Pontonews 27 BAT.ppp - Lycée International des Pontonniers

Transcription

Pontonews 27 BAT.ppp - Lycée International des Pontonniers
PONTOnews
Le journal des Pontonniens
NUMERO 27 − MARS 2010
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EDITO
Voyage électoral
Oui, on nous l’a dit : c’est la vague, la déferlante
socialiste qui a dévasté la France entière dimanche 21 mars
dernier. Le rose est partout. Du siège des présidents de
région au sweatshirt du présentateur télé, le socialisme
s’est immiscé dans tous les recoins de la France. Ah non,
j’oubliais : notre petite Alsace chérie résiste encore et
toujours à l’envahisseur rose, le gendarme bleu de la
majorité présidentielle reste droit dans ses bottes et n’est
pas prêt à quitter son poste. Mais ne nous cachons rien,
l’UMP est à la peine tandis que la très large alliance entre
socialistes, écologistes et Front de gauche est en position
de force.
Alors, dans un pays soi-disant garant des droits de l’homme
et du citoyen, qu’est-ce-qui fait que le peuple ne se déplace
même plus pour s’exprimer ? La France, un pays de
moutons de Panurge ? Certainement. Et cela n’est pas prêt
de s’arranger, avec une réforme des lycées qui va produire
des élèves hyperspécialisés dans certains domaines et qui
ne s’intéresseront plus aux autres. Peu à peu, c’est le
libre-arbitre qui disparaît avec une école qui ne forme plus
ses élèves à la réflexion. Plus loin encore, c’est l’éducation
citoyenne à la base qui manque : il ne s’agit pas de mettre
la constitution entre les mains d’un bambin de trois ans,
mais de former dès le plus jeune âge et de façon appropriée
les enfants aux droits et aux devoirs du citoyen qu’ils
deviendront. Des heures sont déjà prévues à cet effet me
dira-t-on. Blagounette, mesdames, messieurs, quel
professeur de CE1 apprend à ses élèves ce que représente
le droit de vote ?
Mais dans un pays où un inscrit sur deux seulement se
déplace pour aller voter, quel modèle donne-t-on à ceux qui
représentent notre avenir ? Il est trop tard, le cercle vicieux
de la décitoyennisation est bel et bien là. Et il n’est pas prêt
de se retirer, surtout quand on supprime l’histoiregéographie en terminale S ou lorsqu’on remplace les
Pensées de Pascal en terminale L par les Mémoires du
général de Gaulle, qui rappelons-le, est un véritable
monument, si ce n’est la septième merveille du monde de
la littérature.
En dépit des appels à la mobilisation lancés de tous côtés
durant une semaine, l’abstention record du premier tour
(53,6 %) est restée très forte au second avec à peine un
électeur sur deux s’étant déplacé. La question que tous les
intellectuels, politiques et journalistes se posent
actuellement est : « mais pourquoi donc un tel
abstentionnisme ? ». Les explications de ce non-vote font
légion : « les politiques sont si loin de nous », « le discours
n’est plus que du vent », « ma seule arme c‘est
l’abstention », « nous ne nous sentons représentés par
aucun des partis en lice » ou encore « je ne suis plus
inscrit ». Toutes ces justifications sont vraisemblables et
fondées pour la plupart. Mais éloignons-nous un court
instant de nos contrées françaises pour voyager un peu
dans les paysages électoraux du monde entier. Première
destination : l’Irak. Il y a quelques temps avaient lieu les
élections législatives dans ce pays que personne n’envie :
si je ne m’abuse, les gens qui osaient fouler le sol d’un
bureau de vote étaient les potentielles victimes d’attentats
terroristes. Bien sûr, ce qui devait arriver arriva : on a
compté par dizaines les morts en ce jour d’élections
irakiennes. Ils ont été tués pour avoir placé un petit bout de
papier plié en quatre dans une enveloppe. Ils ont été
exterminés d’une des façons les plus barbares qui soit pour
avoir accompli le droit (et le devoir) le plus élémentaire du
citoyen, à savoir de s’exprimer librement.
Partons à présent vers un endroit plus attrayant encore, la
Thaïlande : depuis quelques semaines les Chemises
rouges manifestent dans tout le pays. Pour se faire
entendre, ils remplissent des quantités incommensurables
de bouteilles de leur propre sang qu’ils déversent par la
suite dans les rues. Savez-vous ce qu’ils demandent ? Vous
allez rire : ils demandent le droit de s’exprimer. Ils
demandent le droit de voter, en se vidant de leur sang.
Les seules choses naturelles, ce sont les rêves. Même la
nature ne peut pas les désintégrer. Elle ne peut pas non
plus désintégrer le fait que 8,7 % de la population vote pour
le Front National. La citoyenneté n’existe plus. Elle est déjà
morte. Elle est pleine de mystères et de contradictions pour
certains, de chaos, d’horloges et de pastèques pour les
autres. La seule chose vraie, c’est que les Français se
sentent très seuls, abandonnés par la politique, trop irréelle
pour les protéger. Mais comme tout ce qui est rare, il est
certain que les Français, au fond d’eux-mêmes, veulent se
la réapproprier. Il y a de la pureté dans tout cela.
Aujourd’hui, l’insignifiant est sacré. Seulement, pour ceux
qui n’ont pas encore l’âge, n’attendez pas pour vous
engager, et préparez votre avenir. Peut-être simplement
pour déterrer cette chose pourrie qu’est la citoyenneté. Ou
peut-être encore pour rendre hommage au sang innocent
qui coule encore dans les rigoles de Bangkok.
Robin Ormond, 1L1
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DOSSIER VOYAGES
Sahara Algérien : les immensités de la Tadrart
« Bonjour, il est deux heures du matin, notre appareil vient d’atterrir à Djanet. La température
extérieure est actuellement de douze degrés. Notre compagnie vous souhaite un agréable séjour
en Algérie. »
Première réaction : mais il y a de la
végétation ! (Non, en fait, la
première réaction, c’a été de
m’exclamer,
en
manque
d’inspiration lyrique : « Waow ! »)
Eh oui. Ce n’est pas vraiment la
jungle, mais il y a effectivement des
plantes, chose étonnante compte
tenu qu’il n’a pas plu depuis deux
ans dans la Tadrart. Roses de
Jéricho-ces
choses
toutes
desséchées qui fleurissent si on les
plonge dans l’eau-, buissons
décharnés aux épines traîtresses
(on se dit : « Tiens, ce sable a l’air
doux, et si j’y courais pieds nus ? ».
Mauvaise idée, sauf dans les
dunes), coloquintes aux fruits ronds
comme des boules de pétanques,
et puis surtout acacias, de toutes sortes, rabougris, verdoyants, voire en fleurs.
Epais et râpeux ou au contraire fin comme de la farine et infiniment doux, de toutes les couleurs (du noir au rouge de Tin
Merzouga, en passant par toutes les nuances d’orange et d’ocre), le sable est partout : on s’habitue à voir sable, respirer
sable, manger sable. Les dunes fascinent par leur aspect : le sable paraît soyeux, lisse comme de la crème caramel, et
l’on a envie de dévaler la pente en courant (par contre, penser à vider ses chaussures en arrivant en bas !). Mais le plus
étrange reste le chant de la dune : lorsque plusieurs personnes remuent simultanément une grande quantité de sable (en
descendant la dune, par exemple), l’énorme masse de sable entre en vibration et émet un son sourd, fort et continu,
semblable au passage d’un avion dans le ciel, percevable à un kilomètre de distance.
Le rituel des trois thés est une tradition touareg que nos guides nous font l’honneur de partager. Il faut d’abord allumer un
feu, afin de produire des braises. Lorsqu’il y en a suffisamment, on met la bouilloire dans les braises pour faire chauffer
l’eau. Celle-ci est ajoutée au thé et au sucre (mieux vaut
ne pas être diabétique, la quantité de sucre est
hallucinante), puis on transvase inlassablement le
mélange d’un verre à la théière, pour créer de la
mousse. Ensuite, on peut boire les trois thés, dans
l’ordre suivant : « Amer comme la vie, fort comme
l’amour, doux et suave comme la mort » Traduisez : le
premier thé contient beaucoup de thé et peu de sucre,
et au fur et à mesure, on rajoute de l’eau et du sucre,
ce qui fait que le deuxième thé est plus sucré, et le
troisième devient carrément du sirop.
Le voyage au Sahara en hiver a ses avantages. Primo,
il ne fait pas trop chaud (nous avons plutôt eu froid,
surtout en dormant à la belle étoile la nuit, les
4
DOSSIER VOYAGES
températures étant descendues jusqu’à 4-5°C).
Deuzio, on évite scorpions, serpents et autres
bestioles sympathiques qui hibernent à cette
période de l’année. Mieux vaut cependant ne
pas dormir trop près des rochers : un scorpion
frigorifié pourrait pendant la nuit venir
rechercher la chaleur après de vous. Sous
votre oreiller, par exemple (véridique, mon père
a testé).
Le Sahara, ce n’est pas seulement un immense
champ de dunes : il y a les canyons sculptés
par d’anciennes rivières, des plaines d’argiles
sèches, des arches rocheuses monumentales,
mais aussi des oued : caché au milieu d’un
amas de pierre, une cuvette d’eau plus ou moins
sablonneuse aux bords marqués par des traces de pattes
d’animaux. Car la faune, bien que discrète, est également
présente, même si l’on ne voit d’elle que ses traces :
gerboises, chacals craintifs venant rôder autour du bivouac
la nuit, et même gazelles. Moins farouches, moula-moula
(petits oiseaux noirs et blancs), scarabées et lézards de
toutes sortes vivent à l’ombre des rochers.
Ce qui rend les immensités de la Tadrart particulières, ce
sont ses gravures rupestres. De nombreux hommes
vivaient vers -12 000 dans cette région autrefois
verdoyante, et ont laissé leurs traces dans les rochers.
Hommes d’un autre temps, troupeaux de dromadaires,
gazelles, éléphants et girafes sont restés figés durant
14 000 ans sur les parois abritées du vent.
Ainsi, le voyageur revenant du Sahara ramène heures de
sommeil en moins (dues aux liaisons Djanet-Paris
exclusivement entre 2 et 5 heures du matin), sable dans ses
chaussures (et il y restera longtemps) et l’envie d’y
retourner…
Texte et photos : Elise Weissenbacher, 2de7
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DOSSIER VOYAGES
Voyage à Rome-Naples du 31 janvier au 5 février 2010
Pendant que certains s’acharnaient sur leur bac blanc, les latinistes de Seconde et de Première
partaient en Italie. Les 37 élèves étaient accompagnés de leurs professeurs de latin (M. Auclair,
M. Hontabat) et de Mme Gyss.
Dimanche 31 janvier
A 16 heures, nous sommes tous - ou
presque, pour les retardataires - place
Brandt, à attendre l’arrivée du car en
piaffant d’impatience. Le trajet est long,
très long : l’arrivée est prévue vers
7h00 à Rome, soit toute la nuit à
passer dans le bus.
Lundi 1er février
Au terme de cette courte « nuit »
(traduisez : cinq heures passées à
essayer plus ou moins vainement de
dormir), nous arrivons sous un temps
radieux à Rome. Après un petit
déjeuner sur l’autoroute, nous
attaquons la visite du Forum romain :
l’Arc de Septime Sévère, la Curie (qui
abritait le Sénat), la basilique Aemilia,
le Temple de Saturne…Tous ces
monuments quasi légendaires que
nous voyons – pour certains pour la
première fois - « en vrai ». Et
évidemment, le Palatin, une des sept
collines de la Rome antique, qui
surplombe le Forum. Nous faisons une
halte au restaurant pour manger de la
viande et des patates sautées.
Ensuite, nous retournons au Forum
pour visiter le Colisée, dont la
construction débuta en -72 sous les
ordres de Vespasien ; devant le
gigantesque amphithéâtre, des hordes
de touristes, des vendeurs de
boissons, des gens déguisés en
gladiateurs (si, si.), et derrière,
l’avenue et ses chauffards (ah, la
conduite italienne …). Curieux
mélange que Rome : monde moderne
et ruines antiques se mêlent sans
Naples (Naples, sa baie magnifique,
ses ruelles sombres encombrées de
linge pendant aux fenêtres, son
nouveau code de la route-le but étant
de klaxonner le plus longtemps et le
plus fort possible. Bonus : donner des
crises cardiaques aux piétons). Puis
nous reprenons le car, direction
Sorrente (sur le trajet, nous admirons
un superbe coucher de soleil sur la
mer), où nous dormirons après avoir
Mardi 2 février
mangé – suspense - de la viande et
Nous partons pour Pompéi/Naples (2-3 des patates sautées.
heures de car), toujours sous un ciel
bleu. Au-dessus de la magnifique baie Mercredi 3 février
de Naples se dresse le Vésuve, ce Le matin, visite du musée
monstre endormi au sommet couvert archéologique de Naples, réputé pour
de neige. Le site est impressionnant : être un des plus beaux d’Europe.
les rues de Pompéi ont été longtemps Effectivement, combien de statues de
conservées, ensevelies sous les divinités gréco-romaines, d’empereurs
cendres lors de l’éruption du Vésuve le romains avec leur coiffure à bouclettes
24 août 79. On voit une ville romaine (non, plus sérieusement, le musée est
avec ses villas recouvertes de véritablement impressionnant). Nous
fresques, son amphithéâtre, ses admirons tout particulièrement les
thermes, mais aussi ses tavernes et mosaïques diverses, très colorées – la
ses lupanars ; en bref, ce ne sont pas plupart proviennent d’ailleurs de
les exploits d’illustres généraux ou Pompéi.
empereurs mais la vie quotidienne de En retournant sur Rome, nous nous
gens ordinaires que l’on découvre. Le arrêtons à Tivoli pour une excursion à
plus marquant reste cependant les la Villa d’Hadrien, commandée en 117
moulages des corps retrouvés dans les par l’empereur du même nom.
décombres ; hommes, femmes-parfois Gigantesque lieu de villégiature (120
enceintes-, enfants, dont les traits sont hectares !), la Villa comprenait quantité
encore figés dans un rictus de de bâtiments comme un palais
impérial, des thermes, un hippodrome,
souffrance.
