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MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
61 e ANNÉE – N 18681 – 1,20 ¤ – FRANCE MÉTROPOLITAINE ---
CINÉMA
« Le Promeneur
du Champ-de-Mars »
de Robert Guédiguian
redonne vie
au mythe Mitterrand
EXECUTIVE LIFE
Le procès civil
de Los Angeles
pourrait coûter
des milliards de dollars
à la France
p. 16
PROJET FILLON
Examen par
l’Assemblée nationale
et manifestations
p. 8 et Débats p. 13
klass jan van der weij
Lire pages 2 et 3
alexander jenniches/reuters
AU LENDEMAIN de l’attentat à
l’explosif qui a coûté la vie, lundi
14 février à Beyrouth, à l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri
et à quatorze autres personnes, des
consultations devaient avoir lieu
mardi au Conseil de sécurité à
l’ONU. Dans un texte soutenu par
la France, les Etats-Unis ont demandé un « rapport » sur l’assassinat au
secrétaire général Kofi Annan. A
Paris, M. Chirac a réclamé une
enquête internationale. La France
et les Etats-Unis avaient parrainé,
en septembre, la résolution 1559
exigeant le retrait des troupes
syriennes du Liban.
Les soupçons se sont naturellement portés sur la Syrie, Rafic Hariri étant devenu l’un des principaux
opposants à la présence militaire
syrienne depuis son départ du gouvernement, en octobre. Damas a
officiellement condamné l’attentat.
A Beyrouth, l’ampleur de l’explosion a réveillé les souvenirs de la
guerre civile.
p. 7
FOOTBALL
Le grand club
de l’Ajax Amsterdam
doit-il renoncer
à son image
de « club juif » ?
p. 12
Radiographie :
des images
en 3D
avec moins
de rayons X
La Syrie en accusation
après l’assassinat d’Hariri
p. 25 à 27
DÉMOGRAPHIE
En France,
près d’un enfant
sur deux naît
hors mariage
FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI
Beyrouth, 14 février : une colonne de fumée s’élève des lieux de l’explosion de la voiture piégée, sur le front de mer.
Les juges de proximité sur la sellette
PROMESSE électorale de Jacques Chirac, inscrite dans la loi en
2002, la création de juges de proximité pour traiter les petits délits,
essentiellement les contraventions
des quatre premières classes, ne
fait pas l’unanimité dans les
milieux judiciaires.
Depuis septembre 2003, quelque
300 volontaires ont été recrutés
pour cette fonction – loin de l’objectif de 3 300 juges de proximité
en 2007. Des premiers recrutements se dégage un profil de notables : avocats (pour un tiers d’entre
OBTENIR des radiographies à
la fois très précises et en trois
dimensions du squelette humain
sans, pour autant, exposer le
corps à des doses importantes de
rayons X : c’est désormais possible, grâce au système EOS, développé par l’entreprise Biospace
Instruments. La technologie utilisée est issue des travaux réalisés
par Georges Charpak, Prix Nobel
de physique 1992, sur la détection
en temps réel et l’analyse des trajectoires des particules.
Présenté mardi 15 février à
l’Académie nationale de médecine, le système permet de réduire
considérablement les doses de
rayons X : de 8 à 10 fois moins que
la radiologie conventionnelle en
deux dimensions et de 800 à 1 000
fois moins que la tomodensitométrie tridimensionnelle (ou scanner). Les premières machines doivent être livrées en 2006. Elles coûteront environ moitié moins que
les scanners dernière génération.
eux), anciens magistrats, officiers
de police, notaires, cadres juridiques en entreprise.
Si les magistrats professionnels
soulignent « la bonne volonté » des
nouveaux venus, ils s’inquiètent en
revanche d’un fréquent manque de
formation. En outre, la sélection
opérée par le ministère de la justice
et le Conseil supérieur de la magistrature n’empêche pas d’évidents
conflits d’intérêts, en particulier
pour les anciens avocats, cadres de
banque ou assureurs reconvertis
localement en juges.
f 300
volontaires
en fonction
Lire page 20
réchauffement climatique
La lutte contre l’effet de serre
devient une réalité dans 141 pays
f Les
inquiétudes
des magistrats
f Reportages
dans trois tribunaux
d’instance
Lire page 6
Les manchots homosexuels de Bremerhaven ne veulent pas changer de vie
TOUT DROIT arrivées de Suède, les représentantes du beau sexe vont-elles brusquer le cours des
événements et convaincre les mâles de s’intéresser à elles ? C’est ce qu’ont voulu savoir les responsables du zoo de Bremerhaven, dans le nordouest de l’Allemagne. Intrigués de voir trois couples de manchots mâles devenir inséparables,
puis, faute d’œufs, tenter de faire éclore des pierres, ils ont cherché à vérifier si ces oiseaux étaient
homosexuels, ou s’ils s’étaient accouplés entre
eux par manque de femelles. La démarche, toute
scientifique, n’a pas été au goût de certaines associations gays et lesbiennes, très inquiètes à l’idée
que l’on force ces animaux à changer leur nature.
Après les mouches, les canards, les éléphants
et tant d’autres, voici donc les manchots soupçonnés de mœurs en flagrante contradiction
avec l’orthodoxie darwinienne... Ce qui ne surprendra pas le naturaliste américain Bruce Bagemihl, qui recensait dans Biological Exuberance
– ouvrage chaudement accueilli par la commu-
D’où l’idée, somme toute naturelle, de présenter aux manchots de Bremerhaven quelques
femelles afin de tester leur capacité de reproduction... Mais à peine l’information avait-elle filtré
dans la presse allemande que les reproches commençaient à pleuvoir. « Un grand nombre de
groupes de gays et lesbiennes ont envoyé des
courriers électroniques et téléphoné en signe de
protestation », a déclaré le porte-parole du zoo.
« Personne ici n’essaie de briser par la force des
couples du même sexe », a affirmé la directrice
de l’établissement, Heike Kueck.
Aux dernières nouvelles, les femelles fraîchement débarquées semblaient d’ailleurs n’avoir
remporté aucun succès auprès des six mâles
concernés. Au point que le zoo prévoit déjà
d’héberger deux manchots supplémentaires,
certifiés hétérosexuels, afin de ne pas laisser ces
reproductrices inactives.
LE PROTOCOLE DE KYOTO sur la lutte contre l’effet de serre,
signé en 1997 et ratifié par 141 Etats, entre en vigueur mercredi
16 février. Il fixe, pour les pays du Nord, des objectifs de réduction
des émissions de gaz et définit, pour ceux du Sud, les moyens d’un
développement propre. Les Etats-Unis n’ont pas ratifié ce traité.
Est-il applicable ? Qu’implique-t-il pour la France ? Que prévoit-il
pour les grands pollueurs de demain, Chine et Inde ?
Lire page 4, notre dossier spécial pages I à IV
et notre éditorial page 15
Catherine Vincent
International
La chronique de Daniel Vernet
Les Vingt-Cinq face
à la révolution
Bush
p. 15
Psychologie
Les couples
qui durent
p. 23
Pratique
Quelle langue
vivante choisir
au collège ?
p. 24
Marchés .................... 18
Aujourd’hui ............. 20
Météorologie........... 24
Jeux........................... 24
Culture...................... 25
Médias...................... 28
Radio-Télévision ..... 29
Faut-il brûler
le code du travail ?
C’EST une indéniable victoire
que le gouvernement a remporté
sur les 35 heures, en obtenant de
l’Assemblée nationale qu’elle vote,
mercredi 9 février, un nouveau texte
de loi. Une victoire qui, en apparence, est le résultat d’une habileté :
pressé par l’aile libérale de sa majorité ainsi que par Nicolas Sarkozy de
ne pas s’en tenir aux premiers assouplissements de janvier 2003, il avait
accepté qu’un nouveau texte soit
examiné par les députés ; mais, pour
ne pas donner le sentiment à l’opinion d’être aux ordres du Medef, il a
évité d’être en première ligne. C’est
donc au travers d’une proposition
de loi, élaborée par l’UMP, que
l’Assemblée nationale a voté cette
seconde salve d’assouplissements.
Le gouvernement peut donc penser
avoir fait coup double : les lois
Aubry ont été pour de bon mises à
mal, au travers des dispositions
annoncées (sur le régime du compte
épargne-temps, sur le contingent
des heures supplémentaires et, surtout – principal sujet de satisfaction
du patronat –, sur la possibilité
ouverte, par simple accord d’entreprise, de transformer du temps libre
en rémunération) ; ni Matignon ni
L’Elysée n’en portent pourtant la
paternité officielle.
* POUR ÊTRE UNIQUE
a analyse
RENDEZ-VOUS
International.............. 2
France-Société........... 6
Carnet ....................... 10
Abonnements.......... 10
Régions ...................... 11
Horizons.................... 12
Entreprises ............... 16
nauté gay lors de sa parution aux Etats-Unis, en
1999 – plus de 300 espèces d’animaux pouvant
entretenir des relations homosexuelles. Ni le professeur Keisuke Ueda, spécialiste du comportement animal à l’université Rikkyo de Tokyo, qui
comptabilisait en 2004, après enquête dans
divers zoos, une vingtaine de couples de manchots de même sexe (mâle ou femelle).
Ces amitiés que l’on disait jadis particulières
sont-elles répandues dans la nature ? Ou bien
surviennent-elles avec une fréquence accrue en
captivité, faute pour les palmipèdes d’y trouver
un partenaire de sexe opposé ? La question est
d’autant plus cruciale aux yeux des responsables du zoo de Bremerhaven que leurs pensionnaires sont des manchots de Humboldt. Une
espèce de taille moyenne qui ne vit en liberté
que sur la côte Pacifique du Pérou et du Chili, et
que le phénomène climatique El Niño, en
réchauffant et en appauvrissant son écosystème, rend particulièrement vulnérable.
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Lire la suite page 15
Afrique CFA 1200 F CFA, Algérie 60 DA, Allemagne 1,70 ¤, Antilles-Guyane 1,80 ¤, Autriche 1,70 ¤, Belgique 1,20 ¤, Canada 3 $, Danemark 17 KRD, Espagne 1,80 ¤, Finlande 2,20 ¤, Grande-Bretagne 1,10 £, Grèce 1,70 ¤, Hongrie 460 HUF, Irlande 1,80 ¤, Italie 1,80 ¤,
Luxembourg 1,20 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 20 KRN, Pays-Bas 1,70 ¤, Portugal cont. 1,80 ¤, Réunion 1,80 ¤, Suède 20 KRS, Suisse 2,50 FS, Tunisie 1,6 DT, USA 2,50 $.
2/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
INTERNATIONAL
proche-orient
l’armée libanaise s’est déployée, mardi 15 février
au matin, aux grands carrefours et devant les bâtiments publics de beyrouth, au lendemain de l’assassinat de l’ancien premier ministre, Rafic Hariri.
L’attentat a fait 15 morts et 137 blessés. Des consultations devaient avoir lieu, mardi après-midi, au
Conseil de sécurité des Nations unies. Les Etats-Unis
ont soumis au Conseil un texte, appuyé par la Fran-
ce, qui demande un « rapport » au secrétaire
général de l’ONU. La Syrie est au centre des interrogations internationales à propos de cet attentat. Paris et Washington avaient été à l’origine d’une
résolution des Nations unies, le 2 septembre
2004, réclamant le départ des troupes syriennes
déployées dans le pays du Cèdre, une exigence que
Damas rejette fermement.
Les Nations unies sont saisies de l’assassinat de Rafic Hariri
Le Conseil de sécurité devait examiner, mardi, les demandes française et américaine d’enquête internationale sur l’attentat qui a coûté la vie,
la veille, à l’ancien premier ministre libanais et à quatorze autres personnes à Beyrouth. La Syrie est au centre des soupçons
PARMI les condamnations internationales qui ont suivi l’assassinat
de Rafic Hariri, lundi 14 février, celles de Paris et de Washington ont
été particulièrement fermes, la France réclamant une enquête internationale pour identifier les responsables de l’attentat, et les Etats-Unis
appelant l’ONU à les « punir ». Des
consultations devaient avoir lieu,
mardi, au Conseil de sécurité de
l’ONU à New York. Les Etats-Unis
ont préparé pour cette réunion un
texte, appuyé par la France, qui
demande un « rapport » au secrétaire général, Kofi Annan, ce qui est
une manière de réclamer une
enquête.
La France et les Etats-Unis sont
les deux pays qui, en septembre,
ont parrainé la résolution 1559 du
Conseil de sécurité réclamant le
rétablissement de la souveraineté
de ce pays et exigeant le retrait des
troupes syriennes.
L’indignation exprimée, lundi en
début d’après-midi à Paris, dans un
communiqué de l’Elysée est à la
mesure de l’amitié qui, de notoriété
publique, liait Jacques Chirac à l’ancien premier ministre libanais. Le
président français a reçu de très
nombreuses fois à l’Elysée celui qui
a dirigé cinq gouvernements au
Liban entre 1992 et 2004 ; c’est Jacques Chirac qui avait organisé, il y a
quelques années, un plan exceptionnel de sauvetage financier du Liban
dirigé par Rafic Hariri.
Cet attentat « suscite l’horreur et
l’indignation » ; la France « demande qu’une enquête internationale soit
conduite sans délai pour déterminer
les circonstances et les responsabilités
avait démissionné, en octobre 2004.
« A quelques semaines d’élections
législatives considérées comme un
test pour l’avenir du Liban, l’attentat
a pris pour cible celui qui était l’un
des principaux rassembleurs pour l’affirmation de l’indépendance et de la
souveraineté du pays », ajoute-t-il.
C’est la tournure prise par l’ingérence syrienne au Liban cet automne, « en rupture avec le processus
engagé dans les années 1990 », qui a
poussé la France à saisir le Conseil
de sécurité de l’ONU, en septembre 2004, de concert avec les EtatsUnis. La France a toujours affirmé
défendre « l’indépendance et la souveraineté » du Liban. Au nom de ce
principe, elle a reconnu, dans les
années 1990, la légitimité de la
« résistance » du Hezbollah contre
l’armée israélienne au Liban sud :
de cette tragédie, avant d’en punir les
coupables. Elle en suivra le déroulement avec vigilance », dit le communiqué de l’Elysée. « La France rend
hommage à celui qui incarnait la
volonté indéfectible d’indépendance,
de liberté et de démocratie du
Liban », poursuit la présidence.
« Nous ne laisserons pas tomber,
nous n’accepterons pas qu’on fasse
comme s’il était impossible de savoir
qui est responsable », explique un
diplomate français. Tout en assurant que la France n’a « aucun élément sur l’origine de l’attentat », il
rappelle que c’est en raison de
« pressions syriennes devenues trop
fortes » – une modification de la
Constitution libanaise pour permettre au président prosyrien, Emile
Lahoud, de voir son mandat prorogé de trois ans – que Rafic Hariri
Funérailles nationales et revendication mystérieuse
BEYROUTH
de notre correspondant
L’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri, a été tué, lundi
14 février, dans un attentat vraisemblablement perpétré à la voiture piégée, à la lisière du centre-ville de
Beyrouth. L’explosion, d’une rare
violence, a fait 15 morts, dont plusieurs de ses gardes du corps, et
137 blessés, parmi lesquels le député Bassel Fuleihan. Les déplacements de M. Hariri étaient pourtant
toujours entourés d’importantes
mesures de sécurité. Trois convois
identiques démarraient simultanément pour arriver à destination par
trois itinéraires différents, sans que
l’on sache dans lequel se trouvait
l’ancien premier ministre.
L’attentat a aussitôt remis en
mémoire celui qui, il y a quatre
mois, avait visé le député de l’opposition et ancien ministre Marouan
Hamadé. Celui-ci a déclaré, lundi :
« Tout cela commence à Damas, passe par Baabda [siège de la présidence de la République), par le gouvernement et par les services de renseignement libanais. »
Lundi soir, c’est au domicile de
Rafic Hariri que l’opposition, dont
il faisait partie, s’est réunie et a
publié un communiqué imputant
aux autorités libanaises et à leur
tuteur syrien la responsabilité de
l’assassinat. Elle a réclamé une commission internationale d’enquête et
décrété trois jours de grève. De leur
côté, les députés du groupe Hariri,
qui ne font pas partie formellement
de l’opposition, ont annoncé qu’ils
ne participeraient à aucune des cérémonies qu’organiserait l’Etat pour
leur leader. La famille de ce dernier
a fait savoir qu’elle ne souhaitait la
participation d’aucune personnalité
officielle libanaise aux obsèques,
prévues mercredi 16 février. Le gouvernement joue l’apaisement. Il a
saisi la Haute Cour pour qu’elle
décrète trois jours de deuil et des
funérailles nationales.
Quelques heures après l’attentat,
la chaîne de télévision satellitaire
Al-Jazira a diffusé une revendication émanant d’un groupuscule
inconnu, le « Groupe pour la victoire et la guerre sainte dans la Grande
Syrie », qui affirme que Rafic Hariri
a payé pour ses amitiés saoudiennes. Avec une célérité surprenante,
une reconnaissance qui la distingue
des positions américaines et à
laquelle Jacques Chirac n’a pas
renoncé, comme cela est apparu,
lundi, lors de l’entretien qu’il a eu à
l’Elysée avec le ministre israélien
des affaires étrangères, Sylvan
Shalom, peu de temps avant l’annonce de la mort de Rafic Hariri.
A Washington, le porte-parole de
la Maison Blanche, Scott McClellan, s’est également refusé, lundi, à
incriminer quiconque directement
pour l’attentat de Beyrouth, sans
pour autant dissimuler les soupçons qui pèsent sur la Syrie. « Il est
trop tôt pour dire qui est le responsable de cette agression, mais nous
continuons d’être préoccupés par l’occupation étrangère du Liban », a-t-il
déclaré. Les Etats-Unis vont « examiner » avec le Conseil de sécurité
de l’ONU et « d’autres gouvernements de la région les mesures qui
peuvent être prises pour punir les responsables de cette attaque terroriste
(…) et pour restaurer l’indépendance,
la souveraineté et la démocratie du
Liban, libre de toute occupation
étrangère », a-t-il déclaré.
Plusieurs dirigeants européens,
de même que le représentant de
l’Union européenne, Javier Solana,
ont rejoint la France pour demander une enquête internationale.
Dans la région, l’attentat a été
condamné par l’Autorité palestinienne, par la Ligue arabe, par le
premier ministre irakien, Iyad
Allaoui, par l’Iran et par le président
syrien, Bachar Al-Assad, qui a stigmatisé ce « terrible acte criminel ».
Claire Tréan
Les souvenirs de la guerre civile soudain réveillés
BEYROUTH
de notre envoyé spécial
la police a affirmé en avoir identifié
l’auteur, Ahmed Tayssir Abou
Adass, un Palestinien de 22 ans.
Une perquisition a été aussitôt
conduite à son domicile, où divers
documents et un ordinateur
auraient été saisis. Le dénommé
Abou Adass a disparu. Cette revendication et ses suites ont suscité un
scepticisme général.
Dans un pays sous haute surveillance internationale depuis le
vote, par le Conseil de sécurité de
l’ONU, de la résolution 1559, tout le
monde donne l’impression de jouer
son va-tout : le pouvoir, qui, en se
drapant dans une souveraineté
confisquée de longue date par la
Syrie, rejette l’intrusion étrangère ;
l’opposition, qui pense disposer
d’une chance unique pour se débarrasser de la tutelle syrienne ; et la
Syrie, décidée à s’accrocher au
Liban tout en donnant des gages
aux Etats-Unis concernant l’Irak. Le
président syrien, Bachar Al-Assad,
et d’autres responsables syriens ont
vivement condamné l’assassinat de
Rafic Hariri.
Dans la nuit, les engins d’excavation continuent
leur besogne sous la lumière crue de projecteurs.
Un camion militaire s’éloigne de la zone bouclée
par l’armée, chargé de deux véhicules cabossés.
D’autres attendent sur des remorques. Il s’agit des
derniers restes du convoi frappé en milieu de journée, lundi 14 février, par une puissante charge d’explosifs, dans le quartier des hôtels de Beyrouth, à
quelques centaines de mètres seulement de la corniche qui longe la Méditerranée.
La façade de l’Hôtel Saint-Georges, un symbole
du Beyrouth d’avant la guerre civile, en cours de restauration, n’est plus qu’un squelette. A ses pieds, la
bombe a creusé un profond cratère. Partout dans le
quartier, les rues sont jonchées de débris de verre.
Aucun bâtiment alentour n’a été épargné par le
souffle de l’explosion et, de loin en loin, des stores
démantibulés pendent à des fenêtres béantes.
Après l’attentat et ses scènes ravivant les souvenirs
de la guerre civile, une chape de plomb s’est abattue sur Beyrouth. La ville est vide et silencieuse.
Près des lieux du drame, les boîtes de nuit ont
fermé ce soir leurs portes, tout comme, auparavant, les magasins du centre-ville. Après l’annonce
de la mort de l’ancien premier ministre Rafic Hariri
et d’une dizaine d’autres personnes, des manifestants ont saccagé le siège d’un parti prosyrien, brisant au passage les vitrines de boutiques voisines.
Les quelques rares taxis qui sillonnent la ville ne
Lucien George
croisent que des Jeep de l’armée libanaise en patrouille. Dans le quartier de Kouraitem, des agents
de sécurité, la mine sombre, montent la garde derrière des barrières métalliques qui commandent
l’accès au domicile de M. Hariri. La flamme de bougies déposées sur des plots de béton tremble dans
la nuit. Un peu plus tôt, quelques dizaines de ses
partisans s’étaient rassemblés là pour lui rendre un
premier hommage, au cri de « On ne veut plus de
la Syrie ! », à laquelle ils imputent l’attentat.
carcasses métalliques
Noyée parmi d’autres véhicules roulant à vive
allure, la voiture blindée dans laquelle avait pris place Rafic Hariri a sauté alors que le convoi rentrait
du Parlement libanais en direction de Kouraitem.
Brouillages d’ondes contre les systèmes télécommandés, trajets sans cesse modifiés, un luxe de précautions entourait pourtant les déplacements de
l’ancien premier ministre. Le cratère creusé dans la
rue peut laisser penser à une mine, mais on ne
savait pas, mardi, si ce n’était pas plutôt une voiture piégée qui avait provoqué l’explosion. Les carcasses métalliques broyées et les corps calcinés qui
ont défilé sur les écrans de télévision libanais ne
laissent en revanche aucun doute sur la détermination et le savoir-faire des auteurs de l’attentat. Ils
ont frappé précisément dans le Beyrouth reconstruit dont M. Hariri s’était fait le grand architecte.
Gilles Paris
Entrepreneur fortuné, M. Hariri avait mené, sous l’œil de Damas, la reconstruction du pays
RIEN, dans la tradition politique
du Liban, ne prédestinait Rafic
Hariri à devenir un jour premier
ministre. Sunnite, il l’était, comme
doit l’être tout chef de gouverne-
portrait
Des Saoud à Jacques
Chirac, l’ex-premier
ministre s’était ménagé
de nombreuses amitiés
ment libanais, conformément au
Pacte national de 1943, confirmé
par les accords interlibanais de
Taëf de 1989. Mais, né en novem-
bre 1944, dans une famille modeste
de paysans de la région de Saïda,
chef-lieu du Liban sud, il n’appartenait pas à l’une de ces grandes
familles dont les fils se sont succédé à la tête des gouvernements libanais depuis l’indépendance. Petit
entrepreneur en bâtiment, il aurait
pu se contenter de profiter d’une
réussite professionnelle qui lui a
permis de devenir, sinon milliardaire, comme le veut la rumeur qui,
dans cette région plus qu’ailleurs, a
tendance à amplifier la réalité, en
tout cas sûrement multimillionnaire.
Mais Rafic Hariri, qui a trouvé la
mort, lundi 14 février, dans un
attentat à la voiture piégée à Beyrouth, estimait de toute évidence
que l’entrée et le succès en politi-
que achèveraient de combler une
vie que la chance et une impressionnante capacité de travail avaient
rendue riche en rebondissements
heureux. La guerre intestine qui a
déchiré le pays du Cèdre,
entre 1975 et 1990, allait lui offrir
l’occasion de se faire connaître, de
nouer des alliances à l’intérieur de
son pays et d’enrichir son carnet
d’adresses international, se donnant ainsi les moyens de faire en
sorte que son souhait le plus cher
soit enfin comblé.
coup de maître
La chance commence à lui sourire lorsque, après quelques années
passées au poste d’expert-comptable d’une entreprise d’agrumes, il
décide, en 1967, comme de nombreux compatriotes et d’autres ressortissants arabes, de tenter d’aller
faire fortune en Arabie saoudite,
pays par excellence de l’or noir. Il
fait mouche, dans un royaume où
tout est à construire et où ce ne
sont pas les moyens qui manquent.
Mais son coup de maître aura été
de relever un défi posé par le prince héritier saoudien – et futur roi –
Fahd, qui lui demande, en 1980, de
construire en un temps record un
centre de conférences pour
accueillir un sommet de l’Organisation de la conférence islamique
(OCI). Sa fortune est faite et ira
désormais grandissant.
Ses liens avec la famille royale,
en particulier avec l’un des fils du
roi Fahd, et ses moyens financiers
lui donnent les clés d’une ascension rapide. Fait rarissime, il est
même naturalisé saoudien. Bien
que n’ayant pas fait d’études supérieures, Rafic Hariri, tout en main-
nabil ismail/ap
Grâce à ses nombreux contacts nationaux et internationaux, l’homme d’affaires était devenu un personnage central de la scène politique libanaise
tenant ses activités dans le royaume wahabbite, aura le flair et l’intelligence de diversifier, par la suite,
ses sources de revenus. Lorsque, en
1978, il revient dans un Liban en
guerre depuis trois ans, il ne prend
position pour aucun des clans en
conflit. Il maintient le contact avec
tous les protagonistes et se lie
d’amitié avec Johnny Abdo, toutpuissant chef du deuxième bureau
de l’armée (services de renseignement militaires). Généreux, il aide
déjà les familles nécessiteuses, en
particulier les milliers de réfugiés
chassés de leurs foyers par l’invasion israélienne de la partie sud du
pays. En 1982, il crée une fondation
qui porte son nom et qui distribue
des bourses aux élèves brillants des
milieux défavorisés.
Lorsque, la même année, l’armée
israélienne envahit le pays jusqu’à
Beyrouth, avec l’accord des milices
chrétiennes des Forces libanaises,
Rafic Hariri, à la différence des
autres personnalités politiques
musulmanes, maintient indirectement le contact avec les premières,
via Johnny Abdo, tout en entretenant des liens étroits avec le camp
adverse. Lorsque, par le biais de ses
alliés au Liban, la Syrie réussit à faire annuler l’accord de paix libanoisraélien conclu en 1983, Rafic Hariri comprend que rien ne peut se faire au Liban sans l’aval de Damas.
Dans le même temps, ses amitiés
saoudiennes le mettent en contact
avec les Etats-Unis. En 1984
s’ouvrent à Genève, puis à Lausanne, des conférences interlibanaises
destinées à réconcilier les frères
ennemis. Rafic Hariri y assiste,
alors qu’il se tient à distance de
tous. Cinq ans plus tard, il contribue à la conclusion des accords
interlibanais de Taëf, qui mettent
fin à la guerre civile.
critiques acerbes
En 1992, grâce aux liens qu’il a
établis avec toutes les parties qui
comptent, au plan intérieur comme au niveau international, Rafic
Hariri apparaît aux yeux de la
Syrie, qui tient toujours le Liban
sous sa coupe, comme l’homme
idoine pour présider un gouvernement dont la première tâche est de
reconstruire le pays. Rafic Hariri,
qui se maintiendra dans ses fonctions de premier ministre jusqu’en
1998, s’y attelle, n’hésitant pas à
mettre son carnet d’adresses au service du Liban, quitte à contracter
une dette extérieure de plus en
plus lourde. Dans le même temps,
il n’oublie jamais ses intérêts propres et étend son empire immobilier, ce qui lui vaudra les critiques
acerbes de ses détracteurs.
Après une « traversée du
désert » de deux ans, il est à nouveau nommé premier ministre, en
2000, et le restera jusqu’en octobre 2004. Durant ces quatre ans,
Rafic Hariri et Emile Lahoud, président de la République, se livrent en
permanence une guerre à fleurets à
peine mouchetés, bien qu’ils doivent tous deux à la Syrie de les
avoir fait rois.
Le tropisme français de Rafic
Hariri et son amitié avec le président Jacques Chirac datent du
milieu des années 1980. Ils ont
contribué grandement à aider le
Liban. C’est dans l’intérêt de ce
petit pays que Paris a mis de l’huile
dans les rouages de ses liens avec
Damas ; et c’est pour permettre à
Beyrouth d’éviter l’asphyxie financière qu’en 2002, à l’initiative de la
France, la communauté financière
internationale (Banque mondiale,
Banque européenne d’investissement, Commission européenne) a
alloué au Liban, sans conditions,
500 millions d’euros, dont 30 % à
titre de dons, le reste étant constitué de prêts à taux préférentiels,
pour peu que Beyrouth engage des
réformes économiques. Le Liban
ploie alors sous une dette de quelque 25 milliards de dollars, représentant entre 140 % et 160 % de
son produit intérieur brut (PIB).
Jusqu’en 2004, Rafic Hariri s’était
abstenu d’entrer en conflit direct
avec Damas. La prorogation, grâce
à un bricolage constitutionnel, du
mandat du président Lahoud, sur
injonction de la Syrie, avait provoqué la rupture. Rafic Hariri, qui
l’avait
finalement
approuvée
contre son gré, avait démissionné
et rejoint le camp, de plus en plus
nombreux, de l’opposition.
Mouna Naïm
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/3
INTERNATIONAL
Dans le nord de l’Irak, Mossoul
est au bord de la guerre civile
Les accrochages se multiplient entre forces kurdes et guérilla sunnite
MOSSOUL
de notre envoyée spéciale
Sardar Herki franchit chaque
matin le check-point kurde qui
contrôle l’entrée est de Mossoul.
reportage
a.p.
« Nous nous battons
contre un ennemi
invisible, une armée
de fantômes… »
Un cratère de 5 mètres de diamètre
DEVANT l’Hôtel Saint-Georges, à Beyrouth, en bordure de la Méditerranée, un cratère de 5 mètres de diamètre et de 2 mètres de profondeur atteste de la puissance de l’explosion et du « savoir-faire » des auteurs
de l’attentat qui a coûté la vie, lundi 14 février, à l’an-
cien premier ministre libanais, Rafic Hariri. La déflagration, qui s’est produite au passage de son convoi, a tué
15 personnes et fait 137 blessés. L’attentat fait craindre
un regain de violence dans un pays encore meurtri par
le souvenir des années de guerre civile (1975-1990).
Depuis sa démission, l’ex-premier ministre libanais
réclamait le retrait des troupes syriennes
Rafic Hariri avait rejoint l’opposition en octobre 2004
DIMANCHE 13 février, le journal
de Futur TV, la télévision de l’ancien premier ministre libanais, Rafic
Hariri, a consacré près d’une demiheure à un événement qui, en
d’autres temps, aurait tenu du fait
divers anecdotique, mais qui, dans
le contexte actuel du Liban, revêt
un caractère hautement politique. Il
s’agit de l’interpellation de trois
Libanais, parmi lesquels un septuagénaire, accusés d’avoir… distribué
des gallons d’huile d’olive à des
familles nécessiteuses.
Comme par hasard, les trois hommes sont membres d’une association de bienfaisance créée il y a une
vingtaine d’années par M. Hariri et
qui, en particulier à l’occasion des
fêtes musulmanes, distribue des
rations alimentaires à des familles
nécessiteuses, conformément à la
zakat, cette forme d’impôt que tout
musulman se doit de verser, en
espèces ou en nature, pour aider les
plus pauvres…
L’interpellation des trois hommes, qui devaient être interrogés
une nouvelle fois, lundi 14 février,
et qui se sont vu retirer leurs passeports, est une première dans un
pays où, en raison de la crise économique et des graves carences de
l’Etat dans le domaine des services
sociaux, il existe des dizaines d’associations de bienfaisance créées par
des particuliers ou par des institutions relevant de différentes communautés religieuses.
Les autorités libanaises veulent
prouver que, par le biais de la bienfaisance, l’ex-premier ministre cherchait à gagner des voix dans la
perspective des élections législatives prévues au printemps. Et ce,
alors que, s’il avait été candidat,
Rafic Hariri l’aurait été pour la
région de Beyrouth, tandis que ses
activités charitables couvrent l’ensemble du pays, du nord au sud.
L’ancien premier ministre était,
en réalité, « coupable » d’être entré
dans l’opposition au pouvoir inféodé à la Syrie. Depuis sa démission,
en octobre 2004, il réclamait, à
l’unisson de plusieurs personnalités
libanaises de toutes confessions, le
retrait des forces syriennes du
Liban. Avant même de quitter la présidence du conseil, il s’était déclaré
opposé au projet de reconduction
dans ses fonctions du président de
la République, Emile Lahoud, avec
lequel il entretenait des relations
tendues. Lorsque Damas avait exigé
la prorogation, pour trois ans, du
mandat de M. Lahoud, au prix d’un
bricolage constitutionnel, M. Hariri
avait fini par donner son accord,
mais à contrecœur. Selon des sources sûres, Damas l’avait prévenu
qu’il ne resterait pas pierre sur
pierre au Liban si ses exigences
n’étaient pas satisfaites.
Une fois M. Lahoud reconduit
L’hostilité à la tutelle
imposée à Beyrouth
par Damas
grandit dans le pays
dans ses fonctions, M. Hariri avait
démissionné des siennes et avait
rejoint les rangs de l’opposition à
l’ingérence syrienne à tous les échelons de la vie politique et administrative libanaise. D’abord confinée
à la communauté chrétienne, cette
opposition a gagné des secteurs de
plus en plus larges de la population,
toutes appartenances communautaires confondues, avant que des
personnalités politiques pourtant
considérées comme proches de la
Syrie, tels le leader druze Walid
Joumblatt, chef du Parti socialiste
progressiste (PSP), et Rafic Hariri,
la rejoignent.
Autre nouveauté : les opposants
n’hésitent plus à afficher publiquement leur hostilité à la tutelle syrienne. Tout en se disant favorables à
des liens étroits avec Damas, ils
réclament le respect des accords
interlibanais de Taëf, conclus en
1989, selon lesquels les troupes
syriennes devaient se retirer, en
deux temps, du Liban deux ans
après que les armes se seraient tues
dans ce pays. Or, quinze ans après
la fin de la guerre interlibanaise, la
Syrie maintient toujours des troupes au Liban et y dicte aussi sa loi.
En septembre 2004, peu après
l’adoption par le Congrès américain
de sanctions économiques contre
Damas pour l’obliger, entre autres,
à cesser son ingérence – selon Washington – en Irak, et mettre fin à sa
tutelle sur le Liban, le Conseil de
sécurité des Nations unies a adopté
la résolution 1559, qui exige implicitement le retrait des quelque
14 000 soldats que Damas maintient au Liban et la fin de l’ingérence dans les affaires intérieures de ce
pays. La résolution était parrainée
par la France et par les Etats-Unis.
Les « amis » libanais de Damas
se sont aussitôt fait entendre, se faisant les hérauts de la souveraineté
libanaise et accusant les opposants
de trahison et de collusion avec
Paris et Washington. Kofi Annan, le
secrétaire général de l’ONU, a chargé le Norvégien Terje Roed-Larsen
de suivre la mise en application de
la résolution 1559. M. Larsen, qui
vient d’effectuer un séjour à Beyrouth et à Damas, où il a rencontré
toutes les parties, y compris le président syrien, Bachar Al-Assad, est
chargé d’élaborer un rapport qui
sera présenté en avril au Conseil de
sécurité.
Le 1er octobre, l’ancien ministre
de l’économie Marouan Hamadé,
très lié à la fois à M. Joumblatt et à
M. Hariri, était victime d’un attentat à la voiture piégée dans lequel il
a été grièvement blessé. Plus de
quatre mois plus tard, il n’est pas
encore remis de ce choc. Quant aux
enquêtes diligentées après des
attentats ou des meurtres politiques, il est rarissime qu’elles aboutissent, au Liban, à quelque résultat
que ce soit.
M. Na.
La résolution 1559 de l’ONU et les accords de Taëf
b La résolution 1559,
d’inspiration franco-américaine,
adoptée le 2 septembre 2004,
dispose notamment que le
Conseil de sécurité de l’ONU :
« Demande à nouveau que
soient strictement respectées la
souveraineté, l’intégrité
territoriale, l’unité et
l’indépendance politique
du Liban, placé sous l’autorité
exclusive du gouvernement
libanais (…) » ;
« Demande instamment à toutes
les forces étrangères qui y sont
encore de se retirer du Liban » ;
« Demande que toutes
les milices libanaises et non
libanaises soient dissoutes et
désarmées » ;
« Soutient l’extension du contrôle
exercé par le gouvernement
libanais à l’ensemble du
territoire ».
b Les accords de Taëf, conclus le
22 octobre 1989, prévoient entre
autres que :
« (…) Les forces syriennes
aideront le gouvernement
libanais légitime à étendre son
autorité dans un délai maximal
de deux ans, à compter de
l’élection d’un président de la
République, de la formation d’un
gouvernement d’entente
nationale et de l’adoption de
réformes (…) » ;
Au terme de cette période,
les deux gouvernements
« décideront de redéployer les
forces syriennes dans la région de
la Bekaa [Est] (…) et si nécessaire
en d’autres points ».
Un accord bilatéral devra
« déterminer la durée
de la présence des forces
syriennes dans cette région et leur
nombre ».
Depuis plus d’un an, ses responsabilités dans la plus large base militaire kurde de la ville lui imposent des
allers-retours entre Erbil, au Kurdistan, et Mossoul, sans que cette routine n’ait réussi à apaiser ses appréhensions. « Au-delà de cette barrière, murmure-t-il, c’est l’état de
guerre permanent… »
Mossoul, troisième ville d’Irak
avec presque 2 millions d’habitants, rassemble une majorité sunnite, une forte minorité kurde, des
communautés chrétienne, turcomane, yazidi… et du pétrole. Autant
d’éléments qui ont participé à bâtir
sa richesse économique et culturelle, et qui l’ont aujourd’hui transformée en poudrière. « C’est sûr, pense Sardar, si Mossoul sombre dans la
guerre civile, c’est toute la région qui
sera mise à feu et à sang. »
A l’est du Tigre, qui coupe la cité
en deux, s’étend la zone protégée
par les Kurdes. L’UPK (Union
patriotique du Kurdistan) y est
majoritaire, précise Sardar. Si, au
Kurdistan, les deux partis kurdes,
l’UPK et le PDK, sont rivaux, « à
Mossoul, à Kirkouk, et dans toutes les
villes où nous faisons face à un ennemi commun, nous sommes unis comme des frères », ajoute-t-il.
L'« ennemi », c’est la guérilla, de
l’autre côté du fleuve, dans la ville
arabe sunnite. En novembre 2004,
elle s’est brièvement emparée des
postes de police, provoquant la
désertion en masse des agents de
sécurité, et le chaos. Le 21 décembre, un kamikaze déguisé en militaire irakien a infligé aux Américains
leurs plus lourdes pertes –
22 morts, dont 14 soldats et 72 blessés – depuis la fin officielle de la
guerre en Irak.
renforts militaires
D’importants renforts militaires
n’ont apporté qu’un bref instant de
répit. Les assauts ont repris, quotidiens. Dimanche 13 février, par
exemple, deux attaques, dont une
contre la maison du gouverneur,
ont coûté la vie à six habitants. La
veille, une base américaine de Mossoul avait essuyé des tirs d’obus de
mortier. Dans la riposte, 9 moudjahidins ont été tués. Pour Sardar,
ces nouvelles sont devenues une
autre routine.
« Nous avons dû augmenter nos
effectifs, explique-t-il, car la guérilla
harcèle aussi nos positions. Il y a
aujourd’hui plus de 4 000 peshmergas, dont une partie sous l’uniforme
de la Garde nationale irakienne.
Cela mécontente la population arabe, qui y voit une provocation, mais il
faut bien se défendre… » Dans le
quartier de Taamim, les murs extérieurs du quartier général de l’UPK
sont criblés de balles. A l’intérieur,
400 peshmergas fraîchement débarqués de Souleimaniyé. L’un d’eux
explique qu’ils ont été sélectionnés
en fonction de leur « valeur guerrière ». Le commandant Aziz confirme : « La vie dure, ça nous connaît !
Nous sommes là pour dire aux gens
de Mossoul ne plus avoir peur. »
Ces bâtiments sont également le
lieu où les représentants de toutes
les communautés se rencontrent
pour se plaindre ou discuter politique. Il y a par exemple Ido, le fils de
Baba Cheikh, éminent membre du
clergé yazidi. « Les Yazidis vivent la
pire des situations, se lamente-t-il.
Ils sont kurdes et leur religion n’est
pas reconnue par l’islam. Cela fait
d’eux une cible prioritaire. » Il raconte : « Il y a deux semaines, des
ouvriers yazidis ont pris un taxi. Le
chauffeur les a vendus à un groupe
de terroristes qui les a froidement
assassinés ! »
Malgré la présence de 8 000 soldats américains et gardes nationaux irakiens patrouillant dans la
ville, la participation aux élections
a été faible (17 %). Mais l’Est, mieux
préparé, a pu voter davantage.
Pour savoir ce qui se passe à
l’ouest, il faut se contenter du
témoignage des derniers journalistes qui ont osé aller voir. « La situation est devenue incontrôlable, affirme un journaliste algérien. Chaque
rue est sous la coupe d’un “émir”
qui impose sa loi. » Une famille arabe refuse tout net l’éventualité
d’une rencontre : « Pour le bien et
la sécurité de tous, ne venez pas ! »
A l’ouest règne la terreur. Une
terreur qui fait des incursions à
l’est, sous la forme de cadavres
abandonnés dans les rues et de lettres de menaces. Comme à Bagdad, la guérilla inonde la ville de
DVD exaltant ses actions contre
« l’occupant américain » et montrant le sort réservé aux « traîtres
collaborateurs ». Cela fonctionne si
bien que les peshmergas sont persuadés que, quand un Kurde tombe entre leurs mains, on lui coupe
non pas le cou, mais la nuque « parce que c’est plus douloureux ».
« Le problème, explique Harem
ses alliés ont décidé de mettre en
place leur propre propagande. Ainsi, les « terroristes » capturés doivent passer aux aveux devant les
caméras, dans des émissions diffusées ensuite dans la ville. « On veut
prouver aux habitants que ces genslà ne s’en tirent pas impunément »,
explique Harem. Le 2 février, le
chef de la police, Mohammed
Ahmed Al-Djabouri, a fait une allocution télévisée jugée très courageuse, en lançant : « Déposez les
armes ou nous viendrons vous chercher. Nous savons où vous vous
cachez et vous ne nous faites pas
peur ! »
tracts rebelles
La réaction des rebelles n’a pas
tardé, sous forme de tracts distribués dans les mosquées. Sur l’un
d’eux, un texte signé par six groupes de la « Résistance de Mossoul » annonce leur fusion sous un
commandement militaire unique
et prévient : « Nous possédons une
nouvelle
arme,
la
roquette
El-Farouq-1, d’une portée de 26 km,
Meurtres et enlèvements se poursuivent
Depuis la publication des résultats des élections, dimanche 13 février, les
attaques se sont poursuivies en Irak, faisant au moins 19 morts, alors que cinq
soldats ont été enlevés. Une rançon de 4 millions de dollars a, d’autre part,
été réclamée pour la libération de Minas Ibrahim Al-Youssoufi, secrétaire
général du Parti démocratique chrétien, enlevé le 28 janvier. A Bagdad, deux
colonels et deux soldats irakiens ont été tués dans leur voiture dans le quartier de Kadimiya, ainsi qu’un policier dans celui de Chaab. Dans celui d’AlAmriya, deux officiers de la brigade criminelle ont aussi été tués. Un autre a
succombé sous les tirs d’inconnus. Un soldat américain a été tué et trois
autres ont été blessés dans l’explosion d’une bombe, lundi, près de
Baaqouba. Près de Kirkouk, un gazoduc et un oléoduc ont été sabotés. – (AFP.)
Khurshed, un autre responsable du
quartier général de l’UPK à Taamim, c’est que nous nous battons
contre une armée de fantômes, un
ennemi invisible qui attaque puis disparaît dans les maisons ou l’anonymat des villages alentours. Nous mettons régulièrement sous les verrous
100 ou 200 types que nous connaissons parce qu’ils étaient des baassistes notoires sous Saddam. La seule
arme efficace, c’est le renseignement ; malheureusement, nos services restent insuffisants. »
Une unité Asaïsh – « Sécurité » –
comprenant des éléments de toutes les communautés, chargée de
s’infiltrer et de collecter les informations, travaillerait en étroite
relation avec les Américains. Et
pour combattre la terreur, l’UPK et
que nous fabriquons nous-mêmes.
Nous n’hésiterons pas à nous en servir ! »
Selon l’ultimatum du chef de la
police, les armes devront être remises avant le 15 février. Un homme
resté silencieux interrompt la
conversation. « Il y a une chose que
je ne comprends pas, s’exclame-t-il.
Tout le monde parle de la possibilité
d’une guerre civile, et à quel point ce
serait une catastrophe. Pourtant, on
ne dit plus “Mossoul”, mais
“l’ouest” ou “l’est”. Nous savons que
la ville est bourrée d’armes. Les
minorités fuient, et il y a de nouveaux morts chaque jour. N’est-ce
pas cela qu’on appelle une guerre
civile ? »
Cécile Hennion
4/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
INTERNATIONAL
La France veut aller au-delà des objectifs fixés par Kyoto
Alors que le protocole sur la réduction des gaz à effet de serre entre en vigueur mercredi 16 février, Jacques Chirac
propose de diviser par quatre les émissions de CO2 d’ici à 2050. La Grande-Bretagne est aussi déterminée à faire plus
Cheveux
clairsemés?
Crescina
arrive
En pharmacie
Crescina Croissance
hésite à reprendre à son compte
cette mesure. La position de la
France, venant après celle de la
Grande-Bretagne, pourrait faire
pencher la balance. Le document
préparatoire au Conseil européen
qui doit réunir les chefs des Etats
membres, en mars, inclut cet objectif : « Le groupe des pays industriali-
émergents, au premier rang desquels la Chine. L’absence d’engagement de celle-ci dans le Protocole
de Kyoto est un des motifs du refus
du traité par M. Bush.
Londres a donc fixé trois buts au
G8, afin de retrouver des dénominateurs communs à tous : établir
« une solide fondation sur la science » ; « trouver un accord sur le
développement de la technologie et
d’autres mesures » ; « engager les
pays n’appartenant pas au G8 et
ayant des besoins croissants d’énergie, tels la Chine et l’Inde » sur la
façon de les satisfaire d’une manière supportable.
M. Chirac évoquera la question
du climat avec M. Bush, qu’il rencontrera le 21 février à Bruxelles.
« Notre premier objectif cette
année, a indiqué le président de la
République, doit être de réengager
les Etats-Unis dans l’effort international de lutte contre le changement climatique. »
Mais l’objectif de diminuer par
quatre les émissions en 2050 ne risque-t-il pas de faire l’effet d’un chiffon rouge sur le président Bush ?
C’est la question qui se pose à
Bruxelles, où l’Union européenne
Le président évoquera
la question du climat
avec M. Bush,
qu’il rencontrera le
21 février à Bruxelles
sés devrait envisager des stratégies
pour réduire ses émissions de gaz à
effet de serre de plus de 15 % en
2020 et de 60 % à 80 % en 2050, par
rapport aux niveaux de 1990. »
Si certains hésitent à prendre cet
engagement qui pourrait braquer
les Etats-Unis, d’autres pensent
qu’il est indispensable pour faire
venir les grands pays du Sud dans
le processus de Kyoto et de réduction des émissions. D’ores et déjà,
la Chine rejette dans l’atmosphère
plus de gaz carbonique (3 270 millions de tonnes en 2002) que
l’Union européenne (3 207). Si l’Europe confirme qu’elle est prête à
aller plus loin que ses engagements
de Kyoto, elle devrait avoir un effet
d’entraînement sur les grands pays
du Sud. Les Européens auront
donc à choisir : apaiser les EtatsUnis ou convaincre la Chine ?
Indépendamment de cet effet
d’affichage, la France et la GrandeBretagne auront à prouver qu’elles
sont capables de tenir leurs promesses. Dans ses conclusions, mardi matin, M. Chirac préconise « la
réhabilitation énergétique des habitats anciens », « une réflexion particulière sur le transport aérien, qui
doit assumer sa part de l’effort de
réduction des émissions », le « renforcement des normes existantes »
sur les véhicules automobiles. Il
n’est pas certain que de telles
actions soient à la mesure des
réductions envisagées.
M. Blair a ainsi renvoyé aux
calendes l’idée d’une taxe sur les
émissions de gaz carbonique par
les avions. « Combien de responsables politiques confrontés à une élection voteraient pour mettre un terme
aux voyages à bas prix ? », a-t-il
remarqué devant les Communes le
8 février.
La politique française en matière
de changement climatique n’est
pas, elle non plus, exemplaire.
Selon le Parti socialiste, qui devait
présenter, mardi après-midi, un
« Livre noir des politiques de la
droite en matière d’environnement », le gouvernement manifeste une « passivité complète » sur le
sujet du changement climatique.
Le PS dénonce notamment la forte
réduction des crédits pour financer
les transports collectifs, le recul du
service public ferroviaire et le développement du transport routier de
marchandises.
Hervé Kempf
RECTIFICATIF. Dans notre dossier « Kyoto, An I », pages I à IV, le
tableau de la page II comporte une
erreur. Les émissions de CO2 des
dix premiers pollueurs sont évaluées en millions de tonnes, et non
en milliards comme indiqué.
a
L’Onerc note que « rien n’existe » pour s’adapter au changement de climat
EN DÉCLARANT que, d’ici la fin du siècle, la
canicule de 2003 apparaîtrait comme un « été
frais », l’ancienne ministre de l’écologie Roselyne Bachelot avait suscité quelque émoi. Il est
trop tôt pour savoir si sa prophétie se réalisera,
mais la majorité des experts s’accordent pour
considérer que le réchauffement est en marche.
C’est la conviction de l’Observatoire national sur
les effets du réchauffement climatique (Onerc),
placé sous la tutelle du ministère de l’écologie, et
qui devait présenter son premier rapport au président Chirac, mardi 15 février.
« Ce qui m’inquiète, c’est l’inconscience de
l’opinion et des décideurs sur la question », insiste Paul Vergès, sénateur (PCR) de la Réunion
et président de l’Onerc. « Dès maintenant, on
doit étudier comment adapter l’aménagement du
territoire, l’architecture, la gestion de l’eau, etc.,
à ces changements », plaide-t-il. Or, « en matière d’adaptation au réchauffement climatique,
si l’on excepte les mesures prises après la catastrophe de la canicule de l’été 2003, force est de
constater que rien n’existe aujourd’hui », déplore l’Onerc, qui redoute une recrudescence
d’événements extrêmes. Canicules, incendies
de forêt, épidémies, inondations – comme celles qui ont ravagé l’est de l’Europe en 2002 –,
« il faut tout envisager, et s’y préparer ».
L’Observatoire détaille un certain nombre de
signes du changement, tels le recul des glaciers,
l’avancée de la date des vendanges de près de
trois semaines en cinquante ans, la croissance
des peuplements forestiers augmentée de 30 %
en un siècle. Facteur aggravant, « le réchauffement constaté en France métropolitaine est d’environ 50 % plus important que le réchauffement
moyen sur le globe ». Quand celui-ci est de 0,6 ºC,
la France s’échauffe de 1 ºC. Si l’on table sur le
scénario le plus pessimiste retenu par le Groupe
intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC) – près de +6 ºC en 2100 –, la France
connaîtrait un réchauffement plus marqué encore, de l’ordre de 9 ºC, souligne l’Observatoire.
impulser une politique nationale
L’Onerc s’inquiète aussi de la vulnérabilité de
nos sociétés au changement climatique. Il préconise l’élaboration de scénarios climatiques et
d’une cartographie régionale des impacts. Les
modèles économiques permettant de quanti-
fier les dommages lui semblent encore beaucoup trop simplistes.
Les pouvoirs publics doivent dès aujourd’hui
intégrer ces facteurs, plaide l’Onerc, pour qui
chaque ministère doit y consacrer expertise et
ressources. Il faut aussi que les collectivités territoriales soient sensibilisées à ces risques nouveaux. Les grandes écoles et l’Université doivent généraliser les formations, tandis que des
actions de sensibilisation seront conduites en
direction du public et des médias. L’Observatoire n’oublie pas les pays du Sud, plus vulnérables face à l’aléa climatique, et souhaite que la
France devienne observateur au sein de l’alliance des petits Etats insulaires.
Avec son budget d’un million d’euros, l’Observatoire peut commander des recherches et
des évaluations, mais ne peut prétendre impulser une politique nationale sur le sujet. Aussi
Paul Vergès devrait-il demander au gouvernement la mise en place d’un fonds spécifique
pour financer les actions d’adaptation au changement climatique en France.
« opération bagdad »
Après avoir été critiquée pour sa
passivité, la Minustah a lancé une
série d’opérations dans les « quartiers à risques ». Ces raids, menés
avec la police haïtienne, semblent
avoir brisé l’élan de « l’opération
Bagdad » lancée par les partisans
d’Aristide pour exiger son retour en
Haïti. Des dizaines d’arrestations
ont été opérées, mais la police, qui
ne compte que 3 500 fonctionnaires
mal équipés, a été accusée de graves violations des droits de l’hom-
Jean-Michel Caroit
Marie-Claude Decamps
Unis, Washington a suspendu une
ligne de crédit qui devait faciliter le
désarmement des anciens militaires.
« Les élections auront lieu. On a bien
fait des élections en Afghanistan, en
Irak et, plus près de nous, en Colombie, où la violence est chronique. Encore faut-il qu’elles soient crédibles pour
que le processus démocratique mûrisse », souligne Leslie Manigat, intellectuel démocrate-chrétien et l’un
des premiers à se lancer dans la course à la présidence. Il avait brièvement occupé le fauteuil présidentiel, en 1988, à la suite d’élections
contestées, avant d’en être chassé
par un coup d’Etat militaire.
« grand parti socialiste »
A Pétionville, banlieue de Port-au-Prince, la police haïtienne, renforcée
par les troupes de l’ONU, a attaqué, jeudi 10 février, une base d’anciens
soldats, accusés d’avoir tué quatre policiers le dimanche précédent.
me par des organisations souvent
proches de l’ancien président exilé
en Afrique du Sud.
« Il y a des bavures policières graves, mais on ne peut pas parler de
répression ciblée contre les “lavalassiens” [les partisans d’Aristide] »,
estime Pierre Espérance, directeur
de la Coalition nationale pour les
droits des Haïtiens (NCHR), un organisme indépendant. « On ne peut
oublier qu’Aristide a passé trois ans à
armer les gangs dans les quartiers
populaires et que la violence, parfois
sauvage, a fait 403 morts entre septembre 2004 et janvier 2005. Les nouvelles autorités ont ouvert des enquêtes pour sanctionner les policiers coupables de violations des droits de
l’homme, mais il faut aussi construire
des prisons et nettoyer l’appareil judiciaire. Des bandits sont relâchés par
des juges corrompus en échange de
billets verts », ajoute-t-il.
L’indulgence des autorités provi-
soires à l’égard des anciens militaires démobilisés par Aristide est un
autre motif d’inquiétude. « S’ils ne
sont pas délogés des villes et des zones
qu’ils contrôlent et s’ils ne sont pas
désarmés, il sera difficile de parler
d’élections libres et démocratiques »,
met en garde Pierre Espérance. Ces
élections sont officiellement annoncées pour la fin de l’année, le
13 novembre et le 18 décembre.
Malgré de violents incidents,
dont le dernier a fait quatre morts
dans les rangs de la police, le gouvernement a choisi la voie de la négociation, offrant d’indemniser ces
anciens soldats qui avaient joué un
rôle important dans la chute de l’ancien président. Des paiements ont
déjà été effectués, mais les ex-militaires refusent de remettre leurs
armes.
Soumis à une forte pression du
lobby financé par Jean-Bertrand
Aristide, toujours actif aux Etats-
mystique populaire
Malgré les efforts pour former
des coalitions, notamment au centre gauche avec la création d’un
« grand parti socialiste », 91 partis
ont manifesté leur intention de participer aux prochaines élections. Le
grand point d’interrogation demeure la participation de la Famille
Lavalas, le parti de l’ex-président
Aristide.
Malgré le refus de ce dernier, plusieurs anciens barons de son régime, comme le sénateur Yvon
Feuillé ou l’ex-premier ministre
Jean-Marie Chérestal, penchent en
faveur de la participation. Même si
son influence a beaucoup baissé,
Lavalas demeurerait la première force politique d’Haïti, selon un sondage confidentiel réalisé par Gallup
pour l’ambassade des Etats-Unis.
« La crainte de Washington est qu’un
grand nombre de candidats au Sénat
et à la Chambre ne l’emportent grâce
à l’argent de la drogue et de la contrebande », confie un homme d’affaires haïtien proche de l’ambassade
américaine.
Hervé Morin
Plus de 400 morts ces cinq derniers mois : partisans et adversaires d’Aristide ne désarment pas
PORT-AU-PRINCE
de notre envoyé spécial
Le « télédiol » – le « téléphone
arabe » haïtien – annonçait un bain
de sang à l’occasion du carnaval.
Mais, malgré quelques tirs le premier soir, la fête a été réussie. Ce
succès récompense les efforts des
casques bleus et du gouvernement
provisoire pour endiguer la vague
de violence déclenchée le 30 septembre 2004 par les « chimères », les
gangs se réclamant de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.
« La sécurité s’est améliorée depuis
la fin décembre, lorsque la Mission
des Nations unies pour la stabilisation en Haïti [Minustah] a complété
ses effectifs », explique Juan Gabriel
Valdés, le responsable chilien de cette mission qui compte désormais
6 000 militaires et près de 1 500 policiers, pour la plupart originaires de
pays sud-américains. « Avec la police nationale, les casques bleus ont
occupé l’espace, y compris dans les
quartiers les plus violents comme Cité
Soleil, où les soldats jordaniens ont
installé un poste permanent, ou Bel
Air. Aucun des groupes armés n’est
désormais en condition de déstabiliser le gouvernement ou de paralyser
la capitale comme ils avaient tenté de
le faire en octobre », ajoute-t-il.
LISBONNE
de notre envoyée spéciale
Programmes spéciaux à la télévision, titres à la « une » des journaux et deuil national avant des
obsèques à Coimbra, dans le nord
du pays, et près de Fatima, là où la
Vierge, « dans une lumière éblouissante », était apparue à cinq reprises, en 1917, à trois petits pastoureaux… La mort, dimanche
13 février à 97 ans, de Sœur Lucia,
la dernière survivante de ces trois
enfants, a créé une vague d’émotion dans tout le Portugal. Des milliers de fidèles se sont mis en marche pour lui rendre hommage, lors
des obsèques prévues mercredi
16 février.
Retirée au carmel de Coimbra,
sourde et aveugle, Lucia ne recevait
plus personne depuis de nombreuses années. Par trois fois, elle avait
fait une exception pour Jean Paul II
venu en visite à Fatima. Notamment le 13 mai 2000, où le pape
avait béatifié Francisco et Jacinta,
les deux autres bergers, cousins de
Lucia, morts très jeunes.
Elle avait dix ans lorsque la
« dame blanche » lui a fait, et à elle
seule, trois révélations. Les deux
premières concernaient la première guerre mondiale et la future Russie. La troisième n’a été divulguée
qu’il y a peu. C’était la vision « d’un
évêque vêtu de blanc marchant péniblement vers une croix plantée en
haut d’une colline au milieu de
corps martyrisés ». Tandis qu’il
priait pour ces morts, l’évêque tombait sous les coups de soldats.
Jean Paul II a interprété cette
vision comme préfigurant l’attentat dont il a été victime à Rome, le
13 mai 1981. Persuadé que la vierge de Fatima lui a sauvé la vie, le
pape a offert au sanctuaire une
des balles qui l’ont atteint. Elle est
enchâssée dans la couronne d’or
de la statue de Marie.
L’Eglise a mis du temps pour
admettre les apparitions de Fatima. Le régime du dictateur Salazar
a essayé à l’époque d’en récupérer
le côté « anticommuniste ». Les
commerçants ont transformé les
abords du sanctuaire, fréquenté
par quatre millions de visiteurs par
an, en un réel miracle économique. La mystique populaire qui se
nourrit de l’aventure des trois pastoureaux est intacte, et pas seulement parce que les Portugais se
disent catholiques à 95 %.
« C’est plus que cela, commentait un professeur de sociologie.
Sœur Lucia, on a tellement l’habitude de la voir en statuette avec les
deux autres bergers, dans les villages, les taxis ou les foyers populaires,
que beaucoup d’entre nous ne se
posaient même plus la question de
savoir si elle était encore vivante.
Comment dire ? C’était comme une
Jeanne d’Arc contemporaine, un
symbole de spiritualité et surtout
d’identité portugaise. »
Sa mort a semé la zizanie en pleine campagne électorale, à une
semaine des législatives du
20 février. Le premier ministre, le
social-démocrate Pedro Santana
Lopes, est intervenu à la télévision
pour qualifier la mort de Lucia de
« nouvelle
impressionnante ».
Après quoi, lui qui était à bout de
souffle dans les sondages, et
venait de reprendre un élan inespéré dans le nord du pays très religieux, a annoncé qu’il suspendait
sa campagne pendant deux jours
pour honorer la sœur décédée.
Il a été suivi par les conservateurs du CDS-PP qui ne pouvaient
faire moins pour un parti dont le
combat phare, soutenu par l’Eglise, est de s’opposer à la dépénalisation de l’avortement.
Les socialistes ont opté pour
une campagne « sobre », excluant
les actions de rue. Quant à l’extrême gauche et aux communistes, ils
poursuivront leurs activités. Mais
non sans avoir affiché leur « respect » pour la morte. Dans son
bureau où trônent deux crucifix, le
maire communiste de Setubal, Carlos Sousa, politicien très aimé et
dirigeant du Parti « orthodoxe »,
expliquait cette étonnante dualité :
« Je suis marxiste et catholique. Et
alors ? Jésus n’était-il pas le premier
communiste ? »
En Haïti, les autorités s’organisent pour enrayer les violences
thony belizaire/afp
« KYOTO n’est qu’un premier
pas. Nous devrons aller beaucoup
plus loin et diviser par quatre, d’ici à
2050, les émissions de gaz à effet de
serre de l’ensemble des pays développés. » Par ces mots prononcés, mardi 15 février, le président Jacques
Chirac a confirmé l’engagement de
la France pour un objectif des plus
ambitieux : réduire de 75 % ses
émissions en 2050, alors que le Protocole de Kyoto n’exige que 5 % en
2010 pour les pays développés.
Cette annonce intervient alors
que le Protocole entre en vigueur
mercredi 16 février. M. Chirac s’exprimait en conclusion d’une table
ronde consacrée au changement
climatique, et à laquelle assistaient
notamment Rajendra Pachauri,
président du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat,
et Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale.
M. Chirac confirme l’objectif fixé
pour la France en 2050, affiché en
février 2003 par M. Raffarin et
dans le Plan Climat de juillet 2004.
La France s’inscrit ainsi aux côtés
du Royaume-Uni. En février 2003,
le premier ministre Tony Blair écrivait, dans le Livre Blanc sur l’énergie, définissant la politique énergétique britannique dans les prochaines années : « Nous montrons la
voie en plaçant le Royaume-Uni sur
le chemin d’une réduction de 60 %
de ses émissions de gaz carbonique
en 2050. » M. Blair a, depuis toujours, manifesté l’importance qu’il
accorde au problème climatique, le
qualifiant le 8 février devant les
Communes de « plus grand défi à
long terme pour l’économie mondiale ».
La Grande-Bretagne a fait du
changement climatique l’un des
deux thèmes prioritaires, avec
l’Afrique, du G8 qu’elle préside cette année. L’enjeu essentiel est de
ramener les Etats-Unis, qui ont
rejeté le Protocole de Kyoto en
2001, dans la discussion sur le climat, mais aussi les grands pays
Portugal : la mort
de Sœur Lucia
perturbe
les élections
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/5
INTERNATIONAL
Grogne sociale et désenchantement des élites,
les critiques montent contre Vladimir Poutine
Depuis plus d’un mois, les contestations de rue se multiplient dans toute la Russie,
alors que des responsables commencent à s’interroger publiquement sur les échecs du Kremlin
MOSCOU
de notre correspondante
« Pakazoukha ! » Mise en scène,
coup monté. C’est le terme qu’emploie ce jeune responsable des services municipaux à Moscou pour parler des contre-manifestations organisées le 12 février dans la capitale
par le pouvoir russe. « Les responsables des services communaux et des
administrations de quartier ont reçu
la consigne de faire manifester tous
leurs employés en faveur du pouvoir,
raconte-t-il. Des dizaines de bus sont
venus des banlieues, des panneaux
pro-Poutine ont été distribués. Certains n’étaient pas contre, d’autres
comprenaient qu’ils risquaient d’être
sanctionnés au travail s’ils refusaient.
Pour mobiliser des étudiants, des tickets de cinéma et de l’argent ont été
promis. »
Après avoir décrit avec amertume
ces méthodes fleurant bon les
vieilles recettes d’embrigadement,
le jeune homme hausse les épaules :
« Comme toujours, dit-il, le pouvoir
dans ce pays se concentre dans les
mains d’un petit cercle, qui s’enrichit
au passage et essaie de nous faire croire, à la télévision, qu’il œuvre pour le
bien commun. »
Le Kremlin multiplie les stratagèmes pour tenter de mettre fin à la
contestation de rue, qui dure depuis
plus d’un mois en Russie et vise une
réforme gouvernementale éliminant des avantages sociaux hérités
de l’URSS. Celle-ci supprime la gratuité des transports et de services
médicaux pour certaines catégories
de la population : retraités, invalides, malades, liquidateurs de Tchernobyl, anciennes victimes des
répressions politiques du temps de
l’URSS. Des dizaines de millions de
Russes sont concernés.
