CARMMA - UNFPA
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CARMMA - UNFPA
1 INTRODUCTION ET CONTEXTE La Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) a été lancée par l’Union Africaine le 07 mai 2009, à Addis-Abeba, dans le but essentiel d’accélérer la lutte contre les décès maternels de manière concertée. Le décès maternel est défini par l’OMS par : «Tout décès d'une femme survenant au cours de la grossesse, de l’accouchement ou dans les 42 jours suivant la terminaison de la grossesse; à l’exception des décès dus à des causes fortuites comme accident». Le Niger est l’un des pays au monde où le ratio de mortalité maternelle (qui est le nombre de décès maternels pour 100 000 Naissances vivantes) est le plus élevé. Les progrès dans la réduction de la mortalité maternelle sont très lents, malgré la mise en œuvre de plusieurs actions prioritaires depuis plusieurs décennies : i) construction des infrastructures sanitaires de base (Cases de santé, Centres de santé intégrés) dans toutes les régions pour rapprocher au maximum les populations aux structures de santé, ii) le renforcement du Plateau Technique des structures de santé à tous les niveaux (augmentation des ressources humaines en quantité et en qualité, les équipements, la logistique et de communication), iii) l’amélioration de l’accessibilité financière avec les mesures de gratuité pour les soins de santé de la mère et de l’enfant (césarienne, planification familiale, Consultations prénatales, la prise en charge des enfants de 0 à 5 ans, etc.), iv) le renforcement des actions de plaidoyer et de sensibilisation sur la promotion de la santé maternelle. En effet ce ratio est passé de 700 pour 100 000 naissances vivantes en 1990 à 648 pour 100 000 naissances vivantes en 2006 (selon l’EDSN 2006) et de 554 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes en 2010 (Enquête Survie, Nutrition et Mortalité, Juillet 2010, INS). A ce rythme, il serait peu probable d’atteindre à l’horizon 2015, l’Objectif 5 du Millénaire. LES FACTEURS CONTRIBUANT AUX DECES MATERNELS AU NIGER Le taux des accouchements assistés par un personnel qualifié qui reste faible, même s’il a connu une amélioration, passant de 17,3% en 2006 à 34.4% en 2010 selon l’enquête Survie et Nutrition. Ce taux indique qu’au Niger 66 de la population accouchent sans assistance médicale, avec tous les risques qui y sont liés (dystocies mécaniques, hémorragies, infections maternelles et néonatales), 2 La pauvreté des populations (surtout des femmes) ne leur permettant pas un accès à des prestations sanitaires de qualité Le contexte socioculturel qui limite l’accès des femmes aux soins (elles n’ont pas de pouvoir décisionnel même pour leur propre santé) Les insuffisances du système de référence vers les structures de prise en charge des complications de la grossesse et de l’accouchement (manque d’ambulances, mauvais état des routes, distances trop longues, etc.) Les insuffisances de la demande de soins dues à l’ignorance des signes de danger de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum ; les interprétations erronées des préceptes religieux Les insuffisances liées à l’offre de soins: insuffisances des compétences des prestataires, manque de motivation des agents, moyens médicamenteux et matériels insuffisants, etc. Les conséquences du décès maternel sont énormes sur la vie sanitaire, sociale et économique de la famille et de la société toute entière, particulièrement : le décès du nouveau-né issu de la grossesse (en général dans le premier mois suivant sa naissance), ce qui augmente de ce fait le taux de mortalité néonatale précoce et par delà la mortalité infanto-juvénile. L’éclatement et la désorganisation du noyau familial puisque la mère constitue le socle de la famille. La déperdition scolaire des enfants survivants de cette mère décédée, engendrant de ce fait d’autres fléaux sociaux tels que le vagabondage, la mendicité et le banditisme chez ces enfants. LA REDUCTION DU TAUX DE MORTALITE MATERNELLE, UN DEFI TRES IMPORTANT A RELEVER PAR LE NIGER Consciente du défi de taille que constitue la mortalité maternelle en Afrique et de ses conséquences énormes sur le développement socio-sanitaire et économique des populations, l’Union Africaine( lors de la 4ème Session de la Conférence des ministres de la santé de ses pays membres qui s’est déroulée à Addis Abeba en Éthiopie le 7 mai 2009), s’est associée aux Communautés Economiques Régionales (CER), aux organismes des Nations Unies et à d’autres organisations internationales pour lancer la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) sous le thème: « L’Afrique n’est pas indifférente : Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie ! » UNE REPONSE AU PLAN D’ACTION DE MAPUTO La CARMMA fait partie des stratégies de la mise en œuvre du Plan d’action de Maputo (Mozambique) sur la santé et les droits sexuels et reproductifs approuvé par les Ministres de la santé africains en Septembre 2006 dont les stratégies clés comprennent : L’intégration des programmes et services de Santé de la Reproduction avec ceux de la lutte contre les IST/Vih/sida, y compris les cancers de l’appareil reproductif afin de maximiser l’efficacité de l’utilisation des ressources et réaliser la synergie complémentaire des deux stratégies ; Le repositionnement de la planification familiale comme volet essentiel pour atteindre les OMD dans le domaine de la santé ; 3 La satisfaction des besoins en santé sexuelle et génésique des adolescents et des jeunes et en faire un volet essentiel de la santé sexuelle et génésique ; La Lutte contre l’avortement à risque ; L’offre de services de qualité à des coûts abordables afin de promouvoir la maternité sans risque, la survie de l’enfant et la santé maternelle, infantile et juvénile ; Le renforcement de la coopération africaine Sud-Sud en vue de la réalisation des objectifs de la CIPD et les OMD en Afrique. L’APPEL DE L’UNION AFRICAINE (UA) Dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan d’action, l’Union Africaine a incité tous ses Etats membres à élaborer leur propre stratégie, à mobiliser les parties prenantes principales, même au niveau de la communauté et à lancer la CARMMA. Membre de l’Union Africaine et ayant souscrit à tous les engagements pris par l’Organisation panafricaine, le Niger a décidé de lancer la CARMMA afin d’accélérer l’atteinte de ses objectifs de réduction de la mortalité maternelle d’ici 2015. Ceci se fera à travers un processus participatif multisectoriel, axé surtout sur un éveil de conscience des décideurs et des acteurs pour une pleine implication de tous dans la lutte contre la mortalité maternelle au Niger. OBJECTIFS POURSUIVIS PAR LA CARMMA Plusieurs objectifs sont assignés au lancement de la CARMMA, notamment : Eveiller les consciences de tous les acteurs du leadership national, régional et communautaires sur la situation très alarmante et les conséquences de la Mortalité Maternelle élevée au Niger ; Renforcer l’engagement politique au plus haut sommet de l’Etat, pour la prise de décisions drastiques et la mise en œuvre d’actions positives pour la réduction du nombre des décès maternels au Niger; Renforcer la communication pour un changement de comportement positif de la communauté toute entière (décideurs, leaders d’opinion, toutes classes socio professionnelles, populations urbaines et rurales, hommes) pour l’accès des couches vulnérables (femmes et enfants) à des soins de santé de qualité dans toutes les régions du Niger. Mener un plaidoyer à tous les niveaux pour la mobilisation de ressources nécessaires à la mise en œuvre du Plan d’accélération de la Feuille de Route pour l’accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle au Niger ; Mettre en œuvre un plan d’action pour la CARMMA, dans le cadre de la Feuille de Route Nationale pour la Réduction de la Mortalité Maternelle. 4 LES PRINCIPALES ACTIVITES PREVUES LORS DU LANCEMENT DE LA CARMMA AU NIGER Un lancement national à Niamey par S.E Monsieur le Président de la République. L’organisation à Niamey de quatre (4) conférences ciblées (cibles: agents de santé, Etudiants en médecine, Ecoles de formations, ONG et Associations, etc.) L’organisation d’un débat radio télévisé sur la mortalité maternelle à Niamey. L’organisation de missions d’appui aux huit régions les lancements régionaux et les caravanes de sensibilisation. Un lancement officiel au niveau des huit régions du pays par les Gouverneurs des régions. L’organisation d’une caravane de sensibilisation et de plaidoyer pour la réduction de la mortalité maternelle dans chacune des huit régions du pays. L’organisation d’une collecte de sang dans toutes les structures sanitaires disposant d’une banque de sang au niveau des huit régions en collaboration avec le Centre National de Transfusion sanguine. L’élaboration d’un mémorandum sur la mortalité maternelle et la CARMMA à l’intention des plus hautes autorités du Niger ; L’élaboration de divers messages sur la mortalité maternelle à transmettre au cours de ces activités de lancement de la CARMMA et à mettre sur les différents supports prévus. L’élaboration de supports de communication et de plaidoyer : pagnes, T-shirts, banderoles, dépliants, présentations pour les différentes conférences, outils de plaidoyer pour la mobilisation des ressources, la presse écrite, etc. 