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N° 56 Juin 2009 LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET COTXET INFOS Quelle évolution pour notre secteur d’intervention ? Sommaire Page 1. édito Pages 2 et 3. Actu des sites L’équipe “petite enfance” du SAF 93 Présentation du SAJE Pages 4 et 5. Ressources Activité 2008 de l’Association Pré-programme du cinquantenaire Au moment où notre Association va célébrer son cinquantième anniversaire à l'automne prochain, l'ordonnance de 1945 qui régit l'environnement dans lequel elle évolue est en cours de révision. Le chantier a été lancé depuis plus d'un an, les conclusions de la commission «ad hoc» dite «Varinard» ont été remises au garde des sceaux en novembre dernier. Le sujet n'a pas été mis à l'ordre du jour de la législature, mais il est possible qu'il soit d'actualité à la prochaine rentrée parlementaire. Il nous a paru important de suivre les propositions de près et de faire le point dans ce numéro de Cotxet Infos sur les grandes orientations qui se sont dégagées dans ce rapport. Ce mois de juin est aussi comme chaque année l'occasion de nous rencontrer - Assemblée générale de l’Association et fêtes annuelles des établissements - et de faire le point sur les nombreuses évolutions qui ont ponctué cette nouvelle tranche de vie. Une année riche en événements (réorganisation, innovation, croissance externe…) qui ont élargi l'expérience de chacun dans ses missions diverses au service des jeunes que nous accompagnons. C'est aussi le début de la période estivale et des mouvements vers des lieux de vacances. Aussi, je vous souhaite à tous un bel été. Claude Chevrier. Président La formation “risque” se poursuit Page 7. Environnement Refondation de l’ordonnance de 1945 International : l’association fait connaître ses pratiques innovantes Page 8. Entre nous Les nouveaux venus à l’Association depuis mars 2009 Liste des correspondants et du comité de rédaction LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET Actu sites L'équipe «petite enfance» du SAF 93 : Premiers pas. Depuis 1996, des groupes de paroles réunissant des assistantes familiales, un éducateur et la psychologue du service se sont créés au Service d'Accueil Familial de Drancy - SAF 93. Un constat émerge alors : la difficulté particulière de prendre en charge des touts petits. En 2002, un groupe de travail est constitué avec des assistantes familiales qui accueillent plus particulièrement de très jeunes enfants, pour tenter de comprendre ces difficultés et de trouver des axes de travail dans les accueils. Pour les assistantes familiales, il s'agit d'accueillir ces enfants dans un lieu stable et sécurisant tout en gardant la distance professionnelle nécessaire puisque selon Hana Rottman : «la séparation des nourrissons de leurs parents et leur placement en famille d'accueil sont particulièrement délicats à traiter». L'essentiel est alors de proposer une figure d'attachement à l'enfant. En 2004, un projet commence à s'écrire autour de l'accueil de ces tout petits avec l'idée qu'une équipe pourrait être constituée pour suivre ces enfants. L'objectif est alors la mise en œuvre, dans le cadre d'un accueil familial, de tous les moyens spécifiques utiles au développement du jeune enfant, tant sur le plan psycho-dynamique et affectif que sensori-moteur et cognitif. Déposé en mars 2008, le projet obtient l'accord du département en octobre de la même année. Le 2 pôle «petite enfance» du Conseil Général est particulièrement intéressé. En effet, il n'existe pas en Seine Saint Denis de lieu d'accueil collectif pour les nourrissons et les tout petits ; le département a fait jusqu'alors le choix d'accueil en famille pour ces très jeunes enfants. Le SAF 93 a reçu une extension de 20 places pour des tout petits de 0 à 5 ans avec à terme, soit fin 2010, 44 enfants accueillis par l'équipe «petite enfance». Elle est composée de Jocelyne Loume, chef de service depuis décembre 2008 et ancienne éducatrice au SAF 93, de Marion Segala, arrivée en février 2009 et de Samir Benchabir, au SAF 93 depuis 2007. Un troisième éducateur devrait venir grossir les rangs très prochainement complété par un temps supplémentaire de psychologue. Leur mission : voir, écouter et entendre, en deçà du langage, les difficultés d'un nourrisson, d'un tout-petit, penser et lui proposer un