Un changement d’ambiance est
sensible dans le pays. Le pouvoir
s’est retrouvé sur la défensive et a
dû multiplier les effets d’annonce
sur des augmentations des retraites
et de soldes militaires – des conces-
sions qui coûteront, selon le ministre des finances, Alexeï Koudrine,
environ 6 milliards d’euros, soit plus
du tiers du budget militaire russe.
Depuis la mi-janvier, des centaines de milliers de Russes ont manifesté. Les rassemblements ne sont
pas massifs, car ils sont éparpillés à
travers la vaste étendue du pays.
Mais ils ne se sont pas essoufflés,
comme l’a montré la journée du
12 février (250 000 personnes dans
les rues, selon la police), et leurs slogans se sont élargis : contre la « loi
122 » de la réforme sociale, contre
Les contre-manifestations organisées le 12 février par le Kremlin – le
parti Russie unie avait distribué des
panneaux marqués « Poutine, nous
sommes avec toi » – ont fait l’objet
de comptes rendus emphatiques
sur les télévisions d’Etat, seuls
médias susceptibles d’avoir un
impact sur l’opinion. Vladimir Poutine a été montré à de nombreuses
reprises ces dernières semaines tançant ses ministres pour la mauvaise
mise en œuvre de la réforme sociale. « Augmentez les soldes. C’est tout.
Sans commentaire », a-t-il lâché
Une cote de popularité en recul
La cote de popularité de Vladimir Poutine s’est érodée, selon l’institut de
sondage de Iouri Levada, sociologue respecté : 65 % des Russes interrogés fin
janvier ont approuvé son action, contre 69 % en décembre 2004, et 84 % en
décembre 2003. Les principales critiques émises contre le président russe sont
qu’il « reste lié à Boris Eltsine et à son entourage », « ne s’appuie que sur les
généraux et les services secrets », et « n’a pas de ligne politique nette ». Mais
Vladimir Poutine demeure la personnalité politique la plus populaire du pays,
beaucoup de Russes le trouvant « énergique et volontaire ». Un autre institut,
FOM, réputé proche du Kremlin, a lui aussi fait état d’un sentiment de déception dans l’opinion publique : 49 % des Russes considèrent que le pays « va
vers une impasse » (contre 29 % fin 2003) tandis que 38 % des Russes pensent
qu’il « va dans la bonne direction » (contre 53 % fin 2003). – (Corresp.)
la hausse des prix des carburants,
contre la suppression du sursis militaire pour les étudiants, pour la
démission du gouvernement, et parfois pour celle du président Poutine.
le cafouillage de ioukos
Ces manifestations mobilisent
pêle-mêle des retraités, des étudiants, des militants d’ONG, le Parti
communiste, des syndicats, des
démocrates. Dans certaines villes,
les manifestants ont constitué des
« conseils de solidarité publique ». A
Saint-Pétersbourg et à Moscou, des
étudiants ont lancé un « mouvement » intitulé « Ceux qui vont sans
Poutine ». Il s’agit de la première
vague notable de mécontentement
depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000.
sèchement un jour lors d’une réunion filmée.
Mais si les plus démunis protestent contre une réforme sociale mal
conçue, et perçue comme d’autant
plus injuste que les caisses de l’Etat
sont renflouées par d’importants
revenus pétroliers, une autre catégorie de Russes, plus discrètement, a
commencé à manifester du désenchantement. A Moscou, une partie
de l’élite intellectuelle, militaire, policière et des milieux d’affaires s’interroge en sourdine sur la capacité de
l’équipe au Kremlin à mener à bien
des dossiers lourds et stratégiques
pour le pays.
Les tensions provoquées par la
« loi 122 » et l’insuffisance des compensations financières prévues par
le gouvernement ont mis en doute
les talents de gestion de l’équipe
entourant M. Poutine. Les critiques
évoquent aussi les cafouillages du
pouvoir dans l’affaire Ioukos, où la
reprise par l’Etat d’un fleuron de l’industrie pétrolière s’est accompagnée de poursuites judiciaires à
l’étranger et d’une opacité gênante
dans les financements. L’échec des
projets du Kremlin en Ukraine, où
l’arrivée au pouvoir d’un président
pro-occidental à la suite de la « révolution orange » a été perçue comme
une sorte d’humiliation nationale
en Russie, a aussi contribué à réduire la crédibilité du président Poutine. A cela s’ajoute l’effet négatif de
l’instabilité croissante dans le Caucase du nord, région-foyer d’un terrorisme qui a lourdement frappé le
pays en 2004.
Parmi les voix qui s’expriment
publiquement, on peut citer l’ancien sherpa du Kremlin pour les réunions du G8, l’économiste Andreï
Illarionov, pour qui la société
Ioukos a fait l’objet d’une « confiscation » par l’Etat. Il dénonce également le réflexe de « contrôle de l’information et de censure » dans les
cercles du pouvoir. Egor Gaïdar,
l’ancien « père » des réformes libérales des années 1990, et le patron
du monopole de l’électricité, Anatoli Tchoubaïs, ont aussi donné de la
voix, mettant en garde contre les
effets de l’affaire Ioukos et la « relation détériorée entre le pouvoir et le
business ». « L’équipe Poutine a le
comportement d’une bande de
voyous qui s’empare de biens industriels et capte l’argent, comme elle le
faisait déjà à Saint-Pétersbourg au
début des années 1990 », commente
de son côté l’analyste Stanislav Belkovski, proche du « groupe moscovite » des services secrets russes. « Et
pendant ce temps le Kremlin a essuyé
un krach total de sa politique dans
l’étranger proche [ex-URSS] », ajoute-t-il, prenant un air dégoûté.
Natalie Nougayrède
Stanislav Gross, premier ministre tchèque
PRAGUE
de notre correspondant
Le premier ministre tchèque, Stanislav Gross, effectue sa première
visite officielle en France, mardi 15
et mercredi 16 février. Il doit rencontrer Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin et plusieurs responsables politiques dont le premier
secrétaire du Parti socialiste, François Hollande.
La République tchèque est
membre de l’UE depuis bientôt
neuf mois. Qu’est-ce que cela a
apporté à votre pays ? Au contraire, qu’est-ce qui vous manque ?
Il est peut-être encore tôt pour
tirer des conclusions mais je peux
dire que la République tchèque
était bien préparée. Nous n’avons
enregistré aucune surprise. Nous
continuons de lutter contre notre
opposition eurosceptique – de
droite comme de gauche –, certaine que l’entrée dans l’Union européenne aurait des conséquences
néfastes sur le niveau de vie de nos
concitoyens. Or c’est le contraire
qui s’est passé.
L’inflation a été en 2004 la plus
basse de celles enregistrées dans
les nouveaux pays membres, la
hausse du pouvoir d’achat a été
plutôt élevée. L’adhésion à l’Union
européenne est perçue par une large majorité de la population comme un pas dans la bonne direction.
Selon un récent sondage, les Tchèques considèrent le 1er mai 2004
comme la date la plus importante
de l’année écoulée. Pour moi, les
aspects positifs dominent les
aspects négatifs.
A quoi pensez-vous en particulier ?
Je pense surtout à la limitation de
la libre circulation de la main-d’œuvre. La République tchèque n’est
pas un pays d’émigration et ne
menace nulle part le marché du travail. La Grande-Bretagne, qui n’a
pas appliqué de période transitoire
envers la République tchèque, n’a
pas enregistré de hausse dramatique du nombre de Tchèques
employés dans ce pays. L’Autriche
voisine connaît même une baisse
des demandes d’emploi des Tchè-
michal cizek/afp
« Ceux qui nous accusent de dumping social se trompent »
ques. Dans un an, lorsque la question sera de nouveau sur la table,
nous demanderons la fin de cette
période transitoire.
A propos de la Constitution
européenne, la République
tchèque est considérée comme
un pays à risques. Ratifiera-t-elle le nouveau traité,
quand et comment ?
En République tchèque, la principale force politique proeuropéenne est la social-démocratie. Mais
nous avons de puissants adversaires qui usent de toutes sortes d’arguments faciles voire malhonnêtes : les communistes, le Parti
démocrate civique du président
Vaclav Klaus – lui-même très sceptique sur la Constitution européenne. Nous ferons le maximum pour
réussir et je crois que nous convaincrons une majorité de nos concitoyens que c’est un bon choix.
Prague entretient d’étroites
relations avec les Etats-Unis.
Tout comme la Pologne, vous
avez soutenu la guerre en Irak et
vous n’avez pas encore ratifié la
convention sur la Cour pénale
internationale (CPI) que combat
Washington. Pourquoi ?
Le gouvernement tchèque veut
que le Parlement ratifie la convention sur la Cour pénale internationale. Nous avons déjà, à plusieurs
reprises, soumis le texte au Parlement pour ratification mais malheureusement nous ne disposons
pas de la majorité qualifiée (trois
cinquièmes des parlementaires)
pour l’imposer. Nous avons contre
nous l’opposition de gauche et celle de droite. Comme le texte exige
aussi une modification de la Constitution qui nécessite une majorité,
nous ne sommes pas en mesure de
l’emporter. Il ne s’agit donc pas de
la conséquence de nos relations
plus ou moins bonnes avec les
Etats-Unis mais d’une affaire de
politique intérieure.
Nous avons affaire, comme
dans le cas de la Constitution européenne, à une opposition qui estime que la République tchèque y
perdrait une partie de sa souveraineté. C’est un argument démagogique et, pour moi, inacceptable
dans ce cas précis, mais le problème est que nous n’avons pas la
majorité requise.
Certains pensent que la République tchèque est un pays de
cocagne pour les délocalisations
grâce au « dumping social, écologique et fiscal » ? Qu’en pensezvous ?
Ceux qui nous accusent de dumping social se trompent. Le taux
d’imposition des entreprises est
dans la moyenne de ceux pratiqués en Europe. A côté de chez
« L’adhésion à l’Union
européenne est perçue
par une large majorité
de la population
comme un pas dans
la bonne direction »
nous, la Slovaquie, la Pologne ou
la Hongrie ont des taux inférieurs.
Nous sommes concurrentiels pour
d’autres raisons. Ce n’est sûrement pas par le dumping écologique car notre législation est très
sévère. Dans plus d’un domaine, la
République tchèque devance certains anciens pays membres. En
fait nos avantages concurrentiels
reposent sur une bonne infrastruc-
ture des transports – même si elle
n’est pas complète – pour le pays
de transit que nous sommes.
Notre main-d’œuvre est qualifiée,
travailleuse, apprend facilement.
Les techniques de l’information
sont bien développées.
Etes-vous favorable à une plus
grande harmonisation de la fiscalité au sein de l’UE ?
Selon moi il est indispensable de
réaliser une véritable comparaison
de la pression fiscale entre les différents pays. Il faut prendre en compte le mode de calcul, l’assiette, ce
qu’il est possible de déduire. Je
suis d’accord avec la proposition
de la Commission européenne de
réaliser une telle étude comparative. Il sera toujours possible de discuter à la lumière de ses résultats.
Votre gouvernement socialdémocrate prend des décisions
perçues
comme
libérales.
D’aucuns pensent que vous êtes
même plus libéraux que les
libéraux. Que signifie être socialdémocrate
aujourd’hui
en
République tchèque ?
C’est assurer le maximum de
cohésion sociale dans le pays,
asseoir l’indépendance économique des individus comme celle des
différents groupes sociaux. Nous
luttons pour le maintien d’un Etat
social moderne face à des pressions de deux types. D’une part, la
pression politique des partisans
d’un Etat social traditionnel,
d’autre part, celle du marché, qui
tend à vider l’Etat social de son
contenu et à le détruire.
La social-démocratie doit naviguer entre ces deux écueils. Il nous
faut des réformes pour assurer
son financement sur vingt, trente,
quarante ans, et endiguer la pression du marché. Mais nous devons
aussi parfois prendre des mesures
qui semblent impopulaires. Toutefois, j’en suis convaincu, lorsque,
dans un an et demi, soit aux prochaines législatives, nous rendrons des comptes, nous n’aurons
pas à rougir.
Propos recueillis par
Martin Plichta
Plus de 200 morts en Chine
dans une catastrophe minière
PÉKIN. Un coup de grisou a ravagé la mine de charbon de Sunjiawan
à Fuxin, dans la province de Liaoning (Nord-est), lundi 14 février,
selon l’agence officielle Chine nouvelle. Il a causé au moins 203 morts,
victimes du plus grave accident minier qu’ait connu le pays depuis
quinze ans. La catastrophe, survenue à 242 mètres de profondeur, a
fait en outre 22 blessés. Le vice-directeur de l’administration d’Etat
pour la sécurité industrielle, Zhao Tiechui, a évoqué une explosion de
gaz – sans plus de précision. Les mineurs ont raconté avoir ressenti
une secousse, dix minutes avant le drame, qui a eu lieu à 15 heures
locales. Les opérations de secours étaient en cours, mardi matin, pour
retrouver les 13 mineurs toujours coincés dans les galeries.
La mine de Sunjiawan, exploitée par la grande firme d’Etat Fuxin
Mining Group, emploie 3 100 mineurs et produit environ 1,5 million
de tonnes de charbon par an. Si les mineurs chinois extraient 35 % de
la production mondiale de charbon, ils représentent aussi 80 % des
décès dans les puits du monde entier. Selon les statistiques officielles,
les accidents dans les mines ont fait 6 027 morts en 2004. Sur les douze plus grands accidents miniers dans le monde des quinze dernières
années, sept ont eu lieu en Chine. L’explosion de lundi est survenue à
la fin de la « semaine en or » des congés du nouvel an lunaire pendant
lesquels la plupart des Chinois ne travaillent pas. – (AFP, Reuters.)
L’opposition togolaise annonce
la poursuite des manifestations
LOME. Six partis de l’opposition traditionnelle ont prévu d’organiser
une nouvelle « marche pacifique », samedi 19 février, pour protester
contre « le coup d’Etat » du président investi Faure Gnassingbé. Ils prévoient également de participer à « l’enterrement des victimes tombées
sous les balles des forces de l’ordre » au cours de la manifestation du
12 février qui avait été dispersée par les forces de sécurité. Le communiqué commun publié par ces six partis appelle par ailleurs les populations à « rester mobilisées jusqu’à la victoire finale ».
Lundi 14 février, au moins un manifestant a été tué – onze selon l’opposition – par des gendarmes dans le quartier de Bè, dans le centre de
la capitale togolaise. Toute manifestation de rue est interdite dans le
pays pendant deux mois correspondant à la période du deuil national
décrété à la suite du décès, le 5 février, du général Eyadéma après
38 ans de règne sans partage. Son fils, Faure Gnassingbé, 39 ans, désigné par l’armée togolaise et confirmé comme son successeur par l’Assemblée nationale après une révision constitutionnelle, a prêté serment le 7 février. – (AFP, AP.)
dépêches
AFGHANISTAN : la Turquie a pris le commandement de la Force internationale d’assistance pour la sécurité en Afghanistan
(ISAF), dimanche 13 février, pour un mandat de 6 mois au cours
duquel l’ISAF force doit étendre sa présence à l’Ouest du pays. Après
six mois à la tête de cette force, le général français Jean-Louis Py, commandant de l’Eurocorps, a transmis le relais au général turc Ethem
Erdagi, commandant du Corps de réaction rapide de l’OTAN à
Istanbul. L’ISAF opère sous mandat de l’OTAN depuis août 2003.
Sous l’autorité du général Erdagi, cette force comptant quelque 8 000
soldats de 36 pays (dont 1 700 de Turquie) devra favoriser la sécurisation des élections parlementaires et locales, dont la date n’a toujours
pas été fixée. – (AFP.)
a NÉPAL : les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne ont
rappelé leurs ambassadeurs, deux semaines après le coup de force
du roi Gyanendra qui a pris les pleins pouvoirs et déclaré l’état d’urgence, ont annoncé lundi 14 février, de manière séparée, le département d’Etat américain et les pays de l’UE. Le même jour, le roi s’est
entouré de deux anciens premiers ministres de l’époque de la
monarchie absolue – Tulsi Giri et Kirtinidhi Bista –, respectivement
nommés premier et deuxième vice-présidents du cabinet que le
monarque a formé après avoir limogé le gouvernement issu des
urnes. – (AFP.)
a
Darfour : Les Etats-Unis proposent
de nouvelles sanctions
NEW YORK (Nations unies). Les Etats-Unis ont introduit, lundi
14 février, au Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Soudan. Alors que la communauté internationale est confrontée à la persistance des exactions au Darfour, le texte propose de confier à Kofi
Annan le soin de trouver « dans les 60 jours » les moyens de « renforcer la mission de l’Union africaine » sur place. Les troupes africaines
n’ont pas encore déployé les 3 000 hommes prévus (sur un territoire
grand comme la France). Le texte propose des sanctions ciblées –
interdiction de voyager, gel des avoirs financiers – contre les responsables de violations du cessez-le-feu ou de violences qui auront été identifiés par un comité ad hoc. Le différend transatlantique sur la Cour
pénale internationale n’est pas réglé. Le texte mentionne la nécessité
de traduire en justice les coupables identifiés par la commission internationale d’enquête « par des moyens acceptés sur le plan international ». La CPI n’est pas citée. – (Corresp.)
6/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
france-SOCIÉTÉ
justice
Le volontarisme du gouvernement n’est pas parvenu à apaiser les craintes. Des magistrats professionnels et des associations de consommateurs
continuent de s’inquiéter de la capacité des juges de
proximité à tenir leur rôle. « Un tiers fait bien son travail, un tiers peut apprendre si la chancellerie se décide à
accroître la formation, un tiers est catastrophique »,
assure Valéry Turcey, membre du Conseil supérieur de
la magistrature. Depuis septembre 2003, 300 volontaires ont été recrutés pour traiter les contraventions
des quatre premières classes et les litiges inférieurs à
4 000 euros. Plus de 34 % sont des avocats, les autres
sont policiers, enseignants, notaires ou encore professeurs de droit. L’objectif de recruter 3 300 juges de
proximité d’ici à 2007 risque d’être difficile à tenir
sans entacher la qualité de la justice rendue.
Controverse autour de la qualité du travail des juges de proximité
Recrutés depuis 2003, 300 volontaires – avocats, policiers, notaires, etc. – traitent des contraventions les moins graves et des litiges inférieurs
à 4 000 euros. Des magistrats et des associations de consommateurs s’inquiètent des carences de leur formation et réclament une pause de la réforme
OÙ VONT les juges de proximité ? Après quelques mois d’activité, de fortes inquiétudes s’expriment sur leur capacité à remplir la
mission qui leur a été fixée : dire le
droit tout en étant proches des
citoyens. Juges des tribunaux d’instance, chefs des cours d’appel et
associations de consommateurs
réclament une pause dans la
réforme.
Promesse électorale de Jacques
Chirac, inscrite dans la loi en 2002,
celle-ci fait l’objet d’une attention
soutenue de l’Elysée. En mai 2003,
le chef de l’Etat avait insisté, devant
le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), responsable du recrutement : « Les Français attendent cette réforme nécessaire. Je n’ai pas de
doute sur le nombre et la qualité des
candidats. » En janvier, M. Chirac
assurait qu’il était « trop tôt pour faire un bilan ». Le garde des sceaux,
Dominique Perben, a, lui, vilipendé
le « corporatisme de la magistrature ». Pour M. Perben, qui a rencontré des juges de proximité lundi
14 février à Lyon, la réforme doit
« se poursuivre ».
Des premiers recrutements –
900 dossiers examinés, 300 juges
installés – se dégage un profil de
notables : avocats, anciens magistrats, officiers de police, universitaires, notaires, cadres dirigeants d’entreprise. Les magistrats professionnels soulignent « la bonne volonté »
des nouveaux venus et partagent le
sentiment selon lequel, la loi étant
votée, « il faut faire avec ». Mais ils
s’inquiètent de voir nombre d’entre
eux incapables de tenir leur rôle de
juges. « Très peu sont prêts à prendre des audiences civiles », estime
Laurence Pécaut-Rivolier, présidente de l’Association nationale des
juges d’instance. « Un tiers fait bien
son travail, un tiers peut apprendre
si la chancellerie se décide à accroître la formation, un tiers est catastrophique », assure Valéry Turcey,
membre du CSM.
L’inquiétude est d’autant plus
vive que les décisions des juges de
proximité ne peuvent être frappées d’appel et que leurs compétences viennent d’être étendues.
Ces juges non professionnels sont
appelés à traiter les contraventions des quatre premières classes.
Ils peuvent aussi siéger comme
assesseurs au tribunal correctionnel. Au civil, leur échoient tous les
litiges jusqu’à 4 000 euros, recouvrant des contentieux parfois techniques, comme celui des découverts bancaires. « Nous sommes
choqués d’entendre dire que ces
juges traiteront des “petits litiges”
de la vie quotidienne : 4 000 euros,
c’est quatre fois le smic », indique
Isabelle Faujour, directrice juridique adjointe de l’UFC-Que choisir.
Qui ajoute : « Le gouvernement a
fait comme s’il existait un consensus. Le garde des sceaux ne nous a
même pas répondu. »
« Tout le monde commet des
erreurs, souligne Philippe Florès,
président du tribunal d’instance de
Saintes (Charente-Maritime). Mais
on recrute des gens trop éloignés de
la culture de la légalité et du contra-
« A aucun moment, les organisateurs
n’ont eu le souci de nous consulter sur
nos attentes. »
Dans les tribunaux, de nombreux
exemples illustrent les difficultés
des juges de proximité. L’un a affirmé : « Le code pénal, c’est le petit
livre rouge, ça ne m’intéresse pas. » A
Saintes, un autre n’a pas relevé le
fait que 37 dossiers étaient prescrits. Un troisième a prononcé une
peine illégale, imposant un travail
d’intérêt général à une personne
ayant écopé d’une contravention de
troisième classe pour tapage. A Marseille, les substituts ont même
demandé à être déchargés de
l’audience du juge de proximité, un
ancien directeur de La Poste âgé de
72 ans, très sourd, « complètement
perdu ». Il a infligé une « amende à
titre de dommages et intérêts » alors
que l’amende est une peine et non
la réparation d’un préjudice.
dictoire, et on leur confie un contentieux difficile au moment où sévit une
inflation législative étourdissante. »
Ancien proviseur et conciliateur de
justice, Marcel Dunoyer, candidat
en stage probatoire à Besançon,
admet avoir des « états d’âme ».
« Ce qui me gêne, c’est que nous
allons pouvoir être saisis par des professionnels contre des particuliers. Ce
sera le pot de fer contre le pot de terre, il va falloir être vigilant. »
A Aubervilliers, Jean-Pierre Chaulet fut l’un des premiers installés.
Général de gendarmerie en retraite,
il confie : « Je ne suis pas pour traiter
du civil. Cette matière demande beaucoup de formation et de travail et la
Un tiers d’avocats parmi les nouveaux venus
Qui peut devenir juge de
proximité ? La loi prévoit que
peuvent postuler à cette fonction
les titulaires d’une formation
supérieure de niveau bac + 4
justifiant de quatre années
d’expérience dans un domaine
juridique ou les personnes
justifiant de vingt-cinq années
d’expérience professionnelle
dans le domaine juridique.
b Combien de candidatures
sont-elles retenues ? Environ 15 %
des candidatures sont
irrecevables, car elles n’entrent
pas dans les critères fixés par la
loi. Environ 70 % des dossiers
présélectionnés par les cours
d’appel sont soumis par
la chancellerie à l’avis du Conseil
supérieur de la magistrature
(CSM). Celui-ci rend 29 % d’avis
conformes, 8 % d’avis non
conformes et envoie 63 % des
candidats en stage probatoire.
A l’issue de ce stage, 80 %
b
des postulants sont déclarés
aptes à la fonction.
La formation théorique
dure cinq jours, le stage
pratique seize jours.
b Qui sont les recrutés ?
350 juges de proximité seront
en activité à la mi-mars. Leur âge
moyen est de 53 ans. Parmi eux,
les avocats sont majoritaires :
34,4 % (24 % en exercice, 10,4 %
d’anciens avocats).
Les autres ont été cadres
juridiques en entreprise (17 %),
magistrats (10,4 %), enseignants
(6,7 %, dont certains en activité),
fonctionnaires de catégorie A
(6,4 %), policiers et gendarmes
(6 %), conciliateurs de justice
(4,6 %), notaires (4 %), huissiers
(4 %), chefs d’entreprise (2,6 %),
greffiers (2,3 %), assistants
de justice ou juges au tribunal
de commerce.
b Combien gagnent-ils ? 70 euros
bruts par vacation, sachant
qu’ils ne peuvent effectuer
plus de 15 vacations par mois
ou 132 par an.
plupart des juges de proximité n’ont
pas les épaules. Les justiciables risquent de pâtir d’une inégalité de traitement. Et comme nous statuons en
dernier ressort, ils n’auront que leurs
yeux pour pleurer. »
La formation est un point noir.
Certains des juges qui ont passé le
filtre de la sélection éprouvent des
difficultés. Tandis que d’autres,
considérés par leurs tuteurs des tribunaux d’instance comme de bons
profils potentiels, sont refusés par
le CSM au motif qu’ils manquent de
formation juridique. Les cinq jours
de cours théoriques reçus à l’ENM
ont paru bien courts à M. Dunoyer.
Surtout, ils ont « volé trop haut » :
« conflits d’intérêts »
Par ailleurs, la sélection opérée
par le ministère de la justice et le
CSM n’empêche pas d’évidents problèmes d’impartialité. Pour les avocats en activité, de plus en plus nombreux, le problème est aigu. Une
avocate de Pau a ainsi été affectée à
Bagnères-de-Bigorre, à seulement
40 km de son lieu d’exercice. A
Besançon, la juge nommée dirige la
principale association régionale
d’aide aux victimes, qui intervient
aussi en médiation et en composition pénale. Dans la région de Metz,
un juge de proximité est un ancien
des renseignements généraux.
Certains remarquent que les
anciens cadres de la banque ou des
assurances se trouveront à coup
sûr
confrontés
à
leurs
ex-employeurs. « On peut craindre
des dérives type tribunaux de commerce », s’inquiète un responsable
dans une cour d’appel. « Notre
principale préoccupation est d’éviter ces conflits d’intérêts », assure
Michel Lernout, responsable de la
mission justice de proximité à la
chancellerie. Mais le vivier de candidats est insuffisant pour empêcher que ces situations surviennent.
Des avocats, soucieux de minimiser les risques, contournent le juge
de proximité en réclamant des
dommages et intérêts supérieurs à
4 000 euros, pour accéder au juge
d’instance. A Orange, le problème
de la compétence a été résolu en
spécialisant l’un des juges sur le
pénal, l’autre sur le civil. Un choix
qui semble faire des émules.
« On a fait croire aux juges de
proximité qu’ils pouvaient réussir,
on les a trompés », conclut un
magistrat. En novembre 2004, sept
ont démissionné. Le CSM envoie
deux fois plus de candidats en stage probatoire qu’au démarrage de
la réforme. Malgré le volontarisme
du gouvernement, l’objectif de
3 300 juges embauchés en 2007
(pour 7 500 juges professionnels)
ne sera pas atteint, ou dans des
conditions impropres à assurer la
qualité de la justice rendue.
N. G.
Excès de vitesse, querelles de voisinage, tapage…
trois débutants règlent les conflits du quotidien
f Tribunal
de
ClermontFerrand, jeudi 10 février. Stéphane, 30 ans, se laisse aller à une pointe d’emphase. « Je suis venu pour
avoir un procès équitable ! », annon-
reportage
« Je vais faire un petit
peu de pédagogie »,
répète le président
au fil des débats
ce-t-il à la barre de la juridiction de
proximité de Clermont-Ferrand.
L’objet du litige ? Plusieurs contraventions à 11 euros pour non-paiement du stationnement. « Je suis au
chômage, ma femme va bientôt être
licenciée, et cela représente pour nous
un budget important. Je vous demande l’annulation des amendes. »
Le policier qui remplit les fonctions de procureur à l’audience
prend un air désolé. « J’ai déjà eu
l’occasion d’en parler, explique le
commandant Guillemin, le ministère
public n’a pas vocation à être un service social. » Le juge de proximité,
Raphaël Piastra, acquiesce et confirme les amendes : « Si vous avez des
difficultés à payer, vous pourrez
demander un fractionnement. »
M. Piastra, enseignant en droit,
40 ans, a fait partie, à l’été 2003, de
la première promotion de juges de
proximité. Son installation a suscité
quelques mouvements d’humeur
chez les magistrats du tribunal, avec
lesquels il avoue ne pas entretenir
des relations d’une franche cordialité. « Nous sommes là, ils doivent faire
avec », commente-t-il. M. Piastra
s’est lancé dans sa nouvelle mission
au rythme de deux ou trois audiences par mois. Il ne traite que des
infractions pénales. Les affaires civiles ont été réservées à l’autre juge de
proximité de Clermont-Ferrand.
Les contraventions au code de la
route constituent l’essentiel des
audiences de M. Piastra. On vient
souvent devant lui pour contester la
réalité des infractions. « Je vais faire
un petit peu de pédagogie », répète-t-il au fil des débats. Comparaît le
propriétaire d’un chien qui a donné
un coup de dent fatal au caniche
nain de la voisine. Résultat de cette
querelle de voisinage, 50 euros
d’amende. Toujours pédagogue,
M. Piastra donne la raison de la peine : « Même dans les combats de
chiens, il doit y avoir des règles. »
A l’issue de l’audience, le juge insiste : « J’estime de mon devoir d’être
proche des justiciables. » Ce qui
l’amène à souhaiter « la fusion des
fonctions de juge de proximité avec celles de conciliateur ».
f Tribunal de Chartres, jeudi
10 février. Plus de télévision. Du
jour au lendemain. Debout, les bras
croisés sur sa parka, Yvette demande : « Vous vous rendez compte ? »
Sandrine, la nouvelle voisine du premier étage, a sectionné sans crier
gare le câble qui reliait le téléviseur
d’Yvette à l’antenne collective. Elle
explique, un brin tendue, son manteau de cuir sur les épaules : « Je
viens d’acheter mon appartement. J’ai
un fil disgracieux qui me gêne. J’ai
donc coupé le fil. Il se trouve que ce fil
alimente Madame. Mais je ne suis pas
obligée d’alimenter Madame. » Yvette : « Ah, ben si ! » Voilà cinq ans
qu’elle habite dans son immeuble
1800, fait « de bric et de broc », et
Yvette assure n’avoir « jamais eu de
problème ». Elle presse la juge de
proximité : « Faudrait quand même
dire à Madame qu’il fallait pas qu’elle
touche à mon fil ! »
Isabelle Guenezan, avocate à
Paris, tient une courte audience civile ce jeudi, au tribunal d’instance de
Chartres. Elle prend le temps nécessaire pour écouter les deux voisines.
La querelle s’envenime. « Il faut
quand même savoir que Madame a
amené la présidente du syndic devant
le tribunal pour une histoire de robe
de chambre, lâche Sandrine. Elle
m’épie. Elle embête tout le monde. »
Mme Guenezan met en délibéré.
Locataire venu réclamer son
dépôt de garantie, copropriétaire
indélicat, client mécontent : n’était
le ruban bleu ciel soutenant sa
médaille, rien ne distingue Mme Guenezan des juges d’instance qui ont
pu la précéder à cette fonction. Les
personnes convoquées l’appellent
« Madame la présidente… ».
Responsable de l’Association des
juges de proximité, la jeune femme
est une militante de la réforme. Son
audience tourne, efficace. Les pièces
s’échangent, quittant les chemises
cartonnées de chacun pour rejoindre le dossier de la greffière. Face à
un client qu’il pense de mauvaise foi,
un garagiste n’est pas d’accord pour
payer. « Vous demandez le rejet des
prétentions ? », interroge la juge.
« Complet. Total. Rien d’autre »,
conclut le garagiste.
f Tribunal d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis),
vendredi
11 février. Amadou a doublé une
voiture qui allait, mollement, à
25 km/h. Il a cru qu’elle était en panne, c’était une voiture de police banalisée. « Vous n’avez pas fait le bon
choix, là », commente gentiment le
président. « Si je savais que c’est la
police, je reste dans ma file, je dis la
vérité », répond Amadou. Dépassement irrégulier : 200 euros pour
Amadou, qui sourit quand même.
Djamel, agent de trafic à Roissy,
payé 800 euros par mois, est passé à
un feu rouge. Il n’a aucun moyen de
prouver le contraire. Sans témoin,
lui apprend le juge, pas d’autre choix
que d’infliger l’amende. « S’ils veulent verbaliser, ils verbalisent, s’énerve le jeune homme, en blazer bleu
marine. Je suis venu trouver un
accord avec vous. J’me suis battu pour
passer mon permis, j’vais pas m’amuser à griller un feu. »
Djamel est le sixième « feu rouge » de la matinée. « Très peu disent
qu’ils sont passés au rouge, fait remarquer le juge de proximité. A croire
que tous les agents sont daltoniens. »
Ce sera 200 euros pour Djamel, qui
a fait l’effort de se présenter devant
le tribunal et dont « les revenus ne
sont pas très élevés ».
La grande salle du tribunal d’instance d’Aubervilliers est pleine. L’assistance est jeune, masculine. JeanPierre Chaulet tient une audience
pénale chargée, ce vendredi matin,
avec une quarantaine d’affaires.
M. Chaulet prend souvent le temps
d’une explication. Il va parfois plus
loin. « Il y a un enfant qui traverse,
vous voyez ce que ça peut donner… »,
répond-il à Mustapha. Celui-ci
reconnaît le dépassement de
40 km/h : 250 euros. « Faites attention de ne pas renouveler ce genre
d’infraction », sermonne le juge.
Entre deux feux rouges, surgissent
quelques affaires plus difficiles. Eric
est accompagné de son père, tous
deux taillés d’un bloc, sur le même
modèle. Il est convoqué pour « tapa-
ge injurieux sur la voie publique ».
D’après le procès verbal, les policiers
lui ont demandé les papiers de sa
Mercedes, garée sur le trottoir, et
Eric a vu rouge. Il aurait lancé :
« Vous vous prenez pour qui, à nous
contrôler, on n’est pas des voyous !
Depuis que ce bon à rien de Sarkozy
est au pouvoir, vous vous croyez tout
permis ! »
Le jeune homme lève la main. Son
père pose les deux siennes sur la
planche de la barre. « Tout cela est
faux », dit le premier. « Monsieur le
président, on est dans l’incompréhension totale », ajoute le second. Eric a
été sorti de la voiture, menotté dans
le dos, placé en garde à vue : « C’est
incroyable. » M. Chaulet met en délibéré : « Je vais demander un complément d’enquête. » Père et fils tournent les talons, à demi-satisfaits.
Dans le dossier, il est écrit que
Mohamed, convoqué lui aussi pour
tapage injurieux, était « dans un état
de fureur démentielle ». Parmi ses
antécédents, le juge trouve une
condamnation à deux ans pour cession de stupéfiants et rébellion.
« Ceci explique peut-être cela », suggère M. Chaulet. Mohamed, agent
de sécurité, proteste : « C’est vrai, j’ai
fait des conneries. Mais j’ai payé pour
ça. Ça fait dix ans. Bon ! voilà ! On est
père de famille, on a des gosses, on travaille, voilà ! » Les policiers l’ont
insulté, affirme-t-il : « Sale blaireau », « sale bougnoule », « je vais
te mettre une balle dans la tête ». Le
juge décide d’une amende de
135 euros. « Je vous ai écouté, moi,
car je ne vous ai pas condamné au
maximum. »
Laurence est l’unique femme
convoquée. Elle a l’air fatiguée. Son
manteau n’est pas très neuf. Elle
explique doucement, convocation à
la main, sac posé sur la barre : « Ma
rue est coupée en deux, un côté en
sens interdit, l’autre pas. Je suis sortie
de mon garage. Il faut faire 5 mètres
pour rejoindre la partie qui est dans le
bon sens… C’est sûr, c’est 5 mètres de
sens interdit… » Laurence élève seule
ses deux enfants, avec le RMI,
400 euros. Le commissaire de police
requiert 200 euros. Ce sera 50. La
femme essuie ses larmes. Elle dit :
« Merci. »
Nathalie Guibert et Manuel
Armand (à Clermont-Ferrand)
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/7
FRANCE-SOCIÉTÉ
Près d’un enfant sur deux naît hors mariage
Le bilan démographique 2004 de l’Insee confirme la baisse du mariage au profit de l’union libre et du pacs.
La France reste l’un des pays les plus féconds d’Europe avec 1,91 enfant par femme contre 1,68 en 1994
AU FIL des ans, les bilans démographiques de l’Insee dessinent à
petites touches le nouveau visage
de la famille. Il y a encore une trentaine d’années, le mariage était la
forme d’union la plus répandue et
les enfants étaient en grande majorité issus de couples mariés.
Aujourd’hui, les mutations de la
famille ont profondément modifié
ce tableau : le nombre de mariages
baisse au profit d’autres formes de
conjugalité, comme l’union libre
ou le pacs, et les naissances hors
mariage sont en passe de devenir
majoritaires.
Depuis le pic symbolique de l’an
2000 – plus de 300 000 dans l’année –, le nombre de mariages ne
cesse de reculer : en 2004, 266 000
unions ont été célébrées en mairie,
ce qui représente une baisse de
près de 6 % par rapport à l’année
précédente. Ce recul accentue la
désaffection commencée dans les
années 1970 : en trente ans, le taux
de nuptialité, qui mesure le nombre de mariages pour 1 000 habitants, a baissé de plus de 40 %. Et
l’âge des mariés augmente sans
cesse : depuis 1990, il a progressé
de trois ans, s’établissant en
moyenne à 30,6 ans pour les hommes et à 28,5 ans pour les femmes.
Les couples ne sont évidemment
pas moins nombreux pour autant :
ils vivent plus souvent en union
libre ou sous le régime du pacte
civil de solidarité, le pacs. Depuis
sa création, en 1999, ce contrat,
dont Jacques Chirac disait à l’époque qu’il était « inadapté aux
besoins de la famille », a rencontré
un vif succès : au cours des trois
premiers trimestres de 2003,
27 000 pacs ont été signés, soit une
hausse de près de 20 % par rapport
à la même période de l’année précédente.
Au total, plus de 130 000 pactes
ont déjà été signés dans les tribunaux d’instance. « La pratique l’a
DES NAISSANCES HORS MARIAGE EN PROGRESSION CONSTANTE
Nombre de naissances légitimes et naturelles par an
pour 1000 habitants
En milliers
1 000
900
6,2
7,0
7,8
Taux de nuptialité
200
80
90
00
02
03
04
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000 04
Source : Insee
consacré comme un nouveau mode
de conjugalité, répondant à des
attentes nombreuses, et inscrit dans
la durée », soulignait en novembre 2004 un rapport remis au garde des sceaux, Dominique Perben.
juste derrière l’irlande
Au chapitre des naissances, la
France reste l’un des pays les plus
dynamiques d’Europe : avec un
taux de fécondité de 1,91 enfant
par femme, elle se situe en deuxième position, juste derrière l’Irlande et loin devant d’autres pays
comme la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, dont le taux stagne à moins de
1,3 enfant par femme. Au sein des
dix nouveaux pays membres de
l’Union, la fécondité est également très faible : elle varie de 1,16,
pour Chypre, à 1,41, pour Malte.
Au total, en France, le nombre
de naissances a légèrement augmenté en 2004, pour atteindre
797 000. Cette augmentation – en
partie liée au jour supplémentaire
de l’année bissextile 2004 – résulte
de la progression régulière du
taux de fécondité : en dix ans, il a
nettement progressé, passant de
76,7
75
80
85
90
95
00
04
Source : Insee
L’ESPÉRANCE de vie a fait,
depuis une cinquantaine d’années,
un bond stupéfiant : elle est passée,
pour les hommes, de 65 à 76,7 ans
et, pour les femmes, de 71 à
83,8 ans. En un demi-siècle, les
Français ont donc « gagné » plus de
dix ans de vie. Au début du
XVIIIe siècle, l’espérance de vie des
hommes, à la naissance, était de
l’ordre de 27 ans…
Cette progression de l’espérance
de vie est nourrie par la baisse spectaculaire de la mortalité infantile :
en cinquante ans, elle est passée de
plus de 50 décès d’enfants de moins
d’un an pour mille naissances vivantes à 4,1. « Aujourd’hui, la France se
situe au-dessous de la moyenne européenne, note l’Insee. Seules la Suède, la Finlande et l’Espagne ont des
taux plus faibles. »
En 2004, en France, le nombre de
décès s’est élevé à 518 000, un chiffre en très forte baisse par rapport à
l’année précédente (560 000 morts).
Pour l’Insee, ce recul est lié à la canicule de 2003. « Dans les derniers
mois de l’année 2003, le nombre de
décès n’a pas diminué par rapport
aux années précédentes, ce qui laissait penser que la majorité des personnes décédées en août auraient vécu
au-delà de la fin 2003 sans l’épisode
(47,4 %)
Nés hors mariage
0
1960 70
83,8
70
377,96
100
Femmes
65
(52,6 %)
300
Espérance de vie à la naissance
En années
60
419,43
400
DEPUIS LES ANNÉES 1950, UN BOND DE L'ESPÉRANCE DE VIE
82
80
78
76
74
72
70
68
66 69,2
64
62
63,4
60
50
55
Nés légitimes
600
500
La France se situe au-dessous
de la moyenne européenne
pour la mortalité infantile
Hommes
4,3
700
4,6
4,7
5,1
5,1
800
dramatique de la canicule. La baisse
des décès en 2004 conduit à nuancer
cette première conclusion : une partie de cette baisse est sans doute la
conséquence de “décès anticipés” en
2003 du fait de la canicule. »
La population continue à vieillir :
au 1er janvier 2005, 16,2 % des habitants avaient plus de 65 ans, soit
1,4 % de plus qu’il y a dix ans. La
part des jeunes de moins de 20 ans,
elle, ne cesse de se réduire : au
cours des dix dernières années, elle
a perdu 1,2 point, s’établissant, en
2004, à 25,2 % de la population.
« Nos sociétés entrent donc maintenant dans une ère totalement inconnue, où la plus grande partie d’une
génération atteindra 60 ans, au
moins la moitié survivra à 80 ans, et
où les effectifs de centenaires – voire
de “super-centenaires” (110 ans et
plus) – croîtront considérablement,
écrit Henri Léridon, directeur de
recherches à l’INED dans Vieillesse
et dépendance (n0 903 de la série
« Problèmes
économiques
et
sociaux » à la Documentation française). Quand cohabitent non plus
deux ou trois générations, mais quatre ou cinq, c’est toute l’organisation
de la société qui est à repenser. »
A. C.
1,68 enfant par femme, en 1994, à
1,91, aujourd’hui. « Cette plus forte
fécondité compense la baisse du
nombre de femmes en âge de procréer, souligne l’Insee. Les générations de femmes de 20 à 40 ans, qui
donnent naissance à 96 % des
bébés, sont peu à peu remplacées
par des générations moins nombreuses. » Aujourd’hui, les mères mettent au monde leurs bébés de plus
en plus tard : l’âge moyen au pre-
mier enfant, qui était de 28,8 ans il
y a dix ans, atteint désormais
29,6 ans. « En 2004, une mère sur
deux est âgée de plus de trente ans,
contre 38 % en 1990 et 27 % en
1980 », remarque le document de
l’Insee. Les naissances chez des
mères de plus de quarante ans restent faibles (3,4 %), mais elles sont
en augmentation constante.
Enfin, les enfants naissent de
plus en plus souvent hors maria-
ge : en 2004, 47,4 % des bébés
étaient issus de couples non
mariés contre 6 % en 1965. « Désormais, finalement, quelle que soit la
situation juridique du couple, c’est
la naissance d’un enfant qui crée
socialement la famille », résumait,
en 1999, la sociologue Irène Théry
dans un rapport sur le couple, la
filiation et la parenté.
dernières inégalités
Prenant acte de ces bouleversements familiaux, plusieurs pays
– la Belgique en 1987, le Québec
en 1994 ou l’Allemagne en 1997 –
ont cessé de distinguer, dans leur
droit, les enfants « légitimes »,
issus de couples mariés, des
enfants « naturels », issus de couples non mariés. En France, le
code Napoléon de 1804 appelait
les enfants naturels les « sans
famille » mais, depuis la réforme
du code civil de 1972, ils sont devenus les égaux, en droits et en
devoirs, des enfants légitimes.
Une prochaine réforme devrait
parachever cette évolution en faisant disparaître les dernières inégalités entre ces enfants.
Anne Chemin
Des propositions
sur le droit des
détenus rejetées
par la chancellerie
UN AN après leur publication, le
ministère de la justice a rejeté les
propositions faites par la Commission nationale consultative des
droits de l’homme (CNCDH) sur
l’amélioration des droits des détenus (Le Monde du 18 mars 2004).
Droit au travail, d’association, à l’intimité : la CNCDH avait suggéré de
« sortir la prison de l’exception juridique » et d’élaborer un « statut » du
prisonnier.
Dans sa réponse du 26 janvier, la
chancellerie rejette la perspective
d’une loi pénitentiaire et la création d’un contrôleur indépendant
des prisons. Elle indique refuser la
suppression des quartiers disciplinaires et des fouilles générales
d’établissements. Face à la surpopulation carcérale, elle met en avant
le « programme de construction de
13 200 places » décidé en 2002 et
affirme que « le gouvernement travaille à l’élaboration de réformes
réglementaires en matière d’isolement des personnes détenues et de
régime de détention des mineurs, qui
contribueront au renforcement de la
sécurité juridique ». L’Observatoire
international des prisons dénonce
le « peu de cas » fait aux propositions de la CNCDH.
8/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
FRANCE-SOCIÉTÉ
Les députés examinent le projet de loi
sur l’école dans un climat social tendu
L’Assemblée nationale commence, mardi 15 février, à débattre du texte
présenté par M. Fillon. Une manifestation a lieu le même jour à Paris
LES MANIFESTATIONS d’un
côté, le débat parlementaire de
l’autre : le projet de loi d’orientation pour l’avenir de l’école présenté par François Fillon devait
connaître, mardi 15 février, un double examen de passage. L’abandon
de la réforme du baccalauréat n’a
en effet pas suffi à désamorcer la
contestation des enseignants et
des lycéens, qui ont maintenu leur
mot d’ordre de mobilisation en Ilede-France et à Bordeaux – les seules régions où les vacances n’ont
pas encore débuté –, le jour où les
députés commencent l’examen du
projet de loi. Alors que les parlementaires ont été appelés à amender le texte, la discussion en com-
des principaux éléments de mathématiques, une culture humaniste
et scientifique, la pratique d’une
langue étrangère et la maîtrise des
techniques de l’information et de
la communication.
La déclinaison concrète du socle
est renvoyée à un décret, après
avis du Haut Conseil de l’éducation, créé par la loi. Plusieurs parlementaires, dont Pierre-André
Périssol (UMP, Allier), souhaitaient voir le Parlement débattre
de ces grandes options. L’amendement n’a pas été retenu par la
commission des affaires sociales.
f Le soutien aux élèves en difficulté. L’article 11 du projet instaure un contrat individuel de réus-
Offensive pour les distributeurs alimentaires
L’une des mesures emblématiques de la lutte contre l’obésité infantile
fait toujours débat parmi les parlementaires. Alors que, conformément à
l’article 30 de la loi de santé publique du 30 juillet 2004, les distributeurs
automatiques de boissons et de produits alimentaires doivent être interdits
dans les établissements scolaires à compter du 1er septembre 2005, un
amendement visant à revenir sur cette mesure a été introduit dans le cadre
du projet de loi pour l’avenir de l’école.
Déposé par Muriel Marland-Militello (UMP, Alpes-Maritimes) et Bernard
Depierre (UMP, Côte-d’Or), le texte propose d’autoriser le maintien des
distributeurs à condition qu’ils ne délivrent ni barres chocolatées ni boissons sucrées. Il faudrait alors établir la liste des produits autorisés et s’assurer de son respect. Dans l’entourage de Philippe Douste-Blazy, on assure
que le ministre de la santé ne soutiendra pas cet amendement. Depuis
plusieurs semaines, la chambre syndicale de la distribution automatique
(Navsa) mène un intense lobbying auprès des parlementaires.
mission des affaires sociales a déjà
permis de retenir des modifications. Décryptage des principales
dispositions du projet
f Un texte avec deux volets
distincts. Le projet de loi compte
62 articles et un volumineux rapport annexé. Depuis la présentation du texte en conseil des ministres, le gouvernement a choisi de
placer sur un même plan ces deux
volets. La distinction est pourtant
essentielle. Les articles du projet
de loi, s’ils sont adoptés et, le cas
échéant, validés par le Conseil
constitutionnel, auront force de
loi. A l’inverse, les éléments contenus dans le rapport annexé n’ont
pas de valeur normative et ne sont
que des engagements politiques
du gouvernement.
f L’instauration d’un socle
commun. Le « socle commun »
constitue la principale innovation
du texte et devrait focaliser l’attention lors des débats. Le projet de
loi dispose que « la scolarité obligatoire doit au moins garantir l’acquisition par chaque élève d’un
ensemble de connaissances et de
compétences indispensables ». Validé par le passage du brevet en fin
de troisième, ce socle comprend la
maîtrise de la langue française et
site éducative pour les élèves en
échec, dispositif qui devrait être
rebaptisé « programme personnalisé de réussite scolaire (PPRS) »,
selon un amendement du rapporteur Frédéric Reiss (UMP, BasRhin), adopté en commission. Les
conditions de mise en œuvre de ce
programme ne sont pas définies
par la loi mais figurent, à titre indicatif, dans le rapport annexé.
M. Fillon a indiqué que ce soutien
pourrait représenter trois heures
par semaine. Le projet redonne,
par ailleurs, tous les pouvoirs aux
conseils de classe en matière de
redoublement :
les
parents
n’auraient plus la possibilité d’imposer leur décision en cinquième
et en première.
f Les langues vivantes. L’arti-
cle 15 rend obligatoire l’apprentissage d’une langue vivante à l’école
élémentaire. Dans le rapport
annexé, le gouvernement annonce
sa volonté de généraliser les langues vivantes au CE2 avant de les
étendre au CE1. Il prévoit de proposer « progressivement » l’apprentissage d’une seconde langue à partir de la cinquième. Des dédoublements de classe devraient également être proposés au lycée, où la
deuxième langue vivante deviendrait une discipline du « tronc commun » et non plus une option. Grâce à cet amendement, les sciences
économiques et sociales (SES) ne
seraient plus menacées, comme le
craignaient les enseignants.
f Le statut des enseignants. Le
projet oblige les enseignants à remplacer un de leurs collègues
absent, point sur lequel les discussions pourraient être vives en séance. Le rapport annexé indique que
les enseignants ne devraient pas se
voir imposer plus de 72 heures
annuelles de remplacement. Le
projet de loi institue un conseil
pédagogique à l’intérieur des collèges et lycées et affirme le principe
de la « liberté pédagogique » des
enseignants. Le texte prévoit,
enfin, la transformation du statut
des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
f Des promesses budgétaires.
Le gouvernement s’engage, dans
le rapport annexé, à procéder à
une « programmation pluriannuelle des recrutements » d’enseignants
sur la période 2006-2010. Chaque
année, 30 000 personnels enseignants devraient ainsi être recrutés. Le rapport indique aussi que
« chaque établissement du second
degré bénéficiera des services d’un
(e) infirmier (ère) identifié (e) ».
Des amendements du rapporteur prévoient de détailler les deux
milliards d’euros annoncés pour
financer les réformes (bourses au
mérite, prime d’installation pour
les enseignants débutants, classesrelais, langues vivantes, etc.).
Luc Bronner
et Gaëlle Dupont
Les Verts votent à 53 %
pour le « oui » au traité européen
Les écologistes veulent mener leur propre campagne, sans le PS
LES VERTS ont voté à 53 % pour
le traité constitutionnel européen
lors de leur référendum interne,
organisé depuis le début du mois
de février. La participation n’a pas
été très forte : avec 54 % de votants,
la consultation atteint les scores
habituels des votes de congrès.
Ce résultat, donné comme provisoire lundi 14 février, marque un
certain manque d’enthousiasme
chez les militants.
Les quelque 4 800 bulletins
décomptés, lundi soir au siège du
parti écologiste – sur les 8 600 adhérents revendiqués –, donnaient
52,9 % de « oui », 41,9 % de
« non » et 5,2 % d’abstentions.
De 300 à 400 derniers bulletins
étaient encore attendus au courrier
de mardi, mais ils ne devraient pas
changer les résultats. « C’est ric-rac,
admet le secrétaire national, Yann
Wehrling. A l’image des Français, les
Verts se sont interrogés, mais ils ont
finalement dit “oui”. »
C’est la première surprise du
vote interne, dans un parti à la
culture très proeuropéenne. « Cela
marque à l’évidence un désarroi et
une volonté de voir comment le
débat externe va se dérouler avant
de se prononcer », observe Francine Bavay, vice-présidente du
conseil régional d’Ile-de-France et
partisane du « non ».
Les débats menés chez les adhérents avaient montré une forte
mobilisation des opposants au traité. Les députés européens comme
les dirigeants nationaux s’étaient
retrouvés fréquemment face à des
salles très critiques. Le résultat du
référendum s’en ressent. Alors que
le « oui » avait atteint deux tiers
des voix lors de l’assemblée générale de Reims, en novembre 2004, les
dirigeants des Verts espéraient un
score analogue.
La pilule semble amère pour les
dirigeants écologistes qui, dans leur
très grande majorité, avaient appelé à voter « oui ». « Ce n’est pas un
choix d’enthousiasme, mais de raison », constate la sénatrice de SeineSaint-Denis Dominique Voynet.
Même Yves Cochet, député de
Paris, sans état d’âme sur le traité,
reconnaît que « la majorité atteinte
n’est pas bonne ».
Les résultats vont obliger les dirigeants Verts à répondre aux interrogations des militants. « Les arguments antilibéraux ont fait mouche. Il va falloir gérer ce score dans
les réunions publiques », remarque
Gérard Onesta, député européen.
« Ce n’est pas
un choix
d’enthousiasme,
mais de raison »
dominique voynet
Certains commencent à chercher ailleurs les raisons d’un score
auquel ils ne s’attendaient pas.
« Le gouvernement est responsable
de cette situation : la seule bataille
qu’il a menée au niveau européen a
été d’imposer son point de vue sur le
dossier agricole et rien sur le
social », accuse Jean-Luc Bennahmias, député européen.
Pour l’heure, l’urgence est
d’abord d’assurer une certaine
cohérence dans la campagne publique qui doit s’ouvrir début mars.
Des meetings avec les députés
européens, notamment Daniel
Cohn-Bendit, sont prévus. Mais les
Verts doivent d’abord s’entendre
sur le message. M. Wehrling a prévenu : une seule « campagne verte »
sera menée, qui expliquera que, si
les interrogations sont légitimes sur
un traité « qui n’est pas parfait », « il
ne faut pas dire “non” à l’Europe ».
Il n’est pas question de réunion
publique avec le PS : une délégation rencontrera François Hollande, jeudi 17 février, pour le lui dire.
Les opposants, eux, sont invités
à ne pas battre les estrades des
adversaires du traité. Francine
Bavay a prévenu qu’elle n’y renoncera pas. « En tant que vice-présidente du conseil régional. »
Sylvia Zappi
Les eurodéputés de l’UMP « bien ennuyés » par la Turquie
IL A ÉTÉ TRÈS AIMABLE, « même avec Brice »,
raconte un invité de Jacques Chirac. Le chef de
l’Etat, qui recevait, lundi 14 février, à l’Elysée, les
parlementaires du Parti populaire européen (PPE),
parmi lesquels Brice Hortefeux, le plus proche lieutenant de Nicolas Sarkozy, a assuré à ses invités
que le « oui » à la Constitution européenne avait
« besoin d’eux ». Une sorte de prolongation de son
travail pédagogique avec les parlementaires français (Le Monde du 27 janvier).
Les 17 membres français du PPE sont néanmoins
inquiets. L’irruption sur la scène européenne de la
« directive Bolkestein », visant à libéraliser les services, leur apparaît désastreuse pour la campagne
référendaire en France. Ils l’ont dit au président.
« On n’a pas attendu février pour donner l’alerte.
Mais je criais un peu dans le désert », confie Roselyne Bachelot. Ce texte relève d’une « idéologie ultralibérale insupportable », estime l’ancienne ministre
de l’écologie. « C’est tout ce que les gens n’aiment
pas et qui leur fait peur », juge un autre député
européen. M. Chirac, qui a demandé la « remise à
plat » de la directive, en est convenu.
Le texte de Frits Bolkestein est parvenu à éclipser, un temps, la question de l’adhésion de la Tur-
quie. Les députés européens du PPE y restent pourtant très opposés – à l’exception d’Ari Vatanen – et
constatent, dans leurs réunions publiques, que la
« déconnexion » tant souhaitée par l’Elysée ne
s’opère pas. « On est bien ennuyés avec la position
de Chirac. Le minimum, pour un politique, c’est de
tenir sa parole, et on a fait campagne en disant que
l’on était contre l’adhésion », se plaint l’un d’eux.
m. chirac tente de les rassurer
M. Chirac a tenté de balayer ces inquiétudes en
expliquant, contre tout ce que montrent les enquêtes d’opinion, que cette question turque était de
moins en moins une préoccupation. En attendant,
Mme Bachelot, dont l’Elysée se demandait encore,
lundi matin, si elle serait présente, a annoncé
qu’elle avait déjà tenu 87 réunions publiques pour
le « oui ». « Cela ne m’étonne pas que le “non” monte ! », se serait alors exclamé le président de la
République. L’ancienne ministre assure que l’anecdote est fausse et ne voit pas d’autre explication à
ce récit rapporté par plusieurs témoins que la
« jalousie incroyable » dont elle est l’objet.
Béatrice Gurrey
Au Parti socialiste, François Hollande
et Laurent Fabius se rendent coup pour coup
CHAQUE PHRASE, chaque attaque, chaque argument, il les réfute.
Derrière son pupitre, devant un
aréopage clairsemé – le porte-parole de la campagne pour les élections européennes, Jack Lang,
Dominique Strauss-Kahn, responsable du projet, Elisabeth Guigou –,
François Hollande a répondu point
par point, lundi 14 février, à Laurent Fabius, qui, le matin même,
dans Le Parisien, répétait qu’il voterait « non » au référendum national, agaçant visiblement le premier
secrétaire du PS.
M. Hollande, qui avait invité le
président du groupe du Parti socialiste européen (PSE) à Strasbourg,
l’Allemand Martin Schultz, a décliné son « oui franc, clair, socialiste ».
D’abord en expliquant qu’il ne pouvait pas y avoir « confusion des
moments » et des genres. « Le seul
sujet de la consultation référendaire,
c’est le traité constitutionnel. Le référendum ne porte pas sur la politique
gouvernementale. L’heure de l’alternance ne vient pas en 2005, hélas.
Elle viendra en 2007. »
« une certaine désespérance »
Dans Le Parisien, M. Fabius, évoquant les mouvements lycéens, s’inquiétait d’une « certaine désespérance », et expliquait avoir « bien senti
l’opinion sur la Constitution » des
manifestants pour les 35 heures.
« Comme toujours avec un référendum, le contexte politique jouera »,
ajoutait le numéro deux du PS.
Pour M. Hollande, il y a « un certain paradoxe à vouloir faire peur à
travers telle ou telle directive
[Bolkestein], alors même qu’elle ne
dépend pas du traité constitutionnel,
et qu’au contraire son adoption pour-
rait empêcher de telles dérives ».
Dans le même entretien, M. Fabius,
expliquant qu’une « dérive » libérale de l’Europe « existe », avait critiqué la directive Bolkestein, « qui
démolit notre droit social ».
« Il y a eu un vote massif, significatif. Dans une organisation comme le
PS, il ne peut y avoir qu’une réponse.
C’est comme si on désignait un candidat à l’élection présidentielle, et que
celui qui n’est pas élu continuait à faire campagne pour lui-même », a
affirmé M. Hollande, dans une comparaison qui ne laissait évidemment rien au hasard.
Mardi, sur Europe 1, Jean-Marc
Ayrault, président du groupe PS
de l’Assemblée, s’est dit « franchement irrité par la campagne subliminale de Laurent Fabius ».
Ariane Chemin
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/9
FRANCE-SOCIÉTÉ
William Dab quitte ses fonctions
de directeur général de la santé
Des divergences seraient apparues avec Philippe Douste-Blazy
LE PROFESSEUR William Dab va
quitter « prochainement ses fonctions de directeur général de la santé
pour reprendre à temps plein ses fonctions d’enseignant-chercheur au
Conservatoire national des arts et
métiers », a
annoncé, lundi
14 février, le ministère de la santé.
Ce départ se fait « en plein accord
avec Philippe Douste-Blazy », précise
le communiqué du ministère, qui
ajoute que les deux hommes « continueront de collaborer ensemble comme ils ont déjà eu l’occasion de le faire à plusieurs reprises au cours de
leurs carrières respectives de professeur de santé publique ».
Malgré cette présentation quelque peu idyllique, le départ de
M. Dab, un an et demi après son
arrivée à la tête de l’une des administrations centrales du ministère de la
santé, étonne peu les spécialistes de
santé publique.
Selon certains témoins au ministère, il ne régnait pas un climat de totale confiance entre le ministre et son
directeur général de la santé (DGS).
Plusieurs désaccords sur la manière
de concevoir la politique de santé
publique ont sans doute pesé.
« Il y a une opposition de style entre
un ministre focalisé sur la communi-
cation et qui recherche le consensus à
tout prix et un DGS qui est un scientifique de la santé publique, qui est plus
enclin à camper sur ses convictions »,
analyse un ancien collaborateur du
ministère de la santé.
M. Dab aurait eu des divergences
avec son ministre sur plusieurs
points : l’opposition jugée trop molle de M. Douste-Blazy à un amendement visant à assouplir la loi Evin
(Le Monde du 15 octobre 2004) ; l’annonce par le ministre de son souhait
d’interdire les antidépresseurs pour
les moins de 18 ans sans avoir sollicité les experts ; le retrait du site du
ministère de l’expertise collective
sur les psychothérapies, pourtant
commandée et financée par la DGS
(Le Monde du 8 février).
la crise de la canicule
Agé de 51 ans, William Dab avait
été nommé directeur général de la
santé en août 2003 à la suite de la
démission du professeur Lucien
Abenhaïm, désavoué par son ministre, Jean-François Mattei, après le
drame de la canicule. Collaborant
de longue date avec Lucien Abenhaïm, il avait été son bras droit à la
DGS de 1999 à 2001. M. Dab a ensuite été responsable du pôle santé
Le Sénat examine
la révision constitutionnelle
LES SÉNATEURS devaient examiner, à partir du mardi 15 février, le
projet de révision constitutionnelle préalable à la ratification du traité
constitutionnel européen, que l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le 1er février. Le gouvernement et l’Elysée misent sur un
vote conforme du Sénat, ce qui éviterait une deuxième lecture.
Les deux Assemblées se réuniront ensuite en Congrès à Versailles, probablement le lundi 21 mars. Elles pourraient également examiner à
cette occasion le projet de loi constitutionnelle sur la Charte de l’environnement. Une fois la révision de la Constitution définitivement
adoptée, le président de la République soumettra à référendum l’autorisation de ratifier le traité européen. De source parlementaire, ce référendum pourrait avoir lieu dimanche 5 ou dimanche 12 juin.
M. Larcher installe les commissions
de réécriture du code du travail
LE MINISTRE délégué aux relations du travail, Gérard Larcher, devait
installer, mardi 15 février, les commissions qui plancheront sur la réécriture du code du travail. Ce travail se fera « à droit constant » et « ne
modifiera pas le contenu des règles applicables », a assuré le ministre.
La Commission supérieure de codification, placée sous l’autorité du
premier ministre, a confié cette tâche à deux conseillères d’Etat : Christine Maugué et Anne Courrège. Les travaux de réécriture doivent prendre fin en juin 2006. De leur côté, les organisations syndicales s’inquiètent de la volonté affichée par le patronat de « simplifier » le code du
travail.
dépêches
SOCIAL : les confédérations syndicales qui avaient appelé à
manifester le 5 février pour la défense des 35 heures, des salaires et
de l’emploi ont prévu de se rencontrer à nouveau, mercredi 16 février.
Elles pourraient proposer une nouvelle journée d’action, jeudi
10 mars, avec, notamment, des arrêts de travail par entreprise.
a POLYNÉSIE : la ministre de l’outre-mer, Brigitte Girardin, a pris
acte, lundi 14 février, de la victoire de « la coalition réunie autour du
parti indépendantiste » à l’élection territoriale partielle du 13 février.