L’après-midi, nous étions supposés un théâtre, une bibliothèque, etc. ; elle
visiter le musée archéologique de sera malheureusement pillée à partir
Naples, auprès duquel nous avions de 138, date de la mort d’Hadrien, ce
d’ailleurs réservé ; seulement, son jour qui explique son mauvais état de
de fermeture est…le mardi. A la place, conservation.
nous nous promenons dans les rues de Jeudi 4 février
aucune transition, là où d’autres villes
auraient mis leur passé derrière des
grilles et des vitres de musées. Nous
enchaînons avec la visite guidée des
forums impériaux, aboutissons à la
place de Venise (petit temps libre), puis
départ vers l’hôtel (à environ une heure
de bus de Rome), où nous pourrons
enfin dormir après avoir mangé de la
viande et des patates sautées.
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DOSSIER VOYAGES
Nous retournons à Rome afin de visiter les Musées du Capitole ; outre une terrasse d’où l’on a une vue imprenable sur
le Forum, le musée abrite notamment la Louve étrusque (allaitant Romulus et Remus), le Galate mourant (un guerrier
gaulois à l’agonie), l’Aphrodite du Capitole.
Après un pique-nique au Circus Maximus, nous nous dirigeons vers les restes imposants des thermes de Caracalla (les
plus grands thermes de Rome à cette époque), puis nous nous séparons en petits groupes pour passer l’après-midi à
notre guise dans la ville (le rendez-vous étant fixé devant le Vatican). Sur notre chemin : le Panthéon, la fontaine de Trévi,
mais aussi la place d’Espagne et la basilique Saint-Pierre.
Nous achevons notre séjour en Italie par un dernier repas de viande-patates sautées au restaurant avant de remonter, à
regret, dans le car qui nous ramènera pendant la nuit et la matinée suivante vers Strasbourg.
Elise Weissenbacher, 2de 7
Voyage à Cologne
«€ Nous pensions vraiment que c’était fini, que nous allions rentrer€ »
s’exclamaient les élèves de toutes parts lorsque nous fûmes (enfin) arrivés
à Cologne. C’est vrai que le voyage commença en plein dans l’action lorsque
le train que nous devions prendre arriva en gare avec huit wagons lui
manquant, dont le notre bien sûr. Moment de panique€: monter dans le train
tout de même au risque d’y être écrasé durant une heure trente, ou rester sur
le quai pour trouver une méthode alternative€? Nous sommes restés sur le
quai, et ce fut assez ironique lorsqu’on nous annonça alors que notre
voyage n’avait pas encore réellement débuté€: «€Soit on trouve un autre
train dans lequel il y a assez de places pour nous tous, soit on retourne à
Strasbourg€…€» Super€! Et ce ne fut pas la dernière de nos aventures€! …
L'emblême de la ville de
Cologne"
Nous étions une trentaine d’élèves de première du
lycée apprenant l’allemand ayant eu la chance de
participer à ce voyage à Köln durant la semaine du bac
blanc, du 1er au 4 février plus précisément. Entre courses
folles après le train, tempêtes de neiges, chocolats chauds
et cinéma, nous avons en outre pu visiter le centre ville,
quelques musées et le studio de la radio-télé Allemagne la
WDR…
Journée n°1€: Arrivés vers 14h à Cologne quelque peu essoufflés déjà,
nous avons déposé nos affaires à l’auberge de jeunesse où on logerait les quatre
jours avant de profiter d’une visite guidée du centre ville et surtout la cathédrale de
Cologne dans une atmosphère plutôt apocalyptique due à la tempête de neigepluie-grêle ayant décidée de s’abattre sur nous ! La cathédrale, très
impressionnante par sa taille et ses vitraux, nous servit de refuge contre le vent et
la neige quelques instants, puis nous avons visité les ruelles du centre ville ainsi que
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DOSSIER VOYAGES
le quartier médiéval. Une heure de quartier libre nous trouva tous devant un chocolat chaud bien chocolaté : jamais un
chocolat chaud ne m’a paru si bon !
Dans les studios de la WDR
Journée n°2 : Après un difficile lever à huit heures du matin, nous avons pris un bon
petit déjeuner à l'auberge de jeunesse. Nous nous sommes ensuite rendus au centreville pour aller au Wallraf-Richartz-Museum, une galerie de peintures du Moyen-Age
au XIXe siècle.
Après une visite libre, nous sommes allés déjeuner en ville.
L'après-midi, nous avons pu entrer dans les studios de la WDR (Westdeustcher
Rundfunk), une célèbre chaîne de télévision et radio allemande ! Là, une animatrice
nous a montré les plateaux de télévision et nous a parlé des techniques vidéos
utilisées, ce qui nous a parut très impressionnant.
Enfin, après un quartier libre, nous sommes retournés à l'auberge de jeunesse où nous
avons dîné et passé la soirée.
Journée n°3 : Le mercredi, nous sommes partis de l'auberge à 9h30
pour aller visiter le Museum Ludwig, une galerie de peintures
modernes et contemporaines. Nous avons pu y voir de grandes
oeuvres d'Art, parfois très .. spéciales ! Et après un bon déjeuner,
nous nous sommes rendus dans un musée consacré à Käthe
Kollwitz, une dessinatrice et sculptrice allemande de la première
moitié du XXe siècle. L'exposition était très émouvante, car elle était
en rapport avec la première et la seconde guerre mondiale, ainsi que
les autres maux allemands de cette partie du siècle. Après ce
moment, nous avons à nouveau eu un quartier libre avant de rentrer
à l'auberge.
Le soir, nous avions décidé d'aller au cinéma. Nous y avons donc vu Sherlock Holmes, en Allemand, evidemment ! Il faut
d'ailleurs bien avouer que la plupart d'entre nous n'avons compris que la moitié ! Nous avons cependant passé une très
bonne soirée, avant de rentrer nous coucher.
Journée n° 4 : Jeudi fut le jour du départ. Un peu tristes de quitter si vite Cologne, nous avons refait nos bagages et
rendu nos chambres. Nous avons profité une
dernière fois de la ville en allant nous promener et
visiter, pour certains, la maison de fabrication de
l'eau de Cologne, au numéro 4711. Après avoir
acheté à manger, nous avons cherché nos affaires
à l'auberge et nous sommes rendus à la gare pour
passer l'autre partie de la journée dans le train,
avant d'arriver à 16h à Kehl.
De la part de tous les élèves présents, nous
remercions Mr Deronne et Mme Audouard d'avoir
organisé ce voyage et de nous avoir permis de vivre
tous ces bons moments !
"Une ancienne croyance Allemande disait que de toucher le nez du personnage
de gauche portait chance, ce personnage représentant l'homme bon, celui de
gauche étant une personne plus vicieuse."
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DOSSIER VOYAGES
Quelques anecdotes€sur le voyage:
Allemagne la semaine avant le carnaval, et certains
Allemands gambadaient déjà déguisés dans les rues.
Lorsque nous avons croisé un de ces groupes :
Un certain élève, aux Allemands : « Schöne Verkleidung ! »
Le pire, c’est qu’ils n’ont même pas compris sans que nous
le leur répétions trois fois…
* Lors du quartier libre un midi, nous nous sommes
retrouvés un groupe de six à manger dans une pizzeria (en
Allemagne…), attirés par le panneau « toutes les pâtes et
les pizzas à 4,90 euros ». Nous nous somme installés, fiers
de notre choix. Nous avons commandé nos repas, puis
avons tenté de faire comprendre par les faibles moyens que
nous avions que nous voulions une carafe d’eau :
-Eine Karafe Wasser bitter.
-Visage passif, puis : Eine Flasche Wasser , okay
-Nein, eine Karafe bitte !
-Toujours pas compris
-Tentative d’explication se basant sur l’Anglais : Wasser von
der Tappe…die Tüppe…keine Flasche !
Le serveur semblait enfin nous avoir compris, mais nous
expliqua qu’il ne pouvait pas
servir de l’eau en carafe et
qu’on devait acheter une
bouteille. Epuisés par ce
discours complexe, nous
avons cédé. Or horreurs et
miséricorde lors de la
réception de l’addition : la
bouteille d’eau, de seulement
75 cl en plus, coutait 6,50
euros ! C’est là que Margaux
décida de prendre les choses
en main et exprimer sa vision
de la situation. Ca donna
environ ceci :
« Ich finde, dass es nicht
normal ist, dass diese Falsche
so viel kostet – Wir sind
Jugendliche
und
seine
Flasche kostet sechs euros,
wir können das nicht zahlen ! »
Vous auriez dû voir la tête du
serveur, c’était excellent !
Nous avons ensuite dû faire
les comptes pour se
départager tout ça, et ce ne fut
pas si facile que ça en avait
l’air : nous avons dû poser les
calculs à l’arrière de l’addition,
que nous avons gardée
comme précieux souvenir de
"Cologne, c'est
cette escoquerie !
vraiment super !"
*Margaux voulait signaler qu’elle a perdu sa boucle
d’oreille devant la célèbre cathédrale de Cologne. Elle en a
retrouvé la boucle, mais pas le fermoir ! Avis de recherche :
la récompense sera élevée!
*« La visite du centre ville à notre arrivée était
vraiment effroyable, explique Pauline. On avait les
neurones paralysés par le froid, donc toute une partie de la
ville nous est restée inconnue, mais sinon c’était drôle ! On
s’est refugié au Starbucks pour prendre un bon chocolat
chaud avec de la crème, de la noisette et/ou du caramel :
ça faisait du bien ! »
*Le premier soir, on était réunis à une dizaine dans
notre chambre, ce qui était une fausse bonne idée puisque
celle de Madame Audouard se trouvait juste à côté.
Justement, on parlait, riait, et vers minuit, on entend
quelqu’un toquer très fort à notre mur. Persuadés que c’était
Madame Audouard qui allait enter dans notre chambre,
nous avons éteint les lumières en toute urgence et avons
fait semblant de dormir…à environ trois par lit ! On resta
ainsi bien quelques minutes, avant de pouffer de rire et de
se décider à aller se coucher. Le lendemain matin, il se
révéla que c’était les filles d’à côté qui étaient fatiguées qui
avaient toqué à notre mur – toute cette « peur » pour rien !
On devait vraiment avoir l’air intelligent couchés et
silencieux à dix dans notre petite chambre pour quatre !
Camilla Zerr, 1S3
Anouk Heili, 1L2
Avec la participation de certains camarades du voyage –
merci !
* Nous avons eu la chance de nous trouver en
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DOSSIER VOYAGES
INDIANAPOLIS
Suite à leur voyage à
Indianapolis,
Caroline
Reisacher et Kim Zolty de
2nde10 ont accepté de
partager leurs expériences.
Résumez nous votre voyage en
quelques mots.
Caroline : C’est impossible de le
décrire juste avec quelques mots.
Kim : Moi je dirais que cette nouvelle
expérience a été très enrichissante
et intéressante.
Justement, pourquoi considérezvous
ce
voyage comme
enrichissant
?
Avez-vous
également
rencontré
des
problèmes ?
Kim : Ce voyage à Indianapolis a été
super
intéressant
!
C’est
impressionnant comme les gens
font beaucoup de sport là-bas, ils
ont d’autres idées et mangent tout le
temps ! D’ailleurs, je les ai trouvés
très ouverts et on s’est beaucoup
attachés les uns aux autres.
Caroline : Question problèmes,
nous n’en avons pas vraiment
rencontré mise à part que nous
avions dû attendre plus de deux
heures dans l’avion avant qu’il
décolle parce qu’il y
avait des problèmes
de communication !
Qu’est-ce qui vous
a
le
plus
impressionné làbas ? Le plus plu ?
Et
le
moins
apprécié€?
Kim : Le plus
impressionnant
c’est de voir la différence entre ce
qu’ils appellent une « petite ville » et
une « grande ville ».Et là-bas, les
élèves ne sont même pas une
vingtaine en classe et ont tous des
ordinateurs. J’ai également adoré
Chicago et le match des Lakers
mais on a visité certains musées
qui, pour moi, sont sans grand
intérêt.
Caroline : Moi je trouve que le plus
impressionnant c’est que tout est
vraiment plus grand là-bas, même
les mouchoirs ! Sinon j’ai bien aimé
visiter Chicago. Là-bas, il faut tout le
temps lever la tête pour voir tous les
buildings.
Qu’avez-vous fait pendant ce
voyage ?
Caroline : Le jour où l’on est arrivé,
leur équipe
les Colts ont
été qualifiés
en
demifinale, donc
tout le monde
était dans la
rue avec les
maillots bleus
de
leur
équipe, les
magasins
avaient des
drapeaux
10
« Go Colts » dans leur vitrines. C’est
impressionnant de voir comme cette
équipe unis les gens d’Indianapolis.
Et quand on est entré dans le
Conseco fieldhouse, il y avait une
banderole « Welcome International
School » accrochée, j’ai trouvé ça
super sympa.
On a également regardé Star Trek
et on est allé voir la pièce de Roméo
et Juliette, moi j’ai adoré !
Kim : Moi j’ai détesté cette pièce.
C’était horrible ! Tout le monde
autour de moi s’endormait !
On a aussi fait du shopping à
Chicago, naturellement. On a visité
des musées, on était dans une
école maternelle pour apprendre le
français aux enfants, on a joué au
basket sur un terrain et après on a
vu un match des Lakers. On a aussi
eu un cours sur la guerre civile.