5 QUELS SONT LES CIBLES VISEES ? Les cibles de toutes ces activités prévues lors du lancement de la CARMMA sont essentiellement : Les Institutions de la République, Les décideurs politiques à tous les niveaux, Les leaders d’opinions (leaders des partis politiques, chefs traditionnels, leaders religieux, etc.) Les leaders de groupements économiques et financiers Les opérateurs économiques Les ONG et Associations Les groupements de femmes Les élèves et étudiants Les enseignants Les professionnels de la santé Les professionnels des autres secteurs connexes: transports, équipements, agriculture, élevage Les partenaires techniques et financiers à tous les niveaux La population générale LA CEREMONIE DE LANCEMENT OFFICIELLE DE LA CARMMA PAR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE C’est dans un Palais de Congrès archicomble (plus de 3 000 places) que le lancement officiel de la Campagne d’ Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique a été présidé par le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM Issoufou Mahamadou, au Palais des Congrès de Niamey. La cérémonie s’est déroulée devant les Présidents des Institutions de la République, le Premier Ministre, les Membres du Gouvernement, le Corps Diplomatiques, les Représentants des Organisations Internationales et nationales, les Chefs des différents corps d’armée, les Chefs traditionnels et leaders religieux, le corps médical, les associations des femmes, les associations de défense des droits de l’homme, les élèves et étudiants, et de nombreux autres invités. La cérémonie a été aussi marquée par la présence des deux épouses du Président de la République, l’épouse du Premier Ministre, les membres du Réseau des femmes anciens Ministres et Parlementaires. DE L’INTERVENTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, ISSOUFOU MAHAMADOU Dans l'allocution qu'il a prononcée en procédant au lancement de la Campagne, le Président de la République, Chef de l'Etat, SEM. Issoufou Mahamadou a souligné en substance que l'Union Africaine a lancé un appel en 2002, pour la mise en place d'une caravane de lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Il a indiqué que plusieurs pays ont répondu à cet appel, avant d'ajouter que le Niger vient de leur emboîter le pas, avec ce lancement de la Campagne d'Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique. « Pour réduire le taux de mortalité maternelle et infantile, il faut prendre en compte toutes ses causes, en s'attaquant aux racines de la pauvreté, en scolarisant 6 les jeunes fille, en améliorant l’état sanitaire du pays, en libérant la femme des corvées ménagères. Notre objectif est d'atteindre un taux de mortalité maternelle de 4,05 pour mille à l’horizon 2015 » a indiqué le Président de la République. « En lançant, ce jour, la Caravane pour Accélérer la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA), j'ai voulu marquer ma détermination dans le combat pour la réalisation de l'OMD 5. Pour contribuer à gagner ce combat, j'ai décidé la mise sur pied d'un Haut Conseil National, interministériel et multisectoriel sur la mortalité maternelle et néonatale, Très prochainement, un Ambassadeur ou une Ambassadrice sera désigné(e). Il ou elle aura pour mission, en rapport avec le Conseil, la réalisation de I'OMD5 afin que moins de femmes meurent en donnant la vie » a promis Mahamadou Issoufou. DE L’INTERVENTION DE LA REPRESENTANTE DES PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS ET REPRESENTANTE A.I DE UNFPA, DR EDWIGE ADEKAMBI DOMINGO La Représentante par intérim de l'UNFPA, Représentante des Partenaires Techniques et Financiers du secteur de la santé, Dr Edwige Adekambi, a indiqué que la grossesse est un événement heureux que les femmes ont le privilège et la responsabilité de porter pour donner la vie. Pour nos sociétés traditionnelles, a-telle ajouté, la grossesse est l'accomplissement normal de la fonction procréatrice de la femme. « Elle porte une dimension spirituelle qui induit la mise en route systématique d'une thérapeutique préventive constituée de précautions et de prières dont le but est d'assurer une issue favorable et la naissance d'un enfant sain et exempt de toute tare physique ou psychologique. Malgré cette reconnaissance traditionnelle et le développement de la science qui sécurise davantage la vie de la mère et du nouveau-né, les femmes courent toujours de hauts risques pendant la grossesse et l'accouchement. Ce n'est pas acceptable parce que la grossesse, c'est la vie, et la vie est un droit universel. Aussi, Mme Edwige Adekambi a salué les actions prises par le Niger dans le cadre du respect de ces normes et politiques en