Evoquant l’absence de majorité au sein de l’Assemblée de Polynésie,
elle a invité « toutes les forces politiques à faire preuve de sens des responsabilités ». Le même jour, une élue de l’Alliance pour une démocratie
nouvelle (ADN), Patricia Jennings, a rejoint l’Union pour la démocratie
(UPLD) d’Oscar Temaru. Celui-ci disposait, mardi matin, de 28 sièges à
l’Assemblée contre 27 au parti de Gaston Flosse (UMP) et 2 à l’ADN.
a LAÏCITÉ : les commémorations du centenaire de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat ont été ouvertes, lundi 14 février, sous la
coupole de l’Institut de France, en présence du premier ministre, à l’occasion d’une séance solennelle qui s’est tenue en présence de représentants de nombreux cultes.
a CONJONCTURE : les investissements dans l’industrie ont augmenté de 3 % en 2004 par rapport à 2003, dont 2 % pour la seule
industrie manufacturière, et progresseraient respectivement de 2 % et
de 3 % en 2005, selon les chefs d’entreprise interrogés en janvier par
l’Insee. Ils revoient ainsi à la baisse leurs chiffres d’octobre pour 2004
et à la hausse leurs prévisions pour 2005.
a JUSTICE : le frère de Marie-Dolorès Rambla, une petite fille
tuée en 1974 – un crime pour lequel Christian Ranucci avait été
condamné à mort et exécuté –, a été mis en examen, lundi
14 février, pour homicide volontaire. Jean-Baptiste Rambla, qui avait
été le dernier à voir sa petite sœur vivante, avant son enlèvement, est
accusé d’avoir étranglé une femme et d’avoir dissimulé son corps
dans un jardin, à Marseille. Pendant sa garde à vue, il aurait reconnu
le meurtre, évoquant un « différend professionnel ».
a INTEMPÉRIES : plusieurs personnes se trouvant à bord du paquebot Grand-Voyager, qui était en difficulté en Méditerranée, lundi
14 février, ont été légèrement blessées. Une vague a fracassé une verrière située sur le pont de ce navire battant pavillon des Bahamas et transportant plus de 700 personnes. L’eau s’est infiltrée, endommageant le
système de communication et le système de contrôle des machines. Le
Grand-Voyager a fait route vers le port de Cagliari (Sardaigne).
a GUADELOUPE : un séisme d’une magnitude de 5,7 sur l’échelle
ouverte de Richter a fait quatre blessés légers, lundi 14 février, en
début d’après-midi, dans le sud de la Guadeloupe. Les deux îles de
l’archipel des Saintes avaient déjà été frappées, le 21 novembre 2004,
par un séisme d’une magnitude de 6,4, qui avait fait un mort et deux
blessés.
a
publique et sécurité sanitaire au
cabinet de Jean-François Mattei, de
juillet 2002 à août 2003.
Lors des auditions parlementaires
sur la gestion de la crise de la canicule, William Dab avait souligné le
manque de coordination entre les
différents services du ministère, qui
possédaient chacun des informations partielles. Une carence expliquant en grande partie, selon lui, la
lenteur de réaction du ministère.
Au cours de son mandat à la DGS,
M. Dab s’était donc fixé pour objectif, avec son homologue Edouard
Couty, directeur de l’hospitalisation
et de l’organisation des soins, d’établir une collaboration permanente
de leurs services respectifs dans la
gestion des situations de crise.
M. Dab avait aussi poursuivi le travail de son prédécesseur visant à
tirer les leçons de crises comme celle du SRAS et avait mis en place à la
DGS un département des situations
d’urgence, qui a préparé des plans
spécifiques (grippe, canicule…).
Sous sa direction, la DGS a également mené à bien le projet de loi
sur la politique de santé publique,
adopté en juillet 2004.
Paul Benkimoun
« Le mépris, l’arrogance et le cynisme »
de Gilles Ménage et Christian Prouteau
Au premier jour des plaidoiries au procès des écoutes, l’un des avocats
a évoqué des « mœurs de la cour des Borgia, avec le téléphone en plus »
tribunal de paris
Procès
des écoutes
28e jour d’audience
L’AVOCAT y a vu « un ultime
outrage ». D’un ton ferme, Me Alex
Ursulet a regretté, lundi 14 février,
l’absence des principaux prévenus.
Ni Gilles Ménage, ancien directeur adjoint du cabinet de François
Mitterrand, ni Christian Prouteau,
responsable de la cellule de l’Elysée,
n’ont fait acte de présence pour
entendre les griefs des victimes au
premier jour de la plaidoirie des parties civiles. Défenseur de deux journalistes, Patrice Dutertre et JeanCharles Deniau, Me Alex Ursulet a
stigmatisé un système de défense
fondé sur « le mépris, l’arrogance, le
cynisme ».
L’avocat n’a pas été le seul à pourfendre la conduite des deux hommes et leur usage des faux-fuyants.
« J’ai une chemise avec les mensonges de Prouteau. C’est la plus grosse
de mon dossier », a ironisé Me Christine Courrégé, qui plaide pour le
lieutenant-colonel
Jean-Michel
Beau, écouté par la cellule après l’affaire des Irlandais de Vincennes.
Elle a dressé des portraits
piquants.
M. Ménage ?
« Un
apprenti sorcier, plus royaliste que le
roi, qui n’arrête pas de faire des
notes », a-t-elle dit, mais aussi « un
homme intéressé ». M. Prouteau ?
« Il est tombé amoureux du président. » Ce coup de foudre l’a mené
à tout, « baby-sitter » de Mazarine,
la fille cachée du président, et caution impénitente de toutes « les
bêtises » du capitaine Paul Barril.
« C’est pas de la fidélité, c’est de
l’aveuglement », a commenté l’avocate. De M. Barril, « un clown,
qu’on trouverait drôle si l’on n’était
pas au Palais », elle a rappelé le
montage contre les Irlandais qui
valut au journaliste du Monde
Edwy Plenel, poursuivi en diffamation par le gendarme, d’obtenir
une relaxe au titre de l’« exception
de vérité », décision par laquelle
est reconnue la véracité des faits
rapportés.
Derrière ce système proliférant
aux motifs souvent fantaisistes –
l’homme politique François Froment-Meurice est ainsi présenté
comme un « documentaliste » soupçonné de « trafic d’armes » –, derrière ces « exécutants serviles »
« aux mœurs de la cour des Borgia,
avec le téléphone en plus », comme
les a qualifiés Me André Guibert,
qui plaide pour Georges Gabbay,
conseiller fiscal de l’écrivain JeanEdern Hallier, il y avait le président.
Il « détestait qu’on lui résiste », a
souligné Me Courrégé.
Quitte à se contredire : Me JeanPaul Lévy, défenseur du policier
« de gauche » Gilles Kaehlin, rebelle aux méthodes illégales, a rappelé
que, parmi les 101 propositions du
candidat Mitterrand en 1981, figuraient la suppression des écoutes et
une réforme de la police. Toutes
deux ont été sacrifiées, et M. Kaehlin n’a vu arriver à l’Elysée « que
des policiers de droite ».
Me Ursulet a lu un passage de
l’ouvrage de référence de la mitterrandie, Le Coup d’Etat permanent. En 1965, dénonçant « le cabinet noir » du général de Gaulle et le
recours à la basse police de son régime, le futur chef de l’Etat écrivait :
« Ce qui sort en surface est peu de
chose au regard de ce qui reste
caché. » Silence.
Au tribunal, l’avocat a adressé une
prière pour espérer qu’« après avoir
été écoutés nous serons entendus ».
Pascal Ceaux
10/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
CARNET
AU CARNET DU « MONDE »
DISPARITIONS
Maurice Trintignant
Javier Tusell
Premier Français à remporter un grand prix de F1
Analyste de l’Espagne
contemporaine
L’ANCIEN PILOTE automobile
Maurice Trintignant est mort
dimanche 13 février à l’hôpital de
Nîmes (Gard). Il était âgé de
87 ans.
Ce petit homme plein d’élégance, né le 30 octobre 1917 dans
le Vaucluse, avait 47 ans lorsque sa
5e place, le 2 août 1964 au Nürburgring, à l’issue du Grand Prix
d’Allemagne, lui permit de glaner
les deux derniers points de sa carrière dans le sport automobile.
Mais l’histoire retiendra surtout de
Maurice Trintignant qu’il a été le
premier Français a remporter un
grand prix de formule 1.
Le 22 mai 1955, sur le circuit de
la Principauté de Monaco, au
volant d’une Ferrari, les ennuis de
Juan Manuel Fangio (Mercedes) et
de Stirling Moss (Mercedes) lui
ouvrent les portes du succès. Et
surtout, l’Italien Alberto Ascari
qui, se croyant à tort menacé, perd
le contrôle de sa Lancia D50 avant
d’effectuer un plongeon mortel
dans l’eau du port de Monaco.
« crotte de rat »
Sur la même piste, Maurice Trintignant renouvela l’exploit au volant
d’une Cooper-Climax trois ans plus
tard, engrangeant les deux seules
victoires de sa carrière en formule
1, où il a participé à 82 épreuves.
Maurice Trintignant a débuté sa
carrière en 1938 au volant d’une
Bugatti 2,3 l, celle-là même avec
laquelle son frère Louis avait trouvé la mort cinq ans plus tôt lors
d’une séance d’essais sur le circuit
de Péronne, en Picardie. C’est avec
cette machine qu’il participa à la
Coupe de la Libération, première
course de l’après-guerre, qui a été
organisée en septembre 1945 dans
le bois de Boulogne, à Paris. Mais,
pendant la guerre, des rats avaient
élu domicile dans le réservoir de la
Bugatti, entreposée dans une grange. Les excréments des rongeurs
se propageant dans la carburation,
le Français dut abandonner la course. De cet épisode naîtra son surnom : « le Pétoulet » – littéralement « crotte de rat ».
En 1948, peu avant le Grand Prix
de Suisse, sur le circuit de Berne,
accidenté, il échappa à la mort et
resta huit jours dans le coma.
Après quatre ans de répit, il reprit
la compétition au sein de l’écurie
Gordini et participa à cinq grands
prix : en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Hollande et
en Italie. A cette époque, les deux
principales écuries concurrentes
s’appelaient Maserati et Ferrari.
En 1954, Maurice Trintignant
rejoint les bolides rouges de Maranello, ainsi qu’en 1955 et 1957.
Plus régulier que spectaculaire,
Maurice Trintignant doit à cette
qualité d’avoir remporté ses deux
victoires monégasques. Après l’accident du Britannique Stirling
Moss en 1962, il remplace ce dernier dans l’écurie Cooper-Climax
de Rob Walker et n’hésite pas à lutter contre l’intouchable Jim Clark.
Maurice Trintignant, oncle de
l’acteur Jean-Louis, s’était retiré
dans le village de Vergèze (Gard),
dont il fut un temps maire, mais il
s’est surtout consacré à l’élevage
d’un côtes-du-ventoux dénommé
« Le Pétoulet ».
Jean-Jacques Larrochelle
Michel François-Poncet
Une vie consacrée à Paribas
La nomination de cet homme du
sérail fut accueillie avec satisfaction
chez Paribas. Tous virent en lui
l’homme capable de reconstruire le
groupe, après les épisodes mouvementés de la nationalisation, de la
fuite des filiales étrangères de Paribas, du procès Moussa, et des
envies de grandeur de M. Haberer.
Mais la réorganisation paisible
ne durera pas. Alors que Suez, le
grand rival de Paribas, multiplie les
offensives (Générale de Belgique,
Victoire) l’état-major de Paribas
presse Michel François-Poncet d’attaquer à son tour.
En 1989, Paribas lance une offre
publique contre la compagnie de la
Navigation mixte. Mal préparée,
l’opération échoue. La banque sauve la face de son président en le
nommant président du conseil de
surveillance. Mais il doit abandonner la réalité du pouvoir à André
Levy-Lang, alors président de la
Compagnie bancaire, filiale de Paribas. Il n’eut par la suite qu’un rôle
d’influence.
Martine Orange
– Quand la lune a changé le singe en
coq, petit homme a fait sa première
gamme pour la grande joie de
ses parents et de sa famille.
Thomas COHEN
L’HISTORIEN espagnol Javier
Tusell est mort à Barcelone, mardi
8 février, des suites d’une pneumonie. Il était âgé de 59 ans.
Né le 26 août 1945 à Barcelone,
installé très jeune à Madrid, Javier
Tusell était l’un des meilleurs analystes de l’Espagne contemporaine, non seulement comme historien, mais aussi comme chroniqueur politique. Infatigable en
dépit de la leucémie dont il était
atteint depuis trois ans, « hyperactif » même selon ses amis, il avait
avec lui son ordinateur portable
dans sa chambre d’hôpital et avait
fait installer une ligne téléphonique pour pouvoir continuer à participer aux débats radiophoniques
de la chaîne de radio Cadena Ser.
Auteur d’une cinquantaine
d’ouvrages et d’un très grand nombre d’articles de presse, il répondait sans jamais se lasser aux questions des journalistes, qui trouvaient en lui un observateur sans
parti pris et d’une immense
culture. Il avait été l’un des premiers en Espagne à travailler en
chercheur sur des archives publiques et privées qu’il avait souvent
découvertes lui-même.
Toute l’histoire récente de l’Espagne lui en est redevable à travers ses
ouvrages sur Franco et la dictature
franquiste, sur l’Espagne durant la
seconde guerre mondiale, sur le
catholicisme espagnol, sur le coup
d’Etat, en 1923, de José Antonio Primo de Rivera, mais aussi sur le rôle
des intellectuels sous la République,
sur la transition démocratique et
encore sur la droite espagnole et ses
origines maurassiennes.
Homme de centre droit, venu
des
démocrates-chrétiens
de
l’Union du centre démocratique
(UCD) d’Adolfo Suarez, Javier
Tusell n’avait jamais, comme nombre de ses amis, rejoint l’Alliance
populaire ni, ensuite, le Parti populaire de José Maria Aznar. Il s’était
d’ailleurs montré aussi critique à
l’égard de M. Aznar lors de sa dernière législature qu’envers Felipe
Gonzalez en son temps, comme le
démontre son dernier ouvrage,
intitulé El Aznarato.
Javier Tusell a aussi joué un rôle
de premier rang en tant que directeur des Beaux-Arts pour faire
revenir en Espagne, en 1981, le
célèbre Guernica de Pablo Picasso,
et il plaidait pour le retour en Catalogne des archives de la guerre civile, conservées à Salamanque.
Martine Silber
RAFIC HARIRI, ancien premier
ministre libanais, est mort dans un
attentat, à Beyrouth, lundi
14 février. Il était âgé de 60 ans
(lire pages 2 et 3).
a
À LIRE EN LIGNE
Retrouvez sur le site du Monde
(www.lemonde.fr/carnet) les nominations, les lois et décrets parus au
Journal officiel, ainsi que les adresses de sites publiant des documents
significatifs.
est né le 12 février 2005, à Paris 14e.
Mariages
Sarah BOUDON
et
Bob JANSSEN
sont heureux de faire part de leur
mariage célébré le 5 février 2005.
203, rue du Faubourg-Saint-Denis,
75010 Paris.
Saint-Valentin
– Bonne fête,
Ma Comète !
Ta star.
– Un jour
Tu
es entrée, cassée, perdue dans cette pièce
à l'obscurité naissante de ma vie.
Depuis, la lumière éclabousse les
murs et les heures de mes nuits.
Je t'offre, Toi, ma lumineuse, ma
renaissance, ma renaissante, les espaces
infinies de la liberté dans mes bras.
Noureddine BEN KHADER,
intellectuel, éditeur
et militant tunisien de la démocratie,
le 11 février 2005, à Tunis.
R. Hanoune.
– Renaud, Patrick et Dominique
Delouvin,
ses enfants
et leurs conjoints,
Christophe, Valentin, Cécilia, Mickaël,
Léa et Hugo,
ses petits-enfants,
Colette Hoffsaes et Jean-Pierre Guy,
ses sœur et frère,
leurs enfants et petits-enfants
Et toute leur famille,
ont la grande tristesse d'annoncer le
décès de
Jacqueline DELOUVIN,
– M. Joseph Assouline,
son époux,
Michelle et Marc Touboul,
Pierrette Assouline-Abecassis,
ses filles et son gendre,
Frédérique et Cyril Bouyeure
et leurs fils, Antoine, Anatole et Louis,
Nathalie Touboul
et ses enfants, Hortense et Jules Fournel,
Irène et Fabrice Balavoine,
et leur fils, Mattéo,
ses petits-enfants et ses arrière-petitsenfants,
Les familles Ouhayoun, Assouline,
parentes et alliées,
ont la tristesse de faire part du décès de
Mme Marie ASSOULINE,
née OUHAYOUN,
survenu le 13 février 2005, dans sa
quatre-vingt-quinzième année.
Les obsèques auront lieu le mercredi
16 février, à 14 h 30, au cimetière du
Montparnasse, Paris 14e.
On se réunira à l'entrée principale.
producteur,
vice-président
de la Cinémathèque française,
survenu brutalement le jeudi 10 février
2005, dans sa cinquante et unième année.
ingénieur agronome,
ancien fonctionnaire international
de l'Unesco du secteur science
et grand protecteur de l'environnement,
survenu le samedi 12 février 2005, à
l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Les obsèques auront lieu le mercredi
16 février, dans la stricte intimité familiale.
– Le Centre International de Rencontres
sur le XVIIe siècle
a la douleur de faire part du décès, le
10 février 2005, de son ancien président,
Wolfgang LEINER,
le 9 février 2005, à Paris, dans sa quatrevingtième année.
qui fut, par son rayonnement et par sa
générosité, l'âme de l'association.
La cérémonie religieuse et les
obsèques ont eu lieu à Reims, le
14 février.
– Roseline Bréham,
son épouse,
Laure, Catherine et Julien,
ses enfants,
Sa maman,
Sa famille
Et ses amis,
ont la tristesse de faire part du décès de
9, ruelle au Puits,
94800 Villejuif.
14, rue Danton,
92170 Vanves.
85, rue J.-B. Défernez,
62000 Liévin.
– M. Bernard Arnault,
président et directeur général
Et les membres du conseil d'administration de
M. Michel
FRANÇOIS-PONCET,
officier de la Légion d'honneur,
commandeur de l'ordre national
du Mérite,
administrateur et président
du comité d'audit,
survenu le 10 février 2005.
Ils prennent part à la peine de sa
famille à laquelle ils adressent leurs
sincères condoléances.
Administrateur du Groupe LVMH
depuis sa constitution en 1987 et
président du comité d'audit depuis 1999,
M. Michel François-Poncet a
grandement contribué, par les qualités de
rigueur et la perspicacité de ses analyses
manifestées tout au long de sa
participation aux travaux du conseil
d'administration, à la performance et au
rayonnement du Groupe LVMH.
– Michel Pébereau,
président du conseil d'administration,
Les membres du conseil d'administration
Et l'ensemble du personnel de
BNP Paribas
– Claude Berri,
président,
Martine Offroy,
vice-présidente,
Le conseil d'administration,
Serge Toubiana,
directeur général,
Le personnel
de la Cinémathèque française,
ont la très grande tristesse de faire part
du décès de
M. Alain GILLE,
professeur à l'université de Tübingen,
ont la grande tristesse de faire part du
décès de
Décès
– Mme Alain Gille,
son épouse,
M. François Gille,
son fils,
Mme Catherine Forde,
sa fille,
Mlle Chantal Gille,
sa sœur,
et son petit-fils, Quentin Forde,
ont la douleur de faire part du décès de
née GUY,
LVMH Moët Hennessy Louis Vuitton
Pierre.
ont la grande tristesse de faire part du
décès de
Michel
FRANÇOIS-PONCET,
vice président du conseil
d'administration
et ancien président de Paribas,
survenu le 10 février 2005.
Michel François-Poncet a fait toute sa
carrière dans le Groupe Paribas, puis
BNP Paribas.
Sa disparition constitue, sur le plan
humain comme sur le plan professionnel,
une perte immense pour le Groupe,
auquel il était profondément identifié et
qui lui doit une grande reconnaissance.
Jean-Paul MONTCEL,
à l'âge de cinquante-sept ans.
La cérémonie religieuse aura lieu le
jeudi 17 février 2005, à 16 heures, en
l'église de Giverny (Eure), suivie de
l'inhumation au cimetière de Giverny, à
17 heures.
11, rue Anne de la Vigne,
27200 Vernon.
– M. et Mme Jean-Pierre Pech,
M. et Mme Jacques Pétel,
M. et Mme Bernard Pétel,
M. et Mme Philippe Pétel,
Leurs enfants et leurs petits-enfants,
Parents et alliés,
ont la douleur de faire part du décès du
docteur Raoul PETEL,
survenu le 13 février 2005, à l'âge de
quatre-vingt-dix-sept ans.
Les obsèques religieuses auront lieu le
jeudi 17 février, à 14 h 30, en l'église
Saint-Aubin, à Toulouse.
Cet avis tient lieu de faire-part.
9, place Dupuy,
31000 Toulouse.
Remerciements
– Mme Papou Rebeyrolle
profondément touchée par le soutien et
les nombreux témoignages de sympathie
et d'amitié reçus lors du décès de
Paul REBEYROLLE,
et ne pouvant répondre à tous
individuellement, vous en remercie très
chaleureusement.
Anniversaires de décès
– En mémoire du dixième anniversaire
de la mort de
Sylvain BOMBART,
survenue le 16 février 1995, dans sa
vingt-troisième année.
Danièle et Jean-François,
Hélène et Marie,
ses sœurs.
– Saint-Mont. Bordeaux. Paris.
Ils s'associent à la douleur de sa
famille à laquelle ils présentent leurs plus
vives condoléances.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le mercredi 16 février, à 10 h 30, en
l'église Saint-Philippe du Roule, 9, rue
de Courcelles, Paris 8e.
(Le Monde du 12 février.)
– Caroline Massot Boitard,
sa femme
et Chloé, sa fille,
Claude et Martine Boitard,
ses parents,
Mme Marguerite Boitard, le général
et Mme Gauly,
ses grands-parents,
Jean et Brigitte Massot,
ses beaux-parents,
Juliette et Guillaume Fournier,
Domitille Boitard,
Sylvain et Sophie, Florent, Bruno
et Astrid Massot,
ses sœurs, beaux-frères, belles-sœurs
et leurs enfants,
ont la douleur de faire part de la
disparition en montagne de
Damien BOITARD.
Un service religieux à sa mémoire et à
celle de son compagnon de cordée
Stéphane MALAVASI,
Offre réservée à un premier abonnement
Ses amis
ont la douleur de faire part du décès de
En fraternel souvenir.
Humbert BALSAN,
51BMQ60A
MICHEL FRANÇOIS-PONCET,
vice-président du conseil d’administration de la banque BNP-Paribas,
est mort à 70 ans le 10 février.
Michel François-Poncet était arrivé rue d’Antin, siège de Paribas, en
1961, après un diplôme de sciences
politiques et un diplôme à la Harvard Business School. Fils d’industriel, cousin germain de Jean François-Poncet, il fut successivement
attaché de direction, directeur
adjoint, directeur puis directeur
central avant de devenir président
de Paribas North America. Il collabora avec tous les grands noms de
la banque : Jacques de Fouchier,
Pierre Moussa, Jean-Yves Haberer.
Mais les amitiés de ce banquier
nonchalant furent ailleurs. Très
proche de Claude Bébéar (Axa), de
Didier Pineau-Valencienne (exSchneider), il a été un des membres influents du club Entreprises
et cité. Très lié aussi à Jacques
Chirac, c’est à lui qu’il devra d’être
nommé président de Paribas en
1986, puis d’obtenir que sa banque
soit le premier établissement financier à être privatisé.
Naissances
– Lille.
sera célébré le jeudi 17 février 2005, à
19 heures, en la chapelle Notre-Dame du
Bon Conseil, 6, rue Albert de Lapparent,
Paris 7e.
Geneviève, Catherine, Françoise,
ses filles
et leurs conjoints,
Jean-Charles, Anne et Stéphane,
Gabrièle, Pia, Numa, Théo,
ses petits-enfants,
Lisa,
son arrière-petite-fille,
Estelle,
sa belle-sœur,
Les familles Laborde, Jauze, Porte,
Egan, Vivaldi, Hutter,
ses parents et amis,
ont l'immense douleur de faire part du
décès de
Robert LABORDE,
agrégé d'anglais,
inspecteur général honoraire
de l'Éducation nationale,
officier de cavalerie de Saumur,
croix de guerre 1939-1945,
chevalier du Mérite national,
chevalier du Mérite agricole,
officier des Palmes académiques,
survenu le samedi 12 février 2005, dans
sa quatre-vingt-onzième année.
Il rejoint son épouse bien aimée,
Maria DEL PILAR,
décédée le 21 mai 2003.
L'office religieux a été célébré le lundi
14 février, en l'église de Saint-Mont.
« Là ou le français n'arrive
le gascon y peut aller. »
Montaigne.
Cet avis tient lieu de faire-part.
27, avenue de l'Amiral-Courbet,
59130 Lambersart.
Communications diverses
« Ma bibliothèque personnelle »
avec Régis Debray,
animée par Pierre Assouline
lecture de Daniel Mesguich
le mercredi 16 février 2005, à 18 h 30.
Bibliothèque nationale de France,
site François Mitterrand,
quai François Mauriac, Paris 13e.
Auditorium, hall Est, entrée libre.
– Au CBL, 10, rue Saint-Claude,
Paris 3e, jeudi 17 février 2005, à 20 h 30 :
« Sépharades ou Ashkénazes ? » par
Daniel Lindenberg, auteur de Destins
marranes (Editions Hachette).
Réservation : 01 42 71 68 19.
Deux mois
d’abonnement
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ou de mariage dans le carnet.
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Carnet du Monde :
Tél. : 01-57-28-29-94 ou 01-57-28-29-96.
E-mail : [email protected]
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/11
RÉGIONS
Les grandes stations de ski des Alpes parient sur l’esprit village
Après l’urbanisation de la montagne dans les années 1960 et 1970, elles cherchent à recréer une architecture plus traditionnelle.
Au risque d’une uniformisation censée favoriser la commercialisation auprès d’un certain type de clientèle, notamment internationale
Valmorel (Savoie) avait lancé
cette mode d’une architecture néorégionaliste à la fin des années
1970, en adoptant le modèle de
village reconstitué.
Depuis, le style a fait école et se
décline à toutes les altitudes.
« C’est une fiction patrimoniale. On
a reconstruit une identité alpine qui
n’a jamais existé de façon unique »,
objecte Marie Wozniak, architecte
et conseillère scientifique à la Fondation pour l’action culturelle
internationale
en
montagne
(Facim). Pour elle, un changement
radical s’est opéré « à la fin des
“trente glorieuses” », sous l’effet
conjugué d’une peur de l’avenir et
de l’émergence du discours écologiste. « La montagne s’est figée
dans une image du passé », soutient-elle.
La destruction,
en avril 2004,
aux Menuires
(Savoie),
de l’immeuble
Le Solaret, symbole
d’une architecture
années 1960.
Il sera remplacé
par des chalets
de style savoyard,
montrant la volonté
de la station
de rompre
avec le concept
de « ville
en altitude ».
ot les menuires
CHAMBÉRY, GRENOBLE
de nos correspondantes
Authenticité, nature et retour aux
sources : c’est ainsi que se décline
aujourd’hui la stratégie de séduction des stations alpines pour attirer les citadins en mal de rupture
avec leur quotidien. Confrontées,
depuis dix ans, à une stagnation de
la fréquentation, elles travaillent
désormais à donner une image
moins industrielle des champs de
neige. Les brochures de promotion touristique vantent le bienêtre et les paysages de rêve.
Le Carnet de route de la montagne, publié en 2001 par l’Agence
française de l’ingénierie touristique (AFIT), conseille ainsi aux professionnels de travailler sur des
prestations douces et de jouer sur
« l’ambiance chalet, le chocolat
chaud, le feu de cheminée ».
Cette mise en scène d’une montagne néorurale est un produit
d’appel pour la clientèle étrangère,
celle qui tire désormais la croissance. Les efforts se portent sur le
réservoir de vacanciers en provenance d’Europe du Nord, de
Russie, de Chine, voire du ProcheOrient.
Pour attirer et retenir cette clientèle, il faut soigner le décor. Quitte
à risquer la banalisation de leurs
paysages, les communes habillent
les places de village de bois et de
lauze. Les pavés remplacent le bitume, les chalets aux balcons ouvragés s’égrainent le long des lacets.
« haut de gamme »
A Arcs 1950 (Savoie), l’investisseur canadien Intrawest a poussé
le modèle jusqu’à la caricature en
recréant de toutes pièces le décor
d’un village savoyard surnommé
par ses détracteurs « Disneyland ». « Il n’y en a plus aujourd’hui que pour le haut de gamme »,
déplore, de son côté, l’un des créateurs des Arcs, Yvon Blanc, pour
qui la philosophie des premiers
bâtisseurs est aujourd’hui complètement dévoyée.
« Au départ, l’intention était bonne », nuancent les membres de
l’équipe « architecture, paysage,
montagne » de l’Ecole d’architecture de Grenoble, même si, « sous couvert de recréer des villages, on surélève les toits et on densifie un peu
plus », notent-ils. Pour autant, cette architecture néorégionaliste ne
mérite pas, selon eux, d’être rejetée
en bloc. « Il y a des choses intéressantes », disent-ils, regrettant néanmoins l’absence de réflexion globale et de maîtrise des projets. « A
l’époque des stations intégrées, rappellent-ils, il y avait une chaîne qui
fonctionnait, avec un promoteur qui
était le maître d’œuvre unique, une
collectivité locale qui lui concédait
l’exclusivité de l’aménagement et les
services de l’Etat qui animaient et
contrôlaient le projet. Aujourd’hui,
promoteurs, sociétés de remontée
mécanique, copropriétés se partagent les rôles. D’où un morcellement
des décisions. »
Le contexte également a changé.
« Dans les années 1960, les aménageurs avaient encore une culture du
territoire, alors qu’aujourd’hui ce
sont des financiers », observe
Charles Roche, un architecte de
l’équipe. Les grands groupes immobiliers de loisirs qui règnent sur la
plupart des stations accentuent
l’uniformisation.
« Ayant
des
clients dans le monde entier, ils ont
intérêt à vendre le même produit, à
la mer ou à la montagne. Pour eux,
c’est à la fois un argument et une
facilité », ajoute M. Roche.
Aujourd’hui, les immeubles,
considérés comme l’archétype de
la modernité des années 1960,
déparent dans le paysage. La destruction, en avril 2004, aux Menuires (Savoie), de l’immeuble du
Solaret, une barre de 90 mètres de
long en bordure des pistes, remplacé par une résidence-chalet, symbolise cette volonté de rejeter ce
Certaines communes imaginent des solutions pour limiter le trafic automobile
CHAMBÉRY
de notre correspondante
Pour se donner une image de montagne
« à l’état pur », les stations, qui s’étaient jusqu’ici peu préoccupées des questions environnementales, multiplient les efforts pour
gommer la voiture du paysage et réduire les
pollutions sonores, olfactives et visuelles en
bas des champs de neige. Avec des constructions de parkings souterrains à Tignes, des
plans de circulation à Chamrousse, Megève,
l’Alpe-d’Huez ou encore La Clusaz, les maires des communes situées en dessous de stations de ski cherchent à endiguer les flots de
voitures qui déparent le paysage.
En Savoie, la commune de Saint-Martinde-Belleville étudie un projet de contournement de la station des Menuires pour les
vacanciers qui se rendent à Val-Thorens,
situé à une altitude plus élevée. Cette tendance a trouvé une illustration particulière à
Val-d’Isère, qui a intitulé son dossier de can-
didature pour les championnats du monde
de ski alpin de 2009 : « Championnats sans
voitures ». La station avaline a notamment
décroché l’organisation de l’événement en
raison de ce souci environnemental.
La réflexion ne porte pas seulement sur la
circulation à l’intérieur des stations ; il s’agit
aussi de diminuer le nombre des voitures
qui montent des vallées vers les stations.
Ainsi, Courchevel a instauré des navettes
gratuites pour relier ses différents sites.
combiner transport et forfait de ski
Le conseil général de l’Isère, dont le budget consacré aux transports a augmenté de
25 % en 2005 (145,9 millions d’euros), cherche à limiter l’engorgement des routes qui
mènent aux stations. Pour inciter les skieurs
à laisser leurs voitures dans la vallée, il met
en place un système tarifaire permettant
l’accès à une quinzaine de stations au
départ de la gare routière de Grenoble. Cet-
trois questions à… jean-françois lyon-caen
1
Responsable de l’équipe architecture, paysage, montagne à l’Ecole
d’architecture de Grenoble, vous avez
publié un ouvrage et conçu une exposition qui présente les mutations en
montagne, du XVIIIe siècle à nos
jours. En quoi la montagne a-t-elle
été un territoire d’inventions ?
Les montagnes ont toujours stimulé l’imagination des hommes.
Edifier des stations de ski à des
altitudes auparavant inhabitées a
été en soi une invention. Dès les
années 1950, certaines équipes de
créateurs ont privilégié des solutions inventives pour accueillir le
plus grand nombre de vacanciers
en s’adaptant à la fois aux
contraintes du milieu et au ski
alpin. L’éthique de ces pionniers
était inspirée par les pensées fonctionnelles de Le Corbusier : rationalité et confort à la station des
Arcs, conçue avec Charlotte Perriand, ou compositions expressives de Jacques Labro à Avoriaz.
Ces démarches globales étaient
très éloignées de l’approche ostentatoire qui domine actuellement.
2
Quel regard portez-vous sur le
modèle actuel, cherchant à reproduire l’esthétique du pittoresque ?
Depuis la fin des années 1970,
de lieux sportifs, les stations se
transforment en lieux de loisirs
conçus autour d’une ambiance,
déclinée d’emblée sur le modèle
d’un village reconstitué. L’urbanisme, l’architecture et l’agencement intérieur composent un
décor qui oscille entre nostalgie et
imaginaire de l’enfance. Le rêve
d’un « Heidi chalet » envahit l’univers de la montagne avec des productions uniformes d’un massif à
l’autre, oubliant que chaque lieu
est un paysage spécifique.
3
Le patrimoine moderne des stations mérite-t-il d’être protégé ?
Le travail mené depuis dix ans
sous l’égide du ministère de la
culture n’a pas pour objectif de
tout mettre sous cloche, mais
d’éveiller les consciences. La
mémoire d’une station est souvent attachée à ses victoires sportives éphémères, alors qu’on néglige les principes durables qui fondent son territoire. Aujourd’hui,
l’absence de projet global menace
la cohérence même des ensembles identifiés par l’inventaire.
Propos recueillis par
N. Ca.
e Montagnes, territoires d’inventions,
sous la direction de Jean-François
Lyon-Caen, Ecole d’architecture de
Grenoble, 25 ¤, disponible chez SB Diffusion, 1000, route de la Cote, 38260
Penol. Tél./fax : 04-74-54-30-67).
dépêche
SNCM : une table ronde sur l’avenir de la Société nationale
Corse-Méditerranée se tiendra, jeudi 17 février, à Marseille, en présence de François Goulard, secrétaire d’Etat aux transports et à la
mer. Réclamée par les syndicats, qui ont annoncé le dépôt d’un « préavis de grève à partir du 28 février », elle examinera la situation de la
compagnie maritime, qui a annoncé 210 suppressions d’emploi.
a
te formule « Skiligne » permet, par ailleurs,
de combiner le transport et le forfait de ski.
La Haute-Savoie joue, elle, la carte européenne en participant à deux programmes
Interreg III B (transnational) de promotion
des transports en commun sur l’arc alpin
qui associent la France, l’Autriche, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse. En décembre 2004,
le conseil général a été retenu par Bruxelles
comme chef de file européen du projet
« Mobilalp ». Morzine, Les Gets, la vallée
d’Aulps, la vallée d’Abondance et les stations du massif des Aravis (La Clusaz, le
Grand Bornand, Saint-Jean-de-Sixt et Manigod) sont parties prenantes de ce programme qui vise à améliorer la desserte des stations depuis les gares.
La première réalisation pourrait être la
mise en place, l’hiver prochain, de navettes
régulières en dehors des heures de pointe
pour les skieurs de l’agglomération d’Annecy afin de rejoindre les stations des Aravis.
En période hivernale, la saturation du trafic
est telle qu’il faut souvent compter deux
heures, le week-end, pour accéder ou
revenir de ces stations situées à moins de
30 kilomètres d’Annecy.
L’autre objectif de « Mobilalp » est la création de « centrales de mobilité » auprès desquelles la clientèle trouverait l’ensemble des
informations pour accéder aux stations.
Le second programme, dit « Perles des
Alpes », cherche à créer des produits touristiques qui associent le voyage au séjour. Le
parcours en train et bus serait alors valorisé
au même titre que l’accueil sur le site de villégiature. Saint-Moritz en Suisse et Obersdorf
en Allemagne figurent parmi les stations partenaires. Un label est à l’étude pour l’ensemble des sites dont les critères seront présentés, en avril, à la station des Gets. L’objectif
est de l’offrir au public dès 2006.
N. Gr.
modèle architectural. Courchevel
(Savoie) a, elle aussi, sacrifié ses
constructions novatrices à toit plat
des années 1950, conçues par les
architectes Denys Pradelle et Laurent Chappis, afin de profiter de
son succès commercial.
forme cintrée
« Les réhabilitations à l’identique
se font dans les stations les moins
riches », remarque M. Roche.
« Nous n’avons pas les moyens de
faire mieux. Autant garder notre
architecture des années 1960 »,
convient Pierre Arsac, adjoint à
l’urbanisme de Chamrousse (Isère), l’une des rares stations à ne
pas avoir inscrit dans son POS
l’obligation de construire des toits
à deux pans. Chargé de la rénovation de l’office du tourisme, édifié
en 1968, l’architecte Yves de Préval
a toutefois montré la voie d’une
réinterprétation possible en leur
donnant une forme cintrée. Cette
réalisation sert aujourd’hui de référence architecturale à d’autres programmes de rénovation.
Face à la menace de voir disparaître du paysage montagnard toute trace des premiers bâtisseurs,
l’équipe « architecture, paysage,
montagne » a entrepris de dresser
un inventaire qui aide à établir
« une évaluation et un bilan », expliquent ses membres.
Ce travail a d’ores et déjà permis
d’inscrire, à Courchevel, trois chalets de MM. Pradelle et Chappis
ainsi qu’une église sur la liste supplémentaire des Monuments historiques et de classer, à Megève, la
maison atelier de l’architecte Henry-Jacques Le Même.
De son côté, la Facim a réagi et
mis en place un itinéraire de découverte du patrimoine dans les stations de ski. Baptisé Archipels
d’altitude, ce dernier a attiré, en
2004, « plus de 4 000 visiteurs », se
réjouit Mme Wozniak.
Pour autant, elle reconnaît que
« la partie n’est pas gagnée »,
même s’il y a une prise de conscience et qu’une réflexion s’engage
pour sensibiliser les élus et la population sur la manière de construire
en montagne. « Il ne s’agit pas de
contraindre mais d’inventer »,
témoigne Roger Caracache, maire
du Sappey (Isère) et vice-président
du parc naturel régional de
Chartreuse.
Nicole Cabret
et Nathalie Grynszpan
12/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
HORIZONS
DRÔLE DE
À
MATCH
AMSTERDAM
L’Ajax,
le plus grand club
de football
néerlandais, doit-il
renoncer à son
image de « club
juif » parce que
ses fans font
tionne « les tensions actuelles de la société ». Curieusement, c’est un incident sans
aucun caractère raciste ni antisémite qui a
accéléré la prise de conscience des Néerlandais. Le 11 septembre 2004, une actrice de
télévision fiancée à un joueur vedette de
l’Ajax (Rafael van der Vaart) a été traitée
de « putain » pendant tout un match par
des supporteurs de La Haye. L’affaire a fait
scandale. Nombreux sont ceux qui regrettent encore que l’arbitre n’ait pas interrompu la partie, comme l’avait fait René Temmink, le 17 octobre 2004, lors d’un match
La Haye-PSV Eindhoven troublé par des
slogans antisémites et racistes.
« Beaucoup de gens se sont dit “cela va
trop loin, c’est devenu trop agressif, on ne
peut plus tolérer cela”, confie le sociologue
Paul Scheffer. Cela a entraîné un débat sur
les valeurs qu’il convient de défendre dans
l’espace public. Les gens pensent désormais
qu’on a été trop longtemps tolérants dans
les stades, qu’on a trop longtemps cru qu’il
ne fallait pas prendre tout cela trop au
sérieux. Aujourd’hui, ils disent qu’il faut le
combattre, qu’il s’agit d’un symbole de ce
qui ne va plus dans cette société. Un débat
porte actuellement sur les limites de notre
tolérance. »
Le 24 janvier, la Fédération néerlandaise
de football (KNVB) a publié une liste de
vocables et sonorités interdites de stade.
Sont proscrits les sifflements, les bruits de
la jungle, les bêlements de mouton, le mot
« Hamas » ainsi que tous ceux qui se réfèrent à la prostitution, aux parties génitales,
aux maladies, aux croyances religieuses et
à l’appartenance à tel ou tel groupe ethnique. En cas d’infraction au nouveau règlement, les arbitres ont pour mission d’arrêter la partie. Un dispositif que les supporteurs jugent « inapplicable ».
« Beaucoup de gens
se sont dit “cela va
trop loin on ne peut
plus tolérer cela” »
l’objet d’insultes
antisémites ?
paul scheffer,
sociologue
NE longue carcasse
calcinée. C’est tout ce
qu’il restait de la Maison des supporteurs
de l’Ajax Amsterdam
quand Ruben est arrivé sur les lieux, dans
la nuit du dimanche
30 janvier. Avant même de contempler les
dégâts, ce fan du plus grand club de football néerlandais n’avait aucun doute : les
responsables étaient à chercher parmi les
supporteurs de l’ADO La Haye, l’équipe
qui avait rencontré « son » Ajax dans
l’après-midi. Deux semaines plus tard, la
police locale poursuit ses investigations.
Les deux clubs entretiennent une vieille
rivalité. Ils ne sont pas les seuls aux PaysBas, où les supporteurs les plus acharnés –
les « siders » comme on les appelle ici – se
livrent depuis longtemps une lutte sans
merci. En mars 1997, un affrontement
opposant des bandes de l’Ajax et du Feyenoord Rotterdam avait ainsi provoqué la
mort d’un jeune homme. Mais ces violences sont également verbales. Depuis
qu’une partie importante des fans de
l’Ajax a adopté un cri de ralliement proclamant leur fierté d’être « juifs », ils font
face à de longs sifflements – « sssssssss »,
en référence au bruit du gaz dans les
camps d’extermination – suivis d’injures
antisémites.
Bien que l’immense majorité des jeunes
supporteurs de l’Ajax ignore tout de la religion juive, ils ont pris la curieuse habitude
de manier les symboles israélites. Avant de
brûler, leur Maison, posée le long du terrain d’entraînement de leur équipe favorite, abritait des drapeaux ornés d’une étoile
de David. Willem, le barman de l’établissement, porte cet insigne sur son T-shirt,
d’autres l’épinglent sur leur bonnet ou leur
écharpe. Les jours de match, ces « siders »,
soit environ 5 000 personnes, crient
« Joden, Joden », et agitent volontiers des
drapeaux israéliens. « Ces slogans appartiennent à notre culture et nous y tenons,
explique Erwin Pieters, membre de
l’Onafhankelijke, un groupe de supporteurs. On s’appelle “juifs” juste pour ôter le
plaisir des autres fans qui croient nous insulter en nous désignant comme juifs. »
Aujourd’hui, ils ne comprennent pas que
cette « Joden attitude » leur soit reprochée.
Ils acceptent mal que le président du club,
John Jaakke, souhaite en finir avec cette étiquette de « club juif », dans le but de « ne
plus donner de prétexte » aux injures antisémites. « Notre situation est paradoxale, souligne un communiqué diffusé par l’Ajax le
22 janvier. Nous sommes un prétendu club
juif mais, dans la plupart des cas, nos supporteurs juifs hésitent à assister à nos matches à
domicile – ne parlons pas de ceux à l’extérieur – à cause des réactions blessantes des
fans de nos adversaires. Il faut mettre fin à ce
paradoxe. »
Personne ne sait plus très bien quand et
comment a commencé cette histoire révélatrice des désordres des Pays-Bas du
XXIe siècle. Devant le terrain d’entraîne-
pim ras/hollandse hostge/editing
U
Qu’ils soient juifs ou pas, les fans de l’Ajax (ici à Amsterdam le 13 mai 2002) arborent volontiers des drapeaux israéliens.
ment, un homme d’une cinquantaine d’années croit se souvenir qu’il a toujours
entendu ces cris, que ce soit au vieux stade
De Meer ou au moderne ArenA, où l’équipe au célèbre maillot rouge et blanc évolue
depuis 1996. Selon Simon Kuper, auteur
d’un ouvrage historique sur le club (Ajax,
the Dutch, the War : Football in Europe
During the Second World War, Ed. Orion),
les drapeaux israéliens et les étoiles de
David sont apparus dans le « F-Side », l’ancienne tribune des « siders », au début des
années 1980, peu après la visite du club
anglais de Tottenham, connu pour sa proximité affichée avec la communauté juive du
nord de Londres. Ces symboles juifs
accompagnaient les « Joden, Joden » venus
remplacer les « Paysans ! Paysans ! » que
les fans de l’Ajax lançaient auparavant à
leurs rivaux. Ceux-ci n’ont pas tardé à répliquer par des « sssssssss » et, plus récemment, par des « Hamas ! Hamas ! Les juifs
dans les chambres à gaz ».
Pendant des années, ces dérives n’ont
soulevé aucune protestation. La société
néerlandaise voulait y voir une mauvaise
histoire de supporteurs peu éduqués et, au
fond, peu méchants. Aux yeux de Rosa van
der Wieken-de Leeuw, élue de centre droit
de la municipalité d’Amsterdam et cofondatrice du Réseau sur l’antisémitisme
(Network on Antisemitism), ce silence
n’avait rien à voir avec la tradition d’ouverture d’esprit de la société néerlandaise.
« Ce n’est pas une question de tolérance,
juste un manque d’intérêt, typiquement hollandais », regrette-t-elle.
Pour Henk Spaan, journaliste au quotidien Het Parool et rédacteur en chef fondateur de Hard Gras, une revue intellectuelle
consacrée au football, ces jeunes s’effor-
cent « d’entretenir une sorte de folklore, en
partie pour provoquer l’establishment ».
« Cela n’a rien d’agressif ni de raciste,
juge-t-il. Pour eux, cela n’est pas connecté à
des histoires de race ou de religion. Ils ne
sont liés à aucun groupe politique. C’est juste
un nom. Ils disent : “Je suis un supporteur de
l’Ajax, je suis un Joden.” »
ES débats sur la « tradition juive » de l’Ajax reviennent régulièrement depuis sa création, en
1900. A en croire les historiens
du club, sa proximité avec la
communauté juive était avant tout géographique. Tous deux étaient en effet installés
dans l’est de la ville. Personne, toutefois,
ne nie qu’un lien spécial a toujours uni les
deux parties. Pour le meilleur, mais aussi
pour le pire. Pendant la seconde guerre
mondiale, selon Simon Kuper, le club a
consciencieusement appliqué les directives
de l’occupant allemand, à l’automne 1941,
en excluant douze joueurs et dirigeants
juifs.
Plus d’un demi-siècle plus tard, il est à
nouveau question de la supposée « judéité » de l’Ajax. Frits Barend, animateur
d’une émission la télévision nationale, est
l’une des rares personnes irritées de longue date par les dérives des supporteurs.
Voilà une dizaine d’années, il l’a fait savoir
en plateau aux dirigeants du club d’Amsterdam. « Ils étaient très énervés à l’idée que
nous puissions accorder tant d’importance à
cette histoire », se souvient-il.
Uri Coronel, un ancien administrateur
de l’Ajax qui a perdu une partie de sa
famille dans les camps nazis, faisait partie
de ces dirigeants en colère. Depuis, il a
changé d’avis. C’est lui qui, en novem-
L
bre 2004, a poussé le président Jaakke à
intervenir : « Un jour où j’accompagnais les
joueurs à Rotterdam, les supporteurs de Feyenoord se sont alignés autour de notre car et
ils ont fait le salut nazi, explique M. Coronel. J’ai pris conscience que les choses
allaient trop loin. »
Le contexte politique a également incité
les dirigeants à réagir. L’assassinat, le 6 mai
2002, du leader populiste Pim Fortuyn,
connu pour ses positions ultranationalistes, a choqué l’opinion. Le meurtre de
Theo Van Gogh, un cinéaste également
célèbre pour ses provocations, tué par un
jeune Néerlandais d’origine marocaine, le
2 novembre 2004, a achevé d’ébranler les
certitudes des Néerlandais sur les questions de tolérance. « Il y a depuis peu un sentiment d’urgence dans ce domaine, les responsables politiques ont pris conscience de
la vulnérabilité de notre société », analyse
Paul Scheffer, professeur de sociologie
urbaine à l’université d’Amsterdam. Spécialiste des questions d’immigration, ce sociologue ne croit pas que « la décision de John
Jaakke de débarrasser l’Ajax de son étiquette
de club juif va changer quelque chose dans
les stades ». Il s’interroge aussi sur un lien
possible entre cette déclaration et les tensions intercommunautaires constatées ces
dernières années. Selon des statistiques
réunies par le Réseau sur l’antisémitisme,
les incidents à caractère antisémite ont
connu une nette augmentation, de 75 en
1999 à 334 en 2003.
Ce lien, John Jaakke n’hésite pas à l’établir. Dans un entretien au quotidien sportif
italien Gazzetta dello sport (12 janvier), il
convient que sa décision a « certainement » à voir avec l’assassinat de Theo Van
Gogh. Son communiqué du 22 janvier men-
Devant cette frénésie réglementaire, ces
derniers ne savent pas très bien quelle
ligne tenir. Ils réfléchissent en silence. Ils
ont leur solution, pourtant : si le président
de l’Ajax voulait bien rendre au club son
vieux logo représentant le héros troyen et
les débarrassait du nouveau, trop stylisé à
leurs yeux, ils seraient prêts à envisager un
effort. En attendant de se forger une opinion définitive, ils n’ont rien changé à leurs
habitudes pendant les matches. Ils s’apprêtent à faire de même au moment d’accueillir l’AJ Auxerre, mercredi 16 février,
pour un huitième de finale de la Coupe de
l’UEFA.
A l’écart des groupes les plus démonstratifs, les autres supporteurs, eux, ne cachent
pas leur embarras. « C’est comme si j’avais
une étoile de David tatouée sur le front
depuis que je soutiens ce club, c’est comme
ça !, témoigne Ferry, 52 ans. Au début, j’ai
trouvé ça drôle de s’appeler comme ça.
Ensuite, devant les réactions de nos adversaires, je me suis mis à détester ça, et maintenant j’essaie d’ignorer cette histoire. » Il ne
comprend pas pour autant la doctrine Jaakke. A côté de lui, un vieux monsieur a les
yeux rivés sur une séance d’entraînement
des rouge et blanc de l’Ajax : « Je suis juif,
je n’ai pas envie de parler de cela. »
Au rebours de la plupart des supporteurs d’origine juive de l’Ajax, Salo Müller
n’apprécie pas du tout le choix du président. « John Jaakke a tort de s’en prendre à
ses propres fans, regrette l’ancien kiné du
club, qui a massé Johan Cruyff et ses glorieux coéquipiers du début des années
1970. Plutôt que de leur demander de changer leurs drapeaux et leurs chansons, il ferait
mieux d’inviter les présidents des clubs dont
les fans poussent des cris antisémites à agir.
Puisqu’on sait qui sont ces gens, on ferait
mieux de les interdire de stade et de les
envoyer à l’école apprendre les leçons du
passé. »
« Nos supporteurs adorent cette identité,
laissons-la leur », ajoute M. Müller. A
l’écouter, les dérives actuelles n’ont rien de
nouveau, sinon par leur ampleur récente :
« Dans les années 1960, lorsque je courais le
long d’une tribune pour aller soigner un
joueur blessé, j’ai souvent entendu “sale
juif”. » Fan d’un jour, fan toujours, il ne
manque aucune rencontre à l’ArenA
d’Amsterdam : « Je me concentre sur le
match, dit-il. Ceux qui ont renoncé à y aller
l’ont décidé à cause des chants antisémites,
pas à cause de nos propres supporteurs. »
A l’appui de sa position, il exhibe une
coupure de presse : un article publié par
De Telegraaf reproduisant les propos tenus
par Cobi Benatoff, président européen du
Congrès juif mondial, le 11 janvier, à
Bruxelles : « C’est triste que l’Ajax veuille se
débarrasser de son image de club juif. C’est
une résolution stupide. Nous voulons l’attitude opposée. C’est en agissant ainsi qu’on
perd son identité. »
Eric Collier
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/13
HORIZONS DÉBATS
Cher Ariel Sharon par Théo Klein
OUS voilà, enfin,
sur une voie ouverte où chacun des
deux peuples qui se
battent pour la
même terre pourra
trouver, il faut l’espérer, le courage
et la patience, l’inventivité et la
confiance nécessaires pour faire de
ce sol commun et partagé une terre
de promesses et d’avenir.
Vous avez trouvé les mots justes
pour reconnaître la nécessité
d’« abandonner les rêves irréalistes »
et donc l’urgence du dialogue. Le
chemin aura été long et meurtrier,
mais – je le reconnais volontiers – il
vous a fallu du temps et une
résolution profonde pour conduire
la politique israélienne hors de son
dialogue interne et la mettre face à
la réalité.
Les droits légitimes d’un peuple
ne peuvent se maintenir sans la
reconnaissance de la légitimité des
droits d’un autre peuple et, particulièrement, de ceux de ses voisins.
Qu’il y ait des heurts et des contradictions entre ces droits est évident,
et la nécessité s’impose, alors, d’aller au-delà vers la recherche de solutions qui ne soient pas des abandons consentis par force et dont le
regret ne cesserait alors d’alimenter
de futurs conflits.
Mais comment faire ? Je ne suis
pas en possession de formules
magiques et je suis bien persuadé
qu’elles seraient inefficaces.
Peut-être y a-t-il une voie ? Celle
qui me paraît ouverte serait de mettre en commun ce qui ne peut être
partagé, de réaliser ensemble ce
N
qu’aucune des deux parties ne voudrait laisser entièrement entre les
mains de l’autre.
Pourquoi ne pas prendre en
compte et créer une dynamique
commune autour du sentiment si
profond dans les deux populations
d’un lien avec l’ensemble de ce territoire appelé par les uns la Palestine
et par nous Eretz Israel ?
Bien sûr, la solution d’un seul Etat
ne conviendrait ni aux Israéliens ni
aux Palestiniens ; le passage par un
Etat national est nécessaire, au-delà
même de la notion de nationalité,
par la raison supérieure de deux
cultures différentes et des traditions
de l’un et l’autre des deux peuples.
assez rapidement pour participer
aux échanges internationaux, n’estce pas là un domaine où Palestiniens et Israéliens pourraient trouver un épanouissement commun ?
Bien sûr, je le reconnais volontiers, les mots sont faciles à tracer
d’une plume enthousiaste alors que
la mise en œuvre d’un instrument
de coopération élargie est délicate
et nécessite une préparation vigilante et rigoureuse.
La paix, cependant, ne se gagne
pas dans la seule liquidation des
contentieux alors que chacun s’enferme dans la revendication et la
méfiance. La lutte a été trop longue,
trop acharnée, trop meurtrière ; les
Acceptons de reconnaître nos erreurs
et la vanité de certains de nos rêves ;
acceptons d’exprimer nos regrets
Mais la géographie de cette
région – sans doute sur les deux
rives du Jourdain – doit nous inciter
à construire et à développer ensemble les infrastructures essentielles ;
nous avons la chance – et donc aussi le devoir – d’être complémentaires dans de nombreux domaines et
même, peut-être, aujourd’hui,
essentiels les uns aux autres.
Bâtir l’avenir, le bâtir dans la liberté de la démocratie et dans l’intelligence du développement des
moyens les plus efficaces, dans le
souci, aussi, de les perfectionner
esprits ont appris la haine plus que
la patience et l’ouverture à l’autre.
Si nous voulons gagner le simple
droit de vivre dans la dignité et la
sécurité des nôtres, nous devons
construire ensemble une société qui
crée les conditions d’un respect
mutuel.
Trop de mots balisent la route du
conflit ; trop de malheurs, de douleurs, hantent les esprits. Nous
nous sommes fait trop de mal les
uns aux autres, parfois simplement
pour défendre les nôtres ; nous
avons laissé le mépris et l’injure
prendre le relais du respect et de la
compréhension. Nous nous sentons, les uns comme les autres, justifiés dans notre désir de liberté et
d’indépendance, convaincus de nos
droits comme de notre profonde
légitimité.
théo klein
est avocat au barreau de Paris
et d’Israël.
Il ne s’agit pas de renier le passé,
mais cependant de reconnaître fortement les torts et les douleurs causés à l’autre peuple, et d’en exprimer le regret sincère. Il faut bâtir
pour l’avenir ce que nous n’avons
pas su préserver dans le passé.
Acceptons de reconnaître nos
erreurs et la vanité de certains de
nos rêves ; acceptons d’exprimer
nos regrets.
Je voudrais que l’Israélien reconnaisse sa douleur dans le visage douloureux de la mère palestinienne et
que le Palestinien reconnaisse dans
le visage de l’Israélien le regard
d’amour qu’il porte sur cette terre
commune.
Je n’ai cessé de vous appeler à cette révolution des esprits car je pensais que vous étiez, dans le temps
présent et dans la politique israélienne, le seul capable d’entreprendre
et de réussir à briser les barrières de
la violence pour rechercher la solution politique, « la seule possible »,
m’aviez-vous dit la veille de votre
première élection en février 2001.
Nous y sommes, peut-être,
enfin… il est temps.
1905-2005 : l’Etat face aux Eglises
par Jean-Arnold de Clermont
l faut le souligner,
la Fédération protestante de France
(FPF), créée en
1905, garde un attachement et une
confiance sans faille dans les principes énoncés par la loi de 1905 !
Alors que se développait, ces dernières années, la lutte contre les
« sectes », elle a tout à la fois rappelé son refus d’une loi d’exception
contre des associations qualifiées
de « sectes », sans qu’une telle
dénomination repose sur le moindre fondement juridique ; mais
simultanément elle a fait entendre
la légitimité du rôle des pouvoirs
publics dans leur volonté de contrôle de l’espace social, dès lors
qu’était respectée la liberté des
cultes.
Dans le même esprit, elle adressait au premier ministre, en décembre 2002, un document d’analyse de
la situation des associations cultuelles au regard de la loi du 9 décembre 1905. Je résume ce dossier
« Cultes, équité, laïcité » en une
phrase : faire entendre que, au-delà
de la séparation des Eglises et de
l’Etat, il faut aujourd’hui développer une véritable liberté d’exercice
des cultes telle qu’annoncée par la
loi.
Aujourd’hui, la loi de 1905 ne doitelle pas être adaptée à une nouvelle
configuration religieuse où, aux quatre cultes reconnus par le Concordat et les articles organiques, toujours en vigueur en Alsace et Moselle, à savoir les cultes catholique,
juif, luthérien et réformé, se sont
ajoutés les cultes orthodoxe, musulman, évangélique et pentecôtiste,
et des cultes orientaux, dont le
bouddhisme ?
La question doit être posée
d’autant plus que le législateur ne
s’est pas privé de modifier cette loi
plus d’une dizaine de fois depuis
1905. Dans un premier temps, les
réactions à cette suggestion protestante de toilettage de la loi ont soulevé un tollé : si l’on devait toucher
à cette loi, n’allait-on pas mettre en
péril un édifice à l’équilibre encore
instable ?
Relancer la « guerre des deux
France » ? Rouvrir la boîte de Pandore ? Plutôt qu’à lancer des slogans dépassés que l’on veuille bien
ici examiner les pièces du dossier !
Une première difficulté pratique
vient du lien existant entre la loi de
1901 sur les associations et la loi de
1905 créant les associations cultuelles ; dès lors que le législateur modifie la loi de 1901, cette modification
s’applique aux associations cultuel-
I
les et cette automaticité du lien met
en péril une disposition essentielle
de la loi de 1905 qui prétend ne pas
intervenir dans le mode de gouvernement interne des Eglises !
Nous proposons que soit simplement vérifié préalablement si la disposition envisagée n’est pas contraire à l’affirmation de la liberté des
cultes.
Les associations cultuelles ont un
objet unique, « exclusivement
cultuel », déterminé par l’article 19
de la loi. Toutes pourtant développent une activité culturelle (journaux, publications, musique et chant…) ou une activité sociale (jeunesse, diaconie, entraide, mission…).
Pour ce faire elles doivent créer
autant d’associations à vocation
culturelle ou sociale ; soit ! Mais
outre les complications administratives, elles refusent d’être « saucissonnées » en différents objets ; elles
sont principalement à vocation
cultuelle, mais exercent leur rôle
culturel et social dans l’espace
public.
Nous avons proposé que cela soit
reconnu, et si l’on ne veut pas modifier la loi, cela ne pourrait-il pas se
vent à l’étranger. Souvent les communautés achètent un local commercial qu’elles transforment en
lieu de culte.
Elles se heurtent alors à la mauvaise volonté de bien des municipalités
qui refusent le changement d’affectation du local pour qu’il soit apte à
recevoir du public (quand bien
même les normes de sécurité sont
respectées). Il faut dire qu’il s’agit
souvent de communautés évangéliques, de Français issus de l’immigration… Tout ce qu’il faut pour être
suspecté d’être une « secte ».
Faut-il qu’il en soit différemment
pour les mosquées ? Deux raisons
sont évidentes ; l’une purement
« politique » : permettre à l’islam
de France de « sortir des caves ».
Qui n’applaudit à cela ?
L’autre est plus historique : pourquoi une nouvelle religion s’implantant en France ne bénéficierait-elle
pas d’une aide de départ ?
On a donc inventé des formules
qui déjà avaient été utilisées pour
les Chantiers du cardinal, créés en
1931 : baux emphytéotiques, prêts
avec garantie des municipalités,
aide déguisée de l’Etat pour des parties consacrées au culturel…
Est-il insultant pour les législateurs
d’alors de dire qu’ils n’avaient pas tout
prévu et que des améliorations à la loi
pourraient intervenir dans un contexte
nouveau, un siècle plus tard ?
faire de manière réglementaire simple en reconnaissant que 20 % de
leurs ressources pourraient être
consacrés à leurs activités culturelles et sociales, et reversés à des associations ad hoc ?
Ces préoccupations techniques
ne mettent pas en question les principes de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. Mais il n’en est pas
de même du constat que nous faisons, de plus en plus souvent, de la
non-application de la loi.
Prenons le dossier du financement des lieux de culte. L’article 2
de la loi indique que « la République
ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ». Le protestantisme français s’y est plié.
Quand il a besoin de construire
un lieu de culte, il achète, emprunte, se fait soutenir financièrement
par les membres de ses associations
cultuelles ou des Eglises sœurs, sou-
Pourquoi ne pas dire alors les choses de manière claire et officielle ?
Qu’en contrepartie des obligations
faites aux associations cultuelles de
ne disposer que des ressources des
fidèles ou des dons et legs régulièrement enregistrés, des conditions
d’emprunt et de baux pourraient
leur être accordées ?
Un texte législatif simple pourrait
confirmer cela sans mettre en question la loi de 1905, et surtout s’appliquer à tous sans que quiconque ait
à discerner s’il s’agit d’un culte « religieusement correct ».
On peut me semble-t-il suivre un
raisonnement semblable pour la formation des ministres des cultes. Celle-ci doit relever des cultes euxmêmes ; la distinction entre le théologique et le culturel doit être faite
et permettre des soutiens publics à
l’initiation au français, à la culture
de la laïcité, aux lois qui régissent
les cultes… Mais, là encore, cela doit
être vrai pour tous. Est-il insultant
pour les législateurs de 1905 de dire
qu’ils n’avaient pas tout prévu et
que des améliorations à la loi pourraient intervenir dans un contexte
nouveau, un siècle plus tard ?
jean-arnold de clermont
est président de la Fédération
protestante de France
et de la Conférence
des Eglises européennes.
Une véritable liberté des cultes ;
c’est bien l’enjeu fondamental qui
se dessine en cette année 2005. A
plusieurs reprises, nous avons
constaté au cours des derniers
mois, résultat probable d’un débat
escamoté sur la laïcité, que des responsables politiques ou privés
remettent en question cette liberté.
Ils veulent contrôler le religieux.
N’a-t-on pas vu un député et maire interrompre un service religieux
pour un contrôle de sécurité,
contrevenant en cela à l’article 32
de la loi de 1905, qui punit de dix
jours à un mois de prison une telle
voie de fait ?
De même se manifeste une
volonté de reléguer le religieux
dans l’intimité de la sphère du privé. Plus encore se dessine la volonté de certains de ne connaître que
le religieux « modéré » (et qui
détermine ce qui est modéré, dès
lors que les lois de la République
sont respectées ?) et l’identifiable,
c’est-à-dire ce qui ressemble à
l’idée a priori que l’on s’en fait.
Devant de telles dérives il faut
revenir à la loi de 1905 et à ses principes. Elle a instauré pour les
cultes un régime de simple déclaration associative, sur la base de statuts dont l’objet est exclusivement
cultuel.
Nul ne peut leur contester le
droit d’exister dès lors qu’elles respectent les lois en vigueur. Elles
doivent toutes pouvoir bénéficier
des avantages de la loi de 1905 et
des lois complémentaires qui les
régissent. Elles n’ont pas à être soumises à une pseudo-« reconnaissance », exclue par la loi de 1905.
Une telle liberté appartient à
l’idée même que nous nous faisons d’un Etat laïque et républicain. Cette laïcité, qui n’a besoin
d’aucun adjectif (apaisée, ouverte…) pour la qualifier, est un mode
de vivre ensemble où agnostiques
et athées, juifs, chrétiens et musulmans, etc., constituent ensemble,
dans le respect de leurs différences, la société civile.
Lycéens : les raisons
de la colère
par Constance Blanchard
E
N quelques jours,
des manifestations
de lycéens se sont
multipliées un peu
partout en France.
