proximité. Parmi les centaines d’édifices et de sites remarquables de la Drôme, une cinquantaine fait l’objet d’une présentation dans ce guide qui se veut complémentaire de la carte “Patrimoines remarquables”. Cependant cette sélection propose une synthèse de cette richesse, de la simple chapelle rurale au château prestigieux, du cabanon en pierre sèche au village perché. Elle présente les lieux les plus emblématiques du département en prenant en considération une répartition géographique des sites afin d’inviter les Drômois et les visiteurs à découvrir l’ensemble de notre territoire. DIDIER GUILLAUME PRÉSIDENT DU CONSEIL GÉNÉRAL DE LA DRÔME PIERRE PIENIEK CONSEILLER GÉNÉRAL, DÉLÉGUÉ À LA CULTURE Introduction « Patrimoines remarquables de la Drôme » est le troisième guide de la collection Itinéraire dont l’objectif est de présenter les ressources patrimoniales du département. Le premier guide était consacré aux « Musées et maisons thématiques de la Drôme », le second aux « Musées et sites de la préhistoire dans la Drôme ». Ce troisième met en évidence une cinquantaine de lieux remarquables ; il est réalisé en complémentarité avec une carte touristique conçue comme une introduction à la découverte des patrimoines de la Drôme à travers des thèmes et des typologies : les sites naturels, les routes, les châteaux et les demeures, les villages perchés et fortifiés et les villes, le patrimoine religieux, le patrimoine agricole, artisanal et industriel, les musées, maisons thématiques et sites archéologiques, les lieux de mémoire. Présenter les patrimoines remarquables de la Drôme ne signifie pas se limiter aux monuments historiques inscrits et classés, au patrimoine d’exception — le noble, le majeur ou le monumental. Il est de s’attacher aux édifices de notre quotidien ou aux sites naturels, ruraux ou urbains qui attirent l’attention, qui sont dignes d’être relevés ou signalés. Certains, dont l’intérêt est national, sont protégés, d’autres non protégés possèdent pourtant un intérêt départemental sur le plan architectural, stylistique, technique, urbain ou encore social et économique. Ces derniers témoignent alors de l’évolution de la notion de patrimoine qui est le fruit d’une construction sociale impliquant aujourd’hui de plus en plus les collectivités locales, les associations de sauvegarde. en 1840 comptabilise 1 090 monuments. Des crédits sont alloués pour sauvegarder les plus menacés provoquant un débat sur les limites de la restauration. Naissance du monument historique Au début du XXe siècle, les arrêtés de classement concernaient quelques grottes ou sites préhistoriques mais surtout de nombreux monuments antiques et médiévaux. À partir des années 1920-1930, l’éventail s’élargit. On classe désormais des édifices des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Au cours de la Ve République sont pris en considération des ouvrages des XIXe et XXe siècles. Avec André Malraux, les choix de la protection vont être définitivement réorientés, ne suivant plus seulement une logique historique. Sont ainsi classées certaines œuvres qu’il juge fondatrices de l’architecture contemporaine comme la villa Savoye construite en 1929 par Le Corbusier et classée en 1965, la tour Eiffel édifiée en 1889 ou des immeubles d’Auguste Perret. En 1969, il fait classer le palais idéal du facteur Cheval à Hauterives en tant qu’unique représentation architecturale de l’art naïf. Dans les années 1990, est créé le label XXe destiné à recenser et identifier les lieux emblématiques du siècle. Une vingtaine de sites ont été retenus dans la Drôme parmi lesquels, le pont Albert Caquot à La Garde-Adhémar, la reconstruction de La Chapelleen-Vercors ou la cité Jules-Nadi à Romans. Désormais, les choix patrimoniaux ne sont plus seulement historiques, mais aussi les témoins de courants artistiques contemporains, de savoir-faire originaux (locaux), d’innovations scientifiques et techniques. Ne sont plus seulement protégés les châteaux, les lieux de culte ou les sites exceptionnels, mais aussi les lieux industriels, les éléments d’architecture rurale, les lieux de mémoire ou les jardins. En dehors de quelques cas exceptionnels comme la protection contre le pillage des monuments romains en 1462 ou la préservation des monuments antiques de Nîmes suite au voyage de François Ier en 1533, les vestiges de l’Antiquité ou les édifices remarquables n’ont fait que très rarement l’objet d’attention jusqu’au XVIIIe siècle. Une véritable conscience nationale n’est réellement apparue qu’avec la Révolution, malgré les protestations d’érudits locaux ou de sociétés savantes contre les destructions massives. À partir de 1789, les biens de l’Église ou de la Couronne, ainsi que ceux des nobles émigrés sont confisqués. L’État acquiert alors une nouvelle responsabilité et l’archéologue Aubin-Louis Millin souhaite attirer l’attention des membres de l’Assemblée constituante sur l’importance de la sauvegarde de ce qu’il nomme pour la première fois « monument historique ». Une commission des Monuments est créée ayant pour mission d’inventorier et de conserver les biens et œuvres d’art, mais les destructions massives et les abus persistent. L’abbé Grégoire dénonce à plusieurs reprises le « vandalisme » commis par « ignorance, insouciance et friponnerie » et proclame l’existence d’un patrimoine collectif qui fait appel à la mémoire et à l’identité nationale. En 1810, le comte de Montalivet alors ministre de l’Intérieur transmet à tous les préfets une circulaire recommandant l’établissement d’une liste des châteaux, églises et abbayes dignes d’attention. Un réseau de correspondants locaux répartis sur le territoire national est alors mis en place, et en 1830 est créé le poste d’inspecteur des Monuments historiques dont l’un des représentants les plus actifs sera Prosper Mérimée. De 1834 à 1860, il parcourt la France avec pour mission de recenser et classer les édifices dignes d’intérêt. Une première liste établie Mérimée dans la Drôme Au cours de ses voyages en direction du sud de la France ou vers l’Isère, Mérimée traverse la Drôme et découvre dès 1834 des sites comme sa correspondance et ses rapports en témoignent. Il contribue à sauver et à restaurer dix monuments dans la Drôme : en 1840, la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, la cathédrale de Die, la collégiale de Grignan, l’abbaye de Léoncel, la collégiale de Saint-Barnard à Romans, l’église de SaintRestitut, le Taurobole à Tain-l’Hermitage, le Pendentif à Valence ; en 1846, l’église de Saint-Marcel-lès-Sauzet ; en 1847, l’église Saint-Pierre à Chabrillan. Une réglementation attendue Afin d’assurer à long terme une protection des édifices recensés et réglementer les crédits de restauration, une première loi est adoptée en mars 1887. Celle-ci permet de classer des bâtiments publics ou privés dont l’intérêt national est reconnu. Elle est complétée par celle du 31 décembre 1913, qui envisage la possibilité de classement sans l’accord du propriétaire, prévoit des sanctions en cas de réalisation de travaux sans autorisation et élargit la notion d’intérêt national à celle d’intérêt public. Cette dernière mesure permet de prendre en considération des biens d’intérêt territorial. Une mémoire en évolution CHRYSTÈLE BURGARD ANNE-MARIE CLAPPIER CONSERVATEUR EN CHEF DU PATRIMOINE ATTACHÉE DE CONSERVATION SOMMAIRE 07 PLAINE DE VALENCE 08 09 10 11 12 13 14 15 DRÔME DES COLLINES 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 31 32 33 34 35 36 Bouvante, La Chapelle-en-Vercors, La Motte-Fanjas, Saint-Jean-en-Royans, Saint-Laurent-en-Royans — Patrimoine religieux rural Léoncel — Abbaye Notre-Dame Rochechinard — Château et village Saint-Jean-en-Royans — Des routes vertigineuses Saint-Julien-en-Vercors — Architecture rurale et petit patrimoine Saint-Nazaire-en-Royans — Canal de la Bourne et aqueduc La Chapelle-en-Vercors, Saint-agnan-en-Vercors, Vassieux-en-Vercors — Les chemins de la Liberté et lieux de mémoire VALLÉE DE LA DRÔME | DIOIS 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 Albon — Site castral et tour Châteauneuf-de-Galaure — Couvent de Charrière et église Saint-Pierre Châteauneuf-sur-Isère — Habitat troglodytique Chatuzange-le-Goubet — Barrage de PiZançon Hauterives — Palais du facteur Cheval Le Grand-Serre — La halle Manthes — Prieuré et église Saint-Pierre Montchenu, Montmiral — Les mottes castrales Romans-sur-Isère — Collégiale Saint-Barnard et calvaire des Récollets Saint-Barthélemy-de-Vals — Les roches qui dansent Saint-Donat-sur-l'Herbasse — Collégiale Sainte-Marie et Saint-Donat Tain-l'Hermitage — Passerelle Seguin — La terre, matériau et architecture ROYANS | VERCORS 30 37 Beaumont-lès-Valence, Chabeuil et Montvendre — Portes fortifiées Bourg-lès-Valence — La Cartoucherie Étoile-sur-Rhône — Bourg historique Valence — Cathédrale Saint-Apollinaire et groupe épiscopal Valence — Châteaux d'eau Valence — N7 et station-service — le Rhône Autichamp — Village perché Bourdeaux — Châteaux Châtillon-en-Diois — Cabanons de vigne Crest — La tour Die — Ville antique Die — Abbaye de Valcroissant Luc-en-Diois — Le Claps Mirmande — Village historique Saoû — Forêt et auberge des Dauphins DRÔME PROVENçALE 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 Buis-les-Baronnies — Bourg historique Grignan — Château-musée La Garde-Adhémar — Village perché et Val des Nymphes Montbrun-les-Bains — Village perché et thermalisme Montélimar — Château des Adhémar Montjoyer — Abbaye Notre-Dame-d’Aiguebelle Nyons — Savonnerie, moulins et scourtinerie Poët-Laval (Le) — Village historique Sainte-Jalle — Église Notre-Dame-de-Beauvert Saint-Paul-Trois-Châteaux — Église-cathédrale Notre-Dame Saint-Restitut — Village et carrières Suze-la-Rousse — Château et sa Garenne Taulignan — Village fortifié — La pierre, du paysage à l’architecture Adresses utiles Index des communes Les publications de la Conservation du patrimoine PLAINE DE VALENCE 1 2 3 8 9 — Beaumont-lÈs-Valence, Chabeuil et Montvendre — Portes fortifiées — INSCRITES MH Au Moyen Âge, la porte fortifiée avait une double fonction, l’une militaire, l’autre symbolique. Lieu de surveillance, elle protégeait le cœur de la cité contre les attaques ennemies et permettait de contrôler les hommes et les marchandises. Lieu de représentation, cette entrée de ville comportait emblèmes et blasons et se devait d’être monumentale. Une douzaine de portes existent encore dans la Drôme dont trois en bon état de conservation. Datant des XIIIe et XIVe siècles, elles sont situées dans la plaine de Valence. Entièrement rénovée en 1990, la porte de Beaumont-lès-Valence 1 est construite en deux phases comme le montre les différences de parement. Au-dessus de l’ouverture en arc, une canonnière et deux consoles soutiennent une bretèche décorée de l’horloge communale. L’édifice est surmonté de mâchicoulis, de merlons et d’un campanile métallique avec sa petite cloche. La porte monumentale de Chabeuil 2, bâtie en gros bloc, est ouverte en plein cintre. La partie haute a été rajoutée au XIXe siècle. La façade a ensuite accueilli dès 1921 un monument aux morts composé d’une statue et d’inscriptions commémoratives. Sous la voûte, le couloir conserve la trace de la rainure de la herse, quatre gonds de fer et un blason martelé. Côté ville, on remarque une belle fenêtre géminée avec arcs trilobés. À Montvendre 3, la porte présente une ouverture en arc brisé. Des trous d’encadrement attestant la présence d’une ancienne galerie de bois, sont accompagnés d’archères verticales et d’une porte d’accès. On remarque la présence d’un blason martelé à la Révolution et d’un cadran solaire daté de 1859. Au sommet, la toiture et les merlons sont plus récents. Côté ville, le passage en arc brisé est en partie comblé. L’accès à la salle de garde, ouverte à la gorge, se faisait par une porte haut perchée. — LISE TRUCHET / DAPHNÉ MICHELAS — Bourg-lès-Valence — La Cartoucherie — INSCRITE MH Au cœur de la plaine de Valence, Bourg-lès-Valence possède un exemple remarquable de l’architecture industrielle du XIXe siècle avec la Cartoucherie dont le caractère monumental et l’histoire ont profondément marqué la cité. C’est en 1853 que l’industriel Noël Sanial acquiert, dans le quartier du Moulin Rouge (actuellement Chony), un domaine agricole composé d’une ferme, d’un moulin, d’une forge, de terres et de sources. Influencé par les pensées utopistes de Fourier et de Saint-Simon, il commence en 1855 la construction d’une manufacture textile, vaste palais industriel, constitué de bâtiments de briques flanqués de pavillons d’angle en pierre organisés autour d’une cour. Cette usine de soie et d’impression sur coton emploie plusieurs centaines d’ouvriers, dont certains logent sur place. Après plusieurs sinistres et un contexte économique difficile, la manufacture en faillite ferme en 1866. Bien située près de la voie de chemin de fer qui relie Valence à Grenoble, elle est rachetée par l’État en 1874 afin d’y installer une cartoucherie nationale. Entourée d’une enceinte fermée sur l’extérieur, elle s’organise comme une petite ville avec ses rues, ses bâtiments numérotés et ses trois grandes cheminées. Les agrandissements successifs — bâtiments de stockage, gare, poudrières, ateliers, stands de tir — occupent progressivement la totalité du domaine. La cartoucherie devient alors un lieu essentiel de la vie bourcaine scandée par la sirène. Après sa fermeture définitive en 1964, le domaine passe au secteur privé. Les bâtiments historiques sont rachetés par la ville en 1993, qui les fait inscrire à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 2003. Elle s’est également engagée dans un projet de réhabilitation autour de l’image et du cinéma d’animation afin que ce lieu porteur d’une mémoire ouvrière soit sauvegardé et mis en valeur. — LISE TRUCHET / IDELETTE DROGUE 3 1 2 10 11 — Étoile-sur-Rhône — Bourg historique — SITE INSCRIT Lieu de passage privilégié implanté sur la via Domitia, le village d’Étoile est perché sur son coteau, et offre un large panorama sur la vallée du Rhône. La commune s’étend sur des terrasses alluviales successives mais le cœur de la cité conserve ses monuments historiques et son enceinte en partie détruite sous Richelieu. Aux détours d’étroites venelles et de places, la découverte du centre ancien se fait le long de ses ruelles et de ses anciennes bâtisses dotées de fenêtres à meneaux et de linteaux ouvragés. D’autres édifices remarquables sont à découvrir comme l’église romane Notre-Dame d’Étoile aux chapiteaux corinthiens, édifiée aux XIIe et XIIIe siècles. Elle s’ouvre sur le village par un portail monumental dont le tympan est orné d’une charte “des franchises” de 1244. Au pied de la façade, une pierre