presentation expo inde des sens - variation
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presentation expo inde des sens - variation
Exposition Inde des sens Images et parfums Véronique Durruty Véronique Durruty a fait un drôle de voyage en Inde. Elle y a pris des photos en regardant avec le nez. Lorsqu’une image n’était pas odorante, il fallait l’oublier… ou bien tourner autour, respirer mieux, cadrer différemment, pour qu’elle le devienne. Au retour, elle est allée voir les « nez » de Firmenich, qui comptent parmi les plus grands du monde (flowerbykenzo, CK1 de Calvin Klein, La Cologne de Mugler…) et leur a demandé d’inventer des fragrances inspirées de ces photos olfactives de l’Inde. Ainsi sont nés 6 parfums l’odeur de l’eau par Alberto Morillas, une fragrance inspirée des photos du fleuve où l’on se baigne, lave son linge, porte les offrandes parfum de femme par Joseph Limarcher, les fleurs dans les cheveux, les huiles ayurvédiques, le soleil sur la peau des notes vertes par Alberto Morillas, un parfum né des photos de la campagne indienne, du ciel, du vert fluo des rizières et des feuilles volutes de chaya par Joseph Limacher, le temps de la pause, l’odeur du thé aux épices mélangé aux effluves des beedies marché aux odeurs par Nathalie Lorson, les couleurs et les parfums éclatent, juxtaposant épices et légumes, mangues et roses fraîches l’odeur du sacré par Alberto Morillas, celle du clair-obscur des temples et du trop-plein d’offrandes qui peuvent être exposés avec les images qui les ont inspirés dans une exposition où couleurs et senteurs s’entrechoquent et se répondent pour un voyage poly-sensoriel. L’odeur de l’eau La main de l’homme, la main de la femme donnent ses odeurs à l’eau de l’Inde. Les rues, les déchets, les coupes en feu, les cadavres sacrés livrés au courant, nagent. Puis ils se jettent dans la mer, immobiles, les offrandes pourrissent dans l’humidité stagnante des bords de ghâts, sous l’œil des draps propres et des tissus tendus qui sèchent lentement au soleil. Le vent combine et porte les odeurs. Le vent fait capoter les rêves de suprématie. Même les vaches se putréfiant dans le Gange ne peuvent tuer les odeurs en présence, elles les nuancent d’un goût fermenté. Des hommes et des femmes finissent leurs ablutions, les saris trempés se mêlent aux parfums de peau. Des femmes lavent. Des habits deviennent propres et se font battre sous la lumière. Des milliards de particules infusent dans l’air moite, chaud, qui consacre leur union. A des kilomètres, le fleuve se jette dans la mer. En laissant à sa traîne, sur ses rives en pierre, les rituels odorants. Les parfums du fleuve se livrent alors aux poissons séchés, grillés, aux embruns et vagues qui décapitent les restes d’odeurs terrestres. C’est le règne du sel marin, l’essence de la mer, l’autre mère nourricière du continent indien. L’odeur indienne de l’eau, c’est celle du fleuve animé jour et nuit. Mon eau a pris la mémoire de la vie autour d’elle : celle des femmes qui ont fait leurs ablutions rituelles dans le Gange, l’odeur du linge lavé dans le fleuve, et qui sèche sur les ghâts, et les feuilles, les fleurs des offrandes bien sûr. J’ai aussi mis en odeur la couleur des bougies qui dérivent sur le fleuve la nuit. J’ai voulu inventer le parfum du reflet de la vie dans l’eau. Alberto Morillas L’odeur de l’eau : accord aldéhydé - fleuri - musqué jasmin sambac - accord végétal - citronnelle – encens Bord de mer à Pondichéry Couple de brahmanes effectuant leurs ablutions matinales dans le Gange à Bénarès Saddhu shivaïte sur le bord des ghâts à Bénarès Ablutions dans le Sangam lors de la Kumbhamela d’Allahabad en 2001 La Kumbhamela, littéralement la fête de la