dispositif d'accueil le plus thérapeutique possible afin de garantir au mieux son développement. Toutes les circonscriptions et les services de PMI du 93 ont reçu une plaquette explicative, qui conduit à une demande croissante de ces accueils. Par ailleurs, l'équipe en place se forme de mieux en mieux sur la question de l'accueil des plus jeunes. N° 56 Juin 2009 Le Service d'Accueil de Jour Educatif (SAJE) : une prise en charge innovante enfants et parents. Le Service d'Accueil de Jour Educatif a été créé début 2006 au sein du foyer de Jenner pour accompagner des enfants, en voie de rupture familiale et sociale, face à des problématiques scolaires. L'objectif général vise à mettre en place, au sein d'un même lieu d'accueil, des interventions diversifiées : aide à la scolarité et à la socialisation, soutien de l'exercice de l'autorité parentale et du lien parents-enfants, et ce, en partenariat avec les institutions scolaires, sociales, médicales, culturelles et de loisirs du secteur concerné. Ce projet se situe ainsi dans le cadre d'une intervention éducative intensive proposant à chaque enfant et à ses parents un travail personnalisé autour de trois vecteurs d'appui : • psychopédagogique, pour aider l'enfant à investir ou réinvestir les aptitudes cognitives d'apprentissage bloquées ou disqualifiées ; • éducatif, pour permettre à la famille et à l'enfant de mieux comprendre, appréhender et utiliser l'espace des relations familiales et sociales ; • social, pour assister la famille dans sa connaissance et l'utilisation des services sociaux, de santé et de loisirs de son quartier. 18 jeunes en moyenne sont suivis par an. LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET Actu sites N°56 Juin 2009 Le Service d'Accueil de Jour Educatif ( SAJE ) : Première Evaluation Début 2008, l’Association a proposé au Centre de Recherche Education et Formation de l'Université de Nanterre d'effectuer une recherche-action. Une présentation de ce travail suivie d'une table ronde avec les praticiens et les partenaires a été organisée par l'Association JeanCotxet en collaboration avec la DASES, le mardi 9 juin au Centre de Chaligny. L'étude a été conduite par Mesdames Milova et Rurka, maitres de conférences. L'évaluation participative s'est appuyée sur l'analyse du projet institutionnel, le discours des acteurs et l'examen des dossiers ainsi que sur leurs propres observations. Tout d'abord il importait de rappeler les intentions, motivations et attentes des différents acteurs (équipe du SAJE, CMP, service social scolaire, psychologue scolaire, ASE) quant à la scolarité, la relation aux adultes et la socialisation de l'enfant. Les auteurs de l'étude ont analysé les différents aspects des processus à l'œuvre : le partenariat qui permet notamment de ne pas impliquer l'enfant dans un conflit institutionnel, les types d'actes recensés et leurs destinataires. Les soutiens aux apprentissages sont les actes les plus nombreux. Au vu des évolutions constatées, les effets des accompagnements éducatifs apparaissent inégaux selon les cas. Ainsi, si les partenaires et certains parents perçoivent des changements au niveau scolaire et au niveau des relations intrafamiliales (à noter que 2 des 3 parents seraient intéressés pour poursuivre l'accueil des enfants au SAJE) un troisième parent estime que l'enfant n'a pas amélioré son comportement. En ce qui concerne les parents, les entretiens effectués mettent l'accent sur leur soulagement, la diminution de leurs angoisses et un net progrès dans leurs relations avec les enseignants. Les modalités de fonctionnement de l'équipe affectée au SAJE ont ensuite été examinées. Il a notamment été relevé que seul le chef de service avait travaillé sur le projet de SAJE avant son ouverture , que certains intervenants ont ressenti une insuffisance de communication et de coordination au sein de l'équipe, ou encore, que sur certaines activités comme les séjours, la répartition des tâches pourrait conduire à un fonctionnement par binômes voire à un clivage au sein de l'équipe. Pour expliquer les difficultés rencontrées, deux éléments centraux sont dégagés liés d'une part, à la construction de l'équipe et d'autre part, au projet de service. S'agissant de l'équipe : elle se révèle constituée de cultures professionnelles qui s'opposent soit par référence ou absence de référence