2-08 Hauptkapitel.indd - Schweizerischer Burgenverein

Transcription

2-08 Hauptkapitel.indd - Schweizerischer Burgenverein
Zeitschrift des Schweizerischen Burgenvereins
13. Jahrgang – 2008/3
Redaktionskommission
Urs Clavadetscher, lic. phil.
Archäologischer Dienst
Graubünden
Loëstrasse 25
7001 Chur
Dr. Elisabeth Crettaz, Le Forum 3961
Zinal VS
Redaktion und Geschäftsstelle
Schweizerischer Burgenverein
Thomas Bitterli
Blochmonterstrasse 22, 4054 Basel
Telefon 061 361 24 44
Fax 061 363 94 05
E-Mail [email protected]
www.burgenverein.ch
Postkonto 40-23087-6
Zeitschrift des Schweizerischen Burgenvereins
Revue de l’Association Suisse Châteaux forts
Rivista dell’Associazione Svizzera dei Castelli
Revista da l’Associaziun Svizra da Chastels
13. Jahrgang, 2008/3, Oktober 2008
Inhalt
101
entre résidence féodale et «country house»
bourgeoise – Résultats d’une nouvelle étude
du château
■
Erscheint vierteljährlich
ISSN 1420-6994
Druck
Schwabe AG, Basel,
Verlag und Druckerei
© 2008 Schweizerischer Burgenverein,
Basel.
Alle Rechte vorbehalten.
Elisabeth Crettaz-Stürzel, «Ripaille 1900»:
Valentine Chaudet, Le Bourg extérieur de Lutry et
son port médiéval
■
Kurzberichte
■
Publikationen
■
Veranstaltungen
■
Vereinsmitteilungen
Couverture/Umschlagbild: Plan du bureau Selzer & Schulé,
Mulhouse 1899: coupe du pavillon d’Amédée côté lac. Au
rez-de-chaussée la grande salle à manger, au premier étage
le salon d’Amédée.
Schnitt durch den Pavillon d'Amédée gegen den See. Im Erdgeschoss der grosse Speisesaal, im ersten Obergeschoss der Salon
d'Amédée. Bureau Selzer & Schulé, Mulhouse 1899 (AEN,
plan 10378).
«Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise –
Résultats d’une nouvelle étude du château
Par Elisabeth Crettaz-Stürzel
«Ripaille fera quelque chose de particulier au point de
Du château féodal à la «country house»:
vue de la simplicité de l’aménagement» (Frédéric Engel
Ripaille 1900
Gros 1904)
Une démolition «mal digérée» et une autre qui n’a pas
Introduction
eu lieu
Les dernières recherches scientifiques menées de 2006 à
En avril 1892, le protestant Frédéric Engel-Gros
2008 s’intitulent «Etude historique sur la restauration
(1843–1918) achète le domaine de Ripaille, avec son
1900 du château de Ripaille». Les résultats approfondis
vaste ensemble de bâtiments, jardins, fermes, vignes et
présentés ici permettent un nouveau regard sur le château,
forêts sur la rive sud du Léman, dans la commune de
déjà annoncé par Louis Necker en 2005. Dans le cadre
Thonon-les Bains en Haute Savoie. L’église baroque est
du «Programme d’initiative communautaire INTERREG
alors démolie, afin de libérer la cour du château et pour
III A 2000–2006 franco-suisse», la Fondation Ripaille-
restaurer les bâtiments principaux (fig.1). Cette église a
France nous a mandaté pour le projet Mercier-Ripaille
été bâtie en 1762, soit entre les Guerres de Religions et
ayant comme thème conducteur: «Châteaux d’industriels
la Révolution française, et au moment où le château a été
autour de 1900: un réseau européen à construire». Ce
restauré en couvent des chartreux. Ce sera la seule grande
projet a été mené en partenariat avec la Fondation du
démolition entreprise par le nouveau propriétaire, très
Château Mercier à Sierre en Valais. Pour Ripaille, l’objet
mal vue par les savoyards.
du mandat porte sur une étude historique et archivistique
D’autres démolitions prévues n’ont pas eu lieu. Il nous
de la restauration entreprise de 1892 à 1906, par l’alsacien
semble important de souligner que les trois tours man-
industriel Frédéric Engel Gros, du château des comtes
quant aujourd’hui, au fameux «château aux sept tours»
1
de Savoie qui remonte, par ses origines moyenâgeuses,
au XIIIe siècle.2 Notre étude est basée sur une analyse
architecturale d’ensemble, microscopique d’objets et
contextuelle du château. Cette analyse a permis d’une
part de situer Ripaille, haut lieu savoyard, comme
1
2
3
œuvre d'art totale (Gesamtkunstwerk) de style nouveau
et mouvement réformiste (Heimatstil3) dans l’actualité
1900, et d’autre part de l’intégrer dans un réseau
4
de renouveau des châteaux forts européens (Burgenrenaissance 4).
En plus de la littérature scientifique sur la restauration
de Ripaille basée, entre 2003 et 2007, sur les importants
travaux de mémoire d'Amandine Frachon5 et Marianne
Poussin6 en France, et de leurs collègues Mirjam Jullien
5
6
7
8
sur Christian Schmidt et Chantal Lafontant Vallotton
7
8
sur Heinrich Angst en Suisse, notre étude de documents
inédits trouvés dans les archives à Genève, Lausanne et
Zurich9 nous a permis d’établir une nouvelle connaissance de «Ripaille 1900».
9
LOUIS NECKER, Nouveau regard sur le Château de Ripaille, ancienne
résidence des ducs de Savoie. Mittelalter 10, 2005/4, 129–138.
Voir l’étude sur Ripaille avant la restauration: MAX BRUCHET, Le
Château de Ripaille (Paris 1907).
MARCELLA LISTA, L'Œuvre d'art totale à la naissance des avant-gardes
1908–1914, Editions du CTHS 2006; ELISABETH CRETTAZ-STÜRZEL,
Heimatstil. Reformarchitektur in der Schweiz 1896–1914 (Frauenfeld 2005).
ELISABETH CRETTAZ-STÜRZEL, Adel und Wissenschaft – Europäische
Burgenrenaissance um 1900. Forschungen zu Burgen und Schlössern 10, hrsg. von der Wartburg-Gesellschaft (Munich/Berlin 2007)
7–24.
AMANDINE FRACHON, Le château de Ripaille: Les transformations de
1892 à 1906 (Lyon 2003).
MARIANNE POUSSIN, Le Jardin français de Ripaille (Versailles 2005).
MIRJAM JULLIEN, Christian Schmidt – Dekorationsmaler und Restaurator (Berne 2005).
CHANTAL LAFONTANT VALLOTTON, Entre le musée et le marché, Heinrich Angst: collectionneur, marchand et premier directeur du Musée
national suisse (Berne 2007).
ACM, les archives de la construction moderne, Lausanne (fonds
Morsier); AEN, Archives Engel-Necker, Genève et Ripaille (documents de chantier Ripaille 1892–1911); SBZ, Zentralbibliothek
Zurich (fonds Angst); SLM, Schweizerisches Landesmuseum, Zurich
(fonds Regl).
Mittelalter 13, 2008 / 3
101
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
1: Le château d’Amédée avec
l’église baroque et ses annexes dans la cour avant sa
démolition en 1892.
Die Burg von Amadeus
VIII. von Savoyen mit der
Barockkirche und weiteren Anbauten im Hof, im
Zustand vor dem Abbruch
der Kirche 1892.
(fig. 5) érigé en 1434 par le duc Amédée VIII de Savoie
état. Quelques nouveaux bâtiments à usage rural ou de
(élu pape Felix V au Concile de Bâle), ont disparu à une
plaisance au bord du lac y sont construits. Dès 1892 de
période inférieure inconnue.
A contrario, les quatre
Morsier fait déjà plusieurs projets pour la rénovation
tours restantes, alors en état de ruines, ont été sauvées
du château d’Amédée VIII situé dans la partie sud du
lors de la restauration du château d’Amédée VIII par
domaine, mais sans suite concrète (fig. 3). Magnifique
Frédéric Engel-Gros.
découverte, ses dessins et aquarelles de façades, et ses
10
relevés avant transformation nous laissent entrevoir
Trois phases de restauration
la conception d’origine du «château aux sept tours»
Dès 1892 la revalorisation de Ripaille connaît trois pha-
d’Amédée VIII. On lui doit aussi les relevés de la façade
ses, liées à deux architectes et au directeur du Musée
de l’église baroque avant sa démolition.11 Frédéric de
national suisse, entré en action comme spiritus rector
Morsier quittera Ripaille suite aux problèmes rencon-
pour les aménagements intérieurs.
trés sur le chantier avec des entreprises de Genève et de
Thonon. Conflit qui finira en procès.
Etape I: 1892–1894
Frédéric de Morsier (1861–1931), jeune architecte de
Etape II: 1894–1900 (1907)
Genève, dirige la première phase de 1892 à 1894. Elle
Charles Schulé (1865–1935), jeune architecte de Mul-
porte sur la démolition de l’église et la réfection de la
house en Alsace, dirige avec habilité les deuxième et troi-
chartreuse, partie nord du domaine de Ripaille, où se
sième phases de 1894 à 1907 et mène le chantier à sa fin.
trouve le noyau historique du XIII siècle, avec les pre-
Outre la finition de la partie nord débutée sous de Mor-
mières constructions seigneuriales, dont probablement
sier, elles concernent surtout la restauration de la partie
un pavillon de chasse, les bâtiments du couvent et les
sud du château, soit le manoir ou château d’Amédée VIII
annexes rurales (St-Michel, le prieuré avec le pavillon du
(fig. 4), et le jardin français conçu en cour d’honneur
nord, le musée et le pavillon du général; fig. 2). Les inter-
à la place de l’église démolie (fig. 5). Le bâtiment du
ventions sont modestes, on respecte ici la substance. Les
XVe siècle en demi-ruine est en mauvais état, les inter-
habitations des domestiques du domaine sont dotées du
ventions sont donc plus importantes et le château est
petit confort nécessaire. Ces bâtiments, en partie habités
remodelé au complet. A la place de l’ancienne distribu-
pendant le XIX siècle, sont alors encore en assez bon
tion verticale du «château aux sept tours», constituée
e
e
102
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
2: Plan de situation du domaine de Ripaille après restauration.
Übersichtsplan der Domaine Ripaille nach der Modernisierung der Gebäude.
alors de sept unités d’habitation pour la retraite du duc
D’aspect très ludique et inspiré par les couleurs vives
Amédée VIII et de ses six compagnons, on conçoit une
de la nature, de petits animaux et de feuillages entrela-
distribution horizontale et une unification des étages, plus
cés, ce Moyen Age joyeux se marie bien avec l’esthétique
aisée, à l’image d’une villa moderne. On construit des
avant-gardiste d'Art Nouveau (Jugendstil). Les motifs de
corridors latéraux sur les trois niveaux, ainsi qu’un grand
chasse peints sur les plafonds du vestibule (fig. 8) rappel-
escalier d’honneur dans le vestibule ouvert sur deux éta-
lent subtilement les origines du lieu comme pavillon de
ges, nouvellement créé dans le pavillon ducal. C’est ici
chasse pour les nobles de Savoie. Place à la beauté de la
que Frédéric Engel-Gros et sa famille s’installent (fig. 6).
nature – également à l’intérieur du château!
L’industriel alsacien prend alors la succession du duc féodal savoyard et inscrit partout ses initiales «E.G.» (fig. 7).
Etape III: 1900–1907
Soulignons que partout où la substance du XV siècle peut
Heinrich Angst, premier directeur du Musée national
être intégrée au confort de la nouvelle Landsitzarchitek-
suisse à Zurich et grand ami de Frédéric Engel-Gros, entre
tur bourgeoise, on le respecte. De plus, Frédéric Engel-
en action en 1900. Son équipe zurichoise s’impliquera à
Gros, nouveau propriétaire, facilite l’étude de l’histoire du
Ripaille jusqu'en 1906. Elle comprend des artistes et arti-
château, en s’entourant de spécialistes du Moyen Age. Le
sans du tout nouveau Musée national suisse au bord de la
e
style gothique tardif, lié à la transition de la Renaissance
vers 1500, deviendra le fil rouge artistique pour 1900.
10
11
NECKER 2005 (cf. note 1), ill. 1, 2 et 3.
ACM, fonds Morsier, plans Ripaille 1892–1893.
Mittelalter 13, 2008 / 3
103
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
3: Frédéric de Morsier, projet de restauration pour le pavillon
d’Amédée, 1892, façade ouest, aquarelle.
Projektskizze für die Restaurierung der Westfassade des
Pavillon d'Amédeé; Aquarell 1892 von Fréderic de Morsier.
4: Charles Schulé, projet de restauration pour le pavillon
d’Amédée, vers 1900, façade ouest, aquarelle.
Projektskizze für die Restaurierung der Westfassade des
Pavillon d'Amédée; Aquarell um 1900 von Charles Schulé.
Limmat, construit et aménagé par Gustav Gull et Heinrich
introduira comme innovation technique aussi bien au
Angst. La construction du nouveau musée en forme de
Musée national suisse qu’au château savoyard en France,
château-musée du XVI siècle , de 1892 à 1898, se fait en
les peintures Keim (Keims Mineralfarben).13 L’objectif
parallèle à la restauration du château Ripaille entre 1892
du musée national des Helvètes est de recevoir surtout
et 1907. En 1900, dès que le Musée national est inauguré,
les arts dits mineurs ou domestiqués du bas Moyen Age
les artistes et artisans de Zurich changent de pays pour aller
et de la Renaissance. Selon les historiens de l’art suisses
travailler en France, au château de Frédéric Engel-Gros. A
et les politiques de l’époque, ces objets témoignent d’un
Ripaille, l’équipe zurichoise se compose de Joseph Regl,
génie spécifiquement helvétique. Les théories sur le génie
professeur de dessin, sculpteur et restaurateur travail-
artistique national développées par Rahn servent alors
lant en collaboration avec Johann Rudolf Rahn, d’Otto
de référence à la politique d’acquisition pour le musée.
Bertuch, serrurier d’art, de Theodor Hinnen, menuisier
Les XVe et XVIe siècles font figure d’âge d’or. «Au total
d’art, et de Christian Schmidt, restaurateur et peintre qui
ce ne sont pas moins de 18'817 objets se rapportant à
e
12
5: Vue d’ensemble avec le
château d’Amédée et ses
quatre tours restaurées,
et le jardin français.
Gesamtansicht der Burg von
Amadeus VIII von Savoyen
mit den vier restaurierten
Türmen; im Vordergrund die
französische Gartenanlage.
104
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
6: Le château d’Amédée VIII,
façade sud avec la grande
terrasse (trois anciennes
tours disparues) à droite,
et les chambres privées des
Engel-Gros au premier étage
avec les bow-windows.
Ansicht der Südfassade der
Burg von Amadeus VIII.
Rechts die grosse Terrasse
anstelle von drei ehemaligen
Rundtürmen. Im Obergeschoss die Privaträume
der Familie Engel-Gros mit
den Erkerfenstern.
l’histoire et à l’art ancien qui viennent enrichir le nouveau
de leurs portes et meubles en bois sculpté, le musée de
musée: vitraux, intérieurs anciens, mobilier, produits de
Zurich devient un réel trésor inspirant l’aménagement
l’art textile, retables, etc. Auxquels s’ajoutent des collec-
des pièces au château d’Amédée VIII. On est également
tions entières comme l’ensemble de céramiques cédé par
conscient dans l’histoire de Ripaille que l’âge d’or pour
Heinrich Angst en 1891.»
Frédéric Engel-Gros offre
la maison de Savoie et la région, est représenté par les
également quelques objets de sa collection au Musée natio-
XVe et XVIe siècles. De 1900 à 1907 on observe une
nal suisse à Zurich – et profite en retour de l’inspiration
forte synergie, artistique et personnelle, entre Zurich et
artistique pour son château au bord du Léman. Avec ses
Ripaille. On trouve à Ripaille, plusieurs copies de pla-
chambres historiques du bas Moyen Age, et la richesse
fonds du Musée national suisse, datant de la période
de leurs boiseries anciennes, de leurs plafonds peints,
avoisinant 1500. Des copies conformes et d’inspiration
14
libre venant des chambres historiques du Musée national
suisse ont fortement imprégné l’esthétique «suisse» de
Ripaille, où l’on ne trouve aucune influence des styles
français des beaux-arts, ni du néogothique scientifique
à la Viollet-le-Duc.
Grâce à l’aide également d’autres artisans de haut niveau,
venant d’Alsace, d’Allemagne du Sud et d’Angleterre,
l’aménagement des intérieurs du château devient une
«œuvre d’art totale 1900».
12
13
7: Initiales de (Frédéric) E(ngel-)G(ros) sur la porte d’entrée
du pavillon d’entrée.
Initialen von (Frédéric) E(ngel-)G(ros) über der Tür zur
Eingangshalle.
14
HANSPETER DRAEYER, Das Schweizerische Landesmuseum Zürich.
Bau- und Entwicklungsgeschichte 1889–1998 (Zurich 1999).
MARION WOHLLEBEN, Adolf Wilhelm Keim – ein Wissenschaftler mit
ethischem Anspruch. Mineralfarben. Veröffentlichungen des Instituts
für Denkmalpflege an der ETH Zürich 19 (Zurich 1998) 49–52.
LAFONTANT VALLOTTON 2007 (cf. note 8) 189. – Un article pour la
ZAK est en préparation sur le lien artistique entre le Musée national
suisse à Zurich et le château Ripaille.
Mittelalter 13, 2008 / 3
105
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
8: Plafond de Lindau dans le vestibule, frise avec scène de chasse.
Ausschnitt aus der Decke der Kirche von Lindau ZH im Eingangsraum von Schloss Ripaille. Fries mit gemalter Jagdszene.
Burgenrenaissance – un mouvement européen et suisse
types d’habitations destinées à une bourgeoisie indus-
L’analyse du chantier et de ses acteurs et idées intègre
trielle fortunée se trouvent en pleine nature, sont en lien
«Ripaille 1900» dans le contexte européen du renou-
avec la ville, et sont inspirées des anciennes demeures féo-
veau des châteaux, mouvement alors très répandu dans le
dales. Par exemple, le château-fort de Chillon, sur la rive
milieu des industriels fortunés de toute l’Europe. Nous
suisse du Léman dans le canton Vaud en face de Ripaille,
écartons ici le Haut-Koenigsbourg en Alsace, reconstruit
a servi de modèle pour certains aménagements 1900 à
de 1900 à 1908, pour l’empereur allemand Guillaume
Ripaille, comme par exemple les colonnes gothiques en
II, car contrairement à ce que l’on prétend dans la litté-
chêne datant de 1260.20 Le lien est historique; au Moyen
rature plus ancienne, son influence sur la restauration de
Age Chillon est la résidence des ducs de Savoie. Amédée
Ripaille est minime.
VIII y réside avant de construire en 1434 son nouveau
15
16
Nous évoquons ici des exemples
suisses de châteaux industriels qui, par leur conception
château à Ripaille.
artistique, sont proches du château de Ripaille. Citons le
Pour les villa-châteaux en lien artistique avec Ripaille,
château Sankt Andreas à Cham ZG, 1903–1909, trans-
deux exemples sont également intéressants: d’abord la
formé par Adelheid Page-Schwerzmann (Anglo-Swiss
Villa Langmatt à Baden AG (1899–1906) de Sidney et
Condensed Milk Company) avec la contribution de
Jenny Brown-Sulzer, famille fondatrice de l’industrie suisse
Christian Schmidt et de Theodor Hinnen ; le château
des machines Brown Boveri & Cie (BBC) à Baden, dont
Mercier à Sierre VS, 1904–1909, édifié par l’architecte
l’architecte est Karl Moser. On trouve à l’intérieur de cette
Alfred Chabloz pour Jean-Jacques et Marie Mercier-de
villa Heimatstil suisse et Landhausstil anglais, comme à
Molin, une famille protestante de la bourgeoisie ban-
Ripaille, des boiseries de la Reformarchitektur ainsi qu’une
quière vaudoise établie en Valais , ou encore le château
fontaine de Max Laeuger.21 Puis la villa Waldbühl à Uzwil
Hallwyl en Argovie AG, 1904–1916, de Wilhelmina von
SG, 1907–1911, de Theodor Bühler, industriel suisse, au
Hallwyl née Kempe, fille d’un riche industriel suédois, et
Heimatstil régional suisse d’influence anglaise. L’architecte
dont l’architecte est Nils Lithberg. Certaines demeures
est Mackay Hugh Bailie Scott, artiste anglais d’Arts &
ressemblent plus à une villa qu’à un château. Vers 1900
Craft22, mouvement réformiste également très représenté
il n’y a plus de distinction typologique claire entre villa
à «Ripaille 1900» par les tissus et le mobilier de William
citadine et maison de maître à la campagne. Ces deux
Morris (fig. 9) et d’autres artisans anglais.
