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www.lemonde.fr MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 61 e ANNÉE – N 18681 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE --- CINÉMA « Le Promeneur du Champ-de-Mars » de Robert Guédiguian redonne vie au mythe Mitterrand EXECUTIVE LIFE Le procès civil de Los Angeles pourrait coûter des milliards de dollars à la France p. 16 PROJET FILLON Examen par l’Assemblée nationale et manifestations p. 8 et Débats p. 13 klass jan van der weij Lire pages 2 et 3 alexander jenniches/reuters AU LENDEMAIN de l’attentat à l’explosif qui a coûté la vie, lundi 14 février à Beyrouth, à l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri et à quatorze autres personnes, des consultations devaient avoir lieu mardi au Conseil de sécurité à l’ONU. Dans un texte soutenu par la France, les Etats-Unis ont demandé un « rapport » sur l’assassinat au secrétaire général Kofi Annan. A Paris, M. Chirac a réclamé une enquête internationale. La France et les Etats-Unis avaient parrainé, en septembre, la résolution 1559 exigeant le retrait des troupes syriennes du Liban. Les soupçons se sont naturellement portés sur la Syrie, Rafic Hariri étant devenu l’un des principaux opposants à la présence militaire syrienne depuis son départ du gouvernement, en octobre. Damas a officiellement condamné l’attentat. A Beyrouth, l’ampleur de l’explosion a réveillé les souvenirs de la guerre civile. p. 7 FOOTBALL Le grand club de l’Ajax Amsterdam doit-il renoncer à son image de « club juif » ? p. 12 Radiographie : des images en 3D avec moins de rayons X La Syrie en accusation après l’assassinat d’Hariri p. 25 à 27 DÉMOGRAPHIE En France, près d’un enfant sur deux naît hors mariage FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI Beyrouth, 14 février : une colonne de fumée s’élève des lieux de l’explosion de la voiture piégée, sur le front de mer. Les juges de proximité sur la sellette PROMESSE électorale de Jacques Chirac, inscrite dans la loi en 2002, la création de juges de proximité pour traiter les petits délits, essentiellement les contraventions des quatre premières classes, ne fait pas l’unanimité dans les milieux judiciaires. Depuis septembre 2003, quelque 300 volontaires ont été recrutés pour cette fonction – loin de l’objectif de 3 300 juges de proximité en 2007. Des premiers recrutements se dégage un profil de notables : avocats (pour un tiers d’entre OBTENIR des radiographies à la fois très précises et en trois dimensions du squelette humain sans, pour autant, exposer le corps à des doses importantes de rayons X : c’est désormais possible, grâce au système EOS, développé par l’entreprise Biospace Instruments. La technologie utilisée est issue des travaux réalisés par Georges Charpak, Prix Nobel de physique 1992, sur la détection en temps réel et l’analyse des trajectoires des particules. Présenté mardi 15 février à l’Académie nationale de médecine, le système permet de réduire considérablement les doses de rayons X : de 8 à 10 fois moins que la radiologie conventionnelle en deux dimensions et de 800 à 1 000 fois moins que la tomodensitométrie tridimensionnelle (ou scanner). Les premières machines doivent être livrées en 2006. Elles coûteront environ moitié moins que les scanners dernière génération. eux), anciens magistrats, officiers de police, notaires, cadres juridiques en entreprise. Si les magistrats professionnels soulignent « la bonne volonté » des nouveaux venus, ils s’inquiètent en revanche d’un fréquent manque de formation. En outre, la sélection opérée par le ministère de la justice et le Conseil supérieur de la magistrature n’empêche pas d’évidents conflits d’intérêts, en particulier pour les anciens avocats, cadres de banque ou assureurs reconvertis localement en juges. f 300 volontaires en fonction Lire page 20 réchauffement climatique La lutte contre l’effet de serre devient une réalité dans 141 pays f Les inquiétudes des magistrats f Reportages dans trois tribunaux d’instance Lire page 6 Les manchots homosexuels de Bremerhaven ne veulent pas changer de vie TOUT DROIT arrivées de Suède, les représentantes du beau sexe vont-elles brusquer le cours des événements et convaincre les mâles de s’intéresser à elles ? C’est ce qu’ont voulu savoir les responsables du zoo de Bremerhaven, dans le nordouest de l’Allemagne. Intrigués de voir trois couples de manchots mâles devenir inséparables, puis, faute d’œufs, tenter de faire éclore des pierres, ils ont cherché à vérifier si ces oiseaux étaient homosexuels, ou s’ils s’étaient accouplés entre eux par manque de femelles. La démarche, toute scientifique, n’a pas été au goût de certaines associations gays et lesbiennes, très inquiètes à l’idée que l’on force ces animaux à changer leur nature. Après les mouches, les canards, les éléphants et tant d’autres, voici donc les manchots soupçonnés de mœurs en flagrante contradiction avec l’orthodoxie darwinienne... Ce qui ne surprendra pas le naturaliste américain Bruce Bagemihl, qui recensait dans Biological Exuberance – ouvrage chaudement accueilli par la commu- D’où l’idée, somme toute naturelle, de présenter aux manchots de Bremerhaven quelques femelles afin de tester leur capacité de reproduction... Mais à peine l’information avait-elle filtré dans la presse allemande que les reproches commençaient à pleuvoir. « Un grand nombre de groupes de gays et lesbiennes ont envoyé des courriers électroniques et téléphoné en signe de protestation », a déclaré le porte-parole du zoo. « Personne ici n’essaie de briser par la force des couples du même sexe », a affirmé la directrice de l’établissement, Heike Kueck. Aux dernières nouvelles, les femelles fraîchement débarquées semblaient d’ailleurs n’avoir remporté aucun succès auprès des six mâles concernés. Au point que le zoo prévoit déjà d’héberger deux manchots supplémentaires, certifiés hétérosexuels, afin de ne pas laisser ces reproductrices inactives. LE PROTOCOLE DE KYOTO sur la lutte contre l’effet de serre, signé en 1997 et ratifié par 141 Etats, entre en vigueur mercredi 16 février. Il fixe, pour les pays du Nord, des objectifs de réduction des émissions de gaz et définit, pour ceux du Sud, les moyens d’un développement propre. Les Etats-Unis n’ont pas ratifié ce traité. Est-il applicable ? Qu’implique-t-il pour la France ? Que prévoit-il pour les grands pollueurs de demain, Chine et Inde ? Lire page 4, notre dossier spécial pages I à IV et notre éditorial page 15 Catherine Vincent International La chronique de Daniel Vernet Les Vingt-Cinq face à la révolution Bush p. 15 Psychologie Les couples qui durent p. 23 Pratique Quelle langue vivante choisir au collège ? p. 24 Marchés .................... 18 Aujourd’hui ............. 20 Météorologie........... 24 Jeux........................... 24 Culture...................... 25 Médias...................... 28 Radio-Télévision ..... 29 Faut-il brûler le code du travail ? C’EST une indéniable victoire que le gouvernement a remporté sur les 35 heures, en obtenant de l’Assemblée nationale qu’elle vote, mercredi 9 février, un nouveau texte de loi. Une victoire qui, en apparence, est le résultat d’une habileté : pressé par l’aile libérale de sa majorité ainsi que par Nicolas Sarkozy de ne pas s’en tenir aux premiers assouplissements de janvier 2003, il avait accepté qu’un nouveau texte soit examiné par les députés ; mais, pour ne pas donner le sentiment à l’opinion d’être aux ordres du Medef, il a évité d’être en première ligne. C’est donc au travers d’une proposition de loi, élaborée par l’UMP, que l’Assemblée nationale a voté cette seconde salve d’assouplissements. Le gouvernement peut donc penser avoir fait coup double : les lois Aubry ont été pour de bon mises à mal, au travers des dispositions annoncées (sur le régime du compte épargne-temps, sur le contingent des heures supplémentaires et, surtout – principal sujet de satisfaction du patronat –, sur la possibilité ouverte, par simple accord d’entreprise, de transformer du temps libre en rémunération) ; ni Matignon ni L’Elysée n’en portent pourtant la paternité officielle. * POUR ÊTRE UNIQUE a analyse RENDEZ-VOUS International.............. 2 France-Société........... 6 Carnet ....................... 10 Abonnements.......... 10 Régions ...................... 11 Horizons.................... 12 Entreprises ............... 16 nauté gay lors de sa parution aux Etats-Unis, en 1999 – plus de 300 espèces d’animaux pouvant entretenir des relations homosexuelles. Ni le professeur Keisuke Ueda, spécialiste du comportement animal à l’université Rikkyo de Tokyo, qui comptabilisait en 2004, après enquête dans divers zoos, une vingtaine de couples de manchots de même sexe (mâle ou femelle). Ces amitiés que l’on disait jadis particulières sont-elles répandues dans la nature ? Ou bien surviennent-elles avec une fréquence accrue en captivité, faute pour les palmipèdes d’y trouver un partenaire de sexe opposé ? La question est d’autant plus cruciale aux yeux des responsables du zoo de Bremerhaven que leurs pensionnaires sont des manchots de Humboldt. Une espèce de taille moyenne qui ne vit en liberté que sur la côte Pacifique du Pérou et du Chili, et que le phénomène climatique El Niño, en réchauffant et en appauvrissant son écosystème, rend particulièrement vulnérable. TO BE ONE OF A KIND* PARIS - 35, AVENUE GEORGE V Laurent Mauduit WWW.BRIONI.IT Lire la suite page 15 Afrique CFA 1200 F CFA, Algérie 60 DA, Allemagne 1,70 ¤, Antilles-Guyane 1,80 ¤, Autriche 1,70 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 3 $, Danemark 17 KRD, Espagne 1,80 ¤, Finlande 2,20 ¤, Grande-Bretagne 1,10 £, Grèce 1,70 ¤, Hongrie 460 HUF, Irlande 1,80 ¤, Italie 1,80 ¤, Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 20 KRN, Pays-Bas 1,70 ¤, Portugal cont. 1,80 ¤, Réunion 1,80 ¤, Suède 20 KRS, Suisse 2,50 FS, Tunisie 1,6 DT, USA 2,50 $. 2/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 INTERNATIONAL proche-orient l’armée libanaise s’est déployée, mardi 15 février au matin, aux grands carrefours et devant les bâtiments publics de beyrouth, au lendemain de l’assassinat de l’ancien premier ministre, Rafic Hariri. L’attentat a fait 15 morts et 137 blessés. Des consultations devaient avoir lieu, mardi après-midi, au Conseil de sécurité des Nations unies. Les Etats-Unis ont soumis au Conseil un texte, appuyé par la Fran- ce, qui demande un « rapport » au secrétaire général de l’ONU. La Syrie est au centre des interrogations internationales à propos de cet attentat. Paris et Washington avaient été à l’origine d’une résolution des Nations unies, le 2 septembre 2004, réclamant le départ des troupes syriennes déployées dans le pays du Cèdre, une exigence que Damas rejette fermement. Les Nations unies sont saisies de l’assassinat de Rafic Hariri Le Conseil de sécurité devait examiner, mardi, les demandes française et américaine d’enquête internationale sur l’attentat qui a coûté la vie, la veille, à l’ancien premier ministre libanais et à quatorze autres personnes à Beyrouth. La Syrie est au centre des soupçons PARMI les condamnations internationales qui ont suivi l’assassinat de Rafic Hariri, lundi 14 février, celles de Paris et de Washington ont été particulièrement fermes, la France réclamant une enquête internationale pour identifier les responsables de l’attentat, et les Etats-Unis appelant l’ONU à les « punir ». Des consultations devaient avoir lieu, mardi, au Conseil de sécurité de l’ONU à New York. Les Etats-Unis ont préparé pour cette réunion un texte, appuyé par la France, qui demande un « rapport » au secrétaire général, Kofi Annan, ce qui est une manière de réclamer une enquête. La France et les Etats-Unis sont les deux pays qui, en septembre, ont parrainé la résolution 1559 du Conseil de sécurité réclamant le rétablissement de la souveraineté de ce pays et exigeant le retrait des troupes syriennes. L’indignation exprimée, lundi en début d’après-midi à Paris, dans un communiqué de l’Elysée est à la mesure de l’amitié qui, de notoriété publique, liait Jacques Chirac à l’ancien premier ministre libanais. Le président français a reçu de très nombreuses fois à l’Elysée celui qui a dirigé cinq gouvernements au Liban entre 1992 et 2004 ; c’est Jacques Chirac qui avait organisé, il y a quelques années, un plan exceptionnel de sauvetage financier du Liban dirigé par Rafic Hariri. Cet attentat « suscite l’horreur et l’indignation » ; la France « demande qu’une enquête internationale soit conduite sans délai pour déterminer les circonstances et les responsabilités avait démissionné, en octobre 2004. « A quelques semaines d’élections législatives considérées comme un test pour l’avenir du Liban, l’attentat a pris pour cible celui qui était l’un des principaux rassembleurs pour l’affirmation de l’indépendance et de la souveraineté du pays », ajoute-t-il. C’est la tournure prise par l’ingérence syrienne au Liban cet automne, « en rupture avec le processus engagé dans les années 1990 », qui a poussé la France à saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, en septembre 2004, de concert avec les EtatsUnis. La France a toujours affirmé défendre « l’indépendance et la souveraineté » du Liban. Au nom de ce principe, elle a reconnu, dans les années 1990, la légitimité de la « résistance » du Hezbollah contre l’armée israélienne au Liban sud : de cette tragédie, avant d’en punir les coupables. Elle en suivra le déroulement avec vigilance », dit le communiqué de l’Elysée. « La France rend hommage à celui qui incarnait la volonté indéfectible d’indépendance, de liberté et de démocratie du Liban », poursuit la présidence. « Nous ne laisserons pas tomber, nous n’accepterons pas qu’on fasse comme s’il était impossible de savoir qui est responsable », explique un diplomate français. Tout en assurant que la France n’a « aucun élément sur l’origine de l’attentat », il rappelle que c’est en raison de « pressions syriennes devenues trop fortes » – une modification de la Constitution libanaise pour permettre au président prosyrien, Emile Lahoud, de voir son mandat prorogé de trois ans – que Rafic Hariri Funérailles nationales et revendication mystérieuse BEYROUTH de notre correspondant L’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri, a été tué, lundi 14 février, dans un attentat vraisemblablement perpétré à la voiture piégée, à la lisière du centre-ville de Beyrouth. L’explosion, d’une rare violence, a fait 15 morts, dont plusieurs de ses gardes du corps, et 137 blessés, parmi lesquels le député Bassel Fuleihan. Les déplacements de M. Hariri étaient pourtant toujours entourés d’importantes mesures de sécurité. Trois convois identiques démarraient simultanément pour arriver à destination par trois itinéraires différents, sans que l’on sache dans lequel se trouvait l’ancien premier ministre. L’attentat a aussitôt remis en mémoire celui qui, il y a quatre mois, avait visé le député de l’opposition et ancien ministre Marouan Hamadé. Celui-ci a déclaré, lundi : « Tout cela commence à Damas, passe par Baabda [siège de la présidence de la République), par le gouvernement et par les services de renseignement libanais. » Lundi soir, c’est au domicile de Rafic Hariri que l’opposition, dont il faisait partie, s’est réunie et a publié un communiqué imputant aux autorités libanaises et à leur tuteur syrien la responsabilité de l’assassinat. Elle a réclamé une commission internationale d’enquête et décrété trois jours de grève. De leur côté, les députés du groupe Hariri, qui ne font pas partie formellement de l’opposition, ont annoncé qu’ils ne participeraient à aucune des cérémonies qu’organiserait l’Etat pour leur leader. La famille de ce dernier a fait savoir qu’elle ne souhaitait la participation d’aucune personnalité officielle libanaise aux obsèques, prévues mercredi 16 février. Le gouvernement joue l’apaisement. Il a saisi la Haute Cour pour qu’elle décrète trois jours de deuil et des funérailles nationales. Quelques heures après l’attentat, la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira a diffusé une revendication émanant d’un groupuscule inconnu, le « Groupe pour la victoire et la guerre sainte dans la Grande Syrie », qui affirme que Rafic Hariri a payé pour ses amitiés saoudiennes. Avec une célérité surprenante, une reconnaissance qui la distingue des positions américaines et à laquelle Jacques Chirac n’a pas renoncé, comme cela est apparu, lundi, lors de l’entretien qu’il a eu à l’Elysée avec le ministre israélien des affaires étrangères, Sylvan Shalom, peu de temps avant l’annonce de la mort de Rafic Hariri. A Washington, le porte-parole de la Maison Blanche, Scott McClellan, s’est également refusé, lundi, à incriminer quiconque directement pour l’attentat de Beyrouth, sans pour autant dissimuler les soupçons qui pèsent sur la Syrie. « Il est trop tôt pour dire qui est le responsable de cette agression, mais nous continuons d’être préoccupés par l’occupation étrangère du Liban », a-t-il déclaré. Les Etats-Unis vont « examiner » avec le Conseil de sécurité de l’ONU et « d’autres gouvernements de la région les mesures qui peuvent être prises pour punir les responsables de cette attaque terroriste (…) et pour restaurer l’indépendance, la souveraineté et la démocratie du Liban, libre de toute occupation étrangère », a-t-il déclaré. Plusieurs dirigeants européens, de même que le représentant de l’Union européenne, Javier Solana, ont rejoint la France pour demander une enquête internationale. Dans la région, l’attentat a été condamné par l’Autorité palestinienne, par la Ligue arabe, par le premier ministre irakien, Iyad Allaoui, par l’Iran et par le président syrien, Bachar Al-Assad, qui a stigmatisé ce « terrible acte criminel ». Claire Tréan Les souvenirs de la guerre civile soudain réveillés BEYROUTH de notre envoyé spécial la police a affirmé en avoir identifié l’auteur, Ahmed Tayssir Abou Adass, un Palestinien de 22 ans. Une perquisition a été aussitôt conduite à son domicile, où divers documents et un ordinateur auraient été saisis. Le dénommé Abou Adass a disparu. Cette revendication et ses suites ont suscité un scepticisme général. Dans un pays sous haute surveillance internationale depuis le vote, par le Conseil de sécurité de l’ONU, de la résolution 1559, tout le monde donne l’impression de jouer son va-tout : le pouvoir, qui, en se drapant dans une souveraineté confisquée de longue date par la Syrie, rejette l’intrusion étrangère ; l’opposition, qui pense disposer d’une chance unique pour se débarrasser de la tutelle syrienne ; et la Syrie, décidée à s’accrocher au Liban tout en donnant des gages aux Etats-Unis concernant l’Irak. Le président syrien, Bachar Al-Assad, et d’autres responsables syriens ont vivement condamné l’assassinat de Rafic Hariri. Dans la nuit, les engins d’excavation continuent leur besogne sous la lumière crue de projecteurs. Un camion militaire s’éloigne de la zone bouclée par l’armée, chargé de deux véhicules cabossés. D’autres attendent sur des remorques. Il s’agit des derniers restes du convoi frappé en milieu de journée, lundi 14 février, par une puissante charge d’explosifs, dans le quartier des hôtels de Beyrouth, à quelques centaines de mètres seulement de la corniche qui longe la Méditerranée. La façade de l’Hôtel Saint-Georges, un symbole du Beyrouth d’avant la guerre civile, en cours de restauration, n’est plus qu’un squelette. A ses pieds, la bombe a creusé un profond cratère. Partout dans le quartier, les rues sont jonchées de débris de verre. Aucun bâtiment alentour n’a été épargné par le souffle de l’explosion et, de loin en loin, des stores démantibulés pendent à des fenêtres béantes. Après l’attentat et ses scènes ravivant les souvenirs de la guerre civile, une chape de plomb s’est abattue sur Beyrouth. La ville est vide et silencieuse. Près des lieux du drame, les boîtes de nuit ont fermé ce soir leurs portes, tout comme, auparavant, les magasins du centre-ville. Après l’annonce de la mort de l’ancien premier ministre Rafic Hariri et d’une dizaine d’autres personnes, des manifestants ont saccagé le siège d’un parti prosyrien, brisant au passage les vitrines de boutiques voisines. Les quelques rares taxis qui sillonnent la ville ne Lucien George croisent que des Jeep de l’armée libanaise en patrouille. Dans le quartier de Kouraitem, des agents de sécurité, la mine sombre, montent la garde derrière des barrières métalliques qui commandent l’accès au domicile de M. Hariri. La flamme de bougies déposées sur des plots de béton tremble dans la nuit. Un peu plus tôt, quelques dizaines de ses partisans s’étaient rassemblés là pour lui rendre un premier hommage, au cri de « On ne veut plus de la Syrie ! », à laquelle ils imputent l’attentat. carcasses métalliques Noyée parmi d’autres véhicules roulant à vive allure, la voiture blindée dans laquelle avait pris place Rafic Hariri a sauté alors que le convoi rentrait du Parlement libanais en direction de Kouraitem. Brouillages d’ondes contre les systèmes télécommandés, trajets sans cesse modifiés, un luxe de précautions entourait pourtant les déplacements de l’ancien premier ministre. Le cratère creusé dans la rue peut laisser penser à une mine, mais on ne savait pas, mardi, si ce n’était pas plutôt une voiture piégée qui avait provoqué l’explosion. Les carcasses métalliques broyées et les corps calcinés qui ont défilé sur les écrans de télévision libanais ne laissent en revanche aucun doute sur la détermination et le savoir-faire des auteurs de l’attentat. Ils ont frappé précisément dans le Beyrouth reconstruit dont M. Hariri s’était fait le grand architecte. Gilles Paris Entrepreneur fortuné, M. Hariri avait mené, sous l’œil de Damas, la reconstruction du pays RIEN, dans la tradition politique du Liban, ne prédestinait Rafic Hariri à devenir un jour premier ministre. Sunnite, il l’était, comme doit l’être tout chef de gouverne- portrait Des Saoud à Jacques Chirac, l’ex-premier ministre s’était ménagé de nombreuses amitiés ment libanais, conformément au Pacte national de 1943, confirmé par les accords interlibanais de Taëf de 1989. Mais, né en novem- bre 1944, dans une famille modeste de paysans de la région de Saïda, chef-lieu du Liban sud, il n’appartenait pas à l’une de ces grandes familles dont les fils se sont succédé à la tête des gouvernements libanais depuis l’indépendance. Petit entrepreneur en bâtiment, il aurait pu se contenter de profiter d’une réussite professionnelle qui lui a permis de devenir, sinon milliardaire, comme le veut la rumeur qui, dans cette région plus qu’ailleurs, a tendance à amplifier la réalité, en tout cas sûrement multimillionnaire. Mais Rafic Hariri, qui a trouvé la mort, lundi 14 février, dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth, estimait de toute évidence que l’entrée et le succès en politi- que achèveraient de combler une vie que la chance et une impressionnante capacité de travail avaient rendue riche en rebondissements heureux. La guerre intestine qui a déchiré le pays du Cèdre, entre 1975 et 1990, allait lui offrir l’occasion de se faire connaître, de nouer des alliances à l’intérieur de son pays et d’enrichir son carnet d’adresses international, se donnant ainsi les moyens de faire en sorte que son souhait le plus cher soit enfin comblé. coup de maître La chance commence à lui sourire lorsque, après quelques années passées au poste d’expert-comptable d’une entreprise d’agrumes, il décide, en 1967, comme de nombreux compatriotes et d’autres ressortissants arabes, de tenter d’aller faire fortune en Arabie saoudite, pays par excellence de l’or noir. Il fait mouche, dans un royaume où tout est à construire et où ce ne sont pas les moyens qui manquent. Mais son coup de maître aura été de relever un défi posé par le prince héritier saoudien – et futur roi – Fahd, qui lui demande, en 1980, de construire en un temps record un centre de conférences pour accueillir un sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Sa fortune est faite et ira désormais grandissant. Ses liens avec la famille royale, en particulier avec l’un des fils du roi Fahd, et ses moyens financiers lui donnent les clés d’une ascension rapide. Fait rarissime, il est même naturalisé saoudien. Bien que n’ayant pas fait d’études supérieures, Rafic Hariri, tout en main- nabil ismail/ap Grâce à ses nombreux contacts nationaux et internationaux, l’homme d’affaires était devenu un personnage central de la scène politique libanaise tenant ses activités dans le royaume wahabbite, aura le flair et l’intelligence de diversifier, par la suite, ses sources de revenus. Lorsque, en 1978, il revient dans un Liban en guerre depuis trois ans, il ne prend position pour aucun des clans en conflit. Il maintient le contact avec tous les protagonistes et se lie d’amitié avec Johnny Abdo, toutpuissant chef du deuxième bureau de l’armée (services de renseignement militaires). Généreux, il aide déjà les familles nécessiteuses, en particulier les milliers de réfugiés chassés de leurs foyers par l’invasion israélienne de la partie sud du pays. En 1982, il crée une fondation qui porte son nom et qui distribue des bourses aux élèves brillants des milieux défavorisés. Lorsque, la même année, l’armée israélienne envahit le pays jusqu’à Beyrouth, avec l’accord des milices chrétiennes des Forces libanaises, Rafic Hariri, à la différence des autres personnalités politiques musulmanes, maintient indirectement le contact avec les premières, via Johnny Abdo, tout en entretenant des liens étroits avec le camp adverse. Lorsque, par le biais de ses alliés au Liban, la Syrie réussit à faire annuler l’accord de paix libanoisraélien conclu en 1983, Rafic Hariri comprend que rien ne peut se faire au Liban sans l’aval de Damas. Dans le même temps, ses amitiés saoudiennes le mettent en contact avec les Etats-Unis. En 1984 s’ouvrent à Genève, puis à Lausanne, des conférences interlibanaises destinées à réconcilier les frères ennemis. Rafic Hariri y assiste, alors qu’il se tient à distance de tous. Cinq ans plus tard, il contribue à la conclusion des accords interlibanais de Taëf, qui mettent fin à la guerre civile. critiques acerbes En 1992, grâce aux liens qu’il a établis avec toutes les parties qui comptent, au plan intérieur comme au niveau international, Rafic Hariri apparaît aux yeux de la Syrie, qui tient toujours le Liban sous sa coupe, comme l’homme idoine pour présider un gouvernement dont la première tâche est de reconstruire le pays. Rafic Hariri, qui se maintiendra dans ses fonctions de premier ministre jusqu’en 1998, s’y attelle, n’hésitant pas à mettre son carnet d’adresses au service du Liban, quitte à contracter une dette extérieure de plus en plus lourde. Dans le même temps, il n’oublie jamais ses intérêts propres et étend son empire immobilier, ce qui lui vaudra les critiques acerbes de ses détracteurs. Après une « traversée du désert » de deux ans, il est à nouveau nommé premier ministre, en 2000, et le restera jusqu’en octobre 2004. Durant ces quatre ans, Rafic Hariri et Emile Lahoud, président de la République, se livrent en permanence une guerre à fleurets à peine mouchetés, bien qu’ils doivent tous deux à la Syrie de les avoir fait rois. Le tropisme français de Rafic Hariri et son amitié avec le président Jacques Chirac datent du milieu des années 1980. Ils ont contribué grandement à aider le Liban. C’est dans l’intérêt de ce petit pays que Paris a mis de l’huile dans les rouages de ses liens avec Damas ; et c’est pour permettre à Beyrouth d’éviter l’asphyxie financière qu’en 2002, à l’initiative de la France, la communauté financière internationale (Banque mondiale, Banque européenne d’investissement, Commission européenne) a alloué au Liban, sans conditions, 500 millions d’euros, dont 30 % à titre de dons, le reste étant constitué de prêts à taux préférentiels, pour peu que Beyrouth engage des réformes économiques. Le Liban ploie alors sous une dette de quelque 25 milliards de dollars, représentant entre 140 % et 160 % de son produit intérieur brut (PIB). Jusqu’en 2004, Rafic Hariri s’était abstenu d’entrer en conflit direct avec Damas. La prorogation, grâce à un bricolage constitutionnel, du mandat du président Lahoud, sur injonction de la Syrie, avait provoqué la rupture. Rafic Hariri, qui l’avait finalement approuvée contre son gré, avait démissionné et rejoint le camp, de plus en plus nombreux, de l’opposition. Mouna Naïm LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/3 INTERNATIONAL Dans le nord de l’Irak, Mossoul est au bord de la guerre civile Les accrochages se multiplient entre forces kurdes et guérilla sunnite MOSSOUL de notre envoyée spéciale Sardar Herki franchit chaque matin le check-point kurde qui contrôle l’entrée est de Mossoul. reportage a.p. « Nous nous battons contre un ennemi invisible, une armée de fantômes… » Un cratère de 5 mètres de diamètre DEVANT l’Hôtel Saint-Georges, à Beyrouth, en bordure de la Méditerranée, un cratère de 5 mètres de diamètre et de 2 mètres de profondeur atteste de la puissance de l’explosion et du « savoir-faire » des auteurs de l’attentat qui a coûté la vie, lundi 14 février, à l’an- cien premier ministre libanais, Rafic Hariri. La déflagration, qui s’est produite au passage de son convoi, a tué 15 personnes et fait 137 blessés. L’attentat fait craindre un regain de violence dans un pays encore meurtri par le souvenir des années de guerre civile (1975-1990). Depuis sa démission, l’ex-premier ministre libanais réclamait le retrait des troupes syriennes Rafic Hariri avait rejoint l’opposition en octobre 2004 DIMANCHE 13 février, le journal de Futur TV, la télévision de l’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri, a consacré près d’une demiheure à un événement qui, en d’autres temps, aurait tenu du fait divers anecdotique, mais qui, dans le contexte actuel du Liban, revêt un caractère hautement politique. Il s’agit de l’interpellation de trois Libanais, parmi lesquels un septuagénaire, accusés d’avoir… distribué des gallons d’huile d’olive à des familles nécessiteuses. Comme par hasard, les trois hommes sont membres d’une association de bienfaisance créée il y a une vingtaine d’années par M. Hariri et qui, en particulier à l’occasion des fêtes musulmanes, distribue des rations alimentaires à des familles nécessiteuses, conformément à la zakat, cette forme d’impôt que tout musulman se doit de verser, en espèces ou en nature, pour aider les plus pauvres… L’interpellation des trois hommes, qui devaient être interrogés une nouvelle fois, lundi 14 février, et qui se sont vu retirer leurs passeports, est une première dans un pays où, en raison de la crise économique et des graves carences de l’Etat dans le domaine des services sociaux, il existe des dizaines d’associations de bienfaisance créées par des particuliers ou par des institutions relevant de différentes communautés religieuses. Les autorités libanaises veulent prouver que, par le biais de la bienfaisance, l’ex-premier ministre cherchait à gagner des voix dans la perspective des élections législatives prévues au printemps. Et ce, alors que, s’il avait été candidat, Rafic Hariri l’aurait été pour la région de Beyrouth, tandis que ses activités charitables couvrent l’ensemble du pays, du nord au sud. L’ancien premier ministre était, en réalité, « coupable » d’être entré dans l’opposition au pouvoir inféodé à la Syrie. Depuis sa démission, en octobre 2004, il réclamait, à l’unisson de plusieurs personnalités libanaises de toutes confessions, le retrait des forces syriennes du Liban. Avant même de quitter la présidence du conseil, il s’était déclaré opposé au projet de reconduction dans ses fonctions du président de la République, Emile Lahoud, avec lequel il entretenait des relations tendues. Lorsque Damas avait exigé la prorogation, pour trois ans, du mandat de M. Lahoud, au prix d’un bricolage constitutionnel, M. Hariri avait fini par donner son accord, mais à contrecœur. Selon des sources sûres, Damas l’avait prévenu qu’il ne resterait pas pierre sur pierre au Liban si ses exigences n’étaient pas satisfaites. Une fois M. Lahoud reconduit L’hostilité à la tutelle imposée à Beyrouth par Damas grandit dans le pays dans ses fonctions, M. Hariri avait démissionné des siennes et avait rejoint les rangs de l’opposition à l’ingérence syrienne à tous les échelons de la vie politique et administrative libanaise. D’abord confinée à la communauté chrétienne, cette opposition a gagné des secteurs de plus en plus larges de la population, toutes appartenances communautaires confondues, avant que des personnalités politiques pourtant considérées comme proches de la Syrie, tels le leader druze Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste (PSP), et Rafic Hariri, la rejoignent. Autre nouveauté : les opposants n’hésitent plus à afficher publiquement leur hostilité à la tutelle syrienne. Tout en se disant favorables à des liens étroits avec Damas, ils réclament le respect des accords interlibanais de Taëf, conclus en 1989, selon lesquels les troupes syriennes devaient se retirer, en deux temps, du Liban deux ans après que les armes se seraient tues dans ce pays. Or, quinze ans après la fin de la guerre interlibanaise, la Syrie maintient toujours des troupes au Liban et y dicte aussi sa loi. En septembre 2004, peu après l’adoption par le Congrès américain de sanctions économiques contre Damas pour l’obliger, entre autres, à cesser son ingérence – selon Washington – en Irak, et mettre fin à sa tutelle sur le Liban, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 1559, qui exige implicitement le retrait des quelque 14 000 soldats que Damas maintient au Liban et la fin de l’ingérence dans les affaires intérieures de ce pays. La résolution était parrainée par la France et par les Etats-Unis. Les « amis » libanais de Damas se sont aussitôt fait entendre, se faisant les hérauts de la souveraineté libanaise et accusant les opposants de trahison et de collusion avec Paris et Washington. Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, a chargé le Norvégien Terje Roed-Larsen de suivre la mise en application de la résolution 1559. M. Larsen, qui vient d’effectuer un séjour à Beyrouth et à Damas, où il a rencontré toutes les parties, y compris le président syrien, Bachar Al-Assad, est chargé d’élaborer un rapport qui sera présenté en avril au Conseil de sécurité. Le 1er octobre, l’ancien ministre de l’économie Marouan Hamadé, très lié à la fois à M. Joumblatt et à M. Hariri, était victime d’un attentat à la voiture piégée dans lequel il a été grièvement blessé. Plus de quatre mois plus tard, il n’est pas encore remis de ce choc. Quant aux enquêtes diligentées après des attentats ou des meurtres politiques, il est rarissime qu’elles aboutissent, au Liban, à quelque résultat que ce soit. M. Na. La résolution 1559 de l’ONU et les accords de Taëf b La résolution 1559, d’inspiration franco-américaine, adoptée le 2 septembre 2004, dispose notamment que le Conseil de sécurité de l’ONU : « Demande à nouveau que soient strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du gouvernement libanais (…) » ; « Demande instamment à toutes les forces étrangères qui y sont encore de se retirer du Liban » ; « Demande que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées » ; « Soutient l’extension du contrôle exercé par le gouvernement libanais à l’ensemble du territoire ». b Les accords de Taëf, conclus le 22 octobre 1989, prévoient entre autres que : « (…) Les forces syriennes aideront le gouvernement libanais légitime à étendre son autorité dans un délai maximal de deux ans, à compter de l’élection d’un président de la République, de la formation d’un gouvernement d’entente nationale et de l’adoption de réformes (…) » ; Au terme de cette période, les deux gouvernements « décideront de redéployer les forces syriennes dans la région de la Bekaa [Est] (…) et si nécessaire en d’autres points ». Un accord bilatéral devra « déterminer la durée de la présence des forces syriennes dans cette région et leur nombre ». Depuis plus d’un an, ses responsabilités dans la plus large base militaire kurde de la ville lui imposent des allers-retours entre Erbil, au Kurdistan, et Mossoul, sans que cette routine n’ait réussi à apaiser ses appréhensions. « Au-delà de cette barrière, murmure-t-il, c’est l’état de guerre permanent… » Mossoul, troisième ville d’Irak avec presque 2 millions d’habitants, rassemble une majorité sunnite, une forte minorité kurde, des communautés chrétienne, turcomane, yazidi… et du pétrole. Autant d’éléments qui ont participé à bâtir sa richesse économique et culturelle, et qui l’ont aujourd’hui transformée en poudrière. « C’est sûr, pense Sardar, si Mossoul sombre dans la guerre civile, c’est toute la région qui sera mise à feu et à sang. » A l’est du Tigre, qui coupe la cité en deux, s’étend la zone protégée par les Kurdes. L’UPK (Union patriotique du Kurdistan) y est majoritaire, précise Sardar. Si, au Kurdistan, les deux partis kurdes, l’UPK et le PDK, sont rivaux, « à Mossoul, à Kirkouk, et dans toutes les villes où nous faisons face à un ennemi commun, nous sommes unis comme des frères », ajoute-t-il. L'« ennemi », c’est la guérilla, de l’autre côté du fleuve, dans la ville arabe sunnite. En novembre 2004, elle s’est brièvement emparée des postes de police, provoquant la désertion en masse des agents de sécurité, et le chaos. Le 21 décembre, un kamikaze déguisé en militaire irakien a infligé aux Américains leurs plus lourdes pertes – 22 morts, dont 14 soldats et 72 blessés – depuis la fin officielle de la guerre en Irak. renforts militaires D’importants renforts militaires n’ont apporté qu’un bref instant de répit. Les assauts ont repris, quotidiens. Dimanche 13 février, par exemple, deux attaques, dont une contre la maison du gouverneur, ont coûté la vie à six habitants. La veille, une base américaine de Mossoul avait essuyé des tirs d’obus de mortier. Dans la riposte, 9 moudjahidins ont été tués. Pour Sardar, ces nouvelles sont devenues une autre routine. « Nous avons dû augmenter nos effectifs, explique-t-il, car la guérilla harcèle aussi nos positions. Il y a aujourd’hui plus de 4 000 peshmergas, dont une partie sous l’uniforme de la Garde nationale irakienne. Cela mécontente la population arabe, qui y voit une provocation, mais il faut bien se défendre… » Dans le quartier de Taamim, les murs extérieurs du quartier général de l’UPK sont criblés de balles. A l’intérieur, 400 peshmergas fraîchement débarqués de Souleimaniyé. L’un d’eux explique qu’ils ont été sélectionnés en fonction de leur « valeur guerrière ». Le commandant Aziz confirme : « La vie dure, ça nous connaît ! Nous sommes là pour dire aux gens de Mossoul ne plus avoir peur. » Ces bâtiments sont également le lieu où les représentants de toutes les communautés se rencontrent pour se plaindre ou discuter politique. Il y a par exemple Ido, le fils de Baba Cheikh, éminent membre du clergé yazidi. « Les Yazidis vivent la pire des situations, se lamente-t-il. Ils sont kurdes et leur religion n’est pas reconnue par l’islam. Cela fait d’eux une cible prioritaire. » Il raconte : « Il y a deux semaines, des ouvriers yazidis ont pris un taxi. Le chauffeur les a vendus à un groupe de terroristes qui les a froidement assassinés ! » Malgré la présence de 8 000 soldats américains et gardes nationaux irakiens patrouillant dans la ville, la participation aux élections a été faible (17 %). Mais l’Est, mieux préparé, a pu voter davantage. Pour savoir ce qui se passe à l’ouest, il faut se contenter du témoignage des derniers journalistes qui ont osé aller voir. « La situation est devenue incontrôlable, affirme un journaliste algérien. Chaque rue est sous la coupe d’un “émir” qui impose sa loi. » Une famille arabe refuse tout net l’éventualité d’une rencontre : « Pour le bien et la sécurité de tous, ne venez pas ! » A l’ouest règne la terreur. Une terreur qui fait des incursions à l’est, sous la forme de cadavres abandonnés dans les rues et de lettres de menaces. Comme à Bagdad, la guérilla inonde la ville de DVD exaltant ses actions contre « l’occupant américain » et montrant le sort réservé aux « traîtres collaborateurs ». Cela fonctionne si bien que les peshmergas sont persuadés que, quand un Kurde tombe entre leurs mains, on lui coupe non pas le cou, mais la nuque « parce que c’est plus douloureux ». « Le problème, explique Harem ses alliés ont décidé de mettre en place leur propre propagande. Ainsi, les « terroristes » capturés doivent passer aux aveux devant les caméras, dans des émissions diffusées ensuite dans la ville. « On veut prouver aux habitants que ces genslà ne s’en tirent pas impunément », explique Harem. Le 2 février, le chef de la police, Mohammed Ahmed Al-Djabouri, a fait une allocution télévisée jugée très courageuse, en lançant : « Déposez les armes ou nous viendrons vous chercher. Nous savons où vous vous cachez et vous ne nous faites pas peur ! » tracts rebelles La réaction des rebelles n’a pas tardé, sous forme de tracts distribués dans les mosquées. Sur l’un d’eux, un texte signé par six groupes de la « Résistance de Mossoul » annonce leur fusion sous un commandement militaire unique et prévient : « Nous possédons une nouvelle arme, la roquette El-Farouq-1, d’une portée de 26 km, Meurtres et enlèvements se poursuivent Depuis la publication des résultats des élections, dimanche 13 février, les attaques se sont poursuivies en Irak, faisant au moins 19 morts, alors que cinq soldats ont été enlevés. Une rançon de 4 millions de dollars a, d’autre part, été réclamée pour la libération de Minas Ibrahim Al-Youssoufi, secrétaire général du Parti démocratique chrétien, enlevé le 28 janvier. A Bagdad, deux colonels et deux soldats irakiens ont été tués dans leur voiture dans le quartier de Kadimiya, ainsi qu’un policier dans celui de Chaab. Dans celui d’AlAmriya, deux officiers de la brigade criminelle ont aussi été tués. Un autre a succombé sous les tirs d’inconnus. Un soldat américain a été tué et trois autres ont été blessés dans l’explosion d’une bombe, lundi, près de Baaqouba. Près de Kirkouk, un gazoduc et un oléoduc ont été sabotés. – (AFP.) Khurshed, un autre responsable du quartier général de l’UPK à Taamim, c’est que nous nous battons contre une armée de fantômes, un ennemi invisible qui attaque puis disparaît dans les maisons ou l’anonymat des villages alentours. Nous mettons régulièrement sous les verrous 100 ou 200 types que nous connaissons parce qu’ils étaient des baassistes notoires sous Saddam. La seule arme efficace, c’est le renseignement ; malheureusement, nos services restent insuffisants. » Une unité Asaïsh – « Sécurité » – comprenant des éléments de toutes les communautés, chargée de s’infiltrer et de collecter les informations, travaillerait en étroite relation avec les Américains. Et pour combattre la terreur, l’UPK et que nous fabriquons nous-mêmes. Nous n’hésiterons pas à nous en servir ! » Selon l’ultimatum du chef de la police, les armes devront être remises avant le 15 février. Un homme resté silencieux interrompt la conversation. « Il y a une chose que je ne comprends pas, s’exclame-t-il. Tout le monde parle de la possibilité d’une guerre civile, et à quel point ce serait une catastrophe. Pourtant, on ne dit plus “Mossoul”, mais “l’ouest” ou “l’est”. Nous savons que la ville est bourrée d’armes. Les minorités fuient, et il y a de nouveaux morts chaque jour. N’est-ce pas cela qu’on appelle une guerre civile ? » Cécile Hennion 4/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 INTERNATIONAL La France veut aller au-delà des objectifs fixés par Kyoto Alors que le protocole sur la réduction des gaz à effet de serre entre en vigueur mercredi 16 février, Jacques Chirac propose de diviser par quatre les émissions de CO2 d’ici à 2050. La Grande-Bretagne est aussi déterminée à faire plus Cheveux clairsemés? Crescina arrive En pharmacie Crescina Croissance hésite à reprendre à son compte cette mesure. La position de la France, venant après celle de la Grande-Bretagne, pourrait faire pencher la balance. Le document préparatoire au Conseil européen qui doit réunir les chefs des Etats membres, en mars, inclut cet objectif : « Le groupe des pays industriali- émergents, au premier rang desquels la Chine. L’absence d’engagement de celle-ci dans le Protocole de Kyoto est un des motifs du refus du traité par M. Bush. Londres a donc fixé trois buts au G8, afin de retrouver des dénominateurs communs à tous : établir « une solide fondation sur la science » ; « trouver un accord sur le développement de la technologie et d’autres mesures » ; « engager les pays n’appartenant pas au G8 et ayant des besoins croissants d’énergie, tels la Chine et l’Inde » sur la façon de les satisfaire d’une manière supportable. M. Chirac évoquera la question du climat avec M. Bush, qu’il rencontrera le 21 février à Bruxelles. « Notre premier objectif cette année, a indiqué le président de la République, doit être de réengager les Etats-Unis dans l’effort international de lutte contre le changement climatique. » Mais l’objectif de diminuer par quatre les émissions en 2050 ne risque-t-il pas de faire l’effet d’un chiffon rouge sur le président Bush ? C’est la question qui se pose à Bruxelles, où l’Union européenne Le président évoquera la question du climat avec M. Bush, qu’il rencontrera le 21 février à Bruxelles sés devrait envisager des stratégies pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre de plus de 15 % en 2020 et de 60 % à 80 % en 2050, par rapport aux niveaux de 1990. » Si certains hésitent à prendre cet engagement qui pourrait braquer les Etats-Unis, d’autres pensent qu’il est indispensable pour faire venir les grands pays du Sud dans le processus de Kyoto et de réduction des émissions. D’ores et déjà, la Chine rejette dans l’atmosphère plus de gaz carbonique (3 270 millions de tonnes en 2002) que l’Union européenne (3 207). Si l’Europe confirme qu’elle est prête à aller plus loin que ses engagements de Kyoto, elle devrait avoir un effet d’entraînement sur les grands pays du Sud. Les Européens auront donc à choisir : apaiser les EtatsUnis ou convaincre la Chine ? Indépendamment de cet effet d’affichage, la France et la GrandeBretagne auront à prouver qu’elles sont capables de tenir leurs promesses. Dans ses conclusions, mardi matin, M. Chirac préconise « la réhabilitation énergétique des habitats anciens », « une réflexion particulière sur le transport aérien, qui doit assumer sa part de l’effort de réduction des émissions », le « renforcement des normes existantes » sur les véhicules automobiles. Il n’est pas certain que de telles actions soient à la mesure des réductions envisagées. M. Blair a ainsi renvoyé aux calendes l’idée d’une taxe sur les émissions de gaz carbonique par les avions. « Combien de responsables politiques confrontés à une élection voteraient pour mettre un terme aux voyages à bas prix ? », a-t-il remarqué devant les Communes le 8 février. La politique française en matière de changement climatique n’est pas, elle non plus, exemplaire. Selon le Parti socialiste, qui devait présenter, mardi après-midi, un « Livre noir des politiques de la droite en matière d’environnement », le gouvernement manifeste une « passivité complète » sur le sujet du changement climatique. Le PS dénonce notamment la forte réduction des crédits pour financer les transports collectifs, le recul du service public ferroviaire et le développement du transport routier de marchandises. Hervé Kempf RECTIFICATIF. Dans notre dossier « Kyoto, An I », pages I à IV, le tableau de la page II comporte une erreur. Les émissions de CO2 des dix premiers pollueurs sont évaluées en millions de tonnes, et non en milliards comme indiqué. a L’Onerc note que « rien n’existe » pour s’adapter au changement de climat EN DÉCLARANT que, d’ici la fin du siècle, la canicule de 2003 apparaîtrait comme un « été frais », l’ancienne ministre de l’écologie Roselyne Bachelot avait suscité quelque émoi. Il est trop tôt pour savoir si sa prophétie se réalisera, mais la majorité des experts s’accordent pour considérer que le réchauffement est en marche. C’est la conviction de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), placé sous la tutelle du ministère de l’écologie, et qui devait présenter son premier rapport au président Chirac, mardi 15 février. « Ce qui m’inquiète, c’est l’inconscience de l’opinion et des décideurs sur la question », insiste Paul Vergès, sénateur (PCR) de la Réunion et président de l’Onerc. « Dès maintenant, on doit étudier comment adapter l’aménagement du territoire, l’architecture, la gestion de l’eau, etc., à ces changements », plaide-t-il. Or, « en matière d’adaptation au réchauffement climatique, si l’on excepte les mesures prises après la catastrophe de la canicule de l’été 2003, force est de constater que rien n’existe aujourd’hui », déplore l’Onerc, qui redoute une recrudescence d’événements extrêmes. Canicules, incendies de forêt, épidémies, inondations – comme celles qui ont ravagé l’est de l’Europe en 2002 –, « il faut tout envisager, et s’y préparer ». L’Observatoire détaille un certain nombre de signes du changement, tels le recul des glaciers, l’avancée de la date des vendanges de près de trois semaines en cinquante ans, la croissance des peuplements forestiers augmentée de 30 % en un siècle. Facteur aggravant, « le réchauffement constaté en France métropolitaine est d’environ 50 % plus important que le réchauffement moyen sur le globe ». Quand celui-ci est de 0,6 ºC, la France s’échauffe de 1 ºC. Si l’on table sur le scénario le plus pessimiste retenu par le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) – près de +6 ºC en 2100 –, la France connaîtrait un réchauffement plus marqué encore, de l’ordre de 9 ºC, souligne l’Observatoire. impulser une politique nationale L’Onerc s’inquiète aussi de la vulnérabilité de nos sociétés au changement climatique. Il préconise l’élaboration de scénarios climatiques et d’une cartographie régionale des impacts. Les modèles économiques permettant de quanti- fier les dommages lui semblent encore beaucoup trop simplistes. Les pouvoirs publics doivent dès aujourd’hui intégrer ces facteurs, plaide l’Onerc, pour qui chaque ministère doit y consacrer expertise et ressources. Il faut aussi que les collectivités territoriales soient sensibilisées à ces risques nouveaux. Les grandes écoles et l’Université doivent généraliser les formations, tandis que des actions de sensibilisation seront conduites en direction du public et des médias. L’Observatoire n’oublie pas les pays du Sud, plus vulnérables face à l’aléa climatique, et souhaite que la France devienne observateur au sein de l’alliance des petits Etats insulaires. Avec son budget d’un million d’euros, l’Observatoire peut commander des recherches et des évaluations, mais ne peut prétendre impulser une politique nationale sur le sujet. Aussi Paul Vergès devrait-il demander au gouvernement la mise en place d’un fonds spécifique pour financer les actions d’adaptation au changement climatique en France. « opération bagdad » Après avoir été critiquée pour sa passivité, la Minustah a lancé une série d’opérations dans les « quartiers à risques ». Ces raids, menés avec la police haïtienne, semblent avoir brisé l’élan de « l’opération Bagdad » lancée par les partisans d’Aristide pour exiger son retour en Haïti. Des dizaines d’arrestations ont été opérées, mais la police, qui ne compte que 3 500 fonctionnaires mal équipés, a été accusée de graves violations des droits de l’hom- Jean-Michel Caroit Marie-Claude Decamps Unis, Washington a suspendu une ligne de crédit qui devait faciliter le désarmement des anciens militaires. « Les élections auront lieu. On a bien fait des élections en Afghanistan, en Irak et, plus près de nous, en Colombie, où la violence est chronique. Encore faut-il qu’elles soient crédibles pour que le processus démocratique mûrisse », souligne Leslie Manigat, intellectuel démocrate-chrétien et l’un des premiers à se lancer dans la course à la présidence. Il avait brièvement occupé le fauteuil présidentiel, en 1988, à la suite d’élections contestées, avant d’en être chassé par un coup d’Etat militaire. « grand parti socialiste » A Pétionville, banlieue de Port-au-Prince, la police haïtienne, renforcée par les troupes de l’ONU, a attaqué, jeudi 10 février, une base d’anciens soldats, accusés d’avoir tué quatre policiers le dimanche précédent. me par des organisations souvent proches de l’ancien président exilé en Afrique du Sud. « Il y a des bavures policières graves, mais on ne peut pas parler de répression ciblée contre les “lavalassiens” [les partisans d’Aristide] », estime Pierre Espérance, directeur de la Coalition nationale pour les droits des Haïtiens (NCHR), un organisme indépendant. « On ne peut oublier qu’Aristide a passé trois ans à armer les gangs dans les quartiers populaires et que la violence, parfois sauvage, a fait 403 morts entre septembre 2004 et janvier 2005. Les nouvelles autorités ont ouvert des enquêtes pour sanctionner les policiers coupables de violations des droits de l’homme, mais il faut aussi construire des prisons et nettoyer l’appareil judiciaire. Des bandits sont relâchés par des juges corrompus en échange de billets verts », ajoute-t-il. L’indulgence des autorités provi- soires à l’égard des anciens militaires démobilisés par Aristide est un autre motif d’inquiétude. « S’ils ne sont pas délogés des villes et des zones qu’ils contrôlent et s’ils ne sont pas désarmés, il sera difficile de parler d’élections libres et démocratiques », met en garde Pierre Espérance. Ces élections sont officiellement annoncées pour la fin de l’année, le 13 novembre et le 18 décembre. Malgré de violents incidents, dont le dernier a fait quatre morts dans les rangs de la police, le gouvernement a choisi la voie de la négociation, offrant d’indemniser ces anciens soldats qui avaient joué un rôle important dans la chute de l’ancien président. Des paiements ont déjà été effectués, mais les ex-militaires refusent de remettre leurs armes. Soumis à une forte pression du lobby financé par Jean-Bertrand Aristide, toujours actif aux Etats- mystique populaire Malgré les efforts pour former des coalitions, notamment au centre gauche avec la création d’un « grand parti socialiste », 91 partis ont manifesté leur intention de participer aux prochaines élections. Le grand point d’interrogation demeure la participation de la Famille Lavalas, le parti de l’ex-président Aristide. Malgré le refus de ce dernier, plusieurs anciens barons de son régime, comme le sénateur Yvon Feuillé ou l’ex-premier ministre Jean-Marie Chérestal, penchent en faveur de la participation. Même si son influence a beaucoup baissé, Lavalas demeurerait la première force politique d’Haïti, selon un sondage confidentiel réalisé par Gallup pour l’ambassade des Etats-Unis. « La crainte de Washington est qu’un grand nombre de candidats au Sénat et à la Chambre ne l’emportent grâce à l’argent de la drogue et de la contrebande », confie un homme d’affaires haïtien proche de l’ambassade américaine. Hervé Morin Plus de 400 morts ces cinq derniers mois : partisans et adversaires d’Aristide ne désarment pas PORT-AU-PRINCE de notre envoyé spécial Le « télédiol » – le « téléphone arabe » haïtien – annonçait un bain de sang à l’occasion du carnaval. Mais, malgré quelques tirs le premier soir, la fête a été réussie. Ce succès récompense les efforts des casques bleus et du gouvernement provisoire pour endiguer la vague de violence déclenchée le 30 septembre 2004 par les « chimères », les gangs se réclamant de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide. « La sécurité s’est améliorée depuis la fin décembre, lorsque la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti [Minustah] a complété ses effectifs », explique Juan Gabriel Valdés, le responsable chilien de cette mission qui compte désormais 6 000 militaires et près de 1 500 policiers, pour la plupart originaires de pays sud-américains. « Avec la police nationale, les casques bleus ont occupé l’espace, y compris dans les quartiers les plus violents comme Cité Soleil, où les soldats jordaniens ont installé un poste permanent, ou Bel Air. Aucun des groupes armés n’est désormais en condition de déstabiliser le gouvernement ou de paralyser la capitale comme ils avaient tenté de le faire en octobre », ajoute-t-il. LISBONNE de notre envoyée spéciale Programmes spéciaux à la télévision, titres à la « une » des journaux et deuil national avant des obsèques à Coimbra, dans le nord du pays, et près de Fatima, là où la Vierge, « dans une lumière éblouissante », était apparue à cinq reprises, en 1917, à trois petits pastoureaux… La mort, dimanche 13 février à 97 ans, de Sœur Lucia, la dernière survivante de ces trois enfants, a créé une vague d’émotion dans tout le Portugal. Des milliers de fidèles se sont mis en marche pour lui rendre hommage, lors des obsèques prévues mercredi 16 février. Retirée au carmel de Coimbra, sourde et aveugle, Lucia ne recevait plus personne depuis de nombreuses années. Par trois fois, elle avait fait une exception pour Jean Paul II venu en visite à Fatima. Notamment le 13 mai 2000, où le pape avait béatifié Francisco et Jacinta, les deux autres bergers, cousins de Lucia, morts très jeunes. Elle avait dix ans lorsque la « dame blanche » lui a fait, et à elle seule, trois révélations. Les deux premières concernaient la première guerre mondiale et la future Russie. La troisième n’a été divulguée qu’il y a peu. C’était la vision « d’un évêque vêtu de blanc marchant péniblement vers une croix plantée en haut d’une colline au milieu de corps martyrisés ». Tandis qu’il priait pour ces morts, l’évêque tombait sous les coups de soldats. Jean Paul II a interprété cette vision comme préfigurant l’attentat dont il a été victime à Rome, le 13 mai 1981. Persuadé que la vierge de Fatima lui a sauvé la vie, le pape a offert au sanctuaire une des balles qui l’ont atteint. Elle est enchâssée dans la couronne d’or de la statue de Marie. L’Eglise a mis du temps pour admettre les apparitions de Fatima. Le régime du dictateur Salazar a essayé à l’époque d’en récupérer le côté « anticommuniste ». Les commerçants ont transformé les abords du sanctuaire, fréquenté par quatre millions de visiteurs par an, en un réel miracle économique. La mystique populaire qui se nourrit de l’aventure des trois pastoureaux est intacte, et pas seulement parce que les Portugais se disent catholiques à 95 %. « C’est plus que cela, commentait un professeur de sociologie. Sœur Lucia, on a tellement l’habitude de la voir en statuette avec les deux autres bergers, dans les villages, les taxis ou les foyers populaires, que beaucoup d’entre nous ne se posaient même plus la question de savoir si elle était encore vivante. Comment dire ? C’était comme une Jeanne d’Arc contemporaine, un symbole de spiritualité et surtout d’identité portugaise. » Sa mort a semé la zizanie en pleine campagne électorale, à une semaine des législatives du 20 février. Le premier ministre, le social-démocrate Pedro Santana Lopes, est intervenu à la télévision pour qualifier la mort de Lucia de « nouvelle impressionnante ». Après quoi, lui qui était à bout de souffle dans les sondages, et venait de reprendre un élan inespéré dans le nord du pays très religieux, a annoncé qu’il suspendait sa campagne pendant deux jours pour honorer la sœur décédée. Il a été suivi par les conservateurs du CDS-PP qui ne pouvaient faire moins pour un parti dont le combat phare, soutenu par l’Eglise, est de s’opposer à la dépénalisation de l’avortement. Les socialistes ont opté pour une campagne « sobre », excluant les actions de rue. Quant à l’extrême gauche et aux communistes, ils poursuivront leurs activités. Mais non sans avoir affiché leur « respect » pour la morte. Dans son bureau où trônent deux crucifix, le maire communiste de Setubal, Carlos Sousa, politicien très aimé et dirigeant du Parti « orthodoxe », expliquait cette étonnante dualité : « Je suis marxiste et catholique. Et alors ? Jésus n’était-il pas le premier communiste ? » En Haïti, les autorités s’organisent pour enrayer les violences thony belizaire/afp « KYOTO n’est qu’un premier pas. Nous devrons aller beaucoup plus loin et diviser par quatre, d’ici à 2050, les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble des pays développés. » Par ces mots prononcés, mardi 15 février, le président Jacques Chirac a confirmé l’engagement de la France pour un objectif des plus ambitieux : réduire de 75 % ses émissions en 2050, alors que le Protocole de Kyoto n’exige que 5 % en 2010 pour les pays développés. Cette annonce intervient alors que le Protocole entre en vigueur mercredi 16 février. M. Chirac s’exprimait en conclusion d’une table ronde consacrée au changement climatique, et à laquelle assistaient notamment Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat, et Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale. M. Chirac confirme l’objectif fixé pour la France en 2050, affiché en février 2003 par M. Raffarin et dans le Plan Climat de juillet 2004. La France s’inscrit ainsi aux côtés du Royaume-Uni. En février 2003, le premier ministre Tony Blair écrivait, dans le Livre Blanc sur l’énergie, définissant la politique énergétique britannique dans les prochaines années : « Nous montrons la voie en plaçant le Royaume-Uni sur le chemin d’une réduction de 60 % de ses émissions de gaz carbonique en 2050. » M. Blair a, depuis toujours, manifesté l’importance qu’il accorde au problème climatique, le qualifiant le 8 février devant les Communes de « plus grand défi à long