à mesurer le grain représente l’un des rares exemplaires conservés dans la Drôme. Étoile possède d’autres monuments prestigieux : les vestiges du château des Poitiers qui ne comptent plus que l’ossature de la tour inférieure, le départ d’une porte monumentale, deux corbeaux et un mur d’enceinte plus récent ; le manoir Saint-Ange, désormais privé, muni d’une tour carrée au-dessus de l’entrée. Par ailleurs, — Valence — Cathédrale Saint-Apollinaire et groupe épiscopal — CLASSÉE MH l’hôtel de ville est installé dans un ancien hôtel particulier du XVIe siècle, tandis qu’une tour Renaissance accueille désormais des expositions temporaires pendant les saisons estivales. Enfin, une étonnante fontaine couverte et un monument à la Fédération, emblème de l’impact révolutionnaire à Étoile, sont également à signaler. Ce village présente une unité architecturale donnée par la couleur ocre de la pierre et des enduits. Autant d’éléments qui lui ont valu d’être un site protégé en 1972. — LISE TRUCHET / DAPHNÉ MICHELAS Implantée au cœur de la vallée du Rhône depuis l’époque romaine, Valence s’est progressivement étendue sur la rive gauche du fleuve. Son site en terrasses possède de nombreuses sources aménagées en canaux qui jalonnent la ville. Ayant conservé ses remparts jusqu’au XIXe siècle, la ville s’est développée à l’intérieur de son enceinte, sur les actuels boulevards. Ce centre historique abrite encore de nombreuses traces de son histoire, dont les plus anciennes remontent au Moyen Âge. Deux monuments en élévation, héritage de sa fonction épiscopale, en témoignent, dont l’ancien évêché 1, implanté place des Ormeaux. Si sa fondation se situe autour du IVe siècle, son apparence actuelle d’hôtel particulier du XVIIIe siècle rappelle la présence à Valence de l’évêque bâtisseur Alexandre Milon de Mesme. L’édifice, transformé et agrandi au cours des siècles, conserve encore aujourd’hui une galerie voûtée d’ogives, des plafonds peints du XVe siècle et des parquets marquetés. Le musée des Beaux-Arts et d’Archéologie occupe l’édifice qui va être restructuré. Le groupe cathédral 2 comportait un évêché, un baptistère et différentes églises au Moyen Âge, dont la cathédrale Saint-Apollinaire. Tournée vers le Rhône, elle est construite aux XIe et XIIe siècles. Détruite au cours des guerres de Religion, reconstruite à l’identique au XVIIe siècle, elle est dotée d’un nouveau clocher porche au XIXe siècle. Son plan en croix latine comporte une nef rythmée par huit travées et flanquée de collatéraux. Au chevet, le chœur est entouré d’un déambulatoire ouvrant sur trois chapelles rayonnantes. Enfin, chapiteaux, linteaux et tympans proposent des sculptures romanes au répertoire varié. Durant le XVIe siècle, le centre ancien continue de s’enrichir donnant naissance à un patrimoine bâti de grande qualité dont la Maison des Têtes 3 est un exemple significatif. Ce remarquable hôtel particulier, réalisé autour de 1530, est un édifice encore gothique mais très imprégné de Renaissance italienne. — LISE TRUCHET / VIVIANE RAGEAU 12 13 — Valence — Châteaux d’eau — LABEL XX — Valence — N7 et station-service — LABEL XX E Situés au centre du parc Jean Perdrix, dans le quartier de Valence-le-Haut, les châteaux d’eau sont devenus un véritable symbole de Valence tant ils associent une approche esthétique, urbaine et technique. En 1962, l’architecte-urbaniste André Gomis est chargé de l’aménagement de la ZUP (Zone à urbaniser en priorité) de cette ville. Il souhaite créer un point fort, un signal à la mesure des futurs immeubles, entre les deux quartiers Fontbarlettes et Le Plan, « comme autrefois, écrit-il, le clocher ou le beffroi annonçaient de loin, désignaient la ville, marquaient le site, imposant leur style à l’environnement, incitant promeneurs, visiteurs ou foule à se retrouver là ». Ce projet est confié au sculpteur d’origine grecque Philolaos qui a comme contrainte supplémentaire le besoin d’un réservoir d’eau pour alimenter la nouvelle cité. Philolaos imagine une architecturesculpture qui ne soit ni symétrique, ni frontale et qui se modifierait selon le déplacement du promeneur. Il conçoit alors deux éléments hélicoïdaux d’une grande qualité plastique qui s’inscrivent dans le prolongement de ses recherches sur les formes “gauches” et le thème du “Moscophore”. De 1964 à 1967, maquettes, dessins, calculs se succèdent, puis ces formes sont ajustées par des ingénieurs après des essais en E soufflerie et de compression. Les travaux commencent en 1969 et sont achevés en 1971. Le grand réservoir de 57 m de hauteur contient 850 m3 d’eau, celui de 52 m contient 1990 m3. L’eau est stockée sur une hauteur de 10 m. Chacun est construit selon le principe d’empilement d’anneaux en béton de 2 m de hauteur et de sections différentes. La texture des réservoirs, en béton cannelé, est composée de verticales et d’horizontales afin d’accrocher la lumière et mettre en valeur la complexité et la subtilité des formes vrillées et élancées. Ce projet marquera profondément le travail de Philolaos qui continuera à décliner ces formes à travers des petites sculptures ou des œuvres monumentales en métal ou en béton. — CHRYSTÈLE BURGARD Depuis l’Antiquité, la vallée du Rhône est un lieu de circulation et de transport par route et par voie fluviale. Les routes impériales et le chemin de fer contribuent à la redistribution spatiale et économique du département. Au début du XXe siècle, l'axe Paris-Lyon-Méditerranée devient la Nationale 7. Les chaussées pavées sont remplacées par le goudron et cette route constitue progressivement un enjeu de développement économique marquant et structurant le paysage drômois. La première moitié du XXe siècle, avec le développement de l’automobile, est une véritable révolution : la route se démocratise. Les premiers congés payés de 1936 et les déplacements croissants vers la côte d’Azur font rapidement de la RN7 une voie mythique incontournable qui dans les années 1950 inspire une chanson à Charles Trenet : Nationale 7. L’intensification du trafic entraîne la construction d’équipements appropriés. La signalisation routière moderne fait son apparition et avec elle une architecture participant à une économie de la route : les relais d’essence. Ces lieux de distribution du carburant sont rares dans les années 1930. Ils doivent être vus de loin et tenir compte des nouvelles conditions de perception des usagers. Ces équipements éclairés au néon se trouvent le long de la route, à un carrefour ou à l’entrée de la ville. Grâce aux nouvelles technologies, notamment la mise au point du béton armé, les formes architecturales évoluent. Un corps central, un large auvent surmonté d’une flèche profilée marquée par trois ailettes horizontales telles sont les caractéristiques des stations-service urbaines de 1930 à 1950. Le “Relais-Sud” à Valence (construit par Henri Garin à la fin des années 1930), les stations-service de Tainl’Hermitage, de Montélimar, de Malataverne, situées le long de la RN7, en sont les meilleures illustrations. — PIERRE SAPET drôme des collines 14 — Le Rhône Patrimoine naturel et culturel d’une grande richesse, le Rhône traverse, de Saint-Rambert-d’Albon à Pierrelatte, différents paysages composés de larges plaines alluviales ou de défilés étroits qui témoignent de l’évolution géologique et des activités humaines à travers les siècles. Le fleuve a toujours été une voie de circulation des hommes et des marchandises, des différentes cultures grecque, latine… Depuis l’époque gallo-romaine, la navigation a été intense pour transporter l’huile, le vin, le sel, la poterie, le marbre… et également les hommes qui se déplacent à la conquête de nouveaux territoires. Ces activités ont nécessité des aménagements, des constructions qui évoquent l’histoire du fleuve, son rôle économique, culturel et social, dont l’apogée se situe au XIXe siècle. Les traces de cette histoire sont plus au moins lisibles le long du fleuve : quais et ports (Saint-Vallier), piles des anciens bacs à traille (Donzère), anciens chemins de halage, digues pour lutter contre les crues (Ancône), ponts suspendus construits par Seguin (Tain, Donzère), barrages et écluses qui témoignent des grands travaux pour réguler le débit du fleuve et pour produire de l’électricité (Gervans, Bourg-lès-Valence, Donzère-Mondragon). Ces constructions évoquent aussi les nombreux métiers que les hommes exercèrent au cours des siècles : bateliers, mariniers, haleurs, conducteurs de bacs et de radeaux, pêcheurs… et également les métiers exercés le long des berges : charpentiers, aubergistes, tanneurs, lavandières… Espace de travail et de fêtes populaires (joutes), le Rhône est aussi un sujet de création pour des artistes ou des artisans. Ils ont représenté ses rives, ses ports, ses ponts ou l’ont évoqué de manière plus symbolique à travers saint Nicolas (peintures dans les églises de SaintVallier et d’Ancône, vitrail dans l’église de Châteauneuf-du-Rhône), les instruments de la Passion mis en scène sur les croix de mariniers (musée d’art sacré de MoursSaint-Eusèbe). — CHRYSTÈLE BURGARD 2 1 3 16 17 — Albon — Site castral et tour — INSCRITE MH Albon à l’époque romaine est le lieu d’une grande villa, dépendant au VIe siècle de l’église de Vienne. En 517, un concile réunit les évêques Burgondes à la villa Epaonis d’Albon. A quelques kilomètres de là se trouvent les ruines du château de Mantailles, où se réunit l’assemblée qui élit Boson, roi de Bourgogne-Provence (879-887). Au XIe siècle, la famille des Guigues, sans doute originaire du Vivarais, s’installe à Albon, sur une hauteur dominant la vallée du Rhône. Par l’acquisition de différents territoires (Briançonnais, Grésivaudan et partie orientale du Viennois), elle crée la principauté qui deviendra le Dauphiné. En l’état actuel des fouilles, on peut reconnaître cinq phases successives d’aménagement du site, depuis son implantation jusqu’à son abandon. — Dès le IXe siècle, sont édifiés de simples bâtiments en bois (tour, aménagements dans la basse-cour) ainsi qu’une chapelle castrale 2 qui sera agrandie et décorée aux XIe-XIIe siècles, puis reconstruite aux XIIIeXIVe siècles. — Dans le courant du XIe siècle, est élevé le bâtiment le plus inattendu et le plus remarquable du site. Ce vaste édifice en molasse, de type palatial, était implanté au sud du site, avec au rez-de-chaussée, un espace de stockage (présence de silo — Châteauneuf-de-Galaure — Couvent de Charrière et église Saint-Pierre à grains), et à l’étage, une salle de réception luxueuse (aula magna) 3 et un appartement privé (camera). — Au XIIIe siècle, les bâtiments en bois sont remplacés par un donjon sur motte 1. Cette tour massive en molasse a une fonction de garde et de contrôle d’un point stratégique du territoire et doit rappeler la puissance et le pouvoir des Comtes d’Albon, créateurs du Dauphiné. — Fin XIIIe-début XIVe siècles, un bâtiment de service vient s’insérer entre le palais et la chapelle. — Enfin au XVe siècle, dans une dernière phase de transformation, on réaménage des bâtiments jusqu’à leur abandon définitif. Ce site servit de carrière dès le XVIe siècle. La tour, dont les élévations ont été restaurées récemment, marque très fortement le paysage actuel drômois. — LAURENCE BRANGIER / DAPHNÉ MICHELAS Le prieuré de Charrière, situé sur la commune de Châteauneuf-de-Galaure, est connu au milieu du Moyen Âge comme étant un établissement bénédictin de la filiation de Cluny. Documenté depuis le XIVe siècle, il est converti dans le courant du XVe siècle en couvent de Cordeliers (ordre de saint François). Le site s’organise autour de l’église prieurale, autrefois entourée d’un cimetière ceint d’un enclos, tandis qu’au nord se développent les bâtiments conventuels. Ceux-ci se répartissent autour du cloître dont il ne reste que l’emplacement. Reconstruit après les guerres de Religion, ils constituent un ensemble de bâtiments en U d’un étage sur cave d’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles). Remaniés, reconstruits, ruinés, aujourd’hui progressivement sauvegardés, ils présentent de remarquables exemples d’éléments de confort et de décor : cheminées, peintures et moulures, dallages de pierre, linteaux à motif d’accolade, etc. Au sud, l’église dédiée à saint Pierre, remaniée au XVe siècle dans le style gothique, est composée d’une nef unique, animée de fenêtres à arc brisé et réseaux polylobés au sud, et d’ouvertures romanes bouchées au nord. A l’est, le chœur est composé d’une travée de chœur carrée et d’une abside à pans coupés percée de fenêtres gothiques. Des fresques peintes sur les murs et les voûtes de cette partie de l’édifice figurent des épisodes de la vie de saint François (XVe siècle), ainsi que des motifs d’architecture, de fleurs et de draperie (XVIIe siècle). — MARIE ROCHETTE 2 1 3 18 19 — Châteauneuf-sur-Isère — Habitat troglodytique Les architectures troglodytiques, structures creusées ou semi-creusées dans la roche, sont largement répandues sur le territoire drômois. Une géologie favorable, composée à l’ouest du département de roches sédimentaires tendres appelées molasses, a favorisé l’installation de troglodytes. Ces ensembles se retrouvent sous différentes formes, du nord au sud, le long du couloir rhodanien. Les fonctions de ces architectures sont variées : on rencontre des cavités utilisées comme annexe agricole ou simple garage mais aussi des structures plus complexes. Ainsi, certains souterrains de châteaux, à l’exemple du village de Grâne, ou encore des habitations sont creusés dans la roche. Les cavités encore occupées de nos jours sont rares. Elles se situent dans la Drôme des Collines, plus précisément dans les villages de Saint-Donat 2 et de Bathernay où une ancienne ferme troglodytique assure aujourd’hui la fonction de restaurant. Cette forme d’habitat fut pourtant courante dans le département jusqu’au début du siècle dernier ; elle semble liée dans la plupart des cas à l’activité des carrières souvent présentes à proximité : la ville de Châteauneuf-sur-Isère en est une bonne illustration. — Chatuzange-le-Goubet — Barrage de Pizançon L’origine médiévale de certaines de ces cavités apparaît évidente pour bon nombre de sites, soit par la relation directe qu’entretiennent les structures avec une fortification comme dans le village provençal de La Baume-de-Transit, soit par l’attestation de l’existence de baumes (grottes anthropiques) dans les textes médiévaux, comme à Châteauneuf-sur-Isère 1 3. Ces constructions troglodytiques, nombreuses dans la Drôme, représentent un patrimoine architectural important lié aux activités d’extraction de la pierre du département. — MYLÈNE NAVETAT À la fin du XIXe siècle, suite au développement industriel de Romans