à une culture institutionnelle commune (travail antérieur à Jean Cotxet), soit par une forte distanciation idéologique entre les métiers d'éducateur, d'enseignant, de psychologue, En effet, chacun de ces métiers est ancré sur un ensemble de références qui lui est propre au risque de conduire à une incompréhension voire une opposition entre les membres de l'équipe. Pour remédier à une telle situation, il conviendrait d'élaborer des objectifs et des méthodologies communs et de permettre à chacun de faire entendre son point de vue. Par ailleurs, il serait bon que les tâches d'aide à la scolarité et de suivi des parents soient confiées à un même éducateur référent afin de tenir compte de l'importance pour chaque acteur de voir l'aboutissement de son travail. Pour ce qui concerne la mise en œuvre du projet de service : le comptage des actes effectués auprès des enfants et des parents met à jour un net déséquilibre des interventions auprès des parents qui bénéficient de moins d'un quart des actes. Ce déséquilibre est sans doute lié aux méthodes de travail des éducateurs développées en internat (absence de visite à domicile par exemple) et à une planification initiale du travail insuffisamment précise. Les objectifs et les méthodes ont donc vocation à évoluer. En conclusion de l'étude, et d'une manière générale, les entretiens avec les parents et avec les professionnels partenaires du SAJE reflètent un sentiment de satisfaction même si quelques questions subsistent. Parmi celles-ci, la durée des accueils - prévue pour 6 mois renouvelables - interroge : peut-on en effet gérer le contraste entre un fort engagement des parents et des professionnels et une rupture relativement rapide des relations ? Par ailleurs, le lien entre le travail avec les enfants, le travail avec les parents et l'accompagnement des enfants et des parents dans leurs relations avec l'école, lien qui est au cœur du projet du SAJE, pourrait se trouver renforcé dès lors que ces trois aspects seraient représentés de manière équilibrée dans le travail de l'équipe et de chacun de ses membres. 3 Ressources LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET N° 56 Juin 2009 Activité de l’Association Jean Cotxet en 2008 L'Assemblée Générale de l'Association s'est tenue le 18 juin dernier, dans les locaux de l'URIOPSS à la Maison des Associations et de la Solidarité (MAS) à Paris. C'est l'occasion de faire le point sur les chiffres clés de l'année passée et de présenter les faits qui ont étayé l'activité de l'institution. Le budget de l'année 2008 s'est élevé à 49,4 millions d'euros Les faits marquants Une première démarche d'évaluation interne a été engagée en mars 2008 pour toute l'Association : il s'agissait de tester «grandeur nature» le dispositif de l'institution. Les premiers résultats sont en cours d'analyse mettant ainsi l'Association en mesure de répondre, en 2009, à la première mise en place de nouveaux textes. L'analyse de l'évolution de l'accompagnement des jeunes majeurs s’est poursuivie, axée notamment sur le parcours institutionnel, la situation scolaire et/ou professionnelle, les ressources financières, les relations familiales et éducatives, la santé, la vie sociale et civique, l'avenir. Les réunions Directeurs et Directeurs adjoints ont notamment permis de poursuivre la réflexion sur la mise en place des regroupements d’établissements jusqu'en juin 2008. Par ailleurs, la dynamique Directeur/Directeur Adjoint a été au cœur des réflexions en alternant des réunions communes et des réunions avec les Adjoints. seuls Directeurs Le 5ème Carrefour s’est tenu le 20 novembre 2008. Il a réuni plus de 300 participants. 4 thèmes étaient abordés et débattus : la Santé des jeunes, la Démarche vers l'Autonomie, les fins de Prise en Charge et les Séparations, l'Accompagnement à la Sexualité. Plus de 50 salariés et 10 administrateurs avaient participé à leur préparation. Au 1er janvier 2008, le SAHP de la Croix-Nivert est sorti de son statut expérimental (17 ans de collaboration avec la DDPJJ). Ce foyer d'urgence est maintenant inscrit dans le dispositif pris en charge par la DASES à raison de 9 places) et d’une place financée par la DDPJJ. Le 25 juin 2008, a eu lieu la deuxième édition de la Journée Sportive. Elle s'est déroulée au stade annexe du Stade de France à Saint Denis, lieu emblématique Les jeunes