En disant des
150 000 jeunes qui sont descendus
dans la rue qu’ils ont été manipulés, vous avez, Monsieur le Ministre [de l’éducation], ouvertement
méprisé les lycéens qui se mobilisent pour défendre une autre
conception de l’école, le maintien
des travaux personnels encadrés
(TPE), pour demander une réforme de l’éducation nationale qui
permette la réussite de tous et
l’égalité entre les lycéens. Si vous
faites mine de croire que nous ne
savons pas pourquoi nous manifestons, vous êtes bien le seul. Aujourd’hui, c’est une génération inquiète pour son avenir qui se mobilise.
Vous et votre prédécesseur avez
commencé par supprimer des milliers de postes d’enseignants et par
faire disparaître les pions des couloirs de nos établissements. Dans
un parallèle frappant, vous avez
choisi d’envoyer des policiers aux
portes de nos lycées. La pertinente
citation de Victor Hugo « Quand
vous ouvrez une école, vous fermez
une prison » fera-t-elle partie de
votre futur socle commun de
connaissances ? La logique réactionnaire de votre projet prendra-t-elle le pas sur la logique éducative ?
Vous ne nous
proposez qu’une
série de mesures
comptables
Ce sont bien deux conceptions
de l’école qui s’opposent. La vôtre,
conservatrice, qui tend à limiter
l’école à une mission d’empilements de quelques savoirs élémentaires, laisse se creuser les inégalités et bloque toute possibilité d’ascension sociale. La nôtre, celle de
l’école qui poursuit un réel objectif
de
démocratisation,
permet
l’émancipation de tous, l’égalité
entre les lycéens et la réussite du
plus grand nombre.
L’élève est au centre du système,
dit l’article premier de la loi d’orientation de 1989. En descendant
dans la rue, c’est ce principe que
nous défendons. Nous, lycéens,
aspirons à être, aux côtés des enseignants et des personnels encadrants, les acteurs du changement
de l’école. Ces changements doivent poursuivre un seul objectif :
garantir la réussite de chacun
quelle que soit son origine sociale
ou géographique. Pour nous, une
réforme de l’école passe par davantage d’innovations pédagogiques à
l’image de ce que représentent les
TPE et le développement de l’inter-
constance blanchard,
présidente de l’Union nationale
lycéenne (UNL), est en classe
de terminale L au lycée Lavoisier,
à Paris.
disciplinarité, de ce que seraient
une véritable politique de soutien
scolaire ou une relation plus individualisée entre les lycéens et les
enseignants. La réussite de tous ne
se fera pas sans moyens supplémentaires, alloués en priorité à
ceux qui en ont le plus besoin.
Refuser de s’engager sur ce chemin, c’est défendre une conception minimaliste du rôle de l’école,
c’est trahir la promesse que l’école
fait à chaque élève et à ses parents,
celle d’être un outil de promotion
sociale et d’émancipation.
Monsieur le Ministre, vous prétendez aujourd’hui réformer l’école pour la rendre plus juste. Pourquoi alors avoir mis fin à la principale innovation pédagogique de
ces dernières années : les travaux
personnels encadrés ? Pourquoi
proposer, sous couvert d’une réforme du bac, une mesure visant uniquement à faire des économies
d’échelle, bien loin d’une réforme
globale permettant l’accès du plus
grand nombre à ce diplôme ? Pourquoi, par soucis d’économies, encore une fois, diminuer le champ d’accès au savoir en supprimant des
options ? Bien loin d’une réforme
qui permettrait de construire une
école plus juste, vous ne nous proposez qu’une série de mesures
comptables.
Nous accueillons avec satisfaction votre volonté affichée que la
réforme du bac se fasse sur un
consensus, à l’écoute des lycéens.
Mais, au-delà de la réforme du
bac, c’est bien sur l’ensemble de
votre projet que nous voulons être
entendus. Nous espérons que sur
les TPE, sur les créations de postes
d’enseignants, sur la priorité donnée aux lycées en difficulté et aux
lycées professionnels, vous serez
également sensibles aux raisons de
notre colère. Monsieur le Ministre,
prenez nos manifestations pour ce
qu’elles sont : une chance pour la
démocratie, la voix de jeunes qui
n’aspirent qu’à une chose, avoir un
droit à l’avenir.
Ecrivaines
et fières de l’être
UARANTE ANS, et
déjà si vieux ronchon ! Frédéric Beigbeder intitule sa
chronique dans le
magazine Lire du
mois de février
« Mon premier article réac ». Il s’y
déchaîne contre le mot écrivaine. Ce
n’est même pas réac, c’est ringard !
On se croirait revenu au XXe siècle, au temps où ministre, polytechnicien, académicien ou directeur n’avaient pas de féminin ;
pire, au XIXe siècle, au temps où les
parents de Camille Claudel interdisaient à leur fille de faire un métier
qui n’existait qu’au masculin :
sculpteur.
« Je ne supporte pas les écrivaines, déclare Beigbeder, c’est physique. J’attrape une éruption cutanée
dès que je lis ce terme immonde. »
Immonde ! Comment un mot
peut-il devenir dégoûtant, infect,
répugnant quand il est mis au féminin ? Comment l’ajout d’un simple
« e » peut-il rendre ignoble le si
noble écrivain ?
Réveillez-vous, cher confrère !
Nous sommes au XXIe siècle : le
mot écrivaine est admis et utilisé.
Vous déplorez que le milieu cultu-
Q
rel l’ait assimilé et que la polémique se soit éteinte : « Des journalistes sérieux, des critiques respectés,
écrivez-vous, tombent dans ce panneau pseudo-féministe importé du
Québec. »
florence montreynaud,
benoîte groult, annie ernaux
et maryse wolinski
sont écrivaines.
C’est en effet du Québec, de Suisse et de Belgique que provient le
bon sens francophone : écrivaine
est aussi correctement formé que
souveraine ou châtelaine. Il ne
s’agit nullement de « pseudo-féminisme », mais d’authentique langue française, celle que partagent
tous les francophones, celle que
font vivre les écrivaines comme les
écrivains, et qui évolue avec les réalités du monde moderne.
Pourquoi ne sommes nous pas
des écrivains ? Parce que nous sommes des femmes de notre temps. Un
temps où toutes les professions sont
ouvertes aux deux sexes. Un temps
où on appelle un chat un chat, une
chatte une chatte, et des femmes
comme nous des écrivaines.
14/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
HORIZONS gros plan
f 1969
Naissance à Djibouti.
f 1993
Arrive en France avec son mari, le footballeur Didier Otokoré.
f 2004
Adjointe (PS) au maire d’Auxerre,
elle devient vice-présidente de la région Bourgogne
isabelle simon/sipa
f 2005
Safia Otokoré,
Bourguignonne de Somalie
Née à Djibouti dans une famille démunie, la vice-présidente du conseil régional
de Bourgogne sort un livre pour raconter son parcours hors du commun
« QUAND vas-tu te mettre dans la tête que
tu ne seras jamais blanche ? », avait coutume de dire sa mère, excédée de la voir plongée dans des livres au lieu de s’occuper de
la maison. En ce début des années 1980,
dans les faubourgs miséreux de Djibouti,
où la famille Ibrahim, des réfugiés issaks
venus de Somalie, tentait de survivre, la
petite Safia était déjà une gosse à part.
Cette maigrichonne aux allures de « garçon manqué », quatrième enfant d’une
nichée de dix bambins, a été très tôt habitée, comme elle le dit elle-même, par une
« volonté rageuse » qui la pousse hors des
sentiers battus. Très vite, elle apprend à
mentir, à ruser. Elle veut vivre. L’athlétisme
– adolescente, elle devient championne de
demi-fond – lui fera franchir les frontières
africaines, découvrir la Côte d’Ivoire, le
Sénégal, et rencontrer son futur mari.
Le livre de cette femme « née pauvre, noire et musulmane » devrait en ébahir plus
d’un. Et en agacer quelques autres… Elue
sur la liste PS, lors du scrutin municipal de
mars 2001, Safia Otokoré est aujourd’hui
maire adjointe de la ville d’Auxerre (Yonne) et, depuis mars 2004, vice-présidente
de la région Bourgogne, déléguée à la jeunesse et aux sports, et à la lutte contre les
discriminations.
AU COURRIER DES LECTEURS
échec scolaire
Il y a près de vingt ans, dans mon
collège-lycée en France, parmi les
enfants « admis » en 6e, le pourcentage des élèves déficients aux tests
officiels de lecture et de composition française de l’époque était déjà
de 20 %…
Or dans aucun domaine on n’accepte sans contrôle, aux différents
stades d’un processus de production, de quelque nature qu’il soit,
des « éléments non conformes ».
Sauf, semble-t-il, en matière d’enseignement. C’est ainsi que l’on renvoie la charge de l’échec scolaire sur
le seul collège, sans prendre la peine de s’interroger sur ce qui se passe en amont. Comme si tout ce qui
touche au primaire était tabou.
Silence, par exemple, sur les
enquêtes qui dévoilent que l’horaire
d’enseignement dévolu au français
peut varier du simple au double
d’une classe à l’autre.
Silence sur la confusion entretenue entre « l’élève au centre du système éducatif » (ce qui va de soi) et
« l’élève au centre de la relation
pédagogique » (le cœur même du
problème). Car ce qui est au centre
du rapport pédagogique ce n’est
pas l’élève, mais bien le savoir ou le
savoir-faire à acquérir, et cela dans
une relation forcément dissymétrique entre un « apprenant » (un
apprenti) et un « maître » (comme
dans tous arts et métiers). (…)
Silence sur le fait que les tests de
contrôle de niveau s’effectuent non
pas à la fin de la scolarité primaire,
comme on pourrait s’y attendre,
C’est par la politique, en l’occurrence le
Parti socialiste, qu’elle a réussi à se faire un
nom. Un prénom plutôt : Safia – le titre de
son autobiographie, à paraître fin février
(éditions Robert Laffont). A 36 ans à peine… « Elle est sortie du ruisseau parce qu’elle est ambitieuse. Elle a eu très tôt le désir de
fuir sa condition, de devenir quelqu’un »,
souligne Nicole Lambron, une Française
qui a vécu à Djibouti et a longtemps épaulé
moralement et financièrement la famille
Ibrahim.
Le livre de Safia Otokoré est dédié à cette drôle de marraine française, grâce à
laquelle la « sauvageonne » du Quartier 3 a
pour prétendre encore, dans ce
domaine, recourir à la loi.
René Martin
Antony
mais au début du collège,
c’est-à-dire, quand les jeux sont
faits. A quand l’entrée directe à l’université, sous la forme de tests de
contrôle a posteriori en première
année de fac ? (…)
Henri Bolliet
Vieu (Ain)
manifestations lycéennes
On ne peut se défendre d’un sentiment d’amusement devant les manifestations des lycéens contre l’instauration du contrôle continu au baccalauréat, quand on se souvient que
ce mode de contrôle fut naguère
une forte revendication des étudiants, qui dénonçaient le caractère
trop « sélectif » (donc antisocial) de
l’examen unique en fin d’année.
Cette revendication a d’ailleurs été
satisfaite et aujourd’hui le contrôle
continu fonctionne sans problème
dans la plupart des universités. La
mode aurait-elle donc changé ?
Je n’en suis pas certain, et il est
fort probable que, si ce contrôle
existait actuellement au bac et si le
ministre envisageait de le supprimer, cette éventuelle suppression
mettrait autant de lycéens dans la
rue qu’en met ces jours-ci sa possible instauration. Tant il est vrai
que, à chaque réforme, qu’elle soit
tentée par la gauche ou par la droite, la règle du jeu consiste à en exiger aussitôt « le retrait », assorti
ou non de la démission du ministre
qui la propose. Il en est ainsi
depuis des décennies, et l’on se
demande pourquoi les gouvernements successifs sont assez sots
psychiatrie ou psychanalyse
Je ne suis ni psychiatre ni fonctionnaire de l’Inserm. Mais je trouve assez surprenant que Philippe
Douste-Blazy fasse retirer du site
du ministère le rapport sur les psychothérapies. L’Inserm représente
en France la fine fleur de la pensée
médicale contemporaine et a joué
et joue un rôle majeur dans le développement et le maintien de la qualité des soins. L’analyse que fait l’Inserm des grandes questions de santé et les conclusions qu’il en tire
sont celles auxquelles aboutirait
tout organisme de recherche dans
un pays occidental. La World Psychiatric Association a souligné à plusieurs reprises dans ses publications récentes le retard pris par la
France en psychiatrie, retard attri-
Publication de son autobiographie, « Safia ».
pu poursuivre ses études. Sans ce coup de
pouce, il n’est pas sûr que la jeune « prisonnière », tributaire des lourdeurs de la société djiboutienne, aurait réussi à s’échapper.
C’est qu’il ne fait pas bon vivre, quand
on est femme et pauvre, dans cette région
déshéritée qu’est la corne de l’Afrique ! Il
suffit pour s’en convaincre de lire ce que
Safia Otokoré raconte de l’excision des
filles, qu’elle-même a subie à l’âge de
7 ans.
A cette première mutilation – l’ablation
d’une partie du clitoris –, la coutume régionale en ajoute une deuxième, celle de l’infibulation, torture rituelle qui a valu à la
Somalie le surnom de « pays des femmes
cousues ». Dans son malheur, la petite
Safia a pourtant eu de la chance. On le comprend, à découvrir l’histoire, atroce et banale, d’une de ses sœurs, Kaltoum, « la
meilleure d’entre nous », dit-elle, mariée de
force plusieurs fois, et qui, après avoir tenté d’échapper à son sort, est morte misérablement, il y a sept ans, à Djibouti.
Quand elle parle de Kaltoum, attablée
dans un café d’Auxerre, Safia Otokoré n’arrive pas à retenir ses larmes. Elle les essuie
très vite. « J’ai écrit ce livre pour que les
Auxerrois me connaissent, qu’ils sachent
d’où je viens », lâche-t-elle, retrouvant déjà
son sourire. Question de discipline. Sous
ses allures brouillonnes, Safia Otokoré a
un caractère de fer.
Dans les rues de cette grosse bourgade
de 40 000 habitants, longtemps fief de JeanPierre Soisson, ceux qui la saluent – ici un
policier municipal, là une militante socialiste avec qui elle échange deux mots, plus
loin un jeune Français « récemment converti à l’islam » qui lui arrache un rendez-vous
–, on ne connaît de la noire édile que ses
titres politiques et le nom de son ex-mari,
Didier Otokoré, footballeur de niveau international, avec qui elle a eu deux fils.
Ses ennemis – elle en a de féroces – lui
prêtent une soif de pouvoir inextinguible,
un désir d’« arriver à n’importe quel prix ».
Officiellement, ce n’est pourtant pas ce
dont le maire d’Auxerre, le socialiste Guy
Ferez, ancien camarade de campagne, accuse sa bouillonnante adjointe. A voix haute,
il lui reproche son « absence de travail » et
son « manque de rigueur ». Furieux, il a
annoncé, fin janvier, qu’il retirait sa délégation à Safia Otokoré. La jeune femme n’en
garde pas moins son titre. Et sa pugnacité.
« Elle est un peu trop vive et franche. C’est
un défaut qu’elle doit vite corriger », s’amu-
bué au pouvoir excessif de la psychanalyse. L’Inserm ne fait donc
rien d’autre que de chercher à combler ce retard et d’aligner la politique de santé mentale de la France
sur celle des pays étrangers.
Il s’efforce, d’une part, d’encourager ceux qui utilisent des thérapeutiques dont l’efficacité est établie et
reconnue dans le monde entier et,
de l’autre, il propose de substituer
ces dernières à des thérapies qui
ont été incapables de faire la preuve de leur utilité, depuis que cette
question se pose en médecine,
c’est-à-dire depuis plus d’un demisiècle. La psychanalyse en cela ressemble, il est vrai, de plus en plus à
la tribu perdue de la psychiatrie. (…)
N’accorde-t-on pas aux chercheurs un budget négligeable et
des salaires de misère, et, lorsqu’il
leur arrive d’exprimer leur opinion,
ne leur fait-on pas savoir – pour
employer une expression diplomatique – qu’ils ont perdu une occa-
se un autre Guy, certainement plus
fameux que le maire de la ville : Guy Roux,
l’entraîneur de l’AJ Auxerre. Il connaît
Safia depuis son arrivée en France, en
1993, quand elle est venue rejoindre son
footballeur d’époux. « Moi, je fais partie de
ceux qui l’aiment ! », s’exclame-t-il sans
ambages. « Sa volonté de faire carrière ?
C’est courageux de sa part, surtout qu’elle a
des handicaps sérieux : c’est une femme
jeune, elle est africaine et elle vit seule », estime le professionnel du football. « Mais
c’est aussi une très bonne chose, ajoute-t-il.
Safia est devenue l’assistante sociale de toutes les Africaines d’Auxerre. Elle est d’un
dévouement extrême pour les autres. Et c’est
un faible mot… »
« Elle est un peu trop
vive et franche. C’est
un défaut qu’elle doit
vite corriger »
guy roux
De son Afrique natale, Safia Otokoré n’a
pas rapporté de souvenirs très chaleureux
– hormis celui de cette grand-mère d’Hargeisa, Ayeyo, brouteuse de khat et fumeuse de narguilé, au sang-froid légendaire. A
l’époque, en Somalie, les femmes étaient
vêtues de fins voiles colorés, aux teintes
vives. « Aujourd’hui, dans les rues d’Hargeisa [capitale du Somaliland, partie nord de
la Somalie], les femmes mettent la burka »,
constate Safia Otokoré, qui y retourne de
temps en temps. Sans enthousiasme.
« Mon chez-moi ne se trouve ni en Somalie
ni à Djibouti. Mes racines, je me les fais moimême, ici ! », lance la jeune Bourguignonne,
en faisant visiter la maison qu’elle vient
d’acheter, dans un quartier résidentiel du
vieil Auxerre. Coïncidence ? La maison a
appartenu autrefois à un maire, Jean
Moreau. « Si je dois laisser mes empreintes
quelque part, ce sera ici, à Auxerre, dans le
département de l’Yonne », promet-elle. A voir
les passions que suscite cet « électron libre
avec des appuis haut placés », comme l’appelle un journaliste local, c’est déjà chose faite…
Catherine Simon
sion de se taire. La psychiatrie restera donc, par la grâce du docteur
Douste-Blazy, le dernier domaine
de la médecine que la France continuera à exercer à l’ombre de son
clocher. Et tant pis pour les
patients et pour le déficit de l’assurance-maladie !
Docteur Lucien R. Karhausen
Jeremias Marschalik
jamais. S’ils acceptent du bout des
lèvres la notion d’inconscient, ils
refuseront toujours le primat du
sexuel. Cette histoire-là ne passe
pas. Elle ne passera jamais et les
comportementalistes n’auront de
cesse d’enterrer cette psychanalyse
honnie. Si tant est que la psychanalyse ait eu droit de citer au tournant
des années 1960, 1970 et 1980, on
voit clairement qu’il n’en est plus
rien. Je n’ai de toute ma vie connu
d’attaque aussi nourrie contre la psychanalyse. L’amendement Accoyer
n’était qu’un coup de semonce.
M. Christophe André nous assure
que les thérapies cognitives arrivent
à de meilleur résultat, c’est prouvé
(Le Monde du 11 février) ! Ce qu’il ne
dit pas, c’est que, sur 100 thérapies,
90 sont cognitives. Le contraire
serait inquiétant. Les thérapies
cognitives, il faut le savoir, sont associées à une obligation de résultat
rapide. Pourquoi rencontrent-elles
tant de succès aux Etats-Unis, si ce
n’est parce qu’elles ne s’occupent
que de la surface. Les thérapies
cognitives sont intimement liées au
libéralisme, elles sont contrôlables,
gérables, affichables, quantifiables,
bientôt modélisables. Toute chose
qu’on ne pourra jamais demander à
la psychanalyse.
Le tort de la psychanalyse est de
s’attarder toujours plus sur le sujet.
Un an, deux ans, trois ans, peut-être
cinq ans. Impossible à concevoir
pour les tenants de « thérapies brèves et évaluées ». Comme le sont les
opérations des garagistes. La reconstruction d’un sujet ne sera jamais
l’affaire des chiffres. C’est pourquoi
la psychanalyse doit mourir.
Patrice Boudot-de-la-Motte
Paris
Courriel
Paris
la haine de la psychanalyse
(…) Que se cache-t-il en fait derrière ces thérapies cognitives, décrites
par l’Inserm comme obtenant des
résultats bien plus tangibles que la
psychanalyse, somme toute très
imprécise ? Rien moins que la négation de l’intolérable sujet. Encore et
toujours. La découverte de Sigmund
Freud n’est toujours pas acceptée,
qu’on se le dise. Elle suscite toujours
autant de haine. Que l’enfant soit
une boule de pulsion sexuelle débridée est un fait que les tenants des
thérapies cognitives n’accepteront
CITOYEN OU SUJET
A l’occasion des élections municipales en Arabie saoudite, je relève l’expression
« citoyen saoudien » (Le Monde du 11 février). Celle-ci est parfaitement inappropriée : c’est de « sujet saoudien » qu’il convient de parler, s’agissant d’une
monarchie où l’Etat n’est pas au service de « citoyens », mais où des sujets
doivent allégeance au prince. (…) En consultant le matériel de la campagne électorale, je constate qu’on y rencontre également le terme muwâtin, que l’on rend
d’ordinaire en français par « citoyen ». Or ce terme est en fait employé au sens
concurrent de « compatriote ».
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/15
HORIZONS ANALYSES
0123
éditorial
Kyoto, enfin
Les Vingt-Cinq face à la révolution Bush
INTERNATIONAL
LES EUROPÉENS savent à peu près tout de
ce que leur dira George W. Bush quand il arrivera la semaine prochaine sur le Vieux Continent
pour la première visite à l’étranger de son
second mandat. En vedette américaine du
grand show de Bruxelles, la secrétaire d’Etat
Condoleezza Rice leur en a dévoilé les grandes
lignes. N’auront été surpris que ceux qui pensaient que la politique américaine « s’assagirait » et que, confrontée aux épreuves irakiennes, elle reviendrait au « réalisme » abandonné
sous le coup des attentats du 11 septembre
2001.
Ceux-là n’avaient pas bien écouté le discours
d’inauguration du nouveau mandat, le 20 janvier, ni le discours sur l’Etat de l’Union, une
dizaine de jours plus tard. Ces deux textes
étaient des condensés de rhétorique néoconservatrice. Sans doute le ton n’est-il plus à l’arrogance des dernières années, qui avait le don
d’agacer les dirigeants de la « vieille Europe »
tout en impressionnant ceux de la « nouvelle ».
Il est à la conciliation et au dialogue avec les
Européens. Mais le fond du message reste le
même. Il peut se résumer en une proposition :
les Etats-Unis ne sont pas une puissance du statu quo. Ils veulent changer le monde, s’attaquer aux tyrannies et promouvoir la démocratie, répandre les valeurs universelles (américaines), y compris dans des contrées qui semblent
à première vue les plus réfractaires.
La nouveauté, c’est que les Etats-Unis veulent bien associer l’Europe à leur démarche.
Mieux, tout se passe comme s’ils reconnaissaient avoir besoin d’elle pour réussir leur mission. Et pas de n’importe quelle Europe, de
l’Union européenne en tant qu’institution,
dont George W. Bush a prononcé pour la première fois le nom dans son discours d’inauguration. Jusqu’alors, il ignorait l’UE quand il ne la
considérait pas comme une nuisance.
Il revient donc maintenant aux Européens de
répondre aux Américains. George Bush ne va
pas passer trois jours à Bruxelles pour répéter
ce qu’il a déjà dit, directement ou par Mme Rice
interposée. Il vient pour écouter ce que les
Européens, collectivement, ont à lui proposer…
Faut-il brûler
le code
du travail ?
Suite de la première page
Ne s’agit-il vraiment que d’une
tactique ? En fait, la procédure est
emblématique de la politique sociale de ce gouvernement – une politique qui avance fréquemment en
crabe. Car, si l’on recense les réformes récentes, on arrive vite à la
conclusion que le code du travail a
été bouleversé ces derniers mois
dans des proportions spectaculaires. A chaque fois, le gouvernement y est parvenu de la même
manière : sans jouer cartes sur
table ; souvent même en cherchant
à faire passer par amendements
des refontes de première importance dans le cadre de projets de loi
dont le but affiché n’avait strictement rien à voir.
Que l’on se souvienne de ce que
les experts du droit du travail
appellent l’inversion de la hiérarchie des normes. Quand elle a
été débattue en décembre 2003 par
les députés, la réforme n’a guère
retenu l’attention de l’opinion. La
complexité technique du dossier y
est pour quelque chose. Mais le
gouvernement a aussi usé de beaucoup de précautions – pour ne pas
parler de ruses. Les parlementaires
ont été invités à examiner un projet de loi traitant de la « formation
professionnelle tout au long de la
vie » et du « dialogue social » –
deux sujets suffisamment importants pour occuper des débats distincts. Et c’est sous la forme
d’amendements, comme s’il s’agissait d’une petite retouche et non
d’une réforme majeure, que François Fillon, à l’époque en charge du
dossier, a demandé aux parlementaires de voter cette inversion de la
hiérarchie des normes.
Or il s’agit d’un séisme social.
Comme l’a expliqué à l’époque, le
11 décembre 2003, lors d’une
motion d’irrecevabilité, le député
socialiste Alain Vidalies – l’un des
rares à gauche à se passionner
pour le sujet –, cette hiérarchie
était jusque-là l’un des fondements du droit social : « A mesure
que l’on descend dans la hiérarchie
des normes, on ne peut qu’améliorer
les droits des travailleurs et les garanties sociales, individuelles comme
collectives. En d’autres termes, le
ou à lui opposer. S’ils veulent être pris au
sérieux, il ne leur suffit pas de faire la fine bouche face aux contradictions – réelles – de la politique américaine entre les discours sur la démocratie et les actions concrètes. Ou, pour certains d’entre eux au moins, de prendre le
contre-pied de l’Amérique dans l’espoir d’exister. Ce temps est révolu. La tâche n’est pas simple. Car, à l’exception de Tony Blair et, peutêtre, dans un registre un peu différent, du ministre allemand des affaires étrangères, Joschka
Fischer, les Européens sont plutôt réfractaires
au langage idéologique qu’affectionne George
W. Bush.
L’Union européenne
sera-t-elle capable
de parler d’une seule voix,
ou chacun se croira-t-il
obligé d’y aller
de son petit couplet ?
La défense du statu quo est, pour eux, comme une seconde nature. Elle leur paraît un gage
de stabilité, au moins à court terme. Si, à long
terme, elle risque de provoquer des dégâts
imprévus, il serait toujours temps d’aviser le
moment venu… La complaisance affichée
vis-à-vis de Vladimir Poutine, auquel on continue de faire confiance, contre toute évidence,
pour mener la Russie sur la voie de la démocratie, ne s’explique pas autrement.
Encore faut-il apporter quelques nuances à
cette appréciation globale. L’arrivée des nouveaux pays membres de l’Union venus d’Europe centrale a changé la donne. Ayant souffert
pendant cinquante ans du statu quo imposé
par la guerre froide, ils sont plus sensibles aux
bienfaits de sa remise en cause. Leur influence
contrat de travail ne peut être moins
favorable aux salariés que l’accord
d’entreprise ou d’établissement, l’accord d’entreprise que l’accord de
branche et l’accord de branche que
l’accord interprofessionnel. »
En proposant que des accords
d’entreprise puissent désormais
ouvrir droit au bénéfice de dérogations au code du travail qui
n’étaient auparavant réservées qu’à
des accords de branche – et dans
des sujets aussi importants que le
recours aux CDD, au travail intérimaire, à la durée du travail… –, le
gouvernement a bouleversé radicalement l’« ordre public social ». En
cours d’examen, la réforme a certes
été encadrée (en particulier des
domaines d’exclusion sont prévus,
et des accords de branche peuvent
exclure ces dérogations) mais, dans
ses grandes lignes, elle est passée
sans trop faire de vagues.
La méthode retenue lors de l’examen par l’Assemblée, en décembre 2004, du projet de loi de JeanLouis Borloo sur la cohésion sociale
est une autre illustration de cette
politique. La réforme, dont le but
affiché était de réduire la fracture
sociale, a subrepticement été
enrichie par amendements de dispositions tendant à faciliter… les licenciements. Alors que la réforme
avait officiellement pour ambition
dans la crise ukrainienne a été décisive pour faire basculer les Vingt-Cinq en faveur d’élections
libres, au risque de froisser le « partenaire stratégique » russe.
Il n’en demeure pas moins que cette administration américaine dérange, avec son mélange
de références chrétiennes et de messianisme
démocratique. « Avec les réalistes, on peut travailler, dit un haut diplomate d’un grand pays
européen. Avec les nationalistes [allusion à
Rumsfeld et à Cheney], c’est déjà plus difficile
mais on peut y arriver si on montre, pragmatiquement, que ça marche. Avec les néoconservateurs,
c’est quasi impossible. Ce sont des idéologues, et
nous n’avons pas d’idéologie. » S’il en est ainsi, il
y a lieu d’être sceptique sur la relance en profondeur des relations transatlantiques, au-delà
des embrassades de circonstance.
Au moins peut-on espérer qu’à défaut d’idéologie les Européens aient une idée de la politique étrangère qu’ils disent vouloir mener en
commun. Et, à vrai dire, la situation n’est pas
aussi noire qu’il y paraît. D’abord, sur le terrain,
ils commencent à montrer ce qu’ils peuvent faire, dans les Balkans – en Macédoine et en Bosnie –, au Proche-Orient – où ils sont bien placés
pour aider à la démocratisation de l’Autorité
palestinienne –, etc. Ensuite, ils ont adopté en
décembre 2003 un « concept stratégique », plus
développé dans sa partie descriptive que précis
dans ses recommandations, mais qui a au
moins le mérite d’exister. C’est la première fois
qu’un tel texte a été rédigé dans l’histoire de l’intégration européenne.
L’Union européenne sera-t-elle pour autant
capable de parler d’une seule voix quand les
vingt-cinq chefs d’Etat et de gouvernement se
retrouveront à Bruxelles face à George
W. Bush, ou chacun se croira-t-il obligé d’y
aller de son petit couplet ? Si l’Union européenne veut que le président la prenne vraiment en
considération, une concertation minimale
avant la rencontre de mardi prochain ne serait
pas superflue. Le temps presse, mais il reste
une petite semaine pour l’organiser.
de démontrer au pays que le gouvernement avait bien reçu le message
des électeurs, lors des élections
régionales, puis des élections européennes, et que la priorité allait
désormais au social, l’embardée a
été spectaculaire.
Concrètement, les délais de
recours en cas de procédure de
licenciement ont été brutalement
réduits : de cinq ans, le délai de
contestation a été ramené à un an.
Les reclassements internes ont cessé d’être pris en compte dans la
barre des 10 licenciements économique au-dessus de laquelle il faut
faire un plan social. Et une autre
jurisprudence très importante a
été renversée, celle qui faisait obligation à une entreprise de reprendre un salarié en cas d’annulation
de son licenciement. Bref, des
pans entiers de la loi dite « de
modernisation sociale », votée sous
la gauche, ceux qui encadraient les
procédures de licenciement, ont
été rayés d’un trait de plume.
paradoxe
Il ne faut donc pas se laisser abuser par les péripéties qu’ont
connues ces différentes réformes.
On peut, certes, s’interroger dans
chacun de ces cas sur les intentions
premières du gouvernement et sur
les concessions, réelles ou feintes,
Kyoto par cécile et bastien
Daniel Vernet
qu’il a faites à sa majorité. Mais il
faut garder à l’esprit qu’en matière
sociale Jacques Chirac est coutumier de cette politique : en utilisant
parfois des mots à résonance sociale que des syndicalistes ne renieraient pas ; mais en conduisant, en
fait, des réformes dont la philosophie est clairement libérale.
Déjà en 1995, entonnant le grand
refrain du combat contre la fracture
sociale, il avait mis à peine quelques
mois pour revenir à une politique
nettement plus libérale, donnant la
priorité à la flexibilité. N’est-ce donc
pas le même jeu de rôles auquel on
assiste depuis 2002 ? Au lendemain
de sa réélection, Jacques Chirac,
sous la double pression du patronat
et de Nicolas Sarkozy, devait donner des signes d’une politique sociale plus libérale. Quelques débâcles
électorales plus tard, Jean-Louis Borloo a été appelé à la rescousse. Mais
moins pour changer les grandes
priorités de la politique sociale – celles d’une flexibilité accrue – que
pour en adoucir la présentation.
Cette posture tranche radicalement avec celle de la droite lors de
la vague libérale des années
1986-1988. Un colloque, dont les
actes avaient été publiés par la
revue
Droit
social
(juilletaoût 1986), avait fait alors grand
bruit parce qu’il avait soulevé une
question provocatrice : « Faut-il brûler le code du travail ? » L’écho avait
été d’autant plus grand que le gouvernement de Jacques Chirac semblait enclin à répondre par l’affirmative, même si en pratique les mutations ont été comptées. La grande
réforme de l’époque – la suppression de l’autorisation préalable de
licenciement – apparaît modeste au
regard des évolutions ultérieures
suivies par le droit du travail.
Vingt ans plus tard, Jacques
Chirac veut-il toujours brûler le
code du travail ? Le paradoxe, c’est
qu’en paroles il répond catégoriquement non, mais qu’en pratique, les
mutations du droit du travail ont
rarement pris un tour aussi radical.
En plus des réformes déjà engagées, il y en a, d’ailleurs, de nombreuses autres en gestation, portant sur la définition du contrat de
travail – les récents rapports de
Michel de Virville et de Michel
Camdessus proposent de le modifier en profondeur –, sur la fixation
des seuils sociaux au sein des entreprises, ou encore sur les modalités
du travail dominical.
Laurent Mauduit
C’EST MERCREDI 16 février
qu’entre en vigueur le protocole de Kyoto sur la réduction des
gaz à effet de serre. Il aura fallu
plusieurs années de difficiles
négociations pour parvenir au
nombre requis de signatures
d’Etats face à l’opposition déterminée des Etats-Unis depuis
l’élection de George W. Bush en
2000. C’est la Russie de Vladimir Poutine qui aura permis cette activation du protocole,
auquel n’ont toutefois pas encore adhéré de grands pays industriels émergents comme la
Chine et l’Inde, également gros
pollueurs.
A cette occasion, le président Jacques Chirac devait
annoncer mardi que Kyoto ne
devait être pour la France
qu’un premier pas et qu’il fallait déjà voir plus loin que les
objectifs fixés par le protocole
pour 2012 : ne pas dépasser le
niveau d’émission de 1990. Ainsi propose-t-il de diviser par
quatre, d’ici à 2050, les émissions de l’ensemble des pays
développés. En attendant, il
souhaite que la France essaie
d’aller au-delà de ses engagements pour 2012 en ciblant plusieurs domaines sensibles (habitat, circulation automobile).
Ces mesures ont pour objectif de confirmer le leadership
de la France et de l’Union européenne dans la lutte contre le
changement climatique. C’est
dans ce sens que Jacques
Chirac s’est fixé pour objectif
d’associer les Etats-Unis dans
une stratégie de défense de l’environnement, dont M. Bush a
pourtant montré qu’il faisait
peu de cas.
Les choses sont néanmoins
en train d’évoluer outre-Atlantique. En effet, l’administration
américaine va devoir tenir
compte non seulement de son
isolement dans l’arène internationale – M. Bush en a l’habitude –, mais d’une évolution de sa
propre opinion, désormais
relayée par une fraction du
Congrès. Surtout, les entreprises américaines, en premier
lieu les multinationales, commencent à prendre conscience
qu’elles auront du mal à continuer de faire cavalier seul dans
un monde qui sera largement
régi par le protocole. Elles pourront difficilement s’opposer à
la réglementation et à l’opinion
des pays où elles investissent.
Certaines ont déjà compris que
la réduction des émissions polluantes était devenue une
nécessité.
Jacques Chirac – comme
Tony Blair au Royaume-Uni –
est-il pour autant devenu le
chantre mondial de la protection de l’environnement ? Comme toujours avec le président
de la République, il faut se
demander s’il a les moyens et la
volonté politiques de remplir
ses promesses. Et quelles peuvent en être les implications
dans le domaine de la politique
intérieure. Il ne s’agit pas de faire de procès d’intention à un
homme dont on connaît la sensibilité à l’écologie. Mais à l’évidence il y a chez lui la volonté
d’occuper un espace politique
sur sa gauche, même si, sur le
terrain, les réalisations ne sont
pas au niveau des intentions.
Il reste que l’entrée en
vigueur du protocole de Kyoto,
après tant de débats et de
controverses, est un événement
majeur, une date fondatrice
dans la lutte contre le changement climatique et le réchauffement de la planète.
0123
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16/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
ENTREPRISES
justice
Mardi 15 février devait s’ouvrir, devant le tribunal
fédéral de los angeles, le procès de l’affaire Executive Life, qui pourrait durer plusieurs mois si aucun
accord n’est trouvé. Pour les accusés français, le Cré-
dit lyonnais, le CDR et Artémis, qui ont déjà déboursé 771 millions de dollars fin 2003, l’affaire est très
risquée : John Garamendi, le commissaire aux assurances de Californie, réclame 3,5 milliards de dollars
de dommages et intérêts, et le fonds de garantie des
assurés, 2,5 milliards. Si les parties françaises estiment avoir des arguments solides, pour l’un de
leurs avocats, tout cela « pourrait bien ressembler à
un traquenard ». Le juge Matz, qui aurait souhaité
éviter un long procès, semble en vouloir aux Français
de devoir en passer par là. Et l’avocat américain Gary
Fontana joue sa carrière sur leur mise en cause.
Executive Life : procès civil à haut risque pour la France
Les audiences devaient s’ouvrir pour plusieurs mois, mardi, à Los Angeles. Un enjeu de plusieurs milliards de dollars
pour les parties françaises mises au banc des accusés : le CDR, le Crédit lyonnais et Artémis, la holding de François Pinault
NEW YORK
de notre correspondant
L’affaire Executive Life, du nom
de la compagnie d’assurance californienne en faillite reprise dans
des conditions controversées par le
Crédit lyonnais et ses alliés il y a
treize ans, approche de son épilogue. Après six années de procédures et une transaction avec la justice pénale particulièrement coûteuse pour les accusés français
(771 millions de dollars), fin 2003,
le procès civil devait s’ouvrir, mardi
15 février, au tribunal fédéral de
Los Angeles.
C’est une bataille judiciaire acharnée et compliquée qui va commencer. Les sommes en jeu donnent le
vertige. Le commissaire aux assurances de Californie, le principal
plaignant, demande 3,5 milliards
de dollars de dommages et intérêts, et le fonds de garantie des
assurés, la National Organisation
of Life and Health Guaranty Associations (Nolgha), réclame, au nom
des dizaines de milliers d’assurés
qu’il juge floués, 2,5 milliards de
dollars. Un enjeu de 6 milliards de
dollars, donc, pour les parties françaises au banc des accusés – le Crédit lyonnais, le CDR (Consortium
de réalisation des anciens actifs à
risque du Lyonnais) et Artémis, la
holding de François Pinault, qui
avait racheté le portefeuille d’obligations d’Executive Life –, qui
seront confrontées, pour la première fois, pour la plupart d’entre elles,
à la machine judiciaire américaine.
La sélection des douze jurés une
fois établie, à la fin de la semaine,
les débats devraient se tenir sur
environ quatre mois. Les deux parties disposeront chacune de
100 heures pour exposer leurs arguments et faire citer leurs témoins.
Selon le programme fixé par le juge
Howard Matz, qui présidera les
débats, il faudra d’abord établir s’il
y a eu une fraude ou non. Ensuite,
le jury devra fixer les amendes et
les sommes à régler. « Estimer le
montant des dommages ne sera pas
une chose facile », reconnaît le
juge, qui se dit déjà persuadé que
« la fraude peut être prouvée ».
transaction sans précédent
Avant l’ouverture du procès, le
président du tribunal a fait monter
la pression : « Il y aura toutes sortes
de révélations, et si j’étais le conseil
d’entités en France je voudrais m’assurer que mes clients aient bien compris. » Les Français sont solvables
et ils sont les seuls accusés – la justice californienne ayant étrangement « oublié » les Américains
impliqués dans cette affaire. Les
plaignants sont chez eux et le com-
missaire aux assurances a la légitimité et la crédibilité de l’Etat californien. Faiblesse supplémentaire,
le Crédit lyonnais, le CDR et
Artémis ont accepté, fin 2003, une
transaction pénale d’un montant
presque sans précédent dans l’histoire américaine.
Les avocats et les représentants
des 350 000 anciens assurés sur la
vie d’Executive Life chercheront à
apitoyer les jurés. Il y a deux semaines, d’anciens clients de la compagnie, regroupés dans une association baptisée Executive Life Action
Network (Elan), ont lancé une campagne de publicité dans les journaux californiens. Ils demandent
au commissaire aux assurances,
John Garamendi, de se battre pour
eux. « Nous pensons que nous avons
beaucoup perdu », explique Wallace Albertson, une des trois fondatrices d’Elan. Cette veuve affirme que
les revenus de son contrat d’assurance-vie sont inférieurs d’un tiers
à ce qu’ils étaient en 1991, avant la
faillite d’Executive Life. « La plupart des assurés étaient des personnes âgées, et beaucoup ont même
perdu leur maison. »
Pour l’avocat américain d’une
des parties françaises, « cela pourrait bien ressembler à un traquenard, car nous ne sommes en aucun
cas responsables de la faillite d’Executive Life. Dans ce genre d’affaire,
en général, on ne va pas jusqu’au
procès, mais un Etat n’est pas outillé
pour justifier politiquement des négociations de marchands de tapis avec
des gens en face dont les pratiques
s’apparentent à du racket ».
Le juge Matz souhaitait, depuis
le début, que l’affaire se règle par
une transaction afin de s’épargner
un long et fastidieux procès. Il n’y
est pas parvenu et semble en vou-
réclamés par leurs adversaires. Les Américains ont fait d’autant moins d’efforts pour
transiger qu’ils lorgnent sur les profits du
portefeuille d’obligations à haut risque (junk
bonds) d’Executive Life, racheté par Artémis,
la holding de François Pinault, et qui lui a rapporté des centaines de millions de dollars.
Les Français, pour faire valoir leur bonne
foi auprès des jurés américains, ont tenté de
ne pas répéter les erreurs commises lors de
« Nous ne mettrons pas un
sou de plus », avait promis
M. Raffarin à l’adresse
de l’opinion publique
la phase pénale. Artémis, entreprise privée,
le CDR, organisme public, et la MAAF,
mutuelle, ont trouvé un terrain d’entente
sans pour autant gommer leurs intérêts divergents. Finies les querelles stériles sur les torts
passés de chacun, qui ont interdit, entre 1999
et 2003, toute concertation face au camp
américain. La diabolisation de l’ex-patron
d’Altus, Jean-François Hénin, acteur principal de cette affaire, a longtemps tenu lieu de
stratégie dans le camp français. De même,
l’Etat tenait à distance Artémis, refusant de
jouer le rôle de bouclier pour la holding privée, qui avait réalisé de très gros profits dans
cette affaire.
Les Français, dans leur ensemble, s’accordent aujourd’hui sur quelques arguments
clés. D’abord, en 1993, lors du rachat de la
compagnie d’assurance, le département des
assurances de Californie avait signé une clause de non-recours, qui devrait annuler la procédure en cours, font valoir les avocats de la
défense. Le juge Howard Matz, qui préside
ce procès, a indiqué que cette question serait
tranchée lors de l’audience. Sur le fond, les
Français estiment que, d’une part, rien n’a
jamais été dissimulé aux autorités américaines, puisque le département des assurances
californien a été partie prenante du montage
dès son origine ; d’autre part, les assurés californiens n’auraient subi aucun préjudice.
Mieux, ils auraient bénéficié de la meilleure
offre, celle des Français, qui ont acquis les
actifs de la compagnie d’assurance en étant
les mieux-disants, à l’issue d’enchères transparentes et publiques.
Artémis et le CDR plaident pour une dissociation de l’affaire du rachat d’Executive Life
et de celle de la revente des junk bonds. Cela
permettrait de disjoindre l’éventuel non-respect de la réglementation bancaire américaine (dont est accusé le Lyonnais, puisqu’une
banque n’avait pas le droit de contrôler un
« roulette russe »
assureur), des profits réalisés par Artémis sur
le portefeuille de junk bonds.
Cela posé, Artémis et le CDR ne défendent
pas les mêmes intérêts et n’ont pas la même
marge de manœuvre. Le CDR, sous la tutelle
du ministère des finances, représente en quelque sorte la France à la barre. Il doit prendre
en compte des considérations politiques françaises, et dépend d’un grand nombre d’échelons hiérarchiques, d’autant qu’il puisera
l’éventuelle amende à payer dans les caisses
de l’Etat. Trois présidents se sont succédé à
la tête de cette structure depuis sa création
en 1995 : de Michel Rouger à Jean-Pierre
Aubert, en passant par Raymond Lévy,
ancien président de Renault, trois personnalités différentes et autant de stratégies. De ce
fait, la mémoire de ce dossier est davantage
entre les mains du cabinet d’avocats américains du CDR, White and Case.
Artémis n’est tenue que par une logique
financière, et elle est dirigée depuis le début
par Patricia Barbizet, qui témoignera lors du
procès. La holding a tout fait pour apparaître
comme un acteur mineur au côté du CDR.
Son risque est sa richesse : les jurés américains pourraient être enclins à condamner
plutôt celui qui a tiré profit de l’opération,
Artémis, que celui qui l’a rendue possible, le
CDR (via Altus).
Le commissaire aux assurances
Garamendi, lui, joue son avenir
politique. Il doit obtenir gain de
cause et défendre les assurés. Mais
il lui faut éviter de se retrouver
impliqué personnellement. En
1991, il avait organisé et approuvé
la transaction qui a permis à Altus
Finance, filiale du Crédit lyonnais,
et à ses alliés de reprendre les actifs
d’Executive Life en faillite. Il dénonce aujourd’hui comme frauduleuse
une opération qu’il avait lui-même
qualifiée alors de « meilleur cadeau
possible aux assurés ».
La première partie du procès
s’annonce décisive. Si la fraude est
démontrée – et même s’il est difficile de prouver l’existence de dommages –, les plaignants pourront
toujours plaider qu’il n’est pas
juste de retirer un profit après
avoir violé la loi. Les sommes
gagnées par le Crédit lyonnais, et
surtout Artémis, avec les actifs
d’Executive Life, se chiffrent en milliards de dollars.
« Nous jouons à la roulette russe
dans ce procès, reconnaît un juriste
français d’un cabinet d’avocats
américain. Il n’y aura pas de demimesures. Ce sera tout ou rien. Soit
nous gagnons et ne déboursons rien
de plus que les 771 millions déjà
payés, dont 560 millions de provisions pour le civil. Soit nous perdons,
et ce sont des milliards de dollars de
plus pour le contribuable français,
avec les conséquences politiques que
l’on peut imaginer. »
Jacques Follorou
Eric Leser
Le camp français tente de faire cause commune, mais masque mal ses divergences d’intérêts
EN DÉCEMBRE 2003, le premier ministre,
Jean-Pierre Raffarin, avait accepté de transiger, dans l’affaire Executive life, pour préserver les intérêts du Crédit lyonnais et du Crédit agricole aux Etats-Unis, et surtout éviter
un périlleux procès pénal. Il avait alors accepté de prélever 375 millions de dollars dans les
caisses de l’Etat au titre des provisions
demandées par la justice américaine en vue
du procès civil. « Nous ne mettrons pas un sou
de plus », avait promis M. Raffarin à l’adresse de l’opinion publique.
Tenir cet engagement en forme de vœu
pieux, tel est, à l’ouverture du procès, l’enjeu
du camp français, qui n’a pu, ou su, trouver,
sur le terrain civil, un accord amiable avec
ses accusateurs. Une gageure. Car les plaignants – le département des assurances californien mais aussi des concurrents, dont l’assureur Sierra, déçus de s’être fait souffler la
compagnie Executive Life en faillite par l’exfiliale du Crédit lyonnais, Altus, en 1991 –
entendent bien obtenir davantage que les
provisions versées dans le volet pénal.
L’Etat, pour le compte du Consortium de
réalisation (CDR), structure publique qui
gère le passif douteux du Crédit lyonnais, a
donc déjà versé 375 millions de dollars ; la
MAAF, qui aurait masqué le montage frauduleux, a payé 10 millions de dollars et Artémis,
acheteur final, a déboursé 185 millions de
dollars. On est loin des milliards de dollars
loir surtout aux Français.
L’enjeu est considérable aussi
pour les plaignants. Pour Gary Fontana, l’avocat américain qui porte
cette affaire à bout de bras depuis
plus de six ans, « il s’agit de l’affaire
de sa vie. Soit il gagne, fait fortune et
devient célèbre, soit il perd, et son
cabinet Thelen & Reid l’éjecte comme un malpropre », explique un
juriste américain. M. Fontana affirme ne pas avoir le moindre doute
sur sa victoire : « Nos adversaires
n’ont cessé de mentir tout au long de
la procédure, et il ne nous sera pas
très difficile de le prouver. Les jurys
américains n’aiment pas cela ».
cinq personnages-clés d’un dossier très complexe
Un lointain conflit juridique
presque devenu une affaire d’Etat
f Avril 1991. Faillite de l’assureur américain Executive Life,
repris par l’Etat de Californie.
f Novembre 1991. Altus, une
filiale du Crédit lyonnais, achète le
portefeuille de junk bonds (obligations à haut risque) d’Executive
Life. Un ensemble d’actionnaires
mené par la MAAF assure la poursuite de l’activité de la compagnie,
rebaptisée Aurora.
f Décembre 1992. Artémis, le
holding de François Pinault, achète à Altus la majeure partie du portefeuille des junk bonds pour 2 milliards de dollars, financés à 100 %
par le Crédit lyonnais.
f Août 1994 et juin 1995. Artémis prend le contrôle d’Aurora.
f Juillet 1998. L’homme d’affaires François Marland dénonce aux
Etats-Unis le montage, qualifié de
frauduleux, de la reprise d’Executive Life par Altus et la MAAF.
f Début 1999. Le département
des assurances de Californie
demande copie des conventions
de portage qui ont permis à Altus
et à ses partenaires d’acquérir Executive Life. Le Crédit lyonnais
remet ces pièces à la justice pénale
et à la Réserve fédérale (Fed).
f Janvier 1999. L’avocat américain du Crédit lyonnais déclare à
la Fed avoir été trompé par Altus
et reconnaît des déclarations mensongères ainsi que le caractère
frauduleux du montage.
f Février 1999. Une procédure
est engagée contre Altus, le Crédit
lyonnais, la MAAF et le Consortium de réalisation (CDR), qui
gère l’héritage d’Altus. Le parquet
de Californie et la Fed ouvrent
leurs propres investigations.
f A partir d’avril 2001. Le dossier devient une affaire d’Etat. Le
camp français négocie avec le
ministère américain de la justice
et la Fed. M. Isaacs propose alors,
selon l’entourage de Laurent
Fabius, ministre des finances, un
accord à l’amiable pour 100 millions de dollars, sans aucune
garantie pour les Français ; le Crédit lyonnais aurait refusé. Les
attentats du 11-Septembre repoussent, sine die, les négociations.
f Juin 2002. Les termes d’un
nouvel accord semblent définis :
200 millions de dollars d’amendes
au profit de la Fed. Le ministère de
la justice américain ne fixe pas de
seuil pour sa propre indemnisation, et il existe encore une chance
de protéger le Crédit lyonnais.
Mais, cinq jours avant la réunion,
Washington annule la rencontre
et décide de confier le dossier au
parquet de Los Angeles, ce qui
marque la fin des espoirs français.
Les discussions reprennent en janvier 2003. Le montant de l’amende
ne cessera de croître.
f 15 décembre 2003. Le camp
français et la justice américaine
signent une transaction amiable
contre le versement de 771 millions de dollars. Cet accord met
fin à la procédure pénale.
f 2004. Il reste à régler le volet
civil de l’affaire. Faute d’entente
amiable, le procès civil débute, le
15 février, à Los Angeles.
J. Fo.
HOWARD MATZ
Juge du tribunal
du district de Californie,
président du procès
JOHN GARAMENDI
Commissaire
californien
aux assurances
JEAN-FRANÇOIS HÉNIN
Fondateur
et ancien patron
d’Altus Finance
FRANÇOIS PINAULT
Fondateur
du groupe Pinault
FRANÇOIS MARLAND
Homme d’affaires français
Faute d’accord amiable
préalable, le juge de Los
Angeles Howard Matz est
donc chargé de présider le
procès civil de l’affaire Executive Life, sans doute le
dossier le plus important
de sa carrière. Saisi depuis
1999, il n’a jamais caché
qu’il aurait préféré que les
parties puissent trouver un
accord avant l’audience.
Il a tenté, tout au long de
la procédure, de contenir
l’inflation des débats et des
échanges entre avocats,
notamment en termes de
témoins et de griefs.
A l’automne 2004, il
aurait pu juguler encore
davantage les débordements de cette affaire et
pousser chaque partie à
transiger. Il a néanmoins
préféré attendre l’audience
pour trancher des points
de forme dont peut dépendre le sort du procès.
En avril 1991, la compagnie d’assurance-vie se
trouve au bord de la faillite.
En tant que commissaire
aux assurances, John Garamendi décide de la nationaliser et n’a ensuite qu’une
hâte : trouver un repreneur. Ce sera Altus Finance,
la filiale du Crédit lyonnais
et ses alliés. M. Garamendi,
qui a alors des ambitions
politiques, tentera en vain,
en 1996, d’obtenir l’investiture démocrate pour
l’élection du gouverneur de
Californie. Puis il travaillera
dans l’administration Clinton, au ministère de l’intérieur, avant de partir dans
le privé et d’être réélu commissaire aux assurances en
Californie en 2002. A ce
titre, il a repris les poursuites engagées par son prédécesseur contre les auteurs
de la transaction qu’il avait
lui-même organisée !
L’ancien directeur général de l’ex-filiale du Crédit
lyonnais, Altus, de 1989 à
1993, n’est pas à un paradoxe près. Pivot du montage contesté qui a permis
le rachat, en 1991, de la
compagnie
d’assurance
Executive Life, il n’a jamais
été associé aux négociations entamées entre la
France et les Etats-Unis
depuis 1999.
Personnage atypique et
longtemps marginalisé par
le camp français, qui l’associait à l’héritage sulfureux
du Crédit lyonnais, il n’a
été consulté qu’à partir de
2003. Les autorités américaines ont tenté, pour leur
part, d’en faire un témoinclé pour dénoncer les turpitudes du Lyonnais. En vain.
M. Hénin fait aujourd’hui l’objet d’un mandat
d’arrêt de la justice américaine.
L’homme d’affaires François Pinault n’a-t-il pas
assuré sa richesse en grande partie grâce à l’affaire
Executive Life ? En 1992,
lorsque le Crédit lyonnais
cherche à améliorer ses
comptes, il s’adresse à lui
pour vendre le portefeuille
de junk bonds (obligations
à risque) de la compagnie
d’assurances.
Tout juste sorti de la
fusion entre le groupe
Pinault et Printemps, il est
devenu l’un des premiers
clients du Lyonnais, un de
ses plus gros risques aussi.
Le 24 décembre 1992,
pour alléger la pression
de l’endettement sur le
groupe Pinault, le Lyonnais cède à son fondateur
la partie la plus juteuse du
portefeuille d’actifs. Les
profits de leur revente s’élèveront à des centaines de
millions de dollars.
Lorsqu’il
révèle,
en
juin 2004, à Paris Match,
qu’il est le fameux délateur
anonyme à l’origine de l’affaire Executive Life, François Marland ne surprend
qu’à moitié. Cet homme d’affaires français nourrit une
vieille rancœur contre le Crédit lyonnais, qui aurait causé
la chute de son groupe de
distribution Disco et sa brève incarcération en 1994.
Ayant mis en contact les
dirigeants d’Altus et de la
MAAF pour racheter Executive
Life,
M. Marland
connaissait l’existence des
contrats de portage contestés. Le prix de ses révélations est connu : 35 % des
13 % de l’indemnité perçue
par l’avocat du département
des assurances californien
sur l’amende de près de
2 milliards de dollars réclamée aux Français.
photos afp et ap
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/17
ENTREPRISES
Grâce au rachat de MCI, Verizon conforte sa place
Les profits de Volkswagen
de numéro un des télécommunications aux Etats-Unis continuent de baisser
L’opération valorise MCI à 6,7 milliards de dollars. Depuis le mois de décembre 2004,
trois fusions majeures avaient déjà eu lieu dans ce secteur pour plus de 58 milliards de dollars
ET DE QUATRE. Au terme de
plusieurs mois de discussions, Verizon, la première « Baby Bell » (compagnie régionale) américaine née
du démantèlement d’AT & T en
1984, a annoncé, lundi 14 février, le
rachat de MCI (ex-Worldcom), le
deuxième opérateur de téléphonie
longue distance aux Etats-Unis.
Concrètement, Verizon a proposé 4,75 milliards de dollars en
actions et déboursera 488 millions
en numéraire. MCI versera un dividende à ses actionnaires de 4,50 dollars par titre, soit au total 1,46 milliard. L’opération valorise MCI à
6,7 milliards de dollars. Elle doit
encore être approuvée par les autorités de la concurrence. Dans un communiqué commun, Verizon et MCI
ont indiqué qu’ils espéraient l’obtenir « dans environ un an ».
Pour Qwest, la plus petite des
Baby Bell, qui affrontait Verizon
pour racheter MCI, l’échec est cuisant. En dépit d’une offre supérieure à celle de Verizon – selon
certaines rumeurs, elle aurait proposé aux dirigeants de MCI de
payer 7,3 milliards de dollars –,
Qwest n’a pas séduit Michael
Capellas, PDG de MCI, ni son
conseil d’administration.
Ce dernier a préféré se vendre à
une entreprise dont la capitalisation boursière atteint aujourd’hui
les 100 milliards de dollars. Verizon
est né du rachat de Bell Atlantic par
GTE en 2000 pour 71 milliards de
dollars.
MCI avait été créé dans les années
1960 pour concurrencer AT & T
avant d’être racheté en 1988 par
WorldCom et entraîné par la chute
de ce dernier après un scandale
comptable de 11 milliards de dollars
en 2002. Au plus fort de la crise, MCI
avait traîné une dette de 40 milliards
de dollars. Aujourd’hui de 4 milliards, elle sera reprise par Verizon.
Depuis sa sortie de la faillite au
printemps 2004, MCI était l’objet
UN AN DE FUSIONS
Téléphonie mobile
2004
17 février
Rachat d'AT&T Wireless par Cingular
41
16 décembre
milliards de dollars
Rachat de Nextel par Sprint
36
milliards de dollars
Téléphonie fixe
2005
31 janvier
16
l’enjeu des réseaux
Rachat d'AT&T par SBC
milliards de dollars
14 février
6,7
majeur plus tôt et pour moins d’investissements que si nous avions dû procéder par croissance organique »,
s’est félicité Ivan Seidenberg, PDG
de Verizon.
Au total, le chiffre d’affaires du
nouvel ensemble avoisinera les
90 milliards de dollars, loin devant
le nouvel ensemble SBC-AT & T
qui pèsera 71 milliards de chiffre
d’affaires.
Rachat de MCI par Verizon
milliards de dollars
Source : sociétés
de nombreuses convoitises. En
juillet, l’opérateur avait indiqué
que le fonds d’investissement Leucadia National Corporation s’intéressait à lui. En septembre, les dirigeants de MCI n’avaient pas caché
leur intention d’être rachetés.
Grâce au réseau Internet de MCI,
le plus vaste du monde (environ
160 000 kilomètres) reliant quelque
2 800 villes dans plus de 140 pays,
Verizon va pouvoir offrir des technologies à haut débit.
Par ailleurs, alors que Verizon
réalise pour l’instant la majeure partie de ses activités sur le marché des
petites et moyennes entreprises, il
met aussi la main sur un large portefeuille de grandes entreprises, dont
les ministères américains de la
défense et de la sécurité intérieure.
« Cette acquisition donne un coup
d’accélérateur à la croissance de
Verizon sur le marché des entreprises
et facilite notre ambition de devenir
un fournisseur de services Internet
Accord entre Microsoft et Nokia sur la musique
Nokia et Microsoft ont annoncé, lundi 14 février à Cannes, lors du 3GSM,
congrès mondial des professionnels des télécommunications, un accord
visant à faciliter le téléchargement de musique. Cet accord aura deux conséquences pour les consommateurs. Les possesseurs de Nokia pourront écouter
de la musique sur leur portable avec le logiciel Windows Media Player. Quant
aux utilisateurs de PC équipés de Windows XP et Windows Media Player, ils
pourront lire les fichiers vendus par Nokia grâce à la plate-forme musicale Loudeye, déjà partenaire de Microsoft.
Convaincu que la musique va tirer le marché de la téléphonie mobile, le
groupe finlandais a donc décidé de s’entendre avec Microsoft. « En 2004, nous
avons vendu 10 millions de mobiles qui possédaient une fonction musique, a
expliqué un des responsables de Nokia. Cette année, plus de la moitié de nos
modèles devraient en être munis. » Le responsable de la stratégie numérique
du groupe Warner Music, Michael Nash, a déclaré qu’il partageait « la vision
de Microsoft et de Nokia sur l’importance du mobile pour la musique ».
En un an, le marché américain
des télécommunications a été marqué par une vague de rapprochements aussi bien dans la téléphonie mobile que dans la téléphonie
fixe. Le rachat de MCI par Verizon
intervient quinze jours après celui
d’AT & T par SBC pour 16 milliards
de dollars.
En février 2004, Cingular avait
racheté AT & T Wireless pour
41 milliards de dollars, et en décembre 2004, Sprint avait mis la main
sur Nextel pour 36 milliards de dollars. Au total, ces accords ont porté
sur 100 milliards de dollars. Socialement, l’impact des deux dernières
fusions est lourd. Au total, près de
20 000 emplois seront supprimés
dont 7 000 chez Verizon-MCI.
Dans les deux cas, ce sont des
Baby Bell en grande forme qui avalent des opérateurs longue distance en perte de vitesse. Et la logique
de ces deux rachats est la même.
Les opérateurs de télécommunications subissent de plein fouet la
concurrence des câblo-opérateurs
qui font converger le téléphone, la
télévision et Internet. Ils doivent
pouvoir proposer à leurs clients des
offres combinant ces trois outils.
D’où l’importance des réseaux.
Verizon a déjà fait savoir qu’il
dépenserait entre 3 et 3,5 milliards
de dollars pour améliorer le réseau
de MCI.
Nathalie Brafman
La sélection génétique du poulet, monopole américain ?
LES AMÉRICAINS vont-ils disposer d’un
monopole mondial dans la sélection génétique du poulet ? Tel serait le cas si Hubbard,
numéro trois mondial, avec 13 % du marché,
était vendu à un fonds d’investissement américain, comme l’actuelle direction semble en
avoir l’intention.
Hubbard, entreprise franco-américaine de
327 salariés, filiale à 100 % de Merial, réalise
90 millions de dollars (69 millions d’euros) de
chiffre d’affaires mais perd 30 millions par
an. Hubbard, qui réalise un tiers de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, a été créée en
1997, peu après que Merck et Rhône-Poulenc
(aujourd’hui Sanofi-Aventis) eurent formé
Merial, une joint-venture spécialisée dans la
santé animale et le médicament vétérinaire.
A ce moment-là, les filiales de sélection génétique de Merck et Rhône-Poulenc, à savoir
Hubbard et l’Institut de sélection animale
(ISA) ont également fusionné pour ne plus former qu’une seule entité.
Pour des raisons qui tiennent à une divergence croissante des métiers – le médica-
ment vétérinaire et les techniques de sélection génétique ont très peu en commun –,
Merial souhaite aujourd’hui se séparer de
Hubbard. Mais, au lieu de chercher à adosser
sa filiale à l’un ou l’autre des spécialistes du
secteur, Merial laisse faire le management
américain de Hubbard, qui semble avoir opté
pour des investisseurs purement financiers.
les salariés inquiets
L’enjeu est de taille : 46 milliards d’unités
sont consommées dans le monde chaque
année. Le poulet, protéine acceptée par toutes les religions, est de plus en plus consommé, malgré la crise que connaît l’activité à
cause de l’épidémie de grippe aviaire en Asie.
La direction de Merial affirme aujourd’hui
vouloir céder Hubbard à « un investisseur ne
faisant pas partie de la concurrence ». Autrement dit, ce ne sont ni l’américain Aviagen,
leader mondial qui contrôle la moitié du marché mondial, ni Cobb, filiale de Tyson Food,
qui a conquis 30 % de ce même marché, ni le
français Grimaud La Corbière (72 millions
d’euros de chiffre d’affaires), spécialisé dans
la sélection génétique du canard, qui semblent les mieux placés. Alors qu’Aviagen et
Cobb se situent sur des produits de masse,
Hubbard s’est plutôt développé sur une série
de niches (poulets à label, poulets « colorés »,
plus goûteux que les poulets en batterie).
A en croire un cadre qui souhaite conserver
l’anonymat, des acheteurs anglais, polonais
et allemand seraient également sur les rangs.
Mais l’interlocuteur privilégié de Merial semble être un investisseur purement financier,
dont le nom sera communiqué après la signature « pour ne pas troubler les salariés ».
Les représentants de la CGT chez Hubbard,
qui affirment ne rien savoir « à part le fait
que la direction veut vendre », s’inquiètent.
« La situation n’est pas florissante dans l’aviculture, et on a un peu peur d’une cession à
des Américains », souligne Chrystel Chevallier,
déléguée CGT. Une façon de dire que la
fusion Hubbard-ISA n’a jamais eu lieu.