et Bourg-de-Péage, les besoins en électricité sont en constante augmentation. Malgré la réalisation en 1908 du barrage du Bournillon par la Société des Forces Motrices du Vercors, près de Pont-en-Royans, les demandes sont loin d’être satisfaites. En 1921 est réalisé le barrage de Beaumont-Monteux puis est envisagé celui de Pizançon. Celui-ci est construit entre 1928 et 1931 au nord de Romans dans un site étroit et encaissé sur l’Isère sur la commune de Chatuzange-le-Goubet. Réalisé en béton cyclopéen, il est fermé par 6 vannes de 15 m de haut. Les chutes sont de 12,6 m. La centrale comporte 2 groupes Kaplan à axe vertical de 145 m3/s et 2 groupes hélices à axe vertical de 125 m3/s. La puissance de la centrale est de 42 MW, la productivité est de 245 GWh. La construction du barrage de Pizançon sera suivie de celui de La Vanelle en aval de Romans entre 1946 et 1950. Quant au Rhône, son exploitation confiée à la Compagnie Nationale du Rhône engendre une vingtaine d’aménagements d’envergure : construction de barrages, d’usines hydroélectriques, d’écluses. La centrale de Donzère-Mondragon construite en 1952, aujourd’hui classée Monument historique, est la plus productive du Rhône. Cette architecture sobre et fonctionnelle a fortement structuré le paysage. — ANNE-MARIE CLAPPIER 20 21 — Hauterives — Palais du facteur Cheval — CLASSÉ MH Né en 1836 à Charmes-sur-l’Herbasse, Ferdinand Cheval devient facteur après avoir exercé plusieurs métiers. Il commence à l’âge de 43 ans la construction de ce “Temple de la nature”, par étapes successives, à partir d’éléments ramassés au cours de ses tournées. Long de 26 m et haut de 12 m, cet édifice est constitué de galeries, de niches d’escaliers et de grottes. Il est composé de motifs architecturaux les plus variés : tombeaux égyptien et hindou, mosquée, chalet suisse, château médiéval… Ces éléments sont associés à des formes végétales, humaines, mythologiques et religieuses. Ainsi se côtoient géants, sphinx, cerbères, Vierge Marie, évangélistes… qui s’assemblent étonnamment grâce aux couleurs et aux matériaux employés. Pierres, galets, coquillages, fossiles, mais aussi éléments préfabriqués en ciment, modelages au mortier de chaux fusionnent et forment cet étonnant palais imaginaire. Dans ces matières, sont incrustés des mots et des proverbes valorisant le travail, l’amour, la famille, Dieu… enrichissant les références sacrées et profanes des éléments sculptés. Pendant 33 ans, cet étrange bâtisseur racontera ses rêves et imaginera un monde, sans voyager ; il représentera sa vision des merveilles de l’univers et des civilisations passées, inspirée de ses lec- — Le Grand-Serre — La halle — INCRITE MH tures et de la nature. Il construit également son habitation en 1895 dans le jardin du Palais, la villa Alicius ; puis en 1914 dans le cimetière d’Hauterives, il réalise le “Tombeau du silence et du repos sans fin” dans lequel il sera enterré en 1924. Raillée à son époque, cette œuvre marginale est aujourd’hui reconnue pour son originalité. André Breton, Picasso, Tinguely, Max Ernst ont été les premiers à rendre hommage au talent de ce visionnaire, précurseur du surréalisme et de l’art brut. Le Palais Idéal est classé Monument historique en 1969 grâce au soutien d’André Malraux qui considérait le palais comme « le seul exemple en architecture de l’art naïf ». — CHRYSTÈLE BURGARD L’ancien bourg médiéval du Grand-Serre était situé sur une importante voie de passage empruntée par les marchands dauphinois pour se rendre à Genève. Il était entouré d’un rempart, composé de quatre portes et de tours, qui protégeait les habitations, l’église Saint-Mamert, l’ancien prieuré bénédictin et la halle. Mentionnée pour la première fois en 1371, la halle, certainement plus ancienne, avait de multiples fonctions, commerciale, juridique, administrative ou festive. Elle fut construite par les seigneurs du lieu qui louaient les bancs (tables pour les marchands), les étals ou les tailloles qui servaient à accrocher la viande. Elle accueillait également les marchés, les foires, et servait de maison commune où se réunissait le village lors des réunions des conseils, délibérations communales et autres procès communautaires. La halle dans sa forme actuelle (XVIIe siècle certainement) est un édifice rectangulaire à trois nefs, celles-ci ménageant un vaste espace dégagé au centre. Le plus remarquable de cette construction est sa charpente, en chêne à peine équarri, posée sur des poteaux prenant appui sur des dés de molasse provenant de Châteauneuf-sur-Isère. Les marques d’assemblage sont encore visibles par endroit. Elle est couverte d’une toiture à croupes. Cet édifice de qualité s’inscrit dans les modèles de halles du nord Isère (Crémieu, La Côte-Saint-André…) ; il est cependant l’unique édifice de ce type en état de conservation dans la Drôme, bien qu’on connaisse l’existence de certains autres dans des villages comme Morasen-Valloire. — LAURENCE BRANGIER 1 2 22 23 — Manthes — Prieuré et église Saint-Pierre — INSCRIT MH / CLASSÉE MH Dominant le village, le prieuré de Manthes relevait au XIe siècle de l’abbaye de Cluny. Malgré de nombreux remaniements, les bâtiments présentent un bel ensemble architectural associant église et maison conventuelle. Le plan de l’église comporte une nef de cinq travées, très remaniée au XIXe siècle, séparée des collatéraux par de grands arcs brisés. A l’est un transept annonce l’abside. Celui-ci est composé de deux bras peu saillants. La croisée est couverte d’une voûte supportant un clocher viennois. Les piles recevant cette voûte sont surmontées de chapiteaux sculptés à décor végétal. L’abside centrale et les deux absidioles en hémicycle sont couvertes de cul-de-four. L’ensemble du chœur (absides et transept) est peint d’un faux appareil aux dominantes rouges, vertes et jaunes. L’abside est pourvue d’une large baie gothique ornée d’un vitrail double représentant les apôtres Pierre et Paul. Les visages des deux apôtres datent de la seconde moitié du XVIe siècle. A l’extérieur, le chevet parementé en galets et couronné d’une corniche reposant sur des modillons à copeaux (XIIe siècle), ainsi que le clocher de type viennois, percé de baies géminées et orné de petits arcs évoquant des bandes lombardes, sont particulièrement remar- quables. A l’ouest, la façade, bien que très reprise, est animée d’un portail roman à double voussure en plein cintre, sans doute remonté, et d’éléments sculptés (petites têtes) remployés dans la partie haute. Au sud de l’église, se développe le prieuré, vaste bâtiment datant de la fin XVe-début XVIe siècles. Cette maison est cantonnée dans ses angles nord-est et sud-est de tours circulaires. Se développant sur trois niveaux (rez-de-chaussée et deux étages), elles offrent de beaux exemples d’ouvertures renaissantes : fenêtres à meneaux taillées dans la molasse, linteaux des portes occidentales, droits ou en accolades décorés d’armoiries, ouvertures hautes à linteau monolithique. L’intérieur est marqué par un beau plafond à caisson et des peintures de la fin du XVIe et du XVIIe siècles. — MARIE ROCHETTE — Montchenu, Montmiral — Les mottes castrales De nombreux châteaux en terre et en bois sont construits aux alentours de l’an mil en Europe occidentale. Ces édifices, à la fois refuges défensifs et demeures seigneuriales, témoignent de l’existence de nouveaux pouvoirs locaux. Des familles de l’aristocratie rurale, riches propriétaires terriens, telles que les Guigues d’Albon ou les Clermont, assoient leur domination par la réalisation de ces châteaux à motte. Malgré le peu d’éléments encore visibles aujourd’hui, une cinquantaine de mottes castrales ont été repérées dans la Drôme, telles que celle de Peyrins, Montmiral 2, Montchenu 1 ou Clérieux dans le nord Drôme. Quelques-unes sont mieux connues et ont fait l’objet de fouilles comme celle d’Albon ou de Rochefort-en-Valdaine. Occupant généralement des points stratégiques et utilisant le relief existant, ces châteaux ont la particularité d’avoir la même structure bipartite. Ils se composent d’un tertre ou monticule, la motte, sur lequel est édifiée une tour, et d’une terrasse ou basse-cour de plan elliptique s’étalant en contrebas. L’ensemble est protégé par des fossés parfois doublés d’un rempart ou d’une levée de terre. Si ces éléments se retrouvent pour chacun d’eux, leur taille, leur forme et leur agencement, toujours adaptés à la topographie du lieu, sont en revanche à chaque fois différents. Plus tard ces constructions en bois seront remplacées par des forteresses en pierre dont il reste aujourd’hui des vestiges plus ou moins bien conservés. Certaines tours, telles des signaux, marquent encore de nos jours le paysage drômois. — ANNE-MARIE CLAPPIER 3 1 2 24 25 — Romans-SUR-ISÈRE — Collégiale Saint-Barnard et calvaire des Récollets — CLASSÉS MH Fondé en 838 par l’archevêque de Vienne Barnard, le monastère de Romans fut établi en un point stratégique de passage à gué sur l’Isère. Ces éléments furent sans doute à l’origine du développement du monastère et du bourg médiéval. Outre l’église dédiée aux saints Pierre et Paul, qui prendra le vocable de son saint fondateur au XIIIe siècle, se trouvaient également au sud le cloître canonial et une tour-porche. Seules les chapelles, ajouts de la fin du Moyen Âge, ont été conservées lors des réaménagements des quais. En 1134, l’église romane 1 2 fut incendiée, reconstruite dans les années qui suivirent, puis agrandie dans le second tiers du XIIIe siècle. Le chœur et le transept sont alors reconstruits, la nef surélevée par l’ajout d’un triforium et couverte de croisées d’ogives. Ces aménagements font de cet édifice un admirable exemple d’architecture gothique. Saccagée durant les guerres de Religion, des restaurations ont été effectuées au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. L’église présente aujourd’hui une nef unique de quatre travées, précédant un transept saillant et une abside polygonale. Les parties hautes sont de style gothique, tandis que les parties basses ont conservé leur structure romane. Cette dualité est manifeste sur les murs gouttereaux qui sont rythmés à la fois par des hautes colonnes engagées gothiques supportant les croisées de la voûte et de petits arcs muraux en plein cintre roman. Les chapiteaux de ces arcs, ainsi que le portail occidental et les portails latéraux forment un remarquable corpus de sculpture romane, où se manifestent dans le traitement des décors végétaux, géométriques ou des personnages des influences antiquisantes, viennoises, bourguignonnes et provençales. Au début du XVIe siècle, Romanet Boffin, marchand de draps, est à l’origine de l’implantation d’un chemin de croix dans la ville. Les guerres de Religion ruinèrent les stations. Leur restauration sera entreprise de la fin du XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle. Aujourd’hui le “Grand voyage” compte une vingtaine de stations dans la ville. Dans l’enclos se trouve le calvaire 3 épargné par les guerres de Religion, ainsi que dix-neuf stations reconstruites au XIXe siècle. — MARIE ROCHETTE — Saint-Barthélemy-de-Vals — Les roches qui dansent — SITE CLASSÉ C’est une légende qui est à l’origine du nom des roches qui dansent. La nuit de Noël, au clair de lune, sous l’effet stroboscopique des nuages qui défilent, certains ont cru voir bouger les roches. Mythe, réalité ou simple effet d’optique, la voie est ouverte à toutes formes d’interprétation. Dès le XVIIIe siècle, des savants parlent de “Cromlech” (Crom = courbe et Lech =pierr e sacrée), pierres dressées et disposées en cercle autour d’une autre plus importante. Le XIXe siècle sera celui des fouilles, de l’inspection et de l’interprétation des lieux. Ce sera aussi celui des thèses contradictoires. L’archiviste André Lacroix voit là une œuvre humaine. Joseph Bordas, archéologue de Saint-Vallier, décèle pour sa part des signes gravés dans la roche et baptise l’une d’entre elles « la roche des trois croissants ». Sceptique sur l’origine monumentale ou religieuse du site, géologues et archéologues arrivent à des conclusions différentes. L’archéologue Durant de Fontmagne ne voit pas dans ces pierres des monuments druidiques en raison de leur adhérence au sol, il en conclut : « ce sont des rochers ». Charles Lory, professeur de géologie à Grenoble, donne une explication géologique au site. Il s’agit de gros blocs de grès quartziteux très dur, provenant de la consolidation de sables éocènes. Il note également des traces d’extraction de meules à aiguiser. Le diamètre des meules prélevées par les paysans de la région varient entre 110 et 130 cm. En 1908, l’inspection de M. Berretta qui aboutira au classement du site le 19 janvier 1911, rend hommage à “l’émouvante physionomie du site” mais inscrit dans son rapport : « ces blocs de grès… ne doivent être considérés que comme des fragmentations consécutives à des dislocations du sol provoquées par des érosions séculaires ». Aujourd’hui encore, l’imaginaire prend le dessus sur la réalité géologique d’un espace naturel singulier. Le silence, la couleur des roches d’un gris surhaussé d’ocre-jaune, de vert ou de rouge, la densité des arbres, tout est propice à l’imagination et l’interprétation. — PIERRE SAPET 26 27 — Saint-Donat-sur-L'Herbasse — Collégiale Sainte-Marie et Saint-Donat — CLASSÉE MH La plus ancienne mention de Saint-Donat date de 894, elle confirme à l’évêque de Grenoble la possession du lieu. L’édification d’une église, d’un collège de chanoines réguliers et d’un château sur une hauteur dominant la plaine s’apparente à une fondation castrale des évêques de Grenoble au sein du diocèse de Vienne. L’église collégiale Sainte-Marie et Saint-Donat, établie au centre du plateau, fut décrite avant sa reconstruction en 1940 comme possédant une large nef éclairée de grandes baies en plein cintre. Le portail nord, vestige de l’édifice roman, présentait de beaux chapiteaux sculptés, aujourd’hui déposés au musée de Valence. Dans le courant du XIIIe siècle, la nef fut flanquée de chapelles. A l’ouest le clocher-tour présente un plan carré. Le premier étage, restauré au XVIIe siècle, est percé sur chaque face de baies géminées séparées par des colonnettes à chapiteaux sculptés. Le second étage est une reconstruction de la fin du XIXe siècle. Le porche, couvert d’une voûte d’ogives, est accessible par de grands arcs en plein cintre. De part et d’autre, l’appareil présente un bel exemple de bossage. A l’ouest un portail à linteau droit donne accès à l’église. Au-dessus ont été remployées deux plaques portant des inscriptions. Au sud se trouve l’emplacement du cloître limité par les bâtiments conventuels. Celui-ci comportait quatre galeries charpentées, ouvrant