déployant progressivement des services obstétricaux dans tout le pays, avec un souci croissant d'améliorer leur qualité et leur disponibilité afin d'offrir de meilleurs soins à un plus grand nombre de femmes nigériennes. Cependant, malgré les progrès accomplis, a-t-elle ajouté, toutes les deux heures, une nigérienne meurt de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement ; ce n'est pas acceptable. « Ce n'est pas non plus acceptable que pour chaque nigérienne qui meurt au cours de la grossesse ou de l'accouchement, une trentaine au moins soient atteintes de fistules obstétricales », a dit la Représentante par intérim de l'UNFPA. Evoquant les "3M", c'est-à-dire «Morbidité et Mortalité Maternelles» plus jamais ça au Niger, elle a indiqué que la région de Zinder a donné l'exemple de l'engagement des hommes pour cette initiative. « J'y suis allée, j'ai vu et j'ai entendu. J'ai entendu les "maris modèles de Zinder" dire "décès maternels", plus jamais ça à Zinder. Je les ai vus, mobiliser eux-mêmes leurs propres ressources pour accroître les capacités d'accueil d'une maternité, construire le logement d'une sage-femme. Je les ai vus, mobiliser 7 leurs pairs autour de cet engagement. Ces maris sont les porteurs de l'initiative "Ecoles des maris" développée dans la région de Zinder dont l'originalité, la pertinence et l'efficacité sont bien connues au-delà du Niger. Quant au Gouverneur de la Région de Niamey, Mme Kané Aichatou Boulama, elle a rappelé l'importance de la mère dans la vie de chaque individu. Elle a ajouté que c'est la mère qui donne la vie, et c'est elle qui éduque. UN MEMORANDUM REMIS AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Dans le mémorandum remis au Président de la République, et qui a été lu par Mme Issoufou Boubacar Haoua, les femmes du Niger ont indiqué avoir mis leurs vies entre les mains de SEM Issoufou Mahamadou. Elles ont sollicité son engagement pour renforcer les efforts fournis par le Niger pour sauver la vie des mères et des enfants. Elles ont fait un plaidoyer en faveur de la réalisation de plusieurs actions de nature à créer des conditions agréables des accouchements dans les maternités ; notamment, l'équipement et la dotation des maternités et CSI ; le renforcement du système de référence et la mise en place des ambulances ; la motivation du personnel soignant ; l'extension de l’initiative l'école des maris, l'organisation d'une table ronde pour mobiliser les ressources etc. ETAPES FUTURES Suivi des engagements Elaboration d’un Plan d’action de mise en œuvre des engagements Mobilisation des ressources et des partenaires Mise en œuvre du Plan d’accélération de la réduction de la mortalité maternelle d’ici 2015 (Feuille de route) 8 De droite à gauche : La Première Dame, Aissata Issoufou Mahamadou, la Première Dame Dr Malika Issoufou Mahamadou, le Président de l’Assemblée Nationale, Hama Amadou, le Premier Ministre, Brigi Rafini et son épouse Madame Assalo Brigi. Photo de famille : Le Président de la République (en blanc), entouré à sa gauche par le Ministre de la Santé Publique, Soumana Sanda, la Première Dame Dr Malika Issoufou et à sa droite, le Coordonateur a.i du Système des Nations Unies, Guido Cornale, la Représentante a.i de UNFPA, Dr Edwige Adekambi, La Gouverneur de la Région de Niamey, Madame Kané Aichatou Boulama et la Directrice Générale de la Santé de la Reproduction, Dr Asma Ghali Yaro. De nombreuses femmes leaders ont pris part à la cérémonie de lancement de la CARMA. Les épouses du Président de la République, Madame Aissata Issoufou (à droite) et Dr Malika Issoufou (à gauche). La Représentante a.i de UNFPA, Dr Edwige Adekambi, lors d’une interview après la cérémonie de lancement de la CARMMA. Les membres du Corps Diplomatiques prenant part à la cérémonie de lancement de la CARMMA. 9 Sketch de sensibilisation sur les grossesses à risques. Chefs traditionnels et leaders religieux lors de la cérémonie. 10 ANNEXES 1. Engagement du gouvernement de la 7eme République à l’ occasion du lancement de la campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique (CARMMA) 2. Discours du Président de la République, Chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou 3. Discours de Dr Edwige Adekambi, Représentante Représentante des Partenaires Techniques et Financiers a.i de UNFPA, 11 REPUBLIQUE DU NIGER Fraternité – Travail – Progrès MINISTERE DE LA SANTE PUBLIQUE DIRECTION GENERALE DE LA SANTE PUBLIQUE DIRECTION DE LA SANTE DE LA MERE ET DE L’ENFANT PLAIDOYER POUR L’ENGAGEMENT DU GOUVERNEMENT DE LA 7Eme REPUBLIQUE A L’OCCASION DU LANCEMENT DE LA CAMPAGNE POUR L’ACCELERATION DE LA REDUCTION DE LA MORTALITE MATERNELLE EN AFRIQUE (CARMMA) Nous, femmes du Niger, mères et futures mères, venons remettre nos vies entre vos mains, ce jour 20 décembre 2011, à l’occasion du lancement de la Campagne pour l’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique. Concernées plus que quiconque par le fait que de milliers de nigériennes décèdent chaque année des suites de la grossesse ou de l’accouchement, et que les femmes nigériennes subissent les risques les plus élevés en matière de morbidité et de mortalité maternelles, Vous remercions des engagements que vous avez pris pour protéger la femme nigérienne. Ayant pris connaissance du contenu de la Feuille de Route pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et néonatale de 2006-2015 adoptée par le Niger, Notons que la mise en œuvre de cette Feuille de Route constitue un tournant décisif dans l’histoire de la lutte contre la morbidité et la mortalité maternelle dans notre pays, où plusieurs défis sont à relever. Ayant la certitude du dévouement de votre haute autorité pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, nous venons solliciter, Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, votre engagement à : Renforcer les efforts pris par le Niger pour l’atteinte d’une couverture totale, équitable et de grand impact en matière d’interventions effectives pouvant sauver les vies et améliorer la santé des mères nigériennes et de leurs enfants, Développer des initiatives visant à promouvoir la scolarité des adolescentes à tous les niveaux de l’éducation de notre pays et à mettre fin aux mariages précoces et aux pratiques mettant en danger la santé des adolescentes. Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, nous souhaitons également, votre engagement et celui de tous les décideurs et des partenaires du Niger pour la réalisation, à court terme, des actions prioritaires ci-dessous : 1. La création des conditions agréables d’accouchement dans les formations sanitaires. Ceci devrait se traduire par : 12 La construction et /ou la réhabilitation des salles d’accouchement dans les 842 Centres de Santé Intégrés ; L’équipement des 842 salles d’accouchement des Centres de Santé Intégrés en matériel adéquat ; La dotation des 842 salles d’accouchement en personnel qualifié ; L’approvisionnement en eau potable dans 100% des Centres de Santé Intégrés ; L’électrification de 100% des Centres de Santé Intégrés. 2. L’extension de la gratuité des soins à l’accouchement et ses complications au niveau de toutes les formations sanitaires du pays ; 3. Le renforcement du système de référence et contre référence par la mise en place d’ambulances, l’amélioration de l’état des routes et de la communication ; 4. Le renforcement des capacités des agents de santé et leur motivation ; 5. La dotation des formations sanitaires en médicaments, réactifs, consommables, vaccins, petit matériel et équipement ; 6. La mise à l’échelle des activités de prise en charge Communautaire en faveur des jeunes, adolescents, femmes en âge de procréer et femmes enceintes ; 7. Le soutien à la stratégie de repositionnement des activités de Planification Familiale à tous les niveaux ; 8. La mise à l’échelle de la stratégie « Ecole des Maris » ; 9. L’Organisation d’une Table Ronde pour la mobilisation des ressources. Pour rendre effectives ces stratégies, le budget alloué à la Santé doit être amené à au moins 15 % du budget national. Pour que vive la femme en donnant la vie, respectons, tous, nos engagements, et accélérons nos interventions pour répondre présents au rendez-vous de l’Objectif du Millénaire pour le Développement n° 5, à savoir ″Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015 le taux de mortalité maternelle″. Les femmes du Niger. Niamey, le 20 décembre 2011 13 Discours du Président de la République, Chef de l’Etat, Issoufou Mahamadou A l’occasion du lancement de la Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) Niamey, 20 décembre 2011 Mesdames et Messieurs, Il y a quelques temps, dans un pays de l'hémisphère sud, un avion s'était écrasé avec une douzaine de personnes à bord, II n'y ait aucun survivant, A l'annonce de cette terrible nouvelle, tout le pays a semblé se paralyser. L'événement a fait la une des journaux et les chefs d'Etat des pays voisins ont présenté des condoléances officielles. Ce que l'opinion semblait ignorer, c'est que dans ce même pays, une trentaine de femmes, le double du nombre des victimes de l'accident, meurent chaque jour, y compris le jour du crash. Elles meurent, en silence, de complications liées aux grossesses et aux couches, elles meurent, en silence, de causes évitables. La différence entre les deux (2) situations, c'est que d'un côté on