Qui sème en vacances, récolte la conscience
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Qui sème en vacances, récolte la conscience
Région Point de vue sur >> Le président de la CMCAS Nord-Pas-deCalais, née de la fusion des CMCAS de BéthuneArras, Lille et Douai, est l’un des chaînons du projet de transformation des organismes sociaux des IEG. >> Le président de Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics évoque la force de ce mouvement. Philippe Diers Bernard Defaix www.ccas.fr Vu à… Willer-sur-Thur Florine Kupper >>Cette fille d’agent a offert de son temps avec plaisir et sans compter lors de la fête de Noël intergénérationnelle organisée par la CMCAS de Mulhouse. mensuel d’information du personnel des industries électrique et gazière. 1,5 euro euros n° 297 292 Juillet-Août janvier 2009 2008 Qui sème De la petite enfance en vacances, à la prévoyance récolte Nouvelle année, la conscience nouveaux droits 2009 : pour de L’année 2008 a vu l’accélération d’une crise financière sans précédent. Cela a entraîné de nombreux plans de licenciements, broyant des dizaines de milliers de vies d’hommes et de femmes. Mensuel d’information du personnel des Industries électrique et gazière. Immeuble René-Le Guen, 8, rue de Rosny, BP 629, 93104 Montreuil Cedex Tél. : 01 48 18 64 46 Fax : 01 48 18 66 93. Directrice de la publication : Évelyne Valentin. Rédacteur en chef : © Élise Rebiffé / CCAS Photos couverture : Pierre Michaud, Julien Millet / CCAS, Élise Rebiffé / CCAS. Sous prétexte de cette crise, certains voudraient réduire à néant les avancées sociales de plusieurs décennies. La santé est marchandisée, l’école est amputée de 13 000 emplois, des pans entiers de l’industrie automobile sont démantelés. Avec le travail du dimanche et la remise en cause de la réduction du temps de travail, le droit du travail est menacé. Dans ce grand Monopoly, l’énergie doit être le moteur du développement de toute la société et servir l’intérêt général. Actrices de l’économie sociale et solidaire, les activités sociales des industries électrique et gazière développent des valeurs, à l’opposé du toutmarchand qui conduit aujourd’hui à la faillite. Évelyne Valentin, présidente de la CCAS Rédaction : Voilà pourquoi je vous invite à participer nombreux à l’action portée le 29 janvier par l’ensemble des confédérations syndicales. Secrétariat de rédaction : Voilà pourquoi, en cette période de difficultés accrues pour le plus grand nombre, les activités sociales et l’ensemble des organismes sociaux de notre branche cherchent plus que jamais à œuvrer pour que la place de l’homme soit reconnue dans et hors les entreprises. Pierre Chaillan. Assistante : Carmen Gil. Samy Archimède, Pierre Michaud, Philippe Poupard, Laïla Saïdi, Jean Santon, Marie-Line Vitu. Aude Brédy Comtown Productions. Photographie : Carole L’Hermitte, Christine Lemore. Chef de fabrication : Dominique Brégier. Ont collaboré à ce numéro : Audrey Bernard, Nicolas Chevassus, Sophie Chyrek, Stéphane Gravier, Franca Maï. Conception graphique et réalisation : Comtown Productions. Photogravure, impression, expédition : Rivet, 24-27, rue Claude-Henri-Gorceix, BP 1577, 87022 Limoges Cedex 9. ISSN 0295-6365. Commission paritaire : N° 1111 M 05267. Voilà pourquoi de nouvelles dispositions ont été prises et entrent en vigueur en cette nouvelle année : édito nouvelles conquêtes En cette période de crise, les activités sociales et l’ensemble des organismes sociaux cherchent plus que jamais à œuvrer pour que la place de l’homme soit reconnue dans et hors les entreprises. • l’aide à la garde d’enfants de 3 mois à 3 ans ; • un nouvel IDCP permettant de couvrir les conjoints et les enfants à charge, et de solidariser les actifs et les inactifs ; • la poursuite de l’élargissement de l’offre de vacances de qualité pour tous. Voilà pourquoi les activités sociales poursuivront les transformations afin d’être, encore plus et mieux, ce qu’elles ont toujours été : solidaires. Solidaires, pour de nouvelles conquêtes en 2009. La nouvelle année verra la mise en œuvre de moyens humains et financiers pour que chaque bénéficiaire ait accès à ses activités sociales en proximité, et donc au plus près de son lieu de travail et de vie. 2009 sera l’année de la mise en œuvre concrète du projet de pérennisation et de développement des activités sociales pour tous et partout. Plus qu’un vœu, c’est notre engagement solidaire pour que cette année s’ouvre sur de nouvelles conquêtes. Alors, bonne année 2009 ! Abonnement : 12,20 euros (individuel), 6,10 euros (collectif). Site internet : www.ccas.fr CCASinfos 297 - Janvier 2009 3 Culture 2009 : pour de nouvelles conquêtes Actualité événement�������������� 6 Garde d’enfants : un sérieux coup de pouce © Bertrand de Camaret / CCAS En novembre, les comédiens Martine et Métélok s’invitaient dans le salon d’Angel, agent, et de Solange pour une pièce célébrant le poète Jean L’Anselme… Du « spectacle à domicile » initié par la CMCAS de Bayonne qui veut impliquer les bénéficiaires dans le développement d’activités sociales en milieu rural. Lire page 40 Actualité en bref�������������������� 8 IDCP • CCAS Infos • Les Cahiers de l’Iforep • Élections à gdf Suez • Aneg • Vous écrivez, on vous lit • Vœux • Solidarité • Culture • La photo du mois • Assurance dépendance Vu à… Willer-sur-Thur ������������ 10 Noël : par et pour toutes les générations ! Initiatives ������������������������������� 11 Surendettement : prévenir et rompre l’isolement ! Vos activités Région Les Flandres �������������� 12 Réfléchir sur les pratiques touristiques des inactifs, c’était la mission confiée en février dernier au groupe de travail, piloté par Martial Savel, qui demanda ensuite qu’une étude soit réalisée auprès de 800 ouvrants droit par l’institut LH2. En voici les premières conclusions. Lire page 24 Le bonheur est dans les Flandres… Portrait Éric Franceschi ��������� 22 Gazier globe-trotter Point de vue sur �������������������� 23 sommaire L’Édito d’Évelyne Valentin������� 3 Face au marché, les services publics vos activités ��������������������������� 24 Inactifs : des vacances à la carte • Alger, capitale des activités sociales • Un formidable outil d’émancipation • Une prévoyance obligatoire de branche efficace • L’IDCP nouveau est arrivé • Rimes pour Rencontres de l’image et du multimédia des énergéticiens • « Un événement fédérateur » Temps libre ����������������������������� 32 © Didier Delaine / CCAS La cascade de glace Vers un essor du biogaz ? • Les côtes maritimes, futures victimes du réchauffement Cinéma La dernière saison �� 36 Un film de Raphaël Mathié Histoire Le gaz de ville ��������� 37 Vos activités L’industrie du gaz fête cette année ses deux siècles d’existence. Du 13 au 16 décembre, lors de la Ve Conférence internationale des travailleurs de l’énergie à Alger, les délégués de 27 pays et 60 organisations ont réaffirmé la nécessité de dessiner de nouvelles pistes de solidarité entre travailleurs de l’énergie, ainsi que le rôle pacificateur des activités sociales pour les peuples. Lire page 26 Sport événement ������������������ 38 Badminton, fous du volant Culture ��������������������������������� 39 Festival des 3 continents, clap sur le monde… • Ce soir, théâtre au salon ! Livres Nina Bouraoui ������������ 42 Par la grâce d’un « je » apaisé Nouvelle Flash de lucidité ��� 44 Par Franca Maï © Pierre MicHAud CCASinfos 297 - Janvier 2009 SCIENCES et environnement�� 34 Jeux et jardin �������������������������� 46 Côté jardin : Au potager Jeux : mots croisés et échecs Encart : Protection sociale et prévoyance 5 Bonne nouvelle, en ce début d’année, pour les agents en activité ayant des enfants en bas âge ou pour ceux qui sont sur le point d’en avoir : sept entreprises de la branche (EDF, ERDF, RTE, GDF Suez, GrDF, GRT Gaz et Électricité de Strasbourg)1 viennent de signer avec le Comité de coordination des CMCAS une convention qui donne de nouveaux droits aux jeunes parents salariés de ces entreprises. À partir de fin février (avec effet rétroactif au 1er janvier pour l’ouverture des droits), ces derniers pourront réaliser des économies substantielles sur les frais de garde de chaque enfant âgé de trois mois à trois ans2 en utilisant le 1 Ces entreprises rassemblent plus de 90 % des salariés de la branche. Des négociations sont en cours dans d’autres entreprises (régies, Compagnie nationale du Rhône, etc.) pour la signature d’autres conventions. 2L’âge limite est porté à sept ans pour les enfants handicapés. Chèque emploi service universel (Cesu) « petite enfance ». Le montant annuel maximum des Cesu accordés pour la garde d’un enfant est fixé à 2 000 euros, dont 1 432 euros sont pris en charge par l’employeur et le fonds du 1 %. La part payée par le salarié n’est donc que de 568 euros. La participation financière des principaux employeurs de la branche des IEG au sein de ce dispositif a été obtenue à l’issue de négociations menées avec le Comité de coordination des CMCAS dans la continuité de l’accord du 24 avril 2008 sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Le Cesu constitue l’une des mesures de la loi relative au développement des services à la personne. Il vise notamment à alléger les formalités habituelles liées à l’emploi d’un salarié (aide ménagère, assistante maternelle, etc.). Dans les IEG, la mise en place du Cesu « petite enfance » concerne potentiellement quinze mille enfants d’agents. DR Les salariés des principales entreprises des IEG peuvent désormais bénéficier de Chèques emploi service universels (Cesu) pour faire garder leurs enfants en bas âge. Cofinancés par l’employeur, le fonds du 1 % et l’agent, ces chèques allègent sensiblement la facture des jeunes parents tout en simplifiant leurs démarches administratives. Caroline Chailloux, chargée de mission à la direction financière de GDF Suez (Paris), mère de 4 enfants, dont une fille âgée d’1 mois « Je me sers déjà du Cesu pour l’emploi d’une femme de ménage, que je déclare par Internet. Ce système présente de nombreux avantages : des formalités administratives simplifiées et une déduction fiscale importante en fin d’année. Il permet aussi de choisir son mode de garde. Habitant dans l’Essonne, si je devais passer par une crèche d’entreprise, il faudrait que j’emmène ma fille avec moi dans le RER et le métro tous les matins ! Je préfère la confier à une nourrice agréée dans la ville où j’habite. Et puis, le Cesu « petite enfance » représente une économie importante : plus de 1 400 euros par an pour un enfant ! » DR événement Garde d’enfants : un © Didier Le Scour / CCAS Romuald Jaguenaud, conseiller technique à GrDF (Bourg-en-Bresse), père de 2 enfants, dont une fille âgée d’1 an 6 « Je fais garder ma fille toute la journée par une assistante maternelle agréée. Cette garde nous coûte 450 euros par mois. C’est un gros budget. Le Cesu va changer beaucoup de choses pour nous, d’autant plus qu’il est cumulable avec les allocations familiales. Cela va nous permettre d’avoir un peu plus de pouvoir d’achat, ce qui n’est pas négligeable quand on a le projet d’avoir un autre enfant. Faire garder 2 enfants, c’est environ 800 euros : l’équivalent d’un loyer ! » CCASinfos 297 - Janvier 2009 sérieux coup de pouce Quelles conditions dois-je remplir pour en bénéficier ? -- part financée par l’employeur : 864 e ; -- part financée par le 1 % : 568 e ; -- part restant à votre charge : 568 e. • Pour 2 enfants, le montant annuel maximum du Cesu est de 2 557 e. -- part financée par l’employeur : 1 103 e ; -- part financée par le 1 % : 727 e ; -- part restant à votre charge : 727 e. • 50 % de la part du Cesu payée par le bénéficiaire est déductible de l’impôt sur le revenu (crédit d’impôt également possible). • Le Cesu « petite enfance » est cumulable avec les aides versées par la Caisse d’allocations familiales, mais pas avec l’indemnité statutaire de garde versée par l’entreprise (N92-21). • être salarié d’une entreprise qui a signé une convention avec le Comité de coordination des CMCAS ; • avoir la charge effective et permanente d’un ou plusieurs enfants âgés de 3 mois à 3 ans (jusqu’à 7 ans pour les enfants en situation de handicap). En cas de garde alternée, le salarié ne percevra que 50 % du montant du Cesu. Dans quelles situations puis-je l’utiliser ? • garde d’enfants (occasionnelle, exclusive, partagée, baby-sitting) à mon domicile ; • garde d’enfants hors de mon domicile : assistante maternelle agréée, structure d’accueil collectif, crèche, haltegarderie, jardin d’enfants, garde périscolaire, centré aéré ou centre de loisirs du mercredi ; • accompagnement des enfants dans leurs déplacements en dehors de leur domicile (promenades, transports non scolaires et actes de la vie courante). Et les autres avantages ? • la mise à disposition d’un réseau d’assistantes maternelles intervenant sur l’ensemble du territoire français ; • un espace personnel sur Internet pour gérer votre dossier Cesu ; • des démarches administratives simplifiées (car prises en charge par le prestataire) ; • un numéro vert pour répondre à toutes vos questions administratives, juridiques et fiscales. Quels sont les avantages financiers ? • Pour 1 seul enfant, le montant annuel maximum du Cesu est de 2 000 e. © Élise Rebiffé / CCAS Quelles démarches faut-il suivre pour en bénéficier ? CCASinfos 297 - Janvier 2009 • appeler le numéro vert pour vérifier votre éligibilité au Cesu ; • commander vos Chèques emploi service universels et choisir les modalités de © Élise Rebiffé / CCAS Le Cesu « petite enfance » en pratique paiement : cette commande ainsi que le paiement et la réception des chèques peut se faire par Internet ; • remettre les chèques à la personne ou la structure qui garde votre / vos enfant(s). NB : • si les deux parents d’un enfant sont agents, le montant du Cesu « petite enfance » n’est pas multiplié par deux. Il est remis à un seul des parents ; • si l’enfant ou le parent ne remplit les critères d’éligibilité au Cesu qu’une partie de l’année (exemple : l’enfant a 3 mois en cours d’année), le montant annuel maximum des chèques attribués est réduit d’autant. Sites utiles : www.servicesalapersonne.gouv.fr www.cesu.urssaf.fr Textes : Samy Archimède 7 IDCP, un contrat de prévoyance unique pour mieux vous protéger, vous et ceux que vous aimez ANEG Nous fêtons cette année les 60 ans d’existence d’IDCP avec la confiance de plus de 120 000 adhérents, tous agents des IEG. Depuis le 1er janvier 2009, vous pouvez choisir les nouvelles garanties du contrat unique IDCP, complémentaire à la prévoyance obligatoire pour les actifs et adapté pour la couverture des inactifs. Nouveau, et encore plus performant : la mise en place de rentes (rente de conjoint, rente d’éducation et rente de survenance handicap enfant), IDCP est désormais ouverte aux proches de l’agent (conjoint, enfants et ascendants à charge) pour répondre à l’objectif politique de la CCAS des activités sociales pour tous. De plus, la CCAS a obtenu du Gan, nouvel assureur d’IDCP, une baisse de 10 % des cotisations décès-invalidité « causes accidentelles ». Important ! Vous pouvez simuler le coût de la cotisation correspondant aux options choisies pour vous ou vos proches, grâce à un simulateur accessible sur CCAS INFOS Pierre Chaillan a été nommé à la rédaction en chef de CCAS INFOS. Il succède à Valère Staraselski, rédacteur en chef depuis 1997, appelé à d’autres fonctions à la CCAS. Courriel : [email protected] ou téléphone : 01 48 18 67 40. « Signe des temps qui changent, la publication dans sa forme actuelle va évoluer », écrit Jean-Claude Moreau, président de l’Iforep, Institut de formation, de recherche et de promotion, dans son éditorial. Ce numéro est consacré aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. À lire, le dossier intitulé « Une journée en CMCAS avec… ». Les reportages et entretiens des bénéficiaires, des personnels et élus illustrent l’impact des nouvelles technologies de communication sur le travail, le lien social et le rapport aux CMCAS. © Élise Rebiffé / CCAS le site ccas.fr dans l’espace Activ : munissez-vous de votre Numéro identifiant agent et de votre salaire brut. Pour vous renseigner sur la richesse des nouvelles dispositions IDCP, un numéro vert, 0 800 00 50 45, (appel gratuit depuis un poste fixe) est accessible dès à présent du lundi au vendredi de 8 h 30 à 19 h. Si vous êtes adhérent, le transfert de vos garanties actuelles dans le nouveau contrat se fera automatiquement sans frais. Les Cahiers de l’Iforep 8 ÉLECTIONS À GDF SUEZ Lors des premières élections au conseil d’administration de GDF Suez, la CGT arrive en tête avec 49,28 %, devant la CFDT (17,71), la CFE-CGC (12,67), FO (12,02) et la CFTC (4,37). Compte tenu du système de vote uniquement par correspondance, la participation ne s’élève qu’à 40 %. © Olivier Clément / CCAS en bref AssuranceS L’assemblée générale de l’Aéro-club national des électriciens et gaziers (Aneg) se déroulera du 20 au 22 mars 2009 au centre de vacances de Savines-le-Lac (Hautes-Alpes). Renseignements au secrétariat des clubs nationaux au 01.49.20.94.09 ou sur le site www.aneg.org Vous écrivez, on vous lit La réhabilitation d’un fusillé de la Grande Guerre Une enquête minutieuse et patiente menée par Gilles Vauclair, agent EDF, et Didier Callabre. Les auteurs passionnés d’histoire reviennent sur les derniers jours d’un artilleur fusillé « par erreur ». Au-delà du cas d’Eugène Bouret, qui fut l’un des premiers réhabilités de la Première guerre, le livre met en lumière les méthodes expéditives de la justice militaire. Le fusillé innocent, de Gilles Vauclair et Didier Callabre, aux éditions Autrement, 20 e. CCASinfos 297 - Janvier 2009 VœUX LA PHOTO DU MOIS BONNE ANNÉE 2009 ! © Élise Rebiffé / CCAS © AFP photo / Rémy Gabalda Toute la rédaction de CCAS INFOS se joint aux organismes sociaux des industries électrique et gazière pour vous souhaiter une année 2009 riche de conquêtes sociales. Le mois dernier, les importantes