terme pour l’économie mondiale ». La Grande-Bretagne a fait du changement climatique l’un des deux thèmes prioritaires, avec l’Afrique, du G8 qu’elle préside cette année. L’enjeu essentiel est de ramener les Etats-Unis, qui ont rejeté le Protocole de Kyoto en 2001, dans la discussion sur le climat, mais aussi les grands pays Portugal : la mort de Sœur Lucia perturbe les élections LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/5 INTERNATIONAL Grogne sociale et désenchantement des élites, les critiques montent contre Vladimir Poutine Depuis plus d’un mois, les contestations de rue se multiplient dans toute la Russie, alors que des responsables commencent à s’interroger publiquement sur les échecs du Kremlin MOSCOU de notre correspondante « Pakazoukha ! » Mise en scène, coup monté. C’est le terme qu’emploie ce jeune responsable des services municipaux à Moscou pour parler des contre-manifestations organisées le 12 février dans la capitale par le pouvoir russe. « Les responsables des services communaux et des administrations de quartier ont reçu la consigne de faire manifester tous leurs employés en faveur du pouvoir, raconte-t-il. Des dizaines de bus sont venus des banlieues, des panneaux pro-Poutine ont été distribués. Certains n’étaient pas contre, d’autres comprenaient qu’ils risquaient d’être sanctionnés au travail s’ils refusaient. Pour mobiliser des étudiants, des tickets de cinéma et de l’argent ont été promis. » Après avoir décrit avec amertume ces méthodes fleurant bon les vieilles recettes d’embrigadement, le jeune homme hausse les épaules : « Comme toujours, dit-il, le pouvoir dans ce pays se concentre dans les mains d’un petit cercle, qui s’enrichit au passage et essaie de nous faire croire, à la télévision, qu’il œuvre pour le bien commun. » Le Kremlin multiplie les stratagèmes pour tenter de mettre fin à la contestation de rue, qui dure depuis plus d’un mois en Russie et vise une réforme gouvernementale éliminant des avantages sociaux hérités de l’URSS. Celle-ci supprime la gratuité des transports et de services médicaux pour certaines catégories de la population : retraités, invalides, malades, liquidateurs de Tchernobyl, anciennes victimes des répressions politiques du temps de l’URSS. Des dizaines de millions de Russes sont concernés. Un changement d’ambiance est sensible dans le pays. Le pouvoir s’est retrouvé sur la défensive et a dû multiplier les effets d’annonce sur des augmentations des retraites et de soldes militaires – des conces- sions qui coûteront, selon le ministre des finances, Alexeï Koudrine, environ 6 milliards d’euros, soit plus du tiers du budget militaire russe. Depuis la mi-janvier, des centaines de milliers de Russes ont manifesté. Les rassemblements ne sont pas massifs, car ils sont éparpillés à travers la vaste étendue du pays. Mais ils ne se sont pas essoufflés, comme l’a montré la journée du 12 février (250 000 personnes dans les rues, selon la police), et leurs slogans se sont élargis : contre la « loi 122 » de la réforme sociale, contre Les contre-manifestations organisées le 12 février par le Kremlin – le parti Russie unie avait distribué des panneaux marqués « Poutine, nous sommes avec toi » – ont fait l’objet de comptes rendus emphatiques sur les télévisions d’Etat, seuls médias susceptibles d’avoir un impact sur l’opinion. Vladimir Poutine a été montré à de nombreuses reprises ces dernières semaines tançant ses ministres pour la mauvaise mise en œuvre de la réforme sociale. « Augmentez les soldes. C’est tout. Sans commentaire », a-t-il lâché Une cote de popularité en recul La cote de popularité de Vladimir Poutine s’est érodée, selon l’institut de sondage de Iouri Levada, sociologue respecté : 65 % des Russes interrogés fin janvier ont approuvé son action, contre 69 % en décembre 2004, et 84 % en décembre 2003. Les principales critiques émises contre le président russe sont qu’il « reste lié à Boris Eltsine et à son entourage », « ne s’appuie que sur les généraux et les services secrets », et « n’a pas de ligne politique nette ». Mais Vladimir Poutine demeure la personnalité politique la plus populaire du pays, beaucoup de Russes le trouvant « énergique et volontaire ». Un autre institut, FOM, réputé proche du Kremlin, a lui aussi fait état d’un sentiment de déception dans l’opinion publique : 49 % des Russes considèrent que le pays « va vers une impasse » (contre 29 % fin 2003) tandis que 38 % des Russes pensent qu’il « va dans la bonne direction » (contre 53 % fin 2003). – (Corresp.) la hausse des prix des carburants, contre la suppression du sursis militaire pour les étudiants, pour la démission du gouvernement, et parfois pour celle du président Poutine. le cafouillage de ioukos Ces manifestations mobilisent pêle-mêle des retraités, des étudiants, des militants d’ONG, le Parti communiste, des syndicats, des démocrates. Dans certaines villes, les manifestants ont constitué des « conseils de solidarité publique ». A Saint-Pétersbourg et à Moscou, des étudiants ont lancé un « mouvement » intitulé « Ceux qui vont sans Poutine ». Il s’agit de la première vague notable de mécontentement depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. sèchement un jour lors d’une réunion filmée. Mais si les plus démunis protestent contre une réforme sociale mal conçue, et perçue comme d’autant plus injuste que les caisses de l’Etat sont renflouées par d’importants revenus pétroliers, une autre catégorie de Russes, plus discrètement, a commencé à manifester du désenchantement. A Moscou, une partie de l’élite intellectuelle, militaire, policière et des milieux d’affaires s’interroge en sourdine sur la capacité de l’équipe au Kremlin à mener à bien des dossiers lourds et stratégiques pour le pays. Les tensions provoquées par la « loi 122 » et l’insuffisance des compensations financières prévues par le gouvernement ont mis en doute les talents de gestion de l’équipe entourant M. Poutine. Les critiques évoquent aussi les cafouillages du pouvoir dans l’affaire Ioukos, où la reprise par l’Etat d’un fleuron de l’industrie pétrolière s’est accompagnée de poursuites judiciaires à l’étranger et d’une opacité gênante dans les financements. L’échec des projets du Kremlin en Ukraine, où l’arrivée au pouvoir d’un président pro-occidental à la suite de la « révolution orange » a été perçue comme une sorte d’humiliation nationale en Russie, a aussi contribué à réduire la crédibilité du président Poutine. A cela s’ajoute l’effet négatif de l’instabilité croissante dans le Caucase du nord, région-foyer d’un terrorisme qui a lourdement frappé le pays en 2004. Parmi les voix qui s’expriment publiquement, on peut citer l’ancien sherpa du Kremlin pour les réunions du G8, l’économiste Andreï Illarionov, pour qui la société Ioukos a fait l’objet d’une « confiscation » par l’Etat. Il dénonce également le réflexe de « contrôle de l’information et de censure » dans les cercles du pouvoir. Egor Gaïdar, l’ancien « père » des réformes libérales des années 1990, et le patron du monopole de l’électricité, Anatoli Tchoubaïs, ont aussi donné de la voix, mettant en garde contre les effets de l’affaire Ioukos et la « relation détériorée entre le pouvoir et le business ». « L’équipe Poutine a le comportement d’une bande de voyous qui s’empare de biens industriels et capte l’argent, comme elle le faisait déjà à Saint-Pétersbourg au début des années 1990 », commente de son côté l’analyste Stanislav Belkovski, proche du « groupe moscovite » des services secrets russes. « Et pendant ce temps le Kremlin a essuyé un krach total de sa politique dans l’étranger proche [ex-URSS] », ajoute-t-il, prenant un air dégoûté. Natalie Nougayrède Stanislav Gross, premier ministre tchèque PRAGUE de notre correspondant Le premier ministre tchèque, Stanislav Gross, effectue sa première visite officielle en France, mardi 15 et mercredi 16 février. Il doit rencontrer Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin et plusieurs responsables politiques dont le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande. La République tchèque est membre de l’UE depuis bientôt neuf mois. Qu’est-ce que cela a apporté à votre pays ? Au contraire, qu’est-ce qui vous manque ? Il est peut-être encore tôt pour tirer des conclusions mais je peux dire que la République tchèque était bien préparée. Nous n’avons enregistré aucune surprise. Nous continuons de lutter contre notre opposition eurosceptique – de droite comme de gauche –, certaine que l’entrée dans l’Union européenne aurait des conséquences néfastes sur le niveau de vie de nos concitoyens. Or c’est le contraire qui s’est passé. L’inflation a été en 2004 la plus basse de celles enregistrées dans les nouveaux pays membres, la hausse du pouvoir d’achat a été plutôt élevée. L’adhésion à l’Union européenne est perçue par une large majorité de la population comme un pas dans la bonne direction. Selon un récent sondage, les Tchèques considèrent le 1er mai 2004 comme la date la plus importante de l’année écoulée. Pour moi, les aspects positifs dominent les aspects négatifs. A quoi pensez-vous en particulier ? Je pense surtout à la limitation de la libre circulation de la main-d’œuvre. La République tchèque n’est pas un pays d’émigration et ne menace nulle part le marché du travail. La Grande-Bretagne, qui n’a pas appliqué de période transitoire envers la République tchèque, n’a pas enregistré de hausse dramatique du nombre de Tchèques employés dans ce pays. L’Autriche voisine connaît même une baisse des demandes d’emploi des Tchè- michal cizek/afp « Ceux qui nous accusent de dumping social se trompent » ques. Dans un an, lorsque la question sera de nouveau sur la table, nous demanderons la fin de cette période transitoire. A propos de la Constitution européenne, la République tchèque est considérée comme un pays à risques. Ratifiera-t-elle le nouveau traité, quand et comment ? En République tchèque, la principale force politique proeuropéenne est la social-démocratie. Mais nous avons de puissants adversaires qui usent de toutes sortes d’arguments faciles voire malhonnêtes : les communistes, le Parti démocrate civique du président Vaclav Klaus – lui-même très sceptique sur la Constitution européenne. Nous ferons le maximum pour réussir et je crois que nous convaincrons une majorité de nos concitoyens que c’est un bon choix. Prague entretient d’étroites relations avec les Etats-Unis. Tout comme la Pologne, vous avez soutenu la guerre en Irak et vous n’avez pas encore ratifié la convention sur la Cour pénale internationale (CPI) que combat Washington. Pourquoi ? Le gouvernement tchèque veut que le Parlement ratifie la convention sur la Cour pénale internationale. Nous avons déjà, à plusieurs reprises, soumis le texte au Parlement pour ratification mais malheureusement nous ne disposons pas de la majorité qualifiée (trois cinquièmes des parlementaires) pour l’imposer. Nous avons contre nous l’opposition de gauche et celle de droite. Comme le texte exige aussi une modification de la Constitution qui nécessite une majorité, nous ne sommes pas en mesure de l’emporter. Il ne s’agit donc pas de la conséquence de nos relations plus ou moins bonnes avec les Etats-Unis mais d’une affaire de politique intérieure. Nous avons affaire, comme dans le cas de la Constitution européenne, à une opposition qui estime que la République tchèque y perdrait une partie de sa souveraineté. C’est un argument démagogique et, pour moi, inacceptable dans ce cas précis, mais le problème est que nous n’avons pas la majorité requise. Certains pensent que la République tchèque est un pays de cocagne pour les délocalisations grâce au « dumping social, écologique et fiscal » ? Qu’en pensezvous ? Ceux qui nous accusent de dumping social se trompent. Le taux d’imposition des entreprises est dans la moyenne de ceux pratiqués en Europe. A côté de chez « L’adhésion à l’Union européenne est perçue par une large majorité de la population comme un pas dans la bonne direction » nous, la Slovaquie, la Pologne ou la Hongrie ont des taux inférieurs. Nous sommes concurrentiels pour d’autres raisons. Ce n’est sûrement pas par le dumping écologique car notre législation est très sévère. Dans plus d’un domaine, la République tchèque devance certains anciens pays membres. En fait nos avantages concurrentiels reposent sur une bonne infrastruc- ture des transports – même si elle n’est pas complète – pour le pays de transit que nous sommes. Notre main-d’œuvre est qualifiée, travailleuse, apprend facilement. Les techniques de l’information sont bien développées. Etes-vous favorable à une plus grande harmonisation de la fiscalité au sein de l’UE ? Selon moi il est indispensable de réaliser une véritable comparaison de la pression fiscale entre les différents pays. Il faut prendre en compte le mode de calcul, l’assiette, ce qu’il est possible de déduire. Je suis d’accord avec la proposition de la Commission européenne de réaliser une telle étude comparative. Il sera toujours possible de discuter à la lumière de ses résultats. Votre gouvernement socialdémocrate prend des décisions perçues comme libérales. D’aucuns pensent que vous êtes même plus libéraux que les libéraux. Que signifie être socialdémocrate aujourd’hui en République tchèque ? C’est assurer le maximum de cohésion sociale dans le pays, asseoir l’indépendance économique des individus comme celle des différents groupes sociaux. Nous luttons pour le maintien d’un Etat social moderne face à des pressions de deux types. D’une part, la pression politique des partisans d’un Etat social traditionnel, d’autre part, celle du marché, qui tend à vider l’Etat social de son contenu et à le détruire. La social-démocratie doit naviguer entre ces deux écueils. Il nous faut des réformes pour assurer son financement sur vingt, trente, quarante ans, et endiguer la pression du marché. Mais nous devons aussi parfois prendre des mesures qui semblent impopulaires. Toutefois, j’en suis convaincu, lorsque, dans un an et demi, soit aux prochaines législatives, nous rendrons des comptes, nous n’aurons pas à rougir. Propos recueillis par Martin Plichta Plus de 200 morts en Chine dans une catastrophe minière PÉKIN. Un coup de grisou a ravagé la mine de charbon de Sunjiawan à Fuxin, dans la province de Liaoning (Nord-est), lundi 14 février, selon l’agence officielle Chine nouvelle. Il a causé au moins 203 morts, victimes du plus grave accident minier qu’ait connu le pays depuis quinze ans. La catastrophe, survenue à 242 mètres de profondeur, a fait en outre 22 blessés. Le vice-directeur de l’administration d’Etat pour la sécurité industrielle, Zhao Tiechui, a évoqué une explosion de gaz – sans plus de précision. Les mineurs ont raconté avoir ressenti une secousse, dix minutes avant le drame, qui a eu lieu à 15 heures locales. Les opérations de secours étaient en cours, mardi matin, pour retrouver les 13 mineurs toujours coincés dans les galeries. La mine de Sunjiawan, exploitée par la grande firme d’Etat Fuxin Mining Group, emploie 3 100 mineurs et produit environ 1,5 million de tonnes de charbon par an. Si les mineurs chinois extraient 35 % de la production mondiale de charbon, ils représentent aussi 80 % des décès dans les puits du monde entier. Selon les statistiques officielles, les accidents dans les mines ont fait 6 027 morts en 2004. Sur les douze plus grands accidents miniers dans le monde des quinze dernières années, sept ont eu lieu en Chine. L’explosion de lundi est survenue à la fin de la « semaine en or » des congés du nouvel an lunaire pendant lesquels la plupart des Chinois ne travaillent pas. – (AFP, Reuters.) L’opposition togolaise annonce la poursuite des manifestations LOME. Six partis de l’opposition traditionnelle ont prévu d’organiser une nouvelle « marche pacifique », samedi 19 février, pour protester contre « le coup d’Etat » du président investi Faure Gnassingbé. Ils prévoient également de participer à « l’enterrement des victimes tombées sous les balles des forces de l’ordre » au cours de la manifestation du 12 février qui avait été dispersée par les forces de sécurité. Le communiqué commun publié par ces six partis appelle par ailleurs les populations à « rester mobilisées jusqu’à la victoire finale ». Lundi 14 février, au moins un manifestant a été tué – onze selon l’opposition – par des gendarmes dans le quartier de Bè, dans le centre de la capitale togolaise. Toute manifestation de rue est interdite dans le pays pendant deux mois correspondant à la période du deuil national décrété à la suite du décès, le 5 février, du général Eyadéma après 38 ans de règne sans partage. Son fils, Faure Gnassingbé, 39 ans, désigné par l’armée togolaise et confirmé comme son successeur par l’Assemblée nationale après une révision constitutionnelle, a prêté serment le 7 février. – (AFP, AP.) dépêches AFGHANISTAN : la Turquie a pris le commandement de la Force internationale d’assistance pour la sécurité en Afghanistan (ISAF), dimanche 13 février, pour un mandat de 6 mois au cours duquel l’ISAF force doit étendre sa présence à l’Ouest du pays. Après six mois à la tête de cette force, le général français Jean-Louis Py, commandant de l’Eurocorps, a transmis le relais au général turc Ethem Erdagi, commandant du Corps de réaction rapide de l’OTAN à Istanbul. L’ISAF opère sous mandat de l’OTAN depuis août 2003. Sous l’autorité du général Erdagi, cette force comptant quelque 8 000 soldats de 36 pays (dont 1 700 de Turquie) devra favoriser la sécurisation des élections parlementaires et locales, dont la date n’a toujours pas été fixée. – (AFP.) a NÉPAL : les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne ont rappelé leurs ambassadeurs, deux semaines après le coup de force du roi Gyanendra qui a pris les pleins pouvoirs et déclaré l’état d’urgence, ont annoncé lundi 14 février, de manière séparée, le département d’Etat américain et les pays de l’UE. Le même jour, le roi s’est entouré de deux anciens premiers ministres de l’époque de la monarchie absolue – Tulsi Giri et Kirtinidhi Bista –, respectivement nommés premier et deuxième vice-présidents du cabinet que le monarque a formé après avoir limogé le gouvernement issu des urnes. – (AFP.) a Darfour : Les Etats-Unis proposent de nouvelles sanctions NEW YORK (Nations unies). Les Etats-Unis ont introduit, lundi 14 février, au Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Soudan. Alors que la communauté internationale est confrontée à la persistance des exactions au Darfour, le texte propose de confier à Kofi Annan le soin de trouver « dans les 60 jours » les moyens de « renforcer la mission de l’Union africaine » sur place. Les troupes africaines n’ont pas encore déployé les 3 000 hommes prévus (sur un territoire grand comme la France). Le texte propose des sanctions ciblées – interdiction de voyager, gel des avoirs financiers – contre les responsables de violations du cessez-le-feu ou de violences qui auront été identifiés par un comité ad hoc. Le différend transatlantique sur la Cour pénale internationale n’est pas réglé. Le texte mentionne la nécessité de traduire en justice les coupables identifiés par la commission internationale d’enquête « par des moyens acceptés sur le plan international ». La CPI n’est pas citée. – (Corresp.) 6/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 france-SOCIÉTÉ justice Le volontarisme du gouvernement n’est pas parvenu à apaiser les craintes. Des magistrats professionnels et des associations de consommateurs continuent de s’inquiéter de la capacité des juges de proximité à tenir leur rôle. « Un tiers fait bien son travail, un tiers peut apprendre si la chancellerie se décide à accroître la formation, un tiers est catastrophique », assure Valéry Turcey, membre du Conseil supérieur de la magistrature. Depuis septembre 2003, 300 volontaires ont été recrutés pour traiter les contraventions des quatre premières classes et les litiges inférieurs à 4 000 euros. Plus de 34 % sont des avocats, les autres sont policiers, enseignants, notaires ou encore professeurs de droit. L’objectif de recruter 3 300 juges de proximité d’ici à 2007 risque d’être difficile à tenir sans entacher la qualité de la justice rendue. Controverse autour de la qualité du travail des juges de proximité Recrutés depuis 2003, 300 volontaires – avocats, policiers, notaires, etc. – traitent des contraventions les moins graves et des litiges inférieurs à 4 000 euros. Des magistrats et des associations de consommateurs s’inquiètent des carences de leur formation et réclament une pause de la réforme OÙ VONT les juges de proximité ? Après quelques mois d’activité, de fortes inquiétudes s’expriment sur leur capacité à remplir la mission qui leur a été fixée : dire le droit tout en étant proches des citoyens. Juges des tribunaux d’instance, chefs des cours d’appel et associations de consommateurs réclament une pause dans la réforme. Promesse électorale de Jacques Chirac, inscrite dans la loi en 2002, celle-ci fait l’objet d’une attention soutenue de l’Elysée. En mai 2003, le chef de l’Etat avait insisté, devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), responsable du recrutement : « Les Français attendent cette réforme nécessaire. Je n’ai pas de doute sur le nombre et la qualité des candidats. » En janvier, M. Chirac assurait qu’il était « trop tôt pour faire un bilan ». Le garde des sceaux, Dominique Perben, a, lui, vilipendé le « corporatisme de la magistrature ». Pour M. Perben, qui a rencontré des juges de proximité lundi 14 février à Lyon, la réforme doit « se poursuivre ». Des premiers recrutements – 900 dossiers examinés, 300 juges installés – se dégage un profil de notables : avocats, anciens magistrats, officiers de police, universitaires, notaires, cadres dirigeants d’entreprise. Les magistrats professionnels soulignent « la bonne volonté » des nouveaux venus et partagent le sentiment selon lequel, la loi étant votée, « il faut faire avec ». Mais ils s’inquiètent de voir nombre d’entre eux incapables de tenir leur rôle de juges. « Très peu sont prêts à prendre des audiences civiles », estime Laurence Pécaut-Rivolier, présidente de l’Association nationale des juges d’instance. « Un tiers fait bien son travail, un tiers peut apprendre si la chancellerie se décide à accroître la formation, un tiers est catastrophique », assure Valéry Turcey, membre du CSM. L’inquiétude est d’autant plus vive que les décisions des juges de proximité ne peuvent être frappées d’appel et que leurs compétences viennent d’être étendues. Ces juges non professionnels sont appelés à traiter les contraventions des quatre premières classes. Ils peuvent aussi siéger comme assesseurs au tribunal correctionnel. Au civil, leur échoient tous les litiges jusqu’à 4 000 euros, recouvrant des contentieux parfois techniques, comme celui des découverts bancaires. « Nous sommes choqués d’entendre dire que ces juges traiteront des “petits litiges” de la vie quotidienne : 4 000 euros, c’est quatre fois le smic », indique Isabelle Faujour, directrice juridique adjointe de l’UFC-Que choisir. Qui ajoute : « Le gouvernement a fait comme s’il existait un consensus. Le garde des sceaux ne nous a même pas répondu. » « Tout le monde commet des erreurs, souligne Philippe Florès, président du tribunal d’instance de Saintes (Charente-Maritime). Mais on recrute des gens trop éloignés de la culture de la légalité et du contra- « A aucun moment, les organisateurs n’ont eu le souci de nous consulter sur nos attentes. » Dans les tribunaux, de nombreux exemples illustrent les difficultés des juges de proximité. L’un a affirmé : « Le code pénal, c’est le petit livre rouge, ça ne m’intéresse pas. » A Saintes, un autre n’a pas relevé le fait que 37 dossiers étaient prescrits. Un troisième a prononcé une peine illégale, imposant un travail d’intérêt général à une personne ayant écopé d’une contravention de troisième classe pour tapage. A Marseille, les substituts ont même demandé à être déchargés de l’audience du juge de proximité, un ancien directeur de La Poste âgé de 72 ans, très sourd, « complètement perdu ». Il a infligé une « amende à titre de dommages et intérêts » alors que l’amende est une peine et non la réparation d’un préjudice. dictoire, et on leur confie un contentieux difficile au moment où sévit une inflation législative étourdissante. » Ancien proviseur et conciliateur de justice, Marcel Dunoyer, candidat en stage probatoire à Besançon, admet avoir des « états d’âme ». « Ce qui me gêne, c’est que nous allons pouvoir être saisis par des professionnels contre des particuliers. Ce sera le pot de fer contre le pot de terre, il va falloir être vigilant. » A Aubervilliers, Jean-Pierre Chaulet fut l’un des premiers installés. Général de gendarmerie en retraite, il confie : « Je ne suis pas pour traiter du civil. Cette matière demande beaucoup de formation et de travail et la Un tiers d’avocats parmi les nouveaux venus Qui peut devenir juge de proximité ? La loi prévoit que peuvent postuler à cette fonction les titulaires d’une formation supérieure de niveau bac + 4 justifiant de quatre années d’expérience dans un domaine juridique ou les personnes justifiant de vingt-cinq années d’expérience professionnelle dans le domaine juridique. b Combien de candidatures sont-elles retenues ? Environ 15 % des candidatures sont irrecevables, car elles n’entrent pas dans les critères fixés par la loi. Environ 70 % des dossiers présélectionnés par les cours d’appel sont soumis par la chancellerie à l’avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Celui-ci rend 29 % d’avis conformes, 8 % d’avis non conformes et envoie 63 % des candidats en stage probatoire. A l’issue de ce stage, 80 % b des postulants sont déclarés aptes à la fonction. La formation théorique dure cinq jours, le stage pratique seize jours. b Qui sont les recrutés ? 350 juges de proximité seront en activité à la mi-mars. Leur âge moyen est de 53 ans. Parmi eux, les avocats sont majoritaires : 34,4 % (24 % en exercice, 10,4 % d’anciens avocats). Les autres ont été cadres juridiques en entreprise (17 %), magistrats (10,4 %), enseignants (6,7 %, dont certains en activité), fonctionnaires de catégorie A (6,4 %), policiers et gendarmes (6 %), conciliateurs de justice (4,6 %), notaires (4 %), huissiers (4 %), chefs d’entreprise (2,6 %), greffiers (2,3 %), assistants de justice ou juges au tribunal de commerce. b Combien gagnent-ils ? 70 euros bruts par vacation, sachant qu’ils ne peuvent effectuer plus de 15 vacations par mois ou 132 par an. plupart des juges de proximité n’ont pas les épaules. Les justiciables risquent de pâtir d’une inégalité de traitement. Et comme nous statuons en dernier ressort, ils n’auront que leurs yeux pour pleurer. » La formation est un point noir. Certains des juges qui ont passé le filtre de la sélection éprouvent des difficultés. Tandis que d’autres, considérés par leurs tuteurs des tribunaux d’instance comme de bons profils potentiels, sont refusés par le CSM au motif qu’ils manquent de formation juridique. Les cinq jours de cours théoriques reçus à l’ENM ont paru bien courts à M. Dunoyer. Surtout, ils ont « volé trop haut » : « conflits d’intérêts » Par ailleurs, la sélection opérée par le ministère de la justice et le CSM n’empêche pas d’évidents problèmes d’impartialité. Pour les avocats en activité, de plus en plus nombreux, le problème est aigu. Une avocate de Pau a ainsi été affectée à Bagnères-de-Bigorre, à seulement 40 km de son lieu d’exercice. A Besançon, la juge nommée dirige la principale association régionale d’aide aux victimes, qui intervient aussi en médiation et en composition pénale. Dans la région de Metz, un juge de proximité est un ancien des renseignements généraux. Certains remarquent que les anciens cadres de la banque ou des assurances se trouveront à coup sûr confrontés à leurs ex-employeurs. « On peut craindre des dérives type tribunaux de commerce », s’inquiète un responsable dans une cour d’appel. « Notre principale préoccupation est d’éviter ces conflits d’intérêts », assure Michel Lernout, responsable de la mission justice de proximité à la chancellerie. Mais le vivier de candidats est insuffisant pour empêcher que ces situations surviennent. Des avocats, soucieux de minimiser les risques, contournent le juge de proximité en réclamant des dommages et intérêts supérieurs à 4 000 euros, pour accéder au juge d’instance. A Orange, le problème de la compétence a été résolu en spécialisant l’un des juges sur le pénal, l’autre sur le civil. Un choix qui semble faire des émules. « On a fait croire aux juges de proximité qu’ils pouvaient réussir, on les a trompés », conclut un magistrat. En novembre 2004, sept ont démissionné. Le CSM envoie deux fois plus de candidats en stage probatoire qu’au démarrage de la réforme. Malgré le volontarisme du gouvernement, l’objectif de 3 300 juges embauchés en 2007 (pour 7 500 juges professionnels) ne sera pas atteint, ou dans des conditions impropres à assurer la qualité de la justice rendue. N. G. Excès de vitesse, querelles de voisinage, tapage… trois débutants règlent les conflits du quotidien f Tribunal de ClermontFerrand, jeudi 10 février. Stéphane, 30 ans, se laisse aller à une pointe d’emphase. « Je suis venu pour avoir un procès équitable ! », annon- reportage « Je vais faire un petit peu de pédagogie », répète le président au fil des débats ce-t-il à la barre de la juridiction de proximité de Clermont-Ferrand. L’objet du litige ? Plusieurs contraventions à 11 euros pour non-paiement du stationnement. « Je suis au chômage, ma femme va bientôt être licenciée, et cela représente pour nous un budget important. Je vous demande l’annulation des amendes. » Le policier qui remplit les fonctions de procureur à l’audience prend un air désolé. « J’ai déjà eu l’occasion d’en parler, explique le commandant Guillemin, le ministère public n’a pas vocation à être un service social. » Le juge de proximité, Raphaël Piastra, acquiesce et confirme les amendes : « Si vous avez des difficultés à payer, vous pourrez demander un fractionnement. » M. Piastra, enseignant en droit, 40 ans, a fait partie, à l’été 2003, de la première promotion de juges de proximité. Son installation a suscité quelques mouvements d’humeur chez les magistrats du tribunal, avec lesquels il avoue ne pas entretenir des relations d’une franche cordialité. « Nous sommes là, ils doivent faire avec », commente-t-il. M. Piastra s’est lancé dans sa nouvelle mission au rythme de deux ou trois audiences par mois. Il ne traite que des infractions pénales. Les affaires civiles ont été réservées à l’autre juge de proximité de Clermont-Ferrand. Les contraventions au code de la route constituent l’essentiel des audiences de M. Piastra. On vient souvent devant lui pour contester la réalité des infractions. « Je vais faire un petit peu de pédagogie », répète-t-il au fil des débats. Comparaît le propriétaire d’un chien qui a donné un coup de dent fatal au caniche nain de la voisine. Résultat de cette querelle de voisinage, 50 euros d’amende. Toujours pédagogue, M. Piastra donne la raison de la peine : « Même dans les combats de chiens, il doit y avoir des règles. » A l’issue de l’audience, le juge insiste : « J’estime de mon devoir d’être proche des justiciables. » Ce qui l’amène à souhaiter « la fusion des fonctions de juge de proximité avec celles de conciliateur ». f Tribunal de Chartres, jeudi 10 février. Plus de télévision. Du jour au lendemain. Debout, les bras croisés sur sa parka, Yvette demande : « Vous vous rendez compte ? » Sandrine, la nouvelle voisine du premier étage, a sectionné sans crier gare le câble qui reliait le téléviseur d’Yvette à l’antenne collective. Elle explique, un brin tendue, son manteau de cuir sur les épaules : « Je viens d’acheter mon appartement. J’ai un fil disgracieux qui me gêne. J’ai donc coupé le fil. Il se trouve que ce fil alimente Madame. Mais je ne suis pas obligée d’alimenter Madame. » Yvette : « Ah, ben si ! » Voilà cinq ans qu’elle habite dans son immeuble 1800, fait « de bric et de broc », et Yvette assure n’avoir « jamais eu de problème ». Elle presse la juge de proximité : « Faudrait quand même dire à Madame qu’il fallait pas qu’elle touche à mon fil ! » Isabelle Guenezan, avocate à Paris, tient une courte audience civile ce jeudi, au tribunal d’instance de Chartres. Elle prend le temps nécessaire pour écouter les deux voisines. La querelle s’envenime. « Il faut quand même savoir que Madame a amené la présidente du syndic devant le tribunal pour une histoire de robe de chambre, lâche Sandrine. Elle m’épie. Elle embête tout le monde. » Mme Guenezan met en délibéré. Locataire venu réclamer son dépôt de garantie, copropriétaire indélicat, client mécontent : n’était le ruban bleu ciel soutenant sa médaille, rien ne distingue Mme Guenezan des juges d’instance qui ont pu la précéder à cette fonction. Les personnes convoquées l’appellent « Madame la présidente… ». Responsable de l’Association des juges de proximité, la jeune femme est une militante de la réforme. Son audience tourne, efficace. Les pièces s’échangent, quittant les chemises cartonnées de chacun pour rejoindre le dossier de la greffière. Face à un client qu’il pense de mauvaise foi, un garagiste n’est pas d’accord pour payer. « Vous demandez le rejet des prétentions ? », interroge la juge. « Complet. Total. Rien d’autre », conclut le garagiste. f Tribunal d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), vendredi 11 février. Amadou a doublé une voiture qui allait, mollement, à 25 km/h. Il a cru qu’elle était en panne, c’était une voiture de police banalisée. « Vous n’avez pas fait le bon choix, là », commente gentiment le président. « Si je savais que c’est la police, je reste dans ma file, je dis la vérité », répond Amadou. Dépassement irrégulier : 200 euros pour Amadou, qui sourit quand même. Djamel, agent de trafic à Roissy, payé 800 euros par mois, est passé à un feu rouge. Il n’a aucun moyen de prouver le contraire. Sans témoin, lui apprend le juge, pas d’autre choix que d’infliger l’amende. « S’ils veulent verbaliser, ils verbalisent, s’énerve le jeune homme, en blazer bleu marine. Je suis venu trouver un accord avec vous. J’me suis battu pour passer mon permis, j’vais pas m’amuser à griller un feu. » Djamel est le sixième « feu rouge » de la matinée. « Très peu disent qu’ils sont passés au rouge, fait remarquer le juge de proximité. A croire que tous les agents sont daltoniens. » Ce sera 200 euros pour Djamel, qui a fait l’effort de se présenter devant le tribunal et dont « les revenus ne sont pas très élevés ». La grande salle du tribunal d’instance d’Aubervilliers est pleine. L’assistance est jeune, masculine. JeanPierre Chaulet tient une audience pénale chargée, ce vendredi matin, avec une quarantaine d’affaires. M. Chaulet prend souvent le temps d’une explication. Il va parfois plus loin. « Il y a un enfant qui traverse, vous voyez ce que ça peut donner… », répond-il à Mustapha. Celui-ci reconnaît le dépassement de 40 km/h : 250 euros. « Faites attention de ne pas renouveler ce genre d’infraction », sermonne le juge. Entre deux feux rouges, surgissent quelques affaires plus difficiles. Eric est accompagné de son père, tous deux taillés d’un bloc, sur le même modèle. Il est convoqué pour « tapa- ge injurieux sur la voie publique ». D’après le procès verbal, les policiers lui ont demandé les papiers de sa Mercedes, garée sur le trottoir, et Eric a vu rouge. Il aurait lancé : « Vous vous prenez pour qui, à nous contrôler, on n’est pas des voyous ! Depuis que ce bon à rien de Sarkozy est au pouvoir, vous vous croyez tout permis ! » Le jeune homme lève la main. Son père pose les deux siennes sur la planche de la barre. « Tout cela est faux », dit le premier. « Monsieur le président, on est dans l’incompréhension totale », ajoute le second. Eric a été sorti de la voiture, menotté dans le dos, placé en garde à vue : « C’est incroyable. » M. Chaulet met en délibéré : « Je vais demander un complément d’enquête. » Père et fils tournent les talons, à demi-satisfaits. Dans le dossier, il est écrit que Mohamed, convoqué lui aussi pour tapage injurieux, était « dans un état de fureur démentielle ». Parmi ses antécédents, le juge trouve une condamnation à deux ans pour cession de stupéfiants et rébellion. « Ceci explique peut-être cela », suggère M. Chaulet. Mohamed, agent de sécurité, proteste : « C’est vrai, j’ai fait des conneries. Mais j’ai payé pour ça. Ça fait dix ans. Bon ! voilà ! On est père de famille, on a des gosses, on travaille, voilà ! » Les policiers l’ont insulté, affirme-t-il : « Sale blaireau », « sale bougnoule », « je vais te mettre une balle dans la tête ». Le juge décide d’une amende de 135 euros. « Je vous ai écouté, moi, car je ne vous ai pas condamné au maximum. » Laurence est l’unique femme convoquée. Elle a l’air fatiguée. Son manteau n’est pas très neuf. Elle explique doucement, convocation à la main, sac posé sur la barre : « Ma rue est coupée en deux, un côté en sens interdit, l’autre pas. Je suis sortie de mon garage. Il faut faire 5 mètres pour rejoindre la partie qui est dans le bon sens… C’est sûr, c’est 5 mètres de sens interdit… » Laurence élève seule ses deux enfants, avec le RMI, 400 euros. Le commissaire de police requiert 200 euros. Ce sera 50. La femme essuie ses larmes. Elle dit : « Merci. » Nathalie Guibert et Manuel Armand (à Clermont-Ferrand) LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/7 FRANCE-SOCIÉTÉ Près d’un enfant sur deux naît hors mariage Le bilan démographique 2004 de l’Insee confirme la baisse du mariage au profit de l’union libre et du pacs. La France reste l’un des pays les plus féconds d’Europe avec 1,91 enfant par femme contre 1,68 en 1994 AU FIL des ans, les bilans démographiques de l’Insee dessinent à petites touches le nouveau visage de la famille. Il y a encore une trentaine d’années, le mariage était la forme d’union la plus répandue et les enfants étaient en grande majorité issus de couples mariés. Aujourd’hui, les mutations de la famille ont profondément modifié ce tableau : le nombre de mariages baisse au profit d’autres formes de conjugalité, comme l’union libre ou le pacs, et les naissances hors mariage sont en passe de devenir majoritaires. Depuis le pic symbolique de l’an 2000 – plus de 300 000 dans l’année –, le nombre de mariages ne cesse de reculer : en 2004, 266 000 unions ont été célébrées en mairie, ce qui représente une baisse de près de 6 % par rapport à l’année précédente. Ce recul accentue la désaffection commencée dans les années 1970 : en trente ans, le taux de nuptialité, qui mesure le nombre de mariages pour 1 000 habitants, a baissé de plus de 40 %. Et l’âge des mariés augmente sans cesse : depuis 1990, il a progressé de trois ans, s’établissant en moyenne à 30,6 ans pour les hommes et à 28,5 ans pour les femmes. Les couples ne sont évidemment pas moins nombreux pour autant : ils vivent plus souvent en union libre ou sous le régime du pacte civil de solidarité, le pacs. Depuis sa création, en 1999, ce contrat, dont Jacques Chirac disait à l’époque qu’il était « inadapté aux besoins de la famille », a rencontré un vif succès : au cours des trois premiers trimestres de 2003, 27 000 pacs ont été signés, soit une hausse de près de 20 % par rapport à la même période de l’année précédente. Au total, plus de 130 000 pactes ont déjà été signés dans les tribunaux d’instance. « La pratique l’a DES NAISSANCES HORS MARIAGE EN PROGRESSION CONSTANTE Nombre de naissances légitimes et naturelles par an pour 1000 habitants En milliers 1 000 900 6,2 7,0 7,8 Taux de nuptialité 200 80 90 00 02 03 04 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 04 Source : Insee consacré comme un nouveau mode de conjugalité, répondant à des attentes nombreuses, et inscrit dans la durée », soulignait en novembre 2004 un rapport remis au garde des sceaux, Dominique Perben. juste derrière l’irlande Au chapitre des naissances, la France reste l’un des pays les plus dynamiques d’Europe : avec un taux de fécondité de 1,91 enfant par femme, elle se situe en deuxième position, juste derrière l’Irlande et loin devant d’autres pays comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, dont le taux stagne à moins de 1,3 enfant par femme. Au sein des dix nouveaux pays membres de l’Union, la fécondité est également très faible : elle varie de 1,16, pour Chypre, à 1,41, pour Malte. Au total, en France, le nombre de naissances a légèrement augmenté en 2004, pour atteindre 797 000. Cette augmentation – en partie liée au jour supplémentaire de l’année bissextile 2004 – résulte de la progression régulière du taux de fécondité : en dix ans, il a nettement progressé, passant de 76,7 75 80 85 90 95 00 04 Source : Insee L’ESPÉRANCE de vie a fait, depuis une cinquantaine d’années, un bond stupéfiant : elle est passée, pour les hommes, de 65 à 76,7 ans et, pour les femmes, de 71 à 83,8 ans. En un demi-siècle, les Français ont donc « gagné » plus de dix ans de vie. Au début du XVIIIe siècle, l’espérance de vie des hommes, à la naissance, était de l’ordre de 27 ans… Cette progression de l’espérance de vie est nourrie par la baisse spectaculaire de la mortalité infantile : en cinquante ans, elle est passée de plus de 50 décès d’enfants de moins d’un an pour mille naissances vivantes à 4,1. « Aujourd’hui, la France se situe au-dessous de la moyenne européenne, note l’Insee. Seules la Suède, la Finlande et l’Espagne ont des taux plus faibles. » En 2004, en France, le nombre de décès s’est élevé à 518 000, un chiffre en très forte baisse par rapport à l’année précédente (560 000 morts). Pour l’Insee, ce recul est lié à la canicule de 2003. « Dans les derniers mois de l’année 2003, le nombre de décès n’a pas diminué par rapport aux années précédentes, ce qui laissait penser que la majorité des personnes décédées en août auraient vécu au-delà de la fin 2003 sans l’épisode (47,4 %) Nés hors mariage 0 1960 70 83,8 70 377,96 100 Femmes 65 (52,6 %) 300 Espérance de vie à la naissance En années 60 419,43 400 DEPUIS LES ANNÉES 1950, UN BOND DE L'ESPÉRANCE DE VIE 82 80 78 76 74 72 70 68 66 69,2 64 62 63,4 60 50 55 Nés légitimes 600 500 La France se situe au-dessous de la moyenne européenne pour la mortalité infantile Hommes 4,3 700 4,6 4,7 5,1 5,1 800 dramatique de la canicule. La baisse des décès en 2004 conduit à nuancer cette première conclusion : une partie de cette baisse est sans doute la conséquence de “décès anticipés” en 2003 du fait de la canicule. » La population continue à vieillir : au 1er janvier 2005, 16,2 % des habitants avaient plus de 65 ans, soit 1,4 % de plus qu’il y a dix ans. La part des jeunes de moins de 20 ans, elle, ne cesse de se réduire : au cours des dix dernières années, elle a perdu 1,2 point, s’établissant, en 2004, à 25,2 % de la population. « Nos sociétés entrent donc maintenant dans une ère totalement inconnue, où la plus grande partie d’une génération atteindra 60 ans, au moins la moitié survivra à 80 ans, et où les effectifs de centenaires – voire de “super-centenaires” (110 ans et plus) – croîtront considérablement, écrit Henri Léridon, directeur de recherches à l’INED dans Vieillesse et dépendance (n0 903 de la série « Problèmes économiques et sociaux » à la Documentation française). Quand cohabitent non plus deux ou trois générations, mais quatre ou cinq, c’est toute l’organisation de la société qui est à repenser. » A. C. 1,68 enfant par femme, en 1994, à 1,91, aujourd’hui. « Cette plus forte fécondité compense la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, souligne l’Insee. Les générations de femmes de 20 à 40 ans, qui donnent naissance à 96 % des bébés, sont peu à peu remplacées par des générations moins nombreuses. » Aujourd’hui, les mères mettent au monde leurs bébés de plus en plus tard : l’âge moyen au pre- mier enfant, qui était de 28,8 ans il y a dix ans, atteint désormais 29,6 ans. « En 2004, une mère sur deux est âgée de plus de trente ans, contre 38 % en 1990 et 27 % en 1980 », remarque le document de l’Insee. Les naissances chez des mères de plus de quarante ans restent faibles (3,4 %), mais elles sont en augmentation constante. Enfin, les enfants naissent de plus en plus souvent hors maria- ge : en 2004, 47,4 % des bébés étaient issus de couples non mariés contre 6 % en 1965. « Désormais, finalement, quelle que soit la situation juridique du couple, c’est la naissance d’un enfant qui crée socialement la famille », résumait, en 1999, la sociologue Irène Théry dans un rapport sur le couple, la filiation et la parenté. dernières inégalités Prenant acte de ces bouleversements familiaux, plusieurs pays – la Belgique en 1987, le Québec en 1994 ou l’Allemagne en 1997 – ont cessé de distinguer, dans leur droit, les enfants « légitimes », issus de couples mariés, des enfants « naturels », issus de couples non mariés. En France, le code Napoléon de 1804 appelait les enfants naturels les « sans famille » mais, depuis la réforme du code civil de 1972, ils sont devenus les égaux, en droits et en devoirs, des enfants légitimes. Une prochaine réforme devrait parachever cette évolution en faisant disparaître les dernières inégalités entre ces enfants. Anne Chemin Des propositions sur le droit des détenus rejetées par la chancellerie UN AN après leur publication, le ministère de la justice a rejeté les propositions faites par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur l’amélioration des droits des détenus (Le Monde du 18 mars 2004). Droit au travail, d’association, à l’intimité : la CNCDH avait suggéré de « sortir la prison de l’exception juridique » et d’élaborer un « statut » du prisonnier. Dans sa réponse du 26 janvier, la chancellerie rejette la perspective d’une loi pénitentiaire et la création d’un contrôleur indépendant des prisons. Elle indique refuser la suppression des quartiers disciplinaires et des fouilles générales d’établissements. Face à la surpopulation carcérale, elle met en avant le « programme de construction de 13 200 places » décidé en 2002 et affirme que « le gouvernement travaille à l’élaboration de réformes réglementaires en matière d’isolement des personnes détenues et de régime de détention des mineurs, qui contribueront au renforcement de la sécurité juridique ». L’Observatoire international des prisons dénonce le « peu de cas » fait aux propositions de la CNCDH. 8/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 FRANCE-SOCIÉTÉ Les députés examinent le projet de loi sur l’école dans un climat social tendu L’Assemblée nationale commence, mardi 15 février, à débattre du texte présenté par M. Fillon. Une manifestation a lieu le même jour à Paris LES MANIFESTATIONS d’un côté, le débat parlementaire de l’autre : le projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’école présenté par François Fillon devait connaître, mardi 15 février, un double examen de passage. L’abandon de la réforme du baccalauréat n’a en effet pas suffi à désamorcer la contestation des enseignants et des lycéens, qui ont maintenu leur mot d’ordre de mobilisation en Ilede-France et à Bordeaux – les seules régions où les vacances n’ont pas encore débuté –, le jour où les députés commencent l’examen du projet de loi. Alors que les parlementaires ont été appelés à amender le texte, la discussion en com- des principaux éléments de mathématiques, une culture humaniste et scientifique, la pratique d’une langue étrangère et la maîtrise des techniques de l’information et de la communication. La déclinaison concrète du socle est renvoyée à un décret, après avis du Haut Conseil de l’éducation, créé par la loi. Plusieurs parlementaires, dont Pierre-André Périssol (UMP, Allier), souhaitaient voir le Parlement débattre de ces grandes options. L’amendement n’a pas été retenu par la commission des affaires sociales. f Le soutien aux élèves en difficulté. L’article 11 du projet instaure un contrat individuel de réus- Offensive pour les distributeurs alimentaires L’une des mesures emblématiques de la lutte contre l’obésité infantile fait toujours débat parmi les parlementaires. Alors que, conformément à l’article 30 de la loi de santé publique du 30 juillet 2004, les distributeurs automatiques de boissons et de produits alimentaires doivent être interdits dans les établissements scolaires à compter du 1er septembre 2005, un amendement visant à revenir sur cette mesure a été introduit dans le cadre du projet de loi pour l’avenir de l’école. Déposé par Muriel Marland-Militello (UMP, Alpes-Maritimes) et Bernard Depierre (UMP, Côte-d’Or), le texte propose d’autoriser le maintien des distributeurs à condition qu’ils ne délivrent ni barres chocolatées ni boissons sucrées. Il faudrait alors établir la liste des produits autorisés et s’assurer de son respect. Dans l’entourage de Philippe Douste-Blazy, on assure que le ministre de la santé ne soutiendra pas cet amendement. Depuis plusieurs semaines, la chambre syndicale de la distribution automatique (Navsa) mène un intense lobbying auprès des parlementaires. mission des affaires sociales a déjà permis de retenir des modifications. Décryptage des principales dispositions du projet f Un texte avec deux volets distincts. Le projet de loi compte 62 articles et un volumineux rapport annexé. Depuis la présentation du texte en conseil des ministres, le gouvernement a choisi de placer sur un même plan ces deux volets. La distinction est pourtant essentielle. Les articles du projet de loi, s’ils sont adoptés et, le cas échéant, validés par le Conseil constitutionnel, auront force de loi. A l’inverse, les éléments contenus dans le rapport annexé n’ont pas de valeur normative et ne sont que des engagements politiques du gouvernement. f L’instauration d’un socle commun. Le « socle commun » constitue la principale innovation du texte et devrait focaliser l’attention lors des débats. Le projet de loi dispose que « la scolarité obligatoire doit au moins garantir l’acquisition par chaque élève d’un ensemble de connaissances et de compétences indispensables ». Validé par le passage du brevet en fin de troisième, ce socle comprend la maîtrise de la langue française et site éducative pour les élèves en échec, dispositif qui devrait être rebaptisé « programme personnalisé de réussite scolaire (PPRS) », selon un amendement du rapporteur Frédéric Reiss (UMP, BasRhin), adopté en commission. Les conditions de mise en œuvre de ce programme ne sont pas définies par la loi mais figurent, à titre indicatif, dans le rapport annexé. M. Fillon a indiqué que ce soutien pourrait représenter trois heures par semaine. Le projet redonne, par ailleurs, tous les pouvoirs aux conseils de classe en matière de redoublement : les parents n’auraient plus la possibilité d’imposer leur décision en cinquième et en première. f Les langues vivantes. L’arti- cle 15 rend obligatoire l’apprentissage d’une langue vivante à l’école élémentaire. Dans le rapport annexé, le gouvernement annonce sa volonté de généraliser les langues vivantes au CE2 avant de les étendre au CE1. Il prévoit de proposer « progressivement » l’apprentissage d’une seconde langue à partir de la cinquième. Des dédoublements de classe devraient également être proposés au lycée, où la deuxième langue vivante deviendrait une discipline du « tronc commun » et non plus une option. Grâce à cet amendement, les sciences économiques et sociales (SES) ne seraient plus menacées, comme le craignaient les enseignants. f Le statut des enseignants. Le projet oblige les enseignants à remplacer un de leurs collègues absent, point sur lequel les discussions pourraient être vives en séance. Le rapport annexé indique que les enseignants ne devraient pas se voir imposer plus de 72 heures annuelles de remplacement. Le projet de loi institue un conseil pédagogique à l’intérieur des collèges et lycées et affirme le principe de la « liberté pédagogique » des enseignants. Le texte prévoit, enfin, la transformation du statut des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). f Des promesses budgétaires. Le gouvernement s’engage, dans le rapport annexé, à procéder à une « programmation pluriannuelle des recrutements » d’enseignants sur la période 2006-2010. Chaque année, 30 000 personnels enseignants devraient ainsi être recrutés. Le rapport indique aussi que « chaque établissement du second degré bénéficiera des services d’un (e) infirmier (ère) identifié (e) ». Des amendements du rapporteur prévoient de détailler les deux milliards d’euros annoncés pour financer les réformes (bourses au mérite, prime d’installation pour les enseignants débutants, classesrelais, langues vivantes, etc.). Luc Bronner et Gaëlle Dupont Les Verts votent à 53 % pour le « oui » au traité européen Les écologistes veulent mener leur propre campagne, sans le PS LES VERTS ont voté à 53 % pour le traité constitutionnel européen lors de leur référendum interne, organisé depuis le début du mois de février. La participation n’a pas été très forte : avec 54 % de votants, la consultation atteint les scores habituels des votes de congrès. Ce résultat, donné comme provisoire lundi 14 février, marque un certain manque d’enthousiasme chez les militants. Les quelque 4 800 bulletins décomptés, lundi soir au siège du parti écologiste – sur les 8 600 adhérents revendiqués –, donnaient 52,9 % de « oui », 41,9 % de « non » et 5,2 % d’abstentions. De 300 à 400 derniers bulletins étaient encore attendus au courrier de mardi, mais ils ne devraient pas changer les résultats. « C’est ric-rac, admet le secrétaire national, Yann Wehrling. A l’image des Français, les Verts se sont interrogés, mais ils ont finalement dit “oui”. » C’est la première surprise du vote interne, dans un parti à la culture très proeuropéenne. « Cela marque à l’évidence un désarroi et une volonté de voir comment le débat externe va se dérouler avant de se prononcer », observe Francine Bavay, vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France et partisane du « non ». Les débats menés chez les adhérents avaient montré une forte mobilisation des opposants au traité. Les députés européens comme les dirigeants nationaux s’étaient retrouvés fréquemment face à des salles très critiques. Le résultat du référendum s’en ressent. Alors que le « oui » avait atteint deux tiers des voix lors de l’assemblée générale de Reims, en novembre 2004, les dirigeants des Verts espéraient un score analogue. La pilule semble amère pour les dirigeants écologistes qui, dans leur très grande majorité, avaient appelé à voter « oui ». « Ce n’est pas un choix d’enthousiasme, mais de raison », constate la sénatrice de SeineSaint-Denis Dominique Voynet. Même Yves Cochet, député de Paris, sans état d’âme sur le traité, reconnaît que « la majorité atteinte n’est pas bonne ». Les résultats vont obliger les dirigeants Verts à répondre aux interrogations des militants. « Les arguments antilibéraux ont fait mouche. Il va falloir gérer ce score dans les réunions publiques », remarque Gérard Onesta, député européen. « Ce n’est pas un choix d’enthousiasme, mais de raison » dominique voynet Certains commencent à chercher ailleurs les raisons d’un score auquel ils ne s’attendaient pas. « Le gouvernement est responsable de cette situation : la seule bataille qu’il a menée au niveau européen a été d’imposer son point de vue sur le dossier agricole et rien sur le social », accuse Jean-Luc Bennahmias, député européen. Pour l’heure, l’urgence est d’abord d’assurer une certaine cohérence dans la campagne publique qui doit s’ouvrir début mars. Des meetings avec les députés européens, notamment Daniel Cohn-Bendit, sont prévus. Mais les Verts doivent d’abord s’entendre sur le message. M. Wehrling a prévenu : une seule « campagne verte » sera menée, qui expliquera que, si les interrogations sont légitimes sur un traité « qui n’est pas parfait », « il ne faut pas dire “non” à l’Europe ». Il n’est pas question de réunion publique avec le PS : une délégation rencontrera François Hollande, jeudi 17 février, pour le lui dire. Les opposants, eux, sont invités à ne pas battre les estrades des adversaires du traité. Francine Bavay a prévenu qu’elle n’y renoncera pas. « En tant que vice-présidente du conseil régional. » Sylvia Zappi Les eurodéputés de l’UMP « bien ennuyés » par la Turquie IL A ÉTÉ TRÈS AIMABLE, « même avec Brice », raconte un invité de Jacques Chirac. Le chef de l’Etat, qui recevait, lundi 14 février, à l’Elysée, les parlementaires du Parti populaire européen (PPE), parmi lesquels Brice Hortefeux, le plus proche lieutenant de Nicolas Sarkozy, a assuré à ses invités que le « oui » à la Constitution européenne avait « besoin d’eux ». Une sorte de prolongation de son travail pédagogique avec les parlementaires français (Le Monde du 27 janvier). Les 17 membres français du PPE sont néanmoins inquiets. L’irruption sur la scène européenne de la « directive Bolkestein », visant à libéraliser les services, leur apparaît désastreuse pour la campagne référendaire en France. Ils l’ont dit au président. « On n’a pas attendu février pour donner l’alerte. Mais je criais un peu dans le désert », confie Roselyne Bachelot. Ce texte relève d’une « idéologie ultralibérale insupportable », estime l’ancienne ministre de l’écologie. « C’est tout ce que les gens n’aiment pas et qui leur fait peur », juge un autre député européen. M. Chirac, qui a demandé la « remise à plat » de la directive, en est convenu. Le texte de Frits Bolkestein est parvenu à éclipser, un temps, la question de l’adhésion de la Tur- quie. Les députés européens du PPE y restent pourtant très opposés – à l’exception d’Ari Vatanen – et constatent, dans leurs réunions publiques, que la « déconnexion » tant souhaitée par l’Elysée ne s’opère pas. « On est bien ennuyés avec la position de Chirac. Le minimum, pour un politique, c’est de tenir sa parole, et on a fait campagne en disant que l’on était contre l’adhésion », se plaint l’un d’eux. m. chirac tente de les rassurer M. Chirac a tenté de balayer ces inquiétudes en expliquant, contre tout ce que montrent les enquêtes d’opinion, que cette question turque était de moins en moins une préoccupation. En attendant, Mme Bachelot, dont l’Elysée se demandait encore, lundi matin, si elle serait présente, a annoncé qu’elle avait déjà tenu 87 réunions publiques pour le « oui ». « Cela ne m’étonne pas que le “non” monte ! », se serait alors exclamé le président de la République. L’ancienne ministre assure que l’anecdote est fausse et ne voit pas d’autre explication à ce récit rapporté par plusieurs témoins que la « jalousie incroyable » dont elle est l’objet. Béatrice Gurrey Au Parti socialiste, François Hollande et Laurent Fabius se rendent coup pour coup CHAQUE PHRASE, chaque attaque, chaque argument, il les réfute. Derrière son pupitre, devant un aréopage clairsemé – le porte-parole de la campagne pour les élections européennes, Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, responsable du projet, Elisabeth Guigou –, François Hollande a répondu point par point, lundi 14 février, à Laurent Fabius, qui, le matin même, dans Le Parisien, répétait qu’il voterait « non » au référendum national, agaçant visiblement le premier secrétaire du PS. M. Hollande, qui avait invité le président du groupe du Parti socialiste européen (PSE) à Strasbourg, l’Allemand Martin Schultz, a décliné son « oui franc, clair, socialiste ». D’abord en expliquant qu’il ne pouvait pas y avoir « confusion des moments » et des genres. « Le seul sujet de la consultation référendaire, c’est le traité constitutionnel. Le référendum ne porte pas sur la politique gouvernementale. L’heure de l’alternance ne vient pas en 2005, hélas. Elle viendra en 2007. » « une certaine désespérance » Dans Le Parisien, M. Fabius, évoquant les mouvements lycéens, s’inquiétait d’une « certaine désespérance », et expliquait avoir « bien senti l’opinion sur la Constitution » des manifestants pour les 35 heures. « Comme toujours avec un référendum, le contexte politique jouera », ajoutait le numéro deux du PS. Pour M. Hollande, il y a « un certain paradoxe à vouloir faire peur à travers telle ou telle directive [Bolkestein], alors même qu’elle ne dépend pas du traité constitutionnel, et qu’au contraire son adoption pour- rait empêcher de telles dérives ». Dans le même entretien, M. Fabius, expliquant qu’une « dérive » libérale de l’Europe « existe », avait critiqué la directive Bolkestein, « qui démolit notre droit social ». « Il y a eu un vote massif, significatif. Dans une organisation comme le PS, il ne peut y avoir qu’une réponse. C’est comme si on désignait un candidat à l’élection présidentielle, et que celui qui n’est pas élu continuait à faire campagne pour lui-même », a affirmé M. Hollande, dans une comparaison qui ne laissait évidemment rien au hasard. Mardi, sur Europe 1, Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS de l’Assemblée, s’est dit « franchement irrité par la campagne subliminale de Laurent Fabius ». Ariane Chemin LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/9 FRANCE-SOCIÉTÉ William Dab quitte ses fonctions de directeur général de la santé Des divergences seraient apparues avec Philippe Douste-Blazy LE PROFESSEUR William Dab va quitter « prochainement ses fonctions de directeur général de la santé pour reprendre à temps plein ses fonctions d’enseignant-chercheur au Conservatoire national des arts et métiers », a annoncé, lundi 14 février, le ministère de la santé. Ce départ se fait « en plein accord avec Philippe Douste-Blazy », précise le communiqué du ministère, qui ajoute que les deux hommes « continueront de collaborer ensemble comme ils ont déjà eu l’occasion de le faire à plusieurs reprises au