Yves Mamou
La Cour de justice européenne désavoue à nouveau Bruxelles
Les juges ont estimé, mardi, que le veto initial à la fusion entre Tetra Laval et Sidel n’était pas fondé
BRUXELLES
de notre bureau européen
C’est l’épilogue judiciaire d’un
dossier retentissant en matière de
droit de la concurrence : la Cour
européenne de justice a estimé,
mardi 15 février, que la Commission de Bruxelles n’était pas fondée à interdire la fusion, en octobre 2001, du fabricant d’emballages hélvético-suédois Tetra Laval
et du français Sidel.
Les magistrats ont confirmé
deux arrêts rendus par le Tribunal
de première instance européen, et
rejeté les pourvois formés par la
Commission. « Le Tribunal a respecté les critères du contrôle juridictionnel confié au juge communautaire, et a correctement explicité les éléments insuffisants, incomplets, peu
significatifs, discordants et donc
inexacts de la thèse de la commission », explique la Cour.
En 2002, le Tribunal de première
instance avait cassé le veto mis par
Bruxelles au mariage des deux
entreprises, pour cause « d’erreurs
manifestes d’appréciation » de la
part des autorités de la concurren-
ce. Un peu plus tard, alors que la
fusion avait été concrétisée, il
avait également rejeté la décision
de Bruxelles ordonnant aux deux
entreprises de se séparer.
Après ce double camouflet, l’ancien commissaire à la concurrence,
Mario Monti, avait dû revoir sa
position en 2003 et autoriser la
fusion sous conditions.
Pour s’opposer à cette opération, la Commission avait, dans un
premier temps, estimé qu’elle
aurait renforcé la position dominante de Tetra sur le marché des
emballages en carton. Elle estimait
en particulier que la fusion aurait
incité cette entreprise à se servir
de sa position de numéro un mondial pour persuader ses clients
d’opter pour les machines Sidel de
fabrication des emballages en carton pour boissons en PET (polyéthylène téréphtalate) sur des créneaux sensibles comme le lait, les
jus de fruits, les boissons au thé,
au café, et non gazeuses.
Comme souvent, la Cour de justice a suivi les conclusions de l’avocat général. En 2004, Antonio Tiz-
zano avait estimé que les règles
européennes auraient pu dissuader Tetra Laval de tirer partie de sa
position dominante. Pour lui, il
aurait mieux valu accorder aux
deux entreprises le bénéfice du
doute, quitte à les contraindre à
respecter un certain nombre d’engagements.
La Cour confirme cette analyse :
« L’annulation de la décision de la
Commission trouve son fondement
dans le refus de celle-ci de prendre
en considération les engagements
souscrits par Tetra Laval au sujet de
son comportement futur. »
« préciser les méthodes »
Aucun recours supplémentaire
n’étant plus possible, cette ultime
décision peut permettre de préciser davantage les marges de
manœuvre de la direction de la
concurrence, désormais sous la
tutelle de Neelie Kroes.
A l’époque, l’affaire avait
d’autant plus ébranlé les gardiens
de la concurrence qu’elle coïncidait
avec deux autres arrêts défavorables du tribunal sur des vetos mis à
la fusion des fabricants français de
matériels électriques Schneider et
Legrand, et des voyagistes britanniques Airtours et First Choice.
Après ces désaveux en série, l’ancien commissaire à la concurrence,
M. Monti, avait accéléré la refonte
en profondeur de ses services. Il
avait réorganisé la puissante division chargée du contrôle des
fusions, la merger task force, et musclé l’analyse économique et juridique des dossiers les plus sensibles.
« L’enjeu du pourvoi de la Commission n’était pas de revenir sur
l’autorisation finalement donnée à
Tetra Laval, mais de préciser les
méthodes et les rôles respectifs de la
Commission et du Tribunal de première instance », indique-t-on
dans l’entourage de Mme Kroes.
La Commission entendait ainsi
démontrer que le Tribunal de première instance était allé au-delà de
ses compétences dans le contrôle
des actes administratifs des fonctionnaires européens. Ce que conteste
la Cour.
Philippe Ricard
LE CONSTRUCTEUR automobile allemand a annoncé une baisse de ses béné- BAISSE LIMITÉE
fices, lundi 14 février, pour la troisième Les résultats de Volkswagen
année consécutive. Sur l’année 2004, le
Chiffre d'affaires
bénéfice net est en chute de 29 %, à
En milliards d'euros
716 millions d’euros. Le constructeur
2003
allemand, qui regroupe les marques
84,81
Volkswagen, Audi, Seat, Skoda, Bentley
2004
88,96
et Lamborghini, a toutefois fait mieux
que prévu. Son résultat opérationnel a
Résultat net
baissé de 12,3 %, à 2,015 milliards
En milliards d'euros
d’euros, soit un peu plus que ce qu’anticipaient les analystes après la révision
2003
2,5
des objectifs annoncée en juillet 2004.
2004
2,0
Grâce aux 1,6 milliard d’économies réalisées dans le cadre du plan « For
Motion », qui a notamment visé à rédui- Source : société
re les dépenses d’investissement, Volkswagen a réussi à limiter l’impact d’une conjoncture peu porteuse. Le
groupe allemand a été notamment affaibli par la vigueur de la concurrence en Europe, par la faiblesse du dollar et par la baisse de ses parts
de marché en Chine. Volkswagen compte sur sa nouvelle Passat et sur
son modèle bon marché la Fox et sur la Bora aux Etats-Unis pour améliorer sa rentabilité.
Nina Ricci licencie
selon un barème à points
LA DIRECTION des parfums Nina Ricci a annoncé, lundi 14 février, le
licenciement de 198 personnes en raison « de résultats négatifs en France » depuis deux ans. Puig Prestige Beauté, maison mère de Nina Ricci
et de Paco Rabanne, envisage la création de 74 postes « pour contrebalancer le nombre de licenciements envisagés ». Le site industriel d’Ury
(Seine-et-Marne), installé en 1974, sera fermé. 73 licenciements sont
annoncés au siège social de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
La direction s’est refusée à confirmer l’existence d’un barème à points
visant à choisir les salariés licenciés en fonction de leur situation personnelle, selon un document révélé par Le Parisien dans son édition du
lundi 14 février. Selon ce document, seront prises en compte « les charges de famille », l’ancienneté dans l’entreprise ou bien encore « les qualités professionnelles » avec une notation allant pour ce dernier critère
de 1 à 13.
Violation du droit du travail
chez un fournisseur de Decathlon
LE COLLECTIF De l’éthique sur l’étiquette, proche de la Fédération artisans du monde, a dénoncé lundi 14 février, dans une lettre ouverte à
Yves Claude, PDG de Decathlon, les « violations des droits du travail »
chez l’un de ses fournisseurs en Thaïlande qui a licencié trois ouvrières
syndiquées en novembre 2004. Les salariés des usines textile MSP
Sportswear, société thaïlandaise qui fournit Decathlon, subissent, comme en Chine, « une intense pression antisyndicale », écrit le collectif qui
regroupe 43 organisations, syndicats et associations de consommateurs. MSP Sportswear a fait l’objet d’un audit complet sur l’âge minimum, le travail forcé, la santé, la sécurité et les heures de travail, mais
Decathlon n’a pas accepté de transmettre les résultats de ces investigations au collectif, qui dénonce le « silence » du groupe français. Dans un
communiqué, la direction de Decathlon précise qu’une « enquête est
menée par les autorités gouvernementales [thaïlandaises] portant sur les
incidents relatifs à la discrimination syndicale ».
industrie
RENAULT : la direction du constructeur automobile et quatre
syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO) ont signé, lundi 14 février,
un accord sur les salaires pour l’année 2005 portant sur une augmentation de 4,6 %. Il prévoit une hausse générale de 2,1 %, des augmentations individuelles et promotions de 1,6 %, l’intégration de l’allocation
printemps de 0,7 % et des revalorisations diverses de 0,25 %.
a BASF-GAZPROM : le numéro un mondial de la chimie et le géant
gazier russe ont annoncé dans un communiqué commun samedi
12 février, qu’ils pourraient participer, à travers leur société commune
Wingas, aux études techniques et économiques du projet de gazoduc
nord européen passant sous la mer Baltique.
a JOHNSON & JOHNSON : le conglomérat américain spécialisé
dans la santé a déposé une plainte contre Ciba Vision, filiale du
géant pharmaceutique suisse Novartis, dans le but de protéger des
licences de lentilles de contact (Phoenix) sur le point d’être commercialisées, a indiqué lundi 14 février un porte-parole de Novartis.
a CEREP : la société de biotechnologie a annoncé, lundi 14 février,
la signature d’un accord stratégique avec Sanofi-Synthélabo Recherche, filiale du laboratoire pharmaceutique Sanofi-Aventis. Aux termes
de l’accord, Cerep synthétisera plusieurs milliers de composés spécialement conçus pour Sanofi-Synthélabo Recherche.
a FDA : la Food and Drug Administration, organisme de tutelle des
secteurs de la pharmacie, de la santé et de l’alimentaire aux EtatsUnis, a un nouveau président. Lester Crawford a été nommé, lundi
14 février, à la tête de cette institution, actuellement critiquée pour son
manque de rigueur sur les risques médicamenteux.
a MÉDICAMENTS : les ventes de produits pharmaceutiques sur
ordonnance aux Etats-Unis ont enregistré en 2004 une croissance
inférieure à 10 % pour la première fois depuis près de dix ans, notamment en raison des doutes relatifs à la sécurité de certains traitements,
a annoncé, lundi 14 février, le cabinet d’études IMS Health.
a ALCAN : le groupe canadien d’aluminium a démenti lundi
14 février au soir les informations publiées dans Le Monde daté
15 février sur les suppressions d’emplois établies à partir d’un document interne. « C’est une information ancienne, le brouillon d’un
brouillon » rédigé avant l’annonce du plan de restructuration de
novembre, a déclaré une porte-parole du groupe.
a
services
AEROPORTS DE PARIS : le gestionnaire public des aéroports
parisiens a enregistré, en 2004, une hausse de trafic de 6,6 % avec
75,3 millions de passagers dont 51,3 pour l’aéroport Charles-de-Gaulle. Il reste le deuxième aéroport d’Europe derrière Londres Heathrow.
a
finance
MUNICH RÉ : le numéro un mondial de la réassurance a annoncé, mardi 15 février, être revenu dans le vert avec un bénéfice net d’environ 1,8 milliard d’euros en 2004. En 2003, le groupe allemand avait
essuyé une perte nette de 400 millions d’euros.
a BNP PARIBAS : selon le classement annuel publié lundi 14 février
par l’Agence France Trésor, chargée de la gestion de la dette de l’Etat,
le groupe bancaire français est apparu pour la seconde année consécutive, comme le plus actif et le plus présent dans le placement des obligations du Trésor, devant la Deutsche Bank et HSBC-CCF.
a
18/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
LA TENDANCE FINANCIÈRE
Une séance étale pour
les principaux marchés d’actions
miner si certains contrats d’assurance auraient permis aux entreprises de lisser leurs résultats. L’opérateur de télécommunications
Verizon, qui a annoncé le rachat
de son homologue MCI, a perdu
0,33 %, à 36,19 dollars, et MCI a
cédé 3,95 %, à 19,93 dollars.
Les performances des indices
boursiers européens n’ont guère
été meilleures qu’aux Etats-Unis.
Le Footsie de la Bourse de Londres
a reculé de 0,05 %. A Paris, le
CAC 40 a abandonné 0,12 %, mais
il est resté au-dessus du seuil des
4 000 points franchis vendredi. Il a
fini lundi à 4 012,11 points.
Le DAX des trente valeurs vedettes du marché allemand a cédé
0,03 %. En tête du DAX, Volkswagen a terminé en hausse de 2,65 %,
à 38,38 euros, après avoir publié
un bénéfice d’exploitation pour
2004 qui correspondait à ses objectifs, et malgré une chute de son
bénéfice net. De son côté, la banque HypoVereinsbank a reculé de
0,90 %, à 16,45 euros, de nouvelles
rumeurs ayant circulé sur le marché selon lesquelles la banque procéderait prochainement à une augmentation de capital.
L’indice Nikkei de la Bourse de
Tokyo a terminé, mardi, en hausse
de 0,12 %, à l’issue d’une séance
marquée par la prudence des investisseurs avant la publication, mercredi, de la croissance au Japon au
quatrième trimestre 2004.
LES MARCHÉS d’actions ont
stagné lundi 14 février. Les investisseurs n’ont pas osé prendre de risques avant la publication des flux
de capitaux étrangers vers les
Etats-Unis, mardi, et l’audition
semestrielle d’Alan Greenspan, le
président de la Réserve fédérale
américaine devant le Sénat, mercredi, et devant la Chambre des
représentants jeudi.
Aux Etats-Unis, l’indice Dow
Jones a perdu 0,05 %, tandis que l’indice composite du Nasdaq a gagné
0,30 %. Parmi les actions les plus
actives, l’assureur AIG a perdu
2,23 %, à 71,49 dollars, après avoir
reçu de nouvelles assignations à
comparaître par le procureur de
New York et la Securities and
Exchange Commission (SEC). Cette démarche s’inscrit dans le cadre
d’une enquête ouverte pour déter-
INDICE CAC 40
En points, à Paris
Le 14 fév. 4 012,11
4 000
3 900
3 800
3 700
3 600
3 500
A S
O
N
D
J
F
2004 05
Source : Bloomberg
Cécile Prudhomme
LES BOURSES DANS LE MONDE 15/2, 9h56
Pays
Indice
Dernier
cours
% var.
Maxi
2005
Mini
2005
DAX Index 4379,26 15/2
Euro Neu Markt Price IX
684,18 15/2
AUTRICHE
Austria traded 2603,01 15/2
BELGIQUE
Bel 20 3103,38 15/2
DANEMARK
Horsens Bnex
304,12 11/2
ESPAGNE
Ibex 35 9589,00 15/2
FINLANDE
Hex General 6644,40 15/2
FRANCE
CAC 40 4004,80 15/2
Mid CAC 2576,63 14/2
SBF 120 2858,01 15/2
SBF 250 2781,65 14/2
Indice second marché 3051,70 14/2
Indice nouveau marché
757,33 15/2
GRÈCE
ASE General 2948,48 15/2
HONGRIE
Bux 16609,95 14/2
IRLANDE
Irish Overall 6765,78 15/2
ITALIE
S&P Mib index 32304,00 15/2
LUXEMBOURG
Lux Index 1353,84 14/2
PAYS BAS
Amster. Exc. Index
371,94 15/2
-0,16
4398,79 14/2
0,07
687,48 14/2
-0,02
2609,85 14/2
0,06
3112,27 11/2
0,00
305,59 14/2
0,04
9600,50 15/2
0,13
6667,78 14/2
-0,18
4020,70 14/2
0,40
2576,63 14/2
-0,16
2867,56 14/2
-0,07
2783,60 11/2
-0,11
3061,05 10/2
0,50
759,34 15/2
0,00
2983,47 31/1
1,34 16609,94 14/2
0,15
6821,81 20/1
-0,01 32410,00 14/2
0,57
1357,04 14/2
0,04
372,30 15/2
PER
SECTEURS EURO STOXX
Indice
% var.
EURO STOXX 50 ...........................3072,35 .....-0,11
AUTOMOBILE ..................................199,72 .....-0,17
BANQUES .........................................304,14 .....-0,02
PRODUIT DE BASE ..........................207,77.......0,30
TÉLÉCOMMUNICATIONS ...............459,65 .....-0,05
CONSTRUCTION..............................276,13 .....-0,04
CONSOMMATION CYCLIQUE ..........97,44.......0,43
PHARMACIE .....................................425,97 .....-0,43
ÉNERGIE ...........................................335,63.......0,05
SERVICES FINANCIERS....................253,27.......0,07
ALIMENTATION ET BOISSON ........213,28.......0,07
BIENS D'ÉQUIPEMENT ...................340,62 .....-0,10
ASSURANCES...................................207,86 .....-0,29
MÉDIAS ............................................205,49.......0,00
BIENS DE CONSOMMATION.........237,25.......0,54
COMMERCE ET DISTRIBUTION .....246,73.......0,71
HAUTE TECHNOLOGIE ...................281,21 .....-0,21
SERVICES COLLECTIFS ....................323,28 .....-0,04
LES 50 VALEURS DE L'EURO STOXX
Code
pays
Cours
% var.
/préc.
ABN AMRO HOLDING ......NL ...........21,29 .....-0,28
AEGON NV.........................NL ...........10,34.......0,00
AIR LIQUIDE........................FR.........133,80 .....-0,37
ALCATEL ..............................FR .............9,82 .....-1,01
ALLIANZ N ..........................AL ...........95,05 .....-0,47
SANOFI-AVENTIS...............FR ...........57,60 .....-0,69
AXA......................................FR ...........19,26 .....-0,41
BASF AG..............................AL ...........55,76 .....-0,13
BAYER..................................AL ...........26,20 .....-0,98
BAYR.HYP.U.VERBK...........AL ...........16,57.......0,73
BCO BILBAO VIZCAYA.......ES ...........13,32 .....-0,08
BNP PARIBAS .....................FR ...........55,85 .....-0,45
BSCH....................................ES .............9,83.......0,82
CARREFOUR........................FR ...........39,87.......0,23
DAIMLERCHRYSLER N.......AL ...........35,48 .....-0,31
DANONE .............................FR ...........72,30.......0,21
4160,83 24/1
651,08 3/1
2399,25 14/1
2934,70 3/1
283,41 24/1
8907,00 24/1
6056,20 24/1
3804,92 12/1
2292,65 6/1
2704,27 12/1
2633,56 12/1
2746,91 3/1
661,35 3/1
2786,51 3/1
14553,57 7/1
6013,80 5/1
30569,00 12/1
1277,84 6/1
347,70 3/1
12,60
14,40
13,00
13,00
13,80
14,00
12,40
16,90
13,10
13,10
14,50
14,60
11,80
14,50
15,40
9,00
12,00
NEW YORK ($)
TOKYO (¥)
PARIS (¤)
LONDRES (£)
ZURICH (FR. S.)
ZONE EURO : FR (France), AL (Allemagne), ES (Espagne), IT (Italie), PT (Portugal), IR (Irlande), LU (Luxembourg), NL (Pays-Bas), AT (Autriche), FI (Finlande), BE
(Belgique), GR (Grèce).
HORS ZONE EURO : CH (Suisse), NO (Norvège), SE
(Suède), RU (Royaume-Uni), DK (Danemark).
100 Yens
0,95175
105,07000
0,77083
0,52984
1,19645
0,73362
0,50418
1,13845
COURS DE L'EURO
Euro
1,29730
136,31000
Livre
Franc S.
1,88735
198,34000
1,45510
0,68730
1,55215
0,83581
87,83873
0,64427
0,44280
2,25835
EURO à 6 mois
Achat
EURO à 5 jours
Vente
couronne danoise ...............7,4435...........7,4445
couronne norvég................8,3817...........8,3867
couronne suédoise ..............9,0665...........9,0715
couronne tchéque ............30,1250.........30,1540
dollar australien................1,6508...........1,6526
dollar canadien...................1,5987...........1,5997
dollar hongkong..............10,1170.........10,1190
dollar néo-zéland. .............1,8153...........1,8168
forint hongrois ..............243,9200 ......244,3500
leu roumain.................34980,0000..35050,0000
rouble...................................36,3380.........36,3540
une pratique déconseillée en france
La banque Labouchère, rachetée en 2000
pour 896 millions d’euros à l’assureur néerlandais Aegon, cause donc toujours beaucoup de
tracas à son acquéreur. Cet établissement était
très actif sur un marché où la vente à crédit d’actions est fortement prisée. Cette pratique est
Indice
Dernier
cours
WSE Wig 20
PSI 20
ROYAUME UNI FTSE 100 index
FTSE techMark 100 index
SUÈDE
OMX
TCHÉQUIE
Exchange PX 50
1960,81 14/2
8044,72 15/2
5039,10 15/2
1261,41 15/2
766,82 11/2
1141,60 14/2
POLOGNE
1.2975
1.34
1.2933
1.31
1.28
1.2891
1.26
1.2850
1.23
1.2808
1.20
A S O N D
1.2975
1.2766
J F
2005
8
14
Février
ACTION DEXIA
En euros, à Bruxelles
18,5
Le 14 février 17,86
17,5
16,5
15,5
14,5
ICEX 15 3848,70 14/2
RTS
653,65 14/2
Swiss market 5907,60 15/2
National 100 28003,60 14/2
ISLANDE
RUSSIE
SUISSE
TURQUIE
A
S
O
N
Merval
Bovespa
CANADA
TSX Composite
CHILI
Ipsa
ETATS-UNIS
Dow Jones ind.
Nasdaq composite
Nasdaq 100
Wilshire 5000
Standards & Poors 500
MEXIQUE
IPC
1517,93 14/2
26531,89 14/2
9585,22 14/2
1828,25 14/2
10791,13 14/2
2082,91 14/2
1538,21 14/2
11886,22 14/2
1206,14 14/2
13564,96 14/2
BRÉSIL
Valeur
% var.
500 000 contrats de crédit vendus
LegioLease aurait vendu, au total, quelque
500 000 contrats de crédit, pour 6,5 milliards
d’euros. Environ 86 000 épargnants ont accepté
une transaction à l’amiable avec Dexia, qui a
déjà provisionné 470 millions d’euros pour
régler les difficultés rencontrées par ses clients.
Vendredi 11 février, la banque a annoncé qu’elle
augmenterait ce montant de 207 millions
d’euros dans ses comptes du 4e trimestre 2004.
Wim Duisenberg disposera cependant d’une
% var.
Maxi
2004
-0,18
-0,32
-0,05
-0,10
-0,96
0,50
1967,08 10/2
8107,10 8/2
5049,60 14/2
1267,89 8/2
771,69 9/2
1141,59 14/2
Mini
2004
1832,11 21/1
7586,84 3/1
4765,40 12/1
1194,04 6/1
724,73 24/1
1032,00 30/12
-0,50
3875,02 10/2
-0,21
656,59 7/2
-0,09
5924,50 14/2
0,96 28402,72 7/2
3343,95 4/1
591,66 20/1
5655,10 12/1
24237,72 6/1
1,40
-0,52
0,28
0,16
-0,05
0,30
0,50
0,09
0,07
-1,09
1305,56 5/1
23609,97 20/1
8952,79 7/1
1707,09 12/1
10368,61 24/1
2008,68 24/1
1480,66 24/1
11449,26 24/1
1163,75 24/1
12192,32 12/1
1517,93 14/2
26786,45 11/2
9585,22 14/2
1840,47 8/2
10867,39 3/1
2191,60 3/1
1635,45 3/1
12024,36 3/1
1217,90 3/1
13791,91 11/2
Valeur
une croissance de 10 % jusqu’en 2007
F
peu répandue ailleurs en Europe, où les autorités de tutelle bancaires mettent en garde contre
d’éventuels effets pervers. La Banque de France
l’a, par exemple, toujours fortement déconseillée. Les ennuis de Dexia ont commencé avec
la crise boursière de 2002, qui a sévi fortement à
Amsterdam, entraînant une chute des cours de
36 %. Des clients de Labouchère et de sa filiale
LegioLease, concernée par ce marché spécifique, ont vu la valeur de leur portefeuille fondre,
pour devenir parfois inférieure aux montants
qu’ils devaient rembourser.
PER
Pays
13,60
15,20
13,30
20,80
14,90
15,10
ASIE-OCÉANIE
14,60
12,10
12,90
8,50
15,00
13,80
15,90
25,70
28,90
16,30
13,50
Mais Dexia n’est pas au bout de ses peines,
puisque de nombreux dossiers restent ouverts
devant la justice néerlandaise. En mars 2003,
deux plaintes collectives ont été déposées au
nom de dizaines de milliers d’actionnaires estimant qu’ils n’avaient pas été correctement informés. Le bénéfice réalisé cette année-là par la
banque franco-belge, habituée à des années de
croissance tranquille et régulière, en avait souffert. La plupart des analystes, comme apparemment le gouvernement néerlandais, estiment
que la banque ne pourra faire face toute seule
aux plaintes de quatre collectifs et de 400 particuliers : l’intervention de M. Duisenberg permettra, espèrent-ils, de régler les litiges hors d’un
contexte judiciaire.
Dirk Bruneel, président de Dexia aux PaysBas, assure que son groupe ne se retirera pas du
pays, malgré ces déboires. La direction du groupe paraît pressée de faire oublier cet épisode
noir, qui s’ajoute à son projet de fusion ratée
avec le groupe italien San Paolo IMI, en novembre 2004. La banque s’attend à une hausse du
bénéfice par action de 10 % en 2004, et mise sur
une croissance annuelle d’un niveau identique
jusqu’en 2007.
Jean-Pierre Stroobants, avec Anne Michel
Indice
Dernier
cours
All ordinaries 4136,30 15/2
Shangaï B
77,64 4/2
Shenzen B
247,29 4/2
CORÉE DU SUD
Composite
964,79 14/2
HONG KONG
Hang Seng 14022,03 15/2
HKEX LargeCAp 15502,51 15/2
INDE
Bombay SE 30
893,00 15/2
ISRAËL
Tel Aviv 100
673,83 14/2
JAPON
Nikkei 225 11646,49 15/2
Topix index 1168,19 15/2
MALAISIE
KL composite
919,55 15/2
NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar. 1043,20 14/2
SINGAPOUR
Straits Time 2162,25 15/2
TAÏWAN
Weighted 6122,39 15/2
THAILANDE
Thaï SE
735,09 15/2
AUSTRALIE
CHINE
Cours de clôture (¥)
Meilleures performances
SOLAR FABRIK.................................12,15 .......46,40
SACHSENRING AUTOMO ................0,30 .......42,86
INTERNOLIX.......................................0,99 .......41,43
WALTER BAU-AG ..............................0,70 .......37,25
MEDIA NETCOM ...............................0,08 .......36,67
DATAPHARM NETSYSTE ..................0,49 .......32,43
SOFTLINE............................................0,74 .......32,14
INOUE KOGYO ................................86,00 .......24,64
MIYATA IND..................................178,00 .......14,10
KYODO SHIRYO ............................171,00 .......11,76
ULVAC..........................................2720,00 .......11,48
FREESIA MACROSS CO...................83,00 .......10,67
HODOGAYA CHEMICAL ..............573,00..........9,77
LINK ONE..............................1140000,00..........9,62
All share 13132,42 15/2
BRVM
83,74 14/2
AFRIQUE DU SUD
COTE D'IVOIRE
Plus mauvaises performances
Plus mauvaises performances
CO LIQUIDATION ..............................0,08 ......-51,52
KENVELO............................................0,30 ......-23,08
HEYDE.................................................0,03 ......-18,92
PRIMACOM AG .................................4,82 ......-16,46
TEAM COMMUNICATION................0,04 ......-16,00
FARMATIC BIOTECH E......................0,10 ......-15,97
LOBSTER NETWORK ST....................0,09 ......-13,00
VALUECLICK JAPAN ...................6410,00 ......-13,50
APLIX.....................................2080000,00 ......-13,33
NIHON SEIMA...............................102,00 ......-12,07
DUO SYSTEMS.....................1680000,00 ......-12,04
MARUSHO & CO..........................190,00 ......-12,04
MURAKAMI .....................................15,00 ......-11,76
TAIKISHA.....................................1466,00 ......-11,53
LONDRES
PARIS
NYSE
1284 millions de titres échangés
Valeur
Cours de clôture ($)
% var.
Meilleures performances
Meilleures performances
QXL RICARDO..................................10,78 .......27,51
EMBLAZE LTD ....................................2,38..........6,37
WOLFSON MICROELECT ..................1,74..........5,15
PHOENIX IT GROUP .........................2,83..........5,02
BATM ADVANCED COMM ..............0,20..........3,85
ULTRAFRAME ....................................0,65..........3,59
IAWS GROUP PLC ...........................12,65..........3,43
INFOGRAMES ENTERTA ...................1,79..........7,83
ALTRAN TECHNOLOGIE ...................8,67..........5,09
COMPAGNIE GEN. DE....................69,55..........4,12
NATEXIS BANQUES PO................115,00..........3,79
AVENIR TELECOM .............................3,39..........3,67
VALLOUREC...................................160,00..........3,23
ATOS ORIGIN ..................................54,80..........3,01
Plus mauvaises performances
Plus mauvaises performances
BTG .....................................................0,90 ........-8,40
MOWLEM...........................................2,02 ........-4,94
EUROTUNNEL PLC/SA......................0,17 ........-4,29
JARVIS.................................................0,28 ........-4,14
CAMBRIDGE ANTIBODY ..................7,04 ........-3,56
TOPPS TILES.......................................2,48 ........-3,40
AVIS EUROPE PLC .............................0,61 ........-3,17
EURO DISNEY ....................................0,13 ........-7,14
EUROTUNNEL PLC/EUR ...................0,24 ........-4,00
NEXANS ...........................................32,45 ........-2,26
SCHLUMBERGER.............................56,15 ........-2,01
TRIGANO..........................................65,70 ........-1,87
VALEO ..............................................33,60 ........-1,75
TECHNIP ........................................128,10 ........-1,61
TAUX
TAUX COURANTS
OR
Taux de base bancaire..................................6,60 %
Taux des oblig. des sociétés privées .........4,47 %
Taux d'intérêt légal.......................................2,05 %
MARDI 15 FÉVRIER 9h56
Cours de clôture (£)
14/2 : volume d'échange non disponible
% var.
TAUX D'INTÉRÊT LE 15/2
france
royaume-uni
italie
allemagne
japon
états-unis
suisse
Taux
j.le j.
Taux
3 mois
Taux
10 ans
Taux
30 ans
2,07
5,01
2,07
2,07
0,04
2,56
0,72
2,14
4,89
2,14
2,14
0,05
2,80
0,75
3,48
4,63
3,60
3,49
1,39
4,12
2,16
3,85
4,51
4,01
3,89
2,28
4,58
2,47
MARCHÉS A TERME LE 15/2, 9h56
Echéance
paris
cac 40 ter.
euro notio.
euro st. 50
francfort
bund 10 ans
londres
euribor 3m.
new york
dow jones
s. & poors
Premier
prix
Dernier
prix
Contrats
ouverts
2/5 4012,00 4007,00 393592
0,00
0,00
0
0/0
3/5 4436,00 3078,00 1422853
3/5
120,47
120,28 1370262
3/5
97,86
97,86 472913
3/5 10800,00 10795,00 47955
3/5 1206,00 1206,50 654025
Valeur
Mini
2004
-0,16
4188,80 7/2
2,13
78,91 24/1
1,92
247,28 4/2
1,85
964,78 14/2
0,03 14267,21 3/1
0,16 15815,76 3/1
-0,46
901,42 14/2
1,66
676,00 3/2
0,12 11677,57 14/2
-0,04
1172,39 14/2
-0,08
940,94 19/1
0,70
1044,34 14/2
-0,12
2171,33 14/2
0,16
6183,15 3/1
0,86
739,15 10/2
4030,30 6/1
72,41 1/2
218,85 31/12
870,84 7/1
13320,53 24/1
14787,30 24/1
810,58 24/1
629,27 5/1
11212,63 24/1
1128,75 21/1
897,13 3/1
1001,36 31/12
2061,99 4/1
5734,87 25/1
666,60 30/12
PER
15,20
14,70
16,10
23,20
14,20
12,10
0,00 13170,78 14/2 12436,91 20/1
-0,06
87,61 31/12
83,73 14/2
10,50
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour
l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.
n/d : valeur non disponible.
3 M ...................................................84,61..........0,68
AM INTL GRP...................................71,49 ........-2,23
ALCOA ..............................................29,89..........0,13
ALTRIA GROUP................................66,10 ........-0,15
AMERICAN EXPRESS ......................54,60 ........-1,07
AT&T ................................................19,42..........0,26
BANK OF AMERICA ........................46,93..........0,23
BOEING CO......................................54,04 ........-0,18
BRISTOL MYERS SQUI ....................24,13..........0,12
CATERPILLAR ...................................92,22 ........-0,60
CITIGROUP.......................................49,25 ........-0,30
COCA-COLA .....................................42,86..........0,23
COLGATE PALMOLIVE ....................54,49 ........-0,29
DOW CHEMICAL.............................52,30..........1,26
DUPONT DE NEMOURS.................51,21..........0,22
EASTMAN KODAK ..........................34,66 ........-0,14
EXXON MOBIL ................................56,83..........1,28
FORD MOTOR .................................13,10..........0,31
GENERAL ELECTRIC ........................36,32..........0,25
GENERAL MOTORS.........................37,24..........0,27
GILLETTE CO ....................................49,88..........0,67
HEWLETT PACKARD .......................20,77 ........-2,49
HOME DEPOT INC ..........................42,62 ........-0,44
HONEYWELL INTL...........................39,30..........0,41
IBM ...................................................93,57..........0,29
INTL PAPER ......................................37,26 ........-0,03
JOHNSON & JOHNSON.................66,00 ........-0,90
J.P.MORGAN CHASE ......................37,50..........0,05
LUCENT TECHNOLOGIE ...................3,41..........1,49
MC DONALD'S CORP......................32,61..........1,12
MERCK AND CO..............................29,41..........0,68
MOTOROLA .....................................16,20..........1,82
NORTEL NETWORKS.........................3,13 ........-1,26
PEPSICO ...........................................54,80 ........-0,54
PFIZER ..............................................25,48..........1,31
PROCTER AND GAMBLE ................52,70..........1,05
Valeur
Maxi
2004
AFRIQUE
Séance du 14/2
% var.
Meilleures performances
14/2 : volume d'échange non disponible
% var.
NEW YORK
15/2 : 845 millions de titres échangés
Cours de clôture (¤)
J
2004 05
TOKYO
14/2 : 206 millions de titres échangés
D
Source : Bloomberg
AMÉRIQUES
ARGENTINE
marge de manœuvre supplémentaire puisque
l’ex-propriétaire de Labouchère, Aegon, a à la
surprise générale accepté, la semaine dernière,
de verser 218 millions d’euros à Dexia. Ce règlement vise à mettre fin à un litige qui oppose les
deux groupes depuis près de trois ans. Malgré ce
versement, Aegon a annoncé, vendredi, que ses
profits pour 2004 augmenteraient fortement,
atteignant quelque 1,6 milliard d’euros.
13,5
EUROPE
FRANCFORT
DEUTSCHE BANK ..............AL ...........67,89.......0,33
DEUTSCHE TELEKOM........AL ...........16,31 .....-0,12
E.ON ....................................AL ...........70,89 .....-0,14
ENDESA...............................ES ...........17,85 .....-0,28
ENEL .....................................IT .............7,66.......0,17
ENI ........................................IT ...........19,18.......0,19
FORTIS.................................BE ...........21,48.......0,09
FRANCE TELECOM.............FR ...........24,32.......0,37
GENERALI ASS.....................IT ...........25,63 .....-0,74
ING GROEP CVA................NL ...........22,85.......0,00
AHOLD................................NL .............6,68.......0,30
L'OREAL ...............................FR ...........58,05 .....-0,17
LVMH ..................................FR ...........56,20.......0,09
MUENCHENER RUECKV ...AL ...........91,09 .....-0,09
NOKIA ..................................FI ...........12,36.......0,08
PINAULT PRINTEMPS ........FR ...........80,85 .....-0,61
REPSOL YPF ........................ES ...........19,85 .....-0,55
ROY.PHILIPS ELECTR .........NL ...........21,21 .....-0,09
ROYAL DUTCH PETROL.....ES ...........45,70.......0,35
RWE.....................................AL ...........47,27.......0,34
SAINT GOBAIN...................FR ...........48,20 .....-0,39
SANOFI-AVENTIS...............FR ...........57,60 .....-0,69
SANPAOLO IMI ...................IT ...........11,22.......0,43
SIEMENS .............................AL ...........60,96 .....-0,39
SOCIETE GENERALE A .......FR ...........80,45 .....-0,31
SUEZ ....................................FR ...........21,40 .....-0,60
TELECOM ITALIA .................IT .............3,06.......0,21
TELEFONICA........................ES ...........14,43 .....-0,21
TIM .......................................IT .............5,41.......0,19
TOTAL..................................FR.........171,80.......0,00
UNICREDITO ITALIAN ........IT .............4,40 .....-0,19
UNILEVER CVA ..................NL ...........51,10 .....-0,20
VIVENDI UNIVERSAL.........FR ...........24,84 .....-0,04
VOLKSWAGEN ...................AL ...........38,28 .....-0,26
MARCHÉ DES CHANGES 15/2, 9h56
Dollar
BRUXELLES
de notre correspondant
Wim Duisenberg va effectuer son grand
retour sur la scène financière : l’ex-président de
la Banque centrale européenne (BCE) a été appelé à la rescousse, début février, par Nout Wellink, le gouverneur de la Banque nationale des
Pays-Bas, pour jouer les médiateurs dans le différend qui oppose, dans ce pays, la banque franco-belge Dexia à 90 000 clients estimant avoir
été lésés.
L’affaire concerne, en fait, la filiale néerlandaise de Dexia, la banque Labouchère, acquise en
2000 auprès de l’assureur néerlandais Aegon.
Cet établissement est au centre d’une polémique concernant la vente à crédit de produits d’investissement en actions qui, commercialisés en
pleine euphorie boursière, ont finalement souffert de la chute des marchés. Labouchère est
accusée de ne pas avoir suffisamment informé
les souscripteurs des risques qu’ils encouraient.
Vendredi 11 février, la direction de Dexia, aux
Pays-Bas, a affirmé qu’elle apporterait « tout
son soutien au médiateur » et espérait pouvoir
formuler une proposition de règlement à ses
clients avant l’été. L’enjeu, pour M. Duisenberg,
n’est pas mince, puisqu’il consiste à tenter d’éviter une paralysie du système judiciaire des PaysBas. Depuis vendredi matin, le titre Dexia a
gagné 0,79 % en Bourse, pour s’établir à
17,86 euros en fin de séance, lundi.
PORTUGAL
EUROPE Mardi 15 février 9h56
INDICES
CHRONIQUE DES MARCHÉS
Pays
UNION EUROPÉENNE
ALLEMAGNE
Wim Duisenberg, médiateur entre Dexia et les épargnants néerlandais
Cours de clôture (¤)
% var.
Crédit immobilier à taux fixe
taux effectif moyen ......................................4,97 %
usure ................................................................6,63 %
Crédit immobilier à taux variable
taux effectif moyen ......................................4,38 %
usure ................................................................5,84 %
Crédit consommation (- de 1 524 euros)
taux effectif moyen ....................................14,59 %
usure ..............................................................19,45 %
Crédit renouvelable, découverts
taux effectif moyen ....................................12,25 %
usure ..............................................................16,33 %
Crédit consommation (+ de 1 524 euros)
taux effectif moyen ......................................6,64 %
usure ................................................................8,85 %
Crédit aux entreprises (+ de 2ans)
moyenne taux variable ................................4,51 %
usure taux variable .......................................6,01 %
moyenne taux fixe ........................................4,99 %
usure taux fixe ...............................................6,65 %
(Taux de l’usure : taux maximum légal)
NASDAQ
1652 millions de titres échangés
Valeur
Cours de clôture ($)
% var.
ALTERA CORP ..................................20,45 ........-0,24
AMAZON.COM................................36,03..........0,70
AMGEN INC.....................................63,25 ........-0,27
APPLIED MATERIALS ......................17,13 ........-0,06
BED BATH & BEYOND ...................39,32 ........-0,33
CISCO SYSTEMS..............................17,97..........1,53
COMPUWARE....................................7,18 ........-0,97
COMCAST A SPECIAL .....................30,71 ........-0,78
COGNIZANT TECH SO- ..................45,85..........0,72
DELL..................................................39,56 ........-1,08
EBAY .................................................84,32..........2,74
FLEXTRONICS INTL .........................14,09 ........-0,42
GEMSTAR TV GUIDE ........................5,53..........1,28
GENZYME ........................................58,78..........0,00
INTEL CORP .....................................24,31..........0,58
INTUIT ..............................................40,08 ........-0,15
JDS UNIPHASE...................................1,97..........3,14
LINEAR TECHNOLOGY ...................39,23..........0,18
MAXIM INTEGR PROD ...................42,50..........0,00
MICROSOFT.....................................26,01..........0,15
ORACLE CORP .................................13,31 ........-0,30
PAYCHEX .........................................31,14 ........-0,64
QUALCOMM INC ............................37,17..........2,79
SIEBEL SYSTEMS................................8,70 ........-0,91
STARBUCKS .....................................49,85 ........-0,66
SUN MICROSYSTEMS.......................4,25 ........-1,16
VERITAS SOFTWARE ......................24,31..........2,14
WHOLE FOODS MARKET...............99,55..........0,83
XILINX INC.......................................29,70 ........-0,17
YAHOO INC .....................................34,33..........0,53
MÉTAUX
Cours
% var.
OR FIN KILO BARRE.....................9700,00 ........0,00
OR FIN LINGOT..........................10430,00 ........0,00
ONCE D'OR EN DOLLAR................424,20 ........1,28
PIÈCE 20 FR. FRANCAIS...................59,50 ........0,00
PIÈCE 20 FR. SUISSE ........................59,50 ........0,00
PIÈCE UNION LAT. 20......................59,00 ........0,00
PIÈCE 10 US$..................................185,00 ........0,00
PIÈCE 20 US$..................................370,25 ........0,00
PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........380,00 ........0,00
DENRÉES
MARDI 15 FÉVRIER 9h56
SBC COMMUNICATIONS...............24,37..........0,45
TEXAS INSTRUMENTS....................25,95..........0,35
TIME WARNER ................................17,85 ........-0,83
UNITED TECHNOLOGIE ...............101,30 ........-0,10
VERIZON COMM ............................36,19 ........-0,33
WAL-MART STORES .......................52,15..........0,10
WALT DISNEY CO ...........................29,39..........0,17
Cours
% var.
BLE ($ CHICAGO) ...........................301,50 ........2,38
CACAO ($ NEW YORK) ...............1538,00.......-0,77
CAFE (£ LONDRES).........................845,00.......-0,59
COLZA (¤ PARIS) ............................194,00 ........0,39
MAÏS ($ CHICAGO) ........................200,25 ........1,01
ORGE ($ WINIPEG) ........................108,70.......-0,28
JUS D'ORANGE ($ NEW YORK) ......85,65.......-0,12
SUCRE BLANC (£ LONDRES).........273,80.......-0,51
SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ..........161,00 ........2,48
MARDI 15 FÉVRIER 9h56
Cours
% var.
LONDRES
ALUMINIUM COMPTANT ($/T).1853,00 ........0,22
ALUMINIUM À 3 MOIS ($/T).....1841,00 ........0,22
CUIVRE COMPTANT ($/T) ..........3224,00 ........0,44
CUIVRE À 3 MOIS ($/T) ..............3082,00 ........0,46
ETAIN COMPTANT ($/T).............7995,00 ........0,31
ETAIN À 3 MOIS ($/T) ................7950,00 ........0,25
NICKEL COMPTANT ($/T) ........15305,00 ........0,20
NICKEL À 3 MOIS ($/T) ............15225,00 ........0,16
PLOMB COMPTANT ($/T).............952,50 ........0,63
PLOMB À 3 MOIS ($/T).................914,00 ........0,55
ZINC COMPTANT ($/T)...............1320,50 ........0,49
ZINC À 3 MOIS ($/T)...................1336,00 ........0,75
NEW YORK
ARGENT À TERME ($/once)..............7,33 ........1,60
PLATINE À TERME ($/once) .........874,00 ........0,32
PÉTROLE
MARDI 15 FÉVRIER 9h56
Cours
% var.
BRENT (LONDRES) ...........................45,59 ........0,13
WTI (NEW YORK).............................47,47 ........0,59
LIGHT SWEET CRUDE ......................47,43 ........0,57
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/19
MARCHÉS FRANÇAIS
PREMIER MARCHÉ
Valeur
VALEURS FRANCAISES
Mardi 15 février 9h30
Valeur
Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN
ACANTHE DEV.(NY)...................4,95........5,00....-1,00..-10,00 ........5,32........4,80 ....0,10 ...FR0000064602
ACCOR ...............................◗ .....35,44......35,46....-0,06 ...10,03 ......35,99 .....31,25 ....1,05 ...FR0000120404
AFFINE ................................. .....69,45......69,50....-0,07 ....-0,79 ......70,45 .....67,50 ....1,20 ...FR0000036105
AGF ....................................◗ .....57,75......57,80....-0,09 .....5,10 ......58,75 .....54,60 ....1,80 ...FR0000125924
AIR FRANCE -KLM ............◗ .....15,01......15,00 .....0,07 .....7,06 ......15,14 .....13,36 ....0,05 ...FR0000031122
AIR LIQUIDE ......................◗ ...133,80 ...134,30....-0,37 ....-1,62....138,10 ...129,60 ....3,20 ...FR0000120073
ALCATEL A.........................◗........9,83........9,92....-0,91..-14,15 ......11,70........9,57 ....0,16 ...FR0000130007
ALSTOM.............................◗........0,68........0,68.......n/d ...21,43 ........0,71........0,56 ....0,55 ...FR0000120198
ALTRAN TECHNO. #.........◗........8,59........8,67....-0,92 .....9,85 ........8,70........7,66 ....0,20 ...FR0000034639
A.P.R.R. ..............................◗ .....48,30......48,90....-1,23 .....8,66 ......49,01 .....43,76 .....n/d ...FR0006807004
ARBEL# ........................................2,63........2,62 .....0,38 ....-4,36 ........2,92........2,58 ....0,53 ...FR0000035883
AREVA CIP........................... ...304,10 ...304,60....-0,16 ....-9,22....339,50 ...300,00 ....6,20 ...FR0004275832
ASF .....................................◗ .....42,30......42,44....-0,33 ...14,32 ......43,19 .....37,00 ....0,69 ...FR0005512555
ATOS ORIGIN....................◗ .....55,00......54,80 .....0,36 ...10,07 ......55,20 .....48,20 .....n/d ...FR0000051732
AVENTIS .............................. .....67,65......67,65.......n/d ....-1,38 ......70,40 .....64,10 ....0,82 ...FR0000130460
AXA....................................◗ .....19,29......19,34....-0,26 .....6,11 ......19,37 .....17,90 ....0,38 ...FR0000120628
BACOU-DALLOZ ...............◗ .....71,50......71,90....-0,56 ...21,19 ......72,50 .....58,00 ....0,50 ...FR0000060899
BAIL INVEST.FONC............. .....32,40......32,50....-0,31 .....4,35 ......32,60 .....31,00 ....1,25 ...FR0000125999
BIC......................................◗ .....42,40......42,19 .....0,50 ...14,59 ......43,40 .....36,55 ....0,40 ...FR0000120966
BIOMERIEUX....................... .....31,00......31,00.......n/d ....-4,32 ......32,70 .....30,60 .....n/d ...FR0010096479
BNP PARIBAS....................◗ .....56,05......56,10....-0,09 .....5,16 ......56,30 .....53,20 ....1,45 ...FR0000131104
BOLLORE............................◗ ...401,00 ...400,00 .....0,25 ...26,90....420,00 ...316,00 ....4,50 ...FR0000125858
BOLLORE INV...................... .....72,00......72,60....-0,83 ...20,91 ......74,00 .....58,65 ....0,25 ...FR0000039299
BONGRAIN.......................... .....57,70......57,90....-0,35 .....8,15 ......57,95 .....54,00 ....1,54 ...FR0000120107
BOUYGUES........................◗ .....32,34......32,35....-0,03 ....-4,88 ......35,24 .....28,75 ....0,50 ...FR0000120503
B T P (LA CIE)...................... .........n/d........1,16.......n/d.......n/d..........n/d .........n/d ....0,46 ...FR0000033607
BULL#...........................................0,64........0,62 .....3,23 ...30,61 ........0,66........0,48 .....n/d ...FR0000052607
BURELLE (LY)....................... .....95,15......95,15.......n/d .....6,25 ......97,00 .....89,00 ....0,60 ...FR0000061137
BUSINESS OBJECTS..........◗ .....20,89......20,95....-0,29 ...12,43 ......21,48 .....16,90 .....n/d ...FR0004026250
CANAL + ............................◗........6,47........6,45 .....0,31 ...12,72 ........6,49........5,74 ....0,21 ...FR0000125460
CAP GEMINI ......................◗ .....26,91......27,01....-0,37 ...14,22 ......27,24 .....22,13 ....0,40 ...FR0000125338
CARBONE-LORRAINE .......◗ .....38,75......39,00....-0,64 ....-0,64 ......40,00 .....37,26 ....0,60 ...FR0000039620
CARREFOUR ......................◗ .....39,96......39,78 .....0,45 ...14,04 ......40,97 .....34,97 ....0,74 ...FR0000120172
CASINO GUICH.ADP .......... .....58,00......58,00.......n/d .....7,81 ......59,40 .....54,50 ....2,02 ...FR0000121139
CASINO GUICHARD .........◗ .....63,25......63,15 .....0,16 .....7,57 ......65,00 .....58,75 ....1,98 ...FR0000125585
CEGID (LY)........................... .....31,05......31,10....-0,16 ...27,05 ......33,50 .....24,05 ....0,80 ...FR0000124703
CFF RECYCLING .................. .....25,50......24,70 .....3,24 ...19,16 ......25,50 .....18,07 ....0,19 ...FR0000039059
CHARGEURS ....................... .........n/d......33,30.......n/d .....7,25 ......34,50 .....31,10 ....1,00 ...FR0000130692
CHRISTIAN DIOR ..............◗ .....52,50......52,20 .....0,57 .....4,90 ......52,50 .....47,90 ....0,32 ...FR0000130403
CIC -ACTIONS A ................. ...186,60 ...188,40....-0,96 .....5,19....192,70 ...175,20 ....3,28 ...FR0005025004
CIMENTS FRANCAIS ........◗ .....75,85......76,20....-0,46 ...10,25 ......77,50 .....68,15 ....1,50 ...FR0000120982
CLARINS.............................◗ .....46,94......46,69 .....0,54 .....8,41 ......48,50 .....42,20 ....0,77 ...FR0000130296
CLUB MEDITERRANEE .....◗ .....40,55......40,55.......n/d ...16,69 ......41,90 .....34,66 ....1,00 ...FR0000121568
CNP ASSURANCES ...........◗ .....54,20......54,70....-0,91 .....2,85 ......55,85 .....50,50 ....1,53 ...FR0000120222
COLAS.................................. ...123,00 ...122,90 .....0,08 .....3,36....131,50 ...115,00 ....2,88 ...FR0000121634
CS COM.ET SYSTEMES ...... .....31,35......31,00 .....1,13 ...13,59 ......32,00 .....27,08 .....n/d ...FR0007317813
CREDIT AGRICOLE ............◗ .....23,05......23,14....-0,39 .....3,83 ......23,53 .....22,05 ....0,30 ...FR0000045072
DANONE............................◗ .....72,25......72,15 .....0,14 .....6,33 ......72,90 .....67,75 ....2,45 ...FR0000120644
DASSAULT-AVIATION........ ...522,00 ...522,00.......n/d ...17,44....525,00 ...441,00 ....7,70 ...FR0000121725
DASSAULT SYSTEMES .....◗ .....36,63......36,57 .....0,16 ....-1,27 ......38,61 .....35,07 ....0,34 ...FR0000130650
DEVEAUX(LY)# ................... .....81,30......81,20 .....0,12 .....5,04 ......82,00 .....73,20 ....4,00 ...FR0000061004
DIDOT-BOTTIN ................... .........n/d......77,00.......n/d ....-4,94 ......80,30 .....67,10 ....2,00 ...FR0000037475
DMC (DOLLFUS MIEG) ..............4,55........4,48 .....1,56 ...16,37 ........4,68........3,79 ....0,61 ...FR0000121337
DYNACTION........................ .....18,50......18,60....-0,54 ...10,45 ......19,70 .....16,00 ....0,50 ...FR0000130353
EIFFAGE .............................◗ .....94,80......95,10....-0,32 ...11,53 ......98,35 .....83,00 ....1,00 ...FR0000130452
ELECT.MADAGASCAR........ .........n/d......17,10.......n/d .....9,90 ......18,10 .....15,50 ....1,50 ...FR0000035719
ELIOR SCA .........................◗........9,49........9,50....-0,11 ...13,25 ........9,68........8,24 ....0,10 ...FR0000121279
ERAMET............................... .....75,00......74,30 .....0,94 ...13,29 ......75,35 .....66,10 ....0,86 ...FR0000131757
ESSILOR INTL ....................◗ .....54,70......54,85....-0,27 ....-5,12 ......59,50 .....52,30 ....0,56 ...FR0000121667
ESSO .................................... ...123,50 ...121,20 .....1,90 ...10,37....126,00 ...110,50 ....2,50 ...FR0000120669
EULER HERMES.................◗ .....59,55......59,60....-0,08 ...17,46 ......59,75 .....50,75 ....1,82 ...FR0004254035
EURAZEO...........................◗ .....68,30......68,35....-0,07 .....9,90 ......70,50 .....61,70 ....1,00 ...FR0000121121
EURO DISNEY SCA ...........◗........0,13........0,13.......n/d ....-7,80 ........0,18........0,12 .....n/d ...FR0000125874
EUROTUNNEL ...................◗........0,24........0,24.......n/d ....-4,00 ........0,27........0,24 .....n/d ...FR0000125379
FAURECIA ..........................◗ .....69,65......71,00....-1,90 ...20,50 ......72,50 .....57,90 ....0,91 ...FR0000121147
F.F.P. (NY)..........................◗ ...168,00 ...169,00....-0,59 .....5,00....169,00 ...155,00 ....3,00 ...FR0000064784
FIMALAC............................◗ .....37,10......37,00 .....0,27 .....5,40 ......38,00 .....34,00 ....0,95 ...FR0000037947
FINAXA ................................ .....55,30......55,40....-0,18 .....3,36 ......55,70 .....49,00 ....1,52 ...FR0000033136
FONC.LYON.# ..................... .....44,80......44,50 .....0,67 ...12,28 ......45,00 .....39,95 ....0,70 ...FR0000033409
FRANCE TELECOM............◗ .....24,33......24,23 .....0,41 ....-0,12 ......24,99 .....22,92 ....0,25 ...FR0000133308
NOUVEAU MARCHÉ
14/2 : volume d'échange non disponible
Valeur
Cours de clôture (¤)
% var.
Meilleures performances
COIL BSA12/05 .................................0,15 .......25,00
STELAX # ............................................0,80 .......15,94
SODITECH ING. .................................4,45 .......15,58
CROSS SYSTEMS #............................1,04 .......14,29
BAC MAJESTIC...................................0,25 .......13,64
EUROFINS SCIENT. .........................20,04 .......11,46
LYCOS EUROPE..................................0,86 .......10,26
CYBER PRES.PUBLIS#......................11,87..........7,62
GROUPE SILICOMP # .....................11,77..........7,00
RECIF # ...............................................2,04..........5,70
ELIT GROUP .......................................3,93..........4,52
HOLOGRAM IND. OPR .....................4,91..........4,47
NATUREX BS 34 0108......................3,05..........4,45
SILICOMP BSA 2007 .........................0,75..........4,17
Plus mauvaises performances
GUILLEMOT BS99(ACT .....................0,03 ......-25,00
SOREFICO COIFFURE ........................3,57 ......-18,86
COHBSABSA18/02/05 .....................0,24 ......-11,11
DALET BSA MARS 07........................0,10 ........-9,09
OLITEC #...........................................15,51 ........-8,76
SYSTRAN ............................................3,80 ........-8,43
CLIENT CENTER ALL. .........................3,48 ........-8,18
Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
% var.
31/12
Plus
haut
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN
FROMAGERIES BEL ............ .........n/d ...140,00.......n/d .....7,28....142,00 ...130,60 ....3,00 ...FR0000121857
GALERIES LAFAYETTE ......◗ ...213,90 ...213,90.......n/d ...13,17....226,00 ...184,20 ....1,40 ...FR0000121246
GAUMONT # ...................... .....69,65......69,20 .....0,65 ...21,98 ......69,85 .....56,00 ....0,30 ...FR0000034894
GECINA ..............................◗ .....83,80......83,20 .....0,72 ...14,95 ......83,90 .....71,10 ....2,45 ...FR0010040865
GENERALE DE SANTE ......◗ .....17,58......17,40 .....1,03 ...13,86 ......18,20 .....15,45 ....0,25 ...FR0000044471
GEOPHYSIQUE..................◗ .....69,75......69,55 .....0,29 ...37,44 ......70,50 .....50,20 ....1,22 ...FR0000120164
GFI INFORMATIQUE ........◗........5,48........5,50....-0,36 ...18,10 ........5,59........4,52 ....0,04 ...FR0004038099
GROUPE GASCOGNE......... .....71,30......71,00 .....0,42 .....5,55 ......74,50 .....66,90 ....2,70 ...FR0000124414
GROUPE PARTOUCHE #.... .....17,10......17,10.......n/d ...21,97 ......17,26 .....14,06 ....0,80 ...FR0000053548
GUYENNE GASCOGNE ....◗ .....89,50......89,00 .....0,56 .....5,29 ......90,70 .....84,50 ....2,36 ...FR0000120289
HAVAS ...............................◗........4,40........4,40.......n/d .....4,76 ........4,43........4,02 ....0,05 ...FR0000121881
ILIAD ..................................◗ .....28,64......28,60 .....0,14 .....2,73 ......32,48 .....25,85 ....0,07 ...FR0004035913
IMERYS ..............................◗ .....64,00......64,00.......n/d .....3,64 ......65,00 .....61,20 ....5,00 ...FR0000120859
IMMEUBLES DE FCE .......... .........n/d......36,60.......n/d ...19,41 ......39,90 .....29,90 ....0,77 ...FR0000120370
INFOGRAMES ENTER.......◗........1,77........1,79....-1,12 ...56,64 ........1,96........1,13 .....n/d ...FR0000052573
INGENICO..........................◗ .....12,45......12,38 .....0,57 .....6,41 ......13,21 .....11,48 ....0,08 ...FR0000125346
IPSOS # ..............................◗ .....83,75......84,00....-0,30 .....8,77 ......86,00 .....77,00 ....0,85 ...FR0000073298
I.R. REG. PAS DE C ............. .....18,25......18,25.......n/d .....1,39 ......18,30 .....16,76 ....0,80 ...FR0000124232
JC DECAUX........................◗ .....20,05......20,12....-0,35 ....-6,66 ......21,95 .....19,56 .....n/d ...FR0000077919
KAUFMAN ET BROAD ....... .....48,99......49,00....-0,02 ...12,62 ......51,00 .....42,80 ....1,10 ...FR0004007813
KLEPIERRE .........................◗ .....74,35......73,95 .....0,54 ...14,12 ......74,80 .....60,60 ....2,00 ...FR0000121964
LAFARGE............................◗ .....80,25......80,35....-0,12 ...13,03 ......81,40 .....71,00 ....2,30 ...FR0000120537
LAGARDERE ......................◗ .....58,70......58,50 .....0,34 ...10,55 ......58,80 .....53,00 ....0,90 ...FR0000130213
LEBON (CIE) ........................ .........n/d......81,40.......n/d .....5,03 ......82,00 .....76,40 ....2,30 ...FR0000121295
LIBERTY SURF .............................2,42........2,49....-2,81 .....5,68 ........2,70........2,25 .....n/d ...FR0000075087
LOCINDUS........................... .....49,00......48,95 .....0,10 ...10,39 ......49,00 .....44,10 ....2,20 ...FR0000121352
L'OREAL .............................◗ .....58,20......58,15 .....0,09 .....4,21 ......58,75 .....54,50 ....0,73 ...FR0000120321
LOUVRE #............................ .....95,50......97,95....-2,50 .....2,47 ......99,00 .....91,10 ....1,34 ...FR0000033110
LUCIA................................... .....25,33......25,00 .....1,32 .....4,67 ......26,15 .....23,02 ....1,83 ...FR0000036303
LVMH MOET HEN. ...........◗ .....56,15......56,15.......n/d ....-0,35 ......57,25 .....52,95 ....0,25 ...FR0000121014
MARIONNAUD PARFUM.◗ .....21,60......21,60.......n/d ...20,33 ......21,70 .....15,68 ....0,49 ...FR0000064941
MATUSSIERE FOREST. ....... .........n/d........2,90.......n/d.......n/d..........n/d .........n/d ....0,22 ...FR0000060576
MAUREL ET PROM............. .....16,27......16,27.......n/d .....0,43 ......18,37 .....14,50 ....0,91 ...FR0000051070
METALEUROP ..................... .........n/d........0,54.......n/d.......n/d..........n/d .........n/d ....0,61 ...FR0000120388
MICHELIN ..........................◗ .....52,40......52,50....-0,19 ...11,04 ......54,10 .....45,89 ....0,93 ...FR0000121261
MONTUPET SA ................... .....23,20......23,39....-0,81 .....6,42 ......23,90 .....21,20 ....0,20 ...FR0000037046
NATEXIS BQ POP..............◗ ...114,00 ...115,00....-0,87 ...13,21....115,00 ...100,00 ....2,50 ...FR0000120685
NEOPOST...........................◗ .....62,80......62,85....-0,08 .....9,79 ......63,90 .....56,50 ....1,25 ...FR0000120560
NEXANS.............................◗ .....32,70......32,45 .....0,77 ...13,03 ......35,80 .....28,91 ....0,20 ...FR0000044448
NEXITY................................. .....28,50......28,13 .....1,32 .....8,04 ......28,70 .....24,11 .....n/d ...FR0010112524
NORBERT DENTRES. .......... .....49,80......49,70 .....0,20 ...22,06 ......54,00 .....40,85 ....0,70 ...FR0000052870
NRJ GROUP .......................◗ .....18,21......18,38....-0,92 ...12,76 ......18,70 .....16,10 ....0,21 ...FR0000121691
NORD EST ........................... .....47,74......47,80....-0,13 .....4,92 ......48,25 .....45,80 ....1,20 ...FR0000036642
OBERTHUR CARD SYS. ....◗........6,60........6,67....-1,05 ...18,28 ........6,95........5,54 .....n/d ...FR0000124133
OXYG.EXT-ORIENT............. ...123,90 ...123,50 .....0,32 .....8,21....128,90 ...110,00 ....3,40 ...FR0000031171
PAGESJAUNES ..................◗ .....19,65......19,60 .....0,26 ...10,08 ......20,48 .....17,12 .....n/d ...FR0010096354
PENAUILLE POLY.# ...........◗........8,57........8,58....-0,12..-12,91 ........8,65........7,53 ....0,28 ...FR0000053381
PERNOD-RICARD..............◗ ...106,50 ...106,80....-0,28 ....-5,50....114,80 ...104,00 ....0,98 ...FR0000120693
PEUGEOT ...........................◗ .....50,30......50,20 .....0,20 .....7,71 ......50,40 .....46,05 ....1,35 ...FR0000121501
PINAULT PRINT.RED. .......◗ .....80,90......81,35....-0,55 .....9,84 ......81,80 .....73,05 ....2,40 ...FR0000121485
PLASTIC OMN.(LY) ............. .....45,00......45,05....-0,11 ...12,78 ......45,25 .....38,01 ....1,00 ...FR0000124570
PROVIMI ............................◗ .....18,40......18,50....-0,54 .....4,55 ......18,95 .....17,35 ....0,20 ...FR0000044588
PSB INDUSTRIES(LY).......... .....29,90......30,40....-1,64 ....-0,27 ......32,03 .....28,80 ....0,50 ...FR0000060329
PUBLICIS GROUPE # ........◗ .....24,22......24,27....-0,21 .....1,55 ......24,65 .....22,85 ....0,26 ...FR0000130577
REMY COINTREAU ...........◗ .....31,75......31,74 .....0,03 .....6,54 ......32,10 .....29,34 ....1,00 ...FR0000130395
RENAULT ...........................◗ .....68,05......68,00 .....0,07 ...10,56 ......68,80 .....61,30 ....1,40 ...FR0000131906
REXEL .................................◗ .....38,50......38,50.......n/d .....0,79 ......38,52 .....38,18 ....0,54 ...FR0000125957
RHODIA .............................◗........1,87........1,80 .....3,89 .....6,86 ........1,90........1,63 ....0,12 ...FR0000120131
ROUGIER #.......................... .....68,80......68,45 .....0,51 ...12,23 ......68,80 .....59,70 ....1,80 ...FR0000037640
SADE (NY) ........................... .........n/d ...139,70.......n/d ...18,39....139,70 ...117,20 ....5,00 ...FR0000124315
SAGEM...............................◗ .....15,58......15,55 .....0,19 ....-0,64 ......15,92 .....14,80 ....0,94 ...FR0000073272
SAINT-GOBAIN.................◗ .....48,33......48,39....-0,12 .....9,05 ......49,25 .....44,35 ....1,15 ...FR0000125007
SALVEPAR (NY)................... .....87,00......85,80 .....1,40 .....8,75 ......88,95 .....80,00 ....4,00 ...FR0000124356
SANOFI-AVENTIS .............◗ .....57,60......58,00....-0,69 ....-2,04 ......59,90 .....56,40 ....0,05 ...FR0000120578
SCHNEIDER ELECTRIC ......◗ .....58,95......59,00....-0,08 ...15,14 ......60,40 .....51,15 ....1,10 ...FR0000121972
SCOR ..................................◗........1,58........1,60....-1,25 ...13,67 ........1,63........1,38 ....0,30 ...FR0000130304
SEB .....................................◗ .....85,90......86,60....-0,81 .....8,87 ......88,45 .....78,30 ....2,27 ...FR0000121709
SIIC DE PARIS...................... .........n/d ...185,20.......n/d .....4,93....204,50 ...175,30 ....6,80 ...FR0000057937
SILIC ..................................... .....77,50......77,00 .....0,65 .....4,73 ......77,75 .....68,05 ....2,85 ...FR0000050916
SKIS ROSSIGNOL................ .....18,01......17,95 .....0,33 ...16,95 ......18,09 .....15,90 ....0,34 ...FR0000120412
SNECMA ............................◗ .....18,05......18,01 .....0,22 ....-0,72 ......18,45 .....17,55 .....n/d ...FR0005328747
SOCIETE GENERALE..........◗ .....80,85......80,70 .....0,19 .....8,60 ......81,80 .....74,25 ....2,50 ...FR0000130809
SODEXHO ALLIANCE .......◗ .....23,95......24,12....-0,70 .....7,59 ......24,82 .....21,81 ....0,61 ...FR0000121220
SOMFY................................. ...167,20 ...167,20.......n/d .....1,95....168,00 ...155,00 ....4,20 ...FR0000120495
SOPRA GROUP CA# .........◗ .....46,40......48,40....-4,13 .....4,93 ......48,70 .....41,70 ....0,40 ...FR0000050809
Valeur
Dernier
cours
Cours
préc.