chutes de neige ont privé d’électricité plusieurs milliers d’abonnés EDF, dans les Alpes et le Massif central. Les agents d’ERDF (Électricité réseau distribution France) n’ont cependant pas ménagé leurs efforts pour rétablir au plus vite le réseau électrique. SOLIDARITÉ TÉLÉTHON Dans le cadre de la 18e édition du Téléthon, sous l’égide du Fil de l’énergie et en relation avec la CMCAS, le club Gazélec et Handisport organisaient le 6 décembre deux parcours adaptés, de Chalon-sur-Saône à Montceaules-Mines, réunissant cyclistes et « handbikers » (notre photo), dont des sportifs de haut niveau. L’ensemble des initiatives, associant les activités sociales et en partenariat avec la Fondation EDF, ont permis de collecter 802 000 euros en faveur du Téléthon, avec respectivement 96 000 euros pour Le fil de l’énergie et ses parcours cyclistes et 10 000 euros pour le concert au Cirque d’hiver. Culture Le lundi 9 mars 2009, au Théâtre Déjazet à Paris, la CCAS vous invite à la représentation par la Compagnie Naje d’une pièce de théâtre, suivie d’un forum, sur le thème de la violence faite aux femmes. Vous trouverez une invitation et des informations complémentaires dans le prochain numéro de CCAS INFOS. CCASinfos 297 - Janvier 2009 Conditions de renouvellement au 1er janvier 2009 Le contrat groupe dépendance, souscrit auprès de la CNP Assurances, a été reconduit au 1er janvier 2009 avec une revalorisation des cotisations et des garanties de 1,5 %. L’assurance dépendance vous permet de garder votre indépendance financière en cas de perte totale ou partielle d’autonomie. Elle vous garantit le versement d’une rente exonérée d’impôt tous les mois, pendant toute votre vie. Si vous avez atteint au moins 25 ans de cotisations en IDCP A et/ou M, la CCAS vous fait bénéficier d’un complément de rente mensuel. Vous pouvez y souscrire de 50 à 74 ans si vous êtes agent, conjoint (concubin, partenaire d’un Pacs, veuf ou veuve d’agent) et ascendants d’agent. Vos cotisations dépendent de l’âge et des garanties souscrites. En fonction des garanties dont vous souhaitez bénéficier, vous avez le choix entre deux formules d’assurance dépendance. La garantie partielle vous assure contre la dépendance complète. Pour être protégé, même en cas de dépendance partielle, souscrivez à la garantie complète. Bon à savoir : en vous assurant en couple, vous bénéficiez d’une réduction de 20 % sur la cotisation la plus élevée. Vous pourrez également souscrire à l’option d’exonération de 50 ou 100 % de cotisation du conjoint survivant. ASSURANCES Vous avez accès à toute une gamme de prestations d’assistance dès l’adhésion, même si vous n’êtes pas dépendant. Pour adhérer ou obtenir d’autres informations sur le contrat dépendance, vous pouvez contacter votre CMCAS ou SLV, vous connecter sur le site www.ccas.fr, ou envoyer un mail à [email protected] . © Didier le Scour / CCAS DR DéPENDANCE Retrouvez toutes les infos sur le site internet de la CCAS : ccas.fr 9 vu à… Willer-sur-Thur 10 Noël : par et pour toutes les générations Pour sa troisième édition, la fête de Noël intergénérationnelle organisée par la CMCAS de Mulhouse a réuni mille quatre cents personnes, le dimanche 7 décembre dernier, à Willer-sur-Thur (Haut-Rhin). Un succès pour ce réveillon d’avant l’heure, où étaient réunies plusieurs générations de bénéficiaires. Midi : quelque trois cent cinquante inactifs, habillés sur leur trente et un, ont pris place autour des immenses tables pour le déjeuner festif. L’orchestre entonne une valse bien connue. Georges et Alice ne boudent pas leur plaisir de faire quelques tours de piste en attendant l’apéritif. Cinq bus ont été spécialement affrétés pour transporter les anciens, dépourvus de possibilités de locomotion. La CMCAS de Mulhouse n’a pas lésiné sur les moyens afin que chacun puisse participer à ce moment chaleureux très attendu. « Cette fête est l’occasion de sortir du train-train habituel, de revoir les anciens collègues », constate Laurent, soixante-trois ans, accompagné de son épouse. « Cette fête de Noël intergénérationnelle est un compromis idéal, celui de concilier plusieurs générations. C’est primordial de réunir les actifs et les inactifs autour d’un événement convivial, afin de se rencontrer, de discuter et de tisser des liens… et également pour défendre nos acquis », explique Daniel, soixante ans, ancien de la centrale de Fessenheim. À la tribune, François Pottier, tout noumain. « J’aime bien aider les gens. C’est bien aussi que des jeunes s’investissent veau président, vient présenter ses vœux. Il en profite pour souligner « le climat dans la réalisation de la fête », considèresocial tendu dans nos entreprises et t-elle. Derrière les fourneaux, trois chefs les négociations mal engagées avec CCAS de la région ont cuisiné un délicieux les directions d’EDF–GDF qui repas (cuisse de coq et spätzles) « C’est veulent systématiquement exque Brigitte, Martine, Annie et bien primordial clure les pensionnés, notamd’autres s’empressent de servir. de réunir ment concernant la mutuelle En attendant l’arrivée de l’homme les actifs et en rouge, divers stands proposent surcomplémentaire ». Tandis que la fête bat son plein, de les inactifs de multiples activités qui font le l’autre côté, au centre de vacances autour d’un bonheur des petits et des plus jeunes de Willer-sur-Thur, près événement grands : animation musicale vad’un millier de bénéficiaires sont convivial, afin riée, manège, miniquad, trampovenus fêter dignement l’Arbre de de tisser des line, pêche miraculeuse… Clowns, Noël. Là encore, les nombreux conteurs et magiciens distribuent liens bénévoles de la CMCAS – une et défendre friandises et farces en tout genre… centaine, et de tous les âges – nos acquis. » Mattéo, quatre ans, visage maquillé en tigre, attend l’arrivée n’ont pas hésité à prendre sur leur Daniel, du bonhomme rouge avec impatemps et leur bonne volonté pour soixante ans. tience. « Les enfants sont ravis. concocter un vaste programme et faire de cette journée particulière un moC’est grâce à leur grand-père, agent, qu’on ment inoubliable. Florine, dix-sept ans, est là ! », résume la maman. « On vient fille d’agent, est de ceux-là. Elle connaît pour le plaisir de passer un bon après-midi parfaitement les activités sociales. Depuis en famille », rajoute Élie, accompagné de trois ans, elle réserve ce dimanche de ses trois enfants. Enfin, dix-sept heures ! décembre pour venir donner un coup de À la tombée de la nuit, dans un froid polaire, l’homme tant espéré finit par apparaître sur un chariot traîné par deux rennes… Les enfants se ruent sur lui car, de source sûre, – enfantine –, « c’est le vrai Père Noël » qui est ici ! Qu’on soit enfant ou retraité, à Willer-sur-Thur, ce dimanche, on croit à la magie de Noël. On croit surtout au « par et pour » les agents, dont cette fête intergénérationnelle aura été une belle illustration. Texte : Marie-Line Vitu Photos : Élise Rebiffé / CCAS CCASinfos 297 - Janvier 2009 prévenir et rompre l’isolement ! En France, 183 000 dossiers sont déposés en moyenne chaque année devant les commissions de surendettement. Les agents des IEG ne sont pas en dehors de cette réalité. Chômage, divorce, maladie, les causes de leurs problèmes financiers sont multiples. À Marseille, la CMCAS se mobilise… C’est dans les locaux de sa SLV à Manosque, que Jean-Claude Ghiradi, vingt-cinq ans, a accepté de nous rencontrer. À visage découvert, ce jeune veut témoigner même si « c’est gênant de parler d’argent. » Après deux ans d’apprentissage, il intègre EDF en 2005. Trois ans plus tard, son salaire est de 1 400 € brut. Avec sa copine, ils déci dent de fonder un foyer. « Nous n’avions rien pour nous meubler, explique-t-il. Les 620 € alloués au titre de l’aide solidarité jeunes agents par la CMCAS, nous ont permis d’acheter une machine à laver et un frigo. » Autre témoignage, le cas de Lili à Reillanne. Atteinte d’une maladie orpheline, cette femme d’agent EDF en inactivité doit subir régulièrement un traitement à Marseille, qui n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. À chaque séance, le couple doit débourser 50 € ; une somme qui pèse lourd sur la petite pension du couple. Aussi, au titre de la solidarité, la CMCAS prend en charge cette dépense. Aider, soutenir, prévenir et accompagner les familles demeurent les maîtres mots de l’action de la CMCAS de Marseille. CCASinfos 297 - Janvier 2009 initiatives Surendettement : Car, même si par rapport à leurs voipoussé par cette volonté de rechercher sins européens, les Français sont en l’origine du problème ! « Au-delà des moyenne plutôt faiblement endettés, 1 400 000 € dépensés en 2008 au titre il est difficile de ne pas succomber de l’Action sanitaire et sociale par aux sirènes des organismes la CMCAS Marseille, l’important Aider, financiers et des grandes surest de permettre à la personne soutenir, de se reconstruire. » Malheu faces. Crédit revolving et cartes de crédit à paiements différés prévenir et reusement, « les gens viennent alimentent le matraquage publi accompagner parfois nous voir lorsque l’huiscitaire permanent. Assistante les familles sier est à la porte », complète sociale à ERDF-GrDF, Béatrice demeurent Dominique Léonetti, assistante Gornouvel insiste sur le fait que les maîtres Actions sanitaires et sociales les agents statutaires « sont de la CMCAS. Véritables senti mots de des cibles privilégiées pour les nelles, les collègues de travail l’action sociétés de crédit. » Un salaire de la CMCAS et les membres du réseau soli fixe et une certaine sécurité de de Marseille. daire sont les plus à même de tirer la sonnette d’alarme l’emploi constituent des garanties et d’accompagner, avec l’ensemble très prisées. Même si la loi fixe à 30 % le taux d’endettement maximal, il n’est des activités sociales des IEG, « les acci pas rare de rencontrer des familles dentés de la vie » vers une reconstruction. Des solutions existent toujours, car ne rien surendettées à 35, 40, 100 ou 200 % de leurs revenus. faire serait la pire des choses. Face à Pour Jean-Louis Allo, président de ce risque social majeur que constitue la CMCAS Marseille, son rôle « est l’endettement, le Comité de coordinad’éviter et de sortir la personne de la tion des CMCAS et la CCAS travaillent spirale infernale du surendettement. » à la mise en œuvre pour 2009 d’un dispositif national, juste et équitable, Une aide alimentaire, la prise en charge de prévention des risques. d’une assurance logement, faciliter les départs en vacances… « La règle, c’est qu’il n’y a pas de réponse toute Texte : Stéphane Gravier Photo : Bertrand De Camaret / CCAS faite », précise l’élu phocéen, toujours 11 12 région est Le bonheur dans les Flandres… Il faut l’écouter battre, le cœur des Flandres ! Entre Lille et Dunkerque, « ce plat pays » en donnerait presque le tournis. Ses monts et ses beffrois taquinent les nuages. Dans les usines et les mines, ses femmes réclamèrent « du pain et du savon », posant le socle du programme du Conseil national de la résistance. Terre de contraste, elle est classée au quatrième rang national du paiement de l’ISF et enregistre l’un des plus forts taux de chômage. Textes : Stéphane Gravier Photos : Julien Millet / CCAS 13 région Lille au cœur des Flandres De « dors mon p’tit quinquin » en passant par « au Nord c’étaient les corons » jusqu’à Bienvenue chez les Ch’tis, la région des Flandres ne cesse d’être à l’honneur. C’est qu’elle le mérite. 14 Difficile en effet d’être plus au nord que dans la région des Flandres. Passé les dernières dunes de Zuydcoote, c’est déjà la Belgique. Mais disons-le tout de go : il faut venir visiter cette belle contrée de France, malgré les préjugés qui lui collent à la peau. Car « faut vous dir’ Monsieur, que chez ces gens-là », on n’est pas tous « blondes », on ne parle pas comme « cha », et on n’est pas forcément alcoolique à Bergues, même si on aime faire la fête. D’ailleurs, quelles sont les deux régions de France où les jeunes de moins de dix-sept ans boivent le moins d’alcool ? Hein ! L’Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais, indique la dernière étude de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé. Certes, le soleil d’Armentières n’est pas celui de Biarritz, mais lorsqu’à six heures du matin, vous poussez la porte d’un bar de Bailleul ou que vous prenez le métro à Tourcoing, Roubaix ou Portes-des-Postes à Lille, les gens disent : « Bonjour ! » Et puis, il y a ces enfilades de maisons de briques rouges aux toitures d’ardoise, ces ruelles de pavés et ce « ciel si bas, qu’un canal s’est pendu » comme à Saint-Omer ou à Wambrechies. Alors oui, il faut prendre de l’altitude pour découvrir celle qui fut pêle-mêle romaine, mérovingienne, espagnole, puis devint bourguignonne, française et européenne. Terre de passage et d’immigration Au cœur des Flandres, le Mont Cassel culmine à 176 mètres. Une table d’orientation indique vers l’ouest New York, et vers l’est, Ryad. Entre les deux, ce pays s’étale dans une douceur champêtre. Ici, déjà, les Romains avaient installé un castellum bien avant CCASinfos 297 - Janvier 2009 qu’un château fort et une collégiale n’y soient construits et que Philippe, frère de Louis XIV, ne remporte une belle victoire. En contrebas, la statue du Maréchal Foch rappelle que cette terre paya un lourd tribut lors de la Grande Guerre. Délimitée par l’Artois, la Scarpe et la Manche, la Flandre française en constitue la partie la plus au Sud. Des « sommets » du Mont Noir (131 m), du Mont des Cats (158 m) et du Mont du Boescheppe (110 m) s’étendent « les collines de grès sombres » chères à Théophile Gautier. Terre de passage et d’immigration, la Flandre a su intégrer ces populations venues d’Espagne, de Belgique, de Pologne, d’Italie, du Maghreb et d’Afrique. Rêvant à « un impossible rêve », des hommes venus d’Europe centrale, du Pakistan ou d’Irak la traversent pour gagner Calais et tenter une périlleuse traversée vers l’Angleterre. Passé minier et conditions de travail très difficiles Plus au sud, de drôles de collines rappellent le passé minier de la région. C’est en 1720 que l’histoire du charbon débute près de Valenciennes. La dernière gaillette, un grand morceau de charbon, a été remontée à Oignies, le 21 décembre 1990. Décrites par Zola dans Germinal, les conditions de travail de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants étaient parmi les plus difficiles. Mais n’oublions jamais qu’ils ont chauffé la France… Classés par l’Unesco, les anciens bassins miniers du Nord-Pas-de-Calais sont aussi les sites industriels d’où émergea une conscience de classe, des lieux de vie où l’esprit de camaraderie régnait. Deux siècles d’histoire indélébile qui marquèrent profondément l’âme des gens du Nord « qui ont - c’est Enrico Macias qui le chante dans le cœur, le soleil qu’ils n’ont pas dehors ! » Région tournée vers l’avenir et ses luttes Célèbre dessinateur de BD, François Boucq ne conçoit pas de vivre loin de Lille, sa ville natale. Fils d’un plombier zingueur, il se souvient de son quartier du Vieux-Lille, avec l’insalubrité des courées et les difficultés de vie des ouvriers. « Mais, ajoute-t-il, dans ces quartiers de vie, j’ai rencontré un panel de personnages qui a influencé ma manière de voir le monde, qui a contaminé mon travail. » Résolument tournée vers l’avenir, la région aux 100 000 étudiants rayonne. Métamorphosée par l’arrivée du TGV et les années Mauroy, sacrifiée par la casse industrielle, Lille revient sur le devant de la scène internationale. Eurotechnopole à l’urbanisme futuriste, elle s’offre une cure de jouvence. Jumelée à Tournai, sa cousine belge, la nouvelle Communauté urbaine transfrontalière présidée par CCASinfos 297 - Janvier 2009 Martine Aubry prend forme… Après « Lille 2004 », « Bombayser de Lille » en 2006, la ville mettra le cap sur l’Europe centrale « en XXL » du 14 mars au 12 juillet 2009. Cependant, tout n’est pas rose ! Et déjà, les conséquences de la crise économique et financière se font sentir chez les 53 000 salariés du secteur de l’automobile, ceux des usines de Cristal d’Arques ou des aciéries d’Arcelor Mittal. Durement touchée par le chômage (20 % des 15-24 ans), la région s’apprête à vivre des jours qui déchantent, mais aussi de luttes. On n’a pas fini de parler des Ch’tis ! Morts pour la France Membres du réseau « MithridateBressac-Raspail », Michel Stoven et Charles, son fils âgé de dix-neuf ans, furent fusillés par les Allemands le 25 septembre 1944 à la prison de Brandebourg-Havel. Le 19 mai, à deux semaines du débarquement, ils furent arrêtés alors qu’ils émettaient en direction de Londres. Leur radio, « l’Ayesha », garantie indétectable, était réglée sur la fréquence des chars allemands. Victimes de la guerre psychologique menée par les services secrets des Alliés contre l’occupant, Michel et Charles Stoven furent « délibérément sacrifiés », note l’écrivain et journaliste Gilles Perrault. « Il ne faut pas oublier que le Pas-de-Calais est plein de gens héros de guerre », rappelle Pascale Stoven, la petitefille de Michel. Au village de Saint-Martin-au-Laërt, près de Renescure, une rue porte leur nom. 15 région La CMCAS Nord-Pas-de-Calais Le 1er octobre 2008, les CMCAS de Lille, de Béthune-Arras et de Douai ont fusionné pour former la CMCAS du Nord-Pas-de-Calais. autour de Lille. « Une population équilibrée, d’un actif pour un inactif », précise Christophe Vanhoutte, vice-président de la CMCAS. En revanche, la réalité est différente sur les territoires de Béthune et de Douai, où le nombre des pensionnés est supérieur à celui des actifs. Élu le 13 octobre 2008 président de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais, Philippe Diers, cinquante-deux ans, demeure serein malgré l’ampleur de la tâche qui l’attend : « 2009 sera une année de transition et de mise en place des nouvelles structures, des nouveaux territoires et du rapprochement entre la CMCAS et la CCAS. » Si Rome ne s’est pas faite en un jour, l’ancien