cours de leurs carrières respectives de professeur de santé publique ». Malgré cette présentation quelque peu idyllique, le départ de M. Dab, un an et demi après son arrivée à la tête de l’une des administrations centrales du ministère de la santé, étonne peu les spécialistes de santé publique. Selon certains témoins au ministère, il ne régnait pas un climat de totale confiance entre le ministre et son directeur général de la santé (DGS). Plusieurs désaccords sur la manière de concevoir la politique de santé publique ont sans doute pesé. « Il y a une opposition de style entre un ministre focalisé sur la communi- cation et qui recherche le consensus à tout prix et un DGS qui est un scientifique de la santé publique, qui est plus enclin à camper sur ses convictions », analyse un ancien collaborateur du ministère de la santé. M. Dab aurait eu des divergences avec son ministre sur plusieurs points : l’opposition jugée trop molle de M. Douste-Blazy à un amendement visant à assouplir la loi Evin (Le Monde du 15 octobre 2004) ; l’annonce par le ministre de son souhait d’interdire les antidépresseurs pour les moins de 18 ans sans avoir sollicité les experts ; le retrait du site du ministère de l’expertise collective sur les psychothérapies, pourtant commandée et financée par la DGS (Le Monde du 8 février). la crise de la canicule Agé de 51 ans, William Dab avait été nommé directeur général de la santé en août 2003 à la suite de la démission du professeur Lucien Abenhaïm, désavoué par son ministre, Jean-François Mattei, après le drame de la canicule. Collaborant de longue date avec Lucien Abenhaïm, il avait été son bras droit à la DGS de 1999 à 2001. M. Dab a ensuite été responsable du pôle santé Le Sénat examine la révision constitutionnelle LES SÉNATEURS devaient examiner, à partir du mardi 15 février, le projet de révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité constitutionnel européen, que l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le 1er février. Le gouvernement et l’Elysée misent sur un vote conforme du Sénat, ce qui éviterait une deuxième lecture. Les deux Assemblées se réuniront ensuite en Congrès à Versailles, probablement le lundi 21 mars. Elles pourraient également examiner à cette occasion le projet de loi constitutionnelle sur la Charte de l’environnement. Une fois la révision de la Constitution définitivement adoptée, le président de la République soumettra à référendum l’autorisation de ratifier le traité européen. De source parlementaire, ce référendum pourrait avoir lieu dimanche 5 ou dimanche 12 juin. M. Larcher installe les commissions de réécriture du code du travail LE MINISTRE délégué aux relations du travail, Gérard Larcher, devait installer, mardi 15 février, les commissions qui plancheront sur la réécriture du code du travail. Ce travail se fera « à droit constant » et « ne modifiera pas le contenu des règles applicables », a assuré le ministre. La Commission supérieure de codification, placée sous l’autorité du premier ministre, a confié cette tâche à deux conseillères d’Etat : Christine Maugué et Anne Courrège. Les travaux de réécriture doivent prendre fin en juin 2006. De leur côté, les organisations syndicales s’inquiètent de la volonté affichée par le patronat de « simplifier » le code du travail. dépêches SOCIAL : les confédérations syndicales qui avaient appelé à manifester le 5 février pour la défense des 35 heures, des salaires et de l’emploi ont prévu de se rencontrer à nouveau, mercredi 16 février. Elles pourraient proposer une nouvelle journée d’action, jeudi 10 mars, avec, notamment, des arrêts de travail par entreprise. a POLYNÉSIE : la ministre de l’outre-mer, Brigitte Girardin, a pris acte, lundi 14 février, de la victoire de « la coalition réunie autour du parti indépendantiste » à l’élection territoriale partielle du 13 février. Evoquant l’absence de majorité au sein de l’Assemblée de Polynésie, elle a invité « toutes les forces politiques à faire preuve de sens des responsabilités ». Le même jour, une élue de l’Alliance pour une démocratie nouvelle (ADN), Patricia Jennings, a rejoint l’Union pour la démocratie (UPLD) d’Oscar Temaru. Celui-ci disposait, mardi matin, de 28 sièges à l’Assemblée contre 27 au parti de Gaston Flosse (UMP) et 2 à l’ADN. a LAÏCITÉ : les commémorations du centenaire de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ont été ouvertes, lundi 14 février, sous la coupole de l’Institut de France, en présence du premier ministre, à l’occasion d’une séance solennelle qui s’est tenue en présence de représentants de nombreux cultes. a CONJONCTURE : les investissements dans l’industrie ont augmenté de 3 % en 2004 par rapport à 2003, dont 2 % pour la seule industrie manufacturière, et progresseraient respectivement de 2 % et de 3 % en 2005, selon les chefs d’entreprise interrogés en janvier par l’Insee. Ils revoient ainsi à la baisse leurs chiffres d’octobre pour 2004 et à la hausse leurs prévisions pour 2005. a JUSTICE : le frère de Marie-Dolorès Rambla, une petite fille tuée en 1974 – un crime pour lequel Christian Ranucci avait été condamné à mort et exécuté –, a été mis en examen, lundi 14 février, pour homicide volontaire. Jean-Baptiste Rambla, qui avait été le dernier à voir sa petite sœur vivante, avant son enlèvement, est accusé d’avoir étranglé une femme et d’avoir dissimulé son corps dans un jardin, à Marseille. Pendant sa garde à vue, il aurait reconnu le meurtre, évoquant un « différend professionnel ». a INTEMPÉRIES : plusieurs personnes se trouvant à bord du paquebot Grand-Voyager, qui était en difficulté en Méditerranée, lundi 14 février, ont été légèrement blessées. Une vague a fracassé une verrière située sur le pont de ce navire battant pavillon des Bahamas et transportant plus de 700 personnes. L’eau s’est infiltrée, endommageant le système de communication et le système de contrôle des machines. Le Grand-Voyager a fait route vers le port de Cagliari (Sardaigne). a GUADELOUPE : un séisme d’une magnitude de 5,7 sur l’échelle ouverte de Richter a fait quatre blessés légers, lundi 14 février, en début d’après-midi, dans le sud de la Guadeloupe. Les deux îles de l’archipel des Saintes avaient déjà été frappées, le 21 novembre 2004, par un séisme d’une magnitude de 6,4, qui avait fait un mort et deux blessés. a publique et sécurité sanitaire au cabinet de Jean-François Mattei, de juillet 2002 à août 2003. Lors des auditions parlementaires sur la gestion de la crise de la canicule, William Dab avait souligné le manque de coordination entre les différents services du ministère, qui possédaient chacun des informations partielles. Une carence expliquant en grande partie, selon lui, la lenteur de réaction du ministère. Au cours de son mandat à la DGS, M. Dab s’était donc fixé pour objectif, avec son homologue Edouard Couty, directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins, d’établir une collaboration permanente de leurs services respectifs dans la gestion des situations de crise. M. Dab avait aussi poursuivi le travail de son prédécesseur visant à tirer les leçons de crises comme celle du SRAS et avait mis en place à la DGS un département des situations d’urgence, qui a préparé des plans spécifiques (grippe, canicule…). Sous sa direction, la DGS a également mené à bien le projet de loi sur la politique de santé publique, adopté en juillet 2004. Paul Benkimoun « Le mépris, l’arrogance et le cynisme » de Gilles Ménage et Christian Prouteau Au premier jour des plaidoiries au procès des écoutes, l’un des avocats a évoqué des « mœurs de la cour des Borgia, avec le téléphone en plus » tribunal de paris Procès des écoutes 28e jour d’audience L’AVOCAT y a vu « un ultime outrage ». D’un ton ferme, Me Alex Ursulet a regretté, lundi 14 février, l’absence des principaux prévenus. Ni Gilles Ménage, ancien directeur adjoint du cabinet de François Mitterrand, ni Christian Prouteau, responsable de la cellule de l’Elysée, n’ont fait acte de présence pour entendre les griefs des victimes au premier jour de la plaidoirie des parties civiles. Défenseur de deux journalistes, Patrice Dutertre et JeanCharles Deniau, Me Alex Ursulet a stigmatisé un système de défense fondé sur « le mépris, l’arrogance, le cynisme ». L’avocat n’a pas été le seul à pourfendre la conduite des deux hommes et leur usage des faux-fuyants. « J’ai une chemise avec les mensonges de Prouteau. C’est la plus grosse de mon dossier », a ironisé Me Christine Courrégé, qui plaide pour le lieutenant-colonel Jean-Michel Beau, écouté par la cellule après l’affaire des Irlandais de Vincennes. Elle a dressé des portraits piquants. M. Ménage ? « Un apprenti sorcier, plus royaliste que le roi, qui n’arrête pas de faire des notes », a-t-elle dit, mais aussi « un homme intéressé ». M. Prouteau ? « Il est tombé amoureux du président. » Ce coup de foudre l’a mené à tout, « baby-sitter » de Mazarine, la fille cachée du président, et caution impénitente de toutes « les bêtises » du capitaine Paul Barril. « C’est pas de la fidélité, c’est de l’aveuglement », a commenté l’avocate. De M. Barril, « un clown, qu’on trouverait drôle si l’on n’était pas au Palais », elle a rappelé le montage contre les Irlandais qui valut au journaliste du Monde Edwy Plenel, poursuivi en diffamation par le gendarme, d’obtenir une relaxe au titre de l’« exception de vérité », décision par laquelle est reconnue la véracité des faits rapportés. Derrière ce système proliférant aux motifs souvent fantaisistes – l’homme politique François Froment-Meurice est ainsi présenté comme un « documentaliste » soupçonné de « trafic d’armes » –, derrière ces « exécutants serviles » « aux mœurs de la cour des Borgia, avec le téléphone en plus », comme les a qualifiés Me André Guibert, qui plaide pour Georges Gabbay, conseiller fiscal de l’écrivain JeanEdern Hallier, il y avait le président. Il « détestait qu’on lui résiste », a souligné Me Courrégé. Quitte à se contredire : Me JeanPaul Lévy, défenseur du policier « de gauche » Gilles Kaehlin, rebelle aux méthodes illégales, a rappelé que, parmi les 101 propositions du candidat Mitterrand en 1981, figuraient la suppression des écoutes et une réforme de la police. Toutes deux ont été sacrifiées, et M. Kaehlin n’a vu arriver à l’Elysée « que des policiers de droite ». Me Ursulet a lu un passage de l’ouvrage de référence de la mitterrandie, Le Coup d’Etat permanent. En 1965, dénonçant « le cabinet noir » du général de Gaulle et le recours à la basse police de son régime, le futur chef de l’Etat écrivait : « Ce qui sort en surface est peu de chose au regard de ce qui reste caché. » Silence. Au tribunal, l’avocat a adressé une prière pour espérer qu’« après avoir été écoutés nous serons entendus ». Pascal Ceaux 10/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 CARNET AU CARNET DU « MONDE » DISPARITIONS Maurice Trintignant Javier Tusell Premier Français à remporter un grand prix de F1 Analyste de l’Espagne contemporaine L’ANCIEN PILOTE automobile Maurice Trintignant est mort dimanche 13 février à l’hôpital de Nîmes (Gard). Il était âgé de 87 ans. Ce petit homme plein d’élégance, né le 30 octobre 1917 dans le Vaucluse, avait 47 ans lorsque sa 5e place, le 2 août 1964 au Nürburgring, à l’issue du Grand Prix d’Allemagne, lui permit de glaner les deux derniers points de sa carrière dans le sport automobile. Mais l’histoire retiendra surtout de Maurice Trintignant qu’il a été le premier Français a remporter un grand prix de formule 1. Le 22 mai 1955, sur le circuit de la Principauté de Monaco, au volant d’une Ferrari, les ennuis de Juan Manuel Fangio (Mercedes) et de Stirling Moss (Mercedes) lui ouvrent les portes du succès. Et surtout, l’Italien Alberto Ascari qui, se croyant à tort menacé, perd le contrôle de sa Lancia D50 avant d’effectuer un plongeon mortel dans l’eau du port de Monaco. « crotte de rat » Sur la même piste, Maurice Trintignant renouvela l’exploit au volant d’une Cooper-Climax trois ans plus tard, engrangeant les deux seules victoires de sa carrière en formule 1, où il a participé à 82 épreuves. Maurice Trintignant a débuté sa carrière en 1938 au volant d’une Bugatti 2,3 l, celle-là même avec laquelle son frère Louis avait trouvé la mort cinq ans plus tôt lors d’une séance d’essais sur le circuit de Péronne, en Picardie. C’est avec cette machine qu’il participa à la Coupe de la Libération, première course de l’après-guerre, qui a été organisée en septembre 1945 dans le bois de Boulogne, à Paris. Mais, pendant la guerre, des rats avaient élu domicile dans le réservoir de la Bugatti, entreposée dans une grange. Les excréments des rongeurs se propageant dans la carburation, le Français dut abandonner la course. De cet épisode naîtra son surnom : « le Pétoulet » – littéralement « crotte de rat ». En 1948, peu avant le Grand Prix de Suisse, sur le circuit de Berne, accidenté, il échappa à la mort et resta huit jours dans le coma. Après quatre ans de répit, il reprit la compétition au sein de l’écurie Gordini et participa à cinq grands prix : en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Hollande et en Italie. A cette époque, les deux principales écuries concurrentes s’appelaient Maserati et Ferrari. En 1954, Maurice Trintignant rejoint les bolides rouges de Maranello, ainsi qu’en 1955 et 1957. Plus régulier que spectaculaire, Maurice Trintignant doit à cette qualité d’avoir remporté ses deux victoires monégasques. Après l’accident du Britannique Stirling Moss en 1962, il remplace ce dernier dans l’écurie Cooper-Climax de Rob Walker et n’hésite pas à lutter contre l’intouchable Jim Clark. Maurice Trintignant, oncle de l’acteur Jean-Louis, s’était retiré dans le village de Vergèze (Gard), dont il fut un temps maire, mais il s’est surtout consacré à l’élevage d’un côtes-du-ventoux dénommé « Le Pétoulet ». Jean-Jacques Larrochelle Michel François-Poncet Une vie consacrée à Paribas La nomination de cet homme du sérail fut accueillie avec satisfaction chez Paribas. Tous virent en lui l’homme capable de reconstruire le groupe, après les épisodes mouvementés de la nationalisation, de la fuite des filiales étrangères de Paribas, du procès Moussa, et des envies de grandeur de M. Haberer. Mais la réorganisation paisible ne durera pas. Alors que Suez, le grand rival de Paribas, multiplie les offensives (Générale de Belgique, Victoire) l’état-major de Paribas presse Michel François-Poncet d’attaquer à son tour. En 1989, Paribas lance une offre publique contre la compagnie de la Navigation mixte. Mal préparée, l’opération échoue. La banque sauve la face de son président en le nommant président du conseil de surveillance. Mais il doit abandonner la réalité du pouvoir à André Levy-Lang, alors président de la Compagnie bancaire, filiale de Paribas. Il n’eut par la suite qu’un rôle d’influence. Martine Orange – Quand la lune a changé le singe en coq, petit homme a fait sa première gamme pour la grande joie de ses parents et de sa famille. Thomas COHEN L’HISTORIEN espagnol Javier Tusell est mort à Barcelone, mardi 8 février, des suites d’une pneumonie. Il était âgé de 59 ans. Né le 26 août 1945 à Barcelone, installé très jeune à Madrid, Javier Tusell était l’un des meilleurs analystes de l’Espagne contemporaine, non seulement comme historien, mais aussi comme chroniqueur politique. Infatigable en dépit de la leucémie dont il était atteint depuis trois ans, « hyperactif » même selon ses amis, il avait avec lui son ordinateur portable dans sa chambre d’hôpital et avait fait installer une ligne téléphonique pour pouvoir continuer à participer aux débats radiophoniques de la chaîne de radio Cadena Ser. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages et d’un très grand nombre d’articles de presse, il répondait sans jamais se lasser aux questions des journalistes, qui trouvaient en lui un observateur sans parti pris et d’une immense culture. Il avait été l’un des premiers en Espagne à travailler en chercheur sur des archives publiques et privées qu’il avait souvent découvertes lui-même. Toute l’histoire récente de l’Espagne lui en est redevable à travers ses ouvrages sur Franco et la dictature franquiste, sur l’Espagne durant la seconde guerre mondiale, sur le catholicisme espagnol, sur le coup d’Etat, en 1923, de José Antonio Primo de Rivera, mais aussi sur le rôle des intellectuels sous la République, sur la transition démocratique et encore sur la droite espagnole et ses origines maurassiennes. Homme de centre droit, venu des démocrates-chrétiens de l’Union du centre démocratique (UCD) d’Adolfo Suarez, Javier Tusell n’avait jamais, comme nombre de ses amis, rejoint l’Alliance populaire ni, ensuite, le Parti populaire de José Maria Aznar. Il s’était d’ailleurs montré aussi critique à l’égard de M. Aznar lors de sa dernière législature qu’envers Felipe Gonzalez en son temps, comme le démontre son dernier ouvrage, intitulé El Aznarato. Javier Tusell a aussi joué un rôle de premier rang en tant que directeur des Beaux-Arts pour faire revenir en Espagne, en 1981, le célèbre Guernica de Pablo Picasso, et il plaidait pour le retour en Catalogne des archives de la guerre civile, conservées à Salamanque. Martine Silber RAFIC HARIRI, ancien premier ministre libanais, est mort dans un attentat, à Beyrouth, lundi 14 février. Il était âgé de 60 ans (lire pages 2 et 3). a À LIRE EN LIGNE Retrouvez sur le site du Monde (www.lemonde.fr/carnet) les nominations, les lois et décrets parus au Journal officiel, ainsi que les adresses de sites publiant des documents significatifs. est né le 12 février 2005, à Paris 14e. Mariages Sarah BOUDON et Bob JANSSEN sont heureux de faire part de leur mariage célébré le 5 février 2005. 203, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris. Saint-Valentin – Bonne fête, Ma Comète ! Ta star. – Un jour Tu es entrée, cassée, perdue dans cette pièce à l'obscurité naissante de ma vie. Depuis, la lumière éclabousse les murs et les heures de mes nuits. Je t'offre, Toi, ma lumineuse, ma renaissance, ma renaissante, les espaces infinies de la liberté dans mes bras. Noureddine BEN KHADER, intellectuel, éditeur et militant tunisien de la démocratie, le 11 février 2005, à Tunis. R. Hanoune. – Renaud, Patrick et Dominique Delouvin, ses enfants et leurs conjoints, Christophe, Valentin, Cécilia, Mickaël, Léa et Hugo, ses petits-enfants, Colette Hoffsaes et Jean-Pierre Guy, ses sœur et frère, leurs enfants et petits-enfants Et toute leur famille, ont la grande tristesse d'annoncer le décès de Jacqueline DELOUVIN, – M. Joseph Assouline, son époux, Michelle et Marc Touboul, Pierrette Assouline-Abecassis, ses filles et son gendre, Frédérique et Cyril Bouyeure et leurs fils, Antoine, Anatole et Louis, Nathalie Touboul et ses enfants, Hortense et Jules Fournel, Irène et Fabrice Balavoine, et leur fils, Mattéo, ses petits-enfants et ses arrière-petitsenfants, Les familles Ouhayoun, Assouline, parentes et alliées, ont la tristesse de faire part du décès de Mme Marie ASSOULINE, née OUHAYOUN, survenu le 13 février 2005, dans sa quatre-vingt-quinzième année. Les obsèques auront lieu le mercredi 16 février, à 14 h 30, au cimetière du Montparnasse, Paris 14e. On se réunira à l'entrée principale. producteur, vice-président de la Cinémathèque française, survenu brutalement le jeudi 10 février 2005, dans sa cinquante et unième année. ingénieur agronome, ancien fonctionnaire international de l'Unesco du secteur science et grand protecteur de l'environnement, survenu le samedi 12 février 2005, à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Les obsèques auront lieu le mercredi 16 février, dans la stricte intimité familiale. – Le Centre International de Rencontres sur le XVIIe siècle a la douleur de faire part du décès, le 10 février 2005, de son ancien président, Wolfgang LEINER, le 9 février 2005, à Paris, dans sa quatrevingtième année. qui fut, par son rayonnement et par sa générosité, l'âme de l'association. La cérémonie religieuse et les obsèques ont eu lieu à Reims, le 14 février. – Roseline Bréham, son épouse, Laure, Catherine et Julien, ses enfants, Sa maman, Sa famille Et ses amis, ont la tristesse de faire part du décès de 9, ruelle au Puits, 94800 Villejuif. 14, rue Danton, 92170 Vanves. 85, rue J.-B. Défernez, 62000 Liévin. – M. Bernard Arnault, président et directeur général Et les membres du conseil d'administration de M. Michel FRANÇOIS-PONCET, officier de la Légion d'honneur, commandeur de l'ordre national du Mérite, administrateur et président du comité d'audit, survenu le 10 février 2005. Ils prennent part à la peine de sa famille à laquelle ils adressent leurs sincères condoléances. Administrateur du Groupe LVMH depuis sa constitution en 1987 et président du comité d'audit depuis 1999, M. Michel François-Poncet a grandement contribué, par les qualités de rigueur et la perspicacité de ses analyses manifestées tout au long de sa participation aux travaux du conseil d'administration, à la performance et au rayonnement du Groupe LVMH. – Michel Pébereau, président du conseil d'administration, Les membres du conseil d'administration Et l'ensemble du personnel de BNP Paribas – Claude Berri, président, Martine Offroy, vice-présidente, Le conseil d'administration, Serge Toubiana, directeur général, Le personnel de la Cinémathèque française, ont la très grande tristesse de faire part du décès de M. Alain GILLE, professeur à l'université de Tübingen, ont la grande tristesse de faire part du décès de Décès – Mme Alain Gille, son épouse, M. François Gille, son fils, Mme Catherine Forde, sa fille, Mlle Chantal Gille, sa sœur, et son petit-fils, Quentin Forde, ont la douleur de faire part du décès de née GUY, LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton Pierre. ont la grande tristesse de faire part du décès de Michel FRANÇOIS-PONCET, vice président du conseil d'administration et ancien président de Paribas, survenu le 10 février 2005. Michel François-Poncet a fait toute sa carrière dans le Groupe Paribas, puis BNP Paribas. Sa disparition constitue, sur le plan humain comme sur le plan professionnel, une perte immense pour le Groupe, auquel il était profondément identifié et qui lui doit une grande reconnaissance. Jean-Paul MONTCEL, à l'âge de cinquante-sept ans. La cérémonie religieuse aura lieu le jeudi 17 février 2005, à 16 heures, en l'église de Giverny (Eure), suivie de l'inhumation au cimetière de Giverny, à 17 heures. 11, rue Anne de la Vigne, 27200 Vernon. – M. et Mme Jean-Pierre Pech, M. et Mme Jacques Pétel, M. et Mme Bernard Pétel, M. et Mme Philippe Pétel, Leurs enfants et leurs petits-enfants, Parents et alliés, ont la douleur de faire part du décès du docteur Raoul PETEL, survenu le 13 février 2005, à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans. Les obsèques religieuses auront lieu le jeudi 17 février, à 14 h 30, en l'église Saint-Aubin, à Toulouse. Cet avis tient lieu de faire-part. 9, place Dupuy, 31000 Toulouse. Remerciements – Mme Papou Rebeyrolle profondément touchée par le soutien et les nombreux témoignages de sympathie et d'amitié reçus lors du décès de Paul REBEYROLLE, et ne pouvant répondre à tous individuellement, vous en remercie très chaleureusement. Anniversaires de décès – En mémoire du dixième anniversaire de la mort de Sylvain BOMBART, survenue le 16 février 1995, dans sa vingt-troisième année. Danièle et Jean-François, Hélène et Marie, ses sœurs. – Saint-Mont. Bordeaux. Paris. Ils s'associent à la douleur de sa famille à laquelle ils présentent leurs plus vives condoléances. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 16 février, à 10 h 30, en l'église Saint-Philippe du Roule, 9, rue de Courcelles, Paris 8e. (Le Monde du 12 février.) – Caroline Massot Boitard, sa femme et Chloé, sa fille, Claude et Martine Boitard, ses parents, Mme Marguerite Boitard, le général et Mme Gauly, ses grands-parents, Jean et Brigitte Massot, ses beaux-parents, Juliette et Guillaume Fournier, Domitille Boitard, Sylvain et Sophie, Florent, Bruno et Astrid Massot, ses sœurs, beaux-frères, belles-sœurs et leurs enfants, ont la douleur de faire part de la disparition en montagne de Damien BOITARD. Un service religieux à sa mémoire et à celle de son compagnon de cordée Stéphane MALAVASI, Offre réservée à un premier abonnement Ses amis ont la douleur de faire part du décès de En fraternel souvenir. Humbert BALSAN, 51BMQ60A MICHEL FRANÇOIS-PONCET, vice-président du conseil d’administration de la banque BNP-Paribas, est mort à 70 ans le 10 février. Michel François-Poncet était arrivé rue d’Antin, siège de Paribas, en 1961, après un diplôme de sciences politiques et un diplôme à la Harvard Business School. Fils d’industriel, cousin germain de Jean François-Poncet, il fut successivement attaché de direction, directeur adjoint, directeur puis directeur central avant de devenir président de Paribas North America. Il collabora avec tous les grands noms de la banque : Jacques de Fouchier, Pierre Moussa, Jean-Yves Haberer. Mais les amitiés de ce banquier nonchalant furent ailleurs. Très proche de Claude Bébéar (Axa), de Didier Pineau-Valencienne (exSchneider), il a été un des membres influents du club Entreprises et cité. Très lié aussi à Jacques Chirac, c’est à lui qu’il devra d’être nommé président de Paribas en 1986, puis d’obtenir que sa banque soit le premier établissement financier à être privatisé. Naissances – Lille. sera célébré le jeudi 17 février 2005, à 19 heures, en la chapelle Notre-Dame du Bon Conseil, 6, rue Albert de Lapparent, Paris 7e. Geneviève, Catherine, Françoise, ses filles et leurs conjoints, Jean-Charles, Anne et Stéphane, Gabrièle, Pia, Numa, Théo, ses petits-enfants, Lisa, son arrière-petite-fille, Estelle, sa belle-sœur, Les familles Laborde, Jauze, Porte, Egan, Vivaldi, Hutter, ses parents et amis, ont l'immense douleur de faire part du décès de Robert LABORDE, agrégé d'anglais, inspecteur général honoraire de l'Éducation nationale, officier de cavalerie de Saumur, croix de guerre 1939-1945, chevalier du Mérite national, chevalier du Mérite agricole, officier des Palmes académiques, survenu le samedi 12 février 2005, dans sa quatre-vingt-onzième année. Il rejoint son épouse bien aimée, Maria DEL PILAR, décédée le 21 mai 2003. L'office religieux a été célébré le lundi 14 février, en l'église de Saint-Mont. « Là ou le français n'arrive le gascon y peut aller. » Montaigne. Cet avis tient lieu de faire-part. 27, avenue de l'Amiral-Courbet, 59130 Lambersart. Communications diverses « Ma bibliothèque personnelle » avec Régis Debray, animée par Pierre Assouline lecture de Daniel Mesguich le mercredi 16 février 2005, à 18 h 30. Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, quai François Mauriac, Paris 13e. Auditorium, hall Est, entrée libre. – Au CBL, 10, rue Saint-Claude, Paris 3e, jeudi 17 février 2005, à 20 h 30 : « Sépharades ou Ashkénazes ? » par Daniel Lindenberg, auteur de Destins marranes (Editions Hachette). Réservation : 01 42 71 68 19. Deux mois d’abonnement au offerts* pour toute annonce de naissance ou de mariage dans le carnet. 123 * Offre non cumulable. Carnet du Monde : Tél. : 01-57-28-29-94 ou 01-57-28-29-96. E-mail : [email protected] LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/11 RÉGIONS Les grandes stations de ski des Alpes parient sur l’esprit village Après l’urbanisation de la montagne dans les années 1960 et 1970, elles cherchent à recréer une architecture plus traditionnelle. Au risque d’une uniformisation censée favoriser la commercialisation auprès d’un certain type de clientèle, notamment internationale Valmorel (Savoie) avait lancé cette mode d’une architecture néorégionaliste à la fin des années 1970, en adoptant le modèle de village reconstitué. Depuis, le style a fait école et se décline à toutes les altitudes. « C’est une fiction patrimoniale. On a reconstruit une identité alpine qui n’a jamais existé de façon unique », objecte Marie Wozniak, architecte et conseillère scientifique à la Fondation pour l’action culturelle internationale en montagne (Facim). Pour elle, un changement radical s’est opéré « à la fin des “trente glorieuses” », sous l’effet conjugué d’une peur de l’avenir et de l’émergence du discours écologiste. « La montagne s’est figée dans une image du passé », soutient-elle. La destruction, en avril 2004, aux Menuires (Savoie), de l’immeuble Le Solaret, symbole d’une architecture années 1960. Il sera remplacé par des chalets de style savoyard, montrant la volonté de la station de rompre avec le concept de « ville en altitude ». ot les menuires CHAMBÉRY, GRENOBLE de nos correspondantes Authenticité, nature et retour aux sources : c’est ainsi que se décline aujourd’hui la stratégie de séduction des stations alpines pour attirer les citadins en mal de rupture avec leur quotidien. Confrontées, depuis dix ans, à une stagnation de la fréquentation, elles travaillent désormais à donner une image moins industrielle des champs de neige. Les brochures de promotion touristique vantent le bienêtre et les paysages de rêve. Le Carnet de route de la montagne, publié en 2001 par l’Agence française de l’ingénierie touristique (AFIT), conseille ainsi aux professionnels de travailler sur des prestations douces et de jouer sur « l’ambiance chalet, le chocolat chaud, le feu de cheminée ». Cette mise en scène d’une montagne néorurale est un produit d’appel pour la clientèle étrangère, celle qui tire désormais la croissance. Les efforts se portent sur le réservoir de vacanciers en provenance d’Europe du Nord, de Russie, de Chine, voire du ProcheOrient. Pour attirer et retenir cette clientèle, il faut soigner le décor. Quitte à risquer la banalisation de leurs paysages, les communes habillent les places de village de bois et de lauze. Les pavés remplacent le bitume, les chalets aux balcons ouvragés s’égrainent le long des lacets. « haut de gamme » A Arcs 1950 (Savoie), l’investisseur canadien Intrawest a poussé le modèle jusqu’à la caricature en recréant de toutes pièces le décor d’un village savoyard surnommé par ses détracteurs « Disneyland ». « Il n’y en a plus aujourd’hui que pour le haut de gamme », déplore, de son côté, l’un des créateurs des Arcs, Yvon Blanc, pour qui la philosophie des premiers bâtisseurs est aujourd’hui complètement dévoyée. « Au départ, l’intention était bonne », nuancent les membres de l’équipe « architecture, paysage, montagne » de l’Ecole d’architecture de Grenoble, même si, « sous couvert de recréer des villages, on surélève les toits et on densifie un peu plus », notent-ils. Pour autant, cette architecture néorégionaliste ne mérite pas, selon eux, d’être rejetée en bloc. « Il y a des choses intéressantes », disent-ils, regrettant néanmoins l’absence de réflexion globale et de maîtrise des projets. « A l’époque des stations intégrées, rappellent-ils, il y avait une chaîne qui fonctionnait, avec un promoteur qui était le maître d’œuvre unique, une collectivité locale qui lui concédait l’exclusivité de l’aménagement et les services de l’Etat qui animaient et contrôlaient le projet. Aujourd’hui, promoteurs, sociétés de remontée mécanique, copropriétés se partagent les rôles. D’où un morcellement des décisions. » Le contexte également a changé. « Dans les années 1960, les aménageurs avaient encore une culture du territoire, alors qu’aujourd’hui ce sont des financiers », observe Charles Roche, un architecte de l’équipe. Les grands groupes immobiliers de loisirs qui règnent sur la plupart des stations accentuent l’uniformisation. « Ayant des clients dans le monde entier, ils ont intérêt à vendre le même produit, à la mer ou à la montagne. Pour eux, c’est à la fois un argument et une facilité », ajoute M. Roche. Aujourd’hui, les immeubles, considérés comme l’archétype de la modernité des années 1960, déparent dans le paysage. La destruction, en avril 2004, aux Menuires (Savoie), de l’immeuble du Solaret, une barre de 90 mètres de long en bordure des pistes, remplacé par une résidence-chalet, symbolise cette volonté de rejeter ce Certaines communes imaginent des solutions pour limiter le trafic automobile CHAMBÉRY de notre correspondante Pour se donner une image de montagne « à l’état pur », les stations, qui s’étaient jusqu’ici peu préoccupées des questions environnementales, multiplient les efforts pour gommer la voiture du paysage et réduire les pollutions sonores, olfactives et visuelles en bas des champs de neige. Avec des constructions de parkings souterrains à Tignes, des plans de circulation à Chamrousse, Megève, l’Alpe-d’Huez ou encore La Clusaz, les maires des communes situées en dessous de stations de ski cherchent à endiguer les flots de voitures qui déparent le paysage. En Savoie, la commune de Saint-Martinde-Belleville étudie un projet de contournement de la station des Menuires pour les vacanciers qui se rendent à Val-Thorens, situé à une altitude plus élevée. Cette tendance a trouvé une illustration particulière à Val-d’Isère, qui a intitulé son dossier de can- didature pour les championnats du monde de ski alpin de 2009 : « Championnats sans voitures ». La station avaline a notamment décroché l’organisation de l’événement en raison de ce souci environnemental. La réflexion ne porte pas seulement sur la circulation à l’intérieur des stations ; il s’agit aussi de diminuer le nombre des voitures qui montent des vallées vers les stations. Ainsi, Courchevel a instauré des navettes gratuites pour relier ses différents sites. combiner transport et forfait de ski Le conseil général de l’Isère, dont le budget consacré aux transports a augmenté de 25 % en 2005 (145,9 millions d’euros), cherche à limiter l’engorgement des routes qui mènent aux stations. Pour inciter les skieurs à laisser leurs voitures dans la vallée, il met en place un système tarifaire permettant l’accès à une quinzaine de stations au départ de la gare routière de Grenoble. Cet- trois questions à… jean-françois lyon-caen 1 Responsable de l’équipe architecture, paysage, montagne à l’Ecole d’architecture de Grenoble, vous avez publié un ouvrage et conçu une exposition qui présente les mutations en montagne, du XVIIIe siècle à nos jours. En quoi la montagne a-t-elle été un territoire d’inventions ? Les montagnes ont toujours stimulé l’imagination des hommes. Edifier des stations de ski à des altitudes auparavant inhabitées a été en soi une invention. Dès les années 1950, certaines équipes de créateurs ont privilégié des solutions inventives pour accueillir le plus grand nombre de vacanciers en s’adaptant à la fois aux contraintes du milieu et au ski alpin. L’éthique de ces pionniers était inspirée par les pensées fonctionnelles de Le Corbusier : rationalité et confort à la station des Arcs, conçue avec Charlotte Perriand, ou compositions expressives de Jacques Labro à Avoriaz. Ces démarches globales étaient très éloignées de l’approche ostentatoire qui domine actuellement. 2 Quel regard portez-vous sur le modèle actuel, cherchant à reproduire l’esthétique du pittoresque ? Depuis la fin des années 1970, de lieux sportifs, les stations se transforment en lieux de loisirs conçus autour d’une ambiance, déclinée d’emblée sur le modèle d’un village reconstitué. L’urbanisme, l’architecture et l’agencement intérieur composent un décor qui oscille entre nostalgie et imaginaire de l’enfance. Le rêve d’un « Heidi chalet » envahit l’univers de la montagne avec des productions uniformes d’un massif à l’autre, oubliant que chaque lieu est un paysage spécifique. 3 Le patrimoine moderne des stations mérite-t-il d’être protégé ? Le travail mené depuis dix ans sous l’égide du ministère de la culture n’a pas pour objectif de tout mettre sous cloche, mais d’éveiller les consciences. La mémoire d’une station est souvent attachée à ses victoires sportives éphémères, alors qu’on néglige les principes durables qui fondent son territoire. Aujourd’hui, l’absence de projet global menace la cohérence même des ensembles identifiés par l’inventaire. Propos recueillis par N. Ca. e Montagnes, territoires d’inventions, sous la direction de Jean-François Lyon-Caen, Ecole d’architecture de Grenoble, 25 ¤, disponible chez SB Diffusion, 1000, route de la Cote, 38260 Penol. Tél./fax : 04-74-54-30-67). dépêche SNCM : une table ronde sur l’avenir de la Société nationale Corse-Méditerranée se tiendra, jeudi 17 février, à Marseille, en présence de François Goulard, secrétaire d’Etat aux transports et à la mer. Réclamée par les syndicats, qui ont annoncé le dépôt d’un « préavis de grève à partir du 28 février », elle examinera la situation de la compagnie maritime, qui a annoncé 210 suppressions d’emploi. a te formule « Skiligne » permet, par ailleurs, de combiner le transport et le forfait de ski. La Haute-Savoie joue, elle, la carte européenne en participant à deux programmes Interreg III B (transnational) de promotion des transports en commun sur l’arc alpin qui associent la France, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse. En décembre 2004, le conseil général a été retenu par Bruxelles comme chef de file européen du projet « Mobilalp ». Morzine, Les Gets, la vallée d’Aulps, la vallée d’Abondance et les stations du massif des Aravis (La Clusaz, le Grand Bornand, Saint-Jean-de-Sixt et Manigod) sont parties prenantes de ce programme qui vise à améliorer la desserte des stations depuis les gares. La première réalisation pourrait être la mise en place, l’hiver prochain, de navettes régulières en dehors des heures de pointe pour les skieurs de l’agglomération d’Annecy afin de rejoindre les stations des Aravis. En période hivernale, la saturation du trafic est telle qu’il faut souvent compter deux heures, le week-end, pour accéder ou revenir de ces stations situées à moins de 30 kilomètres d’Annecy. L’autre objectif de « Mobilalp » est la création de « centrales de mobilité » auprès desquelles la clientèle trouverait l’ensemble des informations pour accéder aux stations. Le second programme, dit « Perles des Alpes », cherche à créer des produits touristiques qui associent le voyage au séjour. Le parcours en train et bus serait alors valorisé au même titre que l’accueil sur le site de villégiature. Saint-Moritz en Suisse et Obersdorf en Allemagne figurent parmi les stations partenaires. Un label est à l’étude pour l’ensemble des sites dont les critères seront présentés, en avril, à la station des Gets. L’objectif est de l’offrir au public dès 2006. N. Gr. modèle architectural. Courchevel (Savoie) a, elle aussi, sacrifié ses constructions novatrices à toit plat des années 1950, conçues par les architectes Denys Pradelle et Laurent Chappis, afin de profiter de son succès commercial. forme cintrée « Les réhabilitations à l’identique se font dans les stations les moins riches », remarque M. Roche. « Nous n’avons pas les moyens de faire mieux. Autant garder notre architecture des années 1960 », convient Pierre Arsac, adjoint à l’urbanisme de Chamrousse (Isère), l’une des rares stations à ne pas avoir inscrit dans son POS l’obligation de construire des toits à deux pans. Chargé de la rénovation de l’office du tourisme, édifié en 1968, l’architecte Yves de Préval a toutefois montré la voie d’une réinterprétation possible en leur donnant une forme cintrée. Cette réalisation sert aujourd’hui de référence architecturale à d’autres programmes de rénovation. Face à la menace de voir disparaître du paysage montagnard toute trace des premiers bâtisseurs, l’équipe « architecture, paysage, montagne » a entrepris de dresser un inventaire qui aide à établir « une évaluation et un bilan », expliquent ses membres. Ce travail a d’ores et déjà permis d’inscrire, à Courchevel, trois chalets de MM. Pradelle et Chappis ainsi qu’une église sur la liste supplémentaire des Monuments historiques et de classer, à Megève, la maison atelier de l’architecte Henry-Jacques Le Même. De son côté, la Facim a réagi et mis en place un itinéraire de découverte du patrimoine dans les stations de ski. Baptisé Archipels d’altitude, ce dernier a attiré, en 2004, « plus de 4 000 visiteurs », se réjouit Mme Wozniak. Pour autant, elle reconnaît que « la partie n’est pas gagnée », même s’il y a une prise de conscience et qu’une réflexion s’engage pour sensibiliser les élus et la population sur la manière de construire en montagne. « Il ne s’agit pas de contraindre mais d’inventer », témoigne Roger Caracache, maire du Sappey (Isère) et vice-président du parc naturel régional de Chartreuse. Nicole Cabret et Nathalie Grynszpan 12/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 HORIZONS DRÔLE DE À MATCH AMSTERDAM L’Ajax, le plus grand club de football néerlandais, doit-il renoncer à son image de « club juif » parce que ses fans font tionne « les tensions actuelles de la société ». Curieusement, c’est un incident sans aucun caractère raciste ni antisémite qui a accéléré la prise de conscience des Néerlandais. Le 11 septembre 2004, une actrice de télévision fiancée à un joueur vedette de l’Ajax (Rafael van der Vaart) a été traitée de « putain » pendant tout un match par des supporteurs de La Haye. L’affaire a fait scandale. Nombreux sont ceux qui regrettent encore que l’arbitre n’ait pas interrompu la partie, comme l’avait fait René Temmink, le 17 octobre 2004, lors d’un match La Haye-PSV Eindhoven troublé par des slogans antisémites et racistes. « Beaucoup de gens se sont dit “cela va trop loin, c’est devenu trop agressif, on ne peut plus tolérer cela”, confie le sociologue Paul Scheffer. Cela a entraîné un débat sur les valeurs qu’il convient de défendre dans l’espace public. Les gens pensent désormais qu’on a été trop longtemps tolérants dans les stades, qu’on a trop longtemps cru qu’il ne fallait pas prendre tout cela trop au sérieux. Aujourd’hui, ils disent qu’il faut le combattre, qu’il s’agit d’un symbole de ce qui ne va plus dans cette société. Un débat porte actuellement sur les limites de notre tolérance. » Le 24 janvier, la Fédération néerlandaise de football (KNVB) a publié une liste de vocables et sonorités interdites de stade. Sont proscrits les sifflements, les bruits de la jungle, les bêlements de mouton, le mot « Hamas » ainsi que tous ceux qui se réfèrent à la prostitution, aux parties génitales, aux maladies, aux croyances religieuses et à l’appartenance à tel ou tel groupe ethnique. En cas d’infraction au nouveau règlement, les arbitres ont pour mission d’arrêter la partie. Un dispositif que les supporteurs jugent « inapplicable ». « Beaucoup de gens se sont dit “cela va trop loin on ne peut plus tolérer cela” » l’objet d’insultes antisémites ? paul scheffer, sociologue NE longue carcasse calcinée. C’est tout ce qu’il restait de la Maison des supporteurs de l’Ajax Amsterdam quand Ruben est arrivé sur les lieux, dans la nuit du dimanche 30 janvier. Avant même de contempler les dégâts, ce fan du plus grand club de football néerlandais n’avait aucun doute : les responsables étaient à chercher parmi les supporteurs de l’ADO La Haye, l’équipe qui avait rencontré « son » Ajax dans l’après-midi. Deux semaines plus tard, la police locale poursuit ses investigations. Les deux clubs entretiennent une vieille rivalité. Ils ne sont pas les seuls aux PaysBas, où les supporteurs les plus acharnés – les « siders » comme on les appelle ici – se livrent depuis longtemps une lutte sans merci. En mars 1997, un affrontement opposant des bandes de l’Ajax et du Feyenoord Rotterdam avait ainsi provoqué la mort d’un jeune homme. Mais ces violences sont également verbales. Depuis qu’une partie importante des fans de l’Ajax a adopté un cri de ralliement proclamant leur fierté d’être « juifs », ils font face à de longs sifflements – « sssssssss », en référence au bruit du gaz dans les camps d’extermination – suivis d’injures antisémites. Bien que l’immense majorité des jeunes supporteurs de l’Ajax ignore tout de la religion juive, ils ont pris la curieuse habitude de manier les symboles israélites. Avant de brûler, leur Maison, posée le long du terrain d’entraînement de leur équipe favorite, abritait des drapeaux ornés d’une étoile de David. Willem, le barman de l’établissement, porte cet insigne sur son T-shirt, d’autres l’épinglent sur leur bonnet ou leur écharpe. Les jours de match, ces « siders », soit environ 5 000 personnes, crient « Joden, Joden », et agitent volontiers des drapeaux israéliens. « Ces slogans appartiennent à notre culture et nous y tenons, explique Erwin Pieters, membre de l’Onafhankelijke, un groupe de supporteurs. On s’appelle “juifs” juste pour ôter le plaisir des autres fans qui croient nous insulter en nous désignant comme juifs. » Aujourd’hui, ils ne comprennent pas que cette « Joden attitude » leur soit reprochée. Ils acceptent mal que le président du club, John Jaakke, souhaite en finir avec cette étiquette de « club juif », dans le but de « ne plus donner de prétexte » aux injures antisémites. « Notre situation est paradoxale, souligne un communiqué diffusé par l’Ajax le 22 janvier. Nous sommes un prétendu club juif mais, dans la plupart des cas, nos supporteurs juifs hésitent à assister à nos matches à domicile – ne parlons pas de ceux à l’extérieur – à cause des réactions blessantes des fans de nos adversaires. Il faut mettre fin à ce paradoxe. » Personne ne sait plus très bien quand et comment a commencé cette histoire révélatrice des désordres des Pays-Bas du XXIe siècle. Devant le terrain d’entraîne- pim ras/hollandse hostge/editing U Qu’ils soient juifs ou pas, les fans de l’Ajax (ici à Amsterdam le 13 mai 2002) arborent volontiers des drapeaux israéliens. ment, un homme d’une cinquantaine d’années croit se souvenir qu’il a toujours entendu ces cris, que ce soit au vieux stade De Meer ou au moderne ArenA, où l’équipe au célèbre maillot rouge et blanc évolue depuis 1996. Selon Simon Kuper, auteur d’un ouvrage historique sur le club (Ajax, the Dutch, the War : Football in Europe During the Second World War, Ed. Orion), les drapeaux israéliens et les étoiles de David sont apparus dans le « F-Side », l’ancienne tribune des « siders », au début des années 1980, peu après la visite du club anglais de Tottenham, connu pour sa proximité affichée avec la communauté juive du nord de Londres. Ces symboles juifs accompagnaient les « Joden, Joden » venus remplacer les « Paysans ! Paysans ! » que les fans de l’Ajax lançaient auparavant à leurs rivaux. Ceux-ci n’ont pas tardé à répliquer par des « sssssssss » et, plus récemment, par des « Hamas ! Hamas ! Les juifs dans les chambres à gaz ». Pendant des années, ces dérives n’ont soulevé aucune protestation. La société néerlandaise voulait y voir une mauvaise histoire de supporteurs peu éduqués et, au fond, peu méchants. Aux yeux de Rosa van der Wieken-de Leeuw, élue de centre droit de la municipalité d’Amsterdam et cofondatrice du Réseau sur l’antisémitisme (Network on Antisemitism), ce silence n’avait rien à voir avec la tradition d’ouverture d’esprit de la société néerlandaise. « Ce n’est pas une question de tolérance, juste un manque d’intérêt, typiquement hollandais », regrette-t-elle. Pour Henk Spaan, journaliste au quotidien Het Parool et rédacteur en chef fondateur de Hard Gras, une revue intellectuelle consacrée au football, ces jeunes s’effor- cent « d’entretenir une sorte de folklore, en partie pour provoquer l’establishment ». « Cela n’a rien d’agressif ni de raciste, juge-t-il. Pour eux, cela n’est pas connecté à des histoires de race ou de religion. Ils ne sont liés à aucun groupe politique. C’est juste un nom. Ils disent : “Je suis un supporteur de l’Ajax, je suis un Joden.” » ES débats sur la « tradition juive » de l’Ajax reviennent régulièrement depuis sa création, en 1900. A en croire les historiens du club, sa proximité avec la communauté juive était avant tout géographique. Tous deux étaient en effet installés dans l’est de la ville. Personne, toutefois, ne nie qu’un lien spécial a toujours uni les deux parties. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire. Pendant la seconde guerre mondiale, selon Simon Kuper, le club a consciencieusement appliqué les directives de l’occupant allemand, à l’automne 1941, en excluant douze joueurs et dirigeants juifs. Plus d’un demi-siècle plus tard, il est à nouveau question de la supposée « judéité » de l’Ajax. Frits Barend, animateur d’une émission la télévision nationale, est l’une des rares personnes irritées de longue date par les dérives des supporteurs. Voilà une dizaine d’années, il l’a fait savoir en plateau aux dirigeants du club d’Amsterdam. « Ils étaient très énervés à l’idée que nous puissions accorder tant d’importance à cette histoire », se souvient-il. Uri Coronel, un ancien administrateur de l’Ajax qui a perdu une partie de sa famille dans les camps nazis, faisait partie de ces dirigeants en colère. Depuis, il a changé d’avis. C’est lui qui, en novem- L bre 2004, a poussé le président Jaakke à intervenir : « Un jour où j’accompagnais les joueurs à Rotterdam, les supporteurs de Feyenoord se sont alignés autour de notre car et ils ont fait le salut nazi, explique M. Coronel. J’ai pris conscience que les choses allaient trop loin. » Le contexte politique a également incité les dirigeants à réagir. L’assassinat, le 6 mai 2002, du leader populiste Pim Fortuyn, connu pour ses positions ultranationalistes, a choqué l’opinion. Le meurtre de Theo Van Gogh, un cinéaste également célèbre pour ses provocations, tué par un jeune Néerlandais d’origine marocaine, le 2 novembre 2004, a achevé d’ébranler les certitudes des Néerlandais sur les questions de tolérance. « Il y a depuis peu un sentiment d’urgence dans ce domaine, les responsables politiques ont pris conscience de la vulnérabilité de notre société », analyse Paul Scheffer, professeur de sociologie urbaine à l’université d’Amsterdam. Spécialiste des questions d’immigration, ce sociologue ne croit pas que « la décision de John Jaakke de débarrasser l’Ajax de son étiquette de club juif va changer quelque chose dans les stades ». Il s’interroge aussi sur un lien possible entre cette déclaration et les tensions intercommunautaires constatées ces dernières années. Selon des statistiques réunies par le Réseau sur l’antisémitisme, les incidents à caractère antisémite ont connu une nette augmentation, de 75 en 1999 à 334 en 2003. Ce lien, John Jaakke n’hésite pas à l’établir. Dans un entretien au quotidien sportif italien Gazzetta dello sport (12 janvier), il convient que sa décision a « certainement » à voir avec l’assassinat de Theo Van Gogh. Son communiqué du 22 janvier men- Devant cette frénésie réglementaire, ces derniers ne savent pas très bien quelle ligne tenir. Ils réfléchissent en silence. Ils ont leur solution, pourtant : si le président de l’Ajax voulait bien rendre au club son vieux logo représentant le héros troyen et les débarrassait du nouveau, trop stylisé à leurs yeux, ils seraient prêts à envisager un effort. En attendant de se forger une opinion définitive, ils n’ont rien changé à leurs habitudes pendant les matches. Ils s’apprêtent à faire de même au moment d’accueillir l’AJ Auxerre, mercredi 16 février, pour un huitième de finale de la Coupe de l’UEFA. A l’écart des groupes les plus démonstratifs, les autres supporteurs, eux, ne cachent pas leur embarras. « C’est comme si j’avais une étoile de David tatouée sur le front depuis que je soutiens ce club, c’est comme ça !, témoigne Ferry, 52 ans. Au début, j’ai trouvé ça drôle de s’appeler comme ça. Ensuite, devant les réactions de nos adversaires, je me suis mis à détester ça, et maintenant j’essaie d’ignorer cette histoire. » Il ne comprend pas pour autant la doctrine Jaakke. A côté de lui, un vieux monsieur a les yeux rivés sur une séance d’entraînement des rouge et blanc de l’Ajax : « Je suis juif, je n’ai pas envie de parler de cela. » Au rebours de la plupart des supporteurs d’origine juive de l’Ajax, Salo Müller n’apprécie pas du tout le choix du président. « John Jaakke a tort de s’en prendre à ses propres fans, regrette l’ancien kiné du club, qui a massé Johan Cruyff et ses glorieux coéquipiers du début des années 1970. Plutôt que de leur demander de changer leurs drapeaux et leurs chansons, il ferait mieux d’inviter les présidents des clubs dont les fans poussent des cris antisémites à agir. Puisqu’on sait qui sont ces gens, on ferait mieux de les interdire de stade et de les envoyer à l’école apprendre les leçons du passé. » « Nos supporteurs adorent cette identité, laissons-la leur », ajoute M. Müller. A l’écouter, les dérives actuelles n’ont rien de nouveau, sinon par leur ampleur récente : « Dans les années 1960, lorsque je courais le long d’une tribune pour aller soigner un joueur blessé, j’ai souvent entendu “sale juif”. » Fan d’un jour, fan toujours, il ne manque aucune rencontre à l’ArenA d’Amsterdam : « Je me concentre sur le match, dit-il. Ceux qui ont renoncé à y aller l’ont décidé à cause des chants antisémites, pas à cause de nos propres supporteurs. » A l’appui de sa position, il exhibe une coupure de presse : un article publié par De Telegraaf reproduisant les propos tenus par Cobi Benatoff, président européen du Congrès juif mondial, le 11 janvier, à Bruxelles : « C’est triste que l’Ajax veuille se débarrasser de son image de club juif. C’est une résolution stupide. Nous voulons l’attitude opposée. C’est en agissant ainsi qu’on perd son identité. » Eric Collier LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/13 HORIZONS DÉBATS Cher Ariel Sharon par Théo Klein OUS voilà, enfin, sur une voie ouverte où chacun des deux peuples qui se battent pour la même terre pourra trouver, il faut l’espérer, le courage et la patience, l’inventivité et la confiance nécessaires pour faire de ce sol commun et partagé une terre de promesses et d’avenir. Vous avez trouvé les mots justes pour reconnaître la nécessité d’« abandonner les rêves irréalistes » et donc l’urgence du dialogue. Le chemin aura été long et meurtrier, mais – je le reconnais volontiers – il vous a fallu du temps et une résolution profonde pour conduire la politique israélienne hors de son dialogue interne et la mettre face à la réalité. Les droits légitimes d’un peuple ne peuvent se maintenir sans la reconnaissance de la légitimité des droits d’un autre peuple et, particulièrement, de ceux de ses voisins. Qu’il y ait des heurts et des contradictions entre ces droits est évident, et la nécessité s’impose, alors, d’aller au-delà vers la recherche de solutions qui ne soient pas des abandons consentis par force et dont le regret ne cesserait alors d’alimenter de futurs conflits. Mais comment faire ? Je ne suis pas en possession de formules magiques et je suis bien persuadé qu’elles seraient inefficaces. Peut-être y a-t-il une voie ? Celle qui me paraît ouverte serait de mettre en commun ce qui ne peut être partagé, de réaliser ensemble ce N qu’aucune des deux parties ne voudrait laisser entièrement entre les mains de l’autre. Pourquoi ne pas prendre en compte et créer une dynamique commune autour du sentiment si profond dans les deux populations d’un lien avec l’ensemble de ce territoire appelé par les uns la Palestine et par nous Eretz Israel ? Bien sûr, la solution d’un seul Etat ne conviendrait ni aux Israéliens ni aux Palestiniens ; le passage par un Etat national est nécessaire, au-delà même de la notion de nationalité, par la raison supérieure de deux cultures différentes et des traditions de l’un et l’autre des deux peuples. assez rapidement pour participer aux échanges internationaux, n’estce pas là un domaine où Palestiniens et Israéliens pourraient trouver un épanouissement commun ? Bien sûr, je le reconnais volontiers, les mots sont faciles à tracer d’une plume enthousiaste alors que la mise en œuvre d’un instrument de coopération élargie est délicate et nécessite une préparation vigilante et rigoureuse. La paix, cependant, ne se gagne pas dans la seule liquidation des contentieux alors que chacun s’enferme dans la revendication et la méfiance. La lutte a été trop longue, trop acharnée, trop meurtrière ; les Acceptons de reconnaître nos erreurs et la vanité de certains de nos rêves ; acceptons d’exprimer nos regrets Mais la géographie de cette région – sans doute sur les deux rives du Jourdain – doit nous inciter à construire et à développer ensemble les infrastructures essentielles ; nous avons la chance – et donc aussi le devoir – d’être complémentaires dans de nombreux domaines et même, peut-être, aujourd’hui, essentiels les uns aux autres. Bâtir l’avenir, le bâtir dans la liberté de la démocratie et dans l’intelligence du développement des moyens les plus efficaces, dans le souci, aussi, de les perfectionner esprits ont appris la haine plus que la patience et l’ouverture à l’autre. Si nous voulons gagner le simple droit de vivre dans la dignité et la sécurité des nôtres, nous devons construire ensemble une société qui crée les conditions d’un respect mutuel. Trop de mots balisent la route du conflit ; trop de malheurs, de douleurs, hantent les esprits. Nous nous sommes fait trop de mal les uns aux autres, parfois simplement pour défendre les nôtres ; nous avons laissé le mépris et l’injure prendre le relais du respect et de la compréhension. Nous nous sentons, les uns comme les autres, justifiés dans notre désir de liberté et d’indépendance, convaincus de nos droits comme de notre profonde légitimité. théo klein est avocat au barreau de Paris et d’Israël. Il ne s’agit pas de renier le passé, mais cependant de reconnaître fortement les torts et les douleurs causés à l’autre peuple, et d’en exprimer le regret sincère. Il faut bâtir pour l’avenir ce que nous n’avons pas su préserver dans le passé. Acceptons de reconnaître nos erreurs et la vanité de certains de nos rêves ; acceptons d’exprimer nos regrets. Je voudrais que l’Israélien reconnaisse sa douleur dans le visage douloureux de la mère palestinienne et que le Palestinien reconnaisse dans le visage de l’Israélien le regard d’amour qu’il porte sur cette terre commune. Je n’ai cessé de vous appeler à cette révolution des esprits car je pensais que vous étiez, dans le temps présent et dans la politique israélienne, le seul capable d’entreprendre et de réussir à briser les barrières de la violence pour rechercher la solution politique, « la seule possible », m’aviez-vous dit la veille de votre première élection en février 2001. Nous y sommes, peut-être, enfin… il est temps. 