accueillis et suivis Jeunes suivis en milieu ouvert* : Jeunes suivis en Prévention Spécialisée TOTAL JEUNES SUIVIS EN MILIEU OUVERT Jeunes accueillis et suivis à la Croix-Nivert Jeunes accueillis et suivis en foyers Jeunes accueillis et suivis en foyers d’urgence Jeunes accueillis et suivis en service d’accueil familial TOTAL JEUNES SUIVIS EN HEBERGEMENT TOTAL JEUNES SUIVIS PAR L’ASSOCIATION 2 239 492 2 731 890 712 116 369 2087 4 818 *IOE, AEMO, AED, Réparation pénale, Lieu-rencontre, Atelier scolaire, SAJE 4 du sport. Deuxième édition très réussie avec plus de 300 participants. Après avoir répondu à un appel d'offre de la DASES, l'Association Jean-Cotxet a été retenue pour reprendre l'établissement la Maison du SacréCœur, 12 rue Saint Rustique à Paris. Début septembre, les jeunes des Accueils de Seine Saint Denis ont investi la maison rue de Berri, à La Courneuve, à quelques centaines de mètres de la première maison : la touche finale est apportée à la réorganisation «de l'ancien Foyer de Saint-Denis». Le 16 septembre, le foyer de Neauphle a été inauguré, au terme de trois années de travaux. Répartition des jeunes LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET 986 salariés au 31 décembre 2008 • le personnel est composé de 74% de femmes pour 26% d'hommes • 30% des salariés ont au moins 10 ans d'ancienneté • 30% du personnel est âgé de moins de 35 ans • 27 contrats d'apprentissage ou de professionnalisation en cours en 2008 • 107 stagiaires reçus en 2008 • 118 salariés ont bénéficié d'une formation individuelle • 719 salariés ont participé à 30 stages collectifs. Assist. Familiales Para-médical Médical Serv. généraux Educatif Administratif Chefs de service moins de 25 de 36 de 46 de 56 de 61 plus de 25 ans à 35 ans à 45 ans à 55 ans à 60 ans à 65 ans de 65 ans Ressources La Formation «Risque» se poursuit Le personnel 300 275 250 225 200 175 150 125 100 75 50 25 0 N°56 Juin 2009 Directeurs et adjoints Cinquantenaire : pré-programme Deux temps forts seront proposés dès l'automne 2009 : • l'organisation de “portes ouvertes” dans les établissements et services du 15 septembre au 15 décembre, • la célébration de cet anniversaire le jeudi 5 novembre dans les salons de la Mairie de Paris. Le programme de la dizaine de “portes ouvertes” sera finalisé à la fin du mois de juin 2009. Au cours de la rencontre officielle qui se déroulera sur une demi-journée, au-delà du regard sur les 50 années passées de l'Association, ce sera aussi l'occasion de réfléchir à son avenir en s'interrogeant sur la complexité grandissante des situations qui sont prises en charge et les différentes réponses qu'il convient sans cesse de renouveler pour s'adapter à la société. Un programme détaillé sera adressé à chaque membre de l'Association en septembre 2009. Depuis 2008, l'Association Jean-Cotxet a engagé une formation collective sur la «prise de risques» à l'attention de l'ensemble des salariés. Le deuxième volet de cette formation vient de s'achever (12-18 et 29/05/ 2009), faisant suite aux trois demi-journées de janvier 2008. 42,05% du personnel de l'Association ont ainsi participé à ces sessions soit 410 personnes pour un effectif global de 986 salariés. Cette action a été co-animée par Janine Oxley, psychologue clinicienne, ancienne directrice du placement familial thérapeutique «Le Relais Alésia» et secrétaire générale de l'AFIREM ainsi que par Jacques Riffault, philosophe, éducateur spécialisé, Directeur Adjoint de l'IRTS Ile de France. Après un éclairage plutôt théorique en 2008, les dernières demi-journées avaient pour but de présenter des expositions concrètes à un risque ou une prise de décision pouvant présenter un risque pour l'usager, le professionnel ou l'institution. A cette fin, il a été fait appel à des témoignages des salariés ou des équipes de l'association. Ces contributions, qui ont été exposées sous forme de vignettes, pouvaient décrire des situations de prise de risques éducatifs, thérapeutiques ou institutionnels. Les témoignages sélectionnés ont été exposés par Monique Pacot (Directrice à la Villa Préault), Martine Ruff (Directrice Adjointe à L'unité d'Accueil Familial), Pierre Surdeau (Directeur du foyer de Neauphle), Mnad Aït-Ouarab (éducateur spécialisé au foyer de l'Ourcq) Christelle TurgisDesmet (Chef de service au Lieu rencontre), Sylvio Pocrain (Directeur