Vous pouvez finir cette interview
comme vous le souhaitez.
Caroline : Moi je trouve que ça a été
une super expérience, j’aimerais
bien la renouveler.
Kim : Pareil. Je me suis aussi très
attachée aux gens là-bas, on s’est
tous bien entendu. C’était un bon
groupe !
Camille Grosse, 2nde10
DOSSIER VOYAGES
«Voyage» à Pontonniers
Pourquoi attendre les Journées du Patrimoine* pour mieux connaître son lycée, surtout quand il
est inscrit monument historique ?
On a beau s'y rendre (presque) chaque jour, dans les escaliers, dans les couloirs ou en allant au
casier, plusieurs détails nous échappent. Visite guidée express pour y remédier...
Commençons par le commencement,
avec un peu d'Histoire.
Le nom du bâtiment vient des constructeurs
de ponts. En effet, une caserne de
'pontonniers' se trouvait à son emplacement
avant le lycée.
L'école construite à cet endroit était un
établissement secondaire de jeune fille qui
contenait 18 salles pour 650 étudiantes avec 1000 élèves en 2010, on comprend la
nécessité de faire des travaux. Ce bâtiment
a donc gardé plus de cent ans la même
fonction !
Suite à la guerre franco-prussienne de 1870,
l'Alsace était allemande à l'époque de la
construction de l'école, en 1901. Elle faisait
partie du chantier de la «Neue Stadt» (la
nouvelle ville), qui devait sensibiliser les
jeunes filles scolarisées à l'art local.
Aviez vous remarqué...
La céramique au dos du portail des professeurs ?
Elle représente une maison construite en 1578 au coin de la rue des Pucelles : le Katzeroller. Les boiseries de cette
maison, détruite pour élargir la rue, ont été réemployées pour la maison directoriale.
Les deux médaillons à l'entrée de la maison du proviseur ?
Ce sont les portraits de deux pédagogues, un suisse, Pestalozzi, et un allemand, Fröbel.
Le sondage dans le mur des escaliers d'honneurs, avant le premier étage ?
La peinture a été 'sondée' (grattée), ce qui permet de voir sur quelques centimètres la peinture d'origine. Les motifs
floraux, jugés 'trop germaniques' ont été recouverts en 1960 par souci d'uniformisation.
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DOSSIER VOYAGES
L'horloge à poids à droite de la salle 102 ?
Protégée par les Monuments historiques, elle a été réalisée par la famille
Ungerer (Oui, celle de l'illustrateur Tomi).
La chouette de l'escalier d'honneur ?
Symbole de sagesse et attribut de la déesse Athéna (Minerve), elle n'est
pas tournée vers la fenêtre mais vers les professeurs qui descendent les
escaliers. Ainsi, elle veille et rappelle la fonction pédagogique du lycée.
Elle est recouverte de feuilles d'or.
L'écusson de Strasbourg sur la rambarde du troisième étage ? La
banderole rouge est orientée à l'envers... Il s'agit certainement d'une erreur.
Les trois animaux sculptés dans l'arcade au troisième étage ?
Il y a une hirondelle, un lézard et un papillon. L'arcade montrait aussi des anges musiciens qui précédaient la salle de
musique.
Le carrelage d'origine ?
Des poissons qui symbolisent l'eau (1er étage)
Des lions pour la terre et la force (rc et 2e étage)
Des aigles pour l'air et la puissance (3e étage)
Il y aurait encore d'autres choses à dire, à propos du
style pittoresque conforme au XVe siècle, des multiples
décrochements, des bulbes, des pignons, des tourelles
ou de l'oriel. Et surtout, si vous en avez l'occasion,
arrangez-vous pour rattraper un contrôle dans la
bibliothèque des professeurs. Travailler au milieu de
ces livres anciens, de ces moulages et de ce mobilier
en partie d'origine en vaut la peine.
* Cette année, les journées du patrimoine auraient
lieu le 19 et 20 septembre.
Sources : cours de formation aux élèves d'Histoire des Arts pour les Journées du Patrimoine.
Eline Roane de Mathuisieulx, 1L2
12
DOSSIER VOYAGES
Interviews sur le voyage
Différentes personnalités du lycée (parce que, prenons soin de le préciser, le Pontonews se veut
désormais être le journal du lycée, et non seulement des lycéens) ont été interviewées sur leur
rapport au voyage. Puissent ces interviews (r)éveiller votre désir de voyage (intérieur ou
extérieur, cérébral ou physique, inerte ou dynamique); puissent-ils vous faire rêver de mont Fuji
en 4D, d'eucalyptus géant, et de friselis d'écume dans la brise d'un soir de juillet, dans un lieu
indéterminé...
Interview de Barbara Haberstroh- Pensez-vous que, si on fantasme
Chanut, documentaliste
longtemps sur un pays, on peut être
déçu quand on y va vraiment?
Si on sait que le voyage reste une
Aimez-vous les voyages?
Oui, j'aime les voyages... que ce soit à surprise, et qu'il y a toujours une marge
de manoeuvre entre une chose et la
l'intérieur ou à l'extérieur...
Que pensez-vous qu'un voyage peut représentation qu'on se fait de cette
chose; on sait alors tirer profit d'un
apporter?
La surprise, l'exotisme, la rencontre avec voyage. Il faut savoir qu'il y a toujours
d'autres cultures. Je ramène des objets quelque chose d'inattendu.
du quotidien. Une phrase de Pierre Quelles sont vos prochaines
Soulages me vient également à l'esprit: destinations?
"C'est ce que je fais qui m'apprend ce L'Inde et la Chine.
que je cherche."
Vous êtes libre de conclure cet
Êtes-vous d'accord avec la phrase entretien comme vous le souhaitez.
"Ce ne sont pas les hommes qui font *
les voyages, ce sont les voyages qui " Il y a quelquefois des livres des livres
qui s'éternisent sur les tables de chevet
font les hommes"?
C'est un point de vue philosophique. Oui, comme autant d'appels silencieux mais
je suis dans cet état-là quand je voyage. instants vers de grands espaces. Des
Avez-vous un moyen de locomotion lectures chéries, absorbées enfant dans
l'insouciance, mais qui gravent à jamais
préféré?
Longtemps j'ai regardé l'émission "Des la mémoire, et que l'on garde en soit
trains pas comme les autres". Il y a un comme un refuge. Des instants lus et
train qui va du Sud de la Chine jusqu'au des aventures de papier qui moutonnent
Tibet: j'aimerai bien faire cette ligne-là un comme le ressac et qui finissent par
jour (Barbara Chanut nous renvoie à ouvrir une brèche dans les remparts du
un
blog:
http:// quotidien.Puis, un jour, on a envie d'aller
voir, de sentir, de toucher. On envie
angelicounette.spaces.live.com).
Voyagez-vous également de façon d'être soit même une part du récit,
comme si on était prêt. L'écriture a
plus abstraite?
J'ai voyagé avec les livres (Barbara dessiné en nous des personnages
Chanut nous fait découvrir un extrait familiers qui nous attendent quelque part
du livre d'Éric Millet, Sahara, sur les et qu'il nous tarde de rencontrer."
traces de Frisson Roche, voir *). J'ai
également beaucoup voyagé avec Eric MILLET, dans "Sahara, sur les
Traces de Frison Roche"
ARTE.
Interview
de
Marie-Antoinette
Spiecker, membre du personnel de la
"Vie Scolaire"
Aimez-vous voyager?
Ouais.
Qu'est-ce que vous pensez qu'un
voyage peut apporter?
Rencontrer de nouveaux modes de vie...
Voir comment les gens se comportent,
vivent, ailleurs... voir la nature... d'autres
pensées... de nouveaux rêves à apporter
chez soi, de nouvelles odeurs...
Êtes-vous d'accord avec la phrase
"Ce ne sont pas les hommes qui font
les voyages, ce sont les voyages qui
font les hommes"?
Oui.
Comment préférez-vous voyager?
A pied et en avion. Le train: non.
Les livres, les films, l'art vous font-ils
également voyager?
Les livres, oui.
Est-ce que vous pensez que, si on
fantasme longtemps sur un pays
avant d'y aller, on peut être déçu
quand on y va vraiment?
Oui, on peut être déçu.
Quelles sont vos prochaines
destinations?
La Grèce, Cordoue et le Japon.
Vous pouvez terminer cette interview
comme vous le souhaitez.
J'aimerais encore beaucoup voyager.
13
DOSSIER VOYAGES
Interview de Didier
professeur de lettres
Hontabat,
Aimez-vous les voyages?
J'adore les voyages: j'ai beaucoup vécu
à l'étranger. Par contre, je suis assez
inadapté pour le voyage "de touriste" - je
ne suis pas du genre à dire: "Je vais aller
une semaine là-bas". J'aime moins le
voyage dit "touristique".
Qu'est-ce que vous pensez qu'un
voyage peut apporter?
Découvrir d'autres mentalités. On se
rend compte qu'on n'est pas le centre du
monde.
Êtes-vous d'accord avec la phrase:
"Ce ne sont pas les hommes qui font
les voyages, ce sont les voyages qui
font les hommes"?
Je suis d'accord, c'est vrai: on se
construit par rapport aux autres. On se
construit par le regard de l'Autre.
Comment préférez-vous voyager?
J'aime beaucoup les trains - qui ne
soient pas les TGV (rires). Non mais
j'aime prendre le temps en voyage.
Que pensez-vous du voyage par
l'imaginaire?
Oui, c'est sûr: le plus beau voyage qu'on
peut faire est le "voyage autour de sa
chambre" comme disait quelqu'un. Mais
cet imaginaire ne peut être nourri que
par soit des livres soit de vrais voyages.
Interview de Florian Le Coz, élève en
Quels sont les livres qui vous ont fait 1ère ES, sur son voyage dans le cadre
le plus voyagé, au sens figuré comme de la section russe et sur le voyage en
général
au sens propre?
Cendrars, La Prose du Transsibérien:
c'est une succession d'images très Sur le voyage en Russie
fortes. Il y a aussi Cent ans de solitude
de Marquez - c'est d'ailleurs son seul Combien de temps es-tu parti?
bon livre: Cent ans de solitude est un Le voyage a duré dix jours (en comptant
livre très foisonnant et riche, qui m'a fait deux jours d'avion et de train).
voyager dans le sens concret (ça se
passe en Amérique du Sud) comme au Quelles étaient tes attentes vis-à-vis
sens abstrait (c'est un voyage mental). de la Russie?
N'ayant jamais quitté les frontières
Pensez-vous qu'à force de trop européennes et considérant la Russie
fantasmer sur un pays, on peut être comme hors de l'Europe, je m'attendais
à une culture eurasienne. Je m'attendais
déçu quand on y va vraiment?
Oui, d'ailleurs il ne faut pas trop attendre, à quitter les rites "européens".
il ne faut pas trop rêver dessus, il faut y
aller. Par exemple l'Irlande c'est un pays Tes attentes ont-elles été satisfaites?
dans lequel je ne suis jamais encore allé, Non, mais j'ai trouvé d'autres centres
mais sur lequel j'ai lu tellement de d'intérêt. Finalement, mes attentes ont
changé: découvrir plutôt les gens, au lieu
choses que j'ai peur d'être déçu.
Non, il faut partir, tout de suite. D'ailleurs de découvrir la société en soi. De la
j'ai eu beaucoup d'élèves anglo-saxons société pour aller aux gens: en fait j'ai fait
qui sont partis tout un an, juste après le un zoom.
bac et avant leurs études.
Avais-tu des préjugés vis-à-vis de la
Quelles sont vos prochaines Russie?
Oui, un peu comme tout le monde. Le
destinations?
La montagne: les Alpes... Après père de ma correspondante m'avait
d'ailleurs demandé si j'avais ces
Prague...
préjugés-là, et j'ai répondu oui. Je
Vous pouvez conclure cette interview m'explique: quand on dit Russie, c'est
"communisme", et après "vodka". Ca me
comme vous le souhaitez.
Une phrase de Rimbaud: "La vraie vie fait penser: à la gare j'avais vu un T-shirt
est ailleurs."
avec marqué dessus: "Here there are no
beers" et on voyait un ours titubant avec
une bouteille de Vodka à la main.
Également, on dit souvent que c'est très
militarisé, très strict.
Ces préjugés ont-ils été démentis?
Évidemment, l'histoire de l'ours est
fausse. Les Russes chez qui j'étais ont
souvent joué avec ce préjugé (le père me
demandant souvent: "Tu as goûté la
vodka?").
Et alors, finalement, cette vodka, tu
l'as goûté?
Oui.
Sinon, dans le cas de cet aspect
14
DOSSIER VOYAGES
militarisé, je pensais que ce préjugé était
faux. Mais, là, dès qu'on arrive dans le
pays, on se dit qu'il y a beaucoup de
militaires. Tu te dis: "C'est plus de notre
époque!", mais en fait, là-bas, il y a 18
mois de service militaire - c'est
également dû à l'insécurité en Russie.
Tu as été hébergé par une famille
russe. Penses-tu que cela permet
d'avoir une vision plus authentique
du pays?
Bah oui. C'était une famille assez
honnête: ils parlaient de tout, ils ne
cachaient rien, même de la situation
politique. La famille m'a bien dit que ça
ne la gênait pas de parler de politique.
Qu'as-tu mangé?
Le premier soir ils me proposent du vin:
ils ne voulaient pas trop mettre en avant
leur gastronomie. Ils faisaient vraiment
des plats "sophistiqués". Mais à la fin,
quand ils ont compris que je voulais voir
comment ça "fonctionne" réellement, ils
m'ont montré ce qu'ils mangent
vraiment: du thé au lieu d'eau par
exemple, mais sinon il n'y a pas vraiment
de règles. Le soir, deux possibilités:
soupe et après quelque chose de froid du pain noir avec ce qu'on trouve dans le
frigo, du caviar rouge un peu plus gros
que celui qu'on connaît; sinon quelque
chose de chaud et de lourd.