1905-2005 : l’Etat face aux Eglises par Jean-Arnold de Clermont l faut le souligner, la Fédération protestante de France (FPF), créée en 1905, garde un attachement et une confiance sans faille dans les principes énoncés par la loi de 1905 ! Alors que se développait, ces dernières années, la lutte contre les « sectes », elle a tout à la fois rappelé son refus d’une loi d’exception contre des associations qualifiées de « sectes », sans qu’une telle dénomination repose sur le moindre fondement juridique ; mais simultanément elle a fait entendre la légitimité du rôle des pouvoirs publics dans leur volonté de contrôle de l’espace social, dès lors qu’était respectée la liberté des cultes. Dans le même esprit, elle adressait au premier ministre, en décembre 2002, un document d’analyse de la situation des associations cultuelles au regard de la loi du 9 décembre 1905. Je résume ce dossier « Cultes, équité, laïcité » en une phrase : faire entendre que, au-delà de la séparation des Eglises et de l’Etat, il faut aujourd’hui développer une véritable liberté d’exercice des cultes telle qu’annoncée par la loi. Aujourd’hui, la loi de 1905 ne doitelle pas être adaptée à une nouvelle configuration religieuse où, aux quatre cultes reconnus par le Concordat et les articles organiques, toujours en vigueur en Alsace et Moselle, à savoir les cultes catholique, juif, luthérien et réformé, se sont ajoutés les cultes orthodoxe, musulman, évangélique et pentecôtiste, et des cultes orientaux, dont le bouddhisme ? La question doit être posée d’autant plus que le législateur ne s’est pas privé de modifier cette loi plus d’une dizaine de fois depuis 1905. Dans un premier temps, les réactions à cette suggestion protestante de toilettage de la loi ont soulevé un tollé : si l’on devait toucher à cette loi, n’allait-on pas mettre en péril un édifice à l’équilibre encore instable ? Relancer la « guerre des deux France » ? Rouvrir la boîte de Pandore ? Plutôt qu’à lancer des slogans dépassés que l’on veuille bien ici examiner les pièces du dossier ! Une première difficulté pratique vient du lien existant entre la loi de 1901 sur les associations et la loi de 1905 créant les associations cultuelles ; dès lors que le législateur modifie la loi de 1901, cette modification s’applique aux associations cultuel- I les et cette automaticité du lien met en péril une disposition essentielle de la loi de 1905 qui prétend ne pas intervenir dans le mode de gouvernement interne des Eglises ! Nous proposons que soit simplement vérifié préalablement si la disposition envisagée n’est pas contraire à l’affirmation de la liberté des cultes. Les associations cultuelles ont un objet unique, « exclusivement cultuel », déterminé par l’article 19 de la loi. Toutes pourtant développent une activité culturelle (journaux, publications, musique et chant…) ou une activité sociale (jeunesse, diaconie, entraide, mission…). Pour ce faire elles doivent créer autant d’associations à vocation culturelle ou sociale ; soit ! Mais outre les complications administratives, elles refusent d’être « saucissonnées » en différents objets ; elles sont principalement à vocation cultuelle, mais exercent leur rôle culturel et social dans l’espace public. Nous avons proposé que cela soit reconnu, et si l’on ne veut pas modifier la loi, cela ne pourrait-il pas se vent à l’étranger. Souvent les communautés achètent un local commercial qu’elles transforment en lieu de culte. Elles se heurtent alors à la mauvaise volonté de bien des municipalités qui refusent le changement d’affectation du local pour qu’il soit apte à recevoir du public (quand bien même les normes de sécurité sont respectées). Il faut dire qu’il s’agit souvent de communautés évangéliques, de Français issus de l’immigration… Tout ce qu’il faut pour être suspecté d’être une « secte ». Faut-il qu’il en soit différemment pour les mosquées ? Deux raisons sont évidentes ; l’une purement « politique » : permettre à l’islam de France de « sortir des caves ». Qui n’applaudit à cela ? L’autre est plus historique : pourquoi une nouvelle religion s’implantant en France ne bénéficierait-elle pas d’une aide de départ ? On a donc inventé des formules qui déjà avaient été utilisées pour les Chantiers du cardinal, créés en 1931 : baux emphytéotiques, prêts avec garantie des municipalités, aide déguisée de l’Etat pour des parties consacrées au culturel… Est-il insultant pour les législateurs d’alors de dire qu’ils n’avaient pas tout prévu et que des améliorations à la loi pourraient intervenir dans un contexte nouveau, un siècle plus tard ? faire de manière réglementaire simple en reconnaissant que 20 % de leurs ressources pourraient être consacrés à leurs activités culturelles et sociales, et reversés à des associations ad hoc ? Ces préoccupations techniques ne mettent pas en question les principes de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Mais il n’en est pas de même du constat que nous faisons, de plus en plus souvent, de la non-application de la loi. Prenons le dossier du financement des lieux de culte. L’article 2 de la loi indique que « la République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Le protestantisme français s’y est plié. Quand il a besoin de construire un lieu de culte, il achète, emprunte, se fait soutenir financièrement par les membres de ses associations cultuelles ou des Eglises sœurs, sou- Pourquoi ne pas dire alors les choses de manière claire et officielle ? Qu’en contrepartie des obligations faites aux associations cultuelles de ne disposer que des ressources des fidèles ou des dons et legs régulièrement enregistrés, des conditions d’emprunt et de baux pourraient leur être accordées ? Un texte législatif simple pourrait confirmer cela sans mettre en question la loi de 1905, et surtout s’appliquer à tous sans que quiconque ait à discerner s’il s’agit d’un culte « religieusement correct ». On peut me semble-t-il suivre un raisonnement semblable pour la formation des ministres des cultes. Celle-ci doit relever des cultes euxmêmes ; la distinction entre le théologique et le culturel doit être faite et permettre des soutiens publics à l’initiation au français, à la culture de la laïcité, aux lois qui régissent les cultes… Mais, là encore, cela doit être vrai pour tous. Est-il insultant pour les législateurs de 1905 de dire qu’ils n’avaient pas tout prévu et que des améliorations à la loi pourraient intervenir dans un contexte nouveau, un siècle plus tard ? jean-arnold de clermont est président de la Fédération protestante de France et de la Conférence des Eglises européennes. Une véritable liberté des cultes ; c’est bien l’enjeu fondamental qui se dessine en cette année 2005. A plusieurs reprises, nous avons constaté au cours des derniers mois, résultat probable d’un débat escamoté sur la laïcité, que des responsables politiques ou privés remettent en question cette liberté. Ils veulent contrôler le religieux. N’a-t-on pas vu un député et maire interrompre un service religieux pour un contrôle de sécurité, contrevenant en cela à l’article 32 de la loi de 1905, qui punit de dix jours à un mois de prison une telle voie de fait ? De même se manifeste une volonté de reléguer le religieux dans l’intimité de la sphère du privé. Plus encore se dessine la volonté de certains de ne connaître que le religieux « modéré » (et qui détermine ce qui est modéré, dès lors que les lois de la République sont respectées ?) et l’identifiable, c’est-à-dire ce qui ressemble à l’idée a priori que l’on s’en fait. Devant de telles dérives il faut revenir à la loi de 1905 et à ses principes. Elle a instauré pour les cultes un régime de simple déclaration associative, sur la base de statuts dont l’objet est exclusivement cultuel. Nul ne peut leur contester le droit d’exister dès lors qu’elles respectent les lois en vigueur. Elles doivent toutes pouvoir bénéficier des avantages de la loi de 1905 et des lois complémentaires qui les régissent. Elles n’ont pas à être soumises à une pseudo-« reconnaissance », exclue par la loi de 1905. Une telle liberté appartient à l’idée même que nous nous faisons d’un Etat laïque et républicain. Cette laïcité, qui n’a besoin d’aucun adjectif (apaisée, ouverte…) pour la qualifier, est un mode de vivre ensemble où agnostiques et athées, juifs, chrétiens et musulmans, etc., constituent ensemble, dans le respect de leurs différences, la société civile. Lycéens : les raisons de la colère par Constance Blanchard E N quelques jours, des manifestations de lycéens se sont multipliées un peu partout en France. En disant des 150 000 jeunes qui sont descendus dans la rue qu’ils ont été manipulés, vous avez, Monsieur le Ministre [de l’éducation], ouvertement méprisé les lycéens qui se mobilisent pour défendre une autre conception de l’école, le maintien des travaux personnels encadrés (TPE), pour demander une réforme de l’éducation nationale qui permette la réussite de tous et l’égalité entre les lycéens. Si vous faites mine de croire que nous ne savons pas pourquoi nous manifestons, vous êtes bien le seul. Aujourd’hui, c’est une génération inquiète pour son avenir qui se mobilise. Vous et votre prédécesseur avez commencé par supprimer des milliers de postes d’enseignants et par faire disparaître les pions des couloirs de nos établissements. Dans un parallèle frappant, vous avez choisi d’envoyer des policiers aux portes de nos lycées. La pertinente citation de Victor Hugo « Quand vous ouvrez une école, vous fermez une prison » fera-t-elle partie de votre futur socle commun de connaissances ? La logique réactionnaire de votre projet prendra-t-elle le pas sur la logique éducative ? Vous ne nous proposez qu’une série de mesures comptables Ce sont bien deux conceptions de l’école qui s’opposent. La vôtre, conservatrice, qui tend à limiter l’école à une mission d’empilements de quelques savoirs élémentaires, laisse se creuser les inégalités et bloque toute possibilité d’ascension sociale. La nôtre, celle de l’école qui poursuit un réel objectif de démocratisation, permet l’émancipation de tous, l’égalité entre les lycéens et la réussite du plus grand nombre. L’élève est au centre du système, dit l’article premier de la loi d’orientation de 1989. En descendant dans la rue, c’est ce principe que nous défendons. Nous, lycéens, aspirons à être, aux côtés des enseignants et des personnels encadrants, les acteurs du changement de l’école. Ces changements doivent poursuivre un seul objectif : garantir la réussite de chacun quelle que soit son origine sociale ou géographique. Pour nous, une réforme de l’école passe par davantage d’innovations pédagogiques à l’image de ce que représentent les TPE et le développement de l’inter- constance blanchard, présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL), est en classe de terminale L au lycée Lavoisier, à Paris. disciplinarité, de ce que seraient une véritable politique de soutien scolaire ou une relation plus individualisée entre les lycéens et les enseignants. La réussite de tous ne se fera pas sans moyens supplémentaires, alloués en priorité à ceux qui en ont le plus besoin. Refuser de s’engager sur ce chemin, c’est défendre une conception minimaliste du rôle de l’école, c’est trahir la promesse que l’école fait à chaque élève et à ses parents, celle d’être un outil de promotion sociale et d’émancipation. Monsieur le Ministre, vous prétendez aujourd’hui réformer l’école pour la rendre plus juste. Pourquoi alors avoir mis fin à la principale innovation pédagogique de ces dernières années : les travaux personnels encadrés ? Pourquoi proposer, sous couvert d’une réforme du bac, une mesure visant uniquement à faire des économies d’échelle, bien loin d’une réforme globale permettant l’accès du plus grand nombre à ce diplôme ? Pourquoi, par soucis d’économies, encore une fois, diminuer le champ d’accès au savoir en supprimant des options ? Bien loin d’une réforme qui permettrait de construire une école plus juste, vous ne nous proposez qu’une série de mesures comptables. Nous accueillons avec satisfaction votre volonté affichée que la réforme du bac se fasse sur un consensus, à l’écoute des lycéens. Mais, au-delà de la réforme du bac, c’est bien sur l’ensemble de votre projet que nous voulons être entendus. Nous espérons que sur les TPE, sur les créations de postes d’enseignants, sur la priorité donnée aux lycées en difficulté et aux lycées professionnels, vous serez également sensibles aux raisons de notre colère. Monsieur le Ministre, prenez nos manifestations pour ce qu’elles sont : une chance pour la démocratie, la voix de jeunes qui n’aspirent qu’à une chose, avoir un droit à l’avenir. Ecrivaines et fières de l’être UARANTE ANS, et déjà si vieux ronchon ! Frédéric Beigbeder intitule sa chronique dans le magazine Lire du mois de février « Mon premier article réac ». Il s’y déchaîne contre le mot écrivaine. Ce n’est même pas réac, c’est ringard ! On se croirait revenu au XXe siècle, au temps où ministre, polytechnicien, académicien ou directeur n’avaient pas de féminin ; pire, au XIXe siècle, au temps où les parents de Camille Claudel interdisaient à leur fille de faire un métier qui n’existait qu’au masculin : sculpteur. « Je ne supporte pas les écrivaines, déclare Beigbeder, c’est physique. J’attrape une éruption cutanée dès que je lis ce terme immonde. » Immonde ! Comment un mot peut-il devenir dégoûtant, infect, répugnant quand il est mis au féminin ? Comment l’ajout d’un simple « e » peut-il rendre ignoble le si noble écrivain ? Réveillez-vous, cher confrère ! Nous sommes au XXIe siècle : le mot écrivaine est admis et utilisé. Vous déplorez que le milieu cultu- Q rel l’ait assimilé et que la polémique se soit éteinte : « Des journalistes sérieux, des critiques respectés, écrivez-vous, tombent dans ce panneau pseudo-féministe importé du Québec. » florence montreynaud, benoîte groult, annie ernaux et maryse wolinski sont écrivaines. C’est en effet du Québec, de Suisse et de Belgique que provient le bon sens francophone : écrivaine est aussi correctement formé que souveraine ou châtelaine. Il ne s’agit nullement de « pseudo-féminisme », mais d’authentique langue française, celle que partagent tous les francophones, celle que font vivre les écrivaines comme les écrivains, et qui évolue avec les réalités du monde moderne. Pourquoi ne sommes nous pas des écrivains ? Parce que nous sommes des femmes de notre temps. Un temps où toutes les professions sont ouvertes aux deux sexes. Un temps où on appelle un chat un chat, une chatte une chatte, et des femmes comme nous des écrivaines. 14/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 HORIZONS gros plan f 1969 Naissance à Djibouti. f 1993 Arrive en France avec son mari, le footballeur Didier Otokoré. f 2004 Adjointe (PS) au maire d’Auxerre, elle devient vice-présidente de la région Bourgogne isabelle simon/sipa f 2005 Safia Otokoré, Bourguignonne de Somalie Née à Djibouti dans une famille démunie, la vice-présidente du conseil régional de Bourgogne sort un livre pour raconter son parcours hors du commun « QUAND vas-tu te mettre dans la tête que tu ne seras jamais blanche ? », avait coutume de dire sa mère, excédée de la voir plongée dans des livres au lieu de s’occuper de la maison. En ce début des années 1980, dans les faubourgs miséreux de Djibouti, où la famille Ibrahim, des réfugiés issaks venus de Somalie, tentait de survivre, la petite Safia était déjà une gosse à part. Cette maigrichonne aux allures de « garçon manqué », quatrième enfant d’une nichée de dix bambins, a été très tôt habitée, comme elle le dit elle-même, par une « volonté rageuse » qui la pousse hors des sentiers battus. Très vite, elle apprend à mentir, à ruser. Elle veut vivre. L’athlétisme – adolescente, elle devient championne de demi-fond – lui fera franchir les frontières africaines, découvrir la Côte d’Ivoire, le Sénégal, et rencontrer son futur mari. Le livre de cette femme « née pauvre, noire et musulmane » devrait en ébahir plus d’un. Et en agacer quelques autres… Elue sur la liste PS, lors du scrutin municipal de mars 2001, Safia Otokoré est aujourd’hui maire adjointe de la ville d’Auxerre (Yonne) et, depuis mars 2004, vice-présidente de la région Bourgogne, déléguée à la jeunesse et aux sports, et à la lutte contre les discriminations. AU COURRIER DES LECTEURS échec scolaire Il y a près de vingt ans, dans mon collège-lycée en France, parmi les enfants « admis » en 6e, le pourcentage des élèves déficients aux tests officiels de lecture et de composition française de l’époque était déjà de 20 %… Or dans aucun domaine on n’accepte sans contrôle, aux différents stades d’un processus de production, de quelque nature qu’il soit, des « éléments non conformes ». Sauf, semble-t-il, en matière d’enseignement. C’est ainsi que l’on renvoie la charge de l’échec scolaire sur le seul collège, sans prendre la peine de s’interroger sur ce qui se passe en amont. Comme si tout ce qui touche au primaire était tabou. Silence, par exemple, sur les enquêtes qui dévoilent que l’horaire d’enseignement dévolu au français peut varier du simple au double d’une classe à l’autre. Silence sur la confusion entretenue entre « l’élève au centre du système éducatif » (ce qui va de soi) et « l’élève au centre de la relation pédagogique » (le cœur même du problème). Car ce qui est au centre du rapport pédagogique ce n’est pas l’élève, mais bien le savoir ou le savoir-faire à acquérir, et cela dans une relation forcément dissymétrique entre un « apprenant » (un apprenti) et un « maître » (comme dans tous arts et métiers). (…) Silence sur le fait que les tests de contrôle de niveau s’effectuent non pas à la fin de la scolarité primaire, comme on pourrait s’y attendre, C’est par la politique, en l’occurrence le Parti socialiste, qu’elle a réussi à se faire un nom. Un prénom plutôt : Safia – le titre de son autobiographie, à paraître fin février (éditions Robert Laffont). A 36 ans à peine… « Elle est sortie du ruisseau parce qu’elle est ambitieuse. Elle a eu très tôt le désir de fuir sa condition, de devenir quelqu’un », souligne Nicole Lambron, une Française qui a vécu à Djibouti et a longtemps épaulé moralement et financièrement la famille Ibrahim. Le livre de Safia Otokoré est dédié à cette drôle de marraine française, grâce à laquelle la « sauvageonne » du Quartier 3 a pour prétendre encore, dans ce domaine, recourir à la loi. René Martin Antony mais au début du collège, c’est-à-dire, quand les jeux sont faits. A quand l’entrée directe à l’université, sous la forme de tests de contrôle a posteriori en première année de fac ? (…) Henri Bolliet Vieu (Ain) manifestations lycéennes On ne peut se défendre d’un sentiment d’amusement devant les manifestations des lycéens contre l’instauration du contrôle continu au baccalauréat, quand on se souvient que ce mode de contrôle fut naguère une forte revendication des étudiants, qui dénonçaient le caractère trop « sélectif » (donc antisocial) de l’examen unique en fin d’année. Cette revendication a d’ailleurs été satisfaite et aujourd’hui le contrôle continu fonctionne sans problème dans la plupart des universités. La mode aurait-elle donc changé ? Je n’en suis pas certain, et il est fort probable que, si ce contrôle existait actuellement au bac et si le ministre envisageait de le supprimer, cette éventuelle suppression mettrait autant de lycéens dans la rue qu’en met ces jours-ci sa possible instauration. Tant il est vrai que, à chaque réforme, qu’elle soit tentée par la gauche ou par la droite, la règle du jeu consiste à en exiger aussitôt « le retrait », assorti ou non de la démission du ministre qui la propose. Il en est ainsi depuis des décennies, et l’on se demande pourquoi les gouvernements successifs sont assez sots psychiatrie ou psychanalyse Je ne suis ni psychiatre ni fonctionnaire de l’Inserm. Mais je trouve assez surprenant que Philippe Douste-Blazy fasse retirer du site du ministère le rapport sur les psychothérapies. L’Inserm représente en France la fine fleur de la pensée médicale contemporaine et a joué et joue un rôle majeur dans le développement et le maintien de la qualité des soins. L’analyse que fait l’Inserm des grandes questions de santé et les conclusions qu’il en tire sont celles auxquelles aboutirait tout organisme de recherche dans un pays occidental. La World Psychiatric Association a souligné à plusieurs reprises dans ses publications récentes le retard pris par la France en psychiatrie, retard attri- Publication de son autobiographie, « Safia ». pu poursuivre ses études. Sans ce coup de pouce, il n’est pas sûr que la jeune « prisonnière », tributaire des lourdeurs de la société djiboutienne, aurait réussi à s’échapper. C’est qu’il ne fait pas bon vivre, quand on est femme et pauvre, dans cette région déshéritée qu’est la corne de l’Afrique ! Il suffit pour s’en convaincre de lire ce que Safia Otokoré raconte de l’excision des filles, qu’elle-même a subie à l’âge de 7 ans. A cette première mutilation – l’ablation d’une partie du clitoris –, la coutume régionale en ajoute une deuxième, celle de l’infibulation, torture rituelle qui a valu à la Somalie le surnom de « pays des femmes cousues ». Dans son malheur, la petite Safia a pourtant eu de la chance. On le comprend, à découvrir l’histoire, atroce et banale, d’une de ses sœurs, Kaltoum, « la meilleure d’entre nous », dit-elle, mariée de force plusieurs fois, et qui, après avoir tenté d’échapper à son sort, est morte misérablement, il y a sept ans, à Djibouti. Quand elle parle de Kaltoum, attablée dans un café d’Auxerre, Safia Otokoré n’arrive pas à retenir ses larmes. Elle les essuie très vite. « J’ai écrit ce livre pour que les Auxerrois me connaissent, qu’ils sachent d’où je viens », lâche-t-elle, retrouvant déjà son sourire. Question de discipline. Sous ses allures brouillonnes, Safia Otokoré a un caractère de fer. Dans les rues de cette grosse bourgade de 40 000 habitants, longtemps fief de JeanPierre Soisson, ceux qui la saluent – ici un policier municipal, là une militante socialiste avec qui elle échange deux mots, plus loin un jeune Français « récemment converti à l’islam » qui lui arrache un rendez-vous –, on ne connaît de la noire édile que ses titres politiques et le nom de son ex-mari, Didier Otokoré, footballeur de niveau international, avec qui elle a eu deux fils. Ses ennemis – elle en a de féroces – lui prêtent une soif de pouvoir inextinguible, un désir d’« arriver à n’importe quel prix ». Officiellement, ce n’est pourtant pas ce dont le maire d’Auxerre, le socialiste Guy Ferez, ancien camarade de campagne, accuse sa bouillonnante adjointe. A voix haute, il lui reproche son « absence de travail » et son « manque de rigueur ». Furieux, il a annoncé, fin janvier, qu’il retirait sa délégation à Safia Otokoré. La jeune femme n’en garde pas moins son titre. Et sa pugnacité. « Elle est un peu trop vive et franche. C’est un défaut qu’elle doit vite corriger », s’amu- bué au pouvoir excessif de la psychanalyse. L’Inserm ne fait donc rien d’autre que de chercher à combler ce retard et d’aligner la politique de santé mentale de la France sur celle des pays étrangers. Il s’efforce, d’une part, d’encourager ceux qui utilisent des thérapeutiques dont l’efficacité est établie et reconnue dans le monde entier et, de l’autre, il propose de substituer ces dernières à des thérapies qui ont été incapables de faire la preuve de leur utilité, depuis que cette question se pose en médecine, c’est-à-dire depuis plus d’un demisiècle. La psychanalyse en cela ressemble, il est vrai, de plus en plus à la tribu perdue de la psychiatrie. (…) N’accorde-t-on pas aux chercheurs un budget négligeable et des salaires de misère, et, lorsqu’il leur arrive d’exprimer leur opinion, ne leur fait-on pas savoir – pour employer une expression diplomatique – qu’ils ont perdu une occa- se un autre Guy, certainement plus fameux que le maire de la ville : Guy Roux, l’entraîneur de l’AJ Auxerre. Il connaît Safia depuis son arrivée en France, en 1993, quand elle est venue rejoindre son footballeur d’époux. « Moi, je fais partie de ceux qui l’aiment ! », s’exclame-t-il sans ambages. « Sa volonté de faire carrière ? C’est courageux de sa part, surtout qu’elle a des handicaps sérieux : c’est une femme jeune, elle est africaine et elle vit seule », estime le professionnel du football. « Mais c’est aussi une très bonne chose, ajoute-t-il. Safia est devenue l’assistante sociale de toutes les Africaines d’Auxerre. Elle est d’un dévouement extrême pour les autres. Et c’est un faible mot… » « Elle est un peu trop vive et franche. C’est un défaut qu’elle doit vite corriger » guy roux De son Afrique natale, Safia Otokoré n’a pas rapporté de souvenirs très chaleureux – hormis celui de cette grand-mère d’Hargeisa, Ayeyo, brouteuse de khat et fumeuse de narguilé, au sang-froid légendaire. A l’époque, en Somalie, les femmes étaient vêtues de fins voiles colorés, aux teintes vives. « Aujourd’hui, dans les rues d’Hargeisa [capitale du Somaliland, partie nord de la Somalie], les femmes mettent la burka », constate Safia Otokoré, qui y retourne de temps en temps. Sans enthousiasme. « Mon chez-moi ne se trouve ni en Somalie ni à Djibouti. Mes racines, je me les fais moimême, ici ! », lance la jeune Bourguignonne, en faisant visiter la maison qu’elle vient d’acheter, dans un quartier résidentiel du vieil Auxerre. Coïncidence ? La maison a appartenu autrefois à un maire, Jean Moreau. « Si je dois laisser mes empreintes quelque part, ce sera ici, à Auxerre, dans le département de l’Yonne », promet-elle. A voir les passions que suscite cet « électron libre avec des appuis haut placés », comme l’appelle un journaliste local, c’est déjà chose faite… Catherine Simon sion de se taire. La psychiatrie restera donc, par la grâce du docteur Douste-Blazy, le dernier domaine de la médecine que la France continuera à exercer à l’ombre de son clocher. Et tant pis pour les patients et pour le déficit de l’assurance-maladie ! Docteur Lucien R. Karhausen Jeremias Marschalik jamais. S’ils acceptent du bout des lèvres la notion d’inconscient, ils refuseront toujours le primat du sexuel. Cette histoire-là ne passe pas. Elle ne passera jamais et les comportementalistes n’auront de cesse d’enterrer cette psychanalyse honnie. Si tant est que la psychanalyse ait eu droit de citer au tournant des années 1960, 1970 et 1980, on voit clairement qu’il n’en est plus rien. Je n’ai de toute ma vie connu d’attaque aussi nourrie contre la psychanalyse. L’amendement Accoyer n’était qu’un coup de semonce. M. Christophe André nous assure que les thérapies cognitives arrivent à de meilleur résultat, c’est prouvé (Le Monde du 11 février) ! Ce qu’il ne dit pas, c’est que, sur 100 thérapies, 90 sont cognitives. Le contraire serait inquiétant. Les thérapies cognitives, il faut le savoir, sont associées à une obligation de résultat rapide. Pourquoi rencontrent-elles tant de succès aux Etats-Unis, si ce n’est parce qu’elles ne s’occupent que de la surface. Les thérapies cognitives sont intimement liées au libéralisme, elles sont contrôlables, gérables, affichables, quantifiables, bientôt modélisables. Toute chose qu’on ne pourra jamais demander à la psychanalyse. Le tort de la psychanalyse est de s’attarder toujours plus sur le sujet. Un an, deux ans, trois ans, peut-être cinq ans. Impossible à concevoir pour les tenants de « thérapies brèves et évaluées ». Comme le sont les opérations des garagistes. La reconstruction d’un sujet ne sera jamais l’affaire des chiffres. C’est pourquoi la psychanalyse doit mourir. Patrice Boudot-de-la-Motte Paris Courriel Paris la haine de la psychanalyse (…) Que se cache-t-il en fait derrière ces thérapies cognitives, décrites par l’Inserm comme obtenant des résultats bien plus tangibles que la psychanalyse, somme toute très imprécise ? Rien moins que la négation de l’intolérable sujet. Encore et toujours. La découverte de Sigmund Freud n’est toujours pas acceptée, qu’on se le dise. Elle suscite toujours autant de haine. Que l’enfant soit une boule de pulsion sexuelle débridée est un fait que les tenants des thérapies cognitives n’accepteront CITOYEN OU SUJET A l’occasion des élections municipales en Arabie saoudite, je relève l’expression « citoyen saoudien » (Le Monde du 11 février). Celle-ci est parfaitement inappropriée : c’est de « sujet saoudien » qu’il convient de parler, s’agissant d’une monarchie où l’Etat n’est pas au service de « citoyens », mais où des sujets doivent allégeance au prince. (…) En consultant le matériel de la campagne électorale, je constate qu’on y rencontre également le terme muwâtin, que l’on rend d’ordinaire en français par « citoyen ». Or ce terme est en fait employé au sens concurrent de « compatriote ». LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/15 HORIZONS ANALYSES 0123 éditorial Kyoto, enfin Les Vingt-Cinq face à la révolution Bush INTERNATIONAL LES EUROPÉENS savent à peu près tout de ce que leur dira George W. Bush quand il arrivera la semaine prochaine sur le Vieux Continent pour la première visite à l’étranger de son second mandat. En vedette américaine du grand show de Bruxelles, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice leur en a dévoilé les grandes lignes. N’auront été surpris que ceux qui pensaient que la politique américaine « s’assagirait » et que, confrontée aux épreuves irakiennes, elle reviendrait au « réalisme » abandonné sous le coup des attentats du 11 septembre 2001. Ceux-là n’avaient pas bien écouté le discours d’inauguration du nouveau mandat, le 20 janvier, ni le discours sur l’Etat de l’Union, une dizaine de jours plus tard. Ces deux textes étaient des condensés de rhétorique néoconservatrice. Sans doute le ton n’est-il plus à l’arrogance des dernières années, qui avait le don d’agacer les dirigeants de la « vieille Europe » tout en impressionnant ceux de la « nouvelle ». Il est à la conciliation et au dialogue avec les Européens. Mais le fond du message reste le même. Il peut se résumer en une proposition : les Etats-Unis ne sont pas une puissance du statu quo. Ils veulent changer le monde, s’attaquer aux tyrannies et promouvoir la démocratie, répandre les valeurs universelles (américaines), y compris dans des contrées qui semblent à première vue les plus réfractaires. La nouveauté, c’est que les Etats-Unis veulent bien associer l’Europe à leur démarche. Mieux, tout se passe comme s’ils reconnaissaient avoir besoin d’elle pour réussir leur mission. Et pas de n’importe quelle Europe, de l’Union européenne en tant qu’institution, dont George W. Bush a prononcé pour la première fois le nom dans son discours d’inauguration. Jusqu’alors, il ignorait l’UE quand il ne la considérait pas comme une nuisance. Il revient donc maintenant aux Européens de répondre aux Américains. George Bush ne va pas passer trois jours à Bruxelles pour répéter ce qu’il a déjà dit, directement ou par Mme Rice interposée. Il vient pour écouter ce que les Européens, collectivement, ont à lui proposer… Faut-il brûler le code du travail ? Suite de la première page Ne s’agit-il vraiment que d’une tactique ? En fait, la procédure est emblématique de la politique sociale de ce gouvernement – une politique qui avance fréquemment en crabe. Car, si l’on recense les réformes récentes, on arrive vite à la conclusion que le code du travail a été bouleversé ces derniers mois dans des proportions spectaculaires. A chaque fois, le gouvernement y est parvenu de la même manière : sans jouer cartes sur table ; souvent même en cherchant à faire passer par amendements des refontes de première importance dans le cadre de projets de loi dont le but affiché n’avait strictement rien à voir. Que l’on se souvienne de ce que les experts du droit du travail appellent l’inversion de la hiérarchie des normes. Quand elle a été débattue en décembre 2003 par les députés, la réforme n’a guère retenu l’attention de l’opinion. La complexité technique du dossier y est pour quelque chose. Mais le gouvernement a aussi usé de beaucoup de précautions – pour ne pas parler de ruses. Les parlementaires ont été invités à examiner un projet de loi traitant de la « formation professionnelle tout au long de la vie » et du « dialogue social » – deux sujets suffisamment importants pour occuper des débats distincts. Et c’est sous la forme d’amendements, comme s’il s’agissait d’une petite retouche et non d’une réforme majeure, que François Fillon, à l’époque en charge du dossier, a demandé aux parlementaires de voter cette inversion de la hiérarchie des normes. Or il s’agit d’un séisme social. Comme l’a expliqué à l’époque, le 11 décembre 2003, lors d’une motion d’irrecevabilité, le député socialiste Alain Vidalies – l’un des rares à gauche à se passionner pour le sujet –, cette hiérarchie était jusque-là l’un des fondements du droit social : « A mesure que l’on descend dans la hiérarchie des normes, on ne peut qu’améliorer les droits des travailleurs et les garanties sociales, individuelles comme collectives. En d’autres termes, le ou à lui opposer. S’ils veulent être pris au sérieux, il ne leur suffit pas de faire la fine bouche face aux contradictions – réelles – de la politique américaine entre les discours sur la démocratie et les actions concrètes. Ou, pour certains d’entre eux au moins, de prendre le contre-pied de l’Amérique dans l’espoir d’exister. Ce temps est révolu. La tâche n’est pas simple. Car, à l’exception de Tony Blair et, peutêtre, dans un registre un peu différent, du ministre allemand des affaires étrangères, Joschka Fischer, les Européens sont plutôt réfractaires au langage idéologique qu’affectionne George W. Bush. L’Union européenne sera-t-elle capable de parler d’une seule voix, ou chacun se croira-t-il obligé d’y aller de son petit couplet ? La défense du statu quo est, pour eux, comme une seconde nature. Elle leur paraît un gage de stabilité, au moins à court terme. Si, à long terme, elle risque de provoquer des dégâts imprévus, il serait toujours temps d’aviser le moment venu… La complaisance affichée vis-à-vis de Vladimir Poutine, auquel on continue de faire confiance, contre toute évidence, pour mener la Russie sur la voie de la démocratie, ne s’explique pas autrement. Encore faut-il apporter quelques nuances à cette appréciation globale. L’arrivée des nouveaux pays membres de l’Union venus d’Europe centrale a changé la donne. Ayant souffert pendant cinquante ans du statu quo imposé par la guerre froide, ils sont plus sensibles aux bienfaits de sa remise en cause. Leur influence contrat de travail ne peut être moins favorable aux salariés que l’accord d’entreprise ou d’établissement, l’accord d’entreprise que l’accord de branche et l’accord de branche que l’accord interprofessionnel. » En proposant que des accords d’entreprise puissent désormais ouvrir droit au bénéfice de dérogations au code du travail qui n’étaient auparavant réservées qu’à des accords de branche – et dans des sujets aussi importants que le recours aux CDD, au travail intérimaire, à la durée du travail… –, le gouvernement a bouleversé radicalement l’« ordre public social ». En cours d’examen, la réforme a certes été encadrée (en particulier des domaines d’exclusion sont prévus, et des accords de branche peuvent exclure ces dérogations) mais, dans ses grandes lignes, elle est passée sans trop faire de vagues. La méthode retenue lors de l’examen par l’Assemblée, en décembre 2004, du projet de loi de JeanLouis Borloo sur la cohésion sociale est une autre illustration de cette politique. La réforme, dont le but affiché était de réduire la fracture sociale, a subrepticement été enrichie par amendements de dispositions tendant à faciliter… les licenciements. Alors que la réforme avait officiellement pour ambition dans la crise ukrainienne a été décisive pour faire basculer les Vingt-Cinq en faveur d’élections libres, au risque de froisser le « partenaire stratégique » russe. Il n’en demeure pas moins que cette administration américaine dérange, avec son mélange de références chrétiennes et de messianisme démocratique. « Avec les réalistes, on peut travailler, dit un haut diplomate d’un grand pays européen. Avec les nationalistes [allusion à Rumsfeld et à Cheney], c’est déjà plus difficile mais on peut y arriver si on montre, pragmatiquement, que ça marche. Avec les néoconservateurs, c’est quasi impossible. Ce sont des idéologues, et nous n’avons pas d’idéologie. » S’il en est ainsi, il y a lieu d’être sceptique sur la relance en profondeur des relations transatlantiques, au-delà des embrassades de circonstance. Au moins peut-on espérer qu’à défaut d’idéologie les Européens aient une idée de la politique étrangère qu’ils disent vouloir mener en commun. Et, à vrai dire, la situation n’est pas aussi noire qu’il y paraît. D’abord, sur le terrain, ils commencent à montrer ce qu’ils peuvent faire, dans les Balkans – en Macédoine et en Bosnie –, au Proche-Orient – où ils sont bien placés pour aider à la démocratisation de l’Autorité palestinienne –, etc. Ensuite, ils ont adopté en décembre 2003 un « concept stratégique », plus développé dans sa partie descriptive que précis dans ses recommandations, mais qui a au moins le mérite d’exister. C’est la première fois qu’un tel texte a été rédigé dans l’histoire de l’intégration européenne. L’Union européenne sera-t-elle pour autant capable de parler d’une seule voix quand les vingt-cinq chefs d’Etat et de gouvernement se retrouveront à Bruxelles face à George W. Bush, ou chacun se croira-t-il obligé d’y aller de son petit couplet ? Si l’Union européenne veut que le président la prenne vraiment en considération, une concertation minimale avant la rencontre de mardi prochain ne serait pas superflue. Le temps presse, mais il reste une petite semaine pour l’organiser. de démontrer au pays que le gouvernement avait bien reçu le message des électeurs, lors des élections régionales, puis des élections européennes, et que la priorité allait désormais au social, l’embardée a été spectaculaire. Concrètement, les délais de recours en cas de procédure de licenciement ont été brutalement réduits : de cinq ans, le délai de contestation a été ramené à un an. Les reclassements internes ont cessé d’être pris en compte dans la barre des 10 licenciements économique au-dessus de laquelle il faut faire un plan social. Et une autre jurisprudence très importante a été renversée, celle qui faisait obligation à une entreprise de reprendre un salarié en cas d’annulation de son licenciement. Bref, des pans entiers de la loi dite « de modernisation sociale », votée sous la gauche, ceux qui encadraient les procédures de licenciement, ont été rayés d’un trait de plume. paradoxe Il ne faut donc pas se laisser abuser par les péripéties qu’ont connues ces différentes réformes. On peut, certes, s’interroger dans chacun de ces cas sur les intentions premières du gouvernement et sur les concessions, réelles ou feintes, Kyoto par cécile et bastien Daniel Vernet qu’il a faites à sa majorité. Mais il faut garder à l’esprit qu’en matière sociale Jacques Chirac est coutumier de cette politique : en utilisant parfois des mots à résonance sociale que des syndicalistes ne renieraient pas ; mais en conduisant, en fait, des réformes dont la philosophie est clairement libérale. Déjà en 1995, entonnant le grand refrain du combat contre la fracture sociale, il avait mis à peine quelques mois pour revenir à une politique nettement plus libérale, donnant la priorité à la flexibilité. N’est-ce donc pas le même jeu de rôles auquel on assiste depuis 2002 ? Au lendemain de sa réélection, Jacques Chirac, sous la double pression du patronat et de Nicolas Sarkozy, devait donner des signes d’une politique sociale plus libérale. Quelques débâcles électorales plus tard, Jean-Louis Borloo a été appelé à la rescousse. Mais moins pour changer les grandes priorités de la politique sociale – celles d’une flexibilité accrue – que pour en adoucir la présentation. Cette posture tranche radicalement avec celle de la droite lors de la vague libérale des années 1986-1988. Un colloque, dont les actes avaient été publiés par la revue Droit social (juilletaoût 1986), avait fait alors grand bruit parce qu’il avait soulevé une question provocatrice : « Faut-il brûler le code du travail ? » L’écho avait été d’autant plus grand que le gouvernement de Jacques Chirac semblait enclin à répondre par l’affirmative, même si en pratique les mutations ont été comptées. La grande réforme de l’époque – la suppression de l’autorisation préalable de licenciement – apparaît modeste au regard des évolutions ultérieures suivies par le droit du travail. Vingt ans plus tard, Jacques Chirac veut-il toujours brûler le code du travail ? Le paradoxe, c’est qu’en paroles il répond catégoriquement non, mais qu’en pratique, les mutations du droit du travail ont rarement pris un tour aussi radical. En plus des réformes déjà engagées, il y en a, d’ailleurs, de nombreuses autres en gestation, portant sur la définition du contrat de travail – les récents rapports de Michel de Virville et de Michel Camdessus proposent de le modifier en profondeur –, sur la fixation des seuils sociaux au sein des entreprises, ou encore sur les modalités du travail dominical. Laurent Mauduit C’EST MERCREDI 16 février qu’entre en vigueur le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Il aura fallu plusieurs années de difficiles négociations pour parvenir au nombre requis de signatures d’Etats face à l’opposition déterminée des Etats-Unis depuis l’élection de George W. Bush en 2000. C’est la Russie de Vladimir Poutine qui aura permis cette activation du protocole, auquel n’ont toutefois pas encore adhéré de grands pays industriels émergents comme la Chine et l’Inde, également gros pollueurs. A cette occasion, le président Jacques Chirac devait annoncer mardi que Kyoto ne devait être pour la France qu’un premier pas et qu’il fallait déjà voir plus loin que les objectifs fixés par le protocole pour 2012 : ne pas dépasser le niveau d’émission de 1990. Ainsi propose-t-il de diviser par quatre, d’ici à 2050, les émissions de l’ensemble des pays développés. En attendant, il souhaite que la France essaie d’aller au-delà de ses engagements pour 2012 en ciblant plusieurs domaines sensibles (habitat, circulation automobile). Ces mesures ont pour objectif de confirmer le leadership de la France et de l’Union européenne dans la lutte contre le changement climatique. C’est dans ce sens que Jacques Chirac s’est fixé pour objectif d’associer les Etats-Unis dans une stratégie de défense de l’environnement, dont M. Bush a pourtant montré qu’il faisait peu de cas. Les choses sont néanmoins en train d’évoluer outre-Atlantique. En effet, l’administration américaine va devoir tenir compte non seulement de son isolement dans l’arène internationale – M. Bush en a l’habitude –, mais d’une évolution de sa propre opinion, désormais relayée par une fraction du Congrès. Surtout, les entreprises américaines, en premier lieu les multinationales, commencent à prendre conscience qu’elles auront du mal à continuer de faire cavalier seul dans un monde qui sera largement régi par le protocole. Elles pourront difficilement s’opposer à la réglementation et à l’opinion des pays où elles investissent. Certaines ont déjà compris que la réduction des émissions polluantes était devenue une nécessité. Jacques Chirac – comme Tony Blair au Royaume-Uni – est-il pour autant devenu le chantre mondial de la protection de l’environnement ? Comme toujours avec le président de la République, il faut se demander s’il a les moyens et la volonté politiques de remplir ses promesses. Et quelles peuvent en être les implications dans le domaine de la politique intérieure. Il ne s’agit pas de faire de procès d’intention à un homme dont on connaît la sensibilité à l’écologie. Mais à l’évidence il y a chez lui la volonté d’occuper un espace politique sur sa gauche, même si, sur le terrain, les réalisations ne sont pas au niveau des intentions. Il reste que l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, après tant de débats et de controverses, est un événement majeur, une date fondatrice dans la lutte contre le changement climatique et le réchauffement de la planète. 0123 Société Editrice du Monde SA Président du directoire : Jean-Marie Colombani Directoire : Jean-Marie Colombani ; Noël-Jean Bergeroux ; Jean-Paul Louveau, directeur général Secrétaire général du directoire : Pierre-Yves Romain Directeur de la publication : Jean-Marie Colombani Directeur délégué : Gérard Courtois Directeur général : Fabrice Nora Directeur de la rédaction : Gérard Courtois Directeurs adjoints : Alain Frachon (Le Monde 2), Patrick Jarreau (rédaction en chef éditoriale), Sylvie Kauffmann et Franck Nouchi (directeurs de l’information) Délégué général : Olivier Biffaud Secrétaire général : Jean-Pierre Giovenco Médiateur : Robert Solé Directeur des relations internationales : Daniel Vernet Directeur des relations éditoriales extérieures : Edwy Plenel Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Marie-Béatrice Baudet, vice-présidente Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) Le Monde est édité par la Société Editrice du Monde SA Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 15 décembre 2000. 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Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0707 C 81975 ISSN 0395-2037 Imprimerie du Monde 12, rue Maurice-Gunsbourg 94852 Ivry cedex PRINTED IN FRANCE Président-directeur général : Jean-Paul Louveau Directeur général : Stéphane Corre 80, bd Auguste-Blanqui 75707 PARIS CEDEX 13 Tél : 01-57-28-39-00 - Fax : 01-57-28-39-26 16/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 ENTREPRISES justice Mardi 15 février devait s’ouvrir, devant le tribunal fédéral de los angeles, le procès de l’affaire Executive Life, qui pourrait durer plusieurs mois si aucun accord n’est trouvé. Pour les accusés français, le Cré- dit lyonnais, le CDR et Artémis, qui ont déjà déboursé 771 millions de dollars fin 2003, l’affaire est très risquée : John Garamendi, le commissaire aux assurances de Californie, réclame 3,5 milliards de dollars de dommages et intérêts, et le fonds de garantie des assurés, 2,5 milliards. Si les parties françaises estiment avoir des arguments solides, pour l’un de leurs avocats, tout cela « pourrait bien ressembler à un traquenard ». Le juge Matz, qui aurait souhaité éviter un long procès, semble en vouloir aux Français de devoir en passer par là. Et l’avocat américain Gary Fontana joue sa carrière sur leur mise en cause. Executive Life : procès civil à haut risque pour la France Les audiences devaient s’ouvrir pour plusieurs mois, mardi, à Los Angeles. Un enjeu de plusieurs milliards de dollars pour les parties françaises mises au banc des accusés : le CDR, le Crédit lyonnais et Artémis, la holding de François Pinault NEW YORK de notre correspondant L’affaire Executive Life, du nom de la compagnie d’assurance californienne en faillite reprise dans des conditions controversées par le Crédit lyonnais et ses alliés il y a treize ans, approche de son épilogue. Après six années de procédures et une transaction avec la justice pénale particulièrement coûteuse pour les accusés français (771 millions de dollars), fin 2003, le procès civil devait s’ouvrir, mardi 15 février, au tribunal fédéral de Los Angeles. C’est une bataille judiciaire acharnée et compliquée qui va commencer. Les sommes en jeu donnent le vertige. Le commissaire aux assurances de Californie, le principal plaignant, demande 3,5 milliards de dollars de dommages et intérêts, et le fonds de garantie des assurés, la National Organisation of Life and Health Guaranty Associations (Nolgha), réclame, au nom des dizaines de milliers d’assurés qu’il juge floués, 2,5 milliards de dollars. Un enjeu de 6 milliards de dollars, donc, pour les parties françaises au banc des accusés – le Crédit lyonnais, le CDR (Consortium de réalisation des anciens actifs à risque du Lyonnais) et Artémis, la holding de François Pinault, qui avait racheté le portefeuille d’obligations d’Executive Life –, qui seront confrontées, pour la première fois, pour la plupart d’entre elles, à la machine judiciaire américaine. La sélection des douze jurés une fois établie, à la fin de la semaine, les débats devraient se tenir sur environ quatre mois. Les deux parties disposeront chacune de 100 heures pour exposer leurs arguments et faire citer leurs témoins. Selon le programme fixé par le juge Howard Matz, qui présidera les débats, il faudra d’abord établir s’il y a eu une fraude ou non. Ensuite, le jury devra fixer les amendes et les sommes à régler. « Estimer le montant des dommages ne sera pas une chose facile », reconnaît le juge, qui se dit déjà persuadé que « la fraude peut être prouvée ». transaction sans précédent Avant l’ouverture du procès, le président du tribunal a fait monter la pression : « Il y aura toutes sortes de révélations, et si j’étais le conseil d’entités en France je voudrais m’assurer que mes clients aient bien compris. » Les Français sont solvables et ils sont les seuls accusés – la justice californienne ayant étrangement « oublié » les Américains impliqués dans cette affaire. Les plaignants sont chez eux et le com- missaire aux assurances a la légitimité et la crédibilité de l’Etat californien. Faiblesse supplémentaire, le Crédit lyonnais, le CDR et Artémis ont accepté, fin 2003, une transaction pénale d’un montant presque sans précédent dans l’histoire américaine. Les avocats et les représentants des 350 000 anciens assurés sur la vie d’Executive Life chercheront à apitoyer les jurés. Il y a deux semaines, d’anciens clients de la compagnie, regroupés dans une association baptisée Executive Life Action Network (Elan), ont lancé une campagne de publicité dans les journaux californiens. Ils demandent au commissaire aux assurances, John Garamendi, de se battre pour eux. « Nous pensons que nous avons beaucoup perdu », explique Wallace Albertson, une des trois fondatrices d’Elan. Cette veuve affirme que les revenus de son contrat d’assurance-vie sont inférieurs d’un tiers à ce qu’ils étaient en 1991, avant la faillite d’Executive Life. « La plupart des assurés étaient des personnes âgées, et beaucoup ont même perdu leur maison. » Pour l’avocat américain d’une des parties françaises, « cela pourrait bien ressembler à un traquenard, car nous ne sommes en aucun cas responsables de la faillite d’Executive Life. Dans ce genre d’affaire, en général, on ne va pas jusqu’au procès, mais un Etat n’est pas outillé pour justifier politiquement des négociations de marchands de tapis avec des gens en face dont les pratiques s’apparentent à du racket ». Le juge Matz souhaitait, depuis le début, que l’affaire se règle par une transaction afin de s’épargner un long et fastidieux procès. Il n’y est pas parvenu et semble en vou- réclamés par leurs adversaires. Les Américains ont fait d’autant moins d’efforts pour transiger qu’ils lorgnent sur les profits du portefeuille d’obligations à haut risque (junk bonds) d’Executive Life, racheté par Artémis, la holding de François Pinault, et qui lui a rapporté des centaines de millions de dollars. Les Français, pour faire valoir leur bonne foi auprès des jurés américains, ont tenté de ne pas répéter les erreurs commises lors de « Nous ne mettrons pas un sou de plus », avait promis M. Raffarin à l’adresse de l’opinion publique la phase pénale. Artémis, entreprise privée, le CDR, organisme public, et la MAAF, mutuelle, ont trouvé un terrain d’entente sans pour autant gommer leurs intérêts divergents. Finies les querelles stériles sur les torts passés de chacun, qui ont interdit, entre 1999 et 2003, toute concertation face au camp américain. La diabolisation de l’ex-patron d’Altus, Jean-François Hénin, acteur principal de cette affaire, a longtemps tenu lieu de stratégie dans le camp français. De même, l’Etat tenait à distance Artémis, refusant de jouer le rôle de bouclier pour la holding privée, qui avait réalisé de très gros profits dans cette affaire. Les Français, dans leur ensemble, s’accordent aujourd’hui sur quelques arguments clés. D’abord, en 1993, lors du rachat de la compagnie d’assurance, le département des assurances de Californie avait signé une clause de non-recours, qui devrait annuler la procédure en cours, font valoir les avocats de la défense. Le juge Howard Matz, qui préside ce procès, a indiqué que cette question serait tranchée lors de l’audience. Sur le fond, les Français estiment que, d’une part, rien n’a jamais été dissimulé aux autorités américaines, puisque le département des assurances californien a été partie prenante du montage dès son origine ; d’autre part, les assurés californiens n’auraient subi aucun préjudice. Mieux, ils auraient bénéficié de la meilleure offre, celle des Français, qui ont acquis les actifs de la compagnie d’assurance en étant les mieux-disants, à l’issue d’enchères transparentes et publiques. Artémis et le CDR plaident pour une dissociation de l’affaire du rachat d’Executive Life et de celle de la revente des junk bonds. Cela permettrait de disjoindre l’éventuel non-respect de la réglementation bancaire américaine (dont est accusé le Lyonnais, puisqu’une banque n’avait pas le droit de contrôler un « roulette russe » assureur), des profits réalisés par Artémis sur le portefeuille de junk bonds. Cela posé, Artémis et le CDR ne défendent pas les mêmes intérêts et n’ont pas la même marge de manœuvre. Le CDR, sous la tutelle du ministère des finances, représente en quelque sorte la France à la barre. Il doit prendre en compte des considérations politiques françaises, et dépend d’un grand nombre d’échelons hiérarchiques, d’autant qu’il puisera l’éventuelle amende à payer dans les caisses de l’Etat. Trois présidents se sont succédé à la tête de cette structure depuis sa création en 1995 : de Michel Rouger à Jean-Pierre Aubert, en passant par Raymond Lévy, ancien président de Renault, trois personnalités différentes et autant de stratégies. De ce fait, la mémoire de ce dossier est davantage entre les mains du cabinet d’avocats américains du CDR, White and Case. Artémis n’est tenue que par une logique financière, et elle est dirigée depuis le début par Patricia Barbizet, qui témoignera lors du procès. La holding a tout fait pour apparaître comme un acteur mineur au côté du CDR. Son risque est sa richesse : les jurés américains pourraient être enclins à condamner plutôt celui qui a tiré profit de l’opération, Artémis, que celui qui l’a rendue possible, le CDR (via Altus). Le commissaire aux assurances Garamendi, lui, joue son avenir politique. Il doit obtenir gain de cause et défendre les assurés. Mais il lui faut éviter de se retrouver impliqué personnellement. En 1991, il avait organisé et approuvé la transaction qui a permis à Altus Finance, filiale du Crédit lyonnais, et à ses alliés de reprendre les actifs d’Executive Life en faillite. Il dénonce aujourd’hui comme frauduleuse une opération qu’il avait lui-même qualifiée alors de « meilleur cadeau possible aux assurés ». La première partie du procès s’annonce décisive. Si la fraude est démontrée – et même s’il est difficile de prouver l’existence de dommages –, les plaignants pourront toujours plaider qu’il n’est pas juste de retirer un profit après avoir violé la loi. Les sommes gagnées par le Crédit lyonnais, et surtout Artémis, avec les actifs d’Executive Life, se chiffrent en milliards de dollars. « Nous jouons à la roulette russe dans ce procès, reconnaît un juriste français d’un cabinet d’avocats américain. Il n’y aura pas de demimesures. Ce sera tout ou rien. Soit nous gagnons et ne déboursons rien de plus que les 771 millions déjà payés, dont 560 millions de provisions pour le civil. Soit nous perdons, et ce sont des milliards de dollars de plus pour le contribuable français, avec les conséquences politiques que l’on peut imaginer. » Jacques Follorou Eric Leser Le camp français tente de faire cause commune, mais masque mal ses divergences d’intérêts EN DÉCEMBRE 2003, le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, avait accepté de transiger, dans l’affaire Executive life, pour préserver les intérêts du Crédit lyonnais et du Crédit agricole aux Etats-Unis, et surtout éviter un périlleux procès pénal. Il avait alors accepté de prélever 375 millions de dollars dans les caisses de l’Etat au titre des provisions demandées par la justice américaine en vue du procès civil. « Nous ne mettrons pas un sou de plus », avait promis M. Raffarin à l’adresse de l’opinion publique. Tenir cet engagement en forme de vœu pieux, tel est, à l’ouverture du procès, l’enjeu du camp français, qui n’a pu, ou su, trouver, sur le terrain civil, un accord amiable avec ses accusateurs. Une gageure. Car les plaignants – le département des assurances californien mais aussi des concurrents, dont l’assureur Sierra, déçus de s’être fait souffler la compagnie Executive Life en faillite par l’exfiliale du Crédit lyonnais, Altus, en 1991 – entendent bien obtenir davantage que les provisions versées dans le volet pénal. L’Etat, pour le compte du Consortium de réalisation (CDR), structure publique qui gère le passif douteux du Crédit lyonnais, a donc déjà versé 375 millions de dollars ; la MAAF, qui aurait masqué le montage frauduleux, a payé 10 millions de dollars et Artémis, acheteur final, a déboursé 185 millions de dollars. On est loin des milliards de dollars loir surtout aux Français. L’enjeu est considérable aussi pour les plaignants. Pour Gary Fontana, l’avocat américain qui porte cette affaire à bout de bras depuis plus de six ans, « il s’agit de l’affaire de sa vie. Soit il gagne, fait fortune et devient célèbre, soit il perd, et son cabinet Thelen & Reid l’éjecte comme un malpropre », explique un juriste américain. M. Fontana affirme ne pas avoir le moindre doute sur sa victoire : « Nos adversaires n’ont cessé de mentir tout au long de la procédure, et il ne nous sera pas très difficile de le prouver. Les jurys américains n’aiment pas cela ». cinq personnages-clés d’un dossier très complexe Un lointain conflit juridique presque devenu une affaire d’Etat f Avril 1991. Faillite de l’assureur américain Executive Life, repris par l’Etat de Californie. f Novembre 1991. Altus, une filiale du Crédit lyonnais, achète le portefeuille de junk bonds (obligations à haut risque) d’Executive Life. Un ensemble d’actionnaires mené par la MAAF assure la poursuite de l’activité de la compagnie, rebaptisée Aurora. f Décembre 1992. Artémis, le holding de François Pinault, achète à Altus la majeure partie du portefeuille des junk bonds pour 2 milliards de dollars, financés à 100 % par le Crédit lyonnais. f Août 1994 et juin 1995. Artémis prend le contrôle d’Aurora. f Juillet 1998. L’homme d’affaires François Marland dénonce aux Etats-Unis le montage, qualifié de frauduleux, de la reprise d’Executive Life par Altus et la MAAF. f Début 1999. Le département des assurances de Californie demande copie des conventions de portage qui ont permis à Altus et à ses partenaires d’acquérir Executive Life. Le Crédit lyonnais remet ces pièces à la justice pénale et à la Réserve fédérale (Fed). f Janvier 1999. L’avocat américain du Crédit lyonnais déclare à la Fed avoir été trompé par Altus et reconnaît des déclarations mensongères ainsi que le caractère frauduleux du montage. f Février 1999. Une procédure est engagée contre Altus, le Crédit lyonnais, la MAAF et le Consortium de réalisation (CDR), qui gère l’héritage d’Altus. Le parquet de Californie et la Fed ouvrent leurs propres investigations. f A partir d’avril 2001. Le dossier devient une affaire d’Etat. Le camp français négocie avec le ministère américain de la justice et la Fed. M. Isaacs propose alors, selon l’entourage de Laurent Fabius, ministre des finances, un accord à l’amiable pour 100 millions de dollars, sans aucune garantie pour les Français ; le Crédit lyonnais aurait refusé. Les attentats du 11-Septembre repoussent, sine die, les négociations. f Juin 2002. Les termes d’un nouvel accord semblent définis : 200 millions de dollars d’amendes au profit de la Fed. Le ministère de la justice américain ne fixe pas de seuil pour sa propre indemnisation, et il existe encore une chance de protéger le Crédit lyonnais. Mais, cinq jours avant la réunion, Washington annule la rencontre et décide de confier le dossier au parquet de Los Angeles, ce qui marque la fin des espoirs français. Les discussions reprennent en janvier 2003. Le montant de l’amende ne cessera de croître. f 15 décembre 2003. Le camp français et la justice américaine signent une transaction amiable contre le versement de 771 millions de dollars. Cet accord met fin à la procédure pénale. f 2004. Il reste à régler le volet civil de l’affaire. Faute d’entente amiable, le procès civil débute, le 15 février, à Los Angeles. J. Fo. HOWARD MATZ Juge du tribunal du district de Californie, président du procès JOHN GARAMENDI Commissaire californien aux assurances JEAN-FRANÇOIS HÉNIN Fondateur et ancien patron d’Altus Finance FRANÇOIS PINAULT Fondateur du groupe Pinault FRANÇOIS MARLAND Homme d’affaires français Faute d’accord amiable préalable, le juge de Los Angeles Howard Matz est donc chargé de présider le procès civil de l’affaire Executive Life, sans doute le dossier le plus important de sa carrière. Saisi depuis 1999, il n’a jamais caché qu’il aurait préféré que les parties puissent trouver un accord avant l’audience. Il a tenté, tout au long de la procédure, de contenir l’inflation des débats et des échanges entre avocats, notamment en termes de témoins et de griefs. A l’automne 2004, il aurait pu juguler encore davantage les débordements de cette affaire et pousser chaque partie à transiger. Il a néanmoins préféré attendre l’audience pour trancher des points de forme dont peut dépendre le sort du procès. En avril 1991, la compagnie d’assurance-vie se trouve au bord de la faillite. En tant que commissaire aux assurances, John Garamendi décide de la nationaliser et n’a ensuite qu’une hâte : trouver un repreneur. Ce sera Altus Finance, la filiale du Crédit lyonnais et ses alliés. M. Garamendi, qui a alors des ambitions politiques, tentera en vain, en 1996, d’obtenir l’investiture démocrate pour l’élection du gouverneur de Californie. Puis il travaillera dans l’administration Clinton, au ministère de l’intérieur, avant de partir dans le privé et d’être réélu commissaire aux assurances en Californie en 2002. A ce titre, il a repris les poursuites engagées par son prédécesseur contre les auteurs de la transaction qu’il avait lui-même organisée ! L’ancien directeur général de l’ex-filiale du Crédit lyonnais, Altus, de 1989 à 1993, n’est pas à un paradoxe près. Pivot du montage contesté qui a permis le rachat, en 1991, de la compagnie d’assurance Executive Life, il n’a jamais été associé aux négociations entamées entre la France et les Etats-Unis depuis 1999. Personnage atypique et longtemps marginalisé par le camp français, qui l’associait à l’héritage sulfureux du Crédit lyonnais, il n’a été consulté qu’à partir de 2003. Les autorités américaines ont tenté, pour leur part, d’en faire un témoinclé pour dénoncer les turpitudes du Lyonnais. En vain. M. Hénin fait aujourd’hui l’objet d’un mandat d’arrêt de la justice américaine. L’homme d’affaires François Pinault n’a-t-il pas assuré sa richesse en grande partie grâce à l’affaire Executive Life ? En 1992, lorsque le Crédit lyonnais cherche à améliorer ses comptes, il s’adresse à lui pour vendre le portefeuille de junk bonds (obligations à risque) de la compagnie d’assurances. Tout juste sorti de la fusion entre le groupe Pinault et Printemps, il est devenu l’un des premiers clients du Lyonnais, un de ses plus gros risques aussi. Le 24 décembre 1992, pour alléger la pression de l’endettement sur le groupe Pinault, le Lyonnais cède à son fondateur la partie la plus juteuse du portefeuille d’actifs. Les profits de leur revente s’élèveront à des centaines de millions de dollars. Lorsqu’il révèle, en juin 2004, à Paris Match, qu’il est le fameux délateur anonyme à l’origine de l’affaire Executive Life, François Marland ne surprend qu’à moitié. Cet homme d’affaires français nourrit une vieille rancœur contre le Crédit lyonnais, qui aurait causé la chute de son groupe de distribution Disco et sa brève incarcération en 1994. Ayant mis en contact les dirigeants d’Altus et de la MAAF pour racheter Executive Life, M. Marland connaissait l’existence des contrats de portage contestés. Le prix de ses révélations est connu : 35 % des 13 % de l’indemnité perçue par l’avocat du département des assurances californien sur l’amende de près de 2 milliards de dollars réclamée aux Français. photos afp et ap LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/17 ENTREPRISES Grâce au rachat de MCI, Verizon conforte sa place Les profits de Volkswagen de numéro un des télécommunications aux Etats-Unis continuent de baisser L’opération valorise MCI à 