% var.
/préc.
Divid.
net
Code
ISIN
ALLIANZ AG #...................◗ .....94,95......95,10....-0,16 ....-1,25 ......98,30 .....89,20 ....1,18 ..DE0008404005
ALTADIS.............................◗ .....33,84......33,69 .....0,45 .....0,80 ......34,50 .....31,11 ....0,38 ...ES0177040013
ARCELOR ...........................◗ .....18,34......18,33 .....0,05 .....8,07 ......18,42 .....16,08 ....0,32...LU0140205948
AXALTO N.V......................◗ .....22,39......22,24 .....0,67 ...16,92 ......22,89 .....18,67 .....n/d...NL0000400653
DEUTSCHE BANK #..........◗ .....67,90......67,65 .....0,37 .....4,62 ......69,30 .....63,20 ....1,18 ..DE0005140008
DEXIA.................................◗ .....17,90......17,84 .....0,34 .....5,73 ......17,90 .....16,93 ....0,40...BE0003796134
EADS ..................................◗ .....23,61......23,59 .....0,08 ...10,38 ......23,90 .....20,76 ....0,30...NL0000235190
EQUANT N.V.....................◗........4,26........4,26.......n/d ...12,11 ........4,27........3,30 .....n/d...NL0000200889
EURONEXT N.V ................◗ .....26,38......26,18 .....0,76 ...17,40 ......27,00 .....21,61 ....0,38...NL0000241511
GEMPLUS INTL .................◗........1,93........1,92 .....0,52 ...12,87 ........2,13........1,71 .....n/d...LU0121706294
ROYAL DUTCH..................◗ .....45,75......45,39 .....0,79 .....8,34 ......46,22 .....41,84 ....0,78...NL0000009470
SES GLOBAL FDR ..............◗........9,90........9,95....-0,50 .....3,12 ......10,05........8,80 ....0,18...LU0088087324
STMICROELECTRONICS ...◗ .....13,55......13,49 .....0,44 ....-5,57 ......14,47 .....12,38 ....0,08...NL0000226223
TELEFONICA #...................◗ .....14,45......14,41 .....0,28 .....4,11 ......14,49 .....13,33 ....0,20 ...ES0178430E18
TRADER CLASS. MED. ......◗ .....11,30......11,30.......n/d ...10,78 ......11,40........9,70 ....4,35...NL0000233187
.....................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................
VALEURS INTERNATIONALES HORS ZONE EURO
ADECCO S.A. # .................◗ .....41,16......41,27....-0,27 ...11,39 ......41,45 .....36,67 ....0,30 ..CH0012138605
ALCAN................................◗ .....28,70......28,47 .....0,81..-10,43 ......32,75 .....28,36 ....0,08 ..CA0137161059
GENERAL ELECTRIC #.......◗ .....27,91......27,95....-0,14 .....4,03 ......28,60 .....26,45 ....0,14 ..US3696041033
HSBC HOLDINGS # ..........◗ .....13,13......13,12 .....0,08 .....5,55 ......13,30 .....12,32 ....0,10 ..GB0005405286
IBM.....................................◗ .....71,85......72,30....-0,62 .....0,07 ......74,20 .....70,00 ....0,12 ..US4592001014
MERCK AND CO #............◗ .....22,70......22,57 .....0,58 ....-3,40 ......24,14 .....21,20 ....0,24 ..US5893311077
NESTLE # ...........................◗ ...203,50 ...203,50.......n/d .....5,17....204,60 ...192,40 ....3,01 ..CH0012056047
SCHLUMBERGER #...........◗ .....56,00......56,15....-0,27 ...14,75 ......57,40 .....47,75 ....0,14..AN8068571086
SONY CORP. # ..................◗ .....28,80......29,21....-1,40 .....2,49 ......30,00 .....27,75 ....0,08....JP3435000009
.....................................................................................................................................................................................
Cours en euros. VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO et HORS ZONE EURO : une sélection.
◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). En gras : CAC40. # : valeur faisant l'objet
d'un contrat d'animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2005. n/d : valeur non disponible.
Valeur
Cours de clôture (¤)
% var.
Meilleures performances
IMMOB.HOTEL. #..............................2,29 .......23,78
COFIDUR #.........................................1,23 .......19,42
UNION TECH.INFOR. ........................0,76 .......15,15
UNION FIN. DE FCE ........................40,67 .......14,24
CONFLANDEY # ..............................17,50 .......12,83
GUY DEGRENNE # ............................6,90 .......10,22
CHAUSSERIA (LY) ..............................3,85 .......10,00
UGIGRIP .............................................6,15..........7,52
FINUCHEM # ...................................63,10..........6,95
BOURGEOIS (LY) # ............................3,49..........6,73
THERMOCOMPACT #.....................19,80..........6,45
AUBAY ................................................4,71..........6,08
HOT.REG.PARIS NOM ....................28,50..........5,56
SETFORGE ........................................39,90..........5,56
A NOVO # ..........................................1,35 ........-1,46
AUFEMININ.COM ...........................10,85 ........-4,82
AVENIR TELECOM #..........................3,39..........3,67
BAC MAJESTIC...................................0,25 .......13,64
CARRERE GROUP ............................16,50..........3,45
CEREP #............................................12,87 ........-1,98
CLIENT CENTER ALL. .........................3,48 ........-8,18
DEVOTEAM # ..................................17,20 ........-3,37
EUROFINS SCIENT. .........................20,04 .......11,46
HI MEDIA ...........................................2,66 ........-1,48
ILOG # ..............................................11,56..........1,31
INFO VISTA ........................................5,47..........1,48
LINEDATA SERVICES# ....................17,18 ........-1,15
LYCOS EUROPE..................................0,86 .......10,26
METROLOGIC GROUP #.................44,23 ........-0,61
NET2S #..............................................3,99 ........-0,25
SODITECH ING. .................................4,45 .......15,58
SOITEC................................................7,10..........1,43
SQLI.....................................................2,24..........0,00
VALTECH #.........................................0,96..........0,00
Plus
bas
VALEURS INTERNATIONALES ZONE EURO
14/2 : volume d'échange non disponible
Plus forts volumes d'échange
Plus
haut
SPIR COMMUNIC. #.........◗ ...147,00 ...146,80 .....0,14 .....1,87....158,40 ...137,00 ....3,30 ...FR0000131732
SR TELEPERFORMANCE ...◗ .....21,89......21,74 .....0,69 ...12,84 ......21,98 .....19,16 ....0,15 ...FR0000051807
STERIA GROUPE #............◗ .....33,24......33,19 .....0,15 ...12,68 ......34,30 .....29,70 ....0,22 ...FR0000072910
SUCR.PITHIVIERS ............... .........n/d ...605,00.......n/d .....2,54....635,00 ...577,00..17,00 ...FR0000033318
SUEZ...................................◗ .....21,41......21,53....-0,56 .....9,12 ......21,90 .....18,77 ....0,71 ...FR0000120529
TAITTINGER ........................ ...241,90 ...241,00 .....0,37 ...12,46....248,00 ...215,50 ....2,60 ...FR0000037202
TECHNIP ............................◗ ...128,00 ...128,10....-0,08 ....-5,88....136,00 ...121,30 ....2,00 ...FR0000131708
TF1 .....................................◗ .....25,97......25,86 .....0,43 .....8,43 ......26,05 .....23,91 ....0,65 ...FR0000054900
THALES ..............................◗ .....34,60......34,01 .....1,73 ....-2,04 ......35,95 .....33,72 ....0,75 ...FR0000121329
THOMSON.........................◗ .....19,74......19,64 .....0,51 .....1,49 ......20,06 .....18,08 ....0,26 ...FR0000184533
TOTAL ................................◗ ...171,90 ...171,80 .....0,06 .....6,97....172,20 ...158,00 ....2,40 ...FR0000120271
UBISOFT ENTERTAIN .......◗ .....31,77......31,80....-0,09 ...19,48 ......33,12 .....24,62 .....n/d ...FR0000054470
UNIBAIL (CA).....................◗ .....96,70......97,15....-0,46..-16,49....115,70 .....88,20 ....0,90 ...FR0000124711
UNILOG .............................◗ .....57,10......56,40 .....1,24 ...16,51 ......57,50 .....49,10 ....0,45 ...FR0000034662
VALEO................................◗ .....33,48......33,60....-0,36 .....8,70 ......34,20 .....30,25 ....1,05 ...FR0000130338
VALLOUREC.......................◗ ...162,00 ...160,00 .....1,25 ...47,27....162,40 ...100,20 ....1,60 ...FR0000120354
VEOLIA ENVIRON.............◗ .....27,19......27,20....-0,04 .....2,10 ......28,42 .....25,21 ....0,55 ...FR0000124141
VICAT................................... .....97,00......97,00.......n/d ...16,87 ......98,00 .....83,10 ....1,20 ...FR0000031775
VINCI..................................◗ ...116,40 ...115,90 .....0,43 ...17,81....116,80 .....98,60 ....1,20 ...FR0000125486
VIVENDI UNIVERSAL .......◗ .....24,84......24,85....-0,04 .....5,75 ......24,95 .....23,23 ....1,00 ...FR0000127771
WENDEL INVEST. .............◗ .....60,95......60,90 .....0,08 ...13,18 ......61,10 .....53,70 ....1,05 ...FR0000121204
WORMS ET CIE................... .....24,75......25,00....-1,00 .....5,32 ......25,30 .....23,60 ....0,60 ...FR0000063364
ZODIAC..............................◗ .....36,25......36,19 .....0,17 .....5,84 ......36,45 .....32,75 ....0,65 ...FR0000125684
.....................................................................................................................................................................................
.....................................................................................................................................................................................
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.....................................................................................................................................................................................
SECOND MARCHÉ
REPONSE #.........................................4,28 ........-6,96
PERFECT TECHNO REG.....................8,15 ........-6,75
R2I SANTE #.......................................0,85 ........-6,59
PROSODIE BS02 ................................0,53 ........-5,36
ARTPRICE COM # ..............................3,37 ........-5,07
MEDCOST # .......................................9,40 ........-5,05
AUFEMININ.COM ...........................10,85 ........-4,82
% var.
31/12
Plus mauvaises performances
ERMO..................................................4,42 ........-9,61
SIIC DE PARIS 8EME .......................36,51 ........-8,50
TONNA ELECTRO(NY)# ..................11,00 ........-8,41
BOIZEL CHANOINE#.......................63,00 ........-7,89
LE PUBLIC SYSTEME .........................7,40 ........-7,50
APS # ..................................................8,09 ........-5,93
HENRI MAIRE (LY).............................9,40 ........-5,53
NETRA SYSTEMS.............................10,33 ........-5,40
PIER IMPORT .....................................4,12 ........-5,29
MGI COUTIER # ..............................36,00 ........-5,26
NORTENE #......................................26,54 ........-5,21
GPE DIFFUS. PLUS # .......................33,30 ........-4,86
MERMET INDUST.# ........................11,90 ........-4,80
TEAM PARTNERS GRP#....................1,19 ........-4,80
Plus forts volumes d'échange
ALTEN...............................................19,70..........0,72
APRIL S.A.#(LY)................................22,38..........0,13
ASSYSTEM BRIME...........................17,15 ........-2,22
AUDIKA ............................................62,85 ........-4,05
BENETEAU #....................................66,70 ........-0,45
BONDUELLE.....................................75,85 ........-0,85
GIFI ...................................................43,00 ........-3,37
HERMES INTL................................162,50..........0,31
LAFUMA ...........................................66,00 ........-1,93
LECTRA (B) #......................................5,50..........1,85
M6-METROPOLE TV .......................22,20..........1,69
MANITOU #.....................................28,80..........1,37
MEDIDEP # ......................................24,00..........2,08
MR BRICOLAGE...............................19,10 ........-0,26
ORCO PROPERTY GRP....................45,65..........3,05
ORPEA ..............................................28,17 ........-2,86
PIERRE VACANCES # ......................91,10 ........-0,11
RALLYE..............................................40,80 ........-0,02
RODRIGUEZ GROUP # ...................43,57..........1,25
TRIGANO..........................................65,70 ........-1,87
(Publicité)
SICAV ET FCP
SÉLECTION publiée sous la
responsabilité de l'émetteur
Dernier cours connu le 15/2 à 9h
Valeur
AGIPI ACTIONS
AGIPI AMBITION
Cours
en euro
date
valeur
20,54
23,86
14/2
14/2
18,43
12,96
19,15
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
13/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
EURCO SOLIDARITE
MONELION JOUR C
MONELION JOUR D
SICAV 5000
SLIVAFRANCE
SLIVARENTE
SLIVINTER
TRILION
263,10
519,40
416,13
131,70
216,73
42,75
113,28
816,29
11/2
14/2
14/2
11/2
14/2
14/2
11/2
14/2
ACTILION DYNAMI.C
ACTILION DYNAMI.D
ACTILION EQUIL.C
ACTILION EQUIL.D
ACTILION PEA DYNAM
ACTILION PEA EQUI.
ACTILION PRUDENCEC
ACTILION PRUDENCED
DYNALION EUROPE
DYNALION ZONE EURO
INTERLION
LION PEA EURO
153,41
136,69
174,10
152,59
54,21
151,47
194,47
171,47
75,12
78,53
287,22
79,70
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
11/2
14/2
14/2
14/2
29,30
14/2
CIC AMERIQUELATINE
188,07
CIC ANTICIPATIONS
575,53
CIC CONVERTIBLES
5,56
CIC EPARCIC
23136,66
CIC EURO OPPORT.
27,49
CIC EUROLEADERS C
31,87
CIC HIGH YIELD
446,36
CIC JAPON
5,97
CIC MARCHES EMERG.
124,98
CIC NOUVEAU MARCHE
3,61
CIC OBLI C.T. D
139,24
CIC OBLI MONDE
133,31
CIC OBLIGATIONS D
26,68
CIC OR ET MAT
154,53
CIC ORIENT
203,90
CIC PEA SERENITE
174,29
CIC PIERRE
61,72
CIC PLAN BOURSE
11,26
CIC PROF.DYNAMIQUE
22,55
CIC PROF.TEMPERE
148,66
CIC SUD EST
752,71
CIC TAUX VARIABLE
218,52
CIC TECHNO.COM
51,47
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
11/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
11/2
11/2
11/2
14/2
14/2
14/2
CIC FRANCE D
Fonds communs de placements
LIV.BOURSE INV.D
NORD SUD DEVELOP.C
NORD SUD DEVELOP.D
CAPITOP MONDOBLIG
151,00
541,23
367,68
14/2
14/2
14/2
61,24
11/2
137,06
426,61
36,04
173,80
146,70
37,28
11,67
122,11
89,94
202,29
175,32
16,41
11/2
10/2
11/2
11/2
11/2
11/2
11/2
11/2
11/2
16/2
11/2
11/2
Fonds communs de placements
ATOUT EUROLAND D
ATOUT EUROPE C
ATOUT EUROPE MONDE
ATOUT FRANCE C
ATOUT FRANCE D
ATOUT MONDE C
ATOUT VERT HORIZON
CAPITOP EUROBLIG C
CAPITOP EUROBLIG D
CAPITOP MONETAIREC
CAPITOP REVENUS
OPTALIS DYNAMIQUEC
11/2
11/2
11/2
Multi-promoteurs
Fonds communs de placements
Fonds communs de placements
ECUR.1,2,3 FUTUR
42,14
ECUR.ACTS EUROPEC
15,27
ECUR.CAPIPREMIEREC
2463,11
ECUR.CAPITAL.C
51,77
ECUR.DYNAMIQUE +
34,06
ECUR.ENERGIE
39,44
ECUR.EURIBOR
1091,65
ECUR.EXPANSION C
16031,30
ECUR.EXPANSIONPLUS
44,87
ECUR.INVEST
46,15
ECUR.MONEPRE.INSTC 103713,98
ECUR.MONEPREMIEREC 2131,23
ECUR.SECURIPREM.C
2296,01
ECUR.SENSIPREMIERC
3035,40
ECUR.TRIMESTRIEL D
279,35
% var.
31/12
OPTALIS EQUILIBREC
OPTALIS EXPANSIONC
OPTALIS SERENITE C
CIC TRESORERIE DYN
CIC USA
CM ACTIONS EURO C
CM EUR.TECHNOLOG.
CM FRANCE ACTIONSC
CM MID-ACT.FRANCE
CM MONDE ACTIONS C
CM OBLIG.COURT T.C
CM OBLIG.LONG T.C
CM OBLIG.MOYEN T.C
CM OBLIG.QUATRE
CM OPTION DYNAM.C
CM OPTION EQUILI.C
1037,90
12,01
11/2
14/2
19,23
2,85
31,12
35,78
231,55
183,37
134,16
404,22
175,83
29,77
60,17
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
21,94
14/2
HDF EUROPE EQUITY
HDF GLOBAL EQUITY
HDF GLOBAL OPPORTU
HDF MULTI ALTERNAT
HDF PATRIMOINE
473,09
387,41
474,16
388,88
423,81
4/2
4/2
10/2
10/2
4/2
ADDILYS C
ADDILYS D
AMPLITUDE AMERIQ.C
AMPLITUDE AMERIQ.D
AMPLITUDE EUROPE C
AMPLITUDE EUROPE D
AMPLITUDE FRANCE C
AMPLITUDE FRANCE D
AMPLITUDE MONDE C
AMPLITUDE MONDE D
AMPLITUDE PACIFI.C
AMPLITUDE PACIFI.D
ELANCIEL EUROD PEA
ELANCIEL FR.D PEA
EM.EUROPOSTE D PEA
ETHICIEL C
ETHICIEL D
GEOBILYS C
GEOBILYS D
INTENSYS C
INTENSYS D
KALEIS DYNAM.PEA C
KALEIS DYNAM.PEA D
KALEIS DYNAMISME C
KALEIS DYNAMISME D
KALEIS EQUILIBRE C
114,44
106,82
18,92
17,78
26,53
24,21
75,93
71,70
177,42
154,82
17,25
15,91
77,12
33,43
24,41
101,77
98,91
141,34
124,79
22,44
17,94
75,59
72,18
207,37
195,59
208,85
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
Fonds communs de placements
CM OPTION MODER.C
FCP Multi-gestion
KALEIS EQUILIBRE D
196,40
KALEIS SERENITE C
202,62
KALEIS SERENITE D
190,19
KALEIS TONUS C
60,95
KALEIS TONUS D
58,05
OBLITYS C
137,39
OBLITYS D
129,63
POSTE GESTION C
2813,63
POSTE GESTION D
2268,77
PRIMIEL EURO C
84,32
PRIMIEL EURO D
80,17
REVENUS TRIMESTR.D
801,08
SOLSTICE D
358,23
THESORA C
220,15
THESORA D
177,24
TRESORYS C
51487,52
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
Fonds communs de placements
DEDIALYS FINANCE
76,14
DEDIALYS MULTI SEC
57,92
DEDIALYS SANTE
78,62
DEDIALYS TECHNO.
22,83
DEDIALYS TELECOM
41,05
POSTE EURO CREDIT
125,88
POSTE EUROPE C
112,06
POSTE EUROPE D
104,46
POSTE PREM.2-3ANSC 10551,83
POSTE PREM.MONET.
7644,20
REMUNYS PLUS
111,08
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
SELECT.DEFENSIF C
SELECT.DYNAMIQUE
SELECT.EQUILIBRE 2
SELECT.PEA 1
SELECT.PEA DYNAM.
SOGEACT EUROPE D
SOGEACT FRANCE DIV
SOGEACT FRANCE RDT
SOGEACT MONDE
SOGEACT OPP FRANCE
SOGEACTIONS FRANCE
SOGEOBL CONV EUROP
SOGEOBL EURO MT D
SOGEOBL REV ANNUEL
SOGEOBL REV TRIM1
SOGEOBL REV TRIM2
SOGEOBL REV TRIM3
198,78
207,52
161,43
176,10
120,19
185,93
64,19
75,44
40,28
449,68
532,16
210,66
100,36
45,07
160,35
158,45
157,83
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
14/2
DECLIC ACT FCE PEA
DECLIC ACT MONDE
DECLIC ACT.EURO
DECLIC ACT.FRANCE
DECLIC ACTEUROPPEA
DECLIC OBLIG EUROP
SOGEACT INDICE FCE
56,93
27,21
13,88
55,08
20,74
18,35
473,29
14/2
14/2
11/2
14/2
11/2
11/2
11/2
Fonds communs de placements
Fonds communs de placements
F&C BIOPHARMA
14,98 14/2
F&C EM MKTS BD USD
11,61 14/2
F&C EUR INFL LINK
10,25 14/2
F&C EURO HI.YLD.BD
15,12 14/2
F&C EURO.CORP.
19,29 14/2
F&C EUROP SM CAP A
10,63 14/2
F&C EUROPEAN EQTY
12,98 14/2
F&C GL CONVER BOND
10,70 14/2
F&C GL REAL ESTATE
13,24 14/2
F&C GL.EMG.MKT.USD
12,93 14/2
F&C GLOBAL EQTY
11,54 14/2
F&C GLOBAL RES.
23,04 14/2
F&C JAPAN.EQTY
21,55 14/2
F&C NORTH AMER EQ.
20,07 14/2
F&C PACIFIC EQTY
26,30 14/2
F&C US SM CAP USD
72,53 14/2
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Régularité dans la performance,
diversité de l’offre, transparence de la gestion
Pour vous informer sur les Sicav et FCP de La Poste :
www.sogeposte.fr
20/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
AUJOURD’HUI
sciences
De nouvelles images en 3D des squelettes humains
Une équipe de physiciens et de médecins français a mis au point une technique de radiologie qui permet de reconstituer en trois dimensions
l’intégralité de l’ossature, tout en réduisant fortement les doses de rayons X pour les patients. Deux prototypes du système fonctionnent déjà
chirurgie orthopédique
C’est en 1996 que Georges Charpak et la société Biospace Instruments ont commencé à s’intéresser
aux possibles applications, dans le
domaine de la radiologie médicale,
des détecteurs gazeux, des systèmes mis au point par ce dernier
pour la physique des hautes énergies et les accélérateurs de particules du Centre européen pour la
recherche nucléaire (CERN) installé à la frontière franco-suisse.
Ces instruments permettent la
conversion, dans un gaz sous pression, de photons X en électrons.
Electrons qui sont ensuite amplifiés et détectés par une chaîne électronique adaptée.
Un premier prototype mis au
point en 1997 avait démontré l’intérêt de la technique, mais aussi révélé ses faiblesses : manque de résolution spatiale des clichés et lenteur
d’obtention
des
données.
« Depuis, de nouvelles technologies
de détecteurs utilisant les circuits
imprimés de haute densité et des
modifications de l’architecture interne des détecteurs ont été développées, expliquent les responsables
de ce projet. Elles permettent des
résolutions de l’ordre de 250 µm parfaitement adaptées à l’imagerie de
l’os. Ces détecteurs fournissent des
images de très grande dynamique,
ou profondeur, c’est-à-dire possédant un nombre de niveaux de gris
discernables très important :
30 000 à 50 000, contre une centaine avec un film classique. »
Les techniques de reconstruction des images en trois dimensions ont été développées conjointement par le laboratoire de biomécanique de l’Ecole nationale des
arts et métiers, le laboratoire de
biomécanique associé au CNRS et
le laboratoire de recherches en
imagerie et orthopédique de Montréal (Canada).
et de profil, du sommet de la tête
jusqu’à la plante des pieds. Il peut
aussi reconstruire en trois dimensions tous les niveaux ostéo-articulaires avec une précision aussi
grande que celle obtenue par les
appareils de tomodensitométrie
conventionnelle.
Une première évaluation a été
menée sur un examen de routine
de radiologie pédiatrique portant
sur le rachis entier de malades
souffrant de scoliose. « Cet examen a été choisi en raison de l’importance des doses délivrées pour
ces clichés de face et de profil, en
particulier au niveau des organes
sensibles, qu’il s’agisse de la moelle
osseuse, des seins ou des gonades,
Les premiers appareils annoncés pour 2006
Créée en 1989 par trois physiciens soucieux de valoriser les travaux de
Georges Charpak, la société Biospace Instruments a, dans un premier temps
via sa filiale Biospace Mesures, développé des techniques d’imagerie moléculaire aujourd’hui utilisées par de nombreuses multinationales pharmaceutiques. C’est à partir du milieu des années 1990 qu’elle s’est intéressée à la
radiologie en collaboration avec différentes équipes de recherche publique.
« Deux prototypes d’EOS sont aujourd’hui en fonction en France et en Belgique. Deux autres le seront sous peu au Canada, précise Marie Meyladier, PDG
de la société. Les premiers appareils seront livrés en 2006 en Europe et aux
Etats-Unis. Leur coût unitaire sera de l’ordre de la moitié de celui d’un scanner
de dernière génération. » Actuellement en phase de recapitalisation, Biospace Instruments emploie une quinzaine de personnes.
A l’occasion de la présentation à
l’Académie nationale de médecine,
les docteurs Jean Dubousset,
Gabriel Kalifa et Solène Ferey
(hôpital
Saint-Vincent-de-Paul,
Paris) ont développé les principaux
avantages de cette technique d’imagerie opérationnelle depuis 2003.
Elle permet d’abord une réduction
considérable des doses de rayons X
auxquelles le patient est soumis :
de 8 à 10 fois moins que la radiologie conventionnelle en deux dimensions et de 800 à 1 000 fois moins
que la tomodensitométrie tridimensionnelle (ou scanner).
D’autre part, à la différence du
scanner ou de l’imagerie par résonance
magnétique
nucléaire
(RMN), l’examen est effectué alors
que le patient reste en position
debout ou assise. Le radiologue
peut, s’il le juge nécessaire, obtenir des clichés simultanés de face
précise le docteur Dubousset. Il a
aussi été choisi en raison de la fréquence des radiographies souvent
nécessaires pour vérifier le caractère évolutif de ces déformations et
leur contrôle après traitement orthopédique ou chirurgical. »
Pour ses promoteurs, l’EOS ne
devrait pas faire double emploi
avec les appareils d’imagerie par
résonance magnétique. Dans un
premier temps, cette nouvelle
technique permettra de mener de
nouvelles études de la pathologie
ostéo-articulaire, en particulier du
rachis et des membres inférieurs.
Plus généralement, ces images des
squelettes humains pourraient
conduire à une évolution des
indications de la chirurgie orthopédique et des techniques de
correction.
Jean-Yves Nau
biospace instruments
UN PRIX NOBEL est presque
toujours le prestigieux couronnement d’une carrière scientifique. Il
peut aussi déboucher sur le développement de techniques novatrices. Ainsi en est-il du prix Nobel de
physique attribué en 1992 au Français Georges Charpak, récompensé
pour une découverte permettant
de détecter en temps réel et d’analyser les trajectoires des particules
dans le but de mieux connaître la
structure de la matière.
Treize ans plus tard, ce travail est
directement à l’origine de la communication faite, mardi 15 février,
par l’Académie nationale de médecine au sujet d’un nouvel appareil
d’imagerie médicale qui présente a
priori de nombreux avantages.
Baptisé EOS, cet instrument est
le fruit d’une collaboration étroite
entre plusieurs équipes et plusieurs
disciplines scientifiques (physique
des rayonnements, biomécanique)
et médicales (radiologie et orthopédie pédiatrique).
Comparé à la radiologie conventionnelle, le système EOS divise les doses de rayons X auxquelles le patient
est exposé par un facteur de 8 à 10. L’examen est pratiqué en position debout ou assise. Le radiologue
peut ensuite reconstruire en trois dimensions, et avec une grande précision, tous les niveaux ostéo-articulaires.
trois questions à ... guy frija
1
La Fondation d’entreprise TEVA soutient la recherche contre le cancer
Appel à projets 2005
La Fondation d’entreprise TEVA a pour objet de promouvoir la recherche
contre le cancer et de favoriser l’interdisciplinarité. Elle a pour ambition de
faciliter toute réflexion et action de nature à faire évoluer la connaissance de
la maladie, le suivi et la prise en charge des patients et de leur entourage.
Les projets soumis seront réalisés sur le territoire français et concerneront des
cancers qui constituent de véritables enjeux de santé. Ils seront publiables.
Ils devront mettre le patient au centre de notre pôle d’intérêt et s’inscrire plus
particulièrement dans quatre domaines :
- Epidémiologie, incidence et mortalité,
- Représentations et conséquences sociales de la maladie,
- Qualité de la prise en charge,
- Coût social de la maladie.
Une attention toute particulière sera accordée aux projets qui s’intéressent
plus précisément au « décloisonnement » de la pratique oncologique et au
rôle des nouveaux acteurs.
Cet appel à projet s’adresse à toutes les initiatives de recherche dans les
domaines prédéfinis, quelles que soient les équipes, et favorisera chaque fois
que possible l’interdisciplinarité.
Les candidats sont invités à présenter avant le 15 mars 2005 une déclaration
d’intention de 2 à 3 pages décrivant le projet, comportant les références
scientifiques des personnes concernées, un planning de réalisation et une estimation budgétaire.
Les candidats dont le projet a été sélectionné à l’issue de cette première étape
seront avertis par lettre et seront invités à présenter un dossier complet, les
membres de la Fondation se réservant la possibilité de suggérer des regroupements de projets qui leur paraîtraient pertinents, ou un financement sur 2
ans pour des projets particulièrement ambitieux
Les déclarations d’intention et les dossiers définitifs devront être adressés en
3 exemplaires à l’attention de Anne Baille, secrétaire de la Fondation Teva,
Immeuble Palatin 1, Cours du Triangle 92936 Paris La Défense, ou par voie
électronique à : [email protected]
Les statuts de la Fondation TEVA sont accessibles sur demande à :
[email protected]
Collège des personnalités qualifiées de la Fondation d’entreprise Teva
Pr Moïse Namer, Cancérologue (Président) - Pr Gérard Salem, Professeur des
Universités Paris X (Vice Président) - Claudia Bigard, Psychologue - Philippe
Bourget, Chef du département de pharmacie clinique IGR - Gilles BraultScaillet, Président du Collectif des groupements des pharmaciens - Christian
Bréchot, Directeur Général de l’Inserm - Pr Roland Bugat, Cancérologue Sylvie Fainzang, Anthropologue, Directeur de recherche Inserm - Marcel
Goldberg, Directeur de recherche Inserm - Dr Lise Grivois, Vice-présidente
Sida Info Service - Patrick Levy-Waitz, Président Dynargie France - Martine
Valière, Directeur de la stratégie et du développement Institut National du
Cancer - Joanny Vayssette, Président honoraire du Conseil National de
l’Ordre des Pharmaciens
Vous êtes secrétaire général de
la Société française de radiologie. Les derniers résultats obtenus
par la technique EOS, dérivée de la
découverte de Georges Charpak,
constituent-ils une étape majeure
dans l’histoire de la radiologie ?
Il est probablement trop tôt
pour répondre à cette question. En
toute hypothèse il s’agit d’une étape assez importante, compte tenu
des caractéristiques des prototypes mis au point et de la réduction
des doses de radiations auxquelles sont exposés les patients.
Mais ce progrès ne concernera,
en pratique, qu’une fraction de
ces derniers, ceux chez lesquels
nous devons faire des radiographies répétées, comme les
enfants souffrant de scolioses.
C’est à juste titre que les responsables de ce projet ont conduit leurs
premiers travaux chez ces
enfants. Pour ma part, je pense
qu’une telle technologie pourrait,
demain, connaître de nouveaux et
importants développements, bien
au-delà de la seule pathologie
rachidienne et ostéo-articulaire.
2
A quels développements pensezvous ?
Je pense que la réduction des
doses de radiations et l’intérêt
porté au rachis et au squelette,
pour intéressants qu’ils soient,
ont quelque chose de réducteur.
D’autres développements diagnostiques et thérapeutiques peuvent
déjà être envisagés. Dès lors que
les concepteurs de ce procédé
accepteront de ne pas réduire les
doses de radiations, la sensibilité
de la technique pourrait permettre d’améliorer les images que
nous obtenons aujourd’hui des différents tissus de l’organisme.
Couplée avec l’usage que l’on
pourra faire de nouveaux produits
de contraste administrés dans l’organisme, cette technique pourrait
permettre de mieux « voir », de
manière plus fine et plus spécifique.
Pour donner un exemple, des
recherches pourraient être utilement menées en cancérologie,
tout particulièrement pour améliorer l’efficacité des méthodes de
dépistage précoce du cancer du
sein par mammographie.
3
La réduction des doses de radiations délivrées lors des examens
radiologiques n’est donc pas, selon
vous, une priorité ?
Si, mais elle ne concerne qu’une
petite fraction de nos patients.
Pour les autres, la question posée
est avant tout celle du rapport
entre les bénéfices attendus et les
risques encourus. Il faut rappeler
que, du fait des radiations cosmiques, les vols aériens long-courriers induisent un facteur d’exposition nettement plus important
que les radiographies pulmonaires.
Propos recueillis par J.-Y. N.
Siseri suit l’exposition des travailleurs aux rayonnements
EN FRANCE, quelque 250 000
personnes sont exposées à la
radioactivité dans leur activité professionnelle. Le secteur nucléaire,
civil ou militaire, n’est pas seul
concerné : l’industrie, la recherche
et les activités médicales utilisent
elles aussi les rayonnements ionisants. Les travailleurs qui y sont
soumis portent des films dosimétriques et des boîtiers électroniques
capables d’enregistrer l’exposition
externe, et des analyses peuvent
mesurer d’éventuelles contaminations internes.
Mais ce suivi n’était, jusqu’à présent, qu’assez peu opérationnel.
Seul le film, développé une fois
par mois, faisait foi. Un nouveau
« système d’information de la surveillance de l’exposition aux rayonnements ionisants » (Siseri), mis
en service mardi 15 février, devrait
offrir une plus grande réactivité.
Siseri, mis au point par l’Institut de
radioprotection et de sûreté
nucléaire (IRSN), centralisera sur
une base de données le suivi
dosimétrique de tous les travailleurs soumis aux rayonnements ionisants.
Ces informations seront accessibles en ligne aux médecins du travail, chargés du suivi sanitaire des
travailleurs, sur une base hebdomadaire. « L’intérêt de Siseri est de
leur permettre de connaître les
doses reçues par leurs patients,
même si ceux-ci se déplacent et
changent de chantier », précise
Alain Rannou (IRSN).
Les « personnes compétentes en
radioprotection » à qui, au sein des
entreprises, est confiée la gestion
prévisionnelle et l’optimisation
des doses reçues lors des chantiers
accéderont également aux données Siseri.
Ce système a tardé à se mettre
en place, notamment en raison du
retard de la France à se conformer
à une directive européenne de
1996, dont les derniers arrêtés
d’application sont toujours attendus…
doses limites
La dosimétrie opérationnelle a
longtemps fait figure d’épouvantail, certains craignant qu’elle ne
constitue un instrument de gestion
de l’emploi par la dose, les travailleurs qui approcheraient des
limites (20 millisieverts par an) risquant d’être écartés. La législation,
qui interdit les contrats précaires
pour les personnes affectées à des
travaux sous rayonnement, supprime, en principe, ce risque.
Les statistiques les plus récentes
relatives aux niveaux d’exposition
concernent 2003. Sur les 250 000
personnes « surveillées », 90 %
avaient reçu une dose inférieure à
1 mSv, limite admise pour le
public. Seules 103 avaient dépassé
une dose de 20 mSv, dont 18 se
situant au-delà de 50 mSv.
Les entreprises du nucléaire semblent paradoxalement plus sûres
que le secteur médical, en particulier la radiologie et la radiothérapie : 46 personnes travaillant dans
ce secteur avaient reçu plus de
20 mSv. « Il reste des “marges de
progrès” », commente M. Rannou.
Hervé Morin
(Publicité)
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/21
22/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
AUJOURD’HUI sports
olympisme
b
La candidature de la capitale du Royaume-Uni est portée par le double champion olympique (1980 et 1984) britannique du 1 500 mètres
« London 2012 », la course d’obstacles de Sebastian Coe
l’épouse du premier ministre britannique Tony Blair, aurait violé récemment l’interdiction du CIO de railler
les autres villes en lice en se
moquant de la candidature de
Paris, lors d’une conférence en Australie. « Que savent les Parisiens en
matière de culture ? », aurait-elle
déclaré, mettant les défenseurs du
projet britannique dans l’embarras.
S’ajoutent les résultats d’un sondage publié le 14 février, qui montrent
que 60 % des hôteliers, tenanciers
de pub et restaurateurs estiment ne
pas disposer du personnel qualifié
suffisant pour répondre aux
besoins d’une clientèle internationale exigeante.
Les médias britanniques, de surcroît, ne facilitent pas la tâche de la
candidature de Londres. Ainsi, il y a
quelques mois, la télévision publique, la BBC, a consacré une émission à la « corruption » qui sévirait
au sein du CIO, ulcérant bon nombre de délégués.
Ces dernières péripéties s’ajoutent à d’autres handicaps. Le forfait
du Royaume-Uni pour l’organisation des championnats du monde
2004 d’athlétisme, faute d’un stade
à la hauteur de l’enjeu, a fait mauvaise impression. Ce raté souligne
tal, est parvenu à débaucher deux
firmes associées de près à la France : EDF Energy (filiale britannique
d’EDF, qui soutient également la
candidature de Paris) et la Bourse
Euronext, qui regroupe les places
de Paris, Amsterdam, Bruxelles et
Lisbonne. Euronext, il est vrai, souhaite actuellement reprendre la
Bourse de Londres, le London
Stock Exchange.
david sandison / « the independent »
LONDRES
de notre correspondant
Les coureurs de demi-fond sont
des durs au mal. Sebastian Coe,
double champion olympique du
1 500 mètres (1980 et 1984), n’est
donc pas homme à se décourager.
Depuis qu’il a accepté de porter la
candidature de Londres aux Jeux
olympiques de 2012, le Britannique
ne cesse pourtant de se heurter à
des obstacles.
Avant d’accueillir la commission
d’évaluation du Comité international olympique (CIO), du 16 au
19 février, il veut rester optimiste.
« Les personnes dont je reconnais le
jugement en la matière – il s’agit évidemment de membres du CIO, mais
aussi de personnes qui ont suivi le dossier au jour le jour – pensent que
nous avons considérablement réduit
l’écart [avec les villes concurrentes]
ces derniers mois », affirme-t-il.
Les crises, depuis l’annonce de la
candidature de Londres, se sont
enchaînées les unes aux autres sur
les bords de la Tamise.
Il y eut d’abord la gaffe de la Reine exprimant des doutes sur les
chances de Londres (Le Monde du
17 janvier) d’organiser les épreuves
de 2012. Ensuite, Cherie Blair,
Sebastian Coe, dans son bureau du quartier de Canary Wharf, à Londres, au bord de la Tamise.
L’ancien athlète a acquis une expérience politique dans les rangs conservateurs entre 1992 et 2001.
une nouvelle fois le fiasco de plusieurs grands chantiers britanniques, à l’instar du Dôme du Millénaire ou de la rénovation des thermes de Bath.
La commission d’évaluation du CIO à Londres du 16 au 19 février
Composition : la commission
d’évaluation du Comité
international olympique (CIO) est
composée de 13 membres
représentant toutes les
composantes du mouvement
olympique : CIO, fédérations
internationales, comités
nationaux, athlètes, Comité
international paralympique,
organisateurs d’anciennes
éditions des Jeux olympiques (JO)
et experts. Elle est présidée par
l’ancienne championne
b
olympique marocaine du 400 m
haies, Nawal El Moutawakel.
b Mission : sa tâche est de
vérifier les informations
contenues dans les dossiers de
candidature, de déterminer si les
plans sont réalisables et de
procéder à une évaluation
globale des risques.
b Programme : les cinq villes ont
déjà répondu aux 194 questions
qui leur étaient posées par le
CIO. Elles y ont joint les annexes
comprenant, notamment, les
garanties financières et
juridiques de leurs autorités
nationales.
La commission d’évaluation s’est
rendue à Madrid du 3 au 6 février.
Elle séjournera à Londres du 16 au
19 février, puis à New York (21-24
février), à Paris (9-12 mars) et à
Moscou (14-17 mars).
Elle rendra un rapport un mois
avant l’élection de la ville hôte,
qui servira aux 120 membres du
congrès du CIO pour se décider,
le 6 juillet, à Singapour.
Dénonçant le plan de développement urbain de la Lower Lea Valley,
la région de Stratford, dans l’Est de
la capitale, qui est pressentie pour
accueillir le parc olympique, les militants d’une organisation écologiste
baptisée « Les usagers des marais
de Hackney » ne cessent d’invectiver « London 2012 ». « Nous
n’avons pas besoin de ces Jeux olympiques. Londres est déjà l’ombilic du
monde. A l’inverse de Barcelone ou
de Sydney, notre cité n’a rien à prouver », affirme Simon Jenkins, chroniqueur éminent du quotidien The
Times, qui conteste lui aussi l’opportunité de tenir les Olympiades dans
une mégapole qui connaît une croissance si rapide.
Lord Coe, que l’on peut croiser
dans le quartier des affaires de Londres, la City, portant la candidature
de la capitale du Royaume-Uni, reste pourtant inébranlable. C’est la
détermination du tueur sous des
airs de gentleman. « La compétition
sera très serrée. Mais nous avons un
projet fantastique. Londres finira par
l’emporter », déclare-t-il. A 48 ans,
ce chairman à l’œil attentif ressemble toujours à l’athlète exceptionnel qu’il fut, l’expérience politique
en plus. « Seb », comme il préfère
être appelé, a mené au pas de course, mais avec moins de succès, une
seconde carrière de politicien
conservateur entre 1992 et 2001.
A l’écouter, hôtels, stades, autoroute, liaison ferroviaire rapide :
tout sera prêt pour le jour J. Avec
entêtement, il a battu le rappel des
politiques, peu enthousiastes au
départ. Parmi les grands sponsors,
ce meneur tranchant, parfois bru-
60 % des hôteliers et
restaurateurs estiment
ne pas disposer
d’un personnel
qualifié suffisant pour
accueillir une clientèle
internationale
exigeante
D’après nos informations, lors
du premier tour, Londres compte
faire le plein des voix des pays du
Commonwealth, sa famille d’outremer, et de la Scandinavie. Ensuite,
en cas d’élimination de New York,
les Etats-Unis et leurs alliés
devraient reporter leurs voix sur la
cité anglophone. Londres, dit-on,
compte aussi sur l’ancien chef du
CIO, le Catalan Juan Antonio Samaranch, qui reste influent.
Et la candidature de Paris, que
même les bookmakers anglais considèrent comme la grande favorite ?
Lord Coe préfère évacuer la question par un sourire de courtoisie.
Marc Roche
A un an des Jeux d’hiver 2006, Turin doit
combler son retard et boucler son budget
LE SOUTIEN est de poids. C’est
Jacques Rogge en personne, le
président du Comité international
olympique (CIO), qui a pris cette
fois la défense de Turin. Il y a quelques semaines, pourtant, l’institution de Lausanne n’avait pas hésité à adresser des remontrances à
la ville hôte des Jeux olympiques
(JO) d’hiver de 2006. Trop de
retard par rapport au calendrier
prévisionnel, avait alors reproché
le CIO.
Un retard qui a dû être prestement comblé depuis. « 78 % des
sites sont déjà opérationnels », s’est
en effet réjoui, vendredi 11 février,
M. Rogge. « Le CIO est très satisfait
des préparatifs des Jeux », a-t-il souligné. Jeudi 10 février 2005, soit
365 jours avant le début des épreuves, c’est donc quelque peu rasséréné que le comité d’organisation,
le Toroc, a pu envoyer les invitations officielles pour les XXes Jeux
d’hiver aux comités nationaux –
qui ont jusqu’au 8 mai pour y
répondre.
Depuis des mois, les embûches
n’avaient cessé de se multiplier sur
son parcours. Il y eut ainsi une
polémique avec le président de la
Fédération internationale de ski,
le Suisse Gianfranco Kasper, à propos des problèmes de transports,
d’hébergement et d’accréditation,
à Sestrières, lors d’une étape de la
Coupe du monde. Il y eut la grève
des salariés de la télévision publique italienne, la RAI, la semaine
dernière, qui obligea les organisateurs des championnats du monde
de Bormio à décaler d’un jour la
tenue de l’épreuve du slalom
géant messieurs. Il y eut les manifestations des ouvriers de Fiat durant les championnats d’Europe
de patinage artistique, en janvier,
qui bloquèrent l’entrée de la patinoire de Turin.
Il y eut encore, et surtout, des
querelles politiques, sur fond
d’élections municipales et législatives – qui auront lieu après les
Jeux – entre, d’un côté, la mairie
de gauche et, de l’autre, le conseil
régional et le gouvernement de Silvio Berlusconi. Des controverses
virulentes. En particulier lorsque
fut décidée la nomination de
Mario Pescante, secrétaire d’Etat
aux sports, comme superviseur de
l’organisation. Une nomination
alors ressentie au Toroc comme
une mise sous tutelle gouvernementale. A l’époque, Valentino
Castellani, le président du comité
d’organisation et ancien maire
(centre-gauche) de la ville, menaça
même de démissionner. Il n’en fit
rien. Il y eut enfin, en novembre,
une perquisition de la police dans
les locaux du Toroc dans le cadre
d’une enquête sur des irrégularités
financières présumées. Dossier
pour l’instant sans suite.
épreuves tests
Et ce n’est pas tout : le comité
organisateur a dû faire face à un
déficit de 180 millions d’euros par
rapport à son budget prévisionnel.
« Le gouvernement s’est engagé à
couvrir cette somme de 180 millions
d’euros, explique Evelina Christillin, vice-présidente du Toroc. Mais,
franchement, cela n’est pas majeur.
Cela représente notamment 90 millions d’euros qui étaient censés provenir à l’origine des entreprises semipubliques [postes, chemins de fer,
etc.] et qui n’ont pas été débloqués.
Reste encore 60 millions d’augmentation des coûts, soit 5 % du budget
prévisionnel. Ce n’est pas un chiffre
phénoménal. On ne peut pas bloquer les Jeux pour 60 millions
d’euros. » Soit. Cependant, vendredi 4 février, faute de quorum, le
vote du budget a dû être reporté à
une date ultérieure.
Heureusement pour la capitale
piémontaise, il y eut aussi quelques heureux événements dans le
parcours olympique. A l’occasion
des épreuves tests, championnats
d’Europe de short-track et de patinage artistique, disputés en janvier, les tribunes du Palazzo Vela
affichèrent complet.
Si le patinage artistique est habitué aux travées garnies, ce n’est en
revanche pas le cas du short-track,
en général très confidentiel. Il est
vrai que, pour le coup, Turin est
plutôt gâtée : deux des meilleurs
patineurs européens sont originaires de la cité. Fabio Carta a ainsi
remporté pour la septième fois de
suite le titre chez les hommes. Mar-
ta Capurso, elle, a pris la troisième
place du classement féminin.
« Notre première satisfaction est
de constater que le public a répondu
à l’appel, pouvait se réjouir Evelina
Christillin. Si nous avions pu mettre
en vente le double de billets, nous les
aurions écoulés. C’est une audience
inattendue. Les Turinois sont pourtant réputés pour être un peu froids,
et même le Stadio delle Alpi est loin
d’afficher complet quand joue la
Juventus. Là, en dépit des problèmes
de transports et de parking, les spectateurs ont répondu présent. Nous
avons aussi organisé une “épreuve
test” pour la billetterie. Du 4 novembre au 19 décembre, les premières
places pour les Jeux ont été mises en
vente. Durant ce mois et demi, la
moitié des billets sont partis. »
Depuis le « meno uno » (« moins
un ») du 10 février 2005, qui marquait l’entrée dans la dernière
année avant les JO, la vente des
billets est repartie.
Olivier Zilbertin
dépêches
FOOTBALL : la commission
supérieure d’appel de la Fédération française de football a confirmé, lundi 14 février, la décision
prise en première instance de
condamner le Paris-Saint-Germain
à disputer un match à domicile à
huis clos. Il s’agira de la rencontre
de Ligue 1 entre le PSG et Bastia, le
26 février. Cette sanction fait suite
au comportement violent d’une
partie des supporteurs parisiens
lors d’un match face à Metz, le
18 décembre.
a Arsenal s’est facilement imposé face à son rival londonien
Crystal Palace (5-1), lundi
14 février, en match décalé de la
27e journée de la Premier League
anglaise.
a RUGBY : Imanol Harinordoquy, Aurélien Rougerie, Yannick
Jauzion et Julien Laharrague ont
été convoqués par Bernard Laporte pour rejoindre le groupe des
22 joueurs appelés à rencontrer le
Pays de Galles, samedi 26 février,
pour la 3 e journée du Tournoi des
six nations.
a
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/23
AUJOURD’HUI psychologie
Jamais l’homme et la femme n’ont eu tant de liberté d’invention
pour construire leur union. Ni tant de difficultés à la faire tenir
Le bois dont on fait les couples
« ILS SE MARIÈRENT et vécurent heureux » ? Les contes d’antan ont mal vieilli. Aujourd’hui,
dans nos sociétés occidentales,
près d’un mariage sur deux se
conclut par un divorce, et les séparations sont sans doute plus fréquentes encore chez les couples
non mariés. Plus qu’une tendance : presque une nouvelle norme
de vie.
Et pourtant, qui oserait affirmer
s’en satisfaire ? Qui ne rêve secrètement, même après une ou plusieurs ruptures conjugales, de rencontrer enfin celui, ou celle, avec
qui « cela marchera » ?
D’autant que, tout de même :
des couples qui franchissent leurs
noces d’étain (10 ans), de cristal
(15 ans) et même de porcelaine
(20 ans), cela existe encore ! Certains irradient plus que d’autres :
amoureux « comme au premier
jour » après des lustres de vie commune, ils semblent connaître ce
« tendre bonheur d’une paix sans
victoire » auquel Verlaine aspirait.
D’autres – l’immense majorité –
avouent avoir été plus ou moins
cabossés par l’amour. Mais ils ont
tenu le coup, pour le meilleur et
pour le pire. Alors on s’interroge :
quel est donc le secret de ces
unions au long cours ? De quel
bois sont faits les couples qui
durent ?
Un couple, cela commence avec
le choix du conjoint. Un choix
désormais libre, dans nos sociétés,
des considérations sociales, religieuses ou financières qu’imposait
autrefois l’entourage. Un choix
individuel donc. Mais qui n’en
continue pas moins, et souvent à
notre insu, de dépendre étroitement du contexte sociopsychologique de chacun. Sera-t-on attiré par
son semblable ? Son contraire ?
Son complément ? Pas de règles
en la matière : les combinaisons
conjugales sont infinies. Mais certains appariements formeront un
lien plus solide que d’autres pour
résister aux intempéries et à l’usure du temps.
« Si les unions passagères
deviennent plus ouvertes, plus hétérogames, observe le sociologue
Jean-Claude Kaufmann, les premiers temps de la vie à deux, en
vérifiant la capacité d’entente entre
les partenaires, fonctionnent ensuite
comme un filtre : une part des
unions les plus atypiques disparaissent (celles qui résistent faisant
preuve d’une capacité amoureuse
exceptionnelle), alors que les plus
homogames (ou les plus complémentaires) se maintiennent plus
facilement. » Mais il arrive aussi
que l’harmonie présidant aux
premières années d’une union
apparemment sur mesure disparaisse insidieusement, au gré de
l’évolution de l’un ou de l’autre.
Qu’est-ce qu’un couple, en effet,
si ce n’est une conjugaison de
désirs et de manières d’aimer ? Et
que savons-nous des raisons et des
façons que nous avons de nous
attacher ? « Supposons que M. Sécure épouse Mme Sécure. Ils tisseront
ensemble un lien léger, ce qui ne
veut pas dire superficiel », estime le
neuropsychiatre Boris Cyrulnik,
qui rappelle dans son dernier
ouvrage (Parler d’amour au bord
du gouffre, éd. Odile Jacob, 2004,
253 p., 21,90 ¤) combien subtile est
l’alchimie des rencontres entre
deux styles affectifs. De tels couples partageront le quotidien avec
bonheur, se séparant momentanément s’il le faut, se retrouvant avec
joie pour se raconter leurs aventures sociales… De même, la rencontre entre M. Peurdeperdre et
Mme Jaimepalavie leur permettra
peut-être à tous deux d’évoluer
favorablement, si « la simple présence stable et morne de madame
sécurise monsieur, qui dynamise
madame ».
Pour que la vie à deux
reste vivable, il faut
savoir – vouloir ? –
négocier ses fantasmes
Mais il se peut aussi que M. Peurdeperdre, acquérant ainsi petit à
petit la sécurité affective dont il
avait manqué dans son enfance,
soit tellement guéri par sa
femme… qu’il se décide à la quitter. Car le couple « partage ce qu’il
invente », qu’il en profite ou qu’il
en souffre.
Ou qu’il en souffre ? Là, sans
doute, se trouve le point de fragilité essentiel de la conjugalité
moderne. L’un comme l’autre
ayant cessé de mettre dans la corbeille commune ses offrandes traditionnelles (le travail et le revenu
du ménage pour l’homme, les
soins domestiques et le liant familial pour la femme), tout se passe
désormais comme si les partenaires, bien souvent, ne voulaient
vivre de leur union que le meilleur.
Comme si quelques grains de
sable venant enrayer les rouages
de leur entente suffisaient à remettre leur avenir commun en question. Comme si chacun, épris d’indépendance, pouvait décidément
se passer de l’autre…
Et l’on détruit d’un coup de pied
le bel édifice par crainte de le voir
se fissurer davantage, plutôt que
de tenter de le consolider.
Pourquoi pas, après tout ? A
cette réserve près que la rupture
ne se fait pas sans souffrance. Ni,
surtout, sans enfants. Des enfants
de plus en plus nombreux, de plus
en plus jeunes à être ballottés d’un
foyer à l’autre, de cellule monoparentale en famille recomposée, au
gré des amours et des désillusions
de leurs parents. Au point que les
thérapeutes de l’âme commencent
sérieusement à s’en inquiéter.
Si l’on constatait, il y a quelques
années encore, que le pic des divorces se situait à la naissance du
deuxième enfant, les séparations
semblent en effet survenir de plus
en plus rapidement. « Des enquêtes récentes soulignent une forte
poussée des divorces précoces,
c’est-à-dire peu après la naissance
du premier enfant », précise le psychiatre Bernard Geberowicz, qui
souligne que les couples ont alors
l’impression « d’exploser en plein
vol ».
Persuadé que « le maintien harmonieux des liens de chacun des
conjoints avec l’enfant demeure un
défi pour les couples qui se séparent », ce thérapeute familial est
bien placé pour savoir combien le
passage du duo au trio met aujourd’hui le couple à l’épreuve. Epreuve d’autant plus mal vécue qu’elle
génère « un sentiment de honte à
faire part des difficultés qui accompagnent un moment censé être parfaitement heureux ».
Une fois passé ce cap, périlleux
entre tous, les conjoints retrouvent en général une certaine vitesse de croisière. Mais non sans
écueils. Sexualité plus difficile, routine de la vie familiale, manque de
projets, jalousie, mensonges, infidélités… Comment les couples qui
durent réussissent-ils cette navigation à vue ? Car, pour les guider,
nulle carte. Si ce n’est celle que
l’un et l’autre acceptent de tracer
ensemble.
« Lorsque l’on s’intéresse à ce que
disent les couples qui vont mal, on
constate qu’une grande part des relations conjugales est sous-tendue par
des idéologies », affirme le psychiatre et psychothérapeute Gérard
Apfeldorfer. « Il y a l’idéologie du
grand amour (ne souffrant aucune
imperfection), celle du conjoint
“prestataire de services”, celle du
couple totalitaire dans lequel il faut
tout se dire, tout partager… »
Mais, pour que la vie à deux reste vivable, il faut savoir – vouloir ?
– négocier ses fantasmes. Faire des
efforts, être généreux. Et bâtir, à
force de routines et de rituels,
« une intimité qui sépare le couple
« Ça tient », par Quentin Bertoux.
du reste du monde ». Une histoire
commune qui, au fil du temps,
fournira une identité à chacun de
ses membres.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Affaire de chance, de conviction…
et de qualité de vie. Selon une
récente étude de l’université
anglaise de Warwick (Le Monde du
7 septembre 2004), les hommes et
les femmes sans conjoint boivent
trop, travaillent trop, sautent des
repas et manquent de stabilité
affective.
Conséquence : d’après cette
enquête, réalisée pendant sept ans
auprès de 10 000 citoyens britanniques, les hommes célibataires stables présentent 10 % de risques
supplémentaires de mortalité, et
les femmes dans la même situation 4,8 %. Pour vivre vieux, vivons
à deux…
Mais qui donc passe l’aspirateur ?
Catherine Vincent
Catherine Serrurier, conseillère conjugale et thérapeute de couple
« La peur de l’autre sexe, compagne invisible du désir »
Dans votre dernier livre, C’est
de ta faute ! (éd. Desclée de
Brouwer, 162 p., 18 ¤), vous soulignez que les relations sexuelles
sont par excellence le lieu du
décalage entre les partenaires
d’un couple. Est-ce à dire que
quand le sexe va, tout va ?
Spontanément, je réponds oui !
Le sexe est un moyen d’expression
extraordinaire, peut-être le premier. Si un couple parvient à bien
communiquer sur ce plan-là, cela
veut dire en général qu’il communique aussi verbalement et dans ses
actes. La sexualité présuppose toujours une confiance, un abandon :
lorsqu’elle fonctionne bien, c’est la
preuve qu’il existe dans le couple
une réelle harmonie.
S’il est un domaine, en effet, où
la différence entre hommes et femmes s’exprime dans toutes ses
contradictions, c’est bien celui-ci !
Et l’éternel malentendu entre celui
dont la sexualité est « toujours prête » et celle dont les priorités sont
ailleurs ne peut que semer ses graines de discorde. Surtout si l’on
veut ignorer ces différences physiques et psychiques, et que l’on
accumule autour de la sexualité
des griefs respectifs liés à l’incompréhension du comportement de
l’autre. Si on ne s’autorise pas à
penser que cet autre-là, en apparence si familier, peut venir d’une
planète différente de la sienne,
c’est l’impasse !
Et cette différence fondamentale ne serait pas suffisamment
prise en compte par les
conjoints ?
Pas assez pour essayer de se comprendre, du moins chez de nombreux couples qui consultent pour
mésentente… Je suis frappée de
voir à quel point hommes et femme ne se connaissent pas, alors
même qu’ils sont désormais élevés
ensemble, depuis la maternelle jusqu’aux études supérieures. Ils ne
connaissent bien souvent que ce
qui les rassemble, pas ce qui les
sépare. Et cette tendance est
d’autant plus marquée de nos jours
que la différence entre les sexes est
devenue politiquement incorrecte,
alors que tenter de la nier ne fait
qu’amplifier les malentendus entre
partenaires.
De manière générale, l’individualisme forcené de nos sociétés
modernes a entraîné une intolérance croissante vis-à-vis de l’autre
sexe, et une tendance de plus en
plus marquée au désengagement.
Je le constate chaque jour au travers de mes consultations : même
lorsqu’ils sont liés par des sentiments d’amour, même lorsqu’ils
sont de bonne volonté pour faire
durer leur couple, les conjoints passent de plus en plus vite de l’état de
partenaires à celui d’adversaires.
Et quels sont les objets de leur
rivalité ?
Pour l’essentiel, le pouvoir que
chacun exerce sur l’autre – pouvoir
qu’aucune des deux parties, le plus
souvent, n’accepte d’ailleurs de
reconnaître ! Quand je demande :
« Dans votre couple, qui a le plus de
pouvoir ? », il y a généralement un
grand silence… Comme si j’avais
posé une question taboue, une question bien plus indiscrète que celle
qui concerne les rapports sexuels.
Et l’on me répond le plus souvent
que le pouvoir, c’est l’autre !
Alors qu’il s’agit en fait, dans les
couples d’aujourd’hui, de la chose
la mieux partagée. La force physique de l’homme lui confère un pouvoir latent mais incontestable de
domination, assorti d’un pouvoir de
protection. Quant à la femme, elle
possède l’immense pouvoir de la
maternité, dont elle ne se prive pas
d’user – sur ses enfants, voire sur
son homme –, et même d’abuser…
Sans pour autant en admettre la
puissance.
De même, affirmez-vous, les
femmes ignorent à quel point
elles peuvent faire peur aux hommes…
Il s’agit d’une peur archaïque,
très profonde et souvent inconsciente. Peur du sexe féminin, peur
aussi du mystère que représente la
femme… à quoi s’ajoute aujourd’hui la peur – presque consciente
cette fois – des nouveaux pouvoirs
de la femme. Mais les femmes aussi
ont peur des hommes, et doublement : il y a chez elles la même
peur archaïque, parfois très violente, du sexe masculin, ainsi qu’une
peur sociale face au pouvoir traditionnel des hommes. Dans un couple durable, cette peur inconsciente
que chaque sexe éprouve face à
l’autre est une donnée de base.
C’est la compagne invisible du
désir, et elle n’est jamais indifférente à la genèse des conflits.
Peur, pouvoir, rivalité… Dépasser ces mouvements intérieurs
permet-il d’éviter la guerre des
sexes ?
Les dépasser, ce n’est pas toujours possible. Mais les reconnaître, les accepter comme tels, c’est
déjà avancer d’un grand pas vers
l’autre. De même est-il essentiel à
la bonne santé d’un couple de préserver des moments d’intimité, de
les programmer de façon volontaire – même si le repassage n’est pas
terminé, même si le match à la télé
va commencer. D’apprendre à se
parler, à s’écouter. Avec une seule
condition incontournable : le désir
réel, profond, d’établir ou de maintenir une relation de confiance.
Propos recueillis par C.V.
La sociologie distingue
cinq styles conjugaux
« COUPLES
contemporains :
cohésion, régulation et conflits » :
tel est le titre sous lequel furent
publiés en 2003 les résultats
d’une vaste enquête, menée pendant deux ans par une équipe de
sociologues suisses.
Les conclusions de cette étude,
l’une des plus complètes récemment menées dans ce domaine,
se fondent sur les us et coutumes
de 1 500 couples hétérosexuels
représentatifs de la population
suisse (nationale ou étrangère),
mariés ou non mais vivant ensemble depuis un an au moins. Parmi
les données recueillies figuraient,
notamment, les réponses des
hommes et des femmes constituant ces unions, interrogés séparément sur la base d’un long questionnaire standardisé.
De cette observation minutieuse des interactions conjugales,
Jean Kellerhals, Eric Widmer et
René Levy, professeurs de sociologie aux universités de Genève et
de Lausanne, ont dégagé cinq profils-types, qu’ils considèrent comme les principaux styles conjugaux contemporains. A chacun de
retrouver celui dont il se sent le
plus proche…
456 le style bastion : le couple
insiste sur son unité plutôt que
sur la singularité de ses membres.
Différences de genres et routines
quotidiennes sont assez rigidement définies. Plutôt jaloux de
leur intimité, les conjoints maintiennent cependant un certain
contact avec l’environnement.
Valeurs dominantes : solidarité,
stabilité et sécurité.
Pour en savoir plus
b Mesure et démesure du
couple, de Jean Kellerhals, Eric
Widmer et René Levy. Payot,
2004, 274 p., 16 ¤.
b Le Baby-clash, de Bernard
Geberowicz et Colette Barroux.
Albin Michel, coll. « Questions
de parents », 266 p., 14,90 ¤
(à paraître début mars).
b Les Relations durables, de
Gérard Apfeldorfer. Odile
Jacob, 2004, 280 p., 21,50 ¤.
b Sociologie du couple, de
Jean-Claude Kaufmann. PUF,
1993, coll. « Que sais-je ? ».
456 le style cocon : clos sur luimême et égalitariste, le couple a
pour principal objectif de
construire son nid, duquel il éloignera autant que possible le bruit
extérieur. A l’intérieur de cette
bulle, les espaces et les rythmes
sont bien définis et accentuent le
sentiment de sécurité. Autre
signe distinctif : un manque d’intérêt partagé pour les fonctions
externes de l’union.
456 le style association : la
normativité y est assez faible. Le
couple, très ouvert sur l’extérieur, répugne aux routines et
rejette toute organisation du travail fondée sur la différence des
genres. Valeurs dominantes : la
négociation et la communication.
La notion d’échange semble ici
plus pertinente que celle de partage.
456
le style compagnonnage :
comme dans les styles bastion et
cocon, le couple met l’accent sur
la fusion, mais le projet central
apparaît ici être l’ouverture vers
l’extérieur, vers une communauté
dans laquelle on s’investit à deux.
Souplesse en matière d’organisation conjugale, volonté affirmée
d’égalité, refus de la routine : le
partage équitable l’emporte sur
la négociation.
456 le style parallèle : l’unité
du couple est bâtie sur la complémentarité des fonctions et la fermeture par rapport à l’environnement plutôt que sur la communauté des esprits ou des cœurs.
La hiérarchie des genres est plus
marquée qu’ailleurs et la routine
est valorisée. Sécurité et ordre
sont les maîtres mots de ce genre
d’union.
Selon les auteurs de cette classification – qui ne reflète, bien sûr,
que des tendances –, les types
« parallèle » et « association », qui
se distinguent par une fréquence
de disputes et de problèmes relationnels bien supérieurs à la
moyenne, sont ceux chez lesquels
la conjugalité va le moins de soi.