Sinon, en ce qui concerne le sucré, il n'y
a pas vraiment de différence: beignets,
gâteaux, blinis.
D'ailleurs, pendant que j'étais là-bas, il y
avait une fête, l'équivalent de Carnaval,
où c'était l'usage de manger des blinis.
D'ailleurs la mère qui m'accueillait
m'avait, à cette occasion, préparé toute
une assiette de blinis.
Et le midi je n'ai pas mangé là-bas.
Y a-t-il des monuments qui t'ont
particulièrement impressionné?
Déjà, ça va paraître banal, mais le
Kremlin. Quand on est devant, c'est
vraiment différent de ce qu'on pouvait
imaginer: les véritables proportions, les
couleurs très vives. Les murs des églises
sont très vifs, les coupoles sont
recouvertes de feuilles dorées. L'église
Saint Basile est un bon exemple pour
illustrer cela. Malgré le fait qu'il y avait de
la neige, les couleurs ressortaient bien.
Je pensais que cela allait être trop, mais
en fait c'était beau, tout simplement
beau.
sont pas les hommes qui font les
voyages, ce sont les voyages qui font
les hommes"?
Oui et non.
Je vais commencer par le non. Non
pourquoi, parce que, en fait... Non, je
vais commencer par le oui en fait (rires).
Oui, parce que tu découvres, ça te fait
des connaissances, ça te donne de
l'expérience de vie, et ainsi ça permet de
te déployer. Dans ce sens-là ça te forme,
ça te forge, ça te marque. Dans ce senslà on est d'accord.
Après un Non pourquoi - un "Jein" en fait
- parce que si tu vas quelque part, c'est
toi qui choisis. C'est toi qui choisis la
destination. C'est toi qui choisis
comment tu veux évoluer.
Les stations de métro à Moscou...
Y en a beaucoup: plus de 200, beaucoup
de lignes. C'est vraiment grand et beau:
en comparaison à Paris c'est triste. A
Moscou ils font des efforts pour que ça
soit beau: du marbre et des feuilles d'or
sur le mur. C'est très haut en plus: les
fondations de toutes les maisons sont
très profondes dans la terre (la maison la
plus connue: 20 mètres de profondeur).
Donc le métro c'est vraiment sous terre.
Mais attention ce ne sont que les
stations de métro les plus fréquentées Quel est ton moyen de locomotion
qui sont si belles. Les stations moins préféré?
fréquentées sont beaucoup plus sobres. Je n'ai pas de moyen de locomotion
préféré. J'aime bien les voyages longs,
surtout la voiture.
As-tu enrichi ton vocabulaire?
J'ai enrichi mon vocabulaire, mais pas
autant que je ne l'aurais pensé. C'étaient Voyages-tu également avec ton
plus des expressions que des mots que imaginaire?
J'aime bien voyager de nuit, parce que
j'ai appris.
Finalement je n'étais pas tellement dans ça permet de mieux sortir de la réalité. Je
la famille: je partais à 7 heures du matin, suis plutôt du type rêveur: quand j'ai rien
je revenais à 23 heures. Du coup j'ai à faire, je me mets à rêver. Mais ce ne
quand même beaucoup parlé français. sont pas forcément de paysages dont je
Mais le soir on allait au café avec les rêve: je rêve sans voir d'images, ce sont
correspondants et quelques français: plutôt des sensations.
mais c'était plus pour faciliter l'échange,
que pour apprendre de nouveaux mots. Les livres, les films t'ont-ils fait
voyagé?
Les livres plutôt que les films. Avec les
Sur le voyage en général
films je décroche vite, alors que je peux
rester pendant cinq heures à lire - si
Aimes-tu les voyages?
Oui, en général, j'aime bien voyager. j'aime bien l'atmosphère...
J'aime bien sortir de ce que je connais.
Quels livres, particulièrement?
Que penses-tu qu'un voyage peut J'aime bien tout ce qui est fantastique
(par exemple Le Chevalier d'Émeraude,
apporter?
Ca permet de voir la vie qu'ont d'autres dont j'ai lu les cinq premiers tomes) ou
gens dans d'autres environnements. Ca des livres qui mêlent réalisme et univers
fantastique (par exemple Artemis Fowl).
permet de comparer...
La deuxième raison c'est simplement la Quand tu sors du livre t'es amené à te
découverte, le plaisir de la découverte. poser la question: Ce que je crois réel,
Et voir quelque chose en vrai ce n'est est-ce vraiment réel? A un moment, dans
pas la même chose que le voir en photo. Artemis Fowl, l'un des lutins sous terre
dit que les hommes essaient de
Es-tu d'accord avec la phrase "Ce ne comprendre ce qu'ils ne comprennent
15
DOSSIER VOYAGES
pas par la science. La science existe
pour interpréter les choses qu'on ne
connaît pas. Ainsi on se pose la
question, quand on vit sa vie réelle,
après être sorti d'un livre comme ça:
Est-ce que je vis vraiment ce que je crois
vivre?
Quelles sont tes prochaines
destinations?
Vu que j'aimerai bien quitter l'Europe et
vraiment voir un autre continent,
j'aimerai bien aller en Amérique latine.
Sinon - je ne sais pas si ça se fera ou
pas, mais... - j'aimerais bien aller avec un
ami faire une mission humanitaire en
Afrique.
Tu peux conclure cette interview
comme tu le souhaites.
Chacun devrait faire un grand voyage
dans sa vie: sortir de son monde, sortir
de sa coquille.
Voyager c'est vraiment LA chose à faire
dans sa vie, rien que pour se dire "Je ne
suis pas seul au monde", qu'il y a
d'autres vies, d'autres modes de vie, et
cetera.
Et surtout pas voyager pour dire qu'on a
voyagé, mais pour que ça nous apporte
vraiment quelque chose.
Et au final - quand on y pense - la vie
c'est un voyage, et il faut toujours en
avoir un deuxième dans la poche.
Merci à Barbara Haberstroh-Chanut,
Didier Hontabat, Florian Le Coz et MarieAntoinette Spiecker.
Paroles recueillies, questions choisies,
article présenté par Matthias Turcaud,
TL2.
QUIZ
1 Quelle est la capitale du Bangladesh ?
a. Hanoï
b. Bakou
c. Dacca
2. Dans quel pays se trouve le désert de Simpson ?
a. Mexique
b. Australie
c. Nigéria
3.
a.
b.
c.
Quelle est l’altitude du Mont McKinley ?
7154 m
6715 m
6194 m
4.
a.
b.
c.
Lequel de ces pays n’a pas de frontière avec le Guatemala ?
Nicaragua
Salvador
Belize
5.
a.
b.
c.
Dans quel pays se trouve le lac Athabasca ?
Pérou
Canada
Mexique
6.
a.
b.
c.
Quelle est la capitale du Groenland ?
Nuuk
Reykjavik
Copenhague
16
Léna Burgard, 2nde 6
ACTUALITE
Xynthia la terrible
Après Haïti et le Chili, c’est au tour de l’Europe d’être
atteinte par une catastrophe naturelle. Après avoir remonté
les régions subtropicales et frappé le Portugal et l’Espagne,
la tempête Xynthia arrive au large des côtes françaises le
27 février 2010 ; quatre départements sont placés en alerte
rouge, soixante-neuf autres en vigilance orange. Tout de
suite, on se rappelle la terrible tempête de 1999, et on
frémit.
Au matin du 28 février, c’est la Vendée et la
Charente-Maritime, où les marées poussées par le vent ont
brisé les digues provoquant des inondations, qui
apparaissent comme les plus touchées par ces conditions
extrêmes. Quant au bilan humain, les victimes auraient
surtout péri dans ces inondations liées à Xynthia. On
dénombre au moins 53 victimes, dont 35 dans le seul
département de la Vendée. Environ un million de foyers
auraient été privés d’électricité.
s’est instaurée entre habitants fait chaud au cœur : une
femme venue en aide aux sinistrés s’est expliquée sur
Europe 1 : « J’ai apporté des couvertures et des vêtements
chauds, des pulls. Ca vient du cœur, on ne peut pas rester
insensible à tant de détresse (…) nous sommes tous des
êtres humains. Il ne faut pas l’oublier, on doit tous se porter
secours. ».
Mais l’aide vient également des associations qui sont
désormais sur place, comme le Secours Populaire ou la
Croix Rouge qui distribuent de l’eau, des aliments ou
encore des produits d’hygiène. La Fondation de France,
comme lors du séisme à Haïti, organise une collecte
d’argent dont les dons seront distribués aux familles et aux
petites entreprises ainsi qu’aux associations locales qui
permettront une « reconstruction d’une vie sociale » dans
les régions dévastées.
Les murmures se sont au fil des jours transformés
en accusations cinglantes. Plusieurs permis de construire
Très vite, le président de la République, Nicolas
auraient été accordés alors que les digues n’étaient pas
Sarkozy promet aux départements touchés des mesures de
suffisamment consolidées. A qui la faute ?
solidarité nationale tandis que Christine Lagarde, ministre
de l’économie, annonce sa décision de placer certaines
Ariane Kupferman-Sutthavong, 1L2
régions en état de catastrophe naturelle. La solidarité qui
« Chatel, si tu savais, ta réforme, ta réforme… »
Une journée d’action syndicale était
prévue le mardi 23 mars pour
s’opposer aux réformes diverses et
variées du gouvernement-réforme des
retraites, suppressions de postes…et
réforme des lycées. Les principaux
syndicats (CGT, CFDT etc.) appelaient
à faire grève et à manifester dans les
rues de la ville ; le SGL, syndicat de
lycéens, leur a emboîté le pas. C’est
ainsi que certains élèves de
Pontonniers se sont retrouvés dans le
cortège de la manifestation.
14h30 : RDV devant le lycée pour
rejoindre la place de la Bourse, point
de départ de la manif-oups, pardon, du
« mouvement social ». Des élèves
rabrouer par la CGT et le syndicat de
retraités-« mais c’est notre place, là,
faut aller ailleurs » (à leur décharge, la
présence de lycéens n’était d’abord
pas prévue dans la manifestation).
Qu’à cela ne tienne, nous piquons un
petit sprint (bannière comprise) pour
14h45 : Arrivée place de la Bourse, où rejoindre le cortège lycéen, où nous
de nombreux groupes de manifestants nous faufilons parmi le groupe Fustel.
sont déjà rassemblés. Nous retrouvons
des élèves d’autres lycées, venus en La manifestation s’est poursuivie
plus grand nombre (Fustel, Couffignal, jusqu’à 16h aux cris de « lycéens en
Marie Curie…)
colère, y’en a marre de la galère ! » et
autres slogans hurlés à pleins
15h et des poussières (vous avez déjà poumons (côté lycéen en tout cas), en
vu une manif commencer à l’heure, passant par la place Broglie. Elle s’est
vous ?) : Départ du cortège. Nous terminée place de la République.
tentons de suivre le groupe de Fustel,
Elise Weissenbacher, 2de 7
mais nous nous faisons vertement
avaient confectionné une bannière
portant l’inscription « Pontonniers
mobilisés
»
:
Pontonniers,
certainement, mais pour le mobilisés,
on repassera, nous n’étions que 3540…
17
VIE DU LYCEE
UNSS VOLLEY-BALL : Championnat départemental
Mercredi 3 mars 2010 dans le
gymnase du lycée Marc Bloch à
Bischheim, l'équipe de volley cadettes
du lycée des Pontonniers a rencontré
l'équipe de Wissembourg en phase
finale du Championnat Départemental.
Après une série de matches à leur
avantage
durant
les
phases
éliminatoires dans le cadre du district
de Strasbourg, elles se sont finalement
inclinées sur un score de 3-0 après
avoir inquiété l'équipe adverse au
deuxième set (25-23). L'équipe
composée de: Lauriane Dessert
(capitaine)
Term
S1,
Julie
Deutschmann 1èreS2, Franziska
Wellezohn 1ère S1, Laura Groff 1ère
S2 et Ekatarina Gafarova 2°8 s'est
comportée très honorablement face à
des filles techniquement plus
expérimentées puisqu'elles jouent
ensemble dans le même club plusieurs
fois par semaine.
A
mentionner
également
la
participation de Clément Grémillet
Term S5 dans le rôle d'arbitre de la
rencontre.
Félicitations aux vice-championnes du
Bas-Rhin pour leur qualité de jeu.
Jacques Otto, professeur d'EPS
De gauche à droite: Clément, Lauriane, Julie, Laura, Katia et Franziska.
La section volley-ball du lycée s’entrâine
le mercredi entre 12h et 14h dans le cadre de l'UNSS.
Lieu de pratique : le gymnase du lycée.
Encadrement : M. Otto prof. d'EPS.
Les inscriptions peuvent se faire tout au long de l'année !
18
VIE DU LYCEE
CHAMPIONNATS DE FRANCE DE CROSS-COUNTRY :
ELLES L’ONT FAIT !
Qualifiées à Sélestat le 16 décembre 2009 pour les championnats de France de Cross, les six
cadettes de l’équipe du lycée (Emilie Tissot, Claire Hager, Camilla Zerr, Hélène et Léa Martin et
Bérénice Vasak) entreprirent leur voyage destination Calvi le 8 mars dernier. Au bout d’un trajet
en car de près de 14h pour arriver jusqu’à Toulon, les filles et leur professeur accompagnateur
M.Beuve embarquèrent sur un énorme paquebot Corsica Ferries nommé «€Méga Sméralda€» qui
accueillait les 1742 sportifs et entraineurs venus de la France entière (et Outre-Mer) pour
participer à ce championnat€! Elles participèrent ainsi au plus grand déplacement sportif ayant
jamais eu lieu au monde.