président de la CMCAS de Béthune-Arras sait, qu’en bon syndicaliste, Ancien correspondant SLV d’Armentières-Nieppe, Jean-Paul Ségard est l’un des chaînons du projet de transformation des organismes sociaux des IEG. Le plus souvent par monts et par vaux, cet amateur de musique brésilienne sillonne le pays des Flandres pour aller au contact des bénéficiaires et des pensionnés. À l’origine de Bailleul, où il réside depuis dix-huit ans, Jean-Paul aime les Flandres. « Je les aime pour leur qualité de vie, la possibilité de se promener en pleine nature et la chaleur de ses habitants. » Au sein du réseau solidaire, sur les lieux de vie et de travail, Jean-Paul entretient le lien entre les agents et les activités sociales des IEG. Forte de 20 000 bénéficiaires, la jeune CMCAS Nord-Pas-de-Calais est l’une des plus importantes de France. Son territoire, découpé en 6 SLV, représente la moitié du Nord et les deux tiers du Pas-de-Calais. Née de la volonté de rationaliser les rapports entre les bénéficiaires et les activités sociales des IEG, cette alliance tend à respecter les réalités sociologiques régionales. Soucieux de renforcer les liens de proximité au sein de la grande famille des énergéticiens, les élus des trois ex-CMCAS ont également fait le choix de ce rapprochement pour répondre aux attentes des familles. Outre la forte concentration d’ouvrants droit rassemblés autour du CNPE de Gravelines, qui dépend de la CMCAS de Boulogne, l’essentiel des bénéficiaires de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais se concentre dans un rayon de quarente-cinq kilomètres il peut s’appuyer sur le conseil d’administration de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais, les élus de proximité et le personnel professionnel, ceci pour la satisfaction des bénéficiaires et afin de mener à bien les missions qui sont les siennes. D’autant qu’il est conscient que les pouvoirs publics veulent reprendre un à un les acquis des agents des IEG. Mais, « même si les gens sont de plus en plus dans la galère », Philippe Diers a le sentiment que « ça commence à bouger ! » Où séjourner avec la CCAS ? Centre de vacances CCAS de Cappelle-en-Pévèle © Joseph Marando / CCAS Centre de vacances CCAS Cappelle-en-Pévèle 16 Philippe Diers, président de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais À ce jour, seule la base de loisirs de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais de Cappelle-en-Pévèle1 accueille des vacanciers. Situé à 23 kilomètres de Lille, cet espace arboré de 11 hectares est appelé à se développer en 2009-2010, grâce à l’installation d’habitations légères de loisirs. Centre CCAS pour les jeunes durant l’été, ce lieu champêtre est utilisé à l’année par les bénéficiaires de la CMCAS Nord-Pas-de-Calais et leurs familles ; là, ils peuvent se détendre autour d’un barbecue, faire un plongeon dans la piscine chauffée ou taquiner le goujon dans l’étang privé. Avec 4 % d’augmentation, les chiffres du tourisme régional confirment la tendance à l’issue de l’été 2008 : le Nord-Pas-de-Calais a la cote. Musées, beffrois, paysages et qualité de vie contribuent à amplifier l’effet Dany Boon. De plus, Lille jouit de sa situation de carrefour : 1 h 15 en Eurostar de Londres, 1 h en TGV de Paris Gare du Nord et 30 min grâce au Thalys de Bruxelles, puis Cologne et Amsterdam. Dans ce contexte favorable, l’attrait pour le pays des Ch’tis des agents EDF-GDF de France et de Navarre est croissant. « Bien sûr, ce qui ressort à chaque fois dans les fiches d’appréciations des bénéficiaires, précise Christophe Vanhoutte, vice-président de la CMCAS du Nord-Pas-de-Calais, c’est la qualité de l’accueil et la chaleur des gens du Nord. » Un atout que les élus de la nouvelle CMCAS envisagent de faire fructifier en liaison avec la CCAS : organisation de séjours Passion en avril autour du traditionnel Paris-Roubaix, puis, le premier week-end de septembre, du séjour Braderie et, en octobre, la découverte des Flandres franco-belges avec le séjour « Dans les pas du grand Jacques ». En attendant, est à l’étude la possibilité de préparer et d’organiser de courts séjours pour les bénéficiaires qui souhaiteraient se rendre dans les Flandres. Des week-ends « Par et pour » qui seraient bâtis directement en lien avec les agents de la région. Enfin, visionnaires, les élus de la CMCAS Nord-Pasde-Calais n’ont pas perdu le nord en notant que les prochains jeux Olympiques auront lieu en 2012 à Londres D’ici là, la demande ne peut que croître. 1Située chemin du Thouars - 59242 Cappelle-en-Pévèle. CCASinfos 297 - Janvier 2009 Portraits Bienvenue chez les Ch’tis ! Nés ici ou ailleurs, ils sont du Nord. Ces hommes et ces femmes ont appris au fil de l’histoire le sens des mots « solidarité » et « entraide ». donnent rendez-vous dans les bistrots de la cité mérovingienne. Déguisé au milieu des confréries des Astrales et des Astreux, des Pires Rates ou des Flamands Roses, Patrick n’est jamais le dernier pour « foutre le brin. » Mais, ici, l’important, c’est de participer Pascale Didry, militante des activités sociales des IEG Patrick Baudoin « le Belge » Agent EDF à Lille, Patrick Baudoin a fait le choix de vivre en Belgique. Soir et matin, il passe la frontière pour se rendre au travail. Il était une fois l’histoire de Patrick. Un jeune Vosgien en formation à l’École des métiers de la Peyrollière qui rencontre Françoise, une jeune Belge, pendant ses vacances à Narbonne. Follement amoureux, il suit la belle dans les brumes du Nord. Aujourd’hui installé à Tournai, charmante bourgade située en Belgique, il a fait le choix d’être un transfrontalier. Quotidiennement, il parcourt les 30 kilomètres qui le séparent de Lille, où il occupe un poste de monteur exploitation à ERDF. « La Belgique ? C’est un pays où il fait bon vivre », explique-t-il. Pour rien au monde, l’homme au nom prédestiné ne reviendrait vivre dans l’Hexagone. Syndicaliste, Patrick dégage une force tranquille rassurante et avoue : « J’aime défendre les gens ! » Parfaitement intégré, il a su se faire de vrais amis, des camarades avec qui il aime vivre. Car, comme les Belges, Patrick aime faire la fête. Et quand vient le traditionnel carnaval de Tournai en mars, tous se CCASinfos 297 - Janvier 2009 Cette technicienne Accueil conseil est rattachée à la CMCAS du Nord-Pas-de-Calais. Une situation nouvelle, une source d’inquiétudes. confirme : « Les gens l’apprécient. » Coordinatrice du réseau solidaire, elle va au contact des plus âgés, assure le suivi administratif de leurs dossiers, mais surtout « entretient ce lien social et fraternel indispensable envers les plus isolés d’entre eux. » Sa colère ? Les contraintes des bénéficiaires et ayants droit pour accéder au site de SaintOmer, le cloisonnement et la concurrence entre les deux entreprises EDF et GDF : « C’est impensable ! » Ancienne correspondante de la SLV de Saint-Omer et d’Hazebrouck, Pascale Didry demeure le lien précieux entre les 1 050 bénéficiaires du territoire et l’ensemble des activités sociales des IEG. « Notre SLV, précise Pascale, est l’une des plus étendues, mais aussi l’une de celles où il y a le moins de bénéficiaires. » Inquiète, elle s’interroge sur les transformations de structures et de statuts : « J’ai choisi, après avoir été correspondante de SLV, de postuler sur le métier de technicien d’accueil et j’ai été retenue. Est-ce que je serai toujours aussi disponible pour les bénéficiaires ? Pour nos anciens ? » Entrée à EDF en 1970, cette fille de syndicaliste apprécie la sagesse et la sérénité des pensionnés. « C’est grâce à eux, que nous sommes là ! » Native de Saint-Omer, elle occupait les fonctions de correspondante depuis quinze ans et précise : « Ça m’a apporté beaucoup, comme la patience et l’écoute. ça m’a ouvert l’esprit. » Maman d’un fils ingénieur de trente-quatre ans et jeune grandmère, Pascale inspire la confiance. À ses côtés, René Lourdel, président de la Commission des pensionnés, 17 Culture région Le sens de la fête… Festivals, braderies et carnavals ponctuent l’année dans les Flandres. Avant de danser, rire, faire de la musique et la fête, les Nortiaux se rassemblent gaiement autour de leurs géants. Sur la route de Poperinghe, l’atelier des Gigottos abrite des automates. Dans un coin, une vieille dame tricote pendant qu’une fanfare et ses majorettes défilent. Fabricant de géants, Bruno Dehondt assouvit sa passion et construit des personnages animés et autres mannequins. Faits d’osier, de papier mâché et de tissu, « les géants peuvent faire jusqu’à dix mètres de haut et peser plusieurs centaines de kilos. » Originaires d’Espagne, ils sont la fierté des populations : Reuze Papa à Dunkerque, P’tit Jehan le Carillonneur à Douai, l’Électeur de Lamartine à Bergues etc. 18 Quand vient le week-end, les Ch’tis sont de sortie. Alors que les plus anciens se retrouvent à la Vieille bourse de Lille pour un tango, un paso doble ou une valse, les abords de la Grand-Place, les rues de Béthune et de Masséna s’animent. Ville jeune et universitaire, sa population se donne rendez-vous dans un bar branché de la place Rihour, un café-concert à Wazemmes, une Maison folie de quartier, ou l’une des grandes salles de la métropole lilloise. Parmi ces différents lieux, le Biplan fait office depuis 1998 de lieu original. « Le projet du Biplan, explique Camille Looten, membre du conseil d’administration de la structure, est de permettre à des groupes peu connus de débuter et de jouer dans des conditions professionnelles. » Géré par des bénévoles, ce tremplin artistique attire vingt mille spectateurs par an. Le concept séduit. Certainement, l’une des raisons qui a conduit la Commission musique de la CMCAS locale à soutenir cette structure associative. Aussi, en juin prochain, et ce pour la deuxième année consécutive, « 100 % live@Lille 2009 » permettra aux agents EDF-GDF et leurs familles de monter sur scène comme des pros… À ne pas rater ! Marguerite Yourcenar Née Cleencwerck de Crayencour le 8 juin 1903 à Bruxelles, Marguerite Yourcenar vécut son enfance entre deux villégiatures familiales : un hôtel particulier à Lille et le Château du Mont Noir. Première femme élue à l’Académie française le 6 mars 1980, l’auteur des Mémoires d’Hadrien (1951) et de L’œuvre au noir (1968) conserva, telle une petite madeleine de Proust, les jacinthes bleues du Mont Noir. Dans l’ancienne mairie de Saint-Jans-Cappel, un musée retrace le parcours de la romancière. Conseiller municipal et président de l’Association des amis du musée Marguerite Yourcenar, Jean-André Vandelannoote se souvient de la venue dans son village, en 1980 et 1987, de « l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. » De tous les ouvrages écrits par la grande dame, Archives du Nord (1977) demeure son préféré. CCASinfos 297 - Janvier 2009 L’estaminet, un art de vivre Au détour d’une ruelle du Vieux-Lille, au cœur d’un village des Flandres ou perdus sur les bords d’un canal de l’Audomarois, les estaminets fleurissent du littoral à l’Avesnois. Plus qu’un café ou qu’un restaurant, les estaminets sont de hauts lieux de la culture flamande où l’on aime se retrouver en famille et entre amis. Passez la porte d’un estaminet, et vous voilà transporté dans un univers nostalgique. Au mur, d’anciens ustensiles de cuisine en émail et un bric-à-brac d’objets d’autrefois côtoient de vieilles affiches publicitaires et des photos jaunies. Au fond de la salle, un comptoir en bois, des branches de houblon séché suspendues aux poutres du plafond et une pompe à bière. Sur des tables recouvertes de nappes vichy, les La distillerie de Wambrechies Ouverte en 1817, la distillerie Claeyssens est classée aux Monuments historiques de France. L’une des toutes dernières distilleries de genièvre de France, elle a su conserver un processus de fabrication inchangé depuis le XIXe siècle, du trieur de grains au broyeur d’orge malté, du cuiseur en cuivre aux colonnes de distillations. À la tête de l’établissement depuis 2005, son P.-D.G. Daniel Vendramin conseille d’essayer un alcool de genièvre sur un poisson fumé… À consommer avec modération. Pour plus d’informations : www.wambrechies.com CCASinfos 297 - Janvier 2009 clients partagent un bon pojtevleesch, un poulet au maroilles, un waterzoi ou une planche de tripailles, autant de plats de grand-mères accompagnés des incontournables frites cuites dans la graisse de bœuf. Étymologiquement, le mot « estaminet » viendrait du wallon « staminé », qui désigne une salle aux plafonds soutenus par des poteaux, ou du dialecte ostendais « stam » évoquant la famille. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les tisserands et les mineurs s’y retrouvaient pour y fumer la pipe et y boire une pintje de bière. Siège d’une société festive, d’un syndicat ou d’un parti politique, l’estaminet était le lieu où l’ouvrier venait écouter la lecture du journal et où se forgea le droit de grève. Rappelons que L’Internationale a été écrite dans un estaminet lillois du quartier Saint-Sauveur en juin 1871 ! Lieu d’échanges, l’estaminet est aussi celui du jeu ! Membre fondateur de l’Association Wellouëj, Jean-Christophe Thieffry y partage son plaisir des jeux anciens comme la grenouille, le billon, le jeu de quilles ou la toupie hollandaise. « Avec cette association, expliquet-il, on utilise le jeu comme un outil culturel, social et éducatif en direction de tous les publics. » Prochainement, s’ouvrira un lieu consacré à tous ces jeux à la ferme Galamé à Loon-Plage, à deux pas de la cité de Jean Bart. 19 région Sites remarquables Les Flandres regorgent de sites à découvrir au fil du temps. Passionné d’histoire, Fabien Duel, quarante-huit ans, agent EDF à Lille, vous emmène en balade. Les dunes Située sur le littoral de la mer du Nord à l’est de Dunkerque, la réserve naturelle de la Dune Marchand s’étend sur 83 hectares, entre les communes de Zuydcoote et de Bray-Dunes. Préservé du bétonnage, cet espace sauvage abrite près de 400 espèces végétales, parmi lesquelles le botaniste reconnaîtra l’oyat, l’argousier, le chiendent et le cakilier maritime. Lorsque le chant du rossignol Philomène se fait entendre, le printemps n’est pas loin. Plus à l’ouest, Malo-les-Bains, considérée comme la reine des plages du Nord, reste le paradis rêvé des fous de glisse, adeptes du kitesurf. La Piscine, Musée d’art et d’industrie André Diligent Cinquième musée de France, la Piscine de Roubaix concilie une architecture hygiéniste aux apports byzantins et mauresques à l’effervescence, des Années folles. Conçu par l’architecte lillois Albert Baert et destiné à « être la plus belle piscine de France », l’ancien établissement de bains fut fermé en 1985. Après six ans de travaux, l’architecte Jean-Paul Philippon imagine « un musée dans le bain. » Le résultat est magnifique ! Le beffroi de Tournai Symbole des libertés communales, l’histoire du plus ancien beffroi de Belgique débute en 1188. Classé au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1999, il fut construit sur décision du roi de France Philippe Auguste, qui octroya aux Tournaisiens le « droit de cloche ». Dès 1294, le beffroi, dont la hauteur n’excédait pas 30 mètres, est rehaussé pour permettre au guetteur de voir au-delà de la cathédrale construite à proximité. Ses 257 marches permettent d’accéder à son sommet, d’où s’envolent une myriade de pigeons, oiseaux à la grise robe. 20 CCASinfos 297 - Janvier 2009 La fiche Au piano du restaurant CCAS de Lille et de L’Arbonnoise, Bernard Peltier joue une petite musique bien sympathique pour constituer les cent cinquante repas quotidiens. Poissons en sauce, tarte Tatin d’endives ou waterzoi de coquilles SaintJacques, ce Lillois de quarante-neuf ans aime son métier ! Cuite à la vapeur, en robe des champs, rissolée ou en frite, la pomme de terre est avec lui de la fête. « La patate, c’est la patate ! », dit-il en plaisantant. Ouvert aux cuisines du monde, Bernard aime découvrir de nouveaux produits, des épices, des recettes d’ici et d’ailleurs. Car pour lui, la cuisine, c’est comme les sports mécaniques : une passion. Maintenant, s’il ne trempe pas son maroilles dans le café au petit déj’, fine gueule, il aime la cuisine flamande et conseille en dessert une boule de glace de houle arrosée d’un p’tit peu de genièvre de Loos… Pour vous, Bernard Peltier a choisi une recette facile et économique : la Chtiflette. La ronde des fromages du Nord Le maroilles est le plus célèbre des fromages du Nord-Pas-de-Calais. Mais la région en compte une quarantaine de variétés, du plus tendre au plus fort. Fabriqué à partir de lait de vache dans les caves de la Thiérache, le maroilles fermier AOC appartient à la catégorie des fromages à pâte molle à croûte lavée. Considéré comme le roi des fromages du Nord, ses saveurs en bouche sont simplement exceptionnelles. Pour les connaisseurs, le vieux-lille, le dauphin ou la boulette d’Avesnes apportent une touche bien sympathique sur un plateau. Mais la réputation gustative et fromagère des Flandres s’enrichit de bien d’autres spécialités, tel le fromage de l’Abbaye du Mont des Cats, celui de Bergues, encore ou la boule de Lille, qui n’est autre que la mimolette de notre enfance. Maître fromager aux halles lilloises de Wazemmes, Lucien Saelens, quatrevingt-un ans, conseille aux amateurs de garder un vieux-lille au frais une bonne quinzaine de jours avant de le déguster. C’est alors qu’il dégagera toutes ses saveurs et ses fragrances du terroir. CCASinfos 297 - Janvier 2009 Illustration Jean-Luc Boiré BERNARD PELTIER, Épicurien… recette LA CHTIFLETTE Dans une grande poêle, faire revenir les oignons et les lardons. Dans une casserole, faire cuire à la pelure, c’est-à-dire dans une grande quantité d’eau salée, les pommes de terre coupées en cubes. Dans un plat à gratin, déposer sur un lit les oignons et les lardons, puis déglacer avec 30 cl de vin blanc. Y ajouter les morceaux de maroilles émincés, ainsi que la crème fraîche, puis les pommes de terre. Bien mélanger ! Dans un four à 180 °C, enfourner 10 minutes pour gratiner. Servir la Chtiflette avec une salade d’endives. À déguster bin kiaud et eine beonne bière du Nord ! INGRÉDIENTS POUR HUIT PERSONNES 1,6 kg de pommes de terre ; 650 g de lardons ; 600 g d’oignons émincés ; 1 pointe de margarine ; 30 cl de vin blanc ; 0,30 cl de crème fraîche ; 500 g de maroilles. 