Le type « compagnonnage »,
quant à lui, pourrait servir de
modèle : il totalise le plus faible
taux de conflits comme de séparations.
C. V.
24/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
météo-jeux
Plus de soleil
à l’ouest mais
froid partout
16 FÉVR. 2005 PRÉVISIONS
Ville par ville, les minima/maxima de
température et l’état du ciel. S : ensoleillé;
N : nuageux; C : couvert; P : pluie; * : neige.
FRANCE métropole
Ajaccio ................
2/11 P
0/5 N
Biarritz ...............
-1/5 N
Bordeaux .........
Bourges ............. -2/0 N
Brest .....................
1/6 N
Caen .....................
2/3 N
2/5 N
Cherbourg ......
-2/0 *
Clermont-F. ....
-2/0 *
Dijon ....................
-6/3 *
Grenoble ..........
-3/-1 *
Lille ........................
Limoges.............
-4/-1 *
-2/1 *
Lyon ......................
Marseille ..........
-2/7 N
-2/0 *
Nancy ..................
-1/5 N
Nantes ................
Nice....................... 2/10 N
Paris...................... -2/0 N
-2/1 *
Pau ........................
1/7 S
Perpignan ........
0/5 N
Rennes................
-3/0 *
St-Etienne .......
-1/0 *
Strasbourg......
Toulouse........... -2/2 N
-1/1 N
Tours ....................
mercredi 16 février
Lever du soleil à Paris : 7 h 58
Coucher du soleil à Paris : 18 h 12
Un anticyclone est situé sur le proche
Atlantique tandis qu’une dépression est
centrée sur l’Italie, dirigeant des masses
d’air humides et instables par l’est du
pays. Le temps hivernal et froid persiste
sur le pays avec quelques chutes de neige
faible en plaine sur le Nord-Est.
Bretagne, pays de Loire, Basse-Normandie. Les nuages et les belles éclaircies alterneront. Le vent de nord-est sera
modéré près des côtes de la Manche.
Températures de 4 à 6 degrés l’aprèsmidi.
Nord-Picardie, Ile-de-France, Centre, Haute-Normandie, Ardennes.
Près des côtes de la Manche orientale, le
ciel sera nuageux par moments avec quelques averses de pluie et neige mêlées.
Ailleurs, les nuages et les éclaircies alterneront. Températures de 2 à 4 degrés.
FRANCE outre-mer
Cayenne ............ 24/30 P
Fort-de-Fr. ....... 23/28 P
Nouméa............ 26/31 P
Papeete ............. 26/29 P
Pointe-à-P. ..... 22/26 P
St Denis Réu.. 25/30 P
Champagne, Lorraine, Alsace, Bourgogne, Franche-Comté. Les nuages resteront nombreux toute la journée avec
quelques averses de neige en plaine le
matin, puis à basse altitude près du relief
l’après-midi. Températures de 0 à
2 degrés.
EUROPE
Amsterdam .... -3/3 N
9/13 P
Athènes.............
4/11 S
Barcelone ........
2/8 N
Belfast ................
Belgrade ........... -5/0 N
-3/1 *
Berlin ...................
Berne ................... -6/-3 *
Bruxelles .......... -3/2 N
0/8 P
Bucarest ...........
-2/2 *
Budapest..........
Copenhague.. -7/-4 N
1/8 N
Dublin .................
-3/2 *
Francfort ..........
-4/1 *
Genève ..............
Helsinki ............. -8/-3 C
8/12 P
Istanbul .............
Kiev .......................
1/4 *
Lisbonne ...........
7/13 S
Liverpool ..........
-4/4 S
1/5 N
Londres..............
Luxembourg . -6/-2 N
Poitou-Charentes, Aquitaine, MidiPyrénées. Les nuages et les belles éclaircies se partageront le ciel toute la journée. Le ciel restera nuageux sur les Pyrénées avec des averses de neige à basse
altitude. Températures de 4 à 6 degrés
l’après-midi.
Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes.
Sur le Limousin, les nuages et les éclaircies alterneront. Ailleurs, le ciel restera
nuageux avec quelques averses de neige
à basse altitude. Températures de 0 à
3 degrés l’après-midi.
Languedoc-Roussillon, ProvenceAlpes-Côte d’Azur, Corse. En Corse, le
ciel sera nuageux avec quelques averses.
Ailleurs, il fera beau avec mistral et tramontane soufflant à 90 km/h en rafales.
Stockholm
Oslo
16 février
16 février
prévisions vers 12h
prévisions vers 12h
Moscou
Riga
Lille
Minsk
Le Havre
-2/9 S
Madrid.................
Milan ..................... -2/10 S
Moscou................ -5/-1 *
Munich ................ -5/-4 *
1/6 N
Naples .................
Oslo ........................ -11/-6 N
2/9 S
Palma de M. ....
Prague .................. -6/-3 *
2/8 N
Rome .....................
Séville .................. 4/14 S
-2/5 P
Sofia ......................
St-Pétersb. ....... -7/-4 C
Stockholm ....... -9/-4 N
Ténérife ............. 15/18 S
-2/2 *
Varsovie ..............
1/7 C
Venise ...................
-2/0 *
Vienne..................
AMÉRIQUES
Brasilia ...............
Buenos Aires
Caracas ...............
Chicago ..............
Lima......................
Los Angeles ....
Mexico ................
Montréal ...........
New York ..........
San Francisco
Santiago Ch. .
Toronto ...............
Washingt. DC
Belfast
Reims
Brest
Liverpool
Paris
Varsovie
Strasbourg
Amsterdam
Londres
Orléans
Nantes
Kiev
Berlin
Troyes
Rennes
Bruxelles
Prague
Tours
Mulhouse
Bourges
Poitiers
Limoges
Dijon
Paris
Odessa
Strasbourg
Vienne
Munich
Budapest
Nantes
ClermontFerrand
Lyon
Berne
Chamonix
Lyon
Bucarest
Milan
Belgrade
Grenoble
Sofia
Istanbul
Toulouse
Bordeaux
Aurillac
Montélimar
Biarritz
21/27 S
19/27 N
24/30 P
-5/1 S
20/25 N
13/17 P
7/25 S
-6/2 P
4/14 P
11/15 N
13/30 S
-8/0 *
3/18 P
Copenhague
Dublin
Toulouse
Rome
Nice
Montpellier
Marseille
Naples
Barcelone
Madrid
Lisbonne
Athènes
Tarbes
Perpignan
Séville
Alger
Ajaccio
Tunis
Rabat
Soleil
Peu nuageux
Brèves éclaircies
Orage
Neige
Averses
Brouillard
Couvert
Pluie
Vent fort
AFRIQUE
4/8 P
Alger .....................
Dakar................... 18/22 S
Kinshasa.......... 22/28 P
Le Caire............... 15/25 N
Nairobi ............... 16/25 S
Pretoria .............. 19/29 S
6/17 S
Rabat ....................
3/9 P
Tunis .....................
ASIE-OCÉANIE
Bangkok ............
Beyrouth...........
Bombay .............
Djakarta ............
Dubaï ...................
Hanoï ...................
Hongkong .......
Jérusalem ........
New Delhi .......
Pékin ....................
Séoul ....................
Singapour ........
Sydney ................
Tokyo ...................
27/34 S
15/21 N
21/30 S
24/30 P
16/20 S
20/27 S
20/22 P
5/17 C
13/23 S
-6/3 N
2/4 P
26/32 P
21/23 P
3/9 P
Jeudi 17 février
De la Bretagne
au Nord, le ciel
sera couvert avec
quelques gouttes.
Le ciel sera
nuageux du Massif
central au Jura
jusqu’aux Alpes du
Nord avec quelques
flocons. Pourtour
méditerranéen
ensoleillé.
Températures
de 0 à 3 degrés
à l’est et de 4 à
8 degrés à l’ouest.
PRÉVISIONS POUR LE 17 FÉVRIER
SITUATION LE 15 FÉVRIER À 0 HEURE TU
PRÉVISIONS POUR LE 17 FÉVRIER À 0 HEURE TU
Quelle langue vivante choisir à l’entrée au collège ?
point que le ministre de l’éducation nationale s’est engagé à augmenter de 20 % la proportion des
élèves germanistes. A Paris, ce
sont les langues dites « rares » (russe, japonais, chinois, vietnamien)
qui permettent aux familles de solliciter une désectorisation… avec
48,3 % seulement de satisfaits.
De fait, le choix est souvent tributaire d’une offre inégalement
répartie sur le territoire. Certains
collèges n’ont qu’une seule langue
en sixième, alors que d’autres en
proposent au moins trois. « Dans
le collège de mon secteur, des
enfants viennent des autres arrondissements parisiens pour étudier le
russe », explique Elise. « J’aurais
préféré l’espagnol, mais il ne démarre qu’en quatrième. Victor fera
donc de l’anglais en sixième. Actuellement, il bénéficie d’une initiation
à l’allemand en CM2, et ce choix
aurait été plus logique, mais j’estime l’anglais incontournable. De
plus, mon fils voit des films américains, et l’anglais, langue de l’infor-
pratique
Tous les mardis
datés mercredi,
des conseils utiles
LES PARENTS d’élèves de CM2
doivent décider avant les vacances
de printemps quelle langue étudiera leur enfant en sixième à la rentrée prochaine. Les raisons de leur
choix peuvent être affectives : origine familiale, attrait pour le pays.
L’objectif peut aussi être utilitaire,
soit qu’on estime telle langue indispensable pour l’avenir de l’élève,
soit qu’on s’en serve pour déroger
à la carte scolaire et orienter l’enfant vers « un bon établissement »
ou « une bonne classe ».
L’allemand a souvent joué ce
rôle par le passé, mais il est actuellement en baisse : 7,9 % des élèves
l’étudient en langue vivante 1 et
13,5 % en langue vivante 2. Les
familles qui ne résident pas dans
des régions frontalières délaissent
cette langue réputée difficile. Au
MOTS CROISÉS
1
2
3
4
PROBLÈME No 05 - 040
5
6
7
8
matique et de l’Internet, lui est déjà
familier. »
Il serait souhaitable d’assurer la
continuité entre l’école et le collège, mais il n’est pas toujours possible de poursuivre en sixième la langue commencée à l’école. De plus
cet enseignement a été mis en place dans le premier degré à partir
de 1989, avec les moyens du bord.
Il est assuré par de multiples intervenants : instituteurs, enseignants
du collège désireux de promouvoir
leur discipline, assistants étrangers, contractuels. La logique n’est
pas toujours au rendez-vous.
Victor, le fils d’Elise, a d’abord
bénéficié pendant deux ans d’une
initiation à l’italien, remplacé par
l’allemand au CM2.
Dans ces conditions, la continuité est une illusion, et les professeurs de collège, qui ne peuvent
pas prendre en compte les acquis
trop différents des élèves, préfèrent repartir de zéro (Le Monde de
l’éducation de février). Autre incohérence, les enfants des commuRetrouvez nos grilles
sur www.lemonde.fr
9 10 11 12
I
VII
microscope. Reste dans son coin.
- 4. Genre littéraire. Hommes de
paille. Ceux d’avant. - 5. Déformées par rétraction. Personnel. 6. Pièce du Nord. Etre en bonne
place. - 7. Profitables. Rouge et
frétillant. - 8. Plutôt agréables à
voir. - 9. Papules, nodules et pustules. Maintiennent en place. 10. Appelé en cas de panne. - 11.
Plate-forme sur bonne voie. Fait
appel. - 12. Gros paquet de
millions.
VIII
Philippe Dupuis
II
III
IV
V
VI
IX
SOLUTION DU N° 05 - 039
X
HORIZONTALEMENT
I. Font de la résistance à l’extérieur. - II. Emporte quand la dose
est trop grosse. Grand dieu. - III.
Sport qui demande bon pied,
bon œil. Ne lâchera rien facilement. - IV. Adorée de tout
temps. Mauvais fond. Prises de
courant. - V. Chercher la petite
bête. Plaisir d’hiver. - VI. Personnel. Mit hors de portée. - VII.
Change chaque année depuis la
maternelle. Accompagne la saison du blanc. - VIII. Chargés
d’électrons. Protection divine.
Mesure jaune. - IX. Assemble les
bouts. Jardin des délices. Tête de
loup. - X. Communique par tous
ses moyens.
VERTICALEMENT
1. Nous en fait voir de toutes
les couleurs. - 2. Coupe-jarrets. 3. Etait le plus petit avant le
Horizontalement
I. Etourdissant. - II. Vautour.
Aléa. - III. Art. Tromblon. - IV. Lira.
En. Long. - V. Unanimité. SE. - VI.
Gelée. UV. - VII. Trésor. Assai. VIII. II. Sterne. Un. - IX. Ornée.
Mosane. - X. Naissain. Mes.
Verticalement
1. Evaluation. - 2. Tarin. Rira. 3. Outrage. Ni. - 4. Ut. Anesses.
- 5. Rot. Ilotes. - 6. Dure-mère. - 7.
Ironie. RMI. - 8. Anon. - 9. Sableuses. - 10. Allô. VS. AM. - 11.
Néons. Aune. - 12. Tangerines.
nes frontalières de la Belgique qui
ont bénéficié d’un apprentissage
du néerlandais à l’école devront
patienter deux ans, avant de retrouver cette langue en quatrième.
classes bilangues
« Lorsqu’on souhaite une telle
continuité, il faut se renseigner sur
les collèges où la langue existe en
quatrième et demander l’inscription
de l’élève dans cet établissement dès
la sixième pour éviter un changement en cours de cursus », conseille
Sylvestre Vanuxem, président de
l’Association des professeurs de
langues vivantes (APLV). Certains
collèges proposent des « groupes
d’entretien » pour maintenir les
acquis. Enfin, on peut anticiper de
la même manière une future inscription dans une « section européenne », où la première langue
bénéficie d’un horaire augmenté
en quatrième, tandis qu’au lycée
une autre discipline (généralement
l’histoire-géographie) est enseignée dans la langue étrangère.
SCRABBLE ®
Des collèges – de plus en plus
nombreux – ont créé dès la sixième des « classes bilangues » où
l’on étudie simultanément deux
langues, dont celle qui a été commencée à l’école. « Il s’agit toujours de l’anglais, couplé avec l’allemand, l’italien ou le portugais, avec
un horaire de deux fois trois heures,
au lieu de quatre heures de LV1
dans une sixième traditionnelle »,
explique Didier Jouault, inspecteur d’académie chargé du second
degré à Paris. Dans l’académie de
Clermont-Ferrand, des classes
bilangues sont même instaurées
dès le primaire et la continuité est
assurée au collège.
De telles possibilités rassureront les familles attachées à l’anglais, étudié comme première langue par plus de 4,7 millions d’élèves, et de moins en moins enseigné comme seconde langue.
« L’anglais m’a trop manqué dans
l’exercice de mon métier pour que
j’en prive mes enfants », raconte
un cadre commercial, résumant
ainsi le sentiment de nombreux
parents. « L’anglais est nécessaire
pour préparer les diplômes techniques, industriels, scientifiques et
commerciaux », reconnaît une inspectrice de l’orientation.
Cependant il ne faut pas se faire trop d’illusions sur la prétendue facilité de l’anglais ou de l’espagnol, ni se laisser dissuader par
la complexité d’autres langues
comme l’allemand, sous prétexte
qu’il y a des déclinaisons. Cellesci peuvent être plus structurantes
pour certains élèves. « Ce n’est
pas parce qu’on a étudié une langue pendant sept ans qu’on sera
forcément meilleur ; cette répétitivité peut s’avérer contre-productive », estime Sylvestre Vanuxem.
L’étude de plusieurs langues donne accès à une vision comparative
de la morphologie et de la syntaxe, permet de comprendre
d’autres modes de pensée et
d’autres cultures.
Michaëla Bobasch
No 419
Capelage et décapage, les pensums du marin
1. Tirage : A D E I L N U.
a) Trouvez et placez un mot de
sept lettres, connu seulement de
l’ODS (voir l’indice ci-dessous).
b) Avec ce même tirage, trouvez
trois mots de huit lettres en le complétant avec trois lettres différentes de l’un ou de l’autre des mots
placés sur la grille. Ces trois lettres
d’appui sont données ci-dessous.
N’écrivez aucun mot sur la grille.
2. Tirage : E E I O R R U.
c) Trouvez un mot de sept lettres, implaçable – Avec ce même
tirage, trouvez trois mots de huit
lettres en le complétant avec trois
lettres différentes de l’un ou de
l’autre des mots placés sur la grille.
Ces trois lettres d’appui sont données ci-dessous.
2. Préparation de la grille de la
semaine prochaine.
d) Tirage : E E I Q S U V. Trouvez un sept-lettres. Ce tirage s’appuie, entre autres, sur D et L. Trouvez les deux huit-lettres.
Solutions dans Le Monde du
23 février.
Indice pour le sept-lettres : habitant de Saint-Lô.
Lettres d’appui du 1er tirage :
P C G ; du 2e tirage : T G V.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P A C A G E E
V
I
T
E
R
A
I
Solutions du problème paru
dans Le Monde du 9 février.
a) ZONIERS, O 4, 48 – JASERON
ou jaseran, cotte de mailles, G 9, 40
– IREZ, O 1, 39.
b) LUISENT INSULTE LUTINES
– SURLIENT, L 8, 70, ou l’anagramme LUSTRINE ; LUETINES, substances biologiques, K 8, 66, ou l’anagramme LUTEINES, hormones.
c) ACHEVER, CHEVERA, creuse-
ra, ou VACHERE – VACHER, N 10,
57, faisant VS ; CHEVREAU, 8 A,
110 ; CHEVRETA, 15 F, 98 ; REVANCHE, 14 H, 98 ; CHAVIREE,
12 H, 70, ou les anagrammes CHEVERAI, ARCHIVEE et VACHERIE.
d) COPIAGE, COUPAGE et ECOPAGE – DECAPAGE, CAPELAGE,
mar., fixage à l’aide d’un cordage.
Michel Charlemagne
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/25
CULTURE
cinéma
François Mitterrand en monarque vacillant et nu
IL Y A UN INTERDIT, en France,
de la représentation du chef de
l’Etat à l’écran. Cet interdit vient
d’être levé par Robert Guédiguian,
qui a osé adapter Le Dernier Mitterrand (Pocket, 246 p., 5,50 ¤), le
livre que Georges-Marc Benamou a
consacré aux derniers mois de la vie
du pensionnaire de l’Elysée de 1981
à 1995. Il a confié à Michel Bouquet
le soin de prêter son corps à celui
que le pays surnomma « Tonton ».
Un rôle dont, disons-le d’emblée,
l’acteur s’acquitte avec un charisme
stupéfiant, composant en creux un
portrait troublant et espiègle du
président Mitterrand, donnant à
l’image une leçon de comédie en
montrant subtilement comment un
monstre sacré peut s’imbiber des
forces de l’esprit d’un autre.
Il s’agit du portrait
d’un mythe
et de l’évocation d’un
double apprentissage :
l’abandon du pouvoir
et l’approche
du trépas
Benamou avait suscité des polémiques, Guédiguian les évite soigneusement. Le Promeneur du
Champ-de-Mars ignore le fameux
festin d’ortolans, évacue toutes les
figures connues composant l’entourage du natif de Jarnac, ainsi
que les affaires, la rivalité ChiracBalladur, le scandale des écoutes
téléphoniques.
Le film est concentré sur une
confrontation maître-élève, un dialogue entre deux hommes de générations différentes – le président et
son confident. Autour d’eux, ne
s’agitent guère, comme chez Molière, que des figures de scène, hommes de cour, chauffeur, gardes du
corps, médecin, souffre-douleur.
Guédiguian aborde les thèmes de la
fin d’un règne, l’évaporation du
rêve socialiste, la personnalisation
du pouvoir.
Le jeune confident n’est plus,
comme dans le livre, un dandy branché, Rastignac de Saint-Germaindes-Prés acharné à recueillir des
confessions historiques, mais un
journaliste falot, logeant en HLM,
doté de beaux-parents communistes, et qui ne malmène le tout-puissant que pour tenter de mieux le statufier, lui permettre de s’expliquer
sur ses zones d’ombre.
François Mitterrand, on le sait,
pensait avoir tout dit sur son séjour
à Vichy, et, fût-il une fiction, le film
ne peut pas montrer autre chose
sur ce point que ses airs offusqués,
son irritation contre les « chiens »
qui s’acharnent (« Vous n’allez pas
recommencer avec ça ! »).
Sur la faillite du projet égalitaire,
la rupture du Programme commun
de la gauche, le choix d’une gauche
gestionnaire plutôt que d’une gauche radicale, Guédiguian (qui
démissionna du Parti communiste
en 1981) reste très respectueux, ne
montrant guère que le fameux discours de Liévin (novembre 1994).
Scène ambiguë, où la façon dont
Mitterrand salue les forces vives
des luttes sociales sonne comme les
adieux de Fontainebleau, mais où
la classe ouvrière venue l’écouter
ressemble à une foule de figurants
dans un film fauché.
Moins qu’un film politique,
Le Promeneur du Champ-de-Mars
entérine le goût de son modèle
pour l’esquive et se concentre sur le
monarque, sa gourmandise, ses
caprices, ses mots d’auteur, son
ego. Il s’agit du portrait d’un
mythe, en même temps que de
l’évocation d’un double apprentissage : l’abandon du pouvoir et l’approche du trépas. L’allégorie annoncée (Mitterrand, ou la mort d’un
rêve socialiste) vire au portrait d’un
souverain désespérément humain
(Mitterrand, corps et âme).
Les souffrances d’un Don Juan
renié par sa principale maîtresse (la
eric moulin/film oblige
Le Promeneur du Champ-de-Mars, de Robert Guédiguian b En adaptant le livre de Georges-Marc Benamou « Le Dernier Mitterrand », le cinéaste a fait
de l’ancien président un personnage de fiction. Sa peinture de l’homme politique reste respectueuse, plus que celle du vieil homme rongé par le cancer
Le film de Robert Guédiguian est concentré sur une relation maître-élève entre l’ancien président (Michel Bouquet) et un journaliste falot (Jalil Lespert).
gauche), lâché par son corps, défié
par la mort. C’est là que le film est le
plus réussi, plus que dans l’analyse
de septennats qui se terminent en
désillusions. Mitterrand le bon
vivant, féru de promenades, cruel
causeur, truculent convive, roi teigneux, pépé égrillard. Celui qui fait
sa coquette en recevant des
cadeaux, ironise sur ses dauphins,
s’irrite de se voir servir un mauvais
thé, se pourlèche de ragots,
demande si « ce sont vraiment les
jambes de Julia Roberts, dans Pretty
Woman, ou celles d’une doublure ? ».
En montrant un Mitterrand rongé par le mal, fatigué, souffrant,
vacillant, supplicié, commentant
son cancer en broyant une écrevisse (« Les os s’effritent, petit à petit, et
se brisent comme cela »), en le filmant nu et épuisé dans sa baignoire, Guédiguian ramène son personnage à sa condition humaine. Soit
un Mitterrand imbu de lui-même,
pontifical, à qui les critiques mettent l’épiderme à vif, autoproclamé
dernier président providentiel
(« On me regrettera ! »).
Guédiguian dépeint Mitterrand
comme le dernier Valois, dernier
roi français avant la prise de pouvoir de l’Europe sur les régnants
nationaux. Outre ce voyage qui le
voit évoquer Péguy en survolant la
cathédrale de Chartres, la scène la
plus impressionnante est celle où il
s’attarde sur les gisants de SaintDenis, frôle le marbre, caresse les
visages transis de souffrances, éponge la sueur de ces glaciales et majestueuses sculptures de têtes couronnées. Il va même, dans une crypte,
jusqu’à s’allonger à même le sol.
Cette vénération du corps sacré
souligne la personnalité complexe
de celui qui incarna la gauche, se
jugea au-dessus des lois, et voulut
inscrire ses actes dans la longue
durée, soucieux de sa place dans
l’Histoire.
Comme nimbé d’un « état de grâce » permanent, le premier film de
l’histoire du cinéma français consacré à un président de la République
reste imprégné par une image de
gouvernant héritière de l’Ancien
Régime. L’aventure intime du président étouffe son bilan politique.
Verra-t-on un jour un film privilégiant la fiction du peuple sur celle
de son élu ?
J.-L. D.
Film français (1 h 57), avec Michel
Bouquet, Jalil Lespert, Anne Cantineau, Sarah Grappin.
Pourquoi l’histoire de France est rarement un sujet de fiction
AVEC Le Promeneur du Champde-Mars, c’est la première fois en
France qu’un homme d’Etat
contemporain est ouvertement
mis en scène dans un film de fiction. Aux Etats-Unis, en revanche,
les exemples ne manquent pas.
Les présidents, d’Eisenhower à
Nixon en passant par Kennedy et
Clinton, ont inspiré de manière
plus ou moins littérale tout un pan
de la cinématographie hollywoodienne.
La politique française est essentiellement représentée dans des
films documentaires. On pense à
celui de Raymond Depardon sur la
campagne présidentielle de Valéry
Giscard d’Estaing, en 1974, Une
partie de campagne – l’ancien président de la République a bloqué la
sortie du film pendant plus de
vingt-cinq ans –, ou à la série de
Jean-Louis Comolli et Michel Samson réalisée à Marseille (six films
depuis 1989), où ces derniers abordent les jeux politiques locaux.
Mais pourquoi ce vide de fiction ? Nous avons posé la question
à des cinéastes, à des producteurs
et aussi à des personnalités politiques. Constantin Costa Gavras,
qui a travaillé trois ans avec Régis
Debray à un projet de film sur
François Mitterrand, sans jamais
le mener à bien, estime qu’il y a
une spécificité française du rapport au pouvoir – du moins en
comparaison avec les Etats-Unis,
autre grande nation de cinéma :
« Alors qu’aux Etats-Unis le président est un administrateur, en France, le pouvoir c’est encore le roi. Il y
a quelque chose de sacré. »
Du point de vue de la représentation, cette sacralisation de la fonction et de son titulaire pose des
questions complexes au cinéaste.
Il a notamment buté sur la période
à filmer. Mais aussi sur le choix de
l’interprète : « C’est presque impossible de combattre la force du
documentaire, la présence réaliste
qu’y impose le personnage réel. »
Claude Chabrol confirme : « Qui
va faire de Gaulle ? Jean-Pierre
Marielle ? Ce n’est tout simplement
pas imaginable ! » En théorie, soutient-il, un film sur un homme
d’Etat est « le casse-gueule le plus
« Papa ne faisait
jamais ça... »
Les socialistes se sont rués aux
avant-premières du Promeneur du
Champ-de-Mars. La plupart saluent
la « prestation époustouflante » de
Michel Bouquet, « qui a la même
façon de placer ses mains et ses pieds
que l’ancien président, comme un paysan », note M. Fabius. Pour Jack Lang,
député du Pas-de-Calais, il ressort du
film de Robert Guédiguian « une image plutôt positive de Mitterrand ».
Mais, en même temps, les socialistes soulignent que le film n’apporte
guère d’éclairage sur l’homme
d’Etat. « Je ne suis pas rentrée dans le
film », avoue Mme Guigou. Même les
proches n’ont pas toujours reconnu
la face privée du président. « Mazarine Pingeot a trouvé que Michel Bouquet citait beaucoup d’auteurs. Papa
ne faisait jamais ça, m’a-t-elle dit… »,
raconte M. Glavany.
terrible possible ». Sans avoir vu Le
Promeneur du Champ-de-Mars, il
qualifie de « coup de génie unique » le fait d’avoir choisi Michel
Bouquet pour le rôle, « acteur
remarquable qui ne ressemble pas à
Mitterrand ».
Pour Yves Boisset, cinéaste porte-drapeau de la « fiction de gauche », auteur d’un film sur la
guerre d’Algérie (RAS, 1973), le
problème est plus vaste. « La veine
critique des années 1970 s’est largement tarie. Dans le cinéma français
actuel, il y a un silence assourdissant sur les problèmes de la société
qui nous entoure. »
ni coupes ni bips
Yves Boisset relie cette situation
au désamour général qui affecte la
politique. Il y voit surtout l’effet
d’un mécanisme de production
pervers, en vigueur depuis le
début des années 1980. Plutôt que
d’exiger des coupes ou des bips,
comme cela a pu se passer auparavant, le système actuel « empêche
tout film ayant un aspect critique ou
insolent de se faire. C’est beaucoup
plus malin. On ne vous dit jamais
que c’est pour des raisons politiques, bien sûr. On vous explique que
le scénario est intéressant, mais
qu’il n’est pas très bon ».
Pour Claude Chabrol, qui a été
découragé, une fois, de faire un
film pendant la guerre d’Algérie –
l’histoire de deux soldats retrouvés morts dans le désert alors
qu’ils venaient de déserter l’armée
française –, « il suffit de ne pas être
dans
la
copie
conforme ».
C’est-à-dire de ne pas aborder de
front ou littéralement un sujet politique. Au-delà de la politique, cette approche s’accorde avec la
conception esthétique de l’auteur.
Mais sa réponse ne convient pas
à tous. Le producteur Jacques
Bidou, par exemple, déplore le
caractère consensuel du cinéma
français. En Belgique, il a rencontré beaucoup de difficultés pour
produire Lumumba, de Raoul
Peck, un film qui abordait la responsabilité de l’Etat belge dans la
mort du leader congolais. « Je me
demande si la fracture franche
entre la droite et la gauche en
Europe ne finit pas par créer des
situations figées, empêchant la réalisation de films politiquement acides
ou satiriques. Dans les pays anglosaxons au contraire, où le consensus
politique domine, le cinéma de fiction a une vraie capacité critique. »
Jacques Bidou avance un autre
argument : « Le financement du
cinéma en France est lié au service
public et aux chaînes de télévision.
J’en suis un fervent partisan, mais il
y a des effets pervers. On ne mord
pas la main qui vous nourrit. »
Le Promeneur du Champ-deMars ne déroge pas à la règle. Le
film est centré sur le Mitterrand
privé et intime, face au pouvoir et
à la mort. Il n’aborde pas les affaires qui dérangent des deux septennats. Est-ce pour cela que, malgré
quelques ratés (un rejet du projet
par France 2 Cinéma, la filiale de
coproduction de France 2), le film
n’a pas eu trop de difficultés à se
monter ? Le Promeneur du Champde-Mars est coproduit par Arte
France Cinéma, filiale d’une chaîne de service public.
Face à ce type de projets, les responsables politiques cachent pas
leurs réticences. « Rien n’est plus
périlleux, voire scabreux, que de vouloir décrire de manière figurative ou
réaliste des personnages politiques
proches, qu’il s’agisse de Mitterrand
ou de De Gaulle. Il y a quelque chose d’un peu trivial », estime Jack
Lang, qui fut très proche de l’ancien chef de l'Etat.
« oui et non »
Bref, on ne représente pas
« Dieu ». Si l’ancien ministre de la
culture est sorti « rassuré » de la
projection du film de Guédiguian,
c’est précisément parce que « ce
n’est pas un document historique
mais une fiction ». Autre mitterrandiste historique, le député Jean
Glavany (PS, Hautes-Pyrénées),
Quand Jean Gabin était « président »
En France, la caméra rechigne à explorer le temps présent. Si Jean Marbeuf a réalisé Pétain, en 1993, on n’a encore jamais vu de films de fiction
ouvertement consacrés à Charles de Gaulle, Georges Pompidou ou Valéry
Giscard d’Estaing. On peut reconnaître le général dans Le Président, d’Henri
Verneuil (1961), mais le personnage incarné par Jean Gabin n’est que président du conseil et, si l’allusion à la retraite à Colombey est transparente, les
repères se brouillent : de Gaulle n’est pas « tombé », comme dans le film,
pour avoir été trop européen. Giscard, qui s’invita à dîner chez des Français
lambda, n’aura été évoqué que de façon anecdotique dans Les Œufs
brouillés, de Joël Santoni (1976), une satire où Michael Lonsdale s’impose à
la table d’un quidam.
Il n’y a guère que François Mitterrand à avoir été clairement identifié
dans Le Bon Plaisir, de Francis Girod (1983), où Jean-Louis Trintignant tente
d’empêcher la presse de révéler qu’il est père d’un enfant illégitime. La
France ignorait l’existence de Mazarine Pingeot lorsque le film est sorti, et
la scénariste, Françoise Giroud, s’était beaucoup inspirée de son passage
dans un gouvernement giscardien pour dépeindre les sphères du pouvoir.
qui a joué un rôle-clé dans les victoires de François Mitterrand en
1981 et en 1988, le dit sans ambiguïté : « Oui aux films de fiction si
ça participe d’un remède à la crise
de la démocratie politique ; non si
ça l’aggrave. » Elisabeth Guigou,
qui a commencé sa carrière auprès
de l’ancien président, durant la première cohabitation (1986-1988),
affirme que « rien ne vaut un documentaire si l’on veut approcher un
politique, même si Mitterrand est un
peu un personnage de roman ».
Certains, comme Noël Mamère,
député et maire (Verts) de Bègles
(Gironde), lancent l’hypothèse
que les « responsables politiques
manquent peut-être d’épaisseur ».
« Il y a sans doute de la pudeur
du côté des politiques, et une peur
des cinéastes d’être loin de la réalité », suggère de son côté le premier secrétaire du Parti socialiste,
François Hollande. « La France a
une difficulté générale avec son histoire. Celle-ci doit être froide pour
que l’on s’y intéresse », résume Laurent Fabius, numéro deux du PS.
Ainsi Nicolas Sarkozy a-t-il coécrit le scénario du téléfilm de
Claude Goretta, Le Dernier Eté
(1997), qui retrace le parcours de
Georges Mandel, interprété par
Jacques Villeret : collaborateur de
Georges Clemenceau pendant la
première guerre mondiale, Mandel s’opposa à l’armistice de
juin 1940 et fut abattu par les Allemands en 1944. Mais le président
de l’UMP n’a pas souhaité s’exprimer sur Le Promeneur du Champde-Mars. Ni le président de l’UDF,
François Bayrou, qui « n’a pas vu
le film », explique son entourage.
Jean-Luc Douin, Clarisse Fabre
et Isabelle Regnier
26/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
CULTURE cinéma
« Si Michel Bouquet n’avait pas accepté, je n’aurais pas fait le film »,
affirme Robert Guédiguian.
Robert Guédiguian, réalisateur
« Si j’“améliore” l’image
de Mitterrand aujourd’hui,
c’est politiquement juste »
à Cannes en 1981 et, le 10 mai, on
était tous les deux à la Bastille. Cette date est pour moi à la fois une
grande date de la gauche et presque le jour de la disparition du
socialisme comme doctrine.
A l’époque, vous étiez au Parti
communiste ?
Non, je l’ai quitté en 1980,
quand j’ai fait mon premier film.
Depuis 1977, depuis la rupture des
négociations sur la réactualisation
du programme commun, j’étais en
désaccord avec le Parti communiste. J’ai la position de la femme
d’Antoine Moreau dans le film : en
1977, il fallait signer, en 1981, il ne
fallait pas aller au gouvernement.
Etant donné la méfiance qui
existait dans le courant communiste à l’égard de François Mitterrand, avez-vous été surpris
par ce qui s’est passé pendant
ses deux mandats ?
Aujourd’hui, je crois qu’il n’a fait
qu’arbitrer un rapport de forces,
qu’il était pris dans un mouvement
qu’on appelle aujourd’hui globalisation et qui non seulement a submergé le monde entier, mais a fait
un gros mot de « socialisme ». Je
suis persuadé qu’il n’y pouvait pas
grand-chose.
j. eiele/ddp/afp
Qu’est-ce que vous attendiez
en entreprenant ce film, le premier qui vous a emmené loin de
votre troupe et de votre ville de
Marseille ?
Si j’ai dit oui presque tout de suite quand Franck Le Witta s’est
pointé un été à Marseille en me
disant : « Tiens, j’ai acheté les droits
du Dernier Mitterrand », c’est
pour cette histoire de mort.
Mon premier réflexe a été de partir de la mort d’un roi, un roi au
sens théâtral du terme : la figure
du puissant. Il s’agissait de parler
de la mort, en s’inspirant de la
manière particulière qu’a eue Mitterrand d’apprivoiser sa mort. A
ma connaissance, il n’était pas aussi féru d’églises ni de rites funéraires avant que sa maladie ne se
déclare.
Dans le film, on a exagéré en
allant encore plus loin dans ce
sens-là. Mais ça me semble normal, c’est la liberté de la fiction
avec un personnage public. Mitterrand était devenu un spécialiste, un érudit de la mort. Les rois
plaisent au public parce qu’ils
n’ont pas de pouvoir face à la mort
et à la maladie.
Deux secondes après, je me suis
dit : « Ce roi-là, c’est Mitterrand »,
qu’est-ce que j’en fais ? Et je me
suis demandé : que restera-t-il de
ce type-là dans un siècle ? Si on
dégage la politique quotidienne, je
pense qu’il restera la conquête du
pouvoir plus que son exercice, puisque cet exercice s’est fait en contradiction avec les thèmes de la
conquête.
Jusqu’ici, vos personnages
étaient fictifs et ne détenaient
guère de pouvoir, leur problème
était plutôt celui de la survie.
Etait-il
nécessaire
d’avoir
recours à Mitterrand pour évoquer la mort ?
Non. Le film m’a choisi, jamais
je n’aurais eu cette idée, j’étais en
train d’écrire Mon père est ingénieur. Cette idée est arrivée, je l’ai
saisie parce qu’elle m’apparaissait
exorbitante de mon parcours habituel. On a parlé immédiatement de
Michel Bouquet, s’il n’avait pas
accepté, je n’aurais pas fait le film.
Vous avez changé de comédiens, de ville, mais aussi de classe sociale. Vous avez changé
votre manière aussi ?
Oui, c’est la première fois que je
filme dans des palais. Je savais très
bien que mon regard ne changerait
pas. J’ai changé le jeune homme, le
personnage de Jalil Lespert est inspiré de moi jeune, socialiste, naïf.
Et je me doutais qu’en filmant Bouquet, j’aimerais Bouquet et que
Bouquet me ferait aimer un peu
plus Mitterrand. Mon regard ne
bougera pas, quoi que je filme. Il
faut plutôt que je fasse attention à
ce que je filme.
Si j’« améliore » l’image de Mitterrand aujourd’hui, est-ce que
c’est politiquement juste ? Et j’ai
répondu oui, c’est pour ça que j’ai
fait le film. Pour ensuite oublier la
personnalité de Mitterrand en travaillant la part d’espièglerie qu’il y
a chez Michel Bouquet. Ses proches disent que le président n’avait
pas ce côté.
Vous avez commencé à faire
des films de long métrage au
moment de l’élection de François Mitterrand…
Même plus que ça. Avec Franck
Le Witta, on a présenté Dernier Eté
« Il s’agissait de parler
de la mort,
en s’inspirant de
la manière particulière
qu’a eue Mitterrand
d’apprivoiser sa mort »
Pourquoi avoir éliminé les
jeux de cour autour du président, qui constituent une bonne
part du livre de Georges-Marc
Benamou ?
Oui, c’est là que l’adaptation est
totalement libre. Ma part est là.
J’ai dirigé le scénario. J’ai dit à
Gilles Taurand (coscénariste), à
Franck Le Witta et à Georges-Marc
Benamou : ça, ça ne m’intéresse
pas, on le met de côté. Je disais que
quand le scénario serait fini, je
m’en irai une semaine et je ferai
une version coco. Et de fait, j’ai
retravaillé les grands blocs de discours et de questionnement politique. C’est le grand changement de
cap par rapport au livre d’avoir
dégagé tous les jeux de cour et
d’être centré sur des tête-à-tête.
Pourquoi ne pas évoquer non
plus la montée du Front national, alors que vous l’avez très
souvent fait dans vos films ?
Je ne parle pas trop de stratégie
et de tactique dans le film. Je ne
parle que de la gauche, de l’union
de la gauche, ce qui s’est passé
entre 1971 et 1981, pas du maintien au pouvoir, de la proportionnelle. Au fond, il n’y a rien sur ce
qui s’est passé après 1981, même
pas l’état de grâce, les nationalisations, les 39 heures. C’est comme
s’il mourait en 1981.
C’est un film de fin de deuil ?
Je ne sais pas. C’est mon prochain film qui répondra. Ça fait un
moment que je trimballe tout ça,
l’empêchement, la non-réalisation
d’une société nouvelle. J’en porterai toujours le deuil et je ne le ferai
jamais. Mon prochain film se passe
en Arménie, je vais parler de la fin
de l’Union soviétique et du début
du capitalisme.
Propos recueillis par
Thomas Sotinel
Comment la Californie a élu gouverneur
un nommé Schwarzenegger
AU MOMENT où un ancien président de la République français
débarque dans les champs de la fiction, un ancien héros de superproductions hollywoodiennes fait
irruption du côté du documentaire.
Arnold à la conquête de l’Ouest
raconte comment Arnold Schwarzenegger est devenu gouverneur
républicain de Californie en 2003,
profitant de la procédure de révocation du gouverneur démocrate,
Gray Davis, élu quelques mois plus
tôt.
La journaliste britannique Alex
Cooke est partie vers l’Ouest, nantie d’une lettre d’accréditation
signée de la BBC. Ce qu’elle rapporte dans son film, nous l’avons lu,
entendu ou vu à l’époque. Mais
c’est le mérite du documentaire
que de relier entre eux des éléments qui étaient alors livrés en
vrac. Ça s’appelle le montage, et
Alex Cooke fait ici la démonstration de son utilité dans la compré-
hension du monde. On comprend
mieux comment un gouverneur
démocratiquement élu, dans l’un
des plus grands Etats de la plus
ancienne démocratie du monde, a
pu se voir retirer son siège. Comment, surtout, le débat politique a
été masqué par le cirque qu’a suscité la procédure de révocation.
Aux termes de celle-ci, tout
citoyen de l’Etat de Californie avait
le droit de se présenter, ce que
firent quelques originaux, une star
du porno, une vedette déchue (l’acteur qui jouait Willie dans le feuilleton Arnold et Willie) et une poignée de fanatiques religieux. Cette
brochette était si appétissante
qu’une chaîne de télévision a
embauché quelques prétendants
au siège de gouverneur pour les faire participer à une émission inspirée à la fois de « Star Academy » et
du « Maillon faible ».
Et c’est là, le film le montre bien,
que Schwarzenegger a démontré la
Les Conséquences de l’amour, de Paolo Sorrentino
supériorité du cinéma sur la télévision. Face à ces célébrités mineures, il fait donner toute la puissance de feu de son statut de star.
Lorsqu’il participe à un débat
télévisé avec des concurrents un
peu plus sérieux que ceux déjà évoqués, il les prend à partie avec une
grossièreté et une brutalité incroyables. Mais il a joué assez de militaires courageux et de policiers durs à
cuire pour lâcher ses répliques avec
la décontraction nécessaire, réduisant ses interlocuteurs au rang de
figurants à peine intelligents.
techniques hollywoodiennes
Plus tard, on voit comment la
communication
du
candidat
Schwarzenegger emploie les techniques hollywoodiennes : interviews d’une durée ridiculement
courte, liste de questions à ne pas
poser ou de journalistes à exclure.
En voix off, Alex Cooke aligne
des commentaires désabusés,
b
d’autant plus qu’elle se sent parfois près de succomber aux charmes d’Arnie, tant celui-ci fait preuve d’habileté à éviter tout ce qui
pourrait ressembler à une prise de
position
politique
tout
en
déployant des pouvoirs de séduction qu’aucun réalisateur n’a
jamais vraiment exploités.
Ce documentaire vient bien
tard, après ce qui ressemble à une
surdose de films « de gauche » ou
« libéraux » consacrés à la vie
publique aux Etats-Unis. Mais ce
serait une erreur d’y voir un simple
film militant. Arnold à la conquête
de l’Ouest est surtout une image saisissante d’un nouvel effacement
de la frontière, toujours plus
ténue, entre la politique et le divertissement.
T. S.
Documentaire britannique d’Alex
Cooke. (1 h 20.)
Un homme de main échoue à changer sa vie
On ne s’arrache pas au train-train de la Mafia
QUI SONT ces hommes que l’on
croise dans les hôtels de luxe et qui
semblent trimballer leur raison
d’être dans leur petite mallette ? A
quoi peut ressembler la vie privée
d’un homme d’affaires en perpétuel
transit ? Comment est-il en dehors
de ces heures de travail qui le transforment en somnambule de l’économie libérale ou automate du capital ? Epiant les faits et gestes de l’un
de ces fonctionnaires en costume
cravate, la cinquantaine impassible,
les yeux perdus dans le vague derrière ses lunettes austères, absent au
monde, Paolo Sorrentino réussit à
intriguer pendant un bon tiers de
son film sans donner accès aux clés
qui permettraient de percer le mystère de cet homme rigoureux, qui
semble très bien payé pour ne pas
faire grand-chose, sinon sacrifier à
un rituel précis, minuté, vital.
Résident, ou otage, dans un hôtel
suisse, impénétrable, il consacre ses
journées à des entrevues furtives,
réglées d’avance : recevoir des hommes qui lui refilent un attaché-case,
aller porter de grosses sommes d’argent à la banque, juste en face, de
l’autre côté de la place, où il est
connu comme le loup blanc. Surtout : attendre. Subir l’écoulement
du temps, lentement. Les récréations sont fugaces : une piqûre d’héroïne, une halte au bar du palace,
où officie une jolie barmaid.
Le mystérieux
monsieur
de l’hôtel
(Toni
Servillo) n’a
d’autre choix,
au final, que
de se laisser
liquider.
dr
éric moulin / film oblige
Arnold à la conquête de l’Ouest, d’Alex Cooke b Filmé en 2003 par une journaliste de la BBC,
ce documentaire illustre l’effacement de la frontière entre politique et divertissement
C’est par elle que va jaillir le désordre. Apparemment imperméable
aux sentiments et méfiant par profession (on comprend au fil des
séquences qu’il est lié à la Mafia, un
rouage stratégique pour le blanchiment de l’argent), ce sinistre individu ressemblant à s’y méprendre à
un politicien de la Démocratie chrétienne se risque à accomplir « le geste le plus courageux de sa vie » : il
communique avec la fille, en tombe
amoureux, trouve un plan pour filer
avec elle en bernant ses chefs.
avec buzzati
Filmant avec un indéniable souci
esthétique, multipliant les travellings dans le lieu clos, glacé, symbole d’enfermement, où végète le porteur de valises, Paolo Sorrentino
Chok Dee, de Xavier Durringer
b
pourrait n’être crédité que pour sa
dextérité dans l’exercice de style.
Mais Les Conséquences de l’amour
sont mieux que cela : l’illustration, à
rebondissements romanesques, de
la vacuité d’une existence réduite à
un inlassable train-train, des journées mortes, des portes fermées.
Le mode de récit (la voix off du
sphynx livrant ses impressions à la
première personne, seul indice permettant ne pas le confondre avec
un automate) renforce son approche littéraire. Le quotidien muré de
ce roi sans divertissement semble
inspiré par l’univers de l’écrivain
Dino Buzzati, ses réflexions désabusées sur le sens de la vie.
Dès lors, si l’on reçoit cette chronique des derniers jours d’un homme pétrifié comme un hommage à
l’auteur du Désert des Tartares, les
trafics de mallettes et menaces de
mafieux patibulaires sont de presque inutiles accessoires. Condamnée à cause d’une perturbation infime (une sonnerie de portable, indice d’humour dans ce monde fantomatique), l’idylle qui précipite sa
chute pourrait n’être qu’un improbable rêve d’évasion. Elle rappelle
Un amour, roman de Buzzati, où la
passion d’un notable pour une petite prostituée le mène à sa perte.
Il ne s’agit ici que de l’attente
immobile d’un homme qui espère
voir venir quelqu’un de susceptible
de l’arracher à sa prison intérieure,
lui faire miroiter la possibilité d’un
nouveau destin, l’éventualité d’un
surgissement de surprises. Le mystérieux monsieur de l’hôtel n’a pas
d’autre choix, au final, que de se laisser liquider : ni la désillusion du rendez-vous manqué ni la perspective
de continuer à faire le cloporte
alors qu’il a perçu l’espoir de s’envoler ne peuvent plus l’éloigner de ce
faux suicide subi comme un ultime
pied de nez. Coulé vivant dans le
ciment frais, il retourne de son univers monacal au sable, à la poussière, à l’univers minéral, sa fatalité.
J.-L. D.
Film italien. Avec Toni Servillo, Olivia
Magnani, Adriano Giannini. (1 h 40.)
Entre romanesque et documentaire, l’ascension de Dida Diafat
La porte de la légende ouverte à coups de boxe thaïe
CHOK DEE est, en même temps
que le troisième long métrage du
cinéaste et metteur en scène de
théâtre Xavier Durringer (La Nage
indienne, 1992 ; J’irai au paradis
car l’enfer est ici, 1996), l’un des
films les plus curieux et attachants
du moment. Adapté du livre de
Dida Diafat (Dida, de l’enfer de la
banlieue à Hollywood, éd. Canal+,
1999), onze fois champion du monde de boxe thaïe et interprète de
son propre rôle dans le film, il se
nouveaux films
Constantine
Nouvelle adaptation d’une BD (la
série « Hellblazer »), Constantine
met en scène un héros à qui l’on
confère quelques attributs vaguement paradoxaux. Une sorte de
super-exorciste, chargé, pour gagner
le ciel, de combattre diverses manifestations diaboliques (en général,
des démons restitués à coup de trucages numériques). C’est Keanu Reeves qui l’incarne, adoptant une posture de cynique désinvolte, fumeur
invétéré et cancéreux, d’un stoïcisme « cool » avant que le scénario ne
remette son habitude tabagique
dans le droit chemin.
Ce qui amuse un temps, ici, c’est un
partage entre la tentation du romanesque et la reconstitution documentée de l’itinéraire de son
acteur principal.
Le premier de ces chapitres s’ourdit au risque délibéré du kitsch : la
rédemption de Ryan le mauvais
garçon (Dida) par l’apprentissage
de la boxe, l’exotisme du paysage
et des mœurs asiatiques, la mystique appuyée du sacrifice de soi,
l’omniprésence de la mafia locale,
qui menace son père spirituel (Ber-
univers déterminé par une vision
catholique de la damnation, du ciel
et de l’enfer, des anges et des
démons. Mais cette représentation
d’une stricte littéralité du dogme
illustre un déroulement progressif
des événements vers n’importe
quoi. Notamment une apparition
ridicule du diable lui-même, dandy
en costume blanc incarné par Peter
Stormare, débitant une série de
fadaises. Un nanar coûteux, quoi. –
J.-F. R.
Film américain de Francis Lawrence.
Avec Keanu Reeves, Rachel Weisz, Tilda
Swinton. (2 h 01.)
Le Fil de la vie ; Mon beau-père,
mes parents et moi : la critique de
ces films paraîtra dans une de nos
prochaines éditions.
a
nard Giraudeau) venu réclamer
une ancienne dette, et le dangereux amour qui le rapproche de la
fille de ce dernier, sublimissime
Eurasienne digne d’un James
Bond.
D’un autre côté, au cœur même
de cette aventure aux étapes par
trop repérables, il y a un documentaire sur un homme qui s’est refait,
nommé Dida, lequel refait justement pour les besoins du film,
sous les oripeaux d’un personnage
baptisé Ryan, le chemin semé
d’embûches qui l’a mené de la petite délinquance à l’ascèse, non
moins violente, de la boxe thaïe et
de la compétition au plus haut
niveau.
visage affûté, geste qui tue
Cette partie du film est a priori
autrement plus convaincante. Ses
vertus prennent la physionomie du
héros : visage affûté comme une
lame de couteau, démarche sensuellement chaloupée, regard qui
vrille, geste qui tue. Une présence
de haute intensité, d’une évidence
tranchante, alliant la précision à
l’efficacité, la volonté à la force, la
naïveté à la perversité.
La tentation est donc grande
d’exalter l’acteur pour mieux reje-
ter le film, en prétendant que celuilà n’existe qu’en vertu de celui-ci.
Ce serait une erreur de le croire,
puisque l’acteur existe précisément comme tel – dans la transcendance de l’œuvre qu’il est censé
servir – grâce au film et au contraste que celui-ci met délibérément
en scène, notamment entre documentaire et fiction.
Comme si l’eau de rose amoureuse, la touche inaboutie de film
noir, la prévisible assomption
mélodramatique, le tribut attendu
à la spiritualité asiatique, constituaient autant de figures attendues, d’éléments légendaires destinés à polir en même temps qu’à
révéler, par contraste, le sujet brut,
réel, palpitant de cette histoire :
Dida.
L’histoire d’un enfant de l’immigration
maghrébine
devenu
loubard et hissé à la force de sa
volonté et de ses poings jusqu’à
une réussite à ce point improbable
qu’elle le fait entrer vivant dans le
domaine de la légende.
Jacques Mandelbaum
Film français. Avec Dida Diafat, Bernard Giraudeau, Florence Vanida Faivre, Lakshan. (1 h 45.)
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/27
CULTURE cinéma
La Maison de la culture du Japon, à Paris, célèbre
le travail des studios de la Toei Animation
Avec un documentaire libanais, une fiction palestinienne, deux films rappelant
la seconde guerre mondiale, le cinéma présenté à la Berlinale disparaît derrière ses sujets
Le cinéma d’animation
japonais entre poésie
et revendication politique
Du Moyen-Orient au souvenir de Dresde,
le Festival de Berlin dans l’intimité de l’enfer
tendresse familiale
Dans Sarutobi Sasuke, le jeune
ninja (1959), du même Taiji
Yabushita, on trouve aussi une
nuée de petits animaux attendrissants, notamment un faon qui a la
malchance d’être enlevé par un
aigle. Ces films appartiennent à la
veine la plus douce – qui convient
parfaitement aux jeunes enfants –
de l’animation de cette époque.
Certes, Sarutobi Sasuke, ce
jeune ninja sympathique, doit
venir à bout d’une méchante sorcière, mais une fois sa tâche accomplie, il revient à un monde rassurant, tout de couleurs pastel et de
tendresse
familiale.
D’autres
auteurs profitent au contraire de la
liberté absolue qu’offre le cinéma
d’animation pour exprimer des préoccupations
collectives,
une
angoisse générationnelle.
des forces mauvaises
Dans Le Vaisseau fantôme volant
(1969), dont le graphisme âpre est
saisissant, Hiroshi Ikeda dénonce
les dangers de l’industrialisation et
de l’influence américaine : son
jeune héros doit affronter Ghorem, un robot monstrueux qui
détruit tout sur son passage, et se
méfier d’un soda sucré, le Boa
juice, qui ressemble étrangement
au Coca-Cola.
Avec Horus prince du Soleil
(1968), Isao Takahata évoque la
guerre du Vietnam alors en cours
grâce au personnage d’une jeune
fille possédée par des forces mauvaises : comme un appelé du
contingent, elle ne souhaite pas
d’elle-même commettre l’irréparable, mais y est poussée par une
puissance qui la domine.
En bonne logique, vu cette orientation politique, la programmation
comporte aussi un volet destiné
aux adultes et aux adolescents,
avec un hommage à l’univers sombre de l’animateur Yoji Kuri, dont
six courts métrages interdits aux
moins de 12 ans seront projetés.
Florence Colombani
Du 16 février au 5 mars 2005. Maison
de la culture du Japon, à Paris,
101 bis, quai Branly, Paris-15e. Mo BirHakeim. Tél. : 01-44-37-95-01. Site
Internet : www.mcip.asso.fr. Tarif
unique : 4 ¤.
Disponibles en DVD chez Wild Side
Vidéo : Le Serpent blanc, Horus prince
du Soleil, Le Chat botté et Les Joyeux
Pirates de l’île au trésor.
Le dispositif est un succès, mais reste sous
la surveillance de la Commission européenne
Le crédit d’impôt cinéma
a permis de relocaliser
des tournages en France
UN AN APRÈS, l’impact du
coup de pouce fiscal accordé le
30 décembre 2003 aux producteurs de cinéma se fait sentir : des
équipes de tournage sont revenues en France. Selon le Centre
national de la cinématographie
(CNC), le nombre de semaines de
tournage sur le territoire français
de « films d’initiative française »
(majoritairement financés par des
capitaux français) a augmenté de
128 semaines (passant de 785 à
913) entre 2003 et 2004. Parallèlement, les tournages délocalisés à
l’étranger se font moins fréquents : 566 contre 317. Du coup,
la proportion de longs-métrages
d’initiative française tournés en
France est passée de 58,1 % à
74,2 %.
Ce crédit d’impôt au titre des
dépenses
cinématographiques
bénéficie, depuis l’adoption de la
loi de finances pour 2004, aux producteurs de films à condition qu’ils
engagent leurs dépenses en France.
Depuis le 1er janvier, ils peuvent
déduire 20 % des dépenses de production de leurs impôts, sans
dépasser 1 million d’euros. Un système de points permet de déterminer quelles dépenses ouvrent droit
au crédit d’impôt : pourvu qu’ils
soient français, le recours à des
techniciens ou à des ouvriers, à des
industries techniques (studios de
postproduction, laboratoires…), le
choix du lieu de tournage, donnent
des points dont l’addition ouvre
droit à « l’agrément provisoire au
crédit d’impôt ».
Ce dispositif, lancé par l’ancien
ministre de la culture et de la communication Jean-Jacques Aillagon,
a rapidement séduit : en 2004, sur
les 167 films d’initiative française
agréés par le CNC, 111 ont fait l’objet d’une demande d’agrément provisoire de crédit d’impôt. « Les
objectifs poursuivis – maintenir le
volume de production des films français et relocaliser les tournages, tout
en aidant les industries techniques
–, ont bien marché », reconnaît Laurent Vallet, directeur général de
l’Institut pour le financement du
cinéma et des industries culturelles (Ifcic).
« signal fort »
Pour Thierry de Segonzac,
coprésident de la Fédération des
industries du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia (Ficam), il
serait judicieux de faire bénéficier
les producteurs étrangers de cette
disposition. Il a fait une demande
en ce sens le 27 janvier au ministre
de la culture et de la communication, Renaud Donnedieu de
Vabres, en affirmant qu’il s’agirait
d’un « signal fort donné aux producteurs étrangers ».
Mais le crédit d’impôt reste pour
l’instant en sursis. L’avocat spécialisé Charles-Edouard Renault (du
cabinet Gide, Loyrette, Nouel) rappelle que la Commission de Bruxelles a accordé un moratoire jusqu’en 2007 afin de déterminer la
compatibilité de tels dispositifs
avec les principes de libre concurrence et l’émergence de coproductions paneuropéennes. Plaidant
pour le maintien du crédit d’impôt, l’avocat souligne que « ce sont
précisément les aides au cinéma
français qui permettent à la France
d’avoir aujourd’hui la troisième production mondiale, après les EtatsUnis et l’Inde ».
Nicole Vulser
b
BERLIN
de notre envoyé spécial
Deux films programmés l’un à la
suite de l’autre par le Festival de
Berlin, cet après-midi enneigé de la
Saint-Valentin, lundi 14 février, emmenaient dans l’intimité de l’enfer.
Partons de Massaker, un documentaire dans lequel s’expriment quelques-uns des bourreaux des camps
palestiniens de Sabra et Chatila, au
Liban, en 1982.
Présenté parmi les documentaires de la section Panorama, Massaker est l’œuvre de deux Allemands,
Monika Borgmann et Hermann
Thiessen, et d’un Libanais, Lokman
Slim. Ils ont retrouvé une demi-douzaine de ces hommes qui, du 16 au
18 septembre 1982, au lendemain
de l’assassinat du président Bashir
Gemayel, ont entrepris d’exterminer la population palestinienne des
camps de réfugiés de Sabra et Chatila, abandonnée par les combattants qui avaient suivi Yasser Arafat
dans son nouvel exil vers Tunis.
Le film est fait des images et des
paroles de ces assassins, membres
des Forces libanaises (la milice dirigée par la famille Gemayel), qui,
sans preuve, accusaient les Palestiniens de l’assassinat du président
libanais.
Dans des pièces mal éclairées, ils
parlent et semblent ne jamais
devoir s’arrêter. Ils cachent leurs
visages. Et cette contrainte devient
un parti pris de mise en scène. La
caméra bouge, montre leur corps
(ils sont souvent torse nu, ou en teeshirt), leurs mains, leurs pieds, leur
silhouette. A moins de comprendre
l’arabe, on est obligé, pour prendre
connaissance de ce qu’ils disent, de
lire les sous-titres. Cette accumulation de filtres pourrait assourdir le
propos. Il n’en devient que plus
insupportable.
Au fil des séquences, on distingue
celui qui semble jouir du souvenir
du massacre, celui qui se ment à luimême en affirmant n’avoir tué que
des combattants, celui qui se retranche derrière une description
détaillée, documentée (il trace des
schémas explicatifs de l’invasion du
camp) ou celui qui ne se souvient
que des cadavres de chevaux.
Cet empilement de mots ressemble à un monceau de cadavres. Le
film offre peu de consolations : ces
hommes, protégés par une loi d’amnistie, semblent s’être condamnés
dr
ALORS QUE le dernier film de
Hayao Miyazaki, Le Château ambulant, est encore sur les écrans, la
Maison de la culture du Japon, à
Paris, continue d’explorer les racines du cinéma d’animation japonais.
Trois ans après une programmation consacrée aux pionniers, le
temps est venu de célébrer le travail du grand studio auquel on
doit les plus grands classiques du
genre, la Toei Animation. Dans le
Japon humilié de l’après-guerre, le
modèle est ouvertement américain. C’est bien le système des studios Disney qu’imite la Toei pour
son organisation pratique, la coordination de ses nombreux animateurs et même, à ses débuts, le
choix des graphismes et des sujets.
Adaptations de Perrault (Le Chat
botté, 1969) et de Robert Louis Stevenson (Les Joyeux Pirates de l’île
au trésor, 1971), musique entraînante, graphisme délicat. Le
fameux Serpent blanc (1958), qui a
l’honneur d’être le premier long
métrage d’animation en couleur
du cinéma japonais, rivalise avec
Bambi dans le registre de la poésie
champêtre.
festival
Dans « Paradise Now », Kais Nashef et Ali Suliman interprètent deux Palestiniens se préparant à un attentat-suicide.
d’eux-mêmes à une vie tourmentée par le souvenir ; et au détour
d’une phrase, on apprend qu’il s’est
trouvé des miliciens des Forces libanaises pour préférer la désertion au
massacre. Avec ses lumières nocturnes et sinistres, ses cadrages tronqués, Massaker fait jaillir une parole
inadmissible et essentielle, celle des
assassins impunis.
comique cruel
Sur l’autre plateau de la balance,
celui de la fiction, il y a Paradise
Now, du Palestinien de nationalité
israélienne Hani Abou Assad. Le
film, tourné en 2004 en Palestine et
en Israël, suit deux amis de Naplouse « choisis » pour perpétrer
un attentat-suicide à Tel-Aviv.
Le jeune cinéaste a choisi les
armes du thriller, il retourne les
situations, tout en scandant son
film de longs dialogues, qui énoncent les termes du débat dans la
société palestinienne. Mais ce sont
quelques intermèdes au comique
cruel qui nous frappent : l’enregistrement du message d’adieu des
deux jeunes gens ; la visite dans une
boutique où l’on vend des cassettes
vidéo de ces mêmes messages, mais
aussi des confessions des collaborateurs avant leur exécution. Pour le
reste, lorsqu’il s’agit d’affronter la
LES MEILLEURES ENTRÉES EN FRANCE
Nombre de
semaines
d’exploitation
Nombre
d’entrées (1)
Nombre
d’écrans
TOTAL
depuis
la sortie
850 701
1
850 701
664
H
2
Espace détente
2
374 478
572
J - 35 %
1 075 509
3
Aviator
3
231 025
661
J - 25 %
1 266 363
4
La Marche de
l’Empereur
L’ex-femme
de ma vie
3
225 571
471
J - 18 %
1 022 859
2
202 617
383
J - 34 %
573 901
6
Danny the dog
2
179 312
474
J - 38 %
529 366
7
Pollux,
Le manège enchanté
2
148 583
498
J
-3%
338 343
8
Bob l’éponge Le Film
1
136 642
367
H
136 642
9
Coup d’éclat
1
115 737
239
H
115 737
Sideways
1
103 639
135
H
AP : Avant-première
103 639
* Estimation
Avec une armada de 664 salles, Iznogoud engrange les entrées – plus de
850 000 sur cinq jours – et affiche une moyenne par copie sans égale
actuellement. La comédie de Patrick Braoudé détrône celle des assoiffés
de Café dxe M6, Espace détente, qui reste toutefois à un haut rendement
(655 entrées par copie). Sideways peut aussi faire trinquer les verres ; il
enregistre un bon démarrage, petitement exposé (135 copies) mais avec
des salles bien remplies (768 entrées par copie). Autre film d’auteur
potentiellement porteur, Vera Drake, de Mike Leigh, se révèle moins performant, avec 53 482 entrées sur 100 copies. Son sujet (la condamnation
d’une avorteuse londonienne en 1950) aura découragé le public. C’est
dommage pour ce très beau film qui a obtenu le Lion d’or à Venise. L’effet vacances se fait sentir pour Pollux, stable sur un parc stable, et pour
le démarrage de Bob l’éponge, deux films pour les plus jeunes spectateurs. La Marche de l’empereur (+ 14 copies) et La Voix des morts
(+ 3 copies) faiblissent peu. Tous deux évoluent de plus à un haut rendement par copie, à l’instar de L’Ex-Femme de ma vie (529 entrées par
copie, une chute de 48 % par rapport à la semaine passée).