jarre (de Khumb, jarre et Mela foire ) commémore la lutte entre dieux et démons pour obtenir le liquide d’immortalité, qui a lieu tous les 12 ans à Allahabad, est le plus grand pèlerinage de la terre. Les estimations considèrent que lors de la dernière Mahâ Kumbhamela en 2001, 70 millions de personnes se sont succédé sur les rives du Gange en trois semaines. Dans les temps très anciens, les Deva et les Asura, les dieux et les démons, firent une alliance provisoire de façon à travailler ensemble à l'élaboration de l'amrita, le nectar de l'immortalité, à partir de la mer primordiale de lait, et à partager ensuite cet amrita. Cependant, quand la cruche contenant l'amrita apparut, les démons s'en emparèrent et s'enfuirent au loin pourchassés par les dieux. Durant douze jours et douze nuits divines, l'équivalent de douze années humaines, les dieux et les démons combattirent dans le ciel pour la possession de la cruche d'amrita. Pendant la bataille, une goutte d'amrita tomba sur le Sangam à Allahabad, le lieu ou la Yamuna, le Gange et la rivière mythique Saraswati se rejoignent. Prière sur les bords du Gange à Bénarès Sur les bords du Gange à Bénarès Baignade à Gokarna Déesse sortant des eaux à Ganpatipule Baignade à Mahaballipuram, Inde du Sud Parfum de femmes Leurs corps sont bâillonnés par des mètres de couleur. Le tissu trop large des saris vifs laisse passer l’air chaud et les regards égarés des hommes. L’épiderme semble doux-suave, d’une teinte caramel plus ou moins claire sentant sous doute les épices d’une nourriture enflammée et la peau brute des indiennes passée à l’huile, aux produits de beauté, au maquillage du corps. Le tissu des saris crisse entre les peaux et vole en rase-mottes entre le ciel et les grains de chair. Les nuques libres font voir de longs cheveux noirs sous lesquels se gravent, parfois, une mouche, une main, un trait de khôl. Il faudrait s’approcher trop près pour situer ces odeurs de peau, alors on se contente d’y penser et on cherche au détour d’une bousculade dans la queue d’un temple, à tremper son nez dans le bouquet de fleurs fermant la chevelure. J’ai choisi la tâche difficile de recréer l’incroyable grâce des femmes indiennes, leur infinie sensualité, que l’on peut concentrer sur quelques centimètres carrés de leur corps, leur chevelure suavement tressée, le petit morceau de peau dénudée que laisse voir la blouse du sari. Mettre en odeurs la couleur de leur peau, la chauffer au soleil et l’habiller d’Inde : l’huile parfumée avec laquelle elles se massent, les fleurs qu’elles posent dans leurs cheveux, l’odeur de leurs bébés, celle, presqu’imperceptible, de leurs bijoux, et leurs saris au vent qui diffuse leur sillage. Joseph Limacher Parfum de femme : accord fleuri – musqué - oriental huile de coco – musc – fève tongka - jasmin sambac - métal Femme ladakhie portant un chapeau traditionnel en turquoises Jeune fille de Palitana, Gujarat Bruissement des saris dans le temple de Madurai, Inde du Sud Femme de Tiruchirappalli, Inde du Sud Ventre de femme de Hampi, Karnataka Femme faisant sécher son sari dans le vent, Allahabad Portrait de jeune fille du désert du Thar, Inde de l’Ouest Femmes en sari de fête, Udaipur Portrait de femme de la campagne, Rajasthan Femme couverte de couleurs lors de la fête de holi, à Mathura, Uttar Pradesh. La fête de holi, célébrée chaque année à la pleine lune du mois de mars (le 20 mars en 2011) célèbre les amours de Krishna et Radha : Krishna à la peau bleue aimait Radha à la peau claire. Il n’était pas content, Krishna, d’être plus foncé que sa bien-aimée. Heureusement les mères des dieux, comme toutes les mères, ont toujours des idées : elle lui proposa d’appliquer de la couleur sur