21 portrait Gazier globe-trotter Agent de Gaz de France, Éric Franceschi est aussi commissaire de bord de La Boudeuse. Il a notamment encadré le programme jeunesse, destiné à des jeunes en difficulté, partis à la découverte de peuples méconnus. Tout en travaillant à Gaz de France Patrice Franceschi était déjà parti à l’aventure, mais La Boudeuse, une à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), jonque chinoise, avait sombré au large Éric Franceschi pense souvent aux vide Malte. rées de son frère aîné Patrice, adepte En 2003 donc, l’association fait de l’aventure et de l’écriture1. Dès 1990, il va d’ailleurs le re- « Plutôt que alors l’acquisition d’un bateau, joindre pour partir sur les traces de mettre rebaptisé La Boudeuse, comme du tigre de Tasmanie. Il adhère des enfants celui de Bougainville. Il s’agit et milite au sein de l’association de douze ans d’un navire, fabriqué aux PaysLa Boudeuse autour du monde, Bas en 1916. Neuf mois de traen prison, vaux ont été nécessaires pour du nom de ce navire2 qui fait rêver tous les amoureux de l’aventure. il vaudrait mettre le vaisseau en conformité mieux « J’avais accumulé des jours de avec les règlements de la maaffréter des rine marchande. « Je suis donc vacances et, en 2003, je prends un congé sans solde de trois ans. Boudeuses ! » devenu chef de chantier, dans En tout, j’ai participé durant près le port de Camaret, pour le suivi de trois ans et demi à cette magistrale des travaux. J’ai reçu les candidats matelots, venus de tous les coins de aventure humaine, quand nous sommes partis à la rencontre des peuples de la France. Bénévoles durant cette période, mer », raconte le gazier. Auparavant, ils sont embauchés à bord après une période de trois mois. Chaque membre 1 La grande aventure de La Boudeuse, de l’équipage, commandant compris, par Patrice Franceschi, aux éditions reçoit le même salaire, calculé en foncPlon. tion du contenu de la caisse », précise 2 Plus d’informations sur Éric, la cheville ouvrière de l’opération. www.la-boudeuse.org et aussi sur En effet, une fois en mer, notre colwww.amisdesgrandsvoiliers.org 22 lègue tient le rôle de commissaire de bord. Il assure l’avitaillement du bateau, les relations entre les hommes et les femmes de l’équipage, la sécurité, la communication. Au cours de ces expéditions, La Boudeuse reçoit à bord des invités, qui s’adonnent aux différentes tâches du bord : faire la vaisselle, cirer la cloche… Parmi eux des députés, des écrivains, comme Jean-Marie Gustave Le Clézio, écrivain de bord. Mais les séjours en mer dont Éric est le plus fier, ce sont ceux du programme jeunesse. « Le programme de l’expédition que j’ai vécue avait pour thème “les peuples de l’eau”, il y eut une rencontre avec eux depuis un bateau. Nous avons tissé des liens très riches avec les Yuhup en Amazonie, les Rapa Nui sur l’île de Pâques, les Polynésiens… Mais surtout, nous avons embarqué plus de quatre-vingt-dix jeunes, venus de tous les coins de France, pour lesquels nous avons mis au point un programme pédagogique », explique le commissaire de bord. Et d’ajouter : « Plutôt que de mettre des enfants de douze ans en prison, il vaudrait mieux affréter des Boudeuses ! Le programme jeunesse permet à ces jeunes, un peu en difficulté, en manque de confiance en eux, de faire connaissance avec la mer, de se rencontrer. J’ai demandé à un groupe de tenir un journal de bord. Ils m’ont avoué ne pas savoir écrire. J’ai désigné deux matelots comme “instituteurs”, qui leur ont donné des cours du soir. Depuis, ils nous écrivent et leurs tuteurs nous disent qu’ils ont été transformés par ce voyage. » Texte et photo : Pierre Michaud 1964 Naissance à Dakar 1988 Embauche à Gaz de France 1990-1991 Expédition en Tasmanie 2004 Expédition dans l’Atlantique, le Pacifique et l’Océan indien 2007 Retour à Gaz de France à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) CCASinfos 297 - Janvier 2009 Face au marché, les services publics manière symbolique, la manifestation de Guéret était précédée d’une banderole de la Seine-Saint-Denis, département qui avait créé aussi un Observatoire des services publics. Il s’agit d’un problème national, mais aussi européen et même mondial. La question des services publics (l’eau, l’énergie) est une actualité forte en Amérique du Sud. Aujourd’hui, peut-on encore défendre et développer les services publics ? Comment expliquez-vous que le mouvement de défense des services publics soit parti de Guéret ? Il s’agit d’un territoire rural parmi d’autres, qui a vécu des fermetures d’écoles, de gares, de trésoreries, d’agences EDF… Les Creusois menaient des luttes sur les services publics depuis longtemps, avec des habitudes militantes et une fraternité de combat qui ont facilité l’éclosion du mouvement social. Une relative construction unitaire et la culture de la Creuse, vieille terre républicaine, ont précédé la naissance de Convergence1. En 2004, la fermeture de bureaux du Trésor public a provoqué un coup de colère. Auparavant, le conseil général de la Creuse avait mis en place des Assises départementales du service public. Avec d’autres syndicalistes, nous avions en tête de créer un collectif ayant comme idée générale : « Face au marché, le service public ». À l’automne 2004, un clash s’est produit : 1 www.v-s-p.org : on peut y consulter et télécharger le « manifeste pour les services publics ». CCASinfos 297 - Janvier 2009 263 élus ont remis leur démission au préfet. Après cet acte fort, une large union du monde politique et syndical a abouti à une manifestation et, à partir de ce jour, nous nous sommes posé la question de la dimension nationale du mouvement. Cela s’est concrétisé par la manifestation du 5 mars 2005 et la création d’une fédération en juin. Pour la Convergence, qu’y a-t-il de nouveau depuis 2005 ? Dès le départ, nous avons voulu une globalisation du mouvement, à partir du « trépied » usagers-salariés-élus dans la participation aux luttes pour le service public. Début 2005, le gouvernement avait mis en place une Commission nationale de présence des services publics dans les territoires ruraux. Certes, c’était une façon de prendre en compte l’émotion des élus et des citoyens, mais elle faisait la différence entre le rural et l’urbain. Dès le départ, cette commission a voulu cantonner le problème au milieu rural. Nous avons aussitôt dénoncé ce procédé et, pour marquer cela de La grande mobilisation pour défendre la Poste et l’Éducation nationale est un signe encourageant. La défense des services publics s’inscrit dans la lutte pour la démocratie. Les citoyens doivent s’en mêler, pas seulement pour les défendre, mais pour les faire fonctionner avec des droits démocratiques plus importants. Dans le privé, ces notions d’intérêt général et de service public doivent être présentes au sein des entreprises par l’intermédiaire des salariés et des consommateurs. C’est le service public qui peut le mieux permettre l’exercice des droits fondamentaux, pour les citoyens mais aussi pour les collectivités territoriales. Le rassemblement doit se faire sur un choix de société, où le social n’est pas complètement soumis à la logique de rentabilité. Texte et photo : Pierre Michaud point de vue sur Entretien avec Bernard Defaix, président de Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics. BERNARD DEFAIX Président et porte-parole de Convergence pour la défense et le développement des services publics, Bernard Defaix est né en 1944 dans la Chartreuse. Il suit les cours de l’École normale d’Aix-en-Provence avant d’enseigner à Guéret (Creuse) de 1972 à 2002, année où il prend sa retraite. « Praticien » des services publics, comme il se qualifie, il milite à la FSU (Fédération syndicale unitaire) au sein du Snes (Syndicat des enseignements du second degré). Il sera l’un des fondateurs de la Convergence en 2005. 23 des vacances à la carte Quels enseignements tirez-vous de l’étude réalisée auprès des pensionnés ? Je tiens d’abord à remercier nos collègues qui ont bien voulu répondre au questionnaire. Visiblement, il y avait une forte attente, de la part de cette catégorie de bénéficiaires, à être écoutés et entendus. Je rappelle que l’enquête a été effectuée auprès de 800 ayants droit âgés de 55 à 75 ans. Le résultat de l’étude fait apparaître que les inactifs sont très attachés aux activités sociales, qu’ils ont plutôt une bonne image de la CCAS et en connaissent parfaitement l’offre. Lorsqu’ils séjournent dans nos centres, ils en apprécient la qualité. Néanmoins, il n’y a pas forcément corrélation entre leurs envies et les vacances auxquelles ils ont droit. Les périodes ne sont pas non plus forcément adaptées. Même constat pour les contenus. Notons que les appréciations divergent selon l’âge des pensionnés. En outre, la composition du foyer (personne seule ou en couple) ou le niveau de revenu conditionnent également leur volonté de voyager. La question des revenus est fondamentale ! Il existe un seuil sous lequel les retraités déclarent ne plus pouvoir partir. Donc, si nos Martial Savel, administrateur de la CCAS © Didier Delaine / CCAS En février dernier, la CCAS confiait à un groupe de travail, piloté par l’administrateur Martial Savel, le soin de réfléchir sur les pratiques touristiques des inactifs (voir CCAS INFOS n° 288). À la demande de ce groupe de travail, une étude a été réalisée du 27 au 30 mai 2008 par l’institut LH2 auprès de 800 ouvrants droit. Martial Savel en livre les premières conclusions. seniors partent peu avec nous, bien qu’ils constituent la moitié des ouvrants droit, il ne s’agit nullement d’un problème d’information. Ce sont bien les choix de séjours qu’il nous faut revoir, améliorer, inventer en fonction de leurs aspirations ainsi que de leurs besoins spécifiques. © Charles Crié / CCAS vos activités Inactifs : 24 CCASinfos 297 - Janvier 2009 Deux attentes majeures ressortent de l’étude : un accompagnement, voire une prise en charge, du bénéficiaire depuis la gare ou l’aéroport d’arrivée jusqu’au lieu de villégiature, et un panel de destinations plus étoffé en dehors des périodes scolaires (mai-juin et septembre). Le tourisme s’avère être la première motivation de départ en vacances pour 79 % des interrogés. Cependant, les évaluations s’affinent selon l’âge. Les plus jeunes d’entre eux aspirent à la découverte d’une ville, d’une région, voire des capitales européennes ou encore des activités. Tandis que les aînés sont très enclins à des séjours visant la rencontre et la convivialité. Par ailleurs, d’autres attentes ont été exprimées : celle de partir avec ses petits-enfants ou, pour les personnes seules, celle d’être accompagnées. L’éventualité d’emmener son animal de compagnie est également soulevée. Les questions liées à la dépendance sont peu présentes dans l’enquête, du fait de l’âge des personnes interrogées. Pour autant, nous avons pris en compte cette problématique à partir des sollicitations des CMCAS qui, avec leurs réseaux de lien social et solidaire, souhaitent apporter à leurs anciens des moments d’évasion. Les responsables des séjours bleus nous ont également alertés sur les besoins en ce domaine. Maintenant que vous connaissez mieux leurs habitudes, que vous avez identifié leurs attentes, quelles sont les prérogatives de votre groupe de travail ? Le groupe de travail était chargé de réfléchir sur de nouveaux types de séjours destinés à toutes les populations d’inactifs. Notre démarche consiste à formuler des axes d’évolution visant à améliorer les offres de vacances dédiées aux pensionnés, sur la base des conclusions de l’enquête et de l’examen des diverses formules présentées par les CMCAS et la CCAS. Et ce, tout en prenant en compte leur singularité et leurs CCASinfos 297 - Janvier 2009 © Élise Rebiffé / CCAS Quels sont les souhaits exprimés par nos seniors qui favoriseraient leur départ ? requêtes. Nous avons émis des suggestions dans plusieurs directions : élargir l’éventail des destinations en mai, juin et septembre ; développer les séjours pour découvrir les régions en collaboration avec les CMCAS locales ; et enfin en construire d’autres sur la base d’activités adaptées aux retraités qui favorisent la convivialité et la découverte afin de rompre leur isolement. Aujourd’hui, les personnes seules qui ont réservé un gîte, en période verte, peuvent être accompagnées. Cette mesure doit être étendue à d’autres types de séjours. Concernant les personnes dépendantes et éventuellement de leurs aidants, il s’agit de leur proposer une prise en charge pour rompre le quotidien et s’autoriser un moment de répit. Un accompagnement en gare ou à l’aéroport doit également être à l’étude. Le groupe de travail va rendre ses conclusions au conseil d’administration de la CCAS. Ce sont désormais les Commissions nationales Adultes et familles et Activités sanitaires sociales et santé, qui auront la responsabilité d’évaluer les suggestions que notre groupe de travail leur a soumises, de définir les priorités et élaborer les contenus des nouvelles offres. Elles auront beaucoup de travail ! Rappelons qu’Évelyne Valentin s’est engagée à faire de la construction et de l’amélioration des vacances pour les inactifs une priorité pour l’exercice 2009. Propos recueillis par Marie-Line Vitu Qui sont-ils ? 800 ouvrants droit âgés entre 55 et 75 ans ont été interrogés. Ils sont en majorité des hommes (68 %), - composition sociale conforme aux entreprises EDF GDF et issus essentiellement du collège maîtrise (53 %). La moitié d’entre eux ont accès à Internet et affirment l’utiliser souvent. Enfin, 70 % des exprimés ne sont pas partis en vacances avec la CCAS ces deux dernières années. 25 vos activités Alger, capitale des activités sociales La Ve Conférence internationale des activités sociales des travailleurs de l’énergie s’est tenue à Alger du 13 au 16 décembre dernier. Les délégués de 27 pays et 60 organisations ont débattu sur le thème général : « Les activités sociales, vecteur de paix pour les travailleurs de l’énergie et des peuples ». C’est à Athènes, en février 2006, que la décision avait été prise -à l’unanimité- de confier l’organisation de la Ve Conférence internationale des activités sociales des travailleurs de l’énergie au Fosc de la Sonelgaz1. « La grave crise financière qui touche le cœur du système financier international est la conséquence directe de choix délibérés présentés comme incontournables de la part de ceux qui n’ont pour seule logique que le profit pour le profit et la défense des intérêts d’une poignée de privilégiés. Tous les secteurs de la vie ont été touchés : l’économie, le social, l’environnement. Les travailleurs de l’énergie contribuent à la mobilisation de toutes les énergies pour la défense des intérêts des salariés et des peuples de manière générale », devait rappeler en préambule Achour Telli, président du Fosc. 1 Fosc : Fonds des œuvres sociales et culturelles. Sonelgaz : Société nationale de l’électricité et du gaz. 26 ﺍﳌﻮﲤﺮ ﺍﻟﺪﻭﻟﻲ ﻟﻠﺨﺪﻣﺎﺕ ﺍﻹﺟﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﻟﻌﻤﺎﻝ ﻗﻄﺎﻉ ﺍﻟﻄﺎﻗﺔ Conférence Internationale des Activités Sociales des Travailleurs de l'Energie International Energy Workers’ Social Activities Conference Conferencia internacional de Actividades Sociales para Trabajadores del sector Energético ﺍﳋﺪﻣﺎﺕ ﺍﻹﺟﺘﻤﺎﻋﻴﺔ ﻋﺎﻣﻞ ﻟﻠﺴﻼﻡ ﻟﻌﻤﺎﻝ ﻗﻄﺎﻉ ﺍﻟﻄﺎﻗﺔ ﻭ ﺍﻟﺸﻌﻮﺏ Les Activité Sociales vecteur de paix pour les travailleurs de l’énergie et les peuples Social Activities as a vehicle for peace for energy workers and peoples Las Actividades Sociales vector de paz para los trabajadores del sector energético y sus pueblos Les délégués des 27 pays et 60 organisations représentés à Alger se sont répartis en 3 ateliers, dont les thèmes étaient respectivement : « Légitimer EDM (Électricité de Mayotte) ont fait le et développer les activités sociales voyage depuis l’archipel des Comores. dans la culture de la paix » ; « Tracer EDM est une compagnie d’économie de nouvelles perspectives : des mixte, dans laquelle EDF et SAUR « Les activités sociales émancipatrices travailleurs détiennent 25 % chacun et les et solidaires » ; « S’organiser et de l’énergie collectivités territoriales 50 %. financer les activités sociales ». contribuent « La société compte 165 salariés Ces réunions et débats ont été et le CE gère les activités sociales à la préparés de longue date par les mobilisation pour 700 bénéficiaires », précise membres du comité de liaison, de toutes Salim Nahouda. qui ont fourni un énorme tra- les énergies Au cours de la conférence, après pour la vail pour mettre au point cette avoir souhaité la bienvenue à tous conférence. Un comité composé défense des les participants, Chakib Khelil, de représentants des activités so- intérêts des ministre de l’Énergie et des Mines, ciales d’Algérie, Belgique, France, salariés a souligné le rôle des « activités et des Grèce, Italie, Maroc, Québec, sociales dans la cohésion sociale Russie et Tunisie. À Alger, les peuples. » et le renforcement et le dévelopdélégués venaient principalement Achour Telli, pement des relations d’amitié d’Afrique et d’Europe, ainsi que du président et de coopération entre les traQuébec, du Pakistan et de Russie. du Fosc. vailleurs des entreprises ». Le film Parmi eux, Maziza Madi, responsable des réalisé lors des Rencontres solidaires activités culturelles, et Salim Nahouda, au Maroc a été particulièrement apprésecrétaire du comité d’entreprise de cié lors d’une projection présentée par Évelyne Valentin, présidente de la CCAS. Intitulé Au-delà des frontières, les activités sociales, vecteur de solidarité et de paix, ce document de quarante minutes illustre parfaitement la conception que la CCAS se fait d’un voyage solidaire, et permet de constater de visu la réalité de la solidarité. 