Source : Ecran Total
T. S.
EUROPE : le budget que l’Union européenne consacre au plan
Média de soutien au cinéma devrait être porté à « 700 ou 800 millions d’euros » pour la période 2007-2013, a estimé la commissaire
européenne à la culture, la Luxembourgeoise Viviane Reding, de passage au Festival de Berlin, lundi 14 février. Le plan Media plus
2001-2006 a bénéficié d’un budget de 400 millions d’euros. Ce plan est
destiné à aider la conception des films européens et leur distribution
dans les pays de l’UE en excluant tout soutien à la production.
La commissaire a par ailleurs annoncé que la journée de l’Europe du
prochain Festival de Cannes (du 11 au 22 mai) réunirait les 25 ministres de la culture de l’UE, sur le thème « Cinémas d’Europe et société
de l’information ».
a Un Lion d’or doit être décerné à Hayao Miyazaki au prochain
Festival de Venise, qui aura lieu du 31 août au 10 septembre, pour
l’ensemble de sa carrière. Le nouveau film du grand maître de l’animation japonaise, Le Château ambulant, qui vient de sortir sur les écrans
français et doit être projeté aux Etats-Unis dans le courant de l’année,
avait reçu un prix technique lors de sa présentation à Venise en 2004.
a FESTIVAL DE MONTRÉAL : Moritz de Hadeln, ancien directeur
des Festivals de Berlin et de Venise, vient d’être nommé à la tête
du Festival international de films de Montréal, dont la première édition est prévue pour octobre 2005. – (AFP.)
a
Évolution
par rapport
à la semaine
précédente
Iznogoud
10
tion et de l’extermination des juifs
de Hongrie – de son premier
roman, Fateless tranche brutalement le débat sur la représentation
du génocide des juifs d’Europe, en
choisissant de tout montrer (sauf
l’intérieur des chambres à gaz) avec
les moyens du cinéma de fiction :
figuration, costumes, maquillage et
effets spéciaux.
Réalisé par Lajos Koltai (jusqu’ici
directeur de la photo), le film
reprend jusqu’au suspense des douches (qu’en sortira-t-il, de l’eau ou
du gaz ?) utilisé par Spielberg dans
La Liste de Schindler. Le propos de
Kertesz reste à peine audible, grâce
au texte en voix off et au découpage du scénario, quand il n’est
pas noyé par la musique grandiloquente d’Ennio Morricone.
Cette disparition du cinéma derrière les sujets devient la marque
d’une compétition qui a eu pour
l’instant bien besoin des deux films
français (Le Promeneur du Champde-Mars, de Robert Guédiguian, et
Les temps qui changent, d’André
Téchiné) et de la jolie adaptation
d’un opéra en langue xhosa (U-Carmen eKayelitsha, de Mark Dornford
May) pour tenir son rang d’événement international.
dépêches
1
5
tragédie, Paradise Now, film en compétition, peine à mouvoir son sujet
et à émouvoir.
Cet empêchement se retrouve,
exacerbé jusqu’à l’échec, dans deux
autres films de la compétition, dont
la projection coïncidait avec le
soixantième anniversaire du bombardement de Dresde. Sophie
Scholl, les derniers jours, de Marc
Rothemund, retrace l’arrestation,
l’interrogatoire, le procès et l’exécution en 1943 de la jeune résistante
allemande membre du groupe La
Rose blanche, fleur adoptée comme symbole des commémorations
de la destruction de Dresde.
Adossé aux procès-verbaux
récemment exhumés des archives
de la République démocratique allemande, le scénario prétend à une
reconstitution distanciée pendant
que la mise en scène ne refuse pas
les effets dramatiques. Si l’on ne
peut contester l’intérêt de la relation d’un épisode historique, il ne
faut pas chercher là une compréhension nouvelle d’un personnage ou
d’un régime politique.
Après sa libération du camp de
Buchenwald, le personnage principal de Fateless traverse la ville de
Dresde en ruine. Pourtant adapté
par le Prix Nobel de littérature Imre
Kertesz – survivant de la déporta-
(1) Période du 9 au 13 février inclus
28/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
médias
Soirée de mobilisation pour la libération de l’envoyée spéciale de « Libération » Florence Aubenas,
son guide Hussein Hanoun et la journaliste italienne Giuliana Sgrena, détenus en Irak
Les syndicats et la direction en désaccord
sur la place de la rédaction nationale
A l’Olympia, artistes, politiques et public
expriment leur soutien aux otages
Les journalistes de France 3
sont appelés à une grève
de 24 heures
« POUR FLORENCE, Hussein et
Giuliana ». Lundi 14 février, ils
étaient les vedettes dont les noms
brillaient en lettres de néon rouges
au fronton de l’Olympia, à Paris.
Quinze jours après la soirée au
Théâtre du Rond-Point des ChampsElysées, le music-hall accueillait
2 000 personnes venues assister au
concert de soutien organisé par Libération et Reporters sans frontières
(RSF) pour Florence Aubenas, son
guide Hussein Hanoun, tous deux disparus le 5 janvier à Bagdad, et pour
Giuliana Sgrena, collaboratrice du
quotidien italien Il Manifesto, enlevée
le 4 février dans la capitale irakienne.
Tout au long de la soirée, Pierre
Lescure, l’ex-PDG de Canal+, a égrené les chiffres du lourd tribut payé
par les journalistes dans le monde.
Pendant près de quatre heures, ont
défilé sur la scène décorée par les
portraits des disparus une centaine
d’artistes.
Charles Aznavour, Maxime Le
Forestier, Bernard Lavilliers, Jacques Higelin, Yves Simon, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Zazie, Arielle
Dombasle ont, entre autres, mêlé
leurs voix à celles de Rachid Taha,
Cheb Mami, de Farida Muhamed
Ali, chanteuse chiite qui a interprété
Bagdad. De son côté, le chanteur irakien Fawzy Al-Aiedy, qui n’a « pas
vu l’Irak et sa mère » depuis vingtcinq ans, a rappelé qu’« il est important de chanter pour cette liberté d’expression pas respectée depuis longtemps en Irak ».
Accords de musique et accents
d’émotion. Avant le concert, Benoît
Aubenas, le père de Florence, a rappelé que, quarante jours après la disparition de sa fille et de son guide,
les familles sont « toujours dans le
silence et l’attente ». « Quarante
jours, c’est long, c’est trop long »,
a-t-il dit.
Autre souffrance, celles des fem-
LE MALAISE grandit à la rédaction
de France 3. Un vote négatif, en septembre 2004, sur la nouvelle orientation des journaux décidée par Ulysse
Gosset, directeur de la rédaction
nationale, a été suivi d’une motion de
défiance à son encontre lancée le jeudi 6 janvier à l’initiative de la Société
des journalistes (SDJ) et votée à plus
de 70 % par ces derniers. Les syndicats CGT et SNJ de la chaîne publique
appellent les journalistes de la rédaction nationale à un arrêt de travail de
24 heures, mardi 15 février.
Cet appel à la grève fait suite à une
rupture de négociations entre syndicats et direction à propos du « grand
chantier de réflexion » sur la place de
la rédaction nationale au sein de
France 3. Devant faire l’objet d’un
protocole d’accord, cette réflexion
porte sur le projet éditorial, l’organigramme de la rédaction et « la part
variable » de salaire pour les cadres.
Pour justifier leur départ de la
table de négociation, les syndicats
expliquent que « la rédaction est en
trop mauvais état pour que des organisations syndicales responsables puissent négocier des bases d’avenir, alors
que le présent est sous hypothèque ».
Même si elles ne prononcent pas
son nom, les organisations syndicales
ont en ligne de mire Ulysse Gosset à
qui, il y a un mois, la direction générale de France 3 a confirmé son soutien
à la direction de la rédaction nationale. Elles soulignent son « illégitimité »
après les deux votes négatifs à son
encontre et font remarquer que Patrice Papet, directeur des ressources
humaines Société de France 3, est de
plus en plus présent au côté du directeur de la rédaction.
M. Papet est même venu dernièrement assister à une conférence de
rédaction en expliquant qu’il « souhaitait se rendre compte par lui-même
de l’état de la rédaction ».
Mais, pour le SNJ et la CGT,
Noël Mamère, Jack Lang. Tous ont
vanté les qualités professionnelles
de Florence Aubenas.
Venue spécialement de Rome,
Luciana Castellina, une des cofondatrices d’Il Manifesto, a souligné « le
courage » des deux femmes journalistes issues de deux quotidiens
« nés dans les racines de Mai 68 »
Au côté de Marc Tronchoy (Europe 1), de François d’Orcival (Fédération de la presse française), Hervé
Brusini (France 3) a lancé « un appel
pour que les journalistes soient dotés
d’une convention internationale », à
l’image de celle de 1949 de Genève
pour donner un statut aux correspondants de guerre. Une idée qui
fait déjà son chemin en Europe.
afp
avoir des gardes du corps
Charles Aznavour, comme de nombreux artistes, était présent sur scène.
mes de Frédéric Nérac, cameraman
français disparu en Irak le 2 mars
2003, et de Guy-André Kieffer enlevé à Abidjan en Côte d’Ivoire le
16 avril 2004. « La douleur est encore
plus importante en l’absence du soutien des médias et des autorités », ontelles déclaré.
Serge July, PDG de Libération, a
souligné l’importance de la mobilisation à travers le pays, et même
au-delà des frontières. « Il faut faire
vivre l’exigence du retour des otages.
C’est un impératif catégorique. Le
mouvement d’opinion doit former un
bouclier avec les ravisseurs de telle
dépêches
sorte qu’il soit difficile d’attenter à
leurs vies », a-t-il dit.
« Aux diplomates le silence, à nous
le maximum de tapage et de bruit »,
a renchéri le secrétaire général de
RSF, Robert Ménard, en indiquant
que la radio RMC Moyen-Orient
retransmettait le concert en direct,
en Irak.
Manifestant leur soutien, plusieurs hommes politiques ont tenu
à être présents. Parmi eux, Nicolas
Sarkozy accompagné de son épouse
Cécilia, Lionel Jospin et Sylviane
Agacinski, François Hollande et
Ségolène Royal, Jean-Paul Huchon,
Avant le concert, Jean Hatzfeld,
ex-grand reporter de Libération,
confiait être « assez optimiste » sur
le dénouement, mais « très mal à
l’aise » depuis le début de cette
campagne. « Il y a une ambiguïté
dans ce genre de soirée “people”
comme pour le tsunami. Mais ne
rien faire serait un risque énorme. Ce
qui me panique, c’est le retour. J’appréhende qu’elle soit marquée à
jamais comme otage à Bagdad. »
Serge July a annoncé que les
directeurs de rédaction des principaux titres nationaux seraient
reçus mercredi par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
Patron de l’agence Capa, Hervé
Chabalier a décidé de continuer à
envoyer des journalistes en Irak.
« On doit faire évoluer notre façon
de travailler. Si, pour obtenir de l’info, il faut avoir des gardes du corps,
on le fera. Je préfère avoir un journaliste à l’hôtel à Bagdad proche de
l’action plutôt qu’à Paris dans une
salle de rédaction », dit-il.
Daniel Psenny et Macha Sery
M. Gosset reste responsable « du climat délétère » au sein de la rédaction
et de l’état du personnel « au bord de
la crise de nerfs ». « La direction se
montre dans l’incapacité de gérer la
crise actuelle, de stopper la dégradation de nos conditions de travail et son
attitude menace l’antenne », écrivent
les deux syndicats dans un tract distribué à l’ensemble du personnel.
Dans un communiqué publié lundi, la SDJ indique que, « pour des raisons qui lui appartiennent, la présidence de France Télévisions n’a pas souhaité entendre le message, clair et sans
« Climat délétère » au
sein de la rédaction et
personnel « au bord
de la crise de nerfs »
équivoque, envoyé par les journalistes
de la rédaction le 6 janvier. Il est de la
responsabilité de chacun de continuer
à manifester en son âme et conscience
son profond désaccord, afin d’être –
enfin – entendu ».
La direction générale de la chaîne
indique « que sa porte reste grande
ouverte pour reprendre les négociations ». En janvier, dans une lettre
adressée au personnel après le vote
de la motion de défiance, M. Gosset
a rappelé les investissements qu’il
prévoyait en 2005 : embauche de
CDD, augmentation du budget, programmation d’émissions spéciales et
politique éditoriale ambitieuse.
Malgré l’appel à la grève, la direction de la chaîne affirme que les éditions des journaux de la mi-journée
et du soir seront diffusées.
D. P.
La chaîne cryptée lance Canal+ Le Bouquet le 5 mars et augmente son tarif de 2 euros
CANAL+ : le groupe de télévision à péage a indiqué, lundi
14 février, qu’il réfléchissait à l’opportunité de déposer un recours
après que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a donné son feu
vert au rachat de la chaîne TMC par TF1 et AB Groupe (Le Monde du
12 février).
a MATCH TV : le groupe Lagardère a rendu l’autorisation d’émettre sur la partie payante de la télévision numérique terrestre
(TNT) de sa chaîne thématique Match TV. Cette restitution est intervenue après que Groupe Canal+ a choisi de rendre les autorisations de
deux de ses chaînes, Comédie ! et Cuisine TV (Le Monde du
12 février).
a FRANCE 2 : la société de production audiovisuelle A Prime, présidée par Dominique Ambiel, ex-conseiller en communication du
premier ministre Jean-Pierre Raffarin, proposera le 18 avril au Théâtre
des Variétés, à Paris, une représentation de la pièce de Feydeau Un fil
à la patte. Les rôles seront tenus par des animateurs de France 2, dont
Eve Ruggieri et Marie-Ange Nardi.
a CSA : François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste,
a souhaité, samedi 12 février, que le mode de nomination des membres du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit profondément
remanié en y associant mieux le Parlement.
a BVP : une quinzaine de militants anti-pub ont envahi vendredi
11 février les locaux du Bureau de vérification de la publicité
(BVP) et l’ont occupé pendant trois heures, avant d’être évacués par la
police. Ces membres d’un collectif parisien baptisé les « Publicitaires » ont réclamé la suppression du BVP, qui « n’existe que pour justifier le système publicitaire en lui donnant un semblant d’éthique ». De
son côté, le BVP a protesté contre ce qu’il a qualifié « d’intolérable
agression ».
a MAURY : le groupe d’impression de magazines, de livres et de
catalogues a annoncé lundi 14 février le rachat de Roto France
Impression, dont le site de production se trouve à Lognes (Seine-etMarne). Maury dispose désormais de 38 rotatives offset, réparties
dans 6 centres de production installés en France.
a « CAPITAL » : François Genthial est nommé rédacteur en chef
du mensuel économique du groupe Prisma. Il succède à Jean-Joël
Gurviez, éditeur de Capital et Management, qui devrait se consacrer
au redressement de ce mensuel. Capital est vendu à plus de 358 650
exemplaires chaque mois (diffusion payée, OJD 2003-2004), Management à 85 650 exemplaires.
a
Sur
, mardi
soir à 22h30,
Rideau Rouge :
Tsunami, cinquante jours après.
Claude Sérillon propose de poursuivre le
travail d’information sur cette catastrophe
à travers les reportages de son équipe et
les analyses d’experts internationaux.
Plus d’infos sur www.tv5.org
Canal+ se compose un bouquet de 5 chaînes numériques
LA CHAÎNE cryptée a présenté,
lundi 14 février, sa nouvelle offre
de programmes destinée à ses abonnés en mode numérique. A partir
du 5 mars, Canal+ se divise en cinq
chaînes quasi autonomes.
La chaîne cryptée a obtenu
l’autorisation d’introduire jusqu’à
33 % de programmes propres
dans chacune de ses déclinaisons
numériques.
Jusqu’à aujourd’hui, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport et Canal+
Confort n’étaient que des chaînes
de rediffusions à des horaires décalés des programmes de Canal+. Dès
mars, Canal+ en numérique sera
agencé comme une sorte de mini
bouquet baptisé logiquement
Canal+ Le Bouquet.
La nouvelle offre sera déclinée
via cinq chaînes. Autour du navire
amiral Canal+ viendront s’arrimer
Canal+ Cinéma, Canal+ Sport,
Canal+ Décalé et Canal+ High Tech.
Selon Bertrand Méheut, PDG de
Groupe Canal+ : « Chacune de ses
cinq chaînes aura son identité pro-
pre. Cela nous permettra une meilleure valorisation de nos droits premiums. » Pour le coup, la direction
de la chaîne cryptée devrait investir
de « 20 à 30 millions d’euros supplémentaires dans de nouveaux programmes, principalement dans du
cinéma », ajoute Rodolphe Belmer,
directeur général délégué de
Canal+.
Canal+ Cinéma viendra compléter l’offre de cinéma de Canal+, en
proposant chaque année plus de
cent films récents ou de première
exclusivité. Cette chaîne proposera
aussi, le dimanche soir, un magazine de cinéma. Et, première pour
Canal+, « Le Cercle » – animé par
Daphné Roullier et des chroniqueurs spécialisés – pourrait se permettre d’être parfois critique à propos de certains films financés et diffusés par Canal+…
Dans la même veine, Canal+
Sport sera l’occasion de mettre à
l’antenne l’intégralité des droits
sportifs acquis par la chaîne cryptée. L’exclusivité (le « premium »)
« sera sur Canal+ Sport, le reste
sera sur Sport + », la chaîne sportive de CanalSatellite, détaille
M. Belmer.
Canal+ Décalé aura pour tâche
de rendre « plus visible la programmation de Canal+ ». Enfin, Canal+
High Tech sera le lieu de la mise en
œuvre de « toutes les nouvelles technologies du groupe », comme le
16/9, le Dolby stéréo ou la haute
définition.
mauvaise surprise
Pour les abonnés, cette arrivée
du Bouquet se double d’une mauvaise surprise. Fin mars, Canal+ Le
Bouquet augmentera de 2 euros
pour s’établir à 31,90 euros. Une
manière d’éponger en partie les
600 millions d’euros qui seront versés chaque année pendant trois
ans pour les droits du football. Les
2 euros supplémentaires devraient
rapporter plus de 50 millions
d’euros par an.
Surtout ce nouvel emballage de
la chaîne cryptée a pour « objectif
d’accélérer les abonnements » en
numérique, prévoit M. Méheut. En
2005, le PDG attend 250 000 abonnés numériques supplémentaires,
dont une bonne partie sera des
transferts des souscripteurs analogiques, qui représentent aujourd’hui 2,6 millions des 4,9 millions
d’abonnés à Canal+.
Outre la barre des 5 millions,
M. Méheut prévoit de passer le
seuil des 50 % d’abonnés en numérique dès cette année. A terme, Le
Bouquet pourrait ternir l’attrait de
CanalSatellite. Mieux : Canal+
pourrait enrichir son bouquet à
l’avenir en développant « une offre
premium sur chacun des thèmes
forts, attractifs », analyse M. Belmer.
Une manière d’inciter le groupe
Lagardère à échanger sa participation de 34 % dans CanalSatellite
contre une part de Groupe Canal+.
D’ailleurs, des « discussions sont en
cours » entre les deux groupes,
signale la direction de Canal+.
Guy Dutheil
do m i n i q u e dh o m br e s
Diableries, kung-fu et fraternité virile
ALEXANDRE DUMAS aurait probablement
du mal à reconnaître ses petits au milieu de toutes ces diableries, sans compter les effets spéciaux. Mais, au bout du compte, il y a de l’élan,
et même du panache dans ce D’Artagnan et les
trois mousquetaires, de Pierre Aknine, dont TF1
diffusait lundi soir la première partie.
Vincent Elbaz a le petit grain de folie sans
lequel le présomptueux cadet de Gascogne au
sourire ravageur ne serait qu’un fat. La scène
inaugurale de l’amitié entre les trois mousquetaires, qui deviennent quatre, comme on sait,
est rondement menée après un combat virevoltant dans un tripot contre les gardes du
cardinal.
Le fameux cri « Un pour tous, tous pour un ! »
est poussé avec toute la conviction nécessaire
et nous voici partis une fois de plus à la poursui-
te des ferrets de diamants que la reine a bien
imprudemment confiés, en gage d’amour, au
duc de Buckingham. Les violons du bal sont
rouges et bombés comme les jambons de
l’aubergiste, et réciproquement. Pour se rendre en Angleterre, d’Artagnan rame tout seul
dans sa barque jusqu’aux falaises de Douvres.
Et la robe, rouge également, de Milady, s’allie
très bien à la pourpre cardinalice de Richelieu.
Ce qui intrigue évidemment, c’est le pacte,
nullement prévu par Alexandre Dumas, que
Milady est censée avoir conclu avec le diable.
Cela nous vaut bien des éclairs dans le ciel et
bien des cercles de feu sur le sol. Sans ces épices contemporaines, les maîtres queux de TF1
jugeaient sans doute que le plus célèbre récit
d’aventures du XIXe siècle restait trop fade. On
est prêt, de toute façon, à croire les yeux fer-
més tout ce qui sort des lèvres pulpeuses d’Emmanuelle Béart, diabolique ou pas. Et puis on
s’habitue très vite à ce que les personnages de
Dumas sautent hardiment du haut des palais
sur le dur pavé des cours sans se faire aucun
mal ou exécutent dans l’air des prouesses
dignes des héros des films de kung-fu.
Peu importe aussi, au fond, les anachronismes de langage. Les danseurs sont en place.
Les lustres brillent de tous leurs feux. Il ne manque ni une perruque, ni une dentelle, ni un
ruban. On attend toujours, avec la même impatience, que d’Artagnan arrive enfin avec les
fameux ferrets au bal donné par le roi pour
confondre la reine.
La morale de ce premier épisode est que la
fraternité virile est plus forte que toutes les diableries. Suite et fin lundi prochain.
LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005/29
radio-télévision
MARDI 15 FÉVRIER
TF1
FRANCE 2
FRANCE 3
14.50 Blanc comme l’enfer Téléfilm. Michael
Switzer (EU, 2000, d) 16.30 New York police
judiciaire Les Oubliés 0 d 17.20 Monk Série
(S3). Monk dans le noir 19.05 A prendre ou
à laisser Jeu 19.50 A vrai dire, Journal, Météo.
16.55 Des chiffres et des lettres 17.25 Tout vu,
tout lu 18.00 Ray Charles, le génie de la soul
18.10 Le Grand Zapping de l’humour 18.50
On a tout essayé 19.50 Un gars, une fille
19.55 Météo, Journal, Plus jamais comme ça.
16.05 Outremers Les derniers Indiens Wayanas
d 16.35 France Truc 17.35 C’est pas sorcier Les
amphibiens 18.05 Questions pour un champion d 18.35 Le 19-20 de l’info, Météo 20.10
Tout le sport 20.20 Plus belle la vie d.
20.55 102 Dalmatiens
20.45 Football
20.55 Fabien Cosma
Film. Kevin
Lima. Avec Glenn Close, Gérard Depardieu,
Alice Evans, Ioan Gruffudd, David Horovitch.
Jeunesse (Etats-Unis, 2000, d).
La transposition du dessin animé
a engendré une suite sans nécessité
sinon celle d’un opportunisme mercantile.
22.45 Vis ma vie
SOLIDARITÉ ASIE DU
SUD Match de l’espoir. En direct du Camp
Nou, à Barcelone. Commentaires de Florent
Gautreau et Emmanuel Petit d.
Avec Zinedine Zidane, David Beckham,
Thierry Henry, Christian Karembeu,
Didier Drogba et Lilian Thuram.
23.00 Comme au cinéma l’hebdo Magazine.
COMPTE À
REBOURS Série. Jean-Claude Sussfeld. Avec
Pierre Vaneck, François Loriquet, Louis-Karim
Nébati, Hélène de Saint-Père, Magali
Genoud (France, 2004, d).
Un médecin tente de trouver rapidement un rein pour sauver un garçonnet.
22.25 Keno, Météo, Soir 3.
CANAL+
FRANCE 5 / ARTE
M6
17.55 Full Metal Alchemist... Série. Le Trafiquant d’âme 0 18.40 Le
Train 18.50 Grand Journal de Canal+, Météo,
Guignols 20.10 20 h 10 pétantes. Avec Lorànt
Deutsch, Judith Magre, Lubna Azabal
16.45 Planète insolite Nouvelle-Zélande 17.50
C dans l’air 19.00 Moscou - Vladivostok [2/3].
Novossibirsk - Tchita 19.45 Arte info, Journal
de la culture, Météo 20.15 F, 60 ans, cherche
colocataire [2/5]. Ça déménage.
17.50 Stargate SG-1 Série (S5, 22/22). Révélations d 18.50 Le Caméléon Caméléon contre
Caméléon 19.40 et 20.40 Kaamelott 19.50
Six’, Météo 20.05 Ma famille d’abord Série
(S4). Sourira bien qui sourira le dernier.
20.55 C’est déjà demain LA FIN
DU PÉTROLE, PROGRAMMABLE OU NON ?
Magazine présenté, en direct, par Ruth Elkrief.
Invités : François Hollande ; Hervé Gaymard,
Michel-Edouard Leclerc, Nicolas Hulot. Titre
de la fiction : 2013, la fin du pétrole, de Stéphane Meunier. Avec Hippolyte Girardot, Gwendoline Hamon.
20.40 thema
20.50 Duel de Stars LE CONCOURS
DE DANSE Divertissement présenté par
Virginie Efira. Invités : Steven, Magloire, JeanLuc Lahaye, Massimo Gargia, Loana, Elodie
Gossuin, Eve Angeli, Evelyne Leclercq.
f En clair jusqu'à 20.55
Magazine présenté
par Laurence Ferrari. Au sommaire : Vis ma
vie... Jean-Pierre Foucault moniteur de ski
pour enfants ; ... sur un chalutier (avec Gilles
des Queers) ; ... de chroniqueur tendance...
23.10 Snatch Film. Guy Ritchie. Avec
Benicio Del Toro, Dennis Farina, Vinnie
Jones, Brad Pitt, Jason Statham. Comédie
(Grande-Bretagne, 2000, d) 0.
0.55 Journal de la nuit, Météo.
23.00 Algérie 1988-2000, autopDocumentaire.
Séverine Labat et Malik Aït-Aoudia [1/3]
(2002, d) 0.
23.40 Les Amateurs Film. Martin Valente.
Avec Lorànt Deutsch (Fr. 2003, DD, d) 1.10
Un million d’années avant J.-C. a a Film.
Don Chaffey. Avec R. Welch (GB, 1966, v.o., d).
0.30 Vol de nuit Seconde rentrée littéraire.
Invités : David Lodge, Daniel Picouly, Marina
Vlady, Patrick Rambaud... 1.40 1re Compagnie
2.25 Météo 2.30 Reportages Pour l’amour de
Julie d 3.00 C’est quoi l’amour ? (120 min).
1.15 Histoires courtes Robert Guédiguian,
cinéaste. Documentaire. 2.10 Chanter la vie,
entrée d’artistes La victoire en chantant 3.00
Lady Faucon 3.25 Urti Une vie c’est trop peu
3.40 24 heures d’info, Météo (20 min).
1.40 Clair de lune Série. Mortelle confession
2.30 Soir 3 2.55 Plus belle la vie d 3.20 Un
livre, un jour Milagrosa, de M. Deambrosis
3.25 Histoires d’aujourd’hui Douaniers au
cœur de tous les trafics (2004, 115 min, d).
2.50 Surprise 2.55 Making of Mon beau père,
mes parents et moi d 3.20 Un ange pour
May Téléfilm. Harley Cokeliss. Avec Charlotte
Wakefield, Julie Cox (GB, 2002, d) 5.15 Nathalie... Film. Anne Fontaine (2003, 100 min).
CÂBLE ET SATELLITE
FILMS
13.50 Angel Heart. Alan Parker (Etats-Unis - Canada Grande-Bretagne, 1987, v.m., 110 min) 2 TPS Cinéculte
15.30 Adieu poulet. Pierre Granier-Deferre (France,
cinecinema Famiz
1975, 90 min).
16.05 Kennedy et moi. Sam Karmann (France, 1999,
cinecinema Emotion
85 min).
17.00 La Vie privée de Sherlock Holmes. Billy Wilder
cinecinema Classic
(Etats-Unis, 1970, v.m., 135 min).
18.10 Raging Bull. Martin Scorsese (Etats-Unis, 1980,
TPS Home cinema
N., v.m., 125 min).
18.55 La Cité des enfants perdus. Jean-Pierre Jeunet
TPS Cinéculte
et Marc Caro (France, 1995, 110 min).
20.45 Le Portrait de Dorian Gray. Albert Lewin
TCM
(Etats-Unis, 1945, N., v.o., 110 min).
21.00 La Tulipe noire. Christian-Jaque (France, 1963,
TPS Cinétoile
110 min).
22.05 Cléopâtre. Joseph L Mankiewicz (Etats-Unis,
cinecinema Classic
1963, v.o., 235 min).
22.20 Sam, je suis Sam. Jessie Nelson (Etats-Unis,
cinecinema Emotion
2001, 130 min).
22.35 Lili. Charles Walters (EU, 1953, v.m., 80 min). TCM
22.45 Le Nom de la rose. Jean-Jacques Annaud
(France - Italie - All., 1986, v.m., 130 min). TPS Cinéculte
0.05 La Nuit de l’iguane. John Huston (Etats-Unis,
TCM
1964, N., v.m., 125 min).
sie d’une tragédie
DÉBATS
22.20 Forum public. Thème : La loi de 1905. Invités : Jean
Public Sénat
Arnold De Clermont, Rémy Schwartz.
MAGAZINES
17.10 et 20.10 Le Journal de la culture. Invité : Pierre
I-TELE
Vidal-Naquet.
16.50 i comme idées. [2/2] Daniel Prévost.
I-TELE
22.05 Ripostes. Psychiatrie : état d’urgence. Avec Daniel
Zagury, Jean-Yves Monfort, Magali Bodon-Bruzel, Claude
Finkelstein, Gérard Miller et Jean Castex.
France 5 sat
22.30 93, Faubourg Saint-Honoré. Invités ; Joey Starr ;
Frédéric Taddeï ; Audrey Diwan ; Olivier Besancenot ;
Jean-Claude Tchicaya ; Franck Tiozzo...
Paris Première
DOCUMENTAIRES
18.00 Civilisations anciennes. La Chine. toute L'HISTOIRE
18.20 Le Procès Papon. 38e jour d’audience.
Histoire
18.35 Couples légendaires du XXe siècle. Richard Burton
Festival
et Elizabeth Taylor.
19.00 Eaux salées. [7/13]. Le fleuve Saint-Laurent. Voyage
19.20 Ne tirez pas sur la civette.
National Geographic
19.50 Mileva Maric, la femme d’Einstein. toute L'HISTOIRE
20.00 Régions de France. La Bretagne.
Voyage
20.05 L’Egypte. [2/5]. Les pyramides, machines
France 5 satellite
d’éternité.
22.40 Mensomadaire Magazine.
20.50 Le Château d’If.
Histoire
21.00 Europe : attention travaux.
LCP/AN
21.00 Interpol. Un aller simple.
National Geographic
21.00 De Tintin à Titeuf, les mythes de la bande
France 5 satellite
dessinée.
21.45 La Mort sur ordonnance.
toute L'HISTOIRE
22.00 Maîtres de la survie. Peuples de la forêt.
Odyssée
22.40 La Loi du tigre.
National Geographic
22.55 Pris dans la tempête. [62/93].
Planète
22.55 Les Nouveaux Détectives. Colis piégé.
13ème RUE
23.25 Chroniques de l’Amazonie sauvage. Le jour
Planète
de la mante.
23.30 A la pointe de la science. [4e volet]. L’Italie à la
National Geographic
pointe de la science.
23.50 Méditerranée. [8/12]. Rome, vers l’unité.
Histoire
0.25 Gérard Philipe, un homme, pas un ange.
Planète
0.30 J’irai dormir chez vous... Tendre France.
Voyage
0.35 Terre de fête. La Fête du poulain à Pézenas. Odyssée
0.45 René Rémond. [2/4]. L’histoire politique.
Histoire
SPORTS EN DIRECT
15.00 Futsal. Championnat d’Europe de futsal (phase de
poule) : Italie - Hongrie. 18.30 Portugal - Espagne. Eurosport
16.00 Snooker. Masters de Londres (3e jour).
Eurosport
20.00 Football. Ligue 2 : Troyes - Nancy.
Eurosport
20.30 Athlétisme. Meeting indoor de Stockholm. Sport+
LES ARMES, ETC. LES
ETATS-UNIS ET LA GUERRE Le Nerf de la
guerre Film documentaire. Eugene Jarecki
(Etats-Unis, 2005, d).
22.20 Thema - Guerriers à louer Documentaire. Jean-Philippe Ceppi et Michel Heiniger
(Suisse, 2004).
22.55 Thomas Mann et les siens
Téléfilm. Heinrich Breloer. Avec Armin Mueller-Stahl, Monica Bleibtreu, Sebastian Koch,
Sophie Rois, Jürgen Hentsch [3/3] (Allemagne, 2001, d).
23.15 Flashdance a Film. Adrian Lyne.
Avec Jennifer Beals, Sunny Johnson, Lilia Skala, Michael Nouri, Belinda Bauer, Kyle T. Heffner. Musical (Etats-Unis, 1983, d).
Un succès mythique en son temps.
0.40 Arte info 0.50 Medium - Mods a a
Film. Serge Bozon. Avec Laurent Lacotte,
Guillaume Verdier (Fr., 2002). 1.50 L’Ame de
Dresde La reconstruction de l’église NotreDame. Documentaire (All., 2004, 60 min).
0.54 Météo 0.55 Zone interdite « Je cherche
ma maison : c’est l’achat de ma vie ». Magazine. Au sommaire : Julie et Icham ; Frédérique et Christian ; Marie-Fanny et Christophe
2.45 M 6 Music/Les Nuits de M 6 (195 min).
RADIO
MUSIQUE
20.50 Festival Pablo Casals de Prades 1999.
Mezzo
22.00 Dana Ciocarlie au Châtelet.
Mezzo
23.00 Montreux 1975. Avec Benny Carter (sax alto), Terry
Clark (trompette), Roy Eldridge (trompette), Zoot Sims
(sax tenor), Tommy Flanagan (piano), Joe Pass (guitare),
Mezzo
Keater Betts (basse), Bobby Durham (drums).
THÉÂTRE
22.25 Quand épousez-vous ma femme ? Vaudeville de
Festival
J.-B. Luc et J.-P. Conty. Avec Jacques Balutin.
TÉLÉFILMS
19.05 Double Vision. Robert Knights.
20.50 Des kilos en or ! Christian François.
Festival
Festival
SÉRIES
19.50 Arabesque. Le Fichier (saison 9, 5/22).
TV Breizh
20.45 Mon oncle Charlie. Massage dorsal. Problèmes
Jimmy
de communication (saison 1, 5 et 6/24, v.m.).
22.35 Columbo. Exercice fatal.
TV Breizh
23.50 24. 17 h 00 - 18 h 00. 18 h 00 - 19 h 00 (S2) 0.
TF 6
0.10 X-Files. Je souhaite (saison 7, 21/22).
Série Club
0.10 Chapeau melon et bottes de cuir. Le Repaire de
TV Breizh
l’aigle (saison 7, 1/13).
1.10 Alias : l’intégrale. Almost Thirty years (S1, 22/22) 0 Téva
FRANCE-CULTURE
20.30 Mémorables.
21.00 Perspectives contemporaines.
Antonia Bellivetti, de Nathalie Quintane.
22.00 Journal, Double Culture.
22.30 Surpris par la nuit. Mat ou brillant.
0.00 Du jour au lendemain.
FRANCE-MUSIQUES
20.00 Un mardi idéal. Musique vivante .
Invités : Henri Texier Strada Quintet ; Xavier
Philips, violoncelliste ; Lio ; etc.
22.00 Couleurs du monde.
23.00 Les Enfants du baroque.
0.00 Ouvert la nuit.
RADIO CLASSIQUE
20.00 Les Rendez-Vous du soir.
Œuvres de Danzi, Mozart.
20.40 Les Rendez-Vous du soir. Par
l’Orchestre philharmonique de Liège, dir.
Louis Langrée, Claire-Marie Le Guay, piano :
œuvres de Magnard, Ravel, Chausson.
22.05 Les Rendez-Vous du soir (suite).
Œuvres de Beethoven, Brahms, Bruch...
0.00 Les Nuits de Radio Classique.
MERCREDI 16 FÉVRIER
TF1
FRANCE 2
FRANCE 3
CANAL+
FRANCE 5 / ARTE
M6
12.05 Attention à la marche ! Spéciale ados
12.50 Julie cuisine 13.00 Journal, Météo 14.00
Les Feux de l’amour d 14.50 Judith Kemp, la
loi du cœur Téléfilm. Helmut Metzger. Avec
Jennifer Nitsch (All., 2004, d) 16.30 New
York police judiciaire Série. Bouleversement
d 17.20 Monk Série (saison 3, 4/16). Monk est
renvoyé 18.15 1re Compagnie 19.05 A prendre
ou à laisser 19.55 Météo, Journal, Météo.
14.00 Inspecteur Derrick Série. Le Naufrage
d 14.55 Le Renard Série. Un plan diabolique
d 15.55 Incantessimo d 16.50 Un livre La Vie
parlée, de Bernard Chapuis 16.55 Des chiffres
et des lettres 17.25 Tout vu, tout lu 18.00 Ray
Charles, le génie de la soul 18.10 Le Grand
Zapping de l’humour 18.50 On a tout essayé
19.45 Un jour, un arbre 19.50 Un gars, une
fille Best of d 19.55 Météo, Journal, Loto.
12.00 Le 12-14 de l’info, Météo 13.30 Télé la
question 13.50 Keno 13.55 Animaux secrets
Amba, le tigre de l’amour 15.00 Questions au
gouvernement En direct d 16.05 Mon kanar
16.30 France Truc 17.35 C’est pas sorcier
Les gares : les sorciers mènent bon train d
18.05 Questions pour un champion d 18.35
Le 19-20 de l’info, Météo 20.10 Tout le sport
20.20 Plus belle la vie Feuilleton d.
14.00 Nos vies secrètes Série (S2, 9-10/22) 0
15.35 La Semaine du cinéma 16.05 NBA Mag+
17.05 Playground 17.35 Les Simpson Série
(S7). Du jamais vu f En clair jusqu'à 21.05 17.55 La
Kaz Full Metal Alchemist 0. Bertrand.çacom
18.40 Le Train Série 18.50 Le Grand Journal
de Canal+ 19.50 La Météo 19.55 Les Guignols
20.10 20 h 10 pétantes La 300e. Invités :
Dustin Hoffman ; le Paris Swing Orchestra.
13.40 Le Magazine de la santé au quotidien
14.35 Avis de sortie 14.45 Mustang, le royaume secret d 15.45 Gérard Klein autour du
monde Le Chili [1] d 16.40 Studio 5 16.45 A la
rencontre des requins blancs d 17.50 C dans
l’air Magazine 19.00 Arte découverte Moscou - Vladivostok [3/3]. Tchita-Vladivosto
19.45 Arte info, Journal de la culture, Météo
20.15 F, 60 ans, cherche colocataire [3/5].
13.30 Cuisine et séduction Téléfilm. Ariane
Zeller (All., 2004, d). 15.25 Ecarts de conduite
Téléfilm. Hartmut Griesmayr (All., 1999, d)
17.10 Classé confidentiel 17.50 Stargate SG-1
Série (S6). Rédemption d 18.50 Le Caméléon
Série. [1/2] L’Antre du Diable d 19.40 et
20.40 Kaamelott 19.50 Six’, Météo 20.05 Ma
famille d’abord Série (S4). Un virus parmi
nous d. 20.39 Conso le dise.
20.55 Combien ça coûte ? L’ARGENT
DE L’ETAT : ABUS, PASSE-DROITS Magazine
présenté par Jean-Pierre Pernaut et Evelyne
Thomas. Au sommaire : Les placards dorés
de la République ; Les services secrets du
fisc ; L'Etat hors la loi : Saisies sur salaire,
contestation payante des PV ; Que sont-ils
devenus ? ; Dans la famille privilégiée ; Le
scandale des tutelles...
20.55 Le Tuteur UNE NOUVELLE VIE
Série. François Velle. Avec Roland Magdane,
Yves Michel, Jean-Pierre Sanchez, Annie
Cordy, Jean-Marie Juan (France, 2005, d).
Le tuteur s’occupe de deux cas simultanément : celui d’une vieille femme
devenue amnésique et celui d’un
brillant chercheur qui a sombré dans
la dépression.
20.55 Vie privée, vie publique
21.05 Le Seigneur des anneaux :
20.40 Pierre Mendès-France LA
MORALE DE L’HISTOIRE Documentaire. JeanChristophe Rosé (2004, d).
Portrait de Pierre Mendès-France,
figure mythique de la vie politique.
21.35 Arte reportage Le Rêve écologiste de
la Russie. Documentaire. Vladimir Vasak ;
La révolution hydrogène 22.30 Le Dessous
des cartes Le Japon : l’espace [2]. Magazine.
20.50 Les 4 400 PERSÉCUTIONS. ICI
COMMENCE L’OBSCURITÉ Série (S1, 5 et 6/6).
Nick Gomez ; Tim Hunter. Avec Joel Gretsch,
Jacqueline McKenzie, Peter Coyote (2004) d.
Les 4 400 sont victimes d’attaques à la
bombe. Tom, Diana et Ryland, chargés de l’enquête, doivent en même
temps régler leurs affaires de famille.
23.15 Les Experts
22.40 Ça se discute
23.45 Légende LADY DI PAR PHILIPPE
LABRO Documentaire. Thomas Cazals d.
A travers des images d’archives et des
témoignages, Philippe Labro retrace
l’existence mouvementée de la princesse Diana, disparue tragiquement
en août 1997.
22.40 Film Festival Berlin Magazine
présenté par Gérard Lefort et Loretta Stern.
Le 55e Festival du film de Berlin sous
tous ses aspects.
23.45 Arte info 23.55 Court-circuit (le magazine) Au sommaire : L’Anniversaire d’Ina,
d’André Bergelt (All., 2001) ; Uwe Flade ; Poteline, de Chloé Miller (Fr., 2004) ; En service, de
Jochen Alexander Freydank (All., 2003) ;
Discussion avec Jochen Alexander Freydank.
22.25 Missing/disparus sans lais-
0.45 Un homme et une femme a Film.
Claude Lelouch. Avec Anouk Aimée, JeanLouis Trintignant, Pierre Barouh (Fr., 1966, d)
2.25 360˚, le reportage GEO Amours balinaises.
Documentaire. David Goodale (25 min).
0.04 Météo 0.05 Secrets d’actualité Magazine. TWA-800 : L’énigme du vol New
York/Paris. 1.20 M 6 Music/Les Nuits de M 6
Emission musicale (280 min).
ONZE HOMMES EN
COLÈRE. TROP JEUNE POUR MOURIR Série
(S4, 11 et 10/23). Matt Earl Beesley ; Nelson
McCormick. Avec William L. Petersen, Marg
Helgenberger, George Eads 2 d.
LA FRANCE ESTELLE VRAIMENT LE PAYS DU LIBERTINAGE ?
Magazine présenté par Jean-Luc Delarue.
1.00 1re Compagnie Jeu 1.45 Histoires naturelles Gendarmes en montagne. Documentaire.
Jean-Pierre Fleury et Christophe Resse d 2.35
Météo.
0.55 Journal de la nuit, Météo 1.14
CD’aujourd’hui 1.20 Des mots de minuit
Magazine présenté par Philippe Lefait 2.45
Chez les dingues Divertissement.
2.45 Appels d’urgence Les femmes font la loi.
4.00 Reportages Les Belles du Lido. Reportage.
Cathelyne Hemery, Jean-Michel Chappes et
Frans-Yves Marescot d 4.25 Embarquement
porte n˚ 1 Kiev. 4.50 Musique (10 min).
3.10 Les Chemins de la foi Magazine 4.05
24 heures d’info, Météo 4.25 Urti La Fatalité
ou le Secret de la salle d’ambre 4.55 Outremers Magazine. Les Derniers Indiens Wayanas (35 min).
CÂBLE ET SATELLITE
FILMS
13.45 Le Bar du téléphone. Claude Barrois (France,
TPS Cinextrême
1980, 90 min) 0.
14.20 La Vie de château. Jean-Paul Rappeneau
TPS Cinétoile
(France, 1965, N., 90 min).
15.50 La Ronde de l’aube. Douglas Sirk (Etats-Unis,
TPS Cinétoile
1957, N., v.m., 90 min).
16.45 Butterfly. Andrei Khrjanovsky (Urss, 1972,
Mezzo
10 min).
17.10 L’Orchestre rouge. Jacques Rouffio (Italie TPS Cinéculte
France - Belgique, 1989, 125 min).
18.45 Prima della Rivoluzione. Bernardo Bertolucci
cinecinema Classic
(Italie, 1964, N., v.o., 120 min).
19.00 Top secret. Blake Edwards (Grande-Bretagne,
TPS Cinétoile
1974, v.m., 120 min).
20.45 Un été en Louisiane. Robert Mulligan
RTL 9
(Etats-Unis, 1991, 105 min).
20.50 Lara Croft Tomb Raider. Jan De Bont
TPS Star
(Etats-Unis, 2003, v.m., 115 min).
21.00 Le Cavaleur. Philippe de Broca (France, 1978,
TPS Cinétoile
100 min).
21.00 ET 23.35 1900 : Première et Seconde époques.
Bernardo Bertolucci (It., 1976, v.m., 155 min) 6. CC Auteur
22.40 Ces messieurs de la gâchette. Raoul André
TPS Cinétoile
(France, 1969, 90 min).
22.50 She’s So Lovely. Nick Cassavetes (Etats-Unis,
cinecinema Emotion
1997, v.m., 95 min) 0.
0.30 La Femme du cosmonaute. Jacques Monnet
TPS Star
(France, 1997, 100 min).
ILS
SE SONT TANT AIMÉS Présenté par Mireille
Dumas. Invités : Roger Hanin, Patrick Poivre
d’Arvor, Jean-Pierre Foucault, Alice Dona,
François Léotard, Francine Distel, Elisabeth
Fanger, Katherine Pancol, Christophe Fauré,
Bada d.
23.05 Keno 23.10 Météo 23.15 Soir 3.
0.40 Les Sauveteurs des cimes Documentaire.
Gilles Perret d.
1.35 Chronique d’un siège Ramallah, avril
2002. Documentaire. Samir Abdallah 2.30
Plus belle la vie d 2.55 Une semaine sur
Public Sénat Magazine 4.20 Une semaine
sur La Chaîne parlementaire (60 min).
DÉBATS
20.30 Parlez-moi d’ailleurs. Thème : Abbas/Sharon :
LCP/AN
un couple pour la paix ?
22.30 Forum public. Thème : La TNT vue
Public Sénat
par les magazines TV.
MAGAZINES
14.00 Chacun son monde. Dee Dee Bridgewater. Voyage
14.50 et 17.20 i Média. Invité : Stéphane Bern.
I-TELE
16.50 i comme idées. Invités : Pierre Brévignan et Olivier
I-TELE
Philipponnat.
19.00 CULT.
France 5 satellite
20.00 Vol de nuit. Petites manip’ entre amis.
Odyssée
20.45 Sagas. Les héritiers.
Match TV
22.50 Le Magazine de la santé au quotidien. France 5 sat
23.45 C dans l’air.
France 5 satellite
DOCUMENTAIRES
17.00 Assassinats politiques. [4/8]. Mort coloniale :
Planète
Patrice Lumumba.
17.10 Les Mystères de l’Histoire. L’homosexualité
toute L'HISTOIRE
au sein de l’armée britannique.
17.15 Irlande, Irlandes, les racines de la violence. [1/2].
Histoire
D’un conflit à l’autre.
18.20 Le Procès Papon. 39e et 40e jours d’audience. Histoire
18.35 Couples légendaires du XXe siècle. [4/5]. Humphrey
Festival
Bogart et Lauren Bacall.
19.20 Lions et hyènes. Face à face mortel.
National Geo
20.00 Régions de France. La Provence.
Voyage
Les Deux Tours a
Film. Peter Jackson.
Avec Elijah Wood, Sean Astin, Ian McKellen,
Viggo Mortensen, Christopher Lee, Orlando
Bloom, Liv Tyler (Etats-Unis, 2002, d) 0.
La deuxième partie de la saga créée
par John Ronal Reuen Tolkien. D’impressionnants effets spéciaux.
0.00 Terminator 3 : le soulève-
ment des machines a Film. Jonathan
Mostow. Avec Arnold Schwarzenegger, Nick
Stahl, Claire Danes, Kristanna Loken, David
Andrews. SF (Etats-Unis, 2003, v.o., d) 0.
Deux androïdes sont envoyés du futur.
L’un pour protéger un jeune homme,
l’autre pour le tuer.
1.45 The Shield Série (saison 2, 9 et 10/13, 2).
Au premier jour. A couteaux tirés d.
3.15 28 Jours plus tard a Film. Danny Boyle.
Avec Cillian Murphy (EU - GB, 2002, v.o., d).
6 4.55 En aparté Invités : Stéphane Freiss,
Louis Bertignac (100 min).
20.05 L’Egypte. [3/5]. L’Age d’or.
France 5 satellite
20.10 Tempêtes. L’ouragan Andrew [2/2]. Nat. Geographic
20.45 Calypso@Dirty Jim’s.
Planète
20.50 A la découverte du monde sauvage. De safari
Voyage
en safari.
20.50 Les Papes et le Pouvoir. [2/5]. Jean XXIII
Histoire
et le renouveau de l’Eglise.
21.45 Dolo, le dernier Dogon.
Voyage
22.15 Calais, dernière frontière.
Odyssée
22.30 Mileva Maric, la femme d’Einstein. toute L'HISTOIRE
22.40 A la recherche des pandas géants.
National Geo
23.20 La Cigogne noire, du chêne au baobab.
Odyssée
23.25 Chroniques de l’Amazonie sauvage. [15/24].
Planète
Le Farceur des cimes.
23.50 L’Invincible Armada. [1/3].
Histoire
SPORTS EN DIRECT
15.00 Biathlon. Coupe du monde : 10 km sprint
Eurosport
messieurs, à Pokljuka (Slovénie).
15.00 Volley-ball. Ligue des champions féminine (play-off
Sport+
retour) : Bakou - Cannes.
17.30 Football. Coupe d’Italie (quarts de finale retour) :
Inter Milan - Atalanta Bergame ; 20.30 Paris Volley Berlin.
Sport+
19.00 Football. Coupe de l’UEFA (16es de finale aller) :
Eurosport
Panathinaïkos - FC Séville.
19.50 Football. Coupe de l’UEFA (16es de finale aller) : Ajax
Paris Première
Amsterdam - Auxerre.
21.00 Snooker. Masters de Londres (4e jour).
Eurosport
MUSIQUE
20.50 Orchestre RTSI. [1/2]. Maria Tipo (piano).
Mezzo
22.00 Classic Archive. Avec Solomon Cutner (piano),
Mezzo
Claudio Arrau (piano).
23.00 Live au New Morning 2004. James Carter.
Mezzo
TÉLÉFILMS
17.00 L’homme qui venait d’ailleurs. F. Luciani.
Festival
19.05 Collection Mary Higgins Clark - Pleure pas ma belle.
Festival
Michel Andrieu.
20.00 Une équipe de chefs. Paul Hoen.
Disney Channel
20.50 Astéroïde. Bradford May. [1 et 2/2].
Téva
20.50 Petite sœur. Marion Sarraut.
Festival
22.25 Fausto et la Dame blanche. A. Sironi. [1/2]. Festival
SÉRIES
18.00 Magnum. Torah, Torah, Torah (S5, 21/22). 13ème RUE
18.50 New York 911 : L’Intégrale. Trop de souffrance
13ème RUE
(saison 2, 19/22) 0.
19.00 L’Homme de fer. Correspondant anonyme
Monte-Carlo TMC
(saison 6, 16/23).
19.55 Alias : l’intégrale. Ennemie intime (S2, 1/22).
Téva
20.20 Futurama. Censurez Bender (S5, 12/16). TPS Cinéfamily
20.45 Star Trek : Enterprise. Le Devoir du Capitaine.
L’Alliance de l’espoir (saison 3, 19 et 20/24, v.m.). Jimmy
20.50 et 22.25, 0.00 Le Monde de Joan. Liés pour
toujours. Les Yeux ouverts (saison 2, 1 et 2/22). 13ème RUE
22.40 Witchblade. Emergence. Destin (saison 2,
Série Club
1 et 2/12) 0.
Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans.
Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Les symboles spéciaux de Canal + DD Dernière diffusion d Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants.
ser de trace ENQUÊTE CLANDESTINE.
UNE VIE DE STAR Série (S2, 9 et 10/18). Farhad
Mann. Avec Caterina Scorsone, Vivica A. Fox,
Mark Consuelos, Justin Louis d.
En enquêtant sur un enlèvement, Jess
et Nicole mettent au jour un trafic
d’immigrants clandestins chinois,
dossier dont s’occupait un journaliste
disparu.
RADIO
FRANCE-CULTURE
20.30 Mémorables.
21.00 Décibels. Ethiopie Terra Incognita :
Balade éthiopienne pour l’An nouveau.
22.00 Journal, Double Culture.
22.30 Surpris par la nuit. Voix d’ailleurs.
0.00 Du jour au lendemain.
FRANCE-MUSIQUES
19.03 Le jazz est un roman. Feuilleton.
20.00 Concert. Par le Chœur Accentus
et l’Orchestre symphonique allemand
de Berlin, dir. Kent Nagano : Requiem
pour orchestre à cordes ; November
Steps pour orchestre et instruments
traditionnels japonais, de Takemitsu.
23.00 Le Bel Aujourd’hui. François Bayle.
RADIO CLASSIQUE
20.00 Les Rendez-Vous du soir. Ouverture :
Pour un jour de fête op. 115, de Beethoven, etc.
20.40 XXVe Festival d’Ambronay 2004.
La Giuditta. Oratorio d’Alessandro Scarlatti,
dir. Martin Gester, Céline Ricci (Giuditta), etc.
22.15 Les Rendez-Vous du soir (suite).
Quatuor à cordes n˚ 2 op. 22, de Tchaïkovski ;
Etudes-Tableaux op. 33, de Rachmaninov ;
Symphonie n˚5 op. 47, de Chostakovitch.
0.00 Les Nuits de Radio Classique.
30/LE MONDE/MERCREDI 16 FÉVRIER 2005
éric fo tt o rino
Dernière demeure
IL EXISTE bien des façons de
mourir, et pas un jour ne se passe
sans que la réalité vienne supplanter l’imagination. Il y a la mort au
bout d’une longue vie, qui apporte sa dose de tristesse en nous laissant quittes du regret : les élus de
cette camarde-là ont eu une existence bien remplie. S’ils sont partis trop tôt pour tous ceux qui les
aimaient, ils ont laissé derrière
eux un long souvenir et une
œuvre. Ainsi Arthur Miller et
Jean Cayrol, morts considérables,
morts considérés, à juste titre,
pour avoir donné à leurs contemporains des mots et des émotions
susceptibles de traverser le
temps. Une sorte d’éternité
au-delà de la chair et du sang.
Il y a la mort comme au théâtre. Le comédien tire sa révérence avant le salut au public. Il a
joué son rôle, on a en tête ses
répliques, mais il ne viendra plus
les dire devant nous. C’est l’aurevoir d’Alfred plutôt que le bonjour. Fin de partie à Deauville. Le
final est plus classe que dans une
cellule pour VIP à la Santé. Cette
camarde, l’intéressé l’a peut-être
accueillie comme une bonne
camarade venue le délivrer au terme d’une existence riche en
rebondissements.
Et puis il y a la mort brute et
sèche, annoncée de façon laconique dans les flashs radio et dans
les journaux télévisés, avec voix
et tête de circonstance du présentateur. Des morts relatées par
des dépêches qui n’ont jamais si
bien porté leur nom : on dirait
que pour annoncer ces malheurs
ordinaires le journaliste s’est
dépêché. Pas de mots superflus.
Style télégraphique. Règles élémentaires du journalisme. Où ?
Quand ? Quoi ? Qui ? Comment ? Et si possible : Pourquoi ?
Cela donne en titre : « Un SDF
retrouvé mort près de sa tente,
probablement écrasé par un véhicule ».
« LILLE, 12 fév. 2005 (AFP) – Un
SDF d’une quarantaine d’années
a été retrouvé mort, probablement
écrasé par un véhicule, samedi
après-midi à côté de sa tente sur
un terrain vague à Loison-sousLens
(Pas-de-Calais),
a-t-on
appris de source policière. Les
enquêteurs ont découvert des traces de pneu sur la tente, selon la
même source. Les pompiers
avaient été alertés par un riverain.
Le commissariat de Lens est chargé de l’enquête. »
Sans commentaire. Tout est
dit. Au suivant. Titre : « Un SDF
retrouvé mort à Nancy ». Suit la
dépêche : « NANCY, 13 fév. 2005
(AFP) – Un homme de 61 ans, sans
domicile fixe, a été retrouvé mort
dans une cabine téléphonique
dimanche matin dans un quartier
proche du centre de Nancy, a-t-on
appris de source policière. L’homme, tenant près de lui une bouteille d’alcool, a été découvert par
un passant qui a prévenu la police.
Le décès pourrait être dû au froid,
les températures ayant notoirement chuté à Nancy dans la nuit
de samedi à dimanche. »
Au suivant de ce long weekend. Un mort du petit matin.
Titre direct : « Décès d’un sansabri dans le Val-de-Marne ». Texte bref : « Un homme sans domicile fixe a été retrouvé mort lundi
matin dans une voiture à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne),
a-t-on appris de source policière.
Agé de 46 ans, le SDF est décédé
de mort naturelle, selon la même
source. Son corps a été découvert
vers 6 h 30, près de la grande gare
de Villeneuve triage. »
Information vérifiée. Il existe
bien des manières de mourir.
Chez les SDF, la dernière demeure est toujours d’une mortelle
tristesse.
IL Y A 50 ANS, DANS
0123
Sir Winston Churchill
reçoit des journalistes américains
EN ATTENDANT qu’il entreprenne son « pèlerinage de la
paix » à Moscou, Sir Winston Churchill, qui ne pouvait pas faire
moins que le maréchal Boulganine,
vient de recevoir à son tour le propriétaire de journaux américains
M. William Randolf Hearst Jr.
Comme celui-ci est assuré d’être
reçu avec non moins d’honneurs
par le président Eisenhower, il
bénéficie donc du privilège unique
de pouvoir, à quelques semaines
de distance, s’entretenir avec tous
les grands des deux côtés du
rideau de fer. On peut croire que
M. Hearst aurait sans doute recherché une rencontre avec M. Mendès
France, s’il n’avait pas été battu de
vitesse par la crise ministérielle.
La conférence d’hier à Downing
Street a été précédée d’un lunch,
au cours duquel M. Hearst et deux
de ses collègues ont rencontré
M. Nutting, ministre d’Etat au
Foreign Office. Puis ils se sont
entretenus pendant près d’une
heure avec Sir Anthony Eden
avant d’accéder enfin auprès de
Sir Winston. Les journalistes britanniques, qui n’osent même pas
rêver d’un entretien avec le premier ministre, ont du mal à cacher
leur mauvaise humeur en constatant qu’« il faut être américain »
pour être prié à Downing Street.
Aussi est-ce parce que la présence de journalistes dans le voisinage immédiat de Sir Winston est
devenue extraordinaire que l’on a
vu courir dans Whitehall les
rumeurs les plus diverses. Il était
question notamment d’un message que le maréchal Boulganine
aurait remis à M. Hearst pour que
celui-ci le transmette au premier
ministre britannique.
Mais, s’il est vrai que les journalistes américains se sont proposé
de jouer le rôle de facteurs, le
maréchal Boulganine, après avoir
médité pendant quelques instants,
aurait décliné cette offre.
Jean Wetz
(16 février 1955.)
EN LIGNE SUR lemonde.fr
L’actualité en images. Tous les jours, une
sélection des photos. Aujourd’hui, un portfolio sous le signe de la Saint-Valentin où vous
découvrirez le cadeau que les Chinois s’offrent
ce jour-là : les « kissing fishes », un couple de
poissons qui s’embrassent. A la « une ».
a Journal photographique, par Wilfrid
Hoffacker. « Il est bien difficile d’avoir un
point de vue juste sur les choses, mais si l’on veut tenter quand même, il faut
se donner du mal, s’ouvrir l’esprit et prendre le temps de comprendre… »
Ainsi s’ouvre le blog de ce photographe qui livre en images et quelques
mots son regard sur l’actualité. Séquence « Blogs ».
a
CONTACTS
f RÉDACTION
80 boulevard Auguste-Blanqui,
75707 Paris Cedex 13. Tél : 01-57-28-20-00 ;
télex : 202 806 F ; télécopieur : 01-57-28-21-21.
Changement d’adresse et suspension :
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de l’étranger (33) 3-44-31-80-48.
Sur Internet : www.lemonde.fr
Par courrier : bulletin p. 10
Site d’information : www.lemonde.fr
Finances : http://finance.lemonde.fr
Emploi : http://emploi.lemonde.fr
f TÉLÉMATIQUE
3615 lemonde
f DOCUMENTATION
http://archives.lemonde.fr
f COLLECTION
Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI
01-44-82-66-40
f LE MONDE SUR MICROFILMS
03-88-71-42-30
a Tirage du Monde daté mardi 15 février 2005 : 469 134 exemplaires.
1-2-3
Nos abonnés France métropolitaine et PAD trouveront avec ce numéro un encart « DELL »
Les assureurs veulent continuer à prendre
en charge des dépassements d’honoraires
La position de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA)
complique la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-maladie
TROIS JOURS après la décision
prise par la Mutualité française de
soutenir la mise en place d’un parcours de soins coordonnés par le
médecin traitant, la Fédération
française des sociétés d’assurance
(FFSA) a pris position, lundi
14 février, sur la question de la prise en charge des dépassements
d’honoraires,
particulièrement
sensible pour le gouvernement.
La loi du 13 août 2004 réformant l’assurance-maladie a prévu
en effet la possibilité de pénalités
financières – de moindres remboursements par la Sécurité sociale – pour les assurés sociaux de
plus de 16 ans qui recourront directement à un spécialiste, à partir du
1er juillet 2005, sans passer par leur
médecin traitant. A contrario,
ceux qui s’inscriront dans la logique du parcours de soins coordonnés continueront à bénéficier des
mêmes niveaux de prise en charge
qu’aujourd’hui.
La FFSA a décidé, lundi, de souffler le chaud et le froid. Elle a en
effet rendu public un communiqué alambiqué dans lequel elle se
dit favorable à « une meilleure
coordination des soins ». Elle y
assure également que « la non-prise en charge d’une partie de la
majoration du ticket modérateur et
des dépassements d’honoraires est
suffisante pour amener l’assuré à
respecter le parcours de soins ».
C’est une manière pour elle de
laisser la possibilité aux assureurs
privés de prendre en charge des
dépassements d’honoraires.
grandes manœuvres
Cette décision s’inscrit dans un
contexte particulier : celui de la
préparation par le gouvernement
du décret fixant le cahier des charges « responsable » que devront
respecter les complémentaires
pour continuer à bénéficier
d’aides sociales et fiscales. Les
pouvoirs publics et l’Union nationale des organismes d’assurancemaladie complémentaire (Unocam), dont le président vient
d’être désigné – il s’agit du
« patron » de la MGEN JeanMichel Laxalt – ont engagé de
grandes manœuvres, en coulisse,
depuis plusieurs semaines sur ce
sujet sensible. Le décret sur le
contrat complémentaire « responsable » est attendu pour la fin du
mois de mars. Le gouvernement
semble prêt à faire un pas en direction des assureurs, à condition
que la FFSA – et les autres organis-
mes complémentaires – s’implique dans la prise en charge de la
médecine préventive.
Dans l’immédiat, la décision des
assureurs privés va relancer la
concurrence sur le marché de la
complémentaire santé. La Mutualité française (FNMF, 60 % de ce
marché), en effet, est favorable à
« la réorganisation du système de
soins autour du médecin traitant »,
selon l’expression employée par
son président, Jean-Pierre Davant,
dans un entretien au Figaro daté
samedi 12-dimanche 13 février. La
FNMF a donc demandé à ses adhérents de ne pas prendre en charge
les dépassements d’honoraires en
dehors des soins coordonnés. Reste à savoir si les mutuelles pourront suivre cette consigne face à la
concurrence accrue d’assureurs
privés qui viendront démarcher
leur clientèle.
Par ailleurs, le directeur de l’assurance-maladie, Frédéric Van
Roekeghem, a fait savoir, lundi,
que 1,2 million d’assurés avaient
choisi leur médecin traitant et en
avaient informé leur caisse. Le
gouvernement y voit un signe
encourageant.
Claire Guélaud
Un triple attentat
revendiqué
aux Philippines
par Abu Sayyaf
MANILLE. Douze personnes sont
mortes lundi 14 février aux Philippines dans trois attentats coordonnés qui ont été revendiqués par le
groupe terroriste Abu Sayyaf. Son
porte-parole, Abu Sulaiman, a
déclaré, sur la radio DZBB, qu’il
s’agissait d’un « cadeau de la SaintValentin » pour la présidente du
pays, Gloria Macapagal Arroyo.
Un attentat à la bombe commis
contre un bus à Makati, le quartier
des affaires à Manille, a tué trois
personnes. Deux autres opérations
terroristes ont été menées dans le
sud du pays, contre un dépôt de
bus à Davao et un centre commercial à General Santos. Les trois
explosions ont retenti successivement à une heure d’intervalle. Mardi, la présidente Arroyo a promis
d’« éliminer ce qui reste d’Abu
Sayyaf ». – (AFP.)
dépêche
a IRAN : 59 personnes ont été
tuées et 210 autres blessées, lundi
14 février, dans l’incendie accidentel de la mosquée Ark au centre de
Téhéran. L’incendie aurait été provoqué par un poêle d’appoint. L’appareil de chauffage aurait enflammé l’une des toiles tendues au-dessus de la cour. – (AFP.)