sur l’espace central par vingt-six arcades. Seule la galerie occidentale est encore en place. Ses quatre arcades reposent sur des colonnettes, pilastres ou piliers d’angle remarquablement sculptés. Les motifs des chapiteaux sont ornementaux ou figurés : masque crachant des rinceaux, feuilles d’acanthe et têtes d’oursons, représentation d’Adam et Ève. Les piliers d’angle sculptés en ronde-bosse, associent décor végétal et personnages (apôtre Barthélemy, musiciens). Au-dessus de l’imposte du pilier nord-ouest, deux médaillons circulaires représentent un personnage battant des céréales, ainsi que la personnification de la luxure. D’autres médaillons du même type ont été placés dans les écoinçons des arcades donnant sur le préau sous une corniche ornée de palmettes. Au nord du plateau, la chapelle Saint-Michel, dite des évêques, est l’édifice le mieux conservé. Il est formé d’une nef unique et d’une abside semi-circulaire, dont le chevet est supporté par une colonne ornée d’un chapiteau corinthien inachevé. Les peintures intérieures datent des XIIIe et XIVe siècles. — MARIE ROCHETTE — Tain-l'Hermitage — Passerelle Seguin — INSCRITE MH Fasciné par les ponts traditionnels en lianes et en cordes, construits en particulier en Asie, Marc Seguin, aidé de ses frères, s’ingénie à mettre au point un système de franchissement appliquant les mêmes principes, mais avec des matériaux nouveaux. Il conçoit un pont composé d’un tablier suspendu par des câbles. Ceux-ci sont soutenus par une ou plusieurs piles intermédiaires et ancrés dans les culées situées de part et d’autre du fleuve. Cette technique offrait plusieurs avantages par rapport aux ponts maçonnés : franchissement plus important, rapidité d’exécution, coût de construction réduit. Après plusieurs expériences malheureuses, il construit en 1825 un premier pont “en fil de fer” destiné à remplacer le bac sur le Rhône entre Tainl’Hermitage et Tournon, puis en 1847, il réalise la passerelle encore en place aujourd’hui. Le premier sera démoli en 1965 pour des raisons de navigation, malgré les nombreuses oppositions et la démission des conseillers municipaux de Tain et de Tournon. Utilisant toujours le même procédé, Marc Seguin construit en 1847 le pont du Robinet reliant Donzère et Viviers. Ce pont de 300 m de long est suspendu par des câbles tressés soutenus par deux piles intermédiaires et reliés aux piles construites en forme d’arc de triomphe de part et d’autre du fleuve. Détruit plusieurs fois par les crues, le mistral ou les bombardements, il est à chaque fois reconstruit. De nombreux ouvrages sont ainsi réalisés en France. Aujourd’hui, à cette technique est préférée celle du pont à haubans comme le pont Caquot à La GardeAdhémar ou le pont de l’A49 sur l’Isère à La Baume-d’Hostun. — ANNE-MARIE CLAPPIER royans | vercors 28 — La terre, matériau et architecture En ville comme à la campagne, le pisé et le galet roulé du Rhône sont présents dans l’architecture du nord de la Drôme. Ces matériaux issus directement de la composition géologique de la vallée, dominent largement la construction traditionnelle. Le sous-sol fournit la matière première pour la réalisation des constructions locales. Faiblement végétalisé, le pisé est composé de terre argileuse mélangée à un liant (chaux). Peu onéreuse, la technique du pisé est utilisée pour réaliser la structure porteuse. Elle permet une grande diversité de mise en œuvre : façonnée en briques de terre crue ou banchée. Le banchage, plus couramment utilisé, consiste à comprimer la terre crue entre deux parois de bois (banche), maintenues par des traverses. Après le décoffrage, des joints de chaux sont appliqués entre chaque banchée. Toutefois, ce matériau a le défaut d’être perméable, aussi le débord de toiture et les soubassements en galets évitent toutes infiltrations et action de l’eau lors des intempéries. Le galet, roulé par les eaux des rivières, est ramassé en abondance dans le lit des cours d’eau ou bien extrait d’épierrement lors de la culture des champs. Plusieurs procédés sont possibles : le galet peut être utilisé en soubassement, appareillé en façade (assises régulières en arêtes de poisson, en épis…), ou encore en blocage entre deux parements de pierre de taille. Cependant, le galet se déchausse facilement en raison de sa petite dimension et sa forme ronde. L’utilisation de jambage, de linteau et de chaînage d’angle en bloc de molasse ou en brique, permet de stabiliser la construction. Ces éléments de modénature participent également à l’ornementation de la façade et apportent dans le paysage bâti une note de couleur donnée par les ocres de la terre. — DAPHNÉ MICHELAS 3 1 2 30 31 — Bouvante, La Chapelle-en-Vercors, La Motte-Fanjas, Saint-Jean-en-Royans, Saint-Laurent-en-Royans — Patrimoine religieux rural Le nord-est du département comprend le Royans et la partie occidentale du plateau du Vercors. Ce secteur, aux confins des diocèses de Valence et de Die, fut au Moyen Âge le lieu de nombreuses implantations paroissiales et monastiques, offrant à ce territoire un dense réseau d’églises. Celles-ci étaient mises en relation grâce à des chemins franchissant cols et rivières. Le pont dit des Chartreux à Saint-Laurenten-Royans en est un bel exemple. L’architecture des églises du Royans et du Vercors présente des caractéristiques bien identifiables. Souvent modestes, les églises disposent de peu d’éléments de décor. Les nefs sont uniques et les absides semi-circulaires. Les clochers, placés sur le chœur ou bien véritables tours, contrastent avec l’église massive. Éléments verticaux marquant le paysage, ils s’inscrivent dans la longue tradition des clochers romans alpins (La Motte-Fanjas 1 XIIe siècle, Saint-Jean-en-Royans 2 et La Chapelle-enVercors 3 XVIIe siècle). Les grandes abbayes que sont Notre-Dame de Léoncel et la chartreuse de Bouvante, ont conservé des ensembles architecturaux remarquables. Installées depuis la fin du XIIe siècle sur des sites isolés, leurs églises abbatiales sont entourées de bâtiments comme l’enceinte, le cloître, et les espaces conventuels. L’architecture est soignée, parfois originale (échauguette à Bouvante, culots et voûtement de l’église à Léoncel). Elle fait usage d’une stéréotomie bien maîtrisée (moyen appareil régulier à la Courrerie de Bouvante, petit et moyen appareil, bossages à Léoncel), de techniques et formes peu utilisées dans la région (plan à trois nefs, retombées des arcs sur des culots à Léoncel), ainsi que d’éléments de décors sculptés (chapiteaux à Léoncel). — MARIE ROCHETTE — Léoncel — Abbaye Notre-Dame — CLASSÉE MH Dès 1137 des moines cisterciens s’établirent sur le site de Léoncel, aux confins des diocèses de Valence et de Die. Après une période florissante aux XIIe et XIIIe siècles où elle acquit renommée et biens, l’abbaye connut au XIVe siècle d’importantes difficultés, obligeant les religieux à se réfugier dans la plaine. Dans le second quart du XVe siècle, ils regagnèrent l’abbaye et la restaurèrent. La fin du XVIe siècle, et notamment les guerres de Religion, marquèrent le déclin irréversible du monastère qui fut vendu comme bien national en 1790. L’abbaye se composait de plusieurs bâtiments, tous situés au sud de l’église. Un grand nombre a été reconstruit dans le courant du XVIIIe siècle. On notera la présence du cloître attenant à l’église, du dortoir, dont est visible l’arrachement de l’escalier desservant l’église, enfin la salle capitulaire dans le prolongement du bras du transept. L’église, consacrée en 1188, est la partie la mieux conservée. De cette époque subsistent les trois absides et le transept. En revanche, la coupole sur trompe de la croisée est une construction tardive (XVIIIe siècle). La nef de cinq travées, voûtée de croisées d’ogives et flanquée de deux bascôtés, fut édifiée au début du XIIIe siècle. Le soin apporté à la mise en œuvre des pierres, les retombées des arcs doubleaux sur des colonnettes, les chapiteaux à décors végétaux sont autant d’éléments remarquables. A l’extérieur, l’abbatiale se caractérise par une grande harmonie d’ensemble malgré les reprises des XVIIe et XVIIIe siècles : remaniement de la façade occidentale, ajout de contreforts au nord. Le chevet central est polygonal, et à l’ouest la croisée du transept est surmontée d’un clocher quadrangulaire à deux étages de type dauphinois. — MARIE ROCHETTE 1 2 1 2 32 33 — Rochechinard — Château et village — INSCRIT MH Sur le versant est des Monts du Matin, au cœur du Royans, Rochechinard offre un site historique et naturel à découvrir. Ce village d’une centaine d’habitants présente un habitat dispersé entre forêt, cultures et pâturages. Il est dominé par les ruines imposantes de son château médiéval 1, juché au sommet d’un rocher. Le lieu offre un superbe panorama sur la vallée de l’Isère et le massif du Vercors. La partie nord du site castral est probablement occupée dès le XIIe siècle par une petite fortification des seigneurs du Royans. Mais les trois bâtiments actuellement conservés sont le fruit d’une importante campagne de construction réalisée par la famille Allemand à la fin du XVe siècle. Du sud au nord, sont alignés sur l’éperon calcaire : une puissante tour à canon polygonale, percée de nombreuses ouvertures de tir, un donjon circulaire, associant fonctions de défense et d’agrément, et un logis quadrangulaire. Durant l’hiver 1483-1484, le commandeur de PoëtLaval, Charles Allemand, garda en ces murs, un otage précieux : le prince turc, Djem, dit “Zizim”, frère du sultan Bajazet II. Cédé à la famille Mosnier en 1547, le château est le seul du Royans à éviter un démantèlement après les guerres de Religion. Les nouveaux propriétaires délaissent au XVIIe — Saint-Jean-en-Royans — Des routes vertigineuses — SITES CLASSÉS siècle cet austère nid d’aigle au profit de leur demeure de Romans et dès le milieu du XVIIIe siècle, le site est en ruine. En contrebas du château, on aperçoit le clocher de l’église Saint-Georges 2, le cimetière et l’ancien presbytère. Cet ensemble constituait le centre de la vie sociale du village. Même si les origines de cette église rurale et sobre remontent certainement au XIIIe siècle, elle a subi de nombreux remaniements. Elle abrite un intéressant confessionnal mural, communiquant avec la sacristie. Le presbytère, du XVIIIe siècle, accueille désormais la mémoire du village : le musée du Royans. À travers de nombreux objets, il présente la vie quotidienne de ce territoire de moyenne montagne aux XIXe et XXe siècles. — LISE TRUCHET / JOSSELIN DERBIER Comparé à un vaisseau de pierre ou à une citadelle, le Vercors a toujours été occupé ou traversé dès la préhistoire. Depuis, les hommes n’ont cessé de tracer des sentiers, de créer des passages, de construire des routes pour franchir les cols et les spectaculaires falaises. La création des routes des Goulets 2 et de Combe Laval 1 s’inscrit dans un même mouvement appelé “désenclavement routier des Alpes et du massif du Vercors” (percée des Gorges de la Bourne, des Écouges…). Ces routes sont toutes deux construites dans la seconde moitié du XIXe siècle, entre 1843 et 1854 pour la première, entre 1892 et 1896 pour la seconde. La route des Goulets, actuellement fermée pour travaux, relie le hameau des Baraques (commune de Saint-Martinen-Vercors) au village de Sainte-Eulalie-enRoyans en traversant la vallée d'Echevis. Pour franchir les goulets (passages étroits et abrupts) situés aux deux extrémités de la vallée, la route a été creusée dans la roche ; elle passe à flanc de falaise et surplombe parfois de plusieurs dizaines de mètres la Vernaison. La route de Combe Laval relie Saint-Jean-en-Royans au col de la Machine et domine de 600 m la combe. À l’origine de ces percements émergent plusieurs motivations : volonté d’avoir une route plus praticable, souci d’une meilleure exploitation forestière… Le choix du tracé suscite à chaque fois de houleuses polémiques entre les différents villages. La réalisation s’apparente également à un exploit, à une véritable prouesse technique, célébrée comme telle par les contemporains. Mais ces travaux ont aussi eu un lourd coût humain, avec des accidents, des vies perdues. Les conséquences de la création de ces routes sont le développement du tourisme dans le Vercors (hôtel du col de la Machine, hameau des Baraques), la spécialisation de l’agriculture et une meilleure exploitation des forêts. Depuis l’ouverture de ces routes vertigineuses, les travaux n’ont jamais cessé : dégagement des éboulements, réparation des voies et des parapets, élargissement pour s'adapter à l'évolution du trafic… Le tunnel des Grands Goulets, en cours de réalisation, est un exemple d’envergure de ces travaux de mise en sécurité et d’adaptation au trafic. — PIERRE-LOUIS FILLET 2 1 3 34 35 — Saint-Julien-en-Vercors — Architecture rurale et petit patrimoine La commune de Saint-Julien-enVercors est située au cœur du Parc naturel régional du Vercors, entre les contreforts du massif de Chalimont et le massif de l’Allier. Le village s’implante progressivement autour de l’église dès la fin du XIIe siècle. Plusieurs habitations se sont agglomérées pour former le bourg actuel à 920 m d’altitude. L’histoire de cette commune vercusienne est intimement liée à la présence au nord-ouest du village du château Ravel. Cette forteresse médiévale érigée en bordure de falaise occupait une position privilégiée. Les hameaux sont essaimés régulièrement le long de la principale voie de pénétration du Vercors (D103). Les hommes ont su à travers les siècles adapter leur architecture aux ressources naturelles et aux conditions climatiques, et ont développé des savoir-faire spécifiques à ce territoire (charbonnières, toits en chaume…). L’identité de la commune de Saint-Julien-enVercors est axée autour de thèmes majeurs : le patrimoine rural, les matériaux locaux et le petit patrimoine. Son architecture rurale s’adapte aux contraintes du site, et abrite sous un même toit l’habitation et l’activité agro-pastorale. Initialement couverte de chaumes, la toiture est coiffée de redans lauzés 1 (saut de moineaux) et couronnée d’un épi de faîtage en pierre. Autrefois d’utilité majeure contre les intempéries, ce type de couverture devient esthétique et se fait ornement local. La pierre constitue le matériau principal de la construction rurale mais le bois est toujours utilisé pour le bardage de petites surfaces sur le mur-pignon des dépendances et des bâtiments annexes. Chemins lauzés et murets de pierre 2, délimitant un champ ou clôturant une propriété, illustrent un réel savoir-faire. Ces constructions faites de pierres amassées soigneusement sans liant ou fichées dans le sol, sont le fruit d’une technique vernaculaire qui témoigne d’un véritable