14 jeunes de 6 pays différents sont allés à la découverte du Maroc et ont dialogué avec des membres d’associations et de coopératives, tissant des liens très forts. Au nom du Fosc, Achour Telli a remis une récompense à Évelyne Valentin, pour « les efforts énormes accomplis dans le domaine de la solidarité internationale ». CCASinfos 297 - Janvier 2009 Un formidable outil d’émancipation La conférence d’Alger a permis de tracer de nouvelles pistes de solidarité entre travailleurs de l’énergie. Les activités sociales constituent un outil efficace de lutte contre le modèle dominant des multinationales. À la question « les activités sociales sont-elles légitimes ? », les représentants des activités sociales des différents pays ont répondu comme un seul homme qu’elles sont un facteur de cohésion et d’amélioration des conditions sociales et qu’elles permettent de faciliter les relations dans la diversité des peuples. Au cours des débats, les échanges entre délégués ont mis en lumière les expériences de chaque pays. La conférence a ainsi permis à ceux qui ne possèdent pas d’activités sociales de s’inspirer utilement des réalisations effectuées dans d’autres entreprises. La conférence internationale a malheu- Salim Nahouda et Maziza Madi, du CE d’Électricité de Mayotte CCASinfos 297 - Janvier 2009 reusement constaté les effets désastreux engendrés par la mondialisation. De nombreuses populations d’Afrique n’ont pas accès à l’énergie, un million et demi d’habitants en Palestine sont privés d’électricité par la politique d’Israël. Aussi bien dans les pays occidentaux que dans ceux du Maghreb et en Russie, les services publics ne cessent de reculer tandis que les privatisations et les déréglementations se poursuivent. Les échanges entre les travailleurs favorisés par leurs activités sociales constituent un facteur de paix, d’émancipation et aussi de lutte contre le modèle dominant des multinationales. Les luttes des syndicalistes pour faire reconnaître la responsabilité sociale et environnementale des entreprises de chaque pays sont convergentes. Les participants à la Ve Conférence ont souligné l’importance de développer les activités sociales par le renforcement des liens internationaux. Face aux effets néfastes du système néolibéral, les activités sociales, soutenues par les organisations syndicales et les associations, constituent un outil efficace de lutte. La conférence a lancé un appel dénonçant « la situation inacceptable du peuple palestinien et lui apporte son soutien dans la lutte pour la reconnaissance de ses droits. Elle demande l’ouverture de passages pour la bande de Gaza afin que ses habitants retrouvent une vie digne ». La proposition de Nicolae Rosu, pour la Roumanie, d’organiser la VIe Conférence dans son pays en 2001 a été adoptée à l’unanimité. Repères Algérie : 2,4 millions de km² (85 % de désert) ; 35 millions d’habitants (dont 65 % ont moins de 30 ans). Alger : population de 3 millions d’habitants, 4,4 dans le Grand Alger. Sonelgaz : créée en 1969, l’entreprise algérienne de l’électricité et du gaz constitue l’opérateur historique, dont les missions principales sont la production, le transport et la distribution de l’électricité ainsi que le transport et la distribution du gaz. Sonelgaz emploie plus de 59 000 agents (dont 33 000 statutaires). Le Fosc : les œuvres sociales sont créées en même temps qu’EGA (Électricité Gaz d’Algérie) en 1947. À partir de 1978, la politique des œuvres sociales est définie par les travailleurs. Les secteurs d’activités du Fosc sont la santé, l’action sociale, les sorties aérées, les écoles d’activités, les excursions, les associations et les vacances d’enfants. Le budget d’exploitation est fourni par la contribution de Sonelgaz et ses filiales à hauteur de 2 % de la masse salariale. Les frais et charges du personnel sont assurés par le groupe Sonelgaz. Textes et photos : Pierre Michaud 27 vos activités Une prévoyance obligatoire de branche efficace L’assemblée du comité consultatif des adhérents IDCP du 2 décembre Au prix de longues négociations, les cinq fédérations syndicales ont obtenu la signature d’un accord permettant la mise en place d’une couverture obligatoire décès et invalidité permanente pour les salariés actifs de la branche. Après de longues négociations avec les employeurs de la branche énergie, un accord portant sur la prévoyance obligatoire a été conclu par les cinq fédérations syndicales. Grâce au front uni de ces dernières, d’importantes concessions ont été obtenues au bénéfice des salariés des IEG. Parmi les principaux changements concernant la prévoyance (couverture des risques décès, incapacité, invalidité et dépendance), la fin de la clause des 15 ans. Ce qui signifie que, depuis le 1er janvier 2009, 28 tous les salariés actifs sont garantis contre les risques de décès et d’invalidité totale. Autre acquis : la participation financière des entreprises, portée à 80 %. Cette couverture obligatoire est donc financée par les employeurs et les salariés, ce qui est totalement nouveau. La contribution s’établira ainsi : 0,78 % de part « employeur » et 0,2 % pour la part « salarié ». Concrètement, cette prévoyance prend en compte les risques décès et invalidité totale pour tous les salariés actifs, et elle assure également un capital décès, une rente éducation, une indemnité de secours immédiat et une participation aux frais d’obsèques en cas de décès d’un membre du foyer. Cette couverture est réservée aux agents actifs, elle ne concerne pas de fait les retraités. Précisons que les risques de dépendance ne sont pas pris en compte et que la couverture s’éteint au départ en retraite du salarié. Parmi les éléments importants qui figurent dans cette disposition nouvelle : le salarié peut désigner le bénéficiaire (conjoint, pacsé, concubin, ascendant etc.) de son choix pour le versement des capitaux après son décès ou suite à une invalidité permanente. De même, les prestations servies ne remplacent pas celles existantes (pensions de réversion, pensions d’orphelin, indemnité de secours immédiat au titre des frais d’obsèques versée par l’employeur, et participation aux frais d’obsèques allouée par la Camieg en cas de décès d’un membre de la famille) mais les complètent. Pour vous informer Une plate-forme téléphonique a été mise en place pour répondre à toutes les questions qui pourraient se poser à propos des nouvelles dispositions. Il s’agit d’un numéro vert : 0800 00 50 45. Un outil de simulation tarifaire de l’IDCP est également en ligne sur le site Internet ccas.fr. Avec ce numéro de CCAS Infos est joint un supplément de 16 pages « Protection sociale et prévoyance » qui consacre un chapitre à la prévoyance obligatoire et complémentaire. Un document de référence à conserver précieusement. CCASinfos 297 - Janvier 2009 L’IDCP nouveau est arrivé Les administrateurs et responsables des organismes sociaux Pour accompagner la prévoyance obligatoire, un contrat IDCP unique est mis en place pour les agents actifs depuis le 1er janvier 2009. Il devient le complément prévoyance de toute la famille. Créés voilà soixante ans pour pallier le manque de prévoyance obligatoire du statut, notamment pour les jeunes durant les quinze premières années de service, les contrats IDCP évoluent. Ils deviennent complémentaires de la couverture obligatoire, avec des garanties spécifiques. À titre d’exemples, mentionnons la prise en compte des risques non couverts par la prévoyance de branche, le maintien -en l’améliorant- de la couverture des salariés en inactivité de service (qui sont exclus de la prévoyance obligatoire), et également des garanties pour les conjoints. Des passerelles seront aussi mises en place entre la prévoyance de branche et les contrats IDCP lors du passage en inactivité. Par ailleurs, la nouvelle offre s’accompagne de baisses tarifaires, ou encore d’un élargissement de la couverture selon les besoins des salariés. Lors de leur 7e comité consultatif, le 2 décembre dernier, les adhérents IDCP ont validé à une très large CCASinfos 297 - Janvier 2009 majorité ces nouvelles dispositions. Auparavant, l’IDCP A (Invalidité décès complément prestations) était un contrat de type assurance individuelle accident et couvrait également le décès et les cas de mise en situation d’invalidité statutaire. L’IDCP M était de type prévoyance, garantissant le versement d’un capital si une invalidité totale ou un décès frappait l’assuré. Et l’IDCP F permettait de couvrir les risques d’invalidité et de décès, en cas d’accident du conjoint ou assimilé. Désormais, la nouvelle offre de prévoyance complémentaire consiste en un contrat unique regroupant les garanties A, M et F. La solidarité du contrat est élargie par des garanties destinées aux conjoints et aux personnes à charge (ascendants ou descendants). Ce contrat comporte des options qui permettent de choisir en fonction de ses besoins. Les garanties « toutes causes » concernent le décès, l’invalidité suite à un accident ou à une maladie entraînant un congé longue maladie, une invalidité absolue et définitive, et une invalidité permanente handicapé. Parmi les nouvelles garanties, il convient d’ajouter la rente de conjoint, la rente éducation (temporaire ou viagère), la rente survenance handicap enfant (viagère) et aussi les garanties « accidentelles » : le décès accidentel, l’infirmité partielle ou totale (IPP ou IPT). Il est prévu aussi une garantie hospitalisation en cas d’accident, soit : 31 e par jour à partir de 48 heures d’hospitalisation et dans la limite de 15 jours consécutifs ou non. La garantie assistance famille consiste d’abord en une assistance aux personnes : elle autorise le rapatriement médical de tous les assurés, le retour des autres bénéficiaires (conjoints, enfants à charge), ainsi que l’avance ou le remboursement des frais médicaux à l’étranger. L’assistance à domicile permet une aide ménagère pour une durée de 30 heures sur 15 jours et aussi la garde ou l’accompagnement des enfants de moins de 16 ans. À noter que le contrat IDCP permet d’être assuré à tout âge grâce à une solidarité intergénérationnelle. Textes : Pierre Michaud Photos : Christine Lemore 29 vos activités Rimes pour Rencontres de l’image et du multimédia des énergéticiens Lieu d’échange entre amateurs d’images et de multimédia sur leurs pratiques, les Rimes accueillent aussi des professionnels. Le massif de fleurs de Mathilde a personnages », détaille Gérard Diebold, une curieuse forme… Depuis que le responsable de la section vidéo son petit-neveu sait ce qu’elle a fait de de la CMCAS de Clermont-Ferrand. son mari, Mathilde n’a plus qu’une seule Cet agent en inactivité, passionné par chose en tête : se débarrasser de la vidéo, a participé au groupe ce témoin gênant. Un verre d’apé- En attendant de projet des Rimes. Fidèle à ce ritif au goût étrange. Et tiens, la le festival que furent les Rencontres audioqui se caméra s’arrête sur le massif de visuelles des activités sociales tiendra fleurs. On devine la suite… le ne(Raas), Gérard Diebold a déposé du 27 au veu, le massif entouré d’une terre sur le site Internet la création de 29 mars fraîchement retournée. prochain à son équipe afin de « montrer ce Le jardin de Mathilde, c’est le Merlimont qu’une CMCAS peut faire à travers film réalisé par des amateurs de le travail en commun ». Sur la (Pas-de même lancée, sa femme, éprise la CMCAS de Clermont-Ferrand Calais), et de l’association CLIM@ 63. les amateurs de photos, s’est elle aussi appliPas moins de vingt cinéastes et sont invités quée à « faire coller » son œuvre vidéotistes amateurs ont donné à déposer à la thématique des Rimes : leurs « Génér@tions solidaires ». de leur temps, de leur motivation et un peu de leur matériel. créations Ursula Diebold ira au festival. Elle via le site À l’un on doit « une caméra Internet des souhaite y « rencontrer d’autres semi-professionnelle », à l’autre créateurs et progresser peut-être Rimes. « un micro », et à tous les « éclaià leur contact ». Là aussi, la démarche d’Ursula correspond à l’ambirages, les accessoires… Bref, c’est le rétion des Rimes. « Un thème prétexte sultat de la volonté des bénévoles. Sans compter que les uns et les autres ont dont l’objet est de réunir les amateurs proposé leur talent pour incarner les pour exposer leurs œuvres, échanger entre eux et rencontrer des professionnels pendant le festival », précise Fiore d’Ascoli, administrateur de la CCAS, chargé de l’action culturelle. Lorsqu’il a réalisé son documentaire, René Corbez, quatre-vingt-quatre ans, n’a pas envisagé qu’un jour il serait visionné dans un festival. Pensez ! C’était en 1950 et avec une caméra de 9,5 mm. Moniteur dans une colonie de vacances CAS, il a capturé des scènes sur le vif. Sans le son et la couleur. Pendant dix minutes, nous voilà avec des mômes en culottes courtes dans une forêt de la région du Massif central, ou en train de jouer avec la tête d’un serpent, semble-t-il encore vivant. Le jardin de Mathilde, Agathe est, elle, de la génération MySpace. une des œuvres déposées sur le site des Rimes À quinze ans, cette fille d’agent a conçu 30 son site qui entre dans la catégorie multimédia. Si vous cherchez bien, vous trouverez le blog de son père , Vincent Vandekerkove, un poète à ses heures. Agathe, René, Ursula et les autres, tous ont déposé leurs œuvres sur le site. La récompense ? Toutes les productions seront présentées durant le festival, qui, rappelons-le, se tiendra du 27 au 29 mars prochain. Vous avez dit génér@tions solidaires ? Texte : Laïla Saïdi Attention Dépôt des œuvres sur le site Internet www.rimesccas.org ; clôture le 30 janvier 2009. Pour le séjour Rimes, s’inscrire par téléphone auprès de Julien Breuil au 01 56 93 29 35. Inscriptions jusqu’au 12 mars 2009. Tarif « festivalier dépositaire d’une œuvre » : 34 e ; Tarif « simple festivalier », hébergement 2 nuitées en pension complète : 90 e. Séjour gratuit pour les moins 10 ans. CCASinfos 297 - Janvier 2009 « Un événement fédérateur » Les Rimes prennent le relais des Rencontres audiovisuelles des activités sociales (Raas). Entretien avec Fiore d’Ascoli, administrateur de la CCAS et président de la Commission activités culturelles. © Didier Delaine / CCAS Pouvez-vous présenter les Rimes ? L’objectif des Rimes est de poursuivre l’esprit qui a prévalu aux Rencontres audiovisuelles des activités sociales (Les Raas) : c’est-à-dire favoriser la rencontre des pratiques entre amateurs, valoriser leurs créations artistiques, montrer et échanger leurs œuvres. Notre ambition est de créer également les conditions d’un événement fédérateur. Les amateurs et les professionnels pourront aborder CCASinfos 297 - Janvier 2009 les questions techniques, mais aussi le sens que revêtent aujourd’hui toutes les questions liées à l’image. L’originalité des Rimes se caractérise par la réunion des disciplines artistiques diverses : la photographie, la vidéo, la création d’images à partir du numérique, notamment du téléphone et de l’Internet. Les Rimes ont été conçues comme un grand événement de la CCAS, dont l’intérêt est d’amener ces publics vers la découverte des professionnels. C’est pour cela que les Rimes sont adossées au Figra (Festival international du grand reportage d’actualité). Nous espérons ainsi que le public qui viendra aux Rimes ira également au Figra, festival de professionnels, et donc de croiser toutes les expériences. Avec les Rimes, quelles sont les évolutions ? Le festival va devenir un événement biennal qui s’installera à chaque fois dans une région différente, et sera toujours concomitant à d’autres festivals dont nous sommes partenaires. L’ancrage pour cette année dans la région Nord-Pas-de-Calais donne l’opportunité de voir les créations abouties des personnes originaires de cette région. Les Rimes s’ouvrent avec la projection du film Jean Catelas réalisé par un agent de la CMCAS d’Amiens (voir CCAS INFOS n°296). La qualité de la diffusion des œuvres va être optimale, cela veut concrètement dire qu’il y a un dispositif technologique et scénique de grande qualité. La Maison familiale CCAS de Merlimont sera transformée en un lieu de diffusion artistique. Textes : Laïla Saïdi 31 temps libre La cascade de glace Sous des apparences extrêmes, la cascade de glace peut être pratiquée par tous. À condition d’être un peu sportif et pas trop frileux. Elles se nomment « La Marguerite effleurée », « Les larmes du DalaïLama », « La colère du ciel », « Défonce du consommateur », « Chacal bondissant », « Les formes du chaos », « Terminator », « Capitaine courageux », « Nuits blanches », « Baiser de lune », « Black Ice », « Repentance », « Rémission », « Oussama Palersolid », « Érection », « Croupe de la poufiasse »… et n’existent que quelques mois par an. Ce sont les cascades de glace, terrain de jeu privilégié des « glaciairistes ». « Escalader la glace, c’est découvrir le plaisir d’évoluer sur une matière magique et éphémère, explique Philippe Deslandes, guide de haute montagne à Bourg-SaintMaurice-Les-Arcs. Avec ses dégradés de bleu, son aspect translucide, chargée de bulles d’air, la glace est une structure qui étonne et fascine. » Dérivée de l’escalade, la discipline consiste à grimper le long de formations glaciaires : cela va du ruisseau gelé à la cascade en passant par les couloirs et les goulottes. La cascade se pratique généralement en vallée entre 1 200 et 2 200 mètres. Leur hauteur varie de 15 à plus de 800 mètres. Après quelques tentatives isolées dans les années 70, c’est au milieu des années 80 que des alpinistes chevronnés se mettent à pratiquer régulièrement la cascade de glace en hiver. Pour la beauté du geste ou pour développer leur technique. Au tout début des années 90, l’apparition d’un matériel toujours plus perfectionné permet d’aborder des ascensions impossibles jusqu’alors. Il en résulte un engouement grandissant pour cette