le visage de Radha. Chaque année, toute l’Inde célèbre cette histoire. C’est Holi, la fête où tout est permis. Femme dans les rues de Bhuj, Gujarat Femmes dans le temple de Tiruchirappalli Des notes vertes La campagne indienne brûle sous les feux du soleil d’avril. C’est une chape brutale, permanente, lourde. Les hommes font ce qu’ils peuvent pour s’infiltrer dans l’air solide, qui refuse toujours d’être respiré. Des odeurs de terre sèche forment des plaques vaporeuses lévitant à hauteur de nez. La végétation verte, paralysée, fait des blocs odorants instables et, autour de midi, souffre, se rétracte, se transforme en vert si sec qu’on pense sentir des bois sans vie. Et la lumière décroît. Plus tard, la campagne retrouve un une forme humaine, le soleil laisse quelques espaces pour libérer les notes d’un vert doux, mêlées au parfum des peaux d’enfant torse nu, des petites filles aux fleurs dans les cheveux. Les couleurs se contrastent, il apparaît des jaunes et des oranges qu’on pensait perdus. Les odeurs se bigarrent en même temps, les couleurs donnent vie à des parfums. La campagne est douce, il ne fallait pas sortir avant, les sourires fleurissent sur les visages, il sera bientôt l’heure du crépuscule. Alors les parfums se distilleront pour former un tout indéchiffrable, teinté de sombre, d’ombre. Pour l’Inde, faire une note simplement végétale, ça ne pouvait pas marcher. Bien sûr, la fraîcheur est là, dans les feuilles, dans l’ombre sous les arbres parasols. Longtemps, j’ai travaillé des notes vertes, j’ai rajouté le trop d’eau de la mousson, mais ça manquait d’Inde. Alors j’ai tout effacé, j’ai repris les photos et j’ai compris d’un coup : en Inde, les hommes ne sont jamais loin ; tout de suite derrière les feuilles, il fallait retranscrire le soleil qui chauffe la peau, l’odeur de l’écorce, le ciel bleu blanc, la terre sèche qui attend l’eau. Et j’ai retrouvé la campagne de l’Inde. Alberto Morillas Des notes vertes : accord vert - boisé – musqué feuillage vert – feuilles de cèdre blanc – vétiver – patchouli – citron Mousses sur le paysage minéral ladhakhi, Himalaya, Inde du Nord L’oiseau suspendu, rizières d’inde du Sud Lac Nam Tso, à la frontière avec le Tibet Volutes de chaya Dans les tasses en terre cuite à jeter, le thé brouillé de lait et d’épices chaudes, marine mollement, exonéré du temps qui passe. La vie s’est arrêtée dans un coin, non loin d’ici, avec ses bruits colorés, ses rires et sa vitesse. L’Inde fait une pause. Assis sur leurs talons, les genoux pliés, les bras en avant faisant un mouvement calme de balancier, les hommes boivent. Les lèvres caressent les bords de la tasse, les doigts la tiennent. La fumée pâle gorgée d’épices et de thé accomplit sûrement, lentement, son travail narcotique. On se tait. Parfois un sourire fait croire au bonheur. L’Inde s’est débranchée, elle retient son souffle, en apnée, comme un saut dans le vide, sans bruit, chargé de parfums, de cardamome, d’effluves presque solides. Tout autour, on aimerait que ça dure toujours. Le chaya, c’est tellement omniprésent, tellement précis qu’en créer un parfum en devenait impossible. C’est pourquoi j’ai d’abord réalisé un captage vivant des volutes de chaya pour être sûr d’en saisir toutes les facettes. Puis j’ai regardé les photos pour composer ma fragrance : on y retrouve le mélange incroyable du masala chaya, cardamome, poivre noir, cannelle, girofle et gingembre, le thé très infusé, cuit, et le lait. Et puis l’odeur mate, argileuse, de la tasse en terre à usage unique. Joseph Limacher Volutes de chaya : accord épicé - ambré - musqué cannelle – girofle – gingembre – thé lait – musc ambré Femme aux mains couvertes de henné tenant son chai, Udaipur Femme