17
18
19
106
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
Ripaille est l’un des joyaux de cette fièvre du renouveau des
ticulièrement en Allemagne, en Angleterre et en Autriche.
châteaux, au XIX et début du XX siècle. Jusqu’en 1914
Tous souhaitent un château. Si les industriels fortunés
les industriels sont en forte concurrence avec l’ancienne
ont les moyens financiers, les aristocrates eux, possèdent
aristocratie restaurée après la Révolution française, par-
l’histoire – et les châteaux forts.23 Frédéric Engel-Gros
e
e
et ses conseillers sont à l’avant-garde et connaissent les
mouvements modernes. En témoigne la contribution des
experts, artistes et artisans célèbres de l’époque, à la restauration de Ripaille: William Morris et George Jennings
d’Angleterre, Max Laeuger d’Allemagne, Robert Forrer
d’Alsace, Heinrich Angst et Johann Rudolf Rahn de la
Suisse.
«Das Alte erhalten, das Neue gestalten» (Zemp)
Commanditaire de l’œuvre, Frédéric Engel-Gros est le vrai
maître d’ouvrage (fig. 10). Il est partout, il dirige tout, il
donne des ordres à ses architectes, qui les transmettent à
9: Tissu de William Morris, London, au château de Ripaille.
Wandstoff von William Morris aus London.
leur tour aux artisans et ouvriers. Engel-Gros développe,
avec ses experts et amis, une conception moderne de la
restauration du château. Cette nouvelle doctrine de la
restauration, rompant avec la conception historisante de
la génération de Viollet-le-Duc déjà démodée à la fin du
XIXe siècle,24 se développe sur un plan européen lors des
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
10: Portrait de Frédéric Engel-Gros, dessin au crayon.
Porträt von Frédéric Engel-Gros, Bleistiftzeichnung.
WOLFGANG RICHER / JÜRGEN ZÄNKER, Der Bürgertraum vom Adelsschloss – Aristokratische Bauformen im 19. und 20. Jahrhundert
(Hambourg 1988). – France: PHILIPPE GRANDCOING, Les Demeures de
la Distinction. Châteaux et châtelains au XIXe siècle en Haute-Vienne
(Limoges 1999).– Allemagne: ALEXANDER KIERDORF, Industriellenwohnsitze im Ruhrgebiet 1900–1914 (Cologne 1996).– Angleterre:
MARC GIROUARD, The Return to Camelot. Chivalry and the Englisch
Gentleman (Londres 1981).
Voir chez FRACHON 2003 (cf. note 5) 241–247; MONIQUE FUCHS, FRANÇOIS LOYER ET AL., Le Haut Koenigsbourg (Besançon/ Paris 1991).
JOSEF GRÜNENFELDER, Cham, St. Andreas. Kunstdenkmäler des
Kantons Zug NA II (Berne 2006) 37–51.
PASCAL RUEDIN, Le Château Mercier – Histoire et collections d’une
dynastie bourgeoise en Suisse (Sierre 1998).
JÜRG A. BOSSARDT ET AL., Schloss Hallwyl. Bauliche Sanierung und
Restaurierung 1998–2004 (Baden 2005).
JUDITH BANGERTER-PAETZ, Saalbauten auf Pfalzen und Burgen im Reich
der Staufer. Mittelalter 12 , 2007/4, 148, ill. 7.
FLORENS DEUCHLER, Stiftung Langmatt Sidney und Jenny Brown,
Baden AG, Karl Mosers Bau. Architektur und Ausstattung. Schweizerische Kunstführer 483 (Berne 1991).
CRETTAZ-STÜRZEL 2005 (cf. note 3) 239.
ELISABETH CASTELLANI ZAHIR, Die Wiederherstellung von Schloss
Vaduz 1904 bis 1914, Burgendenkmalpflege zwischen Historismus
und Moderne, 2 Bände (Stuttgart/Vaduz 1993).
MARION WOHLLEBEN, Konservieren oder restaurieren? Zur Diskussion über Aufgaben, Ziele und Probleme der Denkmalpflege um die
Jahrhundertwende (Zurich 1989).
Mittelalter 13, 2008 / 3
107
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
réunions annuelles Tag für Denkmalpflege (journée de la
«Mein Landgut» et le confort bourgeois
conservation), et s’établit ainsi vers 1900 dans les milieux
En 1907, le château du duc de Savoie Amédée VIII a
professionnels de la conservation en Angleterre, Alsace,
retrouvé, grâce à la restauration de Frédéric Engel-Gros,
Allemagne, Autriche et Suisse (John Ruskin en Angle-
une nouvelle beauté et commodité. Le Moyen Age se
terre, Georg Dehio à Strasbourg, Alois Riegl à Vienne,
marie avec l’Art Nouveau. L’esprit d’Arts & Crafts et
Albert Naef à Lausanne, Josef Zemp à Zurich, Henri de
la qualité artistique des intervenants, apportant un soin
Geymüller à Paris, Lausanne et Baden-Baden). Elle est
particulier aux détails et intégrant les techniques moder-
décrite en 1907 par Joseph Zemp: «conserver l’ancien,
nes d’hygiène et de confort, contribuent à créer une nou-
intégrer des créations nouvelles contemporaines».
On
velle harmonie esthétique de l’ensemble. Les extérieurs
s’oppose ici au «faux vieux» et au Moyen Age amélioré
des bâtiments avec leur verdure communiquent avec
(unité de style). La théorie moderne de conservation 1900
les intérieurs du château et leurs boiseries chaleureuses.
appliquée à Ripaille, se base sur les réflexions réformistes
L’unité artistique habite l’esprit de la restauration, de la
d’Hermann Muthesius propageant la country house, la
conception au plus petit détail. Le souci de la qualité
maison de campagne moderne anglaise, sur le continent et
est partout. L’ancienne résidence princière savoyarde de
servant de base pour la Reformarchitektur en Allemagne.
1434 change d’affectation et devient en 1903 (même si
Ses idées ont été traduites en français en 1909, par
les travaux de finition durent jusqu’en 1911), la demeure
l’architecte genevois Henry Baudin, connu de Frédéric
de plaisance à la campagne d’un industriel alsacien
de Morsier et Charles Schulé.
fortuné. La famille Engel-Gros s’y installe, du moins en
A Ripaille, cette idéologie consiste d’abord à respecter la
été. Le château féodal se transforme en country house
substance de l’ancien château savoyard (authenticité), puis
bourgeoise. Franchon (2003) note: «Bien que Ripaille
à réaliser les créations nouvelles de manière contemporaine
ait le statut de ‹maison de campagne›, il possède tous
(qualité artistique). Conservation de l’ancien et créations
les avantages de l’hôtel urbain (comme la plupart
artistiques modernes se complètent. Le principe est de
des résidences de cette époque), et des dispositifs de
revisiter le Moyen Age gothique trouvé sur place, avec un
confort en avance sur leur temps. Ceci correspond
nouveau regard. Vers 1900, c’est l’Art Nouveau, l’Arts &
à la pensée des architectes rationalistes de la fin de
Crafts et le Régionalisme ou Heimatstil. On crée ainsi à
XIXe siècle, qui porte une attention extrême à l’intérieur
Ripaille, de 1892 à 1906, un château d’atmosphère.
de l’habitation et aux derniers éléments de confort. Cette
La démolition de l’église baroque, considérée à la fin du
réflexion, considérée comme moderne, est privilégiée par
XIX siècle comme ajout récent aux bâtiments du Moyen
la classe bourgeoise … (dans le château est enkystée une
Age, a permis de remettre en valeur l’ancien château des
maison bourgeoise) sous des dehors pittoresques.»27
Savoyards. On remarque ici une préoccupation réelle
Ce confort bourgeois est caractérisé par le chauffage
pour l’histoire régionale. L’époque du comte Amédée
central, l’abondance de l’eau courante et chaude dans
VIII, personnage important de l’identité savoyarde, a été
tous les étages, les W.-C., les élévateurs et passe-plats
mise en évidence grâce aux interventions modernes. On
dans les murs entre la cuisine et les salles à manger.
a non seulement conservé, où l’on pouvait, la substance
La distribution des pièces est fonctionnelle. Au nou-
architecturale du XV siècle, mais également rénové les
veau Ripaille, conforme aux modèles anglais de la
quatre tours existantes pour donner une image cohérente
country house, on trouve des chambres spéciales pour
(Viollet-le-Duc aurait probablement rajouté en «faux-
Monsieur et Madame. Pour Monsieur il y a par exem-
vieux» les trois tours qui n’existent plus). Le gothique
ple au rez-de-chaussée, à coté du vestibule, un fumoir
tardif sert alors de source d’inspiration pour tout ce qui
et au premier étage un cabinet de travail et une salle
doit être rénové. Frédéric Engel-Gros se laisse inspirer par
de billard; là il y a aussi le petit salon pour Madame
Amédée VIII, ajoutant les dates «1434» et «1903» sur le
(fig. 11). Dans cette salle aux rosaces du pavillon
puits de la cour d’honneur.
d’Amédée, se trouve le plus beau plafond peint du châ-
25
26
e
e
108
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
11: Plan de travail pour le premier étage du manoir avec la dénomination des pièces.
Arbeitsplan des Obergeschosses mit den modernen Raumbezeichnungen für die Bauforschung 2007.
teau, une copie de Zurich de 1901. Notons que les deux
personnel. On trouve quatre toilettes à chasse d'eau ins-
grands «cabinets de toilette» de Monsieur et Madame
tallées dans les quatre tours du château d’Amédée VIII
dans l’aile est du manoir, munis de cheminées, baignoires
(fig. 13), cinq salles de bains avec baignoires, 11 lavabos
et lavabos et de larges bow-windows donnant sur le
sophistiqués dont les cuves pivotent autour d’un axe pour
jardin (fig. 12), deviennent des pièces plus importantes
évacuer l’eau (fig. 14), et plusieurs fontaines d’eau dans
que les salons d’autrefois des châteaux français. La vie
les corridors des trois étages d’habitation. On suppose
privée de la famille prime sur la représentation sociale
que Ripaille est le premier château privé en France (et
et officielle.
peut-être sur le continent ?) doté d’un tel luxe de moder-
Le chauffage central installé dans la cuisine sous forme
nité hygiénique. La fontaine à catelles de Max Laeuger au
de fourneau s’appelle «piano»; fonctionnant au charbon
premier étage, signée «ML Kandern» et datée «1900», est
ou houille, il chauffe l’eau qui alimente les radiateurs des
la plus belle installation d’eau à l’intérieur du château.28
étages, camouflés derrière des grilles au bas des murs,
souvent à côté des cheminées à colonnes «du XVIe».
De George Jennings (Londres) proviennent les W.-C.
modernes integrant le siphon et la cuvette dans un monobloc en porcelaine. Ainsi les installations sanitaires à
Ripaille représentent un réel confort hygiénique d’avantgarde, tant pour les maîtres Engel-Gros que pour leur
25
26
27
28
ALBERT KNOEPFLI, Schweizerische Denkmalpflege. Geschichte und
Doktrinen (Zurich 1972) 38.
HERMANN MUTHESIUS, Das englische Haus (Berlin 1904); HENRY BAUDIN,
Villas et maisons de campagne en Suisse (Genève/Paris 1909).
FRACHON 2003 (cf. note 5) 77.
RUDOLF VELHAGEN/ULRICH MAXIMILIAN SCHUMANN, Max Laeugers
Arkadien, Keramik Garten Bau Kunst (Baden/Düsseldorf 2007)
81–82.
Mittelalter 13, 2008 / 3
109
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
maintenant le remplir de votre beau vase qui y trouvera
tout naturellement sa place.»30
Des acteurs: le maître d'ouvrage et
ses jeunes architectes
Frédéric Engel-Gros: le maître d’ouvrage,
un industriel éclairé
Frédéric (Fritz) Engel-Gros naît le 3 novembre 1848 à
Dornach en Alsace, dans une famille mulhousienne de la
haute bourgeoisie protestante. Après ses études, il entre
en 1865 chez Dollfus Mieg & Cie, le fameuse DMC,
industrie de textile à Mulhouse, dont il deviendra associégérant cinq ans plus tard et jusqu’en 1905. Sous sa direction l’entreprise acquiert une réputation internationale.
Il laisse le souvenir d’un industriel philanthrope, veillant
à l’éducation et à la santé de ses ouvriers. Marié à Valentine Gros (1849–1914) en 1868 et père de cinq enfants 31,
Frédéric Engel-Gros fait bâtir par Ernest Duvillard
(1859–1918), son gendre et associé de Charles Schulé,
une villa à Bâle-Gundeldingen entre 1889 et 1891.32 Suite
à l’annexion en 1872 de l’Alsace-Lorraine par l’empire
allemand, la famille Engel-Gros «optant» pour la France
12: Bow-window, plan de Ch. Schulé, Mulhouse septembre
1900 et mai 1901.
Bauplan für ein Erkerfenster, gezeichnet von Ch. Schulé
(Mulhouse September 1900 und Mai 1901).
contre les Allemands doit quitter l’Alsace, mais garde
néanmoins l’usine de textile à Mulhouse-Dornach et la
gère depuis Bâle. Frédéric Engel-Gros se sent Suisse, il
écrit le 2 octobre 1901 une lettre à Lord Hamilton: «Mais
comme nous sommes d’origine Suisse et que nous habi-
L’ancienneté du lieu se marie avec la modernité de
tons ce pays depuis plus de 30 ans la situation n’est pas
l’habitat bourgeois. Dans une lettre à Max Laeuger
trop difficile.»33
vers 1903, Frédéric Engel-Gros appelle Ripaille «mein
Issu d’une famille de collectionneurs d’art, Frédéric Engel-
Landgut». Il est conscient qu’il a fait à Ripaille quelque
Gros commence sa propre collection d’antiquités vers
chose d’exceptionnel en rompant avec la lourdeur des
1880. Son principal intérêt porte sur le Moyen Age où
intérieurs historisants trop chargés, privilégiant la lumière
l’élément nationaliste et régionaliste est fondamental.
du jour, les couleurs naturelles, vives et lumineuses, grâce
Exposée dans sa villa à Gundeldingen et dans sa rési-
à l’application des peintures Keim. Ripaille est moderne,
dence secondaire à Ripaille, sa collection comprend de
«simple et beau». Le 19 avril 1904, le fier propriétaire
nombreuses pièces alsaciennes, suisses et savoyardes. Elle
alsacien écrit à nouveau à son ami Max Laeuger à Karls-
sera vendue en 1922.34 Sa collection révèle une voca-
ruhe et l’invite à Ripaille: «L’année prochaine vous me
tion internationale. En effet, de nationalité alsacienne,
ferez le plaisir de venir. Ripaille qui fera je vous promets
bilingue, Frédéric Engel-Gros baigne dans la mouvance
quelque chose de particulier au point de vue de la sim-
du centre de l’Europe, entre la France, l’Allemagne et la
plicité de l’aménagement. Le cadre est terminé, il faudra
Suisse. Il n’est pas collectionneur à chiner dans les petits
29
110
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
13: Un des quatre WC de
George Jennings, Londres,
installé 1902 dans les tours à
Ripaille.
Eine der vier Toilettenschüsseln aus Keramik von
George Jennings (London),
1902 in die Türme von
Ripaille eingebaut.
boutiques de Paris, Berlin, Londres, Munich, Rome ou
chambre où il sera monté est en plein midi». Il s’agit
Florence, mais se rend directement chez les grands mar-
du plafond orné de rosaces peintes du salon de Mme
chands et antiquaires: Robert Forrer (Strasbourg), M. Bing
Engel-Gros au premier étage du château, situé en effet
(Paris), J. Bossard (Lucerne), Julius Böhler et Siegfried
plein sud dans le pavillon d’Amédée. Il demande à Angst
Lämmle (Munich), Fridolin Plant (Meran), Louis Hirsch
que Josef Regl «apporte avec lui pour la comparaison
(Genève), Stefano (Venise) et Conrad Gessner (Zurich).
les 2 panneaux arrières (rosettes)» et qu’il «attend jeudi
C’est dans ce contexte précis qu’il rencontre Heinrich
prochain M. Regl et M. Hinnen à Bâle (…) avec leurs
Angst, collectionneur, marchand d’art et futur fondateur
échantillons.»36
et directeur du Musée national suisse à Zurich. Entre
1883 et 1917, il entretient avec lui une abondante correspondance d’environ 500 lettres. Si la plupart concerne
29
30
31
leurs familles et leur vie privée, leur collection d’antiquités,
d’autres donnent des directives pour les artisans et entreprises zurichoises comme Joseph Regl, Theodor Hinnen,
32
Otto Bertuch et Christian Schmidt, travaillant au Musée
national suisse à Zurich et à la restauration de Ripaille.35
Le 12 janvier 1901, Frédéric Engel-Gros écrit une lettre
à Heinrich Angst pour donner les directives à «l’équipe
zurichoise»: «En résumé je prierai M. Regl de faire le
33
34
fonds de son plafond comme il est sur les planchettes
et comme il existe au L. Museum. (…) Le plafond tel
qu’il est au L.M. est bien (quoique placé dans un endroit
peu éclairé), à Ripaille il sera encore mieux puisque la
35
36
AEN, lettre Engel-Gros à Max Laeuger, ID 1189.
AEN, lettre Engel-Gros à Max Laeuger, ID 1203.
Juliette Engel (Mulhouse 1869–1947) épouse Ernest Duvillard en
1894, Frédéric (Fritz) Engel (Mulhouse1871), Gertrud Engel (Bâle
1876–1951), Réné Engel (Bâle 1873–1966) épouse Emilie d’Andiran
et André Engel (Bâle 1880–1942) épouse Elsie S. Klose.
Engel-Gros’sches Gut, Gundeldingerstrasse 170. La villa est construite
vers 1890 par Ernest Duvillard et non pas, comme l’attribue
Brönnimann (ROLF BRÖNNIMANN, Basler Bauten 1860–1910 [Bâle/
Stuttgart 1973] 112–113), par Johann Jakob Stehlin junior. Nous
avons trouvé des plans de la construction de la villa 1889–1891 aux
ACM à Lausanne, fonds 19 Ernest Duvillard.
ZBZ, fonds H. Angst, lettre du 2.10.1902.
Lors de la vente de la collection en 1922, Paul Ganz dresse un inventaire scientifique en collaboration avec Raymond Koechlin, Rodolphe
Burckhardt et Joseph Gantner, pour n’en citer que quelques-uns.
PAUL GANZ, L’œuvre d’un amateur d’art, la collection de Monsieur
F. Engel-Gros, Catalogue raisonné (Genève/Paris 1925).
ZBZ, Handschriftenabteilung, Nachlass H. Angst nos 28 et 29.
ZBZ (cf. note 35), lettre du 12.1.1901.
Mittelalter 13, 2008 / 3
111
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
14: Plan d’exécution pour les
lavabos, 9 septembre 1902.
Bauplan für ein Waschbecken der Firma Jennings
(London). Bemerkenswert
ist das schwenkbare Becken,
um das Schmutzwasser
abzulassen.