art d’assemblage. Il n’y a pas de hameau sans sa fontaine. Source de vie et lieu de sociabilité, elle arbore une architecture d’une grande simplicité (bassin rectangulaire creusé dans un bloc de pierre, griffon ouvragé, fontaine à borne et abreuvoir). Contre le porche de l’église de même qu’au centre du cimetière, le village possède deux curiosités peu communes : des stalactites 3. Ces œuvres de l’érosion de la roche calcaire, montées sur socle et couronnées de croix, proviennent de la grotte Barbechinelle. — DAPHNÉ MICHELAS — Saint-Nazaire-en-Royans — Canal de la Bourne et aqueduc Très présents dans le paysage drômois, de nombreux canaux permettent d’irriguer les terres agricoles de la vallée du Rhône. Dans la plaine de l’est valentinois, le besoin de développer l’agriculture se fait sentir dès la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Plusieurs projets sont menés, mais ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que seront réalisés les travaux de détournement de la Bourne permettant l’irrigation de la plaine. Les travaux, qui comprennent la construction de 87 aqueducs, 76 ponts et 16 tunnels, sont exécutés de 1874 à 1884. Les canaux s’étendent sur environ 400 km (dont 46 km pour le canal principal) et irriguent 33 communes. L’eau circule par gravitation grâce à une pente constante de 0,25 m par kilomètre. En 1917 est créée l’usine hydroélectrique de l’Écancière, renforçant ainsi l’action du canal. Pour augmenter la capacité du canal, le syndicat intercommunal décide en 1970 de créer un système d’alimentation complémentaire. La construction de stations de pompage telle la station des Lilas à Châteauneuf-sur-Isère ou celle du Martinet assurent alors un apport d’eau supplémentaire sous pression. L’aqueduc de Saint-Nazaire-enRoyans, récemment aménagé par la commune en lieu de promenade, est l’un des ouvrages d’art qui a le plus marqué le paysage. Long de 235 m, il est composé de 17 arches variant entre 10 et 15 m de large, dont la plus haute est à 35 m au-dessus du niveau de la Bourne. — ANNE-MARIE CLAPPIER VALLÉE DE LA DRÔME | DIOIS 3 2 1 36 — La Chapelle-en-Vercors, Saint-Agnan-en-Vercors, Vassieux-en-Vercors — Les chemins de la Liberté et lieux de mémoire Le Vercors est un massif impressionnant, composé de falaises, de combes et de vals. Cet immense espace naturel est pendant la Seconde Guerre mondiale un refuge idéal pour les hommes qui refusent la défaite et le régime de Vichy. Sa situation et sa géographie comparée à une forteresse ou une citadelle inspirent Pierre Dalloz qui conçoit le “plan Montagnard” dont l’objectif est de faire jouer au Vercors un rôle stratégique, à l’heure du débarquement des Alliés en Provence. Dès 1943, le Vercors est investi par des maquisards, en juin 1944 ils seront 4 000 à se mobiliser après le débarquement de Normandie et l’appel de Londres. La réaction allemande sera brutale ; en juillet des milliers de soldats allemands envahissent le Vercors par les cols, les pas et la voie aérienne, détruisant sur leur passage villages et fermes, tuant cruellement civils et maquisards. Nombreux sont les lieux qui témoignent de cette histoire tragique, des combats et des actes de résistance : la grotte de la Luire 2 à Saint-Agnan-en-Vercors où furent tués les blessés et infirmières qui s’y étaient réfugiés, la cour et le mur des Fusillés 1 à La Chapelle-en-Vercors où de jeunes civils furent exécutés, la Nécropole de Vassieux-en-Vercors, les plaques com- mémoratives ou les croix ponctuant les montagnes, les cols ou les champs. D’autres sites remémorent l’implantation sur le plateau d’Ambel du premier camp de maquisards ou la proclamation de la République du Vercors en juillet 1944 à Saint-Martin-en-Vercors. Plusieurs lieux de mémoire rassemblés à Vassieux-en-Vercors racontent, avec des approches complémentaires, cette histoire : le Mémorial 3 situé au col de La Chau avec une scénographie vivante, le musée départemental de la Résistance à travers une collection d’objets réunis par l’ancien maquisard J. La Picirella, le Jardin de la mémoire conçu par l’artiste E. Saulnier évoquant les victimes civiles. Le parcours “Chemins de la Liberté”, qui sillonne le parc du Vercors, invite à découvrir tous ces sites et à avoir une autre lecture de ces splendides paysages. — CHRYSTÈLE BURGARD 38 39 — Autichamp — Village perché — SITE INSCRIT Dans le val de Drôme, le village d’Autichamp fait de ruelles et de petits jardins suspendus domine la vallée de la Grenette. Son nom latin Alticampus, les hauts champs, rappelle son caractère de village perché. Dès le XIe siècle, il fut le lieu d’implantation d’un prieuré bénédictin, désormais disparu, et d’une forteresse médiévale au nord du village : le château de Beaumont. Inscrit dans les anciennes fortifications, ce dernier s’organisait autour d’une cour intérieure, flanquée de deux grandes ailes au nord et au sud. Malgré les remaniements des XVIe et XVIIe siècles, une des deux tours à l’ouest subsiste. De la “vieille église” du XIVe siècle, il ne demeure que le clocher couvert de pierre. Le site naturel du village, pourvu de nombreuses sources et de roches, comporte de fortes pentes, particulièrement au sud. C’est sur ce versant qu’on peut admirer le jardin d’Autichamp de la fin du XVIe siècle. Conçu en trois terrasses, il offre un des rares exemples de jardin Renaissance de la région conservé en l’état. Parfois peu lisible, il ne manque pourtant pas de charme et d’intérêt. Une calade qui traverse le rempart sous la Porte de France le relie au village. Aux pieds du village, en empruntant l’ancienne route de pèlerinage qui passait par le prieuré Saint-Jean, on — Bourdeaux — Châteaux découvre le “pont de la fontaine qui bout” qui doit son nom à une source d’eau chaude proche. Ce pont de pierre daté entre les XIIIe et XVIe siècles est long de 33 m. Il est composé de trois arches lui permettant de franchir la Grenette. Les parapets en encorbellement sont construits sur une succession d’arcs reposant sur des corbeaux en pierre. L’abandon de cet axe de circulation et l’étroitesse de son tablier l’ont conduit progressivement à l’oubli. L’ancienne route de pèlerinage qu’il desservait laisse apparaître, par endroit, le pavement d’origine. — LISE TRUCHET / PIERRE SAPET Deux châteaux surplombent le village de Bourdeaux, conséquence des conflits qui opposèrent, entre 1180 et 1350 environ, les évêques de Die et les Poitiers, comtes de Valentinois. Le château supérieur, ancien bien des Poitiers, se présente sous la forme d’une tour-maîtresse, édifiée au centre d’une enceinte de plan polygonal. Celle-ci était flanquée par des tours circulaires dont deux sont encore en élévation. Une poterne et un passage aménagé en chicane dans l’enceinte, donnaient accès à l’ensemble. La tour, dont seul un pan de mur de 8 m de long a été conservé, s’élevait sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée, voûté en berceau et éclairé par un jour étroit, servait probablement de lieu de stockage. Le premier étage, également voûté et défendu au nord par une meurtrière, se distingue par sa large baie voûtée en plein cintre, dont l’archivolte ornée d’entrelacs et de palmettes rappelle celle du portail de l’église NotreDame-de-Sénisse de Rochebaudin, à quelques kilomètres à vol d’oiseau. Sans doute s’agissait-il d’une salle d’apparat réservée au seigneur et à ses hôtes. Le départ d’un deuxième étage se devine encore. L’ensemble des maçonneries est en petit appareil de moellons ; l’encadrement des ouvertures et les chaînes d’angle sont en pierre de taille. Du château inférieur, qui aurait été édifié par les évêques de Die, reste essentiellement un grand mur aveugle rattaché à l’enceinte du village que les habitants de Bourdeaux surnomment la “viale”. Des traces en négatif, bien visibles sur le parement nord, permettent de déduire qu’autrefois s’appuyait contre ce mur, une tour quadrangulaire charpentée sur trois niveaux. À partir de 1356, suite à un traité de paix conclu entre les deux partis, Bourdeaux relève seulement des évêques de Die et de Valence tandis que les comtes de Valentinois acquièrent l’ensemble de la seigneurie de Crest. Les deux châteaux de Bourdeaux semblent délaissés dès la fin du Moyen Âge. — MATHILDE TISSOT 3 1 2 40 41 — Châtillon-en-Diois — Cabanons de vigne À l'entrée de la plaine de Châtillon-en-Diois depuis Saint-Roman, on est frappé par la présence disséminée mais marquante dans le paysage de petits édifices 1 au milieu des parcelles de coteaux viticoles. Si la culture de la vigne est attestée au pied des pentes du massif du Vercors depuis la période médiévale, la construction de la plupart de ces cabanons semble dater environ de la fin du XIXe siècle. On observe plusieurs typologies sur le territoire du Diois, de la simple cabane à outils 3 jusqu'à un habitat saisonnier relativement confortable. Couvert d’un toit à deux pentes orienté vers l'aval, le modèle le plus caractéristique est construit sur deux niveaux 2 : au rez-de-chaussée, un local de stockage des outils et du matériel agricole, souvent équipé d’une mangeoire pour le cheval ou le mulet venu pour la journée ; à l'étage une pièce de vie accessible par un escalier extérieur, comportant un mobilier minimal (table, lit, chaises) et parfois une cheminée. L'ensemble se complète d’un système de récupération des eaux pluviales nécessaires aux traitements de la vigne et d’une citerne construite en amont du bâtiment. — Crest — La tour — CLASSÉE MH Généralement de facture modeste, nombre d’édifices offrent aux regards une belle qualité de construction, surprenante pour un simple bâtiment d’exploitation : encadrements en pierre de taille bouchardée, enduits colorés au lait de chaux notamment. Ces bâtiments, loin d’être en déshérence, font l’objet aujourd'hui de multiples rénovations de la part de leurs propriétaires. Leur impact paysager incite à porter une attention particulière à leur entretien et éventuellement à leur mutation vers d'autres usages. — BERNARD NAUDOT La tour de Crest est l’un des donjons les plus imposants de France. Cette puissante bâtisse de 53 m de haut, est édifiée en grand appareil de pierre de taille et réunit plusieurs systèmes de défense : mur bouclier, hourds, mâchicoulis, chemin de ronde crénelé, porte fortifiée et archères canonnières. Son architecture massive résulte de l’association de trois tours, reliées par des murs épais, dont les travaux s’échelonnèrent entre les XIIIe et XVe siècles. La première, dite tour vieille, fut élevée aux alentours de 1200, au sommet de la barre rocheuse qui borde, à l’ouest, le bourg de Crest. Elle se caractérise par son plan pentagonal et son parement à bossages, à la base. Au cours du XIIIe siècle, fut érigée la tour Neuve, véritable corps de logis s’élevant sur trois niveaux voûtés, divisés par un mur de refend et pourvu de deux belles cheminées. Les étages furent subdivisés postérieurement par des planchers sur solives. La tour du Croton, plus petite, qui forme l’angle sud-ouest de l’ensemble, flanque la porte d’entrée de la tour. Cette porte munie d’une herse, ouvre sur un vestibule à l’origine à ciel ouvert, recouvert par la suite d’un toit en terrasse puis par une charpente et une couverture de tuiles. La tour de Crest est au XIIIe siècle le donjon d’un vaste ensemble castral que se partagent les évêques de Die et la famille comtale des Poitiers. En marge des comtés de Diois et de Valentinois, le bourg fondé par les Arnaud de Crest avant 1120, est l’objet de conflits répétés entre la fin du XIIe siècle et le milieu du XIVe siècle. Les graffitis qui couvrent les murs de la Tour Neuve témoignent d’une période plus récente, celle de la transformation du donjon en prison, au début du XVIIe siècle tandis que le reste des bâtiments est détruit sur ordre royal, dans le contexte des guerres de Religion. Les derniers détenus furent transférés en 1852. La tour a été récemment aménagée et propose aux visiteurs un parcours associant respect du lieu et scénographie vivante. — MATHILDE TISSOT 4 2 1 3 42 43 — Die — Ville antique — ZPPAUP Ville prospère au tissu urbain fortement marqué par l’histoire, Die n’a cessé d’évoluer et de se transformer depuis l’Antiquité. D’abord simple bourgade située le long d’une voie de passage entre le Rhône et les Alpes à l’époque gauloise, elle obtient au Ier siècle de notre ère le statut de ville romaine et prend le nom de Dea Augusta Vocontiorum. Elle devient ensuite capitale des Voconces, puis au IIIe siècle, reçoit le titre de colonie. C’est à cette époque que sera construit le rempart 1, vaste enceinte venant clore la ville romaine et aujourd’hui seul monument romain encore en élévation (porte Saint-Marcel 2). Au IVe siècle, avec l’arrivée du christianisme, la ville se densifie autour de la cathédrale 3 (rue Emile Laurens). Die est le siège d’un évêché, et un quartier épiscopal 4 se développe en partie basse. Des églises sont élevées, comme l’église des Cordeliers ou l’église des Dominicains et les tours du rempart sont restaurées voire ajoutées (tour Sainte-Agathe). Entre le XVe et le XVIe siècle, Die connaît une période de prospérité, la ville médiévale se transforme. Des hôtels particuliers à l’architecture soignée (maison dite Diane de Poitiers) sont construits le long de ruelles étroites où l’on peut encore voir des linteaux décorés (quartier Saint-Vincent). — DIE — Abbaye de Valcroissant — CLASSÉE MH / SITE INSCRIT Les guerres de Religion vont marquer à leur tour l’architecture de la ville. Une académie protestante est créée rue du Collège. Puis sont installés les couvent des Ursulines et des Jésuites. La cathédrale, en partie détruite est restaurée en 1673. Au XVIIIe siècle, Die devient une importante ville de garnison où prospèrent de riches familles bourgeoises. Une activité liée à l’agriculture et à une économie rurale est encore lisible aujourd’hui à travers la présence de granges ou d’écuries en rezde-chaussée des maisons privées. Le XIXe siècle voit se développer l’industrie de la soie et la culture de la vigne. La ville s’étale hors les murs, les boulevards sont aménagés et une ligne de chemin de fer est ouverte. Reflet de l’histoire très dense, des collections d’archéologie sont présentées dans le musée de Die et du Diois et de nombreux éléments d’architecture sont encore visibles actuellement à travers la ville. — ANNE-MARIE CLAPPIER En novembre 1188, des moines cisterciens de l’abbaye de Bonnevaux furent envoyés à quelques kilomètres de la cité épiscopale de Die pour s’établir près d’un cours d’eau appelé Valcroissant. Dès 1568, et malgré le maintien du titre abbatial, l’abbaye de Valcroissant qui connut dès l’origine des difficultés financières, n’eut plus comme fonction que celle