du Rajasthan buvant un chai, Pushkar Tasse de chai Traditionnellement, le thé aux épices se sert dans ces tasses en argile à usage unique, que lon jette le thé consommé. Aujourd’hui les tasses en argile se font rare, elles sont peu à peu remplacées par des verres en plastique, que l’in ce sait comment prendre, ils sont mous et brûlent les doigts. Et l’habitude de jeter la tasse une fois le thé bu perdure, l’argile se fondait dans le sol, le plastique reste. Marché aux odeurs Les marchés sont des lieux de négoce. Tout s’échange, sur un rythme d’enfer. Des papillons, des couleurs, des parfums, des oiseaux, des roses, des poules, des paniers en osier pleins de n’importe quoi, ce qu’on peut imaginer. Les odeurs fourmillent, les chemins sont indisciplinés, tumultueux, c’est fatigant pour les narines, c’est enivrant. Les gens courent, et avec eux les parfums de ce qu’ils portent. Les vendeurs crient, ou dorment, les odeurs de qu’ils vendent font avec eux la même histoire. Il n’y a pas de halte. Les marchés des grandes villes sont comme ceux des campagnes. A Mysore, il faut marcher les yeux fermés, seulement guidés par les odeurs invisibles, pour savoir où l’on est. Quel quartier. Les offrandes, des parfums, du santal, quel santal, de la nourriture, des fruits ou des légumes, lesquels. Tout peut se savoir à vue de nez, tant c’est prégnant. La lumière, cependant, finit par faire ouvrir les yeux, elle claque par saccades, rebondit et s’infiltre partout, à travers les fibres d’osier, les bâches tendues, la lumière fait voir, caresse, catalyse les senteurs cachées. Mon parfum, c’est une balade olfactive. Quand on se promène dans les photos des marchés indiens, que l’on passe d’un étal à un autre, les odeurs se croisent, se juxtaposent, s’entremêlent, incroyablement présentes et variées. Coriandre, cardamome, poivre, curry, fruits, murs de savons, et les fleurs en masse : montagnes d’œillets, pyramides de roses, jasmin. Le soleil est là, filtré et présent, il dessine des pointillés de chaleur, il réveille une pointe d’épices. C’est un parfum qui musarde. Nathalie Lorson Marché aux odeurs : accord aromatique - épicé coriandre – cardamome – poivre – rose – œillet – note savon Marché à Alchi, Ladakh Marché aux fleurs à Pondichéry, Inde du Sud Couronnes de fleurs de jasmin et roses au marché de Madurai, Inde du Sud Marché aux chameaux de Pushkar Marché de rue à Bhuj, Gujarat Hibiscus côtoyant de petits poissons, Konarak, Orissa Marché à Agra, Uttar Pradesh L’odeur du sacré On entre dans les temples, et la lumière tombe du plafond à travers la pierre vieillie par l’histoire sacrée de l’Inde. Ailleurs, l’atmosphère est sombre et donne au rai de lumière la sensation d’être un sabre. On marche, et doute d’être tout à fait athée, sous nos pieds nus le ciment usé refroidit notre peau, avec douceur. Beaucoup d’odeurs se mêlent. Celles, profanes, de la vie normale dans les temples, pique-niques épicés, beedies fumantes, vêtements propres… et les notes mystiques du camphre, la cire de bougie, l’encens, le parfum des offrandes fraîches, noix de coco, jasmin, rose. Tous les parfums des temples sont entiers, trop pleins, suffocants. Ils jouent le même rôle que la musique, et nous amènent par cortèges de litanies olfactives à l’envie d’être religieux, de participer à l’hallucination collective. Les photos disent cette impression de sérénité immuable, la fraîcheur et la chaleur emmêlée, le clair-obscur des bougies dans la pénombre. Et les offrandes, bien réelles, qui éclairent en sourdine, donnent tout à la fois l’envie d’être contemplées comme des icônes, et touchées, caressées, mangées. Tout se mélange et tout se répond, dans un désordre des sens bien indien : la