Une fois installées dans nos cabines qui allaient nous servir de chambre durant les trois jours du trajet, nous
avons visité l’énorme bateau, attendant son départ prévu pour 21h30 … ou du moins, c’est ce que nous pensions…
Il fut annoncé que le bateau ne pourrait pas réaliser sa traversée la nuit du lundi 8 mars comme prévu car des
cars venant de l’ouest de la France avaient beaucoup de retard dû à la neige. Mais il fut ajouté plus tard dans la soirée
que le port de Calvi – notre destination – était fermé jusqu’au lendemain 17h pour cause de vents très forts et donc des
vagues turbulentes bloquant l’accès au petit port. Un peu frustrées, nous commencions déjà à nous demander si le
championnat aurait bien lieu ! Le lendemain, nous avons donc dû nous satisfaire d’un petit tour dans les rues et le centre
19
VIE DU LYCEE
trompées d’endroit ? En vrai, nous
n’avons pas eu le temps d’émettre ce
genre de pensées et nous nous
concentrions comme nous le pouvions
dans notre échauffement.
commerciale de Toulon au lieu des
visites et animations prévues à Calvi,
une ville bien plus intéressante. Le
départ était prévu pour mardi 18h pour
éviter une traversée de jour qui pourrait
accentuer le mal de mer. Eh bien, ce
n’est pas pour autant qu’il n’y a pas eu
de vagues !
Nous avons passé une nuit
quelque peu agitée, notre ferry
chevauchant des vagues hautes
d’entre quatre et cinq mètres.
Certaines découvrirent que le bateau
n’était pas leur moyen de transport
préféré, pendant que d’autres
trouvaient que ces vagues berçaient
presque lorsque nous étions
couchées ! La traversée dura 13h au
lieu de 8h : nous sommes arrivés à
Calvi à 7h du matin – et quelle Calvi !!
Calvi, la petite ville du soleil, était grise
et détrempée ; nous apercevions
même de la neige sur les villages un
peu plus en hauteur…de la neige !?
Mais cela devait être une blague, où
alors nous étions arrivées sur la
mauvaise île ! Eh non, nous avons dû
nous résoudre au fait que la neige
existait bien en Corse aussi et nous
résoudre à Calvi entre pluie et vent,
neige et froid.
La course confrontant les
cadettes, c'est-à-dire nous-mêmes,
était la première du championnat : le
départ serait donné à 14h (le
mercredi). Nous sommes arrivées sur
les pistes pour 12h30 au lieu de 9h30,
à cause de la pluie torrentielle et du
froid voulant dire qu’il n’y avait plus
aucun sens à passer la journée sur les
pistes de course. Nous sommes
arrivés dans un champ - ou plus
précisément, un marécage de plantes
vertes et boue – sous un déluge gelé et
nous nous sommes dirigés vers de
grandes tentes qui nous ont servi
d’abris et de vestiaires (petite
précision : les tentes n’avaient pas de
bâches au sol, donc bienvenue le
vestiaire « pleine nature » avec la
boue, les plantes et tout le tralala !
Nous avions tout de même des
palettes en bois pour poser nos affaires
– le luxe !). Nous nous reposions la
question de savoir ce que, en vrai,
nous faisions là !
Nous avons pris notre courage
entre nos deux pieds et avons entamé
notre échauffement, nous disant que
de toute façon nous n’étions pas
venues ici avec des espérances très
élevées, et que le tout était de profiter
de cette petite escapade (-tu parles !).
Au bout de deux minutes, nos
chaussures étaient des éponges
aspirant l’eau boueuse de cette
pataugeoire d’endroit, et la boue
recouvrait nos pantalons jusqu'aux
genoux… Vive le cross, c’est vraiment
joyeux ! Ou alors c’est l’épreuve de
natation et nous nous sommes
20
Sur la ligne de départ,
chaque ville avait son box, un espace
large d’environ un mètre, séparé des
autres box pas une barrière. C’était le
moment tac-tic : nous devions nous
mettre les unes derrières les autres
deux par deux de manière stratégique :
devant, Emilie et Claire, ensuite
Hélène et moi-même, enfin, Léa et
Bérénice. Et le coup de pistolet
détonna après la parole très
rassurante du coach « départ dans dix
secondes » qui nous laissa même pas
le temps de réfléchir à si nous
stressions ou pas, si nous allions bien
ou pas, si nous allions mourir sur ce
terrain de bataille ou pas, si nous
allions nous revoir, vous revoir ou pas
? Et « PAN », trop tard, il fallait y aller,
c’était maintenant ou jamais.
La course fut très, comment
dire… intéressante ! Le départ était
une ligne droite de presque un
kilomètre dans les fameux marécages
auxquels nous nous étions tellement
attachées, donc il ne fallait pas se
laisser distancer, mais il ne fallait pas
non plus sprinter tout le long, sinon
c’était fini pour le deux kilomètres deux
cent cinquante restants ! Cette ligne
droite fut suivie d’un chemin caillouteux
qui montait légèrement au milieu
duquel s’écoulait un cours d’eau
tellement il avait plu ! Ce chemin
longea ensuite le sommet de la petite
colline que nous avions gravi. Le sol
était parsemé de flaques d’eau de
profondeurs et tailles plus ou moins
conséquentes, les plus profondes
éclaboussant de l’eau jusqu'à nos
genoux lorsqu’on courait à travers : pas
question de perdre des places en les
contournant ! Une sensation originale
VIE DU LYCEE
qui, nous avons ensuite conclu, nous a en fait plutôt plu –
c’est vrai que c’était rafraichissant. Une « descente pour
mieux remonter » s’ensuivit, le chemin se transformant en
cascade de boue épaisse et gélatineuse : encore des
sensations hors du commun entre « glissades » et
« substance molle collée aux mollets ». L’arrivée fut aussi
une longue ligne droite d’environ cinq cents mètres, au bout
de laquelle tout s’arrêta – ou plutôt recommença ? – une
fois que nous avions été « bipées » par des sondes repérant
les puces intégrées à nos dossards. C’était fait, fini, passé
– tout ce chmilbique incroyable pour quatorze minutes de
course époustouflantes.
– coupes, médailles, sourires, applaudissement, cris,
musique et flashs d’appareils photos : un moment
mémorable.
De retour au bateau, du plastique recouvrait le sol
et les escaliers de l’entrée ce qui nous fit bien rire – que
nous étions sales, vraiment ! Après une bonne douche bien
méritée, nous avons profité du fait qu’il n’était que 16h et
que le bateau partait seulement à 19h pour faire un petit
tour de Calvi (quand même !). Vu que je connais très bien
cette petite ville, j’ai pu montrer le port, les petites rues
commerçantes intéressantes et surtout la superbe
citadelle de Calvi à mes camarades, et nous en avons
profité pour prendre de belles photos face à la mer qui
s’entend de toute part autour de la citadelle : magnifique.
M.Beuve proposa de prendre une boisson dans un petit
café sur le port – nous nous sommes installées, ravies de
partager ce petit moment paisible après la course.
Le retour fut tranquille, nous étions à vrai dire un
peu fatiguées. Nous sommes arrivées à Strasbourg à 22h
après un voyage interminable et avons pu nous enfouir
sous la couette de nos lits bien douillets. Mais cette
expérience inoubliable, déjà qu’un souvenir, flottait
devant
nos
yeux,
remplissait
notre
esprit
endormi…Comment retourner sur Terre, se lever lorsque le
réveil sonne, prendre le tram, aller en cours etc. après avoir
vécu pleinement un tel événement ? En tout cas, une chose
était certaine : cette aventure était à refaire€!
Après le diner, nous avons pu profiter d’une grande
fête dans la discothèque du bateau. C’était « la soirée de
notre dernière chance » comme nous répétait M.Beuve, tant
pour lui que pour nous ! Ce fut encore une expérience assez
remarquable que de danser sur un bateau chevauchant les
vagues de tailles non-négligeables, nous faisant tituber d’un
coté de la salle à l’autre « en cadence ». Une discothèque
3D – du jamais vu !
L’annonce et la remise des prix prit place sur le
bateau à 19h : nous étions arrivées 16e sur 36 équipes
cadettes de la France
entière. Nous étions
heureuses
de
nos
résultats, étant donné que
nous étions venues « en
touristes » et que nous ne
sommes pas vraiment
entrainées. Emotion pour
les équipes sur le podium
21
Camilla Zerr, 1S3
(Avec la participation des autres filles de l’équipe.)
VIE DU LYCEE
Soutenons MmeWoods p our le
marathon deL ondres !
Race
Day :
25
April
Mme Woods s'apprête à courir la 30e édition du marathon de
Londres le 25 avril prochain pour lever des fonds en vue de
procurer des ordinateurs portables, consoles de jeu et autres
jeux pour essayer d’améliorer le quotidien difficile des enfants
malades de l'unité des grands enfants de l'Hôpital de
Hautepierre ainsi que celle des enfants malades de l'hôpital
de Haguenau.
Le marathon de Londres est le seul où 100% de l'argent est
reversé aux organisations caritatives et où il n'y a pas de limite
de temps pour terminer.
Dans le cadre de ce projet, nous aurions besoin:
• De toutes les idées qui vous passent par la tête, en vue de récolter des
fonds ou du matériel d’occasion.
• D’initiatives pour organiser des activités au sein du lycée pour récolter
de l'argent.
• De personnes qui connaissent des entreprises ou autres organismes qui
seraient donateurs d'ordinateurs portables ou d'argent.
Faites vos dons en ligne€:
http://www.justgiving.com/josiane-woods
http://www.virginlondonmarathon.com/
http://www.chru-strasbourg.fr/Hus/
http://www.cftrust.org.uk/
Tenez-vous informés du projet sur Facebook “Soutenons Mme Woods”
et sur le site du lycée !
NOUS COMPTONS SUR VOUS !
D’après Deborah Ruch.
22
VIE DU LYCEE
Rencontre avec Annie Saumont
Le 26 janvier 2010, Annie Saumont a été accueillie au lycée des Pontonniers dans le cas d’une
interview avec les élèves de la 2de 6 : en voici un bref compte rendu.
La rencontre a été très enrichissante. Annie Saumont nous a d’abord expliqué en quoi consistait son métier : écrivaine,
ou plutôt nouvelliste. Elle nous a expliqué comment elle créait ses intrigues, toutes plus insolites les unes que les autres
: « Les idées me viennent seules, je n’y réfléchis pas, par exemple une fois en jetant ma poubelle de tri, une idée m’est
apparu. Mais, il est clair que parfois je peux rester devant une feuille blanche pendant plusieurs jours, ou jeter plusieurs
débuts. La poubelle à papiers est indispensable aux écrivains. » Mais aussi son parcours, elle, partie de traductrice,
spécialisée dans l’anglais et qui avait traduit The Catcher in the Rye, L’Attrape Cœur de J-D Salinger. C’est plus tard
qu’elle s’est ensuite consacrée à l’écriture de nouvelles. « Écrire une nouvelle, ce n’est pas que raconter une histoire,
c’est aussi mettre en valeurs des principes, et même des objets qui nous sont chers. » nous a t-elle confié avant de nous
faire le récit d’une anecdote : « Il y a longtemps, j’avais un ami photographe qui prenait des photos d’objets. Un jour, je
lui ai rendu visite alors qu’il prenait en photo un fauteuil rouge. Je me suis promis de faire de ce fauteuil un objet important
d’une de mes prochaines nouvelles et je l’ai fait. La présence de certains objets n'est parfois aucunement due au hasard,
tout est prémédité. ».
Elle a aussi apprécié le bureau que nous avions créé, censé être une
réplique du sien. Elle a alors ajouté : « C’est mon fils qui m’a forcée à
prendre un ordinateur. Dès le premier essai, je l’ai supplié de la garder
! » Cependant, sa plus grande surprise a été sans aucun doute, notre
réécriture de sa nouvelle Allah est grand . Les idées, différentes mais
toutes intéressantes, lui ont plu, malgré la lecture parfois trop rapide : «
C’est superbe, a-t-elle affirmé, je devais justement écrire une nouvelle à
la demande de mon éditeur ! » Et c’est ainsi que nous avons appris que
nos nouvelles seront peut-être publiées dans un de ses futurs recueils !
L’interview s’est sinon très bien déroulée, même s’il est dommage que
les questions en anglais n’aient pas remporté un bien grand succès, et
que certaines questions n’aient pas trouvé de réponses…Annie Saumont
a toutefois capté toute l’attention de la classe, durant l’heure qui lui été
accordée, grâce aussi à toutes ses historiettes.
Mais la surprise des élèves a été sans aucun doute l’histoire inédite (
non publiée pour le moment ) que l’écrivaine nous a lue à la fin :
« Astéroïde ». Le récit, à la troisième personne, raconte comment un
astrophysicien, qui prédisait sans cesse la venue d’une astéroïde, va
décider de tuer ses collègues, par vengeance - ils ne le croyaient jamais,
et se moquaient de lui - , invités à une grande réception de scientifiques,
en plaçant une bombe. La nouvelle était intéressante quoiqu’un peu
courte pour décrire en détail la progression de la folie chez ce scientifique trop
incompris. Bien sûr, la chute ne révèle rien, comme à l’habitude d’Annie
Saumont qui avoue aimer laisser le choix de la fin au lecteur ; comme pour la
nouvelle « Mais Moi » ou encore d’autres.
En somme, la rencontre avec Annie Saumont a vraiment été intéressante
et utile, en particulier pour certains élèves qui avaient un petit penchant pour
l’écriture. L’interview nous a permis de voir et de comprendre le mode de vie
d’une écrivaine, et surtout de voir que ce métier est compliqué et fastidieux,
mais peut se révéler passionnant quand on y prend du plaisir. En tout cas, il
semblerait qu’Annie Saumont, malgré son âge avancé, nous réserve encore
bien des surprises, et ses idées semblent loin d’être épuisées !