de ferme. La construction du monastère, échelonnée entre la fin du XIIe siècle et le XIIIe siècle, associe les formes caractéristiques de l’art roman et de l’art gothique. Les bâtiments conventuels de l’abbaye (dortoir, réfectoire, chauffoir) s’organisent autour du cloître, dont les galeries sans doute charpentées ont disparu. À l’est, une belle porte en arc brisé, flanquée de deux baies géminées en plein cintre, donne accès à la salle capitulaire couverte d’une croisée d’ogives. Au sud se trouve le réfectoire. Voûté en berceau brisé reposant sur des arcs doubleaux, il présente un bel ensemble de décors sculptés et peints datant des XIIIe et XIVe siècles, période d’apparition de l’art gothique dans la région. L’église abbatiale NotreDame, au nord, se compose d’une nef triple de deux travées, d’un transept saillant à quatre absidioles, et d’une abside centrale quadrangulaire. En raison de la pauvreté de la communauté, les choix de construction ont favorisé l’économie, ainsi les parements sont bâtis en petits moellons de calcaire local, et le plan initial fut modifié : suppression d’une travée de la nef, réaménagement du croisillon nord en sacristie et armarium (armoire). — MARIE ROCHETTE 2 1 3 44 45 — Luc-en-Diois — Le Claps — SITE INSCRIT Au pied du Pic de Luc, à un kilomètre au sud de Luc-en-Diois, un spectaculaire éboulement de rochers bouleverse en 1442 le tracé de la rivière Drôme et de la voie allant vers Gap. Ce glissement de terrain d’environ deux millions de m3 serait dû à un séisme ou à de mauvaises conditions météorologiques. En barrant le lit de la Drôme, il provoqua la formation de deux lacs. Le Petit Lac en aval et le Grand Lac en amont engloutirent villages (Luc, Rochebrianne… ), habitations, terres cultivées… Cet effondrement coupa également l’axe routier qui existait depuis l’époque romaine entre la moyenne vallée du Rhône, Gap et l’Italie du nord, obligeant les voyageurs à faire un détour par Lesches-en-Diois ou à passer par Valdrôme plus au sud. Les deux lacs furent peu à peu comblés et devinrent des marécages qui furent assainis et drainés, notamment au XVIIIe siècle par les Chartreux de Durbon. Puis au XIXe siècle, la route entre Die et le col de Cabre est réouverte, la voie de chemin de fer est construite ainsi qu’un tunnel et un viaduc qui surplombe la Drôme de plusieurs dizaines de mètres. Aujourd’hui, le marais des Bouligons, séparé du lit de la Drôme, témoigne de ce désastre et de la largeur de l’ancien Grand Lac. L’amoncellement chaotique sug- — Mirmande — Village historique — ZPPAUP gère encore toute la violence de cette catastrophe naturelle ; de gigantesques blocs de pierre semblent suspendus, prêts à s’ébouler au moindre souffle. Ce site naturel exceptionnel d’une superficie de 475 ha est un site inscrit depuis 1943 ; il est depuis deux siècles l’objet de curiosité de la part des touristes et des artistes tels Le May ou Alexandre Debelle. — CHRYSTÈLE BURGARD Le village de Mirmande 1 2 situé sur le long de la vallée du Rhône est par son implantation représentatif des villages perchés fortement inscrits dans le paysage. C’est un castrum qui est à l’origine du village, il se compose alors d’un château, d’une chapelle seigneuriale et de quelques habitations. Mentionné dès 1238, cet ensemble fortifié est propriété des Adhémar qui le cèdent à l’évêque de Valence. Au milieu du XIVe siècle le village se développe et un deuxième rempart, encore visible aujourd’hui, le délimite. Attenante au rempart sud, la tour, dite “tournelle” (XIIIe-XVe siècles) est la dernière tour ronde encore en place. Elle était reliée par un chemin de ronde à la Porte des Gaultiers 3 qui marquait l’entrée principale du village. Cette dernière était dotée d’une herse et d’un pont-levis. En haut du village, l’ancien logis seigneurial est devenu au XIIIe siècle l’église Sainte-Foy. Elle est surmontée d’un clochertour massif dont la partie supérieure est ajourée par quatre baies géminées ajoutées tardivement. La large façade s’ouvre sur un portail dont le style de l’encadrement est à rapprocher du XVe siècle. A l’intérieur, l’église se présente sous la forme d’une halle quadrangulaire de trois travées prolongée par un chœur gothique (fin du XIIIe siècle) voûté d’ogives orné à la clé de voûte d’un Agneau pascal. À partir du XVIIe siècle le village s’agrandit hors les murs. Mais c’est au XIXe siècle que la commune se développe avec la sériciculture qui fait vivre près de 3 000 personnes. L’entrée nord du village conserve les traces de magnaneries et d’autres constructions (lavoir, chapelle,…) témoignant de la vitalité économique et sociale de la commune à cette période. Avec le déclin de cette activité le village est peu à peu déserté. En 1924, le peintre André Lhote installé à Paris découvre Mirmande par hasard. Séduit par la physionomie et le cadre naturel du site, il s’installe dans le village avec son académie d’été de peinture et contribue avec ses élèves à sa renaissance et à sa sauvegarde. — PIERRE SAPET DRÔME PROVENçALE 2 1 3 46 — Saoû — Forêt et auberge des Dauphins — SITE CLASSÉ Élément incontournable du patrimoine naturel de la Drôme, la forêt de Saoû 1 recouvre les pentes d’un synclinal perché, massif calcaire dont la formation a commencé il y a environ 80 millions d’années. Celui-ci s’étire sur 13 km d’est en ouest entre les Trois-Becs et Roche Colombe formant une sorte de vaisseau dont les rebords culminent à 1 589 m. Protégées par ce relief étroit et peu ouvert, la faune et la flore y sont abondantes. Les espèces végétales et animales de type alpin ou montagnard côtoient celles originaires des pays méditerranéens. On peut observer des chamois, des lièvres variables,… et plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux, dont le pic noir, le circaète ou l’aigle royal. L’homme s’y installa dès la préhistoire. Des fouilles ont révélé une occupation depuis le Néolithique jusqu’à l’âge du Fer sur l’oppidum de Cissac et au Pas de l’Estang. Au cours des siècles, malgré les changements de propriétaires, la forêt est restée un lieu de ressources et de refuge pour les Saoûniens. En 1924, à l’occasion d’un voyage dans la région, Maurice Burrus, fils d’un industriel fortuné, décide d’acheter la forêt de Saoû. Il plante de nouvelles essences (pins noirs d’Autriche, cèdres de l’Atlas, etc..), instaure l’exploitation du bois et décide de créer un circuit touristique en aménageant un chemin de 28 km, jalonné d’aires de pique-nique. Il confie à partir de 1930 à Paul Boyer la construction d’une auberge 2. Celui-ci s’inspirant du petit Trianon conçoit une architecture qui allie la technicité du béton et la rigueur de l’architecture du XVIIIe siècle. Les décors intérieurs 3 sont fastueux et de nombreuses fêtes sont organisées, mais Maurice Burrus se tourne bientôt vers d’autres occupations. Après sa mort en 1959, l’auberge est plus ou moins bien entretenue par ses propriétaires successifs. Aujourd’hui, la forêt est la propriété du Département de la Drôme, des mesures de conservation ont été réalisées pour préserver le bâti. — ANNE-MARIE CLAPPIER 2 1 3 48 49 — Buis-lEs-Baronnies — Bourg historique — SITE INSCRIT Le village du Buis a conservé nombre de vestiges de son passé, et notamment de la fin du Moyen Âge. A cette époque, il était la capitale des Baronnies, terres détenues par les barons de Mévouillon. Le village était ceint d’un rempart connu dès 1230. Il eut dans un premier temps un tracé réduit, englobant la partie haute du bourg. Quelques décennies plus tard, il fut agrandi du côté oriental de l’actuelle place du Marché. Cet aménagement résulte d'un besoin d’étendre le bourg et de le protéger à la fois contre les attaques ennemies et les crues de l'Ouvèze. Encore bien visible, l’enceinte se présentait alors doublée d'un fossé, et cantonnée de tours : tour du Saffre, la plus ancienne de plan quadrangulaire, tours circulaires de la Gendarmerie 1, de l’office du tourisme, de la porte des Frères Prêcheurs. Par ailleurs le rempart était percé de deux portes, celle du Marché et celle des Frères. Deux autres furent construites au XVIIIe siècle (portes de Beauvoisin et Neuve). À l’intérieur de l’enceinte, le village s’organise en quartiers. Le quartier haut, au nord-ouest, abritait le château, dans les murs duquel prenait place le couvent dominicain, et à proximité celui des Ursulines 3 et l’église des Pénitents (XVIe-XVIIe siècles). L’église paroissiale Notre-Dame-de-Nazareth — Grignan — Château-musée — INSCRIT MH / CLASSÉ MH et Saint-Trophime fut bâtie au XIIIe siècle, puis remaniée aux XVIIe et XIXe siècles. Dans les autres quartiers, l’artisanat est très présent grâce à un réseau de canaux alimentant moulins et tanneries depuis le XIIIe siècle. On portera une attention particulière à la rue de la Conche, dont on peut voir d’anciennes maisons et le tracé primitif de l’enceinte, à la rue du Malgarni, avec ses passages couverts et ses vieilles maisons, à la rue des Juifs. A l’est, la place du Marché se distingue par ses belles maisons du XVe siècle sur arcades 2. — MARIE ROCHETTE Construit sur un plateau dominant la plaine, le château de Grignan, tel qu’on le voit aujourd’hui, a subi maints remaniements au cours des siècles. Grâce à la réalisation de plusieurs campagnes de fouilles, l’évolution des constructions a pu être étudiée. D’abord propriété de la famille de Grignan, l’ensemble castral passe, dans la seconde moitié du XIIe siècle, aux mains des Adhémar. Le château fort joue avant tout un rôle de protection et de défense. Entre le XVe siècle et le XVIIe siècle, le château connaît d’importants changements. Son propriétaire, Gaucher Adhémar, crée la “galerie des Adhémar” et agrandit le corps de logis. Son fils Louis fait édifier la collégiale Saint-Sauveur et achève les travaux autour de la cour du puits et sur la cour d’honneur. L’ancien château médiéval se transforme alors en une demeure prestigieuse d’architecture Renaissance. Suite au mariage de François de Castellane-Adhémar avec Françoise-Marguerite en 1669, la marquise de Sévigné, mère de celle-ci, entreprend une abondante correspondance et fait plusieurs séjours au château où elle meurt le 17 avril 1696. Elle assiste à la construction de l’aile des Prélats, conçue d’après les conseils de l’architecte Jules Hardouin-Mansart. Pauline de Simiane, petite-fille de la marquise, ne peut assurer la succession et est contrainte de vendre le château et ses terres. À la révolution, les bâtiments sont en partie détruits et le mobilier pillé. En 1838, il est acheté par Léopold Faure, citoyen aisé de Grignan, qui tente de le restaurer et de rassembler le mobilier d’origine. Mais le château est malheureusement de nouveau abandonné jusqu’en 1912, date à laquelle il est acheté par Madame Fontaine qui entreprend, par admiration pour la marquise, la reconstruction complète du château. Acquis en 1979 par le Conseil général de la Drôme, le château est maintenant un musée de France, dans lequel on peut voir une collection de peintures et d’arts décoratifs des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Il est aussi un lieu de spectacle où sont présentés les fêtes nocturnes, des concerts ainsi que des rencontres littéraires. — ANNE-MARIE CLAPPIER 1 3 1 3 2 2 50 51 — La Garde-Adhémar — Village perché et Val des Nymphes — SITE INSCRIT Perché sur son rocher calcaire, le village de La Garde-Adhémar 1 offre un belvédère sur toute la partie ouest du Tricastin comprenant la plaine de Pierrelatte, le canal de Donzère-Mondragon, le complexe nucléaire, l'autoroute A7, la ligne TGV Méditerranée, puis les montagnes du Vivarais au-delà du fleuve. Sa qualité de place forte médiévale a beaucoup marqué la construction du village. Ce site protégé s'organise en ruelles et en passages voûtés qui donnent accès à des maisons anciennes dont l'authenticité a été conservée. Mais surtout le village reste enserré dans son double rempart pourvu de tours et d'un beau portail au nord. La première enceinte, réduite, entoure à l’extrémité sud de l’éperon rocheux les vestiges du château féodal encore mal connu, ainsi que l'église SaintMichel, ancienne chapelle castrale qui surplombe le charmant jardin des plantes aromatiques et médicinales 2. Avec son clocher octogonal, l'église paroissiale actuelle présente un bel exemple de l'art roman provençal du XlIe siècle. Son originalité réside dans ses deux absides opposées à l'est et à l'ouest. Restaurée au XIXe siècle, elle est classée Monument historique en 1862. Au sud de l'église, la chapelle des Pénitents blancs, occupée par la confrérie aux XVIIIe et XIXe siècles, conserve des fenêtres géminées romanes, témoins de l’une des belles demeures médiévales de cette première enceinte. À l'angle sudest de la deuxième enceinte médiévale, les vestiges du château d'Antoine Escalin rappellent l'existence d'un château d'époque Renaissance dont la splendeur aurait égalé celle de Grignan. En s'éloignant du village, on découvre un lieu enchanteur à 2 km : le Val des Nymphes 3. La découverte d'un autel votif dédié au culte antique des Nymphes Mères, désormais conservé dans l'église Saint-Michel, atteste de l'occupation très ancienne du site. Important centre d’habitat au Haut Moyen Âge, il accueillait quatre églises. Il subsiste actuellement l'église priorale Notre-Dame-des-Nymphes du Xlle siècle, date à laquelle le bourg castral de La Garde-Adhémar commence à être préféré à ce site primitif. Délaissée et dégradée au XIXe siècle, l'église est restaurée au XXe siècle. — LISE TRUCHET / FRANÇOISE ET BERNARD HERNANDEZ — Montbrun-lEs-Bains — Village perché et thermalisme — SITE INSCRIT À deux pas du mont Ventoux, Montbrun dresse les façades longilignes de ses maisons à flanc de coteau. Le village 1 2, perché à 620 m d’altitude, domine une plaine verdoyante rafraîchie par le Toulourenc et l’Anary et jouit d’un climat sec et doux propice au thermalisme. Ce “monde privilégié” attira l’homme dès la préhistoire mais ce sont les Romains qui exploitèrent les vertus des sources sulfatées-calciques comme en témoigne un canal de captation creusé dans la roche des gorges d’Aulan. Le village s’organise en trois parties principales qui correspondent à différentes périodes de construction. La basse ville composée de constructions du XIXe siècle s’articule autour d’une rue principale le long de laquelle se trouvent commerces et belles demeures. La ville moyenne suit la rampe d’accès abrupte qui conduit à la cité ancienne délimitée par la porte du beffroi, protégeant le rempart du XIVe siècle. De l’autre côté de ce dernier, le tissu urbain est composé d’un dédale de calades conduisant vers l’église Notre-Dame, les fontaines environnantes, ou encore l’ancienne porte d’honneur du château dont