Adjoint du Dispositif d'Accueil d'Urgence) devant les trois groupes créés cette année autour des missions Hébergement, Accueil Familial et Milieux Ouverts. Ces témoignages ont ainsi permis de lancer le débat. Chaque groupe a reçu cette formation sur une demi-journée. Au-delà des apports pédagogiques, les exposés ont permis de créer une interaction avec le public, susciter son témoignage et répondre aux questions qui parfois traduisent une inquiétude. La prochaine étape de la formation est programmée courant du dernier trimestre 2009. Il s'agira de faire le bilan de ces observations et de réfléchir à la façon dont elles seront prises en compte dans les projets des structures de l’Association. 5 Environnement LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET N° 56 Juin 2009 Refondation de l'ordonnance de 1945 sur l'enfance délinquante ? A l'initiative du Ministre de la Justice, une commission dite commission «Varinard», composée de politiques, de magistrats et d'universitaires, a été chargée, en avril 2008, de proposer des évaluations et des modifications de la justice pénale des mineurs. Principales étapes. L'Ordonnance du 2 février 1945, relative à l'enfance délinquante, a créé la fonction de juge des enfants, supprime la distinction entre mineurs de 13 ans et de 18 ans et abolit la notion de «discernement», proclamant la prééminence de l'éducatif sur le répressif. Elle a été complétée par l'Ordonnance du 1er septembre 1945 qui précise l'organisation de l'Éducation surveillée. Celleci a pour mission d'assurer la prise en charge des mineurs délinquants et la protection de ceux dont l'avenir apparaît gravement compromis en raison de carences éducatives et des risques qui en résultent pour leur formation ou pour leur santé physique. Ce cadre d'intervention repose sur une prise en charge éducative des jeunes, assurée par des services spécialisés du secteur public, ou du secteur associatif habilité, de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) qui a remplacé, en 1990, l'éducation surveillée créée en 1945. L'Ordonnance de 1958 est venue compléter la compétence du juge des enfants en l'élargissant du domaine pénal au domaine civil de la protection de l'enfance. Depuis les années 1970, la prise en charge des mineurs délinquants est régulièrement interrogée avec à la clé de nombreuses modifications réglementaires. Ce processus tend à s'accélérer depuis les années 2000 avec la multiplication des types de sanctions, la création de centres éducatifs fermés, certains rapprochements de traitement de la délinquance des mineurs à celle des majeurs, un recentrage des missions des juges des enfants et de la PJJ sur le pénal. 6 L'installation de la commission sur la réforme de l'Ordonnance de 1945 s'inscrit dans ce contexte de modifications réglementaires. Le travail de la commission se présente ainsi : «Entre modifications raisonnables et innovations fondamentales, il y a eu soixante dix propositions pour adapter la justice des mineurs». En introduction, on peut lire «les raisons qui expliquent l'existence d'un droit pénal des mineurs autonomes, apparaissent assez évidentes même si l'évolution récente de la délinquance suscite quelques interrogations». Dès lors les mesures qui s'imposent sont des mesures d'assis- tance, d'éducation et de surveillance, pour que la personnalité du mineur soit en formation, que l'adolescence soit une période charnière au cours de laquelle le mineur s'affirme en s'opposant à un ordre établi notamment les parents. Cette délinquance de transgression dite «initiatique», la plus nombreuse que l'on peut trouver chez beaucoup de mineurs, implique une réponse pénale compréhensive où l'éducatif doit prendre le pas sur la répression parce qu'on espère qu'il s'agit d'un accident de parcours. L'apparition depuis plusieurs décennies d'autres formes de délinquance, que l'on nomme délinquance d'exclusion, est venue troubler cette approche humaniste. International : Echanges sur les pratiques nationales pour les jeunes majeurs en difficulté. Les 4 et 5 juin 2009, se tenait à Montréal (Québec, Canada), un colloque sur le passage à la vie autonome des jeunes en difficulté. Organisé par l'Association des Centres de Jeunesse du Québec (centres de placement de jeunes), il a réuni des professionnels et des universitaires du Québec mais aussi de nombreux autres