Salima Poumbga, 2nde 6
23
CULTURE & LOISIRS
CINEMA
A SERIOUS MAN
"Receive with simplicity everything that happens to you." Rashi
En vingt-cinq ans de carrière et
quatorze long-métrages (dont un
quinzième,
Hail
Ceasar,
en
préproduction), les frères Coen ont su
imposer leur marque définitivement
inimitable au sein du paysage
cinématographique
international.
Depuis 1984 avec Blood Simple ils
poursuivent une oeuvre d'une
admirable cohérence, où se côtoient
humour
noir,
préoccupations
métaphysiques, critique féroce de
l'Amérique
contemporaine,
personnages insaisissables, étranges
ou délirants, récits intrigants en forme
de points d'interrogations et d'énigmes,
images et dialogues au diapason,...
Si avec leur quatorzième long-métrage
dénommé A serious man et sorti en
janvier 2010 sur nos écrans ils ont,
comme l'a d'ailleurs bien souligné une
bonne partie de la presse américaine
et française, réalisé leur film le plus
personnel - évoquant ainsi leur
enfance au sein de la communauté
juive dans le Minneapolis des années
60, ils n'ont heureusement rien perdu
de ces caractéristiques évoquées qui
font toute la pulpe et la saveur de leur
cinéma.
Après une phrase de Rashi ("Receive
with simplicity everything that happens
to you") et un prologue pour le moins
mystérieux qui donnent le la, les frères
Coen surprennent par leur habilité à
faire immerger le spectateur de façon
immédiate dans leur univers. Dès la fin
du générique les rebondissements
peuvent bien s'enchaîner (Larry
apprend de sa femme Judith que celle-
ci le trompe depuis longtemps avec Sy
et prévoit le divorce, les amants
chassent en quelque sorte Larry de
chez lui, son frère Arthur se fait de plus
en plus envahissant, et cetera), les
histoires secondaires s'accumuler
(David Dutton, du Columbia Record
Club l'appelle plusieurs fois pour lui
demander de payer des disques qu'il
n'aurait pas commandé, le père d'un
japonais de ses étudiants le pousse à
la corruption sous peine de le
"diffamer", et cetera), le spectateur est
dedans en un certain sens (il est
captivé, fasciné, aux aguets du
moindre détail). Les informations
narratives, même celles qui paraissent
le plus anecdotiques à premier égard le fait que ce professeur de physique
enseigne à ses élèves l'histoire du chat
de Schrödinger et le principe
di'ncertitude, ou que le disque qu'il est
censé avoir commandé est Abraxas de
Santana - sont enregistrées par le
spectateur. Il y a cette opération
immédiate et prodigieuse: les Coen
distillent une information narrative
quelle qu'elle soit, et celle-ci est
réceptionnée sur-le-champ par le
spectateur. Par l'image et les moyens
du film, les Coen décuplent l'effet et la
force de l'histoire qu'ils ont choisi de
raconter. Chez eux il n'y a pas de
pirouettes
stylistiques
vaines,
d'ornementations gratuites: tout se met
au service du récit, et c'est cela qui est
si puissant, si génial.
bar-mitzvah de Danny, la caméra se
veut flottante et cadre l'image en
diagonale, nous n'avons pas affaire à
un artefact complétement anodin, mais
il s'agit d'aller dans la direction de ce
que le scénario s'efforçait déjà de
montrer: le jeune Danny est
complétement shooté, vient d'abuser
un peu trop sur la consommation
d'herbe & de drogue. Dans d'autres
films, c'est un dialogue qui fait
comprendre une telle information
genre le personnage qui dit: "Je me
suis shooté à l'herbe et y a ma barmitzvah aujourd'hui: c'est la merde, je
comprends rien à rien" et on sombre
dans ce cas automatiquement dans un
bavardage des plus lassants. Ici, avec
une imparable efficacité, c'est l'image
qui parle (le directeur de la
photographie Roger Deakins, qui en
est avec ce film à sa dixième
collaboration avec les Coen a d'ailleurs
déclaré qu'il choisit toujours ses films
en fonction de l'histoire et des
personnages, si ça lui parle ou non, et
jamais d'un potentiel intérêt au niveau
visuel). Le fait que l'image parle
également et se fait vecteur d'un
message narratif rend chaque
intervention narrative très efficace: le
verbe n'est jamais anodin et chacune
de ses interventions fait de l'effet.
D'autant plus d'effet que, comme
souvent chez les Coen, mais
particulièrement ici, les dialogues sont
réglés avec une précision d'horloger.
Ainsi la composition du cadre, le choix
des plans ou des mouvements de
caméra ne vaut pas pour lui-même, et
sert l'histoire. De fait, lorsque lors de la
Et puis A Serious Man est d'autant plus
fascinant qu'il sollicite le spectateur, sa
curiosité,
son
imagination.
Contrairement à bien de "films" où tout
24
CULTURE & LOISIRS
est servi sur un plateau
au spectateur, où les
séquences
se
succèdent selon un
schéma
strictement
préconçu, où la rupture
finale
cède
au
coutumier happy end,
ici il s'agit d'impliquer le
spectateur, de le titiller.
Après
l'avoir
profondément immergé
dans le récit, dans la
situation (Minneapolis, années sixties) il faut à présent qu'il se frotte aux mêmes questions que celles qui n'en finissent
pas de tarauder et de turlupiner le protagoniste Larry Gopnik, sorte de réplique contemporaine du Job biblique, sur lequel
les malheurs ne finissent pas de s'acharner. Pari réussi. Tout comme ce professeur de physique mis à rude épreuve par
le destin, nous sommes amenés - et ce à maintes épreuves - à nous écrier tout comme lui: "What? What? What?". Nous
ne pouvons comprendre comment les malheurs coïncident à se succéder tous à peu près au même moment sur la tête
de ce pauvre Larry. Et puis l'Inconnu, the "Unknown" nous effraie, nous angoisse, inévitablement. Nous n'arrivons pas à
suivre, autant que le protagoniste, le conseil du père japonais de Clive qui, dans une séquence exquise, déclare de son
délicieux accent dans un anglais fantaisiste: "Keep the mystery". Il nous faut une explication rationnelle, quelque chose
qui nous explique, qui nous rassure, qui nous apaise, qui exorcise nos peurs les plus profondes. Mais il n'y a rien, les
vérités sont multiples et à double-tranchant, la réalité peut s'avérer être un rêve, et... Les questions n'en finissent pas de
tarauder Gopnik, et même Dieu ne lui est d'aucun secours. Sans compter les trois fameux rabbins (le film est d'ailleurs
structuré en trois parties: "The First Rabbi", "The Second Rabbi" et "Marshak"). Peut-on accepter que la vie n'ait pas de
sens? Les Coen exploitent avec une sidérante habileté cet incessant questionnement existentiel dont nous sommes tous
la proie.
Peut-être le meilleur est-il encore de savoir "Keep the Mystery". Ou bien, comme nous le conseille donc la phrase de
Rashi citée au début, d'accepter tout ce qui nous tombe sur la tête avec simplicité. Ce grand bordel qu'est le monde a
quand même quelque chose de stimulant.
Matthias Turcaud, TL2
25
CULTURE & LOISIRS
CINEMA
Chicas: premier film de la dramaturge
Yasmina Reza
Pilar est espagnole et veuve. Elle a élevé ses trois filles en France. Amoureuse de Fernand, le
gérant de son immeuble, elle organise chez elle un déjeuner de présentation. Une réunion
improbable où la folie familiale l'emporte.
Après Michel Houellebecq avec La Possibilité d'une Île,
Philippe Claudel avec Il y a longtemps que je t'aime,
Bernard Werber avec Nos Amis les Terriens, Jean-Michel
Ribes avec Musée Haut, Musée Bas ou encore Marc
Dugain avec Une Exécution Ordinaire, voilà à nouveau, en
la personne de Yasmina Reza, un écrivain qui décide
d'adapter au cinéma un de ses propres écrits. Mais
Yasmina Reza se soucie-t-elle de prolonger un phénomène
de mode, et s'inscrire mollement à la suite des Werber,
Claudel & Co?
Il semblerait plutôt que sa démarche ait un vrai
mobile: "J'ai toujours cherché des formes différentes pour
m'exprimer, car la vérité est fuyante" a-t-elle ainsi déclaré
lors d'une avant-première de son film à l'UGC Ciné Cité
Strasbourg. Le film vient ainsi continuer cette exploration
des formes d'expression possibles, après notamment le
théâtre ("Art", Trois Versions de la Vie, Le Dieu de l'Orage),
le récit (Une désolation, Nulle Part), l'essai (Dans la Luge
d'Arthur Schopenhauer), le jeu (un rôle important dans Loin
d'André Téchiné, en 2001) ou encore la campagne
électorale... Autant de formes différentes, pour lesquelles
Yasmina Reza s'est tour à tour intéressées, et qui prouvent
son insatiable curiosité...
Ici la voilà donc à la tête d'un long-métrage du nom
de Chicas, adapté de sa Pièce Espagnole, avec un budget
de 6 000 000 €. Principalement tourné à Malaga et à
Toulouse, Chicas propose les préoccupations habituelles
de Yasmina Reza, se focalise en l'occurrence sur les
thèmes de prédilection de son théâtre: le déracinement, le
désir d'ailleurs, la fratrie, la famille, la mère envahissante,...
On y retrouve aussi son écriture incisive, précise et
attentive, son sens du comique et de l'observation des
moeurs de son temps. De même, elle n'abandonne pas sa
fascination pour le Mal - elle dit ainsi: "Depuis que j'écris, je
n'écris que sur le Mal. (...) Des gens qui s'aiment
benoîtement en courant dans un champ de pâquerettes, ça
ne m'intéresse pas." Mais si la dramaturge adulée dans le
monde entier et lauréate de deux Molières de l'auteur (la
26
CULTURE & LOISIRS
première fois en 1987 pour Conversations après un
enterrement, la deuxième fois en 1995 pour "Art") reprend
les ficelles et les ingrédients qui ont fait le succès de ses
pièces, ce n'est pas pour autant que, à l'occasion de son
passage à l'écran, elle sombre dans le piège éculé du
théâtre filmé. Elle le disait bien également elle-même: le
choix du cinéma n'était pas anodin, c'était vraiment la
dimension cinématographique qui l'intéressait, la dimension
"picturale, silencieuse, musicale".
Ce qui est avant tout saisissant devant ce premier
long-métrage, c'est que, malgré sa relative brève durée
d'1h24, il se présente d'une grande densité, d'une grande
richesse. Portrait de famille déséquillibrée (le scénario
paraît centré sur le moment que cette famille passe
ensemble), film expérimental (les scènes de la pièce
bulgare que répète Aurélia), réflexion sur les couples et les
générations (Carmen Maura et Emmanuelle Seigner qui se
confrontent), comédie burlesque ("-Vous tremblez. Vous
tremblez. - Il le dit deux fois? - Non, mais tu réponds pas!"),
drame (le moment où l'actrice Nuria, qui vient pourtant
d'être auréolée d'un prix aux BAFTA décerné par Stephen
Frears, ingurgite tristement des chocolats, toute seule, dans
sa grande chambre d'hôtel) et journal intime (Reza a
concédé le caractère parfois autobiographique du film, de
plus les souvenirs d'enfances renvoient à une certaine magnifique, s'enlacent sur un fauteuil, pleins d'affection
forme de journal intime filmé). Chicas parvient donc à être bourrue.
tout cela, à évoquer tout cela. Évidemment le mélange ne
Les plaisirs sont nombreux en fin de compte devant
va pas sans maladresse, mais il a un tel charme que le
ce Chicas. Celui de voir Emmanuelle Seigner, décidément
spectateur se laisse facilement emporter.
sublime dans ce rôle d'actrice en phase d'instabilité, et
Reza capte avec magie des moments qu'on a trop l'habitude de ne pas voir justement, puisque
exceptionnellement beaux dans leur évanescence dans l'ombre de son mari Roman Polanski. Celui
douloureuse: les seins de Nuria rapidement révélés d'apprécier les dialogues ciselés de Yasmina Reza ("Je
lorsqu'elle met une des deux robes assez "modernes" veux me comporter en tourtereau si l'envie m'en vient" dit
qu'elle compte initialement mettre pour la cérémonie des Fernand) prononcé par des acteurs particulièrement
BAFTA (avant d'opter, sur le conseil de sa mère Pilar, pour délicieux (notamment André Dussollier et Bouli Lanners).
la robe mauve qu'elle portait déjà au Festival de Cannes); Ou encore celui de constater la structure finalement
Christal qui, dans un bref moment d'épanouissement, originale du film, qui propose autant de tranches de vie, ou
danse tout en courant dans la rue, totalement décomplexée; de visions à la Christian Bobin ou à la Rimbaud. Une belle
Fernand et Pilar qui, dans un plan large particulièrement manière de prouver qu'il existe une équivalence
admirable, demeurent à deux mètres de distance, indécis, cinématographique à l'écriture de la poésie ou à celle du
dans un jardin public, alors que Fernand vient de faire sa fragment.
demande de mariage ("Veux-tu m'épouser?"); ou encore
Matthias Turcaud, TL2
Maurice et Aurélia qui, dans un moment absolument
27
CULTURE & LOISIRS
Soul Kitchen :
comédie gastronomique de Fatih Akin
sortie le 17 mars en France
"Sicher ist nur dass nichts sicher ist und selbst das ist nicht sicher". Ilias (Moritz Bleibtreu)
"Il n'y a qu'une chose qui soit sûre c'est que rien n'est sûr et même ça c'est pas sûr.