Afin de pouvoir garder sa nationalité française, son goût
des Beaux-Arts à Genève et poursuit de 1882 à 1885
pour le Moyen Age l’amène à acheter, le 25 avril 1892,
sa formation à Paris, comme beaucoup d’étudiants
le domaine de Ripaille. Sa résidence principale de Bâle-
suisses romands.38 Les travaux de transformation au
Gundeldingen est juste terminée. Son choix est déterminé
château de Ripaille constituent son premier mandat
également par la facilité de se rendre sur place, en train et
privé, il n’a donc que peu d’expérience dans le domaine.
en bateau, via Lausanne-Ouchy (port). Maître d'œuvre
Il y travaille au tout début du chantier de 1892 à
très exigeant, Frédéric Engel-Gros est très présent sur le
1894. Ses interventions concernent surtout la par-
chantier dès la deuxième phase de restauration, à par-
tie nord du domaine (la chartreuse). La démolition
tir de 1894. Il entreprend jusqu’en 1911 la réfection du
de l’église baroque durant l’été 1892 est sans doute
château de Ripaille, alors en ruine, conservant les par-
son plus gros chantier. Au château d’Amédée VIII, le
ties intactes, multipliant les références au passé, tout en
palais ducal, il s’attache à consolider la façade du bâti-
proposant des innovations très modernes. Il fait appel
ment, suite à la démolition dans la cour, de l’église et
successivement à deux jeunes architectes, s’assurant que
de ses annexes. Il réalise également, comme mentionné
tout soit fait selon sa volonté.
plus haut, les premiers projets de transformation des
En 1905, il se retire des affaires de la maison DMC, rem-
façades. Sa «philosophie» de la restauration des bâti-
placé par son beau-fils Ernest Duvillard en 1906. Grand
ments est conforme aux vœux de Frédéric Engel-Gros:
voyageur, il se rend souvent à Londres et Paris pour affai-
rechercher «l’apparence ancienne» dans toute interven-
res, connaît bien l’Egypte, Rome, Venise, Turin, Munich,
tion moderne, et respecter par l’emploi de matériaux
Karlsruhe, Berlin et bien sûr, toute la Suisse. Frédéric Engel-
et techniques adéquats, les coutumes régionales du
Gros meurt en 1918 dans sa villa de Bâle-Gundeldingen.
pays. Cela se concrétise par exemple par la fabrication
37
nouvelle dans la région de «catelles à l’ancienne». Se
Frédéric de Morsier: jeune architecte genevois
révélant de mauvaise qualité, elles devront être rem-
Architecte et aquarelliste originaire de Genève, Frédé-
placées … le faux-vieux peut donc aussi créer des pro-
ric de Morsier (1861–1931) étudie d’abord à l’Ecole
blèmes.
112
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
A partir de cette période, des artisans de Thonon par-
Auguste Haensler, menuisier d’art alsacien responsable
ticipent au chantier et continueront de travailler pour
du mobilier haut-de-gamme (Mulhouse) et les artisans
Ripaille également sous Schulé: les entreprises de Henri
et entreprises de Haute-Savoie. Les documents et plans
Delmoulin Fils (entrepreneurs en serrurerie), de Louis
d’exécution du chantier sont en allemand ou en fran-
Gianola & Fils (entrepreneur en bâtiment) et de Jean
çais. Frédéric Engel-Gros écrit lui-même indifféremment
Perrolaz Frères (fournisseur d’articles de construction).
dans ces deux langues et en anglais. Schulé comprend
et parle alsacien, suisse-allemand ou français. Excellent
Charles Schulé: un meneur de chantier extraordinaire
coordinateur, repose sur lui la responsabilité de mettre en
Le second architecte nommé par Frédéric Engel-Gros,
forme les idées de Frédéric Engel-Gros et de son conseiller
est, comme Frédéric de Morsier, au début de sa carrière.
artistique Heinrich Angst.
Charles Schulé (1865–1935) est né à Genève et suit une
formation classique aux Beaux-Arts de Paris. Il réalise
de nombreuses villas et construit des bâtiments publics
Réalisations exemplaires de Frédéric Engel-Gros
en Alsace, comme le temple protestant de Dornach-Mul-
au château d’Amédée VIII
house en 1897. La nouvelle gare de Mulhouse réalisée
en 1929 constitue son œuvre principale.39 Il deviendra
Le vestibule
un personnage important de cette ville: vice-président de
Le vestibule (ou grand hall) avec son escalier d’honneur,
la Société des architectes et des ingénieurs, vice-président
est créé entre 1899 et 1903 par l’architecte Charles
de la Société des Arts et directeur des Beaux-Arts de Mul-
Schulé de Mulhouse (fig. 15). Cette partie du «pavillon
house en 1927. Il développe au cours de sa carrière un
d’Amédée», formée de trois sections («cellules») et de la
style architectural caractérisé par sa souplesse: d’abord
première tour, fut l’ancienne habitation privée du duc de
influencé par sa formation essentiellement classique, il
Savoie (fig. 19). Cet espace est plus vaste que les autres
ne se cantonne pas à un type de discours architectural,
habitations destinées aux six chevaliers du duc dans l’aile
mais intègre, fidèle à l’historisme tardif de son époque et
est du «château aux sept tours» de 1434. Ce nouveau
selon la destination du bâtiment, public ou privé, grand
grand hall relie le rez-de-chaussée et le premier étage,
ou petit, ville ou campagne, toutes les possibilités de style.
facilitant toutes les communications au château, tant
Il emploie notamment le Heimatstil suisse, le style néo-
horizontales que verticales. On y accède par une porte
gothique allemand et anglais, et plus tard dans les années
principale précédée de quelques marches. Les murs du
1920, le fonctionnalisme modéré.
vestibule sont uniquement plaqués de tuf. La tourelle
Ripaille est le premier grand chantier de Charles Schulé
d’escalier dans la tour 1 est convertie en vestiaire.
qui rencontre Frédéric Engel-Gros par le biais de relations
Au rez-de-chaussée, le magnifique «plafond de Lindau»
familiales. Il prend la succession du cabinet d’architecture
du Musée national suisse à Zurich, est bordé de frises
d’Ernest Duvillard en 1891, après avoir travaillé sous sa
avec entrelacs de végétation et animaux, thématique de
direction aux pavillons DMC de l’Exposition universelle
la chasse à cour, alternées avec une frise géométrique en
de Paris en 1889. En 1894 Schulé décroche la direction
perspective (fig. 16). Au premier étage, on retrouve les
du chantier de Ripaille après le départ de Frédéric de
mêmes frises se croisant au milieu du plafond. Il manque
Morsier. Il surveille alors minutieusement l’avancement
quatre petits panneaux.
des travaux, suivant le chantier des fondations jusqu’à
l’ameublement. Son champ d’activité couvre l’architecture
paysagère, par exemple le jardin français dans la cour
d’honneur, et l’architecture intérieure. Il coordonne les
travaux des «étrangers» tels Laeuger (Karlsruhe), Jennings
(Londres), Regl, Hinnen, Bertuch et Schmidt (Zurich) et
37
38
39
Le «Journal-Résumé» de F. Engel-Gros marque pour le 25 avril 1892
«Acquisition de Ripaille», AEN, Genève, classeur 2 Engel-Gros.
Architekturlexikon der Schweiz 19. und 20 Jahrhundert (Bâle 1998)
348.
LOUIS ABEL, Atelier d’architecture d’origine suisse en Haute-Alsace
(Mulhouse en particulier) des années 1850 à nos jours. Nos monuments d’art et d’histoire 40, 1989/1, 17–30.
Mittelalter 13, 2008 / 3
113
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
Engel-Gros, maître d’œuvre exigeant peu satisfait du travail de Christian Schmidt, fait la remarque à son architecte
Schulé: «Travaux à exécuter encore par Mr. Schmidt:
Faire enlever la portion de décoration du plafond du
vestibule entre la tour 1er étage (avec les 2 têtes) et la
remplacer par un motif de décoration courante que
Mr. Regl a du préparer.»44 L’exemple de ce plafond
témoigne de la façon de travailler dans la restauration
du château. Source d’inspiration, adaptation des modèles,
collaboration entre Mulhouse, Zurich et Ripaille ont laissé
un ensemble composé de grande qualité artistique.
Le vestibule s’ouvre à l’est sur le fumoir de monsieur
Frédéric Engel-Gros, aujourd’hui bureau de direction, et
au sud sur la grande salle à manger ou salle des ambassadeurs.
La grande salle à manger
La grande salle dans le pavillon d’Amédée est construite
15: Le vestibule avec l’escalier d’honneur et le plafond
de l’église de Lindau ZH de Joseph Regl, copie du Musée
national suisse Zurich installé en 1900.
Eingangshalle mit der Ehrentreppe und der Decke der Kirche
von Lindau ZH, Kopie von Joseph Regl nach dem Original
im Landesmuseum Zürich.
en même temps que le vestibule, de 1899 à 1903 (fig. 17).
La démolition du deuxième mur de refend des anciennes
cellules a agrandi cette pièce. Une colonne type avec base
et capitaux de feuillage «Art Nouveau gothisant» dessinée par Schulé, selon modèle du château de Chillon,
est reproduite portant une poutre-raison supportant les
murs du premier étage. Trois portes-fenêtres en arc brisé
Conçu en 1900 par Joseph Regl à Zurich – après avoir
s’ouvrent sur le jardin. Une cheminée triple, construite
écarté un autre plafond du musée pour Ripaille
– le
en 1900 par le maçon François Moynat, porte la date
plafond de Lindau est fabriqué par Hinnen en bois de
«1903» et les initiales «EG» marquant la finition officielle
sapin des Vosges et peint par Christian Schmidt avec les
des travaux de restauration. Les entreprises zurichoises
peintures Keim. Copie d’un plafond en bois de sapin de
assurent l’aménagement: Hinnen pour les boiseries; Otto
10,50 m sur 4,70 m sculpté par Ulrich Schmid en 1517
Bertuch pour les peintures ornementales des portes et des
(pièce n 19 du Musée national suisse à Zurich, n d’inv.
fenêtres (ferrements décoratifs), d’inspiration gothique
LM 1537), provenant de la nef de l’église St. Gallus du
revisitée par le Jugendstil, Schmidt pour les peintures
village de Lindau (ZH). On remarque, au croisement
Keim.
des frises, quatre panneaux peints avec les symboles des
Cette salle d’apparat à Ripaille est une pure création de
évangélistes, manquant à Ripaille. Les frises en bas-relief
la restauration de Schulé. A défaut des éléments orne-
sur bois sont d’une qualité artistique exceptionnelle, elles
mentaux d’origine de l’époque Amédée VIII à Ripaille,
se composent d’ornements végétaux avec des animaux
on s’est inspiré du château de Chillon, ancienne rési-
intégrés, isolés ou mis en scène de chasse, et d’ornements
dence des ducs de Savoie. On se souvient que le château
géométriques en perspective. En 1898 sous l’initiative
d’Amédée VIII est construit en 1434. Amédée VIII de
de Rahn , Joseph Regl restaure et adapte le plafond de
Savoie séjourne alors, comme pape Felix V, également
Lindau au Musée national suisse à Zurich, puis adapte
à Chillon entre 1438 et 1444, où il entreprend avec son
en 1900 la copie pour Ripaille. En mai 1903, Frédéric
architecte Aymonet Corniaux des transformations de
40
41
o
o
42
43
114
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
commodité, mobilier, plancher, plafonds, cheminées,
portes, fenêtres à croisées. La rangée de colonnes
gothiques de 1260 déjà mentionnée et d’autres éléments
de la rénovation de 1438, comme leurs poutres ornées de
petits caissons (Unterzug) qui supportent le plafond en
bois, et la grande cheminée contre le mur longitudinal de
la «magna aula» ont servi de source d’inspiration pour
Ripaille.45 Le modèle de Chillon est modifié à Ripaille,
les proportions de la salle et le décor des murs couverts
de boiseries à Ripaille sont différents. A Ripaille, l’emploi
de colonnes et poutres porteuses est une nécessité statique
pour supporter les murs du premier étage. Les colonnes
sont d’ailleurs en métal boulonné, les poutres du plafond
en acier dissimulé par du bois! De plus une frise de feuillage en bas-relief coloré rouge et vert, comme on en trouve
dans plusieurs salles historiques au Musée national suisse
à Zurich, borde le plafond en plancher. Malgré la modification du modèle d’origine pour Ripaille, les éléments
16: Détail du plafond de Lindau ZH.
Detail der Kopie der Holzdecke von der Kirche Lindau ZH.
inspirés de Chillon, datant soit du XIIIe siècle, soit de
la rénovation sous Amédée VIII en 1438, symbolisent
Les cabinets de toilette de Madame et Monsieur
à Ripaille l’autorité de l’ancienne résidence des comtes
Les travaux à l’intérieur du château d’Amédée VIII
de Savoie, et font le lien historique entre les interventions
débutent en 1899. L’architecte Schulé et l’entrepreneur
architecturales d’Amédée VIII à Chillon et Ripaille au
Dupont désirent avant tout remettre en état l’aile du châ-
XV siècle.
teau destinée aux chambres. Cette partie du bâtiment
e
est constituée de trois logis contigus à celui du pavillon
ducal. L’architecte va garder le principe, pour les deux
17: Grand salle à manger au rez-de-chaussée, avec les
colonnes en copie de Chillon.
Der grosse Speisesaal im Erdgeschoss mit Säulenkopien
aus Schloss Chillon VD.
premiers niveaux, d’un long corridor longitudinal derrière
la façade principale, desservant une enfilade de pièces
40
41
42
43
44
45
Plan Regl «Plafond du Vestibule, Zurich févr. 1900» (1er étage), AEN,
Genève, plan 10195.
Le plafond du château d’Arbon TG de 1515, pièce no 23 au Musée
national suisse, plus «gothique», sauvé par Rahn et restauré par
Joseph Regl en 1895 pour le musée, n’a pas été réalisé à Ripaille.
Dessin Charles Schulé, AEN, Genève, plan 10194.
JOHANN RUDOLF RAHN, Über Flachschnitzereien in der Schweiz.
Festgabe auf die Eröffnung des Schweizerischen Landesmuseums in
Zürich (Zurich 1898) 171–206.
«Voranschlag für Holzschnitzereien für Schloss Ripaille» de Joseph
Regl 1900, modèle de Lindau pour le vestibule, AEN Genève, documents de chantier, classeur I, 396/97; Geschnitzte Holzdecke aus
der Pfarrkirche Lindau im Schweizer Landesmuseum, SLM Zurich,
documentation Lanz 2007, no 19, 119.
AEN, Genève, document de chantier 919.
ALBERT NAEF, Chillon. La camera domini, la chambre des comtes et
des ducs de Savoie à Chillon. T.1 (Genève 1908) 23; BANGERTER-PAETZ
1907 (cf. note 20).
Mittelalter 13, 2008 / 3
115
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
d’habitation au sud-ouest. Le rez-de-chaussée est réser-
Baden AG en Suisse. Les meubles en acajou pour les lava-
vé à la domesticité, le premier étage aux propriétaires.
bos et les baignoires, livrés par la firme George Jennings
Les chambres privées sont aménagées de 1900 à 1901
à Londres, sont fabriqués sur mesure par Auguste Haens-
(cf. fig. 11): la fontaine en catelles de Max Laeuger est
ler à Mulhouse. Les travaux de serrurerie complètent la
installée contre le mur du corridor au premier étage; des
réfection des cinq pièces: on pose les pentures de portes,
fenêtres à meneaux sont installées, ainsi que les deux
serrures, poignées, et les volets sont embellis par tout un
bow-windows pour la niche de l’oriel (balcon vitré en
réseau ornemental en fer.
saillie sur la façade), dessinés à Mulhouse par Schulé.
L’installation des dispositifs utilitaires commence en
Laissant entrer une merveilleuse lumière à l’intérieure des
1901–1902. Il ne s’agit pas uniquement de l’installation
deux cabinets de toilette de Madame et Monsieur, ils per-
d’un système de chauffage central, mais également celle
mettent une vue sur le lac; le menuisier Auguste Haensler
de neuf cabinets de toilette avec eau courante et chaude.
de Mulhouse fabrique les meubles. Contrairement à la
Cinq possèdent une baignoire, et chacun dispose d’un
partie publique au pavillon ducal, les plafonds de ces
ou deux lavabos. Puis quatres W.-C. sont installés dans
pièces intimes sont en plâtre. Seul le cabinet de toilette de
les tours, et de nombreux postes d’eau sous forme de
Monsieur conserve son plafond original «à la française»
petites fontaines sont répartis dans le château. Fin 1902,
en excellent état datant de 1644, époque des chartreux.
Ripaille a achevé sa transformation en résidence bour-
Des planchers en sapin, ainsi que des vantaux et boiseries
geoise à la campagne.
revêtant la surface intérieure des croisées et des oriels sont
posés dans chacune des chambres. Dans cette partie du
Conclusion
château, les boiseries sont très modernes, en carrés, sans
Notre étude sur Ripaille révèle les découvertes sui-
aucune allusion historisante. On sent l’influence anglaise
vantes:
d’Arts & Crafts et de la Reformarchitektur, réalisé par
– L’architecte Frédéric de Morsier de Genève est
exemple par Karl Moser dans ses villas d’industriels à
l’architecte du début de la restauration 1892–1894.
18: Cabinet de toilette de
monsieur Engel-Gros, avec
lavabo de George Jennings
(Londres), intégrés dans les
meubles d’Auguste Haensler
(Mulhouse).
Badezimmer von Frédéric
Engel-Gros. Das Keramikwaschbecken von George
Jennings (London) ist in
das Badezimmermöbel von
August Haensler (Mulhouse)
eingebaut.
116
Mittelalter 13, 2008 / 3
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
19: Plan de Fromm «Etat actuel
du Château d’Amédée» en
janvier 1894. Situation du rezde-chaussée et premier étage du
manoir avant transformation,
avec les anciennes cellules des
chevaliers avec leurs tours, et
celle du Duc à droite (pavillon
d’Amédée); (AEN, plan 10037).
Grundrissplan des Erdgeschosses
und des ersten Obergeschosses.
Aufgenommen von Fromm im
Januar 1894 vor den grossen Veränderungen. Gut erkennbar sind
die Türme mit den ehemaligen
Zellen der Ritter und der Zelle
des Herzogs (pavillon d'Amédée).
Son travail concerne la rénovation de la partie nord
Du point de vue hygiène, Ripaille est à l’avant-garde
du prieuré. Il fait pour le château d’Amédée VIII les
en France. Le fait que toutes les installations, lavabos,
premières études de restauration des façades.
baignoires et W.-C. soient encore plus ou moins en
– On peut distinguer trois phases dans la restauration, 1892–1894 (de Morsier), 1894–1900 (Schulé),
place au château, est un atout supplémentaire. Une
remise en état est néanmoins nécessaire.
1900–1907 (Schulé et Angst).
– L’échange artistique entre le Musée national suisse à
Zurich et Ripaille entre 1900 et 1906, et l’impact sur
l’aménagement des intérieurs du château d’Amédée
VIII. Le dépouillement des 500 lettres de Frédéric
Engel-Gros à Heinrich Angst à la Zentralbibliothek, et
la découverte des carnets de dessin de Joseph Regl aux
archives du Musée national suisse à Zurich ont été une
surprise.
– La découverte d’une œuvre d’art «La chasse» de 1900
en céramique de Max Laeuger à Ripaille (fig. 20), à ce
jour inconnue dans l’œuvre du célèbre professeur et
céramiste de Karlsruhe. L’étude des lettres de Frédéric
Engel-Gros à Max Laeuger confirme son authenticité. Laeuger était un important consultant de Frédéric
Engel-Gros pour toutes questions artistiques et esthétiques, aussi pour le jardin français.
– L’influence anglaise sur la restauration à Ripaille se
traduit non seulement par la richesse de la collection de
tissus pour rideaux et couvertures de meubles de William Morris, mais aussi par les installations d’hygiène,
notamment les W.-C. de George Jennings de Londres,
inventeur de ce système de toilettes à confort moderne.