vue et l’odorat, le parfum et le toucher, le quotidien et le sacré. J’ai imaginé un parfum d’intérieur, sans fraîcheur, mais avec une densité exagérée, sans air, sans porte ouverte. J’ai mis beaucoup de bois : du santal, du cèdre, du bois fumé imprégné d’encens et d’humidité. J’ai fait vivre cette touffeur avec les fleurs d’offrandes, et un accord gustatif de sucre et de riz. Comme l’air du temple, j’ai voulu faire une fragrance si présente qu’elle en deviendrait palpable. Alberto Morillas L’odeur du sacré : accord boisé – ambré - fleuri santal– œillet – encens – accord sucre riz – cèdre - rose Bouddhisme : lama à l’entrée d’un temple de la vallée de la Nubra, Ladakh Hindouisme : puja sur les bords du Gange à Bénarès, Uttar Pradesh Hindouisme : jeune femme posant une lampe au camphre dans une niche pour Diwali, la fête des lumières, à Udaipur, Rajasthan Bouddhisme : lampes au beurre de Yack dans le monastère d’Alchi Hindouisme : panier d’offrandes composé de fleur de lotus, roses et noix de coco à Rameshwaram, Inde du Sud Sikhisme : le temple d’or à Amristar, Pundjab Hindouisme : jeune garçon faisant sa prière dans un temple de Khajuraho, Inde du Nord Jainisme : prières et offrandes dans un temple de Palitana, Gujarat Christianisme : messe à Goa Bouddhisme : jeune moine dans le monastère d de Chemre, Ladakh Bouddhisme : drapeaux de prière au monastère Spituk, Ladakh Bouddhisme : moine jouant du tambour rituel pour la puja, au Stupa Shanti, à Leh, capitale du Ladakh Bouddhisme : jeune moine novice devant ses livres de prière au Gompa hemis, au Ladakh Bouddhisme : pierre sculptée votive au monastère de Shey, Ladakh Islam : prière du vendredi à la grande mosquée de Leh, ladakh Bouddhisme : jeune moine de l’école du monastère de Lamayuru, Ladakh « Ce voyage dans les parfums de l’Inde, je l’avais préparé pendant des mois. Maintenant, depuis le quai numéro huit, à Delhi, où j’attends le Coromandel express, je me revois à Paris, évoquant les thèmes olfactifs possibles, notant des correspondances entre parfums et couleurs, cherchant des passerelles scientifiques, subjectives ou sensorielles, pensant à ce qu’il faudrait « couvrir » pour être exhaustive, crédible, sur cet immense sujet, les parfums de l’Inde, faisant le rat de bibliothèque et fréquentant plus que de raison des restaus indiens de France pour humer une pré-Inde. Depuis le quai numéro huit, je me revois établir un plan de route, des parcours très clairs, faire ressortir les idées fortes, celles à côté desquelles il ne faudrait pas passer, sous peine de rater l’histoire. Depuis le quai de Delhi, je réalisé, qu’avec mes plans sur la comète, j’avais négligé l’essentiel : l’Inde ne se prépare pas, elle s’aborde avec candeur, avec oubli, oubli des réflexes, oubli des voyages antérieurs – y compris et surtout en Inde -, oubli de la performance photographique, pour se laisser aller à ce nouveau voyage, comme si c’était le premier, comme si l’Inde jamais n’allait sentir ce que l’on attend d’elle. Il ne faut rien attendre de l’Inde, sous peine de n’y rencontrer que ce qu’on a vite oublié de retour en France. Les chefs de gare englués dans un mutisme détaché, les blattes parcourant les épaules d’un rêveur endormi par terre, les oiseaux verts encastrés dans le ciel de plomb, perchés sur des fils électriques fléchis, les serpillières moisies remplissant les petites mains d’enfant nettoyant la table des grands, dans les restaurants où l’on a maintes fois laissé pour compte son estomac broyé. Alors, je me dis enfin que la seule Inde possible est celle de l’errance. Les images viendront à moi, les parfums viendront à moi. Ce travail raconte l’errance à laquelle je me suis finalement soumise, sans