pratique qui se popularise depuis quelques années. La condition physique Comme l’alpinisme hivernal, la cascade de glace de haut niveau nécessite expérience et excellente condition physique. « Toutefois, en initiation, les cascades ni très hautes ni trop raides permettent une évolution en toute sécurité. Une bonne condition physique suffit », assure Philippe Deslandes. Il faut simplement en avoir envie. C’est notamment bien plus facile que le ski, sport où les mouvements sont très techniques. Les stages d’initiation sont accessibles à toute personne « motivée, sportive et tonique » ajoute-t-il. Une expérience de l’escalade ou de la montagne est souhaitable, mais non indispensable. Les progrès sont rapides et le plaisir envoûtant. En initiation, les marches d’approche sont souvent courtes, les descentes généralement peu problématiques. « Peutêtre parce qu’elles ont une meilleure connaissance de leurs possibilités corporelles, les femmes qui débutent sont souvent plus à l’aise que les hommes. Et lorsqu’elles s’investissent dans cette discipline, elles deviennent vraiment passionnées », affirme Philippe Deslandes. Les stages d’initiation acceptent généralement les enfants à partir de dix ans. La technique L’escalade en glace s’apparente à l’escalade sur rocher. La progression s’effectue à l’aide des pointes frontales de crampons rigides et de piolets tractions dont la forme est conçue pour aider le grimpeur à évoluer sur des parois de glace verticales – voire surplombantes (le manche est courbé afin d’éviter de se taper les doigts contre la glace). Les points d’ancrage utilisés sont des broches à glace tubulaires qui se vissent directement dans la glace, leur longueur variant en fonction de l’épaisseur de la glace. L’équipement comprend casque, gants, baudrier et cordes. On débute sur des murs peu 32 CCASinfos 297 - Janvier 2009 inclinés, de grosses cascades sur lesquelles on peut taper avec les piolets, où l’eau qui ruisselle forme des reliefs et donc des prises plus aisées pour les pieds et les mains. « Bien sûr, poursuit Philippe Deslandes, comme on évolue dans un milieu froid, au début on se sent un peu engoncé dans ses vêtements, et mal à l’aise avec ses mains à cause des gants. Lorsqu’on acquiert un peu de dextérité, on passe à l’attaque des cascades verticales, plus difficiles : l’eau tombe à l’aplomb, il faut se tenir davantage avec les bras. Avoir une vision globale de sa progression devient plus dur…» Le lieu Selon les régions, les pratiquants bénéficient parfois de cascades artificielles. C’est le cas de Lans-en-Vercors, qui a aménagé une cascade gelée sur le domaine de l’Aigle, à 10 minutes à pied du centre du village. C’est un cirque rocheux de 60 mètres de large et de 30 mètres de haut englacé grâce à l’eau de la Bourne toute proche. Huit lignes peuvent être escaladées en toute sécurité grâce à des points d’assurages sur lesquels est fixée une corde. Très peu raides au début, les cascades se redressent à mesure que l’on grimpe, avec parfois de petits passages verticaux. De quoi apprivoiser progressivement le vide et la technique. En milieu naturel, l’apparition des cascades est conditionnée par les températures. L’idéal se situe entre 0 °C et moins 15 °C. Les cascades sont pratiquement toutes situées au nord. En France, suivant les régions, on peut « taper » la glace de début décembre à fin mars. Même si certaines ne se forment que tous les dix ans. « La cascade de glace est un sport éphémère, c’est aussi ce qui fait son charme », reconnaît Jean-François Clignions, guide et directeur de la Compagnie des guides de Chamonix, qui travaille régulièrement avec la CCAS. Certains sites, comme celui de la Crémerie (1 300 m) près de Chamonix, proposent des alignements de cascades, situées dans l’ancienne gorge de sortie d’un glacier. « Un terrain de jeu idéal pour l’initiation », ajoute ce spécialiste qui qualifie cette pratique de « ludique » avant tout. Dans les Pyrénées, le site le plus prisé est celui du cirque de Gavarnie. Il fut le théâtre dans les années 80 d’une des plus belles réalisations par Rainer Munsch et Dominique Julien : « Overdose ». Il reste aujourd’hui un spot de référence pour son engagement et son niveau de difficulté. Les risques Pratiquer la cascade nécessite une expérience approfondie du milieu naturel, notamment pour savoir évaluer l’état de la glace : des températures très froides la rendent dure et cassante alors que des températures plus douces offrent une glace plus humide et plus souple. Des variations qui peuvent rendre dangereuses les cascades, avec un risque d’effondrement. En initiation, la prise en compte du milieu naturel est le fait du guide accompagnateur. Mais en montagne, le risque, « c’est souvent les autres », rappelle Jean-François Collignon. Pour se protéger d’éventuelles chutes de glaçons et blocs de glace, plus ou moins gros, les cascadeurs portent un casque et évitent d’être à l’aplomb d’un autre cascadeur. Les risques de chutes sont quant à eux très réduits du fait de l’encordement. Texte : Sophie Chyrek Photos : Bruno Le Bivic CCASinfos 297 - Janvier 2009 Où pratiquer : • De nombreuses stations proposent des stages d’initiation encadrés par des guides professionnels. Se renseigner auprès des bureaux des guides des stations. Avec la CCAS : • À Aussois, séjour Cascade de glace en janvier. • À Argentière, journéedécouverte Cascade de glace dans le cadre du séjour Fous de glisse en février et mars. Pour plus d’infos, consulter le catalogue ou le site www.ccas.fr. Pour plus de renseignements : • Fédération française de la montagne et de l’escalade : www.ffme.fr • Club alpin français : www.ffcam.fr 33 © Biosphoto / Weimann Peter sciences & environnement Vers un essor du biogaz ? La fermentation de la partie organique des déchets permet de produire un biogaz utilisable pour la production d’énergie ou d’électricité. Sera-t-il bientôt distribué avec le gaz de ville ? 34 Très technique, la décision est d’eau actionnant une turbine, ou revendu passée inaperçue. Pourtant, en à un industriel proche de l’usine. Mais jusqu’à ce jour, il ne pouvait pas concluant fin octobre à l’innocuité pour être injecté dans le réseau du gaz la santé du biogaz produit par fermen de ville qui lui permettrait d’atteindre tation de déchets, l’Agence française les consommateurs. C’est là une des de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail (Afsset), a mis raisons qui freinait l’essor fin à dix ans de polémiques du procédé. Les exploitants de La qui freinaient l’essor en France méthanisation, réseaux gaziers craignaient en effet que, ajoutées à celles de cette énergie renouvelable économiquement encore peu développée. du méthane (le composant avantageuse principal du gaz de ville), Pour comprendre l’enjeu de cet pour des du gaz carbonique et de la avis, il faut rappeler un chiffre volumes de vapeur d’eau, les traces peu ragoûtant : chaque habi l’ordre de la de sulfure d’hydrogène que tant produit par an quelque dizaine de l’on trouve dans le biogaz, 360 kilogrammes de déchets ménagers. Sur cette quantité, ne soient à la fois corrosives milliers de 38 % sont entreposés en détonnes, est un pour les canalisations et charge, et le reste est valori- procédé propre. toxiques pour les utilisateurs. sé sous l’une des trois formes C’est cette dernière inquié tude qui vient d’être levée par le récent suivantes : l’incinération (31 %) qui rapport de l’Afsset. Ce feu vert sanitaire permet de produire de la chaleur et de suffira-t-il à lancer la production l’électricité ; le recyclage des matériaux française de biogaz à partir de déchets (verre, papier, etc.) pour 19 % ; et enfin ménagers et agricoles ? C’est ce qu’esla valorisation de la partie organique pèrent les professionnels du secteur, (déchets alimentaires, épluchures, etc.) qui réclament déjà un tarif d’achat prépar production de biogaz (ou méthani férentiel du biogaz injecté dans le résation) par fermentation en absence seau, comparable à celui qu’accorde d’oxygène ou fabrication de compost, EDF aux producteurs de KwH d’origine pour 12 %. Mais comme le relevait renouvelable. un rapport du Conseil économique et social paru en avril, « force est de constater que la part réservée à ce traiBrèves tement biologique demeure congrue. Elle n’a que très peu progressé en Les emballages sont responsables tonnage et diminué en pourcentage ». de 30 % de la masse et de 50 % du volume des déchets ménagers. L’exploitation du biogaz n’a ainsi permis Avec 374 millions de tonnes par an, en 2007 en France que la production de les déchets de l’agriculture et de 541 GWh d’électricité, soit 8 fois moins la sylviculture sont le premier que l’éolien, et de 53 ktep1 de chaleur, poste de production de déchets. soit 6 fois moins que l’incinération. Une bonne partie pourrait être La méthanisation a pourtant bien valorisée en biogaz. L’incinération des atouts pour elle. C’est un procédé permet de réduire de deux tiers le propre, qui ne dégage pas de compovolume des déchets. Le reste est sants polluants. Contrairement à l’inci constitué de mâchefer2, souvent utilisé nération qui n’est rentable qu’avec pour le remblai en travaux publics, malgré les critiques écologistes sur de grosses usines, elle est économile fait qu’ils contiennent parfois des quement avantageuse pour des volumes métaux lourds polluants. de l’ordre de la dizaine de milliers de tonnes (soit grosso modo ce que produit l’agglomération d’une préfecture 1Tep : tonne équivalent pétrole. moyenne). Le biogaz peut être brûlé 2 Mâchefer : issu de la combustion localement pour produire de la vapeur de la houille. CCASinfos 297 - Janvier 2009 Les côtes maritimes, Le niveau moyen des océans va s’élever dans les décennies à venir en raison du réchauffement climatique. Pourtant, aucun géographe ne se hasarde à dessiner le contour des côtes sur une mappemonde de l’an 2100. © Julien Millet / CCAS futures victimes du réchauffement niveau de la mer frappera particulièredeltas (le Mékong au Vietnam, le Gange et l’Indus dans la péninsule indienne, le ment les régions les moins développées fleuve Rouge et le Yangtze économiquement… et qui en Chine…) et ses mégaauront donc le plus de diffi L’élévation du poles bâties à fleur d’eau cultés à s’adapter. Ouvrages niveau de la (Bangkok, Tainjin, Jakarta, lourds (brise-vagues, dimer frappera Shanghai…) ; les petites particulièrement gues…) ou méthodes douces îles de l’océan Indien, (réensablements réguliers les régions les du Pacifique sud et des moins développées des plages, entretien des Caraïbes ; enfin les del- économiquement dunes et des marais salés) tas de la Méditerranée ont en effet un coût souet qui auront (Danube, Ebre, Rhône, Nil) vent exorbitant. Le jeu en donc le plus vaut-il la chandelle ? Non, et de l’Afrique de l’Ouest. Le de difficultés répondent les partisans du littoral du continent améà s’adapter. ricain, à l’exception de sa « réalignement contrôlé » zone tropicale, et celui de l’Europe dedu littoral, qui proposent de laisser à la vraient surtout être exposés à l’érosion mer les régions à faible occupation humaine pour mieux défendre les régions des côtes, en particulier si les tempêtes plus peuplées contre le risque d’inons’y multiplient. dation. Ces politiques de retraite tacSchématique, ce tour du monde a le tique ne sont pourtant pas applicables mérite de montrer que l’élévation du partout. La « dépoldérisation » peut être une solution en Europe, où la poPourquoi est-il difficile de prédire pulation progresse lentement et où les l’élévation locale de la mer ? terres arables ne manquent pas. Elle Observée par satellite, la surface des océans présente des creux et des bosses, est plus difficilement envisageable dans pouvant atteindre plusieurs mètres de hauteur. C’est la première source de diffi nombre de pays du Sud, où l’explosion cultés à prédire les conséquences locales d’une élévation globale du niveau de démographique est particulièrement la mer. La seconde provient de la complexité des facteurs qui influencent marquée dans les régions côtières exle tracé du contour des côtes. Ce dernier dépend en effet des phénomènes météoposées à l’élévation du niveau de la rologiques extrêmes (tempêtes, inondations, etc.), des vagues et des courants. Or, leurs effets varient en fonction du volume de matériaux, galets, sables ou mer. Comme d’autres conséquences du limons, disponible en un point donné. L’action humaine (pompage des eaux souchangement climatique, l’élévation du terraines, extraction d’hydrocarbures en bordure marine, ou, à l’inverse, construcniveau de la mer aggrave les problèmes tion de polders) joue ainsi un rôle crucial dans le modelage des côtes. Enfin, il existe de sous-développement actuels. des phénomènes naturels de compensation : les récifs coralliens peuvent aussi réagir à une élévation du niveau marin par une croissance accélérée. Textes : Nicolas Chevassus Tous les scientifiques estiment que le réchauffement climatique entraîne, et va continuer à entraîner, une élévation du niveau de la mer par un double phénomène : d’une part, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires qui recouvrent le Groenland et l’Antarctique ; d’autre part, la dila tation de l’eau de mer, dont le volume s’accroît avec la température. En revanche, il est très difficile de quantifier l’ampleur de cette élévation attendue. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) se contente ainsi d’avancer une fourchette : entre + 18 et + 59 centimètres d’ici la fin du siècle. En dépit de cette prudence des scientifiques, on peut lister les régions les plus exposées au risque de submersion : l’Asie du Sud-Est, avec ses gigantesques CCASinfos 297 - Janvier 2009 35 UN FILM DE RAPHAËL MATHIÉ AFF DERNIERE SAISON C’est un instant cinématographique épuré qui, avec rigueur et constance, accompagne le cheminement intérieur d’un fermier vieux, seul et amer. Pour passer le relais, il lui faudra réapprendre la confiance. Le marchandage entre l’acheteur et le La première séquence du film montre, en quelques plans d’une vendeur devient donc une sorte de joute belle justesse, un homme qui prend le oratoire où les chiffres ressemblent plus à des salves poétiques qu’à temps d’attendre l’accomplisDifficile un réel désir du gain. L’homme sement d’une naissance. C’est pour lui assume ce paradoxe, mais doul’annonce d’un film façonné par l’espace et les êtres qui l’em- d’imaginer loureusement. Il lui faut aussi du plissent. temps, une saison, et la volonté qu’une Le cinéaste ne va pas faillir à nouvelle d’une jeune femme, pour l’amecet engagement. Les mots, les jeunesse ner à douter de ses certitudes. gestes et les regards rythment puisse avoir Le cinéaste, avec rigueur et des pensées prosaïques, dures constance, renvoie notre écoute le courage et sans complaisance. Le quovers notre pensée et notre retidien est une épure qui décèle de sa propre gard vers nos sensations sans les faiblesses ou les forces qui jeunesse. jamais nous priver de notre luciDifficile de dité sur les êtres qu’il filme. animent tout être humain. L’amertume d’être seul comme croire en l’autre. le devoir de rester accompagnent Dominique Boccarossa, réalisateur, membre de l’Acid cet homme dans son long cheminement intérieur, discret, presque secret. Difficile alors pour lui d’imaginer qu’une nouvelle jeunesse puisse avoir le courage de sa propre jeunesse. Difficile de croire en l’autre. Difficile de vendre et de donner une valeur chiffrée aux choses que l’on aime, car céder sur un prix, c’est surtout se plier à une valeur trop abstraite. 12/12/08 15:45 Page 1 Eurozoom et La Luna présentent un film de Sélection acid Cannes conception graphique pierre lefèvre VISA D’EXPLOITATION 118 483 cinéma 36 La dernière saison RAPHAËL MATHIÉ Festival du film documentaire Amsterdam Festival Entrevue Belfort Prix Spécial du jury Seattle Combalimon DERNIÈRE SAISON AVEC JEAN BARRÈS CÉCILE GENESTIER SÉBASTIEN PAGÈS CHRISTIAN PERET PIERRE PERET ANDRÉ VALETTE RÉALISATION RAPHAËL MATHIÉ IMAGE ET SON RAPHAËL MATHIÉ MONTAGE BENOÎT ALAVOINE VÉRONIQUE BRUQUE MONTAGE SON THOMAS ROBERT MIXAGE OLIVIER DÔ HÙU ÉTALONNAGE NUMÉRIQUE JULIEN BODART UN FILM PRODUIT PAR SÉBASTIEN HUSSENOT RAPHAËL GIRARDOT UNE PRODUCTION LA LUNA PRODUCTIONS AVEC LE SOUTIEN DE LA RÉGION AUVERGNE DE LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE ET DU CENTRE NATIONAL DE LA CINÉMATOGRAPHIE DISTRIBUTION EUROZOOM VENTES INTERNATIONALES INSOMNIA WORLD SALES L’HISTOIRE Jean est au crépuscule de sa vie. Fatigué, seul et sans descendance, il doit se résoudre à vendre ses quelques vaches et songer à la transmission pour sauver sa ferme Combalimon. Une étape délicate, une perspective vertigineuse… CCASinfos 297 - Janvier 2009 L’industrie du gaz fête cette année ses deux siècles d’existence. Le produit de la distillation de la houille qui a permis le fameux « Gaz à tous les étages » a été supplanté par le gaz naturel et surtout l’électricité. « Se déplacer le soir sans avoir à se préoccuper de la clarté de la lune », ainsi était libellé l’avis des villes qui avaient décidé de prolonger l’éclairage par candélabres à gaz jusque tard dans la nuit. Voilà deux siècles, en Europe, on ne connaissait que le gaz manufacturé qui servait à éclairer les villes. C’est pourquoi les appellations de « gaz d’éclairage » et « gaz de ville » ont perduré si longtemps. En distillant du charbon, le Français Philippe Lebon et l’Anglais William Murdoch Des outils pour conserver le patrimoine Copagaz : l’Association pour la conservation du patrimoine gazier a pour objectif de faciliter et de valoriser la prise en charge, par les collectionneurs et leurs organisations, de la conservation des objets et documents relatifs à l’histoire de l’industrie gazière. Afegaz : l’Association de la Flamme européenne du gaz fédère au plan européen les collectionneurs ; elle regroupe et conserve les témoignages du gaz dans la vie quotidienne depuis le début du XIXe siècle. Mege : l’association Mémoire de l’électricité, du gaz et de l’éclairage public à Paris, régie par la loi de 1901, a été créée pour préserver la mémoire du passé des réseaux de distribution de l’électricité du gaz et de l’éclairage public sur le territoire de la ville de Paris. Contacts : Copagaz : 01 44 01 87 58 www.copagaz.asso.fr Afegaz : 01 44 01 87 59 [email protected] Mege : 0 1 53 04 75 43 http://mege-paris.metawiki.com/ CCASinfos 297 - Janvier 2009 obtiennent un gaz qui permet d’éclairer les villes et les usines. Ces dernières peuvent ainsi fonctionner jour et nuit. Les municipalités encouragent ce type d’éclairage tout en faisant preuve de prudence, conscientes des risques encourus par la proximité des usines de production de gaz. À Paris, un contrôle strict est effectué par la préfecture de police. Souvent pour échapper aux contraintes légales, et aussi à la suite de plusieurs accidents spectaculaires, des compagnies installent leurs usines en banlieue, alors peu peuplée. À cette époque, le gaz est obtenu à partir de la distillation de la houille, qui produit aussi du goudron et des eaux ammoniacales, lesquels ne seront traités qu’à la fin du XIXe siècle. Des gazomètres stockent le gaz qui est acheminé par des tuyaux, d’abord en bois puis en cuivre ou en fonte. Peu à peu, des réseaux de distribution sont organisés, souvent simultanément avec les conduites d’eau. À partir de 1850, le gaz manufacturé est utilisé pour l’éclairage, la cuisine et le chauffage de l’eau. L’exposition organisée en octobre dernier par Afegaz et Copagaz (voir encadré) à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) a retracé les divers usages de ce produit. L’exploi tation industrielle du gaz naturel a 1791 Découverte par Philippe Lebon du principe d’éclairage par le gaz hydrogène (hydrogène carboné). 