Zusammenfassung
Das Schloss von Ripaille bei Thonon-les-Bains in Hoch-Savoyen
wurde 1892–1907 restauriert. Es diente dem reichen Elsässer
Textilindustriellen Frédéric Engel-Gros aus Mulhouse als Zweitwohnungssitz. Er selbst residierte in Basel-Gundeldingen. Für
die Restaurierung von Schloss Ripaille berief er zwei Schweizer
Architekten, Frédéric de Morsier von Genf und Charles Schulé,
ursprünglich ebenfalls aus Genf, der sich aber in Mulhouse
etabliert hatte. In der Folge wandelte sich das Schloss Ripaille,
im 15. Jh. am Ufer des Genfer Sees erbaut, von der herzöglichen
Residenz Amédeés VIII von Savoyen in ein bürgerliches Landhaus. Heinrich Angst, Freund von Engel-Gros, Kunsthändler
und erster Direktor des Schweizerischen Landesmuseums, und
seine Mitarbeiter hatten grossen Einfluss auf die künstlerische
Innenausstattung des Schlosses. Die Künstlerequipe (Regl, Hinnen,
Bertuch und Schmidt) des Landesmuseums kopierte zahlreiche
Objekte des Museums und baute sie in Schloss Ripaille ein.
Als Leitmotiv diente das Spätmittelalter aus der Perspektive von
Arts and Crafts, Art Nouveau (Jugendstil) und Heimatstil. Bemerkenswert ist der hohe hygienische Komfort mit WCs englischer Herkunft (George Jennings, London); wohl eines der
ersten Schlösser Frankreichts mit derartiger Ausstattung. Was das
Schloss Ripaille von 1900 auszeichnet, ist sein hervorragender
Erhaltungszustand. Die künstlerische Ausstattung der Modernisierung von 1900 ist bis auf wenige Details noch am Ort inklusive der Haustechnik wie Leitungen, Zentralheizung, Küche und
Badzimmer. Der Originalzustand von Schloss Ripaille von 1900
ist einzigartig im Vergleich zu anderen Bauten dieser Epoche, die
zu Vergleichszwecken in Europa untersucht wurden.
Mittelalter 13, 2008 / 3
117
Elisabeth Crettaz-Stürzel – «Ripaille 1900»: entre résidence féodale et «country house» bourgeoise
20: «La chasse», image en
catelles de Max Laeuger,
livré pour Frédéric EngelGros en 1900 à Ripaille,
signé «ML».
«Die Jagd», ein Kachelbild
von Max Laeuger (Kandern), Auftragsarbeit 1900
für Frédéric Engel-Gros.
Riassunto
Il castello di Ripaille a Thonon-les-Bains in Alta-Savoia è stato
restaurato dal 1892 al 1907 onde fungere da residenza secondaria per il ricco industriale (tessili) alsaziano di Mulhouse (DMC)
Frédéric Engel-Gros, il quale allora risiedeva a Basilea-Gundeldingen. La direzione dei lavori di restauro fur affidata a due
architetti di origine svizzera, Frédéric de Morsier di Ginevra et
Charles Schulé stabilitosi a Mulhouse in Alsacia. Il castello di
Ripaille eretto nei pressi del lago Lemano nel XV sec. dal duca
di Savoia Amedeo VIII veniva così trasformato in una «country
house» signorile.
L’allestimento degli arredamenti di Ripaille ha subito l’influenza
di Heinrich Angst, amico di Engel-Gros, mercante d’arte e
primo direttore del Museo nazionale svizzero, e dal suo gruppo
di artisti di Zurigo (Regl, Hinnen, Bertuch, Schmidt). Il motivo
conduttore è il tardo Medioevo inserito nel contesto artistico
dell’Art and Craft, dello stile Liberty (Art Nouveau) e del Heimatstil. Un’altra peculiarità è il confort igienico, che viene messo
in evidenza dai WC di provenienza inglese (George Jennings
di Londra).
Ciò che caratterizza il castello «Ripaille 1900» oggigiorno è
il suo perfetto stato di conservazione. Il ricco arredamento,
risalente agli interventi del 1900 è, salvo alcuni minimi dettagli,
ancora esistente, comprese le notevoli installazioni tecniche
(tubature, riscaldamento centrale, cucina, bagni). L’aspetto
originale del castello «Ripaille 1900» è unico rispetto ad altre
costruzioni risalenti a quell’epoca, che sono state studiate in
Europa.
(Christian Saladin, Basilea)
Resumaziun
Il chastè da Ripaille a Thonon-les-Bains en l’Auta Savoia è vegnì
restaurà dal 1892 fin il 1907 ed è stà il domicil secundar dal
ritg industrial da textilias alsazian da Mulhouse, Frédéric EngelGros, che abitava a Basilea-Gundeldingen. L’incumbensa da
118
Mittelalter 13, 2008 / 3
restaurar il chastè ha el dà als dus architects svizzers Frédéric
de Morsier, Genevra, e Charles Schulé, oriundamain era da
Genevra, ma etablì a Mulhouse. Els han transfurmà la residenza
dal duca Amédée VIII da Savoia, construida en il 15avel tschientaner a la riva dal Lai da Genevra, en ina chasa da champagna
burgaisa. Heinrich Angst, in ami dad Engel-Gros, commerziant
d’art e l'emprim directur dal Museum naziunal svizzer, e sia
equipa d’artists da Turitg (Regl, Hinnen, Bertuch e Schmidt)
han gì ina gronda influenza sin las construcziuns internas dal
chastè da Ripaille. Sco motiv principal ha servì il temp medieval
tardiv or da la perspectiva dad arts and crafts, da l’art nouveau
(jugendstil) e dal stil indigen. Remartgabel è il grond confort
igienic cun tualettas d’origin englais (George Jennings, Londra).
Quai che distingua il chastè da Rippaille dal temp enturn l’onn
1900 è ses stadi da mantegniment extraordinari. La substanza
artistica da la modernisaziun è anc cumplettamain avant maun.
Quai vala era per las installaziuns tecnicas sco ils conducts, il
stgaudament central, la cuschina ed il bogn. Il stadi original dal
chastè «Ripaille 1900» è unic cumpareglià cun auters edifizis
da la medema epoca en autras parts da l’Europa.
(Lia Rumantscha Cuira/Chur)
Crédit des illustrations:
1,3,4,5,12,14, 19: Archives Engel-Necker, Genève et Ripaille (AEN)
2,10: Fondation Ripaille
6–9,11,13,15–18,20: Elisabeth Crettaz-Stürzel
L'adresse d'auteur:
Dr. Elisabeth Crettaz-Stürzel
Le Forum
3961 Zinal
[email protected]
Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
par Valentine Chaudet
En 1999 et 2000, un vaste projet immobilier à l’angle
Les vestiges archéologiques (fig. 2)
sud-ouest du bourg médiéval de Lutry a donné lieu à
Notons en préambule qu’avant sa régularisation artifi-
une investigation archéologique préventive dirigée par
cielle par le barrage du pont de la machine à Genève en
François Christe, sur mandat de Denis Weidmann,
1887, le niveau du lac était sujet aux fluctuations sai-
archéologue cantonal. A la fin de l’année 2001, suite à
sonnières dues aux changements pluviométriques et à la
l’interruption d’activité de F. Christe pour des raisons de
fonte des neiges, avec une variation annuelle d’une amp-
santé, l’élaboration des données est suspendue. Elle est
litude moyenne de 2 m. Pour le Moyen Age, le niveau des
reprise par la soussignée en août 2006, sur la demande de
hautes eaux peut être évalué à la cote de 373 m et celui
D. Weidmann. L’intervention archéologique a permis de
des basses eaux à 371 m environ.3 Ces valeurs concordent
mettre au jour des murs de berges, des ouvrages défensifs
avec les données archéologiques obtenues à Villeneuve:
et, comme nous le pensons, des aménagements portuaires
le sol des halles du dernier quart du XIIIe siècle se situe à
et des halles.1 Elle apporte donc un éclairage nouveau sur
la cote moyenne de 373,30 m.4 A Lutry, le sol des halles
le développement du bourg de Lutry au Moyen Age et en
présumées peut être restitué à 373,40 m environ.
fournit les premières datations archéologiques. En outre,
elle vient enrichir la connaissance des établissements du
Les murs de berge (fig. 2)
bord du lac et permet d’aborder la question de la cons-
Deux étapes de berge précédant le rivage du début du
truction en milieu humide ainsi que des stratégies adop-
XVIIIe siècle (fig. 3) ont été observées.5 Le mur 1 cons-
tées face aux tempêtes.
titue la première étape (fig. 4.1) et les murs 3, 4, et 6 la
seconde (fig. 4.2 et 4.3).6 Ces aménagements présentent
Les données historiques
un front de gros blocs, dont certains atteignent 1 m de
L’histoire de Lutry a été étudiée dans une monographie
long, posés en boutisse, maçonnés à sec et calés à l’arrière
dirigée par Marcel Grandjean et parue en 1990, dont
avec de petits boulets (fig. 5). Ils sont visiblement établis à
nous extrayons l’essentiel des données historiques men-
même la grève: leur base se trouve à la cote de 371,80 m
tionnées ci-dessous. Pour les XIII et XIV siècles, au
environ pour la première étape et grosso modo à l’altitude
moment de l’essor urbain et de la fondation de nom-
de 371,50 m pour la seconde. Le mur 1 se trouve dans
2
e
e
breuses «villes neuves», les sources écrites sont malheureusement peu nombreuses. L’apport de l’archéologie est
1
donc d’autant plus précieux pour cette période. Dans les
grandes lignes, le bourg primitif de Lutry se développe
autour du couvent bénédictin, fondé au XIe siècle. Il
reçoit une enceinte entre 1212 et 1220. Des faubourgs se
2
développent hors les murs au XIIIe siècle déjà. L’histoire
du «Bourg extérieur», qui se situe à l’ouest du noyau
primitif et qui en constitue l’extension la plus importante,
n’est pas bien établie; l’on suppose l’existence d’un
faubourg à l’emplacement du futur «Bourg extérieur»
3
4
5
(fig. 1). Quoi qu’il en soit, notons à la suite de M. Grandjean que Lutry possède dès le XIIIe siècle les traits d’une
ville dynamique.
6
Des structures postérieures au Moyen Age, en particulier des cuves
de tannerie, ont également été documentées. Rapport déposé à
l’Archéologie cantonale: VALENTINE CHAUDET, Lutry, Quai GustaveDoret, Vestiges du bourg extérieur médiéval – système défensif, port
(?) et halles (?) – et des aménagements postérieurs – constructions
diverses et tannerie (Lausanne 2008).
Lutry. Arts et Monuments. Du 11ème au début du 20ème siècle, I et II,
éd. MARCEL GRANDJEAN (Lutry 1990 et 1991).
F.-A. FOREL, Le Léman, monographie limnologique (Lausanne 1892)
469–473.
FRANÇOIS CHRISTE/VALENTINE CHAUDET, Le port médiéval et les défenses
de la Villeneuve de Chillon. Mittelalter-Moyen Age 1997/3, 53.
Le parement sud d’une maçonnerie observée sur 2 m de long et située
près de 6 m au nord de la première étape indiquée ici constitue peutêtre les vestiges d’une berge antérieure. Voir CHAUDET 2008 (cf. note
1) 6–7.
Le mur 3 comporte deux voire trois alignements de gros blocs
correspondant à des réaménagements successifs de la berge.
Mittelalter 13, 2008 / 3
119
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
N
a
2
b
1
0
40 m
1: Plan de Lutry avec la restitution des fortifications et la situation du rivage contemporain de l’enceinte du bourg primitif.
1: bourg primitif. 2: Bourg extérieur. a: rue de la Tour. b: place de la Couronne. En grisé: emprise de l’intervention de
1999–2000.
Grundrissplan von Lutry mit dem rekonstruierten Verlauf der Stadtmauern und der Seeuferlinie zur Zeit der Bildung des
Ortskernes. 1: Ursprünglicher Stadtkern. 2: «Bourg extérieur» (Äussere Stadt). a: Rue de la Tour. b: Place de la Couronne.
Grau: Bereich der archäologischen Untersuchungen 1999–2000.
le prolongement de la berge restituée par M. Grandjean
ments de la Lutryve, dont le cours actuel se trouve à
à l’angle sud-ouest du bourg primitif, aux environs de
une cinquantaine de mètres à l’ouest. Le mur 3 présente
1220 (fig. 1). Le promontoire s’avançant dans le lac que
également un retour vers le nord, dans lequel il faut
forme le mur 4 présente une forme sinusoïde, probable-
reconnaître le pendant ouest de l’embouchure solidement
ment le résultat d’une adaptation de l’enrochement à la
endiguée du ruisseau, dont la largeur atteint 11,60 m.
morphologie du terrain. L’ouvrage est postérieurement
Un alignement de pieux (25) situé dans le prolonge-
agrandi à l’est par le mur 6 (fig. 4.3). Les murs 1 et 4
ment du mur 4 forme un brise-lames abritant la berge
présentent chacun un retour vers le nord à l’emplacement
(fig. 4.3). Compte tenu du régime violent qui caractérise
du futur mur de ville. Ces maçonneries ne correspondent
le lac Léman, cet ouvrage sert sans doute primitivement
cependant pas à une première enceinte, du moins en ce
à retenir un enrochement disposé en arrière et éviter que
qui concerne le mur 4 qui ne comporte pas d’élévation,
ce dernier soit dissocié par le ressac. Il n’en subsiste aucun
le mur de ville 7 étant partiellement construit au-dessus.
élément, les cailloux ayant été réutilisés ou emportés par
Elles servent vraisemblablement à contenir les déborde-
le courant. Les dates d’abattage des pieux, obtenues
120
Mittelalter 13, 2008 / 3
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
par analyse dendrochronologique, sont réparties entre
ailleurs à Lutry sur les tronçons de muraille conservés,11
les années 1246 et 1261.7 Ce dispositif fonctionne avec
en s’élargissant pour atteindre 1,55 m à la tête sud. La
le mur 4 mais est probablement postérieur à ce dernier.
largeur de la fondation augmente progressivement du
Ces ouvrages qui marquent l’urbanisation du rivage ne
nord au sud, où le mur est le plus exposé, passant de 1,40
sont pas sans évoquer les maçonneries, désignées comme
à 2,20 m. La fondation, maçonnée à sec, est constituée
«charmurs» dans le patois local, qui sont à l’origine du
de gros blocs et boulets maintenant un blocage de petits
8
développement des Rues-Basses de Genève au XIII siècle.
matériaux; l’élévation est formée de pierres plus petites
Ils rappellent également certains des dispositifs obser-
liées au mortier de chaux et disposées en assises régu-
vés au nord du bourg médiéval de Villeneuve, où deux
lières (fig. 6). La tête sud de la digue est particulièrement
des terre-pleins gagnés sur l’eau sont formés de solides
bien construite, avec des blocs soigneusement retaillés au
enrochements maintenant un comblement de petits bou-
parement et pouvant atteindre 1,90 m de long (fig. 7). La
lets.
semelle suit la pente de la grève, de 371,95 m contre le
Ces murs de berges supposent l’aménagement et peut-être
mur 4 à 371,11 m à son extrémité sud. La série de pieux
la construction des terrains en amont, qu’ils protègent des
26 dont certains sont implantés à la tête du mur 7 fonc-
tempêtes du lac et des crues de la Lutryve. Faut-il croire
tionne avec ce dernier et est probablement établie avec le
pour autant que l’enceinte qui signe la création du Bourg
rempart. Tout comme la structure 25, elle s’accompagne
extérieur se dresse déjà au moment de leur établissement?
sans doute primitivement d’un enrochement disposé en
Deux hypothèses peuvent être avancées. Soit ces amé-
arrière. La construction du mur de ville remonterait donc
nagements de berges fonctionnent avec un mur de ville
aux années 1275–80, fourchette sur laquelle se répartis-
situé en amont du mur 4, voire éventuellement du mur
sent les dates d’abattage des pieux.12
1, ce qui signifie que la fondation du Bourg extérieur est
Au sud de l’enceinte 7, un dispositif dans lequel il faut
antérieure au milieu du XIII siècle. Soit le mur 7, aux-
reconnaître le belluard mentionné par les sources a été
quels ils sont antérieurs, constitue la première enceinte
mis au jour (fig. 4.5).13 Ce renforcement des défenses côté
du Bourg extérieur et l’on peut supposer, en conséquence,
lac est une plate-forme d’environ 13x13 m, constituée
que l’emprise du faubourg à l’ouest correspond grosso
d’une maçonnerie sur trois côtés (7, 12 et 13), dont un
modo déjà à celle du futur Bourg extérieur. Cette seconde
enrochement de 3 m de large au sud, maintenant un rem-
hypothèse nous paraît la plus convaincante des deux. En
blai de petits boulets. Le front méridional de l’ouvrage
tous les cas, l’investigation archéologique semble exclure
a conservé son élévation: un mur de 1,40 m de large
l’hypothèse évoquée par M. Grandjean d’une succession
environ et de 8,25 m de long, dont la tête orientale est
de deux étapes de fermeture du Bourg extérieur: la pre-
faite de gros blocs soigneusement retaillés au parement
mière n’englobant que la place de la Couronne et la seconde
(fig. 8). Les restes de deux encadrements d’origine, sans
enserrant les deux rangées de la rue de la Tour (fig. 1).
10
doute des meurtrières, ont été observés à l’ouest et au sud
En effet, les tours circulaires que la muraille présente au
du dispositif, qui ne comporte peut-être, à l’origine, une
e
9
e
nord ne sont, selon M. Grandjean, vraisemblablement
pas antérieures à 1260, c’est-à-dire postérieures au brise-
7
lames 25 et aux murs 1 et 4. L’irrégularité de la muraille
au nord suggère donc plutôt un faubourg bien développé
au moment de la construction du mur de ville.
Le système défensif (fig. 2)
Le mur 7, l’enceinte, forme une digue qui s’avance à plus
de 35 m dans le lac (fig. 4.4). Il mesure 1,40 m de large
en élévation, valeur qui rejoint les observations faites
8
9
10
11
12
13
Rapport déposé à l’Archéologie cantonale: CH. ORCEL/J. TERCIER/
J.-P. HURNI, Rapport d’expertise dendrochronologique. Lutry, Quai
Gustave-Doret. Réf. LRD01/5087 (Moudon 2001).
CHARLES BONNET/PHILIPP BROILLET, Les ports de la place de Longemalle
à Genève au Moyen Age. Bollettino storico-bibliografico subalpino,
1993, fig. 6 et 8.
CHRISTE/CHAUDET 1997 (cf. note 4) fig. 5, n°7 et 10. Au sud de 7 et à
l’est de 10, un comblement de petits boulets a été observé.
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 8.
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 66–67.
ORCEL/TERCIER/HURNI 2001 (cf. note 7).
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 82.
Mittelalter 13, 2008 / 3
121
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
élévation que de ces côtés et ne constitue pas à propre-
brayes proche le lac», indiquant qu’il s’agit, alors, d’un
ment parler un édifice. Dans un document du milieu du
bâtiment.14 Cette fortification est postérieure à la série
XVIIe siècle, le belluard est désigné comme la «tour des
de pieux 26, datée par analyse dendrochronologique de
Grand-Rue
n°6
N
440
Riettes
150
19
Chemin des
18
21
d
15
3
2
1
5
c
4
b
22
a
20
16
9
6
17
(abcd)
7
23
24
150
400
25
(pieux)
10
11
12
8
13
26
(pieux)
14
040
et
Quai Gustave-Dor
542
000
10 m
542
0
26
(pieux)
2: Plan général des vestiges. En grisé, les vestiges médiévaux: en gris clair, ceux mis au jour au premier décapage, en gris foncé,
ceux dégagés au second décapage.
Übersichtsplan der Befunde. In Grau die mittelalterlichen Mauerreste: hellgrau die erste Freilegungsetappe, dunkelgrau die
zweite. Die Ziffern bezeichnen die einzelnen Strukturen, die im Text erwähnt werden.