carte, sans montre, humant comme une gosse les images en mouvement, photographiant les odeurs, évitant la puanteur, évitant en tout cas de l’enregistrer, renonçant à mes idées sur la question, pour me laisser dicter par l’Inde les réponses qu’elle voulait bien me donner aux question que je ne lui avais jamais posées. C’est alors qu’elle s’est légèrement mise à nu, devant mes yeux et sous mon nez, prête à me gratifier de sa présence, des rêves qui existent, qui se croisent au coin des rues, des marchés et des temples, dans les campagnes et les bateaux, l’Inde des fleurs, des sourires, des peaux huilées, des épices brutes et criantes, des vétivers secs, du santal, des bois fumés doux et des fleurs de frangipanier. Mais si : l’Inde est belle, l’Inde sent bon. » Véronique Durruty Véronique Durruty et l’Inde Véronique Durruty a été happée par l’Inde, elle y a fait une dizaine de séjours de quelques semaines à un an, en 1991, 1992, 1996, 1999, 2000, 2001, 2005, 2006 et 2007. Spécifiquement sur l’Inde, elle a notamment publié « Parfums de l’Inde » aux éditions Flammarion (2002), et « Indian Holi » aux éditions de la Martinière (2009). Biographie Véronique Durruty Véronique Durruty vit et travaille à Paris. Son travail artistique explore le voyage par les sens et les sensations. Elle développe son approche tactile, poétique, instinctive et rigoureuse, sur différents supports de création, principalement photographie, mais aussi film, écriture, dessin, et aime métisser les genres : confronter l’œil au nez, l’œil à l’oreille, l’œil aux mots. Son travail a fait l’objet d’une vingtaine d’ouvrages et de nombreuses expositions dans le monde entier. L’esprit de ses photographies l’amène à collaborer avec le monde de la cosmétique et du luxe. Elle est membre de l’agence Rapho (Doisneau, Willy Ronis, Sabine Weiss etc…). « [Son] appareil photographique retransmet les émotions et les vibrations en une moisson d’images à fleur de peau, sensuelles, mystérieuses, toujours harmonieusement composées (…). [Son] oeuvre personnelle exalte l’harmonie et la beauté des couleurs, des sons, des odeurs, des paysages et des corps dont plusieurs livres d’une grande liberté esthétique et formelle constituent de véritables originaux créatifs. » Claude Nori, Histoire de la photographie en France, des origines à nos jours, Ed. Flammarion. 2011 : A l’occasion des 20 ans de Berlin Capitale, la médiathèque Jacques Baumel de Rueil Malmaison expose son travail avec 2 expositions ; l’une personnelle sur le Berlin contemporain, Berlin de l’ombre à la lumière, l’autre collective, où ses photos de Paris et Berlin sont mises en regard de celles d’autres photographies des auteurs des agences Keystone et Rapho, Paris Berlin en lettres capitales. Avec Patrick Guedj, elle réalise à l’occasion du centenaire du double Prix Nobel de Sciences remis à Marie Curie, le documentaire 52 mn sur 5 des plus grandes chercheuses mondiales sur les 5 continents Les Ailes de la Science, diffusé sur TV5 monde et Al Jazeera, ainsi que le reportage photographique For Women In Science, exposé au siège de l’UNESCO à Paris et dans les aéroports de Paris de février à avril 2011. 