les vestiges couronnent le village. Démantelé en 1560 par les troupes royales, ce château fut reconstruit en 1564 par Charles Dupuy Montbrun compagnon d’armes du baron des Adrets. Embelli au fil des siècles, il fut pillé à la Révolution. On peut admirer encore aujourd’hui le corps de logis principal et ses fenêtres à meneaux, agrément de la Renaissance, ainsi que les tours rondes, vestiges des éléments de défense d’une demeure à l’origine fortifiée. Au XIXe siècle, au moment de la grande vague de thermalisme, les deux sources sulfureuses de Montbrun sont exploitées à l’échelle d’une station thermale. Ainsi en 1865 le marquis d’Aulan, écuyer de Napoléon III, fait édifier aux Gipières un établissement thermal 3 s’inspirant, dit-on, des plans des thermes de Baden-Baden dans la plaine du Rhin. Le parc serait la réplique de celui du château familial en Seine et Oise. L’Empereur était attendu pour inaugurer les lieux mais les événements de 1870 le contraignirent à l’exil. La station poursuivit toutefois sa destinée et devint un lieu de référence médicale, mais également de mondanité accueillant jusqu’en 1913 plus de 2 000 curistes par an. Le thermalisme s’éteint peu après la Première Guerre mondiale et c’est à partir des années 1970 que la commune décide de le relancer. Depuis, l’activité s’est développée. — PIERRE SAPET 52 53 — Montélimar — Château des Adhémar — CLASSÉ MH Situé sur le Petit Mont (ou Monteil) au confluent du Jabron et du Roubion, le château des Adhémar domine la ville de Montélimar, ou Acunum, ancienne bourgade gallo-romaine, établie le long de la voie Agrippa reliant Lyon à la Méditerranée. Du premier château, une motte féodale, il ne reste rien si ce n’est une butte à l’entrée du site. L’édifice le plus ancien que l’on peut voir aujourd’hui est la chapelle Saint-Pierre, dite Sainte-Guitte, datée du XIe siècle. Ses caractères architecturaux l’apparentent au premier art roman méridional. Le logis seigneurial, quant à lui, a été construit au XIIe siècle par Géraud Adhémar de Monteil. Ce bâtiment présente des éléments architecturaux exceptionnels pour cette période, en particulier une salle d’apparat dotée de vastes proportions : 7 m de large, 18 m de long et 6 m de haut. Elle est éclairée à l’ouest par une série de fenêtres à arcatures richement décorées se prolongeant sur les façades d’une loggia. Un escalier monumental abrité par une arche dessert les différents étages. La tour de Narbonne ainsi que le mur d’enceinte ont été construits plus tard, suite à une scission entre les deux frères, Géraud et Lambert Adhémar. Du donjon situé dans l’angle nord-est de l’enceinte, — Montjoyer — Abbaye Notre-Dame-d’Aiguebelle un escalier à vis permet d’accéder au chemin de ronde d’où l’on peut avoir une vue très étendue sur les Préalpes drômoises et la vallée du Rhône. De 1340 à 1383, les droits sur le château et la ville sont achetés par la papauté. Il devient ainsi pour quelques années, le château des papes. Pendant les guerres de Religion, il sert de réduit à la défense de la ville. Il subit alors de nombreuses transformations. Il devient une citadelle bastionnée, adaptée à l’usage des armes à feu, des canons et des nouvelles techniques militaires d’alors. Au XVe siècle il est transformé en prison et le restera jusqu’en 1926. Il est acheté par le Département de la Drôme en 1947. — ANNE-MARIE CLAPPIER Situé au cœur d’un vallon où se croisent trois rivières, le monastère d’Aiguebelle (Aqua Bella) est créé en 1137 sur des terres qui sont données par le seigneur de Rochefort-en-Valdaine, Gontard Loup. Venus de Morimond en Champagne, ces moines cisterciens et bénédictins soucieux d’appliquer la règle de saint Benoît, construisent au XIIe siècle un ensemble de bâtiments : cloître, église, chapitre, scriptorium, réfectoire. Sont associées au monastère des granges, centres d’exploitation agricole qui étaient utilisés par les frères convers, religieux chargés d’aider les moines dans la gestion temporelle. Dès la fin du Moyen Âge, les difficultés s’enchaînent et les vocations diminuent au cours des siècles. Des bâtiments sont en partie démolis : la moitié de l’église abbatiale, trois galeries du cloître, le dortoir des moines. Enfin, en 1791, les révolutionnaires chassent les trois derniers moines. Abandonné quelque temps, le monastère est racheté en 1815 grâce à la générosité du comte de Broutet, et des moines trappistes s’attachent à le faire revivre. Plus de 230 religieux occupent les lieux au XIXe siècle ; de nouveaux bâtiments sont alors construits et les moines cherchent à augmenter leurs revenus grâce à la création d’une filature, d’une chocolaterie, d’une distillerie de liqueurs et de sirops. Aujourd’hui, seuls les abords du monastère et l’église abbatiale peuvent se visiter afin de respecter la vie cloîtrée de la communauté monastique. L’église construite selon un plan en croix latine est composée d’une nef de trois travées sur deux niveaux, d’un transept donnant sur un sanctuaire fermé par une abside en cul-defour. Autour d’elle s’articulent les différents corps de bâtiments : l’aile des moines, l’aile des convers, le cloître. En partie détruite au XVIe siècle, l’église est restaurée aux XVIIIe et XIXe siècles et la façade occidentale est reconstruite en 1992. — CHRYSTÈLE BURGARD 1 2 2 3 1 54 55 — Nyons — Savonnerie, moulins et scourtinerie Installée au pied du versant sud de la montagne des Vaux, au débouché de la vallée étroite et sinueuse de l’Eygues, la ville de Nyons a connu de nombreuses évolutions. Bien que très mal connue, la découverte de mobilier archéologique atteste de l’existence d’une ville romaine. Au Moyen Âge, elle s’installe sur les pentes du Devès autour de l’église Saint-Vincent et du prieuré dépendant de Saint-Césaire d’Arles. Durant le XIVe siècle, elle connait un essor économique important incitant les activités artisanales regroupées notamment autour de la place des Arcades, à quitter le centre médiéval devenu trop exigu pour s’installer près du pont roman. Un nouveau quartier se crée hors des fortifications en direction de la rivière. Plusieurs activités témoignent encore aujourd’hui de cette prospérité. Au pied du pont, sur le canal de la grande prairie, se trouvent en particulier les vieux Moulins ou moulins Autrand 1 2. D’abord savonnerie au XVIIIe siècle, ils servirent ensuite à la fabrication d’huile d’olive. Utilisant dans un premier temps la force hydraulique associée à la force animale, ils sont ensuite équipés d’une roue à aube de 3,60 m de diamètre. Au XIXe siècle lors de leur dernière phase d’utilisation, leur propriétaire fait installer un moteur électrique. Lié à la fabrication d’huile d’olive, le scourtin, sorte de filtre (du provençal escourtin : cabas, panier plat), était employé dans les presses pour extraire l’huile de la pâte d’olives issue du broyeur. D’abord fabriqué en alfa, il est ensuite remplacé par la fibre de coco, matière plus résistante à la traction. Aujourd’hui, la scourtinerie Fert 3, créée en 1880, située dans une ancienne filature dans le quartier de la Maladrerie, est la seule entreprise à continuer la fabrication du scourtin. — ANNE-MARIE CLAPPIER — Poët-Laval (le) — Village historique Le village fortifié de Poët-Laval est édifié à flanc de colline au-dessus de la vallée du Jabron à quelques kilomètres de Dieulefit. Il est dominé par un château dont l’imposant donjon 1 du XIIe siècle est attribué à l’Ordre des Chevaliers hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. En contrebas se trouve la chapelle Saint-Jean-des-Commandeurs dont le clocher fait corps avec le rempart. À partir du XIIIe siècle le village se développe sous la protection du château. Au cours des XVe et XVIe siècles, Poët-Laval connait un important développement avec l’extension du vieux château et la construction du salon des Commandeurs à l’angle sud-ouest des remparts. Le donjon est doté d’éléments d’agrément comme en témoignent la fenêtre à double ogive et le pigeonnier coiffant l’édifice. Cette période est également celle d’une intense reconstruction qui fait suite à un incendie qui ravaga en 1450 une partie de la commune. Le XVIe et XVIIe siècles sont marqués par les guerres de Religion. Poët-Laval connaît plusieurs sièges et à la fin du XVIe siècle les Commandeurs quittent le lieu pour s’établir à Montélimar. Au cours du XIXe siècle le vieux village est abandonné au profit de la vallée de Gougne et une nouvelle vie économique et sociale se développe. L’activité potière, présente de longue date entre Dieulefit et Poët-Laval, connaît son apogée en 1833 avec 52 poteries employant près de 900 ouvriers. En 1889, alors que la poterie utilitaire est concurrencée par l’introduction de nouveaux matériaux (plasturgie, fer galvanisé…), Jules Coursange crée une entreprise familiale de faïencerie qui transformera et modernisera les procédés techniques. Quelques années plus tard Sully Bonnard puis le peintre et céramiste Etienne Noël enrichiront le répertoire des modèles et des couleurs. La poterie de la grande cheminée s’inscrira dans cette tradition de poterie vernissée culinaire 2. Aujourd’hui le château de PoëtLaval a retrouvé une partie de sa silhouette et de son prestige d’antan. Le musée du Protestantisme dauphinois, le Centre international d’art et d’animation Raymond Dupuis ainsi que les actions de la commune contribuent à l’animation culturelle du vieux village. — PIERRE SAPET 56 57 — Sainte-Jalle — Église Notre-Dame-de-Beauvert — INSCRITE MH À seize kilomètres de Nyons se trouve le bassin de l’Ennuye abritant le village de Sainte-Jalle. Ce site est entouré d’un large cirque dessiné par de moyennes montagnes au delà desquelles se trouvent, au nord, la vallée de l’Eygues et au sud la vallée de l’Ouvèze. Cette situation privilégiée favorise dès l’Antiquité, et sans doute avant, l’implantation des hommes sur ce territoire. Au sud, un peu à l’écart du village, se trouve l’église Notre-Dame-de-Beauvert. Anciennement dédiée à sainte Galle, cette église romane de la fin du XIIe siècle a succédé à plusieurs édifices religieux appartenant à l’Antiquité et au Haut Moyen Âge. Elle est le siège d’un prieuré clunisien du diocèse de Sisteron jusqu’au début du XVe siècle. Construite d’après un plan basilical elle est dotée d’une nef unique de trois travées et d’un transept ouvrant sur trois absides semi-circulaires. La nef voûtée en plein cintre est rythmée par des arcs doubleaux retombant sur des pilastres aux impostes décorées de motifs géométriques. Dans l’abside centrale se développe une arcature aveugle sur laquelle reposent des chapiteaux à feuillage stylisé. La belle alternance de la couleur des claveaux dans la voûte témoigne de l’influence de l’architecture lombarde et alpine. A l’extérieur, l’édifice se distingue par l’harmonie des volumes de son chevet. Cet équilibre est partiellement rompu par un clocher-tour massif correspondant à un ajout tardif. Le portail sculpté de la façade occidentale témoigne d’une certaine recherche architecturale. Les archivoltes en plein cintre s’inspirent des décors antiquisants de la vallée du Rhône (oves, feuilles d’acanthe…), tandis que le tympan présente une composition plus rustique dont les figures sont supposées faire référence aux thèmes du Bien et du Mal. Par son plan, son appareillage, ses proportions et la qualité de sa décoration l’église Notre-Dame-de-Beauvert à SainteJalle est sans doute l’un des plus beaux édifices de l’architecture romane de la Drôme et de l’arrière-pays provençal. — PIERRE SAPET — Saint-Paul-Trois-Châteaux — Église-cathédrale Notre-Dame — CLASSÉE MH La ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux a connu de nombreuses occupations dès la préhistoire comme l’attestent les vestiges mis au jour lors de travaux d’aménagement et les différents états de construction qui composent le tissu urbain actuel. Ancienne capitale romaine du Tricastin connue sous le nom d’Augusta Tricastinorum, elle devint à l’époque paléochrétienne, le siège d’un évêché. Située dans le centre, l’ancienne cathédrale Notre-Dame et Saint-Paul est l’un des édifices les plus remarquables de la ville par sa volumétrie, ses décors et la qualité de sa mise en œuvre. Elle est un des plus beaux exemples d’architecture romane provençale. Sa construction débuta dans le premier tiers du XIIe siècle, dans un secteur funéraire du Haut Moyen Âge, peut-être à l’emplacement de la basilique abritant la tombe de saint Paul. Grâce à l’étude des élévations, les différentes phases de construction ont pu être mises en évidence. Ce sont les absides, à l’est, qui furent élevées en premier, puis la nef, enfin la façade occidentale, terminée au début du XIIIe siècle. Ses façades extérieures sont d’une grande sobriété. Les parements sont construits en moyen appareil très soigné sur lesquels on peut voir de nombreuses marques de tailleurs de pierre. D’une longueur de 28 m et d’une largeur de 24,90 m, la nef de trois travées est accompagnée de deux collatéraux. Elle est couverte d’une voûte en berceau renforcée d’arcs doubleaux. Des sculptures ainsi que des peintures des XIVe et XVe siècles ornent plusieurs arcs et piliers. La croisée du transept, sur laquelle s’ouvre une abside et deux absidioles, est couverte d’une coupole octogonale sur trompes. Derrière l’autel majeur, on peut voir une mosaïque romane, mise au jour au cours de travaux de restauration. Elle ornait l’ancien presbyterium, lieu où l’évêque pouvait réunir le chapitre. En partie démolie lors des guerres de Religion, elle fut restaurée à plusieurs reprises dans le courant du XVIIe siècle. A la Révolution, elle devient église paroissiale et est classée Monument historique en 1841 suite au passage de Prosper Mérimée. — LISE TRUCHET / ANNE-MARIE CLAPPIER 3 1 2 58 59 — Saint-Restitut — Village et carrières Au cœur du Tricastin, à 242 m d’altitude, sur un plateau rocheux bordé par Saint-Paul-Trois-Châteaux et Bollène, est installé le village de Saint-Restitut 1. Celui-ci s’organise à l’intérieur d’anciens remparts, dont il reste quelques beaux vestiges. Quelques demeures sont construites dans un bel appareillage comme la maison de la Tour (inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques), d’autres plus modestes sont faites de simples moellons mais toutes ont utilisé la pierre locale. Celleci a été extraite des carrières toutes proches qui ont fourni la matière première, la pierre du Midi, dont l’exploitation a perduré depuis l’Antiquité jusqu’au début du XXe siècle. Sur une des places du village, a été construite au XIe siècle une haute tour carrée de deux étages qui probablement abritait la dépouille du saint Restitut. Elle possède sur ses trois faces extérieures, une très belle frise composée de carreaux sculptés en taille de réserve représentant le Christ, l’Agnus Dei, les symboles des évangélistes ainsi que des animaux ou personnages médiévaux. A ses pieds, a été construite une église 2 classée Monument historique en 1840, dont la simplicité est représentative de l’architecture romane. L’entrée, située au sud, est abritée par un — SuZe-la-Rousse — Château et sa garenne — SITE INSCRIT / CLASSÉ MH porche placé entre deux contreforts dont la composition est inspirée de l’architecture antique : arc en plein cintre surmonté d’un fronton supporté par deux demi-colonnes cannelées ornées de chapiteaux. L’intérieur est composé d’une nef unique voûtée en berceau brisé et d’une abside en demicercle couverte d’une demi-coupole en culde-four. À l’extérieur du village, sur un promontoire dominant la plaine, on peut aussi voir la très belle chapelle du SaintSépulcre 3 (classée Monument historique) construite au tout début du XVIe siècle par Guillaume Adhémar, évêque de Saint-PaulTrois-Châteaux, à son retour de pèlerinage en Terre sainte. De petite dimension, elle est de plan hexagonal et offre un bel appareillage en pierre de taille. — ANNE-MARIE CLAPPIER Edifié sur un rocher, à l’extrémité est d’une colline dominant la vallée du Lez, le château de Suze-la-Rousse domine, à 133 m d’altitude, le village construit à ses pieds. La garenne, parc boisé en majorité de chênes verts d’une superficie de 22 ha environ, lui est attenante. Cet ancien oppidum, lieu stratégique de défense, était déjà occupé à l’âge du Fer (IIe-Ier siècles avant J.