122
Mittelalter 13, 2008 / 3
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
1275–1280, et antérieure aux braies, attestées dès 1401 à
environ. Il n’est pas possible de déterminer si la Lutryve
l’ouest du bourg. En effet, cette enceinte extérieure dés-
ou un bras dudit ruisseau permet de l’immerger18; peut-
affecte la meurtrière occidentale du mur 13. Les sources
être est-il seulement inondé par l’eau du lac remontant le
mentionnent le belluard dès 1575 et jusqu’au milieu du
long de la muraille durant la période des hautes eaux.
15
XVII s. L’ouvrage défensif n’existe en revanche plus au
e
16
début du XVIIIe siècle, puisqu’il ne figure pas sur le plan
Les ports successifs supposés (fig. 2)
de 1705 (fig. 3).
Plusieurs des structures mises au jour dessinent des bas-
Les murs 9, 10 et 11 (fig. 6), perpendiculaires à l’enceinte,
sins successifs servant, vraisemblablement, de port. Le
servent peut-être, comme nous l’a suggéré Denis Weidmann,
premier de ceux-ci, limité par les murs 1, 2, 4 et 5, mesure
de contrebutement visant à renforcer la digue 7, fortement
14 x 18 m environ (fig. 4.2).19 Il est ouvert sur le lac au
exposée au vent et à la vague au sud-ouest. Le remblai
sud et est réduit postérieurement par la construction du
de petits boulets observé le long du parement occidental
mur 6 (fig. 4.3). Il est protégé au sud-est par le brise-
du mur 7, dans sa partie sud, constitue probablement les
lames 25. Ce dispositif, probablement implanté dans un
vestiges d’un accès à pied sec au belluard présumé.
second temps seulement, a fait l’objet d’une analyse den-
Les murs de braie et de contre-escarpe (23 et 24) ont
drochronologique qui permet de proposer une datation
été respectivement dégagés sur environ 70 et 56 m de
avant le milieu du XIIIe siècle pour ces aménagements
long. L’observation ne permet pas d’affirmer avec toute
portuaires.20 Ainsi, si l’on suit l’hypothèse selon laquelle
la certitude souhaitée que le mur de braie s’accompagne
le mur 7 correspond au mur de ville primitif, le faubourg
dès l’origine d’un terre-plein en fausses-braies, dispositif
qui s’étend à l’emplacement du futur Bourg extérieur
attesté dans les sources dès 1585.
abrite déjà un port.
17
Le fossé défini par
ces maçonneries mesure 8,60 à 10 m de large. Le fond
Un exemple comparable de brise-lames protégeant un
au profil à peu près plat de l’ouvrage se trouve à 372 m
aménagement portuaire a été documenté à Villeneuve; il
est daté du deuxième tiers du XIIIe siècle.21 Des rideaux de
3: Plan de 1705. En grisé, emplacement des halles-entrepôts
présumées.
Grundrissplan von 1705, gerastert die Lage der vermuteten
Stapelhallen.
pieux similaires ont aussi été documentés à Brunnen (SZ);
deux de ceux-ci, datés par les dendrochronologues de
1400 et 1425 environ, ont été interprétés comme la fermeture d’un port. 22
Le bassin de l’étape suivante est délimité par la digue que
forme le mur de ville au sud et, soit la série de pieux 26, soit
le mur 8 (fig. 4.4). La vaste surface d’eau ainsi formée mesure
plus de 32 m de long sur plus de 31 m de large; elle est
14
15
16
17
18
19
20
21
22
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 82. Cette mention amène M. Grandjean
à situer le belluard à l’extrémité des braies, touchant le fossé (id. 5
et 82).
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 66 et note 11.
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 82.
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 69.
Une source de 1460–1461 mentionne les deux ponts du Grand Pont,
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 58, note 22. Cette indication atteste qu’à
cette époque, le débouché du cours principal de la Lutryve ne coïncide
pas avec le fossé défensif, mais se situe à l’ouest de ce dispositif.
Le retour oriental vers le nord du mur 1 forme peut-être la limite
d’un bassin antérieur (fig. 4.1).
ORCEL/TERCIER/HURNI 2001 (cf. note 7).
CHRISTE/CHAUDET 1997 (cf. note 4) 50, fig. 5, n°5, et fig. 6.
JAKOB OBRECHT Brunnen SZ. Untersuchung an den Pfahlreihen im
Vierwaldstättersee, 1966. Mittelalter-Moyen Age 1997/3, 63–74.
Mittelalter 13, 2008 / 3
123
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
4: Reconstitution du développement de la zone investiguée / Rekonstruktion der baulichen Entwicklung in der untersuchten
Zone.
N
N
N
1
2
1
3
5
4
2
1
3
6
5
4
25
4.1: Avant 1246. Construction d’un
mur de berge (1) et canalisation de
l’embouchure de la Lutryve.
Vor 1246. Bau einer Ufermauer (1)
und Kanalisation der Bachmündung
der Lutryve.
0
4.2: Avant 1246. Etablissement d’une
nouvelle berge (3, 4) et aménagement
d’un port.
Vor 1246. Bau einer neuen Ufermauer
(3, 4) und Einrichten eines Hafens (2, 5).
20 m
N
N
N
6
19
18
1
1
3
3
9
7
10
17
(abcd)
24
4.4: 1275–1280. Construction du mur de
ville qui forme un môle à son extrémité
sud (7) et aménagement d’un brise-lames
(26) protégeant le nouveau bassin portuaire.
1275–1280. Bau der äusseren Stadtmauer (7) entlang dem Bach in Art einer
Mole bis in den See hinaus. Anlegen
eines neuen grösseren Hafenbeckens und
einer neuen Palisade (26) als Wellenbrecher.
124
Mittelalter 13, 2008 / 3
7
22
17
(abcd)
23
12
13
21
15 16
22
11
26
19
18
1
21
15 16
4
7
4.3: 1246–1261. Aménagement d’un briselames (25) protégeant le bassin portuaire.
Errichten einer Holzpalisade (25) als Wellenbrecher zum Schutz des Hafenbeckens.
Die Palisadenhölzer lassen sich dendrochronologisch auf die Zeit von 1246–1261
datieren. Das innere Hafenbecken wird
durch eine Beckenmauer (6) verkleinert.
14
4.5: Entre 1280 et 1401. Aménagement
d’un belluard (13) et construction de
halles-entrepôts (15–19) en amont du
port.
Zwischen 1280 und 1401. Bau eines
Wehrturmes (13) am seeseitigen Ende
der Mole (7) und Einrichten von Stapelhallen (15–19) oberhalb des Hafens.
Die Schutzmauer (7) wird von der
Ostseite her mit Stichmauern (9–11)
verstärkt.
12
13
14
4.6: Début du XVe siècle. Construction
des murs de braie et de contre-escarpe,
fermeture du port et désaffectation des
halles présumées.
Anfang des 15. Jh. Bau von Graben- und
Grabengegenmauern (23, 24), Aufheben
des Hafenbetriebes, Auffüllen des Hafenbeckens und Auflösen der vermuteten
Stapelhallen. Die mittelalterliche Uferlinie wird südwärts in den See gedrängt
(14).
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
vraisemblablement ouverte sur le lac à l’est. La série de
les marchandises qui y transitent. Villeneuve présente une
pieux 26, moins bien conservée que sa correspondante 25,
situation similaire, tout comme, peut-être, Hermance.25
permet de dater ce bassin aux environs de 1275–80.23 Ce
Le dernier bassin portuaire présumé n’existe plus sur le
port présumé se trouve à l’intérieur de l’enceinte de ville et
plan de 1705 (fig. 3).26 Il est peut-être abandonné au
non à l’extérieur de celle-ci comme c’est le cas à Villeneuve,
moment où, au début du XVe siècle, des halles sont
où le port est aménagé au débouché du fossé.24
construites à l’extrémité orientale du Bourg extérieur.27
Enfin, le dispositif défensif que nous identifions au bel-
En effet, l’on peut supposer l’existence d’un port à pro-
luard cité par les sources fonctionne probablement aussi
ximité de cet édifice, même s’il n’en est pas fait mention
avec un bassin portuaire. En effet, malgré l’absence de
dans les sources avant le XVIe siècle.28
toute indication stratigraphique, il est tentant d’interpréter
le mur 13 et le fragment de maçonnerie 14, profondément
implanté et qui présente une tête de mur à l’ouest, comme
les montants d’un accès de 19 m de large qui ne serait
autre que l’entrée d’un port. Ainsi, le belluard ne constituerait pas seulement un renforcement des défenses de la
ville côté lac, mais aussi un poste de contrôle sur le port et
150
23
24
25
26
27
28
ORCEL/TERCIER/HURNI 2001 (cf. note 7).
CHRISTE/CHAUDET 1997 (cf. note 4) 46, fig. 1.
CHRISTE/CHAUDET 1997 (cf. note 4) 46, fig. 1. JACQUES BUJARD,
Hermance 1247–1997, une ville neuve médiévale (Genève 1997) 15.
La zone concernée est affectée en jardins dont le parcellaire est perpendiculaire aux murs 9, 10 et 11.
La maçonnerie condamnant l’entrée du port présumé est de facture
XIXe siècle et ne correspond pas à la fermeture primitive.
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 26–29.
420
1
2
4
6
0
4m
5: Pierre à pierre des murs 1, 2, 4, 6 et 7.
Steingerechte Aufnahme der Mauer 1, 2, 4, 6 und 7 (Erste Uferschutz- und Hafenmauern)
Mittelalter 13, 2008 / 3
125
060
040
400
542
150
542
N
7
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
6: Vue vers le sud-ouest du
mur de ville (7) et du mur de
braie (23). Au premier plan,
le mur 11.
Blick gegen Südwesten
auf die äussere Stadtmauer
(vorne, 7) und die Grabenmauer (hinten, 23). Im Vordergrund die Mauer 11.
Notons que la base des aménagements portuaires présu-
Les halles présumées (fig. 2)
més mis au jour se trouve dans la majorité des cas au-
Dans le quart nord-est de la zone de fouille, au-dessus
dessus du niveau des basses eaux: les bassins portuaires
des murs 1, 4 et 6 désaffectés, un grand rectangle se des-
sont donc probablement creusés dans leur partie médiane
sine parmi les nombreux vestiges mis au jour (fig. 4.5).
pour pouvoir accueillir des bateaux durant la période
Les murs 15, 16, 17a et 17b qui le constituent présen-
d’étiage.
tent de robustes fondations d’environ 1 m de large aux
angles sud-est et sud-ouest solidement construits. Au
7: Vue de la tête sud du mur 7. Largeur au sommet: 1,55 m.
Blick auf den südlichen Mauerkopf der äusseren Stadtmauer 7. Breite an der Mauerkrone: 1,55 m.
nord, les murs 18 et 19, dont seule la tranche arrachée
d’une portion d’élévation a été observée, appartiennent
sans doute à cette structure. Le côté nord de cette dernière
n’a pas été intercepté; il peut être restitué à l’emplacement
du décrochement présent dans le parcellaire actuel,
à l’angle sud-ouest du bâtiment sis au n° 6 de la GrandRue. L’ensemble mesure environ 11x24 m. Il est subdivisé dans la longueur par le mur 17d et, dans un second
temps, par le mur 20; il comporte à l’angle sud-est
un espace muni d’une circulation d’eau. Il présente au
sud un accès de 3,30 m de large entre la tête orientale
du mur 16, soigneusement appareillée à l’aide de gros
blocs, et l’angle partiellement détruit des murs 17a et
17d. Ce vaste rectangle se lit toujours dans le parcellaire
figuré sur le plan de 1705 (fig. 3), la surface concernée
étant occupée par un bâtiment dans sa portion sud et
126
Mittelalter 13, 2008 / 3
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
E
O
élévation du mur 13
meurtrière (?)
374.00
fondation du mur 13
0
2m
8: Vue intérieure du mur sud du belluard (13) présumé.
Innenansicht der Südmauer des vermuteten Wehrturmes (13). In der Mauer ist eine zugemauerte Schartenöffnung erkennbar.
par une place bordée sur deux côtés par une galerie dans
et l’établissement du Bourg extérieur. Avant le milieu du
sa portion nord.
XIIIe siècle, semble-t-il, le faubourg qui s’étend à l’ouest
Les dimensions importantes de ce dispositif, le large accès
du noyau primitif est déjà bien développé, puisqu’il occu-
dont il est muni côté lac, l’épaisseur des fondations qu’il
pe l’emprise du futur Bourg extérieur et comporte un
présente ainsi que la proximité de celui-ci avec le port
port. Le Bourg extérieur de Lutry n’est donc pas à pro-
présumé suggèrent de l’interpréter comme les vestiges de
prement parler un «bourg neuf», même s’il est désigné
halles-entrepôts. A l’est de ce dispositif, les murs 21 et
comme tel dès le XVIe siècle.
22 constituent sans doute un aménagement contempo-
La découverte d’une série de pieux contemporains du mur
rain. S’agit-il de murs de terrasse avec un accès au lac à
de ville permet de situer la construction de celui-ci vers
l’ouest?
1280. L’enceinte se caractérise par une longue digue qui
Les halles-entrepôts présumées ne sont pas antérieures
s’avance dans l’eau et protège des vagues et du vent une
à l’établissement de la digue 7 qui offre une protection
vaste surface, sans doute utilisée comme port. En amont
suffisante à leur réalisation; elles ne sont donc pas anté-
de ce bassin, plusieurs maçonneries dessinent un grand
rieures au dernier quart du XIII siècle. Elles sont proba-
rectangle, dans lequel nous proposons de voir des halles-
blement désaffectées au moment de la construction, au
entrepôts. La plate-forme mise au jour à l’extrémité sud
début du XV siècle, de halles à l’extrémité orientale du
de la muraille et que nous identifions au belluard cité
Bourg extérieur.
dans les sources vient compléter cet ensemble portuaire
e
e
29
présumé en offrant un poste de contrôle des marchandises
Conclusion
qui y transitent. Ces ouvrages précèdent, comme nous le
L’investigation archéologique offre de nouvelles perspectives sur le développement du rivage médiéval de Lutry
29
GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 26–29.
Mittelalter 13, 2008 / 3
127
Valentine Chaudet – Le Bourg extérieur de Lutry et son port médiéval
pensons, les halles et le port mentionnés dans les sources,
situés à l’extrémité opposée du Bourg extérieur; ils attestent ainsi l’importance communale du Bourg extérieur
dès la «création» de celui-ci.
Zusammenfassung
Die archäologischen Untersuchungen, die 1999 und 2000 im
Südwesten der mittelalterlichen Stadt von Lutry durchgeführt
wurden, bringen neue Erkenntnisse zur Entwicklung der mittelalterlichen Uferlinie und zur Stadterweiterung. Vor der Mitte des 13. Jh. scheint die Entwicklung der Vorstadt, die sich
westlich des Stadtkernes befindet, weit fortgeschritten zu sein.
Der Bereich der künftigen «bourg éxterieur» enthält bereits
einen Hafen. Die «äussere Stadt» von Lutry ist deshalb keine
Neugründung, obwohl sie seit dem 16. Jh. als «bourg neuf»
bezeichnet wird.
Das Freilegen einer Reihe von Pfählen eines Wellenbrechers im
See, die sich dendrochronologisch auf die Zeit um 1280 datieren
lassen, erlaubt so den Bau der Stadtmauer in diesem Bereich auf
die Zeit des ausgehenden 13. Jh. anzusetzen. Die Stadtmauer
ist in Art einer Mole in den See hinausgebaut. Sie schützt eine
weite Fläche vor Wind und Wellen, die ohne Zweifel als Hafen
benützt wurde. Oberhalb des Hafens befinden sich mehrere
Mauerzüge, die sich zu einem grossen Rechteck ergänzen lassen,
das als Stapelhallen interpretiert wird. Am Südende der Mole
wurde eine Plattform freigelegt, die als Fundament eines Wehrturmes diente. Dieser in Schriftquellen erwähnte Turm ergänzt
die vermutete Hafeneinrichtung und wurde wohl als Kontrollpunkt für den hier vorbeiziehenden Warenverkehr benutzt. Alle
diese Bauten scheinen die Vorläufer jener Stapelhallen und jenes
Hafens zu sein, die später im Osten der «äusseren Stadt» liegen
und in den Schriftquellen erwähnt werden.
Riassunto
Le indagini archeologiche effettuatte nel 1999 e nel 2000
nell’angolo sudovest del borgo medievale di Lutry hanno portato all’acquisizione di nuove conoscenze per quanto riguarda lo
sviluppo della riva medievale e la costruzione del borgo esterno.
Prima della metà del XIII sec., a quanto sembra, il sobborgo
che si estende a ovest del nucleo primitivo era già ben sviluppato. Il sedime del futuro borgo esterno era inoltre dotato di
un porto. Il borgo esterno di Lutry non può essere considerato
propriamente un «borgo nuovo», sebbene venga menzionato
come tale dal XVI sec.
La scoperta di una serie di pali di un frangiflutti, contemporanei
alla cinta muraria della città, permette di datare la costruzione
di quest’ultima nel periodo intorno al 1280. La cinta muraria è caratterizzata da un lungo argine (molo) che si estende
nell’acqua e protegge dalle onde e dal vento una vasta superficie, che sicuramente fungeva da porto. A monte del porto
128
Mittelalter 13, 2008 / 3
si conservano diversi tratti di mura che formano un grande
rettangolo, dentro il quale sorgevano dei fabbricati attribuibili
ad un scalo o mercato coperto. La piattaforma riportata alla
luce all’estremità meridionale della muraglia, viene interpretata
come baluardo, citato nelle fonti scritte. Questo baluardo completava il complesso portuario presunto e fungeva da posto di
controllo per le merci in transito.
Queste costruzioni, come viene supposto, sono più antiche dei
fabbricati (scalo) e del porto menzionato nelle fonti, situati
all’estremità opposta del borgo esterno; questi mettono chiaramente in evidenza l’importanza comunale del borgo esterno
già a partire dalla «creazione» del medesimo.
(Christian Saladin, Basel)
Resumaziun
Las perscrutaziuns archeologicas dals onns 1999 e 2000 al sidvest da la citad medievala da Lutry dattan novas invistas en il
svilup da la lingia da riva e da l’engrondiment da la citad. Il
foburg, che sa chatta al vest dal center da la citad, para d’esser
bain sviluppà avant la mesadad dal 13avel tschientaner. Il
spazi dal futur engrondiment da la citad cumpiglia gia in port.
La «citad externa» da Lutry n’è perquai betg propi ina nova
fundaziun, malgrà ch’ella vegn numnada «bourg neuf» dapi il
16avel tschientaner.
La scuverta da varsaquants pals d’in mir da rempar permettan
da datar la construcziun dal mir da la citad per la fin dal
13avel tschientaner. Il mir da la citad furma in cuntschet che
tanscha ora en il lai. El protegia ina gronda surfatscha dal vent
e da las undas ch’è senza dubi vegnida utilisada sco port. Da
vart sura dal port stattan plirs mirs che pon vegnir cumplettads
ad in grond rectangul. Quel po avair servì sco magasin. A la
vart meridiunala dal cuntschet han ins chattà ina plattafurma
che furmava il fundament d’ina tur da chantun menziunada en
las funtaunas. Questa tur da chantun pudess esser stada in post
per controllar il traffic da rauba.
Tut quests stabiliments paran d'avair existì avant quellas
hallas e quel port menziunads en las funtaunas scrittas e situads
ordaifer l'engrondiment da la citad.
(Lia rumantscha Cuira/Chur)
Crédit d’illustration:
1: FRANÇOIS CHRISTE, Le canton de Vaud. In: Stadt- und Landmauer
II. Stadtmauern in der Schweiz, Katalog, Darstellungen (Zurich
1996) 306; GRANDJEAN 1990 (cf. note 2) 5; Valentine Chaudet
2, 4: Dessin Valentine Chaudet
3: Archives cantonales vaudoises, GB 147/b, fol. 1, détail
5, 8: Dessin D. Poget
6: Photo R. Gindroz, La Croix-sur-Lutry
7: Photo BAMU
Kurzberichte
Kurzberichte
Alt-Weesen, Weesen SG
Infolge eines Bodeneingriffs im Gebiet
Rosengärten-Wismet und Speerplatz für
die geplante Meteorwasserleitung der
Gemeinde Weesen sind im Mai archäologische Ausgrabungen durchgeführt
worden. Eine Georadarprospektion im
Vorfeld hatte gute Resultate gezeigt,
nämlich eine dichte Bebauung entlang
der ehemaligen Stadtmauer des 1388
zerstörten Städtchens Alt-Weesen.