Nombreux sont les journalistes,
cinéphiles et autres spectateurs avertis
à s'être étonnés de voir Fatih Akin,
réalisateur du sombre Head-On,
histoire très noire d'un mariage blanc
entre deux écorchés vifs s'enlisant
dans la drogue et l'alcool et de Auf der
anderen Seite (De l'autre côté),
véritable tragédie moderne sur
l'incommunicabilité dans un
monde globalisé, à la tête de
cette comédie pétrie de bonne
humeur
communicative
et
d'optimisme pétillant. "I need to
laugh" fut la réponse la plus
récurrente. Le cinéaste germanoturc éprouvait en effet le besoin
urgent de rire, après la mort de
son producteur précédant six
lourds mois de deuil. A cela
s'ajoute aussi l'envie de ne pas
être catégorisé dans la case
"auteuriste", être rangé sous
l'étiquette "caviar, cannes & co" à
cause d'un tas de récompenses
(des Lolas à foison, un Ours d'or
à Berlin, un Prix du Scénario à
Cannes,...) et une presse à ses
pieds: "I was getting the slave of
the success". Et parce que
justement, selon lui, un grand
réalisateur est avant tout un
réalisateur libre : "I want to be a
great director and a great director
should be able to do everything". C'est
là qu'on ne peut que l'approuver.
Nous vient donc Soul Kitchen,
comédie, sortie le 25 décembre 2009
en Allemagne, en salles le 17 mars
2010 en France, et qui s'impose, de la
première à la dernière image, comme
une revigorante bouffée d'oxygène. Le
film parle de Zinos, un jeune
restaurateur qui tient un restaurant
nommé "Soul Kitchen" à Hambourg.
Pour l'instant ça va: la cuisine ne vaut
certes pas celle de Paul Bocuse
(pizzas dans le micro-onde, frites
hâtivement jetées dans la friteuse,
poissons pânés rapidement réchauffés
problèmes semblent coïncider à
tomber sur sa tête: on lui rappelle qu'il
doit payer, on l'engueule et on le
menace à cause de l'état de sa cuisine;
un agent du FISC vient lui enlever ses
disques; ses clients partent tous en
voyant leurs Wiener Schnitzel et leurs
Burgers troqués contre les plats
élitistes et raffinés de l'irascible Shayn,
le nouveau chef cuisinier de
"Soul Kitchen"; un requin
immobilier, un ancien ami
d'école, le harcèle sans pause et
s'obstine à vouloir racheter le
restaurant... En plus les
problèmes ne s'arrêtent pas à
l'aspect professionnel: la copine
de Zinos, Nadine, le quitte pour
aller à Shanghai; Ilias, sorti de
prison temporellement, envahit
quelque peu la vie de son frère...
Et puis, cerise sur le gâteau,
Zinos a d'affreux problèmes de
dos! Pendant l'absence de son
frère, Ilias perd tout le restaurant
au jeu dans une partie qui n'est
contre personne d'autre que...
Thomas Neumann, ce fameux
ancien ami d'école et requin
d'immobilier hambourgeois qui
ne finissait pas de convoiter
avidement le fameux restaurant!
Les deux frères se retrouvent
dans une chambre qui... brûle et
il s'avère que Nadine s'est amouraché
à Shanghai d'un Chinois et notre
pauvre héros se rend chez un
chiropraticien aux manières pour le
moins radicales... et... et...
dans une mauvaise poêle, aliments
nonchalamment achetés dans le
supermarché du coin, ketchup et
mayonnaise automatiquement rajoutés
à chaque plat), mais le jeune homme
d'origine grecque a ses clients, et qui
Au simple relevé des faits narrés
se satisfont pleinement de ce qui est
proposé. Mais c'est là que tous les par le film, on pourrait croire que
28
CULTURE & LOISIRS
justement le spectateur est à
bout de souffle devant cet
enchaînement inlassable de
rebondissements
rocambolesques,
et
que
justement ce septième longmétrage du cinéaste germanoturc Fatih Akin est tout sauf une
bouffée d'oxygène. Et pourtant,
si, Soul Kitchen est une bouffée
d'oxygène et d'air frais. Loin de
paraître grotesque, superflu ou
artificiel, le film, son histoire, ses
personnages, ce dont il parle
nous parviennent avec une
fluidité et une qualité qui tiennent
de l'évidence. La VIE qui y est
contenue (cette VIE dont rares sont les
réalisateurs qui sont parvenus à la
restituer sur une pellicule de film: on
peut citer Jean-Luc et Pierre Dardenne
avec L'Enfant, Abdellatif Kechiche
avec La Graine et le Mulet, Laurent
Cantet avec Entre les murs,...) nous
éclabousse littéralement. Tout respire
dans ce merveilleux film de Fatih Akin;
tout vit et bondit. Une fabuleuse mise
en scène nous amène à être au plus
près des personnages; notre
battement de coeur devient similaire à
celui des personnages. Un superbe
travelling en plongée sur des plateaux
de repas portés à bout de bras par un
serveur et dont les plats disparaissent
comme des petits pains nous amène
dans cette ambiance d'euphorie qui
règne à ce moment-là dans un "Soul
Kitchen" qui a enfin trouvé son public
de clients, où la musique triomphe, et
où toutes et tous finissent par céder à
la Volupté et à entrer dans une sorte de
festival du coït après avoir dégusté les
desserts
particulièrement
aphrodisiaques concoctés par Maître
Shayn. Dans tous les cas, le
spectateur est dedans.
Car en fait Soul Kitchen, Prix du
Jury au dernier Festival de Venise (eh!
oui même quand Fatih Akin fait une
comédie, il reçoit des prix!), sert aussi
à redire la nécessité d'un spectateur
qui soit dedans. Un spectateur qui
jubile, frémit, pleure, rit; se laissant
emporter par le flot des images et des
sons, à des milles du regard détaché et
élitiste devant un morceau de cinéma
inaccessible et à forte gamme
auteurisante. C'est un tel spectateur
qui se retrouve devant ce film de Fatih
Akin:
les pupilles transcendées par une mise
en scène dont la remarquable fluidité
n'a de pair que la géniale inventivité,
les papilles enchantées par un
merveilleux festival de saveurs et de
délices gastroniques,
les oreilles comblées par une bandeson particulièrement ébouriffante qui
swingue, groove, gère et déchire à
loisir (Kool & The Gang, Quincy Jones,
Curtis Mayfield...) ,
coeur passionné par l'amour et
l'humanité bouleversante dont sont
empreints le film,
le cortex aux aguets par un scénario
riche et dense.
Soul Kitchen est bienvenu pour
mille raisons:
1) il réhabilite la comédie, genre
injustement décrié et tout aussi
injustement considéré comme moins
noble que le drame
2) il réconcilie tout le monde:
cinéphiles, grand public, ennemis de
l'inctellectualisme comme cérébraux,
box-office (3 millions déjà atteints en
Allemagne depuis sa sortie, le 25
décembre 2009) et critiques
3) il est un film de divertissement
comme de réflexion
4) il conjugue Amour avec Humour
5) il nous laisse avec autant de grelots
au coeur et de larmes à l'oeil (ah! cette
déclaration d'amour à Hambourg; ah!
cette belle histoire de frères) que de
zygomatiques épuisés et de sourires
béats (ah! cette scène finale du bouton;
ah! ce personnage du cuisinier
psychopathe)
Bref courez-y!
Matthias Turcaud, TL2
Source des photos : Soul Kitchen. In: Allociné [en ligne]. Allociné.fr, 2010. [Consulté le 18 mars 2010]. Disponible à l'adresse:
www.allociné.fr
29
CULTURE & LOISIRS
Fatih Akin
Né le 25 août 1973 à Hambourg, Fatih Akin est le fils
d'immigrés turcs qui se sont installés en Allemagne au
milieu des années 60. Son père travaille dans une
entreprise de nettoyage de tapis, sa mère est institutrice
dans une école primaire. Dès son adolescence, sa passion
se fait jour: il fait jouer des pièces à l'école, puis dans un
groupe de théâtre "off" au Thalia Theater, écrit des
nouvelles et des scénarios, et tourne ses premiers films
amateurs avec une caméra Super 8.
En 1993 il entre comme stagiaire à la maison de production
hambourgeoise Wüste. De 1994 à la 2000 il suit une
formation d'art audiovisuel à la réputée Hamburger
Hochschule für bildende Künste, où il tourne deux courtsmétrages: Sensin - du bist es! (1995) et Getürkt (1996),
plusieurs fois récompensés lors de festivals internationaux.
Puis dès son premier long-métrage, Kurz und schmerzlos
(L'Engrenage), en 1998, il accède à une reconnaissance de
la critique: le film reçoit plusieurs nominations aux Lolas, il
est comparé au Mean Streets de Scorsese. Dès cette étape
de sa carrière, Fatih Akin se montre éclectique: après un
thriller sombre il réalise un road-movie délibérément léger
et romantique, Im Juli (Julie en Juillet), en 2000.
Après Solino en 2002, l'histoire de deux frères italiens
immigrés à Duisburg, c'est la
consécration totale pour le jeune
cinéaste
germano-turc,
internationalement reconnu et
plébiscité par une presse mondiale
aux anges: Ours d'Or à Berlin en
2004 pour Head-On, Prix du
Scénario à Cannes en 2007 pour
Auf der anderen Seite (De l'autre
côté).
Désirant ne pas être enfermé dans
la case "auteuriste" ou dans la case
"Cannes, Caviar & Co", Fatih Akin
signe une comédie culinaire et
musicale avec Soul Kitchen. Mais le
succès vient une nouvelle fois: Prix
du Jury au Festival de Venise en
2009.
pour un monde globalisé: les personnages de De l'autre
côté sont entre l'Allemagne et la Turquie, dans Solino les
deux frères sont des Italiens qui immigrent en Allemagne,
dans son court-métrage tiré de New York, I love you il fait
se rencontrer un peintre turc et une marchande chinoise.
On voit aussi comme la culture turque l'a influencé tout
autant que la culture allemande: il livre une déclaration
d'amour à sa ville natale, Hambourg dans Soul Kitchen tout
comme il déclare haut et fort sa flamme pour la musique
turque dans le documentaire Crossing the Bridge - The
Sound of Istanbul, 2005 (Baba Zula, Mercan Dede, Sertab
Erener...); c'est aussi très touchant dans De l'autre côté où
il offre un grand rôle à Hanna Schygulla, actrice allemande,
égérie de Fassbinder, et un autre grand rôle à Nursel
Koese, légende en Turquie.
Fatih Akin= cinéaste du métissage, cinéaste de la
globalisation, et constructeur de passerelles (Crossing the
Bridge: comme le dit explicitement le titre de son
documentaire sur la musique d'Istanbul).
Je pense que le cinéma de Fatih
Akin correspond très bien à notre
époque. C'est un cinéma globalisé
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Matthias Turcaud, TL2
CULTURE & LOISIRS
Paroles de Jean Ferrat
Morceaux de chanson et extraits d'interview. Paroles d'un homme engagé, d'un rebelle acharné, d'un poète convaincu
féru d'Aragon qu'il a mis en chanson, d'un chantre de la beauté du monde. On aimerait s'écrier avec lui: Que c'est beau
la vie...
"Le XXIème siècle a inauguré et laisse envisager le pire pour l'avenir, je veux dire, la montée dans ce nouveau siècle des
fanatismes religieux de tous ordres qui amènent inévitablement des positions racistes, qu'il faut absolument combattre."
"Le poète a toujours raison/Qui voit plus haut que l'horizon/Et le futur est son royaume/Face à notre génération/Je déclare
avec Aragon/La femme est l'avenir de l'homme"
"Où est-ce qu'on va avec une civilisation qui sait aller sur la Lune mais qui ne sait plus comment faire la soupe?"
"De plaines en forêts de vallons en collines/Du printemps qui va naître à tes mortes saisons/De ce que j'ai vécu à ce que
j'imagine/Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France"
"Aimer à perdre la raison/Aimer à n'en savoir que dire/A n'avoir que toi d'horizon/Et ne connaître de saisons/Que par la
douleur du partir/Aimer à perdre la raison"
"Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre/Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant/Que cette heure
arrêtée au cadran de la montre/Que serais-je sans toi que ce balbutiement" (texte d'Aragon)
"Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres/Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés/Dès que la
main retombe il ne reste qu'une ombre/Ils ne devaient jamais plus revoir un été"
"Il se peut que je vous déplaise/En peignant la réalité/Mais si j'en prends trop à mon aise/Je n'ai pas à m'en excuser/Le
monde ouvert à ma fenêtre/Que je referme ou non l'auvent/S'il continue de m'apparaître/Comment puis-je faire autrement/
Je ne chante pas pour passer le temps"
"Au-dessus des eaux et des plaines/Au-dessus des toits des collines/Un plain-chant monte à gorge pleine/Est-ce vers
l'étoile Hölderlin/Est-ce vers l'étoile Verlaine"
"Il y a deux types de chansons: la chanson d'expression et de consommation."
"Ils quittent un à un le pays/Pour s'en aller gagner leur vie/Loin de la terre où ils sont nés/Depuis longtemps ils en
rêvaient/De la ville et de ses secrets/Du formica et du ciné/Les vieux ça n'était pas original/Quand ils s'essuyaient
machinal/D'un revers de manche les lèvres/Mais ils savaient tous à propos/Tuer la caille ou le perdreau/Et manger la
tomme de chèvre"
Paroles de Jean Ferrat recueillies et choisies par Matthias Turcaud, TL2
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CREATIONS
Le cancre
Non mais, avec les résultats que vous avez, mon petit monsieur, il ne vous reste plus que la prostitution
Le verdict était tombé comme un cheveu sur la soupe. Il ne s’y était pas du tout attendu.