6,7 milliards de dollars. Depuis le mois de décembre 2004, trois fusions majeures avaient déjà eu lieu dans ce secteur pour plus de 58 milliards de dollars ET DE QUATRE. Au terme de plusieurs mois de discussions, Verizon, la première « Baby Bell » (compagnie régionale) américaine née du démantèlement d’AT & T en 1984, a annoncé, lundi 14 février, le rachat de MCI (ex-Worldcom), le deuxième opérateur de téléphonie longue distance aux Etats-Unis. Concrètement, Verizon a proposé 4,75 milliards de dollars en actions et déboursera 488 millions en numéraire. MCI versera un dividende à ses actionnaires de 4,50 dollars par titre, soit au total 1,46 milliard. L’opération valorise MCI à 6,7 milliards de dollars. Elle doit encore être approuvée par les autorités de la concurrence. Dans un communiqué commun, Verizon et MCI ont indiqué qu’ils espéraient l’obtenir « dans environ un an ». Pour Qwest, la plus petite des Baby Bell, qui affrontait Verizon pour racheter MCI, l’échec est cuisant. En dépit d’une offre supérieure à celle de Verizon – selon certaines rumeurs, elle aurait proposé aux dirigeants de MCI de payer 7,3 milliards de dollars –, Qwest n’a pas séduit Michael Capellas, PDG de MCI, ni son conseil d’administration. Ce dernier a préféré se vendre à une entreprise dont la capitalisation boursière atteint aujourd’hui les 100 milliards de dollars. Verizon est né du rachat de Bell Atlantic par GTE en 2000 pour 71 milliards de dollars. MCI avait été créé dans les années 1960 pour concurrencer AT & T avant d’être racheté en 1988 par WorldCom et entraîné par la chute de ce dernier après un scandale comptable de 11 milliards de dollars en 2002. Au plus fort de la crise, MCI avait traîné une dette de 40 milliards de dollars. Aujourd’hui de 4 milliards, elle sera reprise par Verizon. Depuis sa sortie de la faillite au printemps 2004, MCI était l’objet UN AN DE FUSIONS Téléphonie mobile 2004 17 février Rachat d'AT&T Wireless par Cingular 41 16 décembre milliards de dollars Rachat de Nextel par Sprint 36 milliards de dollars Téléphonie fixe 2005 31 janvier 16 l’enjeu des réseaux Rachat d'AT&T par SBC milliards de dollars 14 février 6,7 majeur plus tôt et pour moins d’investissements que si nous avions dû procéder par croissance organique », s’est félicité Ivan Seidenberg, PDG de Verizon. Au total, le chiffre d’affaires du nouvel ensemble avoisinera les 90 milliards de dollars, loin devant le nouvel ensemble SBC-AT & T qui pèsera 71 milliards de chiffre d’affaires. Rachat de MCI par Verizon milliards de dollars Source : sociétés de nombreuses convoitises. En juillet, l’opérateur avait indiqué que le fonds d’investissement Leucadia National Corporation s’intéressait à lui. En septembre, les dirigeants de MCI n’avaient pas caché leur intention d’être rachetés. Grâce au réseau Internet de MCI, le plus vaste du monde (environ 160 000 kilomètres) reliant quelque 2 800 villes dans plus de 140 pays, Verizon va pouvoir offrir des technologies à haut débit. Par ailleurs, alors que Verizon réalise pour l’instant la majeure partie de ses activités sur le marché des petites et moyennes entreprises, il met aussi la main sur un large portefeuille de grandes entreprises, dont les ministères américains de la défense et de la sécurité intérieure. « Cette acquisition donne un coup d’accélérateur à la croissance de Verizon sur le marché des entreprises et facilite notre ambition de devenir un fournisseur de services Internet Accord entre Microsoft et Nokia sur la musique Nokia et Microsoft ont annoncé, lundi 14 février à Cannes, lors du 3GSM, congrès mondial des professionnels des télécommunications, un accord visant à faciliter le téléchargement de musique. Cet accord aura deux conséquences pour les consommateurs. Les possesseurs de Nokia pourront écouter de la musique sur leur portable avec le logiciel Windows Media Player. Quant aux utilisateurs de PC équipés de Windows XP et Windows Media Player, ils pourront lire les fichiers vendus par Nokia grâce à la plate-forme musicale Loudeye, déjà partenaire de Microsoft. Convaincu que la musique va tirer le marché de la téléphonie mobile, le groupe finlandais a donc décidé de s’entendre avec Microsoft. « En 2004, nous avons vendu 10 millions de mobiles qui possédaient une fonction musique, a expliqué un des responsables de Nokia. Cette année, plus de la moitié de nos modèles devraient en être munis. » Le responsable de la stratégie numérique du groupe Warner Music, Michael Nash, a déclaré qu’il partageait « la vision de Microsoft et de Nokia sur l’importance du mobile pour la musique ». En un an, le marché américain des télécommunications a été marqué par une vague de rapprochements aussi bien dans la téléphonie mobile que dans la téléphonie fixe. Le rachat de MCI par Verizon intervient quinze jours après celui d’AT & T par SBC pour 16 milliards de dollars. En février 2004, Cingular avait racheté AT & T Wireless pour 41 milliards de dollars, et en décembre 2004, Sprint avait mis la main sur Nextel pour 36 milliards de dollars. Au total, ces accords ont porté sur 100 milliards de dollars. Socialement, l’impact des deux dernières fusions est lourd. Au total, près de 20 000 emplois seront supprimés dont 7 000 chez Verizon-MCI. Dans les deux cas, ce sont des Baby Bell en grande forme qui avalent des opérateurs longue distance en perte de vitesse. Et la logique de ces deux rachats est la même. Les opérateurs de télécommunications subissent de plein fouet la concurrence des câblo-opérateurs qui font converger le téléphone, la télévision et Internet. Ils doivent pouvoir proposer à leurs clients des offres combinant ces trois outils. D’où l’importance des réseaux. Verizon a déjà fait savoir qu’il dépenserait entre 3 et 3,5 milliards de dollars pour améliorer le réseau de MCI. Nathalie Brafman La sélection génétique du poulet, monopole américain ? LES AMÉRICAINS vont-ils disposer d’un monopole mondial dans la sélection génétique du poulet ? Tel serait le cas si Hubbard, numéro trois mondial, avec 13 % du marché, était vendu à un fonds d’investissement américain, comme l’actuelle direction semble en avoir l’intention. Hubbard, entreprise franco-américaine de 327 salariés, filiale à 100 % de Merial, réalise 90 millions de dollars (69 millions d’euros) de chiffre d’affaires mais perd 30 millions par an. Hubbard, qui réalise un tiers de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, a été créée en 1997, peu après que Merck et Rhône-Poulenc (aujourd’hui Sanofi-Aventis) eurent formé Merial, une joint-venture spécialisée dans la santé animale et le médicament vétérinaire. A ce moment-là, les filiales de sélection génétique de Merck et Rhône-Poulenc, à savoir Hubbard et l’Institut de sélection animale (ISA) ont également fusionné pour ne plus former qu’une seule entité. Pour des raisons qui tiennent à une divergence croissante des métiers – le médica- ment vétérinaire et les techniques de sélection génétique ont très peu en commun –, Merial souhaite aujourd’hui se séparer de Hubbard. Mais, au lieu de chercher à adosser sa filiale à l’un ou l’autre des spécialistes du secteur, Merial laisse faire le management américain de Hubbard, qui semble avoir opté pour des investisseurs purement financiers. les salariés inquiets L’enjeu est de taille : 46 milliards d’unités sont consommées dans le monde chaque année. Le poulet, protéine acceptée par toutes les religions, est de plus en plus consommé, malgré la crise que connaît l’activité à cause de l’épidémie de grippe aviaire en Asie. La direction de Merial affirme aujourd’hui vouloir céder Hubbard à « un investisseur ne faisant pas partie de la concurrence ». Autrement dit, ce ne sont ni l’américain Aviagen, leader mondial qui contrôle la moitié du marché mondial, ni Cobb, filiale de Tyson Food, qui a conquis 30 % de ce même marché, ni le français Grimaud La Corbière (72 millions d’euros de chiffre d’affaires), spécialisé dans la sélection génétique du canard, qui semblent les mieux placés. Alors qu’Aviagen et Cobb se situent sur des produits de masse, Hubbard s’est plutôt développé sur une série de niches (poulets à label, poulets « colorés », plus goûteux que les poulets en batterie). A en croire un cadre qui souhaite conserver l’anonymat, des acheteurs anglais, polonais et allemand seraient également sur les rangs. Mais l’interlocuteur privilégié de Merial semble être un investisseur purement financier, dont le nom sera communiqué après la signature « pour ne pas troubler les salariés ». Les représentants de la CGT chez Hubbard, qui affirment ne rien savoir « à part le fait que la direction veut vendre », s’inquiètent. « La situation n’est pas florissante dans l’aviculture, et on a un peu peur d’une cession à des Américains », souligne Chrystel Chevallier, déléguée CGT. Une façon de dire que la fusion Hubbard-ISA n’a jamais eu lieu. Yves Mamou La Cour de justice européenne désavoue à nouveau Bruxelles Les juges ont estimé, mardi, que le veto initial à la fusion entre Tetra Laval et Sidel n’était pas fondé BRUXELLES de notre bureau européen C’est l’épilogue judiciaire d’un dossier retentissant en matière de droit de la concurrence : la Cour européenne de justice a estimé, mardi 15 février, que la Commission de Bruxelles n’était pas fondée à interdire la fusion, en octobre 2001, du fabricant d’emballages hélvético-suédois Tetra Laval et du français Sidel. Les magistrats ont confirmé deux arrêts rendus par le Tribunal de première instance européen, et rejeté les pourvois formés par la Commission. « Le Tribunal a respecté les critères du contrôle juridictionnel confié au juge communautaire, et a correctement explicité les éléments insuffisants, incomplets, peu significatifs, discordants et donc inexacts de la thèse de la commission », explique la Cour. En 2002, le Tribunal de première instance avait cassé le veto mis par Bruxelles au mariage des deux entreprises, pour cause « d’erreurs manifestes d’appréciation » de la part des autorités de la concurren- ce. Un peu plus tard, alors que la fusion avait été concrétisée, il avait également rejeté la décision de Bruxelles ordonnant aux deux entreprises de se séparer. Après ce double camouflet, l’ancien commissaire à la concurrence, Mario Monti, avait dû revoir sa position en 2003 et autoriser la fusion sous conditions. Pour s’opposer à cette opération, la Commission avait, dans un premier temps, estimé qu’elle aurait renforcé la position dominante de Tetra sur le marché des emballages en carton. Elle estimait en particulier que la fusion aurait incité cette entreprise à se servir de sa position de numéro un mondial pour persuader ses clients d’opter pour les machines Sidel de fabrication des emballages en carton pour boissons en PET (polyéthylène téréphtalate) sur des créneaux sensibles comme le lait, les jus de fruits, les boissons au thé, au café, et non gazeuses. Comme souvent, la Cour de justice a suivi les conclusions de l’avocat général. En 2004, Antonio Tiz- zano avait estimé que les règles européennes auraient pu dissuader Tetra Laval de tirer partie de sa position dominante. Pour lui, il aurait mieux valu accorder aux deux entreprises le bénéfice du doute, quitte à les contraindre à respecter un certain nombre d’engagements. La Cour confirme cette analyse : « L’annulation de la décision de la Commission trouve son fondement dans le refus de celle-ci de prendre en considération les engagements souscrits par Tetra Laval au sujet de son comportement futur. » « préciser les méthodes » Aucun recours supplémentaire n’étant plus possible, cette ultime décision peut permettre de préciser davantage les marges de manœuvre de la direction de la concurrence, désormais sous la tutelle de Neelie Kroes. A l’époque, l’affaire avait d’autant plus ébranlé les gardiens de la concurrence qu’elle coïncidait avec deux autres arrêts défavorables du tribunal sur des vetos mis à la fusion des fabricants français de matériels électriques Schneider et Legrand, et des voyagistes britanniques Airtours et First Choice. Après ces désaveux en série, l’ancien commissaire à la concurrence, M. Monti, avait accéléré la refonte en profondeur de ses services. Il avait réorganisé la puissante division chargée du contrôle des fusions, la merger task force, et musclé l’analyse économique et juridique des dossiers les plus sensibles. « L’enjeu du pourvoi de la Commission n’était pas de revenir sur l’autorisation finalement donnée à Tetra Laval, mais de préciser les méthodes et les rôles respectifs de la Commission et du Tribunal de première instance », indique-t-on dans l’entourage de Mme Kroes. La Commission entendait ainsi démontrer que le Tribunal de première instance était allé au-delà de ses compétences dans le contrôle des actes administratifs des fonctionnaires européens. Ce que conteste la Cour. Philippe Ricard LE CONSTRUCTEUR automobile allemand a annoncé une baisse de ses béné- BAISSE LIMITÉE fices, lundi 14 février, pour la troisième Les résultats de Volkswagen année consécutive. Sur l’année 2004, le Chiffre d'affaires bénéfice net est en chute de 29 %, à En milliards d'euros 716 millions d’euros. Le constructeur 2003 allemand, qui regroupe les marques 84,81 Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, Bentley 2004 88,96 et Lamborghini, a toutefois fait mieux que prévu. Son résultat opérationnel a Résultat net baissé de 12,3 %, à 2,015 milliards En milliards d'euros d’euros, soit un peu plus que ce qu’anticipaient les analystes après la révision 2003 2,5 des objectifs annoncée en juillet 2004. 2004 2,0 Grâce aux 1,6 milliard d’économies réalisées dans le cadre du plan « For Motion », qui a notamment visé à rédui- Source : société re les dépenses d’investissement, Volkswagen a réussi à limiter l’impact d’une conjoncture peu porteuse. Le groupe allemand a été notamment affaibli par la vigueur de la concurrence en Europe, par la faiblesse du dollar et par la baisse de ses parts de marché en Chine. Volkswagen compte sur sa nouvelle Passat et sur son modèle bon marché la Fox et sur la Bora aux Etats-Unis pour améliorer sa rentabilité. Nina Ricci licencie selon un barème à points LA DIRECTION des parfums Nina Ricci a annoncé, lundi 14 février, le licenciement de 198 personnes en raison « de résultats négatifs en France » depuis deux ans. Puig Prestige Beauté, maison mère de Nina Ricci et de Paco Rabanne, envisage la création de 74 postes « pour contrebalancer le nombre de licenciements envisagés ». Le site industriel d’Ury (Seine-et-Marne), installé en 1974, sera fermé. 73 licenciements sont annoncés au siège social de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). La direction s’est refusée à confirmer l’existence d’un barème à points visant à choisir les salariés licenciés en fonction de leur situation personnelle, selon un document révélé par Le Parisien dans son édition du lundi 14 février. Selon ce document, seront prises en compte « les charges de famille », l’ancienneté dans l’entreprise ou bien encore « les qualités professionnelles » avec une notation allant pour ce dernier critère de 1 à 13. Violation du droit du travail chez un fournisseur de Decathlon LE COLLECTIF De l’éthique sur l’étiquette, proche de la Fédération artisans du monde, a dénoncé lundi 14 février, dans une lettre ouverte à Yves Claude, PDG de Decathlon, les « violations des droits du travail » chez l’un de ses fournisseurs en Thaïlande qui a licencié trois ouvrières syndiquées en novembre 2004. Les salariés des usines textile MSP Sportswear, société thaïlandaise qui fournit Decathlon, subissent, comme en Chine, « une intense pression antisyndicale », écrit le collectif qui regroupe 43 organisations, syndicats et associations de consommateurs. MSP Sportswear a fait l’objet d’un audit complet sur l’âge minimum, le travail forcé, la santé, la sécurité et les heures de travail, mais Decathlon n’a pas accepté de transmettre les résultats de ces investigations au collectif, qui dénonce le « silence » du groupe français. Dans un communiqué, la direction de Decathlon précise qu’une « enquête est menée par les autorités gouvernementales [thaïlandaises] portant sur les incidents relatifs à la discrimination syndicale ». industrie RENAULT : la direction du constructeur automobile et quatre syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO) ont signé, lundi 14 février, un accord sur les salaires pour l’année 2005 portant sur une augmentation de 4,6 %. Il prévoit une hausse générale de 2,1 %, des augmentations individuelles et promotions de 1,6 %, l’intégration de l’allocation printemps de 0,7 % et des revalorisations diverses de 0,25 %. a BASF-GAZPROM : le numéro un mondial de la chimie et le géant gazier russe ont annoncé dans un communiqué commun samedi 12 février, qu’ils pourraient participer, à travers leur société commune Wingas, aux études techniques et économiques du projet de gazoduc nord européen passant sous la mer Baltique. a JOHNSON & JOHNSON : le conglomérat américain spécialisé dans la santé a déposé une plainte contre Ciba Vision, filiale du géant pharmaceutique suisse Novartis, dans le but de protéger des licences de lentilles de contact (Phoenix) sur le point d’être commercialisées, a indiqué lundi 14 février un porte-parole de Novartis. a CEREP : la société de biotechnologie a annoncé, lundi 14 février, la signature d’un accord stratégique avec Sanofi-Synthélabo Recherche, filiale du laboratoire pharmaceutique Sanofi-Aventis. Aux termes de l’accord, Cerep synthétisera plusieurs milliers de composés spécialement conçus pour Sanofi-Synthélabo Recherche. a FDA : la Food and Drug Administration, organisme de tutelle des secteurs de la pharmacie, de la santé et de l’alimentaire aux EtatsUnis, a un nouveau président. Lester Crawford a été nommé, lundi 14 février, à la tête de cette institution, actuellement critiquée pour son manque de rigueur sur les risques médicamenteux. a MÉDICAMENTS : les ventes de produits pharmaceutiques sur ordonnance aux Etats-Unis ont enregistré en 2004 une croissance inférieure à 10 % pour la première fois depuis près de dix ans, notamment en raison des doutes relatifs à la sécurité de certains traitements, a annoncé, lundi 14 février, le cabinet d’études IMS Health. a ALCAN : le groupe canadien d’aluminium a démenti lundi 14 février au soir les informations publiées dans Le Monde daté 15 février sur les suppressions d’emplois établies à partir d’un document interne. « C’est une information ancienne, le brouillon d’un brouillon » rédigé avant l’annonce du plan de restructuration de novembre, a déclaré une porte-parole du groupe. a services AEROPORTS DE PARIS : le gestionnaire public des aéroports parisiens a enregistré, en 2004, une hausse de trafic de 6,6 % avec 75,3 millions de passagers dont 51,3 pour l’aéroport Charles-de-Gaulle. Il reste le deuxième aéroport d’Europe derrière Londres Heathrow. a finance MUNICH RÉ : le numéro un mondial de la réassurance a annoncé, mardi 15 février, être revenu dans le vert avec un bénéfice net d’environ 1,8 milliard d’euros en 2004. En 2003, le groupe allemand avait essuyé une perte nette de 400 millions d’euros. a BNP PARIBAS : selon le classement annuel publié lundi 14 février par l’Agence France Trésor, chargée de la gestion de la dette de l’Etat, le groupe bancaire français est apparu pour la seconde année consécutive, comme le plus actif et le plus présent dans le placement des obligations du Trésor, devant la Deutsche Bank et HSBC-CCF. a 18/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 LA TENDANCE FINANCIÈRE Une séance étale pour les principaux marchés d’actions miner si certains contrats d’assurance auraient permis aux entreprises de lisser leurs résultats. L’opérateur de télécommunications Verizon, qui a annoncé le rachat de son homologue MCI, a perdu 0,33 %, à 36,19 dollars, et MCI a cédé 3,95 %, à 19,93 dollars. Les performances des indices boursiers européens n’ont guère été meilleures qu’aux Etats-Unis. Le Footsie de la Bourse de Londres a reculé de 0,05 %. A Paris, le CAC 40 a abandonné 0,12 %, mais il est resté au-dessus du seuil des 4 000 points franchis vendredi. Il a fini lundi à 4 012,11 points. Le DAX des trente valeurs vedettes du marché allemand a cédé 0,03 %. En tête du DAX, Volkswagen a terminé en hausse de 2,65 %, à 38,38 euros, après avoir publié un bénéfice d’exploitation pour 2004 qui correspondait à ses objectifs, et malgré une chute de son bénéfice net. De son côté, la banque HypoVereinsbank a reculé de 0,90 %, à 16,45 euros, de nouvelles rumeurs ayant circulé sur le marché selon lesquelles la banque procéderait prochainement à une augmentation de capital. L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a terminé, mardi, en hausse de 0,12 %, à l’issue d’une séance marquée par la prudence des investisseurs avant la publication, mercredi, de la croissance au Japon au quatrième trimestre 2004. LES MARCHÉS d’actions ont stagné lundi 14 février. Les investisseurs n’ont pas osé prendre de risques avant la publication des flux de capitaux étrangers vers les Etats-Unis, mardi, et l’audition semestrielle d’Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale américaine devant le Sénat, mercredi, et devant la Chambre des représentants jeudi. Aux Etats-Unis, l’indice Dow Jones a perdu 0,05 %, tandis que l’indice composite du Nasdaq a gagné 0,30 %. Parmi les actions les plus actives, l’assureur AIG a perdu 2,23 %, à 71,49 dollars, après avoir reçu de nouvelles assignations à comparaître par le procureur de New York et la Securities and Exchange Commission (SEC). Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte pour déter- INDICE CAC 40 En points, à Paris Le 14 fév. 4 012,11 4 000 3 900 3 800 3 700 3 600 3 500 A S O N D J F 2004 05 Source : Bloomberg Cécile Prudhomme LES BOURSES DANS LE MONDE 15/2, 9h56 Pays Indice Dernier cours % var. Maxi 2005 Mini 2005 DAX Index 4379,26 15/2 Euro Neu Markt Price IX 684,18 15/2 AUTRICHE Austria traded 2603,01 15/2 BELGIQUE Bel 20 3103,38 15/2 DANEMARK Horsens Bnex 304,12 11/2 ESPAGNE Ibex 35 9589,00 15/2 FINLANDE Hex General 6644,40 15/2 FRANCE CAC 40 4004,80 15/2 Mid CAC 2576,63 14/2 SBF 120 2858,01 15/2 SBF 250 2781,65 14/2 Indice second marché 3051,70 14/2 Indice nouveau marché 757,33 15/2 GRÈCE ASE General 2948,48 15/2 HONGRIE Bux 16609,95 14/2 IRLANDE Irish Overall 6765,78 15/2 ITALIE S&P Mib index 32304,00 15/2 LUXEMBOURG Lux Index 1353,84 14/2 PAYS BAS Amster. Exc. Index 371,94 15/2 -0,16 4398,79 14/2 0,07 687,48 14/2 -0,02 2609,85 14/2 0,06 3112,27 11/2 0,00 305,59 14/2 0,04 9600,50 15/2 0,13 6667,78 14/2 -0,18 4020,70 14/2 0,40 2576,63 14/2 -0,16 2867,56 14/2 -0,07 2783,60 11/2 -0,11 3061,05 10/2 0,50 759,34 15/2 0,00 2983,47 31/1 1,34 16609,94 14/2 0,15 6821,81 20/1 -0,01 32410,00 14/2 0,57 1357,04 14/2 0,04 372,30 15/2 PER SECTEURS EURO STOXX Indice % var. EURO STOXX 50 ...........................3072,35 .....-0,11 AUTOMOBILE ..................................199,72 .....-0,17 BANQUES .........................................304,14 .....-0,02 PRODUIT DE BASE ..........................207,77.......0,30 TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............459,65 .....-0,05 CONSTRUCTION..............................276,13 .....-0,04 CONSOMMATION CYCLIQUE ..........97,44.......0,43 PHARMACIE .....................................425,97 .....-0,43 ÉNERGIE ...........................................335,63.......0,05 SERVICES FINANCIERS....................253,27.......0,07 ALIMENTATION ET BOISSON ........213,28.......0,07 BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................340,62 .....-0,10 ASSURANCES...................................207,86 .....-0,29 MÉDIAS ............................................205,49.......0,00 BIENS DE CONSOMMATION.........237,25.......0,54 COMMERCE ET DISTRIBUTION .....246,73.......0,71 HAUTE TECHNOLOGIE ...................281,21 .....-0,21 SERVICES COLLECTIFS ....................323,28 .....-0,04 LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX Code pays Cours % var. /préc. ABN AMRO HOLDING ......NL ...........21,29 .....-0,28 AEGON NV.........................NL ...........10,34.......0,00 AIR LIQUIDE........................FR.........133,80 .....-0,37 ALCATEL ..............................FR .............9,82 .....-1,01 ALLIANZ N ..........................AL ...........95,05 .....-0,47 SANOFI-AVENTIS...............FR ...........57,60 .....-0,69 AXA......................................FR ...........19,26 .....-0,41 BASF AG..............................AL ...........55,76 .....-0,13 BAYER..................................AL ...........26,20 .....-0,98 BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........16,57.......0,73 BCO BILBAO VIZCAYA.......ES ...........13,32 .....-0,08 BNP PARIBAS .....................FR ...........55,85 .....-0,45 BSCH....................................ES .............9,83.......0,82 CARREFOUR........................FR ...........39,87.......0,23 DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........35,48 .....-0,31 DANONE .............................FR ...........72,30.......0,21 4160,83 24/1 651,08 3/1 2399,25 14/1 2934,70 3/1 283,41 24/1 8907,00 24/1 6056,20 24/1 3804,92 12/1 2292,65 6/1 2704,27 12/1 2633,56 12/1 2746,91 3/1 661,35 3/1 2786,51 3/1 14553,57 7/1 6013,80 5/1 30569,00 12/1 1277,84 6/1 347,70 3/1 12,60 14,40 13,00 13,00 13,80 14,00 12,40 16,90 13,10 13,10 14,50 14,60 11,80 14,50 15,40 9,00 12,00 NEW YORK ($) TOKYO (¥) PARIS (¤) LONDRES (£) ZURICH (FR. S.) ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espagne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxembourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE (Belgique), GR (Grèce). HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE (Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark). 100 Yens 0,95175 105,07000 0,77083 0,52984 1,19645 0,73362 0,50418 1,13845 COURS DE L'EURO Euro 1,29730 136,31000 Livre Franc S. 1,88735 198,34000 1,45510 0,68730 1,55215 0,83581 87,83873 0,64427 0,44280 2,25835 EURO à 6 mois Achat EURO à 5 jours Vente couronne danoise ...............7,4435...........7,4445 couronne norvég................8,3817...........8,3867 couronne suédoise ..............9,0665...........9,0715 couronne tchéque ............30,1250.........30,1540 dollar australien................1,6508...........1,6526 dollar canadien...................1,5987...........1,5997 dollar hongkong..............10,1170.........10,1190 dollar néo-zéland. .............1,8153...........1,8168 forint hongrois ..............243,9200 ......244,3500 leu roumain.................34980,0000..35050,0000 rouble...................................36,3380.........36,3540 une pratique déconseillée en france La banque Labouchère, rachetée en 2000 pour 896 millions d’euros à l’assureur néerlandais Aegon, cause donc toujours beaucoup de tracas à son acquéreur. Cet établissement était très actif sur un marché où la vente à crédit d’actions est fortement prisée. Cette pratique est Indice Dernier cours WSE Wig 20 PSI 20 ROYAUME UNI FTSE 100 index FTSE techMark 100 index SUÈDE OMX TCHÉQUIE Exchange PX 50 1960,81 14/2 8044,72 15/2 5039,10 15/2 1261,41 15/2 766,82 11/2 1141,60 14/2 POLOGNE 1.2975 1.34 1.2933 1.31 1.28 1.2891 1.26 1.2850 1.23 1.2808 1.20 A S O N D 1.2975 1.2766 J F 2005 8 14 Février ACTION DEXIA En euros, à Bruxelles 18,5 Le 14 février 17,86 17,5 16,5 15,5 14,5 ICEX 15 3848,70 14/2 RTS 653,65 14/2 Swiss market 5907,60 15/2 National 100 28003,60 14/2 ISLANDE RUSSIE SUISSE TURQUIE A S O N Merval Bovespa CANADA TSX Composite CHILI Ipsa ETATS-UNIS Dow Jones ind. Nasdaq composite Nasdaq 100 Wilshire 5000 Standards & Poors 500 MEXIQUE IPC 1517,93 14/2 26531,89 14/2 9585,22 14/2 1828,25 14/2 10791,13 14/2 2082,91 14/2 1538,21 14/2 11886,22 14/2 1206,14 14/2 13564,96 14/2 BRÉSIL Valeur % var. 500 000 contrats de crédit vendus LegioLease aurait vendu, au total, quelque 500 000 contrats de crédit, pour 6,5 milliards d’euros. Environ 86 000 épargnants ont accepté une transaction à l’amiable avec Dexia, qui a déjà provisionné 470 millions d’euros pour régler les difficultés rencontrées par ses clients. Vendredi 11 février, la banque a annoncé qu’elle augmenterait ce montant de 207 millions d’euros dans ses comptes du 4e trimestre 2004. Wim Duisenberg disposera cependant d’une % var. Maxi 2004 -0,18 -0,32 -0,05 -0,10 -0,96 0,50 1967,08 10/2 8107,10 8/2 5049,60 14/2 1267,89 8/2 771,69 9/2 1141,59 14/2 Mini 2004 1832,11 21/1 7586,84 3/1 4765,40 12/1 1194,04 6/1 724,73 24/1 1032,00 30/12 -0,50 3875,02 10/2 -0,21 656,59 7/2 -0,09 5924,50 14/2 0,96 28402,72 7/2 3343,95 4/1 591,66 20/1 5655,10 12/1 24237,72 6/1 1,40 -0,52 0,28 0,16 -0,05 0,30 0,50 0,09 0,07 -1,09 1305,56 5/1 23609,97 20/1 8952,79 7/1 1707,09 12/1 10368,61 24/1 2008,68 24/1 1480,66 24/1 11449,26 24/1 1163,75 24/1 12192,32 12/1 1517,93 14/2 26786,45 11/2 9585,22 14/2 1840,47 8/2 10867,39 3/1 2191,60 3/1 1635,45 3/1 12024,36 3/1 1217,90 3/1 13791,91 11/2 Valeur une croissance de 10 % jusqu’en 2007 F peu répandue ailleurs en Europe, où les autorités de tutelle bancaires mettent en garde contre d’éventuels effets pervers. La Banque de France l’a, par exemple, toujours fortement déconseillée. Les ennuis de Dexia ont commencé avec la crise boursière de 2002, qui a sévi fortement à Amsterdam, entraînant une chute des cours de 36 %. Des clients de Labouchère et de sa filiale LegioLease, concernée par ce marché spécifique, ont vu la valeur de leur portefeuille fondre, pour devenir parfois inférieure aux montants qu’ils devaient rembourser. PER Pays 13,60 15,20 13,30 20,80 14,90 15,10 ASIE-OCÉANIE 14,60 12,10 12,90 8,50 15,00 13,80 15,90 25,70 28,90 16,30 13,50 Mais Dexia n’est pas au bout de ses peines, puisque de nombreux dossiers restent ouverts devant la justice néerlandaise. En mars 2003, deux plaintes collectives ont été déposées au nom de dizaines de milliers d’actionnaires estimant qu’ils n’avaient pas été correctement informés. Le bénéfice réalisé cette année-là par la banque franco-belge, habituée à des années de croissance tranquille et régulière, en avait souffert. La plupart des analystes, comme apparemment le gouvernement néerlandais, estiment que la banque ne pourra faire face toute seule aux plaintes de quatre collectifs et de 400 particuliers : l’intervention de M. Duisenberg permettra, espèrent-ils, de régler les litiges hors d’un contexte judiciaire. Dirk Bruneel, président de Dexia aux PaysBas, assure que son groupe ne se retirera pas du pays, malgré ces déboires. La direction du groupe paraît pressée de faire oublier cet épisode noir, qui s’ajoute à son projet de fusion ratée avec le groupe italien San Paolo IMI, en novembre 2004. La banque s’attend à une hausse du bénéfice par action de 10 % en 2004, et mise sur une croissance annuelle d’un niveau identique jusqu’en 2007. Jean-Pierre Stroobants, avec Anne Michel Indice Dernier cours All ordinaries 4136,30 15/2 Shangaï B 77,64 4/2 Shenzen B 247,29 4/2 CORÉE DU SUD Composite 964,79 14/2 HONG KONG Hang Seng 14022,03 15/2 HKEX LargeCAp 15502,51 15/2 INDE Bombay SE 30 893,00 15/2 ISRAËL Tel Aviv 100 673,83 14/2 JAPON Nikkei 225 11646,49 15/2 Topix index 1168,19 15/2 MALAISIE KL composite 919,55 15/2 NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 1043,20 14/2 SINGAPOUR Straits Time 2162,25 15/2 TAÏWAN Weighted 6122,39 15/2 THAILANDE Thaï SE 735,09 15/2 AUSTRALIE CHINE Cours de clôture (¥) Meilleures performances SOLAR FABRIK.................................12,15 .......46,40 SACHSENRING AUTOMO ................0,30 .......42,86 INTERNOLIX.......................................0,99 .......41,43 WALTER BAU-AG ..............................0,70 .......37,25 MEDIA NETCOM ...............................0,08 .......36,67 DATAPHARM NETSYSTE ..................0,49 .......32,43 SOFTLINE............................................0,74 .......32,14 INOUE KOGYO ................................86,00 .......24,64 MIYATA IND..................................178,00 .......14,10 KYODO SHIRYO ............................171,00 .......11,76 ULVAC..........................................2720,00 .......11,48 FREESIA MACROSS CO...................83,00 .......10,67 HODOGAYA CHEMICAL ..............573,00..........9,77 LINK ONE..............................1140000,00..........9,62 All share 13132,42 15/2 BRVM 83,74 14/2 AFRIQUE DU SUD COTE D'IVOIRE Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances CO LIQUIDATION ..............................0,08 ......-51,52 KENVELO............................................0,30 ......-23,08 HEYDE.................................................0,03 ......-18,92 PRIMACOM AG .................................4,82 ......-16,46 TEAM COMMUNICATION................0,04 ......-16,00 FARMATIC BIOTECH E......................0,10 ......-15,97 LOBSTER NETWORK ST....................0,09 ......-13,00 VALUECLICK JAPAN ...................6410,00 ......-13,50 APLIX.....................................2080000,00 ......-13,33 NIHON SEIMA...............................102,00 ......-12,07 DUO SYSTEMS.....................1680000,00 ......-12,04 MARUSHO & CO..........................190,00 ......-12,04 MURAKAMI .....................................15,00 ......-11,76 TAIKISHA.....................................1466,00 ......-11,53 LONDRES PARIS NYSE 1284 millions de titres échangés Valeur Cours de clôture ($) % var. Meilleures performances Meilleures performances QXL RICARDO..................................10,78 .......27,51 EMBLAZE LTD ....................................2,38..........6,37 WOLFSON MICROELECT ..................1,74..........5,15 PHOENIX IT GROUP .........................2,83..........5,02 BATM ADVANCED COMM ..............0,20..........3,85 ULTRAFRAME ....................................0,65..........3,59 IAWS GROUP PLC ...........................12,65..........3,43 INFOGRAMES ENTERTA ...................1,79..........7,83 ALTRAN TECHNOLOGIE ...................8,67..........5,09 COMPAGNIE GEN. DE....................69,55..........4,12 NATEXIS BANQUES PO................115,00..........3,79 AVENIR TELECOM .............................3,39..........3,67 VALLOUREC...................................160,00..........3,23 ATOS ORIGIN ..................................54,80..........3,01 Plus mauvaises performances Plus mauvaises performances BTG .....................................................0,90 ........-8,40 MOWLEM...........................................2,02 ........-4,94 EUROTUNNEL PLC/SA......................0,17 ........-4,29 JARVIS.................................................0,28 ........-4,14 CAMBRIDGE ANTIBODY ..................7,04 ........-3,56 TOPPS TILES.......................................2,48 ........-3,40 AVIS EUROPE PLC .............................0,61 ........-3,17 EURO DISNEY ....................................0,13 ........-7,14 EUROTUNNEL PLC/EUR ...................0,24 ........-4,00 NEXANS ...........................................32,45 ........-2,26 SCHLUMBERGER.............................56,15 ........-2,01 TRIGANO..........................................65,70 ........-1,87 VALEO ..............................................33,60 ........-1,75 TECHNIP ........................................128,10 ........-1,61 TAUX TAUX COURANTS OR Taux de base bancaire..................................6,60 % Taux des oblig. des sociétés privées .........4,47 % Taux d'intérêt légal.......................................2,05 % MARDI 15 FÉVRIER 9h56 Cours de clôture (£) 14/2 : volume d'échange non disponible % var. TAUX D'INTÉRÊT LE 15/2 france royaume-uni italie allemagne japon états-unis suisse Taux j.le j. Taux 3 mois Taux 10 ans Taux 30 ans 2,07 5,01 2,07 2,07 0,04 2,56 0,72 2,14 4,89 2,14 2,14 0,05 2,80 0,75 3,48 4,63 3,60 3,49 1,39 4,12 2,16 3,85 4,51 4,01 3,89 2,28 4,58 2,47 MARCHÉS A TERME LE 15/2, 9h56 Echéance paris cac 40 ter. euro notio. euro st. 50 francfort bund 10 ans londres euribor 3m. new york dow jones s. & poors Premier prix Dernier prix Contrats ouverts 2/5 4012,00 4007,00 393592 0,00 0,00 0 0/0 3/5 4436,00 3078,00 1422853 3/5 120,47 120,28 1370262 3/5 97,86 97,86 472913 3/5 10800,00 10795,00 47955 3/5 1206,00 1206,50 654025 Valeur Mini 2004 -0,16 4188,80 7/2 2,13 78,91 24/1 1,92 247,28 4/2 1,85 964,78 14/2 0,03 14267,21 3/1 0,16 15815,76 3/1 -0,46 901,42 14/2 1,66 676,00 3/2 0,12 11677,57 14/2 -0,04 1172,39 14/2 -0,08 940,94 19/1 0,70 1044,34 14/2 -0,12 2171,33 14/2 0,16 6183,15 3/1 0,86 739,15 10/2 4030,30 6/1 72,41 1/2 218,85 31/12 870,84 7/1 13320,53 24/1 14787,30 24/1 810,58 24/1 629,27 5/1 11212,63 24/1 1128,75 21/1 897,13 3/1 1001,36 31/12 2061,99 4/1 5734,87 25/1 666,60 30/12 PER 15,20 14,70 16,10 23,20 14,20 12,10 0,00 13170,78 14/2 12436,91 20/1 -0,06 87,61 31/12 83,73 14/2 10,50 PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue. n/d : valeur non disponible. 3 M ...................................................84,61..........0,68 AM INTL GRP...................................71,49 ........-2,23 ALCOA ..............................................29,89..........0,13 ALTRIA GROUP................................66,10 ........-0,15 AMERICAN EXPRESS ......................54,60 ........-1,07 AT&T ................................................19,42..........0,26 BANK OF AMERICA ........................46,93..........0,23 BOEING CO......................................54,04 ........-0,18 BRISTOL MYERS SQUI ....................24,13..........0,12 CATERPILLAR ...................................92,22 ........-0,60 CITIGROUP.......................................49,25 ........-0,30 COCA-COLA .....................................42,86..........0,23 COLGATE PALMOLIVE ....................54,49 ........-0,29 DOW CHEMICAL.............................52,30..........1,26 DUPONT DE NEMOURS.................51,21..........0,22 EASTMAN KODAK ..........................34,66 ........-0,14 EXXON MOBIL ................................56,83..........1,28 FORD MOTOR .................................13,10..........0,31 GENERAL ELECTRIC ........................36,32..........0,25 GENERAL MOTORS.........................37,24..........0,27 GILLETTE CO ....................................49,88..........0,67 HEWLETT PACKARD .......................20,77 ........-2,49 HOME DEPOT INC ..........................42,62 ........-0,44 HONEYWELL INTL...........................39,30..........0,41 IBM ...................................................93,57..........0,29 INTL PAPER ......................................37,26 ........-0,03 JOHNSON & JOHNSON.................66,00 ........-0,90 J.P.MORGAN CHASE ......................37,50..........0,05 LUCENT TECHNOLOGIE ...................3,41..........1,49 MC DONALD'S CORP......................32,61..........1,12 MERCK AND CO..............................29,41..........0,68 MOTOROLA .....................................16,20..........1,82 NORTEL NETWORKS.........................3,13 ........-1,26 PEPSICO ...........................................54,80 ........-0,54 PFIZER ..............................................25,48..........1,31 PROCTER AND GAMBLE ................52,70..........1,05 Valeur Maxi 2004 AFRIQUE Séance du 14/2 % var. Meilleures performances 14/2 : volume d'échange non disponible % var. NEW YORK 15/2 : 845 millions de titres échangés Cours de clôture (¤) J 2004 05 TOKYO 14/2 : 206 millions de titres échangés D Source : Bloomberg AMÉRIQUES ARGENTINE marge de manœuvre supplémentaire puisque l’ex-propriétaire de Labouchère, Aegon, a à la surprise générale accepté, la semaine dernière, de verser 218 millions d’euros à Dexia. Ce règlement vise à mettre fin à un litige qui oppose les deux groupes depuis près de trois ans. Malgré ce versement, Aegon a annoncé, vendredi, que ses profits pour 2004 augmenteraient fortement, atteignant quelque 1,6 milliard d’euros. 13,5 EUROPE FRANCFORT DEUTSCHE BANK ..............AL ...........67,89.......0,33 DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........16,31 .....-0,12 E.ON ....................................AL ...........70,89 .....-0,14 ENDESA...............................ES ...........17,85 .....-0,28 ENEL .....................................IT .............7,66.......0,17 ENI ........................................IT ...........19,18.......0,19 FORTIS.................................BE ...........21,48.......0,09 FRANCE TELECOM.............FR ...........24,32.......0,37 GENERALI ASS.....................IT ...........25,63 .....-0,74 ING GROEP CVA................NL ...........22,85.......0,00 AHOLD................................NL .............6,68.......0,30 L'OREAL ...............................FR ...........58,05 .....-0,17 LVMH ..................................FR ...........56,20.......0,09 MUENCHENER RUECKV ...AL ...........91,09 .....-0,09 NOKIA ..................................FI ...........12,36.......0,08 PINAULT PRINTEMPS ........FR ...........80,85 .....-0,61 REPSOL YPF ........................ES ...........19,85 .....-0,55 ROY.PHILIPS ELECTR .........NL ...........21,21 .....-0,09 ROYAL DUTCH PETROL.....ES ...........45,70.......0,35 RWE.....................................AL ...........47,27.......0,34 SAINT GOBAIN...................FR ...........48,20 .....-0,39 SANOFI-AVENTIS...............FR ...........57,60 .....-0,69 SANPAOLO IMI ...................IT ...........11,22.......0,43 SIEMENS .............................AL ...........60,96 .....-0,39 SOCIETE GENERALE A .......FR ...........80,45 .....-0,31 SUEZ ....................................FR ...........21,40 .....-0,60 TELECOM ITALIA .................IT .............3,06.......0,21 TELEFONICA........................ES ...........14,43 .....-0,21 TIM .......................................IT .............5,41.......0,19 TOTAL..................................FR.........171,80.......0,00 UNICREDITO ITALIAN ........IT .............4,40 .....-0,19 UNILEVER CVA ..................NL ...........51,10 .....-0,20 VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........24,84 .....-0,04 VOLKSWAGEN ...................AL ...........38,28 .....-0,26 MARCHÉ DES CHANGES 15/2, 9h56 Dollar BRUXELLES de notre correspondant Wim Duisenberg va effectuer son grand retour sur la scène financière : l’ex-président de la Banque centrale européenne (BCE) a été appelé à la rescousse, début février, par Nout Wellink, le gouverneur de la Banque nationale des Pays-Bas, pour jouer les médiateurs dans le différend qui oppose, dans ce pays, la banque franco-belge Dexia à 90 000 clients estimant avoir été lésés. L’affaire concerne, en fait, la filiale néerlandaise de Dexia, la banque Labouchère, acquise en 2000 auprès de l’assureur néerlandais Aegon. Cet établissement est au centre d’une polémique concernant la vente à crédit de produits d’investissement en actions qui, commercialisés en pleine euphorie boursière, ont finalement souffert de la chute des marchés. Labouchère est accusée de ne pas avoir suffisamment informé les souscripteurs des risques qu’ils encouraient. Vendredi 11 février, la direction de Dexia, aux Pays-Bas, a affirmé qu’elle apporterait « tout son soutien au médiateur » et espérait pouvoir formuler une proposition de règlement à ses clients avant l’été. L’enjeu, pour M. Duisenberg, n’est pas mince, puisqu’il consiste à tenter d’éviter une paralysie du système judiciaire des PaysBas. Depuis vendredi matin, le titre Dexia a gagné 0,79 % en Bourse, pour s’établir à 17,86 euros en fin de séance, lundi. PORTUGAL EUROPE Mardi 15 février 9h56 INDICES CHRONIQUE DES MARCHÉS Pays UNION EUROPÉENNE ALLEMAGNE Wim Duisenberg, médiateur entre Dexia et les épargnants néerlandais Cours de clôture (¤) % var. Crédit immobilier à taux fixe taux effectif moyen ......................................4,97 % usure ................................................................6,63 % Crédit immobilier à taux variable taux effectif moyen ......................................4,38 % usure ................................................................5,84 % Crédit consommation (- de 1 524 euros) taux effectif moyen ....................................14,59 % usure ..............................................................19,45 % Crédit renouvelable, découverts taux effectif moyen ....................................12,25 % usure ..............................................................16,33 % Crédit consommation (+ de 1 524 euros) taux effectif moyen ......................................6,64 % usure ................................................................8,85 % Crédit aux entreprises (+ de 2ans) moyenne taux variable ................................4,51 % usure taux variable .......................................6,01 % moyenne taux fixe ........................................4,99 % usure taux fixe ...............................................6,65 % (Taux de l’usure : taux maximum légal) NASDAQ 1652 millions de titres échangés Valeur Cours de clôture ($) % var. ALTERA CORP ..................................20,45 ........-0,24 AMAZON.COM................................36,03..........0,70 AMGEN INC.....................................63,25 ........-0,27 APPLIED MATERIALS ......................17,13 ........-0,06 BED BATH & BEYOND ...................39,32 ........-0,33 CISCO SYSTEMS..............................17,97..........1,53 COMPUWARE....................................7,18 ........-0,97 COMCAST A SPECIAL .....................30,71 ........-0,78 COGNIZANT TECH SO- ..................45,85..........0,72 DELL..................................................39,56 ........-1,08 EBAY .................................................84,32..........2,74 FLEXTRONICS INTL .........................14,09 ........-0,42 GEMSTAR TV GUIDE ........................5,53..........1,28 GENZYME ........................................58,78..........0,00 INTEL CORP .....................................24,31..........0,58 INTUIT ..............................................40,08 ........-0,15 JDS UNIPHASE...................................1,97..........3,14 LINEAR TECHNOLOGY ...................39,23..........0,18 MAXIM INTEGR PROD ...................42,50..........0,00 MICROSOFT.....................................26,01..........0,15 ORACLE CORP .................................13,31 ........-0,30 PAYCHEX .........................................31,14 ........-0,64 QUALCOMM INC ............................37,17..........2,79 SIEBEL SYSTEMS................................8,70 ........-0,91 STARBUCKS .....................................49,85 ........-0,66 SUN MICROSYSTEMS.......................4,25 ........-1,16 VERITAS SOFTWARE ......................24,31..........2,14 WHOLE FOODS MARKET...............99,55..........0,83 XILINX INC.......................................29,70 ........-0,17 YAHOO INC .....................................34,33..........0,53 MÉTAUX Cours % var. OR FIN KILO BARRE.....................9700,00 ........0,00 OR FIN LINGOT..........................10430,00 ........0,00 ONCE D'OR EN DOLLAR................424,20 ........1,28 PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................59,50 ........0,00 PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................59,50 ........0,00 PIÈCE UNION LAT. 20......................59,00 ........0,00 PIÈCE 10 US$..................................185,00 ........0,00 PIÈCE 20 US$..................................370,25 ........0,00 PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........380,00 ........0,00 DENRÉES MARDI 15 FÉVRIER 9h56 SBC COMMUNICATIONS...............24,37..........0,45 TEXAS INSTRUMENTS....................25,95..........0,35 TIME WARNER ................................17,85 ........-0,83 UNITED TECHNOLOGIE ...............101,30 ........-0,10 VERIZON COMM ............................36,19 ........-0,33 WAL-MART STORES .......................52,15..........0,10 WALT DISNEY CO ...........................29,39..........0,17 Cours % var. BLE ($ CHICAGO) ...........................301,50 ........2,38 CACAO ($ NEW YORK) ...............1538,00.......-0,77 CAFE (£ LONDRES).........................845,00.......-0,59 COLZA (¤ PARIS) ............................194,00 ........0,39 MAÏS ($ CHICAGO) ........................200,25 ........1,01 ORGE ($ WINIPEG) ........................108,70.......-0,28 JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ......85,65.......-0,12 SUCRE BLANC (£ LONDRES).........273,80.......-0,51 SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........161,00 ........2,48 MARDI 15 FÉVRIER 9h56 Cours % var. LONDRES ALUMINIUM COMPTANT ($/T).1853,00 ........0,22 ALUMINIUM À 3 MOIS ($/T).....1841,00 ........0,22 CUIVRE COMPTANT ($/T) ..........3224,00 ........0,44 CUIVRE À 3 MOIS ($/T) ..............3082,00 ........0,46 ETAIN COMPTANT ($/T).............7995,00 ........0,31 ETAIN À 3 MOIS ($/T) ................7950,00 ........0,25 NICKEL COMPTANT ($/T) ........15305,00 ........0,20 NICKEL À 3 MOIS ($/T) ............15225,00 ........0,16 PLOMB COMPTANT ($/T).............952,50 ........0,63 PLOMB À 3 MOIS ($/T).................914,00 ........0,55 ZINC COMPTANT ($/T)...............1320,50 ........0,49 ZINC À 3 MOIS ($/T)...................1336,00 ........0,75 NEW YORK ARGENT À TERME ($/once)..............7,33 ........1,60 PLATINE À TERME ($/once) .........874,00 ........0,32 PÉTROLE MARDI 15 FÉVRIER 9h56 Cours % var. BRENT (LONDRES) ...........................45,59 ........0,13 WTI (NEW YORK).............................47,47 ........0,59 LIGHT SWEET CRUDE ......................47,43 ........0,57 LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/19 MARCHÉS FRANÇAIS PREMIER MARCHÉ Valeur VALEURS FRANCAISES Mardi 15 février 9h30 Valeur Dernier cours Cours préc. % var. /préc. % var. 31/12 Plus haut Plus bas Divid. net Code ISIN ACANTHE DEV.(NY)...................4,95........5,00....-1,00..-10,00 ........5,32........4,80 ....0,10 ...FR0000064602 ACCOR ...............................◗ .....35,44......35,46....-0,06 ...10,03 ......35,99 .....31,25 ....1,05 ...FR0000120404 AFFINE ................................. .....69,45......69,50....-0,07 ....-0,79 ......70,45 .....67,50 ....1,20 ...FR0000036105 AGF ....................................◗ .....57,75......57,80....-0,09 .....5,10 ......58,75 .....54,60 ....1,80 ...FR0000125924 AIR FRANCE -KLM ............◗ .....15,01......15,00 .....0,07 .....7,06 ......15,14 .....13,36 ....0,05 ...FR0000031122 AIR LIQUIDE ......................◗ ...133,80 ...134,30....-0,37 ....-1,62....138,10 ...129,60 ....3,20 ...FR0000120073 ALCATEL A.........................◗........9,83........9,92....-0,91..-14,15 ......11,70........9,57 ....0,16 ...FR0000130007 ALSTOM.............................◗........0,68........0,68.......n/d ...21,43 ........0,71........0,56 ....0,55 ...FR0000120198 ALTRAN TECHNO. #.........◗........8,59........8,67....-0,92 .....9,85 ........8,70........7,66 ....0,20 ...FR0000034639 A.P.R.R. ..............................◗ .....48,30......48,90....-1,23 .....8,66 ......49,01 .....43,76 .....n/d ...FR0006807004 ARBEL# ........................................2,63........2,62 .....0,38 ....-4,36 ........2,92........2,58 ....0,53 ...FR0000035883 AREVA CIP........................... ...304,10 ...304,60....-0,16 ....-9,22....339,50 ...300,00 ....6,20 ...FR0004275832 ASF .....................................◗ .....42,30......42,44....-0,33 ...14,32 ......43,19 .....37,00 ....0,69 ...FR0005512555 ATOS ORIGIN....................◗ .....55,00......54,80 .....0,36 ...10,07 ......55,20 .....48,20 .....n/d ...FR0000051732 AVENTIS .............................. .....67,65......67,65.......n/d ....-1,38 ......70,40 .....64,10 ....0,82 ...FR0000130460 AXA....................................◗ .....19,29......19,34....-0,26 .....6,11 ......19,37 .....17,90 ....0,38 ...FR0000120628 BACOU-DALLOZ ...............◗ .....71,50......71,90....-0,56 ...21,19 ......72,50 .....58,00 ....0,50 ...FR0000060899 BAIL INVEST.FONC............. .....32,40......32,50....-0,31 .....4,35 ......32,60 .....31,00 ....1,25 ...FR0000125999 BIC......................................◗ .....42,40......42,19 .....0,50 ...14,59 ......43,40 .....36,55 ....0,40 ...FR0000120966 BIOMERIEUX....................... .....31,00......31,00.......n/d ....-4,32 ......32,70 .....30,60 .....n/d ...FR0010096479 BNP PARIBAS....................◗ .....56,05......56,10....-0,09 .....5,16 ......56,30 .....53,20 ....1,45 ...FR0000131104 BOLLORE............................◗ ...401,00 ...400,00 .....0,25 ...26,90....420,00 ...316,00 ....4,50 ...FR0000125858 BOLLORE INV...................... .....72,00......72,60....-0,83 ...20,91 ......74,00 .....58,65 ....0,25 ...FR0000039299 BONGRAIN.......................... .....57,70......57,90....-0,35 .....8,15 ......57,95 .....54,00 ....1,54 ...FR0000120107 BOUYGUES........................◗ .....32,34......32,35....-0,03 ....-4,88 ......35,24 .....28,75 ....0,50 ...FR0000120503 B T P (LA CIE)...................... .........n/d........1,16.......n/d.......n/d..........n/d .........n/d ....0,46 ...FR0000033607 BULL#...........................................0,64........0,62 .....3,23 ...30,61 ........0,66........0,48 .....n/d ...FR0000052607 BURELLE (LY)....................... .....95,15......95,15.......n/d .....6,25 ......97,00 .....89,00 ....0,60 ...FR0000061137 BUSINESS OBJECTS..........◗ .....20,89......20,95....-0,29 ...12,43 ......21,48 .....16,90 .....n/d ...FR0004026250 CANAL + ............................◗........6,47........6,45 .....0,31 ...12,72 ........6,49........5,74 ....0,21 ...FR0000125460 CAP GEMINI ......................◗ .....26,91......27,01....-0,37 ...14,22 ......27,24 .....22,13 ....0,40 ...FR0000125338 CARBONE-LORRAINE .......◗ .....38,75......39,00....-0,64 ....-0,64 ......40,00 .....37,26 ....0,60 ...FR0000039620 CARREFOUR ......................◗ .....39,96......39,78 .....0,45 ...14,04 ......40,97 .....34,97 ....0,74 ...FR0000120172 CASINO GUICH.ADP .......... .....58,00......58,00.......n/d .....7,81 ......59,40 .....54,50 ....2,02 ...FR0000121139 CASINO GUICHARD .........◗ .....63,25......63,15 .....0,16 .....7,57 ......65,00 .....58,75 ....1,98 ...FR0000125585 CEGID (LY)........................... .....31,05......31,10....-0,16 ...27,05 ......33,50 .....24,05 ....0,80 ...FR0000124703 CFF RECYCLING .................. .....25,50......24,70 .....3,24 ...19,16 ......25,50 .....18,07 ....0,19 ...FR0000039059 CHARGEURS ....................... .........n/d......33,30.......n/d .....7,25 ......34,50 .....31,10 ....1,00 ...FR0000130692 CHRISTIAN DIOR ..............◗ .....52,50......52,20 .....0,57 .....4,90 ......52,50 .....47,90 ....0,32 ...FR0000130403 CIC -ACTIONS A ................. ...186,60 ...188,40....-0,96 .....5,19....192,70 ...175,20 ....3,28 ...FR0005025004 CIMENTS FRANCAIS ........◗ .....75,85......76,20....-0,46 ...10,25 ......77,50 .....68,15 ....1,50 ...FR0000120982 CLARINS.............................◗ .....46,94......46,69 .....0,54 .....8,41 ......48,50 .....42,20 ....0,77 ...FR0000130296 CLUB MEDITERRANEE .....◗ .....40,55......40,55.......n/d ...16,69 ......41,90 .....34,66 ....1,00 ...FR0000121568 CNP ASSURANCES ...........◗ .....54,20......54,70....-0,91 .....2,85 ......55,85 .....50,50 ....1,53 ...FR0000120222 COLAS.................................. ...123,00 ...122,90 .....0,08 .....3,36....131,50 ...115,00 ....2,88 ...FR0000121634 CS COM.ET SYSTEMES ...... .....31,35......31,00 .....1,13 ...13,59 ......32,00 .....27,08 .....n/d ...FR0007317813 CREDIT AGRICOLE ............◗ .....23,05......23,14....-0,39 .....3,83 ......23,53 .....22,05 ....0,30 ...FR0000045072 DANONE............................◗ .....72,25......72,15 .....0,14 .....6,33 ......72,90 .....67,75 ....2,45 ...FR0000120644 DASSAULT-AVIATION........ ...522,00 ...522,00.......n/d ...17,44....525,00 ...441,00 ....7,70 ...FR0000121725 DASSAULT SYSTEMES .....◗ .....36,63......36,57 .....0,16 ....-1,27 ......38,61 .....35,07 ....0,34 ...FR0000130650 DEVEAUX(LY)# ................... .....81,30......81,20 .....0,12 .....5,04 ......82,00 .....73,20 ....4,00 ...FR0000061004 DIDOT-BOTTIN ................... .........n/d......77,00.......n/d ....-4,94 ......80,30 .....67,10 ....2,00 ...FR0000037475 DMC (DOLLFUS MIEG) ..............4,55........4,48 .....1,56 ...16,37 ........4,68........3,79 ....0,61 ...FR0000121337 DYNACTION........................ .....18,50......18,60....-0,54 ...10,45 ......19,70 .....16,00 ....0,50 ...FR0000130353 EIFFAGE .............................◗ .....94,80......95,10....-0,32 ...11,53 ......98,35 .....83,00 ....1,00 ...FR0000130452 ELECT.MADAGASCAR........ .........n/d......17,10.......n/d .....9,90 ......18,10 .....15,50 ....1,50 ...FR0000035719 ELIOR SCA .........................◗........9,49........9,50....-0,11 ...13,25 ........9,68........8,24 ....0,10 ...FR0000121279 ERAMET............................... .....75,00......74,30 .....0,94 ...13,29 ......75,35 .....66,10 ....0,86 ...FR0000131757 ESSILOR INTL ....................◗ .....54,70......54,85....-0,27 ....-5,12 ......59,50 .....52,30 ....0,56 ...FR0000121667 ESSO .................................... ...123,50 ...121,20 .....1,90 ...10,37....126,00 ...110,50 ....2,50 ...FR0000120669 EULER HERMES.................◗ .....59,55......59,60....-0,08 ...17,46 ......59,75 .....50,75 ....1,82 ...FR0004254035 EURAZEO...........................◗ .....68,30......68,35....-0,07 .....9,90 ......70,50 .....61,70 ....1,00 ...FR0000121121 EURO DISNEY SCA ...........◗........0,13........0,13.......n/d ....-7,80 ........0,18........0,12 .....n/d ...FR0000125874 EUROTUNNEL ...................◗........0,24........0,24.......n/d ....-4,00 ........0,27........0,24 .....n/d ...FR0000125379 FAURECIA ..........................◗ .....69,65......71,00....-1,90 ...20,50 ......72,50 .....57,90 ....0,91 ...FR0000121147 F.F.P. (NY)..........................◗ ...168,00 ...169,00....-0,59 .....5,00....169,00 ...155,00 ....3,00 ...FR0000064784 FIMALAC............................◗ .....37,10......37,00 .....0,27 .....5,40 ......38,00 .....34,00 ....0,95 ...FR0000037947 FINAXA ................................ .....55,30......55,40....-0,18 .....3,36 ......55,70 .....49,00 ....1,52 ...FR0000033136 FONC.LYON.# ..................... .....44,80......44,50 .....0,67 ...12,28 ......45,00 .....39,95 ....0,70 ...FR0000033409 FRANCE TELECOM............◗ .....24,33......24,23 .....0,41 ....-0,12 ......24,99 .....22,92 ....0,25 ...FR0000133308 NOUVEAU MARCHÉ 14/2 : volume d'échange non disponible Valeur Cours de clôture (¤) % var. Meilleures performances COIL BSA12/05 .................................0,15 .......25,00 STELAX # ............................................0,80 .......15,94 SODITECH ING. .................................4,45 .......15,58 CROSS SYSTEMS #............................1,04 .......14,29 BAC MAJESTIC...................................0,25 .......13,64 EUROFINS SCIENT. .........................20,04 .......11,46 LYCOS EUROPE..................................0,86 .......10,26 CYBER PRES.PUBLIS#......................11,87..........7,62 GROUPE SILICOMP # .....................11,77..........7,00 RECIF # ...............................................2,04..........5,70 ELIT GROUP .......................................3,93..........4,52 HOLOGRAM IND. OPR .....................4,91..........4,47 NATUREX BS 34 0108......................3,05..........4,45 SILICOMP BSA 2007 .........................0,75..........4,17 Plus mauvaises performances GUILLEMOT BS99(ACT .....................0,03 ......-25,00 SOREFICO COIFFURE ........................3,57 ......-18,86 COHBSABSA18/02/05 .....................0,24 ......-11,11 DALET BSA MARS 07........................0,10 ........-9,09 OLITEC #...........................................15,51 ........-8,76 SYSTRAN ............................................3,80 ........-8,43 CLIENT CENTER ALL. .........................3,48 ........-8,18 Dernier cours Cours préc. % var. /préc. % var. 31/12 Plus haut Plus bas Divid. net Code ISIN FROMAGERIES BEL ............ .........n/d ...140,00.......n/d .....7,28....142,00 ...130,60 ....3,00 ...FR0000121857 GALERIES LAFAYETTE ......◗ ...213,90 ...213,90.......n/d ...13,17....226,00 ...184,20 ....1,40 ...FR0000121246 GAUMONT # ...................... .....69,65......69,20 .....0,65 ...21,98 ......69,85 .....56,00 ....0,30 ...FR0000034894 GECINA ..............................◗ .....83,80......83,20 .....0,72 ...14,95 ......83,90 .....71,10 ....2,45 ...FR0010040865 GENERALE DE SANTE ......◗ .....17,58......17,40 .....1,03 ...13,86 ......18,20 .....15,45 ....0,25 ...FR0000044471 GEOPHYSIQUE..................◗ .....69,75......69,55 .....0,29 ...37,44 ......70,50 .....50,20 ....1,22 ...FR0000120164 GFI INFORMATIQUE ........◗........5,48........5,50....-0,36 ...18,10 ........5,59........4,52 ....0,04 ...FR0004038099 GROUPE GASCOGNE......... .....71,30......71,00 .....0,42 .....5,55 ......74,50 .....66,90 ....2,70 ...FR0000124414 GROUPE PARTOUCHE #.... .....17,10......17,10.......n/d ...21,97 ......17,26 .....14,06 ....0,80 ...FR0000053548 GUYENNE GASCOGNE ....◗ .....89,50......89,00 .....0,56 .....5,29 ......90,70 .....84,50 ....2,36 ...FR0000120289 HAVAS ...............................◗........4,40........4,40.......n/d .....4,76 ........4,43........4,02 ....0,05 ...FR0000121881 ILIAD ..................................◗ .....28,64......28,60 .....0,14 .....2,73 ......32,48 .....25,85 ....0,07 ...FR0004035913 IMERYS ..............................◗ .....64,00......64,00.......n/d .....3,64 ......65,00 .....61,20 ....5,00 ...FR0000120859 IMMEUBLES DE FCE .......... .........n/d......36,60.......n/d ...19,41 ......39,90 .....29,90 ....0,77 ...FR0000120370 INFOGRAMES ENTER.......