Die Grabungsstätte im Zelt auf dem
Speerplatz zeigt gut erhaltene Grundmauern und Böden von drei angeschnittenen
Gebäuden. Diese Häuser standen dicht
an der Stadtmauer unterhalb der heutigen Höfenstrasse, zwischen Wismet und
Rosengärten. Die stabilen Wände lassen
laut Grabungsleiter Valetin Homberger
auf stattliche Gebäude schliessen.
Nach der Brandkatatrophe von 1388
habe man offenbar auf der Brandruine
alles eingerissen und anscheinend alles
unternommen, um einen Wiederaufbau
des Städtchens zu verhindern. Die Fundamente der Gebäude liegen nur knapp
einen halben Meter unter dem aufgerissenen Asphalt. In den Gebäuden sind verschiedene Befunde beobachtet worden:
an einer Stelle ein Steinhaufen vermutlich
einer Sickergrube, an anderer Stelle die
Reste eines Mörtelbodens. Ein stark eingebrannter geröteter Lehmboden deutet
auf eine vielgebrauchte Feuerstelle hin.
Die Ausgrabungen geben auch Einblick
in die Bauweise vor 600 Jahren. «Es lässt
sich anhand dieser Ausgrabung nicht
nur etwas über die Brandkatastrophe
von 1388, sondern auch einiges über die
Bauabfolge der Gebäude sagen», erklärte
hierzu der Grabungsleiter.
Im benachbarten Gebäude ist ein Rest
eines Kachelofens aus Tonkacheln erhalten geblieben. Nach dem Brand sind
die Kacheln vermutlich heruntergefallen,
denn meist standen Kachelöfen nicht im
Erdgeschoss, sondern im ersten oder
zweiten Geschoss eines Hauses.
Die Archäologen gehen davon aus, dass
die Einwohner dieses habsburgischen
Städtchens aus dem 13. Jh., das westlich
des heutigen lag, es noch vor dem Brand
nur mit dem Nötigsten verlassen konnten; die Reste der Brandruinen mit den
zahlreichen Fundgegenständen, die nun
unter dem Speerplatz entdeckt werden,
bezeichnen die Archäologen deshalb auch
als «Pompej am Walensee».
(Cécile Blarer Bärtsch, Linth-Zeitung,
20.5.2008)
Mannenberg, Zweisimmen BE
Die Burgruinen auf dem Mannenberg in
Zweisimmen werden archäologisch untersucht und in mehreren Etappen saniert.
Möglich wurde das Projekt zur Rettung
der Wahrzeichen am nördlichen Eingang
ins Obersimmental dank der Stiftung
«Burg Mannenberg» und dem Archäologischen Dienst des Kantons Bern.
Auf dem Mannenberg, einem markanten
Hügel am Eingang ins Obersimmental,
erheben sich zwei Burgruinen. Sie waren
bis ins 14. Jh. das herrschaftliche Zentrum des Obersimmentals und gehen möglicherweise auf burgundisches Königsgut
zurück. 1350 werden die Burgen von
den Bernern zerstört; seither blieben sie
Ruinen.
Der schlechte Erhaltungszustand vor
allem des Unteren Mannenberg war
schon lange bekannt: Der Bewuchs mit
Efeu, Büschen und Bäumen beschädigte das Mauerwerk. Der Mörtel in den
Mauerfugen ist ausgewittert und die
Mauerkronen sind lose. Um die Burg zu
sanieren, wurde 2007 unter Mithilfe des
Archäologischen Dienstes die Stiftung
«Burg Mannenberg» gegründet. Die Stiftung will die Burgen bis 2010 nachhaltig
sichern, in einen burgengeschichtlichen
Rundgang und damit ins Tourismuskonzept integrieren. Das Projekt kostet rund
770 000 Franken. Dank der Unterstützung von Bund und Kantonen benötigt
die Stiftung nur noch rund 194000 Franken an Spenden, um es zu realisieren.
Im Juni dieses Jahres ist die Sanierung der
Unteren Mannenberg angelaufen, die in
zwei bis drei Etappen erfolgen wird. Die
Etappe dieses Jahres gilt der Sanierung
des Rundturmes und der ostseitigen Ringmauer. Zuerst wurden die Mauern vom Bewuchs befreit, gereinigt, bauarchäologisch
untersucht und dokumentiert. Anschliessend werden die losen Teile der Mauerkrone und der Mauerschalen abgebrochen,
neu aufgemauert und mit einer dauerhaften
neuen Abdeckung aus Kalkmörtel versehen. Schliesslich werden die Mauerwerksfugen neu mit Kalkmörtel geschlossen.
Der Mannenberg erweitert die immer
länger werdende Reihe von Burgruinen,
die der Archäologische Dienst in den letzten zwanzig Jahren im Berner Oberland
fachgerecht saniert hat. Jüngstes Beispiel
sind der Restiturm im Meiringen, die
Rothenfluh in Wilderswil und die Burg
Ringgenberg.
(Dokumenation der Medienkonferenz
vom 25.8.2008)
Moutier BE
In der Altstadt von Moutier sind vermutlich Reste des Klosters Moutier-Grandval
gefunden worden. Der Archäologische
Dienst des Kantons Bern fand die Reste
bei der Erneuerung von Leitungen. Noch
könnten die Funde nicht mit absoluter
Genauigkeit datiert werden, hiess es bei
der Medienorientierung vom 3.9.2008
Die Mehrheit davon dürfte aber aus der
Zeit vor dem 13. Jh. stammen. Die Berner
Kantonsarchäologin Cynthia Dunning
sagte, die Funde seien von «ausserordentlichem Wert», falls sie zu der Gebäudegruppe des Klosters gehörten. Die
Archäologen rechnen damit, dass demnächst Überreste aus dem 7. Jh. zum Vorschein kommen. Das Kloster MoutierGrandval wurde im Jahr 640 gegründet
und gehört zu den ältesten Klöstern der
Schweiz. Bis heute war sein Standort nie
genau bestimmt worden.
(Schweizer Depeschenagentur in BaZ
vom 4.9.2008)
Mittelalter 13, 2008 / 3
129
Publikationen
Publikationen
Bruno Meier
Ein Königshaus aus der Schweiz
Die Habsburger und die
Eidgenossenschaft 1200–1500
hier + jetzt, Verlag für Kultur und Geschichte, Baden 2008 – 272 Seiten, ca.
40 Abb. gebunden. CHF 38.–
ISBN 978-3-03919-069-0
Vor 900 Jahren ist die Habsburg, die
namensgebende Burg, erstmals erwähnt,
vor 700 Jahren ist König Albrecht bei
Windisch von seinem Neffen ermordet
worden: Anlass für einen neuen Blick auf
das Verhältnis zwischen Habsburgern
und Eidgenossen. Das Buch erzählt eine
Schweizergeschichte des Mittelalters von
den Rändern – vom Aargau, Thurgau
oder Elsass – aus gesehen. Sie ist die spannende Geschichte vom Aufstieg der Habsburger und ihrem Verhältnis zum eigenen
Stammland. Die Habsburger tragen in der
Schweizergeschichte zwar den Stempel der
Verlierer. Gleichzeitig mit dem Rückzug
aus ihrem Stammland, dem Aargau, haben sie sich aber zur bestimmenden Macht
in Europa aufgeschwungen.
Wenn die Entstehung der Eidgenossenschaft vom Rand aus erzählt wird, ergeben sich ganz neue Blickwinkel. Der
mythisch überhöhte Kern in der Innerschweiz wird dabei zum Teil eines übergeordneten Kräftespiels, in dem Kaiser
und Könige, Savoyer und Tiroler, Berner
und Zürcher, Innerschweizer und Aargauer eine Rolle spielen.
Im Rahmen der Zürcher Vortragsreihe
des Schweizerischen Burgenvereins wird
der Autor am 30.10.2008 ausführlicher
darüber berichten (vgl. auch Vereinsmitteilungen).
Beiträge zur Mittelalterarchäologie in Österreich 22 / 2006
Hrsg. von der Österreichischen Gesellschaft für Mittelalterarchäologie in Wien,
2006 – 153 Seiten mit zahlreichen Farbund S/W-Abbildungen, 21 x 29,5 cm,
broschiert.
ISSN 1011-0062
130
Mittelalter 13, 2008 / 3
Günther Buchinger/Paul Mitchell/Doris
Schön, Spätmittelalterliche Winzerhäuser
im Wiener Umland. Zwei baugeschichtliche Fallbeispiele aus Grinzing und
Klosterneuburg. Sabine FelgenhauerSchmiedt, Archäologische Forschungen
in der Burg Raabs an der Thaya, Niederösterreich. Ingeborg Gaisbauer, Neue
Überlegungen zu einem nicht ganz neuen
Problem: Der «Berghof» in Wien. Paul
Gleirscher, Frühmittelalterlicher Kirchenbau zwischen Salzburg und Aquileia. Ein
Diskussionsbeitrag. Herbert Knittler,
Die mittelalterlichen und frühneuzeitlichen «Überländkeller» der Stadt Weitra,
Niederösterreich. Karin Kühetreiber, Die
hochmittelalterliche Keramik im südöstlichen Niederösterreich. Ihre Entwicklung, ihre Formen und die Beziehungen
zu den benachbarten Keramikregionen.
Bauforschung auf Schloss Tirol
Studi die storia edilizia a Castel
Tirolo
Heft 4 / Quaderno 4, 2006
Eine Publikation des Landesmuseums
Schloss Tirol 2006 / Una pubblicazione
del Museo Provinciale di Castel Tirolo
2006 – 50 Seiten, 21 x 29,5 cm, geheftet.
ISBN 88-901142-8-2
Martin Bitschnau, Bauforschung und
Dendrochronologie auf Schloss Tirol / La
dendrocronologia nelle ricerca sulle origini di Castel Tirolo. Kurt Nicolussi, Schloss
Tirol – Hölzer als Zeugen von 900 Jahren
Bauentwicklung / Castel Tirolo – 900 anni
di storia attraverso i reperti lignei.
Martina Stercken
Städte der Herrschaft
Kleinstadtgenese im habsburgischen
Herrschaftsraum des 13. und 14. Jahrhunderts.
Städteforschung, Reihe A: Darstellungen 68. Böhlau-Verlag, Köln 2006 –
259 Seiten, 12 S/W-Abb., gebunden.
EUR 29.90 (D)
ISBN 978-3-412-13005-3
Am Beispiel des habsburgischen Herrschaftsraumes im Gebiet der heutigen
Schweiz untersucht die Autorin das Verhältnis zwischen Kleinstädten und ihrer
Herrschaft. Dabei betrachtet sie den
Stadterwerb durch die Habsburger, die
Eingliederung der Städte in Herrschaftsraum und -ordnung, die Privilegierung
und die Auswirkung von Herrschaft vor
Ort nicht allein aus Sicht der Herrschaftsträger, sondern auch aus derjnigen der
Bürgerschaft.
Königreich-Alm
Dachsteingebirge
3500 Jahre Almwirtschaft zwischen Gröbming und Hallstatt. Forschungsberichte
der ANISA 1. Hrsg. von Bernhard Herbert, Gerhard Kienast und Franz Mandl.
Gröbming-Haus i.E. 2007 – 150 Seiten,
200 Abb. in Farbe, Vierfarbendruck,
Format 21 x 29,7 cm. EUR 29.– zuzügl.
Versandspesen.
ISBN 978-3-901071-19-9
Dank der jahrzehntelangen Forschungen
der ANISA, Verein für alpine Forschung,
kann das Dachsteingebirge in Hinblick
auf frühe Besiedlung und Begehung als
eines der am besten erforschten Gebirge
der Alpen bezeichnet werden. Der vorliegende Sammelband befasst sich mit der
Geschichte des «Königsreichs», einer Alm
auf der Dachsteinhochfläche. Die Beiträge
in diesem Band sind das Ergebnis interdisziplinärer Forschung. Damit ist es der
ANISA abermals gelungen, diesen modernen Forschungsansatz zu verwirklichen.
Der Band beinhaltet die Ergebnisse einer
bronzezeitlichen «Almhütte», die Dokumentation weiterer bronzezeitlicher Hüttenreste, die Vermessungs- und Dokumentationsarbeiten der mittelalterlichen und
neuzeitlichen Wüstung «Königreichalm»,
die Dokumentation der aufgesammelten
Keramik und die Ergebnisse der Pollenanalyse. Ein Beitrag stellt Überlegungen
zur Schweinehaltung auf Almen an. Ausserdem wird versucht, die frühe Begehung
des Plateaus im Sinne einer experimentellen Archäologie zu «erfahren».
Publikationen
Weitere Informationen über die ANISA
und aktuelle Forschungsberichte können
im Internet unter www.anisa.at abgerufen
werden.
profondément marqué le paysage des
Baronnies.
Pour un complément d’informations:
http://alpara.free.fr
Marie-Pierre Estienne
Châteaux médiévaux dans
les Baronnies
Kay Peter Jankrift
Artus ohne Tafelrunde
Documents d’Archéologie en RhôneAlpes et en Auvergne (DARA) 31. Publiés par l’Association de liaison pour le
patrimoine et l’archéologie en RhôneAlpes et en Auvergne (ALPARA), Lyon
2007.
Les Baronnies s’étendent aujourd’hui
sur les départements de la Drôme, des
Hautes-Alpes et du Vaucluse. Cette vaste
région n’est pas que le pays du tilleul,
de la lavande et de l’olivier. Historiquement, il s’agit d’un vaste térritoire compris entre la moyenne vallée du Rhône et
la moyenne vallée de la Durance et enclavé entre les grandes entités politiques
comme le Dauphiné, la maison des Baux
et le comté de Provence. Son relief accidenté est ponctué des châteaux de pierre
construits par les membres de trois des
grandes familles du Midi médiéval, les
Mévouillon, les Montauban et les Mison.
L’histoire de ces châteaux recouvre celle
de leur pouvoir grandissant, de leurs
alliances puis de leur déclin.
Cette région jusqu’ici mal connue fait
depuis quelques années l’objet de recherches historiques et archéologiques
menées par Marie-Pierre Estienne. Cet
ouvrage est le second volet d’un travail
universitaire soutenu en 1999, dont une
première partie «châteaux, villages, terroirs en Baronnies, Xe–XVe siècles» a
déjà été publiée aux Presses universitaires
d’Aix-Marseille en 2004. Le DARA 31
qui reprend la seconde partie de cette
étude porte, après une minutieuse étude
historique, sur l’analyse typologique des
constructions qui illustrent le phénomène
de l’enchatellement.
On saluera ce travail pionnier pour la
divérsité et la richesse des données historiques inédites et l’apport considérable à la connaissance des lignées baronniardes. Enfin, il met en lumière le rôle
éminent des constructions réalisées par
les seigneurs, tours et châteaux, qui ont
Herrscher des Mittelalters – Legenden
und Wahrheit
Konrad Theiss Verlag, Stuttgart 2008 –
176 Seiten mit 8 Farbtafeln, gebunden.
EUR 19.90, CHF 34.90
ISBN 978-3-8062-2028-5
Das Mittelalter ist voll von schillernden Herrscherpersönlichkeiten: König
Artus und seine legendären Ritter der
Tafelrunde, Siegfried der Drachentöter
oder Richard Löwenherz und der edelmütige Robin Hood. Sie alle beflügeln
unsere Fantasie und gelten als mutig und
gerecht.
Doch was ist dran an den Geschichten,
die zu Opern, historischen Romanen und
romantischen Hollywoodfilmen inspirieren? Beriet sich König Artus tatsächlich
basisdemokratisch mit seinen Rittern an
einer Tafelrunde? Wer waren die Nibelungen, und was hat es mit ihrem sagenhaften Schatz im Rhein auf sich? Gilt
Karl der Grosse, der «Vater Europas», zu
Recht als Sachsenschlächter, oder stimmt
gar die These, dass es ihn nie gegeben
hat? Schlummert Friedrich Barbarossa
wirklich nach wie vor im Kyffhäuser, und
was verbirgt sich hinter den unheimlichen
Experimenten Friedrichs II., den manche
als den mittelalterlichen Dr. Frankenstein
bezeichnen?
Kay Peter Jankrift nimmt die mittelalterlichen Herrscher unter die Lupe.
Er forscht dabei nicht nur nach dem
historischen Kern der Legende, die unsere Vorstellung von den berühmten
Herrschergestalten prägen. Er erklärt
auch, warum sich die Bilder der Kaiser
und Könige im Laufe der Zeit immer
weiter verändert haben. Dabei enthüllt
er zahlreiche vermeintliche «Wahrheiten» als historische Lügen, die bewusst
erfunden wurden, um die politische
Meinung zu manipulieren. Ein faszinierendes Buch, das man erst nach dem
Lesen der letzten Seite wieder aus der
Hand legt.
Adel in Bayern:
Ritter, Grafen, Industriebarone
Begleitbuch zur Bayerischen Landesausstellung 2008 im Lokschuppen Rosenheim und auf Schloss Hohenaschau am
Chiemgau (26.4.–5.10.2008). Hrsg. vom
Haus der Bayerischen Geschichte, Konrad Theiss Verlag, Stuttgart 2008 – 344
Seiten mit 400 farbigen Abb., gebunden.
EUR 24.90, CHF 49.90
ISBN 978-3-8062-2187-9
Edle Ritter und schöne Burgfräulein,
mächtige Burganlagen und prachtvolle Schlösser, Bilder von Schönheit und
Reichturm – kaum eine Gruppe unserer Gesellschaft regt die Fantasie der
Menschen so sehr an wie der Adel. Das
Begleitbuch zur Bayerischen Landesausstellung 2008 führt mitten hinein in die
Welt des Adels, der einst das politische,
gesellschaftliche und kulturelle Leben
weitgehend bestimmte.
Er besass Privilegien und Sonderrechte,
ihm gehörte der grösste Teil an Grund
und Boden, er wirkte an einflussreichen
Stellen in der Politik, hatte wichtige militärische Positionen inne und besetzte höchste kirchliche Ämter. Diese Sonderstellung
behielt der Adel über Jahrhunderte. Erst
die Verfassung des Freistaats Bayern vom
14. August 1919 bestimmte: «Der bayerische Adel ist aufgehoben.» Seither ist der
Adeltstitel nur mehr Teil des Namens.
Dabei war «der Adel» zu keiner Zeit
eine homogene und in sich geschlossene
gesellschaftliche Gruppe. Er war äussert
vielschichtig und unterschiedlich hinsichtlich Herkunft, Vermögen, politischer Partizipationsmöglichkeiten und Lebensstil.
Einigend wirkte jedoch ein verbindendes
Adelsethos, da auch Ländergrenzen und
Sprachbarrieren überwand.
Das Begleitbuch bietet ein eindruckvolles Bild dieses adligen Lebens von seinen
Anfängen im frühen Mittelalter bis in die
Gegenwart: der Aufstieg des Adels und
die Ausbildung einer Adelslandschaft in
Bayern, Wehrhaftigkeit, Religion, Adelskultur, das Verhältnis zwischen Adel und
Landesherr, das Spannungsfeld zwischen
altem und neuem Adel, schliesslich der
Macht- und Bedeutungsverlust und seine
Lebenswirklichkeit in heutiger Zeit.
In zahlreichen Abbildungen zeigt der Band
prächtige Rüstungen und Waffen aus der
Mittelalter 13, 2008 / 3
131
Publikationen
ehemaligen Rüstkammer von Schloss Hohenaschau, mittelalterliche Handschriften
und sakrale Kostbarkeiten, bedeutende Tafelbilder und Gemälde, kunstvolle Goldund Silberschmiedearbeiten, Urkunden,
Modelle und kuriose Besonderheiten aus
in- und ausländischen Museen sowie von
zahlreichen privaten Leihgebern.