1829 Premiers essais officiels d’éclairage public à Paris, où sont installées de petites usines de production. À partir de 1830 L’huile pour l’éclairage est peu à peu remplacée par le gaz. 1846 Une ordonnance définit des situations de monopole pour 6 sociétés. histoire Le gaz de ville a deux cents ans commencé au début du XIXe siècle aux États-Unis, où est construit le premier gazoduc en 1870. En Europe, les premiers gisements de gaz naturel et l’invention de la lampe à incandescence marquent un coup d’arrêt à l’usage domestique du gaz manufacturé. En France, en 1939, le premier gisement est découvert à Saint-Marcet dans les Pyrénées et celui de Lacq en 1951, date à laquelle le gaz naturel se généralise. En 1946, sous la direction de Marcel Paul, ministre de la Production industrielle, la production électrique et gazière, le transport et la distribution sont nationalisés. Le gaz devient alors un service public jusqu’au vote d’une majorité de députés, le 3 octobre 2006, et celui des sénateurs, qui conduisent à la privatisation de Gaz de France. Texte : Pierre Michaud Photo : Christine Lemore 1855 Fusion des 6 sociétés gazières en concession unique à la Compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz. À partir de 1889… et avec l’invention d’Edison de la lampe à incandescence, l’éclairage électrique commence à entamer le monopole du gaz et son utilisation devient systématique à partir de 1914. 1946 Loi de nationalisation de l’énergie. 1962 Les dernières lanternes à gaz sont converties à l’électricité. 37 sport événement Rencontre sportive nationale de badminton 38 Fous du volant Les 5 et 6 décembre, à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher), plus de 130 joueurs représentant quelque 30 CMCAS ont disputé 300 matchs. Parmi eux, beaucoup de débutants. Le choc des volants contre les cordes des raquettes. Le crissement des semelles sur le sol. La voix amplifiée au micro annonce joueurs et terrains. Les joueurs « du dimanche » prennent place face ou aux côtés de badistes plus aguerris, voire classés. Les amateurs et les « fous du volant », dont certains ont fait les tournois de Chambéry et d’Agen, ont avalé des kilomètres « pour jouer, se rencontrer ou se revoir », confirme le jeune et dynamique Sylvain Beauger, responsable de l’événement à la CMCAS d’Orléans. Fabienne s’est déplacée de Gap, où elle travaille à la CMCAS. Cette fille d’agent Soirée festive en présence de Pascal Louis, président de la CMCAS d’Orléans, Christophe Gaston, administrateur et membre de la Commission activités physiques et sportives, et de l’ensemble des bénévoles. est moins attachée à la compétition qu’à l’ambiance. Le badminton, elle le pratique « comme loisir, avec les enfants ». Mais, en ce vendredi matin, elle profite de la présence de Fabien, un jeune agent classé en national, pour prendre conseil. L’intérêt de ce tournoi, « c’est que les débutants côtoient des pratiquants plus aiguisés », observe Francis, un bénévole perché sur le balcon de la salle où se vendent crêpes, gaufres et boissons, dont les bénéfices profiteront au Téléthon. C’est vrai que le tournoi révèle parfois des « unions contre nature », tel ce double hommes, composé de Rémi, carrure à la Chabal, jeu hésitant, et de Fabien, petit gabarit, petites lunettes rondes, aux gestes économiques et stratégiques. « Allez champion ! Tout est dans le mental, lui est en national… et toi… en cantonal ! », hurlent les copains girondins en direction du rugbyman converti au badminton. Rémi sort du terrain et fait mine d’accorder du temps à la presse : « On a fait rêver du monde quand même ! On se complète bien, je me suis retrouvé avec le plus fort, la foule nous a acclamés. » D’autres duos de jeu se sont formés, à l’exemple de ce double mixte, chacun venu avec conjoint et enfant, qui se partage la garde des petits pendant les matchs. Samedi soir, sur le terrain numéro 3, un cercle d’admirateurs se forme autour d’Arnaud et de Fabien, le prodige que tout le monde surveillait. Applaudissements, onomatopées… Les participants sont là aussi pour le show. Un spectacle que Fabienne, notre joueuse débutante, décortique clouée à sa chaise, un pied douloureux, « certainement une entorse », dit-elle grimaçante, déçue d’avoir été stoppée sur sa lancée, mais contente d’avoir « touché à un nouveau sport ». Texte : Laïla Saïdi Photos : Christian Petit / CCAS Bilan souriant et avenir Un bravo aux organisateurs de la CMCAS d’Orléans et à la jeune équipe des vingt bénévoles dont les responsables, Sylvain et Séverine Beauger, travaillent depuis un an sur le projet. Les organisateurs de la rencontre ont répondu à l’annonce de la CCAS cherchant des agents pour reprendre le flambeau après le tournoi d’Agen en 2005. Leur vœu : pérenniser le tournoi et donner envie à d’autres clubs de relever le défi. À qui le tour ? CCASinfos 297 - Janvier 2009 clap sur le monde… Du 25 novembre au 2 décembre, Nantes a vibré au rythme de la 30e édition du Festival des 3 continents organisée avec le soutien de la CCAS. Dans les allées de l’espace Cosmopolis, cœur battant du Festival des 3 continents, le public côtoie les réalisateurs, les acteurs et les producteurs venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud. Sans fioritures, ni tapis rouge, Palmarès 2008 : Montgolfière d’or : Parque Via d’Enrique Rivero (Mexique) ; Prix du public : Chant des mers du Sud de Marat Sarulu (Kirghizistan) Pour plus d’informations : www.3continents.com CCASinfos 297 - Janvier 2009 le F3c est un lieu d’échanges et de rencontres pour les cinéphiles. Voyages et découvertes : il y a du Jules Verne dans cette manifestation, qui donne à voir une centaine de films inédits. Ici, des lycéens discutent avec Reza Hosseini Yemak, réalisateur afghan de Bulbul, l’oiseau des villes. Là, aux côtés de Philippe Reilhac, directeur général de l’événement, le Brésilien Julio Bressane défend sur un plateau radio son film The Rat Herb présenté en Sélection officielle. Si les relations entre ce festival et la CCAS sont anciennes, 2008 constitue un cap franchi. Dans le cadre de Visions sociales, le F3c avait présenté en mai dernier au Philippe Reilhac Château des mineurs de MandelieuLa Napoule Bunny Cho Know Thyself du Sud-Africain John Barker, décoré de la Montgolfière d’argent 2007. Avec ce nouveau partenariat, « il s’agit d’amplifier les relations avec le Festival des 3 continents en facilitant son accès aux ouvrants droit et ayants droit des organismes sociaux », explique Fiore d’Ascoli, président de la Commission culture de la CCAS. Aussi, après Angers et La Rochelle, le festival nantais vient enrichir la liste des manifestations cinématographiques soutenues par la CCAS. Texte : Stéphane Gravier Photo : Jean-Gabriel Aubert culture Festival des 3 continents, 39 culture Ce soir, théâtre au salon ! Depuis la fin novembre, la CMCAS de Bayonne expérimente une nouvelle formule, le spectacle à domicile. Objectif : impliquer les bénéficiaires dans le développement d’activités sociales de proximité en milieu rural. Au bord de la départementale, dans les faubourgs de Saint-Jean-Piedde-Port, la lumière est restée allumée devant la façade de la grande bâtisse. À l’intérieur, sous les magnifiques poutres soutenant la charpente, le décor est posé. Canapé relégué au fond de la pièce, chaises alignées le long du couloir. Ce soir, dans le salon d’Angel Diarte (agent EDF) et de son épouse Solange, c’est « soirée théâtre » ! Tandis que les enfants multiplient les allers-retours d’une pièce à l’autre, Martine et Métélok n’ont qu’une idée en tête : conserver leur concentration et tenir en haleine leur auditoire constitué d’une vingtaine de bénéficiaires. Qu’importent les bruits parasites et l’étroitesse des lieux ! En acceptant d’inaugurer chez un couple de retraités la formule du spectacle à domicile imaginée par la Commission arts et culture de la CMCAS de Bayonne, notre duo de comédiens originaire du Pays basque n’a certes pas choisi la facilité. Mais le message qu’il souhaite faire passer méritait bien une petite prise de risque. Pour cette première, Martine et Métélok ont décidé de faire découvrir à un public peu sensibilisé aux performances théâtrales leur création intitulée L’Anselme à tous vents. Une pièce qui rend hommage à Jean L’Anselme, ce virtuose du verbe, âgé aujourd’hui de quatre-vingt-neuf ans, qui a toujours cherché à « désacraliser l’art, à remettre en cause ses principes et ses lois » pour « s’opposer à l’art bourgeois ». Une heure et quart d’un dialogue enlevé, à la fois drôle et émouvant, truffé de calembours et de jeux de mots, retraçant le parcours de ce poète anticonformiste issu du monde ouvrier, qui soutient que « c’est dans le fumier qu’on trouve les plus beaux vers ». Présence des activités sociales en milieu rural Mettre un peu de piment dans un rapport acteurs-spectateurs souvent figé, voilà qui n’est pas pour déplaire à Métélok, « comédien-militant » qui avait déjà eu l’occasion, dans un autre Solange et Angel Diarte, hôtes d’une soirée réussie 40 contexte, de se frotter à l’ambiance si particulière du spectacle à domicile. « C’est une formule qui fonctionne bien, plaide-t-il. En entrant dans l’intimité de la personne qui nous reçoit, il y a un vrai lien qui se crée. » Animateur d’ateliers théâtre dans des centres de vacances et spécialiste de « l’intervention culturelle dans le monde du travail », Métélok a commencé à collaborer avec la CCAS il y a plus de vingt-cinq ans et participe aux travaux de la Commission arts et culture, aux côtés du président de la CMCAS de Bayonne Eddy Combret. « Nous avons des difficultés à faire vivre les activités sociales dans les zones rurales », affirme celui-ci. « Afin de réorienter ces activités vers plus de proximité, nous avons constitué dixneuf bassins de vie, sortes de sousterritoires de SLV. Notre objectif est de créer une dynamique de présence régulière en milieu rural. » Cette initiative de spectacles à domicile entre dans le cadre du « droit à la culture pour tous », l’une des grandes orientations décidées cette année par la CMCAS. « Nous couvrons un territoire très vaste, qui s’étend de Biscarosse à Hendaye et jusqu’au Béarn », rappelle son président. Or, l’action culturelle est l’un des outils, au même titre que les réseaux CCASinfos 297 - Janvier 2009 solidaires, susceptibles de renforcer un lien social distendu. « Au départ, c’est à travers le réseau solidaire que je suis venu voir Angel et Solange », raconte Gilbert Dupuy, administrateur de la CMCAS et principal relais du projet « spectacles à domicile » dans la zone de Saint-Jean-Pied-de-Port. « Au fil de la discussion, je me suis dit : “Pourquoi ne pas leur proposer de faire venir des comédiens chez eux ? » Angel a tout de suite accepté, lui qui évoque avec un brin de nostalgie ses premiers jours à EDF, en décembre 1953 : « À l’époque, quand on entrait à EDF, on était accueilli comme si on était de la maison ! » « Nous allons rarement voir des spectacles, car Bayonne est à une heure d’ici et le soir il faut revenir en voiture », explique Jean-Pierre. « Ce type de soirées nous permet aussi de faire connaissance avec les jeunes », ajoute-t-il. Eñaut, vingt-cinq ans, technicien réseau à Saint-Jean-Pied-de-Port, bien que peu habitué aux sorties théâtre, partage le même enthousiasme. « Nous nous connaissons tous plus ou moins, c’est une bonne occasion de nous retrouver. » Pour Eddy Combret, cette première expérience est une vraie réussite, même s’il a fallu déployer beaucoup d’énergie pour que les gens viennent voir ce spectacle, pourtant gratuit. Il souhaite désormais « s’appuyer sur ce lien qui est en train de se tisser et l’élargir à d’autres », faisant en sorte que les bénéficiaires deviennent acteurs de leurs propres activités. Trois spectacles supplémentaires sont d’ores et déjà prévus d’ici l’été prochain dans les PyrénéesAtlantiques et dans les Landes. Enfin, une autre idée est en train de germer : celle d’un spectacle à domicile organisé à l’occasion des cent ans d’une bénéficiaire. Une manière de donner au réseau solidaire une « dimension plus festive », selon le président de la CMCAS. Quant aux portes d’Angel et Solange Diarte, elles restent plus que jamais ouvertes. « Vous revenez quand vous voulez », lance cette dernière, un franc sourire éclairant son visage. Texte : Samy Archimède Photos : Bertrand De Camaret / CCAS Martine et Métélok, comédiens Des bénéficiaires acteurs de leurs propres activités Aujourd’hui, Angel a ouvert sa porte à tout le monde à l’occasion de ce spectacle et ses convives ne sont pas venus les mains vides… Dans la cuisine, après la représentation, on déguste les petits plats apportés par chacun. Jean-Pierre, agent en inactivité, et Jacqueline, son épouse, qui habitent à sept kilomètres de là, ont manqué la répétition de la chorale de leur village pour pouvoir assister à cette soirée. Sans aucun regret. « Ils ont du talent, ces comédiens ! », lance Jacqueline, admiratrice. CCASinfos 297 - Janvier 2009 41 par la grâce d’un « je » apaisé Après avoir exploré ses séismes intimes, nés de l’écartèlement entre deux cultures, deux identités - française et algérienne - la romancière, prix Renaudot 2005, conçoit l’écriture comme un rendez-vous amoureux. © John FOLEY / Opale Après l’ascension des cinq étages d’une famille aimante et la dureté de l’extérieur. Là, aussi, où se fondent ce d’un vieil immeuble du Marais à Paris, c’est dans un vaste salon blanc et dé« silence algérien » qui traverse une pouillé, entre ombre et lumière d’une partie de son œuvre, mais également fin d’après-midi, que Nina ses peurs, ses blessures, C’est en Bouraoui reçoit. Un privilège Algérie que ses déchirures entre deux pour le visiteur. Car rares sont Nina Bouraoui cultures, deux identités. Là, les personnes qu’elle invite à enfin, que le « petit garçon grandit. C’est là pénétrer chez elle. Un reste manqué » qu’elle fut alors, de son enfance sauvageonne ? que se fondent va se nourrir de la beauté « Sans doute », dit cette jeune ce « silence sauvage des montagnes femme au visage doux et aux algérien » qui du Tassili, du Hoggar, du yeux rieurs. Une enfance algé- traverse une désert qui irriguera son rienne sur laquelle elle revient partie de son écriture abrupte, syncopée, sans déplaisir même si elle œuvre, mais sensuelle et poétique. concède en avoir fini avec cette également ses À quatorze ans, cette jeune fille mutique et dévoreuse période depuis Mes mauvaises peurs, pensées (Stock, 2005). ses blessures, de livres connaît un véritaAlgérienne par son père et ses déchirures ble « séisme » intime lorsfrançaise par sa mère (elle a que ses parents quittent entre deux l’Algérie pour la France . conservé la double nationalité), Yasmina Bouraoui est née à cultures, deux « Ce fut une sorte d’enlèidentités. vement à l’Algérie. J’ai tout Rennes, ville natale de sa mère laissé là-bas : mes affaires, les preoù ses parents se sont connus en mières personnes que j’ai aimées. » pleine guerre d’Algérie. C’est du reste Et aussi un double fantasmé qui ne dans ce jeune pays qu’elle résidera cessera de grandir en elle et de la une partie de sa jeunesse. Là, qu’elle hanter, comme elle le dépeint si bien grandit, entre la douceur et la chaleur dans Mes mauvaises pensées . Au gré des migrations de ses parents, Nina Bouraoui découvre Paris, Zurich (Suisse), puis les Émirats arabes unis où elle obtient son bac. À dixhuit ans, la jeune femme regagne la France pour y poursuivre des études de droit puis de philosophie. De cette période, elle a gardé le souvenir de Cioran (l’un de ses premiers chocs avec la lecture d’Henry Miller), et de La vie heureuse de Sénèque, qu’elle relit fréquemment et dont elle a repris le titre pour l’un de ses romans. Mais surtout de ce moment fondateur entre tous où, sortant du silence, elle va « naître au langage » par l’écriture. 