2010 : Exposition Images d’un monde irréel au Consulat Général de Colombie de Paris, une série de diptyques autour de la terrible beauté de la comédienne Andrea Quejuan, qui a développé un vitiligo après l’assassinat de son frère lors d’un massacre d’innocents dans les rues de Cali, juxtaposés à des photographies de la Colombie, images d’un monde flottant, entre deux temps, comme un rêve qui pourrait s’effacer, un décor de théâtre que l’on démonte la fin du spectacle venue. Ce travail sera par la suite exposé à Paris au Salon des artistes de Paris et au Cabaret Sauvage, à Saint-Rémy-sur-Orne au Musée des Fosses d’Enfer, et à la Cité des Voyageurs de Paris. En 2011, l’exposition continue à voyager à la Cité des Voyageurs de Nantes, au Printemps des Poètes à Bonson, et à Mots en Marge à la Garenne-Colombes. Portfolio Fleur de Peau à la galerie le Pictorium, 12 diptyques en digigraphie. Exposition Holi, un grain de couleur en Inde à la galerie Le Pictorium à Paris, une exposition polysensorielle images, son et parfum. Portfolio Au cœur de l’Inde à la galerie le Pictorium, 12 diptyques en digigraphie. Photographies des 3 ouvrages L’Amour, Le Bonheur, et L’Enfance, aux Editions Aubanel. Dans le cadre de l’agence Gamma-Rapho, une sélection de ses images est projetée à la Nuit de la Photo des Rencontres d’Arles. Roadbook, une rétrospective en 1000 photos et carnets de 20 ans sur les routes, aux éditions de la Martinière. 2009 : Exposition Immaterial à Abu Dhabi. Participation à l’exposition collective Une histoire du Mur de Berlin, une sélection des photographies emblématiques des agences Rapho, Gamma et Keystone à La Coupole à Paris. 2008 : Son travail sur la couleur et la matière vivantes autour de la fête de Holi en Inde fait d’objet d’une exposition About colors au Women’s forum de Deauville et d’un ouvrage Indian Holi aux éditions de la Martinière. Exposition Surface sensible à la galerie d’art municipale de Dax. Avec Patrick Guedj, exposition Inde des Sens associant images et parfums, à la galerie Asia à Paris. Participation à l’exposition collective Artoday au centre d’art et d’essai de Rueil Malmaison. Véronique Durruty réalise les photographies des pages à lécher de La Maison du chocolat, aux Editions Aubanel. Avec Patrick Guedj, ouvrage Tour du monde des bouts du monde, éditions Aubanel, textes et photographies, racontant les bouts du monde sensoriels, géographiques, poétiques. 2007 : ouvrage Caliente de Véronique Durruty et Patrick Guedj, associant textes, photographies, parfums et des dessins de Véronique Durruty, La Chimie de nos Emotions, avec un reportage photographique émotionnel de Véronique Durruty, aux Editions Aubanel. 2006 : exposition Afriques au salon d’art contemporain Artpage à la Grande Arche de La Défense. Ouvrage Méditations aux Editions Marabout. Exposition Inde des Sens, à la galerie Asia de Toulouse Exposition Plus ou moins l’infini, au Grand Château de Valrose, à Nice, puis à Sorde l’Abbaye, qui ressuscite, au fil de clichés pris aux quatre coins du monde, entre ciel et terre, l'histoire d'objetsdéchets, dont elle décrypte le langage sensoriel, sous de multiples cieux d´une étourdissante pureté. Exposition Corps écorces à Croissy Beaubourg Exposition 10 heures 10, de Véronique Durruty, Patrick Guedj, Raphaële Kriegel et Isabelle Sprung, autour de rendez-vous photographiques programmés qui magnifient la beauté du hasard, au festival Sept-Off de la photographie méditerranéenne, en septembre-octobre à Sophia-Antipolis, puis dans le cadre du mois de la photo off, à la galerie l’entrepôt à Paris. 2005 : exposition Voyage aux pays des sens à la galerie Nikki Diana Marquardt à Paris. Livre aux Editions de la Martinière. Afrique en parfums, un nouveau travail de créations de parfums sur des photos odorantes. Les photographies et les parfums sont exposés au Musée Dapper à Paris. L’ouvrage paraît aux Editions Hermé, et obtient le Prix Guerlain 2006 à l’unanimité du jury. 2004 : exposition Ailleurs à New York. 2003 : exposition Extérieur nuit sur les sensations de la nuit dans le monde sur les Grilles du Jardin du Luxembourg à Paris, et en audiovisuel projeté à la Chapelle Saint-Charles lors des Rencontres d’Arles. Véronique Durruty s’embarque sur un bateau qui fait le tour de l’Afrique avec à son bord écrivains, journalistes, illustrateurs, photographes. Les livres Nouvelles d’Afrique et Sillages d’Afrique paraissent aux Editions Gallimard. Exposition Portes d’Afrique au Festival du Scoop d’Angers. Parution du livre d’artiste Orient Impress. 2002 : Parfums de l’Inde (Flammarion), un objet qui associe des photographies « odorantes », et des parfums que Véronique Durruty et Patrick Guedj ont fait créer sur leurs images par les « nez » de Firmenich, quelques uns des plus grands au monde. Fleur de peau, un travail de photos tactiles, autour de la peau. Toutes les peaux. Humaines, végétales, animales, minérales, est publié aux Editions Plume, et fait l’objet d’un audiovisuel d’artiste projeté au festival de photographies Biarritz Terre d’Images. Le livre Extérieur nuit est publié aux Editions Flammarion. 2001 : l’audiovisuel Orient Impress, un travail de Véronique Durruty et Patrick Guedj sur la sensation du voyage, l’importance du trajet et la perception du temps qui s’étale et se rétracte, est projeté pour le festival Biarritz Terre d’Images. Exposition des nuits sur la terre, avec Patrick Guedj, au festival Biarritz terre d’Images Le livre Rouge, résultat d’un an de voyages avec une veste Kenzo, que Véronique Durruty et Patrick Guedj ont fait porter partout dans le monde, en hommage aux cultures qui ont inspiré le couturier tout au long de sa carrière, paraît aux Editions Coromandel. Expositions en 2001 et 2002 à New York, Tokyo, Londres et dans diverses villes françaises. 1999 : ouvrage Bouilles de Mômes (Hachette), avec Patrick Guedj 1995 : avec Patrick Guedj, ouvrage Mômes d’Asie, sauts de puce de gaminerie en gaminerie (Kaliméro). Exposition au Studio, à Paris et en 1997 à l’espace ESAG, à Paris. Principales références luxe et publicité: Kenzo parfums, Lancôme, Moët et Chandon, Cartier, JeanPaul Gaultier, Little Fashion Gallery, L’Occitane, Yves Rocher, Ungaro, Fondation L’Oréal… EXPOSITION INDE DES SENS Fiche technique Une exposition multi-sensorielle, images de l’Inde de Véronique Durruty, et parfums créés par quelques-uns des plus grands « nez » mondiaux. 6 thèmes visuels pour 6 parfums : l’odeur de l’eau parfum de femme des notes vertes volutes de chaya marché aux odeurs l’odeur du sacré Descriptif de l’exposition : 50 tirages contrecollés 40x60 cm avec attaches Digigraphies issues de séries limitées à 30, numérotées signées 6 flacons parfums à découvrir au fil de l’exposition (facultatif) 50 cartons légendes 1 panneau d’intro A3 1 panneau de bio A3 6 cartons A4 de présentation des 6 « familles de photos » et des 6 parfums (facultatif) 1 DVd : audiovisuel Meri Aatma (facultatif) CONDITIONS DE LOCATION TRANSPORT ET ASSURANCE Les frais de transport aller et retour, d’assurance et de douanes sont à la charge de l’organisateur. L’attestation d’assurance « clou à clou » sera exigée avant enlèvement de l’exposition. Les tirages sont disponibles une dizaine de jours avant l’ouverture de l’exposition et doivent être rendus dans les dix jours suivant la fermeture. L’accrochage est à la charge de l’organisateur. L'organisateur est responsable de la bonne conservation des tirages prêtés et de toute altération qui pourrait advenir du fait de l'organisation de l'exposition. TARIF DE LOCATION Sur devis. Celui-ci devra être retourné signé pour confirmer la réservation de l’exposition. Toute option non confirmée un mois avant la date prévue d’enlèvement ne pourra être prise en compte. CONDITIONS DE REGLEMENT Le règlement doit être effectué à réception de facture, au plus tard à l’emprunt de l’exposition. contact location : Sylvie Bourguignon +33 (0)6 26 46 46 22 [email protected] www.variation-expositions.com