Peter Kunz
Technische Entwicklung
der Feuerwaffen 1200 bis 1900
Eine Zusammenfassung der wichtigsten
historischen und technischen Daten in
Text, Zeichnungen und Bildern. Editions
à la Carte, Zürich 2008 – 440 Seiten,
mehr als 1300 farbige Abb., Format
19 x 28 cm, gebunden. CHF 148.–
ISBN 978-3-905708-18-9
Diese Publikation ist ein Nachschlagewerk
für alle, die sich für die Entwicklung der
historischen Feuerwaffen, deren Aufbau,
Funktionsweise und künstlerische Gestaltung interessieren. Auf über 400 Seiten
wird auf anschauliche, verständliche und
systematische Weise die Entwicklung
der Feuerwaffen dargestellt. Beschrieben
werden Zünd- und Treibmittel, Geschosse,
Metalle, Läufe, Zielvorrichtungen, Zündund Schussauslösevorrichtungen, Gewehrschäfte, Pistolengriffe, Verzierungsarten,
Pulverfässer sowie die Handhabung und
der Einsatz der Feuerwaffen. Mehr als
1300 farbige Abbildungen, Stiche und detailreiche Zeichnungen ergänzen das Geschriebene oder machen es erst verständlich. Ein umfangreicher Quellennachweis
ermöglicht dem Interessierten ein vertieftes Studium in anderen Fachbüchern.
Medium Aevum Quotidianum 57,
2008
Hrsg. von Gerhard Jaritz, Gesellschaft
zur Erforschung der materiellen Kultur
des Mittelalters, Krems 2008.
Der Band beginnt mit einem Beitrag zur
Alltagsreligiosität von Aron Ya. Gurevich
«Spirit and Matter: The Ambivalence of
Medieval Everyday Religiosity» (5–11).
Der Beitrag eines der bedeutendsten
Mediävisten des 20. Jh. wurde 1988
132
Mittelalter 13, 2008 / 3
in russischer Sprache verfasst und liegt
jetzt in englicher Übersetzung (von Elene Lmeneva) vor. Der Aufsatz beschäftigt
sich mit der Analyse von Exempla, einer
Quellengruppe, welcher sich Gurevich
des Öfteren gewidmet hat.
Ein zweiter Beitrag, verfasst von Yuriy
Zazulyak (Lemberg) «Ego huic inscriptione non credo, ...ipse scribere potuit,
quod voluit: Law, Literacy and Daily
Life in Late Medieval Galicia» (12–27)
setzt sich mit dem Alltag der Gerichtspraxis im spätmittelalterlichen Galizien
und der dabei auftretenden Rolle von
Schriftlichkeit auseinander.
Gerhard Blaschitz «Baarlam und Josaphat als Vorlage für Wandmalereien in
der Gozzoburg von Krems» (28–48 und
8 Farbtafeln) analysiert einen im Jahre
2006 entdeckten Wandmalerei-Zyklus in
einem Wohn- und Repräsentationsraum
der sogenannten «Gozzoburg» in der Stadt
Krems an der Donau (Niederösterreich),
einem Baukörper aus der zweiten Hälfte
des 13. Jh. als dessen Bauherr der damalige Kremser Stadtrichter Gozzo gilt.
Burg und Stadt
Hrsg. von der Wartburg-Gesellschaft zur
Erforschung von Burgen und Schlössern
in Verbindung mit dem Germanischen
Nationalmuseum. Forschungen zu Burgen und Schlössern Band 11. Deutscher
Kunstverlag, München/Berlin 2008 – 263
Seiten, zahlreiche Abb. in S/W, Format
20 x 26,5 cm, gebunden.
ISBN 978-3-422-06845-2
Inhalt:
1. Burg und Stadt
Matthias Untermann, Stadt contra
Burg. Abgebrochene Stadtburgen im
Blick der Archäologie. Armand Baeriswyl, Zum Verhältnis von Stadt und
Burg im Südwesten des Alten Reiches.
Überlegungen und Thesen an Beispielen aus der Schweiz. Thomas Küntzel,
Die Stadt unter der Burg und die Burg in
der Stadt. Strukturelle Beobachtungen an
wüstgefallenenBurgflecken.JensFriedhoff,
Burg – Talsiedlung – Stadt. Stadtrechtsorte und Burgstädte im nassau-ottonischen Territorium nördlich der Lahn.
Rainer Zuch, Burg und Stadt Friedberg:
Von der Reichsstadt zur Kreisstadt,
von der Reichsburg zum Stadtteil. Stationen eines schwierigen Verhältnisses.
Christine Müller, Die Stadt als Burg.
Ludowingische Kleinstädte als frühes
Beispiel «spezialisierter» Städtegründungen. Heiko Lass, Städtische Burgen
des späten Mittelalters in Deutschland. Tomás Durdík, Die Burgen König
Wenzels IV. in den Prager Städten.
Tomasz Torbus, Das Krakauer «Rondell» als Musterbeispiel der spätmittelalterlichen Barbakane und seine polnischen Nachfolgebauten. Gotthard
Kiessling, Die repräsentative Öffnung
der Burg Tittmoning zur Stadt im frühen
17. Jahrhundert. Thomas Steinmetz,
Burg und Stadt Heidelberg im Spiegel
früher urkundlicher Quellen.
2. Burgenforschung in Hessen
Rudolf Knappe, Burgenforschung in
Hessen im 19. und 20. Jahrhundert. Karl
Kollmann, Die Wasserburg in WanfriedAue, Werra-Meissner-Kreis. Sanierung
mit archäologischer Begleitung. Max
Langenbrinck, Bauforschung auf Burg
Felsberg. Rainer Nickel, Der sogenannte
Palas der Burg Grebenstein (Landkreis
Kassel). Archivalien und Baubestand.
Olaf Wagener, Belagerungen und Belagerungsanlagen in Hessen.
3.Aktuelle Beiträge zur Burgenforschung
Dieter Barz, Das «Schlössel» bei Klingenmünster – Erkenntnisse zum Alltag auf
einer salierzeitlichen Burg. Hans-Hermann Reck, Von der Burg zum Schloss.
Zur Barockisierung des sogenannten
Altbaus von Schloss Malberg in der
Eifel. Christian Ottersbach, Ein Residenzschloss für die Reichsstadt – Esslingens barockes Rathaus.
Motte – Turmhügelburg – Hausberg
Zum europäischen Forschungsstand eines
mittelalterlichen Burgentypus. Beiträge
zur Mittelalterarchäologie in Österreich
23 (2007). Hrsg. von Sabine FelgenhauerSchmiedt, Peter Csendes, Alexandrine
Eigner, Österreichischen Gesellschaft
für Mittelalterarchäologie Wien, Wien
2007 – 352 Seiten, zahlreiche Abb. in S/W
und farbig, Format 21 x 30 cm, broschiert.
ISSN 1011-0062
Publikationen / Veranstaltungen
Erklärtes Ziel der Veranstalter einer
Tagung im Oktober 2006 (Schloss
Hollenegg, Steiermark) war es, den neuen Forschungsstand, der sich seit der
Monographie durch Hermann Hinz
(Motte und Donjon. Zur Frühgeschichte der mittelalterlichen Adelsburg, Köln
1981) vor 25 Jahren ergeben hat, zu
einem vordergründig einigermassen einheitlichen Burgentypus abzufragen. Dazu
wurden Vortragende aus zwölf europäischen Ländern eingeladen, ihre Ergebnisse anhand neuer archäologischer
Forschungen und auch neu entwickelter
Fragestellungen, insbesondere in Bezug auf das Verhältnis zu nahe gelegenen ländlichen Siedlungseinheiten und
andern Burgentypen, zu präsentieren.
Durch den vorliegenden Überblick wird
deutlich, dass Burgen von Typus Motte –
sowohl was die Entstehungszeit als auch
die Wirksamkeit im strategischen und
raumordnenden-verwaltungstechnischen
Sinn betrifft – sehr differenziert betrachtet werden müssen.
Inhalt:
Thomas E. McNeill, Recent research
into Irish mottes. Pamela Marshall,
The Motte in Great Britain: a summary.
Johny de Meulemeester, Motten in den
(ehemaligen) Niederlanden. Ein Überblick aufgrund rezenter Ausgrabungen.
Jean-Michel Poisson, Mottes castrales et
autres fortifications médiévales de terre
et de bois: état de la question en France.
Hans-Wilhelm Heine, Burgen vom Typ
Motte und Turmburgen in Niedersachsen
und angrenzenden Landschaften. Reinhard Friedrich, Zum Forschungsstand
der mittelalterlichen Motten am Niederrhein. Ines Spazier, Die Turmhügelburgen im Gebiet zwischen mittlerer Elbe
und Bober. Felix Biermann, Motten im
nördlichen Ostdeutschland. Christoph
Reding, Mittelalterliche Erdwerke oder
Holz-Erdburgen in der Schweiz. Jakob
Obrecht, Frühe Burgstellen ohne sichtbare Mauerreste. Terminologische und ausgrabungstechnische Probleme. Joachim
Zeune, Zum Stand der Motten-Forschung
in Bayern und Baden-Württemberg. Sabine Felgenhauer-Schmiedt, Hausberge im
niederösterreichischen Weinviertel. Werner Murgg/Bernhard Hebert, Turmhügelburgen in der Steiermark – Erfassung
und Schutz. Christoph Gutjahr/Georg
Tiefengraber, 130 Jahre Motten- und
Hausbergforschung in der Steiermark.
Katarina Predovnik/Darja Grosman,
Turmhügelburgen im Gebiet des heutigen Sloweniens – Eine Forschungslücke.
Thomas Kühetreiber/Gerhard Reichhalter, Hausberge, Motten und Burgställe.
Terminologische und siedlungsarchäologische Überlegungen zum Burgenbau
im Melk-Erlauf-Gebiet (Niederösterreich).
Nikolaus Hofer/Martin Krenn/Christoph
Blesl, Hausberge und verwandte Wehranlagen. Zum aktuellen Forschungsstand in
Niederösterreich. Alexander T. Ruttkay,
Mittelalterliche Klein- und Mitteladelssitze in der Slowakei. Istvan Feld, Die
Frage der Motten in Ungarn. Gintautas
Zabiela, Mottes and bailey in Lithuania.
Adrian Rusu, Eigenburgen und sächsische Grefen in Siebenbürgen (Rumänien).
Olaf Wagener/Thomas Kühetreiber, Die
Motte vor der Burg – Vorgängeranlage,
Vorwerk, Belagerungsanlage?
Thomas Huonker, und Vorträgen gibt es
auch ein dem Thema des jeweiligen Abends
angepasstes Abendessen (18.15 Uhr) und
einen Begrüssungskaffe (ab 16.30 Uhr).
Am jeweils folgenden Samstag finden Exkursionen an Orte statt, die sich mit den
Themen der Abende verbinden.
Am Freitag, 24. Oktober 2008
kommt die Schriftstellerin Eveline Hasler
mit Magdalena Korrodi «ins Gespräch».
Sie führte 1768 nach dem Tod ihres Mannes Gottfried Escher, Amtmann in Kappel
seit 1765, die Amtsgeschäfte für knapp
ein Jahr weiter. Thema des Abends ist:
«Frauenpower im Zürich des 18. Jahrhunderts».
Am Freitag, 21. November 2008
stellt die Diakonisse Marie Keller ins
Zentrum. Sie war Krankenschwester
in der Anstalt Kappel von 1919–1941.
Unter dem Titel «Wer definiert die
Würde des abhängigen Menschen?»
diskutiert die Zürcher Kirchenrätin
und Redaktorin Irene Gysel mit Diakonisse Margrit Muther, Oberin der Diakonissen-Schwesternschaft Neumünster;
Ralph Kunz, Professor für praktische
Theologie Universität Zürich; Robert
Neukomm, Vorsteher Gesundheits- und
Umweltdepartement der Stadt Zürich;
und Renate Hauser-Hudelmayer, Spital- und Gemeindepfarrerin (Hedingen/
Kilchberg).
Am Samstag, 25. Oktober 2008
folgt eine Exkursion nach Knonau
mit Besichtigung des Schlosses, ehemals
Sitz der Landvögte, unter der Führung
von Willi Ulmer und Peter Niederhäuser.
Am Samstag, 22. November 2008
führt die Exkursion ins Diakonenhaus
Nidelbad mit einer Führung durch Dr.
Jürg Schmid, Geschäftsleiter der Diakonie
Nidelbad, und Marco Würgler, Präsident
des Schweizerischen Diakonievereins.
Veranstaltungen
Kloster Kappel am Albis ZH
Frauen, die in Kappel Spuren
hinterliessen
Eine Veranstaltungsreihe im Rahmen der
Kappeler Klosterwochen.
Im ehemaligen Zisterzienserkloster und
heutigen Seminarhotel und Bildungshaus
der evang.-ref. Landeskirche des Kantons
Zürich, Kloster Kappel am Albis, finden
diesen Herbst diverse Veranstaltungen
statt, die Einblicke in die Vergangenheit
des Klosters erlauben. Unter dem Titel
«Frauen, die in Kappel Spuren hinterliessen» finden «Begegnungen» mit Persönlichkeiten statt, welche im Kloster
Kappel zu verschiedenen Epochen wirkten. An drei Freitagabenden befassen sich
drei Frauen mit jeweils einer dieser Personen. Nebst geschichtlichen Hintergrundinformationen durch die Autoren des im
Herbst erscheinenden Buches «800 Jahre
Kloster Kappel», Peter Niederhäuser und
Mittelalter 13, 2008 / 3
133
Veranstaltungen
Das Seminarhotel und Bildungshaus organisiert diese frauenspezifischen Abende
im Rahmen der Kappeler Klosterwochen,
einer Veranstaltungsreihe, welche den
neu-alten Namen des Hauses als Ausgangspunkt nimmt. Nach einer längeren
Renovationsphase heisst das ehemalige
Haus der Stille und Besinnung seit dem
1. Mai nämlich wieder Kloster Kappel.
Hinweise zu weiteren Veranstaltungen
sind auf www.klosterkappel.ch zu finden.
Die Teilnahmegebühren für die Abendveranstaltungen der Reihe «Frauen, die
in Kappel Spuren hinterliessen» belaufen
sich (einschliesslich Begrüssungskaffee/-tee
und Abendessen) auf 50.– Fr. pro Abend.
Die Teilnahme an den Exkursionen kostet
30.– Fr. pro Tag (einschliesslich Fahrt).
Es besteht die Möglichkeit, im Kloster
Kappel zu übernachten (Übernachtung
mit Frühstück: im Einzelzimmer 88.– Fr. /
im Doppelzimmer 64.– Fr. pro Person).
Reservationen werden unter Tel. 044 764
88 10 oder [email protected] entgegengenommen. Dort sind auch Flyer mit
dem Detailprogramm erhältlich.
Mit den öffentlichen Verkehrsmitteln ist
Kappel über Zug und Baar (ausserhalb
des Zürcher Verkehrsverbundes!) oder
mit dem Postauto ab Zürich-Wiedikon
zu erreichen. Nach den Abendanlässen
werden Fahrgelegenheit zum Bahnhof
Baar organisiert. Mit dem Privatwagen
fährt man via Albispass oder Sihltal
(von Zürich her) bzw. via Autobahn und
Ausfahrt Baar in Richtung Albis (von
anderen Regionen her). Parkplätze sind
signalisiert und für Gäste des Hauses
gebührenfrei.
Denkmale unter Druck
Auswirkungen des politischen und
ökonomischen Strukturwandels
31.Oktober / 1. November 2008
Schloss Thun, Rittersaal
Der aktuelle Strukturwandel lässt die
Kulturgüter-Erhaltung – Archäologie
und Denkmalpflege – nicht unberührt.
Die Wirtschaft setzt auf durchgreifende
Sanierungen und Neubauprojekte, die
liberalisierte Politik auf weniger staatliche
Reglementierung und mehr Markt. Statt
134
Mittelalter 13, 2008 / 3
bewährter, dem Denkmal entsprechender Materialien und Techniken werden
Baumarktprodukte eingesetzt: billiger, einfach und zeitsparend, auch von Ungelernten zu applizieren. Die langfristigen Auswirkungen sind oft nicht abschätzbar.
Doch die Schutzobjekte verlangen nicht
nach Geschwindigkeit und Rendite, sondern nach nachhaltiger Qualität und Massarbeit von erfahrenen Fachkräften.
Im Zentrum der Tagung steht die Frage,
wie diese beiden Pole zusammengeführt
werden können. Anhand erfolgreicher
Beispiele sollen Strategien, Methoden
und «Tricks» diskutiert werden, welche
die Eingriffe unter den neuen politischen,
wirtschaftlichen und gesellschaftlichen
Rahmenbedingungen gelingen lassen und
dabei den «Anforderungen» der Kulturgüter angemessen begegnen.
Die Tagung wird veranstaltet von NIKE
und ICOMOS Schweiz/Suisse
Teilnahmegebühr: 1 Tag CHF 100.–,
2 Tage CHF 140.–
Anmeldung bis 15.10.2008 an:
[email protected]
oder ICOMOS AG Weiterbildung,
Schlossergasse 6, 8001 Zürich
Freitag 31. Oktober 2008
9.45 Uhr: Marion Wohlleben: Begrüssung
und Einführung ins Tagungsthema.
10.00 Uhr: Wolfgang Kil, Denkmale pflegen in Zeit der Überforderung.
10.40 Uhr: Jürgen Tietz, Denkmalbild
und Denkmalwirklichkeit.
11.20 Uhr: Ernst Strebel, Ansprüche
und Arbeitsprozesse im zeitgenössichen
Kontext.
– Pause
13.30 Uhr: Fritz Maurer, Der Umgang
mit neuen Vorschriften, Kostenvorgaben,
Wünschen und Vorstellungen am Beispiel
von Fenstern und Holzbalkendecken.
14.10 Uhr: Bernhard Nydegger, Baustoffe
auf Zeitreisen. Ursachen und Folgen eines
Verdrängungsprozesses bauzeittypischer
Baumaterialien.
– Pause
16.00 Uhr: Cynthia Dunning, Schweizerische Archäologie – Rückblick und neue
Herausforderungen.
16.40 Uhr: Susanne Karn, Gardenmemory goes public – Erfahrungen mit einer
Internetplattform für Gartenkultur in der
Schweiz.
7.30 Uhr: Lilian Raselli-Nydegger, Führung im Schloss Thun.
Samstag, 1. November 2008
8.50 Uhr: Peter Baumgartner, Begrüssung
und Einführung.
9.00 Uhr: Cordula M. Kessler, Steter
Tropfen höhlt den Stein – Öffentlichkeitsarbeit im Bereich Kulturgüter-Erhaltung.
9.30 Uhr: Bernhard Furrer, Strukturwandel – Druck und Chance.
10.00 Uhr: Ira Mazzoni, Rhetorik der
Denkmalpflege. Oder das letzte Argument. Wieso die Ökonomisierung der
Denkmalpflege-Debatte einer BankrottErklärung gleichkommt.
– Pause
11.00 Uhr: Peter Fierz, Ökoschock und
Wertewandel – Ansichten eines Architekten.
11.40 Uhr: Bettina Köhler, «Es ist nicht
im Geringsten widersinnig zu sagen, dass
eine Kultur an wirklichem und greifbarem
Fortschritt scheitern kann» (Huizinga).
Zum steigenden Anspruch an die Wohnwerte von Denkmalen.
– Pause
13.30 Uhr: Christian Langenberger, Ist
kurzfristiges Denken und Handeln in der
Denkmalpflege wirtschaftlich?
14.10 Uhr: Peter Stöckli, Historische
Gärten unter Druck? Potentiale, Gefährdungen und Zukunftschancen der historischen Gärten und Anlagen.
14.50 Uhr Abschlussdiskussion
15.30 Uhr Tagungsende
Romantik und Historismus an der
Mosel – Verklärtes Mittelalter oder
geprägte Moderne?