-C.) et faisait partie, avec le site de Barry, d’une série d’oppida répartis le long du Lez sur les communes de Chamaret, Montségur-surLauzon et Grignan. La présence d’une enceinte est probable. Le château est cité pour la première fois en 1272. Il est alors la propriété de la famille des Baux, Princes d’Orange. En 1426, il passe par mariage à Louis de la Baume-Suze et restera dans la famille des la Baume-Suze jusqu’à la mort de la marquise de Bryas, en 1958. Il est alors cédé à l’association des orphelins apprentis d’Argenteuil qui le met en vente aux enchères en 1965, faute de moyens pour l’entretenir. Il est au Moyen Âge une puissante forteresse protégée par de hauts murs et cernée de douves sèches. Au XVIe siècle, avec François de la Baume, il connaît d’importants travaux. La cour d’honneur est entièrement aménagée, des galeries à arcades sont créées au rez-de-chaussée, les façades sont percées de fenêtres organisées selon les ordonnances classiques. Le château fort se transforme en une demeure prestigieuse de la Renaissance. C’est durant cette même période, en prévision de la visite de Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis, qu’est construit un jeu de paume à l’entrée sud du château. D’autres éléments sont visibles dans la garenne comme la chapelle SaintMichel, un pigeonnier et une glacière dont l’utilisation reste encore énigmatique. Le château et le parc sont achetés en 1965 par le Département de la Drôme qui assure leur restauration, leur entretien et leur valorisation à travers des expositions temporaires et des spectacles. Le château est également occupé par l’Université du Vin qui accueille étudiants et professionnels, en lien avec la production viticole du Tricastin. — ANNE-MARIE CLAPPIER 3 2 1 2 1 3 60 61 — Taulignan — Village fortifié Situé entre Grignan et Nyons, Taulignan 1 est un ancien bourg castral datant du XIIIe siècle qui appartenait au seigneur Bertrand de Taulignan, vassal du baron de Montauban. Ce village s’est constitué autour du château féodal détruit en 1793, dont il reste une salle de garde voûtée transformée en lavoir, et autour de l’église Saint-Vincent, de style roman, autrefois prieuré des Augustins. D’une longueur de 700 m, son enceinte, mentionnée dès 1285 dans la charte des franchises, est composée de onze tours, semi-circulaires et carrées, et de portes fortifiées. Située au nord, la porte d’Anguille 2 est encadrée de deux tours reliées par une galerie et a conservé son aspect défensif. Ces fortifications encerclent des ruelles étroites et des habitations aux façades Renaissance et Classique remarquablement ornées d’arcs en accolade, de larmiers, de linteaux décorés... Au XIXe siècle, le bourg s’est étendu au delà des remparts. Magnaneries et filatures ont été construites le long du canal Saint-Martin et de la rivière Riaille à l’époque de l’essor de la sériciculture et du développement de l’industrie textile, comme l’évoque le musée de la Soie à travers ses outils et machines présentés dans une muséographie et une architecture contemporaines. — La pierre, du paysage à l’architecture Taulignan est également marqué par une forte implantation protestante. Le village accueille un temple 3 dès 1601, détruit puis reconstruit en 1868 hors remparts. Sa grande particularité réside dans sa forme en rotonde, dont il est l’un des rares exemples en France. On remarque également son bel appareil régulier et sa petite entrée ornée d’un oculus central. Sa coupole rehaussée s’appuie sur quatre piliers dotés d’inscriptions des Évangiles. — LISE TRUCHET Des calcaires blancs aux marnes noires, les paysages de la Drôme témoignent d’une grande variété géologique qui se traduit par des falaises, des canyons, des plissements, des cluses… Cette richesse, constituée par la pierre, a été exploitée par les hommes depuis la préhistoire comme par exemple les premiers artisans qui ont taillé le silex autour de Vassieux-en-Vercors pour en faire des outils et des armes. Depuis, la pierre a été mise en œuvre, ramassée, maçonnée, taillée, sculptée… par des paysans ou des artisans spécialisés. Son utilisation prend des formes différentes selon le territoire. Ainsi dans la Drôme provençale et plus particulièrement dans les Baronnies, les calcaires gréseux, marneux ou les safres sont ramassés (épierrage) pour dégager des terres agricoles sur des terrains en pente et limiter le ravinement. Des murets en pierre sèche sont construits et forment des terrasses destinées aux plantations d’oliviers ou d’arbres fruitiers, à Montbrunles-Bains 1, La Roche-sur-le-Buis, Sahune ou Venterol. Plus au sud à Ferrassières 2, les pierres ont été utilisées pour construire des cabanons ou bories pour l’usage temporaire des bergers, des cultivateurs ou des chasseurs. Réalisés en pierre sèche et fermés par une coupole en encorbellement, ils comportent une à trois cellules qui sont alors accolées. Vers Salles-sous-Bois, Taulignan et Rousset-les-Vignes, de grandes dalles sont plantées verticalement et servent de muret de clôture d’une parcelle et de soutènement d’une route. Dans le Tricastin, à Saint-Restitut 3 et à Saint-Paul-Trois-Châteaux, la pierre calcaire blanche ou pierre du Midi a été exploitée depuis la préhistoire mais c’est au XIXe siècle que les carrières connaissent une activité intense avec l’essor industriel. Les carriers extrayaient les blocs de pierre dans les galeries et les puits à ciel ouvert. Destinés à la construction de bâtiments publics et au décor sculpté, ces blocs étaient ensuite expédiés à Lyon, Marseille, Genève… grâce à la voie ferrée allant jusqu’à Saint-Paul-Trois-Châteaux. Actuellement, ces architectures de pierre — terrasses, bories et carrières avec leurs fronts de taille — sont menacées de disparition faute d’entretien alors qu’elles sont les témoins d’activités anciennes ou d’une parfaite adaptation à l’environnement. — CHRYSTÈLE BURGARD ADRESSES UTILES INDEX DES COMMUNES 62 63 DrÔme — COMMISSION DIOCÉSAINE D’ART SACRÉ (CDAS) Région Rhône-Alpes — CONSERVATION DU PATRIMOINE DE LA DRÔME (CPD) C/O M. ET MME VALETTE 25 CÔTE DES CORDELIERS 26100 ROMANS-SUR-ISÈRE TÉL / FAX : 04 75 05 12 24 MAIL : [email protected] — PATRIMOINE RHÔNALPIN 2 RUE ANDRÉ LACROIX 26000 VALENCE TÉL : 04 75 79 27 17 FAX : 04 75 56 36 21 MAIL : [email protected] Mise en œuvre de la politique patrimoniale du Conseil général et contribution à la politique culturelle et à l'aménagement du territoire. Champs d'intervention : patrimoine immobilier et mobilier, aussi bien historique, architectural, archéologique, artistique, ethnologique que paysager. Principales missions : étude, inventaire, documentation ; conservation, restauration, enrichissement ; valorisation, animation, sensibilisation ; publication et diffusion. Rôle de conseil et d'assistance aux communes, aux communautés de communes, aux privés, aux associations patrimoniales, aux musées... ; rôle de coordination et de mise en réseau des différents acteurs du patrimoine. Intervention plus spécifique sur trois secteurs : les châteaux départementaux, le musée départemental de la Résistance de Vassieux-en-Vercors, la conservation des antiquités et des objets d’art. — CONSERVATION DES ANTIQUITÉS ET OBJETS D’ART (CAOA) 2 RUE ANDRÉ LACROIX 26000 VALENCE TÉL : 04 75 79 27 17 FAX : 04 75 56 36 21 MAIL : [email protected] [email protected] — CONSEIL D’ARCHITECTURE, D’URBANISME ET D’ENVIRONNEMENT (CAUE) 44 RUE FAVENTINES BP 1022 26010 VALENCE CEDEX TÉL : 04 75 79 04 03 FAX : 04 75 79 04 17 — FONDATION DU PATRIMOINE C/O MME CHARIGNON SAINT-FERRÉOL 26400 CREST TÉL : 04 75 76 79 02 MAIL : [email protected] [email protected] — SERVICE DÉPARTEMENTAL DE L’ARCHITECTURE ET DU PATRIMOINE (SDAP) 57, GRANDE RUE 26000 VALENCE TÉL : 04 75 82 37 70 FAX : 04 75 82 37 71 — SOCIÉTÉ DE SAUVEGARDE DES MONUMENTS ANCIENS DE LA DRÔME 25 CÔTE DES CORDELIERS 26100 ROMANS-SUR-ISÈRE TÉL / FAX : 04 75 05 12 24 MAIL : [email protected] — VALENCE VILLE D’ART ET D’HISTOIRE (VVAH) MAISON DES TÊTES 57 GRANDE RUE 26000 VALENCE TÉL : 04 75 79 20 86 FAX : 04 75 82 83 42 5 PLACE DE LA BALEINE 69005 LYON TÉL : 04 72 41 94 47 MAIL : [email protected] — DIRECTION RÉGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES (DRAC) LE GRENIER D’ABONDANCE 6 QUAI SAINT-VINCENT 69283 LYON CEDEX 01 TÉL : 04 72 00 44 00 FAX : 04 72 00 43 30 SITE : www.culture.gouv.fr/rhone-alpes/ — RÉGION RHÔNE-ALPES DIRECTION DE LA CULTURE 78 ROUTE DE PARIS BP 19 69751 CHARBONNIÈRES-LES-BAINS CEDEX TÉL : 04 72 59 40 00 FAX : 04 72 59 42 18 SITE : www.cr-rhone-alpes.fr — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — Albon, p 16, 23 Ancône, p 14 Aulan, p 51 Autichamp, p 38 Bathernay, p 18 Beaumont-lès-Valence, p 8 Beaumont-Monteux, p 19 Bourdeaux, p 39 Bourg-de-Péage, p 19 Bourg-lès-Valence, p 9, 14 Bouvante, p 30 Buis-les-Baronnies, p 48 Chabeuil, p 8 Chamaret, p 60 Charmes-sur-l’Herbasse, p 20 Châteauneuf-de-Galaure, p 17 Châteauneuf-du-Rhône, p 14 Châteauneuf-sur-Isère, p 18, 21, 35 Châtillon-en-Diois, p 40 Chatuzange-le-Goubet, p 19 Clérieux, p 23 Crest, p 39, 41 Die, p 30, 31, 39, 41, 42, 43, 44 Dieulefit, p 55 Donzère, p 14, 19, 27, 50 Echevis, p 33 Étoile-sur-Rhône, p 10 Ferrassières, p 61 Gervans, p 14 Grâne, p 18 Grignan, p 49, 50, 56, 60 Hauterives, p 20 La Baume-de-Transit, p 18 La Baume-d’Hostun, p 27 La Chapelle-en-Vercors, p 30, 36 La Garde-Adhémar, p 27, 50 La Motte-Fanjas, p 30 La Roche-sur-le-Buis, p 61 Le Grand-Serre, p 21 Léoncel, p 30, 31 Lesches-en-Diois, p 44 Luc-en-Diois, p 44 Malataverne, p 13 Manthes, p 22 Mirmande, p 45 Montbrun-les-Bains, p 51, 61 Montchenu, p 23 Montélimar, p 13, 52 Montjoyer, p 53 — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — Montmiral, p 23 Montségur-sur-Lauzon, p 60 Montvendre, p 8 Moras-en-Valloire, p 21 Mours-Saint-Eusèbe, p 14 Nyons, p 54, 56, 57 Peyrins, p 23 Pierrelatte, p 14, 50 Poët-Laval (Le), p 32, 55 Rochechinard, p 32 Rochefort-en-Valdaine, p 23, 53 Romans-sur-Isère, p 19, 24 Rousset-les-Vignes, p 61 Sahune, p 61 Saint-Agnan-en-Vercors, p 36 Saint-Barthélemy-de-Vals, p 25 Saint-Donat-sur-l’Herbasse, p 18, 26 Saint-Jean-en-Royans, p 30, 33 Saint-Julien-en-Vercors, p 34 Saint-Laurent-en-Royans, p 30 Saint-Martin-en-Vercors, p 33, 36 Saint-Nazaire-en-Royans, p 35 Saint-Paul-Trois-Châteaux, p 58, 59, 61 Saint-Rambert-d’Albon, p 14 Saint-Restitut, p 59, 61 Saint-Roman, p 40 Saint-Vallier, p 14 Sainte-Jalle, p 57 Salles-sous-Bois, p 61 Saoû, p 46 Suze-la-Rousse, p 60 Tain-l’Hermitage, p 13, 14, 27 Taulignan, p 56, 61 Valdrôme, p 44 Valence, p 9, 11, 12, 13, 26, 30, 31, 39, 45 Vassieux-en-Vercors, p 36, 61 Venterol, p 61 Les publications de la Conservation du patrimoine 64 La Conservation du patrimoine de la Drôme met en œuvre depuis 1984 la politique patrimoniale du Conseil général. Elle a pour missions l’étude et l’inventaire, la conservation et la restauration, l’animation et la valorisation du patrimoine, l’information et la sensibilisation du public à travers la mise en place d’une politique éditoriale. L’objectif de ces publications est d’informer et de sensibiliser les Drômois et les touristes sur les richesses du patrimoine de la Drôme, de transmettre les connaissances et de les partager. Afin de répondre aux attentes des publics, différents supports sont réalisés proposant des niveaux d’approche progressifs : simple dépliant informatif, guide thématique, ouvrage approfondi… Informer — Les fiches patrimoine sur le patrimoine bâti, sur les musées et leurs activités — Musée de la préhistoire du Vercors à Vassieux-en-Vercors / Atelier-musée de la soie de Taulignan — Château de Suze-la-Rousse / villages d’Allex, d’Eurre… — Les dépliants d’information — Atelier-musée de la soie à Taulignan — Musée d’art sacré à Mours-Saint-Eusèbe — Musée départemental de la Résistance à Vassieux-en-Vercors — Les cartes patrimoine réalisées avec l’aide du CDT, du CAUE et la Maison de l’architecture — Patrimoines remarquables — Patrimoine et architecture du XXe siècle Sensibiliser — Les brochures : les Voies du sacré — Drôme provençale : — — — — — — Le Tricastin Drôme provençale : De Montélimar à Bourdeaux Drôme provençale : Les Baronnies Vallée de la Drôme Plaine de Valence Drôme des collines Royans / Vercors — Les guides thématiques ou événementiels — Guide des musées et des maisons thématiques de la Drôme — Guides des musées et des sites de préhistoire de la Drôme — Guide des associations du patrimoine de la Drôme — Guide des patrimoines remarquables de la Drôme — Guide des patrimoines textiles (La Mirandole 2007) — Guides des Journées du Patrimoine transmettre les connaissances — Collection Histoires de patrimoineS — Fortifications et châteaux dans la Drôme (Créaphis 2005) — Pierres, du paysage à l’architecture (La Mirandole 2007) — Collection Histoires de territoires (avec le CAUE) — Patrimoines des Baronnies : paysage, architecture et histoire (La Mirandole 2006) — Patrimoines du Diois : paysage, architecture et histoire (La Mirandole 2006) — Collection Histoires de châteaux — Portrait d’une collection : les peintures des XVIIe et XVIIIe siècles du château de Grignan (Créaphis 2006) — Collection des textiles du château de Grignan (parution 2007)