a un accident spectaculaire, brutal, un événement sensationnel que le pilote avait certainement tenté, en vain, d'éviter et d'un autre côté, des victimes de grossesses, sans espoir parce que n'ayant pour toute la technologie à leur disposition, qu'une hutte de bois et une carpette de paille. Quinze victimes, c'est environ le nombre de femmes qui meurent au Niger, chaque jour, des suites de leurs grossesses, soit une femme toutes les deux heures mais dont la mort ne fera pas la une des journaux et dont les familles ne recevront pas de condoléances officielles. Mesdames et Messieurs, La problématique de la mortalité maternelle n'est pas seulement une question de santé. Les principales causes sont, entre autres : la pauvreté des ménages : notamment pauvreté financière et ignorance ; c'est du reste le lieu de noter que trois pauvres sur cinq (5) sont des femmes au Niger, les corvées de tout genre qui fragilisent les femmes, les mariages précoces, le taux de fécondité le plus élevé du monde, la mauvaise couverture sanitaire du pays, Cette situation se traduit par : le retard dans la prise de décision pour l'orientation de la femme enceinte vers un centre de santé ; la méconnaissance des signes de dangers liés à la grossesse et à l'accouchement; le retard, pour atteindre une formation sanitaire, lié au mauvais état des routes, à la faiblesse des communications et des transports ; Pour réduire le taux de mortalité maternelle et infantile, il faut prendre en compte toutes ces causes, en s'attaquant aux racines de la pauvreté, en scolarisant les jeunes fille, en améliorant l’état sanitaire du pays, en libérant la femme des corvées ménagères. Notre objectif est d'atteindre un taux de 14 mortalité maternelle de 4,05 pour mille à l’horizon 2015. En réalité, c’est la mise en œuvre de l’ensemble du programme de la renaissance qui nous permettra de réaliser cet objectif, avec le soutien des Partenaires Techniques et financiers que vous me permettrez de remercier. Plus précisément, le Gouvernement poursuivra la prise en charge adéquate de la femme durant la grossesse, l'accouchement et le post-partum, à travers notamment la gratuité de la césarienne, de la consultation prénatale, de la planification familiale, des soins aux enfants de moins de cinq (5 ) ans, la prise en charge de tous les cancers féminins, les campagnes de vaccination de masse contre la rougeole et la méningite, la réhabilitation des hôpitaux de districts, la transformation dès cases de santé en est, l'équipement et la poursuite de la construction des centres mères et enfants, l'achat des ambulances, l'affectation d'un personnel qualifié dans les centres de santé. Par ailleurs, nous avons engagé, depuis le mois de Juillet, un test pilote, pour la gratuité de tous les accouchements assistés dans les régions de Diffa, Zinder, Tahoua et Tillabéry. Déjà, comme on le sait, environ 1600 médecins, infirmiers et sages-femmes ont été recrutés ou sont en voie de l'être cette année, ce qui fera passer le ratio de un(l) médecin pour 41200 habitants à un(l) médecin pour 14785 habitants, un(l) infirmier pour 5660 habitants à un infirmier pour 4465 habitants et enfin, une(l) sage-femme pour 5400 femmes en âge de procréer à une(l) sagefemme pour 3604. Notre ambition est de créer les conditions de la transition démographique. Mesdames et Messieurs, La problématique de la mortalité maternelle rejoint, en en examinant les causes, celle du développement économique et social du pays donc celle de l'évolution de notre société. Je suis d'accord avec le Président Diori Hamani qui déclarait, le 18 Décembre 1958, devant l'Assemblée Territoriale : « c'est par l'évolution de la femme qu'on fait évoluer la société. ». Voilà formulée, avec une extrême clarté, un des aspects de la solution au problème qui nous préoccupe. Or l'évolution de la femme passe par l'accès à la connaissance et donc par l'école. C'est pourquoi le Gouvernement soumettra, très prochainement, à l'Assemblée Nationale, une loi sur la scolarisation de la jeune fille. Il est, de toutes les façons, difficile d'imaginer le développement économique et social de notre pays en écartant plus de la moitié de sa population active. Il suffit, s'il en est besoin, de visiter les champs pendant la campagne agricole pour s'en convaincre. Je lance donc un appel à la mobilisation de tous les acteurs pour que la femme cesse d'être cette éternelle mineure que l'homme croit devoir toujours tenir par la main. Mesdames et Messieurs, En lançant, ce jour, la Caravane pour Accélérer la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA), j'ai voulu marquer ma détermination dans le combat pour la réalisation de l'OMD 5. Pour contribuer à gagner ce combat, j'ai décidé la mise sur pied d'un Haut Conseil National, interministériel et multisectoriel sur la mortalité maternelle et néonatale, Très prochainement, un Ambassadeur ou une Ambassadrice sera désigné(e). Il ou elle aura pour mission, en rapport avec le Conseil, la réalisation de I'OMD5 afin que moins de femmes meurent en donnant la vie. C'est armé de cette ambition que je déclare lancée la Campagne pour la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA). /. Je vous remercie. 