42 © Cedric MARTIGNY / Opale livres Nina Bouraoui, Grâce au succès de son premier roman, La voyeuse interdite (Gallimard, Le Livre de Poche, prix du Livre Inter), Nina Bouraoui décide d’arrêter ses études pour se plonger dans cette « forêt de mots et de sensations » qu’elle ne va plus cesser d’arpenter. Pour mettre à jour, dans une langue sensuelle et poétique, ses peurs (notamment celle de la mort qui hante ses premiers livres), ses failles intimes (Le jour du séisme, Fayard, Le Livre de Poche), ses déchirements identitaires et sexuels (Garçon manqué, Stock, Le Livre de Poche), avant de les rassembler, de « se rassembler » dans Mes mauvaises pensées ; sans doute l’un de ses plus beaux livres avec Appelez-moi par mon prénom, son nouveau roman où après La vie heureuse, Nina Bouraoui s’autorise à parler d’amour, à s’ouvrir et à évoquer, enfin apaisée, ce rendezvous amoureux que constitue pour elle l’écriture. CCASinfos 297 - Janvier 2009 « Il y a de moins en moins de filtres entre ce que je peux apprendre et ce que je peux rétablir par les mots. » Née le 31 juillet 1967, Nina Bouraoui a grandi à Alger dans le quartier résidentiel d’Hydra. À quatorze ans, en raison de l’état de santé de sa mère, ses parents décident de s’installer en France, puis à Zurich et Ferney-Voltaire en Suisse, avant de gagner les Émirats arabes unis. En 1985, Nina Bouraoui revient à Paris pour y débuter des études qu’elle écourte afin de se consacrer à l’écriture. Après un début remarqué avec La voyeuse interdite (prix du Livre Inter) chez Gallimard sous les auspices de Pascal Quignard, Nina Bouraoui rejoint en 1996 Jean-Marc Roberts chez Fayard puis Stock où elle obtiendra en 2005 le prix Renaudot. Avec Appelez-moi par mon prénom, elle signe son onzième livre. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre parcours d’écrivain ? Je me dis qu’il ne fait que commencer finalement, puisque je regarde toujours loin devant moi, je suis quelqu’un du projet et non du passé. En dépit de mes onze livres et de mes deux prix, je pense que mon édifice est en train de se construire. J’aime l’idée d’être perfectible. Je ne veux pas réécrire le même livre toute ma vie. L’invention au sein même de la narration « autobiographique » est une aventure fascinante. Écrire reviendrait à vivre sa vie deux fois. L’art, le cinéma et la musique semblent prendre une part de plus en plus importante dans votre œuvre ? J’ai une culture plutôt sensuelle de l’Art en général. Je suis assez traversée parce que je vois, ce que j’entends. L’écriture est la restitution plus ou moins fidèle de ce qui peut me toucher. Il y a de moins en moins de filtres entre ce que je peux apprendre et ce que je peux rétablir par les mots. Je me suis toujours considérée comme une artiste, et il me semble que les sons et les images sont indissociables du travail des mots. Mon dernier livre rend aussi hommage aux Roman courtois moderne C’est dans une librairie de Lausanne qu’ils se sont rencontrés. Lui est étudiant aux Beaux-Arts, elle, une romancière dont il connaît toute l’œuvre. Alors qu’elle présente son dernier livre, P. lui remet une lettre et un film inspirés du Journal qu’elle a composé. Charmée par la beauté de ce jeune homme de seize ans son cadet et par ses mots, qui disent combien ses livres l’ « ont aidé », la romancière, de retour à Paris, se laisse peu à peu gagner par le désir, par une image rêvée et fantasmée qui la hante nuit et jour. Une relation épistolaire s’engage alors, où chacun s’ouvre peu à peu à l’autre… Puis, viendra le temps de la rencontre pour valider tous ces mots de la passion. Dans une langue classique, empreinte d’une douce mélancolie, Nina Bouraoui dépeint avec une grande minutie le surgissement d’un amour. D’une intimité à une autre, ainsi se déploie avec grâce ce qui se lit aussi comme une réflexion profonde sur les relations entre l’art, la création et la vie. Appelez-moi par mon prénom, Stock, 14,50 e. CCASinfos 297 - Janvier 2009 © Anne FERRIER / STOCK. Trois questions à l’auteur photographes et aux vidéastes que j’ai pu croiser sur ma route. Écrire, c’est aussi partager ses passions, donner envie Que vous a apporté le prix Renaudot ? Un prix a une signification. Il donne de la valeur à ce que vous faites. Il rend plus fort aussi. J’ai une réelle vigilance face à mon travail, mais je suis moins sévère aujourd’hui. Le prix Renaudot m’a rassurée. C’est un beau prix dont j’ai toujours rêvé. Il ne m’a pas écrasée, parce que j’ai appris avec le temps à accepter les récompenses. LE CHOIX DE NINA BOURAOUI MILLE MORCEAUX et MON AMI LÉONARD James Frey Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laurence Viallet, 10/18, 21,30 e et 21 e. J’ai choisi d’évoquer deux livres dont l’un serait la suite de l’autre, d’un auteur américain dont j’ai découvert le travail il y a trois ans. Il s’agit de Mille morceaux et de Mon ami Léonard, de James Frey. C’est l’histoire d’un jeune fumeur de crack qui subit une cure de désintoxication. En dépit de la gravité du sujet, il y a chez James Frey une poésie frénétique qui emporte. L’écriture est singulière. Les dialogues sont insérés dans le texte comme des pensées secrètes. On plonge avec l’auteur dans les abîmes de son héros. Aucune économie de style. James Frey est un ogre qui prend la main. Impossible de résister. Il faut le suivre, c’est beau, c’est fort, cela ressemble à une aventure. Toutes nos fragilités et nos démons se tiennent là, au centre d’un champ de mots, secs et emplis Textes : Christine Rousseau 43 PAR FRANCA MAÏ du quartier pour déguster un café Pourquoi devrais-je ouvrir un bien noir. En bas de l’immeuble, œil ?... Terré sous les couvertures, je croise la concierge. je perçois les bruits ambiants et leur sonorité me berce. Des gazouillis « Bonjour monsieur Basté... Ces oiseaux... d’oiseaux, bavards, entêtants. Ils sont Quelle plaie ! » chanceux les moineaux !... ils volent, Elle n’entend plus leur chant. Elle balaie se posent et se nourrissent de miettes juste leurs fientes. Je m’attarde au café, j’entrevois mon et de vers. Libres comme l’air. Sans rendre de comptes. Bien entendu, reflet dans la glace et ce qu’il me renvoie ils sont toujours à la merci d’un demeuré ne me séduit pas. Un jeune vieux, voilà qui peut les massacrer au lance-pierre. à quoi je ressemble ! Déjà, des cheveux Encore faut-il que celui-ci vise juste !... parsemés anticipant une calvitie future, Ce n’est pas donné à tout le monde un teint gris et une silhouette guindée d’atteindre la cible. D’autant que m’indiquent les sillons implacables de ces malins déguerpissent au moindre ma décrépitude. Autour de moi, les types craquement. Mon plancher n’est pas de ma génération sont décontractés, rient, blaguent, absorbent des bièdiscret. Et ils sont rapides. Là, ils ont déres et ont les yeux brillants. cidé de parasiter mon balcon. Ils m’empêchent de réfléchir Les miens sont ternes, ils ne Bien sûr, j’ai mais leurs pépiements s’allument que dans l’adrédes actions me rendent presque joyeux. naline des résultats et des bien cadrées Presque. De toute façon, à quoi chiffres. Des années que cela à la banque, bon ressasser. Il fait chaud dure. Je croise à nouveau je touche dans mon lit, il me reste mon visage et je réalise encore une heure avant que des dividendes, que mes trente-trois ans se le réveil ne sonne. Peut-être sont mués en « un monsieur je voyage que le sommeil va m’emporter Jacques Basté sans âge ». au travers Bien sûr, je suis l’heureux dans son tourbillon chiméle monde, rique. Qui sait ?... Pouvoir à je copule grâce propriétaire d’un apparte2 nouveau rêver, est le seul aux annonces ment de 190 m avec balcons, remède qui calmerait mes j’ai des actions bien cadrées d’Internet, nerfs. Mais les songes ont à la banque, je touche des divi mais je suis déserté ma boîte crânienne dendes, je voyage au travers pour laisser place aux chiffres désespérément le monde, je copule grâce aux seul. bigarrés d’une multitude de annonces d’Internet, j’ai des zéros. Mon supérieur me l’a orgasmes parfois mais je suis bien précisé, nous ne pouvons pas nous désespérément seul. Pas de femme permettre de franchir la ligne rouge. à la maison. Dans cet emploi du temps Nous sommes au sommet. Aucune surchargé, comment trouver l’épouse société rivale ne doit nous déloger. idéale ?... Je capte des bribes de conversation C’est son credo et c’est devenu le mien. et mes oreilles bourdonnent de sons J’avale un Xanax et file sous la douche, divers, joyeux et frivoles qui forment espérant que l’eau calme les démanune nappe musicale. Je crois que je geaisons qui parcourent mes jambes. vais m’évanouir, mais je me ressaisis Je m’habille du costume trois pièces préparé la veille par la femme de à temps et commande un irish-coffee. ménage, suspendu à la tringle de mon Deux voix féminines jacassent et je me armoire, impeccablement rangée. concentre sur leurs propos. Un coup de peigne et trois gouttes « Tu te rends compte, le type m’a demandé d’un parfum capiteux. Me voilà prêt. si cela ne me gênait pas de le servir J’ai le temps de me poser au bistrot en tenue de soubrette et a exigé que © Manuji nouvelle 44 Flash de lucidité la porte des toilettes reste ouverte lors de mes besoins !... L’annonce sur le journal stipulait : “ Repassage, ménage et plus si affinités en contrepartie d’un hébergement gratuit. “ - Aucun bail, aucun contrat. Il y a vraiment des ordures qui profitent de la misère humaine ! - Tu aurais vu la file d’attente dans le couloir !... des étudiantes stressées et… quelques femmes plus mûres qui poireautaient depuis l’aube, espé rant enfin trouver un logement. La précarité entremêlée visible à l’œil nu !... Un jacuzzi trônait dans l’immense salle de bains. C’est là, qu’il m’a chuchoté à l’oreille : “ Pour mes besoins physiques, je ne suis pas très exigeant, je me contenterai de trois fois par semaine. “ Il a rajouté : “ On peut négocier, bien entendu. “ Là, j’ai vu rouge. J’ai vociféré : “ Pauvre type. “ Il a souri : “ D’autres demoiselles attendent leur tour et sont beaucoup moins revêches. Je n’ai pas de temps à perdre avec vous. Vous n’êtes pas nécessiteuse, vous êtes encore trop gâtée. “ J’ai fui et lorsque j’ai descendu les escaliers, j’ai hurlé : “ Ce sagouin nous prend pour des péri patéticiennes au rabais !... “ Tu me CCASinfos 297 - Janvier 2009 croiras si tu veux, mais une seule fille a quitté le rang et a emboîté ses pas aux miens. Les autres ont détourné leur regard. C’est ce qui m’a le plus blessée. De constater l’ampleur de la soumission devant l’abattoir !... Ces annonces glauques fleurissent à foison !... La crise engendre de curieux samaritains !... C’est à gerber !... - Il opère où, le bouffon ? - Dans le XVIIe arrondissement, rue des Dames. Et ce n’est pas une plaisanterie ! Ca n’arrange pas mes affaires. Je squatte toujours chez Kirna. Elle craque !... Je dois absolument rédiger un curriculum vitae et je ne sais pas comment m’y prendre. J’ai l’impression que toute cette énergie ne sert qu’à remplir les poubelles ! - Ne te fais pas de mouron, on va s’y atteler ! » Je me suis levé et me suis tourné vers les deux banlieusardes qui détonaient parmi la faune coutumière de cet endroit. « Excusez-moi de m’immiscer, mais si vous le souhaitez je peux vous aider. Elles m’ont jaugé des pieds à la tête et ont jugé que je ne présentais aucun danger. - Oh, merci monsieur, c’est très gentil ! CCASinfos 297 - Janvier 2009 Le « monsieur » a sonné telle une claque, car en y regardant de plus près, nous n’avions que très peu d’années d’écart. Voilà, j’avais fait ma B.A. et les filles étaient reparties remplies de bonnes énergies. Je leur avais expliqué les pièges à éviter et donné quelques conseils astucieux. Au fond de moi-même, j’avais conscience qu’elles ne seraient jamais convoquées à une entrevue. Leur banlieue en elle-même était déjà un obstacle. Elle les reléguait en zone proscrite et leur langage fleuri s’avérait un handicap face à des interlocuteurs dénués de poésie. Elles allongeraient la liste du chômage. Les requins de la finance et les actionnaires ne s’encombraient aucunement de cette réalité. Ils reluquaient vers des contrées exotiques à la main-d’œuvre attractive en clamant haut et fort que, dans notre vieux continent, les fainéants majoritaires entravaient le marché juteux de la compétition. Je me suis dit qu’à ma manière, je contribuais également à ce jeu sordide. Jusqu’ici, j’en avais accepté toutes les règles, je les avais même appliquées avec un zèle cynique, n’hésitant pas à faire virer de mon entre prise les « éléments » malades, faibles ou insoumis. J’alimentais et collaborais à l’aliénation collective. Après tout qu’est-ce qui me différenciait du bouffon du XVIIe arrondissement ?... J’étais également un maquignon de la douleur, un faiseur de souffrances. Mon regard a croisé une nouvelle fois ce pitoyable reflet gris peau de souris et je me suis trouvé d’une laideur absolue. Comme ce monde truqué que j’aidais à construire et que nous ne contrôlions plus, tellement la vitesse et l’appât du gain nous happaient. En composant le numéro privé de mon patron, je me suis senti soudain apaisé. « Où êtes-vous Basté, j’essaie de vous joindre depuis ce matin ?... » Je le connaissais assez pour savoir qu’il se retenait d’exploser, mais mes compétences réputées mettaient d’office un bémol à sa colère. « Je ne viendrai plus au bureau monsieur Guermond, je vous quitte. » Il a réagi au quart de tour. « Si vous avez reçu une offre de la concur rence, je double la mise. - Vous faites fausse route. » Déstabilisé, il m’a demandé : « Vous êtes malade ?... peut-être la pression a-t-elle été trop forte ces derniers temps, je vous accorde quarante-huit heures de réflexion… J’oublie cette discussion. Vous êtes fatigué, vous avez besoin de repos. Vous devez vous reprendre. - Je vous quitte définitivement. » J’ai raccroché de façon un peu cavalière. La puce de mon portable a terminé dans le caniveau. J’allais m’évertuer à redonner à l’existence, des couleurs humaines et chaleureuses. Je me suis senti pousser des ailes. Un rire a alors chatouillé ma gorge pour se transformer en éclats de joie. Vivre… enfin vivre !... Franca Maï est l’auteur des romans Momo qui kills, Jean-Pôl & la môme caoutchouc, Speedy Mata, L’ultime tabou, Pedro, L’amour carnassier, tous parus au Cherche-midi éditeur (également chez Pocket Nouvelles Voix pour les deux premiers). Son septième roman, Crescendo, paraît en ce mois de janvier 2009, toujours au Cherche-midi. 45 Jeux AU POTAGER © Didier Delaine / CCAS Le mois de janvier est idéal pour commencer à préparer votre jardin d’herbes aromatiques. Attention : persil, basilic et ciboulette aiment le soleil mais pas le vent ! Alors que Dame Nature semble plongée dans un profond sommeil, ne vous laissez pas gagner par la torpeur hivernale ! Pensez à préparer ou compléter votre jardin d’herbes. Une petite parcelle de 2 m² suffit à créer un joli massif. Commandez chez un grainetier ou un pépiniériste les plantes dont vous aurez besoin au printemps. Persil, basilic, ciboulette, sauge, estragon… La plupart des herbes aromatiques doivent être plantées dans un endroit ensoleillé, exposé au sud, afin de stimuler la production des huiles essentielles. Un petit talus bien protégé des vents d’est et du nord constitue un nid idéal. La séparation entre les variétés peut être marquée par des pavés, des dalles, des galets ou encore des bordures de violettes. AU BALCON Placez les pots à l’abri et protégez ceux qu’on ne peut pas déplacer. S’il ne gèle pas, continuez à planter les arbres et arbustes en bacs. Vous pouvez également garnir vos jardinières de pensées et de primevères. Si la neige fait son apparition, secouez les rameaux des plantes à feuilles persistantes, comme les camélias, les rhododendrons ou les conifères. LE JOLI MOT Côtière : plate-bande inclinée le long d’un mur ou d’une haie, exposée au midi. LE DICTON S’il gèle à la Saint-Sulpice, le printemps sera propice. Sources : www.gerbeaud.com et Sélection du Reader’s Digest. Samy Archimède 46 MOTS CROISÉS Horizontalement : I. Renvoi d’ascenseur. II. Des bretelles pour joindre les ceintures. III. Changea de ton. Pâtée prussienne. IV. Telle une lune, ou presque. Vient d’avoir. V. Grand violon. Ils sont marqués au fer. VI. Terre. Domaine des dieux. VII. Vieux loup. Rentrée. VIII. Fin de journée. C’est un pléonasme de le qualifier de sélectif. IX. Couvre-lit. Débutantes. X. Placée. Panier de crabes. Verticalement : 1. Raccommodas. 2. Gamelle, mais pas chute. Mis en plis. 3. Femmes des airs. 4. Plia à la fin. Direction. Se lance. 5. Tour de roue. S’exclame. 6. En rang. Guetter. 7. Fleur de poète. Symbole. 8. Tête à queue. Esclaves des Spartiates. 9. Boîtes à voix. Aurochs. 10. Il troqua son droit d’aînesse. Coulis d’air. I 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 II III Proposé par Luc Malher jeux et jardin Côté jardin IV V VI VII VIII IX X Échecs L’Indien Viswanathan Anand remporte le titre mondial Aujourd’hui, près de deux décennies après la chute du système communiste soviétique, « le réservoir » continue de produire la crème des joueurs d’échecs mondiaux. Sur les dix meilleurs, six sont Russes ou nés dans un des pays satellites qui composaient l’URSS. Viswanathan Anand devient le premier champion du monde non russe ou non soviétique depuis l’Américain Bobby Fischer en 1972. Le match pour le titre mondial, ou plutôt le match de « réunification » entre Viswanathan Anand, champion indien de 39 ans, et Vladimir Kramnik, 33 ans, Russe considéré comme le plus solide Grand Maître de la planète, était attendu et espéré depuis longtemps. La confrontation en cadence lente (2 heures pour 40 coups, puis environ 20 coups à l’heure) s’est déroulée à Bonn, en Allemagne, pour une bourse de 1,5 million d’euros. Anand s’impose sur le score de 6,5 à 4,5 points, totalisant 3 victoires, 1 défaite et 7 nulles. Les Noirs jouent et gagnent Solution : 34… Ce 3 ! (le terrible coup raté par Kramnik lorsqu’il a pris un pion au 29e) ; 35.fxe3 (après : 35.h3 Txf1+ 36.Rh2 Txf2–+) ; 35... fxe3 (Kramnik abandonne, il ne peut empêcher... e2–+ suivi de la promotion du pion en Dame.) 0–1. Position issue de la 5e partie Proposé par Éric Birmingham, du match, remportée par maître de la FIDE Viswanathan Anand avec les Noirs. CCASinfos 297 - Janvier 2009