Que faire maintenant ? Il se sentit désorienté, perdu, égaré. Il n’avait plus de boussole, plus de repère, aucun repère ; il déambulait
comme un somnambule ivre dans des sphères indéterminées.
Il s’assit à un banc, avala plusieurs bonbons contre la toux alors qu’il n’avait pas de toux.
Il lui semblait ne plus voir clair. Tout se brouillait devant lui, il pouvait à peine dire si les personnes qui se trouvaient devant lui étaient
de sexe masculin ou féminin.
Faute de patience, il croqua un des bonbons contre la toux qui se promenait actuellement dans sa mâchoire. Et crac. Le bruit déchira
l’espace de sa dentition. Il reprit une dizaine de bonbons qu’il jeta nonchalamment dans le gosier, toujours assis sur ce banc, là. Il
ne savait plus où, quoi, comment, qui, pourquoi. Aucune motivation, aucune, rien, ne le portait. Il se sentait mou, raplati, raplapla. Et
hop encore une poignée de bonbons contre la toux dans sa bouche jetée, alors qu’il n’avait même pas de toux.
Le verdict implacable lui revenait à l’esprit : Non mais, avec les résultats que vous avez, mon petit monsieur, il ne vous reste plus
que la prostitution
Il prit son courage à deux mains, et jeta à nouveau un coup d’œil sur son bulletin trimestriel de notes. 3 en philosophie, 2 en
géographie, 0.5 en mathématiques, 1 en français. C’est vrai que ce n’était pas très glorieux. Mais de là à tomber dans la
prostitution… Il pourrait toujours, peut-être, pourquoi pas, se débrouiller autrement…
Il essaya de penser à autre chose ; le début du printemps par exemple. Il s’empara d’un journal et essaya de s’intéresser
successivement à « Fillon à la reconquête de l’Ouest », au « Siège des Hôpitaux de Paris occupé depuis jeudi », « Pour Martine
Aubry, le PS doit être ‘au plus haut’ », « Michel Charasse prête serment au Conseil constitutionnel », « Sarkozy à Londres pour
rencontrer Brown ». Mais en vain. Lui revenait cette phrase terrible, où il n’y avait pas la place pour la moindre réserve : Non mais,
avec les résultats que vous avez, mon petit monsieur, il ne vous reste plus que la prostitution.
Il commença à angoisser. Et si, vraiment, il devenait un prostitué ? Condamné à errer dans la nuit, au merci du premier client qui…
Il se leva, l’idée lui vint de fumer une cigarette. Mais il n’avait pas de cigarette, pas de briquet, pas de quoi acheter une cigarette ou
un briquet, et pas envie de mendier de l’argent. Donc… Alors il ne fuma pas de cigarette. De toute façon ce n’était pas du tout
indispensable. Il ne savait plus comment ça lui était venu, cette idée de fumer une cigarette ; quelle idée saugrenue, c’est vrai,
franchement.
Bon. Il fallait entreprendre quelque chose. On ne pouvait pas rester les bras croisés pour un temps aussi long. L’homme était fait
pour agir. Pas pour blablater ou remplir son cortex de tergiversations futiles.
Il marcha dans une rue, sans savoir exactement où il allait, les idées un peu nulle part. Il repensa à ses notes du bulletin trimestriel :
3 en philosophie, 2 en géographie, 0.5 en mathématiques, 1 en français. C’est vrai que ce n’était très glorieux. Il alla dans un
magasin, et puis en ressortit. Il longea un Kebab, une pharmacie, un cabinet de dentiste. Et si il allait se refaire les dents ? C’était
peut-être le bon plan pour se changer les idées, non ? Mais il n’avait pas d’argent. Sans argent, pas de propriété privée, sans
propriété privée pas de swimming-pool, sans swimming-pool pas de midinettes sexy aux gros seins siliconés, sans midinettes sexy
aux gros seins siliconés pas de coït, sans coït pas de plaisir, sans plaisir pas de joie, sans joie pas de vie, sans vie… Non, il ne fallait
pas raisonner comme ça, il ne fallait pas raisonner comme ça, nom d’un chien ! Pourquoi raisonnait-il comme ça, tout d’un coup ?
Quelle mouche tsé-tsé l’avait-elle donc piqué ? Pourquoi tant de considérations pessimistes et apocalyptiques comme ça d’un coup ?
C’était peut-être à cause de ce bouquin de Shopenhauer qu’il avait entamé la veille parce qu’il n’arrivait pas à s’endormir.
Alors maintenant que faire ? Allez, prendre une décision, allez ! Trouver quelque part la force, le courage, la hardiesse pour prendre
une décision, fût-elle infinitésimale et insignifiante !
- Excuse-moi…
Il se retourna. C’était… oh ! bon dieu ! était-ce possible ?!
- Excuse-moi de t’aborder comme ça, à brûle-pourpoint, mais j’avais une furieuse envie de t’inviter pour aller boire un café.
Il dit oui. Et ils partirent boire un café. Ils allaient donc boire un café – quelle heureuse initiative ! Pour les sous pas de problème,
puisqu’elle l’invitait. Ils allaient donc boire un café. Ils allaient s’asseoir quelque part, commander, attendre que le café arrive, papoter,
se faire des petites œillades sympathiques, et une fois le café arriver le siroter lentement en le dégustant et en prenant son temps.
Et après ? Après, ce serait terminé. Le café, envolé, parti en fumée ! La vie continuerait. Et il verrait ce qu’il ferait.
Matthias Turcaud, TL2
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CREATIONS
la nuit quand tous les chats sont gris
Il était sorti à tout hasard, sans rien attendre de particulier de cette nuit qui semblait pareille à toutes les autres.
Dehors les lampions des bars se confondaient avec les phares des bagnoles.
Par terre la neige recouvrait tout de son grand tapis, seules des bouts de cigarettes et des capsules de bière 1664
dépassaient quelques fois du tapis de neige par terre. Il se dirigea d'un pas lent sur l'avenue principale.
Devant lui un feu rouge devenait vert. Derrière lui un feu vert devenait rouge.
Dans l'air nocturne des pétards résonnaient - ce n'était pourtant pas le Nouvel An. Dans un bosquet ombrageux, sperme,
sang, larmes et urine semblaient se déverser en égale quantité. Sur le trottoir voisin un clochard esquissait les gestes et
les mimiques de la mendicité. D'un lieu incertain lui parvenait une rengaine familière, qu'il n'avait cependant pas le temps
de déchiffrer, car le vent l'emportait.
Et lui continua son chemin sur cette avenue principale où il s'était engagé.
Derrière lui un feu vert devenait rouge. Devant lui un feu rouge devenait vert.
Il faisait vraiment un froid de canard en cette nuit de février et en plus - cerise sur le gâteau - il avait oublié son manteau.
Comme un égaré, il regardait se succéder devant ses yeux fatigués les sex-shops et les döner kebabs. Bientôt les strings
se mélangeaient inextricablement aux yufkas et aux oignons. Il voyait des godes remplis de viande de poulet, des
soutiens-gorge à la sauce blanche, et Pamela Anderson baragouinait quelques mots de turc.
Qu'était-il venu faire déjà? Sortir... ah! oui. Sortir.
Il décida de traverser la rue.
A cause de la neige il y avaient des passages cloutés partout.
Une Toyota visiblement pressée fut à deux doigts de l'écrabouiller. Mais il survécut.
Dans le ciel un disque opale conférait à la ville un aspect fantomatique. Ca s'appelle la lune je crois.
Il passa devant un bar illuminé aux néons bleus. Il décida de continuer son chemin. Tout à coup il s'arrêta. Il ne savait pas
au juste ce dont il voulait, ou ce qu'il voulait. Avait-il soif, faim? Voulait-il baiser, danser, oublier quelque chose - son
chagrin, son désespoir? Il scrutait l'horizon d'un air morne, vide.
Un couple passa devant lui, très près, à quelques centimètres, le frôlant presque. Apparemment ils batifolaient, affichant
une euphorie réciproque. L'élément masculin du couple se précipita sur l'élément féminin du couple, lui déboutonnant
hâtivement tout ce qu'elle pouvait bien avoir de boutons. L'élément se laissa faire, s'apprêtant visiblement à la fornication.
Était-ce le festival du coït ce soir?
Il continua son chemin. Plusieurs restaurants avaient déjà fermé. On était au mois de février, et pourtant il y avait encore
un arrière-goût de Nöel dans la ville. Un Noël périmé. Tout à coup il eut un pressentiment: il avait peut-être reçu un
message de... Il sortit en vitesse son portable de la poche de son pantalon, l'alluma, composa son code secret, alla sur...
Peut-être lui avait-elle envoyé un SMS... peut-être et non. La boîte de réception affichait 0.
Rangeant son portable à sa place, il eut l'idée de traverser une rue supplémentaire.
Des tohus-bohus confus lui parvenaient des tavernes et des bars qui brillaient comme des cavernes d'Ali Baba. Il rentra
quelque part. Dans un bar, dont il ne prit pas le temps de regarder le nom. Il faisait sombre ici. Ce bar-ci n'était pas une
caverne d'Ali Baba; on n'y voyait goutte. Il voulut s'asseoir sur un tabouret, mais il n'y en avait plus. Il resta donc debout.
A côté de lui des minettes se pavanaient en exhibant leurs décolletés. Sur l'estrade des gens paraissaient danser. Dans
les verres la bière coulait. Elle se laissait confondre avec la vodka. On ne distinguait plus la nuance de couleur; il faisait
tellement sombre. Sur l'estrade par contre il y avait plus de lumière. Il commanda un verre, mais le barman ne l'entendit
pas. Sa parole fut avalée par l'espace. Sur la piste de danse - l'estrade - les membres des danseurs s'envolaient dans
tous les sens. Le déhanchement significatif d'une jeune femme attisa sa soif de désir. Il réussit à commander finalement
un verre de cognac, qu'il se mit à siroter mystiquement, debout, près du comptoir. Dehors il neigeait encore probablement.
Sur un tube de techno les membres des danseurs se tortillèrent frénétiquement.
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CREATIONS
Il ne savait plus quoi faire. Il sentait qu'il n'avait pas trop envie de danser. Il finit le reste de son verre de cognac cul-sec,
puis ses regards retournèrent à la piste de danse. Il lui vint l'idée de regarder à nouveau s'il avait reçu des SMS sur son
portable, mais il s'avéra bientôt qu'il en avait reçu 0.
Dans tout le bar se déployait une énergie sexuelle effrénée. Et que je te colle la main aux fesses, et que je te tâte les
tétons, et qu'on va dans un p'tit coin! C'était le Sabbat des Orgiaques, l'Eden des Dégénérés. Même lui se sentait attiré.
Il avait de la peine à réfréner ses désirs.
Finalement il sortit. Ce n'était pas sa place.
Qu'était-il venu faire de nouveau? Sortir... ah! oui. Sortir.
Il avait fait quelques pas sur le trottoir, lorsqu'il sentit quelque chose derrière lui.
Il se retourna.
C'était une... mais il n'eut pas même pas le temps de... car elle... aussi vite que... à une vitesse... ça elle... et elle... mais
il... et elle... puis il... et elle... ah!il... oh!elle... il voulut... et... mais... oui... et... c'était... tout à coup... et... la douceur de... il
ne la... et ses... puis ses... et surtout ses... ah!... oh!... la chaleur de... sa... ses... qui... et se confondant à lui... il... et...
mais... et il voulut...
Mais il s'aperçut qu'elle était partie. Trop tard. Trop vite.
Il s'engagea sur l'avenue principale, sur laquelle il s'était déjà engagé, avant. A cause de la neige il y avaient des
passages cloutés partout.
Une Toyota visiblement pressée fut à deux doigts de l'écrabouiller. Mais il survécut.
Dans le ciel un disque opale conférait à la ville un aspect fantomatique. Ca s'appelle la lune je crois.
matthiasturcaud
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JEUX
SOLUTION - MOTS-CROISES N°2
(Pontonews N°26, février 2010)
Horizontalement :
I Morceau de texte
II lisière des bois, partie de l’être humain qui pense et qui éprouve des sentiments
III Raccourci de l’école élémentaire, période
IV salée quand elle est de sodium
V Institut de chimie organique et analytique, allure à cheval
VI début d’un arrêt de tram et d’un quartier
VII brouter, 5ème lettre de l’alphabet
VIII a le courage de le faire, marque de biscuit, bruit de klaxon
IX grande quantité d’animaux ou de personnes formant un nuage, sans habits
X famille qui n’est pas pauvre, Vénus de Prosper Mérimée
Verticalement :
1 Forme d’écriture, grand-mère allemande
2 unité de mesure de superficies, chiffres significatifs
3 Note, Professeur de sciences physiques
4 a halé, Union Européenne
5 de Arabe, avec des ailes
6 bavardage malveillant, assassine
7 atterir sur l’eau
8 petit sans fin, conjonction servant à relier deux mots ou groupes de mots
9 Chaine de télévision franco-allemande, Unité Nationale Lycéenne
10 auxilliaire, comme une mule
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Pontonews
Rédaction et Administration :
Lycée International des Pontonniers
1 rue des Pontonniers
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Directrices de publication : Mesdames Corbin, Martineau, Rouve
Maquette, mise en page , corrections : Madame Corbin, Madame Martineau, Madame Rouve
Illustrations de couverture : Eline Roane de Mathuisieulx
Ont réalisé ce numéro : Lena Burgard, Anouk Heili, Robin Ormond, Eline Roane de Mathuisieulx,
Matthias Turcaud, Elise Weissenbacher, Camilla Zerr.
Avec les contributions de :
Ariane Kupferman-Sutthavong, Salima Poumbga, M. Jacques Otto.
Retrouvez le Pontonews et son supplément littéraire Le Pont à l’Encre en téléchargement
gratuit (et en couleurs !) sur le site Web du C.D.I. à l’adresse :
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