15 Discours de Dr Edwige Adekambi, Représentante a.i de UNFPA Représentante des Partenaires Techniques et Financiers A l’occasion du lancement de la Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) Niamey, 20 décembre 2011 Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Excellence, Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Excellence, Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République, Madame la Première Dame, Aissata Issoufou Mahamadou, Madame la Première Dame, Dr Malika Issoufou Mahamadou, Marraine de la Réduction de la Mortalité Maternelle et infantile, Honorables députés à l’Assemblée Nationale, Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement, Mesdames et Messieurs les responsables des forces de défense et de sécurité, Honorables Chefs Religieux et Chefs Traditionnels, Madame la Gouverneur de Niamey, Mesdames et Messieurs les Membres du Corps Diplomatique, Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales et Nationales, Chers Collègues du Système des Nations Unies, Tout protocole observé, distingués invitées, La Campagne d’Accélération de la Réduction de la Mortalité Maternelle en Afrique (CARMMA) a été lancée par l’Union Africaine le 07 mai 2009, à Addis-Abeba, dans le but essentiel d’accélérer la lutte contre les décès maternels de manière concertée. 16 C’est pour moi un immense privilège, de prendre la parole ce jour au nom des Partenaires Techniques et Financiers de la Santé, à l’occasion du lancement de la CARMMA au Niger. Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, permettez-moi, tout d’abord, de vous exprimer ma profonde gratitude et ma très haute considération pour avoir pris la décision de lancer vous-même, la CARMMA au Niger. Votre présence ce matin témoigne de votre engagement personnel pour la défense des droits de la femme et de la cause de la santé maternelle ! Je voudrais exprimer également toute ma reconnaissance à Madame la Première Dame, Dr Malika Mahamadou, Présidente de la Fondation Tatali et Marraine de la Réduction de la mortalité maternelle au Niger qui ne ménage aucun effort pour répondre présente aux côtés des mères en détresse et pour redonner l’espérance aux familles frappées par diverses épreuves. Je voudrais ensuite exprimer mes félicitations à Monsieur le Ministre de la Santé Publique pour sa disponibilité personnelle à piloter l’organisation de ce lancement et à en faire un nouveau point de départ pour la mise en œuvre de la feuille de route pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale au Niger. Je voudrais enfin remercier toutes les autorités administratives et politiques, les chefs religieux et traditionnels dont la présence à cette cérémonie nous rassure. Excellence, Monsieur le Président de la République, distingués invités, Je voudrais à présent orienter mon propos sur deux axes. Le premier axe est une question. Et la voici : Que célébrons-nous aujourd’hui ? Avant d’y répondre, je voudrais saluer exceptionnellement toutes les femmes présentes dans cette salle. Leur présence ici ce jour, témoigne de ce que nous sommes venues célébrer. En effet, nous sommes venus célébrer la vie. Car la grossesse est un événement heureux que les femmes ont le privilège et la responsabilité de porter pour donner la vie. Pour nos sociétés traditionnelles, la grossesse est l’accomplissement normal de la fonction procréatrice de la femme. Elle porte une dimension spirituelle qui induit la mise en route systématique d’une thérapeutique préventive constituée de précautions et de prières dont le but est d’assurer une issue favorable et la naissance d’un enfant sain et exempt de toute tare physique ou psychologique. Malgré cette reconnaissance traditionnelle et le développement de la science qui sécurise davantage la vie de la mère et du nouveau-né, les femmes courent toujours de hauts risques pendant la grossesse et l’accouchement. Ce n’est pas acceptable parce que la grossesse, c’est la vie et la vie est un droit universel. C’est pourquoi, les normes juridiques et les politiques internationales ont jeté les bases de la reconnaissance du droit à la survie à la grossesse et à l’accouchement en tant que droit humain fondamental pour les femmes dans tous les pays du monde. 