◗........1,77........1,79....-1,12 ...56,64 ........1,96........1,13 .....n/d ...FR0000052573 INGENICO..........................◗ .....12,45......12,38 .....0,57 .....6,41 ......13,21 .....11,48 ....0,08 ...FR0000125346 IPSOS # ..............................◗ .....83,75......84,00....-0,30 .....8,77 ......86,00 .....77,00 ....0,85 ...FR0000073298 I.R. REG. PAS DE C ............. .....18,25......18,25.......n/d .....1,39 ......18,30 .....16,76 ....0,80 ...FR0000124232 JC DECAUX........................◗ .....20,05......20,12....-0,35 ....-6,66 ......21,95 .....19,56 .....n/d ...FR0000077919 KAUFMAN ET BROAD ....... .....48,99......49,00....-0,02 ...12,62 ......51,00 .....42,80 ....1,10 ...FR0004007813 KLEPIERRE .........................◗ .....74,35......73,95 .....0,54 ...14,12 ......74,80 .....60,60 ....2,00 ...FR0000121964 LAFARGE............................◗ .....80,25......80,35....-0,12 ...13,03 ......81,40 .....71,00 ....2,30 ...FR0000120537 LAGARDERE ......................◗ .....58,70......58,50 .....0,34 ...10,55 ......58,80 .....53,00 ....0,90 ...FR0000130213 LEBON (CIE) ........................ .........n/d......81,40.......n/d .....5,03 ......82,00 .....76,40 ....2,30 ...FR0000121295 LIBERTY SURF .............................2,42........2,49....-2,81 .....5,68 ........2,70........2,25 .....n/d ...FR0000075087 LOCINDUS........................... .....49,00......48,95 .....0,10 ...10,39 ......49,00 .....44,10 ....2,20 ...FR0000121352 L'OREAL .............................◗ .....58,20......58,15 .....0,09 .....4,21 ......58,75 .....54,50 ....0,73 ...FR0000120321 LOUVRE #............................ .....95,50......97,95....-2,50 .....2,47 ......99,00 .....91,10 ....1,34 ...FR0000033110 LUCIA................................... .....25,33......25,00 .....1,32 .....4,67 ......26,15 .....23,02 ....1,83 ...FR0000036303 LVMH MOET HEN. ...........◗ .....56,15......56,15.......n/d ....-0,35 ......57,25 .....52,95 ....0,25 ...FR0000121014 MARIONNAUD PARFUM.◗ .....21,60......21,60.......n/d ...20,33 ......21,70 .....15,68 ....0,49 ...FR0000064941 MATUSSIERE FOREST. ....... .........n/d........2,90.......n/d.......n/d..........n/d .........n/d ....0,22 ...FR0000060576 MAUREL ET PROM............. .....16,27......16,27.......n/d .....0,43 ......18,37 .....14,50 ....0,91 ...FR0000051070 METALEUROP ..................... .........n/d........0,54.......n/d.......n/d..........n/d .........n/d ....0,61 ...FR0000120388 MICHELIN ..........................◗ .....52,40......52,50....-0,19 ...11,04 ......54,10 .....45,89 ....0,93 ...FR0000121261 MONTUPET SA ................... .....23,20......23,39....-0,81 .....6,42 ......23,90 .....21,20 ....0,20 ...FR0000037046 NATEXIS BQ POP..............◗ ...114,00 ...115,00....-0,87 ...13,21....115,00 ...100,00 ....2,50 ...FR0000120685 NEOPOST...........................◗ .....62,80......62,85....-0,08 .....9,79 ......63,90 .....56,50 ....1,25 ...FR0000120560 NEXANS.............................◗ .....32,70......32,45 .....0,77 ...13,03 ......35,80 .....28,91 ....0,20 ...FR0000044448 NEXITY................................. .....28,50......28,13 .....1,32 .....8,04 ......28,70 .....24,11 .....n/d ...FR0010112524 NORBERT DENTRES. .......... .....49,80......49,70 .....0,20 ...22,06 ......54,00 .....40,85 ....0,70 ...FR0000052870 NRJ GROUP .......................◗ .....18,21......18,38....-0,92 ...12,76 ......18,70 .....16,10 ....0,21 ...FR0000121691 NORD EST ........................... .....47,74......47,80....-0,13 .....4,92 ......48,25 .....45,80 ....1,20 ...FR0000036642 OBERTHUR CARD SYS. ....◗........6,60........6,67....-1,05 ...18,28 ........6,95........5,54 .....n/d ...FR0000124133 OXYG.EXT-ORIENT............. ...123,90 ...123,50 .....0,32 .....8,21....128,90 ...110,00 ....3,40 ...FR0000031171 PAGESJAUNES ..................◗ .....19,65......19,60 .....0,26 ...10,08 ......20,48 .....17,12 .....n/d ...FR0010096354 PENAUILLE POLY.# ...........◗........8,57........8,58....-0,12..-12,91 ........8,65........7,53 ....0,28 ...FR0000053381 PERNOD-RICARD..............◗ ...106,50 ...106,80....-0,28 ....-5,50....114,80 ...104,00 ....0,98 ...FR0000120693 PEUGEOT ...........................◗ .....50,30......50,20 .....0,20 .....7,71 ......50,40 .....46,05 ....1,35 ...FR0000121501 PINAULT PRINT.RED. .......◗ .....80,90......81,35....-0,55 .....9,84 ......81,80 .....73,05 ....2,40 ...FR0000121485 PLASTIC OMN.(LY) ............. .....45,00......45,05....-0,11 ...12,78 ......45,25 .....38,01 ....1,00 ...FR0000124570 PROVIMI ............................◗ .....18,40......18,50....-0,54 .....4,55 ......18,95 .....17,35 ....0,20 ...FR0000044588 PSB INDUSTRIES(LY).......... .....29,90......30,40....-1,64 ....-0,27 ......32,03 .....28,80 ....0,50 ...FR0000060329 PUBLICIS GROUPE # ........◗ .....24,22......24,27....-0,21 .....1,55 ......24,65 .....22,85 ....0,26 ...FR0000130577 REMY COINTREAU ...........◗ .....31,75......31,74 .....0,03 .....6,54 ......32,10 .....29,34 ....1,00 ...FR0000130395 RENAULT ...........................◗ .....68,05......68,00 .....0,07 ...10,56 ......68,80 .....61,30 ....1,40 ...FR0000131906 REXEL .................................◗ .....38,50......38,50.......n/d .....0,79 ......38,52 .....38,18 ....0,54 ...FR0000125957 RHODIA .............................◗........1,87........1,80 .....3,89 .....6,86 ........1,90........1,63 ....0,12 ...FR0000120131 ROUGIER #.......................... .....68,80......68,45 .....0,51 ...12,23 ......68,80 .....59,70 ....1,80 ...FR0000037640 SADE (NY) ........................... .........n/d ...139,70.......n/d ...18,39....139,70 ...117,20 ....5,00 ...FR0000124315 SAGEM...............................◗ .....15,58......15,55 .....0,19 ....-0,64 ......15,92 .....14,80 ....0,94 ...FR0000073272 SAINT-GOBAIN.................◗ .....48,33......48,39....-0,12 .....9,05 ......49,25 .....44,35 ....1,15 ...FR0000125007 SALVEPAR (NY)................... .....87,00......85,80 .....1,40 .....8,75 ......88,95 .....80,00 ....4,00 ...FR0000124356 SANOFI-AVENTIS .............◗ .....57,60......58,00....-0,69 ....-2,04 ......59,90 .....56,40 ....0,05 ...FR0000120578 SCHNEIDER ELECTRIC ......◗ .....58,95......59,00....-0,08 ...15,14 ......60,40 .....51,15 ....1,10 ...FR0000121972 SCOR ..................................◗........1,58........1,60....-1,25 ...13,67 ........1,63........1,38 ....0,30 ...FR0000130304 SEB .....................................◗ .....85,90......86,60....-0,81 .....8,87 ......88,45 .....78,30 ....2,27 ...FR0000121709 SIIC DE PARIS...................... .........n/d ...185,20.......n/d .....4,93....204,50 ...175,30 ....6,80 ...FR0000057937 SILIC ..................................... .....77,50......77,00 .....0,65 .....4,73 ......77,75 .....68,05 ....2,85 ...FR0000050916 SKIS ROSSIGNOL................ .....18,01......17,95 .....0,33 ...16,95 ......18,09 .....15,90 ....0,34 ...FR0000120412 SNECMA ............................◗ .....18,05......18,01 .....0,22 ....-0,72 ......18,45 .....17,55 .....n/d ...FR0005328747 SOCIETE GENERALE..........◗ .....80,85......80,70 .....0,19 .....8,60 ......81,80 .....74,25 ....2,50 ...FR0000130809 SODEXHO ALLIANCE .......◗ .....23,95......24,12....-0,70 .....7,59 ......24,82 .....21,81 ....0,61 ...FR0000121220 SOMFY................................. ...167,20 ...167,20.......n/d .....1,95....168,00 ...155,00 ....4,20 ...FR0000120495 SOPRA GROUP CA# .........◗ .....46,40......48,40....-4,13 .....4,93 ......48,70 .....41,70 ....0,40 ...FR0000050809 Valeur Dernier cours Cours préc. % var. /préc. Divid. net Code ISIN ALLIANZ AG #...................◗ .....94,95......95,10....-0,16 ....-1,25 ......98,30 .....89,20 ....1,18 ..DE0008404005 ALTADIS.............................◗ .....33,84......33,69 .....0,45 .....0,80 ......34,50 .....31,11 ....0,38 ...ES0177040013 ARCELOR ...........................◗ .....18,34......18,33 .....0,05 .....8,07 ......18,42 .....16,08 ....0,32...LU0140205948 AXALTO N.V......................◗ .....22,39......22,24 .....0,67 ...16,92 ......22,89 .....18,67 .....n/d...NL0000400653 DEUTSCHE BANK #..........◗ .....67,90......67,65 .....0,37 .....4,62 ......69,30 .....63,20 ....1,18 ..DE0005140008 DEXIA.................................◗ .....17,90......17,84 .....0,34 .....5,73 ......17,90 .....16,93 ....0,40...BE0003796134 EADS ..................................◗ .....23,61......23,59 .....0,08 ...10,38 ......23,90 .....20,76 ....0,30...NL0000235190 EQUANT N.V.....................◗........4,26........4,26.......n/d ...12,11 ........4,27........3,30 .....n/d...NL0000200889 EURONEXT N.V ................◗ .....26,38......26,18 .....0,76 ...17,40 ......27,00 .....21,61 ....0,38...NL0000241511 GEMPLUS INTL .................◗........1,93........1,92 .....0,52 ...12,87 ........2,13........1,71 .....n/d...LU0121706294 ROYAL DUTCH..................◗ .....45,75......45,39 .....0,79 .....8,34 ......46,22 .....41,84 ....0,78...NL0000009470 SES GLOBAL FDR ..............◗........9,90........9,95....-0,50 .....3,12 ......10,05........8,80 ....0,18...LU0088087324 STMICROELECTRONICS ...◗ .....13,55......13,49 .....0,44 ....-5,57 ......14,47 .....12,38 ....0,08...NL0000226223 TELEFONICA #...................◗ .....14,45......14,41 .....0,28 .....4,11 ......14,49 .....13,33 ....0,20 ...ES0178430E18 TRADER CLASS. MED. ......◗ .....11,30......11,30.......n/d ...10,78 ......11,40........9,70 ....4,35...NL0000233187 ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO ADECCO S.A. # .................◗ .....41,16......41,27....-0,27 ...11,39 ......41,45 .....36,67 ....0,30 ..CH0012138605 ALCAN................................◗ .....28,70......28,47 .....0,81..-10,43 ......32,75 .....28,36 ....0,08 ..CA0137161059 GENERAL ELECTRIC #.......◗ .....27,91......27,95....-0,14 .....4,03 ......28,60 .....26,45 ....0,14 ..US3696041033 HSBC HOLDINGS # ..........◗ .....13,13......13,12 .....0,08 .....5,55 ......13,30 .....12,32 ....0,10 ..GB0005405286 IBM.....................................◗ .....71,85......72,30....-0,62 .....0,07 ......74,20 .....70,00 ....0,12 ..US4592001014 MERCK AND CO #............◗ .....22,70......22,57 .....0,58 ....-3,40 ......24,14 .....21,20 ....0,24 ..US5893311077 NESTLE # ...........................◗ ...203,50 ...203,50.......n/d .....5,17....204,60 ...192,40 ....3,01 ..CH0012056047 SCHLUMBERGER #...........◗ .....56,00......56,15....-0,27 ...14,75 ......57,40 .....47,75 ....0,14..AN8068571086 SONY CORP. # ..................◗ .....28,80......29,21....-1,40 .....2,49 ......30,00 .....27,75 ....0,08....JP3435000009 ..................................................................................................................................................................................... Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2005. n/d : valeur non disponible. Valeur Cours de clôture (¤) % var. Meilleures performances IMMOB.HOTEL. #..............................2,29 .......23,78 COFIDUR #.........................................1,23 .......19,42 UNION TECH.INFOR. ........................0,76 .......15,15 UNION FIN. DE FCE ........................40,67 .......14,24 CONFLANDEY # ..............................17,50 .......12,83 GUY DEGRENNE # ............................6,90 .......10,22 CHAUSSERIA (LY) ..............................3,85 .......10,00 UGIGRIP .............................................6,15..........7,52 FINUCHEM # ...................................63,10..........6,95 BOURGEOIS (LY) # ............................3,49..........6,73 THERMOCOMPACT #.....................19,80..........6,45 AUBAY ................................................4,71..........6,08 HOT.REG.PARIS NOM ....................28,50..........5,56 SETFORGE ........................................39,90..........5,56 A NOVO # ..........................................1,35 ........-1,46 AUFEMININ.COM ...........................10,85 ........-4,82 AVENIR TELECOM #..........................3,39..........3,67 BAC MAJESTIC...................................0,25 .......13,64 CARRERE GROUP ............................16,50..........3,45 CEREP #............................................12,87 ........-1,98 CLIENT CENTER ALL. .........................3,48 ........-8,18 DEVOTEAM # ..................................17,20 ........-3,37 EUROFINS SCIENT. .........................20,04 .......11,46 HI MEDIA ...........................................2,66 ........-1,48 ILOG # ..............................................11,56..........1,31 INFO VISTA ........................................5,47..........1,48 LINEDATA SERVICES# ....................17,18 ........-1,15 LYCOS EUROPE..................................0,86 .......10,26 METROLOGIC GROUP #.................44,23 ........-0,61 NET2S #..............................................3,99 ........-0,25 SODITECH ING. .................................4,45 .......15,58 SOITEC................................................7,10..........1,43 SQLI.....................................................2,24..........0,00 VALTECH #.........................................0,96..........0,00 Plus bas VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO 14/2 : volume d'échange non disponible Plus forts volumes d'échange Plus haut SPIR COMMUNIC. #.........◗ ...147,00 ...146,80 .....0,14 .....1,87....158,40 ...137,00 ....3,30 ...FR0000131732 SR TELEPERFORMANCE ...◗ .....21,89......21,74 .....0,69 ...12,84 ......21,98 .....19,16 ....0,15 ...FR0000051807 STERIA GROUPE #............◗ .....33,24......33,19 .....0,15 ...12,68 ......34,30 .....29,70 ....0,22 ...FR0000072910 SUCR.PITHIVIERS ............... .........n/d ...605,00.......n/d .....2,54....635,00 ...577,00..17,00 ...FR0000033318 SUEZ...................................◗ .....21,41......21,53....-0,56 .....9,12 ......21,90 .....18,77 ....0,71 ...FR0000120529 TAITTINGER ........................ ...241,90 ...241,00 .....0,37 ...12,46....248,00 ...215,50 ....2,60 ...FR0000037202 TECHNIP ............................◗ ...128,00 ...128,10....-0,08 ....-5,88....136,00 ...121,30 ....2,00 ...FR0000131708 TF1 .....................................◗ .....25,97......25,86 .....0,43 .....8,43 ......26,05 .....23,91 ....0,65 ...FR0000054900 THALES ..............................◗ .....34,60......34,01 .....1,73 ....-2,04 ......35,95 .....33,72 ....0,75 ...FR0000121329 THOMSON.........................◗ .....19,74......19,64 .....0,51 .....1,49 ......20,06 .....18,08 ....0,26 ...FR0000184533 TOTAL ................................◗ ...171,90 ...171,80 .....0,06 .....6,97....172,20 ...158,00 ....2,40 ...FR0000120271 UBISOFT ENTERTAIN .......◗ .....31,77......31,80....-0,09 ...19,48 ......33,12 .....24,62 .....n/d ...FR0000054470 UNIBAIL (CA).....................◗ .....96,70......97,15....-0,46..-16,49....115,70 .....88,20 ....0,90 ...FR0000124711 UNILOG .............................◗ .....57,10......56,40 .....1,24 ...16,51 ......57,50 .....49,10 ....0,45 ...FR0000034662 VALEO................................◗ .....33,48......33,60....-0,36 .....8,70 ......34,20 .....30,25 ....1,05 ...FR0000130338 VALLOUREC.......................◗ ...162,00 ...160,00 .....1,25 ...47,27....162,40 ...100,20 ....1,60 ...FR0000120354 VEOLIA ENVIRON.............◗ .....27,19......27,20....-0,04 .....2,10 ......28,42 .....25,21 ....0,55 ...FR0000124141 VICAT................................... .....97,00......97,00.......n/d ...16,87 ......98,00 .....83,10 ....1,20 ...FR0000031775 VINCI..................................◗ ...116,40 ...115,90 .....0,43 ...17,81....116,80 .....98,60 ....1,20 ...FR0000125486 VIVENDI UNIVERSAL .......◗ .....24,84......24,85....-0,04 .....5,75 ......24,95 .....23,23 ....1,00 ...FR0000127771 WENDEL INVEST. .............◗ .....60,95......60,90 .....0,08 ...13,18 ......61,10 .....53,70 ....1,05 ...FR0000121204 WORMS ET CIE................... .....24,75......25,00....-1,00 .....5,32 ......25,30 .....23,60 ....0,60 ...FR0000063364 ZODIAC..............................◗ .....36,25......36,19 .....0,17 .....5,84 ......36,45 .....32,75 ....0,65 ...FR0000125684 ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... ..................................................................................................................................................................................... SECOND MARCHÉ REPONSE #.........................................4,28 ........-6,96 PERFECT TECHNO REG.....................8,15 ........-6,75 R2I SANTE #.......................................0,85 ........-6,59 PROSODIE BS02 ................................0,53 ........-5,36 ARTPRICE COM # ..............................3,37 ........-5,07 MEDCOST # .......................................9,40 ........-5,05 AUFEMININ.COM ...........................10,85 ........-4,82 % var. 31/12 Plus mauvaises performances ERMO..................................................4,42 ........-9,61 SIIC DE PARIS 8EME .......................36,51 ........-8,50 TONNA ELECTRO(NY)# ..................11,00 ........-8,41 BOIZEL CHANOINE#.......................63,00 ........-7,89 LE PUBLIC SYSTEME .........................7,40 ........-7,50 APS # ..................................................8,09 ........-5,93 HENRI MAIRE (LY).............................9,40 ........-5,53 NETRA SYSTEMS.............................10,33 ........-5,40 PIER IMPORT .....................................4,12 ........-5,29 MGI COUTIER # ..............................36,00 ........-5,26 NORTENE #......................................26,54 ........-5,21 GPE DIFFUS. PLUS # .......................33,30 ........-4,86 MERMET INDUST.# ........................11,90 ........-4,80 TEAM PARTNERS GRP#....................1,19 ........-4,80 Plus forts volumes d'échange ALTEN...............................................19,70..........0,72 APRIL S.A.#(LY)................................22,38..........0,13 ASSYSTEM BRIME...........................17,15 ........-2,22 AUDIKA ............................................62,85 ........-4,05 BENETEAU #....................................66,70 ........-0,45 BONDUELLE.....................................75,85 ........-0,85 GIFI ...................................................43,00 ........-3,37 HERMES INTL................................162,50..........0,31 LAFUMA ...........................................66,00 ........-1,93 LECTRA (B) #......................................5,50..........1,85 M6-METROPOLE TV .......................22,20..........1,69 MANITOU #.....................................28,80..........1,37 MEDIDEP # ......................................24,00..........2,08 MR BRICOLAGE...............................19,10 ........-0,26 ORCO PROPERTY GRP....................45,65..........3,05 ORPEA ..............................................28,17 ........-2,86 PIERRE VACANCES # ......................91,10 ........-0,11 RALLYE..............................................40,80 ........-0,02 RODRIGUEZ GROUP # ...................43,57..........1,25 TRIGANO..........................................65,70 ........-1,87 (Publicité) SICAV ET FCP SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 15/2 à 9h Valeur AGIPI ACTIONS AGIPI AMBITION Cours en euro date valeur 20,54 23,86 14/2 14/2 18,43 12,96 19,15 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 13/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 EURCO SOLIDARITE MONELION JOUR C MONELION JOUR D SICAV 5000 SLIVAFRANCE SLIVARENTE SLIVINTER TRILION 263,10 519,40 416,13 131,70 216,73 42,75 113,28 816,29 11/2 14/2 14/2 11/2 14/2 14/2 11/2 14/2 ACTILION DYNAMI.C ACTILION DYNAMI.D ACTILION EQUIL.C ACTILION EQUIL.D ACTILION PEA DYNAM ACTILION PEA EQUI. ACTILION PRUDENCEC ACTILION PRUDENCED DYNALION EUROPE DYNALION ZONE EURO INTERLION LION PEA EURO 153,41 136,69 174,10 152,59 54,21 151,47 194,47 171,47 75,12 78,53 287,22 79,70 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 11/2 14/2 14/2 14/2 29,30 14/2 CIC AMERIQUELATINE 188,07 CIC ANTICIPATIONS 575,53 CIC CONVERTIBLES 5,56 CIC EPARCIC 23136,66 CIC EURO OPPORT. 27,49 CIC EUROLEADERS C 31,87 CIC HIGH YIELD 446,36 CIC JAPON 5,97 CIC MARCHES EMERG. 124,98 CIC NOUVEAU MARCHE 3,61 CIC OBLI C.T. D 139,24 CIC OBLI MONDE 133,31 CIC OBLIGATIONS D 26,68 CIC OR ET MAT 154,53 CIC ORIENT 203,90 CIC PEA SERENITE 174,29 CIC PIERRE 61,72 CIC PLAN BOURSE 11,26 CIC PROF.DYNAMIQUE 22,55 CIC PROF.TEMPERE 148,66 CIC SUD EST 752,71 CIC TAUX VARIABLE 218,52 CIC TECHNO.COM 51,47 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 11/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 11/2 11/2 11/2 14/2 14/2 14/2 CIC FRANCE D Fonds communs de placements LIV.BOURSE INV.D NORD SUD DEVELOP.C NORD SUD DEVELOP.D CAPITOP MONDOBLIG 151,00 541,23 367,68 14/2 14/2 14/2 61,24 11/2 137,06 426,61 36,04 173,80 146,70 37,28 11,67 122,11 89,94 202,29 175,32 16,41 11/2 10/2 11/2 11/2 11/2 11/2 11/2 11/2 11/2 16/2 11/2 11/2 Fonds communs de placements ATOUT EUROLAND D ATOUT EUROPE C ATOUT EUROPE MONDE ATOUT FRANCE C ATOUT FRANCE D ATOUT MONDE C ATOUT VERT HORIZON CAPITOP EUROBLIG C CAPITOP EUROBLIG D CAPITOP MONETAIREC CAPITOP REVENUS OPTALIS DYNAMIQUEC 11/2 11/2 11/2 Multi-promoteurs Fonds communs de placements Fonds communs de placements ECUR.1,2,3 FUTUR 42,14 ECUR.ACTS EUROPEC 15,27 ECUR.CAPIPREMIEREC 2463,11 ECUR.CAPITAL.C 51,77 ECUR.DYNAMIQUE + 34,06 ECUR.ENERGIE 39,44 ECUR.EURIBOR 1091,65 ECUR.EXPANSION C 16031,30 ECUR.EXPANSIONPLUS 44,87 ECUR.INVEST 46,15 ECUR.MONEPRE.INSTC 103713,98 ECUR.MONEPREMIEREC 2131,23 ECUR.SECURIPREM.C 2296,01 ECUR.SENSIPREMIERC 3035,40 ECUR.TRIMESTRIEL D 279,35 % var. 31/12 OPTALIS EQUILIBREC OPTALIS EXPANSIONC OPTALIS SERENITE C CIC TRESORERIE DYN CIC USA CM ACTIONS EURO C CM EUR.TECHNOLOG. CM FRANCE ACTIONSC CM MID-ACT.FRANCE CM MONDE ACTIONS C CM OBLIG.COURT T.C CM OBLIG.LONG T.C CM OBLIG.MOYEN T.C CM OBLIG.QUATRE CM OPTION DYNAM.C CM OPTION EQUILI.C 1037,90 12,01 11/2 14/2 19,23 2,85 31,12 35,78 231,55 183,37 134,16 404,22 175,83 29,77 60,17 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 21,94 14/2 HDF EUROPE EQUITY HDF GLOBAL EQUITY HDF GLOBAL OPPORTU HDF MULTI ALTERNAT HDF PATRIMOINE 473,09 387,41 474,16 388,88 423,81 4/2 4/2 10/2 10/2 4/2 ADDILYS C ADDILYS D AMPLITUDE AMERIQ.C AMPLITUDE AMERIQ.D AMPLITUDE EUROPE C AMPLITUDE EUROPE D AMPLITUDE FRANCE C AMPLITUDE FRANCE D AMPLITUDE MONDE C AMPLITUDE MONDE D AMPLITUDE PACIFI.C AMPLITUDE PACIFI.D ELANCIEL EUROD PEA ELANCIEL FR.D PEA EM.EUROPOSTE D PEA ETHICIEL C ETHICIEL D GEOBILYS C GEOBILYS D INTENSYS C INTENSYS D KALEIS DYNAM.PEA C KALEIS DYNAM.PEA D KALEIS DYNAMISME C KALEIS DYNAMISME D KALEIS EQUILIBRE C 114,44 106,82 18,92 17,78 26,53 24,21 75,93 71,70 177,42 154,82 17,25 15,91 77,12 33,43 24,41 101,77 98,91 141,34 124,79 22,44 17,94 75,59 72,18 207,37 195,59 208,85 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 Fonds communs de placements CM OPTION MODER.C FCP Multi-gestion KALEIS EQUILIBRE D 196,40 KALEIS SERENITE C 202,62 KALEIS SERENITE D 190,19 KALEIS TONUS C 60,95 KALEIS TONUS D 58,05 OBLITYS C 137,39 OBLITYS D 129,63 POSTE GESTION C 2813,63 POSTE GESTION D 2268,77 PRIMIEL EURO C 84,32 PRIMIEL EURO D 80,17 REVENUS TRIMESTR.D 801,08 SOLSTICE D 358,23 THESORA C 220,15 THESORA D 177,24 TRESORYS C 51487,52 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 Fonds communs de placements DEDIALYS FINANCE 76,14 DEDIALYS MULTI SEC 57,92 DEDIALYS SANTE 78,62 DEDIALYS TECHNO. 22,83 DEDIALYS TELECOM 41,05 POSTE EURO CREDIT 125,88 POSTE EUROPE C 112,06 POSTE EUROPE D 104,46 POSTE PREM.2-3ANSC 10551,83 POSTE PREM.MONET. 7644,20 REMUNYS PLUS 111,08 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 SELECT.DEFENSIF C SELECT.DYNAMIQUE SELECT.EQUILIBRE 2 SELECT.PEA 1 SELECT.PEA DYNAM. SOGEACT EUROPE D SOGEACT FRANCE DIV SOGEACT FRANCE RDT SOGEACT MONDE SOGEACT OPP FRANCE SOGEACTIONS FRANCE SOGEOBL CONV EUROP SOGEOBL EURO MT D SOGEOBL REV ANNUEL SOGEOBL REV TRIM1 SOGEOBL REV TRIM2 SOGEOBL REV TRIM3 198,78 207,52 161,43 176,10 120,19 185,93 64,19 75,44 40,28 449,68 532,16 210,66 100,36 45,07 160,35 158,45 157,83 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 14/2 DECLIC ACT FCE PEA DECLIC ACT MONDE DECLIC ACT.EURO DECLIC ACT.FRANCE DECLIC ACTEUROPPEA DECLIC OBLIG EUROP SOGEACT INDICE FCE 56,93 27,21 13,88 55,08 20,74 18,35 473,29 14/2 14/2 11/2 14/2 11/2 11/2 11/2 Fonds communs de placements Fonds communs de placements F&C BIOPHARMA 14,98 14/2 F&C EM MKTS BD USD 11,61 14/2 F&C EUR INFL LINK 10,25 14/2 F&C EURO HI.YLD.BD 15,12 14/2 F&C EURO.CORP. 19,29 14/2 F&C EUROP SM CAP A 10,63 14/2 F&C EUROPEAN EQTY 12,98 14/2 F&C GL CONVER BOND 10,70 14/2 F&C GL REAL ESTATE 13,24 14/2 F&C GL.EMG.MKT.USD 12,93 14/2 F&C GLOBAL EQTY 11,54 14/2 F&C GLOBAL RES. 23,04 14/2 F&C JAPAN.EQTY 21,55 14/2 F&C NORTH AMER EQ. 20,07 14/2 F&C PACIFIC EQTY 26,30 14/2 F&C US SM CAP USD 72,53 14/2 ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... ........................................................................... 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........................................................................... ........................................................................... Régularité dans la performance, diversité de l’offre, transparence de la gestion Pour vous informer sur les Sicav et FCP de La Poste : www.sogeposte.fr 20/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 AUJOURD’HUI sciences De nouvelles images en 3D des squelettes humains Une équipe de physiciens et de médecins français a mis au point une technique de radiologie qui permet de reconstituer en trois dimensions l’intégralité de l’ossature, tout en réduisant fortement les doses de rayons X pour les patients. Deux prototypes du système fonctionnent déjà chirurgie orthopédique C’est en 1996 que Georges Charpak et la société Biospace Instruments ont commencé à s’intéresser aux possibles applications, dans le domaine de la radiologie médicale, des détecteurs gazeux, des systèmes mis au point par ce dernier pour la physique des hautes énergies et les accélérateurs de particules du Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN) installé à la frontière franco-suisse. Ces instruments permettent la conversion, dans un gaz sous pression, de photons X en électrons. Electrons qui sont ensuite amplifiés et détectés par une chaîne électronique adaptée. Un premier prototype mis au point en 1997 avait démontré l’intérêt de la technique, mais aussi révélé ses faiblesses : manque de résolution spatiale des clichés et lenteur d’obtention des données. « Depuis, de nouvelles technologies de détecteurs utilisant les circuits imprimés de haute densité et des modifications de l’architecture interne des détecteurs ont été développées, expliquent les responsables de ce projet. Elles permettent des résolutions de l’ordre de 250 µm parfaitement adaptées à l’imagerie de l’os. Ces détecteurs fournissent des images de très grande dynamique, ou profondeur, c’est-à-dire possédant un nombre de niveaux de gris discernables très important : 30 000 à 50 000, contre une centaine avec un film classique. » Les techniques de reconstruction des images en trois dimensions ont été développées conjointement par le laboratoire de biomécanique de l’Ecole nationale des arts et métiers, le laboratoire de biomécanique associé au CNRS et le laboratoire de recherches en imagerie et orthopédique de Montréal (Canada). et de profil, du sommet de la tête jusqu’à la plante des pieds. Il peut aussi reconstruire en trois dimensions tous les niveaux ostéo-articulaires avec une précision aussi grande que celle obtenue par les appareils de tomodensitométrie conventionnelle. Une première évaluation a été menée sur un examen de routine de radiologie pédiatrique portant sur le rachis entier de malades souffrant de scoliose. « Cet examen a été choisi en raison de l’importance des doses délivrées pour ces clichés de face et de profil, en particulier au niveau des organes sensibles, qu’il s’agisse de la moelle osseuse, des seins ou des gonades, Les premiers appareils annoncés pour 2006 Créée en 1989 par trois physiciens soucieux de valoriser les travaux de Georges Charpak, la société Biospace Instruments a, dans un premier temps via sa filiale Biospace Mesures, développé des techniques d’imagerie moléculaire aujourd’hui utilisées par de nombreuses multinationales pharmaceutiques. C’est à partir du milieu des années 1990 qu’elle s’est intéressée à la radiologie en collaboration avec différentes équipes de recherche publique. « Deux prototypes d’EOS sont aujourd’hui en fonction en France et en Belgique. Deux autres le seront sous peu au Canada, précise Marie Meyladier, PDG de la société. Les premiers appareils seront livrés en 2006 en Europe et aux Etats-Unis. Leur coût unitaire sera de l’ordre de la moitié de celui d’un scanner de dernière génération. » Actuellement en phase de recapitalisation, Biospace Instruments emploie une quinzaine de personnes. A l’occasion de la présentation à l’Académie nationale de médecine, les docteurs Jean Dubousset, Gabriel Kalifa et Solène Ferey (hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Paris) ont développé les principaux avantages de cette technique d’imagerie opérationnelle depuis 2003. Elle permet d’abord une réduction considérable des doses de rayons X auxquelles le patient est soumis : de 8 à 10 fois moins que la radiologie conventionnelle en deux dimensions et de 800 à 1 000 fois moins que la tomodensitométrie tridimensionnelle (ou scanner). D’autre part, à la différence du scanner ou de l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (RMN), l’examen est effectué alors que le patient reste en position debout ou assise. Le radiologue peut, s’il le juge nécessaire, obtenir des clichés simultanés de face précise le docteur Dubousset. Il a aussi été choisi en raison de la fréquence des radiographies souvent nécessaires pour vérifier le caractère évolutif de ces déformations et leur contrôle après traitement orthopédique ou chirurgical. » Pour ses promoteurs, l’EOS ne devrait pas faire double emploi avec les appareils d’imagerie par résonance magnétique. Dans un premier temps, cette nouvelle technique permettra de mener de nouvelles études de la pathologie ostéo-articulaire, en particulier du rachis et des membres inférieurs. Plus généralement, ces images des squelettes humains pourraient conduire à une évolution des indications de la chirurgie orthopédique et des techniques de correction. Jean-Yves Nau biospace instruments UN PRIX NOBEL est presque toujours le prestigieux couronnement d’une carrière scientifique. Il peut aussi déboucher sur le développement de techniques novatrices. Ainsi en est-il du prix Nobel de physique attribué en 1992 au Français Georges Charpak, récompensé pour une découverte permettant de détecter en temps réel et d’analyser les trajectoires des particules dans le but de mieux connaître la structure de la matière. Treize ans plus tard, ce travail est directement à l’origine de la communication faite, mardi 15 février, par l’Académie nationale de médecine au sujet d’un nouvel appareil d’imagerie médicale qui présente a priori de nombreux avantages. Baptisé EOS, cet instrument est le fruit d’une collaboration étroite entre plusieurs équipes et plusieurs disciplines scientifiques (physique des rayonnements, biomécanique) et médicales (radiologie et orthopédie pédiatrique). Comparé à la radiologie conventionnelle, le système EOS divise les doses de rayons X auxquelles le patient est exposé par un facteur de 8 à 10. L’examen est pratiqué en position debout ou assise. Le radiologue peut ensuite reconstruire en trois dimensions, et avec une grande précision, tous les niveaux ostéo-articulaires. trois questions à ... guy frija 1 La Fondation d’entreprise TEVA soutient la recherche contre le cancer Appel à projets 2005 La Fondation d’entreprise TEVA a pour objet de promouvoir la recherche contre le cancer et de favoriser l’interdisciplinarité. Elle a pour ambition de faciliter toute réflexion et action de nature à faire évoluer la connaissance de la maladie, le suivi et la prise en charge des patients et de leur entourage. Les projets soumis seront réalisés sur le territoire français et concerneront des cancers qui constituent de véritables enjeux de santé. Ils seront publiables. Ils devront mettre le patient au centre de notre pôle d’intérêt et s’inscrire plus particulièrement dans quatre domaines : - Epidémiologie, incidence et mortalité, - Représentations et conséquences sociales de la maladie, - Qualité de la prise en charge, - Coût social de la maladie. Une attention toute particulière sera accordée aux projets qui s’intéressent plus précisément au « décloisonnement » de la pratique oncologique et au rôle des nouveaux acteurs. Cet appel à projet s’adresse à toutes les initiatives de recherche dans les domaines prédéfinis, quelles que soient les équipes, et favorisera chaque fois que possible l’interdisciplinarité. Les candidats sont invités à présenter avant le 15 mars 2005 une déclaration d’intention de 2 à 3 pages décrivant le projet, comportant les références scientifiques des personnes concernées, un planning de réalisation et une estimation budgétaire. Les candidats dont le projet a été sélectionné à l’issue de cette première étape seront avertis par lettre et seront invités à présenter un dossier complet, les membres de la Fondation se réservant la possibilité de suggérer des regroupements de projets qui leur paraîtraient pertinents, ou un financement sur 2 ans pour des projets particulièrement ambitieux Les déclarations d’intention et les dossiers définitifs devront être adressés en 3 exemplaires à l’attention de Anne Baille, secrétaire de la Fondation Teva, Immeuble Palatin 1, Cours du Triangle 92936 Paris La Défense, ou par voie électronique à : [email protected] Les statuts de la Fondation TEVA sont accessibles sur demande à : [email protected] Collège des personnalités qualifiées de la Fondation d’entreprise Teva Pr Moïse Namer, Cancérologue (Président) - Pr Gérard Salem, Professeur des Universités Paris X (Vice Président) - Claudia Bigard, Psychologue - Philippe Bourget, Chef du département de pharmacie clinique IGR - Gilles BraultScaillet, Président du Collectif des groupements des pharmaciens - Christian Bréchot, Directeur Général de l’Inserm - Pr Roland Bugat, Cancérologue Sylvie Fainzang, Anthropologue, Directeur de recherche Inserm - Marcel Goldberg, Directeur de recherche Inserm - Dr Lise Grivois, Vice-présidente Sida Info Service - Patrick Levy-Waitz, Président Dynargie France - Martine Valière, Directeur de la stratégie et du développement Institut National du Cancer - Joanny Vayssette, Président honoraire du Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens Vous êtes secrétaire général de la Société française de radiologie. Les derniers résultats obtenus par la technique EOS, dérivée de la découverte de Georges Charpak, constituent-ils une étape majeure dans l’histoire de la radiologie ? Il est probablement trop tôt pour répondre à cette question. En toute hypothèse il s’agit d’une étape assez importante, compte tenu des caractéristiques des prototypes mis au point et de la réduction des doses de radiations auxquelles sont exposés les patients. Mais ce progrès ne concernera, en pratique, qu’une fraction de ces derniers, ceux chez lesquels nous devons faire des radiographies répétées, comme les enfants souffrant de scolioses. C’est à juste titre que les responsables de ce projet ont conduit leurs premiers travaux chez ces enfants. Pour ma part, je pense qu’une telle technologie pourrait, demain, connaître de nouveaux et importants développements, bien au-delà de la seule pathologie rachidienne et ostéo-articulaire. 2 A quels développements pensezvous ? Je pense que la réduction des doses de radiations et l’intérêt porté au rachis et au squelette, pour intéressants qu’ils soient, ont quelque chose de réducteur. D’autres développements diagnostiques et thérapeutiques peuvent déjà être envisagés. Dès lors que les concepteurs de ce procédé accepteront de ne pas réduire les doses de radiations, la sensibilité de la technique pourrait permettre d’améliorer les images que nous obtenons aujourd’hui des différents tissus de l’organisme. Couplée avec l’usage que l’on pourra faire de nouveaux produits de contraste administrés dans l’organisme, cette technique pourrait permettre de mieux « voir », de manière plus fine et plus spécifique. Pour donner un exemple, des recherches pourraient être utilement menées en cancérologie, tout particulièrement pour améliorer l’efficacité des méthodes de dépistage précoce du cancer du sein par mammographie. 3 La réduction des doses de radiations délivrées lors des examens radiologiques n’est donc pas, selon vous, une priorité ? Si, mais elle ne concerne qu’une petite fraction de nos patients. Pour les autres, la question posée est avant tout celle du rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus. Il faut rappeler que, du fait des radiations cosmiques, les vols aériens long-courriers induisent un facteur d’exposition nettement plus important que les radiographies pulmonaires. Propos recueillis par J.-Y. N. Siseri suit l’exposition des travailleurs aux rayonnements EN FRANCE, quelque 250 000 personnes sont exposées à la radioactivité dans leur activité professionnelle. Le secteur nucléaire, civil ou militaire, n’est pas seul concerné : l’industrie, la recherche et les activités médicales utilisent elles aussi les rayonnements ionisants. Les travailleurs qui y sont soumis portent des films dosimétriques et des boîtiers électroniques capables d’enregistrer l’exposition externe, et des analyses peuvent mesurer d’éventuelles contaminations internes. Mais ce suivi n’était, jusqu’à présent, qu’assez peu opérationnel. Seul le film, développé une fois par mois, faisait foi. Un nouveau « système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants » (Siseri), mis en service mardi 15 février, devrait offrir une plus grande réactivité. Siseri, mis au point par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), centralisera sur une base de données le suivi dosimétrique de tous les travailleurs soumis aux rayonnements ionisants. Ces informations seront accessibles en ligne aux médecins du travail, chargés du suivi sanitaire des travailleurs, sur une base hebdomadaire. « L’intérêt de Siseri est de leur permettre de connaître les doses reçues par leurs patients, même si ceux-ci se déplacent et changent de chantier », précise Alain Rannou (IRSN). Les « personnes compétentes en radioprotection » à qui, au sein des entreprises, est confiée la gestion prévisionnelle et l’optimisation des doses reçues lors des chantiers accéderont également aux données Siseri. Ce système a tardé à se mettre en place, notamment en raison du retard de la France à se conformer à une directive européenne de 1996, dont les derniers arrêtés d’application sont toujours attendus… doses limites La dosimétrie opérationnelle a longtemps fait figure d’épouvantail, certains craignant qu’elle ne constitue un instrument de gestion de l’emploi par la dose, les travailleurs qui approcheraient des limites (20 millisieverts par an) risquant d’être écartés. La législation, qui interdit les contrats précaires pour les personnes affectées à des travaux sous rayonnement, supprime, en principe, ce risque. Les statistiques les plus récentes relatives aux niveaux d’exposition concernent 2003. Sur les 250 000 personnes « surveillées », 90 % avaient reçu une dose inférieure à 1 mSv, limite admise pour le public. Seules 103 avaient dépassé une dose de 20 mSv, dont 18 se situant au-delà de 50 mSv. Les entreprises du nucléaire semblent paradoxalement plus sûres que le secteur médical, en particulier la radiologie et la radiothérapie : 46 personnes travaillant dans ce secteur avaient reçu plus de 20 mSv. « Il reste des “marges de progrès” », commente M. Rannou. Hervé Morin (Publicité) LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/21 22/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 AUJOURD’HUI sports olympisme b La candidature de la capitale du Royaume-Uni est portée par le double champion olympique (1980 et 1984) britannique du 1 500 mètres « London 2012 », la course d’obstacles de Sebastian Coe l’épouse du premier ministre britannique Tony Blair, aurait violé récemment l’interdiction du CIO de railler les autres villes en lice en se moquant de la candidature de Paris, lors d’une conférence en Australie. « Que savent les Parisiens en matière de culture ? », aurait-elle déclaré, mettant les défenseurs du projet britannique dans l’embarras. S’ajoutent les résultats d’un sondage publié le 14 février, qui montrent que 60 % des hôteliers, tenanciers de pub et restaurateurs estiment ne pas disposer du personnel qualifié suffisant pour répondre aux besoins d’une clientèle internationale exigeante. Les médias britanniques, de surcroît, ne facilitent pas la tâche de la candidature de Londres. Ainsi, il y a quelques mois, la télévision publique, la BBC, a consacré une émission à la « corruption » qui sévirait au sein du CIO, ulcérant bon nombre de délégués. Ces dernières péripéties s’ajoutent à d’autres handicaps. Le forfait du Royaume-Uni pour l’organisation des championnats du monde 2004 d’athlétisme, faute d’un stade à la hauteur de l’enjeu, a fait mauvaise impression. Ce raté souligne tal, est parvenu à débaucher deux firmes associées de près à la France : EDF Energy (filiale britannique d’EDF, qui soutient également la candidature de Paris) et la Bourse Euronext, qui regroupe les places de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne. Euronext, il est vrai, souhaite actuellement reprendre la Bourse de Londres, le London Stock Exchange. david sandison / « the independent » LONDRES de notre correspondant Les coureurs de demi-fond sont des durs au mal. Sebastian Coe, double champion olympique du 1 500 mètres (1980 et 1984), n’est donc pas homme à se décourager. Depuis qu’il a accepté de porter la candidature de Londres aux Jeux olympiques de 2012, le Britannique ne cesse pourtant de se heurter à des obstacles. Avant d’accueillir la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO), du 16 au 19 février, il veut rester optimiste. « Les personnes dont je reconnais le jugement en la matière – il s’agit évidemment de membres du CIO, mais aussi de personnes qui ont suivi le dossier au jour le jour – pensent que nous avons considérablement réduit l’écart [avec les villes concurrentes] ces derniers mois », affirme-t-il. Les crises, depuis l’annonce de la candidature de Londres, se sont enchaînées les unes aux autres sur les bords de la Tamise. Il y eut d’abord la gaffe de la Reine exprimant des doutes sur les chances de Londres (Le Monde du 17 janvier) d’organiser les épreuves de 2012. Ensuite, Cherie Blair, Sebastian Coe, dans son bureau du quartier de Canary Wharf, à Londres, au bord de la Tamise. L’ancien athlète a acquis une expérience politique dans les rangs conservateurs entre 1992 et 2001. une nouvelle fois le fiasco de plusieurs grands chantiers britanniques, à l’instar du Dôme du Millénaire ou de la rénovation des thermes de Bath. La commission d’évaluation du CIO à Londres du 16 au 19 février Composition : la commission d’évaluation du Comité international olympique (CIO) est composée de 13 membres représentant toutes les composantes du mouvement olympique : CIO, fédérations internationales, comités nationaux, athlètes, Comité international paralympique, organisateurs d’anciennes éditions des Jeux olympiques (JO) et experts. Elle est présidée par l’ancienne championne b olympique marocaine du 400 m haies, Nawal El Moutawakel. b Mission : sa tâche est de vérifier les informations contenues dans les dossiers de candidature, de déterminer si les plans sont réalisables et de procéder à une évaluation globale des risques. b Programme : les cinq villes ont déjà répondu aux 194 questions qui leur étaient posées par le CIO. Elles y ont joint les annexes comprenant, notamment, les garanties financières et juridiques de leurs autorités nationales. La commission d’évaluation s’est rendue à Madrid du 3 au 6 février. Elle séjournera à Londres du 16 au 19 février, puis à New York (21-24 février), à Paris (9-12 mars) et à Moscou (14-17 mars). Elle rendra un rapport un mois avant l’élection de la ville hôte, qui servira aux 120 membres du congrès du CIO pour se décider, le 6 juillet, à Singapour. Dénonçant le plan de développement urbain de la Lower Lea Valley, la région de Stratford, dans l’Est de la capitale, qui est pressentie pour accueillir le parc olympique, les militants d’une organisation écologiste baptisée « Les usagers des marais de Hackney » ne cessent d’invectiver « London 2012 ». « Nous n’avons pas besoin de ces Jeux olympiques. Londres est déjà l’ombilic du monde. A l’inverse de Barcelone ou de Sydney, notre cité n’a rien à prouver », affirme Simon Jenkins, chroniqueur éminent du quotidien The Times, qui conteste lui aussi l’opportunité de tenir les Olympiades dans une mégapole qui connaît une croissance si rapide. Lord Coe, que l’on peut croiser dans le quartier des affaires de Londres, la City, portant la candidature de la capitale du Royaume-Uni, reste pourtant inébranlable. C’est la détermination du tueur sous des airs de gentleman. « La compétition sera très serrée. Mais nous avons un projet fantastique. Londres finira par l’emporter », déclare-t-il. A 48 ans, ce chairman à l’œil attentif ressemble toujours à l’athlète exceptionnel qu’il fut, l’expérience politique en plus. « Seb », comme il préfère être appelé, a mené au pas de course, mais avec moins de succès, une seconde carrière de politicien conservateur entre 1992 et 2001. A l’écouter, hôtels, stades, autoroute, liaison ferroviaire rapide : tout sera prêt pour le jour J. Avec entêtement, il a battu le rappel des politiques, peu enthousiastes au départ. Parmi les grands sponsors, ce meneur tranchant, parfois bru- 60 % des hôteliers et restaurateurs estiment ne pas disposer d’un personnel qualifié suffisant pour accueillir une clientèle internationale exigeante D’après nos informations, lors du premier tour, Londres compte faire le plein des voix des pays du Commonwealth, sa famille d’outremer, et de la Scandinavie. Ensuite, en cas d’élimination de New York, les Etats-Unis et leurs alliés devraient reporter leurs voix sur la cité anglophone. Londres, dit-on, compte aussi sur l’ancien chef du CIO, le Catalan Juan Antonio Samaranch, qui reste influent. Et la candidature de Paris, que même les bookmakers anglais considèrent comme la grande favorite ? Lord Coe préfère évacuer la question par un sourire de courtoisie. Marc Roche A un an des Jeux d’hiver 2006, Turin doit combler son retard et boucler son budget LE SOUTIEN est de poids. C’est Jacques Rogge en personne, le président du Comité international olympique (CIO), qui a pris cette fois la défense de Turin. Il y a quelques semaines, pourtant, l’institution de Lausanne n’avait pas hésité à adresser des remontrances à la ville hôte des Jeux olympiques (JO) d’hiver de 2006. Trop de retard par rapport au calendrier prévisionnel, avait alors reproché le CIO. Un retard qui a dû être prestement comblé depuis. « 78 % des sites sont déjà opérationnels », s’est en effet réjoui, vendredi 11 février, M. Rogge. « Le CIO est très satisfait des préparatifs des Jeux », a-t-il souligné. Jeudi 10 février 2005, soit 365 jours avant le début des épreuves, c’est donc quelque peu rasséréné que le comité d’organisation, le Toroc, a pu envoyer les invitations officielles pour les XXes Jeux d’hiver aux comités nationaux – qui ont jusqu’au 8 mai pour y répondre. Depuis des mois, les embûches n’avaient cessé de se multiplier sur son parcours. Il y eut ainsi une polémique avec le président de la Fédération internationale de ski, le Suisse Gianfranco Kasper, à propos des problèmes de transports, d’hébergement et d’accréditation, à Sestrières, lors d’une étape de la Coupe du monde. Il y eut la grève des salariés de la télévision publique italienne, la RAI, la semaine dernière, qui obligea les organisateurs des championnats du monde de Bormio à décaler d’un jour la tenue de l’épreuve du slalom géant messieurs. Il y eut les manifestations des ouvriers de Fiat durant les championnats d’Europe de patinage artistique, en janvier, qui bloquèrent l’entrée de la patinoire de Turin. Il y eut encore, et surtout, des querelles politiques, sur fond d’élections municipales et législatives – qui auront lieu après les Jeux – entre, d’un côté, la mairie de gauche et, de l’autre, le conseil régional et le gouvernement de Silvio Berlusconi. Des controverses virulentes. En particulier lorsque fut décidée la nomination de Mario Pescante, secrétaire d’Etat aux sports, comme superviseur de l’organisation. Une nomination alors ressentie au Toroc comme une mise sous tutelle gouvernementale. A l’époque, Valentino Castellani, le président du comité d’organisation et ancien maire (centre-gauche) de la ville, menaça même de démissionner. Il n’en fit rien. Il y eut enfin, en novembre, une perquisition de la police dans les locaux du Toroc dans le cadre d’une enquête sur des irrégularités financières présumées. Dossier pour l’instant sans suite. épreuves tests Et ce n’est pas tout : le comité organisateur a dû faire face à un déficit de 180 millions d’euros par rapport à son budget prévisionnel. « Le gouvernement s’est engagé à couvrir cette somme de 180 millions d’euros, explique Evelina Christillin, vice-présidente du Toroc. Mais, franchement, cela n’est pas majeur. Cela représente notamment 90 millions d’euros qui étaient censés provenir à l’origine des entreprises semipubliques [postes, chemins de fer, etc.] et qui n’ont pas été débloqués. Reste encore 60 millions d’augmentation des coûts, soit 5 % du budget prévisionnel. Ce n’est pas un chiffre phénoménal. On ne peut pas bloquer les Jeux pour 60 millions d’euros. » Soit. Cependant, vendredi 4 février, faute de quorum, le vote du budget a dû être reporté à une date ultérieure. Heureusement pour la capitale piémontaise, il y eut aussi quelques heureux événements dans le parcours olympique. A l’occasion des épreuves tests, championnats d’Europe de short-track et de patinage artistique, disputés en janvier, les tribunes du Palazzo Vela affichèrent complet. Si le patinage artistique est habitué aux travées garnies, ce n’est en revanche pas le cas du short-track, en général très confidentiel. Il est vrai que, pour le coup, Turin est plutôt gâtée : deux des meilleurs patineurs européens sont originaires de la cité. Fabio Carta a ainsi remporté pour la septième fois de suite le titre chez les hommes. Mar- ta Capurso, elle, a pris la troisième place du classement féminin. « Notre première satisfaction est de constater que le public a répondu à l’appel, pouvait se réjouir Evelina Christillin. Si nous avions pu mettre en vente le double de billets, nous les aurions écoulés. C’est une audience inattendue. Les Turinois sont pourtant réputés pour être un peu froids, et même le Stadio delle Alpi est loin d’afficher complet quand joue la Juventus. Là, en dépit des problèmes de transports et de parking, les spectateurs ont répondu présent. Nous avons aussi organisé une “épreuve test” pour la billetterie. Du 4 novembre au 19 décembre, les premières places pour les Jeux ont été mises en vente. Durant ce mois et demi, la moitié des billets sont partis. » Depuis le « meno uno » (« moins un ») du 10 février 2005, qui marquait l’entrée dans la dernière année avant les JO, la vente des billets est repartie. Olivier Zilbertin dépêches FOOTBALL : la commission supérieure d’appel de la Fédération française de football a confirmé, lundi 14 février, la décision prise en première instance de condamner le Paris-Saint-Germain à disputer un match à domicile à huis clos. Il s’agira de la rencontre de Ligue 1 entre le PSG et Bastia, le 26 février. Cette sanction fait suite au comportement violent d’une partie des supporteurs parisiens lors d’un match face à Metz, le 18 décembre. a Arsenal s’est facilement imposé face à son rival londonien Crystal Palace (5-1), lundi 14 février, en match décalé de la 27e journée de la Premier League anglaise. a RUGBY : Imanol Harinordoquy, Aurélien Rougerie, Yannick Jauzion et Julien Laharrague ont été convoqués par Bernard Laporte pour rejoindre le groupe des 22 joueurs appelés à rencontrer le Pays de Galles, samedi 26 février, pour la 3 e journée du Tournoi des six nations. a LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/23 AUJOURD’HUI psychologie Jamais l’homme et la femme n’ont eu tant de liberté d’invention pour construire leur union. Ni tant de difficultés à la faire tenir Le bois dont on fait les couples « ILS SE MARIÈRENT et vécurent heureux » ? Les contes d’antan ont mal vieilli. Aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, près d’un mariage sur deux se conclut par un divorce, et les séparations sont sans doute plus fréquentes encore chez les couples non mariés. Plus qu’une tendance : presque une nouvelle norme de vie. Et pourtant, qui oserait affirmer s’en satisfaire ? Qui ne rêve secrètement, même après une ou plusieurs ruptures conjugales, de rencontrer enfin celui, ou celle, avec qui « cela marchera » ? D’autant que, tout de même : des couples qui franchissent leurs noces d’étain (10 ans), de cristal (15 ans) et même de porcelaine (20 ans), cela existe encore ! Certains irradient plus que d’autres : amoureux « comme au premier jour » après des lustres de vie commune, ils semblent connaître ce « tendre bonheur d’une paix sans victoire » auquel Verlaine aspirait. D’autres – l’immense majorité – avouent avoir été plus ou moins cabossés par l’amour. Mais ils ont tenu le coup, pour le meilleur et pour le pire. Alors on s’interroge : quel est donc le secret de ces unions au long cours ? De quel bois sont faits les couples qui durent ? Un couple, cela commence avec le choix du conjoint. Un choix désormais libre, dans nos sociétés, des considérations sociales, religieuses ou financières qu’imposait autrefois l’entourage. Un choix individuel donc. Mais qui n’en continue pas moins, et souvent à notre insu, de dépendre étroitement du contexte sociopsychologique de chacun. Sera-t-on attiré par son semblable ? Son contraire ? Son complément ? Pas de règles en la matière : les combinaisons conjugales sont infinies. Mais certains appariements formeront un lien plus solide que d’autres pour résister aux intempéries et à l’usure du temps. « Si les unions passagères deviennent plus ouvertes, plus hétérogames, observe le sociologue Jean-Claude Kaufmann, les premiers temps de la vie à deux, en vérifiant la capacité d’entente entre les partenaires, fonctionnent ensuite comme un filtre : une part des unions les plus atypiques disparaissent (celles qui résistent faisant preuve d’une capacité amoureuse exceptionnelle), alors que les plus homogames (ou les plus complémentaires) se maintiennent plus facilement. » Mais il arrive aussi que l’harmonie présidant aux premières années d’une union apparemment sur mesure disparaisse insidieusement, au gré de l’évolution de l’un ou de l’autre. Qu’est-ce qu’un couple, en effet, si ce n’est une conjugaison de désirs et de manières d’aimer ? Et que savons-nous des raisons et des façons que nous avons de nous attacher ? « Supposons que M. Sécure épouse Mme Sécure. Ils tisseront ensemble un lien léger, ce qui ne veut pas dire superficiel », estime le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, qui rappelle dans son dernier ouvrage (Parler d’amour au bord du gouffre, éd. Odile Jacob, 2004, 253 p., 21,90 ¤) combien subtile est l’alchimie des rencontres entre deux styles affectifs. De tels couples partageront le quotidien avec bonheur, se séparant momentanément s’il le faut, se retrouvant avec joie pour se raconter leurs aventures sociales… De même, la rencontre entre M. Peurdeperdre et Mme Jaimepalavie leur permettra peut-être à tous deux d’évoluer favorablement, si « la simple présence stable et morne de madame sécurise monsieur, qui dynamise madame ». Pour que la vie à deux reste vivable, il faut savoir – vouloir ? – négocier ses fantasmes Mais il se peut aussi que M. Peurdeperdre, acquérant ainsi petit à petit la sécurité affective dont il avait manqué dans son enfance, soit tellement guéri par sa femme… qu’il se décide à la quitter. Car le couple « partage ce qu’il invente », qu’il en profite ou qu’il en souffre. Ou qu’il en souffre ? Là, sans doute, se trouve le point de fragilité essentiel de la conjugalité moderne. L’un comme l’autre ayant cessé de mettre dans la corbeille commune ses offrandes traditionnelles (le travail et le revenu du ménage pour l’homme, les soins domestiques et le liant familial pour la femme), tout se passe désormais comme si les partenaires, bien souvent, ne voulaient vivre de leur union que le meilleur. Comme si quelques grains de sable venant enrayer les rouages de leur entente suffisaient à remettre leur avenir commun en question. Comme si chacun, épris d’indépendance, pouvait décidément se passer de l’autre… Et l’on détruit d’un coup de pied le bel édifice par crainte de le voir se fissurer davantage, plutôt que de tenter de le consolider. Pourquoi pas, après tout ? A cette réserve près que la rupture ne se fait pas sans souffrance. Ni, surtout, sans enfants. Des enfants de plus en plus nombreux, de plus en plus jeunes à être ballottés d’un foyer à l’autre, de cellule monoparentale en famille recomposée, au gré des amours et des désillusions de leurs parents. Au point que les thérapeutes de l’âme commencent sérieusement à s’en inquiéter. Si l’on constatait, il y a quelques années encore, que le pic des divorces se situait à la naissance du deuxième enfant, les séparations semblent en effet survenir de plus en plus rapidement. « Des enquêtes récentes soulignent une forte poussée des divorces précoces, c’est-à-dire peu après la naissance du premier enfant », précise le psychiatre Bernard Geberowicz, qui souligne que les couples ont alors l’impression « d’exploser en plein vol ». Persuadé que « le maintien harmonieux des liens de chacun des conjoints avec l’enfant demeure un défi pour les couples qui se séparent », ce thérapeute familial est bien placé pour savoir combien le passage du duo au trio met aujourd’hui le couple à l’épreuve. Epreuve d’autant plus mal vécue qu’elle génère « un sentiment de honte à faire part des difficultés qui accompagnent un moment censé être parfaitement heureux ». Une fois passé ce cap, périlleux entre tous, les conjoints retrouvent en général une certaine vitesse de croisière. Mais non sans écueils. Sexualité plus difficile, routine de la vie familiale, manque de projets, jalousie, mensonges, infidélités… Comment les couples qui durent réussissent-ils cette navigation à vue ? Car, pour les guider, nulle carte. Si ce n’est celle que l’un et l’autre acceptent de tracer ensemble. « Lorsque l’on s’intéresse à ce que disent les couples qui vont mal, on constate qu’une grande part des relations conjugales est sous-tendue par des idéologies », affirme le psychiatre et psychothérapeute Gérard Apfeldorfer. « Il y a l’idéologie du grand amour (ne souffrant aucune imperfection), celle du conjoint “prestataire de services”, celle du couple totalitaire dans lequel il faut tout se dire, tout partager… » Mais, pour que la vie à deux reste vivable, il faut savoir – vouloir ? – négocier ses fantasmes. Faire des efforts, être généreux. Et bâtir, à force de routines et de rituels, « une intimité qui sépare le couple « Ça tient », par Quentin Bertoux. du reste du monde ». Une histoire commune qui, au fil du temps, fournira une identité à chacun de ses membres. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Affaire de chance, de conviction… et de qualité de vie. Selon une récente étude de l’université anglaise de Warwick (Le Monde du 7 septembre 2004), les hommes et les femmes sans conjoint boivent trop, travaillent trop, sautent des repas et manquent de stabilité affective. Conséquence : d’après cette enquête, réalisée pendant sept ans auprès de 10 000 citoyens britanniques, les hommes célibataires stables présentent 10 % de risques supplémentaires de mortalité, et les femmes dans la même situation 4,8 %. Pour vivre vieux, vivons à deux… Mais qui donc passe l’aspirateur ? Catherine Vincent Catherine Serrurier, conseillère conjugale et thérapeute de couple « La peur de l’autre sexe, compagne invisible du désir » Dans votre dernier livre, C’est de ta faute ! (éd. Desclée de Brouwer, 162 p., 18 ¤), vous soulignez que les relations sexuelles sont par excellence le lieu du décalage entre les partenaires d’un couple. Est-ce à dire que quand le sexe va, tout va ? Spontanément, je réponds oui ! Le sexe est un moyen d’expression extraordinaire, peut-être le premier. Si un couple parvient à bien communiquer sur ce plan-là, cela veut dire en général qu’il communique aussi verbalement et dans ses actes. La sexualité présuppose toujours une confiance, un abandon : lorsqu’elle fonctionne bien, c’est la preuve qu’il existe dans le couple une réelle harmonie. S’il est un domaine, en effet, où la différence entre hommes et femmes s’exprime dans toutes ses contradictions, c’est bien celui-ci ! Et l’éternel malentendu entre celui dont la sexualité est « toujours prête » et celle dont les priorités sont ailleurs ne peut que semer ses graines de discorde. Surtout si l’on veut ignorer ces différences physiques et psychiques, et que l’on accumule autour de la sexualité des griefs respectifs liés à l’incompréhension du comportement de l’autre. Si on ne s’autorise pas à penser que cet autre-là, en apparence si familier, peut venir d’une planète différente de la sienne, c’est l’impasse ! Et cette différence fondamentale ne serait pas suffisamment prise en compte par les conjoints ? Pas assez pour essayer de se comprendre, du moins chez de nombreux couples qui consultent pour mésentente… Je suis frappée de voir à quel point hommes et femme ne se connaissent pas, alors même qu’ils sont désormais élevés ensemble, depuis la maternelle jusqu’aux études supérieures. Ils ne connaissent bien souvent que ce qui les rassemble, pas ce qui les sépare. Et cette tendance est d’autant plus marquée de nos jours que la différence entre les sexes est devenue politiquement incorrecte, alors que tenter de la nier ne fait qu’amplifier les malentendus entre partenaires. De manière générale, l’individualisme forcené de nos sociétés modernes a entraîné une intolérance croissante vis-à-vis de l’autre sexe, et une tendance de plus en plus marquée au désengagement. Je le constate chaque jour au travers de mes consultations : même lorsqu’ils sont liés par des sentiments d’amour, même lorsqu’ils sont de bonne volonté pour faire durer leur couple, les conjoints passent de plus en plus vite de l’état de partenaires à celui d’adversaires. Et quels sont les objets de leur rivalité ? Pour l’essentiel, le pouvoir que chacun exerce sur l’autre – pouvoir qu’aucune des deux parties, le plus souvent, n’accepte d’ailleurs de reconnaître ! Quand je demande : « Dans votre couple, qui a le plus de pouvoir ? », il y a généralement un grand silence… Comme si j’avais posé une question taboue, une question bien plus indiscrète que celle qui concerne les rapports sexuels. Et l’on me répond le plus souvent que le pouvoir, c’est l’autre ! Alors qu’il s’agit en fait, dans les couples d’aujourd’hui, de la chose la mieux partagée. La force physique de l’homme lui confère un pouvoir latent mais incontestable de domination, assorti d’un pouvoir de protection. Quant à la femme, elle possède l’immense pouvoir de la maternité, dont elle ne se prive pas d’user – sur ses enfants, voire sur son homme –, et même d’abuser… Sans pour autant en admettre la puissance. De même, affirmez-vous, les femmes ignorent à quel point elles peuvent faire peur aux hommes… Il s’agit d’une peur archaïque, très profonde et souvent inconsciente. Peur du sexe féminin, peur aussi du mystère que représente la femme… à quoi s’ajoute aujourd’hui la peur – presque consciente cette fois – des nouveaux pouvoirs de la femme. Mais les femmes aussi ont peur des hommes, et doublement : il y a chez elles la même peur archaïque, parfois très violente, du sexe masculin, ainsi qu’une peur sociale face au pouvoir traditionnel des hommes. Dans un couple durable, cette peur inconsciente que chaque sexe éprouve face à l’autre est une donnée de base. C’est la compagne invisible du désir, et elle n’est jamais indifférente à la genèse des conflits. Peur, pouvoir, rivalité… Dépasser ces mouvements intérieurs permet-il d’éviter la guerre des sexes ? Les dépasser, ce n’est pas toujours possible. Mais les reconnaître, les accepter comme tels, c’est déjà avancer d’un grand pas vers l’autre. De même est-il essentiel à la bonne santé d’un couple de préserver des moments d’intimité, de les programmer de façon volontaire – même si le repassage n’est pas terminé, même si le match à la télé va commencer. D’apprendre à se parler, à s’écouter. Avec une seule condition incontournable : le désir réel, profond, d’établir ou de maintenir une relation de confiance. Propos recueillis par C.V. La sociologie distingue cinq styles conjugaux « COUPLES contemporains : cohésion, régulation et conflits » : tel est le titre sous lequel furent publiés en 2003 les résultats d’une vaste enquête, menée pendant deux ans par une équipe de sociologues suisses. Les conclusions de cette étude, l’une des plus complètes récemment menées dans ce domaine, se fondent sur les us et coutumes de 1 500 couples hétérosexuels représentatifs de la population suisse (nationale ou étrangère), mariés ou non mais vivant ensemble depuis un an au moins. Parmi les données recueillies figuraient, notamment, les réponses des hommes et des femmes constituant ces unions, interrogés séparément sur la base d’un long questionnaire standardisé. De cette observation minutieuse des interactions conjugales, Jean Kellerhals, Eric Widmer et René Levy, professeurs de sociologie aux universités de Genève et de Lausanne, ont dégagé cinq profils-types, qu’ils considèrent comme les principaux styles conjugaux contemporains. A chacun de retrouver celui dont il se sent le plus proche… 456 le style bastion : le couple insiste sur son unité plutôt que sur la singularité de ses membres. Différences de genres et routines quotidiennes sont assez rigidement définies. Plutôt jaloux de leur intimité, les conjoints maintiennent cependant un certain contact avec l’environnement. Valeurs dominantes : solidarité, stabilité et sécurité. Pour en savoir plus b Mesure et démesure du couple, de Jean Kellerhals, Eric Widmer et René Levy. Payot, 2004, 274 p., 16 ¤. b Le Baby-clash, de Bernard Geberowicz et Colette Barroux. Albin Michel, coll. « Questions de parents », 266 p., 14,90 ¤ (à paraître début mars). b Les Relations durables, de Gérard Apfeldorfer. Odile Jacob, 2004, 280 p., 21,50 ¤. b Sociologie du couple, de Jean-Claude Kaufmann. PUF, 1993, coll. « Que sais-je ? ». 456 le style cocon : clos sur luimême et égalitariste, le couple a pour principal objectif de construire son nid, duquel il éloignera autant que possible le bruit extérieur. A l’intérieur de cette bulle, les espaces et les rythmes sont bien définis et accentuent le sentiment de sécurité. Autre signe distinctif : un manque d’intérêt partagé pour les fonctions externes de l’union. 456 le style association : la normativité y est assez faible. Le couple, très ouvert sur l’extérieur, répugne aux routines et rejette toute organisation du travail fondée sur la différence des genres. Valeurs dominantes : la négociation et la communication. La notion d’échange semble ici plus pertinente que celle de partage. 456 le style compagnonnage : comme dans les styles bastion et cocon, le couple met l’accent sur la fusion, mais le projet central apparaît ici être l’ouverture vers l’extérieur, vers une communauté dans laquelle on s’investit à deux. Souplesse en matière d’organisation conjugale, volonté affirmée d’égalité, refus de la routine : le partage équitable l’emporte sur la négociation. 456 le style parallèle : l’unité du couple est bâtie sur la complémentarité des fonctions et la fermeture par rapport à l’environnement plutôt que sur la communauté des esprits ou des cœurs. La hiérarchie des genres est plus marquée qu’ailleurs et la routine est valorisée. Sécurité et ordre sont les maîtres mots de ce genre d’union. Selon les auteurs de cette classification – qui ne reflète, bien sûr, que des tendances –, les types « parallèle » et « association », qui se distinguent par une fréquence de disputes et de problèmes relationnels bien supérieurs à la moyenne, sont ceux chez lesquels la conjugalité va le moins de soi. Le type « compagnonnage », quant à lui, pourrait servir de modèle : il totalise le plus faible taux de conflits comme de séparations. C. V. 24/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 météo-jeux Plus de soleil à l’ouest mais froid partout 16 FÉVR. 2005 PRÉVISIONS Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige. FRANCE métropole Ajaccio ................ 2/11 P 0/5 N Biarritz ............... -1/5 N Bordeaux ......... Bourges ............. -2/0 N Brest ..................... 1/6 N Caen ..................... 2/3 N 2/5 N Cherbourg ...... -2/0 * Clermont-F. .... -2/0 * Dijon .................... -6/3 * Grenoble .......... -3/-1 * Lille ........................ Limoges............. -4/-1 * -2/1 * Lyon ...................... Marseille .......... -2/7 N -2/0 * Nancy .................. -1/5 N Nantes ................ Nice....................... 2/10 N Paris...................... -2/0 N -2/1 * Pau ........................ 1/7 S Perpignan ........ 0/5 N Rennes................ -3/0 * St-Etienne ....... -1/0 * Strasbourg...... Toulouse........... -2/2 N -1/1 N Tours .................... mercredi 16 février Lever du soleil à Paris : 7 h 58 Coucher du soleil à Paris : 18 h 12 Un anticyclone est situé sur le proche Atlantique tandis qu’une dépression est centrée sur l’Italie, dirigeant des masses d’air humides et instables par l’est du pays. Le temps hivernal et froid persiste sur le pays avec quelques chutes de neige faible en plaine sur le Nord-Est. Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. Les nuages et les belles éclaircies alterneront. Le vent de nord-est sera modéré près des côtes de la Manche. Températures de 4 à 6 degrés l’aprèsmidi. Nord-Picardie, Ile-de-France, Centre, Haute-Normandie, Ardennes. Près des côtes de la Manche orientale, le ciel sera nuageux par moments avec quelques averses de pluie et neige mêlées. Ailleurs, les nuages et les éclaircies alterneront. Températures de 2 à 4 degrés. FRANCE outre-mer Cayenne ............ 24/30 P Fort-de-Fr. ....... 23/28 P Nouméa............ 26/31 P Papeete ............. 26/29 P Pointe-à-P. ..... 22/26 P St Denis Réu.. 25/30 P Champagne, Lorraine, Alsace, Bourgogne, Franche-Comté. Les nuages resteront nombreux toute la journée avec quelques averses de neige en plaine le matin, puis à basse altitude près du relief l’après-midi. Températures de 0 à 2 degrés. EUROPE Amsterdam .... -3/3 N 9/13 P Athènes............. 4/11 S Barcelone ........ 2/8 N Belfast ................ Belgrade ........... -5/0 N -3/1 * Berlin ................... Berne ................... -6/-3 * Bruxelles .......... -3/2 N 0/8 P Bucarest ........... -2/2 * Budapest.......... Copenhague.. -7/-4 N 1/8 N Dublin ................. -3/2 * Francfort .......... -4/1 * Genève .............. Helsinki ............. -8/-3 C 8/12 P Istanbul ............. Kiev ....................... 1/4 * Lisbonne ........... 7/13 S Liverpool .......... -4/4 S 1/5 N Londres.............. Luxembourg . -6/-2 N Poitou-Charentes, Aquitaine, MidiPyrénées. Les nuages et les belles éclaircies se partageront le ciel toute la journée. Le ciel restera nuageux sur les Pyrénées avec des averses de neige à basse altitude. Températures de 4 à 6 degrés l’après-midi. Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. Sur le Limousin, les nuages et les éclaircies alterneront. Ailleurs, le ciel restera nuageux avec quelques averses de neige à basse altitude. Températures de 0 à 3 degrés l’après-midi. Languedoc-Roussillon, ProvenceAlpes-Côte d’Azur, Corse. En Corse, le ciel sera nuageux avec quelques averses. Ailleurs, il fera beau avec mistral et tramontane soufflant à 90 km/h en rafales. Stockholm Oslo 16 février 16 février prévisions vers 12h prévisions vers 12h Moscou Riga Lille Minsk Le Havre -2/9 S Madrid................. Milan ..................... -2/10 S Moscou................ -5/-1 * Munich ................ -5/-4 * 1/6 N Naples ................. Oslo ........................ -11/-6 N 2/9 S Palma de M. .... Prague .................. -6/-3 * 2/8 N Rome ..................... Séville .................. 4/14 S -2/5 P Sofia ...................... St-Pétersb. ....... -7/-4 C Stockholm ....... -9/-4 N Ténérife ............. 15/18 S -2/2 * Varsovie .............. 1/7 C Venise ................... -2/0 * Vienne.................. AMÉRIQUES Brasilia ............... Buenos Aires Caracas ............... Chicago .............. Lima...................... Los Angeles .... Mexico ................ Montréal ........... New York .......... San Francisco Santiago Ch. . Toronto ............... Washingt. DC Belfast Reims Brest Liverpool Paris Varsovie Strasbourg Amsterdam Londres Orléans Nantes Kiev Berlin Troyes Rennes Bruxelles Prague Tours Mulhouse Bourges Poitiers Limoges Dijon Paris Odessa Strasbourg Vienne Munich Budapest Nantes ClermontFerrand Lyon Berne Chamonix Lyon Bucarest Milan Belgrade Grenoble Sofia Istanbul Toulouse Bordeaux Aurillac Montélimar Biarritz 21/27 S 19/27 N 24/30 P -5/1 S 20/25 N 13/17 P 7/25 S -6/2 P 4/14 P 11/15 N 13/30 S -8/0 * 3/18 P Copenhague Dublin Toulouse Rome Nice Montpellier Marseille Naples Barcelone Madrid Lisbonne Athènes Tarbes Perpignan Séville Alger Ajaccio Tunis Rabat Soleil Peu nuageux Brèves éclaircies Orage Neige Averses Brouillard Couvert Pluie Vent fort AFRIQUE 4/8 P Alger ..................... Dakar................... 18/22 S Kinshasa.......... 22/28 P Le Caire............... 15/25 N Nairobi ............... 16/25 S Pretoria .............. 19/29 S 6/17 S Rabat .................... 3/9 P Tunis ..................... ASIE-OCÉANIE Bangkok ............ Beyrouth........... Bombay ............. Djakarta ............ Dubaï ................... Hanoï ................... Hongkong ....... Jérusalem ........ New Delhi ....... Pékin .................... Séoul .................... Singapour ........ Sydney ................ Tokyo ................... 27/34 S 15/21 N 21/30 S 24/30 P 16/20 S 20/27 S 20/22 P 5/17 C 13/23 S -6/3 N 2/4 P 26/32 P 21/23 P 3/9 P Jeudi 17 février De la Bretagne au Nord, le ciel sera couvert avec quelques gouttes. Le ciel sera nuageux du Massif central au Jura jusqu’aux Alpes du Nord avec quelques flocons. Pourtour méditerranéen ensoleillé. Températures de 0 à 3 degrés à l’est et de 4 à 8 degrés à l’ouest. PRÉVISIONS POUR LE 17 FÉVRIER SITUATION LE 15 FÉVRIER À 0 HEURE TU PRÉVISIONS POUR LE 17 FÉVRIER À 0 HEURE TU Quelle langue vivante choisir à l’entrée au collège ? point que le ministre de l’éducation nationale s’est engagé à augmenter de 20 % la proportion des élèves germanistes. A Paris, ce sont les langues dites « rares » (russe, japonais, chinois, vietnamien) qui permettent aux familles de solliciter une désectorisation… avec 48,3 % seulement de satisfaits. De fait, le choix est souvent tributaire d’une offre inégalement répartie sur le territoire. Certains collèges n’ont qu’une seule langue en sixième, alors que d’autres en proposent au moins trois. « Dans le collège de mon secteur, des enfants viennent des autres arrondissements parisiens pour étudier le russe », explique Elise. « J’aurais préféré l’espagnol, mais il ne démarre qu’en quatrième. Victor fera donc de l’anglais en sixième. Actuellement, il bénéficie d’une initiation à l’allemand en CM2, et ce choix aurait été plus logique, mais j’estime l’anglais incontournable. De plus, mon fils voit des films américains, et l’anglais, langue de l’infor- pratique Tous les mardis datés mercredi, des conseils utiles LES PARENTS d’élèves de CM2 doivent décider avant les vacances de printemps quelle langue étudiera leur enfant en sixième à la rentrée prochaine. Les raisons de leur choix peuvent être affectives : origine familiale, attrait pour le pays. L’objectif peut aussi être utilitaire, soit qu’on estime telle langue indispensable pour l’avenir de l’élève, soit qu’on s’en serve pour déroger à la carte scolaire et orienter l’enfant vers « un bon établissement » ou « une bonne classe ». L’allemand a souvent joué ce rôle par le passé, mais il est actuellement en baisse : 7,9 % des élèves l’étudient en langue vivante 1 et 13,5 % en langue vivante 2. Les familles qui ne résident pas dans des régions frontalières délaissent cette langue réputée difficile. Au MOTS CROISÉS 1 2 3 4 PROBLÈME No 05 - 040 5 6 7 8 matique et de l’Internet, lui est déjà familier. » Il serait souhaitable d’assurer la continuité entre l’école et le collège, mais il n’est pas toujours possible de poursuivre en sixième la langue commencée à l’école. De plus cet enseignement a été mis en place dans le premier degré à partir de 1989, avec les moyens du bord. Il est assuré par de multiples intervenants : instituteurs, enseignants du collège désireux de promouvoir leur discipline, assistants étrangers, contractuels. La logique n’est pas toujours au rendez-vous. Victor, le fils d’Elise, a d’abord bénéficié pendant deux ans d’une initiation à l’italien, remplacé par l’allemand au CM2. Dans ces conditions, la continuité est une illusion, et les professeurs de collège, qui ne peuvent pas prendre en compte les acquis trop différents des élèves, préfèrent repartir de zéro (Le Monde de l’éducation de février). Autre incohérence, les enfants des commuRetrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr 9 10 11 12 I VII microscope. Reste dans son coin. - 4. Genre littéraire. Hommes de paille. Ceux d’avant. - 5. Déformées par rétraction. Personnel. 6. Pièce du Nord. Etre en bonne place. - 7. Profitables. Rouge et frétillant. - 8. Plutôt agréables à voir. - 9. Papules, nodules et pustules. Maintiennent en place. 10. Appelé en cas de panne. - 11. Plate-forme sur bonne voie. Fait appel. - 12. Gros paquet de millions. VIII Philippe Dupuis II III IV V VI IX SOLUTION DU N° 05 - 039 X HORIZONTALEMENT I. Font de la résistance à l’extérieur. - II. Emporte quand la dose est trop grosse. Grand dieu. - III. Sport qui demande bon pied, bon œil. Ne lâchera rien facilement. - IV. Adorée de tout temps. Mauvais fond. Prises de courant. - V. Chercher la petite bête. Plaisir d’hiver. - VI. Personnel. Mit hors de portée. - VII. Change chaque année depuis la maternelle. Accompagne la saison du blanc. - VIII. Chargés d’électrons. Protection divine. Mesure jaune. - IX. Assemble les bouts. Jardin des délices. Tête de loup. - X. Communique par tous ses moyens. VERTICALEMENT 1. Nous en fait voir de toutes les couleurs. - 2. Coupe-jarrets. 3. Etait le plus petit avant le Horizontalement I. Etourdissant. - II. Vautour. Aléa. - III. Art. Tromblon. - IV. Lira. En. Long. - V. Unanimité. SE. - VI. Gelée. UV. - VII. Trésor. Assai. VIII. II. Sterne. Un. - IX. Ornée. Mosane. - X. Naissain. Mes. Verticalement 1. Evaluation. - 2. Tarin. Rira. 3. Outrage. Ni. - 4. Ut. Anesses. - 5. Rot. Ilotes. - 6. Dure-mère. - 7. Ironie. RMI. - 8. Anon. - 9. Sableuses. - 10. Allô. VS. AM. - 11. Néons. Aune. - 12. Tangerines. nes frontalières de la Belgique qui ont bénéficié d’un apprentissage du néerlandais à l’école devront patienter deux ans, avant de retrouver cette langue en quatrième. classes bilangues « Lorsqu’on souhaite une telle continuité, il faut se renseigner sur les collèges où la langue existe en quatrième et demander l’inscription de l’élève dans cet établissement dès la sixième pour éviter un changement en cours de cursus », conseille Sylvestre Vanuxem, président de l’Association des professeurs de langues vivantes (APLV). Certains collèges proposent des « groupes d’entretien » pour maintenir les acquis. Enfin, on peut anticiper de la même manière une future inscription dans une « section européenne », où la première langue bénéficie d’un horaire augmenté en quatrième, tandis qu’au lycée une autre discipline (généralement l’histoire-géographie) est enseignée dans la langue étrangère. SCRABBLE ® Des collèges – de plus en plus nombreux – ont créé dès la sixième des « classes bilangues » où l’on étudie simultanément deux langues, dont celle qui a été commencée à l’école. « Il s’agit toujours de l’anglais, couplé avec l’allemand, l’italien ou le portugais, avec un horaire de deux fois trois heures, au lieu de quatre heures de LV1 dans une sixième traditionnelle », explique Didier Jouault, inspecteur d’académie chargé du second degré à Paris. Dans l’académie de Clermont-Ferrand, des classes bilangues sont même instaurées dès le primaire et la continuité est assurée au collège. De telles possibilités rassureront les familles attachées à l’anglais, étudié comme première langue par plus de 4,7 millions d’élèves, et de moins en moins enseigné comme seconde langue. « L’anglais m’a trop manqué dans l’exercice de mon métier pour que j’en prive mes enfants », raconte un cadre commercial, résumant ainsi le sentiment de nombreux parents. « L’anglais est nécessaire pour préparer les diplômes techniques, industriels, scientifiques et commerciaux », reconnaît une inspectrice de l’orientation. Cependant il ne faut pas se faire trop d’illusions sur la prétendue facilité de l’anglais ou de l’espagnol, ni se laisser dissuader par la complexité d’autres langues comme l’allemand, sous prétexte qu’il y a des déclinaisons. Cellesci peuvent être plus structurantes pour certains élèves. « Ce n’est pas parce qu’on a étudié une langue pendant sept ans qu’on sera forcément meilleur ; cette répétitivité peut s’avérer contre-productive », estime Sylvestre Vanuxem. L’étude de plusieurs langues donne accès à une vision comparative de la morphologie et de la syntaxe, permet de comprendre d’autres modes de pensée et d’autres cultures. Michaëla Bobasch No 419 Capelage et décapage, les pensums du marin 1. Tirage : A D E I L N U. a) Trouvez et placez un mot de sept lettres, connu seulement de l’ODS (voir l’indice ci-dessous). b) Avec ce même tirage, trouvez trois mots de huit lettres en le complétant avec trois lettres différentes de l’un ou de l’autre des mots placés sur la grille. Ces trois lettres d’appui sont données ci-dessous. N’écrivez aucun mot sur la grille. 2. Tirage : E E I O R R U. c) Trouvez un mot de sept lettres, implaçable – Avec ce même tirage, trouvez trois mots de huit lettres en le complétant avec trois lettres différentes de l’un ou de l’autre des mots placés sur la grille. Ces trois lettres d’appui sont données ci-dessous. 2. Préparation de la grille de la semaine prochaine. d) Tirage : E E I Q S U V. Trouvez un sept-lettres. Ce tirage s’appuie, entre autres, sur D et L. Trouvez les deux huit-lettres. Solutions dans Le Monde du 23 février. Indice pour le sept-lettres : habitant de Saint-Lô. Lettres d’appui du 1er tirage : P C G ; du 2e tirage : T G V. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 A B C D E F G H I J K L M N O P A C A G E E V I T E R A I Solutions du problème paru dans Le Monde du 9 février. a) ZONIERS, O 4, 48 – JASERON ou jaseran, cotte de mailles, G 9, 40 – IREZ, O 1, 39. b) LUISENT INSULTE LUTINES – SURLIENT, L 8, 70, ou l’anagramme LUSTRINE ; LUETINES, substances biologiques, K 8, 66, ou l’anagramme LUTEINES, hormones. c) ACHEVER, CHEVERA, creuse- ra, ou VACHERE – VACHER, N 10, 57, faisant VS ; CHEVREAU, 8 A, 110 ; CHEVRETA, 15 F, 98 ; REVANCHE, 14 H, 98 ; CHAVIREE, 12 H, 70, ou les anagrammes CHEVERAI, ARCHIVEE et VACHERIE. d) COPIAGE, COUPAGE et ECOPAGE – DECAPAGE, CAPELAGE, mar., fixage à l’aide d’un cordage. Michel Charlemagne LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/25 CULTURE cinéma François Mitterrand en monarque vacillant et nu IL Y A UN INTERDIT, en France, de la représentation du chef de l’Etat à l’écran. Cet interdit vient d’être levé par Robert Guédiguian, qui a osé adapter Le Dernier Mitterrand (Pocket, 246 p., 5,50 ¤), le livre que Georges-Marc Benamou a consacré aux derniers mois de la vie du pensionnaire de l’Elysée de 1981 à 1995. Il a confié à Michel Bouquet le soin de prêter son corps à celui que le pays surnomma « Tonton ». Un rôle dont, disons-le d’emblée, l’acteur s’acquitte avec un charisme stupéfiant, composant en creux un portrait troublant et espiègle du président Mitterrand, donnant à l’image une leçon de comédie en montrant subtilement comment un monstre sacré peut s’imbiber des forces de l’esprit d’un autre. Il s’agit du portrait d’un mythe et de l’évocation d’un double apprentissage : l’abandon du pouvoir et l’approche du trépas Benamou avait suscité des polémiques, Guédiguian les évite soigneusement. Le Promeneur du Champ-de-Mars ignore le fameux festin d’ortolans, évacue toutes les figures connues composant l’entourage du natif de Jarnac, ainsi que les affaires, la rivalité ChiracBalladur, le scandale des écoutes téléphoniques. Le film est concentré sur une confrontation maître-élève, un dialogue entre deux hommes de générations différentes – le président et son confident. Autour d’eux, ne s’agitent guère, comme chez Molière, que des figures de scène, hommes de cour, chauffeur, gardes du corps, médecin, souffre-douleur. Guédiguian aborde les thèmes de la fin d’un règne, l’évaporation du rêve socialiste, la personnalisation du pouvoir. Le jeune confident n’est plus, comme dans le livre, un dandy branché, Rastignac de Saint-Germaindes-Prés acharné à recueillir des confessions historiques, mais un journaliste falot, logeant en HLM, doté de beaux-parents communistes, et qui ne malmène le tout-puissant que pour tenter de mieux le statufier, lui permettre de s’expliquer sur ses zones d’ombre. François Mitterrand, on le sait, pensait avoir tout dit sur son séjour à Vichy, et, fût-il une fiction, le film ne peut pas montrer autre chose sur ce point que ses airs offusqués, son irritation contre les « chiens » qui s’acharnent (« Vous n’allez pas recommencer avec ça ! »). Sur la faillite du projet égalitaire, la rupture du Programme commun de la gauche, le choix d’une gauche gestionnaire plutôt que d’une gauche radicale, Guédiguian (qui démissionna du Parti communiste en 1981) reste très respectueux, ne montrant guère que le fameux discours de Liévin (novembre 1994). Scène ambiguë, où la façon dont Mitterrand salue les forces vives des luttes sociales sonne comme les adieux de Fontainebleau, mais où la classe ouvrière venue l’écouter ressemble à une foule de figurants dans un film fauché. Moins qu’un film politique, Le Promeneur du Champ-de-Mars entérine le goût de son modèle pour l’esquive et se concentre sur le monarque, sa gourmandise, ses caprices, ses mots d’auteur, son ego. Il s’agit du portrait d’un mythe, en même temps que de l’évocation d’un double apprentissage : l’abandon du pouvoir et l’approche du trépas. L’allégorie annoncée (Mitterrand, ou la mort d’un rêve socialiste) vire au portrait d’un souverain désespérément humain (Mitterrand, corps et âme). Les souffrances d’un Don Juan renié par sa principale maîtresse (la eric moulin/film oblige Le Promeneur du Champ-de-Mars, de Robert Guédiguian b En adaptant le livre de Georges-Marc Benamou « Le Dernier Mitterrand », le cinéaste a fait de l’ancien président un personnage de fiction. Sa peinture de l’homme politique reste respectueuse, plus que celle du vieil homme rongé par le cancer Le film de Robert Guédiguian est concentré sur une relation maître-élève entre l’ancien président (Michel Bouquet) et un journaliste falot (Jalil Lespert). gauche), lâché par son corps, défié par la mort. C’est là que le film est le plus réussi, plus que dans l’analyse de septennats qui se terminent en désillusions. Mitterrand le bon vivant, féru de promenades, cruel causeur, truculent convive, roi teigneux, pépé égrillard. Celui qui fait sa coquette en recevant des cadeaux, ironise sur ses dauphins, s’irrite de se voir servir un mauvais thé, se pourlèche de ragots, demande si « ce sont vraiment les jambes de Julia Roberts, dans Pretty Woman, ou celles d’une doublure ? ». En montrant un Mitterrand rongé par le mal, fatigué, souffrant, vacillant, supplicié, commentant son cancer en broyant une écrevisse (« Les os s’effritent, petit à petit, et se brisent comme cela »), en le filmant nu et épuisé dans sa baignoire, Guédiguian ramène son personnage à sa condition humaine. Soit un Mitterrand imbu de lui-même, pontifical, à qui les critiques mettent l’épiderme à vif, autoproclamé dernier président providentiel (« On me regrettera ! »). Guédiguian dépeint Mitterrand comme le dernier Valois, dernier roi français avant la prise de pouvoir de l’Europe sur les régnants nationaux. Outre ce voyage qui le voit évoquer Péguy en survolant la cathédrale de Chartres, la scène la plus impressionnante est celle où il s’attarde sur les gisants de SaintDenis, frôle le marbre, caresse les visages transis de souffrances, éponge la sueur de ces glaciales et majestueuses sculptures de têtes couronnées. Il va même, dans une crypte, jusqu’à s’allonger à même le sol. Cette vénération du corps sacré souligne la personnalité complexe de celui qui incarna la gauche, se jugea au-dessus des lois, et voulut inscrire ses actes dans la longue durée, soucieux de sa place dans l’Histoire. Comme nimbé d’un « état de grâce » permanent, le premier film de l’histoire du cinéma français consacré à un président de la République reste imprégné par une image de gouvernant héritière de l’Ancien Régime. L’aventure intime du président étouffe son bilan politique. Verra-t-on un jour un film privilégiant la fiction du peuple sur celle de son élu ? J.-L. D. Film français (1 h 57), avec Michel Bouquet, Jalil Lespert, Anne Cantineau, Sarah Grappin. Pourquoi l’histoire de France est rarement un sujet de fiction AVEC Le Promeneur du Champde-Mars, c’est la première fois en France qu’un homme d’Etat contemporain est ouvertement mis en scène dans un film de fiction. Aux Etats-Unis, en revanche, les exemples ne manquent pas. Les présidents, d’Eisenhower à Nixon en passant par Kennedy et Clinton, ont inspiré de manière plus ou moins littérale tout un pan de la cinématographie hollywoodienne. La politique française est essentiellement représentée dans des films documentaires. On pense à celui de Raymond Depardon sur la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing, en 1974, Une partie de campagne – l’ancien président de la République a bloqué la sortie du film pendant plus de vingt-cinq ans –, ou à la série de Jean-Louis Comolli et Michel Samson réalisée à Marseille (six films depuis 1989), où ces derniers abordent les jeux politiques locaux. Mais pourquoi ce vide de fiction ? Nous avons posé la question à des cinéastes, à des producteurs et aussi à des personnalités politiques. Constantin Costa Gavras, qui a travaillé trois ans avec Régis Debray à un projet de film sur François Mitterrand, sans jamais le mener à bien, estime qu’il y a une spécificité française du rapport au pouvoir – du moins en comparaison avec les Etats-Unis, autre grande nation de cinéma : « Alors qu’aux Etats-Unis le président est un administrateur, en France, le pouvoir c’est encore le roi. Il y a quelque chose de sacré. » Du point de vue de la représentation, cette sacralisation de la fonction et de son titulaire pose des questions complexes au cinéaste. Il a notamment buté sur la période à filmer. Mais aussi sur le choix de l’interprète : « C’est presque impossible de combattre la force du documentaire, la présence réaliste qu’y impose le personnage réel. » Claude Chabrol confirme : « Qui va faire de Gaulle ? Jean-Pierre Marielle ? Ce n’est tout simplement pas imaginable ! » En théorie, soutient-il, un film sur un homme d’Etat est « le casse-gueule le plus « Papa ne faisait jamais ça... » Les socialistes se sont rués aux avant-premières du Promeneur du Champ-de-Mars. La plupart saluent la « prestation époustouflante » de Michel Bouquet, « qui a la même façon de placer ses mains et ses pieds que l’ancien président, comme un paysan », note M. Fabius. Pour Jack Lang, député du Pas-de-Calais, il ressort du film de Robert Guédiguian « une image plutôt positive de Mitterrand ». Mais, en même temps, les socialistes soulignent que le film n’apporte guère d’éclairage sur l’homme d’Etat. « Je ne suis pas rentrée dans le film », avoue Mme Guigou. Même les proches n’ont pas toujours reconnu la face privée du président. « Mazarine Pingeot a trouvé que Michel Bouquet citait beaucoup d’auteurs. Papa ne faisait jamais ça, m’a-t-elle dit… », raconte M. Glavany. terrible possible ». Sans avoir vu Le Promeneur du Champ-de-Mars, il qualifie de « coup de génie unique » le fait d’avoir choisi Michel Bouquet pour le rôle, « acteur remarquable qui ne ressemble pas à Mitterrand ». Pour Yves Boisset, cinéaste porte-drapeau de la « fiction de gauche », auteur d’un film sur la guerre d’Algérie (RAS, 1973), le problème est plus vaste. « La veine critique des années 1970 s’est largement tarie. Dans le cinéma français actuel, il y a un silence assourdissant sur les problèmes de la société qui nous entoure. » ni coupes ni bips Yves Boisset relie cette situation au désamour général qui affecte la politique. Il y voit surtout l’effet d’un mécanisme de production pervers, en vigueur depuis le début des années 1980. Plutôt que d’exiger des coupes ou des bips, comme cela a pu se passer auparavant, le système actuel « empêche tout film ayant un aspect critique ou insolent de se faire. C’est beaucoup plus malin. On ne vous dit jamais que c’est pour des raisons politiques, bien sûr. On vous explique que le scénario est intéressant, mais qu’il n’est pas très bon ». Pour Claude Chabrol, qui a été découragé, une fois, de faire un film pendant la guerre d’Algérie – l’histoire de deux soldats retrouvés morts dans le désert alors qu’ils venaient de déserter l’armée française –, « il suffit de ne pas être dans la copie conforme ». C’est-à-dire de ne pas aborder de front ou littéralement un sujet politique. Au-delà de la politique, cette approche s’accorde avec la conception esthétique de l’auteur. Mais sa réponse ne convient pas à tous. Le producteur Jacques Bidou, par exemple, déplore le caractère consensuel du cinéma français. En Belgique, il a rencontré beaucoup de difficultés pour produire Lumumba, de Raoul Peck, un film qui abordait la responsabilité de l’Etat belge dans la mort du leader congolais. « Je me demande si la fracture franche entre la droite et la gauche en Europe ne finit pas par créer des situations figées, empêchant la réalisation de films politiquement acides ou satiriques. Dans les pays anglosaxons au contraire, où le consensus politique domine, le cinéma de fiction a une vraie capacité critique. » Jacques Bidou avance un autre argument : « Le financement du cinéma en France est lié au service public et aux chaînes de télévision. J’en suis un fervent partisan, mais il y a des effets pervers. On ne mord pas la main qui vous nourrit. » Le Promeneur du Champ-deMars ne déroge pas à la règle. Le film est centré sur le Mitterrand privé et intime, face au pouvoir et à la mort. Il n’aborde pas les affaires qui dérangent des deux septennats. Est-ce pour cela que, malgré quelques ratés (un rejet du projet par France 2 Cinéma, la filiale de coproduction de France 2), le film n’a pas eu trop de difficultés à se monter ? Le Promeneur du Champde-Mars est coproduit par Arte France Cinéma, filiale d’une chaîne de service public. Face à ce type de projets, les responsables politiques cachent pas leurs réticences. « Rien n’est plus périlleux, voire scabreux, que de vouloir décrire de manière figurative ou réaliste des personnages politiques proches, qu’il s’agisse de Mitterrand ou de De Gaulle. Il y a quelque chose d’un peu trivial », estime Jack Lang, qui fut très proche de l’ancien chef de l'Etat. « oui et non » Bref, on ne représente pas « Dieu ». Si l’ancien ministre de la culture est sorti « rassuré » de la projection du film de Guédiguian, c’est précisément parce que « ce n’est pas un document historique mais une fiction ». Autre mitterrandiste historique, le député Jean Glavany (PS, Hautes-Pyrénées), Quand Jean Gabin était « président » En France, la caméra rechigne à explorer le temps présent. Si Jean Marbeuf a réalisé Pétain, en 1993, on n’a encore jamais vu de films de fiction ouvertement consacrés à Charles de Gaulle, Georges Pompidou ou Valéry Giscard d’Estaing. On peut reconnaître le général dans Le Président, d’Henri Verneuil (1961), mais le personnage incarné par Jean Gabin n’est que président du conseil et, si l’allusion à la retraite à Colombey est transparente, les repères se brouillent : de Gaulle n’est pas « tombé », comme dans le film, pour avoir été trop européen. Giscard, qui s’invita à dîner chez des Français lambda, n’aura été évoqué que de façon anecdotique dans Les Œufs brouillés, de Joël Santoni (1976), une satire où Michael Lonsdale s’impose à la table d’un quidam. Il n’y a guère que François Mitterrand à avoir été clairement identifié dans Le Bon Plaisir, de Francis Girod (1983), où Jean-Louis Trintignant tente d’empêcher la presse de révéler qu’il est père d’un enfant illégitime. La France ignorait l’existence de Mazarine Pingeot lorsque le film est sorti, et la scénariste, Françoise Giroud, s’était beaucoup inspirée de son passage dans un gouvernement giscardien pour dépeindre les sphères du pouvoir. qui a joué un rôle-clé dans les victoires de François Mitterrand en 1981 et en 1988, le dit sans ambiguïté : « Oui aux films de fiction si ça participe d’un remède à la crise de la démocratie politique ; non si ça l’aggrave. » Elisabeth Guigou, qui a commencé sa carrière auprès de l’ancien président, durant la première cohabitation (1986-1988), affirme que « rien ne vaut un documentaire si l’on veut approcher un politique, même si Mitterrand est un peu un personnage de roman ». Certains, comme Noël Mamère, député et maire (Verts) de Bègles (Gironde), lancent l’hypothèse que les « responsables politiques manquent peut-être d’épaisseur ». « Il y a sans doute de la pudeur du côté des politiques, et une peur des cinéastes d’être loin de la réalité », suggère de son côté le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande. « La France a une difficulté générale avec son histoire. Celle-ci doit être froide pour que l’on s’y intéresse », résume Laurent Fabius, numéro deux du PS. Ainsi Nicolas Sarkozy a-t-il coécrit le scénario du téléfilm de Claude Goretta, Le Dernier Eté (1997), qui retrace le parcours de Georges Mandel, interprété par Jacques Villeret : collaborateur de Georges Clemenceau pendant la première guerre mondiale, Mandel s’opposa à l’armistice de juin 1940 et fut abattu par les Allemands en 1944. Mais le président de l’UMP n’a pas souhaité s’exprimer sur Le Promeneur du Champde-Mars. Ni le président de l’UDF, François Bayrou, qui « n’a pas vu le film », explique son entourage. Jean-Luc Douin, Clarisse Fabre et Isabelle Regnier 26/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 CULTURE cinéma « Si Michel Bouquet n’avait pas accepté, je n’aurais pas fait le film », affirme Robert Guédiguian. Robert Guédiguian, réalisateur « Si j’“améliore” l’image de Mitterrand aujourd’hui, c’est politiquement juste » à Cannes en 1981 et, le 10 mai, on était tous les deux à la Bastille. Cette date est pour moi à la fois une grande date de la gauche et presque le jour de la disparition du socialisme comme doctrine. A l’époque, vous étiez au Parti communiste ? Non, je l’ai quitté en 1980, quand j’ai fait mon premier film. Depuis 1977, depuis la rupture des négociations sur la réactualisation du programme commun, j’étais en désaccord avec le Parti communiste. J’ai la position de la femme d’Antoine Moreau dans le film : en 1977, il fallait signer, en 1981, il ne fallait pas aller au gouvernement. Etant donné la méfiance qui existait dans le courant communiste à l’égard de François Mitterrand, avez-vous été surpris par ce qui s’est passé pendant ses deux mandats ? Aujourd’hui, je crois qu’il n’a fait qu’arbitrer un rapport de forces, qu’il était pris dans un mouvement qu’on appelle aujourd’hui globalisation et qui non seulement a submergé le monde entier, mais a fait un gros mot de « socialisme ». Je suis persuadé qu’il n’y pouvait pas grand-chose. j. eiele/ddp/afp Qu’est-ce que vous attendiez en entreprenant ce film, le premier qui vous a emmené loin de votre troupe et de votre ville de Marseille ? Si j’ai dit oui presque tout de suite quand Franck Le Witta s’est pointé un été à Marseille en me disant : « Tiens, j’ai acheté les droits du Dernier Mitterrand », c’est pour cette histoire de mort. Mon premier réflexe a été de partir de la mort d’un roi, un roi au sens théâtral du terme : la figure du puissant. Il s’agissait de parler de la mort, en s’inspirant de la manière particulière qu’a eue Mitterrand d’apprivoiser sa mort. A ma connaissance, il n’était pas aussi féru d’églises ni de rites funéraires avant que sa maladie ne se déclare. Dans le film, on a exagéré en allant encore plus loin dans ce sens-là. Mais ça me semble normal, c’est la liberté de la fiction avec un personnage public. Mitterrand était devenu un spécialiste, un érudit de la mort. Les rois plaisent au public parce qu’ils n’ont pas de pouvoir face à la mort et à la maladie. Deux secondes après, je me suis dit : « Ce roi-là, c’est Mitterrand », qu’est-ce que j’en fais ? Et je me suis demandé : que restera-t-il de ce type-là dans un siècle ? Si on dégage la politique quotidienne, je pense qu’il restera la conquête du pouvoir plus que son exercice, puisque cet exercice s’est fait en contradiction avec les thèmes de la conquête. Jusqu’ici, vos personnages étaient fictifs et ne détenaient guère de pouvoir, leur problème était plutôt celui de la survie. Etait-il nécessaire d’avoir recours à Mitterrand pour évoquer la mort ? Non. Le film m’a choisi, jamais je n’aurais eu cette idée, j’étais en train d’écrire Mon père est ingénieur. Cette idée est arrivée, je l’ai saisie parce qu’elle m’apparaissait exorbitante de mon parcours habituel. On a parlé immédiatement de Michel Bouquet, s’il n’avait pas accepté, je n’aurais pas fait le film. Vous avez changé de comédiens, de ville, mais aussi de classe sociale. Vous avez changé votre manière aussi ? Oui, c’est la première fois que je filme dans des palais. Je savais très bien que mon regard ne changerait pas. J’ai changé le jeune homme, le personnage de Jalil Lespert est inspiré de moi jeune, socialiste, naïf. Et je me doutais qu’en filmant Bouquet, j’aimerais Bouquet et que Bouquet me ferait aimer un peu plus Mitterrand. Mon regard ne bougera pas, quoi que je filme. Il faut plutôt que je fasse attention à ce que je filme. Si j’« améliore » l’image de Mitterrand aujourd’hui, est-ce que c’est politiquement juste ? Et j’ai répondu oui, c’est pour ça que j’ai fait le film. Pour ensuite oublier la personnalité de Mitterrand en travaillant la part d’espièglerie qu’il y a chez Michel Bouquet. Ses proches disent que le président n’avait pas ce côté. Vous avez commencé à faire des films de long métrage au moment de l’élection de François Mitterrand… Même plus que ça. Avec Franck Le Witta, on a présenté Dernier Eté « Il s’agissait de parler de la mort, en s’inspirant de la manière particulière qu’a eue Mitterrand d’apprivoiser sa mort » Pourquoi avoir éliminé les jeux de cour autour du président, qui constituent une bonne part du livre de Georges-Marc Benamou ? Oui, c’est là que l’adaptation est totalement libre. Ma part est là. J’ai dirigé le scénario. J’ai dit à Gilles Taurand (coscénariste), à Franck Le Witta et à Georges-Marc Benamou : ça, ça ne m’intéresse pas, on le met de côté. Je disais que quand le scénario serait fini, je m’en irai une semaine et je ferai une version coco. Et de fait, j’ai retravaillé les grands blocs de discours et de questionnement politique. C’est le grand changement de cap par rapport au livre d’avoir dégagé tous les jeux de cour et d’être centré sur des tête-à-tête. Pourquoi ne pas évoquer non plus la montée du Front national, alors que vous l’avez très souvent fait dans vos films ? Je ne parle pas trop de stratégie et de tactique dans le film. Je ne parle que de la gauche, de l’union de la gauche, ce qui s’est passé entre 1971 et 1981, pas du maintien au pouvoir, de la proportionnelle. Au fond, il n’y a rien sur ce qui s’est passé après 1981, même pas l’état de grâce, les nationalisations, les 39 heures. C’est comme s’il mourait en 1981. C’est un film de fin de deuil ? Je ne sais pas. C’est mon prochain film qui répondra. Ça fait un moment que je trimballe tout ça, l’empêchement, la non-réalisation d’une société nouvelle. J’en porterai toujours le deuil et je ne le ferai jamais. Mon prochain film se passe en Arménie, je vais parler de la fin de l’Union soviétique et du début du capitalisme. Propos recueillis par Thomas Sotinel Comment la Californie a élu gouverneur un nommé Schwarzenegger AU MOMENT où un ancien président de la République français débarque dans les champs de la fiction, un ancien héros de superproductions hollywoodiennes fait irruption du côté du documentaire. Arnold à la conquête de l’Ouest raconte comment Arnold Schwarzenegger est devenu gouverneur républicain de Californie en 2003, profitant de la procédure de révocation du gouverneur démocrate, Gray Davis, élu quelques mois plus tôt. La journaliste britannique Alex Cooke est partie vers l’Ouest, nantie d’une lettre d’accréditation signée de la BBC. Ce qu’elle rapporte dans son film, nous l’avons lu, entendu ou vu à l’époque. Mais c’est le mérite du documentaire que de relier entre eux des éléments qui étaient alors livrés en vrac. Ça s’appelle le montage, et Alex Cooke fait ici la démonstration de son utilité dans la compré- hension du monde. On comprend mieux comment un gouverneur démocratiquement élu, dans l’un des plus grands Etats de la plus ancienne démocratie du monde, a pu se voir retirer son siège. Comment, surtout, le débat politique a été masqué par le cirque qu’a suscité la procédure de révocation. Aux termes de celle-ci, tout citoyen de l’Etat de Californie avait le droit de se présenter, ce que firent quelques originaux, une star du porno, une vedette déchue (l’acteur qui jouait Willie dans le feuilleton Arnold et Willie) et une poignée de fanatiques religieux. Cette brochette était si appétissante qu’une chaîne de télévision a embauché quelques prétendants au siège de gouverneur pour les faire participer à une émission inspirée à la fois de « Star Academy » et du « Maillon faible ». Et c’est là, le film le montre bien, que Schwarzenegger a démontré la Les Conséquences de l’amour, de Paolo Sorrentino supériorité du cinéma sur la télévision. Face à ces célébrités mineures, il fait donner toute la puissance de feu de son statut de star. Lorsqu’il participe à un débat télévisé avec des concurrents un peu plus sérieux que ceux déjà évoqués, il les prend à partie avec une grossièreté et une brutalité incroyables. Mais il a joué assez de militaires courageux et de policiers durs à cuire pour lâcher ses répliques avec la décontraction nécessaire, réduisant ses interlocuteurs au rang de figurants à peine intelligents. techniques hollywoodiennes Plus tard, on voit comment la communication du candidat Schwarzenegger emploie les techniques hollywoodiennes : interviews d’une durée ridiculement courte, liste de questions à ne pas poser ou de journalistes à exclure. En voix off, Alex Cooke aligne des commentaires désabusés, b d’autant plus qu’elle se sent parfois près de succomber aux charmes d’Arnie, tant celui-ci fait preuve d’habileté à éviter tout ce qui pourrait ressembler à une prise de position politique tout en déployant des pouvoirs de séduction qu’aucun réalisateur n’a jamais vraiment exploités. Ce documentaire vient bien tard, après ce qui ressemble à une surdose de films « de gauche » ou « libéraux » consacrés à la vie publique aux Etats-Unis. Mais ce serait une erreur d’y voir un simple film militant. Arnold à la conquête de l’Ouest est surtout une image saisissante d’un nouvel effacement de la frontière, toujours plus ténue, entre la politique et le divertissement. T. S. Documentaire britannique d’Alex Cooke. (1 h 20.) Un homme de main échoue à changer sa vie On ne s’arrache pas au train-train de la Mafia QUI SONT ces hommes que l’on croise dans les hôtels de luxe et qui semblent trimballer leur raison d’être dans leur petite mallette ? A quoi peut ressembler la vie privée d’un homme d’affaires en perpétuel transit ? Comment est-il en dehors de ces heures de travail qui le transforment en somnambule de l’économie libérale ou automate du capital ? Epiant les faits et gestes de l’un de ces fonctionnaires en costume cravate, la cinquantaine impassible, les yeux perdus dans le vague derrière ses lunettes austères, absent au monde, Paolo Sorrentino réussit à intriguer pendant un bon tiers de son film sans donner accès aux clés qui permettraient de percer le mystère de cet homme rigoureux, qui semble très bien payé pour ne pas faire grand-chose, sinon sacrifier à un rituel précis, minuté, vital. Résident, ou otage, dans un hôtel suisse, impénétrable, il consacre ses journées à des entrevues furtives, réglées d’avance : recevoir des hommes qui lui refilent un attaché-case, aller porter de grosses sommes d’argent à la banque, juste en face, de l’autre côté de la place, où il est connu comme le loup blanc. Surtout : attendre. Subir l’écoulement du temps, lentement. Les récréations sont fugaces : une piqûre d’héroïne, une halte au bar du palace, où officie une jolie barmaid. Le mystérieux monsieur de l’hôtel (Toni Servillo) n’a d’autre choix, au final, que de se laisser liquider. dr éric moulin / film oblige Arnold à la conquête de l’Ouest, d’Alex Cooke b Filmé en 2003 par une journaliste de la BBC, ce documentaire illustre l’effacement de la frontière entre politique et divertissement C’est par elle que va jaillir le désordre. Apparemment imperméable aux sentiments et méfiant par profession (on comprend au fil des séquences qu’il est lié à la Mafia, un rouage stratégique pour le blanchiment de l’argent), ce sinistre individu ressemblant à s’y méprendre à un politicien de la Démocratie chrétienne se risque à accomplir « le geste le plus courageux de sa vie » : il communique avec la fille, en tombe amoureux, trouve un plan pour filer avec elle en bernant ses chefs. avec buzzati Filmant avec un indéniable souci esthétique, multipliant les travellings dans le lieu clos, glacé, symbole d’enfermement, où végète le porteur de valises, Paolo Sorrentino Chok Dee, de Xavier Durringer b pourrait n’être crédité que pour sa dextérité dans l’exercice de style. Mais Les Conséquences de l’amour sont mieux que cela : l’illustration, à rebondissements romanesques, de la vacuité d’une existence réduite à un inlassable train-train, des journées mortes, des portes fermées. Le mode de récit (la voix off du sphynx livrant ses impressions à la première personne, seul indice permettant ne pas le confondre avec un automate) renforce son approche littéraire. Le quotidien muré de ce roi sans divertissement semble inspiré par l’univers de l’écrivain Dino Buzzati, ses réflexions désabusées sur le sens de la vie. Dès lors, si l’on reçoit cette chronique des derniers jours d’un homme pétrifié comme un hommage à l’auteur du Désert des Tartares, les trafics de mallettes et menaces de mafieux patibulaires sont de presque inutiles accessoires. Condamnée à cause d’une perturbation infime (une sonnerie de portable, indice d’humour dans ce monde fantomatique), l’idylle qui précipite sa chute pourrait n’être qu’un improbable rêve d’évasion. Elle rappelle Un amour, roman de Buzzati, où la passion d’un notable pour une petite prostituée le mène à sa perte. Il ne s’agit ici que de l’attente immobile d’un homme qui espère voir venir quelqu’un de susceptible de l’arracher à sa prison intérieure, lui faire miroiter la possibilité d’un nouveau destin, l’éventualité d’un surgissement de surprises. Le mystérieux monsieur de l’hôtel n’a pas d’autre choix, au final, que de se laisser liquider : ni la désillusion du rendez-vous manqué ni la perspective de continuer à faire le cloporte alors qu’il a perçu l’espoir de s’envoler ne peuvent plus l’éloigner de ce faux suicide subi comme un ultime pied de nez. Coulé vivant dans le ciment frais, il retourne de son univers monacal au sable, à la poussière, à l’univers minéral, sa fatalité. J.-L. D. Film italien. Avec Toni Servillo, Olivia Magnani, Adriano Giannini. (1 h 40.) Entre romanesque et documentaire, l’ascension de Dida Diafat La porte de la légende ouverte à coups de boxe thaïe CHOK DEE est, en même temps que le troisième long métrage du cinéaste et metteur en scène de théâtre Xavier Durringer (La Nage indienne, 1992 ; J’irai au paradis car l’enfer est ici, 1996), l’un des films les plus curieux et attachants du moment. Adapté du livre de Dida Diafat (Dida, de l’enfer de la banlieue à Hollywood, éd. Canal+, 1999), onze fois champion du monde de boxe thaïe et interprète de son propre rôle dans le film, il se nouveaux films Constantine Nouvelle adaptation d’une BD (la série « Hellblazer »), Constantine met en scène un héros à qui l’on confère quelques attributs vaguement paradoxaux. Une sorte de super-exorciste, chargé, pour gagner le ciel, de combattre diverses manifestations diaboliques (en général, des démons restitués à coup de trucages numériques). C’est Keanu Reeves qui l’incarne, adoptant une posture de cynique désinvolte, fumeur invétéré et cancéreux, d’un stoïcisme « cool » avant que le scénario ne remette son habitude tabagique dans le droit chemin. Ce qui amuse un temps, ici, c’est un partage entre la tentation du romanesque et la reconstitution documentée de l’itinéraire de son acteur principal. Le premier de ces chapitres s’ourdit au risque délibéré du kitsch : la rédemption de Ryan le mauvais garçon (Dida) par l’apprentissage de la boxe, l’exotisme du paysage et des mœurs asiatiques, la mystique appuyée du sacrifice de soi, l’omniprésence de la mafia locale, qui menace son père spirituel (Ber- univers déterminé par une vision catholique de la damnation, du ciel et de l’enfer, des anges et des démons. Mais cette représentation d’une stricte littéralité du dogme illustre un déroulement progressif des événements vers n’importe quoi. Notamment une apparition ridicule du diable lui-même, dandy en costume blanc incarné par Peter Stormare, débitant une série de fadaises. Un nanar coûteux, quoi. – J.