4. wissenschaftliche Tagung
Veranstaltet vom Freundeskreis Bleidenberg e.V. und der Gemeinde Oberfell
15.–16. November 2008
Samstag, 15.11.2008
10.00 Uhr: Begrüßung durch den Vorsitzenden des Freundeskreises Bleidenberg e.V., Dr. Werner Langen, MdEP;
Dr. Dr. Axel von Berg, Generaldirektion
Kulturelles Erbe, Direktion Archäologie,
Amt Koblenz; den Ortsbürgermeister der
Gemeinde Oberfell, Gottfried Thelen;
den Vorsitzenden der wissenschaftlichen
Veranstaltungen / Vereinsmitteilungen
Kommission des Freundeskreises Bleidenberg e.V., Dipl. Rpfl. Olaf Wagener BA.
10.30 Uhr: Einführung in das Thema
durch Dr. Jens Friedhoff: Zwischen Ruinenromantik und Kommerz. Die «Wiederentdeckung» mittelalterlicher Burgen
im Moselraum vom 19. bis zum 21. Jahrhundert.
11.10 Uhr: Ingeborg Scholz, Die romantische Brille – Orts-Bilder der Mosellandschaft zwischen Romantik und
Historismus.
11.50 Uhr: Klaus Freckmann, Der Drang
zum Rustikalen in der Architektur des
19. Jahrhunderts: die Region Mittelrhein
und untere Mosel als Beispiel.
– Mittagspause
14.00 Uhr: Jens Friedhoff, Ein Stück romantischen Mittelalters? Restaurierung
und Wiederherstellung von Burgen im
Moseltal 1890–1930.
14.40 Uhr: Olaf Wagener, Der Wiederaufbau von Burg Thurant – nicht ausgeführte Pläne des Architekten Bodo
Ebhardt.
– Kaffeepause
15.40 Uhr: Anton Neugebauer, Die
«Wacht an der Mosel» – Architektur und
Plastik im Kontext der Kaiserzeit.
16.20 Uhr: Michael Losse, Pseudo-Burgen an der Mosel – Die Burg als Motiv
in der Architektur des 19. und 20. Jahrhunderts.
– Kaffeepause
17.20 Uhr: Udo Liessem, Die Niederburg
in Gondorf – Die Umwandlung eines
hochmittelalterlichen Ministerialensitzes
in eine spätromantische Burg.
18.00 Uhr: Hartmut Georg Urban, Bemerkungen zum Brückentor in TrabenTrarbach (Arbeitstitel).
ab 19.00 Uhr: Abendessen
ab 20.00 Uhr: Jahreshauptversammlung
des Freundeskreises Bleidenberg e.V.,
anschließend buntes Abendprogramm
mit gemütlichem Beisammensein.
Sonntag, 16.11.2008
8.30 Uhr: Busexkursion zur Burg Pyrmont, Reichsburg Cochem, Altes Pfarrhaus Hatzenport und Burg Thurant.
Die Tagungskosten betragen 30.– Euro,
und Tageskarten sind für 15.– Euro zu
erwerben. Um Anmeldung wird gebeten
durch Überweisung des Tagungsbeitrages
auf das Konto der Ortsgemeinde Oberfell, Konto-Nr. 16 000 200, BLZ 570 501
20, bei der Sparkasse Koblenz – bitte unbedingt als Verwendungszweck angeben
«Burgensymposion 2008, Vorname /
Nachname / Wohnort»!
Unterkünfte stehen zur Verfügung
im Tagungshotel «Zur Krone», E-Mail:
[email protected], Telefonnummer
02605 / 665, und weitere Unterkünfte
können bei der Ortsgemeinde Oberfell erfragt werden, E-Mail: gemeinde.
[email protected], Telefonnummer
02605 / 4484 (Öffnungszeiten von
15.00 Uhr bis 17.30 Uhr).
Bei weiteren Fragen können Sie sich
gerne an die Ortsgemeinde Oberfell
(s.o.) oder an Olaf Wagener (E-Mail:
[email protected], Telefonnummer
0151 / 56 04 59 95) wenden.
Vereinsmitteilungen
Vorstand für das Jahre 2008
Präsidentin:
Dr. Renata Windler
Baudirektion Kanton Zürich
Hochbauamt / Kantonsarchäologie
Stettbachstr. 7, 8600 Dübendorf
Tel. 043 343 45 20
[email protected]
Vizepräsidenten:
Urs Clavadetscher, lic. phil.
Archäologischer Dienst
Kanton Graubünden
Loëstr. 26, 7001 Chur
Tel. 081 254 16 62
[email protected]
Hansjörg Frommelt
Landesarchäologie Liechtenstein
Postfach 417, FL-9495 Triesen
Tel. 00423 236 75 31
[email protected]
Quästor:
Dr. Martin Baumgartner
Treuhandgesellschaft BK+P
Balderngasse 9, Postfach 2100,
8022 Zürich
Tel. 044 213 69 69
[email protected]
Weitere Vorstandsmitglieder:
Dr. Armand Baeriswyl
Archäologischer Dienst des
Kantons Bern
Postfach 5233, 3001 Bern
Tel. 031 633 55 22
[email protected]
Dr. Elisabeth Crettaz
Le Forum, 3961 Zinal
Tel. 027 475 20 28
[email protected]
lic.phil. Flurina Pescatore
Denkmalpflegerin Kanton Schaffhausen
Planungs- und Naturschutzamt
Beckenstube 11, 8200 Schaffhausen
Tel. 052 632 73 38
[email protected]
Dr. Martin Pestalozzi
Stadtarchiv
Rathausgasse 1, 5000 Aarau
Tel. 062 836 05 14/18
[email protected]
Dr. Jürg Schneider
Witikonerstr. 507, 8053 Zürich
Tel. 044 422 25 22
[email protected]
81. Jahresversammlung des
Schweizerischen Burgenvereins
Am Samstag, dem 30.8. 2008, versammelten sich rund 30 Mitglieder des Vereins
um 10 Uhr beim Bahnhof Kradolf TG,
wo sie von der Gemeinde- und Kantonsrätin Renate Bruggmann begrüsst wurden. Nach kurzem Überblick über die Politische Gemeinde Kradolf-Schönenberg
Mittelalter 13, 2008 / 2
135
Vereinsmitteilungen
und dem Hinweis auf die neue Brücke
über die Thur, bei der die Kunst am Bauwerk zwar vorhanden, aber nur für den
Fussgänger sichtbar sei, wanderte die
Gruppe zur Burgruine Last über Schönenberg. Dort wurden die Wanderer mit
einem Apéro empfangen, gestiftet von der
Gemeinde Kradolf-Schönenberg und der
Genossenschaft zur Erhaltung der Ruinen
Last und Heuberg. Der Präsident der
Genossenschaft, Werner Frischknecht,
berichtete über die Erhaltungsarbeiten
am Turm, während der Kantonsarchäologe Dr. Hansjörg Brem die Geschichte
von Turm und Herrschaft Last skizzierte.
Kurz vor Mittag zog die Gruppe wieder
hinunter nach Schönenberg, wo das Mittagessen wartete.
Am Nachmittag startete die Exkursionsgruppe bei der alten Thurbrücke von
Bischofszell. Mit ihren 116 Metern ist
die achtjochige Brücke über die Thur die
längste noch erhaltene Natursteinbrücke
der Schweiz aus dem Mittelalter. Eingehend wurden die Befunde und die Vorgehensweise bei der jüngsten Sanierung
der Brücke durch die Kantonsarchäologie erläutert und diskutiert. Danach ging
es zum Schloss von Bischofszell. Dort
wurden wir vom Stadtammann Josef
Mattle begrüsst. Es folgte ein gut zweistündiger Rundgang durch Bischofszell,
darunter ein Gang durch den Speisesaal
des Bürgerheims von Bischofszell, jeweils mit profunden Erläuterungen des
Ammanns.
Schon etwas müde von der Exkursion
versammelte sich die Gruppe um 17 Uhr
im Ratshaussaal von Bischofszell, um
die statutarische Jahresversammlung des
Vereins durchzuführen. Anwesend waren
21 stimmberechtigte Vereinsmitglieder
und 6 Vorstandsmitglieder. Neben den
üblichen Traktanden wie Jahresbericht,
Rechnung/Bilanz und Budget galt es
wiederum, für ein zurückgetretenes Vorstandsmitglied ein neues zu wählen.
Zurückgetreten ist Dr. Hans Rutishauser,
der von 1990 bis 2008 Vorstandsmitglied
beim Schweizerischen Burgenverein war.
Nach dreissigjähriger Tätigkeit als Denkmalpfleger des Kantons Graubünden ist
Hans Rutishauser Ende Juni 2008 in
den Ruhestand getreten und hat deshalb
gleichzeitig auch weitere Funktionen abgegeben. In seiner Wirkenszeit hat er im
136
Mittelalter 13, 2008 / 2
Kanton Graubünden den Umgang mit
den Baudenkmälern nachhaltig geprägt;
im Rahmen seiner Vorstandstätigkeit beschäftigte er sich auch mit der Sanierung
von Burgruinen. Als Vermittler und Erforscher der einheimischen Kunst- und
Architekturgeschichte hat Hans Rutishauser Anerkennung und hohe Wertschätzung erlangt. Bereits heute legendär
sind seine faszinierenden Führungen mit
glasklaren und fesselnden Erläuterungen.
Es bleibt zu wünschen, dass Hans Rutishauser als Kulturvermittler noch für viele
Jahre Zuhörerinnen und Zuhörer in seinen Bann zieht, wir hoffen insbesondere
noch auf die Leitung einer Exkursion ins
Veltlin im Jahr 2009.
Als Nachfolgerin wurde Flurina Pescatore, Denkmalpflegerin des Kantons
Schaffhausen, gewählt. Damit ist der
Bereich «Denkmalpflege» weiterhin im
Vorstand des Burgenverein präsent.
Nach der Versammlung bat der Ammann
zu einem Apéro in die Eingangshalle des
Rathauses, wo vor allem der «Pomme
secco» grosses Interesse fand.
Am Sonntag versammelten sich 29 Vereinsmitglieder am Bahnhof Bürglen.
Schloss und Städtchen (bzw. befestigte
Ortschaft) Bürglen waren das erste Ziel.
Nach einer Fahrt über den Seerücken
besuchten wir die soeben konservierte
Burgruine Chastell oberhalb Tägerwilen.
Hier erläuterte der Kantonsarchäologe
Hansjörg Brem ausführlich die Befunde
und die Vorgehensweise bei der Sanierung des Mauerwerks. Danach ging’s
zum Mittagessen in den «Adler» nach
Ermatingen.
Nach dem Essen besuchten wir die Kapelle Mannenbach, wo uns Doris Warger die
Ausmalung der Kapelle erläuterte. Nach
kurzer Fahrt wieder über den Seerücken
galt es, ein längeres Stück Weg unter
die Füsse zu nehmen, um die Wallanlage Mühlberg zu besichtigen. Das letzte
Ziel dieses reichen Exkursionsprogrammes bildete das römische Kastell Pfyn (ad
Fines) mit seinem neu gestalteten Ausstellungsraum. Am Bahnhof Frauenfeld
fand die Exkursion ihren Abschluss, und
die Teilnehmenden reisten müde, aber
mit vielen neuen Eindrücken zufrieden
nach Hause.
Zürcher Vortragsreihe 2008/2009
Donnerstag, 30. Oktober 2008
18.15 Uhr
Uni Zürich-Zentrum, Hörsaal F 152
Dr. Bruno Meier, Baden
Ein Königshaus aus der Schweiz
Die Habsburger, der Aargau und die
Eidgenossenschaft im Mittelalter
(zum Thema vgl. Rubrik «Publikationen»
in diesem Heft)
Donnerstag, 4. Dezember 2008
18.15 Uhr
Uni Zürich-Zentrum, Hörsaal E 18
Dr. Armand Baeriswyl, Archäologischer
Dienst des Kantons Bern
Stadtburgen – Stadttore – Stadthäuser –
Stadtbäche
Neue stadtarchäologische Untersuchungen und Erkenntnisse aus dem Kanton
Bern
Donnerstag, 26. Februar 2009
18.15 Uhr
Uni Zürich-Zentrum
lic. phil. Gaby Weber, Winterthur
Spätmittelalterliche und neuzeitliche
Totentänze in der Schweiz
Samstag, 16. Mai 2009
13–17 Uhr
Hansjörg Werdmüller, Aadorf (Führung
durch das Schloss), Dr. Roland Böhmer,
Langnau a. Albis
Elgg, Schloss, Kirche und ehem.
Städtchen
Kosten Fr. 20.–
Nur mit Voranmeldung bei der Geschäftsstelle (061 361 24 44, info@burgen
verein.ch), Teilnehmerzahl beschränkt.
Angaben zum Treffpunkt werden bei der
Anmeldung bekanntgegeben.
Veranstaltungen / Exkursionen
2009
6. Juni 2009: Mittelaltermarkt in Hünenberg ZG
29. August 2009: Generalversammlung
in Münsingen BE
30. August 2009: Exkursion im Raum
Bern – Thun
PUBLIKATIONEN DES SCHWEIZERISCHEN BURGENVEREINS
Schweizer Beiträge zur Kulturgeschichte und Archäologie des Mittelalters (SBKAM)
Band 1, 1974
Werner Meyer. Alt-Wartburg im Kanton Aargau.
Band 2, 1975 (vergriffen)
Jürg Ewald (u.a). Die Burgruine Scheidegg bei Gelterkinden
Band 3, 1976 (vergriffen)
Werner Meyer (u.a.). Das Castel Grande in Bellinzona
Band 4, 1977 (vergriffen)
Maria-Letizia Boscardin/Werner Meyer, Burgenforschung in
Graubünden, Die Grottenburg Fracstein und ihre Ritzzeichnungen. Die Ausgrabungen der Burg Schiedberg
Band 5, 1978 (vergriffen)
Burgen aus Holz und Stein, Burgenkundliches Kolloquium
Basel 1977 – 50 Jahre Schweizerischer Burgenverein.
Beiträge von Walter Janssen, Werner Meyer, Olaf Olsen,
Jacques Renaud, Hugo Schneider, Karl W. Struwe
Band 6, 1979 (vergriffen)
Hugo Schneider. Die Burgruine Alt-Regensberg im Kanton
Zürich
Band 7, 1980 (vergriffen)
Jürg Tauber. Herd und Ofen im Mittelalter
Untersuchungen zur Kulturgeschichte am archäologischen
Material vornehmlich der Nordwestschweiz (9.–14. Jahrhundert)
Band 8, 1981 (vergriffen)
Die Grafen von Kyburg. Kyburger Tagung 1980 in Winterthur.
Band 9–10, 1982
Jürg Schneider (u.a.). Der Münsterhof in Zürich. Bericht über
die vom städtischen Büro für Archäologie durchgeführten
Stadtkernforschungen 1977/78
Band 11, 1984
Werner Meyer (u.a.). Die bösen Türnli. Archäologische
Beiträge zur Burgenforschung in der Urschweiz
Band 12, 1986 (vergriffen)
Lukas Högl et al., Burgen im Fels. Eine Untersuchung der
mittelalterlichen Höhlen-, Grotten- und Balmburgen in der
Schweiz
Band 13, 1987
Dorothee Rippmann (u.a.). Basel Barfüsserkirche. Grabungen
1975–1977.
Band 14-15, 1988
Peter Degen (u.a.). Die Grottenburg Riedfluh Eptingen BL.
Band 16, 1989 (vergriffen)
Werner Meyer et al., Die Frohburg. Ausgrabungen
1973–1977
Band 17, 1991
Pfostenbau und Grubenhaus – Zwei frühe Burgplätze in der
Schweiz. Hugo Schneider: Stammheimerberg ZH. Bericht
über die Forschungen 1974–1977. Werner Meyer: Salbüel
LU. Bericht über die Forschungen von 1982
Band 18–19, 1992
Jürg Manser (u.a.). Richtstätte und Wasenplatz in Emmenbrücke (16.–19. Jahrhundert). Archäologische und historische
Untersuchungen zur Geschichte von Strafrechtspflege und
Tierhaltung in Luzern
Band 20–21, 1995
Georges Descoeudres (u.a.). Sterben in Schwyz. Berharrung
und Wandel im Totenbrauchtum einer ländlichen Siedlung
vom Spätmittelalter bis in die Neuzeit. Geschichte – Archäologie – Anthropologie
Band 22, 1995
Daniel Reicke. «von starken und grossen flüejen». Eine
Untersuchung zu Megalith- und Buckelquader-Mauerwerk
an Burgtürmen im Gebiet zwischen Alpen und Rhein
Band 23/24, 1996/97
Werner Meyer et al. Heidenhüttli – 25 Jahre archäologische
Wüstungsforschung im schweizerischen Alpenraum
Band 25, l998
Christian Bader, Burgruine Wulp bei Küsnacht ZH
Band 26, 1999
Bernd Zimmermann, Mittelalterliche Geschossspitzen.
Typologie – Chronologie – Metallurgie
Band 27, 2000
Thomas Bitterli / Daniel Grütter, Burg Alt-Wädenswil –
vom Freiherrenturm zur Ordensburg
Band 28, 2001
Burg Zug. Archäologie – Baugeschichte – Restaurierung
Band 29, 2002
Wider das «finstere Mittelalter» – Festschrift Werner Meyer
zum 65. Geburtstag
Band 30, 2003
Armand Baeriswyl. Stadt, Vorstadt und Stadterweiterung
im Mittelalter. Archäologische und historische Studien zum
Wachstum der drei Zähringerstädte Burgdorf, Bern und
Freiburg im Breisgau
Band 31, 2004
Gesicherte Ruine oder ruinierte Burg?
Erhalten – Instandstellen – Nutzen
Band 32, 2005
Jakob Obrecht, Christoph Reding, Achilles Weishaupt et al.
Burgen in Appenzell. Ein historischer Überblick und Berichte
zu den archäologischen Ausgrabungen auf Schönenbühl und
Clanx
Band 33, 2006
Reto Dubler, Christine Keller, Markus Stromer, Renata
Windler et al. Vom Dübelstein zur Waldmannsburg – Adelssitz, Gedächtnisort und Forschungsprojekt
Band 34, 2007 (neu)
Georges Descœudres. Herrenhäuser aus Holz – eine mittelalterliche Wohnbaugruppe in der Innerschweiz
Mittelalter · Moyen Age ·
Medioevo · Temp medieval,
die Zeitschrift des Schweizerischen Burgenvereins,
veröffentlicht Ergebnisse
aktueller Forschungen zur
Kulturgeschichte und
Archäologie des Mittelalters
in der Schweiz. Schwerpunkte bilden die Burgenforschung, Siedlungsarchäologie sowie Untersuchungen
zur mittelalterlichen Sachkultur.
ISSN 1420-6994
Mittelalter · Moyen Age ·
Medioevo · Temp medieval.
La revue de l’Association
Suisse Châteaux forts
publie les résultats d’études
menées en Suisse dans
le domaine de l’archéologie
et de l’histoire médiévales.
Les travaux de castellologie
et d’archéologie des habitats,
ainsi que les études relatives
à la culture matérielle,
constituent ses principaux
domaines d’intérêt.
Schweizerischer
Association Suisse
Associazione Svizzera
Associaziun Svizra
Mittelalter · Moyen Age ·
Medioevo · Temp medieval,
la rivista dell’Associazione
Svizzera dei Castelli, pubblica i risultati delle ricerche
attuali in Svizzera nel campo
della storia della cultura e
dell’archeologia del medioevo. I punti focali sono la
ricerca concernente i castelli,
le indagini archeologiche
degli insediamenti come
anche lo studio della cultura
medioevale.
Burgenverein
Châteaux forts
dei Castelli
da Chastels
Mittelalter · Moyen Age ·
Medioevo · Temp medieval,
la revista da l’Associaziun
Svizra da Chastels, publitgescha ils resultats da
perscrutaziuns actualas
davart l’istorgia culturala e
l’archeologia dal temp
medieval en Svizra. Ils
accents da la revista èn la
perscrutaziun da chastels,
l’archeologia d’abitadis
e las retschertgas davart la
cultura materiala dal temp
medieval.