17 Je saisis l’occasion pour saluer les actions prises par le Niger dans le cadre du respect de ces normes et politiques en déployant progressivement des services obstétricaux dans tout le pays, avec un souci croissant d’améliorer leur qualité et leur disponibilité afin d’offrir de meilleurs soins à un plus grand nombre de femmes nigériennes. Cependant, malgré les progrès accomplis, toutes les deux heures, une nigérienne meurt de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. Ce n’est pas acceptable. Je souligne au passage qu’au Niger, une personne sur vingt est une femme enceinte. Ce n’est pas non plus acceptable que pour chaque nigérienne qui meurt au cours de la grossesse ou de l’accouchement, une trentaine au moins soient atteintes de fistules obstétricales. Alors que devons nous faire encore et encore pour que la grossesse ne soit plus un drame, mais enfin, une occasion de plus pour magnifier la Vie ? Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, distingués invités, La réponse à cette question constitue le deuxième axe de mon propos. Je ne reviendrai pas sur les solutions que nous connaissons et qui ont fait leur preuve en matière de réduction des décès maternels. Je ne parlerai pas non plus des actions que le Gouvernement du Niger et ses partenaires doivent prendre pour assurer la disponibilité des services de santé maternelle de haute qualité, en tout temps et en tout lieu au Niger. Je voudrais tout simplement lancer deux appels que j’inscris dans les 15 millions d’actions nigériennes dans notre Monde de 7 milliards d’habitants. Le premier, je le lance à tous les hommes nigériens. Il s’agit de l’engagement pour les « 3M », c’est-à-dire « Morbidité et Mortalité Maternelles» plus jamais ça au Niger ! Distingués invités (es), La région de Zinder a donné l’exemple de l’engagement des hommes pour les 3M. J’y suis allée, j’ai vu et j’ai entendu. J’ai entendu les ‘’maris modèles de Zinder’’ dire ‘’décès maternel’’, plus jamais ça à Zinder. Je les ai vus, mobiliser eux-mêmes leurs propres ressources pour accroître les capacités d’accueil d’une maternité, construire le logement d’une sage-femme. Je les ai vus, mobiliser leurs pairs autour de cet engagement. Ces maris sont les porteurs de l’initiative « Ecoles des maris » développée dans la région de Zinder dont l’originalité, la pertinence et l’efficacité sont bien connues au-delà du Niger. Ils agissent pour que leurs épouses fréquentent les Centres de santé, bénéficient de consultation prénatales, soient assistées pendant l’accouchement et utilisent les services de planification familiale. Cette initiative qui porte la marque indélébile du Niger mérite d’être reconnue, soutenue et portée à l’échelle pour accélérer l’atteinte des 3 M. Tout comme ces maris modèles, nous devons nous engager et agir individuellement pour qu’à l’horizon 2015, le Niger soit aussi au rendez-vous des OMDs et qu’au-delà des OMDs, le Niger porte encore une fois, la fierté des peuples qui ont de l’audace. Impossible n’est pas Nigériens ! 18 S’engager et agir, c’est aussi mettre en œuvre des stratégies fondamentalement et culturellement sensibles pour assurer la durabilité des réponses communautaires telles que l’Initiative Ecole des Maris. C’est pourquoi mon deuxième appel est une exhortation. Et je me tourne à présent vers vous, honorables autorités religieuses et traditionnelles. J’ai eu la chance d’échanger avec certains parmi vous sur le drame des décès maternels. J’ai été frappée par votre très bonne connaissance des caractéristiques sociales, culturelles, émotionnelles et spirituelles des nigériens et des nigériennes que vous exploitez pour réduire entre autres, les grossesses précoces. Vous êtes déjà engagés pour la santé maternelle. Je vous exhorte à intensifier vos initiatives d’adoption de comportements et pratiques visant la protection de la jeune fille et de la femme pour optimiser votre contribution pour un Niger sans décès maternel. Je réaffirme l’engagement des partenaires Techniques et Financiers à accompagner le Niger dans ses efforts à relever le défi de zéro décès maternel. Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Je voudrais enfin, à la veille de cette nouvelle année, souhaiter une très bonne année 2012 à vous et à tout le peuple nigérien. Une année de paix, une année d’abondance. Que cette nouvelle année vous aide à porter l’espérance de la vie et le droit à la vie à toutes les familles qui vont accueillir une nouvelle vie. Que le Tout Puissant vous accompagne dans vos engagements, et qu’Il bénisse le Niger. Je vous remercie. 19