-F. R. Film américain de Francis Lawrence. Avec Keanu Reeves, Rachel Weisz, Tilda Swinton. (2 h 01.) Le Fil de la vie ; Mon beau-père, mes parents et moi : la critique de ces films paraîtra dans une de nos prochaines éditions. a nard Giraudeau) venu réclamer une ancienne dette, et le dangereux amour qui le rapproche de la fille de ce dernier, sublimissime Eurasienne digne d’un James Bond. D’un autre côté, au cœur même de cette aventure aux étapes par trop repérables, il y a un documentaire sur un homme qui s’est refait, nommé Dida, lequel refait justement pour les besoins du film, sous les oripeaux d’un personnage baptisé Ryan, le chemin semé d’embûches qui l’a mené de la petite délinquance à l’ascèse, non moins violente, de la boxe thaïe et de la compétition au plus haut niveau. visage affûté, geste qui tue Cette partie du film est a priori autrement plus convaincante. Ses vertus prennent la physionomie du héros : visage affûté comme une lame de couteau, démarche sensuellement chaloupée, regard qui vrille, geste qui tue. Une présence de haute intensité, d’une évidence tranchante, alliant la précision à l’efficacité, la volonté à la force, la naïveté à la perversité. La tentation est donc grande d’exalter l’acteur pour mieux reje- ter le film, en prétendant que celuilà n’existe qu’en vertu de celui-ci. Ce serait une erreur de le croire, puisque l’acteur existe précisément comme tel – dans la transcendance de l’œuvre qu’il est censé servir – grâce au film et au contraste que celui-ci met délibérément en scène, notamment entre documentaire et fiction. Comme si l’eau de rose amoureuse, la touche inaboutie de film noir, la prévisible assomption mélodramatique, le tribut attendu à la spiritualité asiatique, constituaient autant de figures attendues, d’éléments légendaires destinés à polir en même temps qu’à révéler, par contraste, le sujet brut, réel, palpitant de cette histoire : Dida. L’histoire d’un enfant de l’immigration maghrébine devenu loubard et hissé à la force de sa volonté et de ses poings jusqu’à une réussite à ce point improbable qu’elle le fait entrer vivant dans le domaine de la légende. Jacques Mandelbaum Film français. Avec Dida Diafat, Bernard Giraudeau, Florence Vanida Faivre, Lakshan. (1 h 45.) LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/27 CULTURE cinéma La Maison de la culture du Japon, à Paris, célèbre le travail des studios de la Toei Animation Avec un documentaire libanais, une fiction palestinienne, deux films rappelant la seconde guerre mondiale, le cinéma présenté à la Berlinale disparaît derrière ses sujets Le cinéma d’animation japonais entre poésie et revendication politique Du Moyen-Orient au souvenir de Dresde, le Festival de Berlin dans l’intimité de l’enfer tendresse familiale Dans Sarutobi Sasuke, le jeune ninja (1959), du même Taiji Yabushita, on trouve aussi une nuée de petits animaux attendrissants, notamment un faon qui a la malchance d’être enlevé par un aigle. Ces films appartiennent à la veine la plus douce – qui convient parfaitement aux jeunes enfants – de l’animation de cette époque. Certes, Sarutobi Sasuke, ce jeune ninja sympathique, doit venir à bout d’une méchante sorcière, mais une fois sa tâche accomplie, il revient à un monde rassurant, tout de couleurs pastel et de tendresse familiale. D’autres auteurs profitent au contraire de la liberté absolue qu’offre le cinéma d’animation pour exprimer des préoccupations collectives, une angoisse générationnelle. des forces mauvaises Dans Le Vaisseau fantôme volant (1969), dont le graphisme âpre est saisissant, Hiroshi Ikeda dénonce les dangers de l’industrialisation et de l’influence américaine : son jeune héros doit affronter Ghorem, un robot monstrueux qui détruit tout sur son passage, et se méfier d’un soda sucré, le Boa juice, qui ressemble étrangement au Coca-Cola. Avec Horus prince du Soleil (1968), Isao Takahata évoque la guerre du Vietnam alors en cours grâce au personnage d’une jeune fille possédée par des forces mauvaises : comme un appelé du contingent, elle ne souhaite pas d’elle-même commettre l’irréparable, mais y est poussée par une puissance qui la domine. En bonne logique, vu cette orientation politique, la programmation comporte aussi un volet destiné aux adultes et aux adolescents, avec un hommage à l’univers sombre de l’animateur Yoji Kuri, dont six courts métrages interdits aux moins de 12 ans seront projetés. Florence Colombani Du 16 février au 5 mars 2005. Maison de la culture du Japon, à Paris, 101 bis, quai Branly, Paris-15e. Mo BirHakeim. Tél. : 01-44-37-95-01. Site Internet : www.mcip.asso.fr. Tarif unique : 4 ¤. Disponibles en DVD chez Wild Side Vidéo : Le Serpent blanc, Horus prince du Soleil, Le Chat botté et Les Joyeux Pirates de l’île au trésor. Le dispositif est un succès, mais reste sous la surveillance de la Commission européenne Le crédit d’impôt cinéma a permis de relocaliser des tournages en France UN AN APRÈS, l’impact du coup de pouce fiscal accordé le 30 décembre 2003 aux producteurs de cinéma se fait sentir : des équipes de tournage sont revenues en France. Selon le Centre national de la cinématographie (CNC), le nombre de semaines de tournage sur le territoire français de « films d’initiative française » (majoritairement financés par des capitaux français) a augmenté de 128 semaines (passant de 785 à 913) entre 2003 et 2004. Parallèlement, les tournages délocalisés à l’étranger se font moins fréquents : 566 contre 317. Du coup, la proportion de longs-métrages d’initiative française tournés en France est passée de 58,1 % à 74,2 %. Ce crédit d’impôt au titre des dépenses cinématographiques bénéficie, depuis l’adoption de la loi de finances pour 2004, aux producteurs de films à condition qu’ils engagent leurs dépenses en France. Depuis le 1er janvier, ils peuvent déduire 20 % des dépenses de production de leurs impôts, sans dépasser 1 million d’euros. Un système de points permet de déterminer quelles dépenses ouvrent droit au crédit d’impôt : pourvu qu’ils soient français, le recours à des techniciens ou à des ouvriers, à des industries techniques (studios de postproduction, laboratoires…), le choix du lieu de tournage, donnent des points dont l’addition ouvre droit à « l’agrément provisoire au crédit d’impôt ». Ce dispositif, lancé par l’ancien ministre de la culture et de la communication Jean-Jacques Aillagon, a rapidement séduit : en 2004, sur les 167 films d’initiative française agréés par le CNC, 111 ont fait l’objet d’une demande d’agrément provisoire de crédit d’impôt. « Les objectifs poursuivis – maintenir le volume de production des films français et relocaliser les tournages, tout en aidant les industries techniques –, ont bien marché », reconnaît Laurent Vallet, directeur général de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (Ifcic). « signal fort » Pour Thierry de Segonzac, coprésident de la Fédération des industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia (Ficam), il serait judicieux de faire bénéficier les producteurs étrangers de cette disposition. Il a fait une demande en ce sens le 27 janvier au ministre de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de Vabres, en affirmant qu’il s’agirait d’un « signal fort donné aux producteurs étrangers ». Mais le crédit d’impôt reste pour l’instant en sursis. L’avocat spécialisé Charles-Edouard Renault (du cabinet Gide, Loyrette, Nouel) rappelle que la Commission de Bruxelles a accordé un moratoire jusqu’en 2007 afin de déterminer la compatibilité de tels dispositifs avec les principes de libre concurrence et l’émergence de coproductions paneuropéennes. Plaidant pour le maintien du crédit d’impôt, l’avocat souligne que « ce sont précisément les aides au cinéma français qui permettent à la France d’avoir aujourd’hui la troisième production mondiale, après les EtatsUnis et l’Inde ». Nicole Vulser b BERLIN de notre envoyé spécial Deux films programmés l’un à la suite de l’autre par le Festival de Berlin, cet après-midi enneigé de la Saint-Valentin, lundi 14 février, emmenaient dans l’intimité de l’enfer. Partons de Massaker, un documentaire dans lequel s’expriment quelques-uns des bourreaux des camps palestiniens de Sabra et Chatila, au Liban, en 1982. Présenté parmi les documentaires de la section Panorama, Massaker est l’œuvre de deux Allemands, Monika Borgmann et Hermann Thiessen, et d’un Libanais, Lokman Slim. Ils ont retrouvé une demi-douzaine de ces hommes qui, du 16 au 18 septembre 1982, au lendemain de l’assassinat du président Bashir Gemayel, ont entrepris d’exterminer la population palestinienne des camps de réfugiés de Sabra et Chatila, abandonnée par les combattants qui avaient suivi Yasser Arafat dans son nouvel exil vers Tunis. Le film est fait des images et des paroles de ces assassins, membres des Forces libanaises (la milice dirigée par la famille Gemayel), qui, sans preuve, accusaient les Palestiniens de l’assassinat du président libanais. Dans des pièces mal éclairées, ils parlent et semblent ne jamais devoir s’arrêter. Ils cachent leurs visages. Et cette contrainte devient un parti pris de mise en scène. La caméra bouge, montre leur corps (ils sont souvent torse nu, ou en teeshirt), leurs mains, leurs pieds, leur silhouette. A moins de comprendre l’arabe, on est obligé, pour prendre connaissance de ce qu’ils disent, de lire les sous-titres. Cette accumulation de filtres pourrait assourdir le propos. Il n’en devient que plus insupportable. Au fil des séquences, on distingue celui qui semble jouir du souvenir du massacre, celui qui se ment à luimême en affirmant n’avoir tué que des combattants, celui qui se retranche derrière une description détaillée, documentée (il trace des schémas explicatifs de l’invasion du camp) ou celui qui ne se souvient que des cadavres de chevaux. Cet empilement de mots ressemble à un monceau de cadavres. Le film offre peu de consolations : ces hommes, protégés par une loi d’amnistie, semblent s’être condamnés dr ALORS QUE le dernier film de Hayao Miyazaki, Le Château ambulant, est encore sur les écrans, la Maison de la culture du Japon, à Paris, continue d’explorer les racines du cinéma d’animation japonais. Trois ans après une programmation consacrée aux pionniers, le temps est venu de célébrer le travail du grand studio auquel on doit les plus grands classiques du genre, la Toei Animation. Dans le Japon humilié de l’après-guerre, le modèle est ouvertement américain. C’est bien le système des studios Disney qu’imite la Toei pour son organisation pratique, la coordination de ses nombreux animateurs et même, à ses débuts, le choix des graphismes et des sujets. Adaptations de Perrault (Le Chat botté, 1969) et de Robert Louis Stevenson (Les Joyeux Pirates de l’île au trésor, 1971), musique entraînante, graphisme délicat. Le fameux Serpent blanc (1958), qui a l’honneur d’être le premier long métrage d’animation en couleur du cinéma japonais, rivalise avec Bambi dans le registre de la poésie champêtre. festival Dans « Paradise Now », Kais Nashef et Ali Suliman interprètent deux Palestiniens se préparant à un attentat-suicide. d’eux-mêmes à une vie tourmentée par le souvenir ; et au détour d’une phrase, on apprend qu’il s’est trouvé des miliciens des Forces libanaises pour préférer la désertion au massacre. Avec ses lumières nocturnes et sinistres, ses cadrages tronqués, Massaker fait jaillir une parole inadmissible et essentielle, celle des assassins impunis. comique cruel Sur l’autre plateau de la balance, celui de la fiction, il y a Paradise Now, du Palestinien de nationalité israélienne Hani Abou Assad. Le film, tourné en 2004 en Palestine et en Israël, suit deux amis de Naplouse « choisis » pour perpétrer un attentat-suicide à Tel-Aviv. Le jeune cinéaste a choisi les armes du thriller, il retourne les situations, tout en scandant son film de longs dialogues, qui énoncent les termes du débat dans la société palestinienne. Mais ce sont quelques intermèdes au comique cruel qui nous frappent : l’enregistrement du message d’adieu des deux jeunes gens ; la visite dans une boutique où l’on vend des cassettes vidéo de ces mêmes messages, mais aussi des confessions des collaborateurs avant leur exécution. Pour le reste, lorsqu’il s’agit d’affronter la LES MEILLEURES ENTRÉES EN FRANCE Nombre de semaines d’exploitation Nombre d’entrées (1) Nombre d’écrans TOTAL depuis la sortie 850 701 1 850 701 664 H 2 Espace détente 2 374 478 572 J - 35 % 1 075 509 3 Aviator 3 231 025 661 J - 25 % 1 266 363 4 La Marche de l’Empereur L’ex-femme de ma vie 3 225 571 471 J - 18 % 1 022 859 2 202 617 383 J - 34 % 573 901 6 Danny the dog 2 179 312 474 J - 38 % 529 366 7 Pollux, Le manège enchanté 2 148 583 498 J -3% 338 343 8 Bob l’éponge Le Film 1 136 642 367 H 136 642 9 Coup d’éclat 1 115 737 239 H 115 737 Sideways 1 103 639 135 H AP : Avant-première 103 639 * Estimation Avec une armada de 664 salles, Iznogoud engrange les entrées – plus de 850 000 sur cinq jours – et affiche une moyenne par copie sans égale actuellement. La comédie de Patrick Braoudé détrône celle des assoiffés de Café dxe M6, Espace détente, qui reste toutefois à un haut rendement (655 entrées par copie). Sideways peut aussi faire trinquer les verres ; il enregistre un bon démarrage, petitement exposé (135 copies) mais avec des salles bien remplies (768 entrées par copie). Autre film d’auteur potentiellement porteur, Vera Drake, de Mike Leigh, se révèle moins performant, avec 53 482 entrées sur 100 copies. Son sujet (la condamnation d’une avorteuse londonienne en 1950) aura découragé le public. C’est dommage pour ce très beau film qui a obtenu le Lion d’or à Venise. L’effet vacances se fait sentir pour Pollux, stable sur un parc stable, et pour le démarrage de Bob l’éponge, deux films pour les plus jeunes spectateurs. La Marche de l’empereur (+ 14 copies) et La Voix des morts (+ 3 copies) faiblissent peu. Tous deux évoluent de plus à un haut rendement par copie, à l’instar de L’Ex-Femme de ma vie (529 entrées par copie, une chute de 48 % par rapport à la semaine passée). Source : Ecran Total T. S. EUROPE : le budget que l’Union européenne consacre au plan Média de soutien au cinéma devrait être porté à « 700 ou 800 millions d’euros » pour la période 2007-2013, a estimé la commissaire européenne à la culture, la Luxembourgeoise Viviane Reding, de passage au Festival de Berlin, lundi 14 février. Le plan Media plus 2001-2006 a bénéficié d’un budget de 400 millions d’euros. Ce plan est destiné à aider la conception des films européens et leur distribution dans les pays de l’UE en excluant tout soutien à la production. La commissaire a par ailleurs annoncé que la journée de l’Europe du prochain Festival de Cannes (du 11 au 22 mai) réunirait les 25 ministres de la culture de l’UE, sur le thème « Cinémas d’Europe et société de l’information ». a Un Lion d’or doit être décerné à Hayao Miyazaki au prochain Festival de Venise, qui aura lieu du 31 août au 10 septembre, pour l’ensemble de sa carrière. Le nouveau film du grand maître de l’animation japonaise, Le Château ambulant, qui vient de sortir sur les écrans français et doit être projeté aux Etats-Unis dans le courant de l’année, avait reçu un prix technique lors de sa présentation à Venise en 2004. a FESTIVAL DE MONTRÉAL : Moritz de Hadeln, ancien directeur des Festivals de Berlin et de Venise, vient d’être nommé à la tête du Festival international de films de Montréal, dont la première édition est prévue pour octobre 2005. – (AFP.) a Évolution par rapport à la semaine précédente Iznogoud 10 tion et de l’extermination des juifs de Hongrie – de son premier roman, Fateless tranche brutalement le débat sur la représentation du génocide des juifs d’Europe, en choisissant de tout montrer (sauf l’intérieur des chambres à gaz) avec les moyens du cinéma de fiction : figuration, costumes, maquillage et effets spéciaux. Réalisé par Lajos Koltai (jusqu’ici directeur de la photo), le film reprend jusqu’au suspense des douches (qu’en sortira-t-il, de l’eau ou du gaz ?) utilisé par Spielberg dans La Liste de Schindler. Le propos de Kertesz reste à peine audible, grâce au texte en voix off et au découpage du scénario, quand il n’est pas noyé par la musique grandiloquente d’Ennio Morricone. Cette disparition du cinéma derrière les sujets devient la marque d’une compétition qui a eu pour l’instant bien besoin des deux films français (Le Promeneur du Champde-Mars, de Robert Guédiguian, et Les temps qui changent, d’André Téchiné) et de la jolie adaptation d’un opéra en langue xhosa (U-Carmen eKayelitsha, de Mark Dornford May) pour tenir son rang d’événement international. dépêches 1 5 tragédie, Paradise Now, film en compétition, peine à mouvoir son sujet et à émouvoir. Cet empêchement se retrouve, exacerbé jusqu’à l’échec, dans deux autres films de la compétition, dont la projection coïncidait avec le soixantième anniversaire du bombardement de Dresde. Sophie Scholl, les derniers jours, de Marc Rothemund, retrace l’arrestation, l’interrogatoire, le procès et l’exécution en 1943 de la jeune résistante allemande membre du groupe La Rose blanche, fleur adoptée comme symbole des commémorations de la destruction de Dresde. Adossé aux procès-verbaux récemment exhumés des archives de la République démocratique allemande, le scénario prétend à une reconstitution distanciée pendant que la mise en scène ne refuse pas les effets dramatiques. Si l’on ne peut contester l’intérêt de la relation d’un épisode historique, il ne faut pas chercher là une compréhension nouvelle d’un personnage ou d’un régime politique. Après sa libération du camp de Buchenwald, le personnage principal de Fateless traverse la ville de Dresde en ruine. Pourtant adapté par le Prix Nobel de littérature Imre Kertesz – survivant de la déporta- (1) Période du 9 au 13 février inclus 28/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 médias Soirée de mobilisation pour la libération de l’envoyée spéciale de « Libération » Florence Aubenas, son guide Hussein Hanoun et la journaliste italienne Giuliana Sgrena, détenus en Irak Les syndicats et la direction en désaccord sur la place de la rédaction nationale A l’Olympia, artistes, politiques et public expriment leur soutien aux otages Les journalistes de France 3 sont appelés à une grève de 24 heures « POUR FLORENCE, Hussein et Giuliana ». Lundi 14 février, ils étaient les vedettes dont les noms brillaient en lettres de néon rouges au fronton de l’Olympia, à Paris. Quinze jours après la soirée au Théâtre du Rond-Point des ChampsElysées, le music-hall accueillait 2 000 personnes venues assister au concert de soutien organisé par Libération et Reporters sans frontières (RSF) pour Florence Aubenas, son guide Hussein Hanoun, tous deux disparus le 5 janvier à Bagdad, et pour Giuliana Sgrena, collaboratrice du quotidien italien Il Manifesto, enlevée le 4 février dans la capitale irakienne. Tout au long de la soirée, Pierre Lescure, l’ex-PDG de Canal+, a égrené les chiffres du lourd tribut payé par les journalistes dans le monde. Pendant près de quatre heures, ont défilé sur la scène décorée par les portraits des disparus une centaine d’artistes. Charles Aznavour, Maxime Le Forestier, Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, Yves Simon, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Zazie, Arielle Dombasle ont, entre autres, mêlé leurs voix à celles de Rachid Taha, Cheb Mami, de Farida Muhamed Ali, chanteuse chiite qui a interprété Bagdad. De son côté, le chanteur irakien Fawzy Al-Aiedy, qui n’a « pas vu l’Irak et sa mère » depuis vingtcinq ans, a rappelé qu’« il est important de chanter pour cette liberté d’expression pas respectée depuis longtemps en Irak ». Accords de musique et accents d’émotion. Avant le concert, Benoît Aubenas, le père de Florence, a rappelé que, quarante jours après la disparition de sa fille et de son guide, les familles sont « toujours dans le silence et l’attente ». « Quarante jours, c’est long, c’est trop long », a-t-il dit. Autre souffrance, celles des fem- LE MALAISE grandit à la rédaction de France 3. Un vote négatif, en septembre 2004, sur la nouvelle orientation des journaux décidée par Ulysse Gosset, directeur de la rédaction nationale, a été suivi d’une motion de défiance à son encontre lancée le jeudi 6 janvier à l’initiative de la Société des journalistes (SDJ) et votée à plus de 70 % par ces derniers. Les syndicats CGT et SNJ de la chaîne publique appellent les journalistes de la rédaction nationale à un arrêt de travail de 24 heures, mardi 15 février. Cet appel à la grève fait suite à une rupture de négociations entre syndicats et direction à propos du « grand chantier de réflexion » sur la place de la rédaction nationale au sein de France 3. Devant faire l’objet d’un protocole d’accord, cette réflexion porte sur le projet éditorial, l’organigramme de la rédaction et « la part variable » de salaire pour les cadres. Pour justifier leur départ de la table de négociation, les syndicats expliquent que « la rédaction est en trop mauvais état pour que des organisations syndicales responsables puissent négocier des bases d’avenir, alors que le présent est sous hypothèque ». Même si elles ne prononcent pas son nom, les organisations syndicales ont en ligne de mire Ulysse Gosset à qui, il y a un mois, la direction générale de France 3 a confirmé son soutien à la direction de la rédaction nationale. Elles soulignent son « illégitimité » après les deux votes négatifs à son encontre et font remarquer que Patrice Papet, directeur des ressources humaines Société de France 3, est de plus en plus présent au côté du directeur de la rédaction. M. Papet est même venu dernièrement assister à une conférence de rédaction en expliquant qu’il « souhaitait se rendre compte par lui-même de l’état de la rédaction ». Mais, pour le SNJ et la CGT, Noël Mamère, Jack Lang. Tous ont vanté les qualités professionnelles de Florence Aubenas. Venue spécialement de Rome, Luciana Castellina, une des cofondatrices d’Il Manifesto, a souligné « le courage » des deux femmes journalistes issues de deux quotidiens « nés dans les racines de Mai 68 » Au côté de Marc Tronchoy (Europe 1), de François d’Orcival (Fédération de la presse française), Hervé Brusini (France 3) a lancé « un appel pour que les journalistes soient dotés d’une convention internationale », à l’image de celle de 1949 de Genève pour donner un statut aux correspondants de guerre. Une idée qui fait déjà son chemin en Europe. afp avoir des gardes du corps Charles Aznavour, comme de nombreux artistes, était présent sur scène. mes de Frédéric Nérac, cameraman français disparu en Irak le 2 mars 2003, et de Guy-André Kieffer enlevé à Abidjan en Côte d’Ivoire le 16 avril 2004. « La douleur est encore plus importante en l’absence du soutien des médias et des autorités », ontelles déclaré. Serge July, PDG de Libération, a souligné l’importance de la mobilisation à travers le pays, et même au-delà des frontières. « Il faut faire vivre l’exigence du retour des otages. C’est un impératif catégorique. Le mouvement d’opinion doit former un bouclier avec les ravisseurs de telle dépêches sorte qu’il soit difficile d’attenter à leurs vies », a-t-il dit. « Aux diplomates le silence, à nous le maximum de tapage et de bruit », a renchéri le secrétaire général de RSF, Robert Ménard, en indiquant que la radio RMC Moyen-Orient retransmettait le concert en direct, en Irak. Manifestant leur soutien, plusieurs hommes politiques ont tenu à être présents. Parmi eux, Nicolas Sarkozy accompagné de son épouse Cécilia, Lionel Jospin et Sylviane Agacinski, François Hollande et Ségolène Royal, Jean-Paul Huchon, Avant le concert, Jean Hatzfeld, ex-grand reporter de Libération, confiait être « assez optimiste » sur le dénouement, mais « très mal à l’aise » depuis le début de cette campagne. « Il y a une ambiguïté dans ce genre de soirée “people” comme pour le tsunami. Mais ne rien faire serait un risque énorme. Ce qui me panique, c’est le retour. J’appréhende qu’elle soit marquée à jamais comme otage à Bagdad. » Serge July a annoncé que les directeurs de rédaction des principaux titres nationaux seraient reçus mercredi par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Patron de l’agence Capa, Hervé Chabalier a décidé de continuer à envoyer des journalistes en Irak. « On doit faire évoluer notre façon de travailler. Si, pour obtenir de l’info, il faut avoir des gardes du corps, on le fera. Je préfère avoir un journaliste à l’hôtel à Bagdad proche de l’action plutôt qu’à Paris dans une salle de rédaction », dit-il. Daniel Psenny et Macha Sery M. Gosset reste responsable « du climat délétère » au sein de la rédaction et de l’état du personnel « au bord de la crise de nerfs ». « La direction se montre dans l’incapacité de gérer la crise actuelle, de stopper la dégradation de nos conditions de travail et son attitude menace l’antenne », écrivent les deux syndicats dans un tract distribué à l’ensemble du personnel. Dans un communiqué publié lundi, la SDJ indique que, « pour des raisons qui lui appartiennent, la présidence de France Télévisions n’a pas souhaité entendre le message, clair et sans « Climat délétère » au sein de la rédaction et personnel « au bord de la crise de nerfs » équivoque, envoyé par les journalistes de la rédaction le 6 janvier. Il est de la responsabilité de chacun de continuer à manifester en son âme et conscience son profond désaccord, afin d’être – enfin – entendu ». La direction générale de la chaîne indique « que sa porte reste grande ouverte pour reprendre les négociations ». En janvier, dans une lettre adressée au personnel après le vote de la motion de défiance, M. Gosset a rappelé les investissements qu’il prévoyait en 2005 : embauche de CDD, augmentation du budget, programmation d’émissions spéciales et politique éditoriale ambitieuse. Malgré l’appel à la grève, la direction de la chaîne affirme que les éditions des journaux de la mi-journée et du soir seront diffusées. D. P. La chaîne cryptée lance Canal+ Le Bouquet le 5 mars et augmente son tarif de 2 euros CANAL+ : le groupe de télévision à péage a indiqué, lundi 14 février, qu’il réfléchissait à l’opportunité de déposer un recours après que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a donné son feu vert au rachat de la chaîne TMC par TF1 et AB Groupe (Le Monde du 12 février). a MATCH TV : le groupe Lagardère a rendu l’autorisation d’émettre sur la partie payante de la télévision numérique terrestre (TNT) de sa chaîne thématique Match TV. Cette restitution est intervenue après que Groupe Canal+ a choisi de rendre les autorisations de deux de ses chaînes, Comédie ! et Cuisine TV (Le Monde du 12 février). a FRANCE 2 : la société de production audiovisuelle A Prime, présidée par Dominique Ambiel, ex-conseiller en communication du premier ministre Jean-Pierre Raffarin, proposera le 18 avril au Théâtre des Variétés, à Paris, une représentation de la pièce de Feydeau Un fil à la patte. Les rôles seront tenus par des animateurs de France 2, dont Eve Ruggieri et Marie-Ange Nardi. a CSA : François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, a souhaité, samedi 12 février, que le mode de nomination des membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit profondément remanié en y associant mieux le Parlement. a BVP : une quinzaine de militants anti-pub ont envahi vendredi 11 février les locaux du Bureau de vérification de la publicité (BVP) et l’ont occupé pendant trois heures, avant d’être évacués par la police. Ces membres d’un collectif parisien baptisé les « Publicitaires » ont réclamé la suppression du BVP, qui « n’existe que pour justifier le système publicitaire en lui donnant un semblant d’éthique ». De son côté, le BVP a protesté contre ce qu’il a qualifié « d’intolérable agression ». a MAURY : le groupe d’impression de magazines, de livres et de catalogues a annoncé lundi 14 février le rachat de Roto France Impression, dont le site de production se trouve à Lognes (Seine-etMarne). Maury dispose désormais de 38 rotatives offset, réparties dans 6 centres de production installés en France. a « CAPITAL » : François Genthial est nommé rédacteur en chef du mensuel économique du groupe Prisma. Il succède à Jean-Joël Gurviez, éditeur de Capital et Management, qui devrait se consacrer au redressement de ce mensuel. Capital est vendu à plus de 358 650 exemplaires chaque mois (diffusion payée, OJD 2003-2004), Management à 85 650 exemplaires. a Sur , mardi soir à 22h30, Rideau Rouge : Tsunami, cinquante jours après. Claude Sérillon propose de poursuivre le travail d’information sur cette catastrophe à travers les reportages de son équipe et les analyses d’experts internationaux. Plus d’infos sur www.tv5.org Canal+ se compose un bouquet de 5 chaînes numériques LA CHAÎNE cryptée a présenté, lundi 14 février, sa nouvelle offre de programmes destinée à ses abonnés en mode numérique. A partir du 5 mars, Canal+ se divise en cinq chaînes quasi autonomes. La chaîne cryptée a obtenu l’autorisation d’introduire jusqu’à 33 % de programmes propres dans chacune de ses déclinaisons numériques. Jusqu’à aujourd’hui, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Canal+ Confort n’étaient que des chaînes de rediffusions à des horaires décalés des programmes de Canal+. Dès mars, Canal+ en numérique sera agencé comme une sorte de mini bouquet baptisé logiquement Canal+ Le Bouquet. La nouvelle offre sera déclinée via cinq chaînes. Autour du navire amiral Canal+ viendront s’arrimer Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Canal+ Décalé et Canal+ High Tech. Selon Bertrand Méheut, PDG de Groupe Canal+ : « Chacune de ses cinq chaînes aura son identité pro- pre. Cela nous permettra une meilleure valorisation de nos droits premiums. » Pour le coup, la direction de la chaîne cryptée devrait investir de « 20 à 30 millions d’euros supplémentaires dans de nouveaux programmes, principalement dans du cinéma », ajoute Rodolphe Belmer, directeur général délégué de Canal+. Canal+ Cinéma viendra compléter l’offre de cinéma de Canal+, en proposant chaque année plus de cent films récents ou de première exclusivité. Cette chaîne proposera aussi, le dimanche soir, un magazine de cinéma. Et, première pour Canal+, « Le Cercle » – animé par Daphné Roullier et des chroniqueurs spécialisés – pourrait se permettre d’être parfois critique à propos de certains films financés et diffusés par Canal+… Dans la même veine, Canal+ Sport sera l’occasion de mettre à l’antenne l’intégralité des droits sportifs acquis par la chaîne cryptée. L’exclusivité (le « premium ») « sera sur Canal+ Sport, le reste sera sur Sport + », la chaîne sportive de CanalSatellite, détaille M. Belmer. Canal+ Décalé aura pour tâche de rendre « plus visible la programmation de Canal+ ». Enfin, Canal+ High Tech sera le lieu de la mise en œuvre de « toutes les nouvelles technologies du groupe », comme le 16/9, le Dolby stéréo ou la haute définition. mauvaise surprise Pour les abonnés, cette arrivée du Bouquet se double d’une mauvaise surprise. Fin mars, Canal+ Le Bouquet augmentera de 2 euros pour s’établir à 31,90 euros. Une manière d’éponger en partie les 600 millions d’euros qui seront versés chaque année pendant trois ans pour les droits du football. Les 2 euros supplémentaires devraient rapporter plus de 50 millions d’euros par an. Surtout ce nouvel emballage de la chaîne cryptée a pour « objectif d’accélérer les abonnements » en numérique, prévoit M. Méheut. En 2005, le PDG attend 250 000 abonnés numériques supplémentaires, dont une bonne partie sera des transferts des souscripteurs analogiques, qui représentent aujourd’hui 2,6 millions des 4,9 millions d’abonnés à Canal+. Outre la barre des 5 millions, M. Méheut prévoit de passer le seuil des 50 % d’abonnés en numérique dès cette année. A terme, Le Bouquet pourrait ternir l’attrait de CanalSatellite. Mieux : Canal+ pourrait enrichir son bouquet à l’avenir en développant « une offre premium sur chacun des thèmes forts, attractifs », analyse M. Belmer. Une manière d’inciter le groupe Lagardère à échanger sa participation de 34 % dans CanalSatellite contre une part de Groupe Canal+. D’ailleurs, des « discussions sont en cours » entre les deux groupes, signale la direction de Canal+. Guy Dutheil do m i n i q u e dh o m br e s Diableries, kung-fu et fraternité virile ALEXANDRE DUMAS aurait probablement du mal à reconnaître ses petits au milieu de toutes ces diableries, sans compter les effets spéciaux. Mais, au bout du compte, il y a de l’élan, et même du panache dans ce D’Artagnan et les trois mousquetaires, de Pierre Aknine, dont TF1 diffusait lundi soir la première partie. Vincent Elbaz a le petit grain de folie sans lequel le présomptueux cadet de Gascogne au sourire ravageur ne serait qu’un fat. La scène inaugurale de l’amitié entre les trois mousquetaires, qui deviennent quatre, comme on sait, est rondement menée après un combat virevoltant dans un tripot contre les gardes du cardinal. Le fameux cri « Un pour tous, tous pour un ! » est poussé avec toute la conviction nécessaire et nous voici partis une fois de plus à la poursui- te des ferrets de diamants que la reine a bien imprudemment confiés, en gage d’amour, au duc de Buckingham. Les violons du bal sont rouges et bombés comme les jambons de l’aubergiste, et réciproquement. Pour se rendre en Angleterre, d’Artagnan rame tout seul dans sa barque jusqu’aux falaises de Douvres. Et la robe, rouge également, de Milady, s’allie très bien à la pourpre cardinalice de Richelieu. Ce qui intrigue évidemment, c’est le pacte, nullement prévu par Alexandre Dumas, que Milady est censée avoir conclu avec le diable. Cela nous vaut bien des éclairs dans le ciel et bien des cercles de feu sur le sol. Sans ces épices contemporaines, les maîtres queux de TF1 jugeaient sans doute que le plus célèbre récit d’aventures du XIXe siècle restait trop fade. On est prêt, de toute façon, à croire les yeux fer- més tout ce qui sort des lèvres pulpeuses d’Emmanuelle Béart, diabolique ou pas. Et puis on s’habitue très vite à ce que les personnages de Dumas sautent hardiment du haut des palais sur le dur pavé des cours sans se faire aucun mal ou exécutent dans l’air des prouesses dignes des héros des films de kung-fu. Peu importe aussi, au fond, les anachronismes de langage. Les danseurs sont en place. Les lustres brillent de tous leurs feux. Il ne manque ni une perruque, ni une dentelle, ni un ruban. On attend toujours, avec la même impatience, que d’Artagnan arrive enfin avec les fameux ferrets au bal donné par le roi pour confondre la reine. La morale de ce premier épisode est que la fraternité virile est plus forte que toutes les diableries. Suite et fin lundi prochain. LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/29 radio-télévision MARDI 15 FÉVRIER TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 14.50 Blanc comme l’enfer Téléfilm. Michael Switzer (EU, 2000, d) 16.30 New York police judiciaire Les Oubliés 0 d 17.20 Monk Série (S3). Monk dans le noir 19.05 A prendre ou à laisser Jeu 19.50 A vrai dire, Journal, Météo. 16.55 Des chiffres et des lettres 17.25 Tout vu, tout lu 18.00 Ray Charles, le génie de la soul 18.10 Le Grand Zapping de l’humour 18.50 On a tout essayé 19.50 Un gars, une fille 19.55 Météo, Journal, Plus jamais comme ça. 16.05 Outremers Les derniers Indiens Wayanas d 16.35 France Truc 17.35 C’est pas sorcier Les amphibiens 18.05 Questions pour un champion d 18.35 Le 19-20 de l’info, Météo 20.10 Tout le sport 20.20 Plus belle la vie d. 20.55 102 Dalmatiens 20.45 Football 20.55 Fabien Cosma Film. Kevin Lima. Avec Glenn Close, Gérard Depardieu, Alice Evans, Ioan Gruffudd, David Horovitch. Jeunesse (Etats-Unis, 2000, d). La transposition du dessin animé a engendré une suite sans nécessité sinon celle d’un opportunisme mercantile. 22.45 Vis ma vie SOLIDARITÉ ASIE DU SUD Match de l’espoir. En direct du Camp Nou, à Barcelone. Commentaires de Florent Gautreau et Emmanuel Petit d. Avec Zinedine Zidane, David Beckham, Thierry Henry, Christian Karembeu, Didier Drogba et Lilian Thuram. 23.00 Comme au cinéma l’hebdo Magazine. COMPTE À REBOURS Série. Jean-Claude Sussfeld. Avec Pierre Vaneck, François Loriquet, Louis-Karim Nébati, Hélène de Saint-Père, Magali Genoud (France, 2004, d). Un médecin tente de trouver rapidement un rein pour sauver un garçonnet. 22.25 Keno, Météo, Soir 3. CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6 17.55 Full Metal Alchemist... Série. Le Trafiquant d’âme 0 18.40 Le Train 18.50 Grand Journal de Canal+, Météo, Guignols 20.10 20 h 10 pétantes. Avec Lorànt Deutsch, Judith Magre, Lubna Azabal 16.45 Planète insolite Nouvelle-Zélande 17.50 C dans l’air 19.00 Moscou - Vladivostok [2/3]. Novossibirsk - Tchita 19.45 Arte info, Journal de la culture, Météo 20.15 F, 60 ans, cherche colocataire [2/5]. Ça déménage. 17.50 Stargate SG-1 Série (S5, 22/22). Révélations d 18.50 Le Caméléon Caméléon contre Caméléon 19.40 et 20.40 Kaamelott 19.50 Six’, Météo 20.05 Ma famille d’abord Série (S4). Sourira bien qui sourira le dernier. 20.55 C’est déjà demain LA FIN DU PÉTROLE, PROGRAMMABLE OU NON ? Magazine présenté, en direct, par Ruth Elkrief. Invités : François Hollande ; Hervé Gaymard, Michel-Edouard Leclerc, Nicolas Hulot. Titre de la fiction : 2013, la fin du pétrole, de Stéphane Meunier. Avec Hippolyte Girardot, Gwendoline Hamon. 20.40 thema 20.50 Duel de Stars LE CONCOURS DE DANSE Divertissement présenté par Virginie Efira. Invités : Steven, Magloire, JeanLuc Lahaye, Massimo Gargia, Loana, Elodie Gossuin, Eve Angeli, Evelyne Leclercq. f En clair jusqu'à 20.55 Magazine présenté par Laurence Ferrari. Au sommaire : Vis ma vie... Jean-Pierre Foucault moniteur de ski pour enfants ; ... sur un chalutier (avec Gilles des Queers) ; ... de chroniqueur tendance... 23.10 Snatch Film. Guy Ritchie. Avec Benicio Del Toro, Dennis Farina, Vinnie Jones, Brad Pitt, Jason Statham. Comédie (Grande-Bretagne, 2000, d) 0. 0.55 Journal de la nuit, Météo. 23.00 Algérie 1988-2000, autopDocumentaire. Séverine Labat et Malik Aït-Aoudia [1/3] (2002, d) 0. 23.40 Les Amateurs Film. Martin Valente. Avec Lorànt Deutsch (Fr. 2003, DD, d) 1.10 Un million d’années avant J.-C. a a Film. Don Chaffey. Avec R. Welch (GB, 1966, v.o., d). 0.30 Vol de nuit Seconde rentrée littéraire. Invités : David Lodge, Daniel Picouly, Marina Vlady, Patrick Rambaud... 1.40 1re Compagnie 2.25 Météo 2.30 Reportages Pour l’amour de Julie d 3.00 C’est quoi l’amour ? (120 min). 1.15 Histoires courtes Robert Guédiguian, cinéaste. Documentaire. 2.10 Chanter la vie, entrée d’artistes La victoire en chantant 3.00 Lady Faucon 3.25 Urti Une vie c’est trop peu 3.40 24 heures d’info, Météo (20 min). 1.40 Clair de lune Série. Mortelle confession 2.30 Soir 3 2.55 Plus belle la vie d 3.20 Un livre, un jour Milagrosa, de M. Deambrosis 3.25 Histoires d’aujourd’hui Douaniers au cœur de tous les trafics (2004, 115 min, d). 2.50 Surprise 2.55 Making of Mon beau père, mes parents et moi d 3.20 Un ange pour May Téléfilm. Harley Cokeliss. Avec Charlotte Wakefield, Julie Cox (GB, 2002, d) 5.15 Nathalie... Film. Anne Fontaine (2003, 100 min). CÂBLE ET SATELLITE FILMS 13.50 Angel Heart. Alan Parker (Etats-Unis - Canada Grande-Bretagne, 1987, v.m., 110 min) 2 TPS Cinéculte 15.30 Adieu poulet. Pierre Granier-Deferre (France, cinecinema Famiz 1975, 90 min). 16.05 Kennedy et moi. Sam Karmann (France, 1999, cinecinema Emotion 85 min). 17.00 La Vie privée de Sherlock Holmes. Billy Wilder cinecinema Classic (Etats-Unis, 1970, v.m., 135 min). 18.10 Raging Bull. Martin Scorsese (Etats-Unis, 1980, TPS Home cinema N., v.m., 125 min). 18.55 La Cité des enfants perdus. Jean-Pierre Jeunet TPS Cinéculte et Marc Caro (France, 1995, 110 min). 20.45 Le Portrait de Dorian Gray. Albert Lewin TCM (Etats-Unis, 1945, N., v.o., 110 min). 21.00 La Tulipe noire. Christian-Jaque (France, 1963, TPS Cinétoile 110 min). 22.05 Cléopâtre. Joseph L Mankiewicz (Etats-Unis, cinecinema Classic 1963, v.o., 235 min). 22.20 Sam, je suis Sam. Jessie Nelson (Etats-Unis, cinecinema Emotion 2001, 130 min). 22.35 Lili. Charles Walters (EU, 1953, v.m., 80 min). TCM 22.45 Le Nom de la rose. Jean-Jacques Annaud (France - Italie - All., 1986, v.m., 130 min). TPS Cinéculte 0.05 La Nuit de l’iguane. John Huston (Etats-Unis, TCM 1964, N., v.m., 125 min). sie d’une tragédie DÉBATS 22.20 Forum public. Thème : La loi de 1905. Invités : Jean Public Sénat Arnold De Clermont, Rémy Schwartz. MAGAZINES 17.10 et 20.10 Le Journal de la culture. Invité : Pierre I-TELE Vidal-Naquet. 16.50 i comme idées. [2/2] Daniel Prévost. I-TELE 22.05 Ripostes. Psychiatrie : état d’urgence. Avec Daniel Zagury, Jean-Yves Monfort, Magali Bodon-Bruzel, Claude Finkelstein, Gérard Miller et Jean Castex. France 5 sat 22.30 93, Faubourg Saint-Honoré. Invités ; Joey Starr ; Frédéric Taddeï ; Audrey Diwan ; Olivier Besancenot ; Jean-Claude Tchicaya ; Franck Tiozzo... Paris Première DOCUMENTAIRES 18.00 Civilisations anciennes. La Chine. toute L'HISTOIRE 18.20 Le Procès Papon. 38e jour d’audience. Histoire 18.35 Couples légendaires du XXe siècle. Richard Burton Festival et Elizabeth Taylor. 19.00 Eaux salées. [7/13]. Le fleuve Saint-Laurent. Voyage 19.20 Ne tirez pas sur la civette. National Geographic 19.50 Mileva Maric, la femme d’Einstein. toute L'HISTOIRE 20.00 Régions de France. La Bretagne. Voyage 20.05 L’Egypte. [2/5]. Les pyramides, machines France 5 satellite d’éternité. 22.40 Mensomadaire Magazine. 20.50 Le Château d’If. Histoire 21.00 Europe : attention travaux. LCP/AN 21.00 Interpol. Un aller simple. National Geographic 21.00 De Tintin à Titeuf, les mythes de la bande France 5 satellite dessinée. 21.45 La Mort sur ordonnance. toute L'HISTOIRE 22.00 Maîtres de la survie. Peuples de la forêt. Odyssée 22.40 La Loi du tigre. National Geographic 22.55 Pris dans la tempête. [62/93]. Planète 22.55 Les Nouveaux Détectives. Colis piégé. 13ème RUE 23.25 Chroniques de l’Amazonie sauvage. Le jour Planète de la mante. 23.30 A la pointe de la science. [4e volet]. L’Italie à la National Geographic pointe de la science. 23.50 Méditerranée. [8/12]. Rome, vers l’unité. Histoire 0.25 Gérard Philipe, un homme, pas un ange. Planète 0.30 J’irai dormir chez vous... Tendre France. Voyage 0.35 Terre de fête. La Fête du poulain à Pézenas. Odyssée 0.45 René Rémond. [2/4]. L’histoire politique. Histoire SPORTS EN DIRECT 15.00 Futsal. Championnat d’Europe de futsal (phase de poule) : Italie - Hongrie. 18.30 Portugal - Espagne. Eurosport 16.00 Snooker. Masters de Londres (3e jour). Eurosport 20.00 Football. Ligue 2 : Troyes - Nancy. Eurosport 20.30 Athlétisme. Meeting indoor de Stockholm. Sport+ LES ARMES, ETC. LES ETATS-UNIS ET LA GUERRE Le Nerf de la guerre Film documentaire. Eugene Jarecki (Etats-Unis, 2005, d). 22.20 Thema - Guerriers à louer Documentaire. Jean-Philippe Ceppi et Michel Heiniger (Suisse, 2004). 22.55 Thomas Mann et les siens Téléfilm. Heinrich Breloer. Avec Armin Mueller-Stahl, Monica Bleibtreu, Sebastian Koch, Sophie Rois, Jürgen Hentsch [3/3] (Allemagne, 2001, d). 23.15 Flashdance a Film. Adrian Lyne. Avec Jennifer Beals, Sunny Johnson, Lilia Skala, Michael Nouri, Belinda Bauer, Kyle T. Heffner. Musical (Etats-Unis, 1983, d). Un succès mythique en son temps. 0.40 Arte info 0.50 Medium - Mods a a Film. Serge Bozon. Avec Laurent Lacotte, Guillaume Verdier (Fr., 2002). 1.50 L’Ame de Dresde La reconstruction de l’église NotreDame. Documentaire (All., 2004, 60 min). 0.54 Météo 0.55 Zone interdite « Je cherche ma maison : c’est l’achat de ma vie ». Magazine. Au sommaire : Julie et Icham ; Frédérique et Christian ; Marie-Fanny et Christophe 2.45 M 6 Music/Les Nuits de M 6 (195 min). RADIO MUSIQUE 20.50 Festival Pablo Casals de Prades 1999. Mezzo 22.00 Dana Ciocarlie au Châtelet. Mezzo 23.00 Montreux 1975. Avec Benny Carter (sax alto), Terry Clark (trompette), Roy Eldridge (trompette), Zoot Sims (sax tenor), Tommy Flanagan (piano), Joe Pass (guitare), Mezzo Keater Betts (basse), Bobby Durham (drums). THÉÂTRE 22.25 Quand épousez-vous ma femme ? Vaudeville de Festival J.-B. Luc et J.-P. Conty. Avec Jacques Balutin. TÉLÉFILMS 19.05 Double Vision. Robert Knights. 20.50 Des kilos en or ! Christian François. Festival Festival SÉRIES 19.50 Arabesque. Le Fichier (saison 9, 5/22). TV Breizh 20.45 Mon oncle Charlie. Massage dorsal. Problèmes Jimmy de communication (saison 1, 5 et 6/24, v.m.). 22.35 Columbo. Exercice fatal. TV Breizh 23.50 24. 17 h 00 - 18 h 00. 18 h 00 - 19 h 00 (S2) 0. TF 6 0.10 X-Files. Je souhaite (saison 7, 21/22). Série Club 0.10 Chapeau melon et bottes de cuir. Le Repaire de TV Breizh l’aigle (saison 7, 1/13). 1.10 Alias : l’intégrale. Almost Thirty years (S1, 22/22) 0 Téva FRANCE-CULTURE 20.30 Mémorables. 21.00 Perspectives contemporaines. Antonia Bellivetti, de Nathalie Quintane. 22.00 Journal, Double Culture. 22.30 Surpris par la nuit. Mat ou brillant. 0.00 Du jour au lendemain. FRANCE-MUSIQUES 20.00 Un mardi idéal. Musique vivante . Invités : Henri Texier Strada Quintet ; Xavier Philips, violoncelliste ; Lio ; etc. 22.00 Couleurs du monde. 23.00 Les Enfants du baroque. 0.00 Ouvert la nuit. RADIO CLASSIQUE 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Œuvres de Danzi, Mozart. 20.40 Les Rendez-Vous du soir. Par l’Orchestre philharmonique de Liège, dir. Louis Langrée, Claire-Marie Le Guay, piano : œuvres de Magnard, Ravel, Chausson. 22.05 Les Rendez-Vous du soir (suite). Œuvres de Beethoven, Brahms, Bruch... 0.00 Les Nuits de Radio Classique. MERCREDI 16 FÉVRIER TF1 FRANCE 2 FRANCE 3 CANAL+ FRANCE 5 / ARTE M6 12.05 Attention à la marche ! Spéciale ados 12.50 Julie cuisine 13.00 Journal, Météo 14.00 Les Feux de l’amour d 14.50 Judith Kemp, la loi du cœur Téléfilm. Helmut Metzger. Avec Jennifer Nitsch (All., 2004, d) 16.30 New York police judiciaire Série. Bouleversement d 17.20 Monk Série (saison 3, 4/16). Monk est renvoyé 18.15 1re Compagnie 19.05 A prendre ou à laisser 19.55 Météo, Journal, Météo. 14.00 Inspecteur Derrick Série. Le Naufrage d 14.55 Le Renard Série. Un plan diabolique d 15.55 Incantessimo d 16.50 Un livre La Vie parlée, de Bernard Chapuis 16.55 Des chiffres et des lettres 17.25 Tout vu, tout lu 18.00 Ray Charles, le génie de la soul 18.10 Le Grand Zapping de l’humour 18.50 On a tout essayé 19.45 Un jour, un arbre 19.50 Un gars, une fille Best of d 19.55 Météo, Journal, Loto. 12.00 Le 12-14 de l’info, Météo 13.30 Télé la question 13.50 Keno 13.55 Animaux secrets Amba, le tigre de l’amour 15.00 Questions au gouvernement En direct d 16.05 Mon kanar 16.30 France Truc 17.35 C’est pas sorcier Les gares : les sorciers mènent bon train d 18.05 Questions pour un champion d 18.35 Le 19-20 de l’info, Météo 20.10 Tout le sport 20.20 Plus belle la vie Feuilleton d. 14.00 Nos vies secrètes Série (S2, 9-10/22) 0 15.35 La Semaine du cinéma 16.05 NBA Mag+ 17.05 Playground 17.35 Les Simpson Série (S7). Du jamais vu f En clair jusqu'à 21.05 17.55 La Kaz Full Metal Alchemist 0. Bertrand.çacom 18.40 Le Train Série 18.50 Le Grand Journal de Canal+ 19.50 La Météo 19.55 Les Guignols 20.10 20 h 10 pétantes La 300e. Invités : Dustin Hoffman ; le Paris Swing Orchestra. 13.40 Le Magazine de la santé au quotidien 14.35 Avis de sortie 14.45 Mustang, le royaume secret d 15.45 Gérard Klein autour du monde Le Chili [1] d 16.40 Studio 5 16.45 A la rencontre des requins blancs d 17.50 C dans l’air Magazine 19.00 Arte découverte Moscou - Vladivostok [3/3]. Tchita-Vladivosto 19.45 Arte info, Journal de la culture, Météo 20.15 F, 60 ans, cherche colocataire [3/5]. 13.30 Cuisine et séduction Téléfilm. Ariane Zeller (All., 2004, d). 15.25 Ecarts de conduite Téléfilm. Hartmut Griesmayr (All., 1999, d) 17.10 Classé confidentiel 17.50 Stargate SG-1 Série (S6). Rédemption d 18.50 Le Caméléon Série. [1/2] L’Antre du Diable d 19.40 et 20.40 Kaamelott 19.50 Six’, Météo 20.05 Ma famille d’abord Série (S4). Un virus parmi nous d. 20.39 Conso le dise. 20.55 Combien ça coûte ? L’ARGENT DE L’ETAT : ABUS, PASSE-DROITS Magazine présenté par Jean-Pierre Pernaut et Evelyne Thomas. Au sommaire : Les placards dorés de la République ; Les services secrets du fisc ; L'Etat hors la loi : Saisies sur salaire, contestation payante des PV ; Que sont-ils devenus ? ; Dans la famille privilégiée ; Le scandale des tutelles... 20.55 Le Tuteur UNE NOUVELLE VIE Série. François Velle. Avec Roland Magdane, Yves Michel, Jean-Pierre Sanchez, Annie Cordy, Jean-Marie Juan (France, 2005, d). Le tuteur s’occupe de deux cas simultanément : celui d’une vieille femme devenue amnésique et celui d’un brillant chercheur qui a sombré dans la dépression. 20.55 Vie privée, vie publique 21.05 Le Seigneur des anneaux : 20.40 Pierre Mendès-France LA MORALE DE L’HISTOIRE Documentaire. JeanChristophe Rosé (2004, d). Portrait de Pierre Mendès-France, figure mythique de la vie politique. 21.35 Arte reportage Le Rêve écologiste de la Russie. Documentaire. Vladimir Vasak ; La révolution hydrogène 22.30 Le Dessous des cartes Le Japon : l’espace [2]. Magazine. 20.50 Les 4 400 PERSÉCUTIONS. ICI COMMENCE L’OBSCURITÉ Série (S1, 5 et 6/6). Nick Gomez ; Tim Hunter. Avec Joel Gretsch, Jacqueline McKenzie, Peter Coyote (2004) d. Les 4 400 sont victimes d’attaques à la bombe. Tom, Diana et Ryland, chargés de l’enquête, doivent en même temps régler leurs affaires de famille. 23.15 Les Experts 22.40 Ça se discute 23.45 Légende LADY DI PAR PHILIPPE LABRO Documentaire. Thomas Cazals d. A travers des images d’archives et des témoignages, Philippe Labro retrace l’existence mouvementée de la princesse Diana, disparue tragiquement en août 1997. 22.40 Film Festival Berlin Magazine présenté par Gérard Lefort et Loretta Stern. Le 55e Festival du film de Berlin sous tous ses aspects. 23.45 Arte info 23.55 Court-circuit (le magazine) Au sommaire : L’Anniversaire d’Ina, d’André Bergelt (All., 2001) ; Uwe Flade ; Poteline, de Chloé Miller (Fr., 2004) ; En service, de Jochen Alexander Freydank (All., 2003) ; Discussion avec Jochen Alexander Freydank. 22.25 Missing/disparus sans lais- 0.45 Un homme et une femme a Film. Claude Lelouch. Avec Anouk Aimée, JeanLouis Trintignant, Pierre Barouh (Fr., 1966, d) 2.25 360˚, le reportage GEO Amours balinaises. Documentaire. David Goodale (25 min). 0.04 Météo 0.05 Secrets d’actualité Magazine. TWA-800 : L’énigme du vol New York/Paris. 1.20 M 6 Music/Les Nuits de M 6 Emission musicale (280 min). ONZE HOMMES EN COLÈRE. TROP JEUNE POUR MOURIR Série (S4, 11 et 10/23). Matt Earl Beesley ; Nelson McCormick. Avec William L. Petersen, Marg Helgenberger, George Eads 2 d. LA FRANCE ESTELLE VRAIMENT LE PAYS DU LIBERTINAGE ? Magazine présenté par Jean-Luc Delarue. 1.00 1re Compagnie Jeu 1.45 Histoires naturelles Gendarmes en montagne. Documentaire. Jean-Pierre Fleury et Christophe Resse d 2.35 Météo. 0.55 Journal de la nuit, Météo 1.14 CD’aujourd’hui 1.20 Des mots de minuit Magazine présenté par Philippe Lefait 2.45 Chez les dingues Divertissement. 2.45 Appels d’urgence Les femmes font la loi. 4.00 Reportages Les Belles du Lido. Reportage. Cathelyne Hemery, Jean-Michel Chappes et Frans-Yves Marescot d 4.25 Embarquement porte n˚ 1 Kiev. 4.50 Musique (10 min). 3.10 Les Chemins de la foi Magazine 4.05 24 heures d’info, Météo 4.25 Urti La Fatalité ou le Secret de la salle d’ambre 4.55 Outremers Magazine. Les Derniers Indiens Wayanas (35 min). CÂBLE ET SATELLITE FILMS 13.45 Le Bar du téléphone. Claude Barrois (France, TPS Cinextrême 1980, 90 min) 0. 14.20 La Vie de château. Jean-Paul Rappeneau TPS Cinétoile (France, 1965, N., 90 min). 15.50 La Ronde de l’aube. Douglas Sirk (Etats-Unis, TPS Cinétoile 1957, N., v.m., 90 min). 16.45 Butterfly. Andrei Khrjanovsky (Urss, 1972, Mezzo 10 min). 17.10 L’Orchestre rouge. Jacques Rouffio (Italie TPS Cinéculte France - Belgique, 1989, 125 min). 18.45 Prima della Rivoluzione. Bernardo Bertolucci cinecinema Classic (Italie, 1964, N., v.o., 120 min). 19.00 Top secret. Blake Edwards (Grande-Bretagne, TPS Cinétoile 1974, v.m., 120 min). 20.45 Un été en Louisiane. Robert Mulligan RTL 9 (Etats-Unis, 1991, 105 min). 20.50 Lara Croft Tomb Raider. Jan De Bont TPS Star (Etats-Unis, 2003, v.m., 115 min). 21.00 Le Cavaleur. Philippe de Broca (France, 1978, TPS Cinétoile 100 min). 21.00 ET 23.35 1900 : Première et Seconde époques. Bernardo Bertolucci (It., 1976, v.m., 155 min) 6. CC Auteur 22.40 Ces messieurs de la gâchette. Raoul André TPS Cinétoile (France, 1969, 90 min). 22.50 She’s So Lovely. Nick Cassavetes (Etats-Unis, cinecinema Emotion 1997, v.m., 95 min) 0. 0.30 La Femme du cosmonaute. Jacques Monnet TPS Star (France, 1997, 100 min). ILS SE SONT TANT AIMÉS Présenté par Mireille Dumas. Invités : Roger Hanin, Patrick Poivre d’Arvor, Jean-Pierre Foucault, Alice Dona, François Léotard, Francine Distel, Elisabeth Fanger, Katherine Pancol, Christophe Fauré, Bada d. 23.05 Keno 23.10 Météo 23.15 Soir 3. 0.40 Les Sauveteurs des cimes Documentaire. Gilles Perret d. 1.35 Chronique d’un siège Ramallah, avril 2002. Documentaire. Samir Abdallah 2.30 Plus belle la vie d 2.55 Une semaine sur Public Sénat Magazine 4.20 Une semaine sur La Chaîne parlementaire (60 min). DÉBATS 20.30 Parlez-moi d’ailleurs. Thème : Abbas/Sharon : LCP/AN un couple pour la paix ? 22.30 Forum public. Thème : La TNT vue Public Sénat par les magazines TV. MAGAZINES 14.00 Chacun son monde. Dee Dee Bridgewater. Voyage 14.50 et 17.20 i Média. Invité : Stéphane Bern. I-TELE 16.50 i comme idées. Invités : Pierre Brévignan et Olivier I-TELE Philipponnat. 19.00 CULT. France 5 satellite 20.00 Vol de nuit. Petites manip’ entre amis. Odyssée 20.45 Sagas. Les héritiers. Match TV 22.50 Le Magazine de la santé au quotidien. France 5 sat 23.45 C dans l’air. France 5 satellite DOCUMENTAIRES 17.00 Assassinats politiques. [4/8]. Mort coloniale : Planète Patrice Lumumba. 17.10 Les Mystères de l’Histoire. L’homosexualité toute L'HISTOIRE au sein de l’armée britannique. 17.15 Irlande, Irlandes, les racines de la violence. [1/2]. Histoire D’un conflit à l’autre. 18.20 Le Procès Papon. 39e et 40e jours d’audience. Histoire 18.35 Couples légendaires du XXe siècle. [4/5]. Humphrey Festival Bogart et Lauren Bacall. 19.20 Lions et hyènes. Face à face mortel. National Geo 20.00 Régions de France. La Provence. Voyage Les Deux Tours a Film. Peter Jackson. Avec Elijah Wood, Sean Astin, Ian McKellen, Viggo Mortensen, Christopher Lee, Orlando Bloom, Liv Tyler (Etats-Unis, 2002, d) 0. La deuxième partie de la saga créée par John Ronal Reuen Tolkien. D’impressionnants effets spéciaux. 0.00 Terminator 3 : le soulève- ment des machines a Film. Jonathan Mostow. Avec Arnold Schwarzenegger, Nick Stahl, Claire Danes, Kristanna Loken, David Andrews. SF (Etats-Unis, 2003, v.o., d) 0. Deux androïdes sont envoyés du futur. L’un pour protéger un jeune homme, l’autre pour le tuer. 1.45 The Shield Série (saison 2, 9 et 10/13, 2). Au premier jour. A couteaux tirés d. 3.15 28 Jours plus tard a Film. Danny Boyle. Avec Cillian Murphy (EU - GB, 2002, v.o., d). 6 4.55 En aparté Invités : Stéphane Freiss, Louis Bertignac (100 min). 20.05 L’Egypte. [3/5]. L’Age d’or. France 5 satellite 20.10 Tempêtes. L’ouragan Andrew [2/2]. Nat. Geographic 20.45 Calypso@Dirty Jim’s. Planète 20.50 A la découverte du monde sauvage. De safari Voyage en safari. 20.50 Les Papes et le Pouvoir. [2/5]. Jean XXIII Histoire et le renouveau de l’Eglise. 21.45 Dolo, le dernier Dogon. Voyage 22.15 Calais, dernière frontière. Odyssée 22.30 Mileva Maric, la femme d’Einstein. toute L'HISTOIRE 22.40 A la recherche des pandas géants. National Geo 23.20 La Cigogne noire, du chêne au baobab. Odyssée 23.25 Chroniques de l’Amazonie sauvage. [15/24]. Planète Le Farceur des cimes. 23.50 L’Invincible Armada. [1/3]. Histoire SPORTS EN DIRECT 15.00 Biathlon. Coupe du monde : 10 km sprint Eurosport messieurs, à Pokljuka (Slovénie). 15.00 Volley-ball. Ligue des champions féminine (play-off Sport+ retour) : Bakou - Cannes. 17.30 Football. Coupe d’Italie (quarts de finale retour) : Inter Milan - Atalanta Bergame ; 20.30 Paris Volley Berlin. Sport+ 19.00 Football. Coupe de l’UEFA (16es de finale aller) : Eurosport Panathinaïkos - FC Séville. 19.50 Football. Coupe de l’UEFA (16es de finale aller) : Ajax Paris Première Amsterdam - Auxerre. 21.00 Snooker. Masters de Londres (4e jour). Eurosport MUSIQUE 20.50 Orchestre RTSI. [1/2]. Maria Tipo (piano). Mezzo 22.00 Classic Archive. Avec Solomon Cutner (piano), Mezzo Claudio Arrau (piano). 23.00 Live au New Morning 2004. James Carter. Mezzo TÉLÉFILMS 17.00 L’homme qui venait d’ailleurs. F. Luciani. Festival 19.05 Collection Mary Higgins Clark - Pleure pas ma belle. Festival Michel Andrieu. 20.00 Une équipe de chefs. Paul Hoen. Disney Channel 20.50 Astéroïde. Bradford May. [1 et 2/2]. Téva 20.50 Petite sœur. Marion Sarraut. Festival 22.25 Fausto et la Dame blanche. A. Sironi. [1/2]. Festival SÉRIES 18.00 Magnum. Torah, Torah, Torah (S5, 21/22). 13ème RUE 18.50 New York 911 : L’Intégrale. Trop de souffrance 13ème RUE (saison 2, 19/22) 0. 19.00 L’Homme de fer. Correspondant anonyme Monte-Carlo TMC (saison 6, 16/23). 19.55 Alias : l’intégrale. Ennemie intime (S2, 1/22). Téva 20.20 Futurama. Censurez Bender (S5, 12/16). TPS Cinéfamily 20.45 Star Trek : Enterprise. Le Devoir du Capitaine. L’Alliance de l’espoir (saison 3, 19 et 20/24, v.m.). Jimmy 20.50 et 22.25, 0.00 Le Monde de Joan. Liés pour toujours. Les Yeux ouverts (saison 2, 1 et 2/22). 13ème RUE 22.40 Witchblade. Emergence. Destin (saison 2, Série Club 1 et 2/12) 0. Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans. Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants. ser de trace ENQUÊTE CLANDESTINE. UNE VIE DE STAR Série (S2, 9 et 10/18). Farhad Mann. Avec Caterina Scorsone, Vivica A. Fox, Mark Consuelos, Justin Louis d. En enquêtant sur un enlèvement, Jess et Nicole mettent au jour un trafic d’immigrants clandestins chinois, dossier dont s’occupait un journaliste disparu. RADIO FRANCE-CULTURE 20.30 Mémorables. 21.00 Décibels. Ethiopie Terra Incognita : Balade éthiopienne pour l’An nouveau. 22.00 Journal, Double Culture. 22.30 Surpris par la nuit. Voix d’ailleurs. 0.00 Du jour au lendemain. FRANCE-MUSIQUES 19.03 Le jazz est un roman. Feuilleton. 20.00 Concert. Par le Chœur Accentus et l’Orchestre symphonique allemand de Berlin, dir. Kent Nagano : Requiem pour orchestre à cordes ; November Steps pour orchestre et instruments traditionnels japonais, de Takemitsu. 23.00 Le Bel Aujourd’hui. François Bayle. RADIO CLASSIQUE 20.00 Les Rendez-Vous du soir. Ouverture : Pour un jour de fête op. 115, de Beethoven, etc. 20.40 XXVe Festival d’Ambronay 2004. La Giuditta. Oratorio d’Alessandro Scarlatti, dir. Martin Gester, Céline Ricci (Giuditta), etc. 22.15 Les Rendez-Vous du soir (suite). Quatuor à cordes n˚ 2 op. 22, de Tchaïkovski ; Etudes-Tableaux op. 33, de Rachmaninov ; Symphonie n˚5 op. 47, de Chostakovitch. 0.00 Les Nuits de Radio Classique. 30/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005 éric fo tt o rino Dernière demeure IL EXISTE bien des façons de mourir, et pas un jour ne se passe sans que la réalité vienne supplanter l’imagination. Il y a la mort au bout d’une longue vie, qui apporte sa dose de tristesse en nous laissant quittes du regret : les élus de cette camarde-là ont eu une existence bien remplie. S’ils sont partis trop tôt pour tous ceux qui les aimaient, ils ont laissé derrière eux un long souvenir et une œuvre. Ainsi Arthur Miller et Jean Cayrol, morts considérables, morts considérés, à juste titre, pour avoir donné à leurs contemporains des mots et des émotions susceptibles de traverser le temps. Une sorte d’éternité au-delà de la chair et du sang. Il y a la mort comme au théâtre. Le comédien tire sa révérence avant le salut au public. Il a joué son rôle, on a en tête ses répliques, mais il ne viendra plus les dire devant nous. C’est l’aurevoir d’Alfred plutôt que le bonjour. Fin de partie à Deauville. Le final est plus classe que dans une cellule pour VIP à la Santé. Cette camarde, l’intéressé l’a peut-être accueillie comme une bonne camarade venue le délivrer au terme d’une existence riche en rebondissements. Et puis il y a la mort brute et sèche, annoncée de façon laconique dans les flashs radio et dans les journaux télévisés, avec voix et tête de circonstance du présentateur. Des morts relatées par des dépêches qui n’ont jamais si bien porté leur nom : on dirait que pour annoncer ces malheurs ordinaires le journaliste s’est dépêché. Pas de mots superflus. Style télégraphique. Règles élémentaires du journalisme. Où ? Quand ? Quoi ? Qui ? Comment ? Et si possible : Pourquoi ? Cela donne en titre : « Un SDF retrouvé mort près de sa tente, probablement écrasé par un véhicule ». « LILLE, 12 fév. 2005 (AFP) – Un SDF d’une quarantaine d’années a été retrouvé mort, probablement écrasé par un véhicule, samedi après-midi à côté de sa tente sur un terrain vague à Loison-sousLens (Pas-de-Calais), a-t-on appris de source policière. Les enquêteurs ont découvert des traces de pneu sur la tente, selon la même source. Les pompiers avaient été alertés par un riverain. Le commissariat de Lens est chargé de l’enquête. » Sans commentaire. Tout est dit. Au suivant. Titre : « Un SDF retrouvé mort à Nancy ». Suit la dépêche : « NANCY, 13 fév. 2005 (AFP) – Un homme de 61 ans, sans domicile fixe, a été retrouvé mort dans une cabine téléphonique dimanche matin dans un quartier proche du centre de Nancy, a-t-on appris de source policière. L’homme, tenant près de lui une bouteille d’alcool, a été découvert par un passant qui a prévenu la police. Le décès pourrait être dû au froid, les températures ayant notoirement chuté à Nancy dans la nuit de samedi à dimanche. » Au suivant de ce long weekend. Un mort du petit matin. Titre direct : « Décès d’un sansabri dans le Val-de-Marne ». Texte bref : « Un homme sans domicile fixe a été retrouvé mort lundi matin dans une voiture à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), a-t-on appris de source policière. Agé de 46 ans, le SDF est décédé de mort naturelle, selon la même source. Son corps a été découvert vers 6 h 30, près de la grande gare de Villeneuve triage. » Information vérifiée. Il existe bien des manières de mourir. Chez les SDF, la dernière demeure est toujours d’une mortelle tristesse. IL Y A 50 ANS, DANS 0123 Sir Winston Churchill reçoit des journalistes américains EN ATTENDANT qu’il entreprenne son « pèlerinage de la paix » à Moscou, Sir Winston Churchill, qui ne pouvait pas faire moins que le maréchal Boulganine, vient de recevoir à son tour le propriétaire de journaux américains M. William Randolf Hearst Jr. Comme celui-ci est assuré d’être reçu avec non moins d’honneurs par le président Eisenhower, il bénéficie donc du privilège unique de pouvoir, à quelques semaines de distance, s’entretenir avec tous les grands des deux côtés du rideau de fer. On peut croire que M. Hearst aurait sans doute recherché une rencontre avec M. Mendès France, s’il n’avait pas été battu de vitesse par la crise ministérielle. La conférence d’hier à Downing Street a été précédée d’un lunch, au cours duquel M. Hearst et deux de ses collègues ont rencontré M. Nutting, ministre d’Etat au Foreign Office. Puis ils se sont entretenus pendant près d’une heure avec Sir Anthony Eden avant d’accéder enfin auprès de Sir Winston. Les journalistes britanniques, qui n’osent même pas rêver d’un entretien avec le premier ministre, ont du mal à cacher leur mauvaise humeur en constatant qu’« il faut être américain » pour être prié à Downing Street. Aussi est-ce parce que la présence de journalistes dans le voisinage immédiat de Sir Winston est devenue extraordinaire que l’on a vu courir dans Whitehall les rumeurs les plus diverses. Il était question notamment d’un message que le maréchal Boulganine aurait remis à M. Hearst pour que celui-ci le transmette au premier ministre britannique. Mais, s’il est vrai que les journalistes américains se sont proposé de jouer le rôle de facteurs, le maréchal Boulganine, après avoir médité pendant quelques instants, aurait décliné cette offre. Jean Wetz (16 février 1955.) EN LIGNE SUR lemonde.fr L’actualité en images. Tous les jours, une sélection des photos. Aujourd’hui, un portfolio sous le signe de la Saint-Valentin où vous découvrirez le cadeau que les Chinois s’offrent ce jour-là : les « kissing fishes », un couple de poissons qui s’embrassent. A la « une ». a Journal photographique, par Wilfrid Hoffacker. « Il est bien difficile d’avoir un point de vue juste sur les choses, mais si l’on veut tenter quand même, il faut se donner du mal, s’ouvrir l’esprit et prendre le temps de comprendre… » Ainsi s’ouvre le blog de ce photographe qui livre en images et quelques mots son regard sur l’actualité. Séquence « Blogs ». a CONTACTS f RÉDACTION 80 boulevard Auguste-Blanqui, 75707 Paris Cedex 13. Tél : 01-57-28-20-00 ; télex : 202 806 F ; télécopieur : 01-57-28-21-21. Changement d’adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,15 ¤ TTC/min) Tarif 1 an : France métropolitaine : 349 ¤ f COURRIER DES LECTEURS f INTERNET Par télécopie : 01-57-28-21-74. Par courrier électronique : [email protected] f MÉDIATEUR [email protected] f ABONNEMENTS Par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 ¤ TTC/min) ; de l’étranger (33) 3-44-31-80-48. Sur Internet : www.lemonde.fr Par courrier : bulletin p. 10 Site d’information : www.lemonde.fr Finances : http://finance.lemonde.fr Emploi : http://emploi.lemonde.fr f TÉLÉMATIQUE 3615 lemonde f DOCUMENTATION http://archives.lemonde.fr f COLLECTION Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 f LE MONDE SUR MICROFILMS 03-88-71-42-30 a Tirage du Monde daté mardi 15 février 2005 : 469 134 exemplaires. 1-2-3 Nos abonnés France métropolitaine et PAD trouveront avec ce numéro un encart « DELL » Les assureurs veulent continuer à prendre en charge des dépassements d’honoraires La position de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) complique la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-maladie TROIS JOURS après la décision prise par la Mutualité française de soutenir la mise en place d’un parcours de soins coordonnés par le médecin traitant, la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA) a pris position, lundi 14 février, sur la question de la prise en charge des dépassements d’honoraires, particulièrement sensible pour le gouvernement. La loi du 13 août 2004 réformant l’assurance-maladie a prévu en effet la possibilité de pénalités financières – de moindres remboursements par la Sécurité sociale – pour les assurés sociaux de plus de 16 ans qui recourront directement à un spécialiste, à partir du 1er juillet 2005, sans passer par leur médecin traitant. A contrario, ceux qui s’inscriront dans la logique du parcours de soins coordonnés continueront à bénéficier des mêmes niveaux de prise en charge qu’aujourd’hui. La FFSA a décidé, lundi, de souffler le chaud et le froid. Elle a en effet rendu public un communiqué alambiqué dans lequel elle se dit favorable à « une meilleure coordination des soins ». Elle y assure également que « la non-prise en charge d’une partie de la majoration du ticket modérateur et des dépassements d’honoraires est suffisante pour amener l’assuré à respecter le parcours de soins ». C’est une manière pour elle de laisser la possibilité aux assureurs privés de prendre en charge des dépassements d’honoraires. grandes manœuvres Cette décision s’inscrit dans un contexte particulier : celui de la préparation par le gouvernement du décret fixant le cahier des charges « responsable » que devront respecter les complémentaires pour continuer à bénéficier d’aides sociales et fiscales. Les pouvoirs publics et l’Union nationale des organismes d’assurancemaladie complémentaire (Unocam), dont le président vient d’être désigné – il s’agit du « patron » de la MGEN JeanMichel Laxalt – ont engagé de grandes manœuvres, en coulisse, depuis plusieurs semaines sur ce sujet sensible. Le décret sur le contrat complémentaire « responsable » est attendu pour la fin du mois de mars. Le gouvernement semble prêt à faire un pas en direction des assureurs, à condition que la FFSA – et les autres organis- mes complémentaires – s’implique dans la prise en charge de la médecine préventive. Dans l’immédiat, la décision des assureurs privés va relancer la concurrence sur le marché de la complémentaire santé. La Mutualité française (FNMF, 60 % de ce marché), en effet, est favorable à « la réorganisation du système de soins autour du médecin traitant », selon l’expression employée par son président, Jean-Pierre Davant, dans un entretien au Figaro daté samedi 12-dimanche 13 février. La FNMF a donc demandé à ses adhérents de ne pas prendre en charge les dépassements d’honoraires en dehors des soins coordonnés. Reste à savoir si les mutuelles pourront suivre cette consigne face à la concurrence accrue d’assureurs privés qui viendront démarcher leur clientèle. Par ailleurs, le directeur de l’assurance-maladie, Frédéric Van Roekeghem, a fait savoir, lundi, que 1,2 million d’assurés avaient choisi leur médecin traitant et en avaient informé leur caisse. Le gouvernement y voit un signe encourageant. Claire Guélaud Un triple attentat revendiqué aux Philippines par Abu Sayyaf MANILLE. Douze personnes sont mortes lundi 14 février aux Philippines dans trois attentats coordonnés qui ont été revendiqués par le groupe terroriste Abu Sayyaf. Son porte-parole, Abu Sulaiman, a déclaré, sur la radio DZBB, qu’il s’agissait d’un « cadeau de la SaintValentin » pour la présidente du pays, Gloria Macapagal Arroyo. Un attentat à la bombe commis contre un bus à Makati, le quartier des affaires à Manille, a tué trois personnes. Deux autres opérations terroristes ont été menées dans le sud du pays, contre un dépôt de bus à Davao et un centre commercial à General Santos. Les trois explosions ont retenti successivement à une heure d’intervalle. Mardi, la présidente Arroyo a promis d’« éliminer ce qui reste d’Abu Sayyaf ». – (AFP.) dépêche a IRAN : 59 personnes ont été tuées et 210 autres blessées, lundi 14 février, dans l’incendie accidentel de la mosquée Ark au centre de Téhéran. L’incendie aurait été provoqué par un poêle d’appoint. L’appareil de chauffage aurait enflammé l’une des toiles tendues au-dessus de la cour. – (AFP.)