pays (Etats Unis, France, Belgique, Royaume Uni, Australie, par exemple) autour de la question du passage à la vie adulte des jeunes les plus en difficulté et plus particulièrement des jeunes placés en institution. Plusieurs membres de l'Association sont allés présenter l'étude en cours sur les fins de prises en charge et le fonctionnement du contrat jeune majeur (Etude commanditée par l'Observatoire National de l'Enfance en Danger, et effectuée par Nathalie Guimard et Juliette Petit Gats). Ce fut aussi l'occasion de présenter le service de suite de la Villa Préaut, comme dispositif éducatif innovant. A l'issue de ce colloque, il a été observé une contradiction majeure : les jeunes dans les pays développés sont adultes de plus en plus tard (une nouvelle période s'est ainsi construite à la suite de l'adolescence, appelée parfois «l'adulescence», Arnett), et les jeunes quittent les structures de placement toujours au même âge. Il est demandé aux jeunes de devenir autonomes plus tôt que les autres notamment en se responsabilisant visà-vis de leur parcours d'insertion. Cette tension est d'autant plus forte au Canada, où les jeunes partent au plus tard à 18 ans des structures de placement. Environnement LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET N° 56 Juin 2009 Refondation de l'ordonnance de 1945 sur l'enfance délinquante ? Cette délinquance liée à la précarité et à l'inadaptation se traduit souvent par des infractions graves, violentes et répétées qui nourrissent le sentiment d'insécurité, et par conséquent remet en cause l'approche exclusivement éducative. Pour la commission, cette délinquance plus dure ne doit pas conduire à l'abandon d'un droit pénal spécifique puisqu'elle traduit pour le plus grand nombre des mineurs, soit des problèmes psychologiques ou psychiatriques, soit une socialisation manquée ou une structure de personnalité, ne permettant pas d'éviter le passage à l'acte. Sans doute l'approche peut rester identique mais la réponse doit nécessairement prendre une dimension plus répressive. Ainsi, à l'éclairage de cette analyse, soixante-dix propositions ont été formulées. Examinons quelques unes d'entre elles qui apparaissent plus significatives. Pour une justice pénale plus lisible. Elaboration d'un code dédié, spécifique. La commission préconise l'élaboration d'un code dédié à la justice des mineurs pour renforcer la cohérence et une meilleure lisibilité. Adaptation de la terminologie. Le nouveau code s'intitule «code de la justice pénale des mineurs», ainsi le tribunal pour enfants devient tribunal pour mineurs, et le juge des «enfants» devient le juge des «mineurs». L'admonestation devient l'avertissement judiciaire, la remise à parents devient la remise judiciaire à parents. Choix d'une alternative binaire en matière de réponse pénale distinguant sanctions éducatives et peines. La réponse apportée par les juri- dictions pour mineurs vient sanctionner un comportement répréhensible, même si elle poursuit un objectif éducatif. La commission propose ainsi la suppression de l'appellation «mesures éducatives» au pénal et recommande deux réponses : les sanctions éducatives et les peines. Quelques principes fondamentaux sont énoncés en propositions •Primauté de l'éducatif dans les deux branches. •Primauté d'atténuation de la responsabilité des mineurs en fonction de l'âge. • Principe du caractère exceptionnel des peines privatives de liberté. • Principe de nécessaire connaissance de la personnalité du mineur. • Principe de nécessité d'une réponse à toute infraction. • Principe d'implication permanente des parents et autres représentants légaux. • Assistance obligatoire d'un avocat et de défenseur unique pour le mineur. • Principe de publicité restreinte. Par l'élaboration d'un cadre juridique plus précis. • Seuils d'âge mieux définis. • Majorité pénale fixée à 18 ans. • Responsabilité pénale fixée à 12 ans. • Présomption de discernement à compter de 12 ans. • Primauté de l'intérêt du mineur en cas de doute sur son âge. • La commission préconise un statut spécial pour les moins de 12 ans. • Impossibilité d'incarcérer un mineur de 14 ans sauf en matière criminelle. • Mise en place de structures contenantes adaptés aux mineurs de moins de 14 ans. Par une justice pénale mieux adaptée à la délinquance des mineurs. • Nécessité d'une réponse systématique. • Déjudiciarisation de la première infraction. • Implication de la société civile (associer des bénévoles à l'exécution des travaux d'intérêt général). • Meilleure information aux parents du déroulement de la procédure. • Revalorisation de la remise aux parents. • Amélioration de l'accueil des victimes. • Diversification des réponses visant le caractère exceptionnel de l'incarcération, placement séquentiel … • Instauration d'une catégorie unique du suivi éducatif en milieu ouvert. Regroupement : mesure de liberté surveillée, mesure de protection judiciaire, mesure de réparation, mesure d'activité de jour. En conclusion, la commission a été rapidement persuadée que l'amélioration fondamentale de la justice pénale des mineurs passait obligatoirement par la maîtrise du temps des procédures. Il faut qu'une réponse soit apportée à tout fait de délinquance, dans un délai raisonnable et qu'elle soit cohérente dans le parcours du mineur. Le traitement de la délinquance des mineurs concerne la société toute entière. Il s'agit surtout de coordonner les politiques de prévention et les politiques pénales. Les conclusions officielles ont été rendues à l'automne 2008. Les dispositions gouvernementales ne sont pas encore arrêtées. 7 Entre nous LE JOURNAL DE TOUS CEUX QUI FONT L’ASSOCIATION JEAN COTXET N° 56 Juin 2009 Correspondants Bienvenue à : Accueils de Seine Saint Denis : Patrick TOULORGE Amandiers-Belleville : Patrick GIBEAU Bièvres : Isabelle SARR DAU du Val de Marne : Youssoufi ALI Garches : Michel DUMONT Amandiers-Belleville NKENFACK Robine, faisant fonction de surveillante de nuit Etablissement Jenner ALDEGON Charles, faisant fonction de moniteur éducateur CROS Céline, assistante sociale spécialisée (mutation) LEMENUEL Dominique, éducatrice spécialisée MUNSCH Patrick, éducateur spécialisé La Varenne MAHIR Fouad, éducateur scolaire La Varenne : Eddy FEKRACHE Maisons et appartements éducatifs du Val d’Oise : Laëtitia DEBAUSSE Maison du Sacré Coeur BELARIBI Samir, faisant fonction de surveillant de nuit BONORA Delphine, faisant fonction de surveillante de nuit CHEPTOU Lucie, éducatrice spécialisée DIALLO Thierno, éducateur spécialisé FARREAUX Olivier, faisant fonction de surveillant de nuit HELLALI Haïfa, faisant fonction de surveillante de nuit Maisons et appartements éducatifs du Val d’Oise GNOAN Joshua, moniteur adjoint d'animation NABAIS Nathalie,maîtresse de maison Ourcq DIALLO Ali, faisant fonction de surveillant de nuit LAMARE Vanessa, chef de service éducatif (mutation et promotion) LESPAGNOL Marguerite, agent administratif principal Saint-Maur EVEN Yannick, éducateur spécialisé Ourcq : Mnad AIT OUARAB Palaiseau : Marie-Lou CLAVERE Saint-Maur : Andrinka BARDIN Services de Milieux Ouverts Parisiens : SIOE - AEMO 75 : Romain SARRAZIN Lieu Rencontre : MichailDIMITRAKOPOULOS Unité d’Accueil Familial (SAF 75 - SAF 93) ATTIGUI Sheherazade, assistante familiale BELARBI Djaouida, assistante familiale BENAHMED Rabia, assistante familiale BOULARD Laétitia, éducatrice spécialisée CHARNI Fathia, assistante familiale DAFRI Fahem, assistante familiale GARUTTI Camille, éducatrice spécialisée JAILLET Elsa, assistante familiale KACI Traria, assistante familiale KROUCHI Fatiha, assistante familiale LEFEBVRE Julia, assistante sociale spécialisée MEDZO OWONO Catherine, assistante familiale PREIRA Eveline, éducatrice spécialisée Unité d’Accueil d’Urgence ABOU RAHIM Fouad, surveillant de nuit DEMARGNE Delphine, surveillante de nuit GEVREKYAN Naïri, psychologue LAWIN Ikoubgola Liliane, faisant fonction de surveillante de nuit SAF 75 SAF 93 SAF 93 SAF 75 SAF 75 SAF 75 SAF 75 SAF 75 SAF 93 SAF 75 SAF 75 SAF 93 SAF 93 SAHP Croix-Nivert SAHP Croix-Nivert SAHP Croix-Nivert SAHP Croix-Nivert Villiers GOMES Stéphanie, faisant fonction d'éducatrice spécialisée Siège social : Séverine RANDOLFI SIOAE 93-Réparation pénale : Badiallo BOUGUEON Thiais : Jemmye JOPHE Unité d’Accueil Familial (SAF 75 - SAF 93) : Céline PILLET Villiers : Sylvie THOMAS Comité de rédaction Andrinka Bardin Odile Faussemagne Michel Freund Alain Griffond Josette Pézieu COTXET INFOS 52, rue Madame 75006 Paris • tel : 01 45 49 63 80 • fax : 01 45 48 84 90 • email : [email